A N A LY S E
Comment libérer tout le potentiel de l’accompagnement technique Marnix Mulder, Directeur pour le développement des marchés, Triple Jump
Étoffer la boîte à outils de l’accompagnement technique (AT) constitue une opportunité extraordinaire de contribuer, avec un impact déterminant, à accélérer la réalisation des objectifs de développement durable (ODD). Le potentiel de création de valeur de l’AT peut être concrétisé par l’adoption d’une approche systémique du développement des marchés, mais aussi en investissant dans la gestion des talents et des résultats et, plus particulièrement, dans la collaboration sectorielle et l’apprentissage collectif.
UN ARTICLE DE MARNIX MULDER Avec plus de vingt ans d’expérience dans le financement du développement et le conseil sur les marchés naissants, Marnix Mulder est un spécialiste de l’inclusion financière dans les stratégies de développement des marchés. Chargé de la conception et de la mise en œuvre de ce type de programmes chez Triple Jump, il a incubé de nombreuses initiatives financières innovantes, renforcé les capacités de prestataires de services financiers et structuré des écosystèmes.
D
évelopper le potentiel de transformation propre à l’entrepreneuriat représente une stratégie essentielle pour contribuer à l’atteinte des ODD dans les pays en développement. L’investissement d’impact apparaît à cet égard comme le plus à même d’impulser cette transformation. Ses promoteurs – dont le réseau GIIN (Global Impact Investing Network) – rêvent d’un monde où les considérations d’impact seraient profondément ancrées dans le secteur financier. Ils militent en faveur de produits plus attractifs pour les investisseurs, mais aussi pour davantage de standardisation et de transparence afin de permettre au marché de l’investissement d’impact de monter en puissance1. Un facteur décisif est trop souvent négligé : les entreprises axées sur l’impact ont besoin de marchés dynamiques et inclusifs, porteurs de projets dans lesquels il leur soit possible d’investir. En l’absence de capacités d’absorption du capital
disponible pour l’investissement d’impact, on pourrait vite en arriver à des situations d’impact washing (comme on parle de green washing). L’investissement d’impact a gagné en popularité et connaît une croissance régulière2. Pour autant, la base d’actifs sous-jacents pour ce type d’investissements est encore relativement peu étoffée sur les marchés émergents, et très orientée vers des secteurs comme les services financiers (29 %), l’énergie (23 %) et la microfinance (12 %). Il a fallu plus de trente ans et des subventions d’un montant global significatif pour amener le secteur de la microfinance à son niveau de maturité actuel3. Nous n’avons pas trente années de plus devant nous pour développer les marchés de l’investissement à impact, et notamment dans les mini-réseaux électriques, l’accès à l’eau, l’assainissement ou encore la biodiversité. Comment, dès lors, amplifier la création de valeur qui caractérise l’accompagnement technique pour accélérer la montée en puissance de nouveaux marchés de l’investissement d’impact ?
1 Voir la feuille de route 2018 du GIIN, Roadmap for the Future of Impact Investing: Reshaping Financial Markets - https://cutt.ly/dTybA0J. 2 Voir notamment le rapport 2020 de l’enquête du GIIN auprès des investisseurs d’impact, 2020 Annual Impact Investor Survey – https://cutt.ly/ lTynFB5. 3 The impact investor’s handbook: Lessons from the World of Microfinance, sous la direction de Paul Cheng, Charities Aid Foundation CAF Venturesome: Market Insight Series, 2011 – https://cutt.ly/0Tyn5Rj
12