F
O
N
D
A
T
I
O
N
P
I
E
R
R
E
G
I
A
N
A
D
D
A
IMAGES SAINTES – MAÎTRE DENIS ROUBLEV ET LES AUTRES GALERIE NATIONALE TRETIAKOV MOSCOU
Supplément
du 2 décembre 2009 Ce cahier ne peut pas être vendu séparément
DU 3 DÉCEMBRE 2009 AU 13 JUIN 2010
SOMMAIRE
4
ICÔNES RUSSES Saintes comme des images les icônes orthodoxes
9
ANDREÏ ROUBLEV Le moine «plein de joie et de clarté»
11
MAÎTRE DENIS Le peintre de la grâce
13
LA BIBLE ET LES SAINTS L’imaginaire des icônes prend sa source dans l’histoire biblique et la vie des saints
15
LES MOTS POUR LE DIRE Quelques précisions utiles pour comprendre le monde des icônes
17
NICOLAS DE STAËL Une exposition pour l’été 2010
20
LES PHOTOS DE LÉONARD GIANADDA VONT EN VOYAGE Expositions des photographies de Léonard Gianadda à Évian et à Moscou
25 28 30
LA SAISON MUSICALE PLAN DE MARTIGNY LA ROMAINE LE PARC DES SCULPTURES Plan de la Fondation Pierre Gianadda et de ses jardins
COUVERTURE
Des fleurs au pied des icônes ■ Une exposition d’icônes n’est pas une exposition comme une autre. Léonard Gianadda se souvient de sa surprise, à une de ses premières visites à la Galerie Tretiakov, de voir de nombreux visiteurs déposer des fleurs au pied des icônes, «au sein même du musée». Les icônes sont d’abord des images sacrées et il y a une certaine jubilation à les contempler dans un lieu qui fut lui-même sacré, ce temple indigène autour duquel la Fondation Pierre Gianadda s’est construite. Moscou 1957, premier voyage d’un très jeune Léonard Gianadda en Russie. «Images saintes» 2009, troisième exposition d’icônes à la Fondation Pierre Gianadda. La capitale russe, ses grands musées, ses collections d’art ont durablement impressionné le Valaisan. Avec constance, Léonard n’a cessé d’arpenter, de creuser et de faire fructifier les sillons ouverts dans sa jeunesse. La Galerie Tretiakov tient une place importante dans l’histoire de Léonard Gianadda et de la Fondation qui porte le nom de son frère. En 1991, une action en mécénat avait permis la restauration du Théâtre juif de Marc Chagall et une première exposition à Martigny. En 1997, la galerie russe accordait un premier prêt d’icônes à la suite d’un deuxième mécénat. Bâtir une exposition uniquement sur ces images sacrées était alors nouveau. Cette année marque la 3e exposition d’icônes russe et la 7e collaboration entre la Galerie Tretiakov et la Fondation. C’est à chaque fois une exploration d’un autre pan de cette collection majeure, avec en 1997 les grands thèmes de l’Ancien et du Nouveau Testament, en 2000 les saints russes. Pour ces «Images saintes», Nadejda Bekeneva, commissaire de l’exposition, fait entrevoir la richesse des écoles stylistiques et de leurs iconographes. Une place particulière est donnée aux plus célèbres d’entre eux, Andreï Roublev, Maître Denis, Simon Ouchakov. Pour une exposition presque comme une autre. Véronique Ribordy
• Les Saints Elus: Parascève, Grégoire le Théologien, Jean Chrysostome, Basile le Grand, Détrempe sur bois, XVe siècle, 147 x 134 cm PAGE 3
• A ta droite se tient la Reine, Détrempe sur bois, Seconde moitié - fin du XVesiècle, 28,5 x 24 cm
IMPRESSUM Editeur Editions Le Nouvelliste S.A., R. de l’Industrie 13, 1950 Sion Rédacteur des magazines Jean Bonnard Rédactrices Véronique Ribordy et Antoinette de Wolff ©Pro Litteris, Zurich Réalisation Isabelle Grichting Impression Centre d’Impression des Ronquoz S.A., Sion Diffusion encarté dans «Le Nouvelliste» et distribué à la Fondation P. Gianadda Publicité Publicitas S.A., Sion Ce magazine est gratuit et ne peut en aucun cas être vendu
PAGE 3
Saintes comme des images, DEPUIS 1000 ANS LES ICÔNES RUSSES FONT LE PORTRAIT DU DIVIN
■ Le mot grec «eikôn», image, a
donné son nom aux images sacrées des chrétiens orthodoxes. Dans les pays orthodoxes, le mot désigne une représentation des saints, de la Vierge ou du Christ, ou encore une peinture des scènes de leur vie. Ces images codifiées sont regroupées depuis des siècles sur l’iconostase des églises orthodoxes. Sur cette cloison qui sépare les fidèles du lieu du mystère où le prêtre officie, les icônes se superposent, dans un ordre préétabli. Il arrive aussi que l’«Image» entre dans les habitations pour des dévotions privées. Le culte des icônes peut s’épanouir lorsque le christianisme devient religion d’Etat, sous le règne de l’empereur Constantin. PAGE 4
La «Sainte Face», Iaroslavl, dernier quart du XIVe siècle, détrempe sur bois, 104 x 74 cm, provient de l’église Saint-Nicolas de Novoïé, entrée en 1966 dans le fonds de la Galerie Tretiakov. Cette représentation du visage du Christ est dite acheiropoïète, non faite de la main de l’homme. Selon la tradition, le Christ imprime les traits de son visage sur le linge que lui tend Véronique dans la montée au Calvaire. Le prénom garde le souvenir de cette légende, Véronique, la porteuse d’image, ou selon les étymologies, la vraie image. Galerie Tretiakov Moscou
Dès 330, l’empereur fait de Byzance la capitale de l’Empire romain. Byzance devient Constantinople, la ville de Constantin. Les artistes de la cour impériale donnent une iconographie officielle à la nouvelle religion. La capitale devient le berceau de la
peinture d’icônes. Les plus anciennes icônes connues datent du Ve siècle. Elles sont conservées au Monastère Sainte-Catherine sur le MontSinaï. En 2004, la Fondation Pierre Gianadda avait d’ailleurs accueilli une partie de la collec-
tion d’icônes des moines du Mont-Sinaï lors d’une grande exposition intitulée «Trésors du monastère Sainte-Catherine, mont Sinaï Egypte». L’icône survit à deux crises iconoclastes, ou de destruction des images, aux VIIIe et IXe siècles. Contrairement à l’islam et au judaïsme, le christianisme finit par autoriser la représentation des êtres divins. Mais pour se conformer au caractère sacré des images, les peintres d’icônes obéissent à des règles strictes, dans leur vie comme dans leur art. Dessin, couleurs, représentation des personnages et des scènes sont fixés par écrit. Les icônes assument une double charge, celle d’objet de culte et d’outil de catéchisme.
les icônes orthodoxes Ni élément décoratif, ni illustration des textes de l’Ancien ou du Nouveau Testament, l’icône fait partie intégrante de la liturgie. Elle a son rôle à jouer lors des fêtes religieuses. Transportable, elle peut être amenée en procession ou prendre une place particulière dans les églises. Son usage se répand dans l’Orient chrétien. Il faut attendre le Xe siècle pour que le culte des icônes pénètre en Russie. En 988, le grand prince de Kiev, Vladimir, choisit le christianisme comme religion officielle. Il invite à Kiev des pein-tres de Constantinople qui emmènent dans leurs bagages la tradition des icônes byzantines. Plusieurs foyers de peintres d’icônes vont se développer par-
«La protection de la Mère de Dieu», Novgorod, seconde moitié du XVe siècle, détrempe sur bois, 74 x 50 cm, de la collection I.S. Ostrooukhov, entrée en 1929 dans la Galerie Tretiakov. La composition de cette icône est inspirée d’un épisode de la vie de saint André le Fol-en-Christ, qui a vécu à Constantinople vers le Xe siècle. Alors qu’il est en prières dans l’église des Blachernes à Constantinople, saint André a la vision de la Vierge, entourée d’anges, d’apôtres, de martyrs et de Pères de l’Eglise, entrant dans l’église et étendant son manteau en signe de protection au-dessus des fidèles. Le peintre d’icône a transposé cette scène dans une architecture russe à coupoles et à toits rouges. Galerie Tretiakov Moscou
tout en Russie, à Souzdal et Vladimir du XIIe au XVe siècle, à Iaroslav du XIIIe au XVIIe siècle, et surtout à Novgorod entre le XIe et le XVe siècle. L’influence byzantine disparaît peu à peu. Les peintres d’icônes russes
créent un style nouveau, moins sévère, plus populaire. Après la prise de Constantinople par les Turcs ottomans en 1453, Moscou s’affirme comme principal centre pour les peintres d’icône. Les ateliers les plus
fameux s’y concentraient déjà, avec Théophane le Grec (vers 1335-1410) proche des primitifs italiens, Andreï Roublev (vers 1360-1430), contemporain de Fra Angelico, ou Maître Denis (vers 1440-1508). Longtemps objet de culte, l’icône a accédé tardivement au statut d’œuvre d’art. Le premier collectionneur à exposer les icônes comme des œuvres d’art est Pavel Tretiakiov (1832-1898), marchand et industriel dans le textile, fondateur de la Galerie Tretiakov de Moscou. Les icônes n’étaient qu’une toute petite partie de son énorme collection occupant quarante salles d’une galerie spécialement construite à cet effet. ■■■ PAGE 5
Le supplĂŠment COMPLET et GRATUIT sur http://supplements.lenouvelliste.ch Bonne lecture !