Comment intégrer la * biodiversité dans le processus de revitalisation de la ville de bilbao. Application sur la peninsule de Zorrotza.
Nicolas Deshais - Fernandez Ecole Nationale Supérieure de l’Architecture et du Paysage Diplôme de Paysagiste DPLG Juin 2012
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Parce que le végétal est à mon sens l’allié du Paysagiste, ce mémoire traitera essentiellement de biodiversité végétale même si la diversité animale sera forcement évoquée.
Composition du jury Directeur d’études : Mr Philippe Richard Docteur de 3ème cycle en écologie végétale Enseignant à l’Ensap de Bordeaux : Mme Graziella Brasacq Ingénieur paysagiste personnalité extérieure : Mr Gilles Clément Paysagiste dplg Personnalité extérieure : Mme Flore Scheurer urbaniste à la mairie de bordeaux date de soutenance: 15 juin 2012
Une ville m’intéresse :
Bilbao, depuis toujours, elle m’intrigue. Encore plus depuis que je suis Paysagiste.
Un sujet m’intéresse : La biodiversité et la place de la Nature en ville.
« Comment intégrer la biodiversité dans le processus de revitalisation de la ville de Bilbao » Je réponds à la question par : 1. Une réflexion sur la biodiversité, qui m’amène à dire que la biodiversité c’est bon pour la ville. 2. Une analyse de
Bilbao qui m’amène à me poser des questions sur son futur visage.
3. Une analyse zoomée sur la péninsule de Zorrotza, un bout de terre qui attend quelque chose, mais quoi? A moi de le définir. 4. Un projet hybride qui restitue toutes les données vues et analysées dans les parties 1., 2. et 3. et qui répond à la question initiale.
Avant - Propos ” Prólogo ”
Mais qu’entend-t-on par biodiversité, par nature ? La biodiversité peut-elle être l’outil du Paysagiste ? Ce diplôme tâche justement d’y répondre à travers l’exemple de Bilbao et de l’analyse de son paysage. Observons la nature dans la capitale Biscaye, côté Espagne. Est-ce un hasard si au cœur du Bilbao historique, le long du quai de la Ria Nervion on trouve des vendeurs de nature et de plantes qui cohabitent avec les étals des bouquinistes ? Est-ce un hasard, si en face est planté sur son quai, le marché aux fleurs ? Où n’est-ce
pas ici le témoignage du besoin de nature qu’éprouve le citadin ? Besoin de nature qui s’exprime dans la ville au travers des parcs et jardins. À la racine de ce besoin se trouve l’idée d’une nature apaisante, poumon du citadin, porteuse de valeurs positives. La nature est sur le balcon, la terrasse et le toit. Elle est dans le quartier avec ses squares et jardins, dans la ville avec ses coulées vertes, sa nature ordinaire entre la façade d’un immeuble et le trottoir, dans les zones périurbaines soumises au « mitage » des espaces naturels. Elle est dans la région avec ses corridors biologiques qui assurent les continuités écologiques. À l’idée de la nature dans la ville doit donc s’ajouter l’approche complémentaire
de la ville dans la nature, du rôle de l’Homme en tant qu’acteur de la biodiversité urbaine. Si aujourd’hui, intégrer la biodiversité dans les décisions publiques représente un véritable défi peut-être par manque de connaissance, de formation, ou de volonté politique, on notera cependant une volonté croissante des collectivités pour maintenir et retrouver la nature dans les villes, en Espagne et partout en Europe. Aujourd’hui, on assimile, recrée, utilise un végétal longtemps rejeté pour construire la ville durable car la biodiversité ne s’arrête pas aux grandes étendues des forêts, elle est à notre porte, dans nos rues. La ville occidentale,
autrefois maîtresse d’une nature domptée, impulse aujourd’hui un nouveau rapport à la nature. La défense du « sauvage – patrimoine » est cependant très localisée. Les différences tant à l’échelle nationale qu’Européenne sont certaines. La ville de Bilbao, avec son lourd passé industriel accuse un retard certain par rapport à d’autres villes d’Espagne et de France telles que Madrid, Barcelone, Paris ou Nantes. Compte-elle rattraper son retard ? Si oui, comment ? Qu’est ce que Bilbao à de plus que Paris ou Barcelone n’ont pas ? Ce mémoire ce divisera en 4 parties. La première s’attachera à répondre à la question de la
biodiversité urbaine, de la nature en ville. La seconde partie sera l’occasion d’analyser le paysage de Bilbao. Son potentiel, son identité, ses forces et ses faiblesses à travers l’Histoire, d’hier à aujourd’hui, pour construire le Bilbao de demain. Fort de cette analyse, la troisième partie zoomera sur le site de la péninsule de Zorrotza. Zorrotza est tout à la fois porte d’entrée et issue de secours, vestige d’une activité portuaire et pépinière d’expressions en tout genre, scène et coulisse. Rares sont les lieux où tout est possible. Enfin, le projet final « hybride » tâchera de mettre en application l’ensemble des éléments abordés dans ce mémoire.
Sommaire ” Sumario ”
Le projet 4.0
Pourquoi il a mis un cerf en photo ? C’est une question de
ramifications. Le cerf, c’est un peu l’animal totem de ce diplôme. De ses petits bois duveteux poussent des bois toujours plus grands, toujours plus forts. Ce diplôme, c’est les bois du cerf. On commence par une idée, puis elle grandit, étapes par étapes. Puis un cerf, c’est quand même plus original qu’une graine !
Le chandelier composé de plusieurs cors de différentes tailles Le merrain ou la perche, hampe principale sur laquelle sont fixés les cors
La Meule
Les références et inspirations 3.2.1 Une démarche révélatrice des potentialités de Zorrotza 3.2 Arbres plantés, berges, friches et failles végétales 3.1.7 Evolution des paysages : l’histoire du site par le végétal 3.1.6 Relation entre degré d’imperméabilité du sol et biodiversité 3.1.5 Comprendre l’état actuel : analyse cartographique 3.1.4 Premier regard, intuitions et constats 3.1.3 Pour y venir 3.1.2 Voir depuis les berges opposées 3.1.1 Découverte de Zorrotza entre docks et failles végétales 3.1
Observations d’une péninsule - île 3.0
Conclusion Zorrotza - Projet Bilbao - Zorrotza Bilbao - Ville laboratoire
Réflexion sur la Biodiversité urbaine
Introduction
* ** *
104 80 60 26
2.6 Synthèse d’analyse territoriale 2.5.3 Le réseau de transport sur rails 2.5.2 Le projet de Zaha Haadi sur la Peninsule de Zorrozaure 2.5.1 Les plans stratégiques de revitalisation de Bilbao et leurs effets 2.5 Les mutations 2.4.3 Le passé industriel 2.4.2 Le port autonome linéaire du Grand Bilbao 2.4.1 Courte chronologie de l’histoire urbaine de Bilbao 2.4 L’urbain 2.3.6 La particularité des « Huertas » espagnols 2.3.5 La palette végétale des parcs, jardins et installations artistiques 2.3.4 La palette végétale des espaces urbains 2.3.3 La palette végétale des espaces plats 2.3.2 La palette végétale des versants de la ceinture verte 2.3.1 La ceinture verte « El anillo verde » 2.3 Le végétal 2.2.2 Entre enclave et ouverture 2.2.1 Bilbao sur la map-monde de zoom en zoom 2.2 La géographie 2.1.2 L’originalité de l’autonomie 2.1.1 L’indépendantisme basque, entre nationalisme et guerres 2.1 Le contexte politique
2.0 Observations d’un territoire contradictoire
*
10
*
08
1.3.2 Ce qu’en pensent les Bilbaïnos 1.3.1 Ce qu’en pensent les Parisiens 1.3 Le besoin de nature, attentes et représentations des citadins 1.2.3 Les impensés de la ville 1.2.2 Des réservoirs aux « cellules » de biodiversité 1.2.1 Du jardin ouvrier à l’éco-quartier 1.2 La nature dans la ville 1.1 Définitions des termes
1.0 Réflexions sur la nature et/est la ville
La biodiversité c’est un lieu, c’est l’homme, c’est la nature. C’est le mouvement, de l’homme dans la ville, du végétal entre les pavés. c’est une superposition, C’est un tissage, c’est une interaction, une association, une symbiose qu’il faut définir aujourd’hui, pour demain.
Introduction
Introduction ” Introducíon ”
ville s’avère un laboratoire des « nouvelles “ La
natures urbaines » avec prairies, forêts, friches, rives et rivages ”
Frédéric Mitterand Ministre de la Culture et de la Communication pour l’exposition « La ville fertile, vers une nature urbaine »
Bilbao, cette ville d’Espagne est désormais connue grâce au musée Guggenheim. C’est aussi une ville qui a exercé sur moi une attraction surprenante. Je sais y être venu, mais mes seuls souvenirs étaient ceux de la rouille et de l’ocre du fleuve. Cette ville, souvent détestée par ceux de passage, étiquetée des pires substantifs : pollution, terrorisme, industrie,
chômage, est devenue un objet de curiosité. Le premier contact avec cet espace urbain s’est fait de manière intuitive. Une intuition guidée par une écrasante envie de respirer. De sortir du bruit de la circulation, des klaxons. Car Bilbao, c’est la voiture ! Bien vite l’expérience du lieu me montre sa frénésie « destructoconstructive ». Comme si l’avenir de ce territoire devait indéniablement venir de là. Détruire la mémoire du lieu existant, pour mieux construire
l’identité du lieu à venir. Je me suis alors interrogé sur ce processus de « revitalisation » comme l’appellent les habitants de Bilbao. E t y m o l o g i q u e m e n t , revitaliser c’est « donner une nouvelle vigueur à des tissus organiques » (Larousse). Que vient faire un terme biologique, quasi médical, dans l’expression d’un renouveau urbain ? Pourquoi et en quoi diton d’une ville que c’est un organe
vivant ? Qu’ont de comparable le tissu végétal et/ou animal et le tissu urbain ? Quels éléments « vitaux » peuvent redonner la vie à un tissu urbain dépérissant ? C’est dans ce sens que vont aller mes recherches, partir de l’intuition pour aboutir à des questions, des réflexions et enfin un concept autour du végétal. Le végétal, notion à la fois proche des sciences et des arts sera un outil, une orientation
+ 09 dans la réflexion. Ce diplôme est à prendre comme une tentative de réponse personnelle à une problématique pouvant être urbaine, la biodiversité.
Réflexions sur la nature et/est la ville ” Reflexiones sobre la naturaleza y/esta la ciudad ”
Ce qu’en pensent les Bilbaïnos 1.3.2 Ce qu’en pensent les Parisiens 1.3.1 Le besoin de nature, attentes et représentations des citadins 1.3 Les impensés de la ville 1.2.3 Des réservoirs aux « cellules » de biodiversité 1.2.2 Du jardin ouvrier à l’éco-quartier 1.2.1 La nature dans la ville 1.2 Définitions des termes 1.1
Réflexions sur la nature et/est la ville 1.0
1
.0
Les villes qui se sont lOngtemps bâties en opposition avec la nature cherchent maintenant à lui redonner une place jusque dans leur cœur. LA BIODIVERSITÉ URBAINE C’EST prendre en compte l’être humain comme acteur de la biodiversité.
1.1 Définitions des termes Avant de débuter ce mémoire, il apparaît intéressant et important de rappeler quelques définitions. Qu’est ce que la Biodiversité ? La Nature? L’écologie? Qu’a de plus la Biodiversité urbaine ? Ces termes sont très souvent à mi chemin entre philosophie et conceptualisation d’idées.
Qu’est ce que l’Ecologie ? « Le terme « écologie » vient des mots grecs « oikos » (la maison) et « logos » (science, connaissance). Il désigne la science qui étudie les conditions d’existence et les relations entre les organismes et leur milieu. L’écologie pose comme principe que chaque être vivant est en relation continuelle avec tout ce qui constitue son environnement. Dans ce cadre, elle étudie les flux d’énergie et de matière qui circulent dans un écosystème. L’écologie urbaine, quant à elle, a été initiée dans les
années 1920 par l’école de Chicago, un mouvement d’architecture et d’urbanisme. Elle applique à la ville des grilles d’analyses et des méthodes jusqu’alors réservées aux milieux naturels. La ville devient alors l’écosystème de l’homme. » Geo.fr
Qu’est Nature ?
ce que la
« Lorsqu’on parle de la Nature, on veut parler du monde dans son ensemble, mais abstraction faite de ce que l’homme y a mis et des transformations qu’il y a faites. Elle comprend donc tout l’univers, l’ensemble des phénomènes naturels tels que les vents, les marées, la course des astres, elle comprend donc aussi la matière, les plantes et les êtres vivants, dont l’homme en tant qu’être vivant. » philo.fr
Qu’est biodiversité ?
ce que la
« La biodiversité (ou diversité biologique) se présente
sous un nombre considérable de formes et de modes de vie différents qui résultent d’adaptations des espèces aux contraintes qui les entourent. Et la vie se montre pour cela très inventive en moyens ingénieux créés pour s’alimenter, se défendre, se reproduire, coopérer, s’adapter aux milieux etc. Ces modes de vie variés forment un ensemble complexe et hétéroclite. Quelques exemples significatifs nous permettront d’entrevoir que le vivant, à travers son extraordinaire diversité, prend des formes et met au point des stratégies qui défient notre imagination, pour faire face aux contraintes de leur environnement ! De nombreuses perturbations, d’origine naturelle ou anthropique, modifient en permanence les écosystèmes. Bien qu’elles paraissent à première vue destructrices, elles peuvent parfois, sous certaines conditions, entretenir, renouveler, voire générer de la diversité biologique sur le long terme. On ne peut plus désormais aborder la biodiversité sans prendre en compte les contextes culturels et socio-économiques ainsi que les
relations dynamiques - c’est-à-dire en évolution - entre les écosystèmes et les activités humaines : Si le développement durable est une façon d’aborder conjointement la croissance, l’environnement et la question sociale, alors la biodiversité introduit une façon nouvelle de considérer les interactions entre les espèces, y compris l’espèce humaine, à toutes les échelles. Il s’agit maintenant d’aborder, à partir d’un nouvel angle de vue, des questions jusque-là sectorisées : l’exploitation touristique, l’agriculture et l’urbanisme entre autres, trouvent dans la recherche sur la biodiversité l’opportunité d’une conception très différente de celle à laquelle le public est accoutumé. » CNRS Qu’est ce que la biodiversité urbaine ? « La biodiversité urbaine est, comme son nom l’indique, la diversité du vivant et de ses habitats en ville. Elle est souvent qualifiée de biodiversité « ordinaire ». Loin d’être
péjorative, cette appellation est un complément de la biodiversité dite « remarquable » de nos aires protégées, exceptionnelle certes, mais souvent inaccessible aux citadins. Dans ce cadre, la biodiversité urbaine se veut être une nature en ville accessible, fonctionnelle et agréable (notion d’aménité écologique). Sa présence témoigne d’une urbanité réconciliée avec l’écologie. » Natureparif
Les notions de Nature et de biodiversité peuvent laisser apparaître des ambiguïtés et faire l’objet d’abus de langage. Il est de même pour l’ensemble des espaces verts urbains. Historiquement, l’espace vert est un espace de vide, d’aération qui s’associe à la construction d’un Grand Ensemble (HLM). C’est une notion des années 70 qui n’a plus vraiment d’intérêt à l’heure actuelle. Mais alors, par quel terme pourrions nous appeler ce qui, dans la bouche des citadins, reste toujours un espace vert ? Qu’ils soient artificiels (parcs et jardins entretenus, terrain de foot ou golf) ou naturels (berges, les Espaces Naturels Sensibles ou tout autre parc à la gestion différenciée), ces espaces verts sont toujours porteur d’une biodiversité, plus ou moins exacerbée. C’est au titre de cette biodiversité qu’ils seront appelés tout au long de ce mémoire, Espaces de biodiversité urbains (EBU).
Qu’est de urbain ?
Espace
ce qu’un biodiversité
Espace de biodiversité urbain désigne tout espace « vert » urbain qu’il soit naturel artificiel temporaire ou permanent. ” “ L’
(forêts, berges, réserves
naturelles, ...), ,
urbains...)
(parcs et jardins entretenus)
(friches industrielles, délaissés
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1.2 La nature dans la ville Vénérée par les peuples aux origines de l’humanité, source de grands mythes, inspiratrice des penseurs et des artistes, la Nature n’est devenue que très tardivement objet de connaissance. Depuis cette révélation elle est devenue une préoccupation majeure pour nos sociétés. Elle est aujourd’hui un enjeu politique et économique incontournable. Cependant, des conceptions divergentes de la nature dans la culture occidentale se sont manifestées depuis cette époque. D’une part, la ligne suivie par le classicisme français, italien et espagnol qui pense que seule une nature organisée et domestiquée, possède la valeur esthétique recherchée. Pour cette école de pensée, la nature sauvage est hideuse. A l’opposé, la tradition romantique allemande et anglosaxonne, fonde sa valeur sur le sentiment esthétique qu’inspire une nature authentique, originelle. Les jardins anglais illustrent la recherche de nature d’avant
l’Homme. Aujourd’hui, ce combat d’idées a tourné à l’avantage de la conception romantique. Toutefois, des conséquences positives peuvent en découler, comme l’introduction de la nature au coeur des villes et l’attention portée au vivant. Chaque époque apporte un nouveau rapport à la nature. Toujours présente, elle est abordée de manières différentes, à des échelles et des dimensions diverses. Tantôt utilisée pour « laver » un quartier trop insalubre, tantôt pour apporter une cohérence sociale. Elle ne laisse pas indifférent et possède toujours un rôle salvateur. Avec le développement de la voiture s’est opéré un étalement urbain et la fragmentation des espaces s’est accentuée au cours des dernières décennies. Des zones d’activités se sont spécialisées : zones dédiées aux commerces, aux loisirs, aux transports... C’est à la fin du XIX° siècle que s’amorce un zonage fonctionnel et social dans les villes industrielles. Les grandes industries s’installent en périphérie, tandis que les classes favorisées occupent le centre-ville historique. En réaction, se sont développées des
utopies qui cherchent à préserver la présence de la nature dans une optique hygiéniste ; il faut faire bénéficier les travailleurs du contact avec les éléments naturels.
De
la nécessité du contact avec la nature Lorsque la révolution industrielle a suscité l’exode rural, les nouveaux ouvriers d’usine autant par nécessité alimentaire, que par attachement à la terre, ont éprouvé le besoin de passer leurs rares instants de loisirs à biner le sol, à planter des légumes, à buter pommes de terre, à tailler quelques arbres fruitiers. De ce besoin ou de cette nécessité sont nés des potagers urbains : les jardins ouvriers appelés plus tard les jardins familiaux. Outre les productions de fleurs, fruits et légumes, les jardins ouvriers implantés en milieu urbain sont fréquentés par des oiseaux et insectes pollinisateurs et contribuent de ce fait à la biodiversité.
Une
réaction au fonctionnalisme : les citésjardins
1.2.1 du jardin ouvrier à l’éco-quartier Les Cité-Jardins sont un A l’heure du modèle de villes moyennes (30 000 développement durable, les habitants) construites à la périphérie éco-quartiers et quartiers des métropoles, entourées de terres agricoles, où chaque foyer pourrait habiter dans une maison entourée d’un jardin. La Cité-jardin semblait être la solution sociale aux problèmes posés par les anciens paysans entassés par l’exode rural dans les centres industriels. Le mariage entre la ville et la nature devait répondre au manque d’hygiène, à la promiscuité et à l’alcoolisme... La Cité-jardin est un ensemble de logements sociaux locatifs individuels ou collectifs, bénéficiant d’un aménagement paysager et comportant un jardin autour de l’habitat. Des commerces y sont installés et elle possède généralement des équipements collectifs : crèche, école, collège, piscine, squares, église, théâtre... L’intégration de ces structures éducatives, sportives et culturelles dans la cité-jardin lui confère une originalité par rapport aux grands ensembles de l’après-guerre et aux lotissements pavillonnaires actuels. Ce sont de véritables centres urbains, des petites villes installées en banlieue.
durables
Les constructions faites selon le label « Haute qualité environnementale » (HQE) visent l’intégration dans le bâti des principes du développement durable. Un éco-village pilote a été construit en Angleterre sans recourir aux énergies fossiles. Nommé BedZED, pour Beddington Zero Energy Development, il constitue un modèle dont s’inspirent d’autres projets. En quoi ces éco-quartiers sont-ils spécifiques d’une relation à la nature ? Probablement dans le recours facultatif à la végétalisation des murs et des toitures des bâtiments, ainsi que d’une gestion de l’eau et d’une palette végétale censée être mieux adaptée. Cependant, cela reste trop souvent superficiel et l’effet de mode des éco-quartiers tend à banaliser une démarche qui avait pourtant de bonnes intentions. Il est peut-être grand temps d’assumer un parti pris véritablement écologique où la biodiversité serait prioritaire à l’exposition Nord-Sud des maisons !
1 Jardins familiaux à la Source,
1
Source : Mairie de Dijon
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Source : Wikipédia
3
5
Source : Wikipédia
Source : Wikipédia
2
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3
4 5
4
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Orléans
Cité-Jardin de Hautepierre, Strasbourg Maison individuelle, Tours Eco-quartier de l’Heudele, Dijon Quartier durable de Malmö, Suède Eco-village BedZed, Angleterre
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Nous l’avons vu, la nature a toujours eu une place importante dans la construction de la ville. Elle a également une place dans son tissu déjà existant à travers les jardinières, squares, jardins et parcs publics. Isolés des uns des autres ils bénéficient des apports en espèces venant d’un énorme réservoir biologique que constitue la campagne environnante. En ville tous les espaces verts, parcs et jardins publics, jardins privés, constituent autant d’îles, de cellules végétales, isolées par des obstacles que sont les immeubles, les rues et les clôtures. Cet archipel d’espaces de biodiversité est cependant relié part des voies de passage empruntées par les espèces qui vont soutenir la diversité biologique de ces îles. Cours d’eau, végétation de bordure des voies rapides, friches des voies ferrées, cordon de haies dans un lotissement, coulées vertes, constituent autant de corridors biologiques qui assurent la continuité écologique nécessaire à la biodiversité en milieu urbain, sans pour autant constituer une trame verte continue. Les cours d’eau et leur ripisylve jouent un rôle majeur dans cette continuité, ce qui
explique les nombreuses opérations de réhabilitation urbaine de cours d’eau. Un changement de vision s’opère La pelouse rase, limitée par des haies agrémentée de parterres de fleurs et de quelques grands arbres, fait aujourd’hui figure de modèle dépassé pour les espaces verts et les jardins publics. Selon la formule de Gilles Clément : « le jardin combine l’industrie de l’homme à l’inventivité de la nature » et pour lui l’industrie du jardinier doit consister à « faire le plus possible avec, le moins contre. » Il définit ainsi le concept de « jardin en mouvement » : « Dans cette dynamique de gestion, l’une des manifestations les plus remarquables du jardin en mouvement vient du déplacement physique des espèces sur le terrain. Ce déplacement rapide et spectaculaire concerne les espèces herbacées à cycle court - annuelles, bisannuelles - qui disparaissent sitôt leurs graines formées. Le jardin en mouvement préconise de conserver les espèces ayant décidé du choix de leur emplacement. » La préoccupation de la « ville durable », aujourd’hui au coeur de tous les débats, a sans doute
1.2.2 des réservoirs aux « cellules » de biodiversité beaucoup à apprendre des réflexions et réalisations des trente dernières années. Car il est certain qu’une ville dense, qui évite de s’étaler, une ville qui optimise son urbanisation en fonction de la desserte de ses quartiers par les transports en commun, est d’abord un ville qui « exploite » au mieux les opportunités de son tissu existant, depuis son centre ancien jusqu’aux tissus urbains clairsemés et peu denses de ses lointains faubourgs.
La Garonne Coteaux de Bordeaux
Bilbao et Bordeaux, deux villes exemples Comparons Bilbao et Bordeaux, deux villes semblables. Leurs espaces de nature quoique dispersés (voir les schémas tout à droite), sont alimentés par de gros réservoirs de biodiversité en périphérie : les coteaux pour Bordeaux et les collines pour Bilbao. Cette proximité est un atout considérable pour la biodiversité des villes, qui s’enrichie ainsi grâce aux migrations d’animaux qui transportent les graines d’espaces de biodiversité en espaces de nature. D’où l’intérêt de préserver et/ou d’aménager des espaces de biodiversité généreux (l’exemple type des ceintures vertes) en périphérie des villes.
Ria de Bilbao
Collines de Bilbao Principe d’échanges de biodiversité entre les réservoirs et les espaces de biodiversité urbains.
Bordeaux et ses coteaux
Zoom observant les espaces de biodiversité dans le centre-ville
Espaces de biodiversité dispersés
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Bilbao et ses collines
Zoom observant les espaces de biodiversité dans le centre-ville
Espaces de biodiversité dispersés
1.2.3 Les impensés de la ville « Si l’on cesse de regarder le paysage comme une industrie, on découvre subitement une quantité d’espaces indécis, dépourvus de fonction, sur lesquels il est difficile de porter un nom. En ville, cet ensemble se situe aux marges, dans les espaces délaissés par l’aménagement. Entre ces fragments de paysage, le seul point commun est de constituer un refuge à la diversité. Cela justifie de les rassembler sous le terme unique de Tiers paysage. » Gilles Clément, Manifeste du Tiers paysage Schéma à gauche, la nécessité des coupures d’urbanisation pour le maintient d’une biodiversité urbaine, Gilles Clément
en se faisant. Espace rudéral, il est dans la ville, sans en être. Il est un fragment de nature survivante, mares en voie d’assèchement, talus ensauvagés, bocages en lambeaux, passages au détour de chemins qui ne vont plus nulle part... Ville dense, ville compacte, ville intense… et donc ville sans délaissés, friches ni jachères ? Des termes très divers qu’il convient de différencier de part leurs différences d’échelles et de rapport au temps : - La jachère, est un terme agricole qui désigne une parcelle de terre cultivable laissée sans culture afin de régénérer le sol. Il est ici question d’une pause en vue d’une amélioration agronomique.
- La friche, peut aussi bien
désigner un espace de prairie qui n’a plus été fauché depuis un certain temps qu’un espace à l’intérieur du tissu urbain. Une friche industrielle, portuaire, ferroviaire, laissant comprendre la fin de l’exploitation de l’espace. Elle sous-entends une réhabilitation future. - Le délaissé, c’est un oublié, un résidu qui reste après l’aménagement d’un espace, plus grand, dans lequel il s’inscrit. Telle une « ruine », il présente l’image inversée d’une ville qui se défait
Patrick Bouchain explique que « juridiquement, ces espaces n’ont pas lieu d’être. Déchus de tout statut, leur existence est inconcevable dans le cadre d’un zonage qui exclut par principe ce dont il ne peut référencer l’usage, économique ou social. Inclus dans toutes les catégories d’utilisation des sols, urbains ou ruraux, ils n’appartiennent à aucune, puisqu’ils ne satisfont pas aux valeurs que la norme leur rattache. Les délaissés sont légalement « invisibles. »
De n’apparaître nulle part, ils surgissent partout. Leur prolifération pathologique figure l’impuissance d’un système prisonnier de son abstraction. Pris au piège d’une représentation qui confond la carte avec le territoire. A la différence d’un délaissé, la friche est un épisode, une transition, une jachère qui se prolonge. Son abandon l’ouvre à la reconquête. Ni rendu, ni laissé à elle-même, pris dans les plis d’un tissu urbain qui le cerne d’oubli, capturé dans un non-dit économique et juridique, elle est le produit paradoxal d’une « exclusion inclusive ». Son abandon traduit son « exception ». Mais les délaissés sont des exceptions qui se généralisent. Toute construction, aujourd’hui, « projette », à son insu et malgré elle, le délaissé de demain. »
Les délaissés urbains, qui étaient autrefois les espaces naturels les plus dépréciés sont aujourd’hui valorisés en tant qu’espaces d’accueil de la biodiversité (voir l’exemple de la carte des ENU de Bordeaux à droite). Ce que Gilles Clément appelle
le tiers-paysage devient un élément marquant du paysage urbain. Une friche est encore trop souvent assimilée par nombre de citadins à un terrain vague, un « dépotoir » public. Elle renvoie une image d’abandon ; on voit là un exemple frappant de l’indispensable apprentissage par le citadin des nouvelles modalités de manifestations de la nature en ville.
Localisation des espaces de biodiversité urbains en fonction de leurs valeurs de biodiversité
Nicolas Deshais-Fernandez sous la direction de Philippe Richard pour le Jardin Botanique de Bordeaux
La prise de conscience du potentiel de biodiversité de ces espaces commence à apparaître chez certaines collectivités publiques. Comme ici, un travail de cartographie des délaissés et des friches urbaines leur attribuant une valeur de biodiversité. Ce travail a été impulsé par Philippe Richard, directeur du Jardin Botanique de Bordeaux. Une fois ce travail effectué, ces espaces sont incorporés à une trame verte plus globale, à l’échelle de la commune et inscrits au PLU pour en pérenniser les qualités. Ce travail est la preuve de la prise de conscience politique de l’importance de ces espaces, qu’ils soient des délaissés d’aménagements (talus, bords de routes...) que des friches industrielles, portuaires ou ferroviaires. En 1999 paraît la « Forêt des délaissés », projet de recherche porté par l’Architecte Patrick Bouchain et Gilles Clément. Cette analyse pointilleuse de la ville mettra en évidence un certain manque de rationalité. L’étude démontre qu’invariablement pour 100ha de ville fabriquée, 25ha se retrouvent
inévitablement délaissés. Friches, terrains vagues, à coté, en dehors, limites, non achevé, désaffecté, en attente font le paysage de cette vaste forêt. Preuve en est que les délaissés font partie intégrante de la construction de nos villes et que désormais il faut savoir composer avec.
Une Zone d’Aménagement Concerté en arrêt, Floirac
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Une friche industrielle, Bordeaux
1.3 Le besoin de nature, représentations et attentes des citadins 1.3.1 ce qu’en pensent les parisiens Cette réflexion sur la nature en ville ne serait complète sans un questionnement sur sa réelle nécessité. Est-elle plébiscitée par les citadins ? De quelle manière et sous quelle forme ?
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Selon que l’on s’adresse aux citadins, aux élus, aux divers acteurs intervenant en milieu urbain (Paysagistes, Naturalistes, Urbanistes, Architectes, Promoteurs immobiliers, Responsables économiques...), la nature dans la ville fait l’objet de perceptions et de représentations convergentes sur certains points, voire opposées sur d’autres. Si le besoin de nature du citadin est incontestable, les attentes diffèrent selon les groupes sociaux. Les pays d’Europe longtemps ruraux, structurés par des territoires aux fortes particularités, ont tous connus au cours du siècle passé un dépeuplement massif des campagnes, la population urbaine a dépassé la population rurale en 1950. Les descendants des gens de la campagne, citadins de première
ou seconde génération, manifestent aujourd’hui leur besoin de nature dans leur cadre de vie, sous de multiples formes. En premier lieu, ils recherchent de la verdure à domicile. « Pour ceux qui n’ont pas la chance de vivre à la campagne ou en maison individuelle avec jardin, le besoin de nature se traduit en appartement par une demande d’espaces végétalisés, ouvert sur l’environnement extérieur. Il s’agit, plus que d’un balcon, ou d’une terrasse, d’espaces privatifs où l’on peut se détendre, prendre ses repas, recevoir ses amis. Ces espaces privatifs offrent la lumière et sont des prolongements de l’appartement sur l’extérieur. Véritables jardins fantasmés, ils font l’objet de toutes les attentions des promoteurs... et de leurs habitants : plantes exotiques et végétaux de grandes tailles, mobilier adapté... » Anne-Laure Benoit, NaturParif. De multiples activités récréatives et sportives de plein air se développent en milieu urbain. La ville offre aux promeneurs et aux joggeurs des parcours pédestres ou accessibles aux vélos, aménagés dans ces grands espaces verts, parcs, berges, forêt urbaine, quand il y en a. Utilisés comme
lieux de rassemblements festifs, les espaces verts sont facteurs de mixité sociale, de convivialité à l’occasion de repas et de spectacles. Un micro-trottoir auprès de 31 personnes (habitant le quartier et hors touristes) interrogées Place des Vosges à Paris a été effectué dans le but de mieux connaître la demande sociale d’espaces de nature en milieu urbain. Cette enquête confirme d’abord la demande en espaces verts de proximité immédiate de leur logement. Le parc de proximité est plébiscité. La moitié des personnes interrogées vont presque chaque jour dans un parc principalement pour se promener. Au-delà de dix minutes de marche à pied, environ 500 m de distance du domicile, la voiture est préférée. La carte ci-contre confirme que l’ensemble des 31 personnes interrogées habite à environ 500 mètres de la Place. Pour eux c’est un lieu d’échanges, de discussions et de rencontres où les riverains viennent rompre l’isolement et renforcer les liens sociaux et on remarque que certains usagers vivant à deux pas d’un jardin public le considèrent même comme leur jardin privatif.
100 m
Distances Map
31 personnes interrogées Place des Vosges à Paris vivent dans un périmètre de 500 mètres
500 450
250
425 200
325
450 125
425
100 075
400 075
200 425
225 200 450
350
125
075 250
125
100
300
425 350 400
500
225
300
+ 21
500
Les entretiens ont permis, également, de distinguer chez les personnes enquêtées quatre types de représentations des espaces de nature en ville. Ils sont la preuve que chaque personne perçoit ces espaces de manière différente. Interrogés sur ce qu’étaient pour eux un square de quartier, les réponses ont été assez étonnantes voire déconcertantes ! Ce travail a permis de prendre en compte les réalités d’usages, il montre également l’étendue du travail de communication qu’il reste à faire pour ôter tous préjugés concernant les espaces plus sauvages en ville (perceptions des mauvaises herbes, et des espèces dites envahissantes par exemple). Cependant, et ce malgré les perceptions divergentes que peuvent avoir les citadins sur ces espaces, il apparaît très clairement qu’il est préféré une ville où la nature tient une place important que son inverse.
- L’espace de nature est une composante urbaine pour 12 des personnes interrogées. « C’est un endroit qui fait une transition entre les immeubles et la rue. »
« C’est vrai que c’est plus agréable de se promener dans une rue avec des arbres. Après, la biodiversité... Bon voilà quoi ! »
Guillaume 25 ans
- L’espace de nature est assimilé à de la verdure, terme incluant à la fois la nature artificielle (les pelouses bien tondues, le terrain de foot, le jardin) et la nature plus sauvage. Cette vision est partagée par 8 des personnes interrogées.
« Très souvent je me promène dans les parcs et jardins de Paris. Je ne vois pas bien la différence entre ceux qui sont censé être plus sauvages et les autres. Peut être à la quantité de mauvaises herbes qu’ont certains ! »
« Pour nous, les jardins du Château de Versailles, ça n’est pas un espace de nature, comme vous dites. C’est du béton, mais vert, je ne pense pas que ça puisse apporter beaucoup de biodiversité »
- L’espace de nature est une nature artificielle, pour 9 personnes qui ont une image négative de ce qu’ils perçoivent comme simulacre de nature. « Quelque chose qui ressemble à la nature, mais créé par l’homme (...), des lieux trop organisés (...), c’est de la nature en comprimé, mais en mauvais comprimé. »
- L’espace de nature est une zone protégée pour 2 des personnes de l’échantillon. Ce sont des territoires non construits de la ville, précieux par leur rareté, « qui sont sauvegardés, dans lesquels, les constructions sont interdites (...) des zones où on ne touche pas. »
Jean 71 ans
Julien et Marie 34 et 33 ans
« Ca fait du bien de voir que l’Homme délègue un peu à la nature pour construire SA ville. J’ai l’impression que les choses vont dans le bon sens. Il était temps ! » Marie-Agathe 45 ans
Youki, sans commentaires.
1.3.2 Ce qu’en pensent les Bilbaïnos « Je suis arrivé à Bilbao parce qu’un de mes oncles m’avait dit qu’ils recherchaient des dockers. Je l’ai été durant 50 ans. Autant dire que la nature, je ne la voit que depuis que je suis à la retraite. J’y promène mon chien. Je n’ai pas de voiture, alors bien souvent je vais le long de la Ria »
Reyes 69 anos
“ En Espagne, on a la culture de la promenade, el paseo, après le déjeuner jusqu’à 16h. C’est l’occasion de parler plus légèrement, mais aussi de pratiquer la ville. De voir les changements, les erreurs et ce qui marche vraiment bien ! ”
Inaki 47 anos
« Dès qu’il fait beau, on est tout le temps dehors. Du moment qu’il y a une table ou un banc, on se retrouve avec nos amis et on mange ! On préfère manger dans un parc que dans une rue ! » Carmen y Carlos 22 y 24 anos
« Mon grand-père et mon père étaient tous deux agriculteurs, ils cultivaient les oranges et les olives autour de Madrid. Mon mari est pépiniériste en périphérie de Bilbao. J’ai toujours baigné dans le végétal, Il y a encore 20 ans, Bilbao c’était moche, sans vert, il y a eu un gros travail de végétalisation des rues. »
Marisol 52 anos
Mes entretiens m’ont ensuite conduit à Bilbao. Les réponses aux questionnaires ont étaient sensiblement les mêmes. L’espace de nature en ville est toujours considéré comme un lieu de rencontres à ceci prêt que les Espagnols ont dans leur culture, el paseo, une promenade digestive après le déjeuner qui les amènent à pratiquer peut être d’avantage leur ville. Peu avares en anecdotes, j’apprendrai ici l’évolution du visage urbain de Bilbao avant même de le découvrir. Ville industrielle qui se métamorphose d’année en année en ville de plus en plus verte, il n’en fallait pas moins pour réveiller en moi la curiosité de découvrir cette ville.
+ 23
Réflexions sur la nature et/est la ville ” Reflexiones sobre la naturaleza y/esta la ciudad ” « Comment intégrer la biodiversité dans le processus de revitalisation de la ville de Bilbao » Ce que cette partie réflexion nous apprend : 1. Les Espaces de biodiversité urbains sont l’ensemble des espaces « verts » d’une ville.
+ 24
2. Ils constituent des « cellules » isolées mais alimentées par des réservoirs périphériques (ceinture verte) 3. Les friches et les délaissés urbains sont aussi des EBU et pas des moindres. 4. Les citadins ont besoin d’espaces de biodiversité à plus d’un titre. 5. Ils ne doivent pas être à plus de 500 mètres de distance du logement pour ainsi limiter l’usage de la voiture.
A retenir � A retener �
+ 25
observations d’un territoire contradictoire ” observaciones de un territorio contradictorio”
Synthèse d’analyse territoriale 2.6 Le réseau de transport sur rails 2.5.3 Le projet de Zaha Haadi sur la Peninsule de Zorrozaure 2.5.2 Les plans stratégiques de revitalisation de Bilbao et leurs effets 2.5.1 Les mutations 2.5 Le passé industriel 2.4.3 Le port autonome linéaire du Grand Bilbao 2.4.2 Courte chronologie de l’histoire urbaine de Bilbao 2.4.1 L’urbain 2.4 La particularité des « Huertas » espagnols 2.3.6 La palette végétale des parcs, jardins et installations artistiques 2.3.5 La palette végétale des espaces urbains 2.3.4 La palette végétale des espaces plats 2.3.3 La palette végétale des versants de la ceinture verte 2.3.2 La ceinture verte « El anillo verde » 2.3.1 Le végétal 2.3 Entre enclave et ouverture 2.2.2 Bilbao sur la map-monde de zoom en zoom 2.2.1 La géographie 2.2 L’originalité de l’autonomie 2.1.2 L’indépendantisme basque, entre nationalisme et guerres 2.1.1 Le contexte politique 2.1
Observations d’un territoire contradictoire 2.0
2
.0
Bilbao est passée d’une stratégie de reconversion à une d’innovation. La stratégie est la clef et naît de la capacité d’examen de la réalité, d’identifier les opportunités et d’assumer les options responsables avec la volonté politique.
2.1 Le contexte politique 2.1.1 L’indépendantisme basque, entre nationalisme et guerres Pour comprendre le territoire contradictoire de Bilbao il faut d’abord connaître les étapes historiques qui sont peut-être un début d’explication à l’ambivalence qui nourrit ses habitants, à la fois ouverts aux autres cultures et pourtant si attachés à la leur. Mais l’identité d’un peuple ne peut se contenter d’être réduite à son attachement territorial, elle est également liée à son vécu, à sa mémoire collective.
+ N 28 ationalisme et guerres
carlistes
Au 19° siècle, les guerres carlistes opposent dans toute l’Espagne, les partisans d’une monarchie traditionnelle, les carlistes, à la branche régnante des Bourbons qui acceptait la monarchie constitutionnelle. Le Pays Basque fût, durant ces guerres, majoritairement favorable aux carlistes qui défendaient à la fois le catholicisme et promettaient de maintenir les fueros (libertés et privilèges locaux traditionnels : absence de service
militaire, privilèges fiscaux, régime douanier particulier). A chaque fois, les carlistes furent battus par les libéraux. La loi du 26 Juillet 1876 abolira définitivement les fueros. Les défaites carlistes vont créer un sentiment anti-Madrid et anti-centralisateur qui servira de base au nationalisme basque. Ce dernier apparaît en 1895 à une époque où le problème des nationalités se manifeste aussi en Catalogne et secoue toute l’Europe, de l’Irlande aux empires russe et austro-hongrois. Le nationalisme se développe lentement. Son bastion est la ville de Bilbao (100 000 habitants en 1900), le centre urbain le plus important du Pays Basque dont il occupe la mairie à plusieurs reprises. Nationalisme et franquisme La guerre est une fois de plus la composante essentielle du 20° siècle en Pays Basque. En 1936 le Général Franco débarque en Espagne avec ses troupes marocaines. Le Pays Basque est directement visé. C’est là que se trouvent les usines, les aciéries,
les banques et les ressources. Franco frappera fort pour anéantir Bilbao. En 1937, les troupes entrent dans Bilbao, la ville est prise, le gouvernement basque part en exil à Bayonne. S’installent alors de longues années de dictature, pendant lesquelles le pays est saigné à blanc. En 1975, la mort de franco annonce la naissance d’une toute nouvelle démocratie. Nationalisme et démocratie Depuis 1975, les manifestations régionales se sont considérablement développées. La réaction à l’oppression culturelle franquiste a vivifié le désir de renaissance et de reconnaissance des cultures régionales. Le bilinguisme dans les écoles a été généralisé. Les journaux et les chaînes de TV basques font leur apparition. Le basque (l’Euskara) devient langue officielle au même titre que l’Espagnol. Les documents, les panneaux de signalisation, les noms de villes, villages et lieux divers subissent le double affichage basque et espagnol.
Traditionalisme et technicité En 1980, une crise profonde touche l’industrie de la ville, obsolète. Elle laisse derrière elle un paysage désolant, pollué, où l’emploi se fait rare. L’entrée de l’Espagne dans l’Union Européenne, prévoit une restructuration de tout ou presque. Bilbao verra poindre une nouvelle réforme urbaine et surtout économique. L’économie passée de Bilbao, essentiellement axée sur l’industrie lourde a fait la ville. Son économie future devra chercher son oxygène ailleurs. De tous temps Bilbao a intéressé les financiers, les plus grandes banques du pays y ont leur fiefs et de nombreuses entreprises leur sièges sociaux. Bilbao est la deuxième place boursière d’Espagne. La volonté d’attirer les investisseurs est dans tous les esprits, comme étant l’élément salvateur. Les nouvelles technologies sont notamment mises en avant. On propulse le système universitaire et les nouvelles formations, on veut surtout donner l’image d’une ville d’Avant-garde. Quant à l’installation du musée Guggenheim, image la plus Avant-
gardiste et techniciste de Bilbao, il ne faut pas oublier qu’elle a fait l’objet de vifs débats. Dans une ville en déclin économique, l’intérêt pour cet investissement n’était pas unanime, sans compter la crainte latente de voir s’affaiblir la culture basque au profit d’une culture internationale.
2.1.2 L’originalité de l’Autonomie Depuis la mort de Franco en 1975 et à l’issue d’un processus de transition démocratique achevé en 1978, l’Espagne a choisi un modèle de monarchie parlementaire affirmant deux principes fondamentaux et indissociables. Le premier expose que « la souveraineté nationale réside dans le peuple espagnol ». Le second reconnaît « le droit à l’autonomie des régions et des nationalités ». Un équilibre délicat est donc posé d’emblée entre l’expression de l’unité du peuple et de l’unicité de la nation espagnole d’une part, et la reconnaissance de la pluralité des composantes de cette nation en différentes nationalités et différentes entités territoriales d’autre part. La Constitution espagnole de 1978 inscrit l’organisation des institutions dans le cadre d’un partage entre les prérogatives de l’Etat et celles des communautés autonomes. Au cours des trois dernières décennies, le principe fondateur de cet « Etat composé
» (Estado compuesto) est devenu réalité. De vastes pans de compétences ont été transférés de l’Etat vers les autonomies et des pouvoirs régionaux « périphériques » ont vu le jour. C’est le cas notamment de la Communauté Autonome Basque. La Basque
communauté
autonome
Contrairement à la France, l’Espagne reconnaît et garantit dans sa constitution le droit à l’autonomie des régions et des trois nationalités: le Pays Basque, la Catalogne et la Galice. Les Parlements des 17 régions espagnoles votent leurs propres lois et les gouvernements régionaux peuvent donc, selon la majorité élue, mener des politiques tout à fait différentes. Toutes les régions espagnoles ne disposent pas du même niveau d’autonomie : Chacune négocie avec l’Etat l’étendue et le nombre de ses compétences. Celles-ci peuvent être extrêmement larges puisque seules la défense, la représentation diplomatique et les douanes relèvent de la compétence exclusive
de l’Etat. L’autonomie financière est elle aussi plus ou moins étendue selon les régions. Le Pays Basque et la Navarre ont le pouvoir de déterminer et de gérer seules la quasi-totalité de leurs impôts après versement d’une partie à l’Etat. Les institutions Communauté Autonome Basque
de
la
La Communauté Autonome Basque (Euskal Autonomi Erkidegoa en basque) est l’une des 17 régions ou Communautés autonomes de l’Etat espagnol. Depuis 1979, son système institutionnel dit « d’autogouvernement » s’organise autour d’organes communs, un parlement et un gouvernement, et d’organes propres à chacune de ses trois provinces. Le Parlement, situé à Gasteiz, capitale de la Communauté Autonome Basque, est composé de 75 députés, élus au suffrage universel direct tous les 4 ans. Chacune des trois provinces (Araba, Bizkaia et Gipuzkoa) élit le même nombre de députés (25), indépendamment de sa population.
Le Parlement basque vote le budget de la Communauté autonome, élit parmi ses membres le Président du gouvernement basque (le Lehendakari), contrôle son action et vote les lois de la Communauté. Le Lehendakari nomme lui-même ses ministres qui forment avec lui l’exécutif autonome. Les lois adoptées par le Parlement basque ont la même autorité que les lois de l’Etat espagnol. De plus, le Parlement basque dispose d’une compétence exclusive dans les secteurs de l’enseignement, la santé, les moyens de communication, le développement économique, l’agriculture, la culture, l’urbanisme, le logement, les transports, le tourisme, le patrimoine… Enfin, la Communauté Autonome Basque dispose, depuis le ‘Concierto economico’ (accord économique) signé en 1981, d’une très grande autonomie financière. C’est elle qui détermine librement sa politique fiscale, perçoit et gère les principaux impôts : impôt sur le revenu, impôt sur les sociétés, TVA… Alors qu’en France l’Etat finance par ses subventions
l’essentiel du budget des régions, la Communauté Autonome Basque finance les charges de l’Etat espagnol en lui versant chaque année une part (environ 8 %) de ses recettes fiscales.
+ 29
2.2 La géographie 2.2.1 Bilbao sur la map-monde de zoom en zoom Bilbao
* Porto
Perpignan
+
+ Barcelone
+ + Madrid
+ 30
+ Bayonne
+
+
+ Valence
Baléares
Lisbonne
+ Faro
+ Seville + Malaga
+ Gibraltar euta + CGoogle Earth 2012 modifiée
Mar Cantabrico Cantabria
*
Au nord de l’Espagne dans la partie de l’Ibérie humide sur l’étroit littoral de la mer Cantabrique, se trouve le Pays Basque espagnol. Une profonde ria, la Ria de Bilbao. loge dans ses méandres la ville de Bilbao. Le Pays Basque est l’une des dix-sept régions espagnoles, il est constitué de deux communautés
Bilbao
Biarritz
San Sebastian
Bizkaia
Bilbao Vitoria
Logrono autonomes : l’Euskadi et la Navarre. La communauté autonome d’Euskadi est elle même divisée en trois grands territoires historiques. Se sont les provinces de Viscaya, Guipuzcoa et Alava. (une province est l’équivalent d’un département français). Bilbao est la capitale de la Province de Viscaya (2 240km2). Tout comme en France, il existe des regroupements de Municipios (communes) appelés Comarcas (parfois traduites par comté ou pays en français, désigne
Gipuzkoa
Araba
Pamplona
Les provinces
La communauté autonome d’Euskadi
Santander
Francia
Navarra
Burgos
sous forme francisée une division territoriale, culturelle, économique ou administrative). Bilbao est le chef-lieu de la Comarca del gran Bilbao. La commune de Bilbao est elle-même divisée en 8 districts (quartiers) : Deusto, Uribarri, Otxarkoaga - Txurdinaga, Begona, Ibaiondo, Abando - Ensanche, Rekalde et Basurto - Zorrotza.
La Rioja
+ 31
La Comarque du Grand Bilbao
Influence des Marées sur 15 km jusqu’au Casco Viejo
+
A
600
Baie de Bilbao
10
Versant Sud
150
50
550
+ RBiailbaode
100
200 10 A
450
300
10
300
A’ 300
560 100
500
+
Rivière 10 Nervion
300
+Rivière
Kadagua
500
A’
Versant Nord
Bilbao et ses districts
1
8
+ 33
7 6
3
1
District Zorrotza
2
District Rekalde District Abando
3
200m
2
4 5
5 6
4
7 8
District Ibaiondo District Casco viejo District Otxarkoaga District Uribarri District Deusto
2.2.2 Entre enclave et ouverture Bilbao est à la fois au creux de sept collines et le long d’un estuaire. C’est en ce lieu de rencontre d’eaux douce et salées que la ville s’est installée, à l’abri des envahisseurs et des pirates. Sa naissance et son développement sont liés à cette situation géographique double. La ville a adapté sa croissance urbaine en fonction de cette donnée fondamentale qu’est son territoire, son lieu. Avec les siècles, le lit naturel de la Ria de Bilbao a été domestiqué. On a dragué les fonds,
orienté les marées, canalisé les rives sur les 15 kilomètres qui séparent Bilbao de la mer. Sur celles-ci ont été aménagés des quais, darses, chantiers navals, entrepôts, usines et habitations au fur et à mesure que disparaissaient les plages, les bancs de sable, les îles, et l’estuaire lui même. A l’encontre de ce double enfermement , il existe une ouverture « dynamique », celle de la mer. Bilbao, est le dernier bastion terrestre du nord de l’Espagne, une ouverture sur les routes internationales, un exutoire. C’est une ville à la fois fermée et ouverte, fin et début. C’est un Quartier de l’Abando
Vers le Casco Viejo
Forêt de Pagasarri
endroit fait de contradictions et d’ambiguïtés. L’eau aussi est contradictoire, ce n’est ni la mer ni un fleuve, c’est la Ria. Le système fluvial est aussi l’artère hydrologique principale de la Viscaya. Il est celui que constituent les rivières Nervion et Ibaizábal, qui s’unissent en formant un estuaire qui reçoit les noms de Ria de Bilbao, du Nervion, de l’Ibaizábal ou du Nervion-Ibaizábal. Cet estuaire d’une longueur de 15 km permet ainsi aux eaux salées du large de pénétrer à l’intérieur des
terres. Son principal affluent est la rivière Kadagua qui sert de limite entre Bilbao et Barakaldo. Cette eau, axe « génétique » est cependant polluée, peu accessible, elle divise le territoire en deux rives qui communiquent peu ou pas du tout. La Ria a souvent souffert de l’action humaine par les nombreux dragages, la construction de quais et surtout par la construction du canal de Deusto, un bras d’eau artificiel excavé entre 1950 et 1968 à la hauteur du district de Deusto qui avait comme fonction de faciliter la navigation. Musée
Guggenheim
Torre
Iberdrola
Cette action a eu des résultats négatifs sur la qualité de l’eau. Toutefois, les dernières années ont montré une amélioration grâce aux épurations des eaux usées et à la régénération naturelle. On peut maintenant observer des algues, soles, crabes et oiseaux marins, jusqu’alors disparus.
Ria de Bilbao Vers la mer
Photo prise depuis le point de vue de la Forêt d’Arxanda
*O
uverture sentiment d’apesanteur
+ 35
*E
nclavement sentiment de pesanteur
2.3 Le végétal
2.3.1 La ceinture verte « El anillo verde »
*
Parque de Pagasarri
+ 36
*
Parque de Artxanda
Depuis 1994, Bilbao promeut l’idée de la constitution d’une ceinture verte métropolitaine, « El anillo verde » qui suit la ligne de crête des collines encerclant la ville. L’objectif du projet est de créer un réseau continu d’espaces naturels, agricoles et forestiers et d’instaurer un système de gestion intégrée de ces espaces afin de les préserver de la pression urbaine. La ceinture s’appuie sur un réseau de parcs naturels déjà existants et cherche à développer des couloirs biologiques afin d’assurer la connexion des espaces protégés. Le projet s’inscrit dans une démarche de gestion territoriale durable dont il est le principal emblème. Soutenu par une volonté politique, il a fait l’objet d’initiatives originales comme la constitution de consortiums pour la gestion des entités préservées et l’utilisation de l’outil de communication pour des finalités ciblées. Néanmoins, les difficultés que rencontre aujourd’hui le projet montrent bien les limites de l’engagement politique en matière de protection environnementale.
Ces espaces naturels sont facilement accessibles à pied. Ils servent de zone tampon et de poumon vert entre le milieu urbain et l’environnement rural. La restauration écologique et paysagère de ces espaces et les aménagements adaptés à une fréquentation du public ont permis d’intégrer la nature dans la ville, en équilibrant l’offre des zones vertes pour tous les quartiers. Les connexions entre les espaces verts urbains et les espaces naturels à vocation agricole ont ainsi été favorisées, ce qui a eu une augmentation notable de la biodiversité. En parallèle, les nouvelles activités liées au loisir vert, à l’éducation et à l’environnement se sont développées. Les possibilités de divertissement et d’apprentissage sont nombreuses : promenade, observation de la faune, de la flore ou du paysage… Les activités d’éducation, d’animation et de recherche sont également variées. Elles servent à rapprocher les habitants de la Ceinture Verte et ont pour but de les sensibiliser à la protection et à la richesse de ce patrimoine. Ces activités sont tournées vers le milieu scolaire mais
aussi les personnes âgées ou les particuliers. Les zones humides de Artxanda, dont la restauration a supposé une forte croissance des espèces végétales et faunistiques, constituent un atout important. Aujourd’hui, cette enclave constitue un des principaux lieu d’hibernation et de nidification d’oiseaux aquatiques du Pays Basque. Il faut aussi souligner l’intérêt d’un troupeau de cerfs, introduit artificiellement pour l’entretien de la végétation humide, ainsi que la présence d’une petite chênaie, témoignant de ce que fut dans le passé la végétation caractéristique du lieu.
Intégration de la Ceinture Verte de Bilbao dans le grand paysage de collines forestières de la Comarque de Bilbao
Sestao
La péninsule de Zorrotza est le dernier espace qui pourrait boucler la ceinture et ainsi faire le tour complet de Bilbao.
Portugalete
Barakaldo
Chemin de Grande Randonnée Chemin de Compostelle Chemins secondaires
Sondika
+ 37 Etxebarri
Llodio
Basauri
Source : Bilbao en construccion
2.3.2 la palette végétale des versants de la ceinture verte
Cette géographie en cuvette de la ville amplifie les effets d’un climat océanique, généralement doux, sans températures extrêmes. En janvier, la température moyenne est de 9 °C, elle est de 21 °C en juillet. Les précipitations sont d’environ 1200 mm par an. Les chaleurs extrêmes sont fréquentes quelques jours chaque été, principalement quand des vents du sud soufflent à travers les montagnes et que les températures montent à cause de l’effet de Foehn. Bilbao
+ 38
*
Pinède
possède donc un climat hybride, mélange de climat océanique humide et de climat méditerranéen sec. Cette contradiction s’observe davantage sur les versants des collines qui encerclent la ville. D’un côté, un versant exposé au Sud reçoit une végétation dense et désordonnée de type Pinède à Bouleaux avec la présence originale et inattendue d’Oliviers, de Thym, de Chênes lièges et verts, d’Arbousiers. Le versant exposé au Nord, moins ensoleillé mais plus humide possède un palette végétale plus étonnante encore, avec la présence de la Dicksonia, une fougère arborescente.
Le couvert forestier est quand à lui essentiellement composé d’une Hêtraie plantée. Dans cette palette végétale, les arbres et arbrisseaux à baies tels que l’Arbousier, l’Olivier sauvage ou la Myrtille, sont des alliés très importants pour la biodiversité. Se sont de véritables gardemanger pour les animaux. Autre étonnement botanique, la Grassette, plante carnivore aux larges feuilles engluées. L’exploitation forestière locale est présente sur les deux versants, créant des coupures dans le paysage collinaire. Les
*
Culture d’Eucalyptus
sylviculteurs ont privilégié la culture de l’Eucalyptus pour sa croissance rapide. Certains locaux l’appellent même l’or vert, c’est dire son importance dans l’économie Bilbaïna. Ainsi, des tâches bleues ponctuent et embaument les versants plus sombres plantés de Pins. Bilbao est un port, les espèces méditerranéennes naturalisées ici sont soit le résultat d’échanges soit le hasard d’une graine perdue au fond d’un bateau, d’un fruit rapporté par un marin, qui c’est naturalisé par la suite et c’est développé sur les versants des
collines. Ces espaces naturels, seulement accessibles à pied, en vélo ou à cheval, font partie d’un ensemble plus vaste. Bout à bout, ils constituent la ceinture verte de Bilbao « El anillo verde » qui encerclent la ville. Véritable atout pour la biodiversité urbaine, mais aussi pour le bien-être des Bilbaïnos. Chaque fin de semaine, ils se retrouvent en famille ou entre amis pour profiter de la vue et du contact avec la nature.
*
Bouleaux
*V
ersants sud à tendance méditerranéenne Thymus vulgaris L. - Thym Arbutus unedo L. - Arbousier Quercus ilex L. - Chêne vert Olea europaea L. subsp. oleaster D.C. - Olivier sauvage Quercus suber L. - Chêne liège
*V
+ 39
ersants nord à tendance montagnarde Vaccinium myrtillus L. - Myrtille Fagus sylvatica L. - Hêtre Betula verrucosa L. - Bouleau
*S
ous-bois frais
Digitalis purpurea L. - Digitale Dicksonia antartica Labill. - Fougère arborescente Pinguicula grandiflora Lam. - Grasette
2.3.3 la palette végétale des espaces plats Bilbao, de part sa géographie possède des milieux riches et variés. A l’inverse des collines qui sont fréquentés quotidiennement par la population locale, les espaces naturels de la plaine alluviale sont beaucoup plus secrets. Nous retrouvons ainsi des vasières, que l’eau saumâtre des marées recouvrent régulièrement. La Lavande de mer et la Salicorne,
deux halophytes, témoignent de la présence de ce sel venu de la mer. C’est un milieu très intéressant qu’il est rare de trouver dans une ville de cette envergure. C’est un écosystème précieux qu’il convient de préserver. Suivant les courbes de la Ria, les berges des rivières sont également des milieux d’une infinie richesse écologique qui constitue un enjeu majeur dans la prise en compte de la biodiversité en ville. Elles sont ici composées de Joncs et
de Saules et de Ronces qui tendent à prendre la place d’un cortège de plantes de milieux humides plus riches. Néanmoins, la ronce n’est pas pour autant à éliminer totalement de ces milieux, en effet elle est un abri impénétrable et est un apport nutritif important pour petits animaux. La palette végétale des espaces plats s’enrichie des végétaux des friches. Espaces oubliés ou en attente de devenir, ils sont le fief d’une nature qui reprend
ses droits. Ses sols, généralement de composition artificielle et compactes, voire imperméables, sont pourtant des lieux où les Figuiers, les Sureaux noirs et les Buddleias aiment se développer. Ces trois espèces sauvages sont de bien précieuses alliées pour la biodiversité. Loin des clichés d’une nature envahissante et incontrôlable, elles sont essentielles à la dynamique naturelle de ces lieux. Le Buddleia est un véritable « HLM » de biodiversité, nourrissant de son nectar une multitude d’insectes, eux mêmes consommés par de plus
grands animaux. Le figuier et le Sureau sont des arbres généreux en fruits qui constituent des réserves de nourriture. Même l’herbe de la pampa prouve son utilité comme refuge. La végétation spontanée de Bilbao est originale et contradictoire à bien des égards ce qui offre un large choix de palettes végétales réutilisable pour le Paysagiste.
+ 40
*
Friches en bord de voie férrée
*
Vasière en bord de Kadagua
*
Berges de Zorrotza
*F
riches
Cortaderia selloana Stapf. - Herbe de la pampa Ficus carica L. - Figuier Ulmus campestris L. - Orme champêtre asières Sambucus nigra L. - Sureau noir Limonium vulgare Mill. - Lavande de mer Sambucus ebulus L. - Yèble Salicorna europaea L. - Salicorne Buddleja davidii Franch. - Arbre à papillons
*V
+ 41
*B
erges
Juncus effusus L. - Jonc diffus Salix viminalis L. - Osier Salix caprea L. - Saule marsault
Péninsule de Zorrozaure et de Zorrotza
2.3.4 la palette végétale des espaces urbains Contrairement aux villes françaises, au bâti relativement bas, Bilbao a grandi en hauteur pour répondre au manque de place engendré par sa géographie. Avec la révolution hygiéniste de la fin du 19° siècle et la période des Ensanches (voir la partie « l’urbain »), vient la volonté d’assainir la ville et la création des premiers parcs urbains. L’espace
alloué
aux
trottoirs sur les rues secondaires est limité. Les arbres doivent être de développement moyen et s’adapter à des conditions urbaines difficiles (peu d’espace pour les racines, tailles strictes pour éviter de toucher les façades, fosses de plantations exiguës). Le service des espaces verts de la commune teste depuis 5 ans de nouvelles essences, plus diversifiées, et observe les comportements de chaque espèces dans le but d’avoir des arbres en meilleure santé, donc moins coûteux en entretien. Il a
été observé des Orangers (Citrus sinensis), des Bouleaux (Betula verrucosa), des Lilas des Indes (Lagestroemia indica), des Erables argentés (Acer saccharinum) ainsi que des Camphriers (Cinnamomum camphora).
*
*
Les alignements d’arbres, sont généralement composés de Platanes (Platanus x hispanica Muen.) pour les plus anciens longeant la Ria, mais aussi formés d’essences plus exotiques comme les Jacarandas (Jacarandas mimosifolia)
et les Palmiers (Phoenix spp.). Ces essences venues outre-atlantique sont majoritairement originaires d’Amérique Latine, Mexique, Argentine, Paraguay, anciennement des colonies du Royaume d’Espagne. Pas étonnant que nous retrouvons dans les rues de Bilbao des arbres qui nous font penser à celles de Mexico ! Le manque de place pour l’installation de végétaux a poussé la ville de Bilbao à investir ses trottoirs et ses places de jardinières, bacs et
autres conteneurs pour recevoir des arbustes de petit développement. Nous constatons une riche palette végétale d’arbres et arbustes mais une faible diversité d’herbacées, annuelles, bisannuelles et vivaces. C’est un choix économique. Il est question de pérenniser le patrimoine arboré de la ville. L’entretien répété que réclame les annuelles ajoute un surcoût.
+ 42
*
Oranger (Citrus sinensis L.)
Camphrier (Cinnamomum camphora (L.) J. Presi)
Erable argenté (Acer saccharinum L.)
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Jacaranda (Jacarandas mimosifolia Juss.)
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Lila des Indes (Lagestroemia indica L.)
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Parvis du Guggenheim
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EntrĂŠe de parking
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Place San Inazio
+ 43
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Paseo Santo Domingo
*
Rue Euskari
*
Paseo Santo Domingo
2.3.5 la palette végétale des parcs, jardins et installations artistiques Il existe toujours dans l’inconscient des Bilbaïenos une volonté de rentabiliser l’espace, de l’optimiser. Cela se ressent sur les parcs et jardins de la ville, souvent de moyennes ou petites tailles, s’adaptant à la micro-topographie urbaine, ils sont bien souvent dans un coin pour ne pas « gêner » le passage ou un rassemblement festif, cher aux Espagnols. Très souvent on les retrouvent associés
à un espace public minéral, plus large et ouvert. Dans l’esprit des citadins se sont des mini scènes, des objets d’art contemporains, imaginés par des artistes. Bilbao est une ville de culture et d’art, les parcs et jardins sont intégrés dans les programmes de manifestations. Tous les 2 ans, la fondation Bilbao700 organise un concours international de jardins urbains dispersés et temporaires dans la ville. 2012 fêtera le 4ème
anniversaire de cette manifestation, témoin d’un intérêt récent des Bilbaïnos pour les jardins. On peut citer l’emblématique Puppy de Jeff Koons, ce chien de 12 mètres de haut habillé de fleurs de saison qui monte la garde devant le Musée Guggenheim ou le « Jardin sur l’escalier » de Balmori. Ce sont des espaces de vie, qui racontent tous une histoire et qui sont systématiquement intégrés dans l’espace qui les
entourent. La ville n’est pas plate et possède beaucoup d’escaliers ? On fait monter des jardinières de Korten sur les marches, rendant le jardin dynamique. Guggenheim est l’emblème du renouveau urbain de Bilbao, c’est aussi une « niche » (non pas écologique !) mais artistique, Puppy, ce tient devant sa porte comme pour indiquer son entrée. Aujourd’hui il y a une volonté d’innovation dans les parcs et jardins de la commune.
Toujours d’esprit contemporain ils deviennent des éléments de décors au même titre qu’une sculpture. On entre alors dans une relation très intime et originale entre le végétal, utilisé dans l’oeuvre et l’urbain. Il n’existe plus d’un côté le pavé et de l’autre l’herbe, les deux sont imbriqués. Mieux encore, le végétal vient sublimer un environnement minéral dans une mise en scène quasi théâtrale.
+ 44
*
Plaza Nueva (la plus ancienne, 19ème siècle)
*
Plaza Moyua (20ème siècle)
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« Puppy » de Jeff Koons
*
« Jardin sur l’escalier » de Balmori
2.3.5 la particularité des « Huertas » espagnols Le mot espagnol huerta vient du latin hortus, jardin ; c’est une agriculture jardinée urbaine qui caractérise des parcelles irriguées du pourtour de la Méditerranée. Leur importance est très variable allant de la parcelles individuelles « sauvage » à l’ensemble de parcelles regroupées en association telles que sont nos jardins ouvriers. Ils se développent, sans autorisations, spontanément, dès qu’il y a une dent creuse dans le tissu urbain.
Aussi bien en bas d’un mur, que sur une morceau de trottoir détruit par des travaux. Ils témoignent des difficultés financières de certains habitants pour se nourrir. Les parcelles d’environ 100m2 sont toutes plantées au minimum d’un arbre fruitier, Figuiers, Abricotiers ou Cerisiers et clôturées de haies basses composées de Pittosporum et de Ronces. On y cultive selon les saisons, des Fèves, Pommes de Terre, Oignons, Poireaux, Tomates, Poivrons et
beaucoup de Maïs qui rentre dans la composition du Talo, une galette de farine de Maïs traditionnelle du Pays Basque.
lié à la possession du sol. Chaque huertanos possède une armada de bidons pour récupérer l’eau de pluie.
L’irrigation par puits reste individuelle car on reconnaît l’usage de l’eau profonde à celui qui l’a trouvée sur sa terre. Un véritable code coutumier de l’eau a été élaboré et reconnu par les huertanos. Les seigneurs autrefois, les collectivités de propriétaires aujourd’hui règlent méticuleusement le tour d’eau. Le droit à l’eau est
Depuis l’entrée de l’Espagne dans l’Union Européenne, les huertas ont une image négative, rappelant le passé agricole d’une Espagne en pleine mutation. Ils sont pourtant la trace « écrite » des besoins vitaux d’une population. En 2010, un recensement à Bilbao a déterminé un peu plus de 2 hectares de Huertas, preuve en est
que ces jardins complémentaires sont toujours d’actualité. Parce qu’en dehors des circuits de zonage urbain, construit de bric et de broc, beaucoup pensent que se sont de petites friches dans la ville. Il n’en est rien. Ils se développent en marge des aménagements au même titre que les friches et autres délaissés. Pourtant, ces huertas sont la caractéristique paysagère la plus originale et la plus singulière des villes espagnoles.
+ 45
*
Les Huertas de Zorrotza, 7 Huertanos, 1000m2.
2.4 L’urbain 2.4.1 Courte chronologie de L’histoire urbaine de Bilbao
*
Source : The Hebrew University of Jerusalem & the Jewish National and University Library - Bilbao en 1744.
Source : Plano del ensanche de Severino de Achúcarro, Pablo de Alzola et Ernesto de Hoffmeyer - Bilbao en 1876.
+ 46
Bilbao s’est historiquement installée sur les terrains plats aux bords de la Ria aux alentours de 1300 dans le quartier aujourd’hui appelé Casco Viejo. Jusqu’en 1850 la ville n’a quasiment pas évolué.
*
Il faut attendre entre 1857 et 1923 et la période des « Ensanches » (extensions), pour voir des interventions localisées pour répondre à la pression démographique. C’est aussi l’époque de la révolution industrielle, de l’extension du port et l’excavation du canal de Deusto.
Le quartier historique de Bilbao est le Casco Viejo, vieux casque en français, donné pour sa forme urbaine. Il est installé sur la rive droite de la Ria. D’une superficie d’environ 1km2, il est le plus petit quartier de la ville. Il suit un modèle de cité médiévale caractéristique avec des immeubles serrés et des
rues très étroites. Quartier musée, c’est un lieu où les Bilbaïnos vont peu, préférant le quartier de l’Abando, dans l’Ensanche de l’autre côté de la Ria où l’ambiance y est plus festive. Lorsque l’on est touriste nous nous dirigeons spontanément vers ce « centre-ville », mais nous nous rendons vite compte qu’il est bien ailleurs ! La densité du tissu urbain est découpé de 2 places et
d’un parvis, celui de la cathédrale Santiago. Les Plaza Nueva et Miguel de Unamuno sont les seuls espaces où l’on respire un peu. La Plaza Nueva contraste avec le reste de l’architecture du Casco Viejo. De style Neoclassique du 19ème siècle elle a été construite sur l’ancienne mairie, déplacée plus en aval à la suite d’un incendie. La Plaza Miguel de Unamuno est quand à elle la plus
ancienne place de Bilbao, servant à la fois de place de marché et de lieu de jugement public. Si toutefois les rues du Casco Viejo sont plus sombres qu’ailleurs, les façades sont bien plus colorées rappelant que Bilbao est avant tout une ville de culture basque.
*
2 1 4
1
Entrée de la Plaza Nueva
2
Plaza Nueva
3
*
3
Le Casco Viejo et la Plaza Nueva au nord
Rue Dorre
4
Plaza Miguel de Unamuno
*
Entre 1924 et 1937 la mairie élabore des plans d’extensions et des propositions globales et planifiées pour répondre à une demande toujours croissante de logements.
Source : Plan de Extensión del Ensanche de Bilbao por Federico Ugalde - Bilbao 1923
+ 48
*
Aujourd’hui
Bilbao compte environ 350 000 habitants et la Comarque environ 950 000 pour une densité de 8 500 habitants au km2, ce qui en fait la 5ème aire urbaine d’Espagne. Les prochains plans d’extensions ont été validés pour la péninsule de Zorrozaure qui a vu ses activités portuaires migrer vers le port extérieur en 2009. Seule la péninsule de Zorrotza à l’extrême Ouest de la ville reste sans futur dessiné.
Casco viejo
*
Zorrotza
* *
Abando
La beauté de Bilbao est liée à ses principes d’urbanisme : l’Ensanche, la ville conçue au 19ème siècle qui constitue aujourd’hui le coeur du Bilbao des affaires, du commerce, de la culture et des distractions, suit un plan assez proche de celui de Barcelone, quoique moins systématique : des
rues larges, des places rondes ou elliptiques, immeubles à pans coupés aux carrefours. Se trace ainsi une ville d’autant plus lisible que le sol est plat et le paysage urbain encadré par le repère des montagnes en arrière-plan. Les croisements, par leur taille et leur forme, s’inscrivent dans une hiérarchie urbaine claire : La place Moyua elliptique qui sert de destination aux axes les
plus larges et notamment aux avenues obliques qui tranchent sur la grille orthogonale des rues, places circulaires, carrefours. Les immeubles sont de taille similaire (un haut rez-de-chaussée, quatre ou cinq étages plus des combles) et emploient des figures communes (grandes loggias, bow-windows dans les quartiers les plus bourgeois), mais la diversité des styles assure
le permanent renouvellement du paysage urbain. Aux carrefours, les immeubles à pans coupés rivalisent pour attirer l’attention du passant, transformant chaque croisement en petit spectacle urbain. Dans le pays basque français, les goûts et les couleurs ne se discutent pas mais se conforment à un standard : volets de couleur mate (rouge, bleu, marron, vert), limitation des hauteurs, toits
à pans dissymétriques...). Côté espagnol, les villes ne procèdent pas à la même recherche du pittoresque, l’affirmation de l’identité passant par des voies autres qu’architecturales. Difficile de déterminer vraiment un style basque espagnol.
*
3
1
2
*
1
2
L’Ensanche et la Plaza Moyua en son centre
Façade Art Nouveau
Immeuble à pans coupés
3
Bow-windows en bois
2.4.2 Le port autonome linéaire du grand bilbao L’espace urbain de Bilbao est un territoire décomposé, fragmenté, tout juste articulé autour d’un port continu et d’un magma industriel en plein déclin le long de la ria. Les grandes zones portuaires occupent les rares terrains plats de l’estuaire (Zones rouges sur la carte ci contre) lui conférant très rapidement une condition de port linéaire. Rapide historique de la relation port/ville :
+ 50
Au Moyen Age, la ville et le port vivent en totale symbiose, la vie sociale s’organise autour de l’importation de marchandises qui arrivent et partent du port. Jusqu’à la fin du 18ème siècle le port est dans la ville avec ses entrepôts. Le 19ème siècle et l’ère de l’industrialisation amorce la séparation de la ville et du port. Au 20ème siècle, le système intégré ville-port est définitivement brisé par le gigantisme naval de la deuxième moitié du 20ème siècle. Le port de Bilbao, deuxième du pays, constitue avec
les mines, l’industrie et la finance, l’axe du pouvoir économique de la province de Viscaya. C’est pourquoi son expansion fait partie des préoccupations premières de la ville. Le port de Bilbao, à l’origine fixé au fond de la Ria près de la ville, n’a cessé de se déplacer vers l’aval pour gagner plus de profondeur et d’espace. En 1997, l’activité portuaire de Bilbao disparaît et c’est le début des transferts des installations portuaires vers le Port Extérieur. En 2002, il est question du transfert des installations portuaires de Zorrotza. En 2011, toutes les activités portuaires sont concentrées à Santurti et au Port Extérieur.
libérés. C’est le cas notamment dans le quartier de l’Abandoïbarra à Bilbao où à la place des entrepôts du port a été construit le célèbre musée Guggenheim.
Résultat, des terrains plats prêts à être réinvestis. Afin de libérer ces espaces très convoités, des travaux de grande envergure ont été entrepris pour agrandir le port extérieur. Le projet actuel met en place la création d’une superficie d’esplanades de 3,5 millions de m2 et 8 km de quais avec des profondeurs de plus de 25m. La première phase de ces infrastructures est d’ores et déjà achevée et certains terrains
Port linéaire en plein centre ville, Bilbao diffère des autres villes portuaires qui possèdent leur activité marchande en périphérie.
Ces terrains sont ceux potentiellement disponibles pour une nouvelle régénération urbaine. Ils sont issus essentiellement des espaces post-industriels obsolètes, des installations portuaires et des espaces que les trois sociétés de chemin de fer (deux espagnoles, Rente et Feve, et une basque, Eusko-tren), ont libéré. Ils constituent à eux seuls une superficie de plus de 660 hectares et concentrent de nombreux atouts quant à leur situation et leur état.
2
La typologie des villes portuaires est conditionnée la plupart du temps par la configuration des aires géographiques : - la baie, villes panoramas embrassant une anse naturelle, typologie méditerranéenne ancienne (Gênes 1 , Trieste, ...) - Le port linéaire le long d’un fleuve (Bordeaux, Bilbao 2 , ...) - Le port compact, configuration complexe donnant naissance à des docks (Londres, Amsterdam 3 , Liverpool, ...) - Le port éclaté, « quartiers portuaires » dispersés (Stockholm, ...) - Le port artificiel, ports asiatiques en eaux profondes (Tokyo 4 , ...) - La grille américaine, donnant naissance à un « système répétitif de jetées perpendiculaires à la terre » (New York 5 , ...)
1
3
4
Terrains du Port Autonome de Bilbao
5
2.4.3 Le passé industriel
+ 52
L’industrie de la sidérurgie et de la métallurgie, liée au Port Autonome, occupe traditionnellement une place prépondérante dans l’économie basque. Au XIXème siècle, l’exploitation des nombreux gisements miniers permet à la région de développer une industrie du fer et de l’acier. En 1880, le territoire basque de Bizkaia s’impose comme la première région productive d’Espagne en minerai de fer. Au début du XXème siècle, de nouvelles industries se développent et prospèrent : papier, chimie, machines-outils, biens d’équipement, construction navale. Après 1975 la Communauté autonome basque subit de plein fouet deux épreuves : l’ouverture de l’économie espagnole à la concurrence et la crise énergétique et sidérurgique mondiale. Euskadi traverse alors une crise industrielle sans précédent : faillites en cascades, taux de croissance nul voire négatif certaines années, taux de chômage oscillant autour de 20 %. Au début des années
1990, alors que la plupart des pays d’Europe se désengagent de l’industrie lourde, le gouvernement basque dirigé par le EAJ-PNV fait au contraire le choix de sauver l’industrie traditionnelle et de diversifier le secteur en misant sur l’innovation. Aujourd’hui, les parts de marché de l’industrie basque au sein de l’industrie espagnole illustrent la réussite de la reconversion industrielle de la communauté basque: la machine-outil représente 80 % de la production espagnole, l’acier, l’électroménager et l’électronique professionnelle 40 %, l’automobile 30 % et l’aéronautique 22 %. Le territoire de la Ria de Bilbao tel que nous le connaissons aujourd’hui est donc le résultat de phénomènes successifs aussi bien naturels et sociaux que politiques et économiques. Historiquement, le développement industriel de la ville s’est placé sur la rive droite de la Ria, ce qui correspond entre autre à l’Abandoibarra, c’est un secteur de travailleurs et de prolétaires, alors que la rive gauche, Deusto, correspond à un secteur bourgeois.
Ce clivage urbain à radicalement changé après les années 70 avec la crise industrielle et la crise pétrolière de 1973. L’activité industrielle de Bilbao n’était pas compatible avec la préservation des ressources naturelles et de la biodiversité. Elle est responsable de la contamination profonde de la Ria, de l’atmosphère et des problèmes liés aux stockages et à la gestion des résidus de fabrication. En 1995, la Ria de Bilbao fait parti des 30 fleuves les plus pollués d’Europe au même titre que la Seine. De gros travaux de dépollution, de décontamination, de dragage et de traitement des eaux usées, jusqu’alors rejetées directement dans le fleuve ont été mis en place. L’emplacement des industries a généré une déconnexion entre plusieurs secteurs des rives, bloquant ainsi l’accès à l’eau et fût à bien des égards un obstacle pour le développement de projets urbains dans des zones pourtant centrales.
*
Armatures mĂŠtalliques inscrites
*
*
Sede, papeterie
*
Sader, cimenterie
Los Hornos Altos de Vizcaya sur la pĂŠninsule de Zorrotza, inscrits sur le cahier de prescription urbaines de Bilbao
2.5 Les mutations 2.5.1 les plans stratégiques de revitalisation de Bilbao et leurs effets Après 1975 et la mort de Franco, un certain nombre de décisions politiques vont influer sur le statut géo-politique de Bilbao. Au début des années 80 Bilbao est paralysée, d’une part par le climat de résistance sociale face à la crise, incapable d’accepter sa faillite économique et d’autres part, avec son incapacité à utiliser la poussée économique des pays limitrophes comme exemple et moteur.
+ 54
En 1989, à l’orée des jeux olympiques de Barcelone et de l’exposition Universelle de Séville toutes deux prévues en 1992, Bilbao prend conscience de son retard. Elle prendra également conscience de la nécessité d’une action commune sur l’ensemble du territoire. Le Bilbao Métropolitain est en train de se former sur les 14km de Ria. On entre alors dans un processus de projet urbain entre planification et réalisations-événements. Le début des années 90 marque la naissance d’un Plan Stratégique de Revitalisation
du Bilbao Métropolitain, promu par l’Association Metropoli 30, créée pour l’occasion. « Le plan stratégique est de nature politique, il est lancé et conçu sur l’initiative du Gouvernement Basque et de la Province de Vizcaya. Le schéma directeur du projet s’appuie sur un axe d’urbanisation qui suit la Ria, attribuant à ses rives de nouvelles activités à dominante récréatives, commerciales, culturelles et résidentielles. Il vise le réaménagement d’espaces portuaires et s’assimile aux waterfronts. » (Source Bilbao Metropoli 30) Le Plan Stratégique pour la Revitalisation de Bilbao comporte 8 objectifs dont les axes principaux sont la régénération de l’environnement, de l’urbain et la centralité culturelle. La régénération des aires urbaines dégradées a été donné à des architectes de renommée internationale pour réaffirmer l’image de la métropole au delà de son territoire. La participation à élaboration du Plan a été donné à des acteurs du secteur publique : le Gouvernement Central d’Espagne représenté par l’Entité
Publique d’Usage du Sol (SEPES), l’Autorité Portuaire de Bilbao, le Gouvernement Local représenté par les Mairies de Bilbao et de Barakaldo, la Province de Viscaya, le Gouvernement Basque, ainsi que Bilbao Ria 2000 et Bilbao Métropoli 30. Entre 1993 et 1994, s’ensuit l’élaboration d’un Plan Territorial Partiel de l’aire métropolitaine et la création de la Bilbao Ria 2000 (une société anonyme au capital publique qui est chargée de réaliser le découpage du sol selon son usage futur et de réaliser les plans d’urbanismes), chargée de mener à bien les projets établis sur les différents terrains. « Le Plan Territorial Partiel est un plan physique qui détermine des objectifs et des modalités d’aménagements à l’échelle d’un territoire intercommunal. » (Source Bilbao Ria 2000) Il est l’instrument de planification du territoire et de la commune déterminant les grandes zones à régénérer. C’est en quelque sorte le Plan Local d’Urbanisme (PLU) français. Une fois approuvé, la Mairie lance un concours d’idées
où divers Paysagistes, Architectes, ou Urbanistes présentent leurs projets. Les exemples les plus emblématiques sont la création du musée de Guggenheim comme impulsion de revitalisation du quartier de l’Abando et la réhabilitation à venir de la presqu’île de Zorrozaure par l’architecte Zaha Haadi. Ainsi, la Ria se consolide comme axe vertébral de la métropole, articulant les espaces résidentiels et les activités tertiaires, tout en représentant un élément urbain emblématique.
bilbao.net
bilbao.net
*
bilbao.net Le quartier de l’Abandoïbarra ou Abando avant et après renouvellement urbain. Au premier plan du nouveau quartier, le Guggenheim.
Plan stratégique de revitalisation de Bilbao datant de 1994. En rouge, les espaces plats pouvant accueillir une urbanisation. Depuis, le choix s’est porté sur la densification du tissu existant.
2.5.2 Le projet de Zaha Haadi sur la Peninsule de Zorrozaure
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zahahadid.com
zahahadid.com
// Programme : Rénovation et construction de logements, de nouvelles industries, les usages tertiaires, des espaces urbains et de loisirs ainsi que de nouvelles connexions qui relient la péninsule et la ville. // Client : Comité de gestion du développement urbain de la presqu’île de Zorrozaurre. Zaha Hadid a réalisé le plan directeur conceptuel pour la péninsule, une zone de 60 hectares juste en face du centre ville. Cette ancienne zone portuaire, devenue disponible par la migration du Port Autonome, va devenir le lieu de résidence de près de 15.000 nouveaux résidents et offrira des ateliers, des laboratoires et des bureaux pour près de 6.000 travailleurs. Le quartier est défini par un lien étroit avec l’eau, avec des quais pour amarrer de
petites embarcations privées, des étangs, des promenades, et des bars au bord de l’eau afin d’encourager les loisirs le long du canal. Cinq ponts sont aussi prévus pour connecter l’île à la ville. Dont un qui permettra d’accéder à la péninsule de Zorrotza, plus en aval et dernier espace en attente de renouvellement urbain. La péninsule est séparée du reste de la ville par le canal de Deusto. Il va être prolongé pour mieux contrôler les inondations. Zorrozaurre deviendra une véritable île, occupant une position stratégique dans l’expansion future de la ville. La péninsule sera densement construite. L’ouverture du site crée une opportunité pour le développement d’installations sportives avec un large appel régional. Tout aussi important, le système de transport sera prolongé sur Zorrozaurre et au-delà, reliant les quartiers en aval vers le centre ville.
2.5.3 Le réseau de transport sur rails
Zorrotza Zorrozaure
Métro Ligne 1 Bilbao - Getxo Extension métro Ligne 1 San Inazio - Portugalete 2010 Métro Ligne 2 Bilbao - Basurto Extension Métro Ligne 2 de Basurto à Portugalete en passant par Zorrozaure et Zorrotza 2015 Voie ferrée Renfe Bilbao - Santurtzi
bilbao.net
+ 57
bilbao.net
bilbao.net
Le métro de Bilbao est la colonne vertébrale la plus importante de l’aire métropolitaine. Deux lignes parcourent le centre ville de Bilbao et bifurquent pour parcourir les deux rives de la Ria de Bilbao, la Ligne 1 par la rive droite et la Ligne 2 par la rive gauche. Le métro de Bilbao a été ouvert le 11 novembre 1995. 36 stations composent le réseau. Dessinées par l’architecte
britannique Norman Foster, on y accède par des structures de verres qui ont pris le nom de leur créateur : les fosteritos. En 2015, chaque quartier de l’agglomération sera traversé par le métro y compris les futurs quartier de Zorrozaure (de Zaha Hadid) et de Zorrotza. La première ligne de tramway d’EuskoTran parcourt tout
le centre de Bilbao, reliant Basurto avec Atxuri à travers Abandoibarra, symbole de la régénération urbaine de ville. Les futures lignes de Tramway vers Zorrozaure et Zorrotza sont à l’étude.
observations d’un territoire contradictoire ” observaciones de un territorio contradictorio” « Comment intégrer la biodiversité dans le processus de revitalisation de la ville de Bilbao » Ce que cette partie analyse territoriale nous apprend : 1. Bilbao est une ville de contradictions, à la fois enclavée dans ses collines et ouverte vers la mer. 2. Les Espaces de biodiversité urbains de la ville son multiples et riches d’une flore variée.
+ 58
3. La constitution d’une ceinture verte est un atout pour la biodiversité de la ville et participe à l’amélioration du cadre de vie des Bilbaïnos. 4. Ville portuaire, la migration du Port Autonome en dehors de ses limites administratives rendent des terrains disponibles à d’éventuels projets. 5. C’est une ville « laboratoire » qui aime l’innovation. 6. La peninsule de Zorrotza est le dernier vestige d’une activité portuaire, c’est aussi le dernier espace sans planification ni futur.
A retenir � A retener �
+ 59
observations d’une péninsule - île ” observaciones de una peninsula - isla ”
Les références et inspirations 3.2.1 Une démarche révélatrice des potentialités de Zorrotza 3.2 Arbres plantés, berges, friches et failles végétales 3.1.7 Evolution des paysages : l’histoire du site par le végétal 3.1.6 Relation entre degré d’imperméabilité du sol et biodiversité 3.1.5 Comprendre l’état actuel : analyse cartographique 3.1.4 Premiers regards, intuitions et constats 3.1.3 Pour y venir 3.1.2 Voir depuis les berges opposées 3.1.1 Découverte de Zorrotza entre docks et failles végétales 3.1
Observations d’une péninsule - île 3.0
3
.0
zorrotza est une péninsule de 28 hectares qui fonctionne pourtant comme une île, séparé de son continent par le chemin de fer madrid-Bilbao, et le périphérique. Elle constitue le dernier espace « en devenir » du grand Bilbao
+ Péninsule de Zorrotza
3.1 Découverte de Zorrotza entre docks et failles végétales
San Inazio
+
*
+
Zorrozaure Deusto
+
+
Musée Guggenheim
200m
+
Abando
+
Casco Viejo
Google Earth 2012
Zorrotza et Bilbao
+ Barrakaldo
*
+ 281 578 m2 = 28 ha 0
50
100
Barrakaldo
+
San Inazio Port autonome
200m
Ria de Bilbao
+
Rio Kadagua
+
Abattoirs municipaux
+ 63
+Chemin de fer
+
Madrid -Bilbao Complexe
+ +
+
sportif de
Zorrotza Rue Fray Juan
+ Quartier de Zorrotza
Ambulances de Bilbao Centre commercial
+
Peninsule de Zorrozaure
+ Google Earth 2012
ThÊâtre Arsenal de Bilbao
3.1.1 Voir depuis les berges opposées 1 1
Silhouette de Zorrotza depuis les berges de San Inazio. On observe les quais bétonnés, les grues de manipulations, les entrepôts de stockage et les collines en fond.
+ 64
2
Silhouette de Zorrotza depuis les berges de Barakaldo On observe les berges plus sauvages, enfrichées et riches d’une flore spontanée.
2
3.1.2 Pour y Venir La péninsule est accessible exclusivement par la route via un tunnel, sous la voie de chemin de fer, au niveau de la station ferroviaire Zorrotza. Aucun pont ne la relie au reste du territoire. Cernée par une eau « barrière » et une voie de chemin de fer, Zorrotza est un bout du monde, une pointe exclue. Cette exclusion s’explique par l’usage passé qui était fait de cet espace. Anciennement lieu de stockage et de manutention du Port Autonome, l’essentiel des échanges se faisait par l’eau. D’où l’absence « pragmatique » d’accès terrestres compensés par des quais bétonnés le long des berges de la Ria.
+
Zorrotza
Station ferroviaire de Gurutzeta-cruces
Station ferroviaire de Zorrotza
Stations ferroviaires Voie ferrée Routes sur le site
+
Musée Guggenheim 200m
Cependant, la péninsule de Zorrotza pourrait à terme, être le prolongement des aménagements effectués sur le quartier de l’Abando et du Guggenheim.
+
Abando
Les berges, jusqu’alors sauvages, peuvent accueillir le passage de piétons et ainsi connecter Zorrotza au centreville. Google Earth 2012
3.1.3 Premier regard, intuitions et constats
*
Des mots pour décrire Zorrotza
Pour y venir
Voir l’état actuel
+ 67
Condition - Etat
Matériaux & Histoire
Nature
Structures
Actions
3.1.4 Comprendre l’état actuel : Analyse cartographique La cartographie de l’occupation du sol nous montre que 50% du site est en surface imperméable (béton, goudron ou sol très compacté). 20% sont des Espaces de biodiversité urbains. L’imperméabilité du sol est une donnée capitale. Est-ce imperméable en profondeur ? Pouvons nous détruire les chapes de béton et les parkings de goudron ? Devons nous les détruire entièrement ? Partiellement ? Les réponses à ces questions agissent sur le visage que peut prendre un projet mais aussi sur son coût.
O ccupation du sol d’après la photo aérienne
Espace de biodiversité
+ 68
Espace bétonné
50 % Surfaces
imperméables
25 % Bâti 5 % Reste d’armature 20
industrielle % Surfaces perméables
0
50
100
200m
20 % Particuliers 35 % Port Autonome
(Rétrocession en 2013 à la Mairie)
30 % Mairie de Bilbao 15 % Société ferrée Feve appartenance du foncier
d’après le Registre des propriétés
(Rétrocession en 2013 à la Mairie)
30% de la superficie totale de la péninsule appartient déjà à la Mairie de Bilbao et plus de 80% le seront après rétrocession des terrains du Port Autonome et de La FEVE en 2013. Ce pourcentage permet de faciliter la mise en place d’un projet futur, limitant les expropriations et autres complications administratives. Friche ferroviaire de la FEVE
+ 69
« Main de manutention », Port Autonome
0
50
100
200m
M utabilité du bâti d’après le Cahier de Prescriptions du Gran Bilbao
Armature métallique
Entrepôts de la Croix Rouge
Abattoirs de Bilbao La majorité du bâti est mutable et celui qui est inscrit sur le Cahier de Prescriptions du grand Bilbao est suffisamment remarquable (les hauts Fours de Bizkaïa ou les armatures métalliques) pour être pris en compte. Les organismes qui utilisent les entrepôts tels que la Croix Rouge peuvent être facilement replacés sur le site après réaménagement de ce dernier.
Conservation du bâti Ancienne passerelle ferroviaire
Entrepôts de stockage à démolir Abattoirs de Bilbao (fin de bail en 2013) Zone d’activités à démolir et replacer Zone commerciale à replacer
Les Hauts Fours de Bizkaïa 0
50
100
200m
Fond : Catastro Bizkaia
3.1.5 relation entre degré d’imperméabilité du sol et biodiversité L’occupation du sol et le pourcentage d’imperméabilité qui en découle détermine la place que peut tenir la biodiversité. Comme évoqué dans la première partie de ce mémoire, la biodiversité se définit par sa capacité à s’adapter. Ses capacités d’adaptions sont mises en oeuvre sur de nombreux terrains, ayant différents degrés d’imperméabilité. Les vignettes suivantes sont la compilation de ces surfaces imperméables donnant plus ou moins de place à la biodiversité. Chaque situation présente une forme que prend le végétal selon les opportunités spatiales. Plus l’espace alloué à la végétation est grand, plus il est possible d’y rencontrer des arbres et des arbustes. A l’inverse, plus l’espace de biodiversité sera étroit plus il y aura d’herbacées. Cela nous montre que même avec un fort pourcentage d’imperméabilité des sols, la biodiversité trouve toujours une stratégie de développement.
Formes prises par la biodiversité selon les opportunités spatiales
Biodiversité imperceptible
Striée
Percée
Contenue
+ 71
Dispersée
Coupée
Complète
3.1.7 Arbres plantés, Berges, Friches et failles végétales
+72
*A
rbres plantés
Celtis australis L. - Micocoulier de Provence Prunus cerasifera Ehrh. - Prunier myrobolan Ulmus minor Mil. - Orme champêtre Jacaranda mimosifolia Juss. - Flamboyant bleu Sorbus aucuparia L. - Sorbier des oiseaux
0
50
100
200m
*F
riches
Cortaderia selloana Stapf. - Herbe de la pampa Ficus carica L. - Figuier Sambucus nigra L. - Sureau noir Sambucus ebulus L. - Yèble Buddleja davidii Franch. - Arbre à papillons
*B
erges
Juncus effusus L. - Jonc diffus Salix viminalis L. - Osier Salix caprea L. - Saule marsault
+ 73
3.1.6 Evolution des paysages : L’histoire du site par le végétal
+ 74
Ci dessous, la préparation des échantillons de terre pour l’observation des pollens.
Sous les surfaces imperméabilisées des grains de pollens ont été piégés. Ils correspondent aux végétaux présents sur le site avant son industrialisation vers la fin du 19ème début du 20ème siècle. Un carottage de terre après décapage de la surface goudronnée et une analyse en laboratoire, au CNRS de Toulouse, a permis de dresser une liste d’espèces qui permet d’étudier l’évolution des paysages sur la péninsule de Zorrotza environ depuis 1500 à nos jours. Grâce au diagramme pollinique réalisé avec les résultats et une étude bibliographique et picturale, nous pouvons aisément interpréter les résultats du diagramme. Les végétaux présents, pour la plupart, seront susceptibles de revenir après réouverture des surfaces imperméabilisées. Nous observons ainsi la présence de Chênes depuis le départ et ce jusqu’en 1500. Il devait donc y avoir une forêt à cette endroit précis. Un vignoble et une culture
de Pommiers (fabrication de cidre basque) précisent le passé agricole de la péninsule en lieu et place de cette forêt de Chêne jusqu’en 1700. Au delà, les Graminées indiquent l’abandon des vergers au profit de pâturage jusqu’en 1900. Puis, la péninsule se recouvre de goudron et de béton pour accueillir les activités liées au Port Autonome de Bilbao supprimant ainsi toute présence végétale. Dans les années 2000, le Port commence sa migration vers l’embouchure et libère les terrains. La végétation peut enfin se réinstaller. La présence de Saules et du cortège de plantes de milieux humides (Lysimaques, Salicaires, Phragmites, Typha, Joncs...) prouvent le caractère humide du site. L’arrivée du Bouleau indique l’ouverture et l’abandon de parcelles. Le paysage de la péninsule est donc passé de forêt de Chênes, à vergers de Pommiers, puis pâturages pour finir par une zone industrielle et portuaire. Quel sera le paysage de Zorrotza dans les années futures ?
*
Années
Diagramme pollinique Données personnelles
Pommiers
*
Vignes
*
Graminées
*
* * Chênes
Aulnes Pl. Aquatiques Bouleaux
Epoque industrielle
2000
1950
s
strie
Indu
s rage
Pâtu
Pâturages
1900 ie
m Pom
+ 75
Vergers
1700
nes
1600
Forêts de Chênes
1500
t Forê
20 40
20 40
20 40
20
40
20 40
s
gne
vi rs &
hê de C
60 Grains de pollen par boite de Pétri
observations d’une péninsule - île ” observaciones de una peninsula - isla ” « Comment intégrer la biodiversité dans le processus de revitalisation de la ville de Bilbao » Ce que cette partie analyse zoomée sur la péninsule de Zorrotza nous apprend : 1. La rive droite de Zorrotza est minérale alors que sa rive gauche est plus sauvage. 2. Zorrotza est difficile d’accès. Ca n’est pas un lieu de passage mais un lieu où on veut aller.
+ 76
3. Certains bâtiments remarquables sont à conserver, ils sont le symbole d’une activité portuaire passée. 4. 80 % de la péninsule appartient à la Mairie de Bilbao, ce qui facilite la mise en place d’un projet. 5. 50 % du sol est recouvert par du béton ou du goudron le rendant imperméable. La biodiversité a du s’adapter et développer des stratégies de développement qui sont remarquables de par leurs ingéniosités et les formes qu’elles revêtent. 6. Sous cette couche de béton, on retrouve les pollens des végétaux présents avant l’industrialisation du site, enrichissant ainsi une palette de végétaux réutilisable dans un projet.
A retenir � A retener �
+ 77
3.2 Une démarche révélatrice des potentialités de Zorrotza
3.2.1 Les références et inspirations
Paris
L’île Seguin, une méthode d’aménagement originale : Préfigurer les usages avant et pendant les chantiers.
Rachetée par Renault en 1919, l’île Seguin est restée fermée au public pendant plus d’un siècle. C’est sous l’impulsion de PierreChristophe Baguet, Député-Maire
de Boulogne-Billancourt, qu’elle redevient un lieu de vie ouvert au public. Pour créer ce nouveau jardin au coeur de l’île Seguin, la Ville de Boulogne-Billancourt et la SAEM Val de Seine ont désigné Michel Desvigne, lauréat du prix de l’urbanisme 2011, comme paysagiste. Ce jardin, premier espace public à ouvrir sur l’île, préfigure sur environ 2 hectares le futur jardin central de l’île aménagée. Cette préfiguration est une sorte de fondation, de première strate qui évoluera au fur et à mesure des aménagements.
Pour Michel Desvigne, réaliser un jardin achevé et sophistiqué au cœur d’un chantier n’avait pas de sens. Ainsi la végétation est temporaire : des lignes de petits saules donnent la structure. Entre ces lignes, le processus de friche est accéléré par l’installation des plantes pionnières, les mêmes que l’on trouve sur les chantiers voisins : buddleias, bouleaux, peupliers. Plus tard ces essences seront remplacées par des végétaux pérennes adaptés au nouvel environnement urbain. La composition géométrique du
jardin joue avec la mémoire du lieu en évitant les deux écueils du romantisme de la reconquête de l’usine par nature qui viendrait à en effacer les traces et celui de la fascination passive pour le passé industriel du site. L’île Seguin, comme tout projet de son envergure, prendra du temps pour sortir de terre. La SAEM Val de Seine Aménagement a décidé de donner à voir aujourd’hui l’île Seguin de demain. Le but de cette démarche est de permettre
dès à présent la réappropriation par le public d’une île restée fermée pendant près d’un siècle, de donner à voir son contenu avant que la forme ne soit là. C’est pourquoi, dès aujourd’hui, des structures se sont implantées sur l’île Seguin. En mai 2010, le jardin de l’île Seguin a été inauguré. C’est aussi un « observatoire de chantier » puisque ses clôtures transparentes permettent d’observer l’avancement des travaux sur d’autres structures.
+ 78
L’entrée de l’île par le Jardin
Restaurant les « Grandes tables » dans l’esprit des chantiers
Plan de L’île Seguin - Saem
Bordeaux
La
caserne
Niel-Bastide,
la mémoire du lieu comme ligne directrice.
L’agence néerlandaise MVRDV s’est vue confier la maîtrise d’œuvre urbaine de la ZAC Bastide Niel. Le secteur Bastide Niel, au regard de sa situation privilégiée, entre Garonne et avenue Thiers,
est appelé à devenir un véritable quartier de centre-ville, dense et attractif. Les enjeux urbains de cette opération sont multiples : jouer sur la mémoire d’un lieu marqué par la présence de friches ferroviaires ou militaires (dont la caserne Niel), garantir une réelle mixité d’usages et d’occupations, proposer la réalisation d’un quartier durable... Le détail du programme : 3 200 logements dont 55 % de logements aidés, 30 000 m2 de commerces, 25 000 m2 de bureaux, 15 000 m2 pour les activités de production.
L’emprise des friches ferroviaires (en rouge sur la carte 1) est d’environ 12 hectares. C’est à cet emplacement, et en suivant les lignes de chemin de fer, que sera implantée « La prairie aux rails », vaste parc public. Il a un double rôle, à celui de parc, s’ajoute le rôle de « préparateur » de terrain aux constructions futures, car il a une durée de vie limitée de 25 à 30 ans, le temps que les végétaux implantés puissent dépolluer le sol de ses polluants à base de goudron, hydrocarbure et Créosote. Un principe de rotation a été développé
sous 3 axes. Le premier, dépolluer, grâce à la phytorémédiation quand cela est possible ou par excavation des terres quand celles-ci sont bien trop polluées pour être traitées sur place. Le second axe est une phase de préparation à la plantation. Le dernier est la plantation ou la replantation. De cette manière, le visage du parc n’est d’années en années jamais le même. Il est ainsi donné à voir les étapes de construction d’un parc ouvert au public ainsi que les étapes de construction d’un quartier tout en
gardant la mémoire d’un lieu. Il est intéressant de remarquer l’usage du végétal spontanée comme dépolluant. Rares sont les espaces ouverts au public tout en étant pollués. Rares sont également les fabrications de paysages éphémères sur quelques années. Cette rotation, produisant un nouveau paysage tous les 10 ans est le parfait contreexemple des anciens parcs de nos villes, figés.
+ 79
Carte 1
Localisation des rails -Caserne Niel
Principe de rotation sur les rails
Projet des « cellules de biodiversité de zorrotza » Proyecto de ” Las cellulas de biodiversidad de Zorrotza ”
Le projet hybride 4.3 Concept/application 4.2 Le processus de revitalisation 4.1 Projet des cellules de biodiversité de Zorrotza 4.0
4
.0
a chaque époque, la société renouvelle son rapport à la nature, construit, aménage, produit et consomme, ce qui a pour effet d’agir sur notre paysage
4.1 Le processus de revitalisation
Zorrotza nouvelle rotule
Enjeux
Territoriaux : La ceinture verte intercommunale + 82
Ciblés : La biodiversité du site La dalle bétonnée et son emprise
stratégies
Territoriales : Connecter Zorrotza à la ceinture verte de Bilbao. Ciblées : Donner une place importante aux Espaces de Biodiversité Urbains + Reconquête du végétal sur la dalle & l’habiter.
de la ceinture verte
Stratégie territoriale : Connecter Zorrotza à la ceinture verte de Bilbao
Stratégies ciblées : Donner une place importante aux Espaces de Biodiversité urbains. + Reconquête du végétal sur la dalle & l’habiter durablement.
2/3 d’Espaces de Biodiversité Urbains 1/3 de bâtis
Les friches de Barrakaldo communiquent biologiquement avec Zorrotza
Reconquête du végétal sur la dalle
+ 83 Habiter la dalle durablement
Ceinture verte existante
4.2 COncept/application
Observons un arbre et la ville. Qu’ont-ils en commun ? Pas grand chose en apparence. Pourtant, leur construction suit une même trame, un même tissu. L’un végétal, l’autre urbain. Le végétal est composé de cellules ayant chacune un rôle et une fonction. Elles vivent pour elles-mêmes mais aussi pour le bon fonctionnement général du végétal. La ville est elle-même composée de quartiers pouvant s’apparenter à des cellules, fonctionnant en vase clos pour leur propre développement, mais faisant partie d’un ensemble plus vaste, la ville. Cette relation à deux échelles, l’une individuelle et l’autre
concept collective, est la base du concept qui va être appliqué sur le projet à venir, montrant que le tissu végétal peut largement inspirer le tissu urbain. Ainsi, un tissu végétal sera projeté sur le territoire dessinant ainsi les contours d’un morceau d’une ville «biologique» en opposition à la ville «fonctionnelle». De ce fait, le futur quartier de Zorrotza sera traité comme une cellule, pouvant exister par lui-même, avec ses propres activités tout en étant connecté à la ville de Bilbao par des échanges aussi bien physiques (déplacements et transports) que matériels (pépinière). La péninsule de Zorrotza, cellule urbaine de Bilbao.
Cellule de Zorrotza - Individuelle
Cellule végétale - Individuelle
Tissu urbain de Bilbao - Collectif
Tissu végétal - Collectif
+ Emprise actuelle des Abattoirs
Application du concept Le sol de la péninsule de Zorrotza est imperméabilisé à plus de 50% par des dalles en béton. Il n’est pas question dans le projet de tout détruire pour le mettre à nu. Le but étant de trouver un juste milieu entre démolition et conservation, tout en laissant des espaces ouverts à la biodiversité. Pour ce faire, il est important de connaître l’état initial du site pour délimiter les parties à conserver de celles à démolir. L’application du concept de tissu végétal s’associe à une double lecture par transparence de l’état actuel du site. Prenons les Abattoirs de Zorrotza et leur emprise foncière
Concept du tissu végétal et superposons le graphisme du tissu végétal. Là où une cellule sera remplie à plus de 50% par du bâti existant, nous la considérerons comme imperméable dans sa totalité. En revanche, si la cellule est remplie à plus de 50% de «vide», elle deviendra entièrement «vide». Ainsi, les limites des Abattoirs deviendront plus organiques, moins géométriques. Un nouveau dessin apparaîtra au sol délimitant de nouvelles emprises. Ainsi la mémoire industrielle du site sera conservée tout en renouvelant son visage. La carte ci-contre est la carte conceptuelle du nouveau visage de Zorrotza. Elle est l’outil préalable au projet qui donnera les fonctions et les usages de chaque cellule. Chaque cellule pouvant être traitée individuellement ou collectivement.
=
= Application du concept
Interprétation du concept, une nouvelle emprise
Cellules « quais bétonnés »
Carte conceptuelle de Zorrotza
Cellules « Sol perméable » Cellules « Port Autonome » Cellules « Bâti à conserver » Cellules « Zone industrielle » Cellules « Abattoirs » Cellules « Chemin de fer » + 85
Commune de Barrakaldo
Péninsule de Zorrozaure
4.3 Le Projet hybride Plan conceptuel Plan projet Comment venir ? Comment investir la dalle ? Quels espaces « naturels » ?
Un quartier «biologique», de part sa forme, se dessine à la suite de l’application du concept. Les espaces perméables déjà existants ont été dilatés pour leur donner plus d’épaisseur. La dalle bétonnée a été réinvestie en espace public hybride de production voué à accueillir une pépinière tout en permettant l’accessibilité au public. Ces deux espaces de biodiversité couvrent à eux seul plus de 60% de la superficie du nouveau quartier. Ils contribuent activement à l’identité du nouveau Zorrotza. Ailleurs, le sol était déjà occupé par des constructions. Leur démolition opérée, reste un
sol imperméable qui accueillera le nouveau bâti du quartier. Seuls les jardins partagés nécessiteront une ouverture partielle du sol afin d’y implanter potagers et vergers. L’espace public ici proposé suit le tracé des anciennes lignes de chemin de fer. Le but de ce projet est de montrer les possibilités de fabrication du paysage en prenant en compte la biodiversité comme élément majeur. C’est aussi renverser les codes de constructions qui répondent à des automatismes. La biodiversité habituellement absente est ici, la source du projet.
Bâti Jardins partagés Espace public Espace de biodiversité Pépinière Accés 0
50
100
200m
Trois biodiversités différentes s’expriment dans ce projet.
La biodiversité dans le quartier 0
50
100
La biodiversité « jardinée » 200m
- La biodiversité «jardinée» est développée par l’Homme. Elle est constituée des arbres plantés, des espaces publics, des annuelles semées aux pieds des arbres, des fruitiers et plants potagers des jardins partagés. Elle est importante pour la faune et l’entomofaune locale. - La biodiversité «temporaire» est liée aux activités passées des Hommes. Elle est la biodiversité des friches en cours de reconquête. Elle s’immisce dans les interstices de la dalle bétonnée. C’est le lieu d’observation du processus d’adaptation des végétaux et de l’habitat des plantes pionnières. - La biodiversité « sauvage » n’est pas ou très peu touchée par l’Homme. Ce sont les berges et leurs ripisylves, les prairies naturelles... Qui sont certes gérées au minimum mais où la Nature peut s’exprimer librement.
La biodiversité « temporaire »
La biodiversité « sauvage » Indice de Biodiversité (IB) Tout au long de ce projet sera attribué de manière arbitraire une note de biodiversité prenant en compte la biodiversité existante avant la création du quartier et celle apportée par ce dernier. Cet indice a une valeur symbolique, néanmoins, il permet de jauger rapidement les zones pauvres ou riches en biodiversité.
+ 87
Jardin Botanique Plan conceptuel Plan projet Comment venir ? Comment investir la dalle ? Quels espaces « naturels » ?
Funiculaire Zorrotza - Lutxana (Anillo verde) Pépinière de pleine terre 1
Projet de plaine des sports (Barrakaldo) Ligne ferroviaire Bilbao - Barrakaldo Passerelle piétonne métallique
2 3
Prairie de la palu (extension des marées) Pépinière en conteneurs Ripisylve sauvage Ilot du centre culturel des Hauts Fours Tramway Bilbao centre - Getxo
Pépinière de pleine terre Métro Zorrotza - Bilbao centre Bassin d’orage / arrosage des jardins
Centre culturel des Hauts Fours + Observatoire de la biodiversité La prairie des 3 temps Projet de Zorrozaure Jardins partagés de l’îlot de la Prairie Marché
Plaine des sports de Zorrotza
Parking en toiture végétalisée Pépinière d’entreprises
Passerelle aérienne
Université des métiers de la Biodiversité Pontons d’arrivés/départs
Quartier de Zorrotza
0
50
100
200m
*
1
Rio
Kadagua
*
sauvage
Pépinière de pleine terre
Ria de Bilbao
Tramway
Funiculaire de San Inazio
1/2000ème
2
Barrakaldo
*
Ripisylve
Rio
Kadagua
Palu
d’extension des crues
Pépinière de pleine terre
Ilôt du
centre culturel
Ria de Bilbao
Zorrozaure
Canal de Deusto
Deusto
1/2200ème
3
Rio
Kadagua
Pépinière en conteneurs
Prairie
centrale
Ilôt de la prairie
Ria de Zorrozaure Bilbao
1/2800ème
Indice de Biodiversité (IB)
5
/ 10
Plan conceptuel Plan projet Comment venir ? Comment investir la dalle ? Quels espaces « naturels » ?
*
L’entrée Sud de Zorrotza
+ 90
Le projet des «Cellules de biodiversité de Zorrotza» est hybride à bien des sens. En effet, aucune automobile n’est tolérée dans le quartier. Des bornes à accès limité permettront toutefois aux riverains, pompiers, ambulances et déménageurs de pénétrer dans le quartier en cas de besoin. L’ensemble de l’espace public piéton est donc carrossable. Les usagers devront laisser leurs automobiles dans le parking d’entrée. Ce parti pris radical a été associé à des alternatives complémentaires. Ainsi, de nombreux transports en commun seront mis à disposition des riverains et des citadins voulant venir sur la péninsule. Bus-navettes électriques, tramway, vélos en libre service permettront de circuler librement dans tout le quartier. A cela vient s’ajouter le métro qui permettra de relier le centre-ville de Bilbao au centre culturel des Hauts Fours. La station de gare Zorrotza déjà existante complétera l’offre sur rails.
Dans ce projet, le réseau fluvial est considéré comme prioritaire. Ainsi, cinq pontons privés, intégrés au dessin des îlots d’habitations seront créés. Les propriétaires et locataires ayant leurs propres embarcations pourront ainsi jouir d’un accès direct à leur logement. Un réseau public de navettes connectera le quartier à l’ensemble du territoire fluvial du Grand Bilbao. Enfin, un funiculaire permettra de relier le haut des collines et les parcs qui constituent la ceinture verte de Bilbao. Les sentiers de Grandes Randonnées pourront ainsi faire le grand tour de Bilbao en passant par Zorrotza.
Ligne ferroviaire Bilbao - Barrakaldo Métro Zorrotza - Bilbao centre Funiculaire Zorrotza - Lutxana (Anillo verde) Tramway casco viejo - Getxo Extension Tramway
Le projet des «cellules de biodiversité de Zorrotza» s’intègre, le long de la Ria, à un chapelet de projets. Du Nord au Sud, La plaine des sports de Barrakaldo, la péninsule de Zorrozaure, l’Abandoïbarra et le Musée Guggenheim.
Barrakaldo
Il sera possible de suivre le court du fleuve, le long du tramway depuis le musée Guggenheim, en promenade douce pour arriver sur la péninsule de Zorrotza.
*
Zorrozaure Guggenheim
Promenade
douce
Abandoïbarra
+ 91
Indice de Biodiversité (IB)
4
/ 10
+ 92
Plan conceptuel Plan projet Comment venir ? Comment investir la dalle ? Quels espaces « naturels » ?
La péninsule de Zorrotza est recouverte d’une dalle bétonnée sur 50% de sa superficie. Cette dalle sera réinvestie en espaces multi-facettes. Les espaces privés composés de logements, commerces et équipements publics seront réunis en îlots offrant des coeurs ouverts où la dalle laissera la place à des jardins partagés. L’espace «d’entre-deux façades», essentiellement minéral, connectera les différents points stratégiques du quartier. On retrouvera de la biodiversité aux pieds des arbres qui seront semés d’annuelles. Quant aux joints des pavés, ils donneront l’opportunité aux herbes sauvages de s’y installer. S’ajouteront les espaces de pépinières où chacun pourra se promener entre les rangs de production.
*
*
L’entre-deux façades, un espace minéral
6
/ 10
*
Les coeurs d’îlots, des espaces partagés pour une biodiversité « jardinée »
La biodiversité que l’on retrouve dans ces jardins partagés est dite «jardinée». Elle est cependant le refuge et une source de nourriture pour la faune et l’entomofaune locale. Il sera recommandé d’éviter les pratiques dévastatrices (désherbant chimique, systématisme de désherbage...) pour accroître l’indice de biodiversité. Un cahier de meilleure gestion sera proposé aux habitants.
Le bâti et les jardins partagés
Indice de Biodiversité (IB)
*
+ 93
7
/ 10
+ 94
Les espaces de pépinières donneront au quartier un visage d’évolution, jamais figé. La rotation des cultures et l’exploitation des plantations sont un clin d’oeil à la manutention des conteneurs maritimes jadis entreposés ici. Plateforme végétale sur dalle bétonnée, elle permettra de distribuer des arbres et arbustes locaux dans toute la ville. Prélevés sur les berges et prairies sauvages du site, ces végétaux seront multipliés puis conduits dans les pépinières afin d’en développer la production. Ainsi, les végétaux produits seront adaptés aux conditions du milieu et auront une meilleure reprise lors de leur transplantation, dans le quartier ou dans la ville. L’idée est de produire localement pour répondre aux besoins futurs des aménagements urbains à venir. Les pépinières feront l’objet d’un contrat privépublic. La gestion sera assurée par un pépiniériste privé répondant à un cahier des charges rédigé par la Mairie de Bilbao en partenariat avec le Paysagiste. Le but est d’associer production végétale « classique » et gestion différenciée en faveur de la biodiversité.
Plan conceptuel Plan projet Comment venir ? Comment investir la dalle ? Quels espaces « naturels » ?
Le graphisme des pépinières
Les pépinières
Indice de Biodiversité (IB)
*
Exemple de mise en oeuvre de sillons dans la dalle bétonnée d’un port pour accueillir la végétation. Barcelone.
Une dalle bétonnée, 4 propositions pour l’investir et y intégrer la biodiversité
Sillons avec arbres en pleine terre et pieds végétalisés
Eclats de dalle où les herbacées peuvent s’installer
Arbres en conteneurs. Clin d’oeil aux conteneurs portuaires
Coffrage en bois surélevant la végétation. Assises de bancs intégrées
+ 95
*
Les berges sauvages et la pÊpinière de pleine terre : Deux espaces publics, deux ambiances, deux paysages
+ 96
+ 97
9
/ 10
+ 98
Plan conceptuel Plan projet Comment venir ? Comment investir la dalle ? Quels espaces « naturels » ?
Les berges de la péninsule de Zorrotza sur sa rive droite, le long de la Ria de Bilbao, sont complètement bétonnées. En revanche, la rive gauche, le long du Rio Kadagua est beaucoup plus sauvage. Il est ici question de laisser s’exprimer la Nature et qu’elle y développe une ripisylve sauvage et naturelle. Une zone d’extension des crues permettra d’enrichir la palette végétale d’halophytes et de plantes de marais, augmentant ainsi la biodiversité de cette zone. La seule gestion qui sera tolérée sur cet espace sauvage sera un débrousaillage partiel pour assurer un cheminement aléatoire changeant au fil des saisons. La prairie centrale, divisée en trois parties, aura un double rôle. Sa partie centrale sera
entretenue comme une pelouse publique classique, proposant ainsi aux citadins une zone de repos au soleil. Si le besoin l’exige, elle pourra recevoir ponctuellement des manifestations de plein air. La partie de gauche sera fauchée une fois par an alors que celle de droite, le long du centre culturel des Hauts Fours ne sera pas du tout entretenue (l’accès au public sera limité à des visites encadrées dans le cadre des expositions du centre culturel). Cette dernière fera office d’observatoire de la biodiversité «brute». Ce sera un délaissé volontaire, au sens propre de l’abandon, vestige de l’activité passé de Zorrotza. Trois gestions différentes pour cette prairie centrale qui montrera aussi une différence de biodiversité, allant de pauvre à riche.
Les berges et prairies sauvages
Indice de Biodiversité (IB)
*
Evolution de la prairie sans gestion
1 an
La biodiversité donnée à voir dans des cellules sans gestion.
2 ans
5 ans
*
La prairie centrale, concentrée de biodiversité
10 ans
30 ans
+ 99
Le projet hybride ” El proyecto hibrido ”
+
+
+
Le bâti et les jardins partagés
L’espace d’entre-deux façades
Les berges et prairies sauvages
+ 100
Les pépinières
« Comment intégrer la biodiversité dans le processus de revitalisation de la ville de Bilbao »
Pour répondre à cette question il nous faut :
=
1. Une diversité de milieux permettant d’accueillir toutes les biodiversités. 2. L’adhésion des citadins à une nouvelle manière de vivre la ville. 3. La gestion différenciée des espaces urbains. 4. Conserver des espaces sauvages, réserves de biodiversités sans aucune gestion. 5. La volonté politique pour appuyer un tel projet !
+ 101
+ 102
système biologique d’organiser chances d’existence
“ L’urgence d’un sous dépendance n’est pas d’obtenir un résultat mais pour lui des .” Gilles Clément Manifeste du Tiers-Paysage
+ 103
Conclusion
+ 104
Conclusion ” Conclusion ”
Ce Travail Personnel de Fin d’Etudes s’achève donc. Mais il a été l’occasion de soulever des problématiques,des questionnements qui ne sont pas tous aboutis ou résolut. Ils sont autant de pistes à développer au sein de ma pratique de Paysagiste. Deux thématiques de réflexions se sont révélées au cours de ce travail : - L’intégration de la biodiversité dans les projets de fabrication du Paysage, en particulier
dans la création de morceaux de ville. Le besoin de définir les attentes des citadins en Nature a été le point de départ de ce diplôme. J’avais des convictions, profondes, sur ce besoin, mais je ne les avais encore jamais confrontées à la réalité du terrain. Les politiques d’aménagement. Ce projet est à mon sens à l’opposé de l’image d’une politique d’aménagement par le foncier, guidé uniquement par des intérêts économiques consommateurs d’espaces, en
totale contradiction avec le site sur lequel ils s’implantent. Cette logique est productrice d’espaces mono fonctionnels que l’on retrouve dans toutes les grandes villes du monde. Le projet présenté ici se place donc en réaction, proposant une autre manière d’envisager l’évolution de la ville. Je me suis attaché à proposer un projet qui prenne en compte le contexte (le sol, les Bilbaïnos et leurs manières de pratiquer leur ville) et qui se place dans une temporalité «lente» où le résultat n’est pas un objet fini, immuable mais un socle, une structure qui soit
le support de l’évolution du site, qui l’accompagne. Un projet qui accepte les transformations, les remises en cause au quotidien et dans le temps sans perdre son identité. Il est difficile de faire entendre la voix de la biodiversité dans notre société actuelle. Politiquement c’est vendeur, socialement, c’est hype. Mais dans les faits, c’est compliqué. Le « green-marketing » rendant les efforts menés dans le bon sens moins lisibles. Ce sont ici de fortes convictions personnelles que j’ai essayé de communiquer,
au plus juste, souvent avec une approche pédagogique pour monter, interpeller et questionner le lecteur. Au-delà c’est tout un travail de communication qu’il reste à faire pour faire changer les mentalités, affiner le regard des citadins sur cette biodiversité qui n’est ni plantes invasives ni mauvaises herbes. Alors oui, ce mémoire est parfois provocateur mais c’est dans la provocation que les changements s’opèrent !
Ouvrages :
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- OBLET T. Gouverner la ville, le lien social. Vendôme, éditions PUF, 2005. - MAUGARD A. et CUISINIER J.P. Regard sur la ville durable, vers de nouveaux modes de vie. Paris, éditions CSTB 2010. - CLERGEAU P. Une écologie du paysage urbain. Rennes, éditions Apogée, 2007. - MANGIN D. La ville franchisée, formes et structures de la ville contemporaine, éditions La Villette, 2004. - CLERC, CHALON, MANGIN, VOUILLOT, Pour un nouvel urbanisme, la ville au cœur du développement durable. Condé-sur-noireau, éditions yves Michel, 2008. - GRAFMEYER Y. et JOSEPH I. L’école de Chicago : naissance de l’écologie urbaine.- Paris, Aubier, 1990. - ROBIC MC. Du milieu à l’environnement, pratiques et représentations du rapport homme/nature depuis la renaissance, Paris, Economica, 1992. - DROUIN JM. Réinventer la nature, L’écologie et son histoire, Paris, Desclée de Brouwer, 1991. - CLEMENT G. Manifeste du Thiers-Paysage, Collection L’Autre Fable, ed Sujet Objet, 2005. - CLEMENT G. Neuf Jardins, approches du jardin planétaire, Actes Sud, 2007. - CORBUSIER LE. La Charte d’Athènes Les Editions de Minuit, 1957. - DESVIGNES M. Natures intermédiaires, les Paysages de Michel Desvignes, Birkhauser, 2009.
Thèse :
- SAINT-GIRONS F. Marginalité et innovation culturelle dans les friches urbaines - Un enjeu dans l’aménagement du territoire. Thèse de Doctorat sous la direction de Berdoulay Vincent. Université de Pau et des Pays de l’Adour. 2004. 440 p.
Actes de séminaires :
- Patrimoine industriel et reconversion. Actes du séminaire européen de Bilbao, 13-15 décembre 2001. Confluences. 139p - La ville fertile. Hors série Paysage actualité, Cité de l’architecture et du patrimoine. Exposition 2011.
Référence :
- Balzac de H. La recherche de l’absolu, Folio classique, Ed. Gallimard, 1976.
Bibliographie ” Bibliographia ” Articles dans des revues :
- Collectif BilbaoKulturaKlub. Projet : Bilbao, une transformation radicale, AIVP, février 2005. p.21-42. - FAVIER L. Un exemple de réhabilitation des berges dans une métropole industrielle : Bilbao. Lettre N° 38. Lundi 20 février 2006. p 13. - François C. Bilbao en toute franchise. Architecture d’Aujourd’hui n°313 octobre 1997, p. 45. - Maunayez E. Friches, squats et autres lieux. Culture & Musées n°4. Arles. Actes Sud. 2005. - RAffin F. Espaces en friche, culture vivante dans «Le Monde Diplomatique». Octobre 2001. - SOULIER H. La friche urbaine des années 80 : Déchet ou ressource ? Les carnets du Paysage N°17. 2007
Rapports :
- BLANCHE J.M. Expérimentation pour le développement de la friche urbaine. Rapport. Plan Urbain.1992. - CULOT J.C. Bilbao Ria 2000. Rapport Master complémentaire en Urbanisme et Aménagement du Territoire. 2009. - CNRS. Les villes portuaires d’Europe, analyse comparative, Rapport final, 1994. - PELLE G. sous la direction de Briane G. et Desailly B. Sauvages dans la ville : les enjeux des représentations et de l’assimilation du végétal sauvage à l’heure de la ville durable, le cas de Toulouse. Rapport Master 2 Recherche Environnement et Paysage 2007 - Reygrobellet B., La nature dans la ville, biodiversité et urbanisme. Étude du Conseil économique et social. Rapport. 2006 - WYSS M., MERZAGHI F., NEDELCU M. et SUTER C. De l’Utopie au faire. D’une friche ferroviaire au quartier Ecoparc à Neuchâtel. Rapport. 2010 - LECHNER G. Le fleuve dans la ville. La valorisation des berges en milieu urbain. Direction générale de l’urbanisme, de l’habitat et de la construction, 2006
Sites internet :
- http://bilbaoenconstruccion.com/2011/06/17/regeneracion-de-punta-zorroza-ordenacion-definitiva/ - http://www.gentside.com/bilbao - http://www.bilbaokulturlab.com - http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosbioville/bioville.html
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Jeune diplômé, dynamique et autonome cherche agence sympathique pour première expérience. A la suite de la lecture de ce tpfe, si mon profil vous intéresse veuillez me contacter au 0698634902. Bien cordialement.
Remerciements ” Gracias ” Philippe, une confiance mutuelle depuis 5 ans. Gilles, une admiration depuis 10 ans. Merci aussi à Graziella pour avoir remis de l’ordre dans mes idées. A Flore pour ses remarques « déclics » lors des réunions de la Caserne Niel. Fa.DA, kiss, love tsé. Nath, miou petit chat, Sylvie, entre poissons... Et eux... Christelle, merveilleuse colloc qui me nourrissait, Delph, la plus extraordinaire des beautés, Faust, merci pour le lit, l’accueil toujours impeccable, la raclette, la voisine, le soutien trans-régional, Chouki, pour les crises, la vie. Et elles... Britney, Leighton, Madonna, Rihanna, Inna, Nelly, Katy, Shy’m, Christina & toutes les grognasses de la compil. Et ça... Merci au COCa, NRJ12, W9 et NT1 pour vos programmations pourraves sur les obèses, les moches, les relooking extrêmes, les tv réalités show qui ont comblé mes nuits de charrette ! Merci à la pluie. ... Et parce que je suis vindicatif mais poli, merci aux enfoirés. Oué !