ActeActe I : IDomestiquer : Apprivoiser
Le festin est pour bientôt. En attendant, « Nos Années Sauvages » prend forme, celle d’un jeune loup qui se résigne à se domestiquer, pour dévorer ensuite à l’aise toute la bergerie. Une forme plus affinée, plus assumée, qui a prit en compte les failles et les manquements du prologue. Nous sommes passés à l’Acte. Un acte construit par une équipe qui s’agrandit encore, renforçant ainsi ses fondations et élargissant ses champs de compétences. L’heure est à la vivacité, « Nos Années Sauvages » prend tout son sens, l’homme revêt désormais sa parure, assume son animalité. Son alter ego est moins frileux, ses racines se dévoilent, les liens se sont tissés, cousus. Tout deux fusionnent et se laissent emporter par l’aventure, les risques, l’instinct... Cet instinct, cette pulsion, qui a fait naître ce projet, le fait vivre aujourd’hui, le fera mourir demain. Le chemin est tracé. Et les bêtes dansent, sans se soucier de leur mort certaine. La mythologie côtoie le rêve, le rêve côtoie la fable, la fable côtoie la réalité. Cet Acte unique regroupe une fois encore différentes visions, différentes interrogations, différents médiums d’expressions sur cette thématique Animale qui ne cesse de peupler l’esprit humain. Sommes-nous si différents de nos compères ? Nul besoin de réponse, entretenons le mystère, entretenons la magie, laissez-vous porter, laissez nous vous Domestiquer. Sylvain Wavrant et Thomas Cartron
L’homme, un animal domestique p. 6 Échappées Belles p. 10
Black Rainbow p. 8 Étreintes p. 34 Mystifications p. 38
Les enfants sauvages p. 12
Ahnigia p. 11 Gawoniha p. 36 Agowatiha p. 37
Le Cerf et Le Sanglier p. 40
L’homme, un animal domestique Le thème de l'animalité est d'une foisonnante richesse. Dans le domaine de la psychologie, il correspond aux couches profondes de l'inconscient et de l'instinct. Les animaux symbolisent des principes cosmiques, matériels et spirituels. Prenons pour exemple les signes du Zodiaque qui évoquent ces énergies et matérialisent notre caractère et notre dessein… Les dieux égyptiens sont pourvus de têtes d’animaux, êtres hybrides mi-humain, mi-animal. Ils marquent les origines illustrées de l'équilibre entre ces forces, entre instinct et évolution, humanité et divinité. Dans la religion chrétienne, les évangélistes sont symbolisés par des animaux appelés Tétramorphes et l’esprit Saint est figuré par une colombe. La mythologie Maya nous montre également un crocodile dévorant, à l'heure du crépuscule, le soleil. Cette image témoigne de la force que l'animal peut avoir face à la nature des choses. Les animaux touchent aux trois niveaux de l’univers : la terre, le ciel et l'enfer. Une trinité que Nos Années Sauvages tente de retranscrire avec une naissance en forme de prologue, une vie avec cet Acte I et une mort pour notre épilogue. Cet acte unique vient mettre en exergue de manière plus concrète et plus assumée cette part d'animalité. Elle réside en chaque être humain bien qu'elle ait embarrassé la morale judéo-chrétienne en l'associant au satanisme. Nos Années Sauvages tente d'en faire une force revendiquée. Gagner en équilibre avec notre nature humaine en proposant une sélection de créations qui piochent leur essence dans des univers bien distincts mais pourtant liés. Ces animaux qui interviennent dans la mythologie, les Arts littéraires et plastiques forment et permettent des identifications partielles, des images ou des miroirs comme dans les fables et démontrent nos instincts sauvages ou domestiqués. Ils correspondent à une partie de nous mêmes, intégrée ou à domestiquer pour gagner en harmonie, en équilibre. Nos Années Sauvages vit désormais pour cette idéal et vous invite non plus à la contemplation, mais à prendre part à cette domestication de nos instincts. Sylvain Wavrant
« La profusion des symboles animaux dans les religions et les arts de tous les temps ne souligne pas seulement l’importance du symbole. Elle montre aussi à quel point il est important pour l’homme d’intégrer dans sa vie le contenu psychique du symbole, c’est à- dire l’instinct… L’animal, qui est dans l’homme sa psyché instinctuelle, peut devenir dangereux, lorsqu’il n’est pas reconnu et intégré à la vie de l’individu. L’acceptation de l’âme animale est la condition de l’unification de l’individu, et de la plénitude de son épanouissement. » L’homme et ses symboles - Carl gustav Jung. 1964
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« Les animaux ne manquent jamais de naturel, sauf à l’état domestique. » Malcolm de Chazal « L’homme est un animal domestique, c’est pourquoi il est à ce point corrompu. » Lichtenberg
Illustration : Gladys Hackière
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par Romain Ăˆpiais
Masques, costumes en carton et gouache
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Notre Monde est perturbé depuis que les hommes ont cessé de vénérer les Ancien Dieux, quatre animaux légendaires gardiens des quatre Éléments nécessaires à la vie. Oubliés, méprisés puis chassés, les Anciens Dieux ont ainsi laissé place aux Nouveaux Dieux. C’est alors que trône au centre de la plus grande ville le Dieu de la Télévision Numérique, avachi sur un fauteuil de la taille d’un de ces grattes-ciel qui démangent les nuages gris, ceux-là mêmes qui surplombent inlassablement nos têtes misérables. À la périphérie de cette vaste « city cobweb », à l’intérieur de ce qui paraît être l’ancêtre d’une forêt jadis luxuriante, se niche le Dieu Cerf, un homme portant le masque du Roi des sylvains. Accompagné par ceux que l’on appelle les Green Brothers, un rassemblement d’enfants voilés d’un tissu intégral vert. Il défend et protège du plus petit brin d’herbe à l’arbre le plus majestueux, leur habitat étant vivement menacé par l’invasion d’une armée de Bulldozers barbares. Le troisième et dernier Nouveau Dieu, Dieu de tous les Dieux auto-proclamé, est un humain dont la tête énorme lui valu le nom de Mister Big Head. Hanté par le désir fou d’unifier le Monde, idée qui lui vint de ce que l’on désignait autrefois par la Globalisation, il mène actuellement une dizaine de guerres au nom de l’Universalisme et cela bien sûr au détriment des peuples qu’il détruit.
vivant eux, à la surface de la terre. Ailleurs un homme, habillé d’une cape à poils synthétiques et d’un petit masque de chat, lève son ninjato (sabre japonais) pour lutter contre un Internet corrompu et ultra-contrôlé. Il sera d’ailleurs rejoint plus tard par plusieurs néo-hackers vêtus de zentais (combinaisons recouvrant le corps dans son intégralité). Encore ailleurs la Reine Mère des insectes, une grosse femme dont la silhouette ressemble à celle d’une larve géante, passe ses journées allongée sur un large divan rouge. Elle se remémore non sans nostalgie, une cigarette anglaise à la main, les jours où les insectes régnaient sur la planète bleue. Aujourd’hui comme le veut la Nouvelle Tradition, deux enfants âgés de 10 ans, l’un fils de la Nuit et le second fils du Jour, sont désignés pour retrouver les Anciens Dieux et leur rendre à chacun son Royaume respectif. L’un des deux jeunes garçons, Black Rainbow, fils de la Nuit, porte le signe du corbeau, l’autre, White Storm celui du pigeon. Romain Épiais
À mille lieues sous terre, dans une obscurité telle qu’on ne voit pas à deux pas devant soi, vivent les hommes-chiens, rebuts de la société, que l’on enfouit ici pour ne pas déranger la vie des gens plus aisés
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Les yeux appellent les bouches, Les bouches appellent les mains, Les mains appellent un sortilège. La chair écarlate sonne son temps de guerre, Les peaux combattent et les fissures s’ajustent. Les instincts primates tracent des sonates abyssales. Inflexiblement, il a caressé des réflexes, Comme un acte sacré, salé, qui déchaîne les pulsions, Il a énoncé ses souhaits. Au delà des volutes de fumées opaques, Il a raconté ses pactes d’enfants. Des fictions occultes où les jardins suspendus sont dotés de mots. Essoufflé, il a inventé des signes. De ses signes agités, il a composé l’énigme. Comme un savant fantaisiste, un géomètre de l’indicible, Il a livré son langage. Des listes aux caractères confus, enfouis dans son esprit sans nom. Un cerveau anonyme, Où les signaux singent un passage, Des chamans privés chantent des louanges. La terre appelle les hommes, Les hommes appellent les Dieux, Les dieux n’appellent pas. Un monde s’ouvre... Petit homme immaculé, rongé par l’imagination amère, J’aimerai te dire que l’avenir est un sursaut. Bienvenue sur la terre de l’absolution, Là où les dents crissent en même temps que les faciès. Des visions se déclinent en mille couleurs aquatiques. Les cris amers des mères éprouvées giclent. L’insouciance emplit l’espace diaphane. Les corps s’acharnent autour des tipis, dansent pour renverser le temps, En avant, en arrière, à l’endroit, à l’envers, Pour animer le créateur, drôle d’idole dans son ciel baldaquin. Voyou taquin au regard habile, Manipulant l’univers au bout de trois, illustration : Coralie Mezières
Trois lignes qui roulent et aliènent ; Les hommes appellent les chiens, Les chiens appellent les loups, Les loups appellent la nuit... Enora Minot
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Photo prise à Puebla, Mexique par Chloé Aublet.
El Jaguar, el Serpiente y el Aguila La Méso-Amérique est une aire géographique qui englobe à l’arrivée des espagnols le tiers méridional du Mexique, le Guatemala, Belize, Honduras, et le Salvador. 1250 av jc - 1520 ap jc. La Méso-Amérique, malgré qu’elle se compose de peuples aux caractéristiques distinctes, présente des traits communs : dans l’organisation sociale et politique, dans la construction de pyramides et dans la pratique des cultes des animaux. Le jaguar, l’aigle et le serpent, les trois principaux animaux sacrés que l’on retrouve dans la culture Méso-américaine, sont le symbole de la présence de divinités dans le monde réel. Le jaguar est un des animaux les plus importants dans les croyances préhispaniques. Dans la civilisation maya, le jaguar, symbole de puissance et de force, est le réceptacle de croyances qui en font le gardien de la nuit et de l’obscurité, où il se change en soleil nocturne. Il est aussi la personnification de la mort et de la peur. À travers les sculptures retrouvées sur les sites archéologiques, il nous est possible de comprendre le fonctionnement des civilisations et les rapports que partageait l’homme avec ces animaux sacrés.
Les sculptures olmèques (première civilisation de Méso-Amérique) font déjà appel à ces rapports complexes. En effet, les olmèques ont développé le concept « d’hommejaguar », sorte de motif sculptural représentant des jaguars stylisés ou des être humains aux caractéristiques de jaguar. L’hommejaguar était représenté obèse, la bouche ouverte montrant les crocs et le corps vêtu d’une peau de l’animal. Les personnalités importantes de ces civilisations se faisaient représenter avec des attributs d’animaux, pour démontrer leur légitimité de gouverner un peuple grâce à l’appui des dieux. Ainsi il n’est pas rare de trouver des sculptures d’hommes en position assise de félin, avec les traits de visage mi-homme mi-animal. Ou encore avec des coiffes à plumes ou à tête d’oiseaux. Les attributs animaux étaient bien évidemment réservés aux personnalités importantes, classes dirigeantes, religieuses et guerrières. Les sacerdoces, personnes qui pratiquaient les rituels religieux, une fois en transe, s’imaginaient une transformation en animal réel ou fantastique, comme des félins, reptiles ou oiseaux. Le fait de porter sur soi les attributs de l’animal sacré procure à l’homme une connexion avec la divinité en question et lui donne la force de vaincre, pour cela les guerriers portaient des costumes
d’animaux, en particulier du jaguar et de l’aigle. Les aztèques avaient formé une classe de guerriers d’élites connus sous le nom de guerrier-jaguar. Quant à ceux qui portent des plumes d’aigle, ils s’identifient au soleil et à son rayonnement. Ils sont souvent représentés par le mouvement des muralistes, combattant les conquérants espagnole. Même si ces croyances ont aujourd’hui presque toutes disparue, on remarque que le rapport à ces animaux sacrés n’est pas tout à fait perdu. Il suffit de regarder le drapeau du Mexique pour y voir un aigle sur un cactus, dévorant un serpent (symbole de la terre promise au peuple aztèque par leurs dieux). De même que le jaguar reste un animal respecté par les peuples Maya du sud du pays, et il n’est pas rare de croiser une mexicaine dansant la salsa vêtue des motifs de cet animal. Chloé Aublet
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Photographe
Modèles
Thomas Cartron
Sylvain Wavrant
Arthur Gillet Antoine Grissault Vincent Henaff Bérénice Lefebvre Mathilde Lehmann Lise Mignon Lucie Riou
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Styliste invitée
Accessoires
Zoé Violette p. 28/29
Sarah Chantrel Amandine Simon Laura Villey
~ Maquilleuse/Coiffeuse Josephine Brignon
~ Parures Caroline Brisset p. 24/27
(1) Platon, Cratyle, 400c, trad. Victor Cousin (2), (3), (4), (5) Le Silence du Corps, trad. André Maugé (6) Descartes, Discours de la méthode (7) Descartes, lettre au Marquis de Newcastle, 23 novembre 1646.
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Ce sont les rêves qui m’envoient. Ils m’envoient vous dire d’où vient ce cri sauvage. Ce cri qui retentit comme un coup de tonnerre, et qui tournoie au-dessus de nos têtes trempées par la pluie. Ils m’envoient vous dire comme les bêtes dansent. Comme les hommes dansent aussi. Comme ils paradent ensemble désormais. Ils m’envoient vous dire d’oublier tous les mirages, tels ces insouciants qui se laissent envahir par leurs instincts, qui vivent au-delà de l’angoisse du temps. Ces enfants sauvages qui restent prêts à croire tout et n’importe quoi, même sachant la fin proche, pourvu que résiste encore un peu cette lumière qui brûle le bout de leurs doigts. Ces rêves étaient là depuis longtemps, la lumière qui animent leurs images aussi. Des images nocturnes qui n’attendaient que le rêveil du dormeur pour sortir au grand jour... Thomas Cartron
Par Johanna Rocard
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extrait de la série Étreintes / techniques mixtes, dessin, broderies, textiles anciens 100 x 800 cm
Sa destinée à elle est en pointillés rouge sang. Comme si le sang était une couleur… A mettre en parenthèse pour ne pas qu’il tombe entre toutes les mains, pour qu’il reste juste posé, posé sur des lèvres closes. Qui ne crient pas, ne jurent pas, n’haussent pas le ton, n’osent pas dire tout haut ce que le cœur pense tout bas. Mais elle n’est pas que rouge à lèvre, car quand on rentre au dedans, ya les entrailles qui braillent et qui palpitent et qui méritent que l’on s’attarde encore un peu sur sa peau d’âne : un fragment d’âme qui s’est perdu pour se poser sur sa peau nue et qui se fane au fur et à mesure, pour que perdure le sortilège, pour que s’acharne le coup du sort sur ce corps d’âne mort. Elle s’est enfuie de sa destinée, a fait peu neuve sous sa peau d’âne pour faire la peau aux pointillés. Une peau de chagrin pour tout refrain, un bout de chemin main dans la main… Aller plus loin que les désirs, que la pesanteur ne soit pas futile, que les robes de mal restent dans les malles ou aillent au diable. Et pas de procès, je vous rassure, écoutez voir cette aventure : Elle eu du bol : elle survécut ! S’enfuyant tant bien que mal, elle ne s’avoue pas vaincue. Elle faillit y passer dans les failles du filet, elle faillit y glisser dans les mailles trop serrées, Elle tricote à l’envers avec de la laine de vers toutes ses désespérances, sa vie qui va de travers, Sa pelote évidée cherche du réconfort dans les bras d’un garçon et de son château fort.
Mais c’est là le problème, que les bas filent sur ses peurs à défaut de glisser sur les heurs. Seulement s’abandonner, ne plus rien espérer, son prince charmant c’est sur, n’est pas prêt d’arriver !! Qui voudrait de celle qui n’a de femme que le nom Celle que bouda Disney pour Cendrillon Celle qui n’a pas vraiment de potentiel Celle qui n’est pas vraiment concurrentielle Celle qui sent pas vraiment la rose Jusqu’à ce qu’on découvre le pot aux roses Dans le pot au feu l’anneau glissa Fut remarqué par le prince Lambda Qui rameuta dans tout le Mordor Les femmes et les enfants d’abord Notre souillon toute occupée, toute absorbée À nettoyer et astiquer les robes de bal de ses ainées Fut convoquée pour essayer l’anneau magique Branle bas de combat ésotérique C’est pas banal que la crasseuse à l’âne mort Puisse porter à sa main moite une bague en or ! Et tous restèrent pantois devant une telle beauté Qui pu penser qu’une mauvaise graine dissimulée Donne naissance à une belle plante de si royale lignée. Lafaillette
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Par Antoine Grissault
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Immatérielle et pourtant si présente dans notre société, la musique peut avoir de nombreuses fonctions. L’idée n’est pas de venir les énumérer, mais plutôt de lui donner une définition qui serait pour nous, simple spectateur la plus proche dans notre manière de la consommer. La musique dans toute sa diversité produit des émotions, et cela à différents degrés. Autant une voix peut nous irriter et un accord nous transcender, pour cela les règles sont complexes mais fort heureusement ici nous n’avons nul besoin d’être savant, nos sens se chargent de tout. Nous pouvons alors sans risque prendre ce moyen de transport qui nous permettra des déplacements introspectifs qui seront peut-être parfois turbulents, mais qui atteindront une authenticité bienvenue. Il ne peut selon moi y avoir de voyages sans partages, la musique en est un accélérateur et sans le savoir nous appartenons tous à une communauté qui lors d’un concert se retrouve un instant autour de cette quête d’émotions. 1
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Timber Timbre c’est un univers sombre et torturé mais c’est aussi les grands espaces canadiens dans lesquels le chanteur, guitariste Taylor Kirk nous invite pour un grand voyage. Précis et solitaire, ce Folk nourri de l’Amérique des années 50 ne peut laisser indifférentes des oreilles attentives. Creep On Creepin sortie en 2011 vous rendra peut-être mélancolique mais tentez de l’apprivoiser. Dans le titre Do I Have Power Timber Timbre nous offre amour, force et tendresse pour enfin tout reprendre et en arrive à arridifier ce monde qu’il nous a créé pour lui insuffler un doux désespoir, non dénué de lumière. 2 Camille c’est une voix et un goût prononcé pour les mots bien articulés. Chanteuse maintes fois récompensée, elle ne s’essouffle pas et continue à nous surprendre. Ilo Veyou sortie en 2012 est un corps en constante mutation, celui se complexifie pour mieux vibrer et en faire jaillir un grand panel d’émotions. Il serait dommage de vouloir classer cet album tout comme les précédents, car dans les albums de Camille il y certes de la chanson Française pure mais aussi un aspect plus expérimental qui lui permet de ne pas tout à fait être comme les autres. Nous pouvons nous incliner devant le titre Tout dit , d’une rare intensité qui clôt cet album pour mieux nous lier à cette chanteuse troublante et déterminée.
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M. Ward est originaire de Californie. Ce chanteur guitariste folk nous revient en solo après avoir collaboré sur trois albums avec la chanteuse et actrice Zooey Deschanel avec qui il a créé le groupe She & Him. A Wasteland Companion a été écrit et composé sur la route lors de la précédente tournée de l’artiste. Rythmé par des temps forts et des trêves, les titres se font à fois doux, incandescent, électriques mais ils sont surtout d’une grande subtilité. M.Ward compare cet album aux parfums qui ravivent nos souvenirs les plus lointains, aidé par Zooey Deschanel qui prête sa voix sur deux titres dont le Fabuleux sweetheert de Daniel Johnston. Inoubliable duo très retro. 4 Ils sont New-yorkais, formés en 2001 avec à sa tête le chanteurs Jack Shears, ils se nomment les Scissor sisters. Nom qu’ils empruntent à une position sexuelle du lesbianisme. En Juin dernier leur quatrième album Magic Hours débarque en France. Les Scissor c’est drôle, trash parfois tragique mais dans l’ensemble surtout sexy. L’album porte bien son nom, nous avons ici 16 titres pop déglingués, qui ne laissent pas de place à l’introspection mais nous transportent dans un univers désinhibé. Ce nouvel opus prolonge de manière cohérente l’univers des précédents albums du groupe avec en plus un regain d’intensité que l’on retrouve sur l’ensemble des titres. bonus : Urban Cone - Photograph (le clip rock minet) - www.youtube.com/ watch?v=TMDe6C57tMo Camille - live à Ce Soir Ou Jamais, France 3 (le clip choc) - www.youtube.com/ watch?v=8ehZdN77-mA Edward Sharpe & The Magnetic Zeros Home (le clip que l’on emporte en voyage) www.youtube.com/watch?v=rjFaenf1T-Y Die Antwoord - Baby’s on fire - (le clip qui prépare ta soirée) - http://www. dailymotion.com/video/xrgqua_die- antwoord-baby-s-on-fire_music
Par Enora Minot
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Take Shelter , 2011, de Jeff Nichols, avec Michael Shannon et Jessica Chastain.
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Notre temps est limité... Tous aux abris ! Ça pourrait commencer comme ça, Curtis, père de famille nous mettrait en garde. Il nous préviendrait de ce malaise qu’il sent tout au fond de lui. Un mauvais présage, une masse organique et grinçante, qui lui siffle aux oreilles en continu. Un bruit sourd et opprimant que son entourage ignore, ou plutôt, préfère ignorer. C’est certain, Curtis a l’air un peu cinglé, paranoïaque, et s’isole régulièrement. Ah oui, n’oublions pas qu’il a aussi des visions. Cependant, en le voyant construire son abri souterrain d’une manière presque compulsive, on a envie de creuser avec lui. Et là, on embarque dans ses catacombes, on suit son instinct. Ce film, c’est le trajet d’un homme, qui a la tête un peu sous terre, et qui se délivre des croyances humaines. Il regarde l’environnement s’étioler, sans que les vivants, ceux qui marchent chaque jour à la surface, ne prennent le temps de s’arrêter... Il nous aura averti dès la première scène, avec un air à la fois intrigué et isolé... le ciel pourrait bien nous tomber sur la tête. 2 Enter the void 2009, de Gaspar Noé, avec Nathaniel Brown, Paz de la Huerta et Cyril Roy.
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Noé s’est fait son film et on prend plaisir à monter sur son arche. Bienvenue à Tokyo, ville surréaliste, impitoyable, une gigantesque fête foraine où les néons vacillent. Là-bas ça clignote, ça grésille, ça crisse, tout s’enchaîne à pleine allure, on monte sur un rail, c’est parti, vite, encore plus vite ! Ça y’ est, la montagne russe tripée, vrillée, dangereuse et hallucinatoire nous fait vivre mille et une merveilles. Puis c’est la descente, merde, les flics, merde, Oscar, notre héros est mal barré. C’est pas grave, il reste encore sa sœur, ah sa sœur...la sauvage Paz de la huerta. Une créature qui se déhanche et se déchaîne. Ses conflits internes, elle les expulse autour d’une barre de strip-tease. Sexuelle, crue, elle ondule comme un psychotrope en effervescence et nous envoie des signaux. La mélancolie de ces deux orphelins perdus depuis un bout de temps est envoûtante. C’est pas un film spirituel, c’est un délire captivant qui nous empêche de respirer pendant deux heures et demi. C’est un conte qui se transforme en sortilège, et qui agit pleinement sur notre cerveau. Nos deux héros, frère et sœur, sont des
miraculés, des naufragés, qui n’ont plus peur de grand chose. Et c’est bien pour ça qu’on aime les suivre ! On ose, on glisse au cœur du train fantôme, sans avoir envie de se réveiller... 3 Naked 1993, de Mike Leigh avec David Thewlis, Lesley Sarp et Katrin Cartlidge. Dans les rues noires, poisseuses de Manchester, on découvre notre héros Johnny entre les cuisses d’une inconnue. C’est cru, violent, vif, et il fuit. Il se fuit probablement lui même, s’extirpe de ses racines géographiques, embarque dans une bagnole ( probablement volée ). On est dans la voiture à ses côtés sur l’autoroute, le générique démarre. NAKED, pour signifier un âge, un malaise, et nous le balancer en plein visage. On arrive à Londres, c’est l’époque post-Thatcher, et on suit toujours Johnny, ce type mal rasé, déglingué, dans les rues puantes de la capitale britannique. Il va rencontrer quelques personnes, témoins à la dérive que la politique austère des dernières années a enterré sous terre. Johnny ne se domestique pas, c’est un misanthrope, et on assiste sans complaisance à son cynisme carabiné. Il ne croit en rien, il nous montre son monde à l’état brut, crado et vulgaire. Johnny, c’est le genre de personnage parfait, un peu boiteux, et qui parle sans cesse. Il cause comme pour rattraper le temps qui passe. Très utile pour faire passer des messages dérangeants. On ne l’aime pas, il mérite quelques claques, on le pointe du doigt, et il rit jaune. Rien que pour lui et Londres dans les années 90, ça vaut le coup d’œil !
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Par Hugo DĂŻner
masque :latex et cornes de vache
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Mystifications autour d’Astérion « En l’an 158, à la fin de la lune de Chac Bân, l’air était clair dans le désert et les hommes regardaient vers le couchant dans l’attente de la lune de Ramadan qui apporte le jeûne et la mortification. Il y avait là des esclaves, des mendiants, des maquignons, des voleurs de chameaux et des bouchers. Assis gravement par terre, sous le porche d’un relais de caravane de la route de Merv, ils attendaient le signe. Ils regardaient le couchant et le couchant était couleur de sable.
s’y voir qu’on ne peut s’échapper du Labyrinthe. En 1803, l’écrivain allemand Wilhelm Kleihauer décrit, dans une correspondance avec Friedrich von Schiller, le Minotaure tel qu’il lui apparut en rêve :
Du fond du désert vertigineux ( dont le soleil donne la fièvre et la lune le délire ), ils virent venir trois formes qui leur parurent immensément hautes : trois formes humaines et celle du milieu avait une tête de taureau. Quand elles furent plus près, ils virent que c’était un masque et que les deux autres hommes étaient aveugles. Quelqu’un ( comme dans les contes des Milles et Une Nuits ) demanda la raison de cette merveille. « Ils sont aveugles », déclara l’homme au masque, « parce qu’ils ont vu mon visage. »
« [...] laisse moi te raconter la terrible vision qui, la nuit du 16, vint à moi et qui depuis ne cesse d'affleurer à mon imagination. J’étais, errant dans un paysage désolé, tantôt fait de pierres escarpées et tranchantes, tantôt de ruines de temples. C’est dans ce décor digne de Dante que je vis alors s’élever une Landschaft.
Jorge Luis Borges, Histoire universelle de l'infamie Qui, à part Thésée, peut prétendre avoir contemplé le Minotaure ? Pas même Pasiphaé, sa mère, ne le connut : encore enfant, il fut arraché à son sein et confondu dans le Labyrinthe dont Minos avait confié l’élaboration à Dédale. Dès lors s'entremêlent la demeure et son habitant. Vers 330 av JC, le penseur grecque Eschylion de Thèbes prétend, dans ses Carnets de Sicile, avoir retrouvé les plans du Labyrinthe tel que Dédale le conçut. Après une courte apologie des astuces auxquelles l’architecte eût recours pour brouiller la visite de l’édifice, Eschylion s’étonne de particularités qu’il était à même de remarquer, en sa double qualité de nomade et d’architecte. En effet, les plans indiquent que le Labyrinthe est érigé comme une tour, ou plus exactement comme un palais, et non comme un vaste parcours plan tel que nous le concevons habituellement. Bien que l’art d’élever un bâtiment n’était pas une spécialité des Grecques anciens, Dédale fit preuve d’habileté en élaborant le Labyrinthe sur plusieurs étages et un vaste sous-sol. Le dernier étage est fait de terrasses circulaires, formant une cuvette, si bien qu’aucun point ne s'élève significativement au-dessus de l’ensemble. Dédale aurait pris garde à ce qu’on ne puisse accéder à la vue de l’horizon : les ouvertures ne permettent que de voir le ciel infini, plus infini encore que le Labyrinthe. C’est par les vertiges de cet infini qu’Icare mourut lorsque son père et lui s'échappèrent du joug de Minos. En vieillissant dans le Labyrinthe, le visage du Minotaure s’est creusé d’un dédale de rides, de plis et de balafres et sur sa peau le temps et les combats ont imprimé la carte de sa prison. L’œuvre de Dédale est conçue à l’image des plus beaux palais des anciens rois et pharaons, mais en nul lieu ne s’y présente de miroir. Peut-être se sont-ils tous brisés en reflétant la trop grande complexité du visage du Minotaure, peut-être est-ce pour que ceux qui s’y perdent ne puissent savoir, à la longueur de leurs cheveux, depuis combien de temps ils errent et qu’ils laissent au Labyrinthe le soin de perdre jusqu’à leur propre identité. Quelles qu’en soient les raisons, les reflets sont absents de la prison d’Astérion. Sans doute est-ce parce qu’on ne peut
« […] lass mich dir von dier schreklichen Sicht erzählen, die mir in der Nacht des 16 begegnete, und die seitdem immer wieder in meine Fanatasie zurück kehrt. Ich war verloren, auf der Suche, in einer verlassenen, mal aus sptizen und schneidenen Steinen, mal aus tempelruinen bestehenden »
« Es war in diesem Dante ähnlichen Hintergrund das ich eine grausame Gestallt sah, mit einem zwar menschlichen Körper, aber mit einem Stierenkopf. Leider ! wie vor Angst versteinert konnte ich nicht fliehen während der Minotaur mir langsam entgegen kam. Er berührte mich nicht, aber als er nah genug war, konnte ich seine Augen betrachten. Seine Pupille teilte sich und zerbach in immer kleinere Teile, bis in die Netzhaut wo kein weiss es umkreisste. Du kennst die Logik von Traümen ! so verlor ich meine ängste, während seine Augen mich wegsogen. Die Sorgen wurden von dem Grässlichen gefühl verlassen zu sein ersätzt, und einem Gefühl von Verlusst, wie wenn,als ich ein Kleinkind war, ich Angst davor hatte, alleine zu sein. » Créature terrifiante au corps humain, mais à la tête de taureau. Hélas ! pétrifié je ne sus méchapper tandis que le minotaure s’approchait d’un pas lourd. Il ne me heurta point et lorsqu’il fut assez proche, je pus contempler ses yeux. Sa pupille se scindait et se craquelait en portions de plus en plus fines pour finir par se diluer dans sa rétine qu'aucun blanc ne venait entourer. Tu sais la logique propre aux rêves ! Ainsi je perdais mes inquiétudes tandis que grandissaient les yeux qui m’aspiraient. L’inquiétude se vit alors remplacée par une effroyable sensation d'abandon et de perte comme, enfant, je craignais dans la nuit d’être seul. » Qui peut prétendre avoir contemplé le Minotaure ? Thésée, pour l'avoir abattu peut-il seulement le prétendre ? Astérion, car c’est le véritable nom du Minotaure, semble avant tout un mythe sans identité. Si son corps est humain, son visage l’empêche d’être un pair pour les hommes, de la même manière que tous les animaux se ressemblent. Un lion n’est pas différent d’un autre car il obéit à sa nature de lion si bien qu’il n'existe pas d’Histoire de la Léonicité. Le Minotaure est un miroir terrible, dans lequel chacun se voit démultiplié. Il est la honte du terrible Minos, la faute de Pasiphaé, le fruit d’un hybris qui naît, vit et meurt par l’art de Dédale. Le Minotaure est mort, tué par un héros aveugle, mais dans le Labyrinthe il reste des habitants, car Astérion n’était qu’une ombre, l’ombre d’autres songes plus effroyables encore. Hugo Dïner
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Cet animal sauvage, habitant des forêts et donc des espaces sacrés chamaniques représente tout comme le cerf, l’autorité. Comme l’homme, il possède la capacité d’assurer à la fois une vie familiale, une vie en groupe et en même temps la capacité à vivre en solitaire. Le sanglier évoque le courage, la témérité, la terre, logique dirons-nous, il a le nez dedans et la persévérance. Dans le monde indo-européen, le sanglier a souvent été symbole d’autorité spirituelle. Cela tient à sa vie solitaire dans la forêt, à sa capacité à repérer les truffes sensées être le produit de la foudre divine. La bête se nourrit des fruits du chêne, arbre sacré par excellence, mais finit souvent dans les assiettes des régions comme la Sologne. Sa chaire est forte et bien moins tendre que son cousin le cochon mais pourtant bien appréciée des gourmets. Pour avoir tenté d’en tanner une peau, ne vous retrouvez pas face à la bête, son cuir est épais de plusieurs centimètres et vous ne pourriez vous défendre qu’avec une machette ou un bon fusil de chasse. Cet animal reste 40
domesticable si vous avez la chance de l’acquérir sous la forme d’un marcassin et devient un compagnon aux allures de chien, bien qu’un poil plus gourmand et plus lourd aussi. Si l’on regarde un peu du côté de la mythologie, nombre de divinités se sont incarnées en sangliers : c’est sous les traits d’une truie aux défenses en forme de croissant de lune que Perséphone aurait tué Adonis et sous ceux d’un sanglier que Seth, en Egypte, aurait tué son frère Osiris. Au Japon, le sanglier est associé au courage et à la témérité et sert de monture à Kami, le dieu de la Guerre. Je reste sur le Cerf question monture... Pour les Gaulois, le sanglier, dédié à Lug, constituait une nourriture sacrificielle pour la fête de Samain, notre Halloween, ceci expliquant cela, on comprend que les sangliers sont les mets préférés d’Obelix... Au Moyen-Age, à l’est de l ‘Europe, le sanglier incarnait surtout la férocité débridée de l’animal sauvage. Chez les chrétiens, il représente le règne des forces diaboliques car oui c’est un goinfre, il est lubrique, impétueux et son cri peut vous faire paniquer rapidement...
Le cerf est le plus imposant des animaux des forêts tempérées. Le brame, son chant, en fait un animal bavard et extraverti qui crie ses envies à la ronde et manque de pudeur et de discrétion. La biche par sa “ douceur ” et son agilité marque une différence avec le mâle, fier, ardent, imposant. Vivant en harde, l’animal ne la quittera que lorsqu’il sentira son heure venue et où il choisira de se retirer pour mourir loin du groupe. Cet animal est chargé de symboles et cela est principalement dû a un étrange phénomène : la mue de ses bois. Il les perd chaque année et ceux-ci repoussent, plus complexes et plus majestueux encore. Ils représentent principalement la longue vie et le renouvellement. Il n’est pas si rare de trouver lors d’une balade en forêt un bois de cerf quand il n’a pas été dévoré par le sanglier... L’animal ne les perd pas en même temps ! Donc impossible presque de trouver la paire à moins de le tuer vous même ou d’avoir la bonne chance d’en dénicher sur un vide grenier, ou dans mon cas avoir quelques connaissances... Dès les origines du chamanisme, sur les parois des grottes des premiers hommes, on peut voir des peintures de chamans coiffés
de la ramure du cerf. Plus tard, on choisira justement ses bois comme couronne et comme symbole de puissance et d’autorité. Le Cerf est également le représentant de l’arbre de vie, encore grâce à sa ramure haute et élégante. Passons ! Celle-ci donc, par son renouvellement évoque l’éternel renaissance, les différents cycles naturels et spirituels. L’animal est l’image du renouveau et de la fécondité. Messager du sacré, il est associé au dieu Cernnunos en Gaule, et détient une valeur d’abondance. Dans l’imaginaire collectif, il est considéré comme le maître des animaux, la preuve dans Bambi. On préférera chasser le chevreuil que de toucher au cerf qui n’hésitera pas à vous charger, vous, votre chien et parfois même monsieur Sanglier. Les présentations sont faites, mais personnellement à choisir entre un cheval ou un cerf, je prend le cerf, c’est bien plus majestueux et ça fait vite de la place autour de soi en plus de pouvoir étendre son linge sur ses bois. Sylvain Wavrant Illustrations : Camille Salabe et Hélena Guilloteau
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Direction artistique Sylvain Wavrant & Thomas Cartron Stylisme Sylvain Wavrant Photographie Thomas Cartron Design Graphique Anne-Lise Bachelier Maquette Thomas Cartron Graphistes invités «Off» Atelier Tout Va Bien Styliste invitée Zoé Violette Illustrations Hélena Guilloteau Gladys Hackière Coralie Mezières Camille Salabe Rédacteurs Chloé Aublet Hugo Dïner Romain Épiais Antoine Grissault Lafaillette Enora Minot Zoé Violette Sylvain Wavrant Modèles Sou-Maëlla Bolmey Alexandre Dain El Krotino Arthur Gillet Antoine Grissault Vincent Henaff Bérénice Lefebvre Mathilde Lehmann Lise Mignon Lucie Riou Maquilleuse/Coiffeuse Josephine Brignon Accessoires Sarah Chantrel Amandine Simon Laura Villey Parrures Caroline Brisset Remerciements Matthieu Grissault et Valérie Morlaix, Thomas Dellys, Danielle Delgrange et Elliot, Enora Minot, Gilles Dain EESAB-Rennes, Rennes à coup de cœur. Imprimé chez Icônes - Ouest Imprimerie, Rennes - France premier tirage en 100 exemplaires sur papier cyclus print 115 gr.
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déjà paru : Prologue : Apprivoiser à venir : Épilogue : Achever
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