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Portraits croisés pages
… Et Pierre Eliopole
Bien à l’opposé de cette histoire, Pierre Eliopole Crouzillat fait figure d’un ange protecteur, icone emblématique du sauvetage en mer au XIXe siècle. Né en 1835 à Ars-en-Ré, il se fixe à la Chaume en 1861. L’homme affiche des états de services exceptionnels. Durant plus de 40 ans, on lui doit le sauvetage de soixante navires, totalisant plus de 200 vies arrachées à la fureur de l’océan.
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© Documents - Archives Municipales
« Le premier sauveteur en France » est à l’initiative d’un nouveau canot de sauvetage dont il a établi les plans et… financé la construction en 1879. Téméraire, opiniâtre et inventif, il met au point un appareil de sauvetage primé à l’exposition universelle de 1889. Il nous reste une rue des sables à son nom et la couverture illustrée du célèbre « Petit Journal » relatant le courage et la bravoure du marin sablais.
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Sous les feux de la rampe
Léon et Léo David…
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Sortant du marché Arago où il venait d’effectuer ses courses du jour, un estivant «tangenta» le boulevard Castelnau, avant de pénétrer dans la rue Léon et Léo David où il avait jeté l’ancre pour la durée de ses vacances sablaises. Sur son banc habituel, le père Auguste Mathé, marin-pêcheur en retraite, tirait sur son antique bouffarde, observant comme chaque matin l’animation du quartier. Il faisait partie du décor et chacun le saluait au passage. - Monsieur Mathé, demanda l’estivant, savez-vous à qui correspondent les deux prénoms de la rue David ? - Léon, c’était le père et Léo… - Le fils ! - Bonne déduction, mon gars ! Léon était le meilleur ténor de sa génération. En mars 1938, deux ans après avoir reçu la Légion d’Honneur, il fut nommé président du festival de Montréal et le gouvernement français lui décerna, en la circonstance, le titre de chargé de mission pour étudier l’organisation de l’enseignement du chant au Canada. Le point d’orgue d’une carrière qui l’a rendu célèbre dans le monde entier. - Et Léo ? - Ah, Léo ! Comme son père, il est né aux Sables et beaucoup de gens, dans cette ville, le considèrent comme l’homme du XXe siècle, tant il a accompli de choses positives ici, après une carrière lyrique écourtée par la maladie. Jugez-en : Pendant 10 ans président de l’aéro-club, il organisa les fameux meetings des années 50. Plusieurs centaines de milliers, de personnes sur la plage. Vous vous rendez compte !
Couverture de la revue Nationale avec Léon David
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Il fit partie des créateurs du rugby club sablais, du Rotary club et fut le père du fameux groupe folklorique Le Nouch qu’il emmena à la médaille de bronze aux Championnats du monde en Afrique du Sud, en 1985. Directeur du Grand Casino de 1951 à 1967, il œuvra aussi en qualité de président du Comité des Fêtes, de vice-président du Syndicat d’Initiative, administrateur de l’Office de Tourisme et donna son essor à la Fédération AnjouPoitou-Saintonge du folklore, dont il était aussi président. Et j’en passe ! Aujourd’hui, sa fille cadette, Christine, a pris la relève artistique. Chanteuse guitariste, elle vient de sortir son quatrième album « Christine David chante Barbara ».
© Collection Léo David
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Leo David avec ses filles
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… et Florelle
- Quelle belle famille sablaise(*) ! - Vous pouvez le dire. Je pourrais aussi vous parler d’une artiste sablaise qui a laissé son empreinte dans le cinéma français : Florelle ! De son vrai nom Odette Rousseau, elle est née à La Chaume en 1898. Après la guerre, elle a tourné trois films avec Maurice Chevalier, puis, doublure de Mistinguett au Moulin Rouge, elle y devient meneuse de revue. Dans les années trente, son activité cinématographique est intense. Elle tourne avec les plus grands : Jean Renoir, Fritz Lang et bien d’autres. La seconde guerre mondiale porte un coup dur à sa carrière. Elle termine sa vie aux Sables d’Olonne où elle tient un café (« Chez Florelle » bien sûr), près du Casino des Sports. - N’était-ce pas elle qui était Gervaise dans le célèbre film de René Clément ? - Oui, Monsieur ! Quelle belle femme c’était ! Talentueuse, gouailleuse et spontanée, il était impossible de ne pas subir son charme. Auguste Mathé tirait sur sa pipe, à grandes goulées, pour cacher son émotion. Il conclut, sans le moindre chauvinisme : - Léon et Léo David… Florelle… C’est un bien beau tiercé pour la ville des Sables d’Olonne !
Jacques Bernard
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(*) Léon David avait deux fils. Léo et José. José a fait également carrière dans la musique, en qualité de compositeur. Chaque été, un festival en la chapelle Bourgenay, au cœur de la ville, perpétue sa mémoire et ses œuvres.
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... [LS 800 ans] ...
© Francki Laurent
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CHAUMOIS - SABLAIS « Je t’aime, moi non plus »
Les tumultueux rapports entre Chaumois et Sablais, ont engendré de légendaires escarmouches. Roland Mornet, auteur, historien, et authentique Chaumois, évoque pour nous, la genèse de ces relations aussi fluctueuses que les marées. Amour, passion et… quolibets s’échangent ainsi de chaque côté du chenal depuis plus de 800 ans.
Une animosité entre Chaumois et Sablais ? Rien de plus normal, de plus naturel, il en était ainsi dans de nombreuses villes du littoral proches l’une de l’autre. L’explication étant que ces agglomérations - parfois simples villages - se situaient de part et d’autre d’un chenal, d’un fleuve ou rivière. Il n’en fallait pas plus pour susciter un antagonisme d’autant que souvent d’un côté, c’était le biotope des bourgeois (les nantis ou supposés l’être), de l’autre celui du peuple, ou, si vous voulez, en d’autres termes, celui du patriciat, à l’opposé la plèbe. Il y avait aussi à cette rivalité, m’apparaît-il, de féminines raisons… A noter que le mot rivalité (et ses « dérivés », rival, rivaux) vient de rive et des relations conflictuelles existantes entre deux communautés séparées comme il a été exposé. En exemple de ces villes côtières opposées, animosité parfois toujours existante mais souvent atténuée ou devenue un élément de simple folklore, il peut être cité : - Boulogne sur Mer et le Portel - Douarnenez et Tréboul - et plus près de nous, Saint-Gilles et Croix de Vie
La Chaume et Les Sables : Cette rivalité était exacerbée par le fait qu’une de ces cités riveraines était d’origine plus ancienne, ainsi, la Chaume avait une certaine antériorité d’existence, d’où l’appellation de « Berceau de la Cité ».