Guînes Info juillet 2022

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RENCONTRE

Marc Lefebvre, un agriculteur raisonnable En 1997, cet agriculteur céréalier a abandonné le labour pour des raisons écologiques, éthiques et économiques aussi. Il travaille aujourd’hui en semis direct. On vous explique. travailler de cette façon. Pour avancer ensemble dans le bon sens, ces pionniers de l’agronomie organisent des réunions pour réfléchir aux meilleurs systèmes. Ils travaillent main dans la main avec des scientifiques, des chercheurs en agronomie, des écoles d’agriculture. Du coup, leurs exploitations sont aussi devenues des labos d’expérimentations. L’idée maîtresse est de trouver comment maintenir les mêmes volumes de production sans abîmer les sols. Quand ils auront trouvé la formule imparable, le concept pourrait alors s’étendre à l’agriculture industrielle. À suivre...

Des rapaces pour chasser les nuisibles

C

e n’est pas un agriculteur bio, ni un agriculteur poète, juste un professionnel de la terre qui a une conscience aiguë des problèmes environnementaux parce qu’il y a été confronté directement. Marc Lefebvre, agriculteur-céréalier à la tête de 180 ha à Guînes, fait partie d’un groupe de cultivateurs qui œuvrent pour une agriculture durable, préservatrice des sols. Ensemble, ils ont fondé l’APAD 62 (Association pour une agriculture durable) en 2011 et Marc Lefebvre en est le président. «Le premier facteur d’érosion des sols, c’est de le travailler, explique l’agriculteur. Et labourer au XXIème siècle est devenue une exception européenne. Même aux USA ils ne travaillent plus comme ça !» On apprend alors qu’à travers le monde, beaucoup d’agriculteurs en effet pratiquent désormais le semis direct. Autrement dit, on plante sans travailler le sol au préalable et on fait tourner les cultures. Le semis direct, disons-le tout de suite, est un concept qui relevait de l’utopie il n’y a pas si longtemps. Il aura fallu quelques pionniers courageux pour

le mettre en pratique en France. Ça n’est donc pas un chemin tranquille à suivre. Marc Lefebvre, qui est devenu aujourd’hui un agriculteur-agronome a beaucoup cherché comment rentabiliser sa terre, sans la détruire irrémédiablement. Sur ses 180 ha, il fait tourner du blé, du lin, du colza, du maïs, de l’orge, du trèfle... «J’ai fait beaucoup d’expériences, et parfois ça a mal tourné, parce que ce qui marche chez l’un ne fonctionne pas forcément chez l’autre. La plus grande difficulté quand on prend ce chemin, c’est d’assumer ses choix et aussi le regard des autres.» Après des années de recherches, il est plus ou moins parvenu à trouver un équilibre en pratiquant l’équation suivante : semis direct + couverts végétaux + biodiversité = durabilité.

Ni bio, ni mauvais

Marc n’est pas agriculteur bio car il utilise encore des pesticides, mais, là aussi, depuis une dizaine d’années il cherche le moyen de faire autrement. Heureusement pour lui, il n’est pas le seul à vivre cette aventure. Dans le Pasde-Calais, ils sont une soixantaine à

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«Comme on n’agresse pas les sols, on a des hôtes indésirables qui se multiplient et qui font parfois des dégâts impressionnants», raconte Marc Lefebvre. Fidèle à sa démarche, en avril dernier il a fait poser des nichoirs sur ses terres pour protéger les cultures. Une expérience menée par la LPO et le Parc Naturel Régional, en partenariat avec Enedis. 10 hauts poteaux en châtaignier, ont été plantés. Au bout de chaque poteau, un reposoir à chauves-souris ou un nichoir conçu par la LPO, destiné aux faucons crécerelle et aux chouettes chevêches. Pourquoi ces trois espèces en particulier ? Parce qu’elles sont prédatrices d’insectes, pour la première, et de campagnols pour les deux autres. La chouette chevêche a été choisie pour son caractère nocturne. Et le faucon crécerelle pour son tempérament diurne. De cette façon, l’exploitation de Marc Lefebvre est protégée 24 heures sur 24. Un coup de pouce à la nature, sans carbone ni phytosanitaire, pile dans la démarche déployée par l’agriculteur depuis 2011. En revanche, les nids ne devraient pas être occupés au mieux avant l’année prochaine, parce que la période de reproduction a déjà commencé. La position haute des nids et la vue dégagée qu’ils offrent seront attirantes pour ces oiseaux qui se déploient par émancipation.


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