Perspectives Economiques de l'OCDE Mai 2019, Note de pays: Brésil

Page 1

 77

Brésil La reprise a récemment ralenti malgré des conditions financières favorables, mais la croissance devrait s'accélérer pour atteindre 2¼ pour cent en 2020. Une ambitieuse proposition de réforme des retraites destinée à assurer la viabilité à long terme des finances publiques a été soumise au Congrès, mais la mise en œuvre de la réforme reste entourée d'incertitude. Si cette incertitude se dissipe, la demande intérieure devrait monter en régime et le chômage reculer. Compte tenu de l'ampleur des capacités excédentaires, l'inflation devrait demeurer inférieure à l'objectif fixé. La politique monétaire restera accommodante, soutenant les dépenses des ménages. Sans efforts majeurs pour contenir l'augmentation des dépenses, la viabilité des comptes budgétaires demeure compromise, en raison notamment, mais pas seulement, de la hausse des dépenses de retraite. Un rééquilibrage des dépenses sociales en faveur des ménages à faible revenu réduirait les inégalités. Pour dynamiser la croissance, il faudra engager de nouvelles réformes destinées à renforcer la productivité, notamment en approfondissant l'intégration du pays dans l'économie mondiale et en réduisant les obstacles administratifs à l'entrée sur le marché. Brésil 1 Le PIB réel ne se redresse que lentement et le taux de chômage reste élevé Glissement annuel, en % 4 Taux de chômage →

Les indicateurs à court terme donnent une image contrastée

% de la population active 15

Indice jan 2015 = 100 105

Masse salariale en volume

← PIB

Indice d'activité de la Banque centrale

2

13

0

11

-2

9

-4

7

Ventes au détail

100

0

-6

2015

2016

2017

2018

2019

2020

5

95

90

2015

2016

2017

2018

85

Source: Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 105 ; Banque centrale du Brésil ; et IBGE. StatLink 2 https://doi.org/10.1787/888933934071

PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES DE L’OCDE, VOLUME 2019 NUMÉRO 1 : VERSION PRÉLIMINAIRE © OCDE 2019


78 

Brésil : Demande, production et prix

2015

2016

Prix courants milliards de BRL

Brésil PIB aux prix du marché Consommation privée Consommation publique Formation brute de capital fixe Demande intérieure finale Variation des stocks1 Demande intérieure totale Exportations de biens et services Importations de biens et services Exportations nettes1

2017

2018

2019

2020

Pourcentage de variation, en volume (prix de 2000)

5 995.8 3 835.2 1 185.8 1 069.4 6 090.4 - 25.4 6 064.9 773.5 842.6 - 69.1

-3.3 -3.9 0.2 -12.2 -4.6 -0.2 -4.8 0.7 -10.4 1.5

1.1 1.3 -0.9 -2.6 0.3 0.7 1.0 5.7 5.5 0.1

1.1 1.9 0.0 4.1 1.9 -0.4 1.5 3.4 7.6 -0.5

1.4 1.9 0.5 0.7 1.4 -1.0 0.4 7.5 1.6 0.9

2.3 2.4 0.9 3.5 2.3 0.0 2.3 4.2 4.6 0.0

_ _ _ _ _

8.1 8.7 9.2 -9.0 -1.3

3.5 3.4 2.8 -7.8 -0.4

3.0 3.7 2.8 -7.1 -0.8

3.7 3.9 3.8 -6.2 -0.2

4.0 4.0 4.0 -5.9 -0.3

Pour mémoire Déflateur du PIB Indice des prix à la consommation Déflateur de la consommation privée Solde financier des administrations publiques (% du PIB) Balance des opérations courantes (% du PIB)

1. Contributions aux variations du PIB en volume, montant effectif pour la première colonne. Source: Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 105.

StatLink 2 https://doi.org/10.1787/888933935154

Brésil 2 Les dépenses de retraite ont contribué à la dégradation des résultats budgétaires¹ % du PIB 3

L'inflation est inférieure à l'objectif visé et les taux d'intérêt demeurent bas Glissement annuel en % 18

Solde primaire Solde primaire de la sécurité sociale Solde primaire hors sécurité sociale

2

← Inflation sous-jacente² Taux directeur (SELIC) →

15

1

← Inflation globale (IPCA)

% 18 15

12

12

9

9

6

6

3

3

0 0 -1 -2 -3 -4

2014

2015

2016

2017

2018

0

2014

2015

2016

2017

2018

0

1. Cumulés sur 12 mois. 2. L'inflation sous-jacente est définie comme la moyenne de trois mesures d'inflation sous-jacentes publiées par la Banque centrale du Brésil. Source: Banque centrale du Brésil ; Trésor national; IBGE ; Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 105. StatLink 2 https://doi.org/10.1787/888933934090

PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES DE L’OCDE, VOLUME 2019 NUMÉRO 1 : VERSION PRÉLIMINAIRE © OCDE 2019


 79

L'expansion s'est ralentie L'économie poursuit son redressement, mais à un rythme plus modéré, en particulier pour l'investissement, toute l'attention étant focalisée sur la capacité du nouveau gouvernement de mettre en œuvre des réformes. La confiance des entreprises a commencé à s'éroder sur fond d'incertitude entourant le processus de réforme. L'expansion de l'activité dans les services et les secteurs primaires a compensé une contraction de la production industrielle, et les perspectives de production agricole demeurent favorables. L'inflation globale et l'inflation sous-jacente sont inférieures à l'objectif visé, malgré un léger rebond ces derniers mois, et les taux d'intérêt sont restés bas. Ces évolutions, associées à une hausse modérée des salaires, soutiennent la consommation privée, même si la situation ne s'est pas encore améliorée sur le front du chômage. Les emplois créés jusqu'à présent ont été globalement de faible qualité, sachant qu'un nombre disproportionné d'entre eux ont été créés dans le secteur informel. Les indicateurs budgétaires continuent de se dégrader.

L'amélioration de la qualité des finances publiques est déterminante pour rétablir la confiance Le faible niveau de la confiance entrave l'accélération de la reprise de la demande intérieure, et la confiance s'améliorera uniquement à la faveur d'avancées tangibles des réformes destinées à assurer la viabilité budgétaire. La dette publique brute reste élevée, à 77 % du PIB, et le déficit primaire, qui représente 1.5 % du produit intérieur brut, est très loin de l'excédent nécessaire pour stabiliser la dette publique, estimé à 2 % du PIB. La nouvelle règle de dépenses introduite en 2016 ne sera pas respectée en 2020 en l'absence de mesures déterminées visant à freiner la croissance des dépenses publiques. Bien que certains progrès aient été réalisés pour d'autres postes de dépenses, l'augmentation des dépenses de sécurité sociale, en particulier des pensions de vieillesse, reste le facteur déterminant de la dégradation des comptes budgétaires. Aussi, une réforme des retraites, suivant la proposition soumise au Congrès, reste la priorité essentielle pour assurer la viabilité de la dette, regagner la confiance des investisseurs et éviter un alourdissement des coûts de financement. La réforme proposée renforcerait aussi les effets redistributifs des retraites et permettrait d'ajuster les dépenses sociales de manière à rendre les prestations sociales plus efficaces. Les pensions de retraite étant indexées sur le salaire minimum, leur hausse a principalement bénéficié aux ménages de la classe moyenne, entraînant une diminution des ressources consacrées aux prestations sociales judicieusement ciblées pour lutter contre les inégalités et la pauvreté, qui touche essentiellement les enfants et les jeunes. Un relèvement des seuils de revenu relatifs au programme de transferts monétaires conditionnels Bolsa Família, dont le coût ne représente que 0.5 % du PIB, permettrait d'élargir son champ d'application et de rehausser le niveau des prestations. Cela ferait sortir de la pauvreté un plus grand nombre de personnes et renforcerait les incitations en matière d'assiduité scolaire et d'examens médicaux, réduisant ainsi les inégalités en matière d'éducation et de santé. Alléger la masse salariale considérable du secteur public figure aussi parmi les principales priorités, étant donné que les niveaux de rémunération y sont plus élevés que dans le secteur privé dans de nombreux domaines, en particulier en début de carrière. Toutefois, en raison de la hausse des rémunérations des militaires décidée récemment, il sera probablement plus difficile de justifier des économies dans d'autres pans des administrations publiques. Il conviendrait de poursuivre les efforts déployés pour réduire les dépenses fiscales et les subventions au crédit en faveur des entreprises du secteur privé, qui ont fait le lit de la corruption sans produire de bénéfices évidents en matière de bien-être ou de productivité́ . Dans la mesure où l'inflation devrait être inférieure à l'objectif visé en 2019 et en 2020, un durcissement de la politique monétaire semble maintenant peu probable avant 2020, et les conditions financières devraient

PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES DE L’OCDE, VOLUME 2019 NUMÉRO 1 : VERSION PRÉLIMINAIRE © OCDE 2019


80  rester favorables. Le crédit a progressé pour les ménages, mais continue de se contracter pour le secteur des entreprises. Les projets de réforme actuels visant à intensifier la concurrence dans le secteur financier représentent une étape prometteuse pour réduire les coûts d'emprunt. Les gains de productivité seront le principal moteur de la croissance à long terme. Pour dynamiser l'expansion économique, il faudra intensifier la concurrence dans de nombreux secteurs, de façon à permettre un redéploiement des ressources en main-d'œuvre et en capital au profit d'activités à fort potentiel. Une intégration plus poussée dans l'économie mondiale permettrait de réaliser des gains d'efficience en exposant un plus grand nombre d'entreprises à la concurrence étrangère et en améliorant l'accès à des consommations intermédiaires et à des biens d'équipement à moindre coût. Réduire les obstacles internes à l'entrée sur le marché et mettre en œuvre des politiques de réduction des coûts, notamment en réduisant les coûts de conformité fiscale ou en améliorant l'exécution des contrats, déboucheraient aussi sur des gains d'efficience. Une remise à plat du système fragmenté de fiscalité indirecte, en vue de l'instauration d'un régime harmonisé de taxe sur la valeur ajoutée (TVA), pourrait renforcer la compétitivité des entreprises dans l'ensemble du pays.

La croissance devrait s'accélérer Dans l'hypothèse de l'adoption et de la bonne mise en œuvre de la réforme des retraites et d'un raffermissement connexe de la confiance, la croissance devrait s'accélérer en 2019 et en 2020 et le chômage reculer, notamment grâce à une augmentation des créations d'emplois dans le secteur formel. La faiblesse de l'inflation, l'accélération de la progression des salaires et la décrue du chômage soutiendront la consommation privée, et l'investissement augmentera visiblement en 2019, à mesure que les réformes progresseront. Des réformes structurelles venant s'ajouter à celle des retraites dynamiseront la croissance en 2020. Les risques sont principalement liés à la mise en œuvre des réformes. La fragmentation du paysage politique et, parfois, les relations difficiles entre les différents pouvoirs constitutifs de l'État entravent l'émergence d'un consensus politique sur des réformes essentielles. Si le Congrès n'approuve pas l'ambitieux programme de réformes de l'exécutif, la règle de dépenses sera enfreinte dès 2020, ce qui entraînera vraisemblablement une augmentation des coûts de financement et un ralentissement de la croissance, voire un retour de la récession. À l'inverse, un renforcement de la dynamique de réforme allant au-delà du système de retraite, qui doit être réformé d'urgence, pourrait améliorer sensiblement le climat des affaires et conduire à un raffermissement de la croissance, notamment sur le front des exportations. La possibilité d'une montée des tensions commerciales constitue également une source de risques pour le Brésil, car la Chine et les États-Unis sont ses principaux partenaires commerciaux.

PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES DE L’OCDE, VOLUME 2019 NUMÉRO 1 : VERSION PRÉLIMINAIRE © OCDE 2019


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.