Pays du nord printemps 2014 114

Page 1

E6NH9JDEH: TO U R I S M E

PAT R I M O I N E

ART DE VIVRE

ESTAMINETS ET AUBERGES LIEUX DE CULTE

ESTAMINETS et auberges LES VALEURS SÛRES, NOUVELLES ADRESSES, DÉCORS INSOLITES...

FORÊT DE CRÉCY CALAIS

Mars - Avril - Mai 2014 6,00 € / Benelux 6,80 €/ Suisse 10 FS

PAYSDUNORD

Printemps

BEAUX-ARTS DE TOURNAI

GRAND AIR MARS AVRIL MAI 2014

LA FORÊT DE CRÉCY UN WEEK-END À CALAIS CHÂTEAU LA TOUR À GOUVIEUX

INSOLITE MACHINES PARLANTES À COUSOLRE LA MIMOLETTE ROUBAISIENNE L’UNIQUE MUSÉE HORTA À TOURNAI L 19722 - 114 - F: 6,00 € - RD

ENQUÊTE PATRIMOINE RELIGIEUX.

DES ÉGLISES MAIS ENCORE ?

114 COUV_114_SELECTION.indd 2

14/03/14 15:43


Découvrez le Boulonnais et la région de Folkestone

GRATUIT

grâce à votre smartphone 10 circuits pédestres

De 1,5 à 15 km

Wimereux depuis la pointe de la Crèche - © Y.Guillou - CAB

KM

De 30 min à 4 h

Version papier disponible dans les offices de tourisme du Boulonnais ou sur demande au : 03.21.10.36.30. tourisme@agglo-boulonnais.fr

Balades en Boulonnais Téléchargeable sur Appstore & Android Market

Le Boulonnais 1, boulevard du Bassin Napoléon - BP 755 62 321 Boulogne-sur-Mer Cedex

Boulogne-sur-Mer - Wimereux - Hardelot - Le Portel-Plage - Equihen-Plage - Condette 1pageCAB-Pdn F.indd 1

26/11/13 11:03


EDITO

Mars - Avril - Mai 2014

LA QUALITÉ SINON LA MORT

P

© Sébastien Jarry

arce que nous sommes perdus dans un coin reculé, nous nous devons de proposer une cuisine et un service de qqualité. La moindre erreur et notre clientèle se détourne de nous » me confie Valérie Mullier de l’estaminet de La Couturette à Saméon. Et elle a raison. Des estaminets dans le Nord-Pas de Calais, il y en a pléthore p maintenant. Et au fin fond de sa campagne p g de Saint-Amand-les-Eaux, un client déçu, c’est un client perdu. Alors Valérie redouble d’efforts. Leur métier est loin d’être évident. Les tenanciers des estaminets que nous avons visités pour réaliser ce dossier disent souffrir de la crise mais surtout de l’effet de mode qui s’est emparé de l’estaminet. Certains pensent qu’il suffit d’une pancarte pour se prétendre estaminet mais ils se trompent. Si chacun possède sa propre définition de l’établissement, tous s’accordent à dire que l’estaminet, c’est avant tout une ambiance, un état d’esprit, une ode à la région, à son histoire et à ses habitants. Non, n’est pas estaminet qui veut ! Derrière les adresses que nous avons sélectionnées, se cachent des hommes et des femmes au sens du partage hors du commun. Passionnés par leur territoire, leur terroir ou les deux, ils partagent un peu d’eux-mêmes dans leur établissement. Et ça se sent. Parce qu’il q n’yy a pas p une définition p précise de l’estaminet, nous vous p proposons p une sélection large pour varier les plaisirs. Avec toujours pour mot d’ordre la qualité et le partage. Bien sûr, nous n’avons pas pu tous les mettre, pardon à ceux qui se sentiront froisser de ne pas figurer dans ce dossier. Mais un constat s’impose. Malgré cet effet de mode, ils sont encore nombreux à mettre l’authenticité au cœur de leur établissement. Et rien que pour cela chapeau bas.

Ludivine Fasseu Rédactrice en chef

PAYSDUNORD Magazine 229, rue Solférino, 59000 Lille - Tél. : 03.20.15.99.41 - fax : 03.20.42.00.13 - Courriel : redac@pays-du-nord.fr - Site : www.pays-du-nord.fr - Sarl au capital de 15 244,90 € RCS Lille 2000B00358 - Edité par SARL PAYS DU NORD. Associé principal : Normédia - Directeur de la publication et de la rédaction : Laurent Treilhou - Rédactrice en chef : Ludivine Fasseu, redac@pays-du-nord.fr. Ont participé à ce numéro : • Rédacteurs : Claire Decraene, Maxime Deplancke, Claire Devilliers, Caroline Devos, Kaltoume Dourouri, Yvess Fagniart, Ludivine Fasseu, Joffrey Levalleux, Nicolas Montard, Daniel Mouray, Louise Roussel, Frédéric Sartiaux. • Photographes : Hannelore Balesse, Francis Bertout, Benoitt Bremer, Laure Decoster, Stéphane Dubromel, Sébastien Jarry, Olivier Leclercq Frédéric Sartiaux. - Photos de couverture : Sébastien Jarry - Photos d’édito : Sébastien Jarryy PUBLICITÉ/ MARKETING : Normédia - Chef de publicité : Mélanie Dupont-Menini, m.dupont@normedia.fr 229, rue Solférino, 59000 LILLE, tél. : 03.20.15.99.15. - Fax : 03.20.42.00.13.. ABONNEMENTS : Adresse postale : Pays du Nord, 229, rue Solférino, 59000 LILLE, courriel : abo@pays-du-nord.fr - Service clients : tél. : 03.20.15.99.41. - Fax : 03.20.42.00.13.. Relations réseau : Distri-Médias - Représentation de l’éditeur en Belgique : Tondeur Diffusion, 9 avenue Van Kalken, 1070 Bruxelles, Tél. : +00 32 (0)2.555.02.17. - Réalisationn graphique : Normédia, 229, rue Solférino, 59000 LILLE - Direction artistique : Ingrid Antczak-Herbert, Laurent Treilhou. - Graphiste : Ingrid Antczak-Herbert, Yves Girod-Rouxx Photogravure : Normédia - Imprimerie : Aubin, 86340 Ligugé - Distribution : MLP - Dépôt légal : à parution - N° de commission paritaire : 0317 K 88854 - ISSN : 1263-8730 - Laa reproduction totale ou partielle des articles publiés dans ce numéro est interdite sauf autorisation préalable du directeur de la publication. Les articles publiés dans ce numéroo n’engagent que la responsablilité de leurs auteurs.

PAYS DU NORD 3

Edito_114.indd 3

14/03/14 15:33


SOMMAIRE

Mars-Avril-Mai 2014

LES LIEUX DE CULTE

Enquête P 58 À 64

© Stéphane Dubromel

Bien sûr nos régions du nord possèdent un patrimoine religieux remarquable. Cathédrales, collégiales, églises gothiques et romanes, églises fortifiées... Mais encore ? Nicolas Montard et Stéphane Dubromel ont sillonné la région pour partir à la découverte d’autres édifices cultuels comme la mosquée de Villeneuve d’Ascq, l’église orthodoxe russe de Bruxelles, la synagogue de Lille ou encore le temple bouddhiste de Roubaix.

DOSSIER

ESTAMINETS ETLeAUBERGES sens de la convivialité ON LES AIME POUR LEUR DÉCOR, LEURS SPÉCIALITÉS NORDISTES, LEUR CARTE DE BIÈRES SPÉCIALES, MAIS SURTOUT POUR LEUR SENS DE L’ACCUEIL. LES ESTAMINETS SONT AUX GENS DU NORD CE QUE LE PUB EST AUX IRLANDAIS. P.26 À 56

4 PAYS D U N O R D

Sommaire_MARS_AVRIL_MAI__2014.indd 4

10/03/14 16:10


ZOOM // La ferme aux avions de Steenwerck. P6

Vivre ici L’INSTANT NATURE // Le Tarier Pâtre P8 © Jonah Samyn

ON EN PARLE // Les Fromages Losfeld. P 12 PASSION // Les machines parlantes de Cousolre.

P 16 MAISON DU NORD // Une fermette à Ploegsteert. P 18 GRANDE GUERRE // Le Plustreet 14-18 Expérience. P 22 CULTURE // La salle des Batailles de Mons-en-Pévèle.

P 66 DANS LES COULISSES // Archives départementales du Nord.

P 68 BALADE // Forêt de Crécy-en-Ponthieu. P 72 INITIATIVE // La maison du développement durable à Hénin-Beaumont. © Frédéric Sartiaux

P 76 PATRIMOINE // Château de La Tour à Gouvieux.

P 78

Destinations IDÉE WEEK-END // Calais. P 82 MUSEE // Beaux-Arts de Tournai. P 86 BONNES ADRESSES // La Ruche aux Livres à Wavrin et l’Estaminette à Lille.

P 90 LIVRE // Les richesses du Marais Audomarois et Trop Bon les frites, beignets et croquettes. © S. Hennebique

P 94 COURRIER DES LECTEURS // P 98

PAYS DU N ORD 5

Sommaire_MARS_AVRIL_MAI__2014.indd 5

10/03/14 16:10


ZOOM

La ferme aux avions de Steenwerck

on Un sauvetage à l’uniss

© Sébatien Jarry

C’est l’actualité « patrimoine » de ces dernières semaines. La (désormais) célèbre ferme aux avions de Steenwerck, surnommée également «la maison aux canons» par de nombreux automobilistes de l’A25 est en danger depuis que son propriétaire est parti en maison de retraite. Les œuvres qui garnissent les façades et la cour se détériorent à vue d’œil. Retour en arrière. Arthur Vanabelle, réalise sa première œuvre alors qu’il n’a que 18 ans. Depuis ce jour, lors de son temps libre, le cultivateur bricole les matériaux ramassés pour en faire des armes de guerre. Sa ferme, qu’il décore petit à petit de ses objets, devient populaire au point de ramener des journalistes japonais. Malgré son âge Arthur ne se soucie pas de l’avenir de ses travaux, au contraire, il en rajoute avec l’aide de son frère César. Mais voilà, les deux hommes partis en maison de retraite, on ne sait que faire de cette ferme-musée. Depuis que la presse a fait état de la situation, des anonymes de toute la région se sont regroupés pour ne pas voir tomber dans l’oubli cet emblème régional. En deux semaines, la page facebook « Sauvons la ferme aux avions de Steenwerck », créée par Matthieu Prudhomme a recueilli plus de 36 000 soutiens. De son côté, le peintre Grisha Rosov, a lancé l’idée de la création d’une association pour soulever des fonds. Sa pétition en ligne a recueilli plus de 14 000 signatures. Le maire de Steenwerck, Joël Devos, s’inquiète : « les détériorations ne font qu’accroître et l’investissement ainsi que l’entretien ne se payeront pas si facilement ». Il remarque aussi l’agitation des idées commerciales et préfère s’allier avec la Drac et le LaM pour travailler sur le dossier. Lors de la visite de notre photographe Sébastien Jarry, fin janvier, des agents de la mairie, commençaient à retirer quelques pièces pour les mettre en lieu sûr. Affaire à suivre.

6 PAYS D U NO R D

ZOOM_114.indd 6

10/03/14 16:06


© Sébatien Jarry

ZOOM

PAYS DU N ORD 7

ZOOM_114.indd 7

10/03/14 16:06


L’INSTANT NATURE D’YVES FAGNIART

Le L e tarier tarrier pâtre

LE TARIER PÂTRE, PETIT COQUIN Texte et Aquarelles : Yvves Fagniart L’ L’aurore Laurore est magique, quand so son on cortège de lueurs douces s’infiltre entre les h herbes engourdies, traverse les haies encore endormies en ndormies et va s’accrocher aux branches des arbr res qui s’étirent arbres vers le ciel. J’aime partager ce moment avec mes chevaux, accoudé à la barriè ère de leur pré. barrière Je voudrais alors pouvoir arrêter le temps, pourr que ce fugace instant de bonheur dure une éternité. Ce dimanche-là, repu des lumières naissantess d’un premier soleil de mars, je m’apprête à regagner la maison maaison quand je suis attiré par le cri aigu d’un petit oiseau au plastron roux qui s’agite furieusement sur un piquet. Vite, les jumelles ! J’ose à peine lever les bras de peur qu’il s’enfuie avant que je puisse l’identifier. Mais non, il est toujours là… Un tarier

8 PAYS D U NO R D

LETARIER_PATRE_114.indd 8

10/03/14 15:33


L’INSTANT NATURE D’YVES FAGNIART

« Ce petit turdidé se fait plus rare chez nous depuis quelques temps »

pâtre m’ap m’apparaît, ppa p raît, dans tou tout ou ut l’ll’éclat éccla lat d dee magge uséé dee pprintemps, rriintem nttem n mps ps, av veecc ssaa son plumage avec re et son éch haarrp pee bblanche. lanc ncche he. e cagoule noir noire écharpe s lui qui m’obser bs ser e ve ve eett m mee d éfiee. e. En fait, c’’est bserve défi re et et déployant déépl p ooyyant ses s s se Agitant sa queue noire ncées pour mieux ux m ’i’in nttimid i er e , il ailes foncées m’intimider, ressort r ir les taches tac ach ac hees blanches b anch bl ch hes e du fait ainsii ressortir n et des co ouver uvverrtu tu ure res al re aalaires, aiires, qqui ui croupion couvertures ntt dès dès è lors lor o s plus pllus us grandes graand n es et plus semblent es. brillantes. ettit it turdi d déé, qu qquee l’on Je n’ose y croire :: ccee p petit turdidé, traq tr ra uet» ou «witch c â» â en a appeléé aussii ««traquet» «witchâ» pllus p u rare chezz nous nou us depuis patois, see fait plus

temps p ! Il fa faut dir ire qu q m p raaii quelques temps ! dire quee ma praittout utt p ou ur lui pl plaire e : uune n cclôture ne llôô uree en lôtu n riee a to pour plaire : b is et des bo d s argousiers de argo goous usie i rs à hautes haute tes tiges tige g s qu qquii bois l i se lu sserviront rvir iront de ir d m irad dors, un uunee larg rge ha h ie lui miradors, large haie p ur s’abriter, po s’a ’ briter, et même mêm me un petit pettit ruisseau ruiisseaau pour d’herb r es folles fol o lees pour p ur po u accueillir acc ccue ueil illir l son son bordé d’herbes n d. Sans ni San ans l’intensifi l’in inte nt nsifi ifi ficcation cation de l’agr griculture gr nid. l’agriculture exxpl ploi oiite la la moindre moin mo i dr d e parcelle paarcelle de de terre, t rre, te quii exploite s ns les fauches sa fau uch chess trop troop précoces prréc écoc o es des talus tal a us al sans pa and ndag a e de d p e ti es tici c des au ci u bbord ord d de des et l’’ép pandage pesticides c em ch min ins, s sans san ns le manque manqu q e d’entretien ntret e ieen des et d s de chemins, cllairi riières rièr es où ù les les jeunes jeeun nes plantations plantat a ioons se clairières déévveelloopp ppen ent vite en te en endroits e dr en d oits oit fermés oi ferméss où ill développent peu eut survivre, ssu urrvvivvre,, ill serait ser e ai a t resté rest re s é fidèle d le à → dè ne peut

PAY A S DU N ORD 9

LETARIER_PATRE_114.indd 9

10/03/14 15:33


L’’IN L INST ST TAN ANT NA AN N T TU UR RE E D’Y ’YV VE ES FA FAG GN NIIA ART RT

« Il restera tout au plus jusqu’à la fin de l’été. » →la terre qui l’a vu naître, et ne m’aurait

jamais fait l’immense honneur de s’inviter chez moi !

Mais le voici qui quitte son poste et s’envole vers un buisson au-dessus duquel il entame un étrange ballet : on dirait une floche de carrousel qui monte et descend sur place, suspendue à un invisible fil. Notre petit coquin drague… Je réajuste mes jumelles à la recherche de celle à qui est destiné ce vol nuptial. Plus discrète et plus terne que son amoureux, avec qui elle vit en couple toute l’année, la femelle a la gorge foncée ou mouchetée et des miroirs alaires blancs quasi inexistants. Après une union brève avec son compagnon, dont elle ne s’éloigne jamais de plus de 20 mètres, c’est elle qui construit le nid d’herbe, brindilles, feuilles séchées, poils, plumes ou laine, caché au bout d’un tunnel sous la végétation. C’est également elle qui couve, pendant une quinzaine de jours, les 5 à 6 œufs bleus

assum me encore pâles qu’elle y dépose. Elle assume seule les premiers temps du nourrissage des jeunes, qui dure 15 à 25 jours. Ensuite, elle partage la tâche avec le ur des affûts bas et dégagés mâle. Perché sur pl lus hauts quand la végéau printemps, p plus tation estivale a pris de l’essor, le tarier plonge sur sa proie, avant de s’en saisir et de voler au ras des herbes jusqu’à un autre illance. Les mouches, fourposte de surveillance. relles et chenilles dont il se mis, vers, sauterelles mpitoyablement écrasés sur nourrit sont impitoyablement ur les ramollir et les avaler, des pierres pour avant de les régurgiter dans les gorges roses jaunâtres des jeunes.

v ra à la nichée suivante, pouvant vi pouvan ainsi vira engendrer jusqu’à 3 couvées par an. Je suis des yeux le petit garde champêtre dan a se toujours autour autour au tou to urr d inespéré qui danse dee resterra tout au plus mes chevaux. Il restera jusqu’à la fin de l’été, et fuira le froid de neeige. Peut-être que je ne le l’hiver et la neige. reverrai jamais… Et je voudrais, pouvoir arrêter le temps pour que ce fugace instant de bonheur dure une éternité.

trape aussi en ple l in vol Parfois, il attrape plein lon ou autre quelque papillon insecte ailé. Les derniers jours avant le sevrage des melle abanpetits, la femelle mille pour donne sa famille re un peu aller construire d qui serplus loin le nid

10 PAYS D U NO RD

LETARIER_PATRE_114.indd 10

10/03/14 15:33


MP Namur.indd 1

07/03/14 15:25


ON EN PARLE La

mimolette de Roubaix

MIMOLETTES PAR MILLIERS Depuis 150 ans, chez les Losfeld, on est affineur de père en fils. Une marque bien connue des consommateurs nordistes. Ce que l’on ignore, c’est que l’affinage de centaine de milliers de fromages, se passe à Roubaix, au cœur d’anciennes caves textiles. Découverte... odorante. Texte et photos : Claire Decraene

Rue du Luxembourg. Devant nous, la haute silhouette d’une ancienne usine textile, et un panneau «César Losfeld». Longeant les murs de briques, une légère odeur de fromage semble s’échapper des soupirails. Nous sommes au bon endroit. Dans un bureau de l’entreprise, sous les portraits de ses ancêtres, César-Yves Losfeld, directeur, raconte l’histoire familiale : «Mes arrières-grands-parents se lancent dans l’affinage de Maroilles et de Vieux-Lille à la fin du XIX Xe siècle. Ils affinaient chez eux, à Mouvaux, dans la cave où passait un petit ruisseau, l’Espierre, offrant une humidité satisfaisante. Puis ils les vendaient au porte-à-porte aux bourgeois de Roubaix et de Tourcoing. Madame, Sophie-Adélaïde, plus cultivée que son mari, ouvrier dans une brasserie, avait le sens du commerce.» Rapidement, l’entreprise prend son essor, alliant affinage et négoce dès l’entredeux-guerres. La deuxième génération se spécialise dans l’affinage de mimolettes, appelées alors «fromages de Hollande».

Mi-mou, mi-dur «Les Hollandais fabriquaient cette mimolette uniquement pour l’export, lui préférant le gouda et l’edam, explique encore CésarYves Losfeld. Ils l’appelaient le ‘commissie

kasse’ : le fromage à la commission. On pense qu’il était coloré (au rocou) pour marquer cette destination, la couleur orange symbolisant également l’origine hollandaise.» Quant à son nom, il daterait d’après la Seconde Guerre mondiale. Dans les années 30, la crise qui suscite la fermeture des frontières, empêche l’importation du Hollande. Les industriels français commencent à en fabriquer. Les affineurs lui trouvent alors ce nom de mimolette, un fromage à pâte pressée «mi-molle, midure». Au début des années 70, la famille fait l’acquisition à Roubaix des anciennes filatures Cordonnier pour développer son activité commerciale et d’affinage. «Il fallait des locaux où les conditions de température soient les plus stables possibles. Ces murs de plus de un mètre d’épaisseur au niveau des fondations assurent toute l’année une température de 12 à 14°C et une hygrométrie à 90% d’humidité. Les murs en briques jouent le rôle de régulateurs.» L’entreprise exploite une cave sous un entrepôt moderne, édifié sur les ruines de bâtiments incendiés en 1973. Puis achète les caves des bâtiments annexes, abritant, en surface, l’entreprise Liberty Box. Ici, le temps s’écoule différemment. Dans une atmosphère saturée d’amoniaque, des centaines de milliers de fromages s’affinent lentement, de 3 jusqu’à 24 mois pour la mimolette extra-vieille. «Le nord

12 PAYS D U NO R D

On_en_parle_LOSFELD_114.indd 12

10/03/14 15:37


ON EN PARLE

Il faut 50 litres de lait pour fabriquer une mimolette (10 litres par kilo de fromage). La mimolette ou «Boule de Lille» est consommée dans la région depuis le XVIIe siècle.

« Une légère odeur de fromage semble s’échapper des soupirails. »

PAYS DU NORD 13

On_en_parle_LOSFELD_114.indd 13

10/03/14 15:37


ON EN PARLE La

mimolette de Roubaix

« Chaque fromage est retourné et brossé toutes les 3 semaines. »

ne comptant plus de fabricantss {NDLR : la mimolette est fabriquée majoritairement en Normandie, en Loire-Atlantique et dans la Meuse}, nous avons réinitié une fabrication en Belgique, avec du lait du nord, continue César-Yves Losfeld. Les mimolettes arrivent ici à 4 semaines.»

Sous l’action du ciron Sur les planches en sapin brut, chaque fromage est retourné et brossé toutes les 3 semaines. Antonio Machado, l’un des employés, travaille ici depuis 30 ans. Affecté au contrôle dans les ateliers de découpe, de conditionnement et dans les caves, il refait pour nous le geste du brossage : «Aujourd’hui, les brosses sont en nylon mais avant, on utilisait des brosses en chiendent», raconte t-il. Chaque étagère accueille 126 fromages sur un rayon, «2 000 sur toute une longueur de cave». Une étiquette identifie l’emplacement, le fournisseur, le nombre de pièces, le numéro de lot pour la traçabilité, et la catégorie (jeune, etc...). L’artisan de l’affinage, c’est un acarien, étalé sous forme de poudre. «Cette petite bestiole, appelée ciron - ou artisan en

Auvergne - s’attaque aux champignons se développant sur la croûte du fromage et tente aussi d’y pénétrer. C’est pourquoi il faut brosser la croûte...» L’acarien va créer un échange entre l’intérieur et l’extérieur du fromage, il en modifie les caractéristiques physico-chimiques. «Ce fameux petit goût noisette leur serait un peu dû». L’export sur la partie affinage représente actuellement 15% des ventes. Parmi les acheteurs, des pays frontaliers (Allemagne Angleterre, Belgique, Suisse...) mais aussi la Russie et le Japon. Même si «la demande du côté des pays asiatiques reste faible». Les EtatsUnis, soudainement réfractaires aux acariens depuis avril 2013, en bloquent toujours l’importation...

Pratique Losfeld Distribution, 15 rue du Luxembourg à Roubaix, tél. : 03.20.28.99.60. www.losfeld-affineur.fr

14 PAYS D U NO R D

On_en_parle_LOSFELD_114.indd 14

10/03/14 15:37


èmes èm es

journées eurorégionales

des

FORTIFIÉS

LES SAMEDI 26 ET DIMANCHE 27 AVRIL 2014 Découvrez les fortifications d’une trentaine de villes de la région, é de la Belgique, des Pays-Bas et d’Angleterre. Visites guidées, expositions, concerts, spectacles... De nombreuses activités vous attendent surr le thè su hème me des «ri rich ches ch esse es sess ca se cach chée ch ées» ée s».. s» Pour plus d’informations, connectez vous sur :

www.espaces-fortifies.com & www.wallsandgardens.com

Sans titre-1 1

07/03/14 16:43


PASSION Jean-Paul

Maieu, collectionneur

GOOD VIBRATIONS A Cousolre (Avesnois), Jean-Paul Maieu a créé de toutes pièces le Musée de la machine parlante. S’y trouvent des orgues de barbarie, des disques en chocolat et des poupées qui parlent. Un petit lieu atypique qui risque de faire grand bruit. Texte : Joffrey Levalleuxx - Photos : Hannelore Balesse

16 PAYS D U NO R D

On en parle_114.indd 16

10/03/14 15:42


PASSION

« Un demi-siècle d’accumulation d’objets chinés en brocantes »

ir Ce que vous pourrez vo

1897

Un gramophone à monnayeur En matière de collectionneurs, on en voit de toutes les couleurs en ce bas monde. Il y a les ferrovipathes (trains miniatures), les scalaglobuphiles (férus de boules de rampes d’escaliers) ou encore les glacophiles (amateurs de pots de yaourts). Dans la plupart des cas, il s’agit d’une passion dévorante, donc égoïste, donc cantonnée aux quatre murs de « sa » maison. « La mienne était devenue trop petite », explique Jean-Paul Maieu. Il faut dire qu’il n’a pas choisi la plus discrète des collections. Depuis sa tendre enfance, cet homme au regard bienveillant a le béguin pour les gramophones, les phonographes et, de façon générale, pour tout ce qui émet un son. Après un demi-siècle d’accumulation d’objets chinés en brocantes, achetés dans les (rares) musées ou acquis sur le net, Jean-Paul a fini par trouver une issue à son encombrante passion. Depuis un an, il a rangé ses centaines d’objets sous ce qui fut jadis un quai de déchargement de poids-lourds à Cousolre, non loin d’Avesnes-sur-Helpe. Le résultat est stupéfiant.

La bonne voix Quand elle est émise depuis les deux énormes pavillons de quatre-vingtdix centimètres de diamètre, notre Marseillaise en a de l’allure. « Ce phonographe date de 1910. Il vient de Caen. Ce que vous voyez là-bas, ce sont deux singes

musiciens sur un orgue. C’est rarissime car le meuble a été conçu dans les années 1870. » Soit à l’époque de Napoléon III. On s’en gratte encore la tête. Jean-Paul, lui, continue sa visite tel un Zébulon monté sur piles inépuisables. Derrière les vitrines, il a mis en scène ses plus belles pièces, depuis l’origine du gramophone à cylindre (fin 19e) à la première radio solaire (1985). Entre ces deux dates, le visiteur découvre des petits bijoux. Des disques en chocolat de la maison Stollwerck, un meuble massif qui emprunte autant au jukebox qu’au walkman, la première poupée qui parle d’Henri Lioret ou le célèbre gramophone « La voix de son maître » reconnaissable entre tous à son fidèle Jack Russell. « C’est le début de la publicité. Le chien est en carton bouilli d’époque », précise notre guide. A Cousolre, l’arrivée d’un tel musée a fait grand bruit. Les premiers curieux à s’être timidement présentés ne sont pas forcément ceux que l’on croit. Parmi eux, des Chinois, pressés d’enfiler le casque du vieux poste à galène que Jean-Paul a reçu en héritage de son père.

Pratique Musée de la machine parlante, 43 A, route Nationale à Cousolre. Tél. : 03.27.39.49.25 ou 03 27 61 39 78 http://ot.cousolre.free.fr Ouvert le samedi et le dimanche de 14 h à 18 h (3€/2 €)

1900

Le premier pavillon en cristal

1906

Le phonopostal ou carte postale qui parle

1911

Une pendule équipée d’un système de phonographe

1926

Le plus petit disque du monde de chez Mikiphone

1930

Le « Guiniphone », un phonographe doté d’un pavillon en carton

1933

Le poste mappemonde « Colonial radio » du designer américain Raymond Loewy

1948

Le « Somkorette », le poste du fume fumeur et sa réserve de cigares

Disque Pathé qui devait être écouté avec un diaphragme

1965

Le mange-disque en bandoulière Pepito

1985

La première radio solaire La première pre emièrre qui parle poupée qu ui parl le Lioret d’Henri Liore et Phonographe PAYS DU NORD 17

On en parle_114.indd 17

10/03/14 15:42


MAISON DU NORD

Une ancienne fermette à Ploegsteert

SUPPLÉMENT D’ÂME Ploegsteert, paisible ville entre France et Belgique, abrite sur ses terres campagnardes une ferme rénovée avec beaucoup de goût. La bâtisse dénichée par Daphnée et Pierre a acquis, grâce à leur talent sensible, un cachet et une poésie rares. Texte : Claire Decraene / Photos : Jonah Samyn

La route oscille entre les deux pays si proches... tantôt en France, tantôt en Belgique. Au détour d’une voie, elle nous emmène sur un chemin au cœur d’un verger. Ce sont des pommiers et non des vignes. Pourtant on se croirait presque soudainement un peu plus au sud. Mais non... briques et tuiles rouges, porche d’entrée, cour au carré, la fermette apparaît, typique du nord. Dans la cour pavée, les oliviers entourés de nuages de lavande lui donnent toutefois un petit air méridional. « C’est une ancienne ferme – reconstruite avec les dommages de guerre – que le précédent propriétaire avait entièrement rénovée, en conservant l’esprit des lieux », raconte Daphnée. « Nous cherchions une maison à la campagne, relativement isolée pour la tranquillité, et nous nous sommes immédiatement sentis bien ici. » Daphnée, un prénom signifiant ‘laurier’ et fêté à la Sainte

Fleur... Une prédestination pour celle qui exerça dix ans le métier de fleuriste ? Cette touche-à-tout passionnée par la décoration, l’art du paysage et le bricolage excelle en particulier dans le jardin. Le mot est faible d’ailleurs pour désigner le résultat de cinq ans de besogne.

Au bord de l’eau... « Lorsque nous nous sommes installés, l’extérieur ne me plaisait pas du tout. Il n’y avait qu’un immense plan d’eau avec quelques rares plantations », se rappelle la jeune femme. Aidée d’un architecte-paysagiste, Daphnée repense totalement l’espace. La métamorphose est saisissante. Un peu comme dans un théâtre de verdure, on passe d’un univers à l’autre, guidé par la fée aux mains vertes. ‘Guest star’ des lieux : le plan d’eau accessible par une terrasse en pierre bleue. Les alentours de cette dernière sont un enchantement de buis, de rosiers blancs odorants, d’horten-

18 PAYS D U NO R D

Maison PDN_114.indd 18

10/03/14 15:49


MAISON DU NORD

Le ponton dévoile une superbe vue sur le plan d’eau, la prairie fleurie et la campagne environnante.

sias, d’hostas et autres gardenias. Entièrement vidé et remblayé, le plan d’eau est tout simplement passé de rond à rectangulaire. « C’était Beyrouth », s’amuse Daphnée aujourd’hui. « Je voulais absolument préserver les poissons, alors ils ont temporairement déménagé chez nos voisins ! » Les carpes ont retrouvé leur quiétude, comme les libellules, les poules d’eau ou les grenouilles, que l’on observe à loisir depuis le ponton, charmé par les saules têtards et les joncs mus par le vent. « C’est superbe le soir au coucher du soleil, et idéal pour un thé entre copines. » On la croit bien volontiers ! La vue sur le plan d’eau s’achève sur une prairie fleurie et un verger de pommiers en palissade, poiriers et cerisiers. Mais il y a encore un potager, les deux ruches de Pierre, un jardin d’esprit anglais, la pâture des deux adorables ânesses, Panama et Mimosa, et un peu plus loin, une tonnelle romantique ancienne en fer forgé couverte d’une épaisse glycine. Un jardin poétique et inspiré, qui vieillira comme un bon vin, acquérant rondeur, force et densité.

Harmonie naturelle À l’intérieur, simplicité raffinée et esprit de famille règnent. La fermette, conçue selon un plan en U, offre deux longues ailes autour du corps principal. La dépendance de droite, esprit grange, abrite une piscine de dix mètres sur cinq, avec espace sauna, vestiaire, douche et commodités. « Grâce à une pompe à chaleur, l’eau est à 30°C, un bonheur ! ». Elle donne sur la grande pièce de vie : le salon, séparé de la salle à manger et de la cuisine par un mur cheminée couleur gris, contemporain et élégant. Daphnée privilégie cependant les couleurs claires. Elle a choisi un blanc cassé pour les murs et a réchauffé la pièce en faisant poser un parquet en chêne grisé. Des placards imaginés avec des portes anciennes cérusées accentuent le côté cosy de l’endroit. « Nous les avons dénichées chez Antiek Bouw à Ypres, une société spécialisée dans les matériaux de construction anciens, c’est le paradis des portes ! » →

PAYS DU NORD 19

Maison PDN_114.indd 19

10/03/14 15:49


MAISON DU NORD

Une ancienne fermette à Ploegsteert

Un parquet en chêne, des portes anciennes cérusées et des meubles de famille associés à des objets déco actuels accentuent l’esprit cosy de la grande pièce de vie.

→ La salle à manger bénéficie d’une superbe hauteur de plafond

et s’ouvre vers l’étage en mezzanine grâce à un escalier judicieusement repeint dans les mêmes tons ficelle et lin que les meubles de la cuisine. Imposant avec sa balustrade en fer, il se fond désormais dans l’espace avec la légèreté qui lui faisait défaut et s’harmonise parfaitement avec le carrelage pierre d’église noir brillant. Les amis et la famille sont gâtés avec deux vastes chambres dévolues à leur séjour. Dans l’une d’elles trône une baignoire à pattes de lion, accentuant le romantisme des lieux.

Souvenirs de famille Un peu partout dans la maison, des objets au charme désuet – boîtes à chapeau, de toilette, horloge – et des meubles de famille parfois décapés et repeints ont trouvé leur place. « J’adore peindre, mon mari m’appelle la poule ‘peindeuse’ », s’amuse Daphnée, qui n’aime pas la monotonie. « Ces meubles ont tous une histoire : celui-ci appartenait à mon grand-père. Il y rangeait ses outils. » Avec beaucoup d’inventivité, elle les associe à de petites fantaisies décoratives de chez Sia, Jardins d’Ulysse... Reconversion réussie pour ce petit meuble de musique noir style Napoléon III. Monté sur roulettes, il change fréquemment de place, selon

l’inspiration de la maîtresse de maison. On y rangeait initialement des partitions de piano. Elles protègent ici des manuels de jardinage anciens, ailleurs un petit bibelot ou une plante. Sous l’escalier, une commode chinée à l’Espace Nord-Ouest (regroupement d’antiquaires) de Bondues accueille les photos de famille. Un étroit petit deux-corps ancien conjugue l’authenticité avec la grande table de ferme dégotée chez un antiquaire de Caestre. Idéale pour les repas de famille. La deuxième aile de la ferme, tout en longueur accueille une enfilade de pièces : le bureau de Daphnée, la chambre d’enfant, un dressing et la chambre parentale. Panneaux de lin, couleurs claires, l’ensemble respire encore charme, quiétude et intimité. « Il faut prendre le temps de vivre dans une maison pour savoir comment on l’aménage. » Avec goût, créativité, patience et plaisir, Daphnée a exploité tout le potentiel de cette jolie fermette. On quitte les lieux avec le sourire, tant le bonheur qui y règne est communicatif. Vous avez apprécié cet intérieur ? Retrouvez toutes les belles demeures du Nord dans le magazine Maisons du Nord, en kiosque tous les 2 mois.

LE MAGAZINE DÉCO DU NORD DE LA FRANCE

GAGNEZ

un séjour de charme en Belgique

SUCCÈS DU NORD

Les tapis de luxe des Manufactures Catry

Shopping Trouvez votre style de cuisine

CAP SUR BRIGHTON Histoire et luxe anglais FÉV - MARS 01/2014 - Prix: 6,25 €

M 01964 - 28 - F: 6,25 E - RD

3’:HIKLTG=YU[WZ\:?a@k@c@i@k";

CHALEUR AUTHENTIQUE

AMBIANCE APAISANTE

NOTE CONTEMPORAINE

20 PAYS D U NO R D

Maison PDN_114.indd 20

10/03/14 15:49


MP_Maison-du-Nord.indd 1

07/03/14 15:31


GRANDE GUERRE :

Plugstreet 14-18 Experience

22 PAYS D U N O RD

Histoire_GD_GUERRE_114.indd 22

10/03/14 14:18


GRANDE GUERRE

EN DIRECT DU FRONT Au cœur des bois de Ploegsteert, à quelques mètres du grand mémorial britannique où sont inscrits les noms de 11 000 victimes de la Grande Guerre, le tout nouveau Centre d’Interprétation « Plugstreet 14-18 Experience » offre un regard différent sur le conflit, au plus près du terrain. Texte : Ludivine Fasseu - Photos : Sébastien Jarry (sauf mentions contraires)

Le 7 juin 1931, le duc de Brabant (futur Léopold III) inaugurait à Ploegsteert, l’un des plus grands mémoriaux britanniques de la Grande Guerre. Gardé par des lions, ce dernier conserve les noms de 11 447 soldats ensevelis à jamais dans la boue des tranchées. Depuis, malgré le temps qui passe, les Britanniques sont toujours nombreux à faire le voyage pour rendre hommage à ces braves, morts loin de chez eux. Mais que savent ces visiteurs du conflit ? Quel était le quotidien de leurs aïeux ? Que se passait-il sur le terrain lorsqu’ils sont tombés ? Et la vie dans les tranchées ? Et les populations qui vivaient à quelques mètres de la ligne de front ? Et les Allemands juste en face, vivaient-ils de la même façon la guerre ? Ce conflit semble loin et pourtant il est si proche. Un siècle nous sépare seulement de cette boucherie mais comment imaginer ce qu’ont enduré les populations de l’époque. Plusieurs musées racontent le conflit : l’Historial de Péronne dans la Somme reste un incontournable. Citons également dans le secteur le musée In Flanders Fields à Ypres ou encore le Musée-mémorial de Passchendaele

(Zonnebeke). Depuis novembre 2013, le Centre d’Interprétation de Ploegsteert vient compléter le propos de ces grands incontournables et offre un nouveau regard sur le conflit. « Curieux, les tenanciers de l’auberge juste en face du mémorial ont comptabilisé pendant près d’une année les personnes qui se rendaient sur ce site de mémoire. Au final, ils étaient presque une centaine par jour. Seulement, il n’y avait rien à côté de ce mémorial pour apporter un éclairage sur la mort de ces pauvres victimes. En 2006, une étude menée sur le potentiel touristique du secteur a révélé l’intérêt de créer une nouvelle structure sur cette frange de l’histoire. Et nous voilà, année de centenaire, prêts à accueillir les visiteurs » explique Florence Dekimpe, chargée de la communication du Plugstreet 14-18.

La “ High tech ” au service de l’histoire Dans un bâtiment sous-terrain, le Centre d’Interprétation de Ploegsteert joue la carte de la modernité. La Grande Guerre se découvre principalement sur écrans. Une poignée d’objets rappelle la dureté du conflit mais on est loin du traditionnel musée de la guerre. L’intérêt n’est pas

là. Le plongeon au cœur du conflit se fait essentiellement par l’image. Ainsi la visite commence par un film sur le contexte géopolitique d’avant-guerre : la colonisation, les tensions des Balkans, l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand d’Autriche... Si la population de l’époque ne s’attendait pas à une telle guerre, quelques signes précurseurs sur la scène politique européenne annonçaient le conflit. Mais les sphères dirigeantes semblaient bien loin du peuple. Le peuple justement, qu’en est-il ? Quel fut leur quotidien à eux, aux soldats, aux civils ? Le Centre de Ploegsteert arrive à rendre la guerre concrète. Grâce à une animation, le visiteur découvre par exemple les différents mouvements de la ligne de front fixée entre Comines et Warneton. La carte animée détaille les va-et-vient des deux armées pendant les quatre années du conflit, avec au nord du saillant (Ploegsteert) : les alliés, et au sud (Warneton) : les Allemands. L’animation détaille l’arrivée des Anglais, le début de la guerre des tranchées, la première attaque au gaz le 22 avril 1915 -les villes sont évacuées- la stagnation pendant deux longues années, la préparation de la bataille de Messines, prélude de grandes opérations comme la 3e bataille d’Ypres →

PAYS DU N ORD 23

Histoire_GD_GUERRE_114.indd 23

10/03/14 14:18


GRANDE GUERRE :

puis l’arrivée des Américains qui obligent les Allemands à battre en retraite.

Le pouvoir de l’image Une fois les bases posées, le visiteur rentre un peu plus dans le conflit, dans l’intimité des soldats ou dans celle des familles restées à l’arrière. Chacun peut se composer sa propre visite en fonction de son intérêt. Un écran géant de style tablette permet de superposer des photos. On peut ainsi comparer des tranchées, des villes avant et après le passage des troupes. En agrandissant les images, on peut comprendre le système des tranchées : comment on est passé d’une simple tranchée au départ à un système complexe de plusieurs lignes de défense protégé par d’épaisses barricades de fils de fer. La vie en dehors du front tient une place prépondérante. Lorsqu’à l’été

Plugstreet 14-18 Experience

1914, le tocsin sonne la mobilisation, les habitants de Comines-Warneton sont loin d’imaginer que leur ville va être coupée en deux. Ils savent que quelque chose se trame, des cavaliers français sont passés un peu plus tôt, mais de là à imaginer ce degré d’horreur... Certains subiront l’occupation allemande, d’autres celle de l’Empire britannique. Tous au final connaîtront l’exil. Dès la fixation du front, les fermes et les usines sont réquisitionnées. Sur la Grand-Place de Comines, tombée aux mains des Allemands, un bureau de change remplace la boucherie... Ainsi des centaines de photos et de vidéos organisées en thématiques éclairent les visiteurs sur les différentes facettes de la guerre : les divertissements -pour garder le moral des troupes- la censure, la propagande et même l’humour. Bruce Bairnsfather, l’un des plus célèbres caricaturistes de la

Grande Guerre, réalisa ses dessins dans le secteur de décembre 1914 à avril 1915. Le centre revient également sur les différentes trêves de Noël qui se sont opérées ici (sujet à découvrir dans notre numéro spécial Grande Guerre en octobre 2014) et bien sûr sur la dévastation quasi-totale des villes alentours. Une photo aérienne de Comines-France prise en 1917 montre un paysage lunaire. Seules quelques cheminées restaient debout au lendemain du conflit.

Pratique Plugstreet 14-18 Experience, rue de la Munque 18, B 7782 Ploegsteert, tél. : 00.32.56.48.40.00. Ouvert tous les jours de 10h à 17h (1er vendredi du mois de 10h à 19h), tarif plein : 5 €.

24 PAYS D U N O RD

Histoire_GD_GUERRE_114.indd 24

10/03/14 16:30


MP_OPT.indd 1

07/03/14 15:32


D O SS S S IE IE ER R >E ESTAMINETS ES STAMI TA T AM MIIN NE E ETS TS T S&A AUBERGES UB U BER ERG GE ES ES

DOSSI ER

ESTAMINETS ETLeAUBERGES sens de la convivialité ILS SONT LES BOUCHONS LYONNAIS DU NORD AVEC TOUT CE QUE CELA SIGNIFIE DERRIÈRE... FAITES DONC L’EXPÉRIENCE DE DEMANDER À UN HABITANT DE LA RÉGION SA DÉFINITION DE L’ESTAMINET. VOUS SEREZ SANS DOUTE SURPRIS QU’ELLE SOIT DIFFÉRENTE DE LA VÔTRE ! CHACUN POSSÈDE SA PROPRE IDÉE ET CHACUN Y TROUVE SON PETIT PLAISIR. QU’ON LE FRÉQUENTE POUR SON AMBIANCE, SES BIÈRES, SON DÉCOR OU SA CUISINE DE TERROIR, ON AIME LA CONVIVIALITÉ QUI Y RÈGNE. DANS CE DOSSIER, PAYS DU NORD VOUS PROPOSE UNE SÉLECTION D’ADRESSES À DÉCOUVRIR DANS LE NORD-PAS DE CALAIS, COMPLÉTÉE PAR QUELQUES BONNES AUBERGES QUI JOUENT LA CARTE DU TERROIR.

26 PAYS D U N O R D

DOSSIER_114.indd 26

10/03/14 11:11


ESTAMINETS E ES STA TAM MIINE ETS TS & A AUBERGES UB U BE ER RG GE ES < D DO O SS S S IE IER

PAYS DU N ORD 27

DOSSIER_114.indd 27

10/03/14 11:11


LES sûres VALEURS

© Claire Decraene

D O SS I ER > ESTAMINETS & AUBERGES

ESTAMINET DE LA MAISON COMMUNE, 105 La Place, 59190 Hondeghem. 03.28.41.39.59. Ouvert vendredi, samedi et dimanche midi et soir. Réservation conseillée.

T’OUDE WETHUYS, IMMUABLE !

LA TAVERNE DU WESTHOËK, CHARGÉE DE SOUVENIRS Des vieux réveils, des machines à café d’époque, une petite cuisinière des années 50, des chapeaux, paniers, porcelaines… Depuis l’ouverture de la Taverne du Westhoëk il y a 11 ans, Marie-Pascale Fauquet chine de vieux objets et partage avec ses clients un bout de son enfance et ses souvenirs personnels. L’ambiance est familiale : pendant que les enfants jouent dans la salle aux jeux traditionnels flamands, les parents profitent d’un repas-concert à l’accordéon autour de la cheminée et du bar central. Sur la route de la mer, MariePascale travaille le poisson, pour lequel elle respecte une charte éco-responsable. Les grillades au feu de bois ont aussi leur place à la Taverne du Westhoëk, avec notamment le jarret de porc de la ferme Behart, à quelques pas de là. Ici la cuisine se veut authentique, tout est fait maison à base de produits locaux. Et pour ne rien gâcher, Marie-Pascale –l’une des initiatrices de la fête de la soupe à Lille- vous propose chaque week-end une bonne soupe maison ! ✱Textes Louise Roussel LA TAVERNE DU WESTHOËK, 2, route de Wylder, 59380 Quaëdypre, tél. : 03.28.68.68.14. Ouvert du jeudi midi au dimanche midi.

Hondeghem, petit village des Flandres niché dans la campagne hazebrouckoise a su conserver ses traditions. Groupés autour de la petite place, son église, sa mairie, un cimetière, deux écoles et... son estaminet. Une bâtisse de caractère, datant du tout début XVIIIe siècle dont la blanche façade aux riants volets mauves se distingue de loin. Tout en longueur, cette ancienne maison commune (on s’y retrouvait pour débattre, rendre la justice...) transformée en café dans les années 70 devient estaminet tel qu’on les connaît en 2001. Depuis 4 ans, Dominique et Eliane, originaires de Bailleul, en perpétuent l’esprit avec passion et conviction. Chineurs, ils étoffent le décor déjà admirable : suspensions de barbotines, objets religieux, portraits d’ancêtres, vierpots, moulins à café, publicités anciennes... un vrai régal pour les yeux. Côté papilles, la carte simple et efficace, est judicieusement imprimée sur les tables : tout est sous les yeux ! « Ici, tout est fait maison » insistent-ils, et « nous privilégions les producteurs locaux » : fromages de la Ferme des Récollets, viande du Chemin de la Ferme à Staple, bières locales évidemment (une bonne dizaine au choix Chimay bleue, 3 Monts, Bracine, Maredsous etc...) Dominique cuisine les grillades (travers de porc, andouillettes, et les tripes !) dans l’âtre de l’imposante cheminée, convivialité garantie. Une adresse de charme, incontournable, et dont on ne se lasse pas. ✱Textes Claire Decraene

28 PAYS D U NO R D

DOSSIER_114.indd 28

10/03/14 11:11


© Olivier Leclercq

< DO SS I E R

AUBERGE DU NOORDMEULEN, Route de Wormhout, 59114 Steenvoorde. Tél. : 03.28.48.11.18. www.aubergedunoordmeulen.fr

L’AUBERGE DU NOORDMEULEN,

AU SAINTERASME,

PIONNIÈRE ET GOURMANDE

SIMPLE ET CHALEUREUX

er

Salué par un 1 prix des Vieilles Demeures Paysannes Françaises pour sa restauration exemplaire, l’endroit situé à 500 mètres d’un moulin à vent (le fameux NoordMeulen) s’ouvre aux hôtes parmi les premiers en Flandre dès 1982. Les parents d’Anne Schepens élèvent des chèvres et deviennent restaurateurs avec, dès les débuts, cette originalité pour laquelle les clients viennent aujourd’hui de loin : un menu unique tous les week-ends. Et le premier

client qui réserve a la primeur de l’entrée et du plat ! Anne, leur fille, et son époux Jean-François reprennent la table en 2000. Encore une fois du fait maison, des recettes familiales, des produits hyper-locaux et un tour de main qui fait la différence. Parmi les spécialités, une goyère au pavé de Cassel, la tourte au fromage de chèvre de la ferme, le potjevleesh maison aux quatre viandes blanches, le poulet mijoté à la bière des Trois Monts, raisin et carottes, ou le coq à la flamande flambé au genièvre... Vous l’aurez compris, ici on privilégie le goût, l’authentique

et le copieux : pour 18 euros (entrée, plat et dessert) ou 21 euros (velouté et fromages en prime). Dans un décor digne d’un musée flamand, vous serez servis en costumes traditionnels de paysanne endimanchée et meunier flamand, « inspiré du géant hazebrouckois Tisje-Tasje », ponctue Jean-François. Une vingtaine de jeux flamands, des animations variées (spectacle humoristique, balades en attelage, chanson...), complètent l’excellent bulletin de cette auberge.

Direction Sercus, « village-patrimoine ». Un clocher roman du XIIe siècle et de l’autre côté de la rue, un estaminet à la façade si pimpante qu’on a déjà envie de s’y réfugier. Ce «drankhuis» (débit de boissons) est le seul rescapé parmi les

17 qui existaient durant l’Entre-deuxGuerres. « Si votre ventre crie famine,

✱Textes Claire Decraene

© Claire Decraene

Quel charme ! Cette ferme datant de 1807 nichée dans la campagne de Steenvoorde a tout bon.

AU SAINT-ÉRASME 18, route de Blaringhem, 59173 Sercus. Tél. : 03.28.41.85.43. www.estaminet-le-st-erasme.com Ouvert le jeudi midi, le vendredi et le samedi midi et soir, le dimanche midi et tous les jours fériés.

vous êtes au bon endroit, car saint Erasme est invoqué pour soulager les maux de ventre », lit-on encore sur le panneau en façade. Il y a huit ans, de retour de Thonon-les-Bains, Dominique et Patrick Beun cherchaient à reprendre un commerce à la campagne, dans leur fief nordiste. Les lieux simples, sans chichis, ont conservé leur caractère : poutres et briques apparentes, carrelage ancien, solide comptoir surmonté du lion des Flandres, comme il se doit. Côté cuisine, on aime les frites fraîches et croustillantes cuites au gras de bœuf, le fameux lapin au pruneaux, « la recette de ma belle-mère » confie Dominique, la souris d’agneau fondante devenue incontournable et la tête de veau traditionnelle. Une bonne adresse que les locaux plébiscitent et que vous prendrez plaisir à découvrir pour un repas dominical après une balade en pays flamand. ✱Textes Claire Decraene

PAYS DU N ORD 29

DOSSIER_114.indd 29

10/03/14 11:11


© Claire Decraene

© Louise Roussel

D O SS I ER > ESTAMINETS & AUBERGES

L’AUBERGE FLAMANDE,

AUBERGE FLAMANDE, 2590, route de Caestre, 59190 Caestre. Tél. : 03.28.40.25.25. Ouvert le midi du mardi au dimanche, le vendredi et le samedi soir.

LA TRADITION RENOUVELÉE Encore une bonne adresse, bien connue des amoureux de la Flandre. Sur la route de Bailleul, le

accueillant de savoureuses grillades «Ribbetjes» (côtes de porc), andouillette, jambonneau sauce moutarde à l’ancienne, et toutes

dans ce type d’endroit : carbonade à la Saint-Bernardus, potjevleesh maison, langue de bœuf sauce piquante, poulet fermier label rouge au maroilles, assiette de fromages locaux... Arrosées de bières trappistes (Chimay, Rochefort, Westmalle Triple, Orval), de bières d’Abbaye, de spéciales et de classiques du coin (Fromulus, Bracine Triple, Hommel Bier, Bière des Trois Monts). Aujourd’hui, le temps est venu de passer la main. Le 1er avril, Antonin Maresciano, 28 ans, originaire de Flêtre et ayant fait ses classes chez Guy Savoy et dans diverses bonnes adresses en France, reprendra les rênes de cette maison « avec l’esprit qui en a fait la réputation : un excellent rapport qualité-prix (NDLR : 9,50 euros le plat du midi !), des produits locaux, mais aussi quelques touches de modernité en cuisine et dans le décor. » La promesse d’un vent de renouveau donc, dans le respect de la tradition. A suivre...

les autres spécialités que l’on cherche

✱Textes Claire Decraene

village de Caestre accueille une auberge à l’esprit flamand, tenue depuis 18 ans par Philippe Boddaert et Marc Denorme. « La bâtisse date de 1800 et a abrité l’atelier d’un bourrelier au début XXe siècle, avec un estaminet » explique ce dernier. Tous deux ont une belle carrière derrière eux. Marc est ainsi passé par les fourneaux de l’Huîtrière, du Compostelle ou encore du Bistrot Tourangeau. Pas de secret pour expliquer la réputation du lieu (trophée de la restauration Gilles Vartanian en 2012 pour la cuisine à la bière) : du fait-maison, un ambiance conviviale, simple, un décor traditionnel avec une large cheminée

DE TERE PLEKKE, UN EMBLÈME RÉGIONAL Il est l’un des premiers estaminets à être fondé dans la région, à la même époque que « In de Wulf » et « De Halve Maan » dans le même secteur. En 30 ans cet estaminet flamand s’est imposé comme un incontournable aux pieds des Monts de Flandre. De Tere Plekke c’est « ce qui nous tient à cœur » en français. Pas étonnant qu’on y croise des clients qui reviennent vingt ans après leur première visite, le cœur chargé de souvenirs. Les murs en briques apparentes, les boiseries et le poêle central donnent au lieu beaucoup de cachet. Les vieilles pancartes des années 70 côtoient les bougies et les ardoises à la craie. Sur le côté, un escalier escarpé vous mène sous les poutres, sur une mezzanine en bois chaleureuse et conviviale. Sur

fond de blues ou de country, on y déguste les fameuses faluches garnies au maroilles ou au lard, et on termine bien sûr par la traditionnelle brioche perdue glace spéculoos. Nicolas et Alex vous accueilleront avec humour et bonhomie et se fera un plaisir de vous conseiller l’une des 80 bières à la carte. ✱Textes Louise Roussel TERE PLEKKE, Koudeketstraat 21, 8951 Dranouter, 00.32.57.44.65.67. Ouvert les vendredi et samedi soirs et le dimanche toute la journée.

30 PAYS D U N O R D

DOSSIER_114.indd 30

10/03/14 11:12


© Benoit Bremer

© Louise Roussel

< DO SS I E R

ESTAMINET L’ANDOUILLER, 15 place du Marché, 62870 Douriez, tél. : 03.21.90.41.53. www.estaminetdelandouiller.com TAVERNE « LE BRUEGEL » 1 place du Marché aux Fromages, 59380 Bergues, tél. : 03.28.68.19.19. Ouvert 7 jours sur 7, midi et soir.

L’ANDOUILLER, BONNE VIANDE ASSURÉE

LA TAVERNE LE BRUEGEL, CHARGÉE D’HISTOIRE La façade imposante de la Taverne du Bruegel trône depuis 1597 sur les quais du Pont Saint-Jean à Bergues. D’abord commerce de charbon, puis de bière, la bâtisse est transformée en estaminet il y a plus de 25 ans. André Blondel, gérant de l’établissement depuis 10 ans a misé sur cet héritage : la cor-

nemuse résonne dans chacune des pièces, les serveuses sont en costumes traditionnels et des

✱Textes Benoit Bremer

lage de Douriez, à deux pas de l’église, quelques notes de pijpzak (cornemuse flamande) et de violon réchauffent l’air humide de ce début de printemps. Une odeur de feu de bois et de viande rôtie s’échappe de la façade de ce qui semble être un ancien café. C’est là le fief de Michel Vasseur : l’Estaminet de l’Andouiller. Dès le passage de la porte, de grandes tables et un feu de cheminée accueillent les visiteurs. Un cochon de lait dore, léché par les flammes de l’âtre. Rien de tel pour vous transporter dans l’esprit des grands banquets paysans. Les murs, décorés de vieilles scies, de pots à lait, et de houblon séché, finissent de donner le ton. Au fond de la salle, un groupe de musique traditionnelle charme les gourmets venus se délecter de lapin à la chicorée, filet mignon au maroilles, queue de bœuf à la bière et autre ficelles picardes. Michel Vasseur officie en cuisine. Sa spécialité ? L’andouille. Cet ancien boucher-charcutier la fabrique sur place. Michel ne se voyait pas rester sans rien faire une fois la retraite venue. Il Bar-tabac ouvert tous les jours voulait partager son amour de la sauf le mercredi. Repas à partir bonne chère. C’est tout naturelledu jeudi midi et soir au dimanche midi. Soirées spécialités Ch’tis ou ment qu’il a ouvert ce lieu conviPicardes les premier et troisième vial. Une table à ne pas manquer. vendredis de chaque mois.

photos anciennes habillent les murs. Le Bruegel, c’est aussi un lieu plein de surprises : quatre espaces aux ambiances différentes se succèdent : la grande salle –ancienne cour extérieure- où vous pourrez déguster une Tartine berguoise ou un lapin à la flamande sur de grandes tablées de bois, la cave voûtée – intimiste –, la petite cuisine cachée dans un recoin de l’établissement, ou l’estaminet, authentique et convivial. ✱Textes Louise Roussel

Un vendredi soir sur les bords de l’Authie. Dans le petit vil-

(Réservation conseillée)

LE BISTROT DE TONTON,

© Louise Roussel

Des murs en lambris vieux rose, des nappes aubergine, des briques claires, des broderies et des vieux livres, le Bistrot de Tonton est différent, et ça se voit. Ancien commercial reconverti, Eric Dumetz a mangé pendant trente ans dans toute la France, et s’inspire pour son établissement des bouchons lyonnais ou des bistrots du sud-ouest. La décoration est tendance, mais reprend les codes de l’estaminet, comme le poêle à bois ou les vieilles caisses de bière de la brasserie Ricour. « L’estaminet, il est avant tout dans l’assiette », explique Eric. Fils de boucher, il sait choisir sa viande et il est reconnu pour ça. Pavé anglais, tripes de porc sauce Hoegaarden, andouillette, terrines : ici les abats et la viande tiennent une place de choix. La bière vient de la brasserie du Pays Flamand à Blaringhem, les pommes de la ferme Herman à Méteren, les andouillettes de Comines… Bref, tout est local et tout est fait maison ! ✱Textes Louise Roussel

Louise Roussel ©L oui ou uiisse u e Ro Rou R ou o usss sse sse el

COMME CHEZ SOI

LE BISTROT DE TONTON, 29 place de l’Eglise, 59270 Merris. Tél. : 03.28.42.72.00. Ouvert le mardi, mercredi, jeudi et dimanche midi, le vendredi midi et soir et le samedi soir. PAYS DU N ORD 31

DOSSIER_114.indd 31

10/03/14 11:12


D O SS I ER >

Bon plan : possibilité de balades en ' calèches au départ de l'estaminet.

SAMÉON É REVIT GRÂCE À SON ESTAMINET SAMÉON, PETIT VILLAGE DE LA CAMPAGNE DE SAINT-AMAND-LESEAUX. IL Y A 5 ANS, LA MAIRIE DÉCIDE DE DYNAMISER LA COMMUNE EN REDONNANT VIE À QUELQUES COMMERCES : EN 2010, UN GÎTE RURAL (DESTINÉ AUX PÉLERINS EN ROUTE VERS COMPOSTELLE), UNE BOULANGERIE, UNE COIFFEUSE, UNE ÉPICERIE. PUIS EN 2011, UN ESTAMINET... « Lorsque nous avons entendu parler de l’appel d’offres lancé pour reconvertir les anciens abattoirs et cette habitation en restaurant, nous n’avons pas trop hésité. Nous étions à un tournant de notre vie, il fallait se lancer. Nous nous sommes portés candidats et nous avons été retenus » explique simplement Valérie Mullier, native de la commune. Aux côtés de son époux Eric, professeur charcutier-traîteur aux CFA de Tourcoing et Prouvy, l’ancienne infirmière troque sa blouse et se met aux petits soins des amoureux de bonne chère. « C’était un pari mais je ne regrette pas. J’aime beaucoup échanger avec les clients, voir ce qui leur plaît, ce qui leur plaît moins. Et puis, nous sommes heureux de prendre part à la dynamique d’un village. Sans l’installation de ces nouveaux commerces dont nous faisons partie, le village serait mort à petit feu ». Attentionnées, Valérie et son équipe ont fait de cet établissement, un estaminet

ESTAMINET DE LA COUTURETTE, 156 rue de la Mairie, 59310 Saméon, tél. : 03.20.64.59.28. Ouvert le midi du mardi au vendredi, le mardi et vendredi soir ainsi que le samedi et dimanche soir. L’estaminet fait également traiteur et salle de séminaire.

convivial où l’on se sent bien. Florian, le fils, et Benjamin le neveu ont rejoint l’aventure. « Nous travaillons en famille, ça n’est pas tous les jours facile mais c’est très enrichissant » s’amuse Valérie.

UNE REMISE EN QUESTION PERMANENTE Néanmoins, la restauratrice sait que le pari n’est pas gagné. « C’est un métier où l’on ne peut se reposer sur ses lauriers. Surtout quand l’établissement se situe comme ici en rase campagne. (NDLR : Couturette signifie d’ailleurs « petite parcelle de culture » ). Nous n’avons pas le droit à l’erreur, il faut sans cesse se réinventer et surtout miser sur la qualité, sinon le client ne fera pas l’effort de venir jusqu’ici » explique-t-elle. Ainsi côté cuisine, les époux Mullier proposent une cuisine d’estaminet à base de produits frais – « tout est cuisiné sur place » - et en grande majorité issus du secteur. Ils ont d’ailleurs reçus le label « Artisan en Or ». Le potjevleesh, la carbonade et le maroilles sont sans surprise à la carte, mais charcutier de métier, Eric a fait des abats sa spécialité. Côté décor, on retrouve l’esprit des estaminets d’autrefois sans pour autant trouver une surcharge d’objets. « Je ne voulais pas copier les estaminets qui existent déjà, je voulais apporter ma touche personnelle. Certains me disent que c’est plus épuré que dans d’autres estaminets. En fait, je voulais que les clients se sentent comme à la maison ». ✱Textes

Ludivine Fasseu PHOTOS Sébastien Jarry

32 PAY 32 PPA AY S D U NO AY NORD NOR

DOSSIER_114.indd 32

10/03/14 11:12


Esprit Estaminet

Le Barbue d’Anvers

Le Petit Barbue

De Tere Plekke

Il faut passer le porche et s’aventurer dans une petite cour pour découvrir ce bel immeuble en briques du XVIème siècle. Le Barbue c’est un estaminet, oui mais lillois ! Un cadre qui mêle les belles patines des planchers et plafonds, les briques peintes ou brossées et une belle collection de pots et autres récipients dans son apothicairerie. Dans ce cadre particulièrement chaleureux, il offre une cuisine régionale généreuse alliant les classiques flamiches et carbonades joliment revisitées à d’autres recettes plus élaborées. Incontournable tant pour les lillois que pour tous ceux qui veulent découvrir l’âme du Nord !

Cet autre petit coq (car le barbue d’Anvers est un gallinacé) n’a rien à envier à son grand frère. Situé au cœur du Vieux-Lille, il impose déjà par la beauté de sa façade flamande. Idéalement placé avec sa belle terrasse donnant sur les pelouses de l’ilôt Comtesse, il assume son caractère lillois. Gourmand, il fait la part belle à une cuisine régionale riche et conviviale. Des plats emblématiques à déguster avec une bonne bière locale bien sûr. Sur ce terrain aussi le Petit Barbue ne s’en laisse pas compter et propose une grande variété de bières du Nord et de Belgique. Bref un petit coq bien sympathique.

C’est à la frontière franco-belge, aux pieds des Monts des Flandres que l’on déniche De Tere Plekke. Son nom signifie en flamand « Ce qui nous tient à cœur » et l’on comprend pourquoi, dès le seuil franchi. Cet endroit, c’est l’âme même de l’estaminet flamand, avec son ambiance intime et festive en même temps, ses grandes tables massives, ses guirlandes de houblon. L’hiver on s’y réchauffe autour du grand poêle. L’été on profite du bon air en terrasse. Et à chaque fois on y retrouve avec plaisir les plats et les bières qui font la renommée de l’estaminet. Un moment incomparable et inoubliable !

3 avenue du Peuple Belge 59000 Lille tél. : +33 (0)3 20 06 81 65 Ouvert du lundi au dimanche midi.

Koudekotstraat 21 8950 Dranouter-Heuvelland - Belgique tél. : +32 (0)57 44 65 67 Ouvert le jeudi, vendredi et samedi soir, le dimanche midi et soir.

1 bis rue St-Etienne - 59800 Lille tél. : +33 (0)3 20 55 11 68 Ouvert du lundi au samedi midi et soir.

w w w . e s t a m i n e t d u n o r d . f r

1p_estaminets.indd 1

07/03/14 15:17


© Ludivine Fasseu

D O SS I ER > ESTAMINETS & AUBERGES

DE VIERPOT, LA FLANDRE DANS TOUTE SA SPLENDEUR Attention vue d’exception ! Sur les hauteurs du mont de Bœschèpe, niché sous les ailes du moulin de l’Ingratitude, l’estaminet du Vierpot dispose d’un des plus beaux panoramas de la région. Mais le Vierpot, c’est avant tout une ambiance. Une atmosphère dont les Flamands ont seuls le secret, où règne une chaleur sans pareille. Ici, on rit

L’ESTAMINET DU CHEMIN VERT, 102 rue du Dronckaert, 59960 Neuville-en-Ferrain, tél. : 03.20.85.97.02. Ouvert tous les midis, et les jeudi, vendredi et samedi soirs. Fermeture le lundi. Terrasse couverte et fermée, soirées accordéoniste sur demande (ainsi que quatre fois par an).

fort et les habitués partagent volontiers leur amour de la Flandre à quiconque veut bien les écouter. Ainsi racontent-ils aux randonneurs de passage l’histoire du pot à braises, « vierpot » en flamand, qui servait à allumer et entretenir les pipes. Autour d’une bière (60 à la carte essentiellement belges), d’une limonade, ou d’un jus de pommes fermier, les langues se délient. On commente chacun des objets entreposés un peu partout et les photographies noir et blanc d’hier. Et finalement, alors que les minutes passent, on se surprend à partager une planche avec un inconnu ! Ici la restauration est simple, typique des estaminets d’autrefois. Au programme : beaucoup de bonne humeur, des planches à base de fromage, de charcuterie ou de potjevleesh, des « patates » à la pelure ou au beurre d’ail, une petite gaufre en guise de dessert, les traditionnels jeux flamands pour mettre tout le monde d’accord, sans oublier les picons, spécialités de la maison (avec modération) ! ✱Textes

Ludivine Fasseu PHOTOS Jérôme Berquez

ESTAMINET DE VIERPOT , 508 rue de la gare , 59299 Bœschèpe , tél. : 06.87.44.06.51 (Annick). De janvier à décembre : ouvert le samedi, le dimanche et les jours fériés de 11h à 20h30 (21h le samedi). D’avril à septembre : le mercredi, jeudi et vendredi, service du midi.

ESTAMINET DU CHEMIN VERT, RETOUR AUX SOURCES

« C’est en allant manger à l’estaminet un dimanche que j’ai appris qu’il était à vendre » se souvient Olivier Desrumeaux, propriétaire de l’Estaminet du Chemin Vert à Neuville-en-Ferrain. Nous sommes en 2011. L’homme n’hésite pas longtemps. L’ancien responsable des Grillons à Neuville-enFerrain cherche depuis quelques temps déjà à reprendre une affaire. Il pense même un moment à s’exiler. Mais, cet estaminet lui tient particulièrement à cœur. « Je l’ai toujours connu, je suis né dans la rue ! » explique-t-il. « Il faut croire qu’il m’attendait ». Après quelques travaux, Olivier rouvre les portes de celui qui fut longtemps le café Picon. Au programme : un estaminet, un vrai, où la convivialité demeure une priorité. « Je voulais qu’il reste dans son jus ». Côté décor, on retrouve bien sûr des objets chinés un peu partout, des vitraux qui racontent l’histoire de la commune et même une photo ancienne de son grand-père sur le banc de l’école. Dans l’assiette, on se régale des recettes élaborées à partir des produits frais et locaux. Le fromage vient de la Ferme du Vinage à Roncq, les andouillettes de Comines, les légumes de la Ferme du Pellegrin à Halluin, etc. On ne ratera ni le potjevleesh maison qu’il vend également à emporter – « j’en fais 15 kg par semaine » – ni les boyaux gras, « recette du beau-père », ni enfin la tarte aux pommes, « à quiare es gueule à terre ». C’est dit ! ✱Textes

Ludivine Fasseu

34 PAYS D U N O R D

DOSSIER_114.indd 34

10/03/14 11:12


© Louise Roussel

ESTAMINETS & AUBERGES < DO SS I E R

DE KAUWACKERS, BIENVENUE CHEZ VOUS « Quand on rentre ici, on est à la maison » voilà comment Jérémy Dehem présente son estaminet, et c’est exactement ce qu’on ressent en entrant au Kauwackers, à Dranouter. Des poutres apparentes ornées de houblon et des abat-jours au crochet rouge flottent au-dessus des tables carrelées et du comptoir ancien. Un petit feu de bois repend une chaleur douce et conviviale, et l’odeur de la cuisine vient rapidement aiguiser les papilles. Ici tout est fait maison : du

waterzoï à la gantoise de poulet au jambonneau de porc à la moutarde, en passant par la carbonade flamande à la bush blonde. Jérémy s’est même spécialisé en pâtisserie à Bruges pour pouvoir préparer ses propres crèmes glacées (osez la crème glacée spéculoos, c’est un délice !). Ne manquez pas non plus la carte de bières du Kauwackers : plus de 220 bières belges et nordistes référencées et classées par brasserie ! ✱Textes Louise Roussel

DE KAUWACKERS, Kauwac Kauwackerstraat 1, 8951 Dranouter, tél. : 00.32.57.44.74.90.Ouv 00.32.57.44.74.90.Ouvert les jeudi et vendredi soirs et les samedi et dimanche tou toute la journée.

CHEZ TANTE FAUVETTE,

CHEZ TANTE FAUVETTE, 10 rue Sainte Croix, 62500 Saint-Omer, tél. : 02.21.11.26.08. Ouvert du mercredi soir au samedi soir.

MOMENT DE PARTAGE

Il y a dix ans, lorsque Olivier Sowinski revient à Saint-Omer, patrie dont il est originaire, il opère un retour aux sources et veut créer un lieu dans lequel il se sent bien, dans lequel il aimerait manger. Ce lieu, c’est Tante Fauvette, un minuscule restaurant d’une dizaine de couverts, qui a pris une place toute particulière dans la restauration audomaroise. Pousser la porte de Chez Fauvette, c’est comme s’inviter à manger chez Olivier. « Ce sont mes objets, mes livres, mes jouets quand j’étais petit » explique le maître des lieux. Tante Fauvette, c’est d’ailleurs le petit nom de son arrière-grand-tante chez qui « il y avait toujours quelque chose en train de mijoter. Un lieu empli d’odeurs » s’émeut-il avant d’ajouter :

« la cuisine, c’est 10 % de savoir-faire et 90 % de souvenirs ». L’homme pratique ce qu’il appelle la

brute, sans artifices. « J’aime les gros ronds de carottes et les dés mal taillés. Je cuisine à l’huile d’olive et à l’eau et n’utilise pas d’épices. Je ne veux surtout pas maquiller les saveurs. Je cherche le goût » explique-t-il. Ainsi la carte change au gré des saisons et de ce qu’il trouve sur le marché. Olivier ne travaille que des produits frais. Les légumes viennent du marais et parfois même de son jardin. Simplicité et générosité se dégagent de cette adresse. « La cuisine c’est avant tout un moment de partage. Je discute beaucoup avec mes clients. J’adore recevoir des gens qui viennent d’ailleurs pour discuter de cuisine et de tout plus largement. C’est un enrichissement mutuel et perpétuel ! ». Une chose est sûre, Olivier ne triche pas et ça se sent. ✱Textes

Ludivine Fasseu PHOTOS Laure Deccoster

« franche cuisine ». Comprenez une cuisine simple,

PAYS DU N ORD 35

DOSSIER_114.indd 35

10/03/14 11:12


© Claire Decraene

D O SS I ER > ESTAMINETS & AUBERGES

AU JOYEUX RETOUR DES PÊCHEURS, NOUVEAU CAP L’EAU À LA BOUCHE, 6, rue de Douai 59400 Cambrai. Tél. : 03.27.37.56.25. Ouvert le mardi, le mercredi et le dimanche le midi ; le jeudi et le vendredi le midi et le soir ; le samedi soir.

L’EAU À LA BOUCHE, COMME CHEZ TI ! Devenue en quelques années une adresse incontournable pour déguster une cuisine de terroir à Cambrai, l’Eau à la Bouche cultive la bonne humeur et l’amour de la région. Ici, il faut maî-

triser les bases du « ch’ti » pour comprendre ce que vous aurez dans l’assiette... Dans un cadre à mi-chemin entre la taverne flamande et le chalet de haute montagne, on aime le décor qui invite au voyage dans nos contrées (nombreux objets chinés et exposés un peu partout), les classiques de la cuisine régionale revisités, le large choix de bières et l’accueil toujours très sympathique. Situé sur un bras de l’Escaut, l’estaminet vous donnera peutêtre – en plus de l’eau à la bouche - des idées de balades. ✱Textes Ludivine Fasseu PHOTOS Rino Noviello

Séduisante histoire que celle de cet estaminet qui exista dans ce petit village de pêcheurs dès le milieu du XIXe siècle. L’arrière-petit-fils de la première bazenne, Jean-Claude Pollefoort un médecin passionné de traditions flamandes, fit, en 2008, renaître l’esprit des lieux détruits pendant la Seconde Guerre mondiale. Encore fallait-il trouver un bon gestionnaire. Après quelques vicissitudes, l’estaminet semble avoir trouvé depuis novembre 2012 son rythme de croisière. Denis Picquette, dunkerquois exilé professionnellement en Haute-Savoie entame ici une nouvelle carrière en compagnie de son épouse Emmanuelle. Séduit par « les ondes positives du lieu » il a conservé une déco exceptionnelle liée au milieu de la pêche régionale, glanée précédemment avec patience. Mais compte bien instiller sa touche. Avec une carte originale où il n’hésite pas à intégrer aux grands classiques du genre des spécialités plus montagnardes (fondues savoyardes ou bourguignonnes, raclette, charbonnade). A nouveau capitaine, nouvelles latitudes... ✱Textes ET PHOTOS Claire Decraene

36 PAYS D U N O RD

DOSSIER_114.indd 36

10/03/14 11:12


ESTAMINETS & AUBERGES < DO SS I E R

© Claire Decraene

© Claire Decraene

Ouvert 7/7 de mi juin à fin août. Hors saison mardi, mercredi et dimanche de 9h à 17h, jeudi, vendredi et samedi de 9h à 23h.

ESTAMINET DE L’ERMITAGE, RD 959, 59360 Ors. Tél. : 03.27.77.99.48. Ouvert du mardi au dimanche midi, le vendredi et samedi soirs.

L’ESTAMINET DE L’ERMITAGE, HALTE FORESTIÈRE Le long de la D 959, impossible de manquer cette ancienne maison forestière habillée de rose. En plein cœur du Bois-L’Evêque, commune d’Ors, territoire de l’Avesnois, cet estaminet a ouvert ses portes il y a 7 ans, mais a été repris il y a deux ans par les dynamiques Bruno et Sabine Juskiewski. «Il y a 15 ans, c’était une ruine raconte Bruno, ancien fonctionnaire gérant d’une cuisine hospitalière, je passais tous les jours devant en me disant ‘Un beau jour, je l’aurai !’» Lorsque l’occasion de reprendre l’établissement se présente, aucune hésitation, il quitte tout à 5 ans de la retraite et se lance avec son épouse. Les lieux ont une histoire : ancien relais de chasse de l’évêque Fénelon, ils dateraient du XVIIe siècle. Quoique aujourd’hui, tout ait été refait, dans

un esprit simple, chaleureux, au goût du jour. En cuisine, Bruno propose une cuisine traditionnelle : moins de dix plats à la carte : carbonade, tête de veau, souris d’agneau, andouillette sauce moutarde, pavé de sandre au beurre noisettes, moules-frites sur réservation le vendredi soir... Les frites sont de la maison bien sûr et on retrouve la star fromagère du secteur en flamiche, évidemment. Une quinzaine de bières dont les voisines Chimay, et du cidre, rappel du terroir local, désaltèrent locaux, randonneurs et touristes de passage... Car justement à côté, on visitera la maison forestière Wilfred Owen, l’illustre poète anglais tombé ici à la veille de l’armistice, avant de partir en randonnée sur ses traces... ✱Textes ET PHOTOS Claire Decraene

PAYS DU NORD 37

DOSSIER_114.indd 37

10/03/14 11:13


© Sébastien Jarry

© Laure Decoster

4

3

4

1

QUELLE FRUSTRATION.VOUS VOUS EN DOUTEZ, NOUS N’AVONS PAS LA PLACE POUR PARLER DE TOUTES LES ADRESSES QUI NOUS SEMBLENT INCONTOURNABLES, ALORS VOICI UNE LISTE D’ESTAMINETS PLÉBISCITÉS PAR NOS INTERNAUTES (TRANSMIS PAR COURRIEL OU VIA NOTRE PAGE FACEBOOK) :

♥ LE CHAT QUI PÊCHE À OXELAËRE : 1 « Bel estaminet typique avec un très beau jardin

autour de l’étang. Les patrons sont chaleureux ».

♥ LE KASTEELHOF À CASSEL : « Dans le pur jus flamand, une vue à couper le souffle ! »

© Laure Decoster

© Jérôme Berquez

V@US LES AIMEZ ! NOUS AUSSI ♥ ♥ ♥

♥ AU TROU FLAMAND À LEDRINGHEM : 4 « Un estaminet peu connu qui pourtant vaut

le détour ! L’ambiance est conviviale, le cadre typique des estaminets et les plats copieux. » 5

♥ LE MONTEBERG À DRANOUTER : « Des petites côtes à l’ail à déguster sans modération, tout comme la vue ! »

♥ LA BROCANTINE À CYSOING : 5 « Très sympathique, on peut même acheter le

© Maxime Deplancke

♥ L’HAGHEDOORN À MÉTEREN : 2 « Un établissement sans chichis, avec de nombreuses

animations, et un ‘potje ‘ délicieux ! »

♥ ESTAMINET DE LA FERME DU MONT SAINT-JEAN À HALLUIN : « Bel estaminet dans une ferme à cour carrée. Les assiettes sont copieuses et le choix de bières judicieux »

© Laure Decoster

♥ LE KERELSHOF À CASSEL :

3

« Une carte simple avec cinq plats maximum mais tout semble frais. La « patronne » délivre de bons conseils pour choisir des bières du coin. Un incontournable ! »

♥ AUBERGE DU LAJKONIK À BEUVRY :

DOSSIER_114.indd 38

6

© Laure Decoster

« Un bon et vrai estaminet, avec une cuisine flamande faite à partir de produits frais. On sort, on n’a plus faim ! »

♥ L’ESTAMIGOTTE À LINSELLES :

7

« Un super rapport qualité-prix et très bon accueil. »

♥ DE DRIE KALDERS À SAINT-OMER : 6 « Dans les caves de Saint-Omer, des plats

typiques des estaminets, il ne nous en faut pas plus pour y retourner ! »

♥ AU GALLODROME À DRINCHAM : 7 « Accueil très chaleureux dans un petit estaminet

convivial au décor traditionnel ».

♥ AU LION D’OR À HARDINGHEN :

8

8 « Un chouette estaminet de randonnée. Mention

spéciale pour le poulet de Licques ! »

« Un super endroit pour découvrir la culture et la gastronomie polonaise. Une ambiance formidable ! »

© Sébastien Jarry

3

♥ IN DEN GODENDAG À CASSEL : © Jérôme Berquez

« Une bonne cuisine du terroir, un cadre typique et un accueil des plus chaleureux ». NDLR : C’est aussi l’une des plus anciennes auberges du Boulonnais (près d’un siècle d’existence).

2

« De grandes tablées, idéales en famille. Une cuisine simple mais comme on l’aime ».

© Sébastien Jarry

♥ CHEZ MÉMÈRE HARLÉ À WIRWIGNES :

♥ CHEZ FLAVIEN À MONS-EN-PÉVÈLE :

8

© Sébastien Jarry

« De Nice, nous avons été agréablement surpris par l’accueil et la table de ce restaurant. A essayer sans modération ! »

décor ! ». NDLR : Temporairement fermé lorsque nous avons effectué nos reportages, nous n’avons pas pu le tester.

© Laure Decoster

© Jérôme Berquez

♥ A L’POTÉE DE LÉANDRE À SOUCHEZ :

10/03/14 11:13


Sorties & ESTAMINETS BRASSERIE CASTELAIN

L'ESTAMINET DE L'ANDOUILLER

ESTAMINET DU CHEMIN VERT

LE CHÂTILLON Entrez dans ce bateau amarré en plein cœur de la marée Boulonnaise, à coté du port. Vous y dégusterez du poisson directement débarqué des bateaux de pêche le matin même.

Près de 90 ans de Savoir-Faire Artisanal... C’est en 1926 qu’est née la Brasserie de Bénifontaine dans le Pas-de-Calais. Près de 90 ans plus tard, elle demeure une entreprise familiale, qui a su convaincre grâce à l’authenticité et la qualité de ses bières, toutes brassées dans le pur respect des traditions : « L’amour du métier, l’art de brasser ». Ses bières : CH’TI Blonde, CH’ TI Ambrée, CH’ TI Triple, la Bio Jade (Blonde et Ambrée) Maltesse Triple, Derby, CH’TI de Printemps, CH’TI de Noël. La gamme CH' TI a reçu 8 médailles (d'or, d'argent et de bronze) à Dublin, Munich et Bruxelles en 2013 et aussi à Paris lors du Concours Général Agricole 2014. Ses produits sont disponibles sur l'ensemble des circuits de distribution (GD, CHR, magasins Bio, export et CH'TI boutique à Bénifontaine). Les visites de la brasserie sont possibles sur rendez-vous. Tél. : 03 21 08 68 68 contact@chti.com www.chti.com

Voilà bien un estaminet où tous les plats sont préparés maison ! Michel Vasseur, ancien boucher charcutier-traiteur de Montreuil y veille depuis l'ouverture en 2002 ! On ne peut pas passer la porte de cet estaminet sans goûter sa fameuse andouille de campagne, sa terrine d'andouille au pain d'épices et au fromage de chèvre, son potjevleesch... Une cuisine savoureuse et unique. Le cadre, lui aussi, a su conserver tout le charme de l'époque : l'intérieur comme l'extérieur respirent l'authenticité et la chaleur. Que vous cherchiez un bon repas au coin du feu, ou juste une bière au bar, l'Estaminet de l'Andouiller saura vous contenter. Si un peu d'animation vous tente rendez-vous les 1er et 3e vendredi du mois pour déguster le cochon de lait ou la tête de veau lors des soirées ch'ti ou picardes !

A seulement 15km au nord de Lille et à la frontière franco-belge de Rekkem, l'Estaminet du Chemin Vert vous invite à vous plonger dans l'authenticité de l'estaminet flamand. Une ambiance chaleureuse garantie. Des spécialités : potjevleesch, boyaux gras façon papy Jules, carbonnade flamande, gambette ed’ pourchiot (jambonneau rôti) le tout à base de produits des fermes locales ! L'estaminet offre également

Le Châtillon 6, rue Charles-Tellier Boulogne-sur-Mer Tél. 03 21 31 43 95

15 place du Marché 62870 Douriez - 03 21 90 41 53

LE GODELOT

LE BISTROT DE TONTON Le bistrot de Tonton c'est comme à la maison... en mieux ! Les spécialités régionales sont faites maison, à partir de produits frais. Vous p o u r re z y découvrir la Merriflette et d'autres spécialités locales. La carte des bières est elle aussi bien garnie, avec une quarantaine de bières à disposition. Si l'envie de jouer vous prend, vous êtes au bon endroit : des jeux traditionnels sont là pour vous. L'estaminet se compose de deux salles, pour une capacité de 80 personnes, afin de pouvoir accueillir toute la famille ! Le bistrot de Tonton 29 Place de l'Église, 59270 Merris - 03 28 42 72 00

Le patron, Patrice Baude, poissonnier pendant 35 ans vous assure un poisson ultra-frais et un service de qualité dans les plus brefs délais. Que vous soyez marins, pécheurs, touristes, ou simplement curieux, le Châtillon vous accueille le matin dès 4 h pour boire un café ou manger un sandwich avec les professionnels du coin. Ouverture du lundi au vendredi midi et le premier dimanche midi du mois (il est préférable de réserver)

un large choix de bières locales dont la fameuse Queue de Charrue et l'incontournable Ch'ti Blonde. Pour les groupes l'estaminet propose diverses animations musicales. L'Estaminet du Chemin Vert 102 rue du Dronckaert 59960 Neuville en Ferrain 03 20 85 97 02

Michel et Alexis Landrieux (affaire familiale.) sont là pour vous accueillir. Le Godelot est un établissement situé au cœur de la forêt de Mormal, au bord de l'Avesnois ce qui lui confère une ambiance toute particulière. Pour vous accueillir, il dispose d’un bar, de plusieurs salles de restaurant, d’une salle de réception ou séminaire et d’une terrasse. Situé à 45 min de Lille, 25 min de Valenciennes, 20 min de Maubeuge, 10 min de Le Quesnoy. Ouvert tous les midis sauf le mardi, ainsi que le vendredi et samedi soir. Sur réservation . Auberge du Godelot 951 route départementale 59530 Locquignol 03 27 49 03 32 www.aubergedugodelot.fr

L ' a b u s d ' a lco o l e st e st d a n g e re u x p o u r l a s a n té . à co n s o m m e r a ve c m o d é ra t i o n .

Communiqué PC_Estaminets.indd 91

10/03/14 17:00


D O SS I ER > ESTAMINETS & AUBERGES

de ll'eau eau

AU BORD ORD L’AUDOMAROIS ET LES SEPT VALLÉES NE SONT PAS À PRIORI DES TERRES « D’ESTAMINETS », QUOIQUE CERTAINS TIRENT LEUR ÉPINGLE DU JEU ! PARCOURUES PAR DE NOMBREUX COURS D’EAU, CES RÉGIONS SE CARACTÉRISENT PAR LEUR NOMBRE ÉTONNANT D’AUBERGES AU CHARME PARFOIS DÉSUET ET D’OÙ L’ON POUSSE VOLONTIERS LA BALADE. VOICI UNE SÉLECTION D’AUBERGES QUI SE PRÊTENT AUTANT À LA GOURMANDISE QU’À LA PROMENADE BUCOLIQUE.

L’AUBERGE D’INXENT

L’AUBERGE D’INXENT, 318 rue de la Vallée, 62170 Inxent, tél. : 03.21.90.71.19. Fermée le mardi et le mercredi hors saison et le mardi uniquement en juillet et août.

En traversant les vertes vallées de la vallée de la Course, le gastronome ne peut manquer l’auberge d’Inxent. Le lieu, tenu depuis 1997 par Laurence et Jean-Marc Six, vaut le détour rien que pour sa bâtisse datant du XVIIIe siècle. L’une des dernières constructions en torchis avec deux étages du secteur. Entrons pour voir… Une vieille cuisinière à bois, un comptoir avec d’anciens tiroirs à tabac, une comtoise, des plafonds bas, tout est là, on est dans une auberge, c’est sûr. Sur la droite, une porte s’ouvre et le sourire de Laurence vous accueille : « Bienvenue à L’Auberge d’Inxent ». Vite à table ! Jean-Marc, amoureux de la cuisine de terroir, est aux fourneaux. Tous les produits qu’il utilise, sans exception ou presque, sont du secteur. Une sorte de restaurateur ‘’locavore’’. « C’est un parti pris que j’ai décidé de mettre en place dès le début », explique-t-il. « Je voulais faire de la cuisine 100 % régionale en m’appuyant sur les producteurs qui m’entourent ». Le pari est tenu. Jean-Marc vous fait découvrir le pays de Montreuil dans l’assiette. Des exemples ? Estouffade de bœuf du Montreuillois à la bière de Samer et pain d’épices, filet mignon de porc du Montreuillois à l’Hydromel d’Ici, truite de Beussent meunière, et j’en passe. En deux mots : un régal. Le petit plus ? La balade en fin de repas dans le jardin de l’auberge où, au fond, coule la Course. ✱Textes ET PHOTOS Benoit Bremer 40 PA 40 PAY AY A Y S DDUU N O R D

DOSSIER_114.indd 40

10/03/14 11:13


ESTAMINETS & AUBERGES < DO SS I E R

AUBERGE DE BONNEHEM, 114 route de Booneghem, 59143 Nieurlet, tél. : 03.21.88.28.50. Ouvert le midi du mercredi au dimanche et le soir du vendredi au dimanche.

AUBERGE DU BON ACCUEIL Un potjevleesh, une bière locale sirotée en terrasse les pieds (presque) dans l’eau et un petit tour en barque. La définition du bonheur ? C’est en tout cas la clé de la réussite de l’auberge Au Bon Accueil, à Salperwick. Situé en plein cœur du marais audomarois, l’établissement marie des plaisirs simples : celui de déguster un cuisine d’estaminet (grillades sur planches, potjevleesh, carbonade) dans un cadre champêtre, de profiter pleinement des paysages verdoyants en louant une barque pour sillonner le marais, ou tout simplement de boire un verre en famille ou entre amis sans voir le temps qui passe. Ici, le brouhaha de la ville et les tracas du quotidien semblent loin. ✱Textes Ludivine Fasseu pHOTOS Olivier Leclercq

(vue du ciel)

AU BON ACCUEIL, 29 rue du Rivage Boitel, 62500 Salperwick, tél. : 03.21.38.35.14. Ouvert tous les jours de 9 h à 18 h (du 1er mars au 31 octobre)

AUBERGE DU BOONEGHEM L’établissement niché dans un cadre verdoyant en plein cœur du marais audomarois est accessible en barque... ou à pied selon votre état de forme ! A Nieurlet, l’auberge de Booneghem fait désormais partie des adresses qu’il faut avoir testées dans l’Audomarois. Un accueil convivial dans un décor champêtre et surtout des plats confectionnés à base de produits frais -même le pain est fait maison- difficile de faire plus authentique. On

aime plus particulièrement le tableau du terroir qui change régulièrement au gré des saisons, les produits dénichés par le chef qui revisite les classiques de la cuisine nordiste et la tête de veau proposée chaque premier mercredi du mois. Après la dégustation, une balade en barque dans le marais ou dans la réserve naturelle du Romelaëre achèvera en beauté cette sympathique découverte. ✱Textes Ludivine Fasseu PHOTOS Laure Decoster

PAYS DU NORD 41

DOSSIER_114.indd 41

10/03/14 11:13


D O SS I ER > ESTAMINETS & AUBERGES

L’AUBERGE DU VIEUX LOGIS Aux pieds des remparts de Montreuil-sur-Mer, dans le petit village de La Madelaine, l’auberge du Vieux Logis étonne par son cadre à la fois bucolique et authentique. En 1991, après avoir passé plusieurs années dans le tumulte parisien, Véronique, l’Etaploise et son époux Etienne, le Montreuillois tombent sous le charme de cet ancien “café dineur ’’. “Lorsque nous l’avons visité, nous étions certain du potentiel de cet endroit. Il était pourtant inoccupé depuis 5 ans. Nous avons eu beaucoup de travail pour lui donner l’aspect qu’il a aujourd’hui ’’. Il faut dire que la bâtisse date de 1845. C’est ainsi que s’est fait leur retour aux sources. Depuis, Etienne officie en cuisine et Véronique au service. La cuisine y est traditionnelle et généreuse. A la carte, s’il L’AUBERGE DU VIEUX LOGIS, 7 route de Montreuil, 62170 La Madelaine-sous-Montreuil, tél. : 03.21.06.10.92. Fermeture le dimanche soir, le lundi soir, le mardi soir, et le mercredi

y a une spécialité à ne pas manquer c’est bien ‘’l’Caudière d’Etaples’’. Ce plat traditionnel des pêcheurs étaplois était autrefois constitué des restes de la pêche, que l’on appelait ‘’la part du marin’’. Etienne la prépare avec des poissons et des crustacés pêchés par un chalut Etaplois : l’Odette Marcel. Autant dire que cette caudière est un concentré de terroir maritime. En fin de repas, nous vous conseillons une petite balade dans les marais de la Madelaine, situés à une cinquantaine de mètres de l’auberge. ✱Textes ET PHOTOS Benoit Bremer

LE CHATILLON À BOULOGNE-SUR-MER la mer elle m’a prit, j’me souviens un mardi ». Voilà ce qui vient à l’esprit lorsque l’on franchit les portes du Chatillon à Boulogne-sur-Mer. On imagine volontiers Renaud, guitare sèche à la main, chanter au milieu des marins. A Capécure, où bat le cœur du port de pêche, l’établissement accueille dès 5 heures du matin les pêcheurs et dockers, et ce depuis 1950 ! A l’époque, ils s’y retrouvaient pour boire, manger chaud et partager leur quotidien. L’esprit de l’estaminet n’est pas loin. Aujourd’hui, les professionnels de la mer partagent les tablées avec le public (habitants et touristes). Dans une ambiance conviviale, le restaurant propose une cuisine à partir des poissons fraîchement pêchés. Difficile de faire plus local et plus frais ! A l’intérieur, tout rappelle les bateaux de pêche : hublot, voiles tendues au plafond, gouvernail… Voici une adresse qui dépayse à coup sûr. Les prix sont un peu plus élevés que dans un estaminet traditionnel mais la qualité a un coût. On aime : le filet de poisson du jour désarété et sa sauce. Textes Ludivine Fasseu

© DR

« C’est pas l’homme qui prend la mer, mais la mer qui prend l’homme, tatatin. Moi

LE CHATILLON, 6 rue Charles Tellier, 62200 Boulogne-sur-Mer, tél. : 03.21.31.43.95. Du lundi au vendredi midi, pour la restauration, de 11h30 à 15h30. Pour le bar : les lundi, mardi et jeudi de 5h à 16h30, les mercredi et vendredi de 4h à 16h30, le samedi de 4h à 12h30. Pas de restauration le samedi midi.

42 PAYS D U N O RD

DOSSIER_114.indd 42

10/03/14 11:14


MP_FB.indd 1

10/03/14 15:20


DOS SS S IIE E ER R > ES ESTAMINETS E STA TAM MIINE NET TS S&A AUBERGES UBE UB ER RG RG GE ES

LA NOUVELLE JEUNESSE des estaminets 44 PAY 44 PPA AY S DDUU NO AY NOR N ORD

DOSSIER_114.indd 44

10/03/14 11:14


ESTAMINETS & AUBERGES < DO SS I E R

LANCÉS CORPS ET ÂME DANS L’AVENTURE DE L’ESTAMINET. ILS S’APPELLENT SÉBASTIEN VAN-TORNHOUT, 30 ANS PATRON DU GALOPIN À MÉTEREN, MATTHIEU SAWRAS, 28 ANS, MAÎTRE DE LA BRASSERIE ST GEORGES À EECKE, ET TIPHAINE BRICE DUCOURANT, 30 ANS, TENANCIÈRE DE LA MAISON COMMUNE À SAINTJANS- CAPPEL DEPUIS SEPTEMBRE 2013. TROIS PROFILS, TROIS VISIONS MAIS UNE PASSION COMMUNE ET COMMUNICATIVE... Après avoir travaillé pendant sept ans dans l’industrie, notamment comme manager de la productique en Belgique, Sébastien Van-Tornhout ne se prédestinait absolument pas à la restauration. Victime collatérale de la crise de 2008, il s’est retrouvé du jour au lendemain sans emploi. Retourné vivre auprès de ses parents à Méteren, il est tombé un peu par hasard sur l’annonce de cession du café du village, l’emblématique Caf ’2000. L’envie d’être son propre patron, le contact avec la clientèle et le bon feeling avec l’ancienne propriétaire ont poussé le jeune homme, alors âgé de 25 ans, à reprendre et transformer le café en bar-brasserie. Non sans difficulté : sa première caisse s’élevait à… 10€ ! C’était en juillet 2009. Sébastien se lançait dans l’aventure sans expérience mais pas sans précaution. Le jeune homme a suivi toutes les formations utiles proposées par la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) et a travaillé dans plusieurs restaurants pour apprendre le métier. Bien conseillé, entouré et motivé, le jeune flamand a modifié petit à petit la décoration de l’établissement. Y sont entreposés de nombreux objets chinés par la famille. Côté assiette, Sébastien revendique une cuisine simple et accessible. Pas de chichis au Galopin, mais uniquement des plats faits maison, frais avec des produits locaux comme en témoigne la carte de bières venant de Merville ou Blaringhem. Convaincu d’habiter dans une région touris-

tique, Sébastien est l’ambassadeur de cette Flandre festive et conviviale. De nombreuses soirées à thème sont d’ailleurs proposées comme les soirées jeux qui connaissent un franc succès.

RETOUR AUX SOURCES Le parcours professionnel de Matthieu Sawras est complètement différent. Ce passionné de cuisine a toujours voulu travailler dans la restauration. Il a déjà œuvré pour de grands établissements de la cuisine régionale comme l’Hermitage Gantois ou l’Ecume des Mers… Mais ce flamand d’origine voulait revenir aux sources pour retrouver une certaine convivialité propre au secteur des Flandres qu’il ne trouvait pas forcément ailleurs. Grâce à son talent et au réseau qu’il s’est constitué, Matthieu Sawras s’est ouvert les bonnes portes et a pu reprendre en juillet 2012 et à l’âge de 27 ans la brasserie St George à Eecke alors tenue par Michel Joly, ancien footballeur passé par Lens. Un véritable coup de cœur ! Même si le métier de restaurateur est différent de celui de cuisinier, Matthieu Sawras prend plaisir à mener son entreprise et y ajouter son grain de sel. Il souhaite amener de la cuisine de qualité à des prix raisonnables en composant avec les plats typiques flamands et les grillades au feu de bois, véritable spécialité de la brasserie. Conscient qu’il n’est pas entièrement dans le moule des estaminets, Matthieu assume. Il recherchait le contact avec la clientèle, il l’a (eu).

UNE RECONVERSION Tiphaine Brice Ducourant est un subtil mélange entre ses deux confrères précités. Autodidacte et passionnée de la Flandre, elle est également très attentionnée envers ses clients. Ne se voyant pas éternellement dans le domaine du social, la jeune bailleuloise s’est concentrée pendant un an pour travailler et obtenir son CAP cuisine. Voulant vivre de sa passion, elle s’était mis en tête de reprendre un établissement en Flandre mais pas forcément un estaminet. Cette opportunité, elle l’a eue en milieu d’année 2013. Après quelques mois de travaux pour rendre le lieu plus chaleureux et accueillant, Tiphaine a ré-ouvert la Maison commune (‘t Wethuis) de Saint-Jans-Cappel en septembre 2013. La jeune femme cherche avant tout à travailler avec des produits frais, de saison et locaux… La décoration est simple, tamisée et épurée, Tiphaine cherche à satisfaire le client par un esprit de famille, une cuisine comme à la maison. S’il faut retenir un point commun à ces jeunes entrepreneurs, c’est la passion. Passion de la Flandre avant tout, de ses habitants, des produits du terroir, de l’atmosphère et du cadre de vie qui existent dans ce petit coin de l’ouest, le long de la frontière belge… ✱Textes Maxime Deplanche

PHOTOS Sébastien Hennebique

LE GALOPIN, 53 rue nationale, 59270 Méteren, 03.28.49.12.22. Ouvert le midi (mardi, mercredi, jeudi, vendredi, dimanche) et le soir (vendredi, samedi, dimanche) BRASSERIE ST GEORGES, 5 rue de Caestre, 59114 Eecke, 03.28.40.13.71. Ouvert les vendredi, samedi et dimanche, midis et soirs. LA MAISON COMMUNE, 80 rue de Bailleul, 59270 Saint-Jans-Cappel, 03.61.45.22.55. Ouvert midi et soir du jeudi au dimanche.

PAYS DU NORD 45

DOSSIER_114.indd 45

10/03/14 11:14


ADRESSES ESSE ESSES SE insolites l

© Claire Decraene

D O SS I ER > ESTAMINETS & AUBERGES

LES DAMOISELLES, JOYEUX RENDEZ-VOUS !

des peintures appelant l’imagination, des coupoles de papier mâché chatoyantes. Un ren-

dez-vous de curieux, où l’on vient nourrir autant son âme que son corps. N’attendez

nie après son lancement, l’estaminet, installé dans d’anciennes écuries, a conservé l’authenticité rustique de sa fonction précédente. On se régale dans les stalles de briques, intimes, chaleureuses. L’étage, sous charpente, a également beaucoup de charme, pour un total de 90 couverts. Ce que l’on aime encore ici, ce sont bien sûr les animations : jeux, expos, sessions folk cela va sans dire, et veillées (avec JeanJacques Révillon chanteur et musicien, tous les 3e jeudis de chaque mois impair). Dans l’assiette, on viendra chercher le potjevleesh « servi à la louche, avec les os, à l’ancienne », la carbonade « et le welsch que, dans le secteur, nous avons fait partie des premiers à proposer », ajoute Fabien. Et sur la carte, un logo indique les produits locaux issus du terroir à moins de 10 km...

✱Textes Claire Decraene

✱Textes Claire Decraene

DES MOTS À LA BOUCHE, 1 chemin princier 59114 Saint-Sylvestre-Cappel. Tél : 06.89.07.29.44. Ouvert du vendredi au dimanche soir dès 18h.

LES DAMOISELLES, 656 chemin des Damoiselles, 59850 Nieppe. Tél. : 03.20.30.62.08. Ouvert du jeudi midi au dimanche soir, sauf le samedi midi.

© Claire Decraene

pas une plâtrée de frites ou un choix gargantuesque de plats. Sur le concept d’un bar à soupe, Dominique met en avant une assiette saine et goûteuse de fromages locaux, charcuteries bio, potjevleesh parfois. Le tout accompagné par une belle carte de bières locales. Alors le vendredi soir c’est soirée anti-télé avec des chansons, contes, poésies, jeux de société. De temps à autres, des groupes locaux viennent se produire pour un moment d’humour ou de chanson française « bien balancée » (programmation sur le site Internet). Temps conté le samedi par Dominique. Et les «blueseux» du dimanche soir trouveront ici un remède bonne humeur, efficace et pas cher, grâce à la formule «soupe du jardin – croque-monsieur – crêpes».

DES MOTS À LA BOUCHE, INCLASSABLE On se croirait dans le repaire d’une fée, loin des décors flamands des estaminets traditionnels. En pleine campagne de Saint-Sylvestre-Cappel, la pétulante Dominique passionnée de « contes et de bouquins », membre de moult associations culturelles locales, transforme en septembre 2010 l’ancienne porcherie de la ferme familiale en « un lieu de rencontre, où l’on vient d’abord pour passer un bon moment ». Avec la complicité de son mari artiste, elle imagine un endroit coloré, chaleureux où le regard se perd dans des arabesques dorées,

Pays du Nord avait couvert l’ouverture de cet estaminet, en 2002 au cœur d’une ferme au carré de la campagne de Nieppe. L’Estaminet des Damoiselles se mérite toujours, plus facile à trouver grâce au panneau installé au début du chemin éponyme ; alors avancez, le bonheur est au bout ! Aux commandes depuis la première heure : Fabien Dubarre, passionné de musique folk et joueur de cornemuse depuis l’âge de 10 ans {NDLR : Son CD «La cornemuse, Fabien Dubarre» de la collection «Un artiste, Un instrument» chez Bemol productions. Il a fait de cet

estaminet en Flandre un lieu convivial, populaire et musical. Une décen-

46 PAYS D U N O RD

DOSSIER_114.indd 46

10/03/14 11:14


ESTAMINETS & AUBER AUBERGES RG GE ES < DO D O SS S S IE IER

LE POT DU CLAPE,

LES ESTA-MUSÉES

A Montreuil-sur-Mer, niché entre la rue du Clape-en-Bas et la promenade des remparts, le Pot du Clape est un jeune établissement fondé par Arsène Pousset en 2012.Tourquennois d’origine, Arsène aime la cuisine généreuse, familiale et régionale. Son restaurant respire cette générosité. La décoration, entre estaminet et brasserie, est à l’image du patron. Mais Arsène s’est éloigné de l’estaminet ou de l’auberge traditionnelle pour proposer son péché mignon : les soupes ! Pourquoi en parler dans ce dossier ? Tout simplement parce que les soupes d’Arsène sont toutes fabriquées dans le Pays de Montreuil à partir de légumes cultivés dans la région.

Au Pot du Clape l’on pourra ainsi déguster la traditionnelle soupe à l’ail, ou encore un astucieux mélange d’endives et de maroilles. Le tout accompagné de flamiches qui elles aussi sentent bon le terroir. Arsène les confectionne à la demande et les cuit au feu de bois devant les clients. ✱Textes ET PHOTOS Benoit Bremer

LE POT DU CLAPE, rue du Clapeen-Bas n 62170 Montreuil-sur-Mer, 03.21.05.46.35. Ouvert tous les jours en été, fermé le lundi, le mardi soir et le mercredi en hiver

© Olivier Leclercq

DES SOUPES DE TERROIR

D’autres auberges et estaminets étonnent par leur décor insolite ou leur ambiance survoltée : Le Potin de Casseroles à Béthune avec ses multiples instruments de musique accrochés aux murs ; le Ch’ti Boucannier à Avelin dans une ancienne étable dans un décor de pirates ; le Baladin à Torcy avec des portes à l’envers, des tables au plafond et des concerts presque tous les week-ends ; l’auberge de la britannique Avril William à Auchonvillers et son décor sur la Grande Guerre (retrouvez un article dans notre prochain numéro spécial consacré à la Première Guerre mondiale), la Ferme aux chansons à Berthen, un restaurant guinguette comme il n’en existe plus ; le café des Orgues à Heerzelles, pas vraiment un estaminet mais le lieu de rendez-vous de tous les danseurs ; le café-musée de la douane à Hestrud avec une exposition sur le thème de la frontière en guise de dessert, l’estaminet de la brasserie historique du Cateau-Cambrésis au cœur d’une ancienne brasserie dans laquelle on peut encore voir le brasseur à l’œuvre... Parmi tant d’autres.

DE BARBIER, RETOUR DANS LES ANNÉES 30 Déco style années 30, vieilles affiches de film, ambiance jazzy… Bienvenue au Barbier ! A l’origine épicerie de frontière, l’établissement a ensuite été à l’abandon pendant plus de 30 ans. En 1998, les deux frères Igor et Thierry Degorre la reprennent et décident d’en faire un estaminet. Lors des travaux,

ils y trouvent un siège de barbier qui donnera alors le nom à leur affaire… PAYS DU N ORD 47

DOSSIER_114.indd 47

10/03/14 11:14


D O SS I ER > ESTAMINETS & AUBERGES

Benoît Rouquet a écumé les brocantess et vide-greniers de la région pour fairee écho à l’histoire des lieux. Ainsi surr les murs de l’ancienne salle de classe,, on retrouve des cartes, des manuels,, des photos anciennes illustrant l’écolee d’hier. L’homme a joué le conceptt

Aujourd’hui, l’antique salon de barbier est conservé, les vieilles boîtes de mousse à raser ou de brillantine et les fioles d’eau de Cologne vous font voyager dans le temps… Côté cuisine, on se régale du désormais célèbre potjevleesh d’Igor qui a remporté un prix au concours européen du potjevleesh de Bailleul ! Le saumon est fumé par les deux frères, tout comme les croquettes de crevettes et le confit de canard sont préparés maison. Chaque premier jeudi du mois, Igor et Thierry transforment leur estaminet en salle de cinéma pour une soirée spéciale « film et cornet de frites ! ». Textes ET PHOTOS Louise Roussel

DE BARBIER, Hillestraat 5, 8950 Dranouter, tél. : 00.32.57.44.59.24. Ouvert les vendredi et samedi soirs et le dimanche toute la journée.

jusqu’au bout en proposant unee assiette du bon élève (un peu dee potje, un peu de carbonade et un n toast jambon maroilles) que nouss vous conseillons, un manuel d’oenologiee et différents menus allant du courss moyen au certificat d’étude. Le toutt préparé « maison » avec une grande partie des produits issue de la région. Une adresse conviviale, qui plaira aux petits et aux grands. L’été, on apprécie la belle terrasse sous l’ancien préau. ✱Textes

Ludivine Fasseu PHOTOS Sébastien

Hennebique

L’ECOLE, 16, rue Jean-Baptiste-Lebas à Phalempin, Tél. : 03.20.97.14.79. Ouvert du lundi au vendredi midi ainsi que du jeudi au samedi soir.

Envoyez-nous vos coups de cœur auberges, estaminets et restaurants au décor et à l’ambiance insolites sur redac@pays-du-nord.fr Nous les relayerons dans nos prochains numéros et sur la page Fabebook de Pays du Nord.

L'ÉCOLE À PHALEMPIN « Sur 12 litres de lait chaque jour. Si la moitié est vendue et l’autre utilisée pour faire du beurre et du fromage, quelle quantité est vendue pour un mois de trente jours » ? Voilà un petit problème détaillé sur un set de table que vous pourrez résoudre entre le potjevleesh et la crème brûlée à la vanille. Ou entre l’andouillette grillée et le mi-cuit au caramel, à vous de voir. Direction Phalempin. Depuis le 18 avril 2011, l’ancienne école des filles, rue JeanBaptiste Lebas abrite un nouvel estaminet lancé par Benoît Rouquet (et deux associés), un Valençois, tombé sous le charme des gens du nord (encore un !). A l’École, on retrouve les plats traditionnels de l’estaminet (carbonade, potjevleesh, grillades) dans un décor pour le moins studieux... 48 PAYS D U NO R D

DOSSIER_114.indd 48

10/03/14 11:14


ESTAMINETS & AUBERGES < DO SS I E R

PAYS DU N ORD 49

DOSSIER_114.indd 49

10/03/14 11:15


D O SS I ER > ESTAMINETS & AUBERGES

LES de Mormal AUBERGES BERGES PLANQUÉES AU CŒUR DU PLUS GRAND MASSIF FORESTIER DE LA RÉGION, TROIS TAVERNES ((CROISIL, COUCOU ET GODELOT) T RÉPONDENT AUX MÊMES VALEURS DE CONVIVIALITÉ. ON Y SAVOURE DES PLATS AUTHENTIQUES JUSQU’À EN OUBLIER L’HEURE QUI PASSE. L'escalier extérieur n’apparaît pas sur la photographie de 1911. Seule la Clique de Berlaimont, avec ses clairons, ses cors de chasse et ses trompettes de cavalerie, prend la pose. L’ouvrage en bois d’iroko a pris racine en 2005, tel le bolet au pied du chêne. Située au sud de la forêt de Mormal, l’Auberge du Croisil est une bâtisse aux larges épaules galonnées de deux majestueux tilleuls. Depuis 1986, Nathalie et Edgar Ducrocq vivent dans ces lieux reculés. Mais comme le rappelle Edgar, « il ne faut pas hésiter à s’aventurer dans les sousbois. Cette forêt a un charme fou. » Accoudé au bar de son auberge centenaire, à 57 ans, l’homme affable semble ne faire qu’un avec cet environnement où le brame du cerf a encore raison du klaxon. « Mais pour voir ses bois, mieux vaut se lever tôt. Ou se coucher tard… » Les randonneurs, les familles et les amis qui atterrissent au Croisil prennent assez vite conscience de la majesté des lieux. A défaut de voir le gibier, ils viennent savourer un cassoulet maison à la graisse d’oie, un pigeonneau du chasseur ou un filet

de truite saumoné au maroilles. Des plats authentiques savourés dans un cadre rassurant avec tableaux aux murs, tomettes au sol et cheminée qui crépite.

CONVIVIALITÉ ATTACHANTE L’âtre est peut-être le point commun entre l’Auberge du Croisil et celle du Coucou. Repris en octobre dernier par Pascaline Bader, cette pittoresque maison légèrement en hauteur est le repaire des amateurs de grillades. Ici, la côte à l’os et l’entrecôte ont un succès fou. Originaire d’Alsace, Pascaline a conservé l’âme des lieux et ne tarit pas d’éloges envers Maxime, un chef « véritablement investi » qui élabore la carte avec des produits locaux. Le but ? Mettre tout en œuvre pour faire du Coucou « un endroit convivial où l’on vient partager un moment de plaisir. » Deux fois par jour, les conversations emplissent la grande salle commune tandis qu’à un saut d’écureuil, la gouaille de Michel Landrieux fait vibrer la carcasse de l’Auberge du Godelot1. Miestaminet mi-taverne, le Godelot

affiche un décor ahurissant. Les trophées de chasse portent les lunettes des Blues Brothers, des centaines de billets de banque ornent les murs et Oscar, l’astronotus de Panama, se prélasse dans son aquarium. « Ce qui est sûr, c’est que l’endroit marque les esprits », synthétise Alexis, le fiston de 26 ans. Y compris dans l’assiette. Ici, on fait dans le velouté de moules au curry, dans le boudin noir aux pommes, dans la poire du boucher à l’ail et aussi dans le champignon qu’Alexis est lui-même allé cueillir. Mais le fin du fin, ça reste l’accueil. Ça commence par une chaleureuse poignée de main, ça se poursuit par un p’tit verre de Lillet Blanc pour très vite prendre la tournure d’un film d’Audiard. On n’est pas sorti de l’auberge. ✱Textes Joffrey Levalleux PHOTOS

Hannelore Balesse

AUBERGE DU CROISIL, route de Maroilles, 59530 Locquignol. Tél. : 03.27.34.20.14. Fermé le dimanche soir, le lundi et le mardi soir. AUBERGE DU COUCOU, route forestière du Chemin planté, 59530 Locquignol. Tél. : 03.27.63.15.51 Fermé le vendredi et le samedi soir. AUBERGE DU GODELOT, 951 route départementale 59 530 Locquignol. Tél. : 03.27.49.03.32. Fermé le mardi.

1/ Godelot serait la contraction de « godet » et d' « eau », en référence aux rafraîchissements qu’on apportait jadis aux valeureux chevaux qui tiraient les grumes. 50 PAYS D U NO R D

DOSSIER_114.indd 50

10/03/14 11:15


ESTAMINETS E ES ESTA STAMI TAMI TA MIN NE ETS TS & A AUBERGES UB U BE ER RGE GES < DO D O SS S SI S IE IER

P AY PAY PA PAYS AY S DU D U N ORD O R D 51 OR

DOSSIER_114.indd 51

10/03/14 11:15


© Laure Decoster

D O SS I ER > ESTAMINETS & AUBERGES

52 PAYS D U NO RD

DOSSIER_114.indd 52

10/03/14 11:15


ESTAMINETS & AUBERGES < DO SS I E R

LA Ades VALSE AL estaminets amin QUOI DE NEUF DANS LA PLANÈTE « ESTAMINETS » ? EN VOILÀ UNE QUESTION QUI FÂCHE. TROP DE NEUF PEUT-ÊTRE ? UTILISÉ À TOUTES LES SAUCES, LE TERME ESTAMINET SERAIT DEVENU UN MOT GALVAUDÉ POUR DÉSIGNER UN RESTAURANT DE TERROIR. SUR LE TERRAIN, LA RÉALITÉ EST PLUS MITIGÉE.

Voilà quelques années que Pays du Nord Magazine se penche sur les estaminets. Des guides, des hors-séries, des dossiers... Nous suivons de près ces établissements, premiers ambassadeurs de l’art de vivre dans le nord. Un constat s’impose. L’estaminet d’aujourd’hui se révèle bien différent de celui d’hier dans lequel les travailleurs et habitants venaient casser la croute et raconter le bout de gras. Il faut bien le dire, l’estaminet d’aujourd’hui tend de plus en plus vers le restaurant que vers « une assemblée de buveurs et de fumeurs », définition de l’Académie française en 1802. Certains regretteront cette évolution voyant disparaître petit à petit ces cafés conviviaux où l’on pouvait manger pour pas cher une cuisine de grand-mère, ramener sa gamelle pour certains, fumer, jouer, voire danser. D’autres diront que l’estaminet n’est pas mort, qu’il a évolué certes mais qu’il reste l’un des seuls endroits où l’on peut déguster une cuisine de terroir dans un cadre convivial qui sent bon l’histoire de la région. Qu’il reste avec le bistrot un endroit de vie sociale fort où on lie connaissance en deux temps trois mouvements autour d’une bonne bière locale. Ne voyons pas le verre à moitié vide, ils sont encore nombreux à faire vivre cet état d’esprit, un peu à la manière des volkscafés en Belgique.

VICTIMES DE LA MODE Mais comme le Bouchon lyonnais à qui on le compare souvent, l’estaminet subit depuis quelques temps déjà un effet de mode, et il n’est pas toujours aisé de s’y retrouver. Surfant sur la vague, certains pensent qu’il suffit de coller une plaque « estaminet » sur la devanture pour faire partie de cette joyeuse famille. Mais que nenni. Ceux-là sont souvent les premiers à mettre la clé sous la porte. Nous constatons d’ailleurs chaque année un nombre important de fermetures, de changements de propriétaires, d’ouvertures, et ce parfois même chez les plus typiques. On regrette l’envolée des prix dans des établissements qui à l’origine étaient avant tout le lieu de rassemblement des petites gens. La carbonade flamande à 16 euros, c’est un peu cher... pour un plat simple et convivial à partager en famille. Oui mais voilà, qui pourrait donner une définition de l’estaminet ? Nous avons lancé le débat sur notre page Facebook, et le moins que l’on puisse dire, c’est que le sujet est épineux. « Je ne pense pas qu’un estaminet doit s’aventurer dans la cuisine décorative, ce n’est pas son métier » commentait un internaute au sujet d’une photo d’une assiette d’estaminet, que pourtant, nous apprécions parti-

PAYS DU N ORD 53

DOSSIER_114.indd 53

10/03/14 11:15


culièrement. Ce à quoi une internaute répondit : « peut-être qu’un estaminet ne se juge pas qu’au contenu de l’assiette et à sa quantité, il faut aussi voir le cadre, le service et l’accueil. C’est un tout ». En réalité, qu’on y aille pour la cuisine, pour l’ambiance ou pour le décor, l’estaminet tient une place à part dans le cœur des nordistes.

VERS UN LABEL ? En Flandre, on parle d’ailleurs de la création d’un label « estaminet des Pays de Flandre » avec la chambre de commerce et d’industrie d’Armentières-Hazebrouck, sur le modèle de ce qui se fait à Lyon pour les Bouchons. L’idée ? Distinguer les « vrais » estaminets des établissements qui utilisent à tord ce mot. Les institutionnels du secteur n’en sont pour l’heure qu’à la phase de réflexion. Néanmoins, on sent bien à travers leurs différentes actions menées ces dernières années qu’ils comptent redonner un peu de cadre à l’existant. En Flandre, « les assiettes de pays » valorisent les établissements (brasseries, estaminets et restaurants) qui proposent des plats typiques du secteur cuisinés à partir de produits locaux. Des manifestations mettent également à l’honneur les estaminets à l’ancienne comme le « week-end des estaminets » en avril où près de 70 établissements des deux côtés de la frontière proposent des animations, jeux populaires et dégustations. L’objectif : faire revivre l’estaminet tel qu’il existait jadis. Convivialité assurée.

VIVE L’ESTAMINET !

© Claire Decraene

© Claire Decraene

© Sébastien Jarry

D O SS I ER > ESTAMINETS & AUBERGES

MONSIEUR JEAN, 12, rue de Paris, 59000 Lille. Tél. :03.28.07.70.72. www.restaurant-jeanjean.fr

CHEZ MONSIEUR JEAN,LE BISTROT CHIC Attention : ni estaminet, ni auberge, cette adresse signée Marc Meurin figure dans ce dossier pour son esprit bistrot chic, et sa cuisine d’excellence basée sur des principes traditionnels. Et puis ces lieux ont une histoire, ils respirent cette atmosphère lilloise chaleureuse et vivante : un bel immeuble XVIIe, une vue sur l’Opéra, à deux pas de la Grand Place. « Je suis très attaché à ma région, j’adore la ville de Lille, j’y ai fait mes études. Un jour Francis Holder vient manger au Beaulieu et me propose d’investir le restaurant au-dessus de la boulangerie Paul, alors j’ai dis oui, bien sûr », explique Marc Meurin. Carreaux de faïence aux murs, boiseries, marbre noir de l’abbaye de Tournai au sol et à l’étage la fameuse salle Tassel et ses peintures sur bois classées, les lieux inspirent une « cuisine régionale, de terroir mais moderne, enlevée, influencée par d’autres continents. Une cuisine où l’on sublime des produits frais, avec simplicité, subtilité », continue Marc Meurin. La carte qui change 4 fois par an affichera pour ce printemps un pigeonneau des Flandres cuit au foin bio et ses pommes grenailles, un bœuf «Black Angus» et ses betteraves en croûte de sel, une sole aux accents indiens, des noix de Saint-Jacques boulonnaises mariées à un maki d’endives et jambon. Les desserts transportent : sphère passion, financier amande-citron, choux à la vanille de Madagascar. Un menu du jour à 31 euros justifie un moment de récréation culinaire, signé d’une toque deux étoiles, secondé par le chef Gaëtan Citerne et une équipe jeune, dynamique, investie. A la lilloise... Textes Claire Decraene

Si la Flandre reste le berceau des estaminets, on ne peut également que constater que le « concept » a fait des émules un peu partout dans la région et même au-delà. Aïe, on parle de « concept ». Bonjour l’authenticité. Sauf que dans certains cas, l’exportation peut avoir du bon.

54 PAYS D U N O RD

DOSSIER_114.indd 54

10/03/14 11:15


© Laure Decoster

ESTAMINETS & AUBERGES < DO SS I E R

PAYS DU NORD 55

DOSSIER_114.indd 55

10/03/14 11:15


© Frédérik Astier

© Samuel Dhote

© Caroline Devos

D O SS I ER > ESTAMINETS & AUBERGES

Loin des yeux mais pas loin du cœur... Stéphane Almire a ouvert un estaminet à Laon. Dans un décor digne des plus beaux estaminets flamands, il propose une cuisine de terroir et tient particulièrement à la provenance de ses produits. Sur son menu, un astérisque signale même les plats picards et nordistes. L’homme joue la transparence et propose ainsi potjevleesh, bières nordistes, jus de pommes et cidre de Thiérache. Bref, un beau mélange et un état d’esprit proche des estaminets du nord. Citons également dans l’Aisne, l’estaminet des Ch’tis réunis à Plomion, ouvert par un couple de Lillois, devenu une référence en quelques années.

DES ESTAMINETS ASSOCIATIFS S’il fait des émules un peu partout, on peut voir également que l’estaminet évolue même dans son principe. Une nouvelle tendance par exemple : les estaminets « associatifs ». Et pourquoi pas ? A Villeneuve d’Ascq, l’estaminet Quanta ne désemplit pas. Le chef Benoit Flahaut, officie en cuisine avec un personnel handicapé, et propose dans le cadre typique de la ferme XVIIIe Petitprez, une cuisine de terroir, régulièrement primée pour sa qualité, et un beau panel de bières locales. L’endive, les lingots du Nord, le porc fermier, le potjevleesch, Benoit Flahaut et ses équipes prennent plaisir à revisiter les classiques de la cuisine régionale. Et grâce à l’estaminet, l’association Quanta peut œuvrer à insérer des personnes en situation de handicap

mental. A Lens, Eric Dettwiller et Emmanuel Kessely rêvaient de créer un endroit « convivial pour lutter contre l’isolement social ». Ils l’ont fait en ouvrant L’Autre Estaminet. Grâce à l’aide de nombreux bénévoles, ils se sont installés dans le local de l’ancien restaurant Le Cheval Blanc sur la place Jean Jaurès et ont peaufiné petit à petit cet établissement, qui fait aujourd’hui, de plus en plus d’adeptes. Leur concept : proposer une carte sans alcool et multiplier les temps de rencontres, quels qu’ils soient. Le client a ainsi le choix entre de nombreux jus de fruits frais, des smoothies et des cafés. A L’Autre Estaminet, on peut boire et manger, bien entendu, mais aussi consommer de l’art - plusieurs expositions sont proposées tout au long de l’année- lire grâce à une bibliothèque, jouer avec ses enfants et même participer à des ateliers, des conférences ou encore des concerts. L’idée : échanger. N’est-ce pas là le véritable esprit de l’estaminet ? ✱Textes Ludivine Fasseu ESTAMINET SAINT-JEAN, 23 rue Saint-Jean, 02000 Laon, tél. : 03.23.23.04.89. Fermé le lundi, le mercedi soir et le dimanche soir. ESTAMINET QUANTA, 7 chemin du Grand Marais, 59650 Villeneuve d’Ascq, tél. : 03.20.19.07.08. Ouvert du lundi au vendredi de 10h à 18h30, le samedi de 15h30 à 23h et le dimanche de 10h30 à 18h30. L’AUTRE ESTAMINET, 5 place Jean Jaurès, 62300 Lens, tél. : 03.66.07.63.43. Ouvert du mardi au samedi de 11h à 18h30.

56 PAYS D U NO R D

DOSSIER_114.indd 56

10/03/14 11:16


ESTAMINETS & AUBERGES < DO SS I E R

PAYS DU N ORD 57

DOSSIER_114.indd 57

10/03/14 11:16


ENQUÊTE Le es

lieux de culte

Enquête

LE PA PATRIMOINE

RELIGIEUX

des églises, mais encore ?

58 PAYS D U N O R D

ENQUETE_114.indd 58

10/03/14 16:14


ENQUÊTE

Le patrimoine religieux, ce ne sont pas que les églises catholiques ou les temples protestants. La preuve avec l’église orthodoxe russe d’Uccle en Belgique (photo de gauche) et ses icônes.

Dans la métropole lilloise, on trouve aussi une synagogue avec les livres de prières, mais également un temple laotien et ses bouddhas.

glises catholiques, voire temples protestants. Lorsque que l’on évoque le patrimoine religieux sous nos latitudes, on pense d’office à ces deux types d’édifices. A raison : ils constituent, culture chrétienne oblige, l’immense ma jorité du patrimoine de la grande région. Pourtant, le Nord – Pas de Calais, la Picardie et la Belgique accueillent d’autres familles d’édifices de culte : des synagogues, des mosquées, des églises orthodoxes grecques ou russes. Ou même encore des temples venus d’Asie lointaine.

É

PAYS DU NORD est parti à la découverte de quatre lieux représentatifs : la synagogue de Lille, qui trône quasi inchangée dans l’ancien quartier de la fac de Lettres depuis la fin du XIXe siècle ; l’église orthodoxe russe de Saint-Job, à Uccle, dans la banlieue de Bruxelles, édifiée en mémoire de la famille impériale et des victimes des conflits soviétiques ; la mosquée de Villeneuve-d’Ascq, ouverte officiellement depuis 2011, mais pas encore tout à fait finie ; la discrète pagode Wat Bouddhabouxa, nichée au cœur de Roubaix permettant aux Laotiens de se réunir.

PA AY A Y S DU D U NO NORD 5 59 9

ENQUETE_114.indd 59

10/03/14 16:14


ENQ EN QU UÊ ÊT TE les

lieux de culte

Dans la très belle mosquée de Villeneuve-d’Ascq, le minaret ne sert plus à appeler à la prière, à l’heure des smartphones. Il est néanmoins l’un des symboles d’un édifice ouvert vers les Villeneuvois.

La mosquée de Villeneuve-d’Ascq : “un édifice villeneuvois” avant tout L’endroit est paisible. Serein. Lumineux. « Et ouvert sur le monde » insiste Mohammed El Mokhtari, ce vendredi après-midi de fin décembre, juste après la principale prière de la semaine. « C’était vraiment le postulat de départ : que tout soit transparent pour voir le monde extérieur, mais aussi que le monde nous voit afin de ne pas susciter les fantasmes. » Avant que la mosquée ne se dessine rue Baudoin IX, juste à la sortie du boulevard du Breucq, le cheminement a été long. Les prémisses de la construction remontent à 2000-2001, lorsque, lassée de se réunir dans un préfabriqué exigu, la communauté musulmane de la ville nouvelle se lance dans ce projet de construction de mosquée. Pas une mince affaire : loi de laïcité oblige, l’édifice ne pourra être financé que par le privé. « On a donc demandé à nos fidèles de nous aider. Certains ont donné jusqu’à un mois de salaire par an à la communauté ». Des fonds qui s’élèveront à 4 millions d’euros au final, permettant d’acquérir un terrain déclassé de LMCU, avant en 2007 de commencer les travaux pour de bon. La mosquée a ouvert ses portes en 2012, mais n’est pas encore tout à fait finie : « Dans la partie du centre culturel, il y a encore des murs à bâtir, etc »

Une mosquée qui évoluera au fil du temps Mais aujourd’hui, les fidèles peuvent venir prier dans ce magnifique édifice qui brille par sa… simplicité. On est ici loin des fastes des mosquées de Jérusalem ou d’Istanbul. « Nous voulions que ce bâtiment s’inscrive dans le patrimoine architectural nordiste et villeneuvois. C’est avant tout un édifice du Nord ». Qui fait place à la lumière, qui provient des nombreuses ouvertures, et à une coupole magnifique supportant un lustre de trois mètres de diamètre, ramené d’Istanbul. Et aussi, chose rare dans une mosquée, pour prévenir l’afflux de fidèles, une mezzanine !

“ Un lieu de vie, d’accueil, de partage”

Avec son minaret de 18 mètres (mais qui ne sert pas pour l’appel à la prière, « aujourd’hui, les gens ont les smartphones pour connaître l’heure des prières »), sa couleur blanche, sa large galerie centrale séparant la salle de prières et la partie bureaux-centre culturel où il y aura des expositions organisées avec la ville de Villeneuve-d’Ascq, le bâtiment, chauffé au sol et par la géothermie, est d’ailleurs bien plus qu’un lieu de prière : « C’est un lieu de vie, d’accueil, de partage, de rayonnement. C’est un lieu cultuel et culturel ». Ouvert à tous : les Journées du Patrimoine en septembre ont attiré 300 personnes. Tous les vendredis après-midis, à 14h, les bénévoles de l’association font visiter les lieux à ceux qui le souhaitent. Et ne manquent pas d’expliquer que ce nouveau patrimoine villeneuvois évoluera bien encore dans les années futures : « Au fur et à mesure que nous aurons l’argent, nous continuerons à la rendre plus belle. » Rue Baudouin IX à Villeneuve-d’Ascq. Tél. : 03.20.19.46.14. http://mosqueedevilleneuvedascq.fr

60 PPA PAY AY A Y S D U NO ORD

ENQUETE_114.indd 60

10/03/14 16:14


EN NQU QUÊ ÊT TE

A Lille, la synagogue a résisté aux outrages du temps et de l'Histoire Ne cherchez pas de statues ou de représentations humaines. Dans la religion juive, il est interdit de représenter des figures quelconques. « Seule petite fantaisie, sur la façade, des animaux mythiques », note Edgar Leser, qui se définit comme simple fidèle, en nous ouvrant les portes de la synagogue bâtie par l’architecte de la ville de Lille, Théophile-Albert Hannotin. Inaugurée en 1891 pour remplacer l’ancien lieu de culte du Vieux-Lille devenu trop petit suite à l’arrivée importante de juifs d’Alsace-Lorraine, la synagogue de la rue Angellier, dans le quartier « latin lillois », est aujourd’hui l’un des rares lieux de culte judaïque dans une région qui n’en compte que très peu : Lens, Valenciennes, Dunkerque, Amiens, Boulogne, « mais Lille est la seule grande synagogue monumentale », explique Danièle Delmaire, qui édite la revue d’études juives du Nord, Tsafon.

« C’est dû aussi au fait que Lille est le siège du Consistoire ». Inscrite à l’inventaire des monuments historiques en 1984, la synagogue lilloise présente à peu de choses près la même configuration qu’à la fin du XIXe siècle. Et chose rare, le mobilier est d’époque : pendant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands y stockaient du matériel et avaient juste déplacé les meubles à la cave, sans les dégrader. Une chance, car nombre d’autres synagogues avaient connu un sort bien plus funeste. Depuis le XIXe siècle, les évolutions architecturales sont donc rares. L’étoile de David du vitrail a été changée, suite à des jets de pierre. Des incivilités fréquentes ? « Ç « Ça arrive, modère Edgar Leser. Depuis les années 1970, la synagogue est sous vidéo-surveillance ». Autres ornements qui ne sont pas d’époque, bien entendu : les plaques commémorant le souvenir des 350 morts lillois lors de la Shoah et les anciens combattants.

« Nous n’avons jamais été des bâtisseurs de cathédrales »

Vous ne l’aviez peut-être jamais remarquée... mais rue Angellier trône depuis plus d’un siècle la synagogue de Lille. Le mobilier y est encore d’origine.

Au vingt-et-unième siècle, la synagogue est toujours le lieu de rencontres de la communauté juive de Lille, que l’on estime à 650 familles. Pas toutes pratiquantes bien entendu et avec un rapport différent au lieu que dans d’autres religions : « notre patrimoine est spirituel, il n’est pas dans les bâtiments, estime Edgar Leser. Nous n’avons jamais été des bâtisseurs de cathédrales. » Les fidèles s’y réunissent ainsi le vendredi soir et le samedi pour Shabbat, pour les offices en hébreu. Sont-ils nombreux ? « On ne compte pas. Plus d’une dizaine c’est sûr, sinon, on ne peut pas faire l’office complet ! » L’édifice, que l’on peut visiter pendant les Journées du Patrimoine ou au moment des offices (à condition d’en avoir fait la demande. Les écoles peuvent aussi le visiter), accueille aussi les mariages, avec le dé nuptial, qui trône non loin de la chaire, inusitée aujourd’hui, ainsi que les fêtes juives qui rythment l’année, depuis maintenant 120 ans, Rue Angellierr à Lille. Tél. : 03.20.51.12.52.

PAYS DU NORD 61

ENQUETE_114.indd 61

10/03/14 16:14


ENQUÊTE Les

lieux de culte

A Uccle “Bruxelles”, Saint-Job est une église russe orthodoxe qui ne dépareillerait pas en Russie

A Uccle, l’église orthodoxe russe se détache dans le paysage. A l’intérieur, on trouve une relique, mais

également des plaques en mémoire des personnes tuées pendant la guerre civile.

A l’époque où l’église russe a été bâtie, le choix d’Uccle n’était pas anodin : le terrain y était bien plus accessible qu’à Bruxelles même. Paradoxe : aujourd’hui, le prix au mètre carré dans cette banlieue chic de la capitale s’est envolé « et je pense que le terrain vaut plus cher que l’édifice » s’exclame Dimitri De Heering, président de l’association chargée de l’Eglise-Mémorial russe Saint-Job. Ce qui ne veut pas dire que les lieux manquent d’intérêt. Bien au contraire : celle dont la coupole blanche se détache dans l’avenue du Fré serait même l’une des rares églises russes orthodoxes dans le monde étant bâtie… comme une église russe orthodoxe. Entendez que si vous la téléportiez telle quelle sur les bords de la Volga, elle ne jurerait pas avec ses semblables. « Elle est construite sur le modèle d’une église du XVIIe siècle, celle d’Ostrov, dans la région de Moscou, reprend notre interlocuteur. C’est finalement un très bon exemple d’architecture russe à l’étranger. »

Une église liée à la Révolution russe L’histoire de l’église mémorial russe Saint-Job est intimement liée à la Révolution russe de 1917. Quand en 1918, la famille impériale est assassinée, ils sont nombreux à choisir la voie de l’exil. Dans les années 30, un groupe d’exilés en Belgique décide alors de construire une église à la mémoire de la famille impériale assassinée, mais aussi de toutes les victimes de la guerre civile qui fait rage en URSS. « L’argent a été collecté dans le monde entier. Les donations étaient très faibles, mais la totalité a permis de démarrer la construction en 1935 sur les plans de l’architecte Nicolas Iselenov, reprend le président. Le gros œuvre a été fini avant la guerre, avant la consécration de l’église en 1950. » A l’intérieur de l’édifice, on retrouve les spécificités des églises orthodoxes russes, dont l’iconostase, délimitation entre le sanctuaire et la nef, recouvert d’icônes traditionnelles, peintes dans le style du XVIe siècle par la princesse Lvov, alors en exil à Paris. Des plaques commémoratives recouvrent également les murs : pour la famille impériale, pour les prêtres et les évêques, et plus généralement pour toutes les victimes de la guerre civile. Consacrée à Saint-Job, jour de la naissance du tsar Nicolas II, l’église accueille tous les dimanches une centaine de personnes qui, debout, écoutent l’office en slavon. Régulièrement, les sonneries des cloches, avec des mélodies russes, retentissent dans le quartier qui s’est habitué à ce patrimoine religieux original sous nos contrées. L’église s’est d’ailleurs refait une beauté en 2013. Une bagatelle de 700 000 euros financée par l’Etat Belge : classée, l’église mémorial russe Saint-Job dispose des subsides de la direction des monuments et sites. L’église, en plus d’être ouverte au moment des offices au public, est aussi accessible lors des journées du patrimoine à l’automne.

“ Une église à la mémoire de la famille impériale assassinée“

Avenue de Fré, à Uccle (Bruxelles). 00.32.23.72.22.46. www.egliserussememorial.be

62 PAYS D U NO RD

ENQUETE_114.indd 62

10/03/14 16:14


ENQU EN QUÊT Ê E

PPAY PA PAYS AY AY S DUU N NOR O R D 63 OR

ENQUETE_114.indd 63

10/03/14 16:14


ENQUÊTE Les

lieux de culte

Wat Bouddhabouxa, le bouddhisme au coeur de Roubaix C’est une façade en briques comme tant d’autres dans le Nord – Pas de Calais et à Roubaix. Seule une inscription Wat Bouddhabouxa différencie cette maison de ses voisines. Pourtant, à l’intérieur, c’est la surprise ! A droite de la cour, une ancienne écurie. Transformée en pagode laotienne qui laisse pantois les visiteurs ! « On a tout transformé, racontent de concert les membres de l’association qui entourent le vénérable Chatchawan Surin, moine bouddhiste maître des lieux. Mais dans le respect des normes en vigueur en France. » Entendez que les bâtisseurs ont dû se plier aux nombreuses règles des lieux publics (accès handicapé, sorties de secours) pour obtenir l’agrément leur permettant d’accueillir tout le monde. Ainsi, au milieu d’une salle somme toute classique, c’est le choc des cultures, avec les velux donnant sur les hauts murs de briques, et les nombreux bouddhas qui parsèment l’autel, la plupart venant de Thaïlande et du Laos, dont un taillé directement dans un tronc d’arbre vieux de 700 ans !

Des bouddhas dans une maison traditionnelle du Nord ? Bienvenue dans ce temple du bouddhisme au coeur de Roubaix, où les Laotiens exilés continuent d’entretenir la tradition.

Le culte laotien présent depuis 1984 Bâtie en 2004, ouverte après deux ans de travaux pour un investissement total d’environ 370 000 euros entièrement financé par la communauté laotienne, la pagode faisait suite au précédent lieu de culte situé dans la zone de l’Union entre Roubaix et Tourcoing, détruit pour laisser place à un nouveau quartier. La présence d’un lieu de culte laotien (on trouve d’autres pagodes à Roubaix) remontait même à 1984, à Croix. Un besoin pour ces exilés - cent vingt familles se sont installées à l’époque dans la métropole lilloise - partis dans les sombres heures de la guerre civile laotienne. « C’est un lieu qui permet de nous réunir et d’entretenir les traditions de notre communauté. » Sans se fermer sur l’autre : ici, les visiteurs sont bienvenus tant qu’ils prennent rendez-vous par téléphone. Ceux qui veulent méditer ou s’initier à l’art de la méditation peuvent également venir en journée dans la salle où trône le portrait du dernier roi laotien. Les prières ont lieu tôt le matin (à 6h) et le soir (à partir de 17h). Sans oublier les fêtes bouddhistes, une par mois environ, qui parsèment le calendrier, et qui attirent jusqu’à 250 personnes. En bonne entente avec les voisins : « Ils étaient étonnés au début, mais tout se passe très bien ! »

“ Un besoin pour ces exilés de la guerre civile laotienne“

Rue Favreuil, à Roubaix. 03.20.28.58.70. http://watbouddhabouxa.free.fr

64 PAYS D U N O R D

ENQUETE_114.indd 64

10/03/14 16:14


MP_Maison-du-Nord.indd 1

10/03/14 15:14


CULTURE La

Salle des Batailles de Mons-en-Pévèle

D’UNE BATAILLE À L’AUTRE Dix-neuf kilomètres séparent les deux villes. L’histoire les rassemble. A 90 ans d’intervalle, Bouvines (1214) et Mons-en-Pévèle (1304) vivaient des événementsclés pour le royaume de France. Depuis le 1er février dernier, la salle des batailles de Mons-en-Pévèle, nouvel espace muséographique, confronte ces deux batailles et plonge le visiteur en plein Moyen Age. Texte : Ludivine Fasseu - Photos : DR On a coutume de dire, qu’il y eût un « avant » et un « après » bataille de Bouvines en 1214. Au lendemain du conflit qui vit s’affronter les troupes royales françaises et une coalition de princes et seigneurs français, le pouvoir du roi de France se trouve renforcé. La victoire emportée par Philippe-Auguste marque le début du déclin de la prédominance seigneuriale. Un tournant, un changement de société en tout état de cause. Et pourtant... « Très peu de structures racontent cette histoire » regrette Cyrille Lemaire, adjoint à la culture de Mons-en-Pévèle et président de l’association musée Pévèle 1214-1304. A peine un siècle après la bataille de Bouvines, la bataille de Mons-en-Pévèle voit s’opposer, quant à elle, les troupes de Philippe le Bel aux troupes flamandes. La Flandre se révolte contre le roi de France, qui une fois encore, marque son ascendant. « Les deux batailles

66 PAYS D U NO R D

On en parle_114.indd 66

10/03/14 16:00


présentent beaucoup de similitudes » explique Cyrille Lemaire, « elles ont joué un rôle déterminant dans l’histoire de France. Quand j’ai entendu tout ce que l’on faisait à Bouvines pour le 800e anniversaire, je me suis dit que l’on pouvait faire aussi quelque chose de notre côté. En 2004, lorsque nous avons commémoré les 700 ans de la bataille de Mons-en-Pévèle, nous n’avions concrètement rien à montrer ».

« Une grande place a été donnée au côté ludique. »

Un musée ludique et interactif Parce que l’union fait la force, la toute nouvelle Salle des Batailles de Mons-enPévèle se concentre sur les deux batailles et, il faut bien le dire, cette mise en perspective rend les propos beaucoup plus concrets. Concrètement justement, que peut-on voir et apprendre dans ce nouveau musée ? Les visiteurs se voient conter les enjeux, le déroulement ou encore les conséquences de ces deux batailles, et ce de façon très claire et interactive. Une grande place a été donnée au côté ludique. Petits et grands s’amusent ainsi à deviner le poids d’une cotte de maille, soulever une épée ou enfiler un heaume (casque de cavalerie) pour se rendre compte du poids de l’armature des combattants de l’époque. La salle met également en avant les rapports que Mons-en-Pévèle entretient avec la ville jumelée de Bruges, symbole du rapprochement entre les Flamands et les Français. Le message est clair. Le plus grand panneau du musée est consacrée à la paix. A l’issue de la visite, le visiteur est invité à réaliser une boucle dans la ville – le parcours de la Paix – pour découvrir quelques monuments comme la stèle de la Paix, la statue de NotreDame-de-la-Poterie ou encore le site du Pas Roland, lieu où se seraient déroulés les pourparlers préalables à la bataille de Mons-en-Pévèle le 18 août 1304.

Pratique Salle des Batailles (médiathèque), rue du Moulin, 59246 Mons-en-Pévèle, tél. : 03.20.05.22.95. Ouverte le mercredi de 10h à 12h, le vendredi de 14h à 17h, le samedi de 10h à 12h et de 14h à 17h, le dimanche et les jours fériés, de 14h30 à 16h30.

PAYS DU N ORD 67

On en parle_114.indd 67

10/03/14 16:00


DANS DA NS N S LES E COU OULI L SS LI SSES ES S Archives

départementale es du Nord

« Le chantier des collections bat son plein dans les anciens magasins. »

68 PAYS D U N O R D

COULISSES_114.indd 68

10/03/14 15:03


DANS LES COULISSES

AU CŒUR DE NOTRE MÉMOIRE Collecter, conserver, communiquer et valoriser dans les meilleures conditions possibles, telles sont les missions fondamentales des Archives départementales. Découverte d’un pan fondamental de notre patrimoine commun alors que s’est achevée en octobre dernier la première phase du déménagement des collections des Archives départementales du Nord.

Les archives sont dépoussiérées et conditionnées dans des matériaux spécifiques pour garantir leur préservation.

Texte et photos : Frédéric Sartiaux

Pour Mireille Jean, directrice des Archives départementales du Nord depuis 2012, le déménagement des collections dont elle a la charge constitue un chantier exceptionnel, tant par le volume à déplacer que par les moyens mobilisés et l’organisation des opérations. Car il s’agit d’assurer rien moins que le transfert de 60 kilomètres linéaires de documents, soit entre 800 000 et un million d’articles (boîtes, liasses, ouvrages ou registres). Point de départ de cette imposante migration, la pose le 17 septembre 2010 de la première pierre des nouveaux magasins des Archives départementales du Nord. Tandis que ceux-ci sortent de terre, le « chantier des collections » bat son plein dans les anciens magasins : dépoussiérage intégral des collections, reconditionnement de certains fonds, opérations d’étiquetage, récolement exhaustif des collections au départ… D’octobre 2012 à septembre 2013, ce ne sont pas moins de 1 850 tonnes d’archives, l’équivalent de 35 kilomètres linéaires, qui ont ainsi migré sur le site de la rue Saint-Bernard, entre les anciens et les nouveaux magasins. Des semaines de travail ont ensuite été consacrées au contrôle du rangement, au récolement exhaustif des fonds à l’arrivée, au ré-étiquetage intégral de certains fonds, à la mise à jour des conditionnements. La seconde phase des opérations, programmée entre 2014 et 2015, concernera la translation des 25 kilomètres linéaires stockés dans le site annexe de la rue de Douai afin qu’ils intègrent les nouveaux magasins de la rue Saint-Bernard. Un déménagement qui ne constitue pourtant pas une première dans l’histoire des Archives départementales du Nord. Les Archives départementales collectent une sélection de documents produits par toutes les administrations pour les conserver définitivement.

COULISSES_114.indd 69

Les archives sont sur tous supports, comme ce registre d’échantillons de tissus du Centre d’art et d’industrie de Tourcoing.

Caisses ayant servi au transport des archives d’un notaire de Bourbourg pendant la Première Guerre mondiale.

PAYS DU N ORD 69

10/03/14 15:03


DANS LES COULISSES Archives

Une histoire de déménagements Retour plus de deux siècles en arrière. La loi du 5 brumaire an V (26 octobre 1796) donne naissance aux Archives départementales afin de rassembler les documents provenant des administrations supprimées, des établissements ecclésiastiques nationalisés, des émigrés ainsi que les archives à venir des administrations nouvelles de l’Etat. Se voyant attribuées très vite les riches archives de la Chambre des comptes de Lille, le trésor des chartes des comtes de Flandre, les archives départementales du Nord vont connaître une histoire qui reflète l’évolution même de la notion d’archivage. Au milieu du XIXe siècle, y sont déposés les fonds de l’évêché-archevêché de Cambrai, de l’officialité et du chapitre métropolitain, enrichissement inappréciable avec en particulier le plus ancien document original du Nord (804), le terrier de l’Evêque (1275) et quatre diplômes impériaux scellés de bulles d’or. Parallèlement, les archivistes du Nord n’ont cessé de se préoccuper d’assurer la sauvegarde des archives administratives : administrations révolutionnaires du département, des districts et des cantons, préfecture, sous-préfectures, Conseil général, administrations domaniales, financières et fiscales, des Ponts-et-Chaussées, Rectorat et Inspection d’académie, tribunaux, établissements pénitentiaires mais également minutes des notaires de plus cent ans, archives d’architectes ou encore archives centenaires des communes de moins de 2 000 habitants sans oublier des fonds d’archives hospitalières (dont celles des hôpitaux de Lille) ou de chambres de commerce et d’industrie (dont celles de Lille, Roubaix, Tourcoing et Armentières-Hazebrouck). Ce sont ces archives, modernes ou même tout à fait contemporaines, qui, avec un rythme d’accroissement de plus d’un kilomètre par an, occupent la plus grande partie des 60 kilomètres de rayonnages…

Faire des choix Humidité et infiltrations d’eau, rayonnages peu adaptés, il semble loin aujourd’hui le temps où l’archiviste en

départementales du Nord

1840 décrivait avec force ses doléances au Préfet. Déjà en 1821, l’employé en chef aux archives, Rapy, s’inquiétait de l’installation d’une « pompe à feu », aux usines Scrive, juste en face de la Maison des archives. Ses inquiétudes furent encore plus vives lorsqu’en 1822, la mairie de Lille et le Conseil général décidèrent d’aménager au rez-de-chaussée du bâtiment du XVIIe siècle une école spéciale de chimie appliquée aux arts industriels comprenant un amphithéâtre et un laboratoire, ainsi qu’un logement pour le directeur. Une époque qui semble aujourd’hui bien éloignée tant les nouveaux dépôts ont fait l’objet d’une réflexion poussée. Contrôle de l’hygrométrie et des températures, inertie thermique, économies d’énergie, aucun détail n’a été négligé dans la conception de ce qui va constituer un bâtiment unique en France à la pointe des exigences de conservation actuelles. S’inscrivant dans une démarche de haute qualité environnementale, il présentera un bilan énergétique positif avec une production interne d’énergie supérieure aux besoins.

lement quelqu’un qui sait détruire à bon escient ». Avec la difficulté fondamentale que le choix de préserver ou de détruire s’effectue à un moment donné avec un regard influencé par l’époque… Exemple frappant, parce que jugés sans intérêt suffisant, des documents concernant les grèves de juin 1936 ont été détruits dans les années 1950. Une erreur qui assurément ne se reproduirait plus. « Les archives départementales se voient confier par l’Etat une mission régalienne de contrôle afin de suivre la manière dont les différentes collectivités et organismes publics conservent leurs archives », continue la directrice des ADN. Des inspections sont effectuées à ce titre régulièrement tant dans les communes, les hôpitaux, préfectures, tribunaux et prisons, commissariats, services et établissements relevant de l’éducation nationale ou d’autres ministères… « Nous allons dans les greniers de tous ceux qui ont une mission publique. » Ce qui représente dans le département du Nord pas moins de 2 500 entités, le tout pour une équipe de sept à huit personnes qui se livrent à un véritable travail de fourmi sur le terrain.

« Le parchemin est bien plus aisé à préserver que les papiers actuels. »

Mission régalienne Mais ce n’est pas uniquement l’évolution des techniques de conservation qui a justifié la création de ce nouveau dépôt d’archives. Au-delà de cela se pose un autre défi : celui de l’inflation des archives qui là encore ne date pas d’aujourd’hui puisqu’en 1901, Jules Finot signalait déjà dans son rapport au Préfet la saturation prochaine du dépôt du Pont-Neuf. Cependant, souligne Mireille Jean, « seulement 5 à 10 % des documents produits seront après examen minutieux intégrés aux collections des Archives départementales. » D’autant qu’un peu paradoxalement au fil du temps, la pérennité des supports se dégrade de plus en plus. « Le parchemin est ainsi bien plus aisé à préserver, adapté à nos climats, que les papiers actuels dont les composants chimiques posent de réels problèmes de préservation dans le temps. A ce titre, un bon archiviste est donc éga-

Mais d’autres défis sont à venir… Depuis quelques années, l’archive n’a plus pour unique support le papier. Elle est également devenue électronique et donc immatérielle avec en corollaire des problématiques de préservation inédites. Avec pour objectif de toujours mieux préserver notre mémoire…

Pratique Archives départementales du Nord, 22 rue Saint-Bernard, 59000 Lille, tél. : 03.59.73.06.00.

70 PAYS D U NO RD

COULISSES_114.indd 70

10/03/14 15:03


DANS LES COULISSES

Les archives départementales du Nord en chiffres h ff (fin 2013) • Personnel : 55 • Accroissement total des fonds publics dans l’année 2013 : 1,900 km • Fonds conservés cumulés : 62 km

Les nouveaux magasins des Archives départementales du Nord ont été [re]construits selon les normes de conservation les plus innovantes. La moitié d’entre eux sont équipés de rayonnages mobiles électriques.

• Volume d’archives classées: 1,355 km • Pages numérisées à ce jour : 7 563 164 • Pages mises en ligne : 5 116 749 • Communications d’archives : 26 426 documents originaux et 37 000 documents numérisés consultés en salle de lecture • Visites sur le site Internet : 1 600 000 • Nombre de visiteurs sur site Internet : 391 000 • 49 magasins de 200 mètres carrés représentant 80 km de capacité de conservation.

Le classement des archives, puis leur inventaire, sont des opérations indispensables pour en permettre la consultation par le public.

PAYS DU NORD 71

COULISSES_114.indd 71

10/03/14 15:03


BALADE Forêt

de Crécy-en-Ponthieu

HISTOIRE(S) DE FORÊT Dans nos régions Nord-Pas de Calais/Picardie, côté batailles on peut dire que l’on a été servi… Si l’on remonte l’alphabet, on trouve A comme Azincourt (1415), puis B comme Bouvines (1214) et enfin pour clore le tiercé, C comme Crécy (1346) dans la Somme… A elles trois, ces batailles firent près de 10 000 victimes en trois jours ! Voilà pour le petit cours d’histoire, mais restons-en à la lettre C comme Crécy. Et oublions un peu la guerre pour regarder plutôt du côté de son massif forestier.

Texte et photos : Daniel Mouray (sauf mention contraire) Située seulement à quelques lieues du fond de la baie de Somme, au cœur du Ponthieu, cette forêt constitue le plus important massif forestier de la Somme. Avec ses 4 322 hectares, elle s’étend sur 10 kilomètres de long, plus de 4 kilomètres de large et traverse principalement la commune de Crécy-en-Ponthieu. Quant à son relief, il est presque nul, il varie de 30 à 70 mètres. Mis à part la Maye qui prend sa source au nord à Fontaine-sur-Maye, il n’y a aucun cours d’eau dans cette forêt, seules neuf mares, creusées par la main de l’homme, abreuvent la riche faune locale. Quelques sources dites « temporaires » apparaissent parfois au printemps comme ce fut le cas en 1938, 1975, 1988, 1993, 1995 et 2001 (année des inondations de la vallée de la Somme). Côté histoire, la forêt actuelle est la partie restante d’un ancien massif forestier dont on trouve la trace sous le nom de « Cresiacum Foresti » à l’époque romaine puis « Forest de Crécy » en 1600. On peut se demander si, jadis, les massifs forestiers d’Hesdin au nord et celui d’Eu au sud ne faisaient pas qu’un ? Cette propriété royale a dépendu pendant longtemps du comté de Ponthieu, très puissant dans la région puis fut tenue en engagement par le duc de Guise jusqu’au milieu du XVIIe siècle. La forêt royale devint « domaniale », lors de la Révolution Française en 1789 et tous les

bois dits « ecclésiastiques » qui la jouxtaient furent incorporés.

Trésors de patrimoine Que peut-on y voir aujourd’hui ? L’arbre ne doit pas cacher la forêt dit-on, mais dans le cas présent ici ce serait plutôt la forêt qui risquerait de cacher des trésors. Le massif ne compte qu’une petite dizaine de bâtisses, occupées pour certaines seulement en période de chasse, les maisons forestières en lisière abritent les agents de l’ONF ainsi que leurs bureaux. Si l’on prend le temps de s’y perdre, on découvre un pavillon de chasse au Poteau de Nouvion, des huttes forestières, des églises, des plaques directionnelles ou encore des bornes. Mais pas n’importe quelles bornes ! La longue borne est un vestige des limites des bois ecclésiastiques tandis que la borne royale porte la date de 1667 avec la fleur de lys, preuve dit-on du passage de Louis XIV à cette époque… ? A regarder de plus près, le patrimoine niché dans la forêt semble vouloir nous compter des histoires. Prenez les deux stèles par exemple. L’une, située près de la clairière du Muguet, est dédiée à Maurice Rohaut, victime d’un accident de chasse en 1927. La seconde, sur la droite de la route menant de Crécy à Forest-l’Abbaye, fut érigée en 1921, en souvenir de deux forestiers, Henri Bertaux et René Fleury, tués par l’ennemi durant la Première Guerre mondiale. Les croix, calvaires en bois de haute taille, renferment eux aussi quelques secrets

comme la croix Hurette située en lisière sud de la forêt, qui rappelle le souvenir d’un ouvrier forestier nommé Hurette habitant Nouvion, tué à cet endroit en 1903. Autre curiosité : l’arbre à chapelle, situé dans le bois du Rondel, commune de Domvast, mais plus proche de Canchy. Cette petite chapelle en bois est fixée autant que possible sur le

L’exploitation forestière : La forêt est depuis fort longtemps façonnée par l’homme. Vous pourrez remarquer, lors de votre randonnée, ce que l’on appelle communément des « clairières » qui sont en fait des coupes nécessaires à la continuité du massif forestier, car il faut assurer la relève d’arbres pour le long terme (80 à 110 ans). Actuellement la forêt domaniale est occupée en majeure partie à 64% de hêtres, 21% de chênes, 9% d’épicéas et enfin 6% d’autres espèces telles que : bouleau, charme, saule, merisier, etc.…

72 PAYS D U NOR D

BALADE_arbres_114.indd 72

22/04/14 12:29


BALADE

La borne royale

© www.richesses-en-somme.com

© www.richesses-en-somme.com

L’arbre à chapelle

La croix Hurette

Plaque directionnelle

© www.richesses-en-somme.com

© www.richesses-en-somme.com

© www.richesses-en-somme.com

Le Poteau de Nouvion

La Maye, le hêtre Richard, le Revenant, les frères ennem is

Le chêne des ramolleux

PAYS DU NORD 73

BALADE_arbres_114.indd 73

22/04/14 12:29


BALADE

tronc d’un arbre de forte taille. Cette niche aurait été placée par la châtelaine de Canchy en souvenir d’une personne disparue. La statuette fut sculptée par un artiste local Jean François Flicourt dit « Ch’Marmouset » (1734-1794) surnom dû aux figurines grimaçantes sorties de ses mains adroites…

Les arbres remarquables Vingt-deux des trente arbres remarquables, classés vers 1905, sont encore visibles pour les promeneurs qui participeront à cet étonnant et vivifiant jeu de piste, pour cela le plan édité par l’Office National des Forêts (ONF) est indispensable (disponible auprès de l’Office de Tourisme de Crécy au prix de 3€). Plusieurs circuits sont proposés selon différents thèmes (petite ou grande randonnée, allées cavalières, routes privées ou publiques ouvertes à la circulation automobile). Ne négligez surtout pas les numéros de parcelles qui vous aideront beaucoup dans vos déplacements. Voici quelques-uns de nos coups de cœur : Le chêne et le hêtre « Les frères ennemis » : « Nous sommes deux et pourtant nous ne formons qu’un arbre ! Je suis un chêne, il est un hêtre. Agés de plus de 280 ans, nous avons poussé côte à côte. Nous étions amis jusqu’à ce que le hêtre ne me domine… Je souffre de ne pas

pouvoir me développer mais je prends mon mal en patience ! Nous formons un couple bien déséquilibré et pourtant exceptionnel ! ». Le chêne « le Revenant » : Sans aucun doute le plus curieux ! Mais que lui a-t-il donc pris, à sa naissance, de partir dans toutes les directions pour enfin reprendre définitivement la direction du ciel ? Le chêne des « Ramolleux » : impressionnant par sa circonférence et ses ramures innombrables, il est situé en lisière nord de la forêt entre Caumartin et Machiel. Le hêtre « Richard » : âgé de près de 400 ans, il possède des dimensions exceptionnelles : 33 mètres de hauteur et plus de 5 mètres de circonférence ! Ses protubérances à la base du tronc peuvent représenter, suivant votre imagination, différents animaux… Point de vue Pour clore cette visite du massif forestier de Crécy-en-Ponthieu, n’omettez surtout pas la magnifique perspective qu’offre le point de vue, en lisière de forêt, sur le château et les étangs de Regnière-Ecluse, accessible par un agréable chemin de randonnée à partir de Machy.

Le réchauffement

climatique L’ONF y pense déjà très sérieusement pour les générations futures et anticipe. D’après des recherches effectuées dans le milieu sylvicole, il apparaîtrait que le hêtre supporterait moins bien le réchauffement climatique prévu dans les prochaines années, contrairement au chêne du fait de la différence de forme d’enracinement entre ces deux espèces (horizontal pour hêtre, vertical pour le chêne). Une place plus importante serait donc dédiée au chêne dit « sessile » (celui dont le bois sert à fabriquer les tonneaux) ce qui donnerait à la forêt de Crécy dans 80 ans la situation suivante : 30% de chênes, 50% de hêtres, 20% de feuillus et 3% de divers.

« A regarder de plus près, le patrimoine niché dans la forêt semble vouloir nous compter des histoires. » Maison forestière

74 PAYS D U NO R D

BALADE_arbres_114.indd 74

22/04/14 12:30


1p_Bruges.indd 1

22/08/13 12:08


IIN NIIT TIIA ATI TIVE IV VE E Aquaterra

à Hénin-Beaumont

INIT IN ITIIA AT TIIVE VE

UN ANCIEN SITE MINIER ÉCOLO Comment passer d’une ancienne cokerie à un espace dédié à l’environnement et au développement durable ? La Communauté d’Agglomération Hénin-Carvin a réussi le pari en transformant l’ancienne usine de Drocourt en parc écologique et sportif avec comme pièce maîtresse une Maison de l’environnement.

Texte et photos : Caroline Devos

Drôle de vision en arrivant à Hénin-Beaumont à la limite de Rouvroy. Sur le site de l’ancienne cokerie de Drocourt, un bâtiment dédié à l’écologie est sorti de terre il y a quelques mois. L’usine de Drocourt, qui transformait la houille, était présente ici, au cœur du bassin minier, depuis les années 1930. Dans les années 1980, elle était même le leader européen en coke de fonderie1. L’usine fonctionnait jour et nuit. Démantelée en 2004, la cokerie ne se résumait plus qu’à 160 hectares de friches bien embarrassantes. Que faire de

tout cet espace ? Toujours dans la logique de donner un nouvel élan au bassin minier, la Communauté d’Agglomération HéninCarvin misa sur une totale reconversion du lieu et osa le pari de lui donner un caractère écologique. Une sacrée revanche pour un site qui avait connu tant de pollution...

Aquaterra Inaugurée le 28 septembre 2013, la Maison de l’environnement a pour but de sensibiliser et éduquer les populations aux thématiques liées à l’environnement : l’éco-construction,

le climat, la santé ou encore la biodiversité. Comment économiser de l’énergie ? Comment mieux manger ? Aquaterra se veut concrète. Un parcours en intérieur (via une serre notamment) et en extérieur avec un jardin pédagogique (avec une ruche, un compost...), ponctué d’informations pratiques, permet à chacun d’imaginer des gestes simples pour minimiser son empreinte sur la planète. Mieux, pour l’aider ! Les enfants (mais aussi les adultes) peuvent consulter des tablettes numériques où des quizz testent leurs connaissances en matière d’environnement et de développement du-

76 PAYS D U NO R D

AQUATERRA_114.indd 76

10/03/14 11:30


INIT IN ITIA TIA IATI ATIVE TIIVE VE

rable. Des expositions temporaires sont également organisées régulièrement et un conseiller est présent sur le site pour délivrer de précieux conseils comme les aides possibles auxquelles on a droit lorsque l’on fait des travaux chez soi en privilégiant des matériaux écologiques. Des animations destinées au grand public sont régulièrement organisées comme des chantiers natures. Proposés gratuitement, ces derniers permettent par exemple de comprendre comment utiliser intelligemment les ressources de son jardin. Et le bâtiment dans tout ça ? Il aurait été facile de dire aux autres ce qu’il faut faire et ne pas faire… Mais non, véritable « pépite verte », la Maison de l’environnement montre l’exemple. Le bâtiment de 1000 mètres carrés est en bois, passif, isolé avec de la paille, chauffé aux granulés de bois et coiffé d’une toiture végétalisée et de panneaux photovoltaïques. Aquaterra ne fait pas les choses à moitié. Mais surtout, il fallait montrer aux plus sceptiques que c’était possible.

Le parc des îles Autour de la Maison, un parc de 60 hectares se prête idéalement à la promenade. Des îles « pédagogiques » y ont été aménagées. Devenu un lieu de rencontres entre les marcheurs et autres cyclistes, le parc accueille également de nombreuses manifestations sportives. Certaines associations y organisent des événements importants comme des démonstrations de parapentes installés en haut de l’un des terrils entourant le parc. Mais bien d’autres activités y sont présentes : cerfs-volants, triathlon, biathlon, marche nordique... A l’est du Parc des îles, une salle d’escalade doit même voir le jour prochainement. En attendant il y a déjà des aires de jeux pour les plus petits et un boulodrome de huit pistes pour les amateurs !

Pratique Aquaterra, bd des frères Leterme à Hénin-Beaumont, tél. : 03.21.79.74.94. 1/ A l’origine le coke avait été produit pour remplacer le charbon à bois.

PAYS DU NORD 77

AQUATERRA_114.indd 77

10/03/14 11:30


PATRIMOINE Le

Château de la Tour à Gouvieux

PATRIMOINE & SHOW BUSINESS Construit en 1913 à Gouvieux dans l’Oise, le Château de la Tour était autrefois le lieu d’encanaillerie de personnalités parisiennes telles que Jean Gabin ou Edith Piaf. Cette élégante demeure, transformée en hôtelrestaurant, est gérée par la même famille depuis trois générations.

Texte et photos : Kaltoume Dourouri

(sauf mention contraire)

78 PAYS D U N O RD

PATRIMOINE_114.indd 78

10/03/14 14:47


PATRIMOINE

En arrivant Chemin de la Chaussée, un manoir de style anglo-normand se dévoile peu à peu à ceux qui ont le bonheur de fréquenter en semaine ou le temps d’un week-end cette bâtisse construite au début du XXe siècle par une famille de banquiers parisiens souhaitant profiter du charme et du calme de cet îlot de verdure proche de la capitale. Situé aux portes de la forêt de Chantilly, le Château de la Tour, établissement Relais du Silence, est doté d’un hôtel trois étoiles de 41 chambres et d’un restaurant gastronomique placé sous la houlette du talentueux et créatif chef Jean-Paul Picque. Cette très belle maison de maître était à l’époque le lieu où venait s’encanailler tout le gratin du « showbiz » parisien. Jean Gabin, Edith Piaf ou encore Tino Rossi venaient en effet s’y détendre. Cette maison est aujourd’hui gérée par la troisième génération de la famille Jadas.

© DR

De Jean Gabin à Masterchef

Le Château de la Tour à Chantilly-Gouvieux entre histoire et modernité

Pauline, la petite-fille, née en 1976, poursuit l’entreprise familiale et oriente ce lieu de charme qui a gardé son cachet d’autrefois, vers l’accueil de mariages et de séminaires, entre autres prestations de haute tenue. « Mes grands-parents ont acheté cette maison de maître en 1972, ils y ont fait quelques travaux et ont ouvert le château en 1974. J’ai de nombreux souvenirs de clients très fidèles, des acteurs, des sportifs comme Jean-Pierre Papin et des anonymes attachés à cette maison. Des tournages de film ont même eu lieu ici comme celui de Délit Mineur de Francis Girod en 1993 avec Claude Brasseur », témoigne Pauline Jadas dont le papa en grand féru de football et de rugby avait accueilli la mythique Squadra Azzurra, l’équipe italienne de football, qui lors de la coupe du monde de 1998 avait privatisé tout l’hôtel pour une mise au vert. Le cadre est en effet des plus bucoliques et sereins. Dernièrement c’est Masterchef Saison 4, l’émission culinaire de TF1, qui avait choisi cette ambiance pour décor.

PAYS DU N ORD 79

PATRIMOINE_114.indd 79

10/03/14 14:47


PATRIMOINE

Les artisans locaux à l’ouvrage

Au fil des années, la maison a connu un remarquable essor, perpétuant les valeurs traditionnelles d’accueil et de qualité de l’hôtellerie française. « La bonne table, l’authenticité, les valeurs humaines et la convivialité. tout ce que nous cultivons ici », affirme la directrice. Epicurisme et simplicité restent les valeurs de référence du Château de la Tour qui arbore la devise : « Qui y rentre, s’y plaît » ! De quoi séduire et fidéliser une clientèle composée encore aujourd’hui de célébrités telles que les comédiens français Jean-Luc Anglade et Alain Delon. Même l’acteur britannique des séries télévisées Amicalement vôtre et Le Saint, Roger Moore, appréciait l’ établissement qu’il aimait pour son côté à la fois chic et rustique.

« En plus de la partie ancienne dotée notamment d’un bar à l’anglaise, La Causerie, que j’ai tenu à conserver, nous avons, avec un architecte, ajouté une extension plus contemporaine. Je voulais garder le charme de l’ancien sans devenir pour autant obsolète ou vieillot. Pour cela, j’ai travaillé avec des artisans locaux, une décoratrice d’intérieur et une couturière notamment. Nous sommes un peu ici le dernier des Mohicans. Mais cela doit plaire puisque l’hôtel ne désemplit pas. Les jeunes mariés, par exemple, lorsqu’ils viennent faire la fête ici avec leurs familles et amis, sont séduits par notre beau parc et ses arbres centenaires, les lapins, les petits oiseaux. Nous avons même de la demande pour des mariages d’hiver au coin du feu », complète Pauline

Un label qui en dit long

Jadas. Décoration florale de Chantilly, parquets d’origine, hauts plafonds ouvragés, lustres et cheminées d’antan. Oui l’endroit est romantique, chargé d’histoire et sait vivre avec son temps.

Pratique Château de la Tour, Hôtel-Restaurant, Chemin de la Chaussée, 60270 Chantilly-Gouvieux, tél. : 01.70.23.81.63. www.relaisdusilence.com

© DR

La même devise depuis 1974

© DR

Tournage du film Délit Mineur de Francis Girod

© DR

Quelques personnalités comme Alain Delon ou Roger Moore en 1984 au Château de la Tour

Relais du Silence offre une sélection de plus de 200 hôtels en Europe dont la plupart sont situés en France. Véritables demeures de caractère (châteaux, manoirs, moulins, anciens pavillons de chasse…), ces établissements jouissent de situations exceptionnelles, à l’écart des villes, au sein d’un environnement paisible et préservé. Fondé il y a plus de 40 ans, Relais du Silence rassemble des hôteliers amoureux de leur métier, de leurs établissements et qui mettent tout en œuvre pour offrir un service haut de gamme, authentique et convivial. Hormis le Château de la Tour, deux établissements situés en Picardie et dans le Nord-Pas de Calais font partie du réseau : Le Cise à Ault en baie de Somme et la Ferme Blanche à Lompret près de Lille.

80 PAYS D U NO R D

PATRIMOINE_114.indd 80

10/03/14 14:47


MP_Noyon.indd 1

10/03/14 17:06


IDテ右 WEEK-END

Calais

CALAIS ENTRE TERRE ET CIEL !

82 PAYS D U N O R D

ID_WEEK_END_114.indd 82

10/03/14 15:23


IDÉE WEEK-END

Première ville du Pasde-Calais par sa taille et sa population, Calais est également connue pour être le premier port français de passagers grâce à ses liaisons avec l’Angleterre. Mais Calais est aussi une ville d’histoire. Celle de Yvonne et Charles de Gaulle qui s’y marièrent en 1921 en l’église NotreDame ou encore celle d’un passé industriel encore très présent.

Texte : Caroline Devos Photos : Francis Bertout

Vendredi

15h

Quoi de mieux que de prendre un peu de hauteur pour faire connaissance avec une ville ? Direction le beffroi, sur la place du soldat inconnu. Du haut de ses 75 mètres, il délivre une vue à 360° sur la cité. A ses pieds, la statue de Rodin : Les Bourgeois de Calais raconte un épisode clé de l’histoire de Calais. Inaugurée en 1895, elle rend hommage au courage de six Calaisiens pendant le siège des Anglais entre 1346 et 1347. En effet, le roi d’Angleterre Édouard III avait décidé en août 1347 de réaliser un marché : laisser la vie sauve aux habitants en échange de celle de ces six Calaisiens.

Calais, même si elle subit la crise depuis déjà quelques décennies, reste très prisée dans le milieu de la Haute Couture.

13h Petite pause méritée après tant d’émotions…Voici une adresse qui ne manque pas de charme. Rue de Malines, Anne-Sophie NoëlBisshop et Jean-Michel Coulon, ont installé leurs chambres d’hôtes dans un ancien hôtel particulier du XIXe siècle. Au programme du Cercle des Malines : des chambres à la décoration raffinée sur le thème du voyage : Kenya, Venise, Rome, Indochine, Havane… Un dépaysement qui se prolonge lors du petit-déjeuner avec le pain et les viennoiseries, préparés dans l’une des boulangeries de Jean-Michel !

18h30

Profitez de votre soirée pour aller voir un spectacle au Channel ou au Grand Théâtre. Le premier s’est installé dans les anciens abattoirs de la ville en 1994. Spectacles de danse contemporaine, pièces de théâtre, concerts et même cirque, l’offre est très large. Quant au Grand Théâtre de Calais, petit bijou d’architecture, il a été construit sur les plans de l’architecte Malgras-Delmas à la place de l’ancien cimetière de SaintPierre, aujourd’hui place Albert 1er. La première pierre a été posée le 9 juillet 1903 !

Samedi A seulement 400 mètres de la maison d’hôtes d’AnneSophie et Jean-Michel, plongez dans l’univers fascinant de la dentelle, industrie textile qui a littéralement façonné la ville. Au cœur du quartier historique des dentelliers, dans une ancienne usine typique de la fin du XIXe siècle, la Cité de la Dentelle et de la Mode revient sur l’histoire de cette industrie et son application dans la mode. Car la dentelle de

Du côté du port, le Grand Bleu figure parmi les incontournables pour qui veut déguster un bon plat de poisson. Après ses études et des passages remarqués auprès de Marc Meurin ou encore Alain Ducasse, le chef Matthieu Colin est revenu dans son Calais natal. On aime sa cuisine inventive et originale réalisée avec des produits frais et de terroir.

15h

Il est temps de partir du côté du port de Calais. A seulement deux petites minutes de marche, vous êtes arrivés au phare. D’une hauteur de 58 mètres, celui-ci a été allumé pour la première fois en 1848. Dans le quartier du Courgain maritime, il n’a subi aucun dommage pendant les guerres ! Vous pouvez défier les 271 marches et admirer la vue sur la ville et la mer. Ensuite, direction le port de pêche, quai de la Colonne Louis XVIII. Chaque jour de nombreux bateaux viennent s’y amarrer pour vendre leur pêche du jour. Envie de continuer la marche ? Dirigez-vous vers la place d’Armes pour admirer la Tour du Guet, le plus ancien monument de Calais , d’où l’on guettait l’ennemi au Moyen Âge.

17h

Un petit creux ? Ne partez pas trop loin, restez sur la place d’Armes. Rendez-vous à la crêperie Tonnerre de Brest. La cuisine y est, bien entendu, typiquement bretonne. Mais on ne leur en veut pas, pour la simple et bonne raison que c’est bon ! Créée par deux sœurs, cette bonne adresse nous fait voyager en Bretagne tout en faisant quelques clins d’œil à notre terroir. Les crêpes ont pris un petit accent ch’ti : galette de courgettes à l’ail, ou de maroilles, de boudin noir et compote ou encore d’endives braisées. Un délice ! →

PAYS DU NORD 83

ID_WEEK_END_114.indd 83

10/03/14 15:23


IDÉE WEEK-END

1

Calais

Que visiter ? 5. La Cité Internationale de la Dentelle et de la Mode. 135, quai du Commerce, 62100 Calais. Tél. 03.21.00.42.30. www.cite-dentelle.fr 3. Le musée des Beaux-Arts. 25 rue Richelieu, 62100 Calais.Tél. 03.21.46.48.40. www.musee.calais.fr

Où dormir ? 2. Le Cercle de Malines.12 rue de malines, 62100 Calais. Tél. 03.21.96.80.65. www.lecercledemalines.fr

Où déjeuner ou dîner ? 4. Le Grand Bleu.8 Rue Jean-Pierre Avron, 62100 CALAIS Tél. 03.21.97.97.98. www.legrandbleu-calais.com 1. Crêperie Tonnerre de Brest. Place d’Armes, 62100 Calais. Tél. 03.21.96.95.85. www.creperie-calais.fr

2

Restaurant Histoire Ancienne. 20 rue Royale, 62100 Calais.Tél. 03.21.34.11.20. www.histoire-ancienne.com 3

5

4

8 PA 84 AY A YS D U N NOR NO O OR RD

ID_WEEK_END_114.indd 84

10/03/14 15:23


Dimanche

10h

Terre de trésors le Département 5

© Y. Cadart

Pour vos derniers instants à Calais, pourquoi ne pas louer un vélo et vous mettre au vert ? Pour cela, rien de plus simple : direction les bornes Vél’in. Vous en avez une pas

Pas-de-Calais,

13h

Vauban Arras

© S. Jarry

très loin de la maison d’hôtes, à proximité du théâtre. Profitez-en pour aller voir l’église Notre-Dame, dans laquelle se sont mariés Yvonne et Charles de Gaulle. Une stèle en leur hommage y est même érigée. Seule église d’influence Tudor en Europe continentale, elle vaut vraiment le coup d’œil ! Ensuite, vous pouvez respirer le bon air au parc Richelieu. Ce dernier a été aménagé en 1862 sur les anciennes fortifications de la vieille ville. Le jardin tel qu’il est visible aujourd’hui a été redessiné en 1956. Au début du XIXe siècle s’y trouvaient les « Bourgeois de Calais » de Rodin. Avec ses points d’eau et ses belles allées, vous allez adorer la promenade !

Beffroi Calais

Pratique Office de tourisme de Calais Côte d’Opale. 62 100 Calais. Tél. 03.21.96.62.40. www.calais-cotedopale.com

Marais audomarois

© Y. Cadart

Juste à côté du parc Richelieu, vous pouvez déjeuner au restaurant Histoire Ancienne. Au cœur du centre-ville de Calais, avec sa façade typique de bistrot, ce restaurant se place dans la lignée des plus belles brasseries. Tenu par Patrick Comte, un artisan-restaurateur, vous y dégustez une cuisine classique de brasserie, le tout fait maison !

Le Pas-de-Calais ne manque pas de richesses. Porté et encouragé par les prestigieuses reconnaissances qu’il a obtenues, il marque sa volonté d’entrer dans une ère nouvelle.

www.labelspasdecalais.fr PAYS DU N ORD 85

ID_WEEK_END_114.indd 85

10/03/14 15:24


MUSテ右 Beaux-Arts

de Tournai

86 PAYS D U N O R D

BEAUX_ARTS_114.indd 86

10/03/14 11:35


MUSÉE

Chez le Père Lathuile de Manet, l’un des chefs-d’œuvre du musée Tournaisien.

UNE RICHESSE INSOUPÇONNÉE

O

eu mais le ux-Arts de e parmi les plat pays. e en forme gné Victor s, Bruegel, t, Ensor ou encore Toulouse-Lautrec dévoilent des facettes inattendues de leurs palettes.Texte : Ludivine Fasseu Photos : Sébastien Hennebique

PAYS DU N ORD 87

BEAUX_ARTS_114.indd 87

10/03/14 11:35


MUSÉ MU SÉE B Beaux-Arts eaux-Arts

E

i d’un don qui u ! Au début du ri Van Custem, d’art, prend les premiers contacts pour l’avenir de sa collection, il se tourne naturellement vers le musée de Bruxelles. Mais le fonctionnaire bruxellois en charge du musée tatillonne. Certaines œuvres ne sont pas à son goût. La nudité de Périmèle, la Nymphe de Caprii de Léonce Le Gendre (1864), par exemple, l’effraie. Si bien que le mécène, lassé par cette attitude, se décide à offrir sa collection à la ville de Tournai ! « Il suffit parfois de pas grand chose pour que le cours de l’histoire change » s’amuse Dimitri Kadjanski, directeur de l’office de tourisme de Tournai. Il faudra néanmoins attendre un quart de siècle pour que le musée des Beaux-Arts de Tournai ouvre ses portes et rende ainsi accessibles les œuvres du mécène en 1928. Mais le jeu en valait la chandelle,

d de eT Tournai ournai

La Rixe. Le coup de la fin (1900) - Rémi Cogghe.

les légataires des œuvres de Van Custem confient la réalisation du musée à Victor Horta qui réalisera d’ailleurs à Tournai le seul musée conçu en tant que tel de sa carrière ! Etrange musée dont la forme et l’agencement des différentes pièces ne sont pas sans faire penser à la carapace d’une tortue. Le plan est centré, toutes les pièces tournent autour du hall des sculptures. « Il faut replacer sa construction dans l’époque. Alors qu’Horta commence à dessiner les plans en 1911, la Joconde vient d’être dérobée au Louvre. L’architecte est marqué par l’affaire et essaie de parer aux problèmes de sécurité » poursuit Dimitri Kadjanski. Si bien que lorsqu’il se place au centre du musée, le gardien a un œil sur toutes les salles disposées autour de lui. Les travaux débutent en 1912 sur le site d’une ancienne abbaye mais la Première Guerre mondiale marque un coup d’arrêt. Le musée ne sera achevé qu’en 1928. Entre temps, Horta a évo-

lué... Ainsi on retrouve les courbes typiques de l’Art Nouveau à l’extérieur du bâtiment tandis que l’intérieur se révèle beaucoup plus cubique. Autrement dit entre les deux son cœur balance... A l’époque, le génial architecte est en proie au doute et au questionnement entre Art Nouveau et Art Déco.

Les grands noms de la peinture Côté collections, le musée des BeauxArts de Tournai n’a pas à rougir. Les salles classées en sept thématiques (le bonheur de vivre, les travaux et les jours, l’éloge de la folie, matières et illusions, la vérité de l’être, au cœur de l’univers, foi et dévotion) abritent chacune leurs lots de petits et grands trésors. Le musée présente un panorama de peintures et de sculptures allant des primitifs flamands

88 PAYS D U NO R D

BEAUX_ARTS_114.indd 88

10/03/14 11:35


MU M US SÉ ÉE

On redécouvre ainsi des facettes de personnalités de grands noms que l’on croyait connaître. »

aux artistes contemporains, s’appuyant sur les fonds de la ville pour la peinture ancienne et les Van Custem pour la peinture moderne. On retrouve les grands noms de l’histoire de l’art tels que Roger de le Pasture, Robert Campin, Pierre-Paul Rubens, Jacob Jordaens, Vincent Van Gogh, Georges Seurat ou encore Claude Monet. Tous dévoilent des facettes différentes de leur palette, et le conservateur Jean-Pierre De Rycke n’a pas hésité à bousculer les codes en confrontant des œuvres d’époque différente. Ainsi, Ensor, l’ostendait apparaît sous un jour nouveau dans plusieurs salles. Une nature morte, des marais… Mais où sont ses masques ? « Van Custem a acheté de nombreuses œuvres d’Ensor -essentiellement des dessins- mais elles sont toutes antérieures à la période des masques » précise Dimitri Kadjanski. Ce sont donc ses toiles de jeunesse qui sont données à voir. Et pour certaines, on note déjà l’humour et l’ironie chers à l’expressionniste !

Face cachée Vincent Van Gogh aussi étonne le visiteur avec notamment une encre sur papier. Alors qu’en juillet 1888, il espérait l’arrivée à Arles de son ami Paul Gauguin, Van Gogh réalisa une série de cinq grands dessins très élaborés à la plume de roseau taillé et encre sépia. L’un d’entre eux, représentant les Oliviers à Montmajours est exposé aux Beaux-Arts de Tournai. Au fil de la visite, on redécouvre ainsi des facettes de personnalités de grands noms que l’on croyait connaître. Les « locaux » comme Louis Gallait font revivre les grands événements de l’histoire de Tournai comme l’abdication de Charles Quint, les derniers honneurs rendus aux comtes d’Egmont et de Horne ou encore la peste en 1092, terrifiante de noirceur... Notons d’ailleurs que s’il fallait retenir un fil conducteur dans le parcours du musée, la

peine et le misérabilisme arriveraient en bonne place. Les personnages représentés par les différents artistes ont souvent quelque chose de lourd dans le regard. Enfin parmi la grande collection d’impressionnistes, le visiteur se régalera à coup sûr des deux Manet -le musée tournaisien est l’un des seuls en Belgique à posséder deux toiles de l’artisteArgenteuil (1874) et Chez le Père Lathuile (1879), que beaucoup de critiques d’art considèrent comme l’une de ses plus belles réalisations.

Pratique Musée des Beaux-Arts de Tournai, Enclos Saint-Martin, 7500 Tournai, tél. : 00.32.69.33.24.31. A noter : nocturne du musée le 3 mai.

PAYS DU N ORD 89

BEAUX_ARTS_114.indd 89

10/03/14 11:35


BONNE ADRESSE

La Ruche aux Livres à Wavrin

UNE LIBRAIRIE QUI BOURDONNE ! Sur la place principale de Wavrin, impossible d’échapper à La Ruche aux Livres et son propriétaire Olivier Barbier. Cette librairie indépendante installée dans les Weppes depuis 8 ans veut prouver à tout le monde que le livre n’est pas mort !

Texte et photos : Caroline Devos « On m’a pris pour un fou ». Quand Olivier Barbier a créé La Ruche aux Livres, sa librairie indépendante il y a 8 ans à Wavrin, le pari n’était pas gagné. Pourtant les habitants l’ont accueilli les bras grands ouverts : « la première semaine j’ai reçu des bouquets de fleurs et encore aujourd’hui on me donne des petits cadeaux lors des fêtes ». Le bouche-à-oreille a fonctionné. Olivier n’est pas peu fier d’avoir su conserver sa clientèle malgré une concurrence féroce : « c’est avant tout la librairie de ma clientèle » explique-t-il. Olivier doit sa réussite à la convivialité de sa Ruche. Ici point de relation patron/ clients, être libraire pour lui c’est avant tout « un métier humain ». Olivier Barbier est un véritable passionné. Les habitués viennent à La Ruche aux Livres pour dénicher la perle rare qui les aura touchés ou l’une des deux jeunes femmes qui travaillent avec lui. « Ici on est vraiment face aux clients, on ne peut pas se cacher. Souvent les gens viennent

sans savoir ce qu’ils veulent précisément et c’est alors à nous de savoir les conseiller au mieux ».

Plus qu’une librairie

envie de quitter l’écran de télévision ou la tablette numérique. Plus qu’une simple librairie, La Ruche aux Livres est devenue en quelques années un véritable lieu de vie. Si l’on regarde de plus près l’envie d’Olivier d’avoir « une librairie comme dans l’ancien temps mais avec la technologie moderne », on peut dire que son pari est réussi !

Mais pas question de se contenter de l’activité de libraire. Face au Furet, à la FNAC ou aux sites internet marchands, La Ruche aux Livres a du trouver un moyen de se démarquer. Caroline, la responsable du magasin a mis en place un cercle littéraire Pratique composé aujourd’hui de 13 personnes. Les La Ruche aux Livres. 14 place compères se rendent également dans des de la République, Wavrin. Tél : salons du livre et de la bande-dessinée. 03.20.58.06.01. L’équipe organise aussi des rencontres avec larucheauxlivres@gmail.com des auteurs aussi différents les uns que les autres. Des séances de dédicaces qui font se déplacer jusqu’à plusieurs centaines de personnes, venant parfois même d’Amiens ou de Belgique ! Et puis comme dans la Ruche ça bourdonne de partout, les enfants peuvent faire comme les grands et prendre le temps de aux Livres ? choisir LE livre qui leur donnera nom : La Ruche Mais pourquoi le car la contraction des noms Tout simplementer et son épouse donne le son de famille d’Olivi de l’abeille ! « bzz » , le bruit

NC ? ET POURQUOI DO

90 PAYS D U NO RD

BONNE_ADRESSE_RUCHE_AUX_LIVRES_114.indd 90

10/03/14 15:51


Les enquêtes de

L’INSPECTEUR

PIDMER UNE BANDE DESSINÉE

100% RÉGIONALE A la manière du célèbre duo Sherlock Hol H olmes lmes et et Doct Docteu eurr Wats Watson on, « Les Les en enqu quêêtes êtes de ll’IIns nspe pect cteu eurr Pi Pidm dmer er » m met ette tent nt een n sc scèn ènee deux de ux aaco coly lyte tess ai ailé léss, P Pid idme merr, u un n hu huît îtri rier er-ppie ie, et le pr p ofesseur Numénius, un courlis cendré. Au fil de leurs pr p omenades, ils nous emmènent à la découverte des espèces et des milieux naturels typiques de la Baie de Somme et de la plaine maritime picarde. Dix enquêtes amusantes et instructives pour connaître les secrets des oiseaux, des animaux et des paysages emblématiques de ce merveilleux territoire.

12,50€

PRIX :

7-12 ans et + Date de sortie : mars 2012 Format : Intérieur : 20x28 cm - couv : 20,5x28,8 cm Pagination : 48 pages - Prix public : 12, 50 €

+ PARTICIPATION AUX FRAIS DE PORT :

TOTAL :

COUPON-RÉPONSE

3,80€

16,30€

Oui

, je désire commander la BD "Les enquêtes de l’inspecteur Pidmer", au tarif préférentiel de

16,30 € frais de port inclus.

Je la recevrai à l’adresse ci-dessous. Voici mes coordonnées : Nom :

Prénom :

Adresse : Code Postal :

Ville :

Je joins un chèque de 16,30 € à l’ordre de Pays du Nord et j’envoie le tout à : 229 rue Solférino, 59000 Lille.

page souscription PiDMER.indd 1

Sortie en librairie : mars 2012.

20/02/12 10:21


BONNE ADRESSE

L’estaminette à Lille

L’ESTAMINETTE, L’ÉPICERIE 100 % NORDISTE Rue de la Barre dans le Vieux-Lille, au milieu des cafés branchés et magasins chics, une épicerie aux allures d’estaminet s’est spécialisée dans les produits du terroir. Bières, fromages, confiseries et même yaourts… Tout est « made » in Nord-Pas de Calais. Texte et photos : Caroline Devos En venant de la Grand-Place de Lille, il faut remonter la rue Esquermoise pour arriver rue de la Barre et à l’Estaminette plus précisément. Créée en 2009 par quatre copains bien inspirés, l’épicerie a été reprise en novembre dernier par Sébastien Pollet et Serge Rybacki, deux amoureux du terroir. Au programme : une cinquantaine de variétés de bières, des fromages, de la confiture au spéculoos... Mais aussi des produits plus originaux venus d’un peu plus loin, comme le pétillant à la rhubarbe de Picardie, le sirop de Liège ou encore la véritable cassonade belge. On y retrouve tous les produits d’hier (et d’aujourd’hui) qui ont fait du Nord-Pas de Calais, une région de bonne chère. Depuis peu, les deux compères développent le rayon frais en travaillant avec les fermes des environs. Ainsi, les yaourts viennent de Pévèle et la cave à fromages s’est enrichie du boulet de Cassel, un fromage flamand « ressuscité » grâce à la Ferme des Templiers

à Oxelaëre. Côté références, si on demande à Sébastien ses incontournables, il hésite un instant avant d’annoncer : « les chocolats de Saint-Jans-Cappel, les gaufres, les bières, les saucisses au maroilles ou au spéculoos ». Bref l’homme n’est pas peu gourmand…

Des produit locaux Côté clientèle, l’Estaminette profite du passage des nombreux touristes dans la capitale des Flandres pour faire connaître ses pépites. Sébastien se rappelle avoir servi « des Lyonnais, Marseillais, Toulousains, Parisiens, Normands... », heureux de repartir avec un petit bout du Nord dans leurs valises. Mais avec le temps, on croise de plus en plus d’habitués, « ceux qui viennent chaque semaine chercher leur bière favorite » ou encore « des gens du quartier qui viennent se servir dans les produits frais pour dépanner le quotidien ». Et si finalement, ils repartent avec un boulet de Cassel plutôt qu’une mimolette industrielle,

le pari est gagné ! Pour pérenniser l’Estaminette, Sébastien et Serge prévoient de développer des animations autour d’événements gastronomiques. A mardi gras, ils présentent différentes variétés de confiture à étaler sans modération sur les crêpes. Mais avant tout, les deux hommes souhaitent continuer à dénicher de bons produits. Sébastien se dit « être en recherche permanente de nouveaux producteurs ». Parmi les nouveautés les plus attendues : le « vrai nougat » fabriqué dans le quartier de Lille-Fives.

Pratique L’Estaminette, 10 rue de la Barre, 59000 Lille, tél. : 03.62.10.13.54. Du mardi au vendredi de 14h à 19h - Le samedi de 11h à 19h. Possibilité de passer commande par internet : www.estaminette.com

92 PAYS D U NO R D

BONNE_ADRESSE_ESTAMINETTE_114 copie.indd 92

10/03/14 15:07


C OMPLÉTEZ 93

94

LA FLANDRE À CŒUR

AU TEMPS DES CHÂTEAUX

100

99

LA TTHIÉRACHE HIÉRACHE HIÉR É ACHE ET SES TRÉSORS

SPÉCIAL 100 - 150 PAGES !

105

106

DOSSIER TINTIN HERGÉ ET LA BELGIQUE

LA BIÈRE, SECRET DES MOINES

VOTRE COLLECTION

95

OBJECTIF NATURE

101

QUE FAIRE AVANT L’ÉTÉ ?

107

BAIE DE SOMME & 2 CAPS

96

98

97

LES CHEMINS DE L’ÉTÉ

D’OÙ VIENT LA CUISINE DU NORD ?

LES VOIES DU NORD VERS COMPOSTELE

102

103

AUTOUR DES PHARES

108

104

MONUMENTS ET PAYSAGES

VOIES ROMAINES

109

COMMENT LE NORD A INSPIRÉ LES PLUS GRANDS ?

110

BALADES ROMANTIQUES

DESTINATION WEEK-ENDS

Bon de commande le(s) numéro(s) traditionnel(s) et/ou le(s) hors-série suivant(s)

...............................................................................................

❑ Oui, je souhaite recevoir

Au prix de :

❑ 1 numéro commandé : ................................ 4,70 € ❑ 2 numéros commandés : ............................. 7,85 € ❑ 3 numéros commandés : ............................. 9,80 €

...............................................................................................

❑ Au delà de 3 numéros, le numéro supplémentaire commandé : .......... 3,10 €

...............................................................................................

+ Frais de port (forfait) : ......................... 3,80 €

...............................................................................................

SOIT UN MONTANT TOTAL DE

Nom (en capitales SVP) :

............................................................................................................................................

Prénom :

................................................................................................................................................................

Adresse :

................................................................................................................................................................

......................................................................................................................................................................................

E-mail :

...................................................................................................................................................................

Code Postal : Ville : Tél :

.......................................................................................................................................................

JOINS MON RÈGLEMENT

❑ Par chèque à l’ordre de PAYS DU NORD ❑ Par carte bancaire : N° : Exp Signature :

N° de contrôle*

........................................................................................................................................................................

...........................................................................................................................................................................

Pays :

JE

....................... €

.......................................................................................................................................................................

JE L’ENVOIE

À

:

PAYS DU NORD

229, rue Solférino -59000 Lille Tél. : 03 20 15 99 41

* Le numéro de contrôle permet d’accroître la sécurité de votre transaction. Veuillez indiquer les 3 derniers chiffres de votre numéro figurant au dos de votre carte bancaire.

index F.indd 1

14/03/14 15:39


LIVRE

Coup de cœur

LES RICHESSES DU MARAIS AUDOMAROIS Fruit d’un travail de plusieurs années, cet ouvrage rassemble les plus belles images de Jean-Claude Carton, un photographe passionné du marais audomarois. Infatigable guetteur de lumière, il nous donne à voir l’invisible... Texte : Ludivine Fasseu

Photographe-naturaliste reconnu dans la région, Jean-Claude Carton collabore avec Pays du Nord Magazine depuis plusieurs années déjà. Mais l’homme est du genre discret. Il disparaît parfois pendant des semaines voire des mois puis ressort de l’ombre pour apporter son flot de nouvelles images. Et là, on comprend. On comprend que l’homme a passé ces derniers temps dans la nature à attendre l’envol d’un oiseau, le galop d’une jument, la sieste d’une grenouille verte sur un nénuphar ou le rayon de soleil venu illuminer son terrain de jeux. Et son terrain de jeux, c’est l’Audomarois, terre qui l’a vu naître. Correspondant d’agences (plus de 3 000 photos publiées en France et à l’étranger), il reste profondément attaché à ce marais qu’il parcourt depuis plus de 30 ans, appareil photo à la main. Son nouvel ouvrage, Les Richesses du Marais Audomarois, condense ce travail d’une patience inouïe. Il en a fallu des heures pour saisir ces centaines d’oiseaux, de libellules, de papillons et autres batraciens vivant dans le marais. Que de couleurs ! Au fil des pages, on comprend mieux pourquoi ces terres humides façonnées depuis douze siècles par l’homme, sont rentrées l’année dernière dans la belle famille des sites « Man and Biosphere » reconnus par l’UNESCO. On s’étonne devant le nombre d’espèces d’oiseaux fréquentant le marais. On s’amuse du martin-pêcheur poisson dans le bec ou du couple de Traquets Tariers partageant le petit-

déjeuner... L’ouvrage se feuillette tel un album photos de famille. Le lecteur suit le parcours du photographe et découvre les richesses du marais au gré des pérégrinations de ce dernier. Les commentaires sont courts, les photos parlent d’elles-mêmes. Pas de chapitre, pas de textes, juste des centaines de photographies pour dévoiler le marais audomarois au fil des saisons. Les images, étonnantes et inattendues, donnent à voir l’invisible. Seuls les plus patients et les plus curieux pourraient immortaliser ces instants de vie volés. Ceux qui n’ont jamais parcouru ces jardins flottants s’étonneront de voir qu’ils sont encore cultivés et que le facteur réalise toujours sa tournée en barque ! Pour les autres, on retrouve le marais tel qu’on l’aime : authentique et ressourçant.

Pratique Les Richesses du Marais Audomarois, 96 pages, 190 photographies, 29 €. Livre en vente chez le photographe, dans les librairies de Saint-Omer, à l’Office de Tourisme de Saint-Omer et sur le site www.labelimage.fr Jean-Claude Carton, 60 rue du Capitaine Revel, 62500 Saint Martin-au-Laërt, tél. : 03.21.38.31.21.

94 PAYS D U N O R D

Livre_114.indd 94

10/03/14 11:29


TOUS LES 3 MOIS CHEZ VOUS !

ABONNEZ-VOUS À ABONNEMENT

Fidélité 25% 2 ans soit 10 numéros

(8 magazines + 2 hors-séries)

45

au lieu de 60,00 €

,00

d’éco nomie rappo pa r au nut au tarifr méro.

Etranger : 56,00 € (dontt 15,00 € de frais d’envoi)

(2) Offre réservée à la France métropolitaine. Envoi du cadeau sous trois à quatre semaines après encaissement de votre réglement.

2 AN NS S 10 NUMÉROS S

+ Recevez en cadeau, pour un abonnement de 2 ans

Sans piles

et écologique, La lampe p •• Pratique 3 leds, : 9 x 5 cm, dy ynamo •• Dimensions D’une valeur de 12,00€.

ABONNEMENT ABONNEM

découverte

1 an soit 5 numéros (4 magazines + 1 horss-séérie))

24

,00

au lieu de 30,00 € Etranger : 30,00 € (dont 7,50 € de frais d’envoi)

❏ Je choisis l'abonnement Découverte (24,00 €) ❏ Je choisis l'abonnement Fidélité (45,00 €) ❏ Mlle ❏ Mme ❏ M. Nom : ................................................................................. Prénom : ..................................................................................................................... Adresse : .................................................................................................................... ....................................................................................................................................... Code Postal : ......................................... Ville : ....................................................... Pays : ....................................................... Tél : ......................................................... E-mail : ........................................................................................................................

(2)

20%

r mie parif o n o c é a d’ rt au rto. rappon é m au u

1 AN 5 NUMÉROS COUPON-RÉPONSE • Belgique : s’adresser à Tondeur Diffusion : 9, av. Vankalken 1070 Bruxelles - Tél. : 0032(0)25 55 02 17 • Garantie de satisfaction : l’abonnement peut être interrompu à tout moment et remboursé des numéros non reçus.

Je joins mon règlement par chèque ou mandat à l’ordre de Pays du Nord et je l’envoie à : PAYS DU NORD - 229, rue Solférino - 59000 LILLE Par carte bancaire : N° Exp N° de contrôle*

Signature :

En vertu de la loi Informatique et Libertés du 6 janvier 1978, vous disposez d’un droit d’accès et de rectification aux données vous concernant. * Le numéro de contrôle permet d’accroître la sécurité de votre transaction. Veuillez indiquer les 3 derniers chiffres de votre numéro figurant au dos de votre carte bancaire. Envoi du cadeau sous trois à quatre semaines après encaissement de votre réglement.

114 Abo PDN 111.indd 1

07/03/14 14:57


LIVRE

Coup de cœur

TROP BON ! LES FRITES, CROQUETTES ET BEIGNETS Voici un ouvrage qui va en déculpabiliser plus d’un ou plus d’une... Notre chroniqueur gastronomique Patrick Villechaize a réuni les chefs d’Euro-Toques1 et remet au goût du jour les plats à base de friture. De l’apéritif au dessert, les frites, beignets, croquettes, chips et autres croustillants se déclinent à toutes les sauces, et se révèlent plus diététiques qu’on ne le pense. Texte : Ludivine Fasseu

1/ Euro-Toques : Association de chefs qui œuvre pour la sauvegarde et la promotion des produits alimentaires de qualité.

de glucides, sachez que l’on en a besoin, même pour maigrir ! Il paraîtrait que ces mêmes glucides enverraient des signes au cerveau, lui signalant qu’il n’y a pas de famine en vue, et qu’il peut continuer à puiser dans les réserves... Pour vous débarrasser des odeurs de fritures, placez sur le plan de travail un bol rempli de vinaigre blanc, conseil de l’auteur !

Recette de Yorann Vandriessche

Ingrédients (pour 4 pers) : 1 kg de crevettes grises (400 g décortiquées – 600 g de carapaces) – 100 g de farine – 100 g de beurre – 12 feuilles de gélatine – 70 cl de lait – 50 g de carottes – 50 g de céleri rave – 50 g d’oignon – huile de friture – herbes aromatiques – sel – poivre.

Pratique Trop Bon ! Les frites, croquettes et beignets, Patrick Villechaize, 9 €, éditions Ouest-France.

Préparation : • Faire suer au beurre tous les légumes taillés en fine brunoise avec les carapaces de crevettes. Ajouter le lait, laisser cuire et passer au chinois. • Ajouter le roux fait avec le beurre et la farine, la gélatine fondue à l’eau tiède et les crevettes décortiquées. Assaisonner. • Façonner les croquettes et les plonger dans l’huile de friture à 180°. Servir avec une émulsion d’herbes aromatiques.

© Thierry Bineau - Atelier Good

Bien sûr, cet ouvrage ne vous délivrera pas la recette miracle pour rentrer dans du 36... Quoique ! Les beignets de soles concoctés par Olivier Malévitch (Hermitage Gantois à Lille) ou les gambas en tempura d’Emmanuel Hernandez (Le Musigny à Valenciennes) rivaliseraient volontiers avec quelques salades bien garnies. Mais surtout, c’est tellement bon ! C’est tellement bon une frite arrosée d’un filet de vinaigre ou une bonne croquette de crevettes bien de chez nous. A lire la recette de cette dernière (voir notre encadré), la préparation ne semble pas si sorcière. Avec la complicité des chefs d’Euro-Toques, Patrick Villechaize délivre ainsi 45 recettes, de l’apéritif au dessert, à base de plats en friture. Croustillants de langoustines au basilic, chips de courgettes, croquette de pomme de terre, dos de cabillaud poireaux frits, filet de bar rôti pommes gaufrettes, beignets de cerise sans oublier les fameux croustillons… Le lecteur retrouve les grands classiques de la friture et se voit confier quelques recettes plus élaborées pour faire bonne impression, tout en prenant plaisir ! Les recettes sont claires, illustrées par un photographe de talent, Thierry Bineau, qui a dû saliver en immortalisant les réalisations des chefs… Et puis, si vous culpabilisez encore de faire le plein

CROQUETTES DE CREVETTES

96 PAYS D U N O R D

LIVRE_LA_FRITTE_114.indd 96

10/03/14 15:51


Idées Week-end & Sorties 15ème SALON DU JARDIN DE SENLIS FÊTE DU PRINTEMPS

→ Du vendredi 28 au dimanche 30 mars 2014

Organisé par la Confrérie Saint Fiacre de Senlis, en partenariat avec la v ille de Senlis, les Jardiniers de France, la Poste et le Club de philatélie de Senlis, ce salon se tiendra Cours Thoré Montmorency. Sur 15.000 m2 d'espaces verts, cette grande expositionvente est dédiée aux amateurs de plantes rares, de plants de légumes mais aussi à l'aménagement de jardins. Durant tout le salon : cours de tailles d'arbres fruitiers, conseils et soins, plusieurs conférences les 29 et 30 mars, animations, ateliers de jardinage... seront proposés gratuitement au public. Un bureau de poste sera également ouvert sur place, avec son propre cachet, et proposant le timbre anniversaire ppour les 15 ans du salon.

MUSIC’ À MA PORTE À MARCQ-EN-BARŒUL DU 15 MAI AU 12 JUIN Vous aimez la musique mais ne fréquentez pas forcément les salles de concert. Pourquoi ne pas vous rendre à l’un des concerts gratuits de Music’ à ma Porte ? Sept spectacles dans des lieux inhabituels et dans tous les styles musicaux vous sont proposés à la porte de chez vous.

Rendez-vous les :

Entrée du salon et parkings g ggratuits www.salon-du-jardin-a-senlis.fr

Jeudi 15 mai à 19 h :

VILLE DE SAMER 17ème salon de l’humour et de la caricature Les 19, 20 et 21 avril 2014

Mardi 20 mai à 19h :

A Samer (près de Boulogne-sur -mer) se déroulera le 17 ème salon de l’humour et de la caricature. 8 dessinateurs de différentes régions de France et de Belgique seront présents : Roth, Simon Garcia, Borot, Gruet, Vomorin, Hans, Deroo et Justin De 10h à 12h : exposition de plus de 300 dessins. De 15 h à 18h30 on pourra admirer les dessinateurs en action et repartir avec son portrait pour 5 €. Entrée gratuite Tél. mairie : 03-21-33-50-64 mairie.samer@wanadoo.fr www.ville-samer.fr

Kouchtar Orchestar Collège Rouges Barres Rock/Swing/Funk Okay Monday - Espace Tabarly Pop/Rock Jeudi 22 mai à 19h :

Le Global : Compagnie du Tire-Laine - Maison de la Jeunesse de la Briqueterie Musiques q du Monde Mardi 27 mai à 19h :

Woodstock Experience Parc Valmy – Rock/Pop/Folk Mardi 3 juin à 17h :

Trio classique : piano, violoncelle, flûte - La Corderie Musique q classique q Jeudi 5 juin à 19h :

Contrabando - Hôtel de Ville Musique cubaine Jeudi 12 juin à 19h :

Chauffe Marcel - Cafétéria Casino – Soul Music

Tous les concerts sont gratuits Rens. : 03 20 45 46 37 Retrouvez l’ensemble de cette programmation sur : www.marcq-en-baroeul.org

Publicité PC 114 F.indd 91

07/03/14 15:18


À VOUS LA PAROLE

© Amiens-Métropole

ERRATUM

BOUVINES EN PÉVÈLE

Dans l’article consacré au 800e anniversaire de la bataille de Bouvines (1214), notre journaliste a situé la bataille dans les Weppes alors qu’elle se situe bien évidemment en Pévèle. Pour en savoir plus sur l’histoire et le patrimoine du Pays de Pévèle : n’hésitez pas à contacter la dynamique Société Historique du Pays de Pévèle, site : http://paysdepevele.com Pour tout ce qui concerne le 800e anniversaire de la bataille : www.bouvines2014.fr Retrouvez également dans ce numéro page 66 un article complet sur la nouvelle Salle des Batailles à Mons-en-Pévèle, qui met en perspective les batailles de Bouvines en 1214 et de Mons-en-Pévèle en 1304.

ERRATUM : PDN 113 A NE PAS MANQUER CINÉMA À ARDRES

QUEL AVENIR POUR LA PICARDIE ? En cette nouvelle année s’élève encore la crainte de voir le nom de Picardie disparaître de la carte de France, nous avons le cœur gros, notre image historique est immense, personne ne peut le nier et pourtant ? Soyons solidaires et pour se donner du courage, fredonnons la chanson « Roses de Picardie ». A bientôt chers amis, soyez assurés de notre fidélité de lecteurs de votre magazine. Josiane et Yves.

MERCI NOS LECTEURS ONT DU CŒUR, MERCI ! EDITO

Suite au dernier édito dans lequel j’évoquais le parcours de mon aïeul Maurice Fasseu, blessé crânien pendant la Grande Guerre, vous avez été nombreux P à m’envoyer des messages de sympathie. Certains d’entre vous se sont même proposés pour effectuer des recherches plus approfondies sur l’itinéraire de Maurice pendant le conflit. PAYSDUNORD Merci à vous, je ne manquerai pas de vous tenir informés des suites de mon enquête. Vos témoignages me touchent. Ludivine Fasseu. A travers ces courriers, nous percevons également un intérêt grandissant pour cette guerre qui fit des millions de victimes sur nos latitudes nordistes. Nous renouvelons ici notre appel à contribution dans le cadre d’un futur numéro spécial : envoyez-nous vos histoires, celles entendues par vos grands-pères, grands-mères, oncles ou encore voisins. Nous les publierons dans le hors-série Grande Guerre dont la sortie est prévue en octobre. Par courrier : PAYS DU NORD, rédaction, 229 rue Solférino, 59000 Lille. Par courriel : redac@pays-du-nord.fr Décembre-Janvier-Février 2013-2014

MAURICE ET TANT D’AUTRES... «Nou avons la douleur d’informer nos camarades du décès d’un «Nous de notre cause : Maurice Fasseu ». Le Blessé f arddent défenseur Crrânien, organe de la Fédération Nationale des Trépanés et Blessés de la tête, le 15 janvier 1932.

resque 100 ans. Il y a un siècle, mon aïeul s’embarquait pour un conflit qui allait embraser la planète toute entière. Savait-il au moins ce qui l’attendait dans les tranchées ? Dans quel état d’esprit était-il ? Maurice fut comme bon nombre de jeunes hommes de son âge, appelé à défendre son pays, son drapeau, ses frères, sa famille. Je ne sais rien de lui. Si ce n’est qu’il ne mourut pas au combat. C’est la guerre pourtant qui l’a tué. Blessé crânien, Maurice retrouva son foyer. Mais sa blessure de guerre l’aura rongé à petit feu. La plaque qu’on lui avait posé dans le crâne pour réparer le trou causé par un éclat d’obus lui provoen quait d’atroces douleurs. Maux de tête, crises d’épilepsie... Maurice s’en est allé janvier 1932, 14 ans après la fin du conflit... précieuque jje découvris en lisant l’article du Blessé Crânien, conservé p C’est ce q sement dans le grenier de ma grand-mère. Une histoire (malheureusement) p q La Grande Guerre fît des millions de victimes. l’époque. p banale pour Pour ne pas oublier, pour comprendre notre ADN, des cérémonies, événements et manifestations rendront hommage, cent ans après, à tous ces hommes et femmes qui se sont battus pour la Liberté. faire Bien sûr, nous nous sentons concernés, nous qui œuvrons depuis 20 ans à nuactivement un p préparons du nord. Nous p g connaître l’histoire de nos régions méro spécial Grande Guerre (sortie octobre 2014) dans lequel les combattants seront p par p procuration, g q vivaient cette guerre mais aussi toutes les familles qui pour cela nous avons besoin de vous. Alors qqu’une à l’honneur. Et p g largement grande collecte est lancée au niveau national (www.centenaire.org), nous vous vos invitons à nous raconter l’histoire de vos aïeux. Nous publierons certains de témoignages dans notre numéro spécial. En attendant, vous retrouverez dans chacun de nos numéros, une rubrique spéciale consacrée à la Grande Guerre pendant tout le centenaire. Dans ce numéro, vous découvrirez le GHQ de Montreuil-sur-Mer, un nouveau centre dédié à la Grande Guerre qui replace les civils au cœur du conflit.

Fasseu Ludivine Rédactrice en chef

Magazine

€: redac@pays-du-nord.fr - Site : www.pays-du-nord.fr - Sarl au capital de 15 244,90 229, rue Solférino, 59000 Lille - Tél. : 03.20.15.99.41 - fax : 03.20.42.00.13 - Courriel chef : - Directeur de la publication et de la rédaction : Laurent Treilhou - Rédactrice en RCS Lille 2000B00358 - Edité par SARL PAYS DU NORD. Associé principal : Normédia Carolinee agenda@pays-du-nord.fr. Ont participé à ce numéro : • Rédacteurs : Thierry Butzbach, Ludivine Fasseu, redac@pays-du-nord.fr - Secrétaire de rédaction : Caroline Devos, Bertout,, Fasseu, Nicolas Montard, Daniel Mouray. • Photographes : Thierry Butzbach, Francis Devos, Claire Devilliers, Samuel Dhier, Stéphane Dubromel, Yves Fagniart, Ludivine - Chef dee Bremer - Photos d’édito : Collection L.Fasseu - PUBLICITÉ/ MARKETING : Normédia Benoit Bremer, Samuel Dhier, Stéphane Dubromel.- Photos de couverture : Benoit : Pays duu LILLE, tél. : 03.20.15.99.15. - Fax : 03.20.42.00.13. - ABONNEMENTS : Adresse postale publicité : Mélanie Dupont-Menini, m.dupont@normedia.fr 229, rue Solférino, 59000 n : tél. : 03.20.15.99.41. - Fax : 03.20.42.00.13. - Relations réseau : Distri-Médias - Représentation Nord, 229, rue Solférino, 59000 LILLE, courriel : abo@pays-du-nord.fr - Service clients LILLE : +00 32 (0)2.555.02.17. - Réalisation graphique : Normédia, 229, rue Solférino, 59000 de l’éditeur en Belgique : Tondeur Diffusion, 9 avenue Van Kalken, 1070 Bruxelles, Tél. - Photogravure : Normédia - Imprimerie : Aubin, 86340 Ligugé - Distribution : MLP Direction artistique : Ingrid Antczak-Herbert, Laurent Treilhou. - Graphiste : Yves Girod-Roux sauff - La reproduction totale ou partielle des articles publiés dans ce numéro est interdite Dépôt légal : à parution - N° de commission paritaire : 0317 K 88854 - ISSN : 1263-8730 n’engagent que la responsablilité de leurs auteurs. autorisation préalable du directeur de la publication. Les articles publiés dans ce numéro

PAYS DU N ORD 3

.indd 3 _113.indd ditto_ Ed Edito_113.indd

Régionaliste, quelque peu historien et amateur d’art, j’ai apprécié votre livraison de Pays du Nord 112. Mais puisque vous y traitez de cinéma dans le Nord-Pas de Calais-Picardie et que vous y lovez Ardres, n’aurait-il pas été opportun d’évoquer les antécédents cinématographiques de ce chef-lieu de canton du Pas-de-Calais ? -La présence des parisiens, de la grande Arletty au musicien Georges Van Parys sur les bords du lac, où le frère de l’actrice possédait une villa dans les années 1930. - Le tournage du film publicitaire vantant les produits de la firme automobile anglaise BMC dans les années 1970. - Le film La Petite Bande en 1983 par l’excellent cinéaste Michel Deville où Ardres et l’Ardrésis servent de décor et où les Ardrésiens font de la figuration. Etc... Merci à Michel dont nous ne pouvons retranscrire l’intégralité du courrier. Nous n’avons bien évidemment pas pu évoquer tous les tournages de films dans la région. Un constat s’impose néanmoins. Les liens entre le cinéma et la région ne datent pas d’hier. Si la thématique vous intéresse, n’hésitez pas, comme Michel, à nous transmettre vos connaissances sur le sujet : redac@pays-du-nord.fr

PAYS DU NORD JUIN-JUILLET-AOUT SPÉCIAL CÔTE

1 13 11:41 /11/13 6/11/1 26/

www.facebook.com/PDNMagazine

Notre numéro d’été sera entièrement dédié au littoral. Château-musée de Boulogne, week-end Belle Epoque à Mers, le pays du Vimeu, les falaises, le tramway de la côte belge... De Knokke en Belgique à Mersles-Bains, aux portes de la Normandie, nos journalistes vous livreront des bons plans visites mais surtout des reportages inédits pour découvrir des facettes méconnues de notre façade maritime. Cerise sur le gâteau : une vingtaine de pages sur la côte d’Opale et la baie de Somme vues du ciel et une enquête sur les parcs d’attractions !

Partagez avec nous vos « coups de cœur » ou vos « coups de gueule » sur : redac@pays-du-nord.fr

98 PAYS D U N O R D

Le courrier_114.indd 98

10/03/14 16:02


MP_FB.indd 1

10/03/14 10:11


Donnez

un sens à vos

JUSQU’AU 30 MARS

à l’OT Haute Somme : Exposition « Palettes et Ciseaux » , une partie de l’expo du Musée Alfred-Danicourt présentant les biographies et les œuvres d’artistes du XIXème siècle originaires de la Haute Somme.

LES 23 ET 30 AVRIL,

pendant les vacances de printemps : Animations à l’Office de Tourisme - Thème : Le mythe Marie Fouré - Visites commentées avec animation mobile ateliers pour enfants…

week-ends !

27 AVRIL :

18 MAI :

El Cavalcade Ed’ T’Chout Jaques Retrouvez T’Chout, Armandine et Dudule à Ham pour le défilé des géants !

Les Ragondins de Mesnil-Bruntel Randonnée VTT entre 27 et 65 km, et pédestre de 8 et 13 km

25 ET 26 AVRIL : Festival des Nuits Celtiques à Nesle – Vivez pendant 2 jours au son des cornemuses et au rythme des musiques celtes !

Le Territoire de la Haute Somme : - 200 km de randonnées pédestres - Des circuits VTT de 15 à 50 km - Des villages pittoresques traversés par les méandres naturels de de magnifiques panorama la Somme, s sur les étangs, une faune et une flore div ersifiée et exceptionnelle...

Vivez la Haute Somme différemment sur Haute Somme < Somme < Picardie

www.hautesomme-tourisme.com

Office de Tourisme Haute Somme 16, place André Audinot - 80200 Péronne Tél : 03 22 84 42 38 accueil@hautesomme-tourisme.com

MP Haute-Somme F.indd 1

07/03/14 15:19


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.