Varsovie en chantier

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VARSOVIE EN CHANTIER

- 20 ans d'urbanisation Ă Varsovie -


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Faculté d’architecture Université Libre de Bruxelles Place Flagey 1050 Bruxelles

TFE Année académique 2011-1012

Varsovie en chantier -20 ans d’urbanisation à Varsovie -

- Olivia Adamski - Deuxième année du grade de master en architecture Yves Rouyet - Promoteur -3-


AVANT - PROPOS

Varsovie est une ville surprenante. Quand vous rencontrez un varsovien à l’étranger, il vous demande : « Vous connaissez ? ». Si vous répondez « Oui ». Tout de suite, il vous répondra, « Il y a combien de temps que vous avez visité? ». Systématiquement, que vous répondiez 3 mois, 1 an ou 10 ans, la réponse sera, « Ah ! Qu’est-ce que ca a changé ! Vous ne reconnaitriez plus». J’ai été baignée depuis toujours dans la bi-culture franco-polonaise. J’ai vécu dans les 2 pays. J’ai assisté à la période de censure, au boom et à la libération après les années 90. Etant touchée personnellement par le sujet, à chaque fois que j’entends parler de Varsovie, je tends l’oreille. Et cette discussion, je l’ai entendue des centaines de fois. Avec toujours, la même fierté et la même ferveur à dire que notre ville change. Comme l’illustre cette scène de vie, La capitale polonaise se résume à un grand chantier depuis 1990. Durant mon cursus, j’y ai effectué 2 stages dans des agences d’architecture. J’y ai découvert une autre facette du métier et surtout une autre façon de voir la ville qu’en France ou en Belgique. Je ne comprenais pas ce qui pouvait engendrer le chaos urbain dont tout le monde parle sur place.

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Après avoir orienté mon cursus de master vers l’urbanisme et les études urbaines, je me suis naturellement dirigée vers la question de Varsovie pour le travail de fin d’étude. Le manque d’écrits théoriques et d’analyses urbaines sur le sujet ont été une deuxième motivation. Le sujet des villes post-socialistes restent encore peu connu dans le domaine de l’urbanisme et de l’architecture même si ils sont traités de nombreuses fois autour de l’économie ou de la sociologie. Il me semble, que l’intérêt que nous devons lui porter est grand, non seulement dans sa proximité géographique mais également dans ses potentialités de développement. Varsovie, de part sa taille, sa réussite économique semble être une étude de cas pertinente comme devenir et développement urbain des villes post socialistes.

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REMERCIEMENTS

A tous les amoureux de Varsovie. A tous ceux qui ce sont intérressés de près ou de loin à cette étude. A tous ceux qui y ont consacré du temps. A tous ceux qui la poursuivront ... Merci ...

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Krajobraz Krajobraz Warszawy Warszawy

Krajobraz Warszawy


Krajobraz Warszawy


TABLE DES MATIÈRES

Remerciements

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Introduction

Présentation et représentation du sujet de l’étude

PARTIE I

VARSOVIE, VILLE PALIMPSESTE -Recherche historique 16

Chapitre 0 Chapitre 1 Chapitre 2 Chapitre 3 Chapitre 4 Chapitre 5 Chapitre 6

Méthode et outils Premier noyau, Varsovie et la vallée Varsovie Capitale, Ville nobiliaire Sous domination russe, un nouveau centre L’ entre-deux-guerres, Varsovie européenne La seconde guerre mondiale, Etat des lieux La ville socialiste Synthèse

18 21 25 31 35 41 43 54

PARTIE II

VARSOVIE, VILLE LIBRE ET LIBÉRALE

57

Chapitre 0 Chapitre 1 Chapitre 2 Chapitre 3

Méthode et outils Gouvernance, à la recherche d’un système territorial Figures et typologies de la ville post-socialiste Synthèse, définition du chaos

59 61 65 90

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PARTIE III

ANALYSE DE 10 ANS D’URBANISME -Sortir du Chaos?

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Chapitre 1 Chapitre 2

La réforme territoriale et les outils de la production spatiale La ville en 5 objectifs - Analyse comparative entre objectifs des pouvoirs public et la réalité

94 106

Objectif 1 Objectif 2 Objectif 3 Objectif 4 Objectif 5

Démographie Mobilité Grand paysage Equipements publics Nouveaux distrcits Synthèse

108 116 124 132 140 150

PARTIE IV

QUATRE CAS D’ÉTUDES

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Cas d’étude 1 Cas d’étude 2 Cas d’étude 3 Cas d’étude 4

Méthode et outils Miasteczko Wilanow. Une alternative au sprawl ? Powisle. Une nouvelle identité ? Le musée d’art contemporain. Un modèle participatif ? Soho Factory. Un modèle de mixité ?

154 156 162 168 174

CONCLUSION

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ANNEXE

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BIBLIOGRAPHIE

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INTRODUCTION

La chute du mur en 1989 est l'un des évènements les plus marquants de l'histoire contemporaine européenne. Cette date marque symboliquement la réunification de l'Europe divisée politiquement. Après les premières élections libres en 1990, Varsovie a subi de nombreuses modifications sociales, politiques et économiques. Le libéralisme a attiré de nombreux investisseurs dans cet eldorado européen où tout était possible. Ces événements ont eu une conséquence directe sur la morphologie spatiale de la ville. Avec une superficie de 517,2 km2 et 1 802 398 habitants , la densité faible (3 485 hab./km2) et la disponibilité foncière ont fait de la capitale polonaise l'un des plus grand chantier d'Europe. Le retour à la liberté s'est traduit dans un premier temps par un urbanisme sauvage et un laisser-faire de la part d'une municipalité au pouvoir inexistant. La conséquence majeure de ce processus est l'apparition du chaos urbain qui sera le fil conducteur de cette étude.

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# Est-ce que le chaos est l'héritage d'un passé tumultueux ? # Est- ce que le chaos est un signe de la transition ? # Est-ce que les pouvoirs publics gèrent ce chaos ? # Est-ce que le chaos est un danger pour l'urbanité et les ambitions de la Capitale de devenir la première métropole d'Europe centrale ?

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+ Question de méthode :

Les études sur les villes post socialistes sont nombreuses en ce qui concerne les aspects sociologiques ou économiques mais très peu d'entre elles s'intéressent à la spatialité ou l'urbanisme. C'est pourquoi la bibliographie de cette étude est vaste et tri lingue (francais, anglais et polonais) afin d'élargir les connaissances sur le sujet au maximum et de les cibler dans un second temps. Rapidement, durant mes recherches, j'ai remarqué le manque de données objectives et chiffrées sur cette ville. Varsovie n'est pas une ville décrite et mesurée. C'est pourquoi, j'ai du trouver d'autres ressources. Ma connaissance de la langue et de la ville m'ont permis de rencontrer de nombreuses personnes et de réaliser des interviews afin d'aiguiller, compléter, confirmer ou infirmer cette recherche. Chacune des quatre parties sera introduite par une explication méthodologique et des outils mis en place pour répondre à chacune des questions. La première partie de cette étude sera consacrée aux événements qui ont marqué la morphologie de la ville, sa culture et ses limites depuis sa fondation jusqu'en 1990.

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Varsovie est en chantier depuis 20 ans. Afin, de comprendre les raisons, les enjeux et les processus d'urbanisation, nous établirons dans la seconde partie des cartes d'identités des typologies de la transition. Elles nous permettront de définir cinq objectifs majeurs pour penser la ville. La troisième partie confrontera ces cinq objectifs aux outils de planifications et règlementaires de la municipalité. Ainsi, nous pourrons en déduire l'apport de ces politiques sur la production quantitative et qualitative de la ville. La dernière partie sera tournée vers Varsovie de demain. Il s'agira, en s'appuyant sur des études de cas à l'échelle micro, de répondre de façon raisonnée au développement d’une ville durable. Ces études micro peuvent être considérées comme des opérations exemplaires ou offrant des lignes de conduite pour le futur. La synthèse de cette étude portera sur les potentialités, les atouts, les dangers et les limites de ce boom urbanistique. Pour conclure, j’élargirai la réflexion vers ce qui me semble juste en tant qu’urbaniste : Comment étudier et imaginer cette ville afin qu’elle devienne la capitale du possible ?

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VARSOVIE, VILLE PALIMPSESTE Partie I

Rue Prozna - Quartier juif


MÉTHODE ET OUTILS Chapitre 0

La première partie de l'étude est consacrée à une analyse chronologique. Toujours envahie, meurtrie et détruite, Varsovie s'est formée par un double processus : En grattant puis renaissant de ses cendres et en repoussant sans cesse ses limites. Afin de représenter et comprendre ces sédimentations, je présenterai une lecture de la ville de façon synthétique en sélectionnant les évènements ou époques et leurs conséquences. En effet, il ne s'agit pas ici d'établir une analyse complète mais d'offrir des clés de lecture pour une compréhension aisée des enjeux de Varsovie aujourd'hui. Le processus d'analyse a tout d'abord été linéaire et chronologique recoupant plusieurs ouvrages1. Après avoir réalisé des allers-retours et établi une première synthèse, j'ai présenté ce travail à Madame Jolanta Niklewska, du musée d'histoire de la ville qui m'a fait part de ses observations quant à l'importance des événements choisis sur le développement de la ville aujourd'hui et du chaos qui y règne2.

1 -A. JANKIEWICZ, Atlas Historycnzy Warszawy I-II (pour les cartes)/ L. KROLIKOWSKI,

Rozwoj przesczenny Warszawy / J. POREBSKA-SREBRNA, Tradycje urbanistyczne Warszawy/ MIASTO STOLECZNE WARSZAWA, Studium uwarunkowan i kierunkow zagospodarowania przesczennego. / C. JACQUAND, L’architecture au-delà du mur : Berlin, Varsovie, Moscou, Ed.A & J Picard 2

-Interview de Jolanta NIKLEWSKA, conservateur en chef du musée de l’histoire de Varsovie,

réalisé le 29 juin 2012 à Varsovie en Polonais- durée 3h, présentation des cartes puis échanges, Ne sont présentés ici que des extraits choisis.

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Pour une lecture directe, chaque période sera introduite par un bref texte exprimant l'ACTION ; « Que s'est-il passé ? ». Il sera complété par un schéma exprimant les CONSÉQUENCES « Quelles sont les grandes figures ? » Enfin, nous présenterons les poussées consécutives de la ville. Chaque poussée sera illustrée par une carte puis par une vue aérienne. Ces échantillons permettront de comprendre les traces visibles et leur impact sur l'urbanisation actuelle. L’analyse chronologique permettra donc, un premier ordonnancement des thèmes développés par la suite d’une part et l’appréhension du caractère fondamental des politiques sur la construction de la ville d’autre part.

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PREMIER NOYAU, Varsovie et la vallée Chapitre 1

Krajobraz Warszawy

Dr Jolanta Niklewska : « La vieille ville est aujourd’hui admirée et inscrite au patrimoine de l’Unesco. Cependant, elle n’est qu’une copie approximative de ce qui était. Elle représente une vision passéiste de la ville : la nostalgie de quelque chose qui n’a pas existé. Les polonais ont peut être besoin de s’attacher à une autre histoire, une histoire éloignée du régime totalitaire. »

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Les limites du premier noyau

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- KROLIKOWSKI Lech, Rozwoj przestrzenny Warszawy, Ed. Egros, p 23.

Premier noyau La limite de la vallĂŠe = Skarpa La vistule


La localisation et la fondation de Varsovie se situe sous le règne de Boleslaw II (1251(?)-1313 )3 sur les bords du fleuve de la Vistule – Wisla. L’identité de la première ville est typiquement moyenâgeuse. Elle en comporte les caractéristiques architecturales, l’enceinte murée ainsi qu’un rapport fort à la géographie. Dans le cas de Varsovie, le noyau originel s’est implanté sur les hauteurs offrant une lecture de la vallée. Cette relation entre la ville et la topographie constitue jusqu’à aujourd’hui le dessin du paysage et du skyline de la capitale.

Détruite entièrement pendant la guerre, elle a été reconstruite quasi à l’identique dans les années 1970. Les 2 places ainsi que la structure viaire ont été reconstituées, mais l’intérieur des ilôts a complètement été repensé.

La vieille ville, aujourd’hui.

Studium Uwarunkowania

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VARSOVIE CAPITALE, Ville nobiliaire Chapitre 2

Krajobraz Warszawy

L’axe royal

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Dès sa fondation vers 1300 par le prince Boleslaw II de Mazovie et jusque la fin du XVIII siècle, Varsovie est une ville nobiliaire. Son développement s' effectue de manière spontanée et sera centré sur la propriété individuelle. La ville est organisée autour d'un premier noyau encerclé par une enceinte. A la périphérie se construisent des villes privées, propriétés de la noblesse. Ce type d urbanisme fondé sur la propriété individuelle et le profit personnel empêche Varsovie de se développer et a ancré la fragmentation politique et spatiale de la ville4. Deux étapes importantes marquent le passage de la ville vers son statut de capitale. En 1573, avec le décès du roi Jagellon, Sigismond II, mort sans successeur, la Pologne organise la première élection libre. Celle-ci marquera le début de la République Nobiliaire en Pologne. Le roi sera désormais élu par les membres de l'aristocratie polonaise. Il sera le souverain d'une nouvelle entité politique ; « La République des Deux Nations » réunissant la Pologne et la Lituanie. Ainsi avec l'accord de la Confédération de Varsovie visant à établir les règles pour l'élection du Roi de Pologne, Varsovie est choisie en fonction de sa situation géopolitique médiane entre Cracovie et Vilnius. La France avec Henri De Valois donnera le premier des onze futurs rois de la République Nobiliaire. Ce régime politique est innovant pour l'époque sur le plan idéologique mais dévastateur sur le plan économique en raison des querelles dynastiques. Peu à peu, on assistera à un effondrement de la bourgeoisie entraînant la décadence des villes jusqu'à la disparition complète de l'État Polonais en 1795. 4 - MATTEI Marie, Données urbaines vol.5. Quels gouvernements métropolitains en Europe centrale et orientale ? Ed. Anthropos, p 10. 5- KROLIKOWSKI Lech, Rozwoj przestrzenny Warszawy, Ed. Egros, p 63.

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Des villes privées appelées juridiction forment une nouvelle poussée. (Etat au XVIII ème siècle)

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En 1596, un autre événement majeur permet à Varsovie de devenir une capitale. Le château Royal de Cracovie a été incendié et le roi Sigismond III Vasa se déplace avec sa cour de Cracovie à Varsovie. Il convient de dire que Varsovie est devenue capitale à cette date. L'Europe évoluait en ce temps d'une manière absolutiste. En Pologne c'était le contraire. Par exemple en France , les villes et leur organisation répondaient à un ordonnancement pour l’image totalitaire du pouvoir en place, de ce fait, l’organisation était centralisée. A Varsovie, de la même manière, l’urbanisme traduisait le système politique en place. La politique était centrée sur l’individualisme, la liberté personnelle. Les résidences construites étaient celles des magnats. Ils n’avaient aucune envie d’intégration et rejetaient l’administration. Chacun devenait maître chez lui. En deux siècles, se sont construits de nombreux palais. La disposition de ceux-ci ont créé de nouvelles formes urbaines : Par exemple l’axe royal ou l’axe de Saxe composé de plusieurs places en étoile.

Vieille ville

Axe de saxe

Axe Royal

Urbanisation centrée sur l’individualisme et les 2 axes Saxe et Royal

La construction de demeures royales a repoussé au fur et à mesure la taille de l’agglomération. Car à chaque construction « royale » se sont greffées les résidences des magnats et des villes privées , appelées «juridictions».

Trace du palais de saxe

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Google Earth


Dr Jolanta Niklewska : «A l'exception de quelques axes qui se sont formés selon une logique autour de palais, le reste du tissu était éparse et lâche et ne répondait qu' à la seule logique du profit du propriétaire-lotisseur. Depuis 1559, des villes indépendantes se sont formées autour de Varsovie ( formée des deux villes indépendantes : La vieille et la nouvelle ville.) Elles ont ainsi constitué une mosaïque urbaine de quartiers. Se plaçant en périphérie de la vieille ville, les juridictions ont empêché, d'une certaine manière, la ville de se développer. Même si ces villes n'ont que peu structuré la ville actuelle, elles ont néanmoins été certainement favorables au déclenchement d'une structure polycentrique. De plus, cette autonomie locale et la fragmentation politique seront visibles jusqu'à aujourd'hui dans les mentalités. Selon moi, le chaos était déja présent à l’époque.»

Plan de Varsovie. Antonio Rizzi Zannoni, 1772.

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SOUS DOMINATION RUSSE, Un nouveau centre Chapitre 3

La période de domination de 1795 à 1918 n'est pas uniforme. Alors que les villes européennes se développent grâce à la révolution industrielle, Varsovie est contrainte dans un système politique complexe et est divisée entre 3 pouvoirs européens. Dégradée au simple rang de ville provinciale et contrainte dans ses forts avec la zone de non-aedificandi , Varsovie implosera dans ses limites. A l'aube de la première guerre mondiale, la ville connait des conditions d'hygiène et de densité extrême. Varsovie était la plus grande ville de l'Empire Tsar à l'ouest, elle est devenue l'oeil de la Russie sur le monde. Pour cela, des travaux notamment concernant le réseau ferré ont été entrepris. 6La construction des allées de Jérusalem (aleje Jerozolimskie) ont eu un impact sur l’implantation du nouveau centre de la ville. Sa naissance est liée à l'occupation du Tsar. Il voulait stratégiquement lier Varsovie à l'empire Russe. Auparavant, Varsovie tournait dos à la Russie. Elle a également uni Varsovie rive droite et rive gauche. « Une simple rue a révolutionné l'espace de toute la ville. »7 La construction des allées a décalé le centre plus au sud. Ce phénomène fut accentué par la croisée de la Marszalkowska. Ces deux rues telles le Cardo et le Decumanus se coupent perpendiculairement et offrent un nouveau centre à la ville. Je considère ces deux axes comme les plus caractéristiques pour une carte mentale de Varsovie. La construction de la gare pour la liaison Varsovie-Vienne (1855) sur les allées de Jérusalem a renforcé l'identité de ce nouveau centre.

6 - A. JANKIEWICZ, Atlas Historycnzy Warszawy I , Ed. Archiwum m.st. Warszawy 7- KROLIKOWSKI Lech, Rozwoj przestrzenny Warszawy, Ed. Egros, p 76.

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Limite de Varsovie en 1914

Allée Jerozolimskie et Marszalkowska Réseau ferroviaire

Le réseau, une structure polycentrique.

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La ville sera contenue dans la limite des forts. Les premières lignes de chemin de fer ainsi que les axes structurant dessinent un schÊma radiocentrique.

Google Earth

Le nouveau centre au croisement des axes Jerozolimski (E-O) et Marszalkowska (N-S).

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L’ENTRE-DEUX-GUERRES - Varsovie européenne Chapitre 4

Les cités jardins et les centralités secondaires. L’exemple de Zoliborz.

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À la fin de la première guerre mondiale, Varsovie retrouva son indépendance et devint officiellement capitale. Une phase significative pour la planification de la ville débuta. De 1916 à 1945, la ville est devenue 4 fois plus grande avec 110 000 habitants supplémentaires8. En 1916, se sont ajoutés de nombreux nouveaux quartiers : Zoliborz, Wola, Ochota, Mokotow, Saska Kepa, Grochow, Brodno. Durant 20 ans, on a tracé les axes, les directions de ce nouveau développement. Les terrains ainsi rattachés étaient des banlieues peu denses ( 13hab/hectare) sous la réglementation des lois de non-aedificandi. Dans ce contexte est né un groupe de travail (Kolo Architektow). Leur but était de définir et projeter le plus fonctionnellement et rationnellement les directions du développement urbain de Varsovie. En 1916 a été présenté le premier schéma directeur sous la direction de Tadeusz Tolwinski. Il pense à la croissance démographique de Varsovie en prévoyant pour les 25 prochaines années, c’est à dire en 1941, une population totale de 2,5 millions d’habitants. Sa vision conservait le centre historique et définissait les fonctions des différents quartiers. Les grands axes travaillés sur ce schéma sont 9 :

8 - ref-décret du 7 avril 1916 et 10 février 1917 9- Page suivante : Schémas réalisés d’après le plan de Tolwinski. Source : A. JANKIEWICZ, Atlas Historycnzy Warszawy I , Ed. Archiwum m.st. Warszawy ; K. POMIAN, L’architecture au-delà du mur : Berlin, Varsovie, Moscou. Et l’idée métropolitaine , p58 -67. Ed.A & J Picard

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1

2

3

4

5

6

1 – Agrandissement des 2 côtés de la Vistule. 2 – Des centralités secondaires : L’accessibilité des services réduit les déplacements vers le centre . 3 – Rationalisation du réseau ferré : Interconnexion des gares en impasse. 4 – Schéma polycentrique : Le réseau viaire connecte les supers districts entre-eux et au centre. 5 – Structure en étoile : La Vistule devient la colonne vertébrale des corridors verts. 6 – Zonage : Centre dense, cités jardins, zones industrielles, zones résidentielles, zones vertes

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1914

1916

1939

Les poussées successives de Varsovie de l’Entre-deux-guerres.

Indépendamment des plans globaux, sont apparus à la même époque des plans locaux. Ainsi, en 1938, Varsovie disposait des plans locaux d'urbanisme pour au moins 5590 hectares soit environ 41,5%.10 Si l'on compare Varsovie actuellement, sur une même durée de liberté, soit 23 ans, Varsovie n’a effectué que 28% depuis 1989. Toute les volontés du schéma directeur ont surtout vu le jour dès la deuxième moitié des années 30 suite à l'élaboration du plan de Varsovie de 1931 (par Rozanski et son équipe) qui reprendra toutes les grandes idées du schéma de Tolwinski mais avec plus de cohérence.11Ces années correspondent à la présidence à la ville de Stefan Starzynski (1934-1939). Il est le symbole du bâtisseur de la capitale. Il a embauché plus de 400 employés en charge dans les bureaux de la planification de la ville. L' européanisation de la ville était le mot d'ordre dans sa candidature. Il a été le premier président à rendre la ville propriétaire de nombreux terrains. C'est ici la propriété municipale qui a permis l'imagination et la création de visions urbanistiques innovantes et franches. 10- KROLIKOWSKI Lech, Rozwoj przestrzenny Warszawy, Ed. Egros, p 129. 11- K. POMIAN, L’architecture au-delà du mur : Berlin, Varsovie, Moscou. Et l’idée métropolitaine , p58 -67. Ed.A & J Picard

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1916

1939 Croissance de Varsovie de l’entre-deux guerres selon une structure en étoile.

1916

1938

Google Earth

Place Wilson - Quartier Zoliborz

Dr Jolanta Niklewska : «Le plan de 1931 s’est heurté à la grande dépression mondiale. Quelques infrastructures dans le centre ont tout de même été construites et restent visibles : le tunnel ferroviaire d'interconnexion sous l'avenue Jerozolimskie, la prolongation de l'axe nord-sud de l'allée Niepodleglosci, le musée national conçu par Tolwinski. la banque BGK, l'aménagement du parc sportif de Siekierk ou les cités jardins. C’est une grande époque pour Varsovie. Mais à cause de la guerre et de la situation économique, ces visions ne sont restées que sur le papier .»

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Etat des zones détruites sur fond des limites administratives de 1939. D’après les cartes du BOS (Biuro Odbudowy Stolicy : Le bureau pour la reconstruction de la capitale ).

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LA SECONDE GUERRE MONDIALE - État des lieux Chapitre 5

Les allemands envahissent Varsovie dès 1939. Le gouverneur et le président de la ville veulent dès lors éradiquer la population et le patrimoine. Ils établissent alors un plan visant la démolition de la ville, la construction de la ville allemande et la déportation des juifs. Le plan « Varsovie, ville allemande », plus connu sous le nom de plan Pabst prévoyait de réduire la population de 1,3 million d'habitants à 120 000 habitants. Le centre de la ville était occupé par les colons allemands tandis que les ouvriers étaient parqués sur la rive droite (à Praga). Basé sur les théories de Walter Christaller, le plan prévoyait une organisation en quartier de 3500 habitants chacun. En 1940, le plan est abandonné. On ne pense plus à détruire les infrastructures du pays pour construire des villes allemandes mais on se prépare à l'offensive soviétique. Varsovie devient alors une plateforme militaire pour le front est. Les deux grandes destructions ont eu lieu à la suite de l'insurrection dans le ghetto juif du 19 avril au 8 mai 1943. Les allemands ont alors détruit tout le quartier de Muranow. La deuxième destruction a eu lieu à la suite de l'insurrection organisée en sous-terrain par l'armée polonaise et débutait le 1er août 1944. Pour réprimander les varsoviens, les allemands bombardent alors la presque totalité du centre ville sur la rive ouest. Sur 25 498 bâtiments de logements en 1939, ont été totalement détruit 11 229 d'entre eux, soit 44 %12. Néanmoins d'autres chiffres définissent que Varsovie a été détruite à 80 %. « A la libération mi-janvier 1945, on ne comptera plus à Varsovie, sur la rive droite, que 116 000 habitants et 25 % du bâti ; sur la rive gauche, centrale, il ne restera que 15% du bâti et pratiquement pas d'habitants. Ponts, transports, industries – tout avait été bombardé, brûlé, plus rien ne fonctionnait. La ville était vide. »13 12- KROLIKOWSKI Lech, Rozwoj przestrzenny Warszawy, Ed. Egros, p 141. 13-ZARZYCKA Ewa, L’architecture au-delà du mur : Berlin, Varsovie, Moscou. Comment le socialisme construisait ses capitales ? , p85. Ed.A & J Picard

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LA VILLE SOCIALISTE Chapitre 6

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, Varsovie aux mains de l'union soviétique, entame sa reconstruction. En 1945, le Décret de Bierut (dekret Bieruta) est mis en place. La municipalité a « municipalisé » les terrains dans ses limites d'avant guerre afin de procéder plus facilement à sa reconstruction. La ville socialiste devait être une grande ville d'au moins 1 million d'habitants. La surface a augmenté en 1951 de 14 148 à 42 725 hectares. Les territoires ruraux triplent ainsi sa surface.14 La structure viaire d’avant-guerre a été conservée pour des raisons de connections aux réseaux techniques. On peut distinguer deux courants architecturaux représentant deux postures durant le regime socialiste. Ainsi, il y a LA VILLE DU RÉALISME SOVIÉTIQUE qui est organisée autour de grandes icônes, dont la plus marquante est le palais de culture (PkiN). Cette « sister » offerte par Moscou trône au coeur de la ville. Elle cristallise la nouvelle identité de la ville et le centre ville. La deuxième posture est celle du MODERNISME TARDIF apparu à la mort de Staline. Cette période se manifeste par des bâtiments publics dans le centre et par des grands ensembles de logements en pré-fabriqué d'autre part. A l'échelle de la ville, on développe le réseau ferré régional et on renforcera la structure verte en étoile par de nombreux parcs, espaces verts et potagers urbains.

14- KROLIKOWSKI Lech, Rozwoj przestrzenny Warszawy, Ed. Egros, p 145.

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Limites en 1939

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Limites en 1958

Limites en 1989

Le rĂŠalisme


soviétique

Le modernisme tardif

Le structure polycentrique du réseau

La structure verte en étoile

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+ 1949-1955 : Le réalisme soviétique

En juin 1949, les architectes du parti ont déclaré le réalisme socialiste15 comme unique méthode de l'architecture et de l'urbanisme polonais. Boleslaw Bierut, premier secrétaire du POUP16, présente alors «le plan sexennal de reconstruction de Varsovie», approuvé par Moscou. Ce plan voyait Varsovie comme une ville industrielle devant développer la production nationale. En sont témoins les grands complexes comme l'usine FSO, les aciéries, les usines métallurgiques. Les zones industrielles pénétraient dans les quartiers d'habitations.17 Pour le logement, les normes étaient drastiques. Il fallait densifier. Les loggias et les balcons sont abandonnés, pas de finitions et les densités seront exagérées. L'attention était déplacée sur les espaces de la vie collective comme les places, les rues, les parcs ou les équipements sportifs. Le centre ville constituait au même titre que l'industrie un pilier du plan de 6 ans. La vision était monumentale avec de grandes artères pouvant accueillir les masses ouvrières. D'après Bierut, « Le peuple avait le droit à des colonnes »Les superblocks de MDM dans le centre, sur l’allée Marszalkowska en sont témoins. Les ornements reprennent les dictats du social réalisme avec des hommes musclés travaillant et des paysannes rondes. L'élément le plus emblématique de cette époque est le palais de la culture au croisement des 2 axes principaux de la capitale. En juillet 1951, les soviétiques ont offert un immeuble de grande hauteur comme il devait y en avoir à Moscou, connu sous le nom des « sisters ». Varsovie comme petite soeur de Moscou aura également une « sister » au coeur de la ville. Plutôt que de constituer une trame d’espaces publics, on a concentré toutes les

15- Doctrine artistique soviétique exigeant du créateur " une représentation véridique et historiquement concrète de la réalité dans son développement révolutionnaire. Il doit en particulier contribuer à la transformation idéologique de l'éducation des travailleurs dans l'esprit du socialisme "- ref-Larousse.

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fonctions publiques en un seul bâtiment. Cette plaie béante est toujours problématique aujourd'hui. Non seulement, cette architecture est le symbole de la présence moscovite mais c'est surtout son environnement qui pose question. La tour a été construite à distance des rues avoisinantes, au milieu d'un espace pouvant accueillir « les foules ». Ainsi les dimensions en deviennent inhumaines. Elle est deux fois plus grande que la place Rouge à Moscou (160m/400m) avec ses 500m/700m.

MDM -Marszalkowska Dzielnica Mieszkaniowa Place Konstytucji

PKiN - Palais de la Culture Google Earth

16- Parti Ouvrier Unifié Polonais. En polonais Polska Zjednoczona Partia Robotnicza - PZP 17- B. BIERUT , Le plan sexennal de reconstruction de Varsovie, en français. Ed. Ksiazka i Wiedza

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+ 1956-1989 : Le modernisme tardif

Avec la mort de Staline en 1956 et la reprise du pouvoir par Kroutchev, le bloc de l'est vit apparaître un nouveau modèle architectural : le « modernisme socialiste ». Il fut alors admis comme style officiel. Le communisme a tenté de devenir plus « réel » , plus « humain ». Le modernisme répondait à la nouvelle vision du socialisme et aux problématiques utilitaires et économiques.18 On a repensé à une capitale d'échelle métropolitaine , idée qui était tombée dans l'oubli depuis les années 30. Ainsi, on agrandi à plusieurs reprises, par plusieurs décrets la ville. Sur les terrains périphériques, on construit ce qu'on appelle en francais « les grands ensembles » à proximité des grandes zones industrielles. Bien qu'en Pologne, ils n'ont jamais eu vraiment leur nom, on les nommera souvent « ensembles d'habitations en préfabriqués ».19 On note une augmentation de logements dans les années 70 . Cette augmentation n'a pas comblé la pénurie de logements causée par la guerre. Les jeunes ménages en étaient les premières victimes. Il était fréquent, que dans un logement de deux pièces, de voir trois générations cohabiter. Mis à part le logement, les constructions les plus emblématiques de cette époque se situent dans le centre ville. En 1958 a eu lieu un concours pour la rue Marszalkowska/ côté est. Le grand magasin « Super Sam » a été détruit aujourd'hui – la gare centrale et les gares secondaires – le magasin Emilia – la rotunda PKO sont parmi les architectures modernistes reconnues.

18-LESZNIAKOWSKA Marta, L’architecture au-delà du mur : Berlin, Varsovie, Moscou. Varsovie, ville palimpseste , p242. Ed.A & J Picard 19-COUDROY DE LILLE Lydia , Entre aporie savante et invention populaire : nommer les grands ensembles d’habitation en polonais , Ed. Université Lumière Lyon 2, 2011.

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Google Earth

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Wikipedia

1-2 Les grands ensembles Rue Gwiazdzista 3 Gare Centrale 4 Super Sam aujourd’hui détruit.

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-50Quartier Muranow


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-52Quartier Gwiazdzista


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SYNTHÈSE

Depuis sa fondation, Varsovie se structura autour de sa vallée et de son fleuve, la Vistule. Jusqu'en 1989, elle fut l'épine dorsale d'un système de parc et d'espaces ouverts en étoile. Dès la moitié du XXème siècle, cette structure évolua d'une structure radio-concentrique vers un modèle poly-radio-concentrique19. Si l'on se réfère à David Mangin, cette structure est très européenne. En revanche, même si l'on y retrouve des typologies similaires à la France ou à la Belgique, la grande différence réside dans ses poussées consécutives. Varsovie n'a jamais cessé de repousser ses limites sans jamais en remplir son tissu. La conséquence de ce processus et des multiples changements politiques brutaux se traduisent par le sentiment d'être en périphérie, même au coeur de la ville. Les rapports d'échelle entre le bâti peu dense et les voiries sur-dimensionnées, les implantations éparses de gros objets architecturaux, l'individualisme de la classe nobiliaire ont participé à ce sentiment. Il est également important de se remémorer combien 40 ans de communisme ont pu marquer les esprits. Dans le centre trônait le Palais de la Culture, cadeau de Staline et symbole de la dictature en place. Les logements étaient vétustes et leur entretien se limitait aux façades. Le paysage urbain était dessiné par les longues files d'attentes. Le marché n'offrait aucun choix de marques. La publicité était absente et l'affichage se limitaient à la propagande. La censure et la délation planaient quotidiennement au dessus des foyers. A l'aube des premières élections libres, Varsovie est traumatisée. Mais avec sa structure générale, ses dimensions, ses réserves foncières, son réseau, ses centralités secondaires et ses nombreux parcs, elle semble disposer de nombreux atouts pour devenir la ville du possible. 19 - MANGIN David, La ville franchisée - formes et structures de la ville contemporaine- p243 et 244, Ed. de laVilette, 2010.

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XV ème siècle

XVII ème siècle

XVIIIème siècle

1914

1916

1939

1957

1989

Évolution des limites de Varsovie

Atlas Historyczny Warszawy I & II

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VARSOVIE, VILLE LIBRE ET LIBÉRALE Partie II

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VARSOVIE, VILLE LIBRE ET LIBÉRALE Partie II

Rue Emili Plater - Quartier Centrum

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MÉTHODE ET OUTILS Chapitre 0

Depuis les premières élections libres en 1990, Varsovie a connu une mutation politique importante. Cette mutation fut illustrée par un choix difficile et tumultueux de gouvernance urbaine. Ainsi, entre 1990 et 2002, deux régimes distincts se sont succédés. Nous étudierons dans ce chapitre, en quoi ces hésitations ont eu une influence sur le développement spatial. De manière générale, nous verrons que le retour au libéralisme s'est fait d'une façon extrême. Idéologiquement, cela peut se comprendre. En sortant d'un régime étatisé où l'urbanisme devenait un outil de propagande, les citoyens et les producteurs de la ville n'accordaient plus aucun crédit aux règles et à l'outil de la planification urbaine. Pour définir les mutations de la ville socialiste à la ville libérale, je me suis basée sur un article de Magdalena Staniszkis, « Varsovie : le chaos urbain, signe de la transition »20. Afin d'établir les logiques, limites, tailles, formes et modes de productions de ces différentes typologies, la trame de cet article est complétée par mes propres observations, cartes et lectures théoriques. Ayant établi ces cartes d'identité nous pourrons aisément peser l'apport réel ou le dysfonctionnement de la vision de la municipalité à partir de 2002.

20-STASZNIKIS Magdalena, L’architecture au-delà du mur : Berlin, Varsovie, Moscou. Varsovie, lechaos urbain, signe de la transition , p124-134 . Ed.A & J Picard

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PRAGA -NORD

ZOLIBORZ

WOLA

SRODMIESCIE CENTRE

PRAGA -SUD

URSUS OCHOTA URSYNOW

Limites des communes de 1990 à 1994. L’union des communes étaient peu contraignante.

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GOUVERNANCE, à la recherche d’un système territorial Chapitre1

+ 1990-1994 : Autonomie communale Avant 1990, Varsovie était formée de 8 arrondissements (dzielnice), qui sont devenus des communes (gminy). On a conservé le tracé de ces frontières administratives. Les communes étaient soumises à une union de communes pour décider des aménagements au niveau des grandes infrastructures. Mais l'union restait peu contraignante. Pour assurer une proximité entre les élus et les citoyens, mais également par opposition au régime sortant, les élections locales pour le « conseil d'arrondissement » - Rada dzielnicy, de 1990 ont eu lieu au suffrage universel direct. On pensait que ce rapprochement favoriserait l'émergence d'une démocratie locale. Le conseil et le président de Varsovie étaient, eux , élus au suffrage universel indirect21. En 1992, fut adopté un nouveau plan d'urbanisme qui portait sur toute la superficie de la ville (517km2). Ce plan comportait des règles très générales qui offrait de nombreuses possibilités quasiment sans limitation, pour les constructions sur les terrains privés. En plus de réduire les règlementations, ce plan a rendu constructible des terrains non urbanisés.22 Ces espaces étaient en grande partie les zones vertes en étoile qui structuraient la ville, que même 40 ans de communisme n'avait pas détruit. 21-COUDROY DE LILLE Lise, L’élargissement de l’Union Européenne : réformes territoriales en Europe centrale et orientale. Métropolisation et démocratie locale à Varsovie, p133-149 . Ed.L’Harmattan, 2010. 22-DJORDJEVIC Masa, Politics of urban development planning : Building urban gouvernance in post - socialist Warsaw ? First annual doctoral conference of the department of political science at CEU,2006.

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VARSOVIE -BIALOLEKA

VARSOVIE BIELANY VARSOVIE BEMOWO

VARSOVIE TARGOWEK Zoliborz

Wola

VARSOVIE REMBERTOW

Praga N

Srodmiescie

Praga S

CENTRUM Ochota VARSOVIE URSUS

VARSOVIE WLOCHY

VARSOVIE WAWER

Mokotow

VARSOVIE WILANOW VARSOVIE URSYNOW

Le système de 1994 engendrait une concurence et des inégalités entre les communes du centre et les autres communes.

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+ 1994-2002 : Gouvernance en faveur du centre ville (centrum).

Les limites de la commune centrum sont les mêmes que les limites de Varsovie avant 1945. Ainsi, c'est la seule commune qui fut touchée par le problème des restitutions foncières car c'est le territoire concerné par le décret de communalisation du sol de Bierut . Pour ces raisons, il fut décidé de changer de nouveau le système territorial. Ainsi, on y ajoute un niveau supplémentaire en dissociant les communes et les arrondissements. On passe de 8 à 11 communes. La commune centrum sera la plus grande, elle même concentrant 7 arrondissements Les arrondissements seront ainsi soumis au même régime pour la re-privatisation ou la restitution des parcelles. Auparavant, de 1990 à 1994, chaque maire pouvait opérer de façon tout à fait autonome et sans concertation face à cette question. Alors que le premier système offrait une autonomie très puissante à chaque commune. Le système de 1994 favorisait fortement la commune du centre. Le maire de la commune centrale était, de fait , le président de Varsovie. Il était uniquement élu par les conseils municipaux de « Centrum ». Ainsi, la concurrence et les inégalités apparurent entre la commune du centre et les autres communes. La ville a tenté d'établir des schémas directeur, des stratégies de développement. Aucune d'elles durant cette période n'a été mise en place et ce à cause de la durée des mandats municipaux (4 ans). Chaque nouvelle municipalité a repris le travail sans prendre en compte les analyses et les intentions antérieures23.

23-DJORDJEVIC Masa, Politics of urban development planning : Building urban gouvernance in post - socialist Warsaw ? First annual doctoral conference of the department of political science at CEU,2006.

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FIGURES ET TYPOLOGIES DE LA VILLE POST-SOCIALISTE Chapitre2

+ La restitution foncière liée au décret de Bierut. Comme vu précédemment, le décret de Bierut concerne la municipalisation de terrains et bâtiments privés. On parle de 20 000 bâtiments et 40 000 parcelles. Il a surtout touché la ville dans ses limites administratives de 1939. Il y avait alors déjà une disparité entre la capitale et l'agglomération qui ne fait que s'accroître de nos jours. Ainsi, la commune du centre reste encore aujourd'hui bloquée par le règlement des litiges alors que les communes périphériques composées de terres agricoles, au statut privé clair, pouvaient amorcer de nouveaux projets de grandes tailles.

En 2008, 1500 biens ont été restitués et 17 000 sont en attente. L’échelle nous montre l’impact que ce décret a sur la planification urbaine aujourd’hui.

En rouge, les biens concernés par le décret de Bierut. Carte présentée lors du festival WWA w budowie 3(Varsovie en construction) organisé par le Musée d’art contemporain en 2011.

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Les procédures de re privatisation semblent être traitées au cas par cas. Afin de mieux comprendre l'impact du décret de Bierut sur la production spatiale et le chaos. Voici ce que nous explique Magdalena Stasznikis 24: « Pour moi, le sprawl est la conséquence directe de ce décret. A la fin de la guerre, Bierut a décidé de nationaliser les terrains pour faciliter la reconstruction. Les propriétaires pouvaient introduire un recours. Et c'est là, que l'histoire se complique. Car certains propriétaires ont envoyé un recours mais n'ont jamais eu de réponse, d'autres étaient en prison, d'autres à l'étranger ou encore certains n'avaient pas la tête à cela car il faut se souvenir qu'à l'époque la terreur régnait. En 1989, on a déclaré que la propriété privée est plus importante que n'importe quelle autre forme de propriété. Le gouvernement en place devait ainsi réparer ce que le gouvernement communiste avait fait. Aujourd'hui, les propriétaires, sur la base de ces recours réclament leurs biens. Certains gagnent, d'autres perdent. Mais jusqu'à aujourd'hui aucun gouvernement n'a osé rédiger une loi unique qu'on appellerait la loi sur la re-privatisation. Cela représenterait un coût gigantesque pour l'Etat. En 1989, la Pologne était quasi ruinée. Le gouvernement pourrait prendre la décision de décharger ces terrains des ayants droits. Par exemple, n'importe qui, achète un terrain à la ville se verrait garantir le fait qu'aucun héritier ne lui réclamera ce bien. Mais encore une fois, le gouvernement n'a rien fait. On observe une façon très inégale de restitution. Par exemple, on restitue à l'église de nombreux biens d'une manière peu claire et même malhonnête. Le drame aujourd'hui de tout cela est que les investisseurs avouent ne plus vouloir construire dans les limites du décret. Ainsi, la zone qui devrait le plus se développer stagne. C'est ce qui a conduit à la dispersion spatiale, au sprawl. C'est le plus grand danger pour Varsovie. »

24-STASZNIKIS Magdalena, Professeur à Polytechnique de Varsovie en urbanisme et Urbaniste. M. Stasznikis a publié de nombreux articles sur le devenir de Varsovie, ville post-socialiste. Interview d’1h30 réalisée à Varsovie le 3 juillet, en polonais.

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Une autre branche de la restitution foncière est celle concernant le logement. La municipalité de Varsovie avait, dès les années 60, établi le transfert des propriétés à des coopératives de locataires. Ce mode de propriété a évolué vers une privatisation complète. Il a été proposé aux anciens locataires de devenir propriétaire de leur appartement d'état (logements d'entreprise ou communaux) pour 1 zloty 25symbolique. Les coopératives se sont donc transformées en copropriétés. L’envie d’individualité et la différence de moyens financiers entre les co-propriétés engendrent des disparités esthétiques.

A cause du décret de Bierut, les constructions dans le centre sont planifiées au coup par coup.

25 -Zloty : Monnaie locale.

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+ Sprawl et développement inégal.

Alors que les communes du centre sont chères et les procédures complexes, les communes de périphéries disposent d'un statut clair. Ces terres n'ont pas été concernées par la nationalisation. Les procédures administratives y sont allégées. On peut aisément comprendre la fuite des investisseurs de « centrum » vers la périphérie. La production de logements avant 89 souffrait d'un déficit qualitatif, quantitatif et de surface par habitants. Il n'était pas rare que plusieurs générations habitent le même petit appartement. L'arrivée de l'économie libérale a amené les investisseurs privés sur le marché. Ces investisseurs (appelé développeur = deweloper)s'intéressent beaucoup plus à un marché haut de gamme pour des raisons évidentes de rentabilité et créent ainsi un déséquilibre entre l'offre et la demande. La montée des prix dans la zone centrale de Varsovie a poussé les ménages les moins aisés en périphérie. Là-bas, les communes disposaient d'entières libertés et étaient sujettes au régime des terres agricoles rendues constructibles. Elles devenaient donc maîtresse dans l'accueil d'investisseurs plus ou moins gros. L'éloignement de cette catégorie soulignera une ségrégation socio-spatiale et un étalement urbain. Il est particulièrement vrai pour le logement, mais s'observe également dans la production de surfaces de bureaux. Le centre autour du Palais de la Culture est le siège de grandes entreprises mondiales. Les lenteurs administratives et le manque de planification et de vision de la municipalité pour cette zone ont poussé les développeurs à acheter et construire ailleurs. Dans ce cas, les friches urbaines constituent une aubaine pour bâtir des business park. On observe ainsi un éclatement des pôles d'emploi suivant la logique de l'opportunisme foncier. Le quartier post-industriel de Sluzewiec przemyslowy à l'est de Mokotow a été densément bâti. Il est conçu comme un quartier mono-fonctionnel.

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Google Earth

Czarnota

L’exemple de Sluzewiec Przemyslowy comme zoning d’un business park.

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Wikipedia

L’exemple d’Anin, comme banlieue dortoir au coueur de la ville. Les terrains agricoles ne sont sujets à aucun remembrement et le réseau férré n’est pas assez exploité.

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Ainsi, les pôles d'emplois et d'habitats ont été durant cette époque aucunement supportés par une logique de vision globale mais par des opportunités foncières. Le manque de législation claire et le manque de vision pour une organisation en centralités secondaires et mixtes ont conduit à une désorganisation de la ville et à un engorgement automobile permanent. Alors qu’ on laisse le tout-voiture s'opérer, on peut également observer la baisse de fréquentation du réseau RER. ( Koleje Mazowieckie). Elle est passée de 480 000 passagers par jour en 1970 à 80 000 en 200226. Ceci est dû à la mauvaise répartition horaire, à la dégradation du matériel roulant ainsi qu'à l'insécurité dans les stations. Jusqu'en 1990, une politique d'aménagement imposait le développement urbain le long des axes ferroviaires. Varsovie aujourd’hui, nie ce principe. Par ailleurs, les transports publics restent un moyen efficace pour se déplacer dans le centre. La ligne de métro voit sa construction en 1995. Les 31 lignes de tramway restent centrales. En ce qui concerne les périphéries, il est difficile d'établir une carte des réseaux, car ce sont des compagnies privées qui au gré des besoins adaptent leur lignes et leurs horaires. La faiblesse d'une vision globale de la municipalité concernant un développement de la ville en logique avec le réseau de communication a favorisé la congestion et l'étalement urbain.

25 - MIASTO STOLECZNE WARSZAWA, Studium uwarunkowan i kierunkow zagospodarowania przesczennego, 2006.

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+ Les mini-villes fermées

Avec l'ouverture des frontières sont apparus les gros investisseurs de l'immobilier comme Bouygues, Skanska... Avec une marge de manoeuvre optimale, ils ont pu bénéficier d'une liberté quasi totale pour satisfaire leur clientèle et leur retour sur investissement. A l'ouverture du mur, nous avons vu que l'état et la production de logement étaient très préoccupants. La première clientèle considérée fut celle à gros revenu. Les crédits ne faisaient que leur apparition et avaient des taux très élevés. Cette catégorie de la population était désireuse d'un logement sécurisé et répondant aux standings du reste de l’Europe, pour sa famille et sa voiture. La liberté offerte à ces développeurs et d'autant plus forte que la réglementation de l'époque permet à l’investisseur, sur les parcelles de moins de 200 hectares, de définir son programme, la densité ainsi que la hauteur et la facture des bâtiments comme s’ il s'agissait d'une parcelle privée pour construire une maison. Ainsi, sont sortis de terre des mini-villes sécurisées sur des zones sans remembrement préalable26. Il succombe à l'investisseur la charge des équipements (locaux d'activités, commerces, services et écoles ). Ceux-ci ne seront pas respectés car les syndics de co-propriétaires appliquent le « not in my back yard » et refusent l'implantation des ces établissements. Ainsi, les habitants de ces petites villes sont dépendants de leur véhicule même pour des produits de première nécessité. La libération de terrains constructibles a eu un impact sur la dispersion de l'habitat car trop de terrains sont apparus en même temps. Ces terrains avaient en partie empiété sur le

26-STASZNIKIS Magdalena, L’architecture au-delà du mur : Berlin, Varsovie, Moscou. Varsovie, le chaos urbain, signe de la transition , p126 . Ed.A & J Picard, 2010.

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système en couronne d'espace ouvert en étoile. Mais, à une autre échelle, ces lotissements de « nouveaux riches » n'ont pas, au sein de leur clôture , d'espaces communautaires de vie ou une urbanité commune. Ces mini villes réunissent jusqu'à quelques dizaines de milliers d'habitants. Elles sont déconnectées du territoire que ce soit au sens physique mais également au sens moral. Ces habitants se détachent d'une certaine appartenance à la ville. Et comme le décrit Mangin27 quand il parle d'habitat individué, il se détache également de son voisin. Cette typologie est défaillante d'un point de vue d'une urbanité et d'une identité forte qu'aurait du retrouver la capitale dès 1990. Par ailleurs, comme l'analyse David Mangin dans la ville passante, cette typologie qui va audelà de l'îlot ,devient un secteur qui empêche la ville de devenir passante. Elle complique la lecture de la ville et on doit la contourner.

# Comment pourrait-on intégrer la volonté de vivre clos à une ville passante? # Est-ce que l'on pourrait imaginer ces « nouveaux secteurs » ou « hyper îlots » s'intégrer ou dialoguer à une logique géographique ou paysagère plus grande?

MANGIN David, La ville franchisée formes et structures de la ville contemporaine, Ed. de la Vilette, 2010.

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L’exemple de Bialoleka, zoning de mini-villes fermÊes.

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+ Les petits bureaux et les maisons individuelles

Si les gros investisseurs conditionnent la ville a peu d'urbanité, les petits ne pensent pas non plus à l'intérêt des habitants. Le petit investisseur, pour cause de moyens financiers moindres, investit sur une ou quelques parcelles agricoles que la municipalité a rendu constructible. Puisque le plan directeur n'impose pas un tracé de rue ou un remembrement, les constructions sur ces terrains se voient souvent déconnectées du réseau viaire mais également sanitaire. Les maisons sont desservies par une route privée. Les habitations individuelles en bande ou 4 façades voisinent de petits immeubles de bureaux sans cohérence ni réglementation. Là aussi, par manque d'implantations d'équipements (qui sont issues uniquement de l'initiative privée) et par manque de connections au réseau, les habitants se voient dans l'obligation d'utiliser leur voiture. Dans l'analyse historique, nous avons relevé l'importance de la structure des routes pénétrantes dans la lecture et le développement urbain. Depuis 1990, les terrains situés le long de ces axes (Pulawska, Krakowska, Jerozolimskie, Polczynska, Gorczewska, Pulkowa, Modlinska, Radzyminska) sont parmis les zones les plus dynamiques. Magdalena Stasznikis a effectué un travail en référence au strip de Las Vegas de Venturi sur l'une de ces pénétrantes, l'allée Pulawska28. Elle a relevé au fil du temps, entre 1992 et 2002, les incohérences spatiales et morphologiques de cet axe majeur pour la ville capitale. Les principales caractéristiques sont : la désorganisation des gabarits bâtis, la largeur de la voierie sans partage des usages, la profusion de panneaux publicitaires.

STASZNIKIS Magadalena, Krajobraz architektoniczny Warszawy konca XX wieku, Lekcja z ulicy Pulawskiej, Ed. Akapit DTP, 2002.

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Krajobraz Warszawy

La rue Pulawska.

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En conclusion de ce phénomène, elle souligne le fait qu’ « Une ville ne saurait se développer sans une intervention municipale, ni sans plans d'urbanismes, garants d'une structure urbaine viable dans l'intérêt de tous ses habitants. » Ce type de « sprawl » a l'intérieur de la ville empêche une lecture lisible de la ville mais également empêche à l'heure d'aujourd'hui d'imaginer des plans cohérents pour ces zones. Les parcellaires égaux avec des constructions inégales rendent la lecture très chaotique. Le stationnement sur ces voies est quasi nul, c'est au commerçant de prévoir une surface de parking. Ainsi, le linéaire de façades et les alignements dérogent à toute logique. Sans parler de l'état de la voirie et du partage de celle-ci entre les différents utilisateurs qui n'a fait l'objet d'aucune réflexion. On peut donc se demander,

# Comment stopper ce processus? # Par quelles législations ou règles, on pourrait réguler ce processus? # Comment être plus économe en place et en moyen?

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+ L'architecture parachute « architektura spadochronowa »

Ce terme regroupe l'architecture « provisoire » qui est apparut abondamment dès 1990 dans la ville29. C'est à dire : les petits commerces de rue, les kiosques, les marchés sous halles en préfabriqué, les publicités... On pouvait s'y fournir en articles de contre-bande, en devises, bijoux, nourriture voir drogue, arme et fille. La mafia locale avait la main mise sur ce commerce. Ces éléments ont trouvés place dans les endroits de nondroit ou la législation était trop faible pour en interdire le développement. L'autre raison au développement spontané et excessif de cette architecture est l'oubli du rôle et de la place des commerçants et petits entrepreneur dans la ville. Il était possible de voir sur les trottoirs des grands axes ainsi que sur les places publiques les plus prestigieuses des vendeurs à même le sol ou dans une voiture revendre de tout et de rien. L'opportunisme et la volonté de faire fortune des ces « nouveaux capitalistes » étaient plus forte qu'un quelconque pouvoir municipal face à cette ferveur. Après quelques années, dans l'attente de construire une architecture digne d'une capitale, la municipalité a décidé de construire des bâtiments, type halle ou réaffecter des lieux laissés à l'abandon, pour tenter d'ordonner ce mouvement. Le provisoire perdura tout de même une dizaine d'année. Ainsi, devant le Palais de la Culture, la municipalité a autorisé la construction de plusieurs halles en pré-fabriquéet le « stade de 1000 ans » dans le quartier historique de Saska Kepa s'est vu envahir par des petits commerçants russes venant faire fortune dans cet nouvel eldorado.

29 -Ce terme est emprunté et traduit d’une cession de séminaires qui eu lieu en 2009 au musée d’art

contemporain de Varsovie, dans le cadre du festival « Warszawa w budowie » avec pour curateur Tomasz Fudala - historien de l’art- , Warszawa w budowie I , p 21 à 34 .

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L'autre architecture spécifique de ces années, qui a inondé les trottoirs est celle des petits kiosques en métal ou en bois. On pouvait y manger dans des conditions d'hygiène insalubre des plats chinois, acheter toute sorte de matériel hifi, de la nourriture ... Le dernier élément qui a bouleversé le paysage fut celui de l'implantation de panneaux publicitaires et autre bannières. Tous les bâtiments du centre ainsi que les grands axes ont été décorés par les publicités des grandes marques s'implantant sur ce marché libre. Aucune législation protégeait des vues ou des bâtiments face à cette invasion. Elles se sont implantées de façon sauvage sur des terrains ou bâtiments ou résidaient un flou juridique. Ainsi, s'est substituée aux images de propagande, la grande icône du capitalisme: la publicité. Nous verrons plus tard que ce facteur n'est pas à négliger car il au coeur du débat public aujourd'hui . Cette architecture, typique de l'époque de transition a changé la lecture et la pratique de la ville. Mais elle a surtout été le symbole d'une population rejetant toutes règles et voulant accéder au confort et à la fortune comme elle se l'imaginait à l'ouest. L’ économie parallèle dont on parle, impossible à quantifier, a été un levier voir un tremplin pour beaucoup d'entrepreneur actuelle. L'architecture parachute est une initiative de la société civile loin des grands entrepreneurs, telle un système auto-construit et spontané. Si l'on s'attarde moins sur l'aspect esthétique de ce phénomène mais plus sur l'aspect sociologique:

# Peut-on imaginer l'évolution de ce type d'initiative pour penser une nouvelle urbanité dans la ville post-socialiste ? La réponse se trouverai certainement dans une politique développant le commerce de proximité exploitant de nouveaux réseaux.

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Muzeum Warszawy

Wikipedia

Le marché «Jarmark Europa» dans le stade 10lecia. Il a été fermé en 2007, laissant les commerçants sans outil de travail. Quartier Saska Kepa.

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+ Les malls et autres centres commerciaux

Si les habitants eux-mêmes et les russes du marché de « 1000 ans » ont considéré le terrain de la ville comme un eldorado, il en va de même pour les enseignes des grandes surfaces et les développeurs de centre commerciaux « shopping mall ». Le groupe le plus dynamique et qui a le plus marqué le paysage est celui des enseignes françaises. L'opportunité de se développer en Pologne a été vu comme la sortie possible suite à la loi Balladur de 93 et 96 qui limitait leur expansion en France. De plus, la Pologne étant le pays le plus stable économiquement de l'ancien bloc de l'est, les Géants, Carrefour, Castorama, Auchan... se sont naturellement précipités sur le marché. Alors que dans la ville socialiste, les marqueurs urbains étaient tournés vers le collectif : les cantines, piscines...et ou tout signe du commerce et d'individualisme était réduit, les hypers marchés prônant l'individualisme sont devenus les nouveaux marqueurs urbains. C'est à Varsovie, grâce à son statut de capitale et sa taille que se sont implantés les premiers hypers. Alors qu'en France, chaque enseigne s'est développé tout d'abord dans sa région, ici, ils sont tous apparus dans la même ville combattant tous pour la première place. Pour cela, les expatriés ont tout bonnement appliqués les recettes françaises. A une différence près : en France, David Mangin nous explique que les grandes surfaces se sont implantées dans les années 60-70 après la construction du réseau autoroutier et sur les noeuds de communications en frange de ville. A Varsovie, le réseau routier était hérité de 1930 et n'a pas évolué depuis.

KRYSIAK Sébastien , Directeur marketing Castorama Polska (2004-2010), Interview réalisée en françcais, en mai 2012. 30 -

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Google Earth

Le shopping mall de Arkadia - Quartier Zoliborz. ( Les ( ) reprĂŠsentent les malls de + 55 000 m2.

)

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Les hypers se sont donc implantés sur les grands axes pour bénéficier d'une grande visibilité; mais le plus prêt possible du centre car c'était la que se trouvait le pouvoir d'achat le plus élevé30. Motivées par la concurrence et la conquête de ce territoire, les enseignes ont acheté de grands terrains nécessaires pour leur parkings sur tous les grands axes de la ville. Aucune législation ne régulant leur implantation et leur nombres, ces investisseurs/envahisseurs ont acheté en grande quantité. Aucune taxe ou loi ne leur imposait un délai de construction ou un remembrement préalable. Certains terrains sont restés gelés durant de longues années car les grandes enseignes ou d'autres investisseurs ont acheté pour spéculer ou juste pour que la concurrence ne possède pas ce terrain. Ce type de manoeuvre a engendré un chaos non seulement parce que ces grandes enseignes sont devenues les nouveaux marqueurs urbains au prix d'une vie de micro-centralité comme le prévoyait les plans de 1930 mais aussi dans leur implantation dé contextualisée du territoire. Comme les « mini-villes privées », les hyper marché fragmentent le paysage et offrent une discontinuité dans la lecture. Le nombre et les surfaces déployées pour ce nouveau type d'architecture est proportionnellement grand. Mais il est important de se questionner sur leur devenir. Alors, que ce système de commerces sera peut être voué à disparaître à cause des nouveaux moyens de communications (internet, achat en ligne) ; à la spécialisation du marché, à l'utilisation parcimonieuse de la voiture, aux circuits courts de l'alimentation.

# Que va-t-il advenir des ces surfaces au coeur de la ville? # Peut-on considérer leur implantation comme une opportunité vers une reconversion en centralités secondaires? # Ou faut-il déjà penser en terme de friches en devenir ou de potentiel foncier à densifier? -82-


+ Les espaces ouverts

Varsovie est qualifiée de ville verte. Pour autant, ces espaces verts ou ouverts riment-ils avec espaces publics? On a vu plus tôt que la ville a été pensé dans les années 20-30 autour d'une structure verte pénétrante en étoile. Cette structure est toujours présente mais s'amenuise sous la pression foncière. Avec les changements politiques de 1990, les pouvoirs publics n'ont pas tenté de protéger les espaces verts. L'enthousiasme de s'ouvrir à l'économie libérale a été plus fort31. Le plan directeur de 1992 les a rendu constructible dans ses parties centrales.Ce qui devrait être un potentiel est plutôt perçu comme un handicap face à la modernité de l'ouest tant rêvée. Jusqu'en 1990, la structure en étoile a été supporté par l'agriculture, un système de parcs urbains et des potagers urbains. (Ogrody dzialkowe , littéralement, parcelles potagères ). La colonne vertébrale de ce système était la vallée de la Vistule.

# Qu'en est-il de ces figures durant les années 90 ? L'agriculture urbaine voir péri-urbaine tant rêvée ailleurs est une réalité à Varsovie mais pas du tout consciente de sa haute valeur urbaine. Les terres agricoles occupaient 30% du territoire, soit 160 km232 en 1990. En 2002, plus que 12 % de la surface totale33 (ref-studium 2006). Les champs et le maraîchage au sein de la ville ou en périphérie proche alimentent 31-STASZNIKIS Magdalena, Professeur à Polytechnique de Varsovie en urbanisme et Urbaniste. M. Stasznikis a publié de nombreux articles sur le devenir de Varsovie, ville post-socialiste. Interview d’1h30 réalisée à Varsovie le 3 juillet, en polonais. 32-MIASTO STOLECZNE WARSZAWA, Stategia rozwoju, p 276, 1997. 33 - MIASTO STOLECZNE WARSZAWA, Studium uwarunkowan i kierunkow zagospodarowania przesczennego, 2006.

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en direct les marchés locaux et représentent 3394 agriculteurs. Cette économie locale est vouée à disparaître si aucune mesure contre la disparition des zones agricoles n'est menée. Les nombreux parcs et forêts marquent le paysage varsovien. On estime qu'ils représentent 28% de la surface totale dont 14 % pour les forêts. Les 84 parcs et squares restent très fréquentés par les habitants des logements collectifs des grands ensembles. Mais leur entretien laisse à désirer33. Nombreux servent dans ces années de décharge public. Perdant, leur légitimité en tant que système de parcs comme ils ont été dessiné, leur avenir est en péril, car ils deviendront de plus en plus fragmentés34. Les jardins ouvriers planifiés il y a plus de 70 ans sont une habitude chez le varsovien. Grand nombre d'entre eux s'y retrouve le week-end autour de barbecues et de potagers. En 2002, on en compte 277 et ils représentent 1700 hectares. Enfin, la grande entité paysagère que représente la Vistule en temps que colonne vertébrale du système n'en est pas moins épargnée. La vallée avec ses zones humides et inondables sont un nid pour le développement écologique et pour la lecture de la ville. Cette vallée n'est jamais prise en compte dans les plans directeurs de 1992 et 1994. On a pu d'ailleurs observé durant ces années que la nature reprend ses droits avec de multiples inondations. Pour autant, on n'a jamais mis en lien la construction chaotique sur ces parcelles et la nature35. Enfin, il est très difficile d'accéder à la Vistule. De part et d'autre, elle est bordée par une voie rapide qui la coupe de la ville. Les projets tentant de relier les 2 rives, de l'entre deux guerre ou de l'époque communiste n'ont jamais aboutis. La nouvelle municipalité des années 1990 ne manifeste que peu d'intérêts à cette dimension. Par faute de moyens, les berges n'ont jamais été bétonnée. Ainsi, la Vistule est régulé natu34- KICINSKA Ewa, Krajobraz architektoniczny Warszawy konca XX wieku, System Glownych parkow, Ed. Akapit -DTP, 2002. 35- FUDALA Tomasz, Warszawa w budowie 1, Architektura spadochronowa, Ed.Muzeum Sztuki Nowoczesnej w Warszawie, 2009. 36- SZULCZEWSKA Barbara, Krajobraz architektoniczny Warszawy konca XX wieku, Problemy ochrony przyrody, Ed. Akapit -DTP, 2002.

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rellement et ses berges sont sauvages. Ce paysage naturel pourrait être un support récréatif à l'échelle métropolitaine. La grande échelle du paysage semble offrir à Varsovie les cartes pour jouer dans la coure des grands. Pour autant, cette lecture n'apparait dans aucun document ni aucune lecture de la ville durant ces 12 années. L'amenuisement de « la ville étoile » influence négativement le climat, l'aération, la rétention des eaux. « L'impact de la protection de ses espaces naturelles est sous estimé36. Cette piste souvent négligée peut être en partie justifiée par le fait qu'il n'y ai pas une culture et un enseignement paysager en Pologne. Mais également par la préférence du profit privé à celui du bien public. Or, je ressens dans cette lecture, l'opportunité de marier une lecture intelligible et pleine d'urbanité à un développement durable.

Google Earth

Wrzask Przesczeni

Les jardins potagers, un potentiel d’urbanité. Ici, l’exemple des jardins de Saska Kepa.

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-86Quartier Saska Kepa - Rondo Waszyngtona.


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Rotunda - Centrum. -88-


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+ SYNTHÈSE, Définition du Chaos.

En s'ouvrant, Varsovie néo-libérale est devenue une ville illisible. C'est dans l'illisibilité et le manque d'urbanité que je définirai le chaos. On peut distinguer 2 grandes catégories de figures du chaos. L'une peut être qualifiée d'enthousiasme face aux changements et est transitoire. Selon moi, elle concerne les commerces dans les kiosques et les marchés improvisés, l'abondance des publicités, le mauvais états des voieries, les grues et barrières de chantier. Même les objets architecturaux disparates qui se côtoient pourraient au delà de l'esthétique devenir un modèle de mixité fonctionnelle. La deuxième catégorie concerne les changements non réversibles. C'est à dire la multiplication de supers ilôts fermés et mono fonctionnelle et le sprawl qui a grignoté la structure d’espaces ouverts de la ville. En 2002, Varsovie est une ville qui se vide en sa partie centrale. Le centre ville et les alentours du palais de la culture sont sujets à de nombreuses questions mais rien n'y est entrepris. Le potentiel foncier des quartiers centraux est énorme mais faute de statut clair des propriétés il y a une fuite des investisseurs. La structure urbaine héritée de l’entre-deux guerres gérait tous les aspects du développement de la ville. Cette structure est menacée par le sprawl. L'absence de lecture paysagère, géographique et territoriale empêche de mettre en valeur et de préserver les valeurs uniques de la ville. En s'appuyant sur ces figures structurantes du paysage, cela permettrai d'offrir un développement cohérent et durable à la ville du futur. Le manque d'implication de la municipalité est un fait et le manque de l'implication de la société civile est historique (voir classe nobiliaire XVI ème siècle). Dans les années 90, on observe une volonté systématique de faire passer le bien privé avant le bien public. Or

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comme le souligne Magdalena Stasznikis : « Une ville ne saurait se développer sans une intervention municipale, ni sans plan d'urbanisme, garants d'une structure urbaine viable dans l'intérêt de tous ses habitants. » Ainsi, que ce soit par les hommes politiques, la société civile ou les grandes firmes l'absence de régulation ou même du respect du peu de règles guidèrent la ville dans une ambiance de laisser-faire la plus totale ou les intérêts privés et particulièrement celui des promoteurs immobiliers sont mis en avant et en position de force par rapport aux pouvoirs municipaux.

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SORTIR DU CHAOS ? Partie III

Rue Grochowska - Quartier Praga


LA RÉFORME TERRITORIALE ET LES OUTILS DE LA PRODUCTION SPATIALE Chapitre 1

La réforme de 2002 : Un pouvoir centralisé pour une vision globale


+ Le nouveau statut de Varsovie

L 'intérêt de Varsovie, des varsoviens et de son développement ont été divisés durant 12 années en 8 puis en 11 organes autonomes et indépendants. Ce qui a conduit les varsoviens à se sentir détaché d’une communauté37. Comme nous l'avons vu précédemment, cette dépendance des communes a conduit à un attachement particulier à son quartier mais à défaut d'avoir une structure de réseaux cohérentes à l'échelle de la ville. Le chaos est apparu en partie à cause de cet éclatement des pouvoirs publics et d'une gestion inexistante à l'échelle globale. L'indépendance administrative a perduré jusqu'en 2002, quand une nouvelle loi a été ratifié, réunifiant Varsovie en une seule commune.38 La capitale est composée de 18 arrondissements depuis 2002. Ceux-ci sont les 7 anciens arrondissements de « centrum », plus les 10 communes périphériques, plus la commune de Wesola, à la tête desquels les maires sont élus au suffrage indirect. Cette loi permet la simplification du système. L'ambiguité qu'il y avait entre le maire de Centrum et le président n'existe plus. Le président se fait élire depuis juin 2002 au suffrage universel direct. La ville ne possède plus qu'un seul budget avec des annexes pour chaque arrondissement. Il va également y avoir l'élaboration d'un plan général de l'aménagement ainsi qu'une stratégie globale pour le développement de la ville. Mais cette simplification a desservie les communes qui ont perdues leur autonomie. Ces arrondissements sont devenus des « unités auxiliaires » de la commune et sont soumis au conseil urbain « rada miasta » qui définit les compétences, les budgets et le mode de fonctionnement. Les autorités de la ville deviennent responsables de tous les documents de planifications, des plans locaux d'urbanisme ainsi que de leur exécution.

37- KROLIKOWSKI Lech, Rozwoj przestrzenny Warszawy, Ed. Egros, p 177. 38- Loi de Varsovie de 2002 - Ustawa Warszawska z 2002 - art.1 - ust.1.

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Le premier maire élu sous cette nouvelle gouvernance est alors Lech Kaczynski. Il est le fondateur du parti PiS (Droit et Justice). Il se rapproche de la droite religieuse et du parti auto-défense de gauche. En 2003, les nouvelles autorités varsoviennes rédigent un document stratégique sur le développement de la ville. La rédaction débuta en 2004 et ne prit aucunement en considération les travaux et études précédentes. Lech Kaczynski s'est justifié de ce rejet dans plusieurs interviews « tout ce qui était avant moi, était inapproprié, corrompu, simplement faux ». L'union des arrondissements et la centralisation des décisions laissent présager une vision globale et cohérente pour le développement de la ville. Que ce soit Lech kaczynski ou la maire actuelle, Hanna Gronkiewicz-Waltz (PO, plateforma obywatelska- libéral), les choix de la municipalité restent sur la même lignée. L'entrée du pays dans l'union européenne depuis le 1er mai 2004 a certainement stabilisé les choix et les positions. J’ai donc choisi la date charnière de 2002 pour peser la sortie du chaos.

En analysant les documents rédigés et leurs impacts, nous tenterons de définir si le changement de gouvernance est annonciateur d'une vision pour la ville capitale ?

# Est-ce que Varsovie sort du chaos ?

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+ Les outils de planification

+ La vision stratégique / « Warszawa, Horyzont 2020 »

La dissolution des communes a engendré le besoin d'avoir de nouveaux documents répondants à une vision pour l'entièreté de la ville. Au cours de la campagne électorale de Lech Kaczynski, celui-ci a identifié le besoin d’une nouvelle stratégie pour la capitale. Le projet fut ratifié en 2005 et présenté durant l'exposition « Warszawa Przyslosci »/Varsovie du futur. A l'issu de ce travail, ont été présentés deux documents. Le premier concerne un rapport de l'état de la ville et le second développe une stratégie. Ces documents ont été rédigés par les employés de la mairie et des experts des grandes institutions de recherches et académiques varsoviennes. On ne compte aucun expert-consultant étranger. Au printemps 2005, les 8 groupes de travail ont remis leurs documents au bureau de développement stratégique. Le travail sur la stratégie a été divisé en 7 sous-thèmatiques: -La politique de la ville- la gouvernance -L'urbanisme -La sécurité publique -le transport et les réseaux routiers -Les infrastructures sociales -La protection de l'environnement. 39- MIASTO STOLECZNE WARSZAWA, Strategia rozwoju miasta stolecznego Warszawy do roku 2020 - Uch. Nr LXII/1789/2005 - 24/11/2005.

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Le document, dans sa version publique est un document illustré de 150 pages. Cette version a été le premier support à une consultation publique avec la société civile, tel un processus participatif. Il en reste néanmoins peu concluant car aucun document n'a été distribué par avance et personne n'a pu préparer ses questions ou ses revendications.40 La mission a été définie comme suit : « La mission du gouvernement local de Varsovie, la capitale de la Pologne, une ville aux riches traditions, est d'atteindre le plus haut niveau de satisfaction des besoins de ses habitants mais aussi que Varsovie occupe une place significative parmi les métropoles les plus importantes d'Europe 41». On y décrit une ville dans 15 ans qui sera attractive, moderne, dynamique, qui se développera en s'appuyant sur le savoir et les technologies. « Dans notre esprit, Varsovie sera une ville ouverte et accessible, une ville avec une haute qualité de vie, un centre culturel important aux espaces publics bien organisés ». Ces termes correspondent aux « trends » des autres villes européennes appuyés sur le développement des métropoles autour des classes créatives. (Richard Florida, The rise of the creative class). Le document n'apporte pas des objectifs précis en terme de définition des limites de la métropole, du nombre d'habitants. Il reste très générique et général. Par exemple, la volonté est d'augmenter le nombre de logements et la qualité du parc immobilier mais on ne sait pas de combien ni en combien de temps. A la fin du document, il est proposé que le bureau responsable du développement stratégique effectue un monitoring précis et ainsi revisite la stratégie tous les ans. Pour autant, aucune liste de monitoring n'est préparée en même temps.

40- FORUM ROZWOJU WARSZAWY. Association à but non-lucratif, créée en 2007, leur but est de développer une vision d’un développement durable pour la capitale. Interview réalisée en février 2011 en polonais. Durée 5h- Visite de la ville, rencontre de plusieurs membres et interview. 41- Dans le texte en polonais : « Misja samorzadu Warszawy, stolicy Rzeczypospolitej Polskiej, miasta o bogatych tradycjach, jest osiagniecie jak najwyzszego poziomu zaspokojenia potrzeb mieszkancow oraz zajecie przez Warszawe znaczacego miejsca wsrod najwazniejszych metropolii europejskich.»

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Jusqu'à ce jour, aucun monitoring n'a été effectué. Un bureau d'urbanisme (Miejska Pracownia Urbanistyczna) a été crée au sein de la municipalité. Le but étant de développer les plans locaux d'urbanisme et d'effectuer des analyses précises du territoire. Pour autant, que trois analyses ont été conduites à ma connaissance. On pourra extraire des volontés à deux niveaux. Celui du global qui veut placer la capital au rang des métropoles européennes et celui du local qui offrira un confort de vie aux habitants et aux touristes. On questionnera donc ces deux thématiques lors des études de cas.

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+ Plan directeur ( Studium Uwarunkowan i Kierunkow Zagospodarowania przestrzennego m.st. Warszawy )

C'est un plan directeur à l'échelle de la ville. On pourrait le comparer au SCOT français ou au PRDD42 belge, bien qu'il soit moins ambitieux que ces 2 documents. Le plan directeur et la stratégie ont été rédigés en même temps et indépendamment. De brèves échanges ont eu lieu entre les différents services de la municipalité. Après la ratification des nouvelles lois sur la gestion territoriale en 2002, la mairie a décidé, d'élaborer un nouveau plan directeur.43 Le département de l'urbanisme, l'architecte en chef avec la contribution du bureau municipal d'urbanisme ont élaboré le plan. L'étude servira de cadres aux différents arrondissements pour l'élaboration des plans locaux d'urbanisme. En introduction du plan directeur, il est écrit ce qui suit: « Le plan directeur est un document de planification définissant la politique de gestion spatiale de la ville établi pour l'entièreté de son territoire et incluant les lignes directrices pour l'établissement des plans locaux d'urbanisme. Il a vocation de coordonner la programmation de la ville établie dans la « stratégie » mais aussi dans la préparation des plans d'investissements à long terme, principalement dans le cadre des investissements publics. C'est également un document formel pour la préparation des demandes d'aides au fond européen.

42- Schéma de Cohérence Territorial - France/ Plan Régional de Développement Durable - Belgique 43- Le plan directeur appelé en polonais Studium Uwarunkowan i Kierunkow Zagospodarowania przestrzennego m.st. Warszawy a été motivé par la loi du 27 mars 2003 sur la planification et la gestion territoriale.

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Le plan directeur est constitué de deux parties. La première est consacrée à la situation existante ( Uwarunkowan ) tandis que la deuxième aux lignes directrices (Kierunki). Dans la partie « état existant », on peut lire une brève description . Mais il est important de noter que cet état a été analysé en 2002 au moment où la loi est entrée en vigueur. Or la date de ratification est 10/10/2006 et aucune modification des analyses de base n'a été établie. Ayant aperçu dans le chapitre précédent la rapidité et le chaos ambiant, cette période de quatre ans est énorme. Il semble difficile de croire que l'on puisse se baser sur ce type d'analyses afin d'établir des lignes directrices cohérentes.

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+ Les outils règlementaires

Plans locaux d’urbanisme ratifiés en 2006.

Plans locaux d’urbanisme ratifiés en 2012.

Plans locaux d’urbanisme en cours .

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+ Les plans locaux d'urbanisme. Miejscowe Plany o zagospodarowaniu przesczennego - MPZP

Les plans locaux d'urbanisme étaient établis par les différentes communes avant 2002. Depuis le nouveau statut de Varsovie, ils sont gérés par le bureau de l'urbanisme. Ils sont établis soit par l'agence d'urbanisme attachée à la municipalité soit sous-traités par des agences d'urbanisme privé. La ratification se fait à l'échelle de la ville par le conseil municipal. Aucun document ne peut déroger aux plans locaux d'urbanisme. On définit dans ce document l'affectation du sol, l'implantation des équipements publics, et les gabarits du bâti. Le plan indique également la façon d'établir la propriété. A plusieurs phases de l'élaboration de ce plan sont ouvertes des consultations publiques. Les remarques ainsi relevées participent à l'élaborations des plans. Néanmoins la décision finale revient au conseil de la ville. Avant 2002, les communes jouissaient d'une autonomie complète. Comme vu dans le chapitre précédent, c’est ce qui a conduit a un déséquilibre entre les communes. Des communes plus dynamiques ont établi des plans avant 2002 , qui sont toujours d'actualité aujourd'hui. L'inégalité dans la répartition des plans selon les communes est liée au décret de Bierut, dans les communes centrales et aux grandes réserves foncières qu'offraient les zones boisées et les zones agricoles dans les communes périphériques. Ainsi, des communes comme Wilanow ou Targowek ont établi de nombreux plans avant 2002.

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+ WZ- Decyzja o Warunkach Zabudowy ( Décisions des conditions de construction)

Début 2012, les plans locaux d'urbanisme couvrent environ 30% du territoire. Afin de gérer les zones non couvertes par des plans locaux d'urbanisme (MPZP), le gouvernement a mis en place un autre outil règlementaire : La « WZ » - littéralement « Décision sur les conditions de construction ». On peut le définir comme un « mini plan local » mais qui est réalisé à l' initiative du propriétaire ou du futur propriétaire. Cette décision n'est plus validée par le conseil municipal mais par le président de la ville. Ainsi, c'est le bureau de l'architecte en chef qui autorise tel ou tel construction. A Varsovie, les décisions sont divisées en deux catégories : Par le bureau d'architecture et d'urbanisme pour les gros investissements et par les conseils d'arrondissements pour les petits investissements. Le plan directeur a valeur de conseil ainsi tout une « WZ » peut y déroger. La « WZ » respecte surtout les règles de bon voisinage. Les pièces demandées sont : un plan de structures, un plan de connections ainsi qu'une esquisse succincte d'une façade, et peu régler les gabarits du bâti.

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+ Interviews : De l'efficacité des outils.

Afin de mieux comprendre l'efficacité de ces outils, j’ai mené des interviews à trois échelles différentes. La retranscription de ces interviews est située en annexe 1. On observe que les outils des politiques de la ville ne sont pas adaptés. Le manque de vision globale semble être un handicap. Le manque de rigueur à l'échelle locale ne semble pas résolu depuis 1990.

La première interview a été menée auprès d’un bureau d’architecture français implanté en Pologne, Sud Architectes. Les deux associés m’ont fait part du manque de vision forte de la part de la municipalité. De plus, ils ont mis en avant le flou qui régissait les outils règlementaires. Ceci engendre un chaos mené par les investisseurs privés. La deuxième interview a été menée auprès d’un employé des services d’urbanisme. Il m’a éclairé sur le fait que la Mairie ne dispose pas de fonds pour gérer son développement. Ainsi, elle ne peut prendre position avec autorité face aux décisions des investisseurs privés. La dernière interview a été menée auprès d’une association qui soutient les habitants dans les débats publics et les phases participatives lors de l’élaboration des plans locaux d’urbanisme. Les membres de l’association « Forum Rozwoju Warszawy » ont mis en avant le fait que l’outil règlementaire « WZ » ( Decyzja o Warunkach Zabudowy, Décision des conditions de construction) a été créé temporairement, dans l’attente de l’élaboration des plans locaux d’urbanisme. Aujourd’hui cet outil est devenu l’outil principal de planification. Le manque d’impact règlementaire du plan directeur engendre des abus de la part du secteur privé.

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LA VILLE EN 5 OBJECTIFS Chapitre 2

MÉTHODE ET OUTILS : Analyse «à Vol d’oiseau»45

Dans cette partie, nous exposerons les grands axes du plan directeur et concrètement la production spatiale sur le terrain à l'échelle de toute la ville. Quels sont les bénéfices, les dangers, les potentialités, les qualités et les limites de la production depuis 2002 ? Les grandes thématiques ici abordées sont inspirées des thématiques de l'exposition « Construire Bruxelles ». Le« grand paysage » est une thématique inspirée du travail de la consultation internationale pour le Grand Paris ; Equipe Lin et Secchi-Vigano. Ces objectifs me semblent définir des enjeux importants pour l'ouverture de Varsovie sur le marché de la concurrence des métropoles européennes. Afin de comprendre les bénéfices et les échecs de la production spatiale depuis 2002, l'analyse a été conduite comme il suit : -Un résumé des grands enjeux soulevés par les constats jusqu'en 2002. -Les grandes lignes du plan directeur -Un « vol d'oiseau »45qui balaie la production de ces 10 dernières années. Ce vol d'oiseau est d’une part alimenté par la lecture de la presse spécialisée et quotidienne durant une année et demi, puis d’autre part, par les rencontres faites sur place. Graphiquement, cela s’exprimera par un schéma retraçant les conséquences directes du plan directeur, un échantillon illustrant ses conséquences et enfin une piste de réflexion pour le développement de Varsovie de demain.


Les 5 objectifs ici analysés sont :

1-Démographie 2- Mobilité 3- Le grand paysage 4- Equipements publics 5-Nouveaux Districts

45- En référence au terme utilisé par Bernardo SECCHI et Paola VIGANO dans La ville poreuse, Un projet pour le Grand Paris et la métropole de l’après-Kyoto, Ed. Métis Presse, 2011.


DÉMOGRAPHIE Objectif 1

Lotissement à Lomianki - Périphérie de Varsovie.


+ Enjeux

# Loger la population croissante (3% par an) # Stopper le processus des mini villes fermées qui fragmentent la ville et qui relèguent une certaine partie de la population. # Rénover le parc ancien. # Introduire une mixité dans les cités dortoirs mono-fonctionelles.

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DÉMOGRAPHIE Objectif 1

+ Le plan directeur :

Le plan directeur ne définit pas un type de production de logements, ni une quantité, ni une qualité environnementale. En revanche, il organise la ville en 3 grandes zones distinctes correspondant à trois typologies d'habitats. La zone centrale est consacrée à la rénovation des ilôts historiques. La zone urbaine est consacrée à la densification des grands ensembles et au remembrement des friches industrielles. La zone banlieue est consacrée à l'habitat individuel ou collectif de basse densité. Il semblerait à premier abord que la dénomination « banlieue », est une erreur. En effet, connaissant la problématique de la ville diffuse, pour reprendre le terme de Fin Geipel (Grand Paris), pourquoi introduit-on cette typologie dans la planification ?

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Les 3 zones. D’après Studium Uwarunkowania

Studium Uwarunkowania

Zone «Centre»

Zone «Urbaine»

Zone «Banlieue»

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DÉMOGRAPHIE Objectif 1 + Sur le terrain : Les constructions correspondent en grande partie aux directions du plan directeur nous affirme Jolanta Latala, directrice adjointe du bureau d'urbanisme de la ville. Elle estime à 61 % de décisions (WZ) délivrées pour le logement individuel dans la zone « banlieue ». Elle souligne également, que la curiosité réside dans le fait que dans cette zone les demandes de permis pour des infrastructures sont stabilisées. Or c'est dans cette zone que l'infrastructure fait défaut.46 Par ailleurs, elle souligne que dans la zone centrale, il y a beaucoup moins d'autorisations délivrées car le terrain est plus urbanisé à la base et il y a beaucoup moins de maisons individuelles. Par contre, elle souligne qu'il y a autant d'autorisations pour le logement que pour le service. Ce qui signifierait pour Jolanta Latala, que l'on tend à une mixité. Il me semble difficile de définir la mixité fonctionnelle sur cet unique critère. En effet, on peut délivrer autant d'autorisations et en même temps faire du zonage. De manière générale, selon mes observations sur le terrain, les nouveaux projets d'habitations , les « mini villes fermées » continuent de croître. Ainsi, « Marina Mokotow » de 2500 habitants devait être ouvert et proposait un parc public à la charge du développeur, en son sein. L'ensemble de logements s'est vu fermé suite aux plaintes des nouveaux résidents. La ville n'a émis aucune restriction à ce changement bien que les plans locaux d'urbanisme 46- BIURO ARCHITEKTURY I PLANOWANIA PRZESTRZENNEGO. Magazyn Krajobraz Warszawski, Czyli o ocenie zmian w zagospodarowaniu przestrzennym, Nr 126, 12 / 2011. 47- Studia Regionalne i Lokalne - Centre de recherches régionales et locales. Czy Warszawa staje sie miastem trzeciego swiata ? 48- PIOTR SARZYNSKI , Wrzask w przestrzeni. Dlaczego w Polsce jest tak brzydko ? Ed. Biblioteka Polityki.2012.

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(MPZP)furent ratifiés. Le chercheur Bohdan Jalowiecki 47 a comptabilisé environ 200 ensembles fermés en 2004 tandis que Piotr Sarzynski48 en comptabilise 400 en 2012. B. Jalowiecki note également qu'en France on en compte 200 et qu'à Berlin, un seul. Il compare les chiffres de Varsovie à ceux que l'on retrouve dans les villes d'Amérique latine où la ségrégation spatiale est très marquée. Or, cette tendance à Varsovie reste injustifiée, car si l'on regarde l'insécurité à Varsovie sur base d'autres villes européennes, la capitale polonaise est une ville « sûre ».49 Le phénomène du sprawl ne fait qu'augmenter. La liberté offerte aux petites villes voisines où le terrain est moins cher est l'une des raisons de ce phénomène. Le rêve de vivre à la campagne dans une maison individuelle est clair; mais le cauchemar est tout aussi réel en passant des heures dans sa voiture pour conduire son enfant à l'école ou se rendre au travail. 350 000 personnes en voiture et 200 000 en transport en commun pénètrent dans la ville par jour alors que Varsovie compte 1 million 600 000 habitants montre bien l'ampleur du phénomène de «l'urban sprawl» mono fonctionnel de la région de Varsovie50. Même si ce phénomène existait dans les années 90, j'estime qu'il a augmenté à cause de l'arrivée d'une nouvelle classe sociale. Juste après la chute du mur, il y a avait une classe sociale très riche et une très pauvre. Mais l'arrivée de la classe moyenne a favorisé le sprawl. Cette catégorie sociale n'a pas les moyens d'acheter les appartements luxueux en ville et s'éloigne. Alors, que les plus riches continuent de s'exiler dans des villes fermées de haut standing, que la classe moyenne s'éloigne, qu'en est-il de la classe moins aisée? Tomasz Fudala51 dit que ce qui manque à Varsovie c'est une politique du logement prenant en compte le social et l'environnement. La Pologne a supprimé les fonds nationaux pour le logement social en 2009. Les TBS (équivalent des HLM en France -Habitation à loyer modéré) proposaient des logements à l'achat sous certaine conditions sociales. Un

49- GLASZE Georg, Varsovie, Logement sécurisé : Un marché en hausse. Revue Urbanisme Nr337, juillet-août 2004. 50- MIASTO STOLECZNE WARSZAWA. Studium 2009 - Annex 1.

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DÉMOGRAPHIE Objectif 1 foyer aux petits revenus pouvaient ainsi devenir propriétaire sous certaines conditions en échange d'un loyer. Pour Tomasz Fudala, Varsovie est à l'aube d'une catastrophe car 60 % de la population n'a aucune chance d’accéder à un crédità cause de revenus trop faibles. Cette même classe gagne trop pour bénéficier d'un logement communal. De plus, il souligne que 645 000 varsoviens, soit 1/3 de la population vit dans des grands ensembles hérités de l'époque communiste. Aucune restructuration profonde n'est amorcée. « On s'en tient à une couche de polystyrène sur la façade ». Même si ces quartiers ne bénéficient pas de la mauvaise image que l'on retrouve en France, car il y a une mixité sociale et ils sont relativement bien reliés aux réseaux de communication. On note néanmoins une tendance à l'appauvrissement des populations y vivant et à une dégradation des espaces publics alentours qui étaient souvent non finis durant le régime et qui ne le sont toujours pas. Les habitants n'ont souvent pas les moyens d'entretenir les locaux et on observe une grande dégradation. « Malheureusement, les pouvoirs publics n'ont aucune idée pour la revitalisation de ces grands ensembles. Il faudrait tout d'abord une analyse précise de l'état de ces bâtiments et des espaces collectifs puis une vision forte »52.

51- FUDALA Tomasz, Warszawa w budowie 3, Mieszkalnictwo nie jest sexy, Ed.Muzeum Sztuki Nowoczesnej w Warszawie - p134 à 137, 2011. 52- JALOWIECKI Bohdan -Studia Regionalne i Lokalne - Centre de recherches régionales et locales. Czy Warszawa staje sie miastem trzeciego swiata ?- Nr 4/26 - 2006.

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Conséquence du manque d’ objectifs de la municipalité : Le sprawl.

Google Earth

Le blog des Eco quartiers

L’exemple de Lomianki au Nord de Varsovie.

La réflexion autour de nouvelles typologie pourrait palier à cette étalement urbain. Ci contre, le quartier Vauban à Friburg

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MOBILITÉ Objectif 2

Arrêt de bus - Quartier Muranow.


+ Enjeux :

# L’accès aux transport dans les zones d'habitat diffus en périphérie (dans la 3 ème zone et au-dela). # Le désengorgement de la ville. # La ré-introduction de la pratique du RERà l’échelle métropolitaine. # La petite architecture de la mobilité comme impuls au développement. # Les noeuds de communication comme moteur à la création de nouveaux espaces publics.

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MOBILITÉ Objectif 2 + Le plan directeur :

Les grands changements sur le réseau seront de l’ordre du hard ware , c’est à dire du matériel roulant : leur modernisation et leur quantité. Le plan prévoit la construction d’un système de trois ceintures correspondant à la quasi délimitation des trois zones d’urbanisation (centre, urbaine et banlieue). Le document prévoit la rénovation des pénétrantes urbaines. Ces interventions ne touchent pas la zone métropolitaine.

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Tramway existant Tramway projeté Métro existant Métro projeté D’après Studium Uwarunkowania

Le système des ceintures reprend les 3 zones.

Les transports en commun. Le plan nie le développement du réseau RER. Le métro et le tram restent très centraux.

Studium Uwarunkowania

Le métro sur les grands axes

Les ceintures

Le tramway

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MOBILITÉ Objectif 2

+ Sur le terrain : Le constat de l’agrandissement de la ville n’est pas en lien avec le réseau. Le réseau des transports en commun reste central. De nombreux quartiers se sont développés aujourd’hui sans prendre en compte le réseau ferré. En comparant, les nouvelles constructions au développement du réseau, on ne perçoit aucune logique. La dynamique du transport ne correspond pas aux constructions. Si l'on se réfère aux points importants évoqués lors de l'exposition« Construire Bruxelles »53, la mobilité n'est plus au service de l'architecture mais elle permet le développement urbain. On pourrait citer l'exemple de la Communauté urbaine de Bordeaux qui prévoit la construction de 50 000 logements autour d'un réseau de tramway élargi qui dessert les zones les plus éloignées sur une période de 15 ans. La CUB ( Communauté Urbaine de Bordeaux) saisit l'opportunité de ce programme pour replanter le long du tram et y recréer des espaces publics. Cette vision globale offre une accessibilité pour tous et propose de nouveaux espaces publics facteur d'identité et d'urbanité. Par ailleurs, la question qui se pose est : Est-ce que la mobilité sert de levier à de nouveaux espaces publics à Varsovie ou à une nou-

53- BOZAR ARCHITECTURE, Construire Bruxelles, Architecture et transformations urbaines en Europe - 09/10 au 28/11/2010 - Palais des Beaux-Arts - Bruxelles.

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velle identité au travers des petites architectures des stations ? A Porto, Morralles a dessiné le plan urbain et on a désigné un architecte pour chaque station. Cette opération a permis de relier des parties de la ville, et rendre attractive d’autres zones. Les pôles de communication sont les endroits les plus fréquentés dans une ville. Ils peuvent devenir un tremplin énorme pour plus de cohérence et d'identité. A Varsovie, les stations de métro ont une architecture de manière générale banale. Aucune station visitée n'a d'impact sur l'espace public. La même situation se reproduit en ce qui concerne les gares et les arrêts de RER. Les gares sont celles héritées de l'époque du social modernisme. Elles n'avaient pas été rénovées depuis plus de 60 ans. Aujourd'hui, la compagnie des trains PKP (Polskie Koleje Panstwowe/ Chemins de fer d’Etat) rénovent chacune d'entre elles. Mais par manque de fonds économiques, elle met en location les gares à des partenaires privés en surface commerciale. Elle ne reste gestionnaire que des rails et des quais. Par manque de partenariat pubic-privé, cette situation engendre des conflits. Par exemple, la gare centrale qui est considérée comme l'un des bijoux architecturaux de cette époque a été recouverte sur toutes ces façades par de grandes affiches publicitaires, niant complétement l'architecture. On peut également citer la station Stadion, derrière le grand stade en bord de Vistule. Cette gare a été rénovée mais n' a pas généré le remodelage des accès. Ainsi, la gare se retrouve au milieu du désert .

Le réseau routier n’est pas moins lésé. Il ne s'agit pas ici de juger la pertinence de ce tracé mais de le juger en terme d'impact paysager et d'urbanité. La question qui se pose est : Quel est l'impact des ceintures dans le paysage ? Bien qu'elles permettent l'accessibilité en voiture au coeur de la ville, elles favorisent le tout voiture au détriment d'une multi modalité. Comment est gérée la liaison entre les différents quartiers que ces routes coupent ? Est-ce qu'elles ne fragmentent pas l'espace encore plus au

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MOBILITÉ Objectif 2 risque d'enclaver certaines zones? Je n’ai trouvé aucune réponse à ces questions dans les planifications. Aucune mesure d’intégration ou de liaison piétonne ne semble être entreprise. Pour l’instant, il est difficile de mesurer avec certitude cet impact car les travaux sont en cours. En ce qui concerne les déplacements à Varsovie, la priorité reste à la voiture. Bien que la ville soit totalement engorgée à cause des travaux d’une part et de l’augmentation du nombre de véhicules d’autre part, elle reste le moyen le plus efficace pour se déplacer. L'hypothèse ici émise est qu'il y a un manque de coordination avec le bureau de la mobilité et de l'urbanisme. Ces deux thématiques sont abordés par la municipalité de deux manières distinctes et autonomes. L'intégration de ces deux cellules permettrait une cohérence plus grande et une nouvelle lecture de la ville.

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Le manque de multi modalité entre les différents transports laisse place au tout voiture.

Google Earth

L’impact du réseau routier sur les quartiers engendre un enclavement des nouveaux quartiers d’habitations.

Les abords d’une station RER. On note le manque d’aménagements. Ces lieux pourraient devenir des lieux clés pour Varsovie demain.

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LE GRAND PAYSAGE Objectif 3

Berge de la Vistule - Quartier Powisle.


+ Enjeux :

# La protection des potagers ouvriers comme identité culturelle. # La préservation des zones agricoles intégrées au système en étoile. # L’accessibilité aux berges de la Vistule et ses zones inondables # L’importance de la structure verte en étoile dans le développement d’une ville durable. # Le retournement de la ville vers la Vistule.

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LE GRAND PAYSAGE Objectif 3 + Le plan directeur :

La municipalité a repris, en théorie, la structure en étoile des zones vertes et des couloirs de ventilation planifiés durant l'entre-deux-guerres. Mais si l'on y regarde de plus près, elle se retrouve réduite à son strict minimum. Ce ne sont plus que des couloirs « pouvant aider à la ventilation ». Alors qu'en 2002, il y avait encore quelques zones agricoles, aujourd'hui le plan directeur les nie totalement. Elles sont toutes devenues des zones urbanisées. La grande opération qui a l'ambition de retourner la ville vers le fleuve et d'en faire une zone de récréation à l'échelle métropolitaine se situe dans la partie centrale de la ville. Cette zone correspond à une des zones leviers. La programmation y sera dédiée à la culture et à l'éducation sur la rive gauche. De plus, le plan y prévoit des boulevards de promenade, des parcs publics et des pistes cyclables.

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Les espaces verts Les espaces aidant la ventilation.

Les espaces ouverts D’après Studium Uwarunkowania

Studium Uwarunkowania

La vallée de la Vistule.

Les parcs urbains.

Les berges du fleuve comme zone récréative

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LE GRAND PAYSAGE Objectif 3

+ Sur le terrain :

Les berges et les zones humides de la Vistule sont protégées par Natura 2000 depuis 2004. Mais aucun projet pour les rendre accessibles à l'échelle de toute la ville n'est prévu. Magdalena Stasznikis 54 nous met en garde contre le danger des politiques de la ville face au système vert. « Si l'on se réfère à la nouvelle charte d’ Athènes 2003. La décision de la municipalité d'avoir rendu les corridors verts constructibles va à l'encontre des principes de développement durable. L'approche des écosystèmes doit être intégrée à la politique de la ville. ». Les zones agricoles ont disparu. Les parcs et zones boisées n'en restent pas moins menacés. Quand on confronte la carte des zones agricoles en 1989 avec les autorisations de construire depuis 2002, on observe un grignotage par l'urbanisation. En plus de grignoter, on observe, comme l'illustre parfaitement la forêt de Kabaty au sud de la ville, une fragmentation forte des zones boisées et vertes. L'urbanisation a totalement enclavé cette zone. On peut donc remarquer, que même si les zones boisées sont protégées, elles n'en sont pas moins menacées par l'enclavement et l'accessibilité. La forêt de Kabaty a toujours été une aire de récréation pour nombre de varsoviens mais l'enfermer ainsi, sans la relier à un système plus grand prive les urbains d'un bois à l'échelle métropolitaine.

54 -STASZNIKIS Magdalena, Professeur à Polytechnique de Varsovie en urbanisme et Urbaniste. M. Stasznikis a publié de nombreux articles sur le devenir de Varsovie, ville post-socialiste. Interview d’1h30 réalisée à Varsovie le 3 juillet, en polonais.

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Nous avons exposé précédemment l'enjeu et la potentialité d'avoir de nombreux jardins ouvriers (parcelles potagères) dans la ville. Les événements récents sont très révélateurs de la position des pouvoirs publics face à leur devenir. Si l'on s'en réfère à l'interview de Izabel Pisarska 55et à l'association des parcelles potagères 56, l'état veut introduire un impôt sur ces jardins pour inciter les locataires à s'en séparer et ainsi jouir du terrain à des fins spéculatives. Jusqu'à aujourd'hui , l'exploitation de ces jardins se transmet de génération en génération. S’il n'y a pas de successeur, alors l'exploitation est mise en vente. Pour cette raison l'offre est bien plus faible que la demande. D'après Izabela, les générations et les classes qui occupent ces jardins évoluent. Alors qu'avant, elle n'avait que des personnes âgées comme voisin, aujourd'hui elle a 2 nouveaux voisins d'une trentaine d'années avec des enfants. Ces nouveaux locataires comme elle, vivent dans des grands ensembles et saisissent l'opportunité pour avoir un carré de verdure, cultiver leurs fruits et légumes, se rencontrer entre amis. Pour elle l'introduction de cet impôt sonne la fin de beaucoup d'entre eux. En effet, comme elle le souligne, il règne une mixité sociale et générationelle formidable dans ces jardins. « Les plus pauvres devront partir car ils n'auront pas les moyens de payer ». L'association précise que les jardins les plus menacés sont ceux détachés de la structure en étoile et ceux dans les zones inondables.

L'opération la plus remarquable qui a engendré de grands changements dans la ville est le quartier « Powisle », dans la partie centrale de la ville comme prévu dans le plan directeur. Des espaces publics ,des équipements récréatifs et culturels y sont aménagés. Le plan pour la réhabilitation du port « Praski » a été signé en septembre 2011. Et le stade a été inauguré pour l'Euro de football au mois de mai 2012. On

55 -PISARSKA Izabela, Exploitante d’un potager urbain depuis 7 ans. Je l’ai rencontrée lors de ma visite du potager de Saska Kepa. Interview de 30mn. Juin 2012. 56- Zwiazek Ogrodow Dzialkowych/ Littéralement : Association des parcelles potagères

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LE GRAND PAYSAGE Objectif 3 peut considérer cette opération comme une réussite à l'échelle de la ville. Nous tenterons de savoir lors des analyses micro s’il en est de même à l’échelle locale. On peut néanmoins observer à ce stade que cette opération est centrale. Est-elle annonciatrice d'une intégration de la Vistule plus métropolitaine ?

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Les espaces ouverts avant 2002 Les autorisations de construire depuis 2002

L’urbanisation fragmentent les espaces ouverts.

Google Earth

La forêt de Kabaty enclavée par l’urbanisation.

Les parcs, jardins potagers et zones boisées pourraient devenir le support au développement de Varsovie.

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EQUIPEMENTS PUBLICS Objectif 4

Musée des Juifs polonais - Quartier Muranow.


+ Enjeux :

# Les investissements publics comme moteur du développement de nouveaux quartiers. # Les équipements publics comme impuls à plus d’urbanité dans les anciens quartiers mono-fonctionnels. # Les équipements publics comme vitrine/icône dans la sphère internationale.

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EQUIPEMENTS PUBLICS Objectif 4 + Le plan directeur :

Comme pour l'habitat le plan directeur se base sur la division de la ville en trois zones. Ainsi, la zone centrale consiste en une rénovation des places existantes. Le plan évoque la volonté de rénover la zone centrale au niveau du tracé royal afin que cette zone devienne celle de « représentation ». On prévoit la construction de 8 musées et d'un stade.

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Les investissements publics. La zone historique de représentation.

Les équipements publics. D’après Studium Uwarunkowania

Studium Uwarunkowania

La place du Marché.

Rue Nowy Swiat.

Rue Krakowskie Przedmiescie.

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EQUIPEMENTS PUBLICS Objectif 4

+ Sur le terrain :

En observant l'implantation des musées et du stade, nous pouvons remarquer qu'ils se trouvent tous dans un périmètre dans et à proximité de la zone historique délimitée par le plan directeur. En cela, la réalité suit les intentions du plan directeur. Cette partie de la ville a été rénovée, et bâtie dans ses dents creuses. On peut citer la rue Krakowskie Przedmiescie ( rue des Faubourgs de Cracovie), la place Pilsudski avec le bâtiment de Norman Foster ou le quartier Powisle en bordure de Vistule. D'une certaine manière, ces endroits ont influencé positivement la ville. En ce qui concerne les délais, quatre musées et le stade sont ouverts ; deux sont en travaux . Et pour les trois derniers, les projets ont été sélectionnés lors d'un concours international comme la loi l'exige, mais le début des travaux reste inconnu. On remarque également pour tous ces musées qu'il y a une majorité d'architectes polonais sélectionnés. Les deux seuls musées dessinés par des architectes étrangers sont le musée d'art contemporain qui soulève énormément de polémiques. Kristian Kerez est en procès avec la ville57. Nous analyserons ce cas dans le chapitre suivant. Le musée des juifs polonais, dessiné par les architectes finlandais de Lahdelma et Mahlamäki sera inauguré en septembre 2012. 57 - JARECKA Dorota, Gazeta Wyborcza, 17/05/2012, Kerez w Warszawie. Piecdziesiat segregratorow architekta MSN. 58-SUD ARCHITECTES- Bureau d’architecture et d’urbanisme français implantée en Pologne depuis 2000 : Nicolas Roques / Directeur – Architecte + Jocelyn Fillard - Architecte Associé - Interview réalisée en janvier 2012 - En français - Durée 1h.

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Les grands investissements publics restent concentrés dans le centre.

Les grands investissements pourraient devenir des impuls pour plus de mixité.

Le centre Kopernik. Arch. Jan Kubec, Pl.

www.apf.lu

Agencja Gazeta

Le musée de l’histoire de Pologne, Arch. Paczkowski-Fritsch, Lux.

Le musée de l’armée polonaise, Arch. WXCA, Pl.

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Jocelyn Fillard de Sud architectes annonce à ce sujet et avec beaucoup d'humour 58« Les architectes polonais doivent être bien meilleurs car les concours sont anonymes ! Vous voyez bien c'est un numéro identifiant sur nos planches !» On remarque que l'implantation même des nouveaux grands équipements ayant l'ambition d'être les futures icônes de la ville ne vont pas changer le paysage des nouveaux quartiers. La ville, avec ses plus grands investissements publics nie totalement le développement de la ville du XXI ème siècle, celle à l'échelle de la métropole. D'une part, en rangeant au placard les projets d'architectes de renom et d’autre part, en entretenant cette vision passéiste autour des grands évènements tragiques de l'histoire. En justification de cette avance, les thèmes des nouveaux musées : le musée de l'insurrection, le musée des juifs polonais, le musée de l'armée polonaise, le musée de l'histoire et enfin dans le registre pro-nationaliste, on retrouvera le musée Chopin, et le musée Kopernik. Nicolas Roques (Sud Architectes) , constate qu'en 12 ans d'expériences professionnelles en Pologne : « Les villes polonaises se basent beaucoup trop sur la protection des vieilles villes. Il y a un manque d'ouverture d'esprit à ce qui est la nouveauté et les références internationales. »

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Place Emili Plater - Le palais de Culture.

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NOUVEAUX DISTRICTS Objectif 5

Centre commercial Auchan - Quartier Targowek.


+ Enjeux :

# Insuffler une nouvelle identité aux quartiers et assumer le modèle d’une ville polycentrique. # Contrer les nouveaux marqueurs urbains que sont les shoppings mall avec un modèle plus urbain. # Palier à la mono fonctionnalité de nombreux quartiers en offrant les services nécessaires au quotidien à ses habitants.

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NOUVEAUX DISTRICTS Objectif 5 + Le plan directeur :

Chaque quartier sera animé par une micro centralité définie par une lecture claire en plan et en volume grâce aux gabarits. Ces pôles sont à créer ou à rénover. L'ambition est d'offrir aux varsoviens l'accès à de nombreux services près de leur domicile. On exprime la volonté de briser la mono-fonctionnalité de la ville socialiste. Nous pouvons remarquer que c'est un retour aux plans de l'entre-deux-guerres.

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Zones leviers de développement Les centres de quartier Les centres locaux D’après Studium Uwarunkowania

Les centralités secondaires

Studium Uwarunkowania

Centre local Grochowska.

Centre du quartier Mokotow.

Centre du quartier Bielany.

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NOUVEAUX DISTRICTS Objectif 5 + Sur le terrain : Durant la lecture historique, nous avons défini les différents « visages » de la ville et les potentialités qu'ils offraient. La lecture des nouvelles typologies de la ville libérale nous a montré les dangers des figures mono fonctionnelles. On compte aujourd'hui 400 villes fermés. Les pôles d'emplois s'agrandissent tout en excluant les autres fonctions59 ( Pour reprendre l'exemple de Sluzewiec przemyslowy, on compte aujourd'hui un million de m2 de bureaux). La volonté de développer des centralités secondaires semblent être une bonne attitude au regard de l'analyse menée ici. Mais la réalité est bien loin de cette intention, par exemple, au niveau du vocabulaire avec la définition de trois zones distinctes ou du dessin du réseau. Nous avons déjà observé que la vision d'une ville polycentrique semble compromise. Les nouveaux districts planifiés sont des shoppings malls, d'autres sont autours des arrêts de métro ou d'arrêts RER, d'autres autour des mairies d'arrondissement. Leur implantation semble augurer une vision. On peut remarquer que l'intention des centralités secondaires est un échec. Même si les malls ou des commerces y sont implantés , ils ne représentent pas une implantation exemplaire ou une résonance à l'échelle du quartier. Comme dans les années 90, les pouvoirs publics n'ont pas su saisir la force des petits et moyens développeurs pour animer ces centralités60 et ainsi compléter l'idée de Varsovie comme une agglomération de petites villes. Au lieu de cela, les shoppings malls se multiplient.

59- 60 -STASZNIKIS Magdalena, Professeur à Polytechnique de Varsovie en urbanisme et Urbaniste. M. Stasznikis a publié de nombreux articles sur le devenir de Varsovie, ville post-socialiste. Interview d’1h30 réalisée à Varsovie le 3 juillet, en polonais.

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On peut observer que sur 15 centralités prévues, 9 sont aujourd'hui des shoppings malls. D'après les études de M. Stasznikis, il y aurai actellement 900 000 m2 de centres commerciaux à Varsovie. Alors qu'une position forte des pouvoirs publics ainsi qu'un partenariat public privé pourrait générer de nouvelles formes aux bénéfices des usagers, on favorise encore la construction de villes artificielles au détriment d'une urbanité et d'un commerce de proximité. Mais comme dans les années 1990, les shopping malls et autres grandes surfaces restent les marqueurs urbains et aucun signe ne montrerait un retournement de situation. Les implantations de ces centralités sont situées, dans le plan directeur, sur les pénétrantes urbaines. Elles pourraient faire partie intégrante d'un maillage avec la structure des parcs comme un système métropolitain. Les dangers que peuvent engendrer le manque de développement de centralités secondaires au sein des limites administratives de la ville sont : - Un engorgement des réseaux. - Un manque d’identité des quartiers. - Une ségrégation socio-spatiale et une fragmentation de la ville. Mais il est également important de transposer cette problématique à une échelle plus grande, celle de la métropole. En effet, c’est dans les zones périphériques que les poussées futures vont le plus s’opérer. Or, les communes limitrophes, jusqu’à aujourd’hui laissent entière liberté à la construction de super ilôts mono fonctionels, aux cités dortoirs et aux grandes surfaces commerciales. Non, seulement la municipalité n’offre pas les services nécessaires à ses habitants. Mais le manque de vision à l’échelle métropolitaine l’aggrave. Les habitants des communes périphériques sont des usagers de ces services déjà en sous effectifs.

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NOUVEAUX DISTRICTS Objectif 5

La nouvelle carte mentale des Varsoviens. Les shoppings malls envahissent le marché et les commerces locaux disparaissent.

Google Earth

Le centre local du quartier Mokotow est un shopping mall de 62 300 m2.

Le potentiel des halles de quartiers sous estimé par les pouvoirs publics. Elles pourraient offrir tous les services de proximité aux habitants.

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Hala Mirowska


Panorama vu du haut du Palais de la Culture



SYNTHÈSE

Le changement de statut et la mise en place des nouveaux outils qui a suivi n'a pas fait évoluer la structure de Varsovie de manière positive. Le laisser-faire et le manque de vision forte de la municipalité se fait ressentir. Les investisseurs privés en profitent et régissent totalement le marché. Les cartes qui suivent sont tracées en mettant en relation différents éléments de cette analyse. Je tenterais d'associer quelques idées afin de mettre en évidence les potentialités de chacun des 5 objectifs.

Démographie : En associant le développement des nouveaux quartiers au réseau ferré et aux centres locaux, Varsovie pourrait gérer son étalement urbain. Par ailleurs, l'introduction de nouvelles typologies mixtes affirmerait l'identité de chaque quartier.

Mobilité : Le développement des zones inter-modales en pôle d'intensité dans la ville donnerait un impuls à la création ou à la revitalisation de certains quartiers. Ces pôles seraient le lien entre les zones périphériques et les zones plus centrales. Ils permettraient un desengorgement du trafic automobile.


Grand Paysage : L'urbanisation spontanée grignote les espaces ouverts depuis 1990. Depuis 2002, rien a changé. Le système hydrographique associé aux systèmesde zones vertes doit être protégé en un système unique. Les fréquentes innondations le prouvent. Le paysage présente un potentiel énorme pour Varsovie mais sa lecture à une échelle métropolitaine est inexistante.

Equipements publics : Les grands investissements publics devraient servir le développement et la mixité dans les grandes zones mono fonctionnelles. En les associant aux zones leviers, ils pourraient être les images fortes des centres locaux.

Nouveaux districts : Les centres locaux associés au réseau et système d'espaces verts pourraient devenir la nouvelle trame de lecture et de développement de la capitale.



QUATRE CAS D’ÉTUDE Partie IV

Place Wilson, Quartier Zoliborz


MÉTHODE ET OUTILS Analyse «Pas à Pas»

Dans cette partie, nous étudierons quatre cas d’étude. La méthode de l'échantillonnage ici exploitée permettra de confronter la grande échelle « vol d'oiseau » à la petite échelle « pas à pas »61. Les échantillons ne sont pas choisis aléatoirement car il est impossible dans le cadre de cette étude de connaître tout le territoire. Au départ, j'ai effectué une sélection d'une quinzaine d’echantillons choisis en fonction des nouvelles opérations, des publications dans la presse spécialisée et populaire62 et des questions soulevées précédemment lors de l'analyse. Les quatre cas ici présentés ont été sélectionnés au fil des rencontres faites sur place. L'objectif est de trouver des opérations exemplaires pouvant servir de modèle à Varsovie de demain. Les interviews ont ainsi permis de comprendre en quoi ces opérations pourraient ou non, devenir des exemples des références dans l’élaboration des projets de demain. Les interviews seront placées dans l’annexe 2. Nous poserons les questions soulevées plus tôt concernant les outils de planification et les outils règlementaires utilisés ainsi que l'accessibilité au réseau de transports et l’impact paysager. Les dimensions des échantillons sont influencés par l'analyse de Secchi et Vigano pour le Grand Paris. 61- En référence au terme utilisé par Bernardo SECCHI et Paola VIGANO dans La ville poreuse, Un projet pour le Grand Paris et la métropole de l’après-Kyoto, Ed. Métis Presse, 2011. 62- Architektura- mensuel, Gazeta Wyborcza - Quotidien, FRZ - site internet : www.forumrozwoju.waw.pl/

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# Je suivrais le dimensionnement de la grille de 3 km par 3 km pour définir l’opéra-

tion analysée et son impact, son influence en terme paysager et mobilité.

# Un carré de 1 km par 1 km permettra de comprendre les typologies.

# Il sera complété par des photographies qui permettront de mettre en évidence

les usages.

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MIASTECZKO WILANOW Cas 1

Une alternative au sprawl ?

Ce cas a été choisi pour sa situation géographique et démographique particulière. La zone d'étude est liée à une couche historique datant du Roi Sobieski quand celui-ci y a construit sa résidence d'été. Ainsi, le site se trouve sur l'une des principales pénétrantes urbaines. A l’époque le quartier qui s’est construit autour du château se nommait «Villa Nova». Le nom s’est transformé en «Wilanow» avec le temps. L'autre intérêt de l'étude est la proximité de nombreuses zones vertes et agricoles.Comme observé plus tôt, celles-ci sont menacées. Nous pourrons ainsi mesurer l'ampleur de ce phénomène. Selon le plan directeur cette zone se trouve à cheval entre zone « urbaine » et zone « banlieue » et constituera le centre du quartier. En terme typologique et quantitatif, cette opération représente 50 000 habitants. Comme le souligne M. Stasznikis, la plus grande opération en Europe réalisée ces dernières années est à Stockholm et représente 30 000 habitants. La densité et l’échelle de l’opération «Miasteczko Wilanow» (qui signifie en français «Village de Wilanow»)pousse à me demander si la création de ce genre de morceau de ville dense n’est pas une ouverture vers

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l’expérimentation d’une nouvelle façon d’habiter qui pourrait contrer l’étalement urbain (sprawl). En terme d'outils réglementaires, cette zone est couverte par un plan d'urbanisme (MPZP) depuis janvier 2001, donc avant la réforme territoriale. Le terrain de 169 hectares a été acquis par un unique investisseur privé (Grupa Prokom) en 1999. Les décisions se passant à l'échelle communale à l'époque, la mairie de Wilanow a saisi l'opportunité d'une telle opération pour sa commune. Le plan a été ratifié en 2001. Il définit avec beaucoup de souplesse le programme. Par exemple, il n'est pas écrit qu'il doit y avoir une école mais qu'il peut y avoir une école. Dans un climat d'incertitude, la souplesse du plan permet ainsi au développeur de l'adapter à la demande du marché. Il n'y est pas défini de quota d'équipements publics, de services ou d'espaces publics. Dans un premier temps les espaces publics, voiries comprises, seront à la charge du développeur. Aujourd’hui, la ville doir racheter des terrains au développeur pour construire des équipements. Michal Birecki( Architecte F.B.T ayant réalisé plusieurs immeubles de logements à Miasteczko Wilanow. L’agence est implantée en face du site. Ainsi, il a suivi cette opération dès le départ61. Le projet semble pouvoir devenir une alternative au sprawl et un bon exemple parmi la production spatiale de ces dernières années. Les gabarits n'allant pas au delà du R+4, la place laissé au piéton et au cycliste dans le quartier semblent jouer en sa faveur. Néanmoins, le manque d'équipements et de commerces fait défaut. Ce qui oblige les habitants à utiliser leur voiture pour la plus petite nécessité. Mais,Michal Birecki insiste bien sur le fait que le manque de connections au réseau de transport en commun et les prix élevé des logements équivalant à ceux du centre ville ( de 7000 à 12 000 Zloty/m2 soit entre 1800 et 3000 euros/m2 ) poussent les gens à vivre un peu plus loin dans une maison quatre façades.

61- BIRECKI Michal. Interview réalisée dans le cadre d’un stage dans le bureau durant l’été 2010.

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Google Earth

Vue aérienne 3km/3km du quartier «Miasteczko Wilanow» Equipement public Espace vert public Zones agricoles

État avant 1990.

Dessin réalisé d’ après

une carte de 1985.

A l’époque, c’était une zone majoritairement agricole. Le seul équipement/lieu public était le château de Wilanow. Le parc Natolinski, à l’ouest de la carte, se mélait aux champs. Equipement public Espace vert public Zones agricoles rendues construtibles par le plan directeur de 2006. Périmètre de l’opération Prochaine phase de l’opération, zones de bureaux et un centre commercial.

État en 2012.Dessin réalisé d’ après Google Earth-2011.

Les constructions ont réduit le parc au minimum. Le seul «nouvel équipement public» est une église. Les espaces publics font défaut.

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Google Earth

Vue aérienne 1km/1km

La typologie en bloc fermé réduit la surface d’espaces publics.

Dessin axonométrique d’une typologie type. L’urbaniste Guy perry a limité les hauteurs à R+3 et ponctuellement au R+4 sur toute l’opération.

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Il est assez difficile de trouver une vie dans ce nouveau morceau de ville. Les commerces et les espaces publics font défaut. Il n’est pas rare de rencontrer les nounous ou les «babcia» (grand mère en polonais) promenant leur petits sans but précis le long des trottoirs où il n’y a aucune animation. Mis à part les nounous, il n’y a personne, aucune vie dans ce quartier. On ressent bien le phénomène de cité dortoir. De plus, la mauvaise communication en transport en commun empêche les habitants des autres quartiers de se déplacer ici. D’ailleurs pourquoi se déplaceraient-ils, il n’y a rien... Un des restaurateurs me confirme lors d’une visite qu’il est difficile de payer son loyer car les habitants travaillent tous et qu’une fois chez eux, ils font des économies. Leur appartemment leur coûte tellement chèr. L’organisation en co-propriété empêche l’implantation de commerces, de bars ou de crèches privées. Pour ces habitants-propriétaires, ce genre de services est nuisible à la valeur et au calme de leur bien. Ainsi, ils refusent la location aux nouveaux commerçants. On retrouve quelques coiffeurs, esthéticiennes mais une seule épicerie et deux restaurants dans tout le quartier. Je trouve que la taille de l’opération et sa situation dans un quartier prestigieux pouvait être une opportunité pour Varsovie d’affirmer sa nouvelle identité. Mais ce quartier n’en a aucune. Si ce n’est celle des promoteurs immobiliers. La qualité de vie proposée ne peut rivaliser avec le pavillon de banlieue. Il y a encore du foncier disponible. Il est temps pour la municipalité de s’alarmer et de commencer à offrir à ses habitants une qualité de vie. Aujourd’hui, le château est considéré comme un centre secondaire par le plan directeur. Cette vision passéiste attire quelques touristes mais n’offrent rien aux habitants. Le collège prévu est une nécessité mais pas le pilier qui pourra offrir une identité au quartier. Page de droite : 1 - Les parkings sont sous-terrains pour donner la priorité aux piétons. 2 - La seule construction publique est une église. 3 - Les commerces prévus au Rez de Chaussée sont rares.

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4 - Les blocs ont tous été dessinés par des architectes différents afin d’offrir une diversité. 5 - Vue sur ce «nouveau morceau de ville» construit dans les champs. 6 - Un petit parc public linéaire a été aménagé le long de l’axe principal. Les bassins de rétentions d’eau gère l’eau.


Forum Rozwoju Warszawy

Forum Rozwoju Warszawy

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Forum Rozwoju Warszawy

Pawel Supemak

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Forum Rozwoju Warszawy

Forum Rozwoju Warszawy

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POWISLE Cas 2

Les berges de la vistule La nouvelle identité de Varsovie?

Ce cas a été choisi pour son implantation en lien avec le grand paysage et ses investissements publics. La zone d'étude est en contre bas de l'axe historique, en fond de vallée, à deux pas de la vieille ville. Anciennement, quartier des bouchers et des artisans , cette partie de la ville a été entièrement détruite pendant la seconde guerre mondiale. Lors de la reconstruction, elle a perdu son caractère productif pour devenir une concentration d'immeubles d'habitations. Alors que Varsovie se caractérise plutôt par son manque de nouveaux espaces publics, cette partie de la ville est façonnée de façon positive par de nouvelles interventions. La construction en 1998 de la Bibliothèque Universitaire a enclenché le processus. Son architecture 62- POREBSKA Ewa , Architektura Murator, mensuel, Centrum Nauki Kopernik w Warszawie, n°207 - 12/ 2011, p 44 à 71. 63-HOMIŃSKI Bartolomej, Czasopismo techniczne Wydawnictwo politechniki Krakowskiej, Nowe «serce» Warszawy - Buwing na Powislu, 2008. 64- A. JANKIEWICZ, Atlas Historycnzy Warszawy II , Plan Warszawy Mieszkowski i Siemiski, Ed. Archiwum m.st. Warszawy , 2004.

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est considérée comme la meilleure réussite architecturale depuis les premières élections libres62. Même si l'architecture néo-classique avec sa façade aux 18 piliers en zinc n'est pas forcément à l'image des icônes des autres capitales européennes, on peut souligner sa réussite en terme d'implantation et de rapport à l'espace public. Le toit de la bibliothèque offre un parc urbain avec une vue panoramique et son passage couvert public est un point de rendez vous. L'endroit est très visité, notamment par les étudiants de l'université voisine. Le quartier était destiné d'après les pouvoirs publics en place en 1996 à devenir un quartier universitaire dense et dynamique63. Aujourd'hui avec la construction du centre Kopernik destiné aux sciences, on observe une gentrification dans le quartier avec des loyers allant jusqu'à 16 000 Zloty soit 4000 euros le m2. Outre les rénovations et les constructions, la grande réussite de ce quartier est le retournement de la ville vers la Vistule. Autrefois cette partie de la ville était coupée par la voie rapide allant jusque Gdansk. Aujourd'hui, après des travaux de recouvrement, on a créée une liaison douce ponctuée d'espaces publics jusqu'aux berges. Sur les berges, on construit les boulevards de la Vistule (Bulwary Nadwislane). Ainsi réaménagés en promenade avec une piste cyclable, ces boulevards réconcilient la ville avec le plan de l’entre-deux-guerres, qui avait la volonté de réunir les deux rives de la Vistule autour d'un parc métropolitain64. Les rénovations et créations d'espaces publics ont changé le paysage de cette partie de la ville de façon positive.On peut considérer cette zone comme la plus dynamique en terme d'investissements publics et de créations d'espaces publics. Cette zone levier doit offrir aux habitants du quartier tous les services et commerces utiles au quotidien. En terme réglementaire, la zone n'est couverte par aucun plan. Durant mes rencontres, c'est l'un des quartiers qui revient le plus souvent quand je pose la question « De quel quartier et rénovation Varsovie est-elle fière ? »

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Vue aérienne 3km/3km du quartier «Powisle»

Google Earth

Equipement public Espace vert public Espaces ouverts en friche

État avant 1990.

Dessin réalisé d’ après

une carte de 1985.

Avant 1990, la voie rapide «Trasa Gdanska» (Route de Gdansk), coupait la ville des berges. Les équipements publics significatifs étaient l’université, le musée national, le stade et le château de la vieille ville.

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Equipement public Espace vert public Espaces ouverts en friche Prochaines phases de construction Stations de métro en construction

État en 2012.Dessin réalisé d’ après Google Earth-2011.

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La recouvrement de la voie rapide a permis l’élargissement des espaces publics et a réconcilié la ville avec le fleuve.La construction du métro va également rapprocher la ville de ce nouveau district.


Google Earth

Vue aérienne 1km/1km

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Parmis les grands chantiers publics de la zone, on peut citer : Le centre Kopernik(1), la bibliothèque universitaire(2), la station de métro Powisle(3), L’académie des Beaux Arts(4), et l’annexe de philosophie de l’université(5), et en construction un quai avec restaurant et sauna(6). Tous les équipements sont connectés au nouveau parc des berges. En (7), la réhabilitation de l’usine électrique «Elektrownia» est en attente. L’architecture de Centre Kopernik suit la tendance paysagère de la bibliothèque universitaire en offrant de nouveaux espaces publics et en rendant sa toiture accessible. Ses toitures offrent des panoramas sur le centre ville d’un côté, et sur le fleuve de l’autre. Les gabarits de ces deux équipements sont peu élevés en raison de la protection par le patrimoine de l’Unesco du skyline de la vieille ville.

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D’après Patryk Zaremba de l’association «Forum Rozwoju Warszawy» , le quartier s’est gentrifié. Les travaux comme la rénovation de l’usine d’électricité tarde par faute de moyens car l’investisseur privé n’a toujours pas vendu ses premiers appartements (Menolly). La promenade commene à prendre forme. D’après lui, le grand changement sera causé par l’arrivée du métro dans ce quartier. Il liera directement le centre au quartier «Powisle» et au quartier«Arti» de Praga, sur l’autre rive. La qualité du projet serait les nombreux espaces publics mais le défaut serait les prix exhorbitants pour le marché local qui relègue une grande partie de la population de ce quartier. Le président de l’association déplore également le manque d’investissements publics au niveau de la construction de logements. Quand je me promène dans le quartier, je ressens une effervescence. De nombreux étudiants étudient dans les parcs. Les cols blancs sortent des bureaux et se rencontrent lors les «Happy Hour» dans les nouveaux bars branchés. Les personnes âgées sortent des petits magasins et attendent le bus. Les parents promènent leurs enfants ou les emmènent au Centre Kopernik. Les longues files d’attente prouvent la forte demande en loisir de la population. Les nombreux investissements publics dans cette zone montrent une volonté de la municipalité de s’ouvrir sur le fleuve. Auparavant la ville lui avait tourné le dos à cause des nuisances des industries et de l’hygiène. Aujourd’hui, l’histoire se répète, mais cette fois-ci, la ville tourne le dos à son centre ville et au Palais de la Culture. Cela pourrait sembler être un pied de nez à Staline. Est ce que Varsovie déplacera son centre ville pour la troisième fois ?

Page de droite : 1 - Les berges de la Vistule réaménagées. Les espaces verts continus et la piste cyclable réconcile Varsovie avec le fleuve à une plus grande échelle. 2 - Vue sur le nouveau pont suspendu et le nouveau stade. Ces 2 architectures comptent parmis les nouvelles icônes de la capitale. 3 -Vue du toit de la bibliothèque vers le Palais de la Culture.

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4 - Le parvis du Centre Kopernik fait face aux nouveaux logements «Menolly». 5 - Des nouveaux commerces s’implantent et d’autre zones sont en devenir, comme ici l’ «Elektrownia». 6 - La bibliothèque universitaire offre une mixité fonctionelle avec un passage commercial couvert, un centre de jeux pour les enfants et un centre de conférence.


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LE MUSÉE D’ART CONTEMPORAIN Cas 3

Un modèle participatif ?

Le nouveau musée d'art moderne de la ville de Varsovie sera implanté sur la place des Défilés, en face du Palais de la Culture. Ce cas d'étude a été au départ motivé par sa position centrale et son image symbolique. Le Palais de la Culture a été offert par Staline au peuple polonais en 1955. D'architecture typiquement social réaliste, il voulait regrouper tous les styles polonais. Ce molosse au coeur de la ville est implanté à la croisée des 2 axes principaux structurant la ville. La place des défilés de dimensions inhumaines servaient aux grandes manifestations du régime communiste. En 1990, la place a accueilli un marché provisoire en pré-fabriqué ou l'on trouvait alimentation, vêtements, contrebande. Depuis cette époque la municipalité ne cesse d'organiser des concours, de dessiner des nouveaux plans pour cette zone sans jamais aboutir66. Aujourd'hui, l'endroit le mieux connecté reste un « trou noir » au coeur de la ville. La station de métro se limite à l'accès sous terrain, sans plus. 66 - WISNIEWSKA Weronika, Cahiers thématiques n° 8, Ecole Nationale Supérieure d’Architectuce et de Paysage de Lille, Les événements autour du Palais de la Culture et de la Science à Varsovie, p 33 à 39, 2009.

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Par manque de réalisation dans cette zone très stratégique, mon analyse s'est tournée vers la construction du musée d'art contemporain. L'implantation du musée est à l'angle Nord-Est de la place des Défilés. Le concours en 2008 a été remporté par Christian Kerez avec une architecture humble qui offrait un rapport fort à l'espace public. Le musée d'art moderne dessiné par l’architecte suisse Christian Kerez, devait être l'impulse au développement de la zone et ainsi motiver les investisseurs à construire sur la place. Le plan local devait ainsi s'adapter à la demande du marché. En février 2011, le chantier a été arrêté pour des raisons juridiques. Les ayants droit de deux parcelles ( environ 800 m2 en tout) se trouvant au milieu du chantier réclament leurs biens. La ville ne parvenant pas à trouver un arrangement a stoppé le chantier. Jusqu' à aujourd'hui, personne ne sait ce qu'il adviendra de la place des Défilés. Aujourd'hui la municipalité est en procès avec Christian Kerez et réclame 600 000 zloty (environ 150 000 euros) de dédommagements67. Pour l'architecte, c’est à la ville de prendre ses responsabilités et de travailler courageusement à l’élaboration de ce projet. En réponse à cela, la municipalité lui reproche de ne pas rendre la documentation à temps. La polémique est toujours, à l’heure actuelle en train d’évoluer. Tout le monde est conscient de l’importance de ce projet mais rien ne laisse présager une résolution. Dans le cadre de ce chantier, le musée d'art moderne avait ouvert un festival annuel en 2009 « Warszawa w budowie »/ «Varsovie en construction»68. Le festival a l'ambition de réunir les varsoviens et usagers de la ville autour de l'art et des questions qui l'animent. Ainsi, ce festival était la première pierre à l'un des rôles du musée qui a l'ambition d'éduquer les habitants à regarder leur ville et à y prendre position. Marcel Andino Velez, directeur adjoint du Musée m’a fait part lors d’une interview de ses inquiétudes face à la formation des élites et des urbanistes. Il a également souligné l’importance d’éduquer les varsoviens à ne plus se contenter du chaos et de prendre position pour le devenir de la ville. 67 - JARECKA Dorota, Gazeta Wyborcza, 17/05/2012, Kerez w Warszawie. Piecdziesiat segregratorow architekta MSN. 68 - WARSZAWA W BUDOWIE I - II - III . http://www.warszawawbudowie.pl/

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Vue aérienne 3km/3km Autour de la place des Défilés et du palais de la Culture.

Google Earth

Equipement public Espace vert public Espaces ouverts en friche

État avant 1990.

Dessin réalisé d’ après

une carte de 1985.

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Avant 1990, la Place des Défilés servait aux grandes manifestations du Parti. Le palais de la Culture (1) concentrait toutes les fonctions destinées au peuple. En (2), la Gare

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Centrale. En (3), les rues piétonnes destinées au commerce. A l’époque, les magasins étaient quasi vides.

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Emplacement du Musée d’Art Contemporain - MSN Stations de métro en construction

Aujourd’hui, la place des Défilés n’est sujette à aucun aménagement. Ses dimensions en font un «no mens land» au coeur de la ville. La station de métro et la gare rendent cette zone la mieux connectée. Les commerces font faillite dans les rues piétonnes, notemment à cause de la construction du mall «Zlote Tarasy» (1). En 2, l’emplacement temporaire du Musée.


Google Earth

Vue aérienne 1km/1km

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Le Musée d’art contemporain devait être le levier de cette zone. L’arrêt du chantier pousse à croire que Varsovie resterait la seule capitale qui doit construire son centre. Le Musée continue sa mission dans un petit bâtiment moderne à l’arrière du Palais. Avec le festival «Warszawa w Budowie», le musée tente de sensibiliser les varsoviens à la construction d’une ville pour tous et durable.

Axonométrie du projet de Christian Kerez pour le Musée. Deux blocs très géométriques ferment la place. Dans l’un se trouve le musée, dans l’autre des bureaux et des magasins.

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La zone autour du Palais de la Culture est très chaotique : des grues, des chantiers, des affiches publicitaires partout et des parkings sauvages. Les travailleurs, les habitants ou les touristes ne font que passer pour accéder à la gare centrale ou à la station de métro. Paradoxalement, l'endroit le mieux connecté, le plus fréquenté et le plus central semble « désert ». En ce qui concerne la mission du musée d'art contemporain, elle est louable et prouve la nécessité de l'implication de la société civile dans la construction de la ville. Les polonais semblent commencer à s’intéresser à leur ville et à son devenir. Des associations et des développeurs se mettent à collaborer main dans la main pour établir des projets pertinents. Ainsi, ensemble, ils se positionnent contre les pouvoirs publics et tentent de faire entendre leur vision. Juste derrière le musée, sur la place Grzybowski, une artiste avait exposé un brumisateur d’eau et autour de celui-ci du petit mobilier urbain. L’opération qui se voulait temporaire est restée à la demande du voisinage. Toujours à la demande des habitants, un concours a été lancé pour le réaménagement de la place. Aujourd’hui, la place est finie et constitue l’une des rares places de Varsovie où l’on peut trouver un banc, un carré de verdure et pas de voitures. Néanmoins, je note que l'abondance des associations rendent les démarches éclatées et indépendantes les unes des autres. Alors que ces associations existent depuis un petite dizaine d'année, aucune ne s'est professionnalisée. Le cercle des architectes tente de son côté de rédiger des chartes mais rien n'a changé depuis 20 ans.

Page de droite : 1 - La place des Défilés est un parking. 2 - Dans l’ancien magasin de meuble «Emilia», le musée d’art contemporain temporaire. 3 -Les espaces publics autour du palais ne sont sujets à aucun aménagement. Pour autant, ils disposent d’un énorme potentiel.

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4 -Place Grzybowski vient d’être réaménagée. Elle est l’une des rares places publiques à Varsovie qui n’est pas dédiée à l’automobile. 5 - La station de Métro «Centrum». 6 - Le centre en chantier.


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Piotr Barski

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SOHO FACTORY Cas 4

Un modèle de mixité ?

Ce cas d'étude a été choisi pour son implantation dans un quartier peu touché par la guerre, Praga. Depuis le début des années 2000, ce quartier suscite un grand intérêt, surtout dans les milieux artistiques. Le quartier Praga est dans sa partie nord, très dense avec un taux de chômage élevé tandis que la partie sud est industrielle. Soho Factory se trouve dans la partie sud. Il s'agit d'une réhabilitation du patrimoine industriel. Cette opération est une initiative privée. L'investisseur « Black Lion » / Rafal Bauer, a racheté le terrain en 2009 et a pris l'initiative d'en faire un centre culturel, récréatif et économique. Le terrain de 8 hectares de l'ancienne usine d'état s'est très vite transformé. Aujourd'hui il accueille de nombreuses expositions d'art, le musée des néons , le théâtre « Kolo », une salle de concert, ainsi qu'un restaurant, des espaces communs extérieurs et de nombreuses entreprises. A côté des corps d'usines rénovées, le propriétaire Rafal Bauer veut créer un « parc architectural ». « Le premier bâtiment de 11 étages : Rebel One dessiné par 69 - SZYMANSKA Izabela, Gazeta Wyborcza - Spacerownik, Soho Factory, Creative district in Warsaw, 24/05/2012.

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les jeunes architectes de Konkret et WWAA, est en cours de construction. Les logements disposeront d'un accès à une laverie commune et des espaces communs de réception ou de repos. »69 Au mois de mai 2012, tous les lots étaient vendus. Le prix de 1500 euros le m2 place cette opération parmi les moins chères du marché pour une situation si centrale. On peut estimer qu'avec son caractère industriel et populaire, Praga n'intéresse pour l'instant qu'une certaine classe sociale. « Le deuxième bâtiment de logements « Kamion Cross » entretiendra un lien plus fort avec l'histoire du quartier et proposera une typologie plus individualisée. Par exemple, chaque propriétaire pourra choisir les détails de sa façade. Ici, c'était le village Kamion et à la campagne, chacun a sa propre maison. » explique le développeur. Une crèche ainsi que des services de proximité sont prévus en face des logements. Le terrain est actuellement fermé avec un gardien à chaque entrée mais selon Rafal Bauer, le terrain sera ouvert au reste du quartier d’ici un an.

Marcin Garbacki - architecte – directeur de l'agence Projekt Praga qui collabore au phasage et à la rénovation, nous éclaire sur les processus de fabrication, les phases de cette opération ainsi que l'implication des pouvoirs publics face à cette opération. La zone est couverte par un plan d’urbanisme mais selon Marcin Garbacki, celui-ci fut plutôt un handicap qu’un atout. Les services d’urbanisme de la ville n’ont aucune conscience du potentiel de l’architecture industrielle et prévoyait de détruire les plus beaux corps d’usine. Par ailleurs, l’architecte nous éclaire sur la difficulté de penser, dessiner et projetter en relation avec le voisinage car celui-ci est très incertain.

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Vue aérienne 3km/3km Autour de Soho Factory. Le quartier Praga.

Google Earth

Equipement public Espace vert public Espaces ouverts en friche Soho Factory.

État avant 1990.

Dessin réalisé d’ après

une carte de 1985.

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Le quartier de Praga sud n’a pas été beaucoup touché par la guerre. C’était un quartier industriel. Le quartier est bien désservi par le train avec ses deux gares (1 et 2). Le grand équipement était le stade. En 5, le quartier de Saska Kepa reprend le modèle des cités jardins.

Equipement public Espace vert public Espaces ouverts en friche Port Praski, la prochaine zone en devenir.

Aujourd’hui, avec la construction du nouveau stade, ses abords ont été aménagés. Ce côté de Varsovie est peu fourni en équipement public. Le quartier n’a pas beaucoup évolué depuis 1990. Néanmoins, le potentiel foncier n’est pas à négliger.

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Google Earth

Vue aérienne 1km/1km

Soho Factory offre des musées et un théâtre au quartier. Néanmoins, on ne peut pas affirmer que l’opération a une influence sur le quartier. Le terrain est fermé et est pensé de manière introverti.

Axonométrie d’après le projet de l’agence WWAA. La mixité des typologies et des fonctions a l’ambition d’offrir une vie de village à ses habitants. Les deux immeubles d’habitations se mêleront aux bureaux, commerces, salles d’exposition et musée.

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En se promenant dans le quartier, j’observe que le potentiel foncier et la bonne connection de la zone représentent un atout certain. Néanmoins, la zone est moins dynamique que de nombreuses autres zones de la capitale. L’état des espaces publics, des bâtiments nous baignent dans une ambiance désolée. C’est un autre visage de la capitale qui reste méconnue de nombreux varsoviens. Soho Factory est un bon exemple de mixité et de construction de la ville sur elle-même. Les friches industrielles sont nombreuses à Varsovie. L’identification et l’exploitation de ces zones grises auraient certainement empêché le grignotage des espaces verts et limité le sprawl. A la lecture du projet, nous pouvons noter la difficulté de mettre en place un tel projet. Ici, l’investisseur privé semble consciencieux. Mais la quantité de fonciers disponibles dans la zone et le manque d’intérêt des pouvoirs publics laissent présager le pire comme le meilleur.

Page de droite : 1 - Le quartier de Praga Sud «Kamionek» 2 - Le quartier de Praga Sud «Kamionek» 3 - Les espaces communs de Soho Factory

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4 - Entrée de Soho Factory avec gardiens et identification. 5 - Les espaces communs de Soho Factory 6 - Le Teatr Kolo.


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MarchĂŠ sur la rue Grochowska. Quartier de Praga.

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Les abords du nouveau stade. Quartier Saska Kepa.

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CONCLUSION

L’emblême de Varsovie, la sirène.


CONCLUSION

Nous avons dans cette étude tenté de pointer les incohérences et les dangers de ce néo-libéralisme varsovien de l’époque de transition mais aussi d’en tirer les potentialités. Depuis 20 ans, le boom de cette urbanisation spontanée n’a pas intéressé les pouvoirs publics. Ils ne participent pas à la construction d’une ville durable. L’année 2002, avec le changement de statut de Varsovie, n’a rien changé aux modes de productions spatiales. J’avancerais même que la situation s’est empirée. La munipalité a rendu encore plus de terrains constructibles, tout en niant complètement sa structure d’espaces ouverts. La variété des bâtiments en hauteurs, en couleurs et en formes ou encore l’inondation de publicités ne me semblent pas être ce qui fait le chaos. Pour ma part, si l’on compare à Tokyo, j’ai le sentiment que ces diversités et cette vie sont plutôt signe d’évolution (à l’image d’un organisme vivant)et de mixité possible. En revanche, l’échelle macro , celle qui concerne la structure de toute la ville me semble être un danger pour le futur. Sans une vision forte des pouvoirs publics, la ségrégation spatiale deviendra un problème bien plus tôt qu’on ne le croit. Il ne faut plus parler de Varsovie dans ses limites administratives, mais avec l’étendu du sprawl, il est important de reconsidérer la ville dans d’autres limites. Une échelle métropolitaine est à définir.

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L’augmentation du pouvoir d’achat des classes moyennes et les complications juridiques au sein des limites du décret de Bierut ont favorisé le sprawl. Celui-ci rend difficile toute planification d’un réseau de transports en commun accessible par tous. La persévérence de la municapilité à laisser construire des supers ilôts mono-fonctionnels, des grandes surfaces commerciales ou des mini villes fermées cloisonne la ville et pousse au tout voiture. Dans ce cas, nous avons pu observer le long de cette étude que la municipalité ne saisit pas le potentiel de ses investissements publics comme levier au développement d’une mixité ou de nouveaux districts. Le manque de construction de logements pour la classe à faible revenu va également engendrer rapidement une crise du logement. Varsovie nie son passé communiste en détruisant son patrimoine mais a nié totalement son histoire urbanistique si l’on regarde la perte de la structure en étoile. Par contre, on observe qu’elle conserve une vision passéiste en se cantonnant à la ville historique et à l’axe Royal. En ne se préocupant que d’une infime partie de la ville, les pouvoirs publics rejettent tout ce qui sera la ville de demain en la nommant « banlieue ». Cette vision de la ville ne permettra pas de faire jouer la carte du glamour afin d’attirer une nouvelle classe, notemment la classe créative. Les touristes internationaux ont envie de voir de l’histoire mais aussi de la nouveauté. Dans Varsovie, il n’y a pas un gramme de créativité. Les sens ne sont éveillés que par ce qui fait le passé, les pages sombres de la ville mais pas par la nouveauté. Les touristes et les polonais veulent voir la nouvelle image de la Pologne. Pour l’instant, la nouvelle image, ce sont les centres commerciaux, les églises et les pavillons badigeonnés de publicités. Le manque de lectures, d’analyses et de chiffres concernant la ville empêche d’en tirer les potentialités. En ce sens, la première étape serait la formation des élites, des urbanistes et des architectes. Mais également l’ouverture aux expériences d’autres villes et d’experts internationaux. Varsovie a du potentiel, mais la première étape est de l’identifier, le comprendre et le décrire. Les interviews nous ont précisé une lacune dans ce domaine.

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A la fin de cette étude, j’ai tenté d’extraire des opérations exemplaires. Je remarque néanmoins la fragilité de celles-ci à devenir des modèles. De manière générale, le bilan reste alarmant quant au devenir de la capitale de la Pologne. Si Varsovie ne se dote pas d’une forte vision urbaine ou d’un pouvoir public puissant et clair, la capitale polonaise sera rapidement détrônée du ranking des villes d’Europe centrale les plus favorables aux investissements. Mais également, elle deviendra rapidement invivable pour ses habitants. Le point le plus postif de cette analyse sur une vingtaine d’années est la prise de conscience de la société civile. En ce sens, j’observe une fenêtre aux changements. Je me tourne alors vers Bernardo Secchi pour entrevoir un lendemain optimiste à Varsovie. Il est grand temps que les urbanistes et les architectes créent les images de cette «nouvelle capitale». Avec déontologie, humilité et responsabilité, nous devons, ensemble, construire les nouveaux mythes de Warszawa.

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« … l'urbanisme est écriture épique et polyphonique transcendant la contingence dans laquelle une époque s'exprime à travers ses différentes voix. L'urbaniste, plutôt que producteur de projets à contenu technique de qualité, est créateur d'images, de récits, de mythes. Les mythes et les images ne sont pas des fantasmes ; ils assemblent les attentes les plus fortement enracinées dans la culture des lieux et de leurs habitants ; ils fondent des jugements et des valeurs ; ils guident des comportements individuels et collectifs en unifiant l'interaction sociale et en la rendant possible. Les mythes et les images sont des formes de conception d'un futur possible qu'ils cherchent à anticiper. Les proposer exige un sens très élevé de la responsabilité, une déontologie particulière »

SECCHI Bernardo, Première leçon d'urbanisme, p144, Ed. Parenthèses, 2000. -189-


ANNEXES



DE L’EFFICACITÉ DES OUTILS Annexe 1

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+ Interview 1 Sud architecte- agence d'architecture et d'urbanisme française implantée en Pologne depuis 2000. (Nicolas Roques / Directeur – Architecte + Jocelyn Fillard - Architecte Associé -

# Il y a les outils règlementaires la WZ et le MPZP. Par rapport à la France, où les règles urbanistiques sont très strictes, que pensez-vous de ces 2 outils ? J.F : La juridiction en terme d'urbanisme n'est pas complète et les investisseurs privés l'utilisent. Quand vous voulez faire un bâtiment de bureaux, de logements ou un petit bâtiment de commerce ; vous déposez une WZ, il suffit d'avoir les connexions, en gros les gabarits, et c'est accepté. Mais l'architecture et l'esthétique, on s'en fout ! Alors qu'en France, le permis de construire juge exclusivement l'esthétique du projet et la façon dont il s'intègre dans la ville. Parce qu'il y a des PLU (Plan Locaux d'Urbanisme) avec des règles très précises d'urbanisme. Alors oui, il y a les MPZP qui sont en train de se faire. Mais dedans, le maximum qu'on a sur l'esthétique ce sont des limites de constructions, de façades, de densité. Mais ce ne sont que des chiffres. Il n'y a pas de vision architecturale. Les affectations du sol sont indiquées mais encore une fois, on se demande comment c'est établi. On a l'impression qu'ils jettent des dés sur la table. L'affectation semble très arbitraire. On sent que c'est le propriétaire du terrain qui est allé voir la mairie et qui a dit « sur mon terrain, je veux du commerce! ». # Et qu'en est-il des outils de planification ? N.R : Pour moi, il n'y a pas de vision urbanistique de la ville de Varsovie. C'est simple. C'est un manque politique, oui. Les projets poussent comme des champignons mais pas de vision. Quand vous voyez que la ville sort un plan comme à Wilanow, une cité dortoir ! Les seules activités « culturelles ou sociales », c'est l 'église ou les centres commerciaux ! Il n'y a

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aucune réflexion sur la mixité. En conclusion, en 15 ans la Pologne a énormément évoluée mais à 98% de l'initiative privée. Il n'y a pas d'impulsion publique, on demande tout à l'investisseur privé. Mais si vous les laissez faire, ça donne l'image que vous voyez. J.F : Mais attention, il ne faut pas diaboliser les investisseurs privés parce que je persiste à dire que, comme à Varsovie, quand les politiques de la ville sont défaillantes, ce qui se fait de mieux est sous l'impulsion d'investisseurs privés. N.R : Oui mais il n'y en a que 10% qui construisent comme il faut. # N'y a -t-il pas de partenariat public-privé ? N.R : Il n'y a pas de dialogue. Pour moi, des grands projets comme à Valence ou à Lyon confluence ne se font qu'avec une vraie concertation. La ville et le partenaire privé sont égaux. Ils réfléchissent ensemble et se respectent. Ils se comprennent et résolvent les problèmes ensemble. Ils présentent les projets ensemble. Ici, jamais on a eu ça !

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+ Interview 2 Employé du bureau d'urbanisme de la ville – Anonyme

# Comment se passe la collaboration entre le bureau de la municipalité et les bureaux privés ? Cela crée une concurrence c'est vrai. Ici, nous nous occupons surtout des cas complexes juridiquement parlant, à cause des re-privatisations. Il n'y a pas un organe qui supervise le travail des plans fait ici et ceux sous-traité. On délimite des zones et chacune d'entre elle est travaillée sans coordination. # Stefan Starzynski employait 400 personnes au sein du bureau en 1930. Qu'en est-il aujourd'hui ? Combien de temps pour établir un plan? Actuellement nous sommes 40. Nous avons beaucoup de travail. Ce qui prend énormément de temps ce sont les problèmes juridiques. Une fois cela réglé, les plans se décident assez vite. Mais les lenteurs engendrent un autre problème. Par exemple, un plan pour Zoliborz vient d'être ratifié mais il a été travaillé durant 13 années. Autant dire, que l'on peut déjà en faire une « up-date ». # Comment se passe le lien entre le plan directeur et l'élaboration des plans ? Le studium a été ratifié relativement tard, en 2006. Donc il n'y a pas très longtemps. Mais selon moi, ce document a des points positifs. C'est par exemple le premier essai à Varsovie et je crois même en Pologne où l'on a tenté d'introduire des normes. Par exemple, un nombre de mètres carrés d'espaces verts par habitants. Mais concrètement, les plans ne répondent pas à ces normes. Car Varsovie n'a pas suffisamment d'argent pour la planification. Car si la ville planifie qu'il faut un parc ou une école, elle doit racheter le terrain aux proprié-

taires. -195-


# Quel financement pour les plans ? Tout est financé par le budget de la ville. L'Etat n'entre pas dans le budget. Il y a eu des propositions d'avoir un financement par l'Etat car c'est tout de même la capitale du pays mais rien n'a abouti. Il y a également des contributions européennes mais je ne sais pas à combien elles s'élèvent et comment elles sont réparties.

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+ Interview 3 Forum Rozwoju Warszawy, organisation à but non lucratif / Arkadiusz Jerzak – Président et Patryk Zaremba – Trésorier . # Aujourd'hui, le marché de l'immobilier semble tout contrôler. Comment intervenez vous dans ce contexte ? C'est un lobby incroyablement important ! Ils décident de tout. Le cercle des urbanistes est très petit. Ils ont essayé de faire des propositions pour changer les lois sur l'aménagement territorial. Mais cela n'a pas abouti. L'argument typique est qu'il ne faut pas limiter les activités économiques sur le marché de l'immobilier. Donc nous, à notre échelle, on informe les gens, les habitants et on les aide à porter leur voix lors des consultations publiques pour l'élaboration des plans. On suit leur élaboration de très près. On communique énormément dans les médias et sur le net au sujet des plans, de ce qui se passe dans le centre ville aussi. On effectue des mini monitorings sur l'évolution de certains quartiers. On organise des promenades.

# Et les WZ ? Est-ce que c'est un bon outil ? Au départ, cet instrument a été créé temporairement pour dégeler les terrains et les investissements. On observe néanmoins qu'il est devenu l'outil principal de planification. Pour nous, c'est le manque de rigueur d'établissement des plans et la délivrance de WZ qui mènent au chaos. Le plan directeur (studium) n'a aucune valeur règlementaire. De nombreuses autorisations « WZ » ne suivent aucunement les exigences du plan directeur.

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QUATRE CAS D’ÉTUDE Annexe 2

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+ Interview «Cas d’étude 1 : Miasteczko Wilanow». Michal Birecki : Architecte chez F.B.T. L'agence a réalisé plusieurs immeubles de logements à Miasteczko Wilanow. Elle est implantée en face du site. Ainsi, il a suivi cette opération dès le départ. Interview réalisée en polonais, dans le cadre d’un stage dans le bureau durant l’été 2010. Extraits choisis. # Pouvez-vous me décrire brièvement le projet urbanistique? Le projet a été dessiné par Guy Perry, Investment Environments. C'est ici un réel morceau de ville qui a été construit dans les champs. Il y a quelques années, il n'y avait rien ici. Sinon rien de bien innovant. C'est une trame de bloc avec des rues plus importantes et des rues secondaires. On a dessiné plusieurs blocs d'habitations avec l'agence. Pour cela nous avons reçu des typologies types de la part des urbanistes. Le projet se construit en deux phases. La première est celle du logement. La deuxième sera consacrée aux bureaux et au commerce avec la construction d'un shopping mall. Par rapport à d'autres projets de logements qui se construisent à Varsovie, je trouve que dans ce quartier, il a un soucis apporté aux cyclistes et aux piétons plus grands. Les partages des voiries sont claires. Il y a un petit parc, qui se limite plus à des bassins de rétention d'eau afin de protéger le quartier d'inondations qu'à un réel espace de promenade pour les habitants. # Selon vous, quelle est la qualité ou au contraire les défaut de ce projet ? La qualité est le calibrage des blocs au R+3 et ponctuellement R+4 sur toute l'opération. On voit beaucoup à Varsovie des molosses sortir du sol pour une question de rentabilité. Aucune règle n'empêche cela. Dans le cas de Wilanow, cette règle des gabarits est très positive. Cela est également dû à la proximité du château. Je pense que si il n'y avait pa les règlementations des conservateurs, les gabarits auraient été bien plus haut. Mais le défaut est certainement le manque d'infrastructures. Ils doivent prendre leur voi-

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ture pour un simple pot de crème fraîche, mais aussi pour conduire les enfants au football ou à l'école. # Que prévoit-on pour le Miasteczko Wilanow demain ? Il devrait y avoir un collège, une école primaire et un centre commercial. Je pense que rien de plus pour l'instant. En tous cas, pas à ma connaissance. # Pensez-vous que le plan local a été un atout pour ce projet ? Je ne sais pas. Je n'ai en tout cas pas ressenti une influence particulière. Nous travaillons sur des parcelles délimitées où les gabarits étaient fixés auparavant.

# Est-ce que ce type d’opération peut être une alternative au sprawl et au développement de la maison individuelle? Pour être une alternative au sprawl, ce type d'opération devrait être extrêmement contrôlé au niveau des connexions aux transports en commun. On est obligé de prendre sa voiture pour tout. Alors pour être dans les bouchons, autant habiter dans une maison avec un jardin. L'autre facteur est le facteur économique. C'est un quartier historique et prestigieux. Les prix des logements sont élevés. Et là aussi, c'est plus intéressant d'habiter dans une maison en périphérie.

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+ Interview «Cas d’étude 2 - Powisle»

Forum Rozwoju Warszawy - Jerzak Arkadiusz et Zaremba Patryk .Association à but non-lucratif, créée en 2007, leur but est de développer une vision d’un développement durable pour la capitale. Interview réalisée en février 2011 en polonais. Durée 5h- Visite de la ville, rencontre de plusieurs membres et interview. Extraits choisis. # La construction de la bibliothèque ainsi que du Centre Kopernik a déclenché une dynamique dans le quartier. Qu’ont généré les investissements publics sur la production privée ? Il y a eu la construction des blocs de logements « Menolly » mais c’est très cher et les promoteurs n’ont pas encore tout vendu. Sinon, le quartier est très prisé car il y a des anciens bâtiments (kamienica). Ce qui donne le plus de vie, c’est la proximité avec l’université. Il y a beaucoup de cafés, de restaurants; de bars qui se sont ouverts par ici. Ils animent plus les rues que toutes les banques que l’on voit ailleurs. Dans les autres quartiers, on ne retrouve plus cette ambiance de village « atmosfera miejska ». Peu de gens se promènent en dehors des galeries marchandes et les petits commerces font faillite. Il ne reste plus que les banques qui ont le moyen de se payer les loyers centraux. On observe ces dernières années, une multiplication incroyable de banques. # La volonté des pouvoirs publics dans le plan directeur est d’introduire des centralités secondaires. Peut-on considérer cet endroit comme un tel centre ? Et une zone de mixité ? Oui complètement. Il y a encore pour l’instant un équilibre dans ce quartier car il y a encore beaucoup d’anciens logements communautaires. Ces varsoviens de souche vieillissent mais leur habitude est de se déplacer en bus et de faire les courses au marché ou au petit magasin

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« sklepik ». Alors même si de nombreux cafés et restaurants ouvrent, il y a l’autre côté aussi. La population vieillissante revend ses appartements. Les nouvelles générations vont dans les centres commerciaux. Je ne sais pas comment cela va évoluer. # Selon vous, quel est la qualité ou au contraire le défaut de ce projet ? Il y a de la gentrification et une relégation des classes les plus pauvres en dehors de la ville. Mais au moins, dans ce quartier c’est dynamique et la municipalité ne permet pas trop d’excès en terme de gabarits ou de clôture car il y a la proximité avec la vieille ville dont le skyine est protégé par l’Unesco. # Comment le quartier sera demain ? Le quartier va encore énormément évoluer dans les prochaines années. Mais surtout, ce qui va dynamiser le quartier, c’est l’arrivée du métro. Il devrait être inauguré pour l’Euro de football mais il aura du retard. Cette station et la suivante à Praga vont unir les deux rives.

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+ Interview «Cas d’étude 3 - Le musée d’Art Contemporain» Interview Marcel Andino-Velez – Directeur Adjoint du Musée d’art moderne. Interview réalisée en juillet 2012 en polonais. Durée 1h. # Pouvez vous m’expliquer le but du festival « Warszawa w budowie » ? Le festival est né avec l’idée du nouveau musée situé sur la place des Défilés, juste en face du Palais de la Culture. On désire que le musée soit un lieu d’exposition mais également un lieu de rencontres, d’échanges des habitants avec leur ville. Le festival travaille depuis 2009 autour d’une thématique différente chaque année. On organise des expositions, des cycles de conférences, des interventions artistiques dans la ville, des événements où les habitants peuvent prendre part. Nous voulons que le musée joue son rôle éducatif au mieux. Nous aidons les varsoviens à comprendre leur ville et les enjeux qui y ont lieu. # Dans la dernière édition, il était question de la participation. Alors que les années 90 était forgées uniquement par la volonté individuelle, Est-ce que l’implication des varsoviens a évoluée ? Comment l’avez-vous observé ? Oui, les mentalités changent, c’est certain. C’est aussi une question de générations. Les jeunes trentenaires ont fait leurs études dans un pays libre. Ils voyagent. Ils sont attachés à leur ville et s’implique beaucoup plus qu’il y a vingt ans. Mais ce n’est que le début. Nous l’avons observé avec l’abondante fréquentation lors des expositions et des conférences. Mais nous l’observons aussi au quotidien. Il y a de nombreuses associations qui se créent, qui informent, défendent ou projettent. Ce sont des mouvements très dynamiques. Dernièrement, sur un chantier juste derrière (en montrant la rue Swietokrzyska), une de ces associations s’est uni avec le développeur pour faire changer le plan dessiné par la municipalité. Même le développeur s’est plus soucié du bien-être des habitants que les fonctionnaires.

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# Lors de mes recherches, je relève un manque d’espaces publics et aucune volonté des pouvoirs publics en ce sens. Est-ce que des interventions artistiques peuvent animer, dynamiser et changer ce manque ? Comment le musée collabore t-il avec la municipalité pour ce genre d’interventions ? Oui bien sûr, les interventions artistiques vont dans ce sens. Nous participons beaucoup à ce genre d’interventions. La municipalité nous supporte en ce sens. Mais ce n’est pas forcément pour les bonnes raisons. Elle le fait en pensant que cela suffit à résoudre tous les problèmes. Donc, elle voudrait en faire partout. Mais soyons honnêtes, il faut aussi des décisions et des restructurations plus fortes.

# Comment décririez vous le quartier du centre ? Le centre se résume à un immense chantier. On détruit, on reconstruit. Il suffit de regarder autour. Le paysage change tous les trois mois. Le soucis, c’est qu’il n’y a pas d’urbanité, de commerces comme dans les autres centres villes d’Europe. Selon moi, la grande cause de ceci est la construction de quatre grands shopping malls dans le centre. Les petits commerçants ne survivent pas. Là aussi, c’est à la municipalité de prendre position et de savoir quel genre de ville construit-on ? # On lit dans la presse que le chantier du musée a été arrêté pour des raisons juridiques. Qu’en est-il réellement ? C’est vrai malheureusement. Je n’ai pas grand chose à rajouter. Il y a le problème lié à une re-privatisation. C’est un fausse excuse. La municipalité s’est rétracté car elle n’est pas capable de gérer un projet si ambitieux. Le projet de Kerez est magnifique et serait une magnifique opportunité pour la ville mais les pouvoirs publics sont juste mauvais.

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# Alors ne faut-il pas éduquer les décideurs et les planificateurs? Que pensez-vous de la formation des architectes et des urbanistes en Pologne ? Les urbanistes sont un tout petit cercle. Ils pensent à l’ancienne et en ce qui concerne les architectes, ce sont les premiers fautifs du chaos urbain qu’il y a en Pologne. Ils n’ont aucune conscience ou prise de position. Ils obéissent aux développeurs. # Quelle sera la prochaine thématique du festival à l’automne 2012 ? La prochaine thématique concernera l’affichage sauvage et extrême de publicités qu’il y a dans la ville. C’est un sujet qui touche beaucoup d’habitants. C’est un sujet où l’on se sent facilement concerné car c’est la vie de tous les jours.

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+ Interview «Cas d’étude 4 - Soho Factory»

Marcin Garbacki - architecte – directeur de l’agence Projekt Praga qui collabore au phasage et à la rénovation, nous éclaire sur les processus de fabrications, les phases de cette opération ainsi que l’implication des pouvoirs publics face à cette opération. Interview réalisée en juillet 2012 en polonais. Durée 45 minutes.

# Comment est né l’agence « Projekt Praga » ? Le bureau est né quand avec mon associé Karolina Tunajek, on s’est rendu compte qu’il n’y avait pas de lieu où les jeunes architectes ou les artistes pouvaient s’installer. Nous avons donc commencer à investiguer à Praga car il y avait de nombreuses usines en friche. Après avoir trouvé un bâtiment sur la rue Grochowska, on a engagé un dialogue avec les habitants afin de les faire participer à ce nouveau projet. Malheureusement, le projet est tombé à l ‘eau. Nous avons continué nos vies puis trois ans plus tard Monsieur Bauer nous a contacté pour travailler sur son projet « Soho Factory ». # Projekt Praga, votre agence, est née avec la volonté de dynamiser le quartier et d’entretenir une forte participation des habitants locaux. J’ai été surprise de voir que le terrain est clôturé ? Pour l’instant, mais avec le temps, le quartier se rénovera, changera. Dans quelques années, on veut que les terrains deviennent des espaces ouverts à tous. # Quelle est l’ambition de « Soho Factory » ? De construire la ville sur la ville. D’établir des programmes mixtes et ouverts à tous.

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# Est-ce que le terrain de Soho Factory est couvert par un plan local d’urbanisme ? Est-ce que cela facilite ou complique la conception architecturale ou urbanistique ? Oui, il y a un plan pour la zone. Je dois dire que cela facilite souvent le travail car avec une « WZ », vous pouvez faire dix demandes sans jamais savoir ce que les services d’urbanisme accepteront. J’ai par exemple, un petit chantier qui pourrait être finit depuis longtemps mais n’a jamais commencé car je ne comprends pas les urbanistes de la ville. Pour Soho, finalement d’avoir un plan (MPZP) a compliqué un peu les choses car le plan voulait détruire les plus beaux corps d’usine et conservait les hangars sans intérêt. Il nous a fallu refaire des relevés, redessiner un plan et convaincre les pouvoirs publics que c’est mieux ainsi. # Le site est très bien situé. A proximité de la gare Wschodnia rénovée pour l’Euro de football, du nouveau stade, du futur quartier de Port Praski. Est-ce que vous prenez en compte ces paramètres dans votre conception ? Pas vraiment. Le stade, vous l’avez vu, les aménagements des espaces publics se limitent à une étendue d’herbe et un parking. Il n’y a que du flux les soirs de match. Pour la Gare Wschodnia (gare de l’Est), c’est bien pour les habitants et la rénovation de l’architecture est de qualité. Mais encore une fois, la réflexion sur les espaces publics est nul. Et le Port Praski, ça fait dix ans que le chantier doit commencer et rien. Alors on devrait penser des relations avec le voisinage mais avec cette incertitude, on ne

peut pas. # Soho factory est la première rénovation industrielle de cette échelle à Varsovie. Est-elle un modèle ? Y en a-t-il d’autres depuis ? Il y a également « Fabryka Trzciny » qui est un centre artistique. Dans le centre ville, une autre usine plus petite est en train d’être rénovée. On s’influence les uns les autres.

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# Comment voyez-vous le quartier de Praga et de manière plus général la ville de Varsovie demain ? Varsovie doit se reconstruire sur elle-même avant de s’étaler. Pour le quartier de Praga, la construction de la ville sur la ville est peut-être plus simple car le quartier n’a pas beaucoup été touché par la guerre. La trame des rues et les gabarits sont plus à échelle humaine que ceux construits par les communistes.

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BIBLIOGRAPHIE



LIVRES

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gregratorow architekta MSN. -POREBSKA Ewa , Architektura Murator, mensuel, Centrum Nauki Kopernik w Warszawie, n°207 - 12/ 2011, p 44 à 71. -SZYMANSKA Izabela, Gazeta Wyborcza - Spacerownik, Soho Factory, Creative district in Warsaw, 24/05/2012.

ARTICLES SCIENTIFIQUES

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INTERVIEWS

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-ANDINO-VELEZ Marcel – Directeur Adjoint du Musée d’art moderne. Interview réalisée en juillet 2012 en polonais. Durée 1h. -BIRECKI Michal : Architecte chez F.B.T. L'agence a réalisé plusieurs immeubles de logements à Miasteczko Wilanow. Elle est implantée en face du site. Ainsi, il a suivi cette opération dès le départ. Interview réalisée en polonais, dans le cadre d’un stage dans le bureau durant l’été 2010. -FORUM ROZWOJU WARSZAWY - Jerzak Arkadiusz et Zaremba Patryk .Association à but non-lucratif, créée en 2007, leur but est de développer une vision d’un développement durable pour la capitale. Interview réalisée en février 2011 en polonais. Durée 5h- Visite de la ville, rencontre de plusieurs membres et interview. Employé du bureau d’urbanisme de la ville – Anonyme. Discussion informelle de 2h en polonais. -GARBACKI Marcin - architecte – directeur de l’agence Projekt Praga qui collabore au phasage et à la rénovation, nous éclaire sur les processus de fabrications, les phases de cette opération ainsi que l’implication des pouvoirs publics face à cette opération. Interview réalisée en juillet 2012 en polonais. Durée 45 minutes. -KRYSIAK Sébastien , Directeur marketing Castorama Polska (2004-2010), Interview réalisée en français, en mai 2012. -NIKLEWSKA Jolanta, Conservateur en chef du musée de l’histoire de Varsovie, réalisé le 29 juin 2012 à Varsovie en Polonais- durée 3h, présentation des cartes puis échanges. -PISARSKA Izabela, Exploitante d’un potager urbain depuis 7 ans. Rencontrée lors de ma visite du potager de Saska Kepa. Interview de 30mn. Juin 2012. -STASZNIKIS Magdalena, Professeur à Polytechnique de Varsovie en urbanisme et Urbaniste. M. Stasznikis a publié de nombreux articles sur le devenir de Varsovie, ville postsocialiste. Interview d’1h30 réalisée à Varsovie le 3 juillet, en polonais -SUD ARCHITECTES Bureau d’architecture et d’urbanisme français implantée en Pologne depuis 2000 : Nicolas Roques / Directeur – Architecte + Jocelyn Fillard - Architecte Associé - Interview réalisée en janvier 2012 - En français - Durée 1h.


DOCUMENTS OFFICIELS

-MIASTO STOLECZNE WARSZAWA, Strategia rozwoju miasta stolecznego Warszawy do -MIASTO STOLECZNE WARSZAWA, Strategia rozwoju, 1997. -MIASTO STOLECZNE WARSZAWA, Studium uwarunkowan i kierunkow zagospodarowania przesczennego, 2006. roku 2020 – 24/11/2005.

SITES INTERNET www.forumrozwoju.waw.pl/ www.warszawawbudowie.pl/

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