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Une sarabande saccadée
Le Carnaval de Dunkerque est une belle tradition qui remonte à plusieurs siècles. Il s’est construit au fil du temps, avec son lot de péripéties.
Si le Carnaval de Dunkerque remonte à loin, ne vous attendez pas à trouver un homme des cavernes à l’origine du premier jet de passe-pierre. Il faut remonter à l’époque romaine pour observer les premières traces de fêtes populaires qui animent l’Europe. C’est difficile de situer l’origine précise de la tradition carnavalesque, mais les spécialistes s’accordent pour poser un premier jalon au XVIIe siècle : des bandes de pêcheurs prennent alors un peu de bon temps avant de partir vers l’Islande pour y trouver du poisson. Six mois d’expédition – les dangers de la haute mer méritent bien une petite fête. À l’époque, une partie de la solde est versée d’avance aux familles de marins - en cas de malheur - et les armateurs organisent la « Foye », une fête qui permet aux pêcheurs de s’amuser avant de prendre le large. Cette
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« Foye » devient « Visschersbende » (bande des pêcheurs en flamand), un rendez-vous qui se tient entre le Lundi gras et le mercredi des Cendres. Ces trois jours signent le début du Carême. Aujourd’hui, les 3 Joyeuses sont les vestiges de cette tradition ancestrale. La fête se déroulait d’abord dans la chaleur d’une auberge, mais les marins ont vite envahi la rue et pris l’habitude de se déguiser pour défiler et chanter. La première trace d’un défilé de gens masqués remonte au début d’année 1676. En 1709, on trouve la mention d’un commerçant dunkerquois qui loue masques et costumes.
Les carnavaleux plus forts que la loi
Désormais, la tradition du carnaval semble bien ancrée : en février 1759, la municipalité de Dunkerque constate qu’il n’est plus possible d’interdire aux matelots et aux gens de mer de vadrouiller masqués dans les rues de la ville pour dépenser leur sous avant de rejoindre l’Islande. Pendant la Révolution, le Département essaie aussi d’interdire le port du masque au carnaval. Mais les masquelours sont les plus forts. La période révolutionnaire passée, la sarabande reprend un temps avant de disparaître à la fin du XIXe siècle, en même temps que s’éteignent les grandes heures de la pêche hauturière. Les gens lui préfèrent alors les bals en salle. C’est le maire Alfred Dumond (élu entre 1893 et 1908) qui relance la tradition en 1906. Seuls des événements historiques graves mettent les festivités entre parenthèses, comme la Première Guerre mondiale puis la Deuxième. Il en faut plus pour abattre les fidèles de Jean Bart. Dès 1946, le carnaval comme la ville de Dunkerque renaissent de leurs cendres. Plusieurs sociétés voient le jour : les Corsaires d’abord, en 1946, ou encore les Acharnés (fondés en 1962) qui créent leur bal en 1967. Plus récemment, c’est la crise sanitaire qui a mis un terme temporaire à ces siècles de joyeuses coutumes. Là encore, le Carnaval s’est montré le plus fort. En 2023, les affaires reprennent.
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