Spirit of dunkirk basse def

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© maxppp

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Nom du produit :

S pirit of Dunk irk

Prix :

4,90 €

Date de parution :

mercredi 28 j uin 2017

4,90

Code :

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Groupe

Nord

Littoral

Des journaux proches de vous

Hors série du Phare dunkerquois

IN C LU S À L’INTÉR IE U

R

© Pierre Volot



Nom de code : Dunkirk. Nom de l’opération : Dynamo. Mot de passe : Nolan. Personne ne sait quel sera le succès de ce film à gros budget : Dunkerque. Tout le monde peut toutefois déjà mesurer les effets de ce blockbuster. Durant plus de trois mois, la cité de Jean Bart, célèbre corsaire dunkerquois, a connu l’effervescence des grands moments. Tom Hardy, Harry Styles, Mark Rylance ont vécu dunkerquois, mangé dunkerquois et dormi dunkerquois. Sans le film de Nolan, peut-être n’auraient-ils jamais entendu parler de cette ville totalement détruite ou presque en mai-juin 1940. Week-end à Zuydcoote, sorti en 1964, serait encore le seul film retraçant le « miracle de Dunkerque » s’il n’y avait pas eu ce livre tendu par Emma Thomas au réalisateur de la trilogie de Batman. A l’époque, la star était un certain JeanDavid Guévart Paul Belmondo. Aujourd’hui, l’une des têtes d’affiche, le fameux directeur général Harry Styles, est le chanteur d’un boys band anglo-irlandais à la du Groupe Nord Littoral mode : les One Direction. Il a déchaîné les passions à la moindre apparition durant le tournage. C’est sans doute l’une des forces de ce film : réunir les publics. Nos aînés évidemment pour qui l’Opération Dynamo réveille des sentiments mitigés. Les fans de Nolan fidèles à cette pointure d’Hollywood. Les midinettes amoureuses de Harry Styles. Les passionnés de films de guerre qui ne ressortiront sans doute pas indemnes de leur première projection. Enfin et surtout, les amoureux de cette belle ville de Dunkerque dont l’identité est en partie façonnée par l’Opération Dynamo. La poche de Dunkerque était aussi celle de l’espoir pour des milliers de soldats français, anglais ou belges. Plus de 350 000 militaires alliés ont pris la mer, voguant entre les mines, les bombes et les sous-marins allemands pour rejoindre cette côte anglaise synonyme de libération. Dunkerque, ou Dunkirk dans la langue de Shakespeare, fait déjà partie du patrimoine franco-britannique au même titre que le D-Day pour le patrimoine franco-américain. Le 19 juillet, les salles de cinéma seront prises d’assaut comme un bateau venu au chevet des soldats échoués sur les plages du Nord en mai 1940. S’il on en croit Christopher Nolan, Dunkirk vous réserve une expérience sensorielle inédite. On vous souhaite de la prolonger dans le Dunkerquois à la découverte de ce territoire riche de son patrimoine et de son incroyable énergie.

#1 Dunkerque ville-mémoire #2 Dunkerque terre de tournage #3 Dunkerque en habits de Dunkirk

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#5 Nolan, une étoile parmi les stars

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#6 Dunkirk, un phénomène mondial

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#7 Dunkerque terre de tourisme

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#8 L’effet Dunkirk

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SOMMAIRE #4 Des figurants habités

SPIRIT OF DUNKIRK un magazine conçu et édité par le Phare dunkerquois (Groupe Nord Littoral) Tirage : 20 000 exemplaires Directeur de la publication : David Guévart. Directeur commercial : Jérôme Dimarcq. Conception et réalisation : le pôle prémédia, le service commercial et les rédactions du Groupe Nord Littoral. Imprimerie : Léonce Deprez Vous souhaitez communiquer dans nos publications, contactez notre service commercial au 03 21 01 66 00 dparisi@lavenirdelartois.fr


#1 Dunkerque,

ville

© Ville de Dunkerque

mémoire


Dunkerque, ville-mémoire #1

DUNKERQUE CRÉE UN RÉSEAU DE villes-mémoires

J

« Ça nous donne une responsabilité, celle de témoigner sur ce qu’il s’est passé dans ces villes-mémoires. «

e m’étais toujours étonné que la Ville n’ait jamais mis en valeur l’Opération Dynamo. On a une ville comme ça, parce qu’il y a eu Dynamo et la Bataille de Dunkerque ! » Patrice Vergriete a créé en 2014, lorsqu’il a pris les rênes de la mairie, un réseau qui réunit les villes-mémoires du monde entier. « J’ai tout de suite eu envie de mettre en lumière cette histoire douloureuse et atypique de la ville, en la partageant avec d’autres villes. » Moins d’un siècle après la fin de la Seconde Guerre mondiale, la Communauté urbaine de Dunkerque a pris l’initiative de fédérer autour d’elle Ypres (Belgique), Rostock (Allemagne), Gdansk (Pologne), Guernica (Espagne), Saint-Pétersbourg (Russie), Volgograd (Russie), Bizerte (Tunisie), Caen, Oradour-sur-Glane ou encore Hiroshima (Japon).

Un colloque chaque année pour partager Le 27 mai 2016, pendant le tournage de Dunkirk, la Cud a organisé une première conférence d’envergure internationale avec ces villes détruites pendant les deux conflits

mondiaux du XXe siècle et qui ont su se reconstruire au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale. Lors de ce colloque, elles ont confronté leurs expériences sur les thèmes de la reconstruction, du tourisme de mémoire, de l’attractivité du territoire et de la résurgence des sentiments nationalistes. Par leur histoire, ces territoires ont aujourd’hui une place sur la carte du monde. « Ça nous donne une responsabilité, celle de témoigner sur ce qu’il s’est passé dans ces villes-mémoires », poursuit Patrice Vergriete. Le maire de Dunkerque s’est rendu en mai 2017 à Volgograd, pour le 2e colloque international des villes-mémoires.

Merci Dunkirk Dunkirk a provoqué un coup de projecteur incroyable pour ce dispositif. « Alors que j’aurais mis 10-15 ou 20 ans à faire passer ce message dans le monde entier, avec cette superproduction, ça s’est accéléré. » L’ambition du maire de Dunkerque ne pouvait pas avoir meilleur écho que le film de Christopher Nolan sur l’histoire de l’Opération Dynamo.

Le maire de Dunkerque, Patrice Vergriete, a organisé en 2016 le premier colloque international des villes-mémoires dans sa ville. En 2017, il s’est tenu à Volgograd.

SPIRIT OF DUNKIRK

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#1 Dunkerque, ville-mémoire

« S’IL Y A EU LE DÉBARQUEMENT EN NORMANDIE,

Toute une logistique a été mise en place pour permettre l’évacuation. Les soldats anglais en train d’être évacués.

Les soldats patientent sur la plage avant le rembarquement.

Les soldats français lors de l’Opération Dynamo.

Savez-vous que...

Le vice-amiral Bertram Ramsay, chef de l’opération, installe son quartier général dans une cave du château de Douvres, où avait fonctionné, jadis, un groupe électrogène. Pour cette raison, l’opération est baptisée « Opération Dynamo ». Elle durera dix jours pleins : du dimanche 26 mai au mardi 4 juin.

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Dunkerque, ville-mémoire #1

C’EST PARCE QU’IL Y A EU DUNKERQUE ! »

Replonger dans la vraie histoire de l’Opération Dynamo, c’est tordre le cou à trois idées reçues… Lucien Dayan, président de l’association du Mémorial du Souvenir Dunkerque 1940, revient sur ces trois points.

C’est une histoire trop peu connue. Vrai. « Quand la guerre éclate, l’Angleterre envoie 13 divisions d’une armée de métier sur le continent. La décision d’évacuer les troupes est prise le 20 mai, dans le château de Douvres. L’Opération Dynamo est lancée le 26 mai. Et quand les Allemands arrivent à Dunkerque, il n’y a plus personne ! C’est une grande surprise ! En mettant de côté cette opération, nous passons à côté de l’Histoire. Elle n’est pas assez connue. L’Opération Dynamo n’a pu être une réussite que parce que les Français ont protégé le secteur. Ce n’était en rien une fuite ou un abandon. C’est grâce à elle que la reconquête de l’Europe, face à l’Allemagne nazie, a pu se faire en juin 1944. S’il y a eu le débarquement en Normandie, c’est parce qu’il y a eu Dunkerque ! »

Les Français n’ont pas brillé… Faux.

ZO OM///

« On a vraiment un problème avec ça ! Les Français ont eu une mission de sacrifice. Ils se sont battus et ont freiné l’avancée des Allemands. C’est quand même incroyable ce qu’il s’est passé : ils étaient 15 000 à 20 000 hommes, pas très bien équipés. Ils ont défendu sans esprit de recul le secteur fortifié de Flandre, du 24 mai

au 4 juin. Les soldats français se sont battus à un contre six, ils ont bloqué 80 000 Allemands mieux équipés. Et malgré cela, on ne parle jamais d’eux. Ils sont complètement ignorés.»

Les Anglais ont abandonné les Français. Faux. « En France, on résume l’Opération Dynamo à la fuite des Anglais... Non ! Les Anglais ne nous ont pas abandonnés en 1940 ! Le 27 mai au soir, le roi des Belges prévient les Britanniques qu’il capitule. On ne peut pas dire que les Anglais sont partis sans rien dire. Le front est désorganisé et Français et Britanniques sont contraints de battre en retraite. De manière populaire, ça a été vécu comme une trahison. Les Français et les Dunkerquois ont entretenu une erreur magistrale. La meilleure preuve pour le contredire, c’est le nombre de combattants français évacués par des bateaux anglais : 102 570 soldats. Les bateaux français n’en ayant évacué que 20 252. L’autre élément est le message de Ramsay. Il dit : ‘‘ Les Français sont en train de se battre pour protéger l’évacuation de notre arrière-garde, il faut aller les chercher. ‘‘ La propagande a fait le reste… Après la Libération, ils ont continué à raconter la trahison des Anglais, personne n’a rectifié le tir. »

Lucien Dayan est le président de l’association Mémorial du Souvenir Dunkerque 1940.

Lucien Dayan est président de l’association du Mémorial du Souvenir Dunkerque 1940 depuis 1998. Il défend depuis des années ce pan de l’Histoire avec passion et ardeur. Rien ne lui plaît tant que de parler de l’Histoire, notamment celle de Dunkerque. Il n’est pourtant pas originaire de la cité de Jean Bart. Il découvre la ville détruite quand il y arrive en 1949 comme jeune élève officier de la marine marchande. Il n’a eu de cesse de casser les idées reçues, rétablir la vérité et travailler à la mise en valeur du musée, inauguré le 1er juin 2000.

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#1 Dunkerque, ville-mémoire

DUNKERQUE, UNE « VILLE QUI SERT D’EXEMPLE

Le beffroi, l’église Saint-Eloi et la place Jean-Bart.

Vue aérienne du centre-ville de Dunkerque.

L’ancien hôtel Cattoen, place Jean-Bart.

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Dunkerque, ville-mémoire #1

E À TOUTE LA NATION » Dunkerque est marquée à jamais par le sceau de l’histoire. Détruite à 70 % lors de la Seconde Guerre mondiale, elle avait déjà subi, lors de la Première Guerre mondiale, plusieurs bombardements. À chaque fois, les Dunkerquois ont su faire preuve de résilience…

L

es Stukas de 1940 ont remplacé les Zeppelins de 1917. Deux années noires où Dunkerque a perdu des quartiers entiers. En guise de reconnaissance, son blason porte la Croix de Guerre avec Palmes de 1917 et 1945 (elle a été la première ville à l’obtenir pour celles de 1917). Un rappel – s’il en faut – du martyr vécu, à plusieurs reprises. La citation «ville héroïque, sert d’exemple à toute la Nation» lui fut d’ailleurs attribuée en 1917. Mais déjà en 1793, à l’issue du siège de Dunkerque, la cité avait été honorée d’une citation donnée par le Comité de salut public : «Dunkerque a bien mérité de la Patrie», enserrant encore aujourd’hui ses armoiries. Il suffit de se balader dans le centre pour se rendre compte qu’il ne reste presque plus rien de l’architecture flamande du début du XXe siècle. Les Dunkerquois aiment rappeler que seul leur corsaire a traversé l’apocalypse sans presqu’aucune

égratignure. Un impact de balle dans sa joue témoigne de ce que sa ville natale a vécu. Quand débute l’Opération Dynamo, le 26 mai 1940, l’aviation allemande pilonne Dunkerque, la ville, le port… Durant la journée du 27 mai, une pluie d’acier réduit en poussière et en cendres des quartiers entiers, mais aussi les villages alentour. Les incendies ravagent les charpentes des constructions, les bâtiments historiques disparaissent à jamais de la vue des Dunkerquois, qui protègent leur vie dans les caves et les abris. Début juin, une fois les troupes britanniques et françaises évacuées, les soldats du IIIe Reich prennent possession de la ville, pour près de cinq longues années d’occupation. Dunkerque sera la dernière ville libérée de France, après la reddition de l’Amiral Frisius. Le 9 mai 1945, elle met fin à quatre ans, onze mois et cinq jours sous le joug de l’Allemagne nazie.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la cité natale de Jean Bart est en ruines, ravagée à plus de 70 %. Un timbre « Dunkerque ville martyre », représentant la ville détruite, sera créé en 1945. D’une valeur faciale de 1,5 franc, cette série a été émise avec une surtaxe égale, afin d’aider les villes endommagées lors du conflit de 1939-1945 à se reconstruire. Ce que s’emploieront à faire Théodore Leveau et Jean Niermans au sortir de la guerre. Des épisodes historiques qui ont forgé l’identité architecturale de la ville, mais aussi humaine.

Le quai des Hollandais.

Le Minck.

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#1 Dunkerque, ville-mémoire

LA DRÔLE DE GUERRE DE Jacques Duquesne Jacques Duquesne avait 10 ans en 1940. La Bataille de Dunkerque, l’historien qu’il est devenu la connaît sur le bout des doigts. Mais pour l’enfant qu’il était alors dans la Basse-Ville, la guerre était un jeu. Comment lui en vouloir, alors que les adultes eux-mêmes la baptisaient « la drôle de guerre »? des fins d’espionnage… Mais même quand le front de Sedan aura été pulvérisé, que l’état-major français s’enfoncera dans la cacophonie, que des hommes trop mûrs et en retard d’une guerre auront trop longtemps refusé l’évidence, l’enfant n’imaginera pas un instant la gravité de la situation. Mais aux réfugiés succèdent les vagues de soldats défaits. Certains parlent de trahisons. « J’ai vu des traînards et des déserteurs, c’est vrai. Mais il y en avait beaucoup aussi qui restaient courageux. Ça dépendait surtout de leurs chefs, en fait… Les deux derniers jours, ils se sont battus comme des dingues, de Rosendaël à Téteghem ! » Jusqu’au 3 juin où, vers 4h du matin, les derniers navires prennent le cap de Douvres pour ne plus revenir… L’enfant voit alors les Allemands entrer dans la ville et échafaude des plans de résistance bien naïfs… « On a accueilli chez nous deux soldats qu’on connaissait. Mes parents leur ont proposé de rester cachés la nuit et de leur donner des vêtements civils. Ils pouvaient se tailler. Ils étaient juste trop abattus pour le faire… »

Le saviez-vous ? Jacques Duquesne est né le 18 mars 1930. Journaliste-écrivain, il débute sa carrière à La Croix. Il couvre notamment la guerre d’Algérie. Il fait partie des journalistes fondateurs du magazine Le Point et préside par la suite le conseil de surveillance du magazine L’Express. Auteur, il mène une carrière d’essayiste. Il a reçu plusieurs distinctions, notamment le prix Interallié pour Maria Vandamme.

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Sandrine Roudeix © Flammarion

Sandrine Roudeix © Flammarion

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acques Duquesne verra le film de Nolan, bien sûr, avec une certaine distance critique : « À ce que j’ai pu comprendre, le film va raconter l’histoire de trois soldats anglais de façon très romancée. C’est ça qui m’a énervé : sur les images qu’on a pu voir, il n’y a pas un casque de soldat français ! Je me suis dit : ça y est, on va encore oublier que les Français aussi se sont bien battus... » De la guerre, l’enfant ne perçoit les premiers craquements qu’en voyant défiler les réfugiés belges. « On a vu d’abord arriver les belles voitures, qui filaient très vite sur la rue de Paris. Puis toutes les classes sociales… Les Flamands m’amusaient beaucoup sur leurs grands vélos ! » Les premières attaques aériennes relèvent au début de la curiosité. « Les premiers vrais bombardements, c’était les 10 et 12 mai. » Et puis comme il est un gamin de la Basse-Ville, il entend pas mal de choses sur les places des marchés comme sur les paliers de porte. On fantasme beaucoup sur la cinquième colonne, ces bataillons infiltrés de militaires allemands en civil, parachutés de nuit un peu partout par Hitler à


Dunkerque ville-mémoire #1

AU FORT DES DUNES BAT LE CŒUR DU « MIRACLE DE DUNKERQUE »

Avec ses cinq hectares à visiter, le Fort des Dunes de Leffrinckoucke est un passage obligé pour qui s’intéresse à l’Opération Dynamo.

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Au total, le Fort des Dunes de Leffrinckoucke s’étend sur sept hectares avec les Glacis.

Le saviez-vous ? Jusqu’au 30 septembre 2017, Sam Elony propose aux visiteurs du Fort des Dunes une exposition photos où il ose le parallèle entre l’évacuation de Dunkerque et les réfugiés présents sur le territoire… sans jamais les montrer.

PRA TIQU E

Tarif plein : 4 €. Tarif réduit : 1,50€. Renseignements : 03 28 51 41 90

Réservations Office de tourisme de Leffrinckoucke : 03 28 69 05 06 Mail : contact@ot-leffrinckoucke.fr Site : www.ot-leffrinckoucke.fr Tarifs : Adulte : 6 €. Enfants (7 à 18 ans) : 3 € (comprenant l’entrée aux salles d’expositions et l’accès à la salle de la maquette)

ans le Fort des Dunes de Leffrinckoucke, vous serez au cœur de l’histoire. Pas seulement celle de l’Opération Dynamo d’ailleurs. Construit entre 1878 et 1880, ce site faisait partie du réseau de fortification élaboré par le général Seré de Rivières après la défaite de la France contre la Prusse en 1870. 40 millions de briques, dont la couleur jaune est due à l’utilisation de l’argile et du sable, ont été utilisées pour sa construction. Si aucune scène du film de Christopher Nolan n’a été tournée sur ce site, le Fort des Dunes a été un maillon indispensable de la réussite de l’Opération Dynamo. Depuis Leffrinckoucke, avec à leur tête le général Janssen, tué le 2 juin 1940, les militaires français ont courageusement favorisé la réussite du rembarquement en assurant les arrières des soldats massés sur la plage. Les 2 et 3 juin 1940, les troupes allemandes prennent possession du Fort des

FFORT ORT

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Dunes qui est intégré dans le mur de l’Atlantique. Grâce aux visites guidées, vous saurez tout sur ces opérations et profiterez également d’une exceptionnelle maquette animée de l’Opération Dynamo. Intégré au Dynamo Tour, le Fort des Dunes fait déjà l’objet d’un regain d’intérêt de la part du public. Au cours des mois d’avril et mai 2017, il a déjà reçu plus de 2 000 visiteurs « issus du Dunkerquois, de la grande région, mais aussi des pays anglo-saxons, de Belgique et des PaysBas », souligne Éric Debril, responsable culture-tourisme-patrimoine de la ville de Leffrinckoucke. « Nous recevons en moyenne 5 000 personnes par an. Nous nous attendons à une forte augmentation de nos visiteurs au regard de ces premières statistiques. » Parfaitement intégré au chemin de mémoire, le Fort des Dunes surfera sans aucun doute sur la vague de Dunkirk.

Durant Durant Durant Durant Durant Durant Durant Durantla la la la la la la laSeconde Seconde Seconde Seconde Seconde Seconde Seconde Seconde uerre uerre uerre uerre uerre uerre uerre uerremondiale mondiale mondiale mondiale mondiale mondiale mondiale mondiale le le le le le le le leort ort ort ort ort ort ort ortde de de de de de de deDune Dune Dune Dune Dune Dune Dune Dunea a a a a a a aété été été été été été été étéau au au au au au au au cœur cœur cœur cœur cœur cœur cœur cœurde de de de de de de del’opération l’opération l’opération l’opération l’opération l’opération l’opération l’opérationDynamo… Dynamo… Dynamo… Dynamo… Dynamo… Dynamo… Dynamo… Dynamo… e e e e e e e eplu plu plu plu plu plu plu plu rand rand rand rand rand rand rand randrem rem rem rem rem rem rem remar ar ar ar ar ar ar aruement uement uement uement uement uement uement uement Circuit Circuit Circuit Circuit Circuit Circuit Circuit Circuitd'interprétation d'interprétation d'interprétation d'interprétation d'interprétation d'interprétation d'interprétation d'interprétation Expositions Expositions Expositions Expositions Expositions Expositions Expositions Expositionspermanentes permanentes permanentes permanentes permanentes permanentes permanentes permanentes Maquette Maquette Maquette Maquette Maquette Maquette Maquette Maquetteanimée animée animée animée animée animée animée animée de de de de de de de del'opération l'opération l'opération l'opération l'opération l'opération l'opération l'opérationDynamo Dynamo Dynamo Dynamo Dynamo Dynamo Dynamo Dynamo Visites Visites Visites Visites Visites Visites Visites Visitesguidées guidées guidées guidées guidées guidées guidées guidées

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© Ville de Dunkerque.

Dunkerque, ville-mémoire #1

P

rendre la mer, se laisser porter, voguer sur ces eaux où sont morts des milliers de militaires, toutes nationalités confondues. Écoutez la mer du Nord, elle vous parle, elle vous raconte ces heures à la fois sombres et historiques de mai-juin 1940. Ces heures où plus de 340 000 soldats ont rejoint la côte anglaise par l’une des trois routes : Y à l’Est, Z à l’Ouest et X depuis le centre de Dunkerque. La Mer du Nord, notamment au large de Dunkerque, est aujourd’hui un véritable cimetière des épaves de l’Opération Dynamo. On en compte des dizaines au large de ces plages bombardées par l’aviation allemande durant la Bataille de Dunkerque. Dans les pages suivantes, vous découvri-

rez l’histoire de quelques-uns de ces navires gisant aujourd’hui pour la plupart dans les bas-fonds de la mer du Nord. D’autres se découvrent à marée basse. D’une certaine manière, ils nous obligent au souvenir, au fameux devoir de mémoire. Les plongeurs dunkerquois du CPESMDE (Club de plongée et d’exploration sous-marines de Dunkerque et extensions)*, le club de plongée local, partent régulièrement en exploration autour de ces épaves. Avec eux, aucun doute, vous serez bien entouré et en sécurité. *CPESMDE : Tél. : 03 28 66 28 66 Email : dunkerque.plongee@laposte.net

SPIRIT OF DUNKIRK

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#1 Dunkerque, ville-mémoire MARGATE

ROUTE Y RAMSGATE

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DEAL DENIS PAPIN

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Source : dkepaves.free.fr. Photomontage Nord Littoral

DOUVRES

HOLLAND

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GRAVELINES

CALAIS

1  BRIGHTON QUEEN © Bruno Pruvost

Utilisé comme dragueur de mines durant la Première Guerre mondiale, le Brighton Queen particip à l’Opération Dynamo. Après un transfert réussi entre Bray-Dunes et Margate, il essuie une rafale de tirs fatale. Il coule le 1er juin 1940. Position : 51.06.391 N / 2.11.434 E. Profondeur max : 13 m.

2  DENIS PAPIN © Jack Daussy

Il coule à 16 bornes de la jetée dunkerquoise après trois voyages réussis dans le tumulte de la mer du Nord. Le 1er juin 1940 vers 15 h, au cours de son troisième voyage, il est pris à partie au large de Gravelines, non loin du Clipon. Il échappe au pire et s’offre un répit de courte durée. À 16 h 30 précisément, il cède sous le feu nourri de huit bombardiers Stukas. Position : 51.07.465 N / 2.09.222 E. Profondeur max : 33 m.

3  FOUDROYANT © dkepaves.free.fr

L’Histoire retiend ces hommes se jetant sans panique à la mer dans le chenal étroit de Fort-Mardyck, le 1er juin 1940. Ce contre-torpilleur, souvent venu au chevet d’autres navires de guerre, coule le 1er juin laissant ses hommes à la mer, seuls, dérivant au gré du courant en chantant la Marseillaise. Position: 51.05.029 N / 2.15.489 E. Profondeur max : 28 m.

4  GOURKO © Yves Perchoc

Navire très bien équipé avec la climatisation, luxe rare à l’époque, le Gourko est réquisitionné afin de participer au « Miracle de Dunkerque. » Il coule le 3 juin 1940. Position: 51.03.825 N / 2.20.298 E. Profondeur max: 21 m.

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SPIRIT OF DUNKIRK

5  GRIVE © dkepaves.free.fr

Véritable yacht, équipé de turbines à vapeur, le Grive est utilisé dans l’évacuation du corps expéditionnaire anglais. Il évacue plus d’un millier d’hommes en trois voyages réussis des côtes françaises aux côtes anglaises. Il saute sur une mine avant de couler, emportant avec lui l’ensemble de l’équipage. Position: 51.03.675 N / 2.18.502 E. Profondeur max : 24 m.

6  HAVANT © dkepaves.free.fr

Attaqué par les Stukas, il coule le 1er juin 1940 avant même que les navires venus à son secours ne puissent tenter de le maintenir à flot. Position: 51.07.932 N / 2.16.002 E. Profondeur max: 27 m.

durant l’Opération Dynamo. Le soir de son naufrage, il évite les tirs de l’aviation allemande avant de finir par céder sous une pluie de bombes. Plus de 300 soldats périssent au cours de ce naufrage le 1er juin 1940. Position: 51.06.473 N / 2.11.089 E. Profondeur max : 14 m.

10 VÉNUS © Maurice Lebreton

Construit à Glasgow et armé à Boulogne-sur-Mer, le Vénus transporte 207 hommes durant l’Opération Dynamo. Aujourd’hui voisin du Denis-Papin et du Moussaillon dans le cimetière des navires de l’Opération Dynamo, il coule le 1er juin 1940 à 16 kilomètres des côtes dunkerquoises. Position: 51.07.26 N / 2.08.72 E. Profondeur max : 29 m.

7  KING ORRY © Bruno Pruvost

11  CLAN MACALISTER © dkepaves.free.fr

8  NORMANNIA © dkepaves.free.fr

12  CRESTED EAGLE © www.bobleroi.co.uk

Touché le 29 mai 1940, il s’échoue sur la jetée Est. À l’abri, examinant les dégâts, prêt à tout pour ne pas bloquer l’entrée du port, son équipage attend la marée et plus de quatre heures pour rejoindre le large. Le King Orry coule au petit matin du 30 mai. Profondeur max : 20m. Taille: 91,44m x 13,13 m. Malheureusement, ce paquebot ne transporte aucun homme durant l’Opération Dynamo. Pour son premier transfert, le 29 mai, après avoir quitté les côtes de Fort-Mardyck, il coule sous le feu de l’aviation allemande. Position : 51.03.846 N / 2.14.434 E. Profondeur max : 23 m.

9  SCOTIA © dkepaves.free.fr

2 430 hommes traversent le détroit à bord de ce navire

Il gît aujourd’hui à l’Est, face au sanatorium de Zuydcoote, une commune voisine de Dunkerque. Le Clan MacAlister, choisi pour ses grues, a assuré une partie de la logistique de l’Opération Dynamo avant de couler le 29 mai 1940. Position: 51.05.210 N / 2.28.660 E. Profondeur max : 12 m. Le 26 mai 1940, il accoste à La Panne en Belgique avant d’être appelé sur les rives de la poche de Dunkerque. Ce paquebot de bois prend la mer. Au large de Bray-Dunes, à la frontière franco-belge, il est attaqué par les troupes allemandes qui mitraillent ensuite les 200 survivants flottant en mer du Nord. Position: 51.04.560 N / 2.29.461 E. Profondeur max : découvre aux grandes marées.


Dunkerque, ville-mémoire #1 25

SIROCO

WAVERLEY 26

BOURRASQUE 22

HAVANT

GRACIE FIELDS

CLAUDE

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PARIS

BASILISK

CRESTED EAGLE MONA’S QUEEN

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SKIPJACK

FOUDROYANT DOUAISIEN

SCOTIA SAINT FAGAN

BRIGHTON QUEEN

KEITH NORMANNIA 10

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GRIVE 15 14

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NIGER KING ORRY

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DEVONIA

NIEUPORT

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CLAN MACALISTER

SAINT ABBS

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LA PANNE

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BRAY-DUNES

DUNKERQUE

LINES

13  DEVONIA © François Hanscotte

Ce paquebot à roues à aube est utilisé comme un dragueur de mines. Il s’échoue sur les plages de la mer du Nord et se dévoile lors des grandes marées au niveau de l’Estran. Position: 51.04.773 N / 2.30.169 E. Profondeur max : découvre aux grandes marées.

14  LE DOUAISIEN © Wolfgang Fuchs. Hamburg (Allemagne)

Mine ou sous-marin allemand U 62 ? Qui aura eu la coque du Douaisien ? Les réponses des historiens sont contrastées. Toujours est-il que le 29 mai 1940, le Douaisien coule au large de Zuydcoote à 3 h du matin. L’ensemble de l’équipage sera sauvé. Profondeur max : 28 m. Taille: 102.5 m x 14.6 m.

15  KEITH © dkepaves.free.fr

Ce destroyer de 95 m coule en un peu plus d’une heure au matin du 1er juin 1940. Au total, 136 militaires, bombardés par l’aviation allemande, périssent au large de Bray-Dunes à l’ouest de Dunkerque. Position: 51.04.710 N / 2.26.710 E. Profondeur max : 23 m.

16  CLAUDE © Bruno Pruvost

L’épave Claude se trouve sur l’estran, situé sur la plage de Zuydcoote non loin de Leffrinckoucke. Elle se découvre à marée basse et raconte une partie de l’histoire de ses barges chargées de vivres et jetées sur la plage à marée basse avant d’être abandonnées. Position: 51.04.115 N / 02.28.024 E. Profondeur max : découvre à toutes les marées.

17  MONA’S QUEEN © dkepaves.free.fr

Un premier voyage avec 1 200 hommes à son bord puis un retour vers les côtes françaises chargés d’eau potable. L’entrée du port de Dunkerque est en vue. Nous sommes au petit matin du 29 mai. Le Mona’s Queen explose sur une mine et sombre en moins de deux minutes. Position: 51.04.139 N / 2.23.380 E. Profondeur max : 25 m.

18  SKIPJACK © dkepaves.free.fr

Un drame de plus au large de Malo-les-Bains. Dix-neuf

membres d’équipage et 275 soldats sont morts, certains noyés dans la coque, d’autres tués par l’aviation allemande alors qu’ils tentent d’échapper à la noyade. Position: 51.05.285 N / 2.28.429 E. Profondeur max : 16 m.

19  SAINT ABBS © dkepaves.free.fr

Ce remorqueur n’a transporté aucun homme durant l’évacuation de l’Opération Dynamo. Attaqué par l’aviation allemande, il coule le 1er juin 1940. Position: 51.04.903 N / 2.27.514 E. Profondeur max : 13 m.

24  PARIS © Bruno Pruvost

630 hommes traversent la Manche et la mer du Nord à bord de ce navire hôpital. Il arrive à Dunkerque le 25 mai, en provenance de Calais. Le 2 juin, il coule à environ 10 milles des plages dunkerquoises. Position: 51.10.995 N /02.07.620 E. Profondeur max : 32 m (pont 26m).

25  SIROCO © Bruno Pruvost

20  SAINT FAGAN © dkepaves.free.fr

Ce remorqueur gît aujourd’hui au large de Dunkerque où il coule le 1er juin 1940 sans avoir eu le temps de déposer le moindre militaire sur le sol du Kent. Position: 51.04.309 N / 2.24.383 E. Profondeur max : 28 m.

Ce torpilleur sombre le 31 mai 1940 après une traversée réussie amenant sains et saufs 700 militaires sur le sol anglais. Sur son chemin, un navire allemand d’abord puis l’aviation avec les fameux Stukas ont raison du Siroco. Position : 51.18.970 N / 02.14.127 E. Profondeur max : 38m.

21  BASILISK © www.naval-history.net

26  WAVERLEY © www.clydeshipping.co.uk

Les Stukas n’ont laissé aucune chance au Basilisk le 1er juin 1940. Touché, en perdition, ce destroyer se coinçe sur un banc de sable au large de Bray-Dunes avant d’être achevé par un destroyer anglais. Position: 51.08.281N / 2.35.035 E. Profondeur max : 12 m.

22  BOURRASQUE © René Alloin, source ECPA

Le Bourrasque file à vive allure en ce 30 mai 1940 afin de rapidement s’extirper de la zone de tirs. Un incident technique l’oblige à redescendre à une vitesse de 15 nœuds. Un problème fatal même si l’incertitude demeure quant à la cause du naufrage du Bourrasque : mine ou tir ? Position : 51.14.964 N / 2.33.026 E. Profondeur max : 25 m.

23  NIGER © René Alloin

Un pétrolier d’escadre qui illumine pendant trois jours le ciel de Dunkerque. Un véritable incendie sur l’eau à l’ouest de Dunkerque. À peine en mer, ce navire essuie le feu allemand. Il s’échoue dans le chenal ouest du port de Dunkerque avant de couler le 21 mai 1940 consumé par un incendie de trois jours. Position: 51.02.31 N / 2.09.22 E. Profondeur max : 10 m.

Trois bombes successives et un trou de deux mètres dans le navire. La messe est dite, le Waverley coule au large de Dunkerque après le transfert franco-britannique réussi de centaines d’hommes. Position: 51.17.020 N / 2.41.237 E. Profondeur max : 27 m.

27  HOLLAND © Hansen et Pedersen

Ni bombe de l’aviation allemande, ni sous-marin, ni mine, le Holland coule après un banal et tragique accident de navigation dans le détroit. Il sombre le 3 juin 1940 au large de Dunkerque. Position: 51.17.020 N / 2.41.237 E. Profondeur max : 27 m.

28 GRACIE FIELDS © Red Funnel

Les Nordistes repèrent sans aucun doute la ressemblance. Le Gracie Fiels est le « sister ship » du Princess Elizabeth qui mouille aujourd’hui dans le bassin de la Marine à Dunkerque. Ce dragueur de mines coule le 30 mai 1940. Il transporte 281 hommes en Grande-Bretagne lors de l’Opération Dynamo. Position: 51.12.556 N / 02.39.391 E. Profondeur max : 11 m.

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#2 Dunkerque,

terre

de tournage


© Ville de Dunkerque.

Dunkerque, terre de tournage #2

J

e reviens toujours à cette région, tant elle est belle à filmer. Et puis je ne voulais pas enfermer les personnages dans une ville bourgeoise ou trop identifiable, je voulais qu’on se sente un peu « quelque part en Europe », raconte Marion Vernoux. À part le vin français qui a beaucoup de place dans le film, il y a un petit côté no man’s land. Dès la préparation d’un film, ce sont vraiment les décors qui m’inspirent. Ces longues jetées sur la mer du Nord, je ne peux m’empêcher de les filmer… ». À Dunkerque, mais aussi à Calais et au Cap Blanc Nez, Marion Vernoux a tourné les Beaux jours, sorti en 2013. En une phrase, elle a résumé pourquoi elle adore tourner dans le Nord. La jetée de Vernoux, c’est le môle de Nolan. La liste des films tournés à Dunkerque est longue, très longue. Dans ces pages, nous avons choisi de vous parler de dix films tournés entre 1964 et 2015 dans le Dunker-

quois. En 1964 par exemple, avec un certain JeanPaul Belmondo à l’affiche, Week-end à Zuydcoote fit redécouvrir l’Opération Dynamo. Sur ce territoire cabossé par la crise économique, le cinéma prend souvent une dimension sociale. Ma Part du gâteau en 2011 aborde par exemple la question de la fermeture des entreprises dunkerquoises. Inutile ici d’évoquer plus largement le succès mondial de Bienvenue chez les Ch’tis tourné à dix kilomètres de Dunkerque, le film de Dany Boon est déjà entré dans la légende du box-office. La Tête Haute, sorti en 2015 avec Benoît Magimel ou encore Rod Paradot a fait le bonheur de la critique. Un film récompensé par deux César et neuf nominations. Si Dunkirk décroche des récompenses, le Dunkerquois pourrait bien devenir une terre de tournage porte-bonheur…

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#2 Dunkerque, terre de tournage

DIX* FILMS TOURNÉS dans le Dunkerquois Week-end à Zuydcoote (1964) C’est l’ancêtre de Dunkirk, le film qu’a peut-être vu Christopher Nolan avant de se lancer dans sa superproduction. Jean-Paul Belmondo, alias Julien, est le rôle principal de ce premier récit de l’Opération Dynamo tourné notamment sur la plage de Zuydcoote.

Noce Blanche (1989) Un film de Jean-Claude Brisseau avec une jeune actrice qui va découvrir Dunkerque, une certaine Vanessa Paradis. Tourné en partie dans le Nord de la France, Noce Blanche raconte l’amour impossible entre cette jeune élève et son professeur de philosophie.

Karnaval (1999) Jean-Paul Rouve, Clovis Cornillac, Sylvie Testud pour ce scénario imaginé en plein cœur du carnaval de Dunkerque. Larbi décide de s’exiler à Marseille et passe la nuit dans un hall d’immeuble plutôt que dans le foyer familial. Là, il rencontre Béa de retour du bal de carnaval. Il tombe sous le charme…

Papillons de nuit (2002) Léa Drucker et Éric Poulain à l’affiche de ce drame tourné en partie à Dunkerque. Une histoire d’amour compliquée entre deux personnes qui doivent d’abord se dompter.

Bienvenue chez les Ch’tis (2008) Inutile de présenter ce succès devenu mondial. Dany Boon aux manettes de ce scénario exceptionnel de simplicité. Un facteur est muté. Originaire du Sud, il débarque à Bergues, village voisin de Dunkerque. Il découvre le Noooooooooooooord !

Notre jour viendra (2010) Romain Gavras à la réalisation de ce film noir dans lequel Vincent Cassel joue le rôle d’un identitaire perdu, à la recherche d’une communauté à intégrer ou à créer. Il choisira celle des Roux et plongera dans le communautarisme et le racisme à tout bout de champ.

Ma Part du gâteau (2011) Karine Viard et Gilles Lelouche à l’affiche de cette histoire des temps modernes. Installée dans le Nord, madame Leroy perd son travail à la suite de la fermeture de son usine dunkerquoise. Elle monte à Paris et devient femme de ménage chez un trader…. responsable de la fermeture du site nordiste.

Quand je serai petit (2012) Un film de et avec Jean-Paul Rouve, le Dunkerquois, dans le rôle de Mathias perturbé par ce petit garçon qui se prénomme également Mathias et qui lui ressemble tant. Quelques scènes tournées à Calais, beaucoup à Dunkerque et une belle histoire où Benoît Poelvoorde et Miou-Miou sont également les têtes d’affiche.

Les Beaux jours (2013) Réalisé par Marion Vernoux, ce film raconte une histoire d’amour pas tout à fait comme les autres. Tournés à Dunkerque, à Calais et au Cap Blanc Nez, Les Beaux jours subliment les sites naturels et offrent de belles images.

La tête haute (2015) Un drame puissant signé Emmanuelle Bercot tourné en partie à Dunkerque avec Catherine Deneuve, Benoît Magimel ou encore Rod Paradot. Deux César et neuf nominations pour ce film salué par toute la critique.

* Il s’agit d’une sélection de dix films tournés dans le dunkerquois

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SPIRIT OF DUNKIRK


Dunkerque, terre de tournage #2

Désormais, la ville de Dunkerque vend des décors clé en main, aide aux repérages, accompagne les équipes : « Ça leur fait gagner du temps. » La cellule cinéma joue un vrai rôle d’ambassadrice, qui ne se limite pas à la cité de Jean Bart. « On travaille aussi avec l’agglomération et jusque Bergues et Hondschoote. » Cette idée s’est concrétisée au moment du tournage de la série Baron noir (Canal +). Un élément déclencheur en raison d’une logistique lourde, notamment lors des scènes tournées à l’hôtel de ville. « On a eu en même temps des repérages pour Christopher Nolan, ça commençait à faire beaucoup. » La cellule cinéma est née, avec la volonté du maire d’aller chercher de nouveaux projets. Des structures comme celle-ci, il en existe à Montpellier, Strasbourg, Paris ou encore Lyon. « C’est difficile d’expliquer aux gens comment on fonctionne. On a créé un métier qui n’existe pas. »

Un réseau de plus en plus étoffé Les premiers contacts se feront avec les repéreurs. La cellule cinéma de Dunkerque commence à bien les connaître. « Notre base de données s´étoffe avec de plus en plus de décors et de photos », poursuit Muriel Frémont, qui voit des décors de cinéma partout ! Et pour afficher une expérience toujours plus attractive, la

La Municipalité a chargé un membre de son personnel d’accueillir les propositions cinématographiques. Muriel Frémont guide notamment les professionnels dans leurs repérages.

Le gros travail de logistique Puis vient la faisabilité du tournage une fois que les repérages ont été réalisés. « Là, on fait le relais vers les endroits qui ne dépendent pas de la ville, comme le port de Dunkerque par exemple ou des propriétaires privés. » Matériel, arrêtés, parkings, loges, éclairage... Tout est décortiqué par la cellule cinéma avec les équipes techniques des tournages. Même les associations dunkerquoises mettent la main à la pâte, comme Littoral escalade qui avait dépanné la série Tunnel avec le prêt de baudriers à la dernière minute.

© Ville de Dunkerque.

D’abord les repérages

cellule a créé son propre réseau local : « On travaille avec des gens qui ne connaissent rien au cinéma, mais qui connaissent très bien le territoire. Ça nous permet d’avoir une réactivité immédiate pour répondre aux demandes. Les porteurs de projets sont souvent étonnés. »

La cellule cinéma met à disposition des locaux pour organiser les castings.

Le casting avant le lancement du tournage La cellule cinéma intervient également dans l’organisation des castings. Les équipes sollicitent les collectivités pour avoir des locaux. « On leur met à disposition de belles salles gratuitement. » La Ville aide les candidats à remplir les fiches lors des castings, à gérer les files d’attente... Et ce n’est pas une mince affaire quand il s’agit de gérer les castings de Christopher Nolan et les milliers de candidats. Le rôle de la cellule cinéma ne s’arrête pas là, elle se charge encore des différents protocoles ou même de la communication quand les productions le lui demandent. Le tournage peut démarrer. « Après, on récupère les bilans financiers sur le territoire : hébergements, restauration, locations de véhicules, personnel, achats de décors... » Dès lors, la cellule cinéma peut commencer à souffler, il ne lui reste qu’à attendre l’avant-première.

© Ville de Dunkerque.

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usqu’en 2014, Dunkerque accueillait des tournages « par hasard », sans volonté de devenir une terre de cinéma. « On accompagnait à travers la logistique comme pour les poubelles, les arrêtés, les barrières... », explique Muriel Frémont, responsable de la cellule cinéma. Les temps ont bien changé et la Ville a su se structurer pour répondre aux attentes des équipes de production en créant une cellule spécifique.

© Ville de Dunkerque.

LE RÔLE DE LA CELLULE CINÉMA À DUNKERQUE

L’aide de la cellule cinéma pour les castings est souvent précieuse pour les productions.

« On travaille avec des gens qui ne connaissent rien au cinéma, mais qui connaissent très bien le territoire. « SPIRIT OF DUNKIRK

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INTERVIEW

« C’est important ce qui arrive à Dunkerque ››

PATRICE

VERGRIETE

En 2014, la Ville de Dunkerque se fixe comme objectif de développer les projets cinématographiques. Quelques mois plus tard, la Warner vient frapper à la porte du maire, Patrice Vergriete.

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SPIRIT OF DUNKIRK

Quels ont été vos premiers contacts avec la Warner ? On me dit, un jour, que la Warner est intéressée pour tourner un film à Dunkerque. Je comprends très vite qu’il s’agit d’un gros film. On la met alors en lien avec notre cellule cinéma. La vraie différence avec les autres films, séries ou clips qu’on accueille régulièrement, c’est qu’il s’agissait d’une superproduction américaine. J’ai très vite compris, à l’automne 2015, que ça concernerait l’Opération Dynamo. On ne nous l’avait pas tout de suite dit. Quel rôle avez-vous joué dans les premiers échanges ? On me fait, par exemple, remonter qu’il y a un problème avec le port, qui serait un des lieux de tournage. J’appelle alors Stéphane Raison, le directeur, pour lui dire que j’ai besoin de lui. Que c’est important ce qui arrive à Dunkerque. Je lui demande de prendre personnellement en main

« Ce qui n’était pas possible devient possible.

«

le projet de ce film. Tout de suite, il fait tout débloquer. Ce qui n’était pas possible devient possible. D’autant qu’à ce moment-là, on nous dit que nous sommes en concurrence avec la Normandie, la Belgique et les PaysBas. Il devait y avoir une préférence de Nolan pour tourner sur le site historique, mais la Warner cherchait aussi des plages similaires. Et c’est Dunkerque qui est choisi… Quand je rencontre la Warner, se pose la question du rapport à la population avec notamment le blocage des rues et de la digue en plein printemps. Je leur ai dit que la Ville s’occuperait de


Dunkerque, terre de tournage #2

gérer la relation à la population dunkerquoise. La Warner a été rassurée avec le port, puis avec les habitants, elle avait la possibilité de tourner sur le site historique. C’est comme cela que nous avons raflé la mise. Vous savez, ce n’est pas n’importe quel film : on n’a pas seulement accueilli une superproduction américaine, on a accueilli une superproduction américaine sur l’Opération Dynamo. En 10 jours, la ville a été rasée et la population a fui. C’est le moment le plus dur de notre histoire contemporaine. Grâce à ce film, l’Opération Dynamo sera encore plus connue.

« Il s’est passé quelque chose à Dunkerque. « Quand avez-vous su que Christopher Nolan était le réalisateur de cette superproduction ? En décembre 2015, j’apprends que c’est lui et que ce sera bien tourné à Dunkerque. Je l’ai annoncé lors d’un conseil communautaire. La Warner m’avait seulement interdit de prononcer le nom de Christopher Nolan. Mais il fallait que j’annonce ce film pour informer la population ; il restait six mois avant le début du tournage. Quelle relation avez-vous avec le réalisateur ?

noué

Le cinéphile amateur que je suis adore ce qu’il fait et notamment Inception. J’ai rencontré Nolan sur le tournage, il était vraiment dans sa bulle. Je me

suis officiellement entretenu avec lui le dernier jour. On avait organisé une petite cérémonie avec sa famille en mairie. On a échangé et je lui ai expliqué que, pour nous, c’était une forme de revanche de l’Histoire ce film. Et qu’il allait apporter à la France une autre manière de voir l’Histoire. À la fin de cette petite cérémonie, je lui ai formulé deux vœux. Le premier était que le film s’appelle Dunkerque. Là, Nolan me coupe et me dit tout de suite oui. Qu’au regard de l’accueil qu’ils ont eu ici, la moindre des choses était de l’appeler Dunkerque. Je ne saurai jamais si c’était déjà prévu avant de tourner ou pas. Toujours est-il qu’il me donne comme raison l’accueil reçu. À ce moment, je suis aux anges ; c’était la plus belle des récompenses qu’on puisse imaginer. Pour le deuxième vœu, je lui ai donné le drapeau de Dunkerque pour qu’il le sorte lors de la cérémonie des Oscars. Cette fois, il ne m’a rien promis, mais il est reparti avec le drapeau.

« C’était la plus belle des récompenses qu’on puisse imaginer. « Que retenez-vous de ce tournage ? Ce qui m’a le plus frappé, c’est l’accueil des Dunkerquois. Il a d’ailleurs été reconnu par la Warner et par Nolan. Tout le monde l’a ressenti. Il s’est passé quelque chose à Dunkerque. L’accueil de la population a été exceptionnel ; ça a vraiment marqué le tournage et surpris tout le monde. Quand Emma Thomas est revenue, elle m’a reparlé de l’accueil. Je crois qu’ils ont senti cet état d’esprit si accueillant qui caractérise les Dunkerquois. Je pense vraiment qu’ils ont apprécié la ville.

« À ce moment-là, on nous dit que nous sommes en concurrence avec la Normandie, la Belgique et les Pays-Bas. «

200

Plus de 200 jours de tournage à Dunkerque ont été comptabilisés par la Ville depuis 2014 jusqu’à la sortie du film Dunkerque à l’été 2017.

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#2 Dunkerque, terre de tournage

La lumière

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L’architecture à elle seule ne suffit pas à créer un décor idéal pour les équipes de tournage. La lumière est souvent un élément déterminant dans le choix des réalisateurs. À Dunkerque, elle attire l’œil des experts !

L’accueil Les Dunkerquois aiment accueillir des tournages, malgré les contraintes qu’ils peuvent comporter. Non, ce n’est pas une légende : à Dunkerque, on sait recevoir !

Le confort C’est l’une des particularités quand on tourne à Dunkerque. La cellule cinéma n’est pas étrangère à cette facilité donnée aux équipes de tournage. Pas question qu’elles travaillent sur un coin de bureau ou dans un hôtel. Des salles sont mises à disposition pour préparer le tournage dans les meilleures conditions possibles.

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La gratuité À Dunkerque, les équipes de tournage ne paient pas l’emplacement de leurs nombreux véhicules. Ils ne sont pas considérés comme des commerçants ambulants. Dans certaines villes de France, on n’hésite pas à facturer !

8 RAISONS DE CHOISIR

DUNKERQUE POUR UN TOURNAGE Le port Dunkerque, c’est avant tout un port. Pourtant en zone Seveso, et même en état d’urgence, il est capable de se retrousser les manches pour accéder aux demandes des réalisateurs. Sans cette faculté à s’adapter de la part du port, Dunkirk ne se serait jamais tourné... à Dunkerque.

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Le territoire Dunkerque, ce n’est pas une ville, c’est tout un territoire qui s’étend de Gravelines à la frontière belge et qui descend jusque dans la Flandre. Autant de décors possibles entre la mer, l’industrie, la campagne, le port, les dunes, les beffrois, les moulins...

Les figurants Ce qui frappe quand on tourne à Dunkerque, c’est que les figurants ne cherchent pas à se mettre en avant, au premier plan. Chacun reste à sa place, sans jamais se plaindre. La plupart n’hésite pas à se plier en quatre aux souhaits des équipes de tournage. Certains se souviennent encore de la tempête durant le tournage de Dunkirk…

La renommée Les réalisateurs de séries comme Tunnel ou Baron noir n’ont pas longtemps hésité à poser leurs caméras dans la cité de Jean Bart. Les téléfilms aussi trouvent leur compte, comme Meurtres au carnaval, qui a connu un énorme succès. Une renommée qui a traversé l’Atlantique avec ce tournage de Christopher Nolan. Ce n’est peut-être qu’un début…

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Dunkerque, terre de tournage #2

© Ville de Dunkerque.

DANS LES COULISSES DU TOURNAGE « Confrontés à des demandes de discrétion et de confidentialité »

Muriel Frémont (à gauche) en compagnie de Maryline Patin, également membre de la cellule cinéma.

INTERVIEW

MURIEL

FRÉMONT

Elle est devenue l’ambassadrice du cinéma à Dunkerque et le principal relais des sociétés de production. Elle maîtrise désormais tous les codes de ce milieu.

E

lle est l’interlocutrice privilégiée des productions et des repéreurs pour les tournages dans la cité de Jean Bart. Elle a appris à travailler avec la plus grande société de production du monde, pour le film Dunkirk.

de travail. Avec, en rouge, tout ce qui était confidentiel. Même le maire de Dunkerque n’a pas lu le scénario ! Sur le tournage, tout était interdit : pas de photo, pas de vidéo… Mais, ça, ce n’est pas typique au tournage de Dunkirk. Ce côté

Qu’est-ce qui rend si particulier un tournage à Dunkerque avec la Warner ? On travaillait avec Peninsula Film. Tout était confidentiel, on avait l’interdiction d’envoyer les arrêtés à quiconque ; même les habitants et la presse n’étaient pas au courant. Sur les arrêtés, sur place, c’était indiqué « Peninsula », mais pas de nom de film. Nos modes de travail ont été chamboulés. Nous étions souvent confrontés à des demandes de discrétion et de confidentialité, même quand le tournage a été officialisé. On avait déjà travaillé sur des petits projets anglo-saxons, mais, là, c’était une manière de faire imposée par Christopher Nolan.

« 15 jours avant le début du tournage, on n’avait pas les scénarios. »

Qu’est-ce qui vous a marqué dans cette collaboration ? 15 jours avant le début du tournage, on n’avait pas les scénarios, juste les plans

secret et mystérieux est vraiment entretenu par Christopher Nolan. Ça reste, pour nous, un vrai bonheur d’avoir collaboré avec Warner France, qui est restée très à l’écoute. Les castings aussi étaient différents ? Nous avions ouvert une boîte mail spécifique pour les castings. Ils ont été dématérialisés. Là encore, il ne fallait pas signifier le nom de Christopher Nolan, alors que tout le monde savait que le film était tourné à Dunkerque. Certains pensaient même, pendant les castings, qu’ils tourneraient avec Léonardo Di Caprio, après une fausse rumeur sur sa présence dans le film.

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#3 Dunkerque,

ville

transformĂŠe


© Ville de Dunkerque.

Dunkerque, ville transformée #3

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es tonnes de sable, des camions de guerre réels et en papier mâché, des soldats artificiels sur la plage, des sacs de munitions, un bateau-hôpital et cette jetée d’un blanc immaculé que certains Dunkerquois auraient bien voulu conserver. Durant le tournage du film de Nolan, seuls deux éléments ne sont pas passés sous les mains expertes des décorateurs de l’équipe de Christopher Nolan : les belles plages de sable fin et la mer du Nord… Pour le reste, les rues, les bâtiments, les commerces, les bateaux ont été façonnés au style mai 1940. Dunkerque a revêtu ses habits de Dunkirk durant plusieurs semaines, certaines rues changeant de nom, comme celle des Fusillés devenue la rue

du Marché ! Avec Nolan, chaque détail compte. Les Malouins (habitants de Malo-les-Bains, un quartier de Dunkerque), sans aucun doute les plus impactés par le changement de décor, ont traversé les semaines de tournage avec enthousiasme allant même jusqu’à organiser des apéros Dunkirk. Oui, oui, nous avons les images. Les habitants et visiteurs du Dunkerquois se souviendront longtemps du grand barnum de la Warner. Certains ont vécu cela avec nostalgie, d’autres ont profité de l’aventure pour s’informer. Tous ont immortalisé l’instant avec leur téléphone portable. Ils pourront dire : « J’y étais ! »

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#3 Dunkerque, ville transformée

SANS LE PORT DE DUNKERQUE, LE TOURNAGE N’AURAIT JAMAIS EU LIEU EN FRANCE

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unkirk, c’est une belle histoire avec la ville, la communauté urbaine, mais aussi le port. Elle a commencé le 11 novembre 2015. Alors que Stéphane Raison, directeur du port de Dunkerque, assiste à la cérémonie du 11-Novembre, Patrice Vergriete lui glisse à l’oreille qu’une superproduction américaine doit se tourner dans la cité de Jean Bart. Mais le maire de Dunkerque a besoin de « l’aide du port ». Les deux hommes déploient alors toute leur énergie pour rendre possible cette idée folle de transformer le port de Dunkerque en immense plateau de tournage. « Dès le départ, on a su qu’on le ferait. »

Le premier couac qui a failli coûter cher Un mois plus tard, en décembre 2015, le nom du réalisateur de cette superproduction américaine est dévoilé par les médias. « On n’avait pas encore sécurisé les accès au niveau du port ; la production voulait se retirer. On a failli ne plus avoir le film », se

souvient Stéphane Raison, le regard déconcerté. Il le répète aujourd’hui avec le sourire : « J’ai vraiment passé le pire Noël de toute ma vie ! » Une situation d’autant plus délicate qu’au moment où le nom de Christopher Nolan est rendu public, aucun contrat n’avait été signé entre le port de Dunkerque et la production. « On a réussi à faire sécuriser tous les accès en deux semaines. » Le 14 janvier 2016, premier ouf de soulagement quand le directeur ratifie enfin le contrat. L’aventure peut commencer. Les nombreux vieux navires demandés par Christopher Nolan pour le tournage reçoivent le feu vert pour accoster à Dunkerque. « On a organisé, techniquement, la pose des décors. » Avec un nombre d’heures incalculables passées à vérifier les fixations et la résistance.

La tempête une semaine avant le tournage Alors que le port était prêt à recevoir l’équipe de tournage, une tempête

s’est abattue sur le Dunkerquois. Les décors étaient installés : « Ça a été un élément catastrophique, il a fallu faire des réparations en urgence », se souvient le directeur du port. Tout a été solutionné dans le plus grand secret. Une péripétie de plus qui n’a engendré aucun retard pour démarrer le tournage. Des anecdotes sur les travaux à réaliser, Stéphane Raison n’en manque pas : « Quand on a dragué un supplément dans l’entrée du chenal pour faire passer un bateau, on ne savait pas où on draguait. » Un aménagement effectué dans les tout derniers jours. « Il fallait se débrouiller, on ne pouvait pas demander à décaler le tournage ! Ça a aussi démontré le professionnalisme des équipes du port. » Lesquelles ont répondu à toutes les requêtes de la production. À l’exception d’une scène. Elle consistait à mettre le feu dans l’avantport ouest ; elle a finalement été tournée aux Pays-Bas. « Christopher Nolan voulait la faire à côté de la prise d’eau, près de la centrale nu-

Dunkerque, le deuxième port au monde oscarisé ? Tout le territoire dunkerquois espère que Dunkirk sera oscarisé. Que Christopher Nolan, lors de la cérémonie, soulève son prix dans une main et la statue de Jean Bart dans l’autre. Que le nom de Dunkerque soit mis à l’honneur sur toutes les chaînes du monde entier. Un peu à la manière du film Casablanca, seul port aujourd’hui à avoir été oscarisé (1942) et déjà produit, à l’époque, par la Warner. À une exception près : le long-métrage n’avait pas été tourné dans la plus grande ville du Maroc… mais à Hollywood, dans les studios de la Warner. Le môle version mai-juin 1940 est l’une des attractions du film de Christopher Nolan.

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© Ville de Dunkerque.


Dunkerque, ville transformée #3

L’hommage à Yves Lalaut Directeur de l’aménagement et de l’environnement au port de Dunkerque, Yves Lalaut s’est énormément impliqué pour accueillir le tournage du film de Christopher Nolan. C’est lui qui a porté à bout de bras toutes les difficultés techniques requises pour permettre à la superproduction américaine de tourner au port. Le Dunkerquois est tombé malade le jour où Christopher Nolan tournait la première scène du film. Yves Lalaut, 60 ans, a brutalement disparu vendredi 8 juillet 2016.

Tout a été mis en œuvre pour accueillir les navires de guerre indispensables au tournage de Dunkirk.

cléaire. Ce n’était pas possible, c’est la seule chose pour laquelle on a dit non. » Des discussions au quotidien entre le port et la production qui ont quasiment toujours débouché sur des solutions.

Chaque jour, le port se souvient Depuis la fin du tournage, l’ensemble des acteurs du territoire dunkerquois est unanime : tous les jours, ils pensent à ce tournage, à cette aventure unique. « C’est un événement qui nous a marqués. C’était dur. On a souffert. Ce n’était pas évident. » Parce que, pendant le tournage, la vie du port de Dunkerque – en plein développement - ne s’est pas arrêtée. « Il y avait le boulot au quotidien et il y avait Dunkirk. On l’a fait pour le territoire, mais aussi pour une notoriété plus globale, dont celle du port. »

© Ville de Dunkerque.

L’impact pour le port de Dunkerque « On ne se rend pas encore compte de l’impact qu’aura le film pour Dunkerque », commente le directeur commercial du port Daniel Deschodt. Les deux hommes préfèrent d’ailleurs ne pas y penser. Car, si l’opération Dynamo demeure encore trop méconnue en France, elle est bien plus populaire ailleurs dans le monde, autant du côté des Anglo-Saxons que de l’Asie. « On sous-estime l’impact du film dans la reconnaissance du port et du territoire à l’international », renchérit Stéphane Raison. Qui sait que les retombées, pour son port, vont être positives. Mais difficilement évaluables. « On espère que ça va se traduire par des implantations qui découleront de cette nouvelle notoriété. » Car Dunkerque et son port seront indéniablement plus attractifs une fois le film sorti en salle.

Dunkerque, pas seulement un port de marchandises Le port du nord de la France, le port de l’Europe du Nord, le port durable qu’est celui de Dunkerque est aussi un port partenaire. Le tournage du film de Christophe Nolan en est le parfait exemple. « On ne fait pas que de l’industrie et des bateaux », rappelle Stéphane Raison. Le directeur insiste sur le rôle important du port d’incarner aussi la reconnaissance internationale de Dunkerque.

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#3 Dunkerque, ville transformée

INTERVIEW

GUY

BELEGAUD Le Calaisien Guy Belegaud, qui a élu domicile depuis plusieurs années à Hawaï, est contremaître sur la réalisation des décors de séries américaines et films hollywoodiens. Il est revenu sur la Côte d’Opale spécialement pour réaliser les décors de Dunkirk.

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Quel a été votre rôle pour Dunkirk ? « J’ai eu en charge la reconstruction en bois de la jetée de Dunkerque. Ça m’a pris deux mois d’études chez moi, à Hawaï, et quatre mois de chantier à Dunkerque au Kursaal avec une équipe d’une centaine de techniciens. Le but était d’être le plus fidèle possible à la réalité. Il a fallu assembler plus de 3 000 pièces pour celle en bois, et en faire une copie en contreplaqué. » Quels souvenirs gardez-vous ? « D’excellents. Les cinq mois ont passé trop vite. On a été super bien reçus. D’avoir fait ce film là où l’Opération Dynamo a eu lieu, c’était sublime. J’ai beaucoup bossé, mais j’ai quand même réussi à revoir des amis que je n’avais pas vus depuis 40 ans ! »

Avez-vous eu déjà la chance de voir le film ? « Non, j’ai juste vu les bandes-annonces. Ça a vraiment de l’allure. Il y a beaucoup d’attente et comme Nolan l’a réalisé, je pense qu’il y aura une plus forte audience. Je compte venir voir le film à Dunkerque quand il sortira pour retrouver l’équipe qui a participé à la construction des décors.» Qu’avez-vous fait depuis le tournage ? « J’ai pris trois semaines de repos bien mérité. A mon retour, j’ai travaillé sur le nouveau Jumanji. Puis je suis allé à Pearl Harbor pour préparer la scène d’un concert pour 40 000 soldats et leurs familles. Et ensuite je travaille sur les décors de la série Hawaï 5.0. On a fini la septième saison et on a démarré en juin les décors pour la huitième saison. »


Dunkerque, ville transformée #3

TOUS LES DÉCORS ONT ÉTÉ DÉTRUITS... OU PRESQUE O

« Plusieurs figurants sont repartis avec des accessoires ou des vêtements. «

n ne rigole pas avec les productions américaines ! Tous les décors doivent être détruits une fois le tournage terminé. La Ville a seulement réussi à obtenir l’autorisation de conserver la réplique du Rogaland, ce paquebot norvégien transformé en hôpital. Une maquette de ce bateau avait été conçue pour tourner une scène durant laquelle il est coulé dans le port. « C’est le seul décor officiel dont on dispose », raconte Maryline Patin, de la cellule cinéma. Les 30 tonnes de la réplique du Rogaland devaient être démontées, puis transportées pour étre détruites. Un budget colossal qui a fait réfléchir la production et qui a permis à la Ville de Dunkerque de conserver cette maquette. Laquelle est souvent apparue dans la bande-annonce du film.

Du bois français pour les décors

Des gens sont aussi venus chercher du bois de chauffage.

«

ADS pour la construction métallique. Le bois a aussi été un matériau prédominant dans le budget du film pour les décors. Et la production a opté pour du bois français, en provenance des Vosges, grâce à un négociant basé à Guînes (62). Là aussi, tout a été brûlé. Des associations locales ont pu récupérer du bois, qui a notamment servi à la construction de l’ancien camp de réfugiés de Grande-Synthe. « Des gens sont aussi venus chercher du bois de chauffage. » Concernant les costumes, comme pour la grande majorité des tournages, plusieurs figurants sont repartis avec des accessoires ou des vêtements. Une situation tolérée par la production, tant ce type de pratique est assez courant dans le monde du cinéma.

© Ville de Dunkerque.

© Ville de Dunkerque.

Pour le reste, les décors ont été détruits. Nombre d’entre eux avaient été fabriqués dans la région. Peninsula a d’ailleurs été à plusieurs reprises surprise par le savoir-faire des entreprises nordistes et par la réactivité des Dunkerquois sur des demandes de dernière minute. Comme avec

«

La Ville a eu l’autorisation de conserver la maquette du vrai Rogaland, construite pour tourner une scène particulière dans le film.

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#3 Dunkerque, ville transformée

1 000 HEURES DE TRAVAIL EN 15 JOURS POUR ADS

© ADS.

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ADS a notamment réalisé la coque d’un bateau pour la séquence où une réplique du navire hôpital du film est coulée dans le port de Dunkerque.

« La société de production a gardé contact

De nouvelles commandes pour La Ch’tite famille de Dany Boon

©

Ville de Dunkerque.

avec nous. On a travaillé sur le prochain film de Dany Boon. «

Le navire hôpital du film a été en parti façonné par ADS.

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es clients habituels ont pour nom Arcelor Mittal, le Grand Port Maritime de Dunkerque ou Total. Dorénavant, Peninsula Film s’est aussi invité dans les bases de données de l’entreprise synthoise ADS, 30 ans en juillet et spécialisée dans la chaudronnerie et la maintenance industrielle, portuaire et fluviale. « Un midi on a reçu un coup de fil de Peninsula pour savoir si on était en mesure de faire certaines fabrications. J’ai fait une première offre qui s’est transformée en commande », explique le chargé d’affaires, François Lefebvre. Sur le fameux môle où les soldats sont évacués, ADS a ainsi réalisé toutes les pièces de connexion, des platines de fixation au sol. « Mais aussi beaucoup de structures pour des décors sur lesquels ils sont venus poser des habillages en bois. On a ainsi fait une coque de bateau de 4 m de large sur 15 m de long. » Une coque utilisée pour la séquence où le navire hôpital est coulé ainsi que les cinéphiles l’ont découvert dans les premiers teasers du film.

Une expérience qui a contraint ADS et ses 70 salariés, et parfois jusque 100 en cas de pic d’activité, à revoir leurs plannings de travail. « On a eu un gros volume d’heures dans un temps très court, environ 1 000 heures en une quinzaine de jours, comptabilise Mathieu Demarthe, le responsable de production atelier. On a dû augmenter le nombre d’heures puis réorganiser l’atelier. Au lieu d’un poste de jour, on a travaillé un poste du matin, un autre de l’après-midi. Et comme en interne on n’avait pas assez de ressources, on a dû faire appel à des intérimaires. Il y a eu des moments chauds. » Pour autant, ADS espère avoir trouvé avec le cinéma un nouvel axe de développement. « À la fin du tournage, la société de production a gardé contact avec nous. On a travaillé sur La Ch’tite famille, le prochain film de Dany Boon, qui se tourne dans les studios de Saint-Denis et près de Cassel. On a fait de la fabrication, des arches, des totems, des planchers. C’est plus du supportage et de la décoration », détaille François Lefebvre.


Dunkerque, ville transformée #3

DUNKERQUE EN HABITS DE DUNKIRK Les rues de Malo, la digue du Braek ou encore le Kursaal de Dunkerque ont connu d’importants travaux nécessaires pour replonger dans l’ambiance du film de Christopher Nolan.

L « Le réalisateur anglais

La crédibilité apparente des lieux a convaincu Christopher Nolan, à une exception près : le Kursaal. Le réalisateur anglais avait prévu la transformation du palais des congrès de Dunkerque, métamorphosé en une usine pour le tournage. Sauf que la photo imaginée initialement ne correspondait plus vraiment à ce qu’est devenu le Kursaal.

Les hauts fourneaux deviennement ruines Même chantier pour la digue du Braek où les hauts fourneaux qui dépassaient à l’horizon ont été maquillés en ruines, visibles d’ailleurs dans la bande-annonce du film. Une fois le tournage terminé, les rues ont retrouvé leur ambiance contemporaine, le sable a disparu des rues de Malo, l’usine du Kursaal est redevenue le palais des congrès. Tout a été remis en état, à l’identique, par les équipes de Christopher Nolan.

© Ville de Dunkerque.

avait prévu la transformation du palais des congrès de Dunkerque, métamorphosé en une usine pour le tournage. «

e tournage d’une superproduction américaine a nécessité nombre de travaux à Dunkerque. Film d’époque oblige, le mobilier urbain contemporain a été retiré par les services de la Ville et de l’agglomération. Les rues aussi ont perdu leur signalétique, leur plaque, leur parc à vélos... Et les maisons leur numéro. Tout devait être prêt pour permettre aux équipes de la Warner de monter leurs décors dans une ville fidèle à l’ambiance des années 1940. La transformation des rues de Malo a été impressionnante. L’inquiétude quant aux réactions des habitants a très vite été levée, tant ces derniers ont accepté de jouer le jeu malgré l’étendue du chantier. Un temps envisagée, la couverture des rues avec des faux pavés en caoutchouc a été abandonnée. Mais le budget prévu à cet effet n’a pas permis de concrétiser le souhait du réalisateur. Du sable a finalement recouvert le bitume dunkerquois. Mais là encore, il a fallu être vigilant à ne pas boucher les égouts.

Le Kursaal a été transformé en usine d’époque.

De faux pavés en caoutchouc devaient recouvrir les rues de Malo ; la production a finalement opté pour du sable.

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Dunkerque, ville transformée #3

VOYAGE EN ZONE OCCUPÉE Une poignée de rues de Malo a servi de décor au tournage de Dunkirk. L’espace de quelques jours, le quartier a replongé 80 ans en arrière. Soldats, voitures d’époque, maisons transformées… C’était comme en mai-juin 1940. Et les habitants, aux premières loges, ont adoré.

L

undi 23 et mardi 24 mai 2016. Le tournage aura duré deux journées, répétitions comprises. Mais les souvenirs se sont amassés pour des années. Souvent, les habitants de la rue des Fusillés la bien nommée (rebaptisée rue du Marché le temps du tournage) ont même immortalisé ces coulisses. « Can I take a picture with you ? », a lancé Julien, du haut de ses 11 ans, à Christopher Nolan. « Vachement sympa », le réalisateur a accepté le cliché. Et a vu les voisins de Julien défiler… « On n’oubliera pas son pardessus bleu marine et son mug de café, qu’il ne quittait jamais », glisse Valérie, dont la maison figure en bonne place dans les deux premières bandes-annonces. Leur maison au cinéma, ça leur a tous paru lointain quand, avant même le printemps, un dénommé

Martin est venu taper à chaque porte du quartier. « Il a expliqué qu’un film allait être tourné et a laissé sa carte en nous disant de ne pas hésiter si nous avions des questions », résume Sylvie, habitante de la rue Belle-Rade. Deux mois plus tard, le même visage est réapparu. Plus précis. « On va transformer votre façade, vous mettre un volet et vous cacher la porte, est-ce que vous êtes d’accord ?, m’a-t-il dit, rapporte Sylvie. Comme il m’a assuré qu’il ne perçait ni porte ni fenêtre, j’ai tout de suite dit oui. » Rémunération il y avait, mais tous s’accordent à dire qu’ils l’auraient fait sans.

« On est dans un autre monde ›› Fin mai, les rues ont été nettoyées

de leurs véhicules et passages piéton. À la place, des sacs, du sable et des véhicules d’époque. « Ça nous a forcément interpellé sur la guerre, pointe Sylvie. Il y avait un sentiment bizarre de voir ces voitures arriver. » Et puis les caméras ont pris leurs quartiers. « C’est énorme ! », s’enflamme le jeune Sébastien. « Magique, renchérit Valérie, sa mère. On est dans un autre monde, hors du temps. » Eux seuls ont pu profiter de ce spectacle, la circulation étant évidemment interdite. « Quand notre enfant devait sortir, on appelait Martin, quelqu’un sonnait, prenait le gamin et l’amenait en zone libre », s’amuse Valérie. Mais la zone occupée était bien plus excitante. Et ils n’en ont pas loupé une miette. Histoire de voir le film avant les autres.

Dire que les Dunkerquois ont accueilli les équipes de tournage à bras ouverts est un doux euphémisme !

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#3 Dunkerque, ville transformée

LA BONNE HUMEUR MALOUINE DURANT LE TOURNAGE Le soir venu, une fois les équipes de tournage rentrées au bercail, le tournage-off pouvait commencer. Heureux de recevoir Christopher Nolan et ses équipes, les habitants de Malo-les-Bains ont profité de l’événement dans la plus pure tradition dunkerquoise. On vous laisse apprécier le plaisir et la chaleur qui transpirent de ces clichés.

On s’y croirait.

Une fois les décors libérés par les équipes de tournage, les enfants du quartier de Malo n’ont pas hésité à rejouer les scènes.

Pour l’apéro, certains n’ont pas hésité à sortir les costumes... pas forcément d’époque. Un apéro Dunkirk.

Avec Christopher Nolan, le moindre détail compte y compris le style de l’éclairage public Tout est bon pour replonger dans le Malo de mai-juin 1940.

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À vos ordres mon général.


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La rue des Fusillés, baptisée ainsi en hommage aux soldats tués pendant la guerre, a eu le droit à une nouvelle plaque : la rue du Marché.

Des grands enfants sous le regard d’un enfant.

Les Dunkerquois ont le sens de l’accueil et savent recevoir. Plutôt que jouer les espris chafouins, ils ont organisé des apéros Dunkirk au cœur des lieux de tournage.

Certains se sont

fait plaisir avec le

traditionnel selfie

.

Une petite photo souvenir.

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© Ville de Dunkerque.

Des figurants habités #4

A

vant même le début du tournage, la cellule cinéma de la Ville de Dunkerque a reçu des tonnes de candidatures. Sur les réseaux sociaux, les heureux figurants du film de Christopher Nolan ont souvent partagé leur bonheur de faire partie de l’aventure. Plus de 1 500 figurants masculins ont ainsi participé à la reconstitution de l’Opération Dynamo sur la plage de Malo-les-Bains. Des Dunkerquois, des Calaisiens, des Boulonnais, des Lensois, des Lillois, ils sont venus des quatre coins de la région… et en ont parfois bavé. Des heures d’attente, de répétition pour quelques secondes de bonheur et une rémunération équiva-

lente au Smic (Salaire minimum interprofessionel de croissance). Mathias a, lui, eu le bonheur d’être la star du premier trailer du film, ce visage qui s’éclaire au milieu d’une foule militaire massée sur le môle et attaquée par l’aviation allemande. Il raconte dans ce magazine cette journée aux allures de supplice suprême pourtant ponctuée d’une totale satisfaction. Celle d’être sorti du lot. Celle d’être devenu « le figurant » plutôt qu’un acteur de complément, le terme technique. Des figurants toujours habités par la passion. Découvrez dans ce magazine les aventures de Mathias, David, Maxime et les autres.

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#4 Des figurants habités

LE PROFIL-TYPE

DU FIGURANT F

igurer dans un Nolan, un honneur suprême pour les amateurs de cinéma. Ils ont évidemment été nombreux à tenter l’aventure, mais beaucoup ont été recalés faute de répondre au cahier des charges. Le style mai 1940 était évidemment imposé afin de coller au plus près de la réalité de l’Opération Dynamo.

Cheveux : courts sur les côtés, un peu plus longs sur le dessus (les candidats devaient arriver avec les cheveux longs, ils étaient relookés avant le début du tournage.

Ni barbe, ni moustache.

Taille : 1,83 mètre maximum

Teint : pâle, similaire à celui des soldats de l’époque.

Âge : entre 18 et 50 ans.

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Des figurants habités #4

LE PROFIL-TYPE

DE LA FIGURANTE E

lles sont évidemment moins nombreuses, logique pour un film de guerre. Recrutées par la production pour jouer notamment les infirmières, les figurantes ont également été très nombreuses à se présenter au casting organisé par la Ville de Dunkerque pour le compte de la production. La sélection fut draconienne !

Cheveux : de couleur naturelle avec une longueur touchant au maximum les épaules. Pour les femmes aux cheveux plus longs, elles devaient accepter de se les faire couper pour le tournage.

Teint : seules les femmes de type européen pouvaient se présenter.

Taille : aucune limite exigée. Tour de taille : 42 maximum afin de rentrer dans les costumes prévus par la production.

Âge : entre 18 et 60 ans.

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#4 Des figurants habités

GRÉGORY Programmé pour incarner un soldat britannique, Grégory Sadowski (entouré) a dû changer d’uniforme pour devenir un marin anglais.

« Je fais partie d’un film vu dans le monde entier ! »

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G

régory Sadowski n’en revient toujours pas de cette expérience inédite. « Au début, je ne devais être figurant que trois jours. Finalement, j’ai demandé à en faire plus. J’étais au chômage, libre de toute obligation, et c’était formidable. Je fais partie d’un film vu dans le monde entier. » Dès son premier jour, il reçoit ses habits de scène. « Ils nous étaient attribués personnellement. Les costumières avaient réalisé des retouches après les essais, pendant que certains membres de la production peignaient les fusils… » Le Saint-Polois (Saint-Pol-sur-Mer est une commune associée de Dunkerque) a pourtant changé de costume entre-temps. Il est passé de l’uniforme de soldat britannique à celui de marin anglais, propriétaire d’un little ship. « Tout s’est fait à la dernière minute. J’ai même bénéficié d’un nouveau

DidierH@u Photos

passage par le stand de maquillage et de coiffure, car j’allais être plus près de la caméra. Il fallait donc plus de fond de teint et une coupe de cheveux impeccable. » Son meilleur souvenir ? « Le tournage sur la jetée, lors de la grosse tempête », répond-il immédiatement. « On pensait que la production allait annuler… Les vagues passaient par-dessus la jetée ! » Convoqué à 4 h du matin, Grégory ne rentre chez lui que vers 18 h. « C’était une journée intense de plus de dix heures, rendue difficile par le froid. Mais au final, on a bien ri avec les autres gars de mon groupe. C’était bien organisé. Les gens de la prod’ nous ont très bien traités. On avait droit à des repas abondants. On mangeait bien ! » Sans compter la prime supplémentaire. « Grâce à la tempête, chaque figurant a reçu une prime de 20 euros sur les 120 euros nets touchés par jour de tournage. »


Des figurants habités #4

O

David, le chef de file utre sa ressemblance troublante avec l’acteur Liev Schreiber, David Decroix n’est pas un novice dans le monde du cinéma et surtout de la réalisation. Il est luimême réalisateur autodidacte. Il présentait d’ailleurs son court-métrage « Blanquette » au festival « Welcome to #8 » fin juin. C’est donc avec cette expérience qu’il s’est présenté au casting de Dunkirk pour être chef de file.

David prend son rôle à cœur « La production en recherchait 30 pour encadrer les 1 300 figurants. » Son expérience lui permet d’avoir les faveurs des responsables. David obtient le rôle au même titre que des directeurs de casting. « Ils faisaient le même travail que moi à Dunkerque » : transmettre les exigences du réalisateur aux figurants, faire la chasse aux téléphones portables pour éviter les fuites sur le film… mais aussi instaurer une bonne ambiance dans son groupe. Un mois avant le début du tournage, il a pour mission d’appeler les figurants pour les briefer : « On devait leur faire comprendre que c’était comme s’ils s’étaient inscrits pour Koh-Lanta. Ils ne devaient pas mesurer plus de 1,83 m, ni prendre le soleil, être rasés de près… »

Son sérieux et sa rigueur le démarquent des autres chefs de file. « Au début, je ne devais encadrer le groupe 14 que cinq ou six jours. Au final, je suis resté un mois et demi. » Il change ainsi d’affectation pour s’occuper des brancardiers. C’est d’ailleurs ce qui lui a permis d’approcher Christopher Nolan. « C’était durant une scène, au bout de la digue. Les deux acteurs principaux devaient traverser une foule de figurants avec un brancard et un blessé. Je devais aller à leur rencontre pour les aider et ils devaient refuser. » C’est à ce moment que Christopher Nolan lui a demandé de « mettre mon épaule en avant, d’être face caméra, puis champ contrechamp et enfin en position latérale ». Son passage à Dunkirk lui a permis d’enrichir son répertoire. C’est d’ailleurs grâce à ce film qu’il a été contacté pour figurer dans Mission impossible n°6 tourné à Paris, pour être à nouveau chef de file.

DAVID

Après Dunkirk, Mission impossible

« C’était comme s’ils s’étaient inscrits pour Koh-Lanta. «

David Decroix a été chef de file pendant le tournage. Le figurant est également réalisateur autodidacte.

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#4 Des figurants habités

Florian a prolongé sa figuration

I

nitialement, le Ghyveldois* de 18 ans devait participer durant quatre jours au tournage de Dunkirk. « Mais quand j’ai su qu’on pouvait faire plus, j’ai immédiatement appelé pour profiter à fond de cette expérience. » Florian Gossoin est ainsi passé du 14e au 1er groupe des figurants. « C’est celui qui se trouvait face aux caméras ». D’ailleurs, il a fait partie de ces jeunes hommes qui ont fait le tour du monde quand est sortie la première bande-annonce du film, sur la jetée. Les soldats sont rassemblés attendant l’embarquement… Quand tout d’un coup, les avions ennemis tirent ! Florian, c’est le seul avec un béret, sur la gauche.

« Plus les jours défilaient, plus on était barbouillés ! ››

FLORIAN

L’un des avantages quand on se retrouve dans le champ des caméras, c’est de « passer entre les mains des coiffeurs et des maquilleurs ». Le premier jour, on lui coupe les cheveux à la mode des années 1930-1940. « Chaque matin, ils les retouchaient avec quelques coups de ciseaux. » Quant au maquillage, « on devait paraître sales. Et plus les jours défilaient, plus on était barbouillés ! » Florian a été impressionné par la scène des explosions sur la plage de Malo. « Christopher Nolan a exigé des bouchons d’oreille pour les figurants. Ajoutez à cela notre position couchée sur le ventre, la chaleur et les longues périodes d’attente entre les scènes, certains figurants s’endormaient sur le sable… Moi compris ! Les explosions m’ont réveillé. Il y en a eu une bonne trentaine avant que la scène soit impeccable. » Autant de souvenirs impérissables. *Ghyvelde, commune située à la frontière franco-belge.

Florian n’oubliera pas de sitôt cette expérience unique.

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Des figurants habités #4

MAXIME « Pendant la pause, Harry Styles est venu me demander des bonbons. «

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« Après les essayages, la coiffure et le maquillage, on s’est tous retrouvés sur la plage. C’était incroyable. Je ne me rendais pas bien compte de ce que je vivais. «

n postulant comme figurant, Maxime Raulx avait mis toutes les chances de son côté. Déjà expérimenté dans le cinéma, ce Lensois de 25 ans avait envoyé des photos prises par un professionnel pour sortir du lot au casting. Mais rien ne l’avait préparé à participer à la superproduction qu’est Dunkirk. « Quand je suis arrivé le premier jour de tournage, j’avais un nœud au ventre. On avait rendez-vous au Frac de Dunkerque. Je ne connaissais pas la ville. Je l’ai découverte avec les décors du film ! » Dans la fourmilière de 1 500 figurants, Maxime trouve rapidement ses marques. Encore aujourd’hui, le jeune homme peine à réaliser. « L’organisation est dingue. Il y avait des camions de production sur des centaines de mètres. On était tout de suite dans l’ambiance. » Une fois dans le grand bain, il n’a plus qu’un seul objectif : profiter de l’expérience au maximum. Complètement habité, le Lensois n’hésite pas à créer son propre rôle. « Je me souviens d’une scène où on devait courir sur le pont d’un bateau qui coulait. Au lieu de faire comme

les autres, j’ai pris des gilets de sauvetage que j’ai distribué aux figurants qui fuyaient. Je criais « go ! go ! » J’étais complètement dedans. On ne pourra jamais m’entendre, mais peut-être qu’on me verra faire ça ! »

Un moment privilégié avec les acteurs En 15 jours de tournage, Maxime aura vécu des moments forts, jusqu’au dernier jour. « Lors de la dernière scène, on était sur un bateau et j’avais des bonbons sur moi. Pendant la pause, Harry Styles est venu m’en demander. On a discuté pendant trente minutes, ça a créé une réelle osmose entre figurants et acteurs. » Jusqu’au moment où les caméras ont démarré : sur fond de coucher de soleil, le bateau s’éloigne à l’horizon, un groupe de mouettes s’envole. « Ça fait cliché, mais c’était tout à fait ça. Quand on a terminé la scène, on s’est tous regardés et on s’est dit qu’on venait de vivre un truc de dingue. »

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#4 Des figurants habités

« J’ai dû monter sur une plateforme, entourée d’appareils photos qui me shootaient sous tous les angles. «

MAXIME Pendant ses 15 jours de tournage, Maxime s’est investi à 200%, jusqu’à vraiment se sentir dans la peau d’un soldat britannique de l’époque.

Le culot de Maxime a payé !

« Dans une scène sur un bateau le cadreur m’a repéré t m’a amené à quelques centimètres de la caméra. C’était incroyable. «

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n devenant figurant pour un film de Nolan, tourné à Dunkerque et rejouant l’Opération Dynamo, Maxime Butel a allié passion et frissons. Ce Boulonnais de 27 ans, responsable d’équipe, s’est donné sans compter dans son rôle de figurant. « Je me suis laissé pousser les cheveux pendant deux mois pour correspondre un maximum aux critères. » Sur le tournage, Maxime affiche une motivation déconcertante. Son culot paye, le Boulonnais se retrouve à agrémenter son costume avec de nombreux accessoires et les conseils avisés d’un costumier. « J’avais enfin un uniforme d’époque digne de ce nom. Je me sentais vraiment à la place d’un soldat britannique. » Un figurant habité qui a tapé dans l’œil de l’équipe de réalisation. « Dans une scène sur un bateau, le cadreur m’a repéré et m’a amené à quelques centimètres de la caméra. C’était incroyable. On ne se rend pas compte que vingt secondes de film, ça représente trois heures de tournage ! »

Sur le plateau au plus tôt Maxime arrivait dès 4h du matin sur les

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©Julien Valcke

lieux du tournage. Histoire de sympathiser avec les équipes. Une motivation qui lui a permis de faire partie des figurants modélisés en 3D. « On a d’abord fait une séance de tournage sur la plage, à 10 - 20 personnes. On devait faire plusieurs mouvements. Ensuite, j’ai été enregistré individuellement. » Une scène digne d’un film de science-fiction. « J’ai dû monter sur une plateforme entourée d’appareils photo qui me shootaient sous tous les angles. » Même si Maxime n’a pas pu voir le résultat, il est fort à parier que sa silhouette sera dupliquée à volonté pour les effets spéciaux. Après presque deux semaines de tournage, Maxime garde des souvenirs plein la tête de cette expérience unique. « On était au top d’un point de vue historique. C’était la première fois que j’étais plongé au cœur d’une superproduction. C’était incroyable. J’irai voir 15 fois le film. » Sûr qu’une vocation est née. Maxime devait d’ailleurs enchaîner avec un autre tournage dans le Dunkerquois.


Des figurants habités #4

« Nolan m’a appelé le numéro 1 ››

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es millions de personnes à travers le monde ont vu le visage de Mathias. Ce jeune étudiant en médecine est la star de cette bande-annonce où une centaine de soldats britanniques sont entassés sur un ponton, les yeux rivés sur le sol. Au moment où le piquet d’un avion allemand fond sur le groupe, une tête se relève : celle de Mathias. Pourtant, rien ne prédestinait ce jeune Lillois à se retrouver face à la caméra. « Je me rappelle ce jour-là, c’était l’apocalypse. Le vent soufflait hyper fort, il pleuvait… On était frigorifiés sur le ponton. Des éléments de décor tombaient dans l’eau. » Les soldats attendent leur embarquement dans ces conditions, pendant que la caméra tourne quelques images. « J’étais au cinquième ou sixième rang à ce moment-là. Ils ont fait une première scène, mais, visiblement, le figurant qui devait relever la tête en premier ne convenait pas. Et d’un coup, on m’a dit de m’approcher. » Le corps frigorifié et le visage buriné par la météo, Mathias se retrouve à un mètre de la caméra. « J’avais vraiment une tête de déterré, je pense que c’est ce qui a fait la différence. » C’est la première fois que Mathias se retrouve aussi proche de la caméra. « C’était hyper impressionnant, elle était énorme et j’étais vraiment à quelques mètres de l’équipe de tournage. »

« J’avais vraiment une tête de déterré, je pense que c’est ce qui a fait la différence. «

La scène est simple : Mathias doit relever la tête en fixant ce qui devait être un avion. « En fait, c’était une balle de tennis accrochée à une perche. Sur la balle, ils avaient même dessiné un petit smiley. Comme j’étais le premier à relever la tête, on m’a appelé le numéro 1. Nolan m’a appelé comme ça ! » La scène est simple, mais la pression est intense pour le jeune homme qui n’avait qu’une seule expérience de tournage, déjà en tant que figurant. Les quelques secondes de tournage apparaissent comme une éternité pour Mathias. « On a refait trois ou quatre fois la scène. Je ne savais pas du tout si ce serait retenu au montage… » Ce n’est qu’au moment de la sortie de la première bande annonce du film, le 4 août 2016, que Mathias découvre qu’il est au premier plan. Une expérience forcément enrichissante pour ce jeune étudiant en deuxième année de médecine qui s’investit aujourd’hui dans le théâtre. « Peut-être pour un prochain film ? »

MATHIAS

Une éternité pour une scène de 10 secondes

Le visage de Mathias a fait le tour du monde, à tel point que certaines personnes qu’il rencontre lui demandent s’ils ne se connaissent pas déjà.

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#4 Des figurants habités

Augustin au plus proche de l’action

A « Quand ils ont fait exploser une bouteille de gaz et que le sable est retombé sur nous, on a senti tout le poids sur nos têtes !

AUGUSTIN

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Pour Augustin, ce tournage était une première qui devrait le marquer à jamais.

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ugustin Javelle se rappellera longtemps de ses vacances d’été 2016. Quand il entend parler du casting de Dunkirk, ce Dunkerquois de 19 ans n’hésite pas. « J’étais dans le groupe 1 des figurants. Celui le plus proche des caméras. » Une pole-position qui permet à Augustin de se retrouver au cœur de l’action. Comme lors de cette scène de bombardements sur la plage de Malo-lesBains. « Je pensais être loin, mais quand ils ont fait exploser une bouteille de gaz et que le sable est retombé sur nous, on a senti tout le poids sur nos têtes ! » De quoi bluffer les figurants pendant les nombreux temps morts du tournage. « On ne savait jamais vraiment quand ça allait commencer. On avait un responsable qui, d’un coup, nous criait par exemple : “Face à la mer !” et on s’exécutait. »

Caché par le casque En participant à 15 journées de tournage, Augustin a des anecdotes à revendre. « On me voit dans la bande-annonce sur le ponton. C’était une journée terrible, il pleuvait et faisait du vent. Pendant le tournage, je me protégeais de la pluie avec mon casque. Quand j’ai vu que c’était retenu pour le trailer, j’ai regretté de l’avoir fait, car on ne voit pas mon visage. » Mais il en faudra plus pour décevoir Augustin. « Ça s’est toujours très bien passé. J’ai hâte de voir le résultat final. Je suis sûr qu’on risque de me voir dans d’autres scènes ! »


Des figurants habités #4

SIMON « Kenneth Branagh était d’une

©Julien Valcke

gentillesse incroyable. Avant chaque scène, au matin, il prenait le temps de dire bonjour dans notre langue. «

Simon Wiech (à gauche) a participé au tournage du film pendant 14 jours.

La rencontre magique de Simon

« Avant chaque scène, au matin, il prenait le temps de dire bonjour dans notre langue.«

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imon Wiech n’a tourné dans le film Dunkirk que 14 jours, mais ses souvenirs restent vivaces. « J’ai rencontré des gens incroyables, vécu des moments intenses… »

Dans les coulisses des scènes de guerre L’un de ses plus grands regrets est de ne pas avoir été convoqué pour les scènes de nuit. Toutefois, il a pu assister à la scène de bombardements et à l’évacuation sur les Little Ships. « Des avions survolaient le tournage et certains faisaient exploser les petits bateaux en plein mer. Il y avait même des hélicoptères pour permettre aux caméramen de filmer. Nous, on recevait nos ordres par le chef de file qui était en lien direct avec les assistants de la production. Tout était bien organisé et chronométré. »

Des célébrités abordables Faire partie d’un blockbuster a des avantages comme celui de côtoyer quotidiennement des acteurs célèbres. « C’est aussi cool qu’intimidant. Certains étaient plus sympas que d’autres. » Il salue notamment l’initiative de Kenneth Branagh, qui a joué dans Harry Potter et la chambre des secrets. « Il était d’une gentillesse incroyable. Avant chaque scène, au matin, il prenait le temps de dire bonjour dans notre langue. C’était vraiment agréable ! » Même constat pour Christopher Nolan et sa femme. « Un soir, je buvais un verre en terrasse avec des amis de mon groupe de tournage quand on a vu un couple marcher sur la digue, main dans la main. C’était Christopher Nolan et Emma Thomas. Du coup, avec deux potes, on est allé les voir. On leur a expliqué qu’on travaillait sur le film et on a pu immortaliser l’instant. C’était magique ! »

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#4 Des figurants habités www

DAMIEN Damien (à droite) a réalisé son rêve en montant à bord d’un Little Ship.

Cerise sur le gâteau, Damien est passé du statut de figurant à celui de conseiller de la chef costumière !

E

tre retenu comme figurant pour le film de Christopher Nolan était un rêve. Son rêve. Passionné, Damien Lauvergeon passe son temps libre entre l’association d’histoire Le Chardon de Coudekerque-Branche et les reconstitutions historiques.

Incarner un soldat britannique le plus fidèlement possible Alors, quand on lui a dit qu’il incarnerait un soldat britannique, il s’est libéré de ses obligations pour toute la durée du tournage. « J’ai même rasé ma barbe. À cette époque, elle était réservée aux officiers. » Qu’importe, il veut rester fidèle aux exigences de l’armée pendant la Seconde Guerre mondiale.

Des rencontres chargées de promesses Motivé, Damien faisait partie des volontaires pour de nouvelles scènes. C’est ainsi qu’il s’est retrouvé en caleçon et débardeur sur la plage. « Qu’est-ce qu’il faisait froid ce matin-là ! J’ai failli terminer à l’hôpital à cause d’une hypothermie. » Un scénario qui lui aurait empêché de vivre son rêve le lendemain : « J’ai fait un tour

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©Julien Valcke

sur un Little Ship. C’était formidable ! C’est grâce à ces petits bateaux que les soldats ont échappé à une mort certaine. » Cette expérience restera gravée à jamais comme le plus beau souvenir de Damien. « J’ai même sympathisé avec le propriétaire. On s’est promis de se retrouver à Dunkerque, lors de l’Escale en 2020. Lui en uniforme de soldat britannique, moi en Français. » Il a également pu prendre l’apéritif sur le navire « pendant que mes amis attendaient que la scène commence ».

Ses connaissances utilisées par la production Perfectionniste, Damien n’a pas hésité à donner son avis sur les uniformes, surtout quand il a vu comment les soldats français étaient habillés. « Je ne pouvais pas laisser passer ça... Les bandes molletières étaient mal fixées. » Pour ce chevronné des reconstitutions, tous les détails sont importants. « Je suis allé voir la chef costumière, qui est d’ailleurs devenue une amie. Elle a vu que je m’y connaissais quand je lui ai montré comment les bandes devaient être attachées. Elle m’a laissé les mettre à presque tous les figurants. »


Une fierté de jouer dans une telle production

Harry Styles abonné à son fil twitter Jordan a également donné à son aventure un prolongement sur les réseaux sociaux en créant le compte twitter Jojo in Dunkirk qui revendique un peu plus de 6 000 abonnés. Principal titre de gloire, une photo du Calaisien en compagnie de Christopher Nolan et de son épouse Emma Thomas qui a largement dépassé le millier de likes. Même Harry Styles, le chanteur des One Direction, qui joue dans le film, est abonné à son fil. « C’est de la folie, je ne m’attendais vraiment pas à ça. Le monde entier se passionne pour Dunkirk. »

JORDAN

E

tudiant en Staps à Calais, Jordan Manie a vécu comme les autres figurants de Dunkirk une aventure inoubliable, de celles qui marquent une vie. « C’est une fierté de jouer dans une telle production. Parfois, il y a de l’attente, c’est vrai. Mais ça vaut vraiment le coup. Il ne faut juste pas avoir peur de se salir », commente-t-il. Passionné par l’univers d’Harry Potter et attiré par le milieu du cinéma, au point de courir les castings des films tournés dans la région (« Une mère » de Christine Carrière en 2015, « Jeannette » de Bruno Dumont ou encore « Happy End » de Michael Haneke), le jeune homme a vécu lors du tournage de Dunkirk le quotidien d’un acteur de cinéma, fut-il figurant, une expérience qui l’a ravi. « On est vraiment dans l’immersion. On joue le jeu à fond. Il y a beaucoup de prises. »

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#4 Des figurants habités

DUNKERQUE ENVAHI PAR DES BATAILLONS DE FIGURANTS Durant plusieurs semaines, les militaires ont enchaîné les scènes de tournage sur les plages dunkerquoises et à Malo-les-Bains pour le plus grand bonheur des Dunkerquois. Voici quelques images des aventures de ces acteurs de complément. Maxime Butel s’e

st évidemment pri

©Julien Valcke

s au jeu.

Deux militaires rejoignent le Frac grâce à cette passerelle décorée par les équipes de Dunkirk pour le tournage.

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©Ville de Dunkerque

©Ville de Dunkerque

Julien Valcke, un photographe local, a souvent capturé des images de figurants.

La chasse aux figurants était à la mode durant le tournage pour les amateurs de souvenirs.


Des figurants habités #4

pagnie on (à gauche) en com Selfie sympa pour Sim s. ma Tho ma Em et de Christopher Nolan

©Ville de Dunkerque

David est reparti avec une jolie photo souvenir.

©Ville de Dunkerque

Le Kursaal faisait office de quartier général pour les figurants de Dunkirk.

Entre deux scènes, les figurants arpentaient les rues dunkerquoises.

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#5 Nolan,

une ĂŠtoile au milieu

des stars


Nolan, une étoile au milieu des stars #5

Christopher Nolan durant le tournage à Malo-les-Bains.

C

hristopher Nolan l’assure : Dunkirk ne sera pas un film comme les autres. Comme les autres films de sa galaxie serait-on tenté d’ajouter. Le Britannique est un poids lourd dans l’industrie des films à gros budget. Ce qu’il touche se transforme en or. Pour le grand public, Nolan rime avec Batman. Batman Begins (2005) c’est d’ailleurs un peu Nolan Begins. Entre ce premier volet des aventures de l’homme chauve-souris et le deuxième acte, The Dark Night (2008), Nolan a changé. Porté par le succès du premier acte, le Britannique est devenu un auteur qui compte au box-office. Il sortira par la grande porte de l’ère Batman avec The Dark Night Rises, la fin de la trilogie. Durant son tournage dunkerquois, Christopher Nolan a

évidemment attiré les regards. Il a brillé de simplicité même si, parfois, la complexité de son mode de pensée subjugue. Il tombe par hasard sur un mariage à Bergues, village devenu célèbre grâce à Bienvenue chez les Ch’tis ? Il dégaine sa caméra. Que deviendront les images ? Peu importe, se disent sans doute les mariés, c’est Nolan l’auteur de Inception (2010) et Interstellar (2014) tout de même. Avec Dunkirk, Christopher Nolan signe son premier film de guerre… dans un style annoncé nolanesque. Pour le moment, personne ne sait vraiment ce que le Britannique nous réserve mais il promet d’ores et déjà un film expérimental, mais fidèle à la réalité des faits si on se fie à cette interview parue dans le numéro de Première de mars et avril.

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Nolan, une étoile au milieu des stars #5

AU BONHEUR DES RESTAURANTS

du Dunkerquois

Michel Demeester du Bistrot de la Plage devant le mur de célébrités du restaurant où Christopher Nolan côtoie Alain Souchon, Mareva Galanter ou Michel Legrand.

« Nolan a pris un œuf cocotte au maroilles et après une carbonnade. «

U

n tournage de cinéma, c’est une vie d’itinérance où la pause repas se déroule pour l’essentiel sous la tente à proximité immédiate du décor. Mais dans le cas de Dunkirk, les restaurateurs locaux ont eu à plusieurs reprises la visite du réalisateur ou des acteurs du film. « Ils ont vachement joué le jeu, ils ont fait vivre pas mal de commerces », assure Mathias Vigliano du restaurant La Cocotte, sur la digue de Mer, qui a eu le bonheur d’accueillir dans son établissement Christopher Nolan, son épouse Emma Thomas ainsi que leurs enfants. « Nolan a pris un œuf cocotte au maroilles et après une carbonnade », se souvient le restaurateur. Le même soir, Mark Rylance est également apparu dans le restaurant dunkerquois. « Emma Thomas est revenue une deuxième fois avec Tom Hardy et une troisième avec les enfants », se remémore le chef.

Harry Styles et les fans de One Direction Autre établissement dunkerquois qui a eu les honneurs du réalisateur, le Bistrot de la plage, doublement concerné par l’évènement puisqu’une large partie du tournage a eu lieu sur la bande de sable qui fait face au restaurant. « D’ailleurs, on a dû fermer deux jours pendant le tournage », relate Michel Demeester, le propriétaire qui a signé un contrat avec la production. « Des Américains étaient venus manger un soir, je ne savais pas que c’était pour le film. Ils avaient repéré l’endroit. On a suivi le tournage du film qui était très secret, mais quelqu’un de la production venait nous voir tous les jours. » Le tournage a d’ailleurs généré une certaine effervescence qui a rejailli sur les restaurants de la digue. « Sur les réseaux sociaux, c’était la chasse aux acteurs. Dès qu’il y en avait un dans un restaurant, tout le monde s’y ruait. Les jeunes voulaient notamment voir Harry Styles, l’ex-chanteur des One Direction », conclut Mathias Vigliano qui s’attend à un engouement similaire au moment de la sortie du film même si, cette fois, il ne sera plus entretenu par la présence des protagonistes.

Le restaurant La Cocotte affiche sur sa devanture les quelques photos prises avec Christopher Nolan ou Mark Rylance.

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#5 Nolan, une étoile au milieu des stars

DANS LA TÊTE DE CHRISTOPHER NOLAN GRÂCE À PREMIÈRE

N

’échange pas avec Christopher Nolan qui veut…Durant plusieurs mois, l’un des réalisateurs les plus côtés du cinéma américain a vécu à Dunkerque. Installé dans une villa, il avait sans aucun doute besoin de cette immersion pour « sentir » ses scènes, comprendre l’énergie de ce territoire pas tout à fait comme les autres. Fouler cette plage de Malo, marcher sur la jetée, contempler les vagues de cette Mer du Nord prise d’assaut durant l’Opération Dynamo. Sur son film, Christopher Nolan n’a pas dit grand-chose. Jusqu’à la sortie, la promotion va faire son œuvre. Gaël Golhen, rédacteur-en-chef du bimestriel Première, a eu l’occasion de rencontrer Nolan non pas à Dunkerque mais outre-Atlantique, au cœur de ces Studios Warner où Christopher Nolan a sublimé les scènes tournées à Dunkerque. Voici dix extraits marquants de cette interview à retrouver en intégralité dans le magazine Première de mars-avril 2017.

« En mai 1940, la situation sur cette plage était kafkaïenne. Je compare cela au cauchemar bureaucratique ultime. Des queues immenses, qui s’allongent et personne pour vous dire quoi faire, ou aller, à qui s’adresser. « Extrait du magazine Première (mars-avril 2017)

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Nolan, une étoile au milieu des stars #5

«Le môle (sic) est ce qui m’a tout de suite fasciné dans cette histoire. Je n’avais jamais entendu parler de cette jetée. Un kilomètre de long qui s’avance dans la mer. 2,5 mètres de large. «

« C’est un film de suspense et une course contre le temps. La peur sur laquelle je joue est plus…intellectuelle.« Extrait du magazine Première (mars-avril 2017)

Extrait du magazine Première (mars-avril 2017)

« L’objectif avec Dunkerque, c’est d’essayer de recréer la sensation primitive de terreur qui frappait les soldats coincés sur la plage. « Extrait du magazine Première (mars-avril 2017)

« Je n’ai pas fait un film de guerre, mais un survival, dont l’énergie est commandée par le suspense. « Extrait du magazine Première (mars-avril 2017)

« Ce sera mon film le plus expérimental. De très loin. Mais j’espère être subtil dans cette approche. « Extrait du magazine Première (mars-avril 2017)

«Le problème n’est pas de savoir qui ils sont, ou qui ils prétendent être. La seule question qui compte est : vont-ils s’en sortir ? Vont-ils se faire tuer par la prochaine bombe en tentant de rejoindre le môle ? Parviendront-ils à éviter de se faire écraser par un bateau en traversant ? «

« J’adore les films hollywoodiens. J’en ai fait pendant des années ; mais je voulais essayer de travailler d’une manière qui me permettait de ne pas utiliser ces outils-là. « Extrait du magazine Première (mars-avril 2017)

« J’ai revu les films de guerre des années 1940-1950 à cause du sujet, mais d’un point de vue de mise en scène, j’ai passé un temps fou à revoir du cinéma muet.« Extrait du magazine Première (mars-avril 2017)

«C’est la force du cinéma de Hitchcock : vivre l’intensité du moment présent, sans avoir à expliquer ce qu’il s’est produit avant. C’est le principe de Dunkerque, trouver l’intensité immédiate. « Extrait du magazine Première (mars-avril 2017)

Extrait du magazine Première (mars-avril 2017)

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#5 Nolan, une étoile au milieu des stars

CHRISTOPHER NOLAN LE DUNKERQUOIS

Mathias Vigliano, propriétaire du restaurant la Cocotte, installé sur la Digue de mer, a eu le plaisir de recevoir Christopher Nolan à sa table. Il a évidemment profité de l’occasion pour immortaliser l’événement.

Les serveuses de la partie restaurant de la « Halle », un établissement dunkerquois, ont eu le plaisir de servir le réalisateur et sa famille. Durant tout le tournage, Christopher Nolan s’est glissé dans la peau d’un dunkerquois lambda. Boulangerie, restaurant, promenade sur la digue, Christopher Nolan a découvert la cité de Jean Bart.

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Président d’un club de cinéphiles durant sa jeunesse, Patrice Vergriete le maire de Dunkerque, a invité Christopher Nolan dans les salons de l’hôtel de ville. Organisée dans le salon franco-britannique, cela ne s’invente pas, cette cérémonie a vu Patrice Vergriete remettre à Nolan le drapeau officiel de la ville de Dunkerque. « Je lui ai demandé, le jour où il recevra l’Oscar, de sortir ce drapeau », précise le maire. Rendez-vous donc en 2018…

Corinne habite Malo, un quartier de Dunkerque où plusieurs scènes ont été tournées. Elle se souviendra sans doute longtemps de ce jour où là, au milieu des décors installés dans la rue Belle-Rade, elle a eu le bonheur de voir Christopher Nolan à l’œuvre. « C’est incroyable. C’est un grand réalisateur et il était là. J’ai fait quelques photos mais je ne voulais pas le déranger. Il n’a pas montré de signe d’agacement. »


Nolan, une étoile au milieu des stars #5

Christopher Nolan témoin d’un mariage à Bergues. Nathalie Bak s’en souviendra sans doute longtemps. Durant sa cérémonie, célébrée à l’hôtel de ville de Bergues en juillet 2016, elle a vu débarquer Christopher Nolan himself. Attiré par les costumes des Baladins du Groenberg, présents pour ce mariage, Christopher Nolan s’est intéressé à cette tradition. Puis il est revenu avec une caméra pour capturer quelques images.

Après ses 10 jours de tournage, Mathias, figurant durant le film Dunkirk, a pu faire un selfie avec Christopher Nolan et Emma Thomas, la femme du réalisateur. « Nolan s’est rappelé de moi en glissant à sa femme : « c’est le garçon de la bande annonce. »

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#6 Nolan, une étoile au milieu des stars

LE CASTING SO BRITISH DE Dunkirk

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ême si son nom a un temps circulé, Leonardo DiCaprio ne sera finalement pas présent à l’affiche de Dunkirk. Il a pourtant déjà tourné avec Christopher Nolan, mais le réalisateur lui a préféré d’autres grands noms du box-office. Britanniques pour la plupart ! Une fois le temps des rumeurs passé, le véritable casting a été dévoilé. La chasse au scoop a, durant plusieurs mois, animé les discussions dans la cité de Jean Bart jusqu’au jour où… le nom de Harry Styles a été dévoilé. Pour les experts de cinéma, pas forcément une grande nouvelle, pour les adolescentes, fan du boys band One direction, celui de Styles, par contre, cette information a déclenché chez elles une véritable furie. Ainsi, il n’était pas rare de voir des batail-

lons de midinettes armées de leur téléphone portable… se ruer sur la digue pour vérifier si la rumeur de la présence d’Harry Styles dans un restaurant de Malo était fondée ou pas. Certains restaurateurs s’en souviennent encore. Tom Hardy, qui a déjà tourné sous les ordres de Nolan pour The Dark Knight Rises et Inception, a tout récemment interprété le méchant dans The Revenant avec Leonardo DiCaprio. Autre nom du casting de Dunkirk, celui de l’Irlandais Kenneth Branagh, 37 années de carrière et 57 films tout de même. Enfin, s’il fallait en citer un dernier, ce serait celui de Mark Rylance, l’acteur oscarisé (meilleur second rôle) pour sa prestation dans Le Pont des Espions. L’acteur cumule tout de même six nominations aux Oscars.

Premier rôle pour Harry Styles dans Dunkirk de Nolan. L’ex-chanteur des One Direction n’est évidemment jamais passé inaperçu y compris dans le train ! Certaines hôtesses ont immortalisé l’instant.

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#6

Dunkirk,

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mondial


©Ville de Dunkerque

#6 Dunkirk, un phénomène mondial

Le film de Christopher Nolan met en scène le rembarquement des militaires de l’Opération Dynamo.

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aris, New-York, Londres, Madrid, Berlin et… Dunkerque. Le blockbuster signé Nolan pourrait bien déclencher des vagues de touristes dans le Dunkerquois. Des visiteurs en quête d’authenticité qui seront sans aucun doute séduits par le cadre naturel des longues plages du Nord. Pour la région des Hauts-de-France, Dunkirk est une chance mondiale. Une fenêtre sur la planète qui n’est pas sans rappeler celle vécue par la Normandie au moment de la sortie du blockbuster de Steven Spielberg, Il faut sauver le soldat Ryan en 1998. De nombreux touristes débarquèrent ainsi en Normandie à la recherche des lieux de ce tournage… malheureusement organisé loin du véritable théâtre des opérations. La Ville de Dunkerque a évité cet écueil et tout mis en œuvre pour répondre aux doléances des équipes de production de la Warner. Le touriste-cinéphile aspiré par Dunkirk dans le Nord de la France sera aussi international et sans doute

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en quête d’identification selon une étude réalisée par Impact of a Popular Motion Picture on destination perceptions (Impact d’un long métrage sur la perception d’une destination, NDLR), conduite par deux sociologues texanes, Hyouggon Kim et Sarah L. Richardson. Elles ont analysé les motivations touristiques des amateurs de cinéma : « La plupart des publicités touristiques se concentrent sur l’information, les bénéfices que l’on va tirer d’un lieu après l’avoir visité. Dans le cas d’un film, le ressenti est complètement différent : le spectateur va expérimenter indirectement une destination en s’identifiant à un personnage. Son empathie avec le héros laisse présager de l’émotion qu’il éprouvera lorsqu’il visitera réellement le lieu », peut-on lire dans cette étude. Au regard du retentissement mondial annoncé du film de Christopher Nolan, nul doute que des bataillons de touristes pourraient bien débarquer sur le littoral dunkerquois.


Dunkirk, un phénomène mondial #6

LE BUZZ MONDIAL DE l’affiche de Julien

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ur son compte Twitter, Patrice Vergriete, le maire de Dunkerque, n’a évidemment pas manqué de relever l’information : en plein cœur de New-York, Dunkirk s’affiche en lettres géantes. La photo a évidemment fait le tour de Twitter et des différents réseaux sociaux. Même si Dunkirk est aussi une ville américaine, cela suffit au bonheur des Nordistes. Depuis des mois, les affiches officielles et les trailers rythment la promotion de Dunkirk. Il y aussi tout ce que l’on peut appeler le « off », les vidéos détournées faisant référence à l’évacuation de Dunkerque ou les affiches pirates. Elles ont été nombreuses, très nombreuses.

Certaines sont du plus bel effet à l’image de celle imaginée par Julien, un habitant de Grande-Synthe, de 31 ans. Ce graphiste, entre deux boulots, comme il l’a confié à l’hebdomadaire Le Phare dunkerquois, a imaginé l’affiche en pièce jointe… sans jamais imaginer la suite des événements : « Je me suis exprimé sur le sujet car j’aime le cinéma, je suis un féru d’histoire et je vis dans le Dunkerquois. En tant que graphiste, il faut bien subsister et parfois essayer de faire connaître ses travaux, son savoir-faire pour avoir de nouveaux contacts… », confiait-il en mai 2016 à l’hebdomadaire. Dans ce domaine, Julien a réalisé un coup de maître. Son affiche, devenue virale sous l’influence des « Directioners », les fans du groupe One Direction d’un certain Harry Styles, ont lancé le tour du monde de l’affiche du Grand-Synthois ! « J’ai commencé à recevoir beaucoup de mails et même des appels de l’étranger. Les fans me demandaient plus d’infos sur Harry. Malheureusement, je n’en savais pas plus qu’elles ! », précisait Julien dans les colonnes du Phare dunkerquois. Aucun doute, avec Dunkirk, la ville du Nord peut s’offrir un buzz de niveau mondial !

« En tant que graphiste, il faut bien subsister et parfois essayer de faire connaître ses travaux, son savoir-faire pour avoir de nouveaux contacts. «

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#6 Dunkirk, un phénomène mondial

DUNKIRK UN MONSTRE DIGITAL

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outube, Facebook, Twitter, Instagram, aucun réseau social n’échappe au phénomène Dunkirk. Avec un sens du teasing aiguisé, la promotion du film s’est mise en marche depuis la fin d’année 2016 tenant en haleine les fans de Nolan,

de Styles ou plus largement de buzz mondial en tout genre. Aucun doute, Dunkirk entrera dans la catégorie des poids lourds dans ce registre et grâce à la présence de Harry Styles et ses quelques 30 millions de followers, Dunkerque a eu l’honneur de figu-

rer dans le top 10 de Twitter depuis le début de cette aventure. Voici quelques informations sur la puissance digitale de Dunkirk avec, forcément, une photographie à l’instant T. Avec la sortie du film... ces statistiques auront peut-être explosé !

instagram.com/dunkirkmovie Au 15 juin, 25 publications, pas une de plus, ont été postées sur le compte Instagram officiel du film Dunkirk. La première le 26 août 2016, la dernière le 13 juin dernier. La publication la plus « likée » sur le réseau social de partage de photos et de vidéos est – de loin – l’affiche officielle du film, publiée à la mi-décembre.

Elle a recueilli quelque 20 200 « j’aime » alors que ce compte Instagram est suivi par 84 000 abonnés. Pour le reste, l’équipe de promotion du film alterne le post de photos et de bandes annonces, parfois optimisées : Instagram permettant la diffusion d’extraits vidéo de 60 secondes… pas une de plus.

280 000 c’est le nombre de publications avec le hashtag #dunkirk

facebook.com/DunkerqueFilm

La page Facebook officielle du film Dunkirk a été créée bien après les comptes Twitter ou Instagram, en octobre dernier. Mais avec les presque 2 milliards d’utilisateurs du réseau social de Mark Zuckerberg, la Warner a réussi à engranger quelque 350 000 « fans » en l’espace de quelques semaines. Là encore, pas d’innombrables publications : une petite ving-

taine, avec un taux d’engagement finalement assez timide. Au maximum, 17 000 j’aime et 10 000 partages pour la dernière bande annonce postée en mai dernier. À noter l’apparition de quelques pages connexes comme « Dunkirk Movie Fans » ou « Dunkirk Dynamo », mais qui ne sont parvenues à drainer « que » quelques milliers de Facebookers.

350 000 c’est le nombre de fans de la page Facebook officielle du film

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Dunkirk, un phénomène mondial #6

7,1

millions

C’est le nombre de tweets (ou retweets) comprenant le hashtag #dunkirk

twitter.com/dunkirkmovie À moins d’un mois de la sortie en salle du dernier opus de Christophe Nolan, le compte Twitter certifié de Dunkirk comptait un peu moins de 92 000 followers. Un chiffre à mettre au regard du nombre d’abonnés au fil Twitter d’Harry Styles et de ses 30,5 millions d’abonnés ! Mais c’est tout de même le double du nombre

de followers du compte officiel d’Interstellar, film également réalisé par Nolan. Sur les 31 tweets postés depuis août 2016 par l’équipe de la Warner, celui ayant rencontré le plus d’audience reste la première bande annonce diffusée en décembre : 100 000 « likes » et 78 000 retweets.

Peut-on augurer du succès en salle d’un film, à la seule vue du nombre de vues de ses bandes annonces sur YouTube ? Si la réponse est oui, alors le blockbuster de Christopher Nolan devrait être un carton dans les salles obscures. Jugez-en plutôt : sur la seule page officielle de Warner Bros Pictures, les trailers ont déjà été visionnés à plus de 36 millions de reprises ! Et on ne compte pas là les centaines d’autres chaînes du site d’hébergement de vidéos qui diffusent ces mêmes bandes annonces. Au-delà du scénario, le casting de choix (Harry Styles, Tom Hardy, Cillian Murphy, Mark Rylance…) permet une visibilité maximale chez le leader mondial de l’hébergement vidéo.

youtube.com/WarnerBrosPictures

21

millions

Le nombre de vues de la première bande annonce sur Youtube

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#6 Dunkirk, un phénomène mondial

LES CINÉMAS RÉGIONAUX TRÉPIGNENT Les cinémas du Dunkerquois et de la région des Hauts-deFrance seront sur le pied de guerre à l’occasion de la sortie du film Dunkirk. Particulièrement curieux de découvrir le nouvel opus de Christopher Nolan, les directeurs de complexes envisagent une exposition à la hauteur de l’attente que suscite le film dans la région. À quelques semaines de sa sortie, ils nous expliquent comment ils vont le diffuser et animer l’évènement qui devrait soutenir les entrées jusque septembre. Au moins…

PASCAL

VIROT

directeur Ociné à Dunkerque « On va accueillir Dunkerque comme un gros film. On a une équipe qui est sur le pied de guerre pour accueillir la grande vague. Il y a de l’attente et de la demande autour de ce film. À titre personnel, ça me donne envie, je suis impatient. Le sujet nous touche particulièrement parce qu’on a vu les choses se faire, on est curieux du résultat comme vont l’être probablement tous les figurants. »

Une avant-première à Dunkerque le 16 juillet

P

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our le moment, on connaît la date, le 16 juillet, et le lieu, Ociné Dunkerque. Pour le reste, il faudra patienter. Autre certitude : la volonté du maire de Dunkerque, Patrice Vergriete, d’ouvrir cette avant-première aux Dunkerquois : « J’aimerais aussi qu’il y ait une ou plusieurs séances ‘‘ normales ‘‘, c’està-dire que les Dunkerquois puissent acheter leur billet pour l’avant-première de Dunkirk » confiait-il dans

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les colonnes du Phare dunkerquois le 21 juin dernier. Le vœu du maire de Dunkerque sera peut-être exaucé même si, en la matière, c’est la Warner qui décide. Si Londres aura la primeur de l’avant-première avec une date prévue le dimanche 13 juillet, Dunkerque devrait être la « grosse avant-première », dixit Patrice Vergriete. Pour l’occasion, le complexe Ociné devrait être équipé en Imax (cette technologie utilise le

plus grand format d’image existant en 70 mm). On annonce d’ores et déjà la venue de certains membres du tournage et une cité dunkerquoise en habits de Dunkirk, version mai-juin 1940. Après le titre du film et l’avant-première dans sa ville, Patrice Vergriete a déjà vu deux des trois vœux, formulés durant le tournage, réalisés. « La cerise sur le gâteau, ce serait l’Oscar », indiquait-il récemment.


Dunkirk, un phénomène mondial #6

HÉLÈNE

LEBAS

YOANN

OLIVIER

directrice Les Stars à Boulogne

« Nous n’avons pas encore de précision sur la sortie du film. Il sera certainement exposé dans une seule salle, car ce n’est pas le seul gros film qui sort cet été, il y a aussi le Luc Besson (Valérian et la cité des mille planètes, ndlr) qui sort la semaine suivante. Mais il sera bien exposé, au moins tout l’été, dans la grande salle. Maintenant, on est un cinéma de centre-ville avec un public familial et une programmation grand public. Et Dunkirk, ce n’est pas un sujet si grand public. »

directeur Gaumont à Coquelles « On a dans l’idée de proposer le film dans deux ou trois salles en version française et quelques séances en version originale. Même si la période est chargée, c’est un film qui a le potentiel pour rester à l’affiche jusque la rentrée. La petite inconnue, c’est le côté régional : y aura-t-il une résonnance dans la région liée au sujet du film ou aura-t-il une carrière traditionnelle ? Les teasers sont très impressionnants, c’est très engageant, ça suscite beaucoup d’envie. Un réalisateur du calibre de Nolan, c’est un gage de qualité. C’est un des films les plus attendus de l’été. On aimerait monter quelques animations. On devrait proposer une exposition de véhicules et d’uniformes, on a des contacts avec des collectionneurs. Un club de maquettistes sur la thématique de la Seconde Guerre mondiale pourrait aussi présenter la semaine de la sortie un diorama, ça aurait un côté interactif intéressant. »

SYLVIE

PRESA directrice Studio 43 à Dunkerque

« Nous sortons le film en sortie nationale uniquement en version originale. On va le garder six semaines. Dans le cadre d’un partenariat avec la Ville de Dunkerque, on a proposé une programmation de films autour de la Seconde Guerre mondiale avec des éclairages très différents. Churchill jusqu’au 27 juin, HHhH du 28 juin au 4 juillet et des séances gratuites pour les collèges et les maisons de quartier autour de Little Boy et Django. 200 places sont également offertes à des associations d’aide à des personnes en difficulté pour la sortie de Dunkirk. Le film annonce que j’ai vu donne envie, j’aime beaucoup ce que fait Nolan d’une manière générale, la manière qu’il a de travailler avec les nouvelles technologies, mais à l’ancienne. »

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#6 Dunkirk, un phénomène mondial

DOVER CASTLE, BERCEAU DE L’OPÉRATION DYNAMO Une exposition avec les costumes du film de Nolan À l’instar du musée de l’Opération Dynamo à Dunkerque, agrandi à l’occasion de cette superproduction de la Warner, Dover Castle s’est aussi mis à l’heure de Dunkirk. Depuis le 10 juin et jusqu’à la fin du mois d’août 2017, une exposition plus vraie que nature sur « le miracle de Dunkerque » est organisée à Dover Castle. En exclusivité mondiale, les costumes de Tommy, joué par Fionn Whitehead, Alex, joué par Harry Styles et Commander Bolton, joué par Kenneth Branagh, trois des personnages principaux du film de Nolan, trôneront fièrement dans le berceau de l’Opération Dynamo. En immersion dans les tunnels de Dover Castle, conçus à l’époque napoléonienne, le visiteur sera au cœur de l’Opération Dynamo, sur les talons de l’Amiral Ramsgate, chef d’orchestre de cette évacuation sans précédent. Une expérience à vivre en amont ou dans le prolongement du film de Christopher Nolan.

© Dover Castle.

P

ar jour de beau temps, vous pourrez apercevoir depuis la Côte d’Opale les falaises blanches du Kent dominées par Dover Castle. Cette impressionnante forteresse médiévale éclaire la Manche. Elle est aussi le symbole de la lutte historique du pays pour maintenir son indépendance. L’Opération Dynamo, dont on vient de célébrer les 77 ans, est née au cœur de ces falaises. Dans les entrailles de Dover Castle, Bertram Ramsay a imaginé l’évacuation de 340 000 soldats alliés dont 120 000 Français et quelques milliers de Belges. Massés sur les plages du Nord, coincés dans la poche de Dunkerque, les militaires s’avançaient vers la terre promise, la seule en mesure de les délivrer de l’emprise hitlérienne. Dans ces catacombes, vous pourrez par exemple suivre l’histoire virtuelle et poignante d’un pilote blessé et amené en urgence sous vos yeux en salle d’opération. Les odeurs, les bruits, le cadre authentique, l’atmosphère parfois glaçante renforcent l’immersion du visiteur. C’est comme si vous y étiez.

Dover Castle domine les falaises du Kent.

La visite des tunnels offre aux visiteurs une véritable immersion dans l’Opération Dynamo.

P RA TIQ UE

Pour s’y rendre Rien de plus simple. Dover Castle se trouve à deux pas du centre-ville (Castle Hill Road, Dover Kent, CT 16 1 HU). Vous pouvez effectuer le trajet en voiture, en bus (lignes régulières) ou à pied pour les plus courageux.

Une nuit au château Il est possible de passer une nuit au château de Douvres qui dispose d’un cottage. Il faut par contre évidemment réserver. Le site dispose également d’un restaurant et d’un café.

Des costumes originaux du film de Christopher Nolan sont exposés à Dover Castle jusqu’à la fin du mois d’août.

Pour toutes les infos : http://www.english-heritage.org.uk/dover

Gagnez une traversée pour deux personnes (1)

(2)

et vos entrées à Dover Castle

avec notre partenaire P&O Ferries

le site internet Rendez-vous sur erquois, nk du e ar du Ph erquois.fr www.lepharedunk ncours rubrique jeux-co sse suivant : avec le mot de pa

RA MS GA TE

(1) Obligation de réservation. Obligation de posséder une pièce d’identité en cours de validité. Dans la limite des stocks disponibles. Jeu valable jusqu’au 21 juillet. (2) Les gagnants seront prévenus uniquement par téléphone le 21 juillet.

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INTERVIEW Thierry Cormier : « Nolan, c’est un enchanteur ›› Conférencier et formateur en cinéma, Thierry Cormier est intervenu en 2016 au Studio 43 à l’occasion d’une rétrospective de cinq films de Christopher Nolan. Il nous en dit un peu plus sur le travail de ce cinéaste. Les films de Christopher Nolan abordent des sujets très différents. Quel est le dénominateur commun de son cinéma ? D’une manière globale, c’est quelqu’un qui aime bien jouer avec le spectateur, avec ses attentes, avec le récit. Ce jeu avec le récit, on le retrouve dans beaucoup de ses films. C’est un cinéaste qui va faire beaucoup de changements temporels, des changements d’espace incongrus... Bref, il associe le spectateur à ses films. Et tout en ayant une envie de spectacle. C’est un vrai cinéaste du spectacle. En cela, il est le digne héritier des grands cinéastes hollywoodiens des années 50. Autre chose très forte chez lui, malgré toute la technologie, les moyens qu’il peut avoir aujourd’hui pour réaliser et produire ses films, il reste très attaché à des effets spéciaux classiques, ne pas forcément faire appel au numérique. Dans Interstellar, il n’a pas hésité à balancer une maquette de vaisseau au bout d’un filin tenu par une canne à pêche. Il aime travailler encore de façon artisanale. Avez-vous été surpris qu’il s’empare d’un sujet comme l’Opération Dynamo pour tourner Dunkerque ? C’est un touche-à-tout niveau genre. Il a fait de la science-fiction, du film de super-héros, du thriller. Le film de guerre, ce n’est pas forcément quelque chose de complètement

lointain de l’univers de Nolan. En tous les cas, c’est vraiment un cinéaste des genres cinématographiques. Donc ça n’est pas surprenant en tant que tel, d’ailleurs dans The Dark knight rises, le dernier Batman qu’il a fait, on est déjà dans quelque chose qui est de l’ordre du film de guerre. Après, qu’il prenne l’Opération Dynamo, c’est lié, je crois, à son histoire familiale. Son père ou son grand-père était engagé dans cette opération. Il y a aussi quelque chose de l’ordre de l’intime. Que pensez-vous de sa volonté de tourner Dunkerque sur les lieux mêmes où l’opération s’est déroulée ? C’est un digne héritier des cinéastes hollywoodiens qui étaient minutieux. Effectivement, il va chercher les lieux les plus proches de ce qu’il veut décrire et représenter, ça participe de son travail, c’est un vrai technicien, c’est un ingénieur. Il veut utiliser tout le matériau qu’il a autour de lui et être au plus près du réel. C’est très flagrant avec le deuxième Batman, qui est hyper réaliste, on est très loin de la vision du super-héros, fantasmée, totalement imaginaire. Il y a un ancrage extrêmement réel. Le réel est vraiment important pour Nolan. Un grand secret entoure la fabrication du film, ça fait partie de ses habitudes ?

« C’est un cinéaste important. Après il souffre d’être un touche-à-tout au niveau du genre cinématographique. Ça lui a valu bon nombre de critiques. Interstellar a été très mal reçu. «

Thierry Cormier a créé Collateral qui a pour vocation, la formation, l’expertise, l’aide à la création, la production, la promotion et la recherche autour du cinéma et de l’audiovisuel.

C’est son côté Stanley Kubrick. Kubrick avait le final cut, c’est-à-dire le droit de regard sur le montage final. Il produisait en secret, il ne laissait rien filtrer. Il faisait attention à tout, y compris à la qualité des copies qui sortaient. Exactement ce que fait Nolan aujourd’hui. Il contrôle ses films de A à Z, y compris sur la promotion. Rien ne sort sans qu’il y ait un accord de Christopher Nolan. Où se situe-t-il dans la hiérarchie des cinéastes en activité ? C’est un cinéaste important aujourd’hui. Après, il souffre d’être un touche-à-tout au niveau du genre cinématographique et d’attacher beaucoup d’importance au côté spectaculaire. Ça lui a valu bon nombre de critiques. Interstellar a été très mal reçu. Il travaille des motifs qui ont déjà été travaillés par ailleurs, mais il les travaille autrement. Et il est très sincère. La complexité de ses récits est contrebalancée par une maîtrise technique et visuelle tout à fait étonnante. Aujourd’hui, il y a très peu de cinéastes qui ont cette maîtrise-là d’une histoire racontée en images. C’est un enchanteur, il a d’ailleurs réalisé un film sur la magie (Le prestige, 2006).

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#7 Dunkerque,

terre

de tourisme


© Ville de Dunkerque.

Dunkerque, terre de tourisme #7

I

mpact ou onde de choc ? Plutôt onde de choc selon de nombreux observateurs. Pour la ville du corsaire Jean Bart, il y aura sans doute un avant et un après Dunkirk. Les décideurs locaux ont donc anticipé, prévu, aménagé, imaginé tout ce qui pouvait être mis en œuvre pour permettre au territoire nordiste de surfer sur la vague hollywoodienne qui s’annonce. Les commerçants, notamment ceux de la digue de Malo, ont également bien saisi l’enjeu de préparer la venue des nombreux touristes annoncés. Ils seront sans doute des milliers venus de Grande-Bretagne, de Belgique, de Hollande et évidemment de France. Il s’agira de bien les accueillir d’abord puis

de les inviter à rester pour un séjour de moyenne durée. Toutes les études sur le tourisme dunkerquois le montrent : Dunkerque est une terre de moyen séjour. La définition du moyen séjour ? Plus d’une journée ! Avec le Fort des Dunes, les plages de l’Opération Dynamo, les épaves, le musée de l’Opération Dynamo, l’œuvre monumentale, le Princess Elizabeth et toute la richesse du patrimoine dunkerquois, le moyen séjour peut s’avérer très riche. Les acteurs du tourisme dunkerquois l’ont bien compris et espèrent d’ailleurs dépasser l’onde de choc. Pour eux, il s’agit avant tout d’un virage à ne pas manquer.

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INTERVIEW

Dunkerque, terre de tourisme #7

« On a lancé le Dynamo Tour » Sabine Lhermet, directrice de l’office de tourisme de Dunkerque, décrypte la stratégie mise en place depuis plus d’un an pour faire en sorte que le succès du film rejaillisse directement sur le territoire. Le tournage a eu lieu en mai 2016, aviez-vous déjà ressenti un impact en termes de tourisme à ce moment-là ? Oui, dès cette période, on a ressenti un engouement au niveau du grand public. Il y avait bien sûr des gens de la région, mais aussi des Anglais, des Belges, etc. Avec quelles retombées ? Elles ont été directes sur la consommation, car les gens ne restaient évidemment pas une demi-heure. Elles l’ont aussi été sur la notoriété et l’image, notamment du fait d’un certain Harry Styles, qui a un fan club particulièrement impressionnant (sourire). L’exposition médiatique a également permis à des gens qui n’étaient pas forcément venus au moment du tournage de se dire : « Tiens, l’Opération Dynamo, c’est un événement historique dont on n’avait pas entendu parler. » C’est un cercle vertueux. Aviez-vous anticipé ce tournage et mis des choses en place pour les semaines et mois qui ont suivi ? Dès l’été dernier, on a lancé le Dynamo Tour en mini-bus, qui s’est fait en juillet-août. Ça n’était pas sur les lieux de tournage, mais sur ceux de l’Opération Dynamo. Ce fait historique a suscité de l’intérêt puisqu’on avait prévu une sortie tous les samedis après-midis et on a dû doubler en en mettant une le samedi matin. Nous avons également lancé notre gamme de produits Dunkirk, tout en anglais (à cette époque, le nom du film n’existait qu’en VO, ndlr). Ça a eu énormément de succès : entre tee-shirts, sweats, casquettes ou

«

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mugs, 1 300 unités ont été vendues l’an dernier. Quelle va être la suite des opérations de votre côté ? On va profiter de l’exposition médiatique pour mettre en valeur l’ensemble des attraits du territoire Dunkerque Flandre Côte d’Opale. Il ne faut pas que les gens aillent seulement au cinéma sans venir chez nous. Pour les extérieurs, on met par exemple en place un week-end « Dunkerque », avec petit-déjeuner, entrées sur plusieurs sites en lien avec la thématique du film et hébergement. Un autre se trouve sur un site mondial, 365tickets, et propose un programme complet sur une journée. On est aussi sur un partenariat avec la SNCF. Il y a un jeu-concours avec des Paris - Dunkerque aller-retour en 1re classe à gagner. L’idée est de mettre en avant la durée du trajet pour montrer aux Parisiens qu’on n’est pas au bout du monde et qu’il ne faut qu’une heure quarante pour se retrouver sur la plage de Dunkerque. Il y a aussi le Dunkerque tour… Oui. Il va se mettre en place après la sortie du film. On est dans la logique terre – mer – air de Christopher Nolan. Le Dunkerque tour se fera à pied sept jours sur sept. Mais je ne veux pas que ce soit une banale balade historique où le Dunkerquois va dire : « Merci, je le sais… » Ça va être enrichi d’anecdotes et de faits afin de former une visite guidée qui sorte de l’ordinaire et dont les gens vont se souvenir. La mer, ce sera sur un bateau à moteur avec Joé Seeten (navigateur dunkerquois, ndlr). Et

On sait que les scènes du film vont plonger les spectateurs dans l’angoisse. Sacré contraste quand ils vont voir nos plages sous le soleil avec nos kiosques et nos terrasses !

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Sabine Lhermet montre l’exemple avec l’un des tee-shirts siglés Dunkirk. En tout, ce sont 1 300 produits dérivés qui ont été vendus en 2016.

l’air, ce sera un survol des sites avec explications. Peut-on comparer ce phénomène avec Bienvenue chez les Ch’tis il y a dix ans ? Dans Bienvenue chez les Ch’tis, on voyait réellement Bergues, une belle ville. Le beffroi ou le canal n’étaient pas travestis. Alors que là, les gens ne vont pas reconnaître la plage et il y aura un effet de surprise. On sait que les scènes du film vont plonger les spectateurs dans l’angoisse. Sacré contraste quand ils vont voir nos plages sous le soleil avec nos kiosques et nos terrasses ! Pouvez-vous anticiper les retombées à travers l’exemple d’autres films ? Il y a des choses qu’on ne maîtrise pas, comme le succès du film, même si on est hyper confiants (sourire). Nos collègues en Normandie ont eu « Il faut sauver le soldat Ryan » et, bien qu’aucune scène n’avait été tournée en Normandie, ils ont eu beaucoup de monde. Alors quand on sait que ce film va s’appeler Dunkerque (Dunkirk pour la version internationale) et a été tourné ici…


Dunkerque, terre de tourisme #7

DUNKERQUE, LIEU DE PÈLERINAGE POUR LES CINÉPHILES L’office de tourisme se prépare à accueillir les spectateurs qui voudront voir les lieux de tournage de la superproduction de Nolan. Le Dynamo tour les transportera dans l’ambiance de Dunkirk.

L

e film sera à peine sorti que l’office de tourisme proposera une balade sur les lieux du tournage. Le Dunkerque tour partira de la plage et emmènera les visiteurs vers la rue Belle-Rade, où l’un des personnages principaux court vers la mer, en passant par la Couque suisse dont la façade avait été transformée en « Grand hôtel de la plage ». « Il faut que ce soit à la fois passionnant et amusant. Il y aura des anecdotes à raconter », pointe Onno Ottevanger, responsable production touristique. « Par exemple, il a fallu changer le nom de la rue des Fusillés, car ça ne collait pas pour un film dont l’action se déroule en 1940. Donc elle s’est appelée rue du Marché. »

les personnes ayant vu le film et venant à Dunkerque pour ça. «

Dunkerque tout proche de la Normandie

touristique en Normandie, dont nous sommes proches. Chez nous, ça a été en partie tourné sur place… Aux États-Unis, les lieux de tournage attirent beaucoup. Nous sommes sur un axe hyper passant, surtout en été, avec les Anglais se rendant sur le continent, les Européens du nord qui descendent vers le sud…. Compte tenu de la communication autour du film, Dunkerque a une carte à jouer.»

« On vise majoritairement les personnes ayant vu le film et venant pour ça », poursuit Onno Ottevanger, avant de citer la superproduction de Spielberg, Il faut sauver le soldat Ryan : « C’est le même genre de film, même budget, même envergure. Il a été tourné en Irlande, mais ça n’a pas empêché de créer une dynamique

© Ville de Dunkerque.

Retour ensuite vers le Kursaal, transformé par Christopher Nolan en usine de ciment, avant de rejoindre la

« On vise majoritairement

jetée, le East Mole pour les Anglais, et dont le rôle est important. Il faudra faire un effort d’imagination, car le film n’a pas laissé de trace, mais les guides de l’office de tourisme apporteront un éclairage historique, enrichiront leurs propos par des témoignages de figurants, proposeront des extraits sur une tablette…

À partir du samedi 22 juillet 2017, tous les jours à 15h. 6 euros par personne. Réservation obligatoire à l’office de tourisme de Dunkerque au 03 28 66 79 21 ou sur www.dunkerque-1940.fr

Durant le tournage, le Kursaal a été métamorphosé en une usine de ciment.

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#7 Dunkerque, terre de tourisme

MUSÉE OPÉRATION DYNAMO – DUNKERQUE 1940

LE QUARTIER GÉNÉRAL DEVENU MUSÉE Inauguré dans sa première version le 1er juin 2000, le Musée Dunkerque 1940 – Opération Dynamo s’offre une nouvelle naissance 17 ans plus tard, le 17 juillet. Plus spacieux, plus accueillant, il est un point de repère historique, notamment pour les 2 millions d’Anglais qui traversent chaque année la Manche pour se recueillir sur des sites historiques où sont tombés leurs soldats.

C

1 500 Le musée a doublé sa superficie : il est passé de 750 m2 à 1 500 m2.

«

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hristopher Nolan a tenu à filmer Dunkirk, là où a eu lieu l’Opération Dynamo. Le musée qui lui est consacré est, lui, installé dans les casemates militaires du Bastion 32, quartier général des Forces françaises et alliées pendant la Bataille de Dunkerque et l’Opération Dynamo. Si les murs des courtines pouvaient parler, ils raconteraient comment, durant ces neufs jours, 330 000 alliés ont été évacués de la « Poche de Dunkerque ». Passer la porte du musée, c’est entrer dans une machine à remonter le temps. Les années ont patiné les murs, les salles voutées en briques jaunes, construites en 1874 dans le cadre du renforcement de la défense côtière, portent tout le poids de cette histoire que les bénévoles du musée s’échinent à partager. Les expositions racontent l’histoire de cette bataille, qui est aussi une quête pour la survie. Là, on mesure la prouesse qu’a été l’évacuation des soldats alliés de la « Poche de Dunkerque ».

Si les murs des courtines pouvaient parler, ils raconteraient comment, durant ces neufs jours, 330 000 alliés ont été évacués de la ‘‘ Poche de Dunkerque ‘‘.

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L’extension du musée C’est un musée agrandi, repensé, qui accueillera les visiteurs à sa réouverture après plusieurs mois de travaux. La surface d’exposition a été doublée : elle passe de 750 m2 à 1 500 m2. Ce qui permettra aux bénévoles de l’association Mémorial du souvenir de mettre en lumière toute la richesse de leur collection : maquettes, plans reliefs de la bataille, armes, tenues, pièces de bateaux coulés issues d’expédition d’archéologie sous-marine, moteurs d’avion, pièces d’artillerie, cartes des opérations… Jusqu’à présent, 30 000 visiteurs (re)découvraient l’Opération Dynamo en visitant le Bastion 32. Le musée est amené à encore évoluer. Une seconde phase de travaux est prévue en 2018, elle sera dédiée à la création d’un espace de travail et de vie pour l’association qui œuvre à redonner à cette séquence de l’Histoire toute la place qu’elle mérite. http://dynamo-dunkerque.com.


Dunkerque, terre de tourisme #7

UNE OEUVRE MONUMENTALE POUR SYMBOLISER

l’esprit de Dunkerque Après une consultation des Dunkerquois, l’œuvre de Séverine Hubard a été choisie pour symboliser l’Opération Dynamo.

« L’œuvre doit évoquer la résilience, la capacité à se relever et à livrer combat. «

T

out est parti d’une consultation, en novembre 2016. La Communauté urbaine de Dunkerque a émis le souhait de confier à un artiste la conception et la réalisation d’une œuvre d’art dans le quartier du Grand-Large, sur le terre-plein à proximité du Musée Dunkerque 1940 / Opération Dynamo. Les propositions de trois artistes (Séverine Hubard, Xavier Degans et Norman Dilworth) ont été présentées à la population, laquelle a donné son avis à travers un vote. Au final, l’œuvre de Séverine Hubard a été retenue. Elle incarne l’esprit de Dunkerque et colle à l’image de l’Opération Dynamo. « L’œuvre doit évoquer la résilience, la capacité à se relever et à livrer combat », avait alors indiqué les services de la Communauté urbaine de Dunkerque.

Un sablier géant

Ce sablier géant mesure 7,18 m de haut et pèse 113 tonnes.

« On a eu un temps très court pour écrire le projet, environ un mois. J’ai dessiné 10 projets les 15 premiers jours », explique Séverine Hubard. Jusqu’à trouver cette forme de sablier. « Je me suis arrêtée sur cette idée. » La mesure du temps qui s’écoule par analogie avec l’évacuation au compte-gouttes des soldats pris dans la poche de Dunkerque.

Le concept, qui intègre une antenne wifi, a plu. Pour construire cette œuvre monumentale, celle qui vit aujourd’hui à Buenos Aires, mais qui a suivi ses études aux beaux-arts à Dunkerque, a fait appel à des entreprises locales. Éclairée, l’œuvre en inox et végétal, de plus de sept mètres de haut, est visible depuis la digue de jour comme de nuit. Elle doit servir de lien symbolique entre le Musée de l’Opération Dynamo Dunkerque 1940, le Laac (Lieu d’art et d’action contemporaine) et le Frac (Fond régional d’art contemporain). « Cette œuvre doit constituer le premier jalon d’un parcours reliant la station balnéaire de Malo-les-bains au centre d’agglomération », annonçait la Cud. 20% du budget de ce projet ont été réservés à l’aménagement du jardin autour de l’œuvre : un choix de Séverine Hubard, qui a voulu créer des allées en forme de croix qui rejoignent le sablier géant. Haute de 7,18 m, longue et large de 4,45 m, cette œuvre monumentale de 113 tonnes aura été réalisée en seulement six mois ! « On a travaillé dans des délais hallucinants ! Ce type de projet demande habituellement deux ans de fabrication », sourit encore l’ancienne Dunkerquoise.

Photo J. Timmermans

Le saviez-vous ? Séverine Hubard est une Nordiste qui vit aujourd’hui à Buenos Aires (Argentine). Elle a exposé au Portugal, en Allemagne, au Canada pour ne citer que ces pays… et partout en France évidemment. Celle qui a étudié aux beaux-arts de Dunkerque signe donc cette œuvre monumentale inaugurée le 18 juillet.

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#7 Dunkerque, terre de tourisme

L’HISTOIRE CONTINUE POUR LE PRINCESS-ELIZABETH L’ancien bateau à roues à aube accueillera, début juillet, un restaurant et un salon de thé. Dans une ambiance «Chesterfield» qui se veut un clin d’œil à la patrie du bateau, mais pas uniquement… Il y aura de la couleur, de la modernité et beaucoup d’histoires à découvrir.

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u’est-ce qu’il est ? D’où il vient ? Que peut-on y faire ? Ce sont les questions essentielles qui ont nourri la réflexion du trio qui écrit l’avenir du Princess-Elizabeth. À la barre – et bientôt aux fourneaux – du Little Ship, Jérémy Darme, Raphaël Hertault et Jérôme Degrave. Quand il évoque le bateau, Jérémy Darme parle « d’écrire un scénario… » Tel un metteur en scène, il a imaginé un projet qui épouse l’identité du bateau. Sans la trahir… À l’automne 2016, ils répondent à l’appel à projets lancé par la Communauté urbaine de Dunkerque. Une belle opportunité. « Ce n’est pas tous les jours qu’on peut écrire un projet… pour un bateau ! » Ils décident de reprendre la vie du navire là où elle s’est arrêtée, dans Dunkirk de Christopher Nolan. « Le bateau figure dans le film, mais ça ne sera pas un musée du film.Dunkirk, on le prend comme un starter. » Le but du trio d’investisseur : viser un service hyper qualitatif : « On vise le haut de gamme, mais on veut que le bateau soit accessible à tout le

monde. On pourra venir y prendre un repas, manger une pâtisserie, boire un café, déguster un thé. » L’ambiance intérieure sera un clin d’œil à l’origine du bateau : « Ça ne sera pas uniquement une ambiance « Chesterfield ». Il y aura des meubles chinés, des pièces modernes, de la couleur, du bois, du métal… Des pompes à bière en forme de vannes de bateau. » Le trio d’investisseurs se donne les moyens de voir haut, avec un pâtissier, un sommelier, un maître d’hôtel. « On n’est clairement pas venu pour avoir une étoile. Mais on souhaite que le service soit attentionné, de qualité et reconnu. »

« Un menu 1940 ›› à 39 euros... 45 ! Dans l’assiette, pas de carte à rallonge, mais un sens du détail : « On aura quatre entrées, quatre plats, quatre desserts. » Sont déjà annoncés les cailles farcies aux ris de veau, le saumon fumé aux copeaux de

« On veut apporter quelque chose de différent ! « whisky, et la crêpe Suzette… au chariot ! Et ce n’est pas un hasard ! « Tout ce qu’on proposera aura une histoire. La crêpe a été créée, à la fin du XIXe siècle en l’honneur de Suzanne, une jeune femme qui accompagnait le prince de Galles, le futur roi d’Angleterre Édouard VII. » Le café est torréfié à Venise, le thé est une sélection de la maison Dilmah… « On veut raconter aux clients pourquoi on leur sert ça ! » Si l’ambiance fait clairement référence à la culture britannique, la gastronomie sera bien française avec un concept à découvrir : le menu 1940 à presque 40 euros – 39,45 euros – qui fera goûter des plats, des façons de cuisiner de 1940. « Le menu sera toujours à la carte, mais il y aura des variantes. On veut apporter quelque chose de différent. On veut surprendre !, conclut Jérémy Darme. Et la promesse sera tenue !»

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C’est le nombre de couverts du restaurant. Le salon de thé pourra accueillir 50 clients. 76

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Dunkerque, terre de tourisme #7

90 Le bateau a 90 ans. Il a été lancé en 1917 et baptisé «Princess-Elizabeth» pour saluer la naissance de la petite-fille du roi Georges V, future reine d’Angleterre.

L’histoire royale du Princess-Elizabeth L’année de ses 90 ans, le Princess-Elizabeth ouvre un nouveau chapitre de sa vie en devenant un restaurant et salon de thé. Ce bateau – presque centenaire–, a eu plusieurs vies. Mis en service en 1927 du côté de Southampton, il avait été construit à la naissance de la princesse – devenue reine depuis – Élizabeth, petite fille du roi Georges V d’Angleterre. Dans les premières années de son exploitation, le navire de 59 mètres de long et 14 mètres de large, assurait les liaisons entre Southampton et l’île de Wight. C’était avant que n’éclate la Seconde Guerre mondiale. Fin mai 1940, il est envoyé à Dunkerque pour être un des maillons de la noria des «Little Ships» qui assureront le rembarquement du corps expéditionnaire britannique entre Douvres et les côtes françaises. Lors de l’Opération Dynamo, il a permis de sauver 1 673 vies en quatre voyages, dont celles de 500 soldats français. Pour cet exploit, le bateau a reçu la Croix militaire «Dunkirk 1940».

Star de cinéma Après la guerre, le bateau naviguera encore 10 ans et servira de décor dans plusieurs films: «Les enfants du capitaine Grant» en 1962 et «Khartoum» quatre ans plus tard. Vendu et racheté à plusieurs reprises, il jettera l’ancre à Londres, Paris, avant de revenir à Dunkerque en 1998. Il sera racheté par la Cud en 2011. En 2016, sa silhouette apparaît dans le film de Christopher Nolan. Naviguant dans les mêmes eaux que jadis et retraçant l’histoire à laquelle il a largement participé.

http://www.princesselizabeth.eu/ Tél. : + 33 7 82 63 99 09 Salon de thé ouvert de 10 h à 22 h. Ouvert 7 jours sur 7.

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#8 L’effet

Dunkirk


© Ville de Dunkerque.

L’effet Dunkirk #8

C

omment mesurer l’effet Dunkirk ? La rigueur commerciale voudrait que chaque euro soit comptabilisé au centime près. C’est évidemment compliqué. Compliqué matériellement. Compliqué techniquement. Compliqué financièrement. Toutefois des chiffres existent. Deux jours de travail pour 1 300 figurants environ injectent 130 000 euros dans l’économie locale par exemple. On vous passe le nombre de baguettes et autres sandwichs consommés durant le tournage. Au total, les équipes de Christopher Nolan ont consommé… 15 000 nuitées dans les établissements du Grand Dunkerque. À 40 euros la chambre en moyenne, cela représente une enveloppe de 600 000 euros. La ville de Dunkerque envisage des retombées comprises entre 5 et 7 millions d’euros. On pourrait aussi vous parler des restaurants, des petits pains du matin de Christopher Nolan dans

une boulangerie de Malo ou des bonbons de Harry Styles, mais évitons l’inventaire à la Prévert. Préférons le concret comme ce restaurateur de la digue qui confie avoir réalisé son meilleur mois de mai (mois du tournage de Nolan) depuis son ouverture… il y a 12 ans ! Nous pourrions aussi vous évoquer ADS, cette entreprise locale obligée de recruter pour faire face aux demandes de la production concernant la création des décors. Pour la ville de Dunkerque, les minutes de promotion qui s’annoncent dans les différents médias nationaux, mais aussi internationaux, auraient coûté des centaines de milliers d’euros. La ville du maire Patrice Vergriete n’a encore jamais profité d’une telle campagne. Tout est déjà prévu pour surfer sur la vague Nolan et faire en sorte que le tourbillon dure le plus longtemps possible.

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INTERVIEW

L’effet Dunkirk #8

« On prépare le coup d’après ›› Dunkerque a préparé cette venue et ce qu’elle allait engendrer. Au premier rang des personnes à plancher sur le sujet, Jean-Yves Frémont, adjoint au développement économique et touristique. Comment avez-vous accueilli la nouvelle du tournage du film ? Nous étions en train de travailler sur la construction des Chemins de mémoire, car j’avais senti à mon arrivée en 2014 que la matière était là, mais qu’elle n’était pas exploitée. Il nous fallait un vrai point de départ et l’opportunité est arrivée avec le film. Il fallait accélérer le travail sur le tourisme de mémoire et travailler nos équipements autour, car derrière le volet tourisme de mémoire, il y a le volet tourisme tout court, comme la plage et l’accueil. Le cinéma est donc une donnée importante pour Dunkerque… Dès mon arrivée, on l’a analysé comme un levier. J’ai annoncé que le job pour nous était de faire du « plug and play » : une production arrive, elle se connecte à un endroit et nous on se démerde pour que ça rayonne pour eux et que ce soit très simple. Ce qui veut dire qu’au lieu de devoir contacter plein d’interlocuteurs pour les demandes d’arrêtés, savoir quelles sont les salles disponibles ou être mis en lien avec des listes d’entreprises, nous, on consolide tout ça et on leur met à disposition. On n’est pas là pour faire le boulot, mais pour interfacer. Le dernier exemple est le casting pour Baron noir (fin mai), où on a mis à disposition la mairie de Rosendaël. Il fallait 600 personnes et plus de 1 800 se sont présentées. On a facilité la mise en relation en nous positionnant devant la mairie pour indiquer aux gens les documents à préparer. On est facilitateur, c’est ça le plug and play. La population joue-t-elle aussi son rôle ?

L’équipe de tournage, y compris l’épouse de Christopher Nolan, co-productrice, l’a dit : les gens sont super chaleureux. Dans le milieu, c’est identifié aujourd’hui. Quand vous allez tourner dans des très grosses agglomérations, vous bloquez des routes. Ici, vous ne les bloquez pas, vous participez à l’animation de la ville. Que représente Dunkerque ?

Dunkirk

pour

Je situe les retombées économiques directes pour le territoire dans une fourchette encore assez large, entre cinq et sept millions d’euros. Ça a commencé avec le tournage. Ce sont des vivres fraîches, notamment des centaines de baguettes tous les jours, la sécurité, les sociétés de gardiennage, l’hôtellerie, la restauration, les investissements faits sur l’achat d’équipements et un budget qui n’a l’air de rien, mais qui est important : celui de la location de voitures. Êtes-vous prêt à gérer cet engouement ? Il est aujourd’hui difficile d’en évaluer l’intensité. Nous avons travaillé en plusieurs phases, en préparant à chaque fois le coup d’après en se disant : « Et s’il nous arrive deux chances exceptionnelles : un, le tournage a lieu à Dunkerque ; deux, le film s’appelle Dunkerque. Qu’est-ce qu’on fait ? » Le constater quelques semaines avant que le film ne sorte, vous imaginez un peu les dégâts… D’où le fait d’accélérer le travail sur le volet tourisme de mémoire, sur les infrastructures en lien avec le tourisme pour la valorisation du territoire.

« Je situe les retombées économiques directes pour le territoire dans une fourchette encore assez large, entre cinq et sept millions d’euros. « 80

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Jean-Yves Frémont a lancé le concept de plug and play à Dunkerque. Objectif : attirer le maximum de tournages sur le territoire.

Cela peut-il changer durablement les choses en termes de tourisme ? Certes, Dunkerque ne sera jamais une destination de séjour longue durée. Mais à partir du moment où vous faites rester les personnes plus d’une journée, qui est le séjour moyen, vous faites plus que doubler leur budget. Comment ? La manière dont nous accueillons des touristes étrangers sur le territoire compte. Mine de rien, les traductions des menus, c’est symbolique, car il faut aussi que le personnel dans les hôtels, restaurants et cafés soient capables d’accueillir en anglais et en néerlandais. Il me semble que « bonjour », « au revoir », « je vous prie de m’excuser, je parle très peu le néerlandais/l’anglais » est un minimum. C’est un challenge ; il y a deux ans, sur la digue, seuls deux restaurateurs avaient leur menu traduit en anglais. Et au niveau du tourisme de mémoire ? Il faut travailler sur la réalité augmentée, c’est-à-dire que des tablettes devront permettre, lors d’une visite des sites, de voir, grâce à un outil géolocalisé, des images du tournage et des lieux en 1940. On aura des trucs super sympas.


L’effet Dunkirk #8

AU BONHEUR DES HÔTELIERS

du Dunkerquois

L’Ibis a accueilli une quarantaine de techniciens français pendant le tournage du film Dunkirk.

« Christopher Nolan a loué une villa pour toute la durée du tournage.«

D

unkirk et ses presque 500 techniciens ont généré pas loin de 15 000 nuitées d’hôtel sur le territoire dunkerquois. Une véritable bouffée d’oxygène pour les établissements de la côte qui ont bénéficié de cet apport. De tous, c’est l’hôtel Borel, où Benoît Magimel, Line Renaud ou Gérard Jugnot étaient déjà descendus par le passé, qui a concentré les attentions car il logeait les acteurs principaux du film tandis que Christopher Nolan avait loué une villa pour toute la durée du tournage. D’autres établissements ont cependant accueilli une partie des équipes techniques avec qui les liens se sont tissés au fil des semaines. « On a eu une équipe de trois à cinq personnes qui s’occupait des vieilles voitures, indique Lucie-Anne Staelen de l’hôtel-restaurant L’Hirondelle. À partir des carcasses, de vieux chassis qu’ils rachetaient, ils reconstituaient les voitures que l’on voit dans le film. Ils ont également fait des camions en papier mâché. On les a eus trois mois, ils ont travaillé en atelier en amont du tournage puis sur le terrain. Ils ont laissé quelques voitures au musée. On a également eu trois Américaines, on n’a jamais su réellement ce qu’elles faisaient, elles travaillaient sur le tournage avec Nolan. »

Réservations pour la sortie du film L’hôtel Ibis, dont la réception et l’espace commun cuisine ont fait l’objet récemment d’une rénovation, a été un peu plus sollicité par Peninsula Film, la société chargée de loger les équipes de Dunkirk. « Une quarantaine de personnes de l’équipe technique pendant un peu plus d’un mois, comptabilise Stéphanie Gérard à l’accueil de l’établissement. Ils nous racontaient ce qu’ils voyaient mais ça restait assez confidentiel. Ils savaient au jour le jour ce qu’ils allaient faire mais pas plus, un vrai tournage à l’américaine selon eux. Il s’agissait de techniciens français qui avaient déjà travaillé sur d’autres grosses productions. » Le tournage du film demeure un bon souvenir pour les équipes des hôteliers. Un souvenir ravivé depuis quelques semaines par les réservations qui affluent à nouveau : « Beaucoup d’Anglais, de Belges ont réservé pour le jour de la sortie du film », révèle Stéphanie Gérard.

L’hôtel-restaurant L’Hirondelle de Lucie-Anne Staelen a notamment logé les techniciens qui ont travaillé sur les véhicules d’époque que l’on voit dans le film.

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#8 L’effet Dunkirk

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L’effet Dunkirk #8

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#8 L’effet Dunkirk

DIX ANECDOTES AUTOUR du tournage La liste aurait évidemment pu être beaucoup plus longue, tant il s’en est passé des scènes cocasses durant le tournage, mais à un moment, il faut faire un choix. Voici les dix anecdotes retenues par la rédaction au fil de ses aventures nolanesques.

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La pizza de Nolan Sûrement l’anecdote la plus connue de tout Dunkerque. Celle qui se raconte encore aujourd’hui quand on parle de la discrétion du réalisateur. Le soir, pendant le tournage, Christopher Nolan, comme n’importe quel habitant, sortait, seul, sans garde du corps, dans les rues de Dunkerque. Il a été aperçu à plusieurs reprises à la pizzéria Zapi Neche, installée avenue du Stade. Il venait chercher sa pizza et repartait, sans être interpellé par les habitants.

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Myope, il saute dans l’autre sens Autre grand moment, en plein tournage : les figurants devaient sauter dans le sable au moment du passage de l’avion au-dessus de leur tête. Il y en a forcément un qui a sauté dans le sens inverse. Le pauvre n’avait pas ses lunettes…

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Deux Carambar pour une place de figurant La cellule cinéma de la Ville de Dunkerque a reçu bon nombre de courriers au moment où les castings ont débuté. Dans l’une de ces lettres, deux Carambar (l’un au goût citron, l’autre au goût fraise) avec une lettre de candidature pour devenir figurant. L’homme avait rempli sa fiche de pré-inscription et l’avait accompagnée d’une photo de son œil. Un œil bleu, comme on en voit rarement !

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Un pack de Cristaline pendant l’Opération Dynamo De l’eau était distribuée aux figurants, entre les scènes. Au moment de tourner, chacun cachait sa petite bouteille sous le sable, pour éviter tout anachronisme à l’écran. Un jour, Nolan crie « On tourne ! » ; sauf qu’un figurant n’a pas eu le temps de plaquer son pack de Cristaline au sol. Surpris, il s’est retrouvé dans une scène avec six bouteilles d’eau dans les bras. Une incongruité évidemment coupée.


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Photo en pied, pas de pieds !

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Toujours pour les castings, des candidats ont cru bon d’envoyer des photos de leurs pieds. L’explication ? Parmi les différents éléments à envoyer, une photo en pied, c’est-à-dire sur laquelle on voit entièrement le candidat (de la tête aux pieds).

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Ça arrive forcément plus souvent sur le tournage d’une superproduction. Celle de Christopher Nolan, tournée à Dunkerque, n’y a pas échappé. Un soir, le réalisateur revoit son programme pour une scène tournée le lendemain. Il faut plusieurs centaines de figurants supplémentaires. Il a alors fallu, non seulement contacter des candidats à la dernière minute, mais aussi prévoir autant de petits-déjeuners supplémentaires pour le lendemain.

La cellule cinéma pense d’abord à une blague Des bons films ou des bonnes séries, oui. Mais quand on annonce à Muriel Frémont qu’une superproduction américaine est intéressée pour poser ses caméras à Dunkerque, la responsable de la cellule cinéma n’y croit pas : « Un repéreur est venu sur le terrain, un restaurateur lui a donné mon nom. Quand je l’ai eu au téléphone, je ne l’ai pas pris au sérieux. » Elle se renseigne alors sur Internet et comprend très vite que son interlocuteur n’est pas un rigolo. Derrière, 15 jours de repérage intense ont suivi cet appel.

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Des centaines de figurants à trouver le soir pour le lendemain matin

Quand les habitants jouent aux guides Il y a le Dynamo Tour officiel et le Dynamo Tour officieux. À Malo, pendant le tournage, les habitants ont servi de guides aux touristes. Ils leur expliquaient ce qui se passait dans le quartier, pendant le tournage, à travers une petite visite des lieux.

10

Des figurants au taquet La Ville de Dunkerque était chargée, par la production du film, de trouver des figurants. Objectif : recruter une armée pour les différentes scènes sur la plage. La nouvelle n’a pas tardé à filtrer et, alors même que le casting n’était pas encore officiellement ouvert, beaucoup ont pris les devants. « Il n’était plus possible de passer un coup de fil depuis la mairie, toutes les lignes étaient saturées », rapporte Jean-Yves Frémont, adjoint au tourisme. Des photos, aussi, sont arrivées. Sur certaines, les prétendants à la figuration s’étaient coupés les cheveux pour correspondre aux critères et avaient, en prime, enfilé un costume militaire.

9

Toujours avec leurs chaises de camping Aussi surprenant que cela puisse paraître, un couple de Dunkerquois s’est rendu avec ses chaises de camping aux abords du Kursaal chaque jour pendant le montage du décor. La façade du site a été transformée en vieille usine de ciment. Chaque matin, il prenait place aux premières loges. À la fin du montage, le couple de Dunkerquois connaissait tous les décorateurs avec qui il a pris plaisir à échanger.

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#8 L’effet Dunkirk

À LIRE SUR l’Opération

Dynamo

C’est l’un des intérêts de l’Opération Dynamo, les versions des historiens divergent. C’est le jeu des grands moments de l’Histoire. Pour ceux qui souhaitent aller plus loin, différents auteurs ont également planché sur la Bataille de Dunkerque. Une sélection ci-dessous de certains ouvrages dans lesquels il faut aussi se plonger pour nourrir sa réflexion.

Champs d’Honneur Dunkerque Mai 1940 Editions Delcourt

Une bande dessinée parue le 26 avril 2017 avec Thierry Gloris comme scénariste. La Bataille de Dunkerque vue sous un autre angle, celle d’un conducteur de char français. Prix public (site de l’éditeur) : 15,50 euros. http://www.editions-delcourt.fr

Dunkerque, ville-mémoire

Dunkirk Dynamo 1940

Société dunkerquoise d’histoire et d’archéologie Un livre écrit par Patrick Oddone, Jean Poirriez et Olivier Vermesch et publié avec le concours de la ville de Dunkerque. 320 pages sur l’Opération Dynamo à travers différents articles et témoignages d’acteurs de la Bataille de Dunkerque. Prix : 20 euros Livre disponible au Furet du Nord, à l’office de tourisme de Dunkerque, et à la librairie Lamartine à Bergues. Renseignements : sdha.fr.gd (site internet de la Société Dunkerquoise d’Histoire et d’Archéologie)

Editions Hertervirg Akademisk Un ouvrage complet après deux années de collaboration entre des historiens du Dunkerquois et le laboratoire de recherche Memory Studies – MemS de l’université de Stavanager en Norvège. Alexandre Dessingué, docteur en lettres et maître de conférences dans le département cultures et langues de l’université de Stavanger en Norvège et Olivier Rykebusch, doctorant en histoire de l’université Charles-de-Gaulle – Lille III ont écrit ce livre qui aborde avec moult détails l’Opération Dynamo, le Dunkerque des deux grandes guerres. Un livre écrit en français et anglais. Livre disponible sur différentes boutiques web

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Dunkerque 1940 Une tragédie française Flammarion

Un récit quasi autobiographique de l’Opération Dynamo signé Jacques Duquesne, journaliste mais surtout Dunkerquois. En mai-juin 1940, il a dix ans et vit en Basse-Ville, un quartier populaire de Dunkerque. Prix public : 21,90 euros



DE DUNKERQUE À LA BAIE DE SOMME

Hauts-de-France, source d’inspiration

Cet été, retrouvons-nous sur les plages des Hauts-de-France

www.hautsdefrance.fr


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