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Les grands enjeux de la recherche et de l’innovation en santé

Les grands enjeux de la recherche et de l’innovation en santé

Le secteur biologie-santé concerne des disciplines très diverses : biologie, physiologie, médecine, épidémiologie, pharmacie, biothérapies, technologies pour la santé, santé publique, sciences humaines et sociales. Les recherches dans ces

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de vie et les soins apportés aux patients.

Cancer, maladies chroniques, immunologie, maladies neurodégénératives, maladies rares, thérapie génique et thérapies cellulaires, nanotechnologies, lutte contre l’antibiorésistance, « One Health » : autant d’enjeux majeurs de santé publique que l’irruption du SARSCoV-2 en 2019 ne saurait occulter.

En France, les cancers représentent la première cause de décès chez l’homme, et la deuxième chez la femme. En 2018 l’Institut national du cancer (InCA) a recensé 382 000 nouveaux cas et 157 400 décès. Et si le taux de mortalité standardisé a diminué de 2 % par an chez les hommes et de 0,7 % chez les femmes entre 2010 et 2018, 40 % des cancers peuvent être évités si l’on s’attaque aux 4 principaux facteurs de risque que sont le tabac, l’alcool, l’alimentation déséquilibrée et le surpoids. En amont de la prévention, des dépistages et des traitements (avec de nouveaux médicaments d’immunothérapie spécifique dont les inhibiteurs de points de contrôle de l’immunité et les cellules CAR-T, médicaments de thérapie cellulaire et génique), la recherche joue un rôle majeur pour améliorer la prise en charge des patients.

Dévoilée le 4 février dernier par le président de la République, la stratégie décennale de lutte contre les cancers 20212030 bénéficie d’un financement de près de 1,74 milliard d’euros pour les 5 prochaines années, dont 634 millions dédiés à la recherche - en hausse de 20 % par rapport au Plan cancer 2014-2019. Parallèlement à l’appel à projet « High RiskHigh Gain » pour la recherche contre les cancers de mauvais pronostics et contre les cancers pédiatriques, les premières applications de la plateforme de données seront lancées dans les prochains mois pour mettre l’intelligence artificielle au service du développement de traitements. Ces actions viennent compléter les 11 Programmes d’actions intégrées de recherche (PAIRs) lancés en 2009 par l’InCA en partenariat avec la Ligue contre le cancer et la Fondation ARC pour la recherche sur le cancer, et les 8 SIRIC (sites de recherche intégrée sur le cancer) qui réunissent services médicaux, équipes de recherche multidisciplinaire, ressources et services communs performants.

Améliorer la prise en charge des maladies chroniques

En France, 20 millions de patients souffrent de maladies chroniques, à l’origine de nombreuses complications graves, d’invalidités et de souffrances physiques et morales. Soutenue par l’AP-HP, la

Une étude de ComPaRe impliquant 1 022 patients souffrant de Covid long a fait l’objet d’une publication dans la revue Clinical Infectious Diseases le 29 avril 2021. / A ComPaRe study involving 1,022 patients with long-term Covid was published in the journal Clinical Infectious Diseases on 29 April 2021

ÉDITION 2021

© InCA

communauté de patients pour la recherche ComPaRe s’appuie sur une large e-cohorte de 100 000 patients adultes atteints d’une ou de plusieurs maladie(s) chronique(s) pour étudier la prise en charge générale des maladies chroniques et la multimorbidité, répondre à des questions spécifiques à certaines maladies chroniques grâce à la création de cohortes spécifiques et placer le patient au cœur de la recherche. Les participants seront suivis pendant 10 ans.

ComPaRe est très active sur le front éditorial. En témoignent une étude de ComPaRe Vitiligo, publiée dans le Journal of the American Academy of Dermatology en mars 2021, une étude de ComPaRe Asthme sur l’asthme et la Covid publiée dans le Journal of Asthma le 10 juin 2021 ou encore une étude impliquant 1 022 patients souffrant de Covid long publiée dans Clinical Infectious Diseases le 29 avril 2021 : les chercheurs ont utilisé une méthode originale pour développer et valider la première mesure scientifique de la sévérité de la maladie et de son impact sur la vie des patients.

Les 75 innovateurs valorisés dans le cadre du concours d’innovation i-Lab 2019 / The 75 innovators honoured in the i-Lab 2019 innovation competition

Programmes et équipements prioritaires de recherche exploratoires

La santé était au cœur de l’appel à programmes « Programmes et équipements prioritaires de recherche exploratoires » (PERP). Bâtie sur les enseignements tirés des actions « Equipements structurants pour la recherche » et « Programmes prioritaires de recherche » du P.I.A. 3, cette action du quatrième programme d’investissements d’avenir (P.I.A.4) et du plan France Relance vise à construire ou consolider un leadership français dans des domaines scientifiques prioritaires et susceptibles d’être liés à une transformation, notamment sanitaire. 67 lettres d’intention ont été déposées à la fin mai 2021 et les premiers PEPR exploratoires retenus ont annoncés courant septembre 2021. Il est prévu de lancer une vingtaine de PEPR exploratoires dans les trois premières années du P.I.A.4 pour un montant total d’un milliard d’euros. Une deuxième vague sera ouverte au 3ème trimestre 2021. L’État a également défini des champs stratégiques prioritaires dont certains en santé : santé publique, santé mentale, destins cellulaires, exposome chimique et EcoHealth.

Les PERP visent deux objectifs : préparer l’émergence des futurs domaines d’expertise et de leadership scientifique de la France à l’international ; et structurer le plus largement possible les communautés scientifiques. Un appel qui devrait trouver un écho favorable auprès des grands acteurs de la recherche que sont l’Inserm, les IHU, les CHU, le C.N.R.S.-INSB, le C.E.A.-SDV, l’InCA, l’Institut Pasteur, l’Institut Curie, l’Institut Gustave Roussy, le Genopole, les établissements d’enseignement supérieur, les laboratoires pharmaceutiques… Mais aussi les facilitateurs de la recherche partenariale et de l’innovation qui englobent les SATT, Bpifrance, les instituts Carnot, les pôles de compétitivité et autres incubateurs.

Faire de la France la 1ère nation européenne innovante et souveraine en santé

Produire et mettre à disposition des patients et des soignants les innovations en santé de demain : c’est tout l’enjeu du Concours d’innovation (i-Lab, i-PhD, iNov). Organisé par le gouvernement, cet événement annuel favorise la création et le développement d’entreprises innovantes, nées des avancées de la recherche de pointe française. Son édition 2021 a mis à l’honneur 243 lauréats, tous volets confondus. À titre d’exemple, Manuel Blanc a reçu l’un des 10 Grands Prix iLab 2021 pour Glunozumab, une biothérapie innovante visant à soigner les accidents vasculaires cérébraux et la sclérose en plaques. Il sera accompagné par un parrain pour développer sa future entreprise, rejoignant ainsi les 2 155 entreprises de technologies innovantes créées grâce au concours i-Lab entre 1999 et 2021.

Les chiffres-clés de la recherche et de l’innovation en France

• 51,8 Md€ de dépense intérieure de

R&D, soit 2,20 % du PIB • 65,5 % des travaux de R&D réalisés par les entreprises pour un montant de 34 Md€ • 305 000 chercheurs en E.T.P. (2018) • 8ème rang en part mondiale des publications scientifiques (2019) • 5ème rang mondial dans le système européen des brevets (2019) • 4 000 jeunes entreprises innovantes bénéficiaires de 203 M€ en 2018 • 7 900 entreprises bénéficiaires de 254 M€ de crédit d’impôt innovation en 2018 • 6,5 Md€ de crédit d’impôt recherche en 2018 • 910 M€ de budget de recherche et de transfert de technologie pour les collectivités territoriales.

Source : « L’état de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation en France (n° 14 - Avril 2021) » du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation.

Stratégie Innovation Santé 2030 : un plan de 7 milliards d’euros pour faire de la France la première industrie de santé européenne

Résultat des travaux du Conseil stratégique des industriels de santé (CSIS), cette stratégie qui s’inscrit dans le PIA a fixé 7 mesures pour l’innovation en santé (renforcer la capacité de recherche biomédicale, soutenir les 3 secteurs d’avenir des industries de santé, faire de la France le pays leader en Europe sur les essais cliniques, permettre une équité d’accès aux soins et offrir aux innovations un cadre d’accès au marché accéléré et simplifié, offrir un cadre économique prévisible et cohérent avec l’objectif de souveraineté sanitaire et industrielle, soutenir l’industrialisation des produits de santé sur le territoire français et accompagner la croissance des entreprises du secteur, créer une agence d’innovation en santé) ainsi que 3 stratégies d’accélération : biothérapie et bioproduction de thérapies innovantes, santé numérique (IA, IoT… en lien avec le projet de ParisSanté Campus), maladies infectieuses émergentes et menaces nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques. Autant d’angles d’attaque pour faire face au triple enjeu de l’efficacité du système de soins, de la croissance économique et de la souveraineté sanitaire française.

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