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Introduction

“ La modernité a divisé les animaux entre ceux qui sont dignes d’être protégés et aimés et ceux qui nous servent de matières premières à l’industrie. Comment comprendre cette étrange partition entre amour protecteur et exploitation intensive. Parce qu’elle précède cette alternative, la chasse offre un point d’observation exceptionnel pour interroger nos rapports contradictoires au vivant en pleine crise écologique.” 1

La chasse est un sujet éminemment politique et complexe. Cette envie de travailler sur les conflits entre l’homme et l’animal me provient de loin. Élevée dans les coutumes familiales de la chasse, j’ai pourtant toujours du mal à faire face à l’animal mort, oscillant entre dégoût, respect et admiration. J’ai même voulu, sûrement dans un élan de curiosité, comprendre l’attrait de cette pratique, devenant moi-même chasseresse. Pourtant, très vite, le confort de l’appareil photo a remplacé le fusil.

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Je me suis d’ailleurs rapidement interrogée sur la vision de la chasse. Les histoires romancées des parties de chasse évoquent des imaginaires irréels dans lesquels toutes les sensations ressenties par le chasseur s'ancrent au plus profond de nous dès lors qu’il croise le chemin d’un animal. Les nombreuses personnes que j’ai rencontrées dans le cadre de ce mémoire sont intarissables lorsqu’elles nous racontent un moment comme hors du temps avec le sauvage. Cependant, pour avoir chassé en même temps que mon éveil aux questions de préservation de la diversité animale et du respect de toute forme du vivant, la compréhension douloureuse de l’emprise humaine sur la nature dite sauvage m’a assailli.

J’ai choisi la Sologne comme territoire d’étude en questionnant, en premier lieu, le lien entre l’évolution de l’ouverture d’un paysage et la préservation d’un taxon écologique que sont les oiseaux d’eau. J’espérais naïvement que travailler sur la migration de ces oiseaux me permettrait de prendre le contre-pied de la fermeture des paysages solognots. Mais très vite, prise dans les mailles d’un territoire figé, il m’a fallu changer mes questionnements.

Ce paysage, régi majoritairement par une seule forme d’économie, a profondément changé les us et coutumes de ce territoire rural. Ainsi j’ai cherché à comprendre l’évolution passée de cette région afin de mieux imaginer sa transformation future.

En parallèle, j’ai pris conscience des conflits présents entre les milieux urbains et les milieux ruraux dans leur perception de la Nature. Dans une société où la violence est rendue invisible, on assiste à une désanimalisation de la ville devenue hygiéniste. Nous n’avons plus de lien direct avec l’animal que nous mangeons, il est souvent caché durant tout le processus d’élevage. Au contraire la chasse est devenue l’un des seuls moments où notre alimentation n’est pas ou peu industrialisée. Néanmoins de nombreux sondages et articles viennent questionner l’avenir de la chasse. Comment anticiper le futur de la Sologne si la chasse venait à disparaître?

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