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Kathrin Korngold Hubbard: Réflexions sur les pièces de chambre et les chants d’E.W. Korngold
RÉFLEXIONS SUR LES PIÈCES DE CHAMBRE ET LES CHANTS D’ERICH WOLFGANG KORNGOLD
Bien que violoniste professionnelle depuis mon âge adulte, et bien qu’étant la seule petite-fille d’Erich Wolfgang Korngold, je n’ai jamais étudié ni interprété sa Sonate pour violon, op. 6. J’ai pris conscience pour la première fois de cette pièce lors de mes études de musique à l’université. L’un des professeurs de violon de la faculté, Endre Granat (protégé de Jascha Heifetz), avait décidé d’interpréter et d’enregistrer la pièce avec le pianiste Harold Gray. Ils souhaitaient organiser ensemble un concert chez un ami, et Harold m’a demandé de tourner les pages pour lui. J’étais probablement plus nerveuse ce soir-là que je ne l’ai jamais été lors d’une prestation pour violon solo ! Au fil des ans, j’ai eu la chance d’interpréter plusieurs des compositions de mon grand-père. En 1997, année du centenaire de Korngold, on m’a demandé de jouer avec l’Oregon Symphony sous la direction de James DePreist. Un donateur anonyme avait offert la somme de 1 000 000 $ (à égaler) à la Symphony, stipulant que le directeur pouvait choisir n’importe quelle pièce de son choix pour jouer et enregistrer. Par chance, le Maestro DePreist avait récemment découvert l’enregistrement de la Symphonie en fa dièse de Korngold de l’Orchestre de l’Université McGill en 1991. On m’a dit qu’il en est tombé amoureux, et bien que sachant que la famille Korngold résidait à Portland, ce choix n’avait apparemment rien à voir avec ce fait. Ce fut un grand honneur de travailler sur ce projet. Mon père (le fils aîné de Korngold) était décédé l’année précédente, et j’ai demandé que l’enregistrement soit dédié à sa mémoire. Avec le recul, je pense que c’est peut-être le plus beau cadeau que j’ai jamais offert à ma mère. En 1985, mon mari (un violoncelliste) et moi avons été embauchés pour jouer avec le Los Angeles Opera Orchestra dans la production du Deutsche Oper Berlin de Die tote Stadt. Et j’ai joué plusieurs morceaux de musique de chambre de Korngold, notamment deux mouvements de la suite Much Ado About Nothing à l’occasion du 50ème anniversaire de mariage de mes parents.
J’adore l’éclectisme de l’œuvre de Korngold, même si je dois avouer être frustrée quand il semble être parfois plus loué pour ses musiques de films que pour sa musique absolue, en grande partie composée avant ses années hollywoodiennes. J’ai entendu de nombreuses pièces de chambre et chansons interprétées lors de concerts live et je dois avouer que j’aime « celui avec qui je suis ». Parfois, je suppose que cela a quelque chose à voir avec les joueurs de cordes ou la voix, mais souvent c’est l’intimité et la profondeur de son écriture qui m’attirent. Un manuscrit encadré d’une des chansons de Korngold est suspendu dans mon bureau. Les paroles sont tirées du Sonnet 130 de William Shakespeare, et elles ont été suggérées à mon grand-père par mon père. A ce titre, c’est l’une de mes possessions les plus précieuses.