![](https://assets.isu.pub/document-structure/220830190530-cad7933fa2aa487e48f796b88e575b45/v1/72932dbcca7426dac01b9ac6ff7647c9.jpeg?width=720&quality=85%2C50)
1 minute read
Avant-Propos
Depuis petite, je baigne en ces lieux, entourée de ces bois denses et vivants, dans cet environnement fermé visuellement, broussailleux, habité. Peu de place est laissée au vide et c’est au détour d’une allée, d’un étang, que la lumière s’exprime aux abords des roselières, des jonchaies, des prairies ou en sous-bois lorsque certains arbres sont tombés. Dans ces milieux calmes et intimes s’élève un bruyant tumulte dès la fin du brame. La forêt auparavant si paisible se mue alors en un enchevêtrement de cris se mêlant aux ronciers lorsque nous les traversons.
Ce rapport particulier qui me lie à la Sologne, celle de Chambord ou la Sologne pouilleuse du Loiret et à la chasse, m’est donc naturellement apparu comme nécessaire pour comprendre les travers que prend ce territoire depuis presque un demi-siècle. J‘ai donc choisi de travailler sur le regard paradoxal entre un paysage que l’on imagine sauvage, naturel avec une multitude d’animaux, celui romancé dans Raboliot et le regard productiviste et spécialisé qu’est devenu la Sologne par le changement de politique et de pratique de la chasse. Pour mieux parler de cette double vision, j’ai ainsi décidé de me poser en Sologne des Étangs, car elle est pour moi la représentation mentale la plus juste de cette région naturelle.
Advertisement
"L'étang pâle à ses pieds, un peu plus loin la vallée secrète du Bouchebrand, les pineraies, les genêtières ; et le ruisseau coulait au travers du bois de la Sauvagère, jusqu'aux friches trempées par le Beuvron. Voilà un pays de belle chasse, broussailleux, boisé, fourré, avec du "sale et de la plaine", avec du mouillé, peuplé de bêtes dessus et dessous."
Maurice Genevoix, Raboliot, 1925