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Publi-communiqué de la Fondation des mers australes
Ci-dessus : navire de la Sapmer, le Mascareignes III est un palangrier à la légine opérant dans les eaux de Crozet et Kerguelen.
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ÉVALUER LES STOCKS HALIEUTIQUES, UNE CONDITION ESSENTIELLE À L’EXPLOITATION DURABLE DES RESSOURCES
La pêche australe s’exerce au sein de la Réserve naturelle nationale des Terres australes françaises, l’une des plus importantes aires marines protégées au monde. En cohérence avec leplan de gestion de la Réserve, l’évaluation des stocks exploitées dans ces eaux est un élément indispensable pour guider la gestion durable et responsable des pêches.
Évaluer un stock halieutique consiste à examiner le niveau exploitable d’une ressource – légine, langouste... – dans une zone donnée. Cette « photographie » du stock fournit aux gestionnaires des TAAF un point de repère essentiel pour adapter les mesures à prendre – quotas de pêche, taille minimale des prises pour préserver les juvéniles... – le but étant de s’assurer que la pression de pêche n’affecte en rien la capacité de reconstitution naturelle de l’abondance des stocks. Cet objectif imposé à la pêcherie australe vise à protéger la biodiversité marine et, d’un point de vue économique, apporte aux armements une visibilité à long terme de leur activité.
Évaluer un stock halieutique n’est cependant pas chose aisée, car les ressources restent difficilement observables de manière directe, surtout à grande échelle. Comment alors les évaluations des stocks halieutiques sont-elles réalisées ?
C’est ici qu’intervient la modélisation, un travail nécessitant l’acquisition de grandes quantités de données – taille des prises, âge, sexe... – qui sont recueillies par le contrôleur des pêches et observateur présent lors de chaque marée, ainsi que par les scientifiques à l’occasion de campagnes en mer.
déclare Delphine Ciolek, secrétaire générale de la Fondation des mers australes. À partir de ces jeux de données, différents modèles mathématiques sont utilisés pour estimer l’état des stocks et prédire leur statut de durabilité.
Au-delà de l’évaluation des stocks, la meilleure compréhension des écosytèmes marins est devenue un outil majeur d’aide à la décision des gestionnaires. Félix Massiot-Granier, chercheur au MNHN, est spécialiste de l’évaluation des stocks de légine au large de Kerguelen et Crozet :
TÉMOIGNAGES
ALAIN FONTENEAU
CHERCHEUR À L’IRD, EXPERT SCIENTIFIQUE DE LA FONDATION
« Je suis spécialiste des pêcheries thonières tropicales, mais quelle que soit l’espèce de poisson pêchée, l’approche de l’évaluation reste la même : on estime d’une part les prises par âge et d’autre part les efforts de pêche, c’est-à-dire le nombre de bateaux, d’hameçons, de casiers, etc. selon la technique employée.
Une première règle qui prévaut dans la dynamique des populations halieutiques est que plus on exploite un stock, plus son rendement diminue, ce qui est logique. Par ailleurs, les captures stables visées par la gestion des stocks et les modèles doivent être proches de la “ prise maximale équilibrée ”, qui est un niveau de capture rationnel propre à chaque stock et rendant l’activité structurellement stable.
Pour cela, on se base sur des modèles mathématiques qui intègrent les prises par âge et les efforts de pêche, en les complétant par des données d’environnement, de génétique, etc. Quand, en plus, des campagnes sont réalisées en mer pour connaître la biomasse au moyen de quadrillages, cela est très utile pour affiner les évaluations. Avec tous ces outils, et à la faveur du net recul de la piraterie dans la zone, dû en particulier à la surveillance satellitaire, la pêche australe bénéficie aujourd’hui d’évaluations des stocks très précises. »
JULES SELLES
POST- DOCTORANT AU MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
« J’étudie la dynamique des populations halieutiques au large de Saint-Paul et Amsterdam et ses implications en termes de gestion. Au sein du Programme d’observation écosystémique des pêcheries de l’UMR BORÉA, j’établis les protocoles permettant d’évaluer les stocks de langoustes pêchées dans la zone. Pour cela, je m’appuie sur les contrôleurs des pêches qui mettent en œuvre le suivi scientifique au cours des campagnes de pêche commerciale.
Il s’avère bien plus difficile de connaître l’âge d’une langouste que celui d’un poisson, c’est pourquoi nous mesurons leur taille pour estimer ensuite les prises par âge. Une taille limite de capture est imposée à la pêcherie notamment pour permettre aux jeunes géniteurs de se reproduire.
Nos recommandations visent à assurer un maintien des ressources à un niveau biologique et d’exploitation durable, mais également à limiter l’impact des prélèvements sur le fonctionnement des écosystèmes marins. »