Perspectives Economiques de l'OCDE Mai 2019, Note de pays: Inde

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Inde La croissance économique reprendra de la vigueur et avoisinera 7½ pour cent en 2020. Le nouveau dispositif d'aide au revenu destiné aux petits agriculteurs soutiendra la consommation dans les zones rurales. La croissance de l'investissement s'accélérera sous l'effet d'une conjonction de facteurs – hausse de l'utilisation des capacités, baisse des taux d'intérêt et atténuation attendue des tensions géopolitiques et de l'incertitude politique. La baisse des prix du pétrole et l'appréciation récente de la roupie réduiront les tensions inflationnistes et les pressions exercées sur le solde des paiements courants. La politique monétaire pourrait être quelque peu assouplie, étant donné que l'inflation globale demeure nettement inférieure à l'objectif fixé et que les anticipations d'inflation s'ajustent à la baisse. Du fait de la mise en œuvre de nouvelles mesures de protection sociale, de l'atonie des recettes fiscales et des besoins financiers croissants des banques et entreprises publiques, les besoins d'emprunt du secteur public sont en hausse. Pour réduire le ratio dette publique/PIB, actuellement élevé, il faudrait améliorer le recouvrement de la taxe sur les biens et services (GST, Goods and Services Tax) et élargir l'assiette de l'impôt sur le revenu des personnes physiques. La garantie d'une conclusion rapide des procédures de faillite aiderait à contenir l'ampleur des créances douteuses et litigieuses et à stimuler la productivité en favorisant le redéploiement des ressources vers les entreprises et les secteurs les plus productifs. L'amélioration de la qualité et de l'actualité des données économiques, en particulier de celles se rapportant à l'emploi et aux finances publiques, permettrait aux autorités de concevoir de meilleures politiques. Inde 1 L'investissement et les exportations continuent de croître vigoureusement

L'inflation globale demeure nettement en deçà de l'objectif visé

Glissement annuel en % 25

Glissement annuel en % 18

Investissement

Exportations

20 15

Alimentation et boissons

16

Inflation sous-jacente¹

14

Inflation globale

12 10

10 0

0

8

5

6 4

0

2

-5 -10

0 2012

2013

2014

2015

2016

2017

2018

2012

2013

2014

2015

2016

2017

2018

-2

1. L'inflation sous-jacente exclut l'alimentation, les boissons et les combustibles. Source: Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 105; Office central de statistique (CSO, Central Statistics Office). StatLink 2 https://doi.org/10.1787/888933934489

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Inde : Demande, production et prix 2015

2016

Prix courants trillions de INR

Inde PIB aux prix du marché Consommation privée Consommation publique Formation brute de capital fixe Demande intérieure finale Variation des stocks1 Demande intérieure totale Exportations de biens et services Importations de biens et services Exportations nettes1 Pour mémoire Déflateur du PIB Indice des prix à la consommation Indice des prix de gros2 Solde financier des administrations publiques 3 (% du PIB) Balance des opérations courantes (% du PIB)

2017

2018

2019

2020

Pourcentage de variation, en volume ( prix de 2012/2013)

137.7 81.3 14.4 39.6 135.2 5.7 140.9 27.3 30.4 - 3.2

8.2 8.2 5.8 8.3 8.0 -1.0 8.0 5.1 4.4 0.1

7.2 7.4 15.0 9.3 8.8 0.2 9.9 4.7 17.6 -2.8

7.0 8.0 8.2 10.5 8.8 0.1 8.5 11.9 17.5 -1.7

7.2 8.2 9.6 7.7 8.2 0.0 7.3 6.2 6.8 -0.5

7.4 7.5 6.2 9.9 8.0 0.0 8.0 6.3 9.0 -1.0

_ _ _ _ _

3.1 4.5 1.7 -6.9 -0.6

3.8 3.6 2.9 -6.4 -1.8

4.2 3.4 4.3 -6.3 -2.4

4.1 3.2 3.1 -6.2 -2.4

4.3 4.2 4.3 -6.0 -2.7

Note: Les données se réfèrent à l'exercice comptable commençant en avril. 1. Contributions aux variations du PIB en volume, montant effectif pour la première colonne. 2. Tous biens. 3. Solde budgétaire brut du gouvernement central et des états. Source: Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 105.

StatLink 2 https://doi.org/10.1787/888933935458

Inde 2 La proportion de créances compromises diminue

Le cycle du crédit redémarre

% de l'encours de prêts bruts 15

Glissement annuel en % 20

Prêts restructurés

Nominal

Encours brut de créances douteuses ou litigieuses

Réel

12

15

9

10 0

0

6

5

3

0

0

Mar 2012

Mar 2013

Mar 2014

Mar 2015

Mar 2016

Mar 2017

Mar 2018

Sep 2018

2012

2013

2014

2015

2016

2017

2018

-5

Source: Banque de réserve de l'Inde (RBI, Reserve Bank of India). StatLink 2 https://doi.org/10.1787/888933934508

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L'activité privée s'essouffle sur fond de report des projets d'investissement L'inde est le pays du Groupe des Vingt (G20) qui connaît la croissance économique la plus rapide. La croissance des exportations a bien résisté et les commandes à l'exportation augmentent régulièrement. L'administration de la taxe sur les biens et services (GST, Goods and Services Tax) a continué de s'améliorer, ce qui se traduit par un raccourcissement des délais de remboursement de taxes aux exportateurs. Les efforts persistants d'amélioration des infrastructures, de la logistique et des procédures commerciales commencent aussi à porter leurs fruits. L'investissement a continué de croître vigoureusement, soutenu par d'importants projets dans le secteur public. En revanche, l'investissement privé, en particulier dans l'industrie manufacturière, a pâti du climat d'incertitude lié aux élections législatives, ainsi que des difficultés persistantes que rencontrent les investisseurs pour financer leurs projets, acquérir des terrains et obtenir toutes les autorisations nécessaires. La consommation rurale et les ventes de deux-roues et de tracteurs ont ralenti, en raison de l'évolution en demi-teinte des prix et salaires agricoles.

Des réformes structurelles sont nécessaires pour soutenir la création d'emplois et les revenus La politique budgétaire soutient la demande de consommation. Si l'impôt sur les sociétés génère d'abondantes recettes grâce aux mesures adoptées pour améliorer la discipline fiscale, les recettes de GST et d'impôt sur le revenu des personnes physiques sont en deçà des objectifs. Plusieurs dispositifs de protection sociale ciblés sur les pauvres sont en train d'être mis en place, accentuant les tensions temporaires exercées sur les dépenses en amont des élections. Ils comprennent un nouveau programme d'assurance pour les soins hospitaliers, la création de centres de soins de santé primaires, l'attribution de pensions de retraite aux travailleurs du secteur non structuré/informel et l'instauration d'une aide au revenu pour les petits exploitants agricoles propriétaires de leurs terres. Ces mesures contribueront à faire reculer la pauvreté et à améliorer l'accès à des services publics de qualité. La marge de manœuvre budgétaire est réduite dans la plupart des États fédérés. Compte tenu du niveau relativement élevé de l'endettement public, et pour éviter tout effet d'éviction sur l'investissement privé, il serait souhaitable que les dépenses supplémentaires soient en partie financées par une réduction des programmes de dépenses inefficaces, tels que les subventions aux engrais, qui profitent davantage aux grandes exploitations agricoles et contribuent à la dégradation des sols et des ressources en eau. Il est par ailleurs possible d'accroître les recettes fiscales en limitant le champ d'application des exonérations et taux réduits de GST, et en supprimant les réductions d'impôt sur le revenu des personnes physiques, qui profitent essentiellement aux plus riches. Dans un contexte caractérisé par un taux d'inflation nettement inférieur au point médian de la fourchette retenue comme objectif, des anticipations d'inflation qui s'ajustent à la baisse et un volant de ressources inutilisées, il est possible de réduire les taux directeurs. La santé des banques s'améliorant progressivement, comme l'atteste la récente diminution des créances compromises, l'ajustement des taux débiteurs devrait s'accélérer et soutenir le redressement de l'investissement des entreprises. Pour éviter que l'encours de créances douteuses ou litigieuses ne reparte à la hausse, il faudrait améliorer la gouvernance des banques publiques, afin de garantir une saine gestion de leur portefeuille de prêts. La mise en œuvre de normes strictes à l'égard des emprunteurs défaillants et la conclusion, dans des délais déterminés, des procédures d'insolvabilité sont également essentiels pour inciter les débiteurs à adopter un comportement responsable. Il importe d'éliminer les goulets d'étranglement structurels dans l'industrie manufacturière pour favoriser la création d'emplois dans des activités plus productives et mieux rémunérées. Les infrastructures se sont améliorées, en particulier les infrastructures d'approvisionnement énergétique et les routes. La substitution

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 101 de la GST à la multitude de taxes sur les ventes qui étaient prélevées par les États fédérés et appliquées en cascade a fait de l'Inde un marché unique, et rendu les exportations plus concurrentielles sur les marchés étrangers, compte tenu de la déductibilité des taxes acquittées sur les intrants. Pour aider les entreprises à se développer et à gagner en productivité, il faut poursuivre la simplification et la modernisation de la réglementation des marchés de produits et du marché du travail, ainsi que des formalités administratives. Les expériences menées dans certains États fédérés semblent prometteuses à cet égard. Cependant, en l'absence de données complètes et actuelles, notamment en matière d'emploi, il est difficile d'évaluer les effets positifs des réformes. La production, les exportations et les emplois manufacturiers bénéficieraient également d'une réduction des obstacles tarifaires et non tarifaires au commerce. Il faudrait que les procédures d'acquisition de terrains et l'obtention des autorisations administratives soient plus aisées et plus prévisibles, afin de faciliter les investissements de création.

La croissance devrait augmenter L'orientation accommodante de la politique monétaire et un soutien complémentaire de la politique budgétaire stimuleront la croissance économique, malgré la faiblesse de la demande des pays partenaires commerciaux de l'Inde. La consommation rurale reprendra de la vigueur lorsque le nouveau dispositif d'aide au revenu en faveur des petits agriculteurs sera entièrement déployé. Le faible taux de l'inflation contribue également à doper le pouvoir d'achat des ménages. L'investissement privé montera en régime une fois que les incertitudes liées aux élections se dissiperont, que l'utilisation des capacités augmentera et que les conditions de financement s'amélioreront. Les exportations devraient peu souffrir de la suppression programmée de certains droits de douane préférentiels appliqués aux exportations vers les États-Unis, les produits concernés ne représentant qu'une faible part du panier d'exportations de l'Inde. Sous réserve d'une mousson favorable, la hausse des prix alimentaires restera modérée, grâce à l'amélioration des réseaux d'approvisionnement et de distribution. Cela étant, la montée des prix du pétrole constitue un risque pour l'inflation. Il est impératif que la Banque de réserve de l'Inde (RBI, Reserve Bank of India) conserve sa crédibilité en matière de ciblage de l'inflation pour ancrer les anticipations d'inflation. L'exacerbation des tensions géopolitiques et une hausse des prix du pétrole pèseraient sur l'activité économique.

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