Qu’attendre de la recherche pour éclairer l’action publique ?

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Les parties suivantes du rapport s’adressent aux chercheurs, acteurs de l’action publique et financeurs qui s’engagent dans une démarche volontariste de promouvoir des liens entre la recherche et l’action publique. Sans prétendre à l’exhaustivité, elle puise dans la littérature différents modèles, outils, démarches dont les acteurs peuvent se saisir. Nous mobilisons ici particulièrement les travaux de recherche portant sur l’utilisation des évaluations dans le champ de l’action publique. L’évaluation (qu’elle ait recours à des méthodes de recherche ou non) ayant pour objectif explicite d’éclairer l’action publique, l’étude des usages constitue un champ d’investigation prolifique dans ce domaine. À partir des éléments précédents, nous proposons ici une analyse plus précise de ce qui peut constituer un usage de la recherche pour les politiques publiques ainsi que des conditions favorables ou défavorables à ces usages.

3.1. Quels usages de la recherche ? Il est difficile de trouver une définition de l’usage de la recherche, la plupart des travaux se concentrant sur les types d’usage, la façon dont la recherche est ou non utilisée, ou les conditions de l’utilisation. 3.1.1. Proposition de définition des usages de la recherche : détour par l’évaluation

Nous proposons ici de nous appuyer sur la définition de l’usage des évaluations par Alkin et King (2017), qui comprend cinq facettes (figure ci-dessous). L’usage de la recherche serait alors constitué de : •

Un stimulus : des résultats de recherche, ou le fait de participer à un projet de recherche ou de transfert de connaissances ;

Touchant des utilisateurs : visés directement, d’autres parties prenantes d’un même système de décision, ou d’autres encore, pouvant influencer des décisions ;

Selon un type d’influence : la recherche pouvant être une influence dominante, une parmi d’autres, ou agissant de façon cumulative en confirmant des constats précédents ;

À propos d’aspects de l’intervention ou du thème d’intervention concernés : qu’il s’agisse d’éléments relatifs au cycle des politiques publiques (la définition du problème, de solutions, etc.), ou bien au dévoilement de la fabrique de l’action publique, de la construction des objets d’intervention, des jeux de pouvoir sous-jacents, etc. ;

Pour un objet donné : la prise de décision, mais aussi le fait de faire évoluer les attitudes sur un sujet, de soutenir des actions déjà mises en œuvre, ou de construire de la capacité individuelle ou organisationnelle.

Avec cette définition, Alkin et King reprennent à leur compte la distinction entre usages instrumentaux, conceptuels et persuasifs des évaluations et de leurs processus (Leviton et Hughes 1981 ; Patton 1997 ; Stockmann 2013 ; Weiss 1999) : •

L’utilisation instrumentale décrit les usages directs de l’évaluation, par exemple l’application de recommandations ;

L’utilisation conceptuelle renvoie à la façon dont l’évaluation peut changer les cadres de pensée, la façon d’envisager un enjeu, la hiérarchie des problèmes, jusqu’à potentiellement reconfigurer le débat autour des politiques publiques. Pour Weiss, la 31


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