70
Allemagne La croissance du PIB a considérablement ralenti en 2018, compte tenu de l'essoufflement du commerce mondial et de la décélération prononcée d'importants marchés extérieurs, qui ont accentué les perturbations temporaires des approvisionnements dans les secteurs de l'automobile et des produits chimiques vers la fin de l'année. Le PIB devrait progresser de 0.7 % en 2019 et de 1.2 % en 2020. La montée des incertitudes politiques liées aux différends commerciaux et au Brexit pèse sur la confiance des entreprises. La croissance des exportations et l'investissement des entreprises devraient par conséquent faiblir. Toutefois, le niveau historiquement bas du chômage et la forte progression des salaires devraient continuer d'étayer la consommation privée, et le secteur de la construction est en plein essor. L'augmentation des dépenses consacrées aux retraites, aux soins de longue durée et aux prestations pour enfants à charge ainsi que les baisses d'impôts sur les revenus du travail soutiendront la demande intérieure privée. Accélérer le déblocage des fonds mis en réserve pour moderniser les infrastructures numériques, de transport, énergétiques et d'accueil des jeunes enfants renforcerait la croissance économique à long terme, tout en donnant dès à présent un indispensable élan à la demande globale dans un contexte de dégradation des perspectives extérieures. Allemagne 1 Les commandes à l'exportation ont chuté
La production industrielle a nettement ralenti Indice de la production, moyenne mobile sur 3 mois
Volume, indice 2005 = 100 125
Glissement annuel en % 8
Nouvelles commandes à l'exportation hors ← grosses commandes, secteur manufacturier
120
Croissance du commerce mondial →
7
115
6
110
5
105
4
100
3
95
2
90
1
85
2013
2014
2015
2016
2017
2018
Indice 2015 = 100 115
Secteur manufacturier Secteur manufacturier hors construction automobile, industrie pharmaceutique et chimique
0
110
105
0
100
2013
2014
2015
2016
2017
2018
95
Source: Statistisches Bundesamt ; Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 105 et calculs de l'OCDE. StatLink 2 https://doi.org/10.1787/888933934394
PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES DE L’OCDE, VOLUME 2019 NUMÉRO 1 : VERSION PRÉLIMINAIRE © OCDE 2019
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Allemagne : Demande, production et prix
2015 Prix courants milliards de EUR
Allemagne PIB aux prix du marché Consommation privée Consommation publique Formation brute de capital fixe Demande intérieure finale Variation des stocks1 Demande intérieure totale Exportations de biens et services Importations de biens et services Exportations nettes1
2016
2017
2018
2019
2020
Pourcentage de variation, en volume (prix de 2010)
3 046.0 1 631.1 587.4 604.1 2 822.6 - 19.6 2 803.0 1 425.3 1 182.3 243.0
2.2 1.9 4.0 3.4 2.6 0.3 2.9 2.1 4.0 -0.5
2.5 2.0 1.6 3.6 2.3 -0.1 2.2 5.3 5.3 0.4
1.5 0.9 1.0 2.7 1.3 0.5 1.9 2.2 3.4 -0.3
0.7 1.1 1.7 2.7 1.6 0.0 1.6 0.9 3.0 -0.8
1.2 1.3 1.4 1.9 1.5 0.0 1.5 2.4 3.3 -0.2
3 048.8 _ _
2.2 1.4 0.4
2.2 1.5 1.7
1.4 1.9 1.9
0.7 1.9 1.5
1.6 2.1 1.7
_ _
1.0 4.2
1.3 3.8
1.3 3.4
1.4 3.1
1.6 2.8
_
9.8
9.9
10.4
10.6
10.5
_ _
0.9 76.9
1.0 72.3
1.7 68.2
0.9 66.5
0.8 64.7
_
68.7
64.5
60.8
59.1
57.3
_
8.4
8.0
7.4
7.3
7.0
Pour mémoire PIB sans ajustements jours travaillés Déflateur du PIB Indice des prix à la consommation harmonisé IPCH sous-jacent2 Taux de chômage (% de la population active) Taux d'épargne nette des ménages (% du revenu disponible) Solde financier des administrations publiques (% du PIB) Dette brute des administrations publiques (% du PIB) Dette brute des administrations publiques, définition Maastricht (% du PIB) Balance des opérations courantes (% du PIB)
1. Contributions aux variations du PIB en volume, montant effectif pour la première colonne. 2. Indice des prix à la consommation harmonisé, hors énergie, alimentation, alcool et tabac. Source: Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 105.
StatLink 2 https://doi.org/10.1787/888933935382
Allemagne 2 La croissance des salaires reprend
Le secteur de la construction connaît une forte expansion Indice de la production
Glissement annuel en % 4.5 Inflation sous-jacente¹
Indice 2015 = 100 125
Taux de rémunération²
4.0
120
3.5
115
3.0
110
2.5
0
0 105
2.0
100
1.5
95
1.0 0.5
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2013
2014
2015
2016
2017
2018
90
1. Indice des prix à la consommation harmonisé, hors alimentation, énergie, alcool et tabac. 2. Salaire nominal moyen par employé. Source: Statistisches Bundesamt; Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 105. StatLink 2 https://doi.org/10.1787/888933934413
PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES DE L’OCDE, VOLUME 2019 NUMÉRO 1 : VERSION PRÉLIMINAIRE © OCDE 2019
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La croissance économique a considérablement ralenti La nette régression de la croissance des échanges mondiaux a conduit à un brusque ralentissement de l'activité dans une économie allemande fortement exportatrice. Ce phénomène a été renforcé par des perturbations temporaires des approvisionnements dans les secteurs de l'automobile et des produits chimiques vers la fin de l'année 2018, dues au délai d'homologation des véhicules au regard des nouvelles normes d'émission et à une période de sécheresse. Ces facteurs temporaires se sont atténués depuis, sachant que la croissance du PIB s'est redressée au premier trimestre de 2019, mais le ralentissement du commerce mondial, les différends commerciaux qui menacent et les incertitudes liées au Brexit ont conduit à une brusque dégradation de la confiance des entreprises. Le fléchissement de l'économie mondiale pèse sur la demande de biens d'équipement, qui constituent un secteur dans lequel l'Allemagne est spécialisée, et les nouvelles commandes à l'exportation ont chuté. La production industrielle a ralenti, même si cette baisse de régime s'avère plus modeste une fois exclus les facteurs ponctuels. Le marché du travail reste dynamique et la progression des salaires s'est considérablement accélérée en 2018. Cette évolution a commencé à se répercuter lentement sur l'inflation sous-jacente. La quantité comme la qualité des emplois continuent de s'améliorer, les créations de postes correspondant essentiellement à des emplois réguliers, tandis que le nombre d'emplois marginaux (minijobs) à horaires réduits, allant de pair avec des cotisations et une protection sociales limitées, diminue. La forte expansion du secteur de la construction se poursuit.
Une montée en régime de l'investissement public soutiendrait la demande et la croissance à long terme La politique monétaire fortement expansionniste dans la zone euro et un nouvel assouplissement des critères d'octroi des prêts se traduisent par la persistance de conditions de financement favorables, alimentant l'envolée du secteur de l'immobilier d'habitation. L'augmentation des dépenses publiques consacrées aux retraites, aux soins de longue durée et aux prestations pour enfants à charge, ainsi que des allègements fiscaux en faveur de la recherche développement (R&D) et au titre de l'impôt sur le revenu réduiront l'excédent budgétaire et soutiendront la consommation privée et l'investissement. Le budget de l'État fédéral prévoit une hausse des investissements dans les infrastructures d'accueil des jeunes enfants, de transport et numériques, en particulier aux niveaux des États fédérés (Länder) et des communes, ainsi que des crédits supplémentaires pour l'éducation, la recherche et l'innovation. Toutefois, en dépit d'un sérieux retard en matière d'investissement, les dépenses prévues pour les infrastructures restent inférieures, en proportion du PIB, à leur niveau moyen en 2018 dans d'autres pays de la zone euro. Revoir à la hausse les ambitions en matière d'investissement renforcerait la croissance économique à long terme et soutiendrait la demande intérieure dans la période actuelle de fléchissement de l'activité économique. Pour soutenir la mise en œuvre efficace des investissements prévus, des efforts sont indispensables en vue de renforcer les capacités de planification, en particulier au niveau des collectivités locales, et de simplifier les procédures administratives. Les projets de simplification et de rationalisation des procédures visant à développer le réseau de transport d'électricité sont les bienvenus. Il s'agit d'une infrastructure essentielle pour accélérer la transition vers une électricité plus propre en s'assurant que l'énergie éolienne produite dans le nord du pays puisse être transportée vers le sud, où est concentrée l'activité industrielle. Une ambition similaire dans d'autres domaines permettrait une évolution plus rapide vers des infrastructures numériques à plus haut débit dans les zones rurales, favorisant l'adoption des technologies numériques, la croissance économique et la cohésion régionale. Une accélération de l'investissement dans des infrastructures d'accueil des jeunes enfants de qualité renforcerait l'égalité des chances face à l'éducation et permettrait aux parents de déterminer leur temps de travail comme ils le souhaitent. Cela PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES DE L’OCDE, VOLUME 2019 NUMÉRO 1 : VERSION PRÉLIMINAIRE © OCDE 2019
73 contribuerait aussi à réduire l'écart important existant entre les femmes et les hommes en termes de perspectives professionnelles et de salaire.
L'essoufflement du commerce mondial et les contraintes de capacité affaibliront la croissance économique La consommation, tant publique que privée, devraient soutenir la croissance, les salaires et l'emploi continuant d'augmenter, bien qu'à un rythme plus modéré, les vives incertitudes quant à l'environnement extérieur étant susceptibles de déboucher sur des accords salariaux plus prudents dans le secteur privé. L'inflation devrait rester nettement inférieure à 2 %. Si le taux élevé d'utilisation des capacités et les conditions de financement favorables dynamisent l'investissement, sa croissance devrait ralentir en raison de la dégradation des perspectives mondiales. Les contraintes de capacité et les pénuries de main-d'œuvre devraient contribuer à un ralentissement de l'investissement en logements. En raison de l'affaiblissement de la croissance des exportations, l'excédent des paiements courants devrait diminuer légèrement, pour refluer à 7 % du PIB en 2020. Plusieurs risques extérieurs pourraient se conjuguer pour entraîner un ralentissement plus marqué et plus prolongé de l'activité économique en Allemagne. Il pourrait s'agir notamment d'une intensification des différends commerciaux internationaux, surtout s'ils concernent les droits de douane sur les automobiles allemandes, d'un ralentissement plus prononcé que prévu en Chine, ou d'un Brexit entraînant des perturbations. À l'inverse, si la demande intérieure et les importations étaient plus vigoureuses que prévu, l'économie allemande pourrait devenir la locomotive d'une croissance plus forte dans la zone euro. Une hausse des dépenses publiques rapide et flexible ou des baisses d'impôts sur les revenus du travail plus marquées renforceraient la probabilité d'un tel scénario.
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