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note de politique agriculture
Politiques agricoles : suivi et évaluation 2022 : Réformer les politiques agricoles pour atténuer le changement climatique novembre 2022
Dans les pays de l’OCDE et les puissances économiques émergentes, les politiques publiques donnent lieu à d’importants transferts à destination du secteur agricole : 817 milliards USD par an au cours de la période 2019-21, avec 500 milliards USD sous la forme d’aides budgétaires financées par les contribuables et 317 milliards USD sous la forme de majorations des prix supportées par les consommateurs.
Près de la moitié du soutien alloué au secteur (319 milliards USD par an) fausse le libre jeu du marché et compromet potentiellement l’action engagée sur le long terme pour garantir la sécurité alimentaire et combattre le changement climatique. Les investissements dans les services d’intérêt général, en particulier l’innovation, la biosécurité et les infrastructures, essentiels pour pérenniser la croissance de la productivité, ne représentent que 13 % du total des transferts destinés au secteur, contre 16 % il y a 20 ans.
Tout en investissant dans l’adaptation, l’agriculture doit impérativement réduire sa contribution dans le changement climatique. Pour atteindre simultanément les objectifs d’amélioration des systèmes alimentaires et de lutte contre le changement climatique, les pouvoirs publics devraient s’employer en priorité à réformer les politiques actuelles de soutien agricole, en fournissant des incitations directes en faveur de l’adaptation et de l’atténuation ainsi qu’en mettant en place des politiques de protection sociale pour faciliter une transition inclusive.
Au total, le soutien à l’agriculture a atteint le montant record de 817 milliards USD par an au cours de la période 2019-21 dans les 54 pays* étudiés dans le rapport de l’OCDE Politiques agricoles : suivi et évaluation 2022 Seule une faible part de ce soutien a été consacrée à l’action de plus long terme contre le changement climatique et à régler d’autres problèmes que connaissent les systèmes alimentaires. C’est 13 % de plus que les 720 milliards USD enregistrés durant la période 2018-20. Cette hausse tient principalement au soutien accordé à titre temporaire aux consommateurs et producteurs dans le contexte de la pandémie de COVID-19, ainsi qu’à l’augmentation du soutien des prix du marché, liée aux pénuries d’aliments pour animaux, elles-mêmes dues à la reconstitution des troupeaux décimés par la peste porcine africaine.
Si l’on considère le montant annuel total du soutien, 500 milliards USD ont été financés par les contribuables, sur les budgets publics, et 317 milliards USD par les contribuables, sous la forme de majorations des prix (soutien des prix du marché). Dans un petit nombre de pays, les pouvoirs publics minorent en revanche les prix de tout ou partie des produits, ce qui entraîne un soutien négatif de 117 milliards USD pour les producteurs agricoles. Au total, 391 milliards USD par an ont été transférés aux producteurs sous les formes de soutien susceptibles de fausser le plus fortement le marché (soutien des prix du marché et paiements au titre de la production et de l’utilisation sans contraintes d’intrants variables).
Les réformes des politiques agricoles marquent le pas dans les pays de l’OCDE depuis une dizaine d’années, et on observe même des retours en arrière dans certains cas. En moyenne, dans les pays de l’OCDE, 346 milliards USD par an ont été alloués au titre du soutien au cours de la période 2019-21. Les grands producteurs agricoles que sont l’Union européenne et les États-Unis ont représenté les deux tiers de cette somme. Parallèlement, le soutien a sensiblement augmenté dans les 11 économies émergentes étudiées pour s’établir à 464 milliards USD par an pendant la période 2019-21, dont 60 % environ ont été le fait de la seule Chine.