Perspectives Economiques de l'OCDE Mai 2019, Note de pays: Chine

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Chine La croissance devrait faiblir progressivement en 2019-20, l’économie poursuivant son rééquilibrage. Le fléchissement de l’investissement privé, en particulier dans l’immobilier, est l’un des signes de ralentissement. L’investissement résidentiel restera morose, à la suite d’une série de mesures visant à restreindre la demande et d’une détérioration de la confiance des consommateurs. L’accélération des investissements en infrastructures compensera en partie ce phénomène. La consommation progressera régulièrement à la faveur d’une forte hausse des revenus disponibles. Les flux du commerce extérieur continueront de perdre de leur vigueur avec l’escalade des tensions commerciales. L’excédent des paiements courants devrait faire place à un léger déficit en raison de la vigueur des dépenses du tourisme émetteur et à un recul des exportations dû à l’augmentation des droits de douane auxquels sont exposés les exportateurs chinois. Les conditions monétaires se sont durcies du fait des restrictions imposées au secteur bancaire parallèle, mais elles font actuellement l’objet d’un léger assouplissement afin de soutenir l’activité économique. La mesure de réduction quasi générale des réserves que les banques doivent obligatoirement détenir auprès de la banque centrale a été complétée par de nouveaux outils ciblés, destinés à développer le crédit en faveur des petites entreprises, des microentreprises et des entreprises privées. Les obligations perpétuelles et les contrats d’échange de bons de la banque centrale ont été introduits au début de 2019 pour renforcer les fonds propres de base des banques. Grâce à un certain nombre de baisses d’impôts supplémentaires, la politique budgétaire restera accommodante et dynamisera la consommation, sur fond de perte de confiance des consommateurs. Les mesures de relance du gouvernement par l’investissement dans les infrastructures ont fait leur retour, le quota d’émissions d’emprunts obligataires spéciaux ayant été majoré de ¾ pour cent de PIB, ce qui dope la croissance mais risque de nuire à l’efficience allocative du capital. Les garanties implicites dont bénéficient les entreprises et autres entités publiques doivent être supprimées progressivement pour développer une meilleure perception des risques. Il faut poursuivre la levée des restrictions à l’entrée sur le marché et à l’activité des entreprises étrangères pour continuer d’instaurer des règles de jeu équitables.

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Chine 1 En moyenne, la croissance ralentit peu à peu

La croissance des échanges a fléchi

Glissement annuel en % 11

Exportations

Valeur ajoutée dans l'industrie¹

Importations

PIB réel

10

Glissement annuel en % 50 40

9

30

8

20

7

0

0

10

6

0

5

-10

4

-20

3

2013

2014

2015

2016

2017

2018

2013

2014

2015

2016

2017

2018

-30

1. On ne dispose pas de données mensuelles relatives à la valeur ajoutée dans l'industrie pour janvier et février, les données publiées portant sur l'ensemble de ces deux mois. Les données mensuelles manquantes ont donc été calculées par interpolation linéaire. Source: CEIC. StatLink 2 https://doi.org/10.1787/888933934166

Chine : Demande, production et prix 2015 Prix courants trillions de CNY

Chine PIB aux prix du marché Demande intérieure totale Exportations de biens et services Importations de biens et services Exportations nettes1 Pour mémoire Déflateur du PIB Indice des prix à la consommation Solde financier des administrations publiques 2 (% du PIB) Balance budgétaire principale3 (% du PIB) Balance des opérations courantes (% du PIB)

2016

2017

2018

2019

2020

Pourcentage de variation, en volume (prix de 2015)

68.6 66.3 14.8 12.6 2.3

6.7 7.7 1.9 6.3 -0.7

6.8 5.9 11.0 6.9 1.0

6.6 7.5 4.0 8.1 -0.6

6.2 6.5 1.6 2.8 -0.2

6.0 6.1 3.6 3.6 0.1

_ _ _ _ _

1.1 2.1 -3.0 -2.9 1.8

3.8 1.5 -3.1 -2.9 1.4

2.9 1.9 -3.1 -2.6 0.3

1.4 1.9 -3.4 -2.8 -0.1

2.2 2.1 -3.6 -3.2 -0.3

1. Contributions aux variations du PIB en volume, montant effectif pour la première colonne. 2. Prend en considération les soldes de l’ensemble des quatre comptes budgétaires (compte général, compte de fonds, caisses de sécurité sociale et comptes des entreprises publiques). 3. Le solde budgétaire global est le solde officiel défini comme la différence entre les recettes et les dépenses. Les recettes comprennent : les recettes du budget général, les recettes du fonds central de stabilisation et l’ajustement budgétaire infranational. Les dépenses comprennent : les dépenses du budget général, le renflouement du fonds central de stabilisation et le remboursement du principal de la dette infranationale. Source: Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 105.

StatLink 2 https://doi.org/10.1787/888933935211

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Chine 2 Les activités du secteur bancaire parallèle sont freinées

La croissance de l'investissement en infrastructures a amorcé un redressement Données cumulées depuis le début de l'année

Glissement annuel en % 20

Glissement annuel en % 30

15

25

10

20

5 0

0

15

0 10

-5 -10 -15

5

Total des crédits Principales composantes du secteur bancaire parallèle¹

2015

2016

2017

2018

2015

2017

0

1. Les principales composantes des activités bancaires parallèles correspondent aux prêts pour compte de tiers, aux prêts de sociétés fiduciaires et aux acceptations bancaires non décotées. Source: CEIC ; et BRI. StatLink 2 https://doi.org/10.1787/888933934185

L’économie montre des signes d’affaiblissement sur fond de montée des incertitudes à l’échelle mondiale La croissance s’est affaiblie progressivement dans un contexte de tensions commerciales et d’incertitudes à l’échelle mondiale. La demande intérieure, et en particulier la consommation, sont restées soutenues grâce à une progression régulière des revenus disponibles. Les investissements en infrastructures se sont redressés à la faveur de la majoration des quotas d’émissions d’emprunts obligataires spéciaux et de l’assouplissement des règles d’émission des obligations d’entreprises. L’investissement des entreprises reste stable, en particulier dans les services, l’économie poursuivant son rééquilibrage. Les investissements immobiliers, en revanche, demeurent faibles, et les mises en chantier de logements sont en chute libre. Les échanges se sont essoufflés face à une concentration des exportations en début de période qui a pris fin et à des importations des biens d’équipement qui ont ralenti, sur fond de rééquilibrage et de montée en gamme progressive dans la chaîne de valeur. Les importations du secteur du tourisme sont restées vigoureuses et l’excédent des paiements courants a diminué.

Les politiques monétaire et budgétaire vont s’assouplir, mais les réformes structurelles devraient monter en régime La politique monétaire s’est quelque peu durcie l’an dernier du fait des restrictions pesant sur le secteur bancaire parallèle, lesquelles s’imposaient pour préserver la stabilité financière. Les autorités ont exonéré les banques des charges fiscales liées aux prêts accordés aux petites entreprises et aux entreprises privées, une mesure qui s’est ajoutée à des réductions ciblées des taux de réserves obligatoires applicables aux banques accordant une certaine fraction de leurs prêts à des entreprises de ce type. Néanmoins, ces mesures n’ont pas été suffisantes pour remédier à la contraction du crédit au secteur privé. À titre de nouvelle mesure, les banques sont désormais encouragées à accorder 30 % de leurs nouveaux prêts à ce secteur. Un important volume d’obligations arriveront à échéance cette année, mais les problèmes de liquidité qui s’ensuivront pour les structures de financement des collectivités locales

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88  seront atténués par les prêts accordés par la Banque de Développement de Chine. L’assouplissement des règles d’émission d’obligations d’entreprises, opéré l’an dernier par la Commission d’État pour le Développement et la Réforme en faveur des entreprises de premier ordre, permettra d’apaiser les inquiétudes liées au refinancement, y compris pour les groupes immobiliers. De nouveaux outils d’atténuation des risques de crédit permettront de renforcer l’attractivité des placements obligataires auprès des investisseurs. Une plus grande rigueur dans les obligations de communication et de diffusion d’informations faciliterait l’accès au crédit des petites entreprises et des entreprises privées. La relance budgétaire soutiendra la croissance, mais une meilleure tarification du risque est nécessaire pour réduire les inefficiences dans l’allocation du capital. La suppression des garanties implicites dont bénéficient les entreprises et autres entités publiques contribuerait également à cet objectif, et la décision annoncée à l’automne dernier de laisser les structures de financement des collectivités locales en difficulté́ sortir du marché́ constitue un pas dans cette direction. Les quotas d’émissions d’emprunts obligataires spéciaux pour 2019 ont été majorés de quelque 0.7 % de PIB, même si l’on ignore la fraction de ce quota que ces collectivités locales seront en mesure de réellement émettre compte tenu du fléchissement des cessions de droits fonciers dont le produit constitue la principale source de remboursement de ces emprunts. Des facteurs ayant un impact négatif sur la confiance pourraient limiter les effets des baisses d’impôts censées stimuler la consommation. Il conviendrait d’assurer un niveau minimum de services publics grâce à une meilleure affectation des ressources de façon à favoriser l’égalité des chances, quel que soit le lieu de naissance des individus. Il est impératif que les services publics de base, comme l’éducation et la santé, soient financés par l’État pour garantir un niveau suffisant de prestation de services. L’approbation récente de la nouvelle loi sur l’investissement étranger est décisive pour faire en sorte que la Chine reste une destination d’investissement attrayante. À plus long terme, des entrées régulières devraient se maintenir tandis que la balance courante deviendra déficitaire et que les sorties de capitaux s’intensifieront pour cause de diversification des portefeuilles par les investisseurs. En particulier, l’imposition de sanctions pénales en cas de violation des droits de propriété intellectuelle marque une évolution positive vers l’instauration de règles de jeu plus équitables. La mise en place de mécanismes de contrôle pour garantir leur application sera déterminante à cet effet.

La croissance devrait ralentir progressivement, mais rester soutenue La croissance devrait s’affaiblir encore sur fond de rééquilibrage de l’économie. Les exportations et les importations fléchiront quelque peu, les exportations sous l’effet des droits de douane imposés l’an dernier, même si l’introduction récente d’une nouvelle série de baisse des droits de douane à l’importation en Chine, une augmentation des remboursements de TVA sur les biens exportés et un abaissement des taxes à l’exportation devraient permettre d’atténuer les effets des tensions commerciales. Un ralentissement de la hausse des prix à la production devrait également permettre de renforcer la compétitivité et les exportations dans le courant de l’année et en 2020. L’inflation mesurée cette fois par les prix à la consommation se redressera néanmoins légèrement en raison de l’augmentation des prix des produits alimentaires frais, due pour partie à la fièvre porcine africaine, mais ces tensions ponctuelles devraient rester mineures. L’essor du tourisme à l’étranger devrait faire basculer la balance courante du côté d’un léger déficit.

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 89 Le relâchement des tensions commerciales, qui conduirait à une poussée des exportations mais aussi à un regain de confiance chez les consommateurs, constitue un risque majeur de révision à la hausse des prévisions. Les risques de révision à la baisse, outre la nouvelle escalade des tensions commerciales, tiennent, quant à eux, aux conditions financières : la maîtrise des activités du secteur bancaire parallèle permettrait d’améliorer la stabilité́ financière et la transparence, mais pourrait entraîner des problèmes de financement pour les petites entreprises, qui pèseraient sur l’investissement privé. Une accélération du désendettement des entreprises faciliterait l’assainissement des bilans, dans un contexte d’alourdissement du service de la dette, mais freinerait la croissance à court terme. Les effets des baisses d’impôts pourraient être moins importants que prévu en raison d’une confiance des consommateurs en demi-teinte et de la lenteur des réformes structurelles menées pour stimuler la consommation.

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