SOMMAIRE & REFERENCE
1
SOMMAIRE SOMMAIRE
1
AVANT-PROPOS
11
RESUME
17
1ERE PARTIE : IDENTIFICATION DES MECANISMES/CANAUX DE TRANSMISSION DES EFFETS DE LA CRISE MONDIALE A L’ECONOMIE BENINOISE
37
I. LA CRISE MONDIALE ET SES CANAUX DE TRANSMISSION 1.1. Crise mondiale : évolution et mécanismes 1.2. Transmission de la Crise mondiale à l’Afrique Subsaharienne II. IDENTIFICATION DES MECANISMES DE TRANSMISSION DES EFFETS DE LA CRISE MONDIALE SUR L’ECONOMIE BENINOISE 2.1. L’économie béninoise à la veille de la crise financière mondiale 2.2. Canaux de transmission de la crise au Bénin 2.3. Prévisions de l’impact de la crise sur le Bénin
37 37 42 50 51 65 74
2EME PARTIE : EVALUATION ET QUANTIFICATION DES EFFETS A COURT ET MOYEN TERMES DE LA CRISE MONDIALE SUR LES PRINCIPAUX INDICATEURS MACROECONOMIQUES ET SOCIAUX DU BENIN 77
2
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
III. SIMULATION DES EFFETS DE LA CRISE MONDIALE SUR LES INDICATEURS MACROECONOMIQUES DU BENIN 3.1. Approche méthodologique 3.2. Principales hypothèses macroéconomiques 3.3. Résultats de la simulation des effets de la crise mondiale sur le cadre macroéconomique du Bénin
77 77 79 88
IV. SIMULATION DES EFFETS DE LA CRISE MONDIALE SUR LA PAUVRETE ET LES INDICATEURS SOCIAUX AU BENIN 4.1. Crise mondiale et pauvreté au Bénin 4.2. Crise mondiale et indicateurs sociaux
107 108 112
3EME PARTIE : MESURES POUR ATTENUER LES EFFETS DE LA CRISE SUR L’ECONOMIE BENINOISE
121
V. DIAGNOSTIC DE L’ECONOMIE BENINOISE 5.1. Atouts et faiblesses de l’économie béninoise 5.2. Etat des lieux du financement de l’économie 5.3. Gestion des crises récentes au Bénin 5.4. Problèmes réels engendrés par la présente crise
121 121 124 127 131
VI. MESURES DE POLITIQUE ECONOMIQUE RECOMMANDEES POUR ATTENUER LES EFFETS DE LA CRISE MONDIALE SUR LE BENIN 6.1. Recommandations et mesures préventives en cours au Bénin à la fin du premier trimestre 2009 6.2. De la nécessité d’un plan de mesures complémentaires contre la crise 6.3. Mesures recommandées contre la crise BIBLIOGRAPHIE
134 135 138 140 147
SOMMAIRE & REFERENCE
3
ANNEXES Annexe 1 : Matrice de mesures Annexe 2 : Perception de la crise par le secteur privé Annexe 3 : Prévision révisée de croissance pour 2009 Annexe 4 : Tableau des prévisions de croissance 2009 et 2010 Annexe 5 : Résultats des simulations sur la croissance économique (approche demande) Annexe 6 : Résultats des simulations sur la croissance économique (approche offre) Annexe 7 : Résultats des simulations sur la situation monétaire Annexe 8 : Le modèle de simulation et d’analyse des réformes économiques (MOSARE) Annexe 9 : Cadre macroéconomique de suivi des indicateurs des OMD Annexe 10 : Méthodologie de l’étude d’impact Annexe 11 : Termes de Référence de l’étude (TDR) Annexe 12 : Equipe de réalisation de l’étude d’impact de la crise financière et économique mondiale sur le développement économique et social du Bénin
I I V XVII XXIV XXV XXVI XXVII XXVIII XXXV XL XLIV LIV
4
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
LISTE DES TABLEAUX Tableau 1 : Impact sur le taux de croissance.............. 28 Tableau 2 : Impact sur l’offre de production ............. 28 Tableau 3 : Impact sur les finances publiques ........... 29 Tableau 4 : Résultats des simulations sur la balance des paiements.................................................... 30 Tableau 5 : Synthèse des mesures de politique ......... 31 Tableau 6 : Evolution du nombre d’établissements de crédit en activité...................................... 61 Tableau 7 : Coefficient net d’exploitation des établissements de crédit ........................... 64 Tableau 8 : Balance commerciale au Bénin (en milliards de FCFA) ................................... 69 Tableau 9 : Hypothèses sur le cours des matières premières ........................................................... 82 Tableau 10 : Synthèse des principales hypothèses de simulation .................................................. 88 Tableau 11 : Taux de croissance du PIB réel (%)........ 90
SOMMAIRE & REFERENCE
5
Tableau 12 : Impact de la crise du point de vue de la demande ................................................. 91 Tableau 13 : Impact de la crise du point de vue de l’offre de production ............................ 95 Tableau 14 : Résultats des simulations sur l’évolution des prix ...................................... 98 Tableau 15: Résultats des simulations sur les finances publiques .................................. 99 Tableau 16 : Résultats des simulations sur la balance des paiements ....................... 101 Tableau 17 : Impact sur la situation monétaire integrée .......................................................... 103 Tableau 18 : Taux de croissance du PIB courant (%) suivant divers scénarii ................. 107 Tableau 19 : Impact de la crise mondiale sur les indices de pauvreté en 2009........... 109 Tableau 20 : Impact de la crise mondiale sur les indices de pauvreté en 2010........... 111 Tableau 21 : Impact sur les indicateurs sociaux ..... 117 Tableau 22 : Evolution comparative des indicateurs sociaux avec ceux de l’Afrique subsaharienne ........ 120
6
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
Tableau 23 : Bénin - UEMOA taux de bancarisation ..................................................................................................... 126 Tableau 24 : Bénin – Evolution du crédit à l’économie (en % du PIB) ................................................. 127 Tableau 25 : Impact sur les finances publiques (en Milliards de FCFA) .............................. 130 Tableau 26 : Evolution de l’indice harmonisé des prix à la consommation ................... 131 Tableau 27 : Mesures prises par la BCEAO ................ 137
PREFACE & AVANT - PROPOS
7
PREFACE Depuis la deuxième moitié de l'année 2007, le monde entier traverse une crise financière déclenchée aux Etats-Unis. D'abord financière, la crise s'est révélée économique et a débouché sur une récession quasigénéralisée des économies industrialisées. Ses effets réels se sont ensuite propagés, avec la manifestation, vers la fin de l'année 2008, d'effets néfastes sur l'économie béninoise. La présente étude portant « Impact de la crise financière et économique internationale sur le développement économique et social au Bénin », réalisée sous la coordination du Ministère de la Prospective, du Développement, de l'Evaluation des Politiques Publiques et de la Coordination de l'Action Gouvernementale, a connu la participation des cadres Ministère de l'Economie et des Finances et du secteur privé. Elle a bénéficié également de l'assistance technique du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). Sa réalisation est une étape essentielle dans la recherche, par le Gouvernement du Bénin, de solutions optimales aux conséquences de la crise. Avant tout, il convient de rappeler que la crise financière et économique internationale est intervenue dans un contexte national déjà marqué par les conséquences défavorables d'une double crise
8
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
alimentaire et énergétique qui a secoué le Bénin en 2007-2008 et dont les chocs ne sont pas encore absorbés. Ce contexte national difficile et ta vulnérabilité du pays aux chocs extérieurs, mettent en exergue l'ampleur des défis économiques et sociaux à relever par l'ensemble des acteurs engagés dans le développement au Bénin. En effet, les effets de ta crise actuelle risquent de compromettre les progrès économiques et sociaux enregistrés au Bénin depuis 2006 si une réponse appropriée n'y est pas apportée. Elle pourrait ainsi saper les avancées notables en direction des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) et ainsi que les autres objectifs de développement humain. Les réflexions engagées au titre de la présente étude apportent l‟éclairage nécessaire pour consolider le cadre de l'opérationnalisation des Orientations Stratégiques de Développement (OSD) du Gouvernement. Des actions concrètes qu‟imposent les effets de la crise, structurées en mesures immédiates et structurelles, ont été proposées pour consolider le cadre macroéconomique, soutenir la croissance économique et améliorer les conditions de vie des populations. La mise en œuvre efficace des mesures de politique découlant des recommandations de la présente étude permettra, non seulement, d'aborder les problèmes spécifiques en réponse aux effets pervers de la crise, mais aussi de réduire ta vulnérabilité de l'économie béninoise vis-à-vis des
PREFACE & AVANT - PROPOS
9
chocs externes. Les enseignements tirés des conclusions de cette étude offrent l'occasion au Gouvernement du Bénin d'affiner sa vision du développement économique et social, en y intégrant les préoccupations nouvelles résultant de la crise mondiale actuelle. A cet égard, l'Administration publique renforcera sa coopération avec les partenaires techniques et financiers, afin de créer les conditions de succès pour la mise en œuvre des mesures retenues.
M. Pascal l. KOUPAKI Ministre d'Etat, Chargé de la Prospective, Développement, de l'Evaluation des Politiques Publiques et de la Coordination de l'Action Gouvernementale Président de la Commission Nationale de gestion de l'impact de la crise financière et économique internationale sur le développement économique et social
Mme Nardos BEKELE-THOMAS Coordonnateur du Résident du Système des Nations Unies au Bénin, Représentant Résident du Programme des Nations Unies pour le Développement
11
PREFACE & AVANT - PROPOS
AVANT-PROPOS L‟économie mondiale est confrontée, depuis la seconde moitié de l‟année 2007, à une crise financière internationale provoquée notamment par
l‟effondrement
du
marché
des
crédits
hypothécaires aux Etats-Unis. Cette crise, vers la fin de l‟année 2008, a entraîné le monde dans une récession quasi généralisée. Elle s‟est donc muée en une crise économique mondiale. Les pays africains, dont la majeure partie n‟a pas subi les effets directs de la crise financière internationale,
subissent
actuellement
les
contrecoups de la crise économique, à travers, d‟une part, la baisse de la demande mondiale, qui va exercer une pression à la baisse sur les cours de produits de base, et, d‟autre part, la réduction des flux de capitaux étrangers et des transferts des migrants. Depuis le premier trimestre 2009, les répercussions de la crise mondiale se font sentir sur l‟économie béninoise. Cette nouvelle évolution de la conjoncture internationale risque de saper, à
12
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
court et à moyen termes, les efforts entrepris par le Gouvernement pour hisser le Bénin au rang des pays émergents, avec un objectif de taux de croissance économique de 8 à 9% l‟an. Le Chef de l‟Etat, le Docteur Boni YAYI, a installé, le 14 mai 2009, la Commission nationale de gestion de l’impact de la crise financière et économique sur le développement économique et social au Bénin, commission paritaire secteur public–secteur privé, présidée par le Ministre d‟Etat,
Chargé
de
la
Prospective,
du
Développement, de l‟Evaluation des Politiques Publiques et de la Coordination de l‟Action Gouvernementale.
Cette
commission
est
notamment chargée de proposer au Gouvernement des mesures de politique économique susceptibles de
juguler
économique
les
répercussions
mondiale
sur
le
de
la
crise
développement
économique et social du Bénin. La Commission est appuyée par un Groupe technique de travail, présidé par le Directeur de Cabinet
du
Ministre
d‟Etat,
Chargé
de
la
Prospective, du Développement, de l‟Evaluation
13
PREFACE & AVANT - PROPOS
des Politiques Publiques et de la Coordination de l‟Action Gouvernementale. Le Groupe de travail comprend le Conseiller Technique à l‟Economie du Ministre d‟Etat, Chargé de la Prospective, du Développement, de l‟Evaluation des Politiques Publiques et de la Coordination de l‟Action Gouvernementale,
le
Conseiller
Technique
à
l‟Economie du Ministre de l‟Economie et des Finances, le Directeur Général des Politiques de Développement, le Directeur Général de l‟INSAE, le Directeur Général des Affaires Economiques, l‟Economiste National du PNUD ainsi que des cadres du Ministère de l‟Economie et des Finances et
du
Ministère
de
la
Prospective,
du
Développement, de l‟Evaluation des Politiques Publiques et de la Coordination de l‟Action Gouvernementale. Le Groupe de travail, soutenu par le PNUD, a bénéficié de la contribution significative
de
Consultant,
Directeur
CONSULTANTS.
Monsieur du
Claude
d‟ALMEIDA,
Cabinet
CDAL-
14
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
Le présent rapport rend compte des réflexions du Groupe de travail, conduites du 14 mai au 19 juin 2009. Il est subdivisé en trois parties. La première partie porte sur l‟analyse théorique des effets à court et moyen termes de la crise mondiale sur le développement économique et social du Bénin. Elle rappelle l‟historique et l‟évolution de la crise financière et économique mondiale puis précise les canaux de transmission par lesquels l‟économie béninoise pourrait être atteinte. A
partir
d‟une
démarche
méthodologique
cohérente reposant sur des hypothèses liées aux canaux de transmission de la crise, diverses simulations ont permis, dans la deuxième partie, d‟évaluer et de quantifier l‟impact de la crise mondiale sur le cadre macroéconomique, sur l‟indice de pauvreté et sur le bien-être social en 2009 et 2010. Des recommandations de politique économique, applicables par le Gouvernement à court, moyen et long termes, sont formulées dans la troisième
PREFACE & AVANT - PROPOS
15
partie en exploitant notamment les débats au sein de la Commission nationale de gestion de l‟impact de la crise sur le développement économique et social du Bénin et les propositions spécifiques faites par les organisations professionnelles du secteur privé et les régies financières. Ces propositions
sont
récapitulées
en
annexe.
RESUME L‟économie mondiale est confrontée, depuis le second semestre de l‟année 2007, à une crise financière internationale causée par l‟effondrement du marché des crédits hypothécaires aux Etats-Unis. La dépréciation de ces titres hypothécaires ainsi que la forte intégration des marchés financiers américains et européens ont successivement entraîné un écroulement de la valeur des actions de plusieurs institutions financières sur les marchés boursiers, une chaîne de défaillances et une crise de solvabilité affectant le bon fonctionnement de la finance internationale (banques, assurances, marchés boursiers, marchés monétaires, etc.). La crise financière s‟est alors répercutée sur l‟économie réelle par un affaissement de la demande mondiale et une baisse des cours des matières premières, dont le pétrole. Elle a également eu pour conséquences la hausse du coût d‟accès aux crédits, la baisse du volume des transferts des migrants, le ralentissement des flux de capitaux (notamment les investissements
18
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
directs étrangers, IDE) et le repli de l‟aide publique au développement. Les marchés financiers de l‟Afrique, en particulier ceux de l‟Afrique subsaharienne, ont été perturbés au début de l‟année 2009, comme le soulignent les déséquilibres qu‟ont connus les deux premières économies de la région et les tendances enregistrées sur les principales places boursières. En République d‟Afrique du Sud, 40 % des prêts étaient hypothéqués alors que le prix des immeubles avait commencé à chuter. Le niveau de crédit privé ne cessait d‟augmenter (plus de 100% en 2007) au Nigeria. Au 19 mai 2009, les bourses du Ghana, du Nigeria et de l‟UEMOA (BRVM) ont connu, par rapport au 31 décembre 2008, la chute de leurs valeurs indiciaires respectivement de l‟ordre de 23,9%, 19% et 23,9%. Ces chutes s‟expliquent surtout par le recul des flux de capitaux étrangers. Les économies africaines sont également impactées par l‟amenuisement du volume des transferts de migrants. Par ailleurs, l‟aide publique au développement (APD), dont bénéficie le continent, pourrait se réduire, malgré
RESUME
19
les promesses des partenaires techniques et financiers. L‟analyse de la situation économique du Bénin et de ses relations avec l‟extérieur fait apparaître que les effets de la crise pourraient être transmis à l‟économie par le système financier, les flux financiers avec l‟étranger et le commerce international. Les répercussions de la crise pourraient frapper quelques secteurs de l‟économie tels que l‟agriculture, le commerce, l‟industrie manufacturière, les BTP, les transports et les télécommunications. Les couches les plus vulnérables ressentiraient plus les effets de la crise par le biais de l‟emploi, des prix, de l‟accès aux biens et services, des revenus, des prélèvements fiscaux et des transferts sociaux. Il est alors important de bien évaluer et de quantifier les effets de la crise sur l‟économie béninoise afin d‟en éviter une contagion beaucoup plus grave. A cet égard, pour simuler l‟impact sur le développement économique et social du Bénin, six hypothèses ont été formulées, compte tenu des
20
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
perturbations pouvant découler de la crise mondiale par rapport aux prévisions économiques élaborées à la fin de l‟année 2008. Les variables identifiées, à cet effet, sont relatives à la baisse des cours internationaux du coton et du pétrole, à celle de la demande du Nigeria et de la Côte d‟Ivoire, à l‟appréciation du dollar des Etats-Unis et au repli de l‟envoi des fonds de la diaspora. Les résultats des simulations faites à partir des hypothèses formulées font apparaître que la crise pourrait essentiellement freiner la croissance économique, dégrader davantage le déficit des finances publiques et limiter, de façon sensible, les importations et les investissements directs étrangers. Toutefois, les gains de réserves de change engrangées en 2009 (augmentation de 68% par rapport à la situation initiale) et 2010 (20,3%) devraient légèrement améliorer les comptes monétaires. Ainsi, le taux de croissance perdrait, par rapport aux situations de référence, 1,8 point en 2009 et 3 points en 2010, du fait de la crise mondiale. La crise induirait une baisse de la consommation, notamment de la consommation privée (3,3% et
RESUME
21
5,8% respectivement en 2009 et 2010), imputable au repli des envois de fonds des Béninois de la diaspora qui subiraient le ralentissement économique dans leurs pays de résidence. De même, les autres déterminants de la demande tels que les investissements, les importations, les exportations se réduiraient, à l‟exception du poste de la variation des stocks. Concernant l‟offre, la production agricole ne serait pas affectée de façon significative. Les secteurs secondaire et tertiaire seraient les plus menacés. L‟inflation gagnerait 1,1 point et 0,7 point respectivement en 2009 et 2010, du fait de l‟appréciation du dollar des Etats-Unis qui ferait accroître les prix des produits importés. En combinant les effets de la crise à la conjoncture économique nationale, le taux de croissance du PIB réel, dégagé par cette étude, est de 4% en 2009 et de 5,1% en 2010. Le test de divers scénarii alternatifs a fait ressortir que la croissance du PIB s‟établirait en 2009 entre 3,3% et 4,3% contre une prévision initiale de 6,5% en scénario de référence. En 2010, la croissance économique se situerait
22
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
entre 3,5% et 5,1% contre les 6,5% prévus initialement. Au niveau des finances publiques, la crise induirait une diminution des recettes totales de l‟Etat d‟environ 48 milliards de FCFA en 2009 et 86 milliards de FCFA en 2010 entraînée notamment par la réduction du volume des exportations en direction du Nigeria et des pays de l‟hinterland. Les dépenses totales devraient être légèrement limitées. Au total, le déficit budgétaire se dégraderait d‟environ 1,4 point de pourcentage du PIB en 2009 et de 2,2 points de pourcentage du PIB en 2010. Ces résultats sont proches des prévisions faites par le FMI en avril 2009 sur le Bénin. La crise financière et économique mondiale induirait en 2009 une baisse d‟environ 7% des exportations et 8% des importations et respectivement 16% et 13,5% en 2010. Les transferts de fonds des émigrés et les investissements directs étrangers (IDE) connaîtraient la même tendance. Par contre, la balance des services devrait bénéficier de la baisse des coûts du fret, en liaison avec la baisse des cours du pétrole.
RESUME
23
Une analyse désagrégée de l‟impact de la crise sur les conditions de vie des ménages, à partir des prévisions faites sur le cadre macroéconomique, indique que la baisse du revenu disponible des ménages entraînerait une réduction des dépenses, une contraction de la consommation finale privée et une hausse de l’incidence de pauvreté monétaire. 34,4% des ménages béninois seraient menacés par la pauvreté monétaire en 2009 contre 33,3% en 2007 (situation reconduite en 2008), soit une hausse de 1,15 point de pourcentage de l‟indice de pauvreté monétaire. En 2010, l‟indice de pauvreté monétaire serait en recul de 2,1 points de pourcentage par rapport à 2009, et se situerait à 32,4% en raison de la reprise économique attendue pour cette année. C’est dire que la crise actuelle enfoncerait les populations béninoises dans la pauvreté en l’absence de mesures idoines. Frappés par une hausse de l‟indice de pauvreté monétaire de 1,19 point en 2009, les ménages urbains sont les plus menacés, surtout ceux dont les chefs travaillent dans les secteurs tertiaire et secondaire (Commerce, Transports et Télécommunications, Autres services, Industrie, Banque et Assurance, BTP).
24
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
A partir des simulations faites sur le cadre macroéconomique et sur la pauvreté, l’impact de la crise mondiale sur les indicateurs sociaux a été estimé. Partant de l‟hypothèse du maintien des parts actuelles des dépenses de santé, d‟éducation et d‟infrastructures par l‟Etat, le taux brut de scolarisation au primaire pourrait être dégradé de 0,20% en 2009 et 0,54% en 2010 par rapport aux prévisions de référence qui étaient respectivement de 99,5% et 99,9% en 2009 et 2010. La mortalité infantile s‟accroîtrait de 1,09 point en 2009. La prévalence de la malnutrition augmenterait respectivement de 0,39% et de 0,29% en 2009 et 2010. L‟accès des zones déshéritées à l‟eau potable sera ralenti. Les caractéristiques de l‟environnement économique, les instruments de politique économique dont dispose l‟Etat et les problèmes additionnés attendus de la récession économique ont imposé des axes de mesures à court, moyen et long termes préconisant : la relance de l‟offre intérieure, l‟accroissement de la demande de production intérieure, le soutien aux finances publiques et le renforcement du secteur financier.
RESUME
25
En matière de relance de l’offre intérieure, il a été surtout proposé au Gouvernement : de poursuivre la promotion des filières de produits locaux à cycle court à exporter vers le Nigeria et les pays voisins (exemples : ananas, maïs) ; d‟accélérer la restructuration de la SBEE et de Bénin Télécoms SA. A moyen et long termes, il faudra : lancer, avec le secteur privé, un programme d‟agrobusiness pour la transformation des noix de cajou, ananas, fruits et légumes, maïs, riz ; appuyer le secteur privé dans la modernisation et la mise en place de restaurants-témoins style maquis, restauration rapide (kiosques de vente de beignets „‟ata‟‟ & „‟tévi‟‟, „‟boro-boro‟‟, „‟doko‟‟, „‟massa‟‟, „‟wassa-wassa‟‟, etc.). Pour accroître la demande de production intérieure, l‟Etat devrait, à court terme, associer le secteur privé à la multiplication des boutiques
26
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
témoins du type ONASA pour la promotion des produits locaux et apurer ses arriérés de paiement intérieurs, notamment sur les chantiers de construction d‟infrastructures. Il faudra, au cours de l‟année 2010, accélérer la mise en place du Régime d’Assurance Maladie Universelle (RAMU), dont le projet est actuellement en cours d‟élaboration au Ministère de la Santé et mettre à la disposition des investisseurs de véritables études de faisabilité complètes sur les filières, secteurs et activités que l‟on veut promouvoir (exemples : APIX, projet GOANA au Sénégal). Pour conforter les ressources budgétaires, les autorités pourraient revoir la possibilité d‟augmenter la collecte de recettes fiscales par l’élargissement de l’assiette fiscale (exemple : la taxe sur les cigarettes et les boissons importées). S’agissant du renforcement du secteur financier, la récession mondiale affecte directement les secteurs exportateurs au Bénin. Il faut donc craindre un effet de second tour qui résulterait des difficultés financières des entreprises œuvrant dans les secteurs impactés par la crise. Ces
RESUME
27
difficultés affecteront, avec retard, la santé du secteur financier. Les autorités publiques, en rapport avec la Banque Centrale, doivent asseoir un programme de suivi des établissements de crédit. En raison de l‟impact de la crise sur les couches sociales les plus défavorisées, les autorités publiques devraient renforcer les programmes de crédits aux plus pauvres. A moyen terme, la résolution de la question globale de la faiblesse généralisée d‟accès au crédit et du financement de l‟investissement implique des mesures hardies qui tiennent notamment de la cotation des grandes banques et compagnies d‟assurance sur le marché boursier, de la nécessité de concevoir de nouvelles catégories d‟institutions bancaires adressant les niveaux macro, méso et micro, de l‟urgence de promouvoir la création d‟institutions de financement spécialisées (crédit foncier, crédit à l'agriculture, à la pêche, à l‟élevage, à l‟artisanat ; crédit industriel ; crédit aux PME/PMI, crédit à l‟habitat, etc.). Les résultats des simulations ainsi que les principales recommandations de la commission sont récapitulées dans les tableaux ci-après.
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
28
TABLEAU 1 : IMPACT SUR LE TAUX DE CROISSANCE 2009
2010
Référence
6,1
6,5
Prévision crise
4,3
3,5
Prévision crise et autres facteurs de l’économie nationale
4,0
5,1
FMI
3,8
3,0
Source : Groupe de travail, mai 2009
TABLEAU 2 : IMPACT SUR L’OFFRE DE PRODUCTION 2009
2010
Réf.
Crise
Variation
Réf.
Crise
Variation
369,2
357,1
-3,3%
403,7
371,5
-8,0%
Industries manufacturières
238,1
228,9
-3,9%
265,4
242,3
-8,7%
BTP
98,8
96,2
-2,6%
103,8
95,8
-7,8%
Secteur tertiaire
833,7
796,8
-4,4%
930,3
838,5
-9,9%
Commerce
468,7
446,7
-4,7%
518,8
463,7
-10,6%
Transports et télécommunications
191,9
183,6
-4,3%
218,6
198,5
-9,2%
Banque assurance
43,5
42,2
-3,0%
47,2
43,7
-7,5%
Secteur secondaire
Source : Groupe de travail, mai 2009
RESUME
29
TABLEAU 3 : IMPACT SUR LES FINANCES PUBLIQUES 2009
2010
Réf.
Crise
Ecart
Recettes totales
689,3
640,7
-48,6
Recettes Fiscales
617,8
569,2
-48,6
Recettes des impôts
281,8
273,0
Recettes douanières
336
Dépenses totales
761,2
Dépenses courantes
Variation
Crise
-7,1%
801,7
715,8
-85,9
-10,7%
-7,9%
724,7
638,8
-85,9
-11,9%
-8,8
-3,1%
326,5
307,5
-19,0
-5,8%
296,2
-39,8
-11,8%
398,2
331,2
-66,9
-16,8%
751,0
-10,2
-0,5%
835,5
827,1
-8,4
-1,0%
545,4
546,2
0,8
0,2%
581,5
582,2
0,7
0,1%
Investissement
215,8
204,8
-11,0
-5,1%
254,0
244,9
-9,0
-3,6%
Intérêts Déficit global (base ordonnancement)
13,7
14,5
0,8
6,0%
12,1
12,8
0,7
-71,9
-110,3
-38,4
53,4%
-33,7
-111,3
-77,5
5,4% 229,8 %
Source : Groupe de travail, mai 2009
Ecart
Variati on
Réf.
30
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
TABLEAU 4 : RESULTATS DES SIMULATIONS SUR LA BALANCE DES PAIEMENTS 2009
2010 Ecart
Réf.
Crise
Exportation FAB
537,3
499,6
-37,7
Importation FAB
887,1
817,2
Balance commerciale
Variation
Ecart
Variation
Réf.
Crise
-7,0%
584,0
491,2
-92,8
-15,9%
-69,9
-7,9%
-934,7 -808,9 125,7
-13,5%
-349,8
-317,5 32,2
-9,2%
-350,7 -317,7 33,0
-9,4%
Services nets
-103,9
-60,3
43,6
-41,9%
-73,8
-21,7
52,0
-70,5%
Revenus des investissements
8,7
7,9
-0,8
-9,3%
9,8
9,4
-0,4
-4,3%
Transferts nets
144,2
114,2
-30,0
-20,8%
144,9
129,9
-15,0
-10,4%
Balance courante
-300,8
-255,8 45,0
-15,0%
-269,7 -200,1 69,6
-25,8%
Compte de capital
56,6
56,6
0,0
0,0%
60,3
60,3
0,0
0,0%
Capitaux non monétaires
251,9
212,2
-39,7
-15,8%
272,3
209,7
-62,6
-23,0%
124,8
87,1
-37,8
-30,3%
136,3
75,7
-60,6
-44,5%
7,7
13,0
5,3
68,0%
62,9
69,9
12,8
20,3%
Dont IDE Solde global
Source : Groupe de travail, mai 2009
RESUME
31
TABLEAU 5 : SYNTHESE DES MESURES DE POLITIQUE
Politique fiscale :
Pas de création d‟impôts nouveaux. Mise en place de mécanismes au niveau de la douane et des impôts pour relancer l‟activité de commerce et, dans le même temps, améliorer le niveau de revenu de l‟Etat : 1- application d‟un taux cumulé de
10,2% au lieu de 17,5% sur les marchandises en régime de réexportation ; 2- révision à la baisse de valeurs
consensuelles, à commencer par le riz, les huiles, les viandes et abats comestibles, les friperies, etc. ; 3- extension du délai de dépôt à 12
mois pour les marchandises ainsi que les véhicules d‟occasion ; 4- dégel des stocks de marchandises
sous douane, dans l‟enceinte du port de Cotonou, par la facilitation de l‟enlèvement desdites marchandises dans des entrepôts fictifs (EF) ou la mise à la consommation (MAC) ;
32
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
TABLEAU 5 : SYNTHESE DES MESURES DE POLITIQUE 5- suppression
progressive des exonérations, exemptions et autres aides fiscales, génératrices de distorsions de concurrence dans le marché commun.
Politique Budgétaire :
1- assainissement du portefeuille PIP
et maintien, à un niveau soutenu, du volume des investissements publics productifs ; 2- apurement
des arriérés paiement intérieurs ;
3- contrôle
des indispensables.
dépenses
de non
Politique Monétaire :
Desserrement de la contrainte de liquidité en vue de permettre une grande marge de manœuvre au secteur bancaire. La principale mesure porte sur la révision à la baisse du taux des réserves obligatoires.
Politiques Structurelles
1-
amélioration de la compétitivitécoût du port de Cotonou pour éviter le détournement du trafic vers les ports de la sous-région ;
2-
accélération de la réforme du secteur de l‟énergie électrique ;
RESUME
33
TABLEAU 5 : SYNTHESE DES MESURES DE POLITIQUE 3-
meilleure organisation du secteur agricole ;
4-
sécurisation foncière à travers la mise en application de la loi sur le foncier rural et l‟accélération des mesures foncières qui piétineraient au niveau du MCA ;
5-
promotion de l‟installation des entreprises locales dans la zone franche industrielle ;
6-
levée des blocages administratifs sur certains dossiers, notamment le retard pour la signature du décret qui transforme le Centre de Formalités des Entreprises (CFE) en Guichet Unique de Formalités des Entreprises (GUFE) ;
7-
poursuite des réformes judiciaires pour améliorer l‟environnement réglementaire des affaires ;
8-
réexamen de l‟organisation de la filière de véhicules d‟occasion ;
9-
élargissement fiscale ;
10-
assouplissement de la législation
de
l‟assiette
34
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
TABLEAU 5 : SYNTHESE DES MESURES DE POLITIQUE
du travail ; 11-
Autres mesures de moyen terme
promotion du partenariat publicprivé.
1. facilitation de la mise à disposition des certificats de détaxe pour améliorer la situation de trésorerie des entreprises ; 2. amélioration du fonctionnement de l‟Administration pour rendre des services de qualité aux usagers et en particulier au secteur privé ; 3. clarification et vulgarisation effective et ciblée des procédures administratives et leur exécution sans délit bureaucratique ; 4. recrutement de la main-d‟œuvre qualifiée dans l‟Administration et suivi du respect du temps de travail ; 5. remise à plat de la grille salariale des agents ; 6. introduction de la norme ISO dans
35
RESUME
TABLEAU 5 : SYNTHESE DES MESURES DE POLITIQUE
l‟Administration ; 7. lutte contre le rançonnement qui réapparaît dans l‟Administration ; 8. promotion de petites entreprises spécialisées dans les activités de services ; 9. poursuite du recentrage du rôle de l‟Etat dans la promotion des filières ; 10. mise à disposition de moyens additionnels pour étendre la production du riz à toutes les zones favorables à sa culture ; 11. professionnalisation accrue des acteurs des filières ; 12. meilleure organisation filière maïs.
de
la
1ERE PARTIE : IDENTIFICATION DES MECANISMES/CANAUX DE TRANSMISSION DES EFFETS DE LA CRISE MONDIALE A L‟ECONOMIE BENINOISE I. LA CRISE MONDIALE ET SES CANAUX DE TRANSMISSION Pour bien appréhender les effets de la crise financière et économique mondiale sur les économies des pays en développement, il est nécessaire d‟en connaître les causes profondes, les manifestations, les mécanismes et les grands canaux de transmission à travers le monde.
1.1. Crise mondiale : évolution et mécanismes Au début des années 2000, l‟Etat américain, sous le coup d‟une récession économique, a défini une politique de relance économique dont l‟un des piliers était l‟accès à la propriété immobilière. Les taux d‟intérêt ont été significativement abaissés pour faciliter l'accès au crédit, notamment les prêts hypothécaires à un moment où le prix de
38
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
l‟immobilier était élevé. Un grand nombre de ménages ne disposant pas de garanties suffisantes ou qui avaient été défaillants vis-à-vis des banques ont bénéficié de ces crédits mais à des taux élevés (subprime ou surprime). Les banques, qui détenaient ces créances, avaient la possibilité de les transformer en titres et de les céder à d‟autres institutions financières sur le marché financier parce que ces crédits bénéficiaient de la garantie d‟organismes dits de rehaussement de crédits. Ces titres hypothécaires garantis ont circulé sur la plupart des grandes places financières internationales parce qu‟ils étaient bien rentables. En 2006, la conjoncture internationale a été marquée par des difficultés économiques à travers notamment une crise énergétique et alimentaire causée par l‟envolée des prix des matières premières (dont le pétrole) et des biens de consommation. De plus, du fait de la concurrence des pays émergents (Chine, Inde, Corée du Sud, etc.), les firmes internationales et américaines ont commencé par faire, de moins en moins, de profits et par supprimer massivement des emplois. Le pouvoir d‟achat des américains s‟est dégradé. Le
1ERE PARTIE : IDENTIFICATION DES MECANISMES/CANAUX DE TRANSMISSION DES EFFETS DE LA CRISE MONDIALE A L’ECONOMIE BENINOISE
39
nombre de ménages dans l‟incapacité de rembourser leurs crédits, notamment hypothécaires, a augmenté. Le nombre de propriétés mises en garantie à vendre s‟est multiplié, créant une baisse inattendue des prix de l‟immobilier aux Etats-Unis et, en conséquence, de la valeur des titres qui étaient adossés à ces biens immobiliers. Par ailleurs, il y a eu une remontée progressive des taux d'intérêt, en liaison avec la hausse des taux directeurs de la Réserve fédérale américaine. La dépréciation de la valeur des titres de crédits subprime a entraîné successivement une détérioration de l‟actif des institutions financières détentrices, une vague de désengagement de ces titres, une défaillance des maisons de garantie (rehausseurs de crédit), des difficultés de trésorerie des banques américaines et d‟autres pays, qui avaient investi sur ces titres, une baisse sensible des prêts entre banques, du fait de la méfiance généralisée, et une crise de liquidité sur les marchés américains et européens. La crise s‟est aggravée depuis l‟été 2007 par l‟effondrement progressif de la valeur des actions de nombre
40
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
d‟institutions financières sur les marchés boursiers. Elle a révélé des dysfonctionnements profonds dans la finance internationale. Par un "effet domino" liant les banques américaines spécialisées dans les crédits hypothécaires aux autres acteurs financiers internationaux, la crise a engendré une chaîne de défaillances et une crise de liquidité affectant le bon fonctionnement du système des paiements (banques, assurances, marchés boursiers, marchés monétaires, etc.) dans les pays américains et européens directement concernés. Le Fonds monétaire international évalue, à plus de 4.000 milliards de dollars des Etats-Unis, les dépréciations d'actifs dans les banques et institutions financières dans le monde (FMI, avril 2009). Pour contrer cet effondrement du système des paiements, les autorités publiques des pays occidentaux ont immédiatement pris des mesures vigoureuses telles que des injections de liquidité, la baisse des taux d‟intérêt, le soutien étatique aux banques et la garantie des dépôts du public. Ces mesures n‟ont pas suffi à restaurer la confiance sur les marchés et à relancer la
1ERE PARTIE : IDENTIFICATION DES MECANISMES/CANAUX DE TRANSMISSION DES EFFETS DE LA CRISE MONDIALE A L’ECONOMIE BENINOISE
41
consommation des ménages et les investissements des entreprises. La crise financière s‟est alors répercutée sur l‟économie réelle via une contraction de la demande mondiale, laquelle a provoqué une baisse des cours des matières premières, dont le pétrole. Ainsi, l‟essence même de la crise provient des difficultés économiques - hausse du cours du pétrole, concurrence des pays émergents, récentes crises alimentaire et énergétique et faillite de plusieurs firmes américaines et européennes auxquelles sont confrontés les pays développés depuis le début des années 2000. Le monde est donc en face d‟une crise généralisée qui a atteint progressivement les secteurs vitaux de l‟économie. Les projections établies par le FMI en avril 2009 tablent sur un taux de croissance de l’économie mondiale négatif de 1,3% et positif de 1,9% respectivement en 2009 et en 2010, en recul par rapport aux estimations de 2008 (3,2%). Dans les pays développés, il est attendu une contraction de l'activité économique d‟environ 5,8 points de pourcentage en 2009, pour la première fois
42
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
depuis la seconde guerre mondiale. En particulier, le commerce mondial de biens et services devrait connaître une forte baisse de près de 8% en volume en 2009 (FMI, avril 2009). La récession économique s‟est progressivement diffusée au monde entier à travers plusieurs canaux. Ceux identifiés pour l‟Afrique subsaharienne sont présentés ci-après.
1.2. Transmission de la crise mondiale à l’Afrique subsaharienne On pensait que la crise mondiale épargnerait l‟Afrique subsaharienne, en raison de son secteur financier relativement réduit et faiblement intégré aux systèmes financiers américains et européens. Mais au début de l‟année 2009, l‟Afrique a commencé par être sensiblement affectée. Le continent subira les secousses de cette crise mondiale à travers plusieurs canaux à savoir, le marché financier (hausse du coût d‟accès aux crédits), le marché des produits de base (chute des cours des produits de base), le marché des capitaux (baisse du volume des transferts des
1ERE PARTIE : IDENTIFICATION DES MECANISMES/CANAUX DE TRANSMISSION DES EFFETS DE LA CRISE MONDIALE A L’ECONOMIE BENINOISE
43
migrants ; ralentissement des flux de capitaux, notamment les Investissements Directs Etrangers), le repli de l’aide publique au développement. 1.2.1. Marché financier
Les premières analyses des institutions internationales et régionales de veille économique avaient prévu que les effets directs de la crise financière sur le système financier de l‟Afrique Subsaharienne seraient globalement faibles. Selon la BAD, les systèmes financiers en Afrique sont caractérisés par : la domination du secteur bancaire et un rôle faible ou inexistant des marchés financiers ; les emprunts auprès des banques étrangères sont suivis dans le cadre du contrôle des changes ; les engagements hors bilan ne sont pas aussi développés que dans les pays industrialisés et les instruments de titrisation complexes du type de ceux qui ont conduit à la crise des « subprimes » ne sont généralement pas utilisés.
44
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
La capitalisation boursière de l‟Afrique est très faible et ne représente actuellement que 2,09 % de la capitalisation mondiale. De plus, les actifs bancaires africains ne représentent que 0,87% des actifs bancaires mondiaux comparé à 58,15% pour les 15 pays de la zone Euro ou 15,09 % pour les Etats-Unis. Le ratio de globalisation financière1 de l‟Afrique (181,3 %) reste comparable à celui de l‟Amérique Latine (176,4%) et est loin derrière celui de l‟Asie qui est de l‟ordre de 369,8% ou celui du Japon qui est 495,7% (BAD, mars 2009). Mais pour Devarajan, économiste en chef de la Banque Mondiale pour la région Afrique, des menaces pèsent toujours sur la région à partir de la situation que présentaient en mars 2009 ses deux grandes économies. En Afrique du Sud, 40 % des prêts sont hypothéqués alors que le prix des immeubles y a commencé à chuter. Le niveau des crédits au secteur privé n‟a cessé d‟augmenter (plus de 100% en 2007) au Nigeria (S. Devarajan, mars 2009).
1
C‟est le rapport entre le total des actifs financiers et monétaires d‟une part et le PIB nominal d‟autre part.
1ERE PARTIE : IDENTIFICATION DES MECANISMES/CANAUX DE TRANSMISSION DES EFFETS DE LA CRISE MONDIALE A L’ECONOMIE BENINOISE
45
Les informations collectées, le 19 mai 2009, renseignent que les principaux marchés boursiers de l‟Afrique subsaharienne, excepté la JSE en République d‟Afrique du Sud, sont en train de subir les effets de la crise mondiale. Le marché ghanéen a reculé de 23,87%, à 7 941,71 points contre 10 431,64 le 31 décembre 2008. La Bourse du Nigeria a perdu près de 19% en affichant 25 473 points. A la BRVM, l'indice BRVM 10 a perdu 26,48% en passant de 192,08 points au 31 décembre 2008 à 141,21 points le 19 mai 2009. L'indice BRVM Composite, pour sa part, a cédé 23,85% à 135,67 contre 178,17 points. La baisse accusée à la BRVM résulte essentiellement du repli des cours des sociétés intervenant dans les secteurs agricole et pétrolier (Sites Internet des bourses concernées). L‟exemple du repli à la BRVM confirme que les systèmes financiers des pays africains, à la différence de ce qui s‟est produit en Occident, seraient menacés par les difficultés causées par la crise sur leur secteur réel. Si rien n‟est fait pour atténuer les effets de la récession économique, les pays africains pourraient aboutir à une crise
46
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
financière (effet de second tour), cette fois-ci plus grave.
PROCESSUS DE TRANSMISSION DE LA CRISE MONDIALE A L’AFRIQUE SUBSAHARIENNE
1.2.2.
Marché des produits de base
La récession économique observée dans les pays du Nord serait suivie en 2009 d‟une baisse du cours des produits de base tels que le pétrole et le coton. L‟évolution du cours de ces deux produits de base sur la période 2004-2008 se présente comme suit : Le pétrole La tendance du prix moyen annuel du baril de pétrole est à la hausse depuis 2004. Sur les années 2006 à 2008, le prix moyen annuel a augmenté de 22% en moyenne. Les observateurs s‟attendaient, suivant cette tendance, à un prix moyen élevé du baril de pétrole en 2009.
1ERE PARTIE : IDENTIFICATION DES MECANISMES/CANAUX DE TRANSMISSION DES EFFETS DE LA CRISE MONDIALE A L’ECONOMIE BENINOISE
Pétrole ($/bbl)
47
2004
2005
2006
2007
2008
38,30
54,43
65,39
72,70
97,64
42%
20%
11%
34%
Evolution
Source : Banque mondiale, 2009.
A cause de la baisse de la demande mondiale, le prix du baril de pétrole est passé de 140 dollars des Etats-Unis en juillet 2008 à moins de 40 dollars en mars 2009, avant de flotter autour de 60-70 dollars en juin 2009. Le coton Le prix moyen annuel du coton a augmenté en moyenne de 9% depuis 2006 en passant de 57,45 cents la livre à 71,39 cents la livre en 2008.
Coton (c/livre) Evolution
2004
2005
2006
2007
2008
61,95
55,20
57,45
63,28
71,39
-11%
4%
10%
13%
Source : Banque mondiale, 2009.
48
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
Les turbulences de la crise ont déjà imputé au prix du coton une baisse de 6,5% entre octobre 2008 et avril 2009. Si ce ralentissement du cours du coton persiste durant l‟année 2009, les pays africains producteurs et exportateurs de ce produit pourraient voir baisser leurs recettes d‟exportation. Autres matières premières Le cours mondial des autres produits primaires a également chuté. L‟indice des prix des matières premières d'origine agricole, calculé par le FMI, s'est inscrit en recul de plus de 16,0% entre septembre et octobre 2008, tandis que celui des prix des métaux reculait de près de 30,0%. 1.2.3.
Flux de capitaux
Les flux de capitaux en direction de l‟Afrique ont considérablement augmenté au cours de ces dernières années. En 2008, ils ont atteint à peu près 53 milliards de dollars des Etats-Unis. Ces capitaux ont servi à financer des infrastructures, des services et l‟industrie minière en Afrique. Devarajan indique que ces flux ont commencé par reculer en provoquant la baisse des indices sur les
1ERE PARTIE : IDENTIFICATION DES MECANISMES/CANAUX DE TRANSMISSION DES EFFETS DE LA CRISE MONDIALE A L’ECONOMIE BENINOISE
49
différents marchés boursiers africains tels que la République d‟Afrique du Sud, le Nigeria, le Kenya et la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) de l‟UEMOA (S. Devarajan, 2009). 1.2.4.
Transferts des migrants
Les transferts de revenus des migrants proviennent à 77% de l‟Europe de l‟Ouest et des Etats-Unis. Avec les pertes d‟emplois liées à la crise, ces transferts pourraient diminuer en 2009 et 2010. À titre d‟exemple, il a été enregistré en République d‟Afrique du Sud la perte de 100.000 emplois, à la suite de la fermeture de fonderies. Les transferts de fonds à destination de la République démocratique du Congo (RDC) par les travailleurs congolais résidant en Afrique du Sud sont en train de diminuer (S. Devarajan, mars 2009). 1.2.5.
Aide publique au développement
En vue de surmonter la crise financière et de ramener l'économie mondiale sur un sentier de croissance durable, les membres du G 20 ont promis, à l‟issue de leur sommet du 02 avril 2009,
50
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
de débloquer près de 1.000 milliards de dollars des Etats-Unis pour soutenir l‟économie mondiale. Déjà, à leur Conférence de Gleneagles en 2005, ces pays avaient promis de doubler l‟aide au développement. Les pays développés restent encore devoir près de 20 milliards de dollars US sur les promesses faites à Gleneagles. La probabilité est donc forte que les nouvelles promesses de 2008 et 2009 ne soient pas non plus tenues. L‟aide publique au développement baisserait ou, au mieux, resterait stable. L‟impact de la crise sur l‟économie béninoise peut donc être analysé à travers les mêmes canaux. II. IDENTIFICATION DES MECANISMES DE TRANSMISSION DES EFFETS DE LA CRISE MONDIALE SUR L’ECONOMIE BENINOISE Afin de mieux cerner les effets de la crise sur l‟économie béninoise, il convient d‟en faire un état des lieux à la veille de l‟avènement de la crise financière.
1ERE PARTIE : IDENTIFICATION DES MECANISMES/CANAUX DE TRANSMISSION DES EFFETS DE LA CRISE MONDIALE A L’ECONOMIE BENINOISE
51
2.1. L’économie béninoise a la veille de la crise financière mondiale Après avoir présenté la situation globale de l‟économie, le cadre macroéconomique et le contexte bancaire seront particulièrement examinés. 2.1.1.
Caractéristiques de l’économie béninoise
Le Bénin est intégré à plusieurs espaces économiques sous-régionaux, dont l‟Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), la Communauté Economique des Etats de l‟Afrique de l‟Ouest (CEDEAO), la Communauté des Etats sahélo-sahariens (Cen-Sad) et le Conseil de l‟Entente. L‟économie béninoise reste caractérisée par la prépondérance du secteur tertiaire, un secteur primaire inexploité ainsi que par la faiblesse du secteur secondaire. Un secteur tertiaire prépondérant Le secteur tertiaire est le plus important de l'économie béninoise. Sur la période 2003-2008, ce
52
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
secteur a représenté en moyenne 49,6% du produit intérieur brut (PIB) réel. La nature des activités qui s'y déroulent facilite la cohabitation d‟un secteur informel important avec le secteur structuré. Le dynamisme du secteur tertiaire dépend, pour une bonne part, de la situation économique et politique du Nigeria ainsi que des activités du secteur des transports, soutenues par le transport urbain, le volume des affaires du marché international de Dantokpa et du Port de Cotonou. Le transport souffre encore de l‟insuffisance et de la qualité moyenne des infrastructures. En effet, l'insuffisance des infrastructures de transport freine considérablement le développement économique et social du pays. De vastes régions vivent dans une situation d'enclavement et l'économie perd ainsi le bénéfice d'énormes possibilités résultant de la situation géographique du pays qui en fait un espace de transit vers les pays limitrophes. Quant au commerce de réexportation, il couvre les pays de la sous-région, en particulier le Nigeria. La majeure partie des réexportations porte sur le tabac, les textiles et les produits alimentaires, notamment le riz et la viande congelée.
1ERE PARTIE : IDENTIFICATION DES MECANISMES/CANAUX DE TRANSMISSION DES EFFETS DE LA CRISE MONDIALE A L’ECONOMIE BENINOISE
Cette activité de commerce de fortement dépendante de la économique et politique du Nigeria.
53
gros est situation
Un secteur primaire insuffisamment exploité Le secteur primaire a contribué en moyenne pour environ 35,7% à la formation du produit intérieur brut (PIB) réel sur la période 2003-2008. L‟agriculture béninoise présente d‟énormes potentialités (au plan de la disponibilité de terres et des conditions agro-écologiques qui sont favorables et variées) qui devraient être davantage exploitées. Malgré toutes ces potentialités et les multiples actions menées, notamment de 1990 à ce jour, ce secteur reste globalement archaïque, employant des outils et des techniques rudimentaires. Cette situation traduit la désarticulation des actions des différents acteurs et la persistance de la pratique de la monoculture de rente. Le Bénin est ainsi passé de la monoculture du palmier à huile à celle du coton. L’économie béninoise demeure vulnérable, fragile. Ce qui renforce encore ce constat, c‟est
54
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
que l'agriculture béninoise reste essentiellement pluviale et fortement tributaire des aléas climatiques. Cette situation conduit à la précarité des activités du secteur rural. Ainsi, ce dernier, qui devrait être à la base du développement économique national, n‟a pu jouer convenablement ce rôle et la diversification de la production agricole ainsi que la promotion des exportations se font toujours attendre. Une industrialisation embryonnaire L'industrie béninoise n'emploie que 10% de la population active et ne représente que 14,7% du PIB réel sur la période 2003-2008. C‟est la plus faible contribution du secteur industriel à la formation du PIB dans les pays de l‟Union Economique et Monétaire Ouest Africaine, en dehors de la Guinée-Bissau. L‟économie béninoise reste donc une économie peu diversifiée, avec des structures économiques encore fragiles. En effet, elle laisse apparaître trois principales difficultés structurelles :
1ERE PARTIE : IDENTIFICATION DES MECANISMES/CANAUX DE TRANSMISSION DES EFFETS DE LA CRISE MONDIALE A L’ECONOMIE BENINOISE
55
la filière coton, qui constitue le principal moteur de l‟économie, connaît encore des difficultés d‟organisation, malgré les progrès constatés ces dernières années ; la forte progression du secteur informel qui introduit de fortes contraintes de gestion et d‟impulsion des politiques de développement ; la forte dépendance du Bénin vis-à-vis du Nigeria, au regard de l‟ampleur du commerce de réexportation. Ces contraintes structurelles ont une incidence certaine sur les performances économiques du pays. 2.1.2.
Performances économiques récentes
Les performances économiques récentes peuvent se résumer à trois niveaux.
56
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
Une croissance économique insuffisante La croissance économique a été régulière depuis dix ans. Le taux de croissance s‟est établi en moyenne à 4% sur la période 2001-2008, avec une sensible amélioration entre 2006 et 2008 (4,5%). En 2008, l‟activité économique s‟est soldée par un taux de croissance économique estimé à 5,0% contre 4,6% en 2007 et 3,8% en 2006. Cette performance a résulté de l‟amélioration de la production agricole hors coton, de la poursuite de la politique des grands travaux d‟infrastructures, du soutien à la consommation grâce aux mesures fiscales et économiques pour lutter contre la cherté de la vie. Ce rythme demeure néanmoins insuffisant, au regard de l‟objectif de 7% visé pour réduire durablement la pauvreté. La croissance de l‟activité économique a été soutenue par un taux d‟investissement élevé qui est passé de 20,3% du PIB en 2003 à 23,2% en 2008, soit une hausse de 2,9 points de pourcentage. Par contre, le taux d‟épargne a chuté en passant de 12,2% en 2004 à 7,1% du PIB en 2007 puis à 10,5% en 2008. L‟épargne intérieure demeure donc
1ERE PARTIE : IDENTIFICATION DES MECANISMES/CANAUX DE TRANSMISSION DES EFFETS DE LA CRISE MONDIALE A L’ECONOMIE BENINOISE
57
faible, posant la problématique du financement à long terme des investissements de soutien à la croissance. Une inflation relativement maîtrisée En raison de la pression sur les prix, consécutive à la flambée des prix des produits pétroliers et à la hausse de la demande dans les pays sahéliens due à la crise alimentaire, le taux d‟inflation a atteint 7,9% en 2008, son niveau le plus élevé depuis une décennie. En 2009, cette tendance va toutefois changer favorablement grâce aux divers programmes de production vivrière (riz et maïs) et aussi à la détente des cours internationaux des produits pétroliers. L‟évolution au cours du premier semestre de 2009 le confirme. En effet, au 30 juin 2009, le taux d‟inflation était de 4,6% contre 5,3% en juin 2008. Des déséquilibres financiers persistants Dans le domaine des échanges extérieurs, le déficit des transactions courantes s‟est aggravé,
58
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
ces dernières années, en passant de 9,7% du PIB en 2003 à 10,3% en 2008, avec une moyenne de 8% sur la période 2003-2008. Ainsi, la position des paiements extérieurs reste précaire, car le pays consomme beaucoup plus qu‟il ne produit. La situation des finances publiques est également déficitaire. Le déficit budgétaire, base engagements, hors dons, s‟est chiffré à 3,4% du PIB en 2008, traduisant la faiblesse des ressources au regard des nombreuses charges. Au total, la situation économique récente du Bénin est marquée par une inflation relativement maîtrisée, une persistance des déséquilibres financiers et une croissance insuffisante de la production face aux besoins sociaux importants. Le Gouvernement a été amené, en conséquence, à identifier les orientations stratégiques permettant de construire à moyen terme une économie émergente dans le pays. 2.1.3. L’agenda vers une économie émergente L‟agenda vers une économie émergente est élaboré pour donner corps à la vision du Chef de
1ERE PARTIE : IDENTIFICATION DES MECANISMES/CANAUX DE TRANSMISSION DES EFFETS DE LA CRISE MONDIALE A L’ECONOMIE BENINOISE
59
l‟Etat : « Le Bénin est, en 2025, un pays-phare, un pays bien gouverné, uni et de paix, à économie prospère et compétitive, de rayonnement culturel et de bien-être social ». L‟émergence économique permettra de tripler le revenu par habitant en une quinzaine d‟années, grâce à une plate-forme de services logistiques et d‟exportation, un hub régional de négoce et de services à valeur ajoutée élevée, une économie diversifiée pourvoyeuse d‟emplois stables autour des potentialités identifiées, dans plusieurs secteurs ou pôles de développement, une économie compétitive à forte capacité de production, dotée de facteurs de production de qualité et d‟infrastructures modernes. L‟émergence économique du Bénin passe ainsi par la transformation de l‟Etat-providence en : un Etat au service du développement des entreprises privées créatrices de richesses et d‟emplois ; un Etat qui soutient les initiatives à la base dans les secteurs porteurs de croissance économique urbaine et rurale ;
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
60
un Etat qui anticipe les besoins de développement et qui détermine les moyens de couverture appropriés. Les défis à relever, à cet égard, sont donc l‟amélioration de la compétitivité globale et sectorielle de l‟économie et le partage de la prospérité induite. La concrétisation de cette vision implique des politiques volontaristes de développement et la formation de ressources humaines aptes à conduire les locomotives de l‟émergence que sont les pôles prioritaires de développement, à savoir : -
« transport – logistique – commerce », « coton – textile », « agroalimentaire », « tourisme – culture – artisanat », « bâtiments et travaux publics – matériaux de construction ».
2.1.4.
Le contexte bancaire au Bénin
Sur la base des bilans bancaires, la place bancaire du Bénin (12% des dépôts collectés par les banques de l‟UEMOA et 11% des crédits accordés), se situe au quatrième rang dans l‟UEMOA, après celle de la
1ERE PARTIE : IDENTIFICATION DES MECANISMES/CANAUX DE TRANSMISSION DES EFFETS DE LA CRISE MONDIALE A L’ECONOMIE BENINOISE
61
Côte d‟Ivoire (29,5 %), du Sénégal (25,7 %) et du Mali (13,5%). En 2007, le Bénin comptait douze banques agréées et un établissement financier. Trois de ces banques sont spécialisées (habitat, investissements et microfinance), toutes les autres étant généralistes. Ce nombre n‟a pas varié au cours des quatre dernières années. Toutefois, on observe une réduction du nombre des établissements financiers de deux à un, en raison d‟une fusion intervenue entre les deux établissements qui existaient courant 2006. TABLEAU 6 : EVOLUTION DU NOMBRE D’ETABLISSEMENTS DE CREDIT EN ACTIVITE Bénin
2004
2005
2006
2007
13 2
13 2
13 2
13 3
Moyennes (50<Actifs<100)
3
4
3
4
Petites (Actifs<50 milliards) (Dont établissements financiers)
6 (2)
7 (2)
8 (1)
5 (1)
Banques et établissements. financiers Grandes (Actifs>100 milliards) -
Total établissements de crédit
13
13
13
Source : Rapports annuels de la Commission bancaire de l’UMOA. 2004 -2007.
13
62
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
L‟activité des banques au Bénin La situation monétaire a été caractérisée par une hausse des avoirs extérieurs nets de 136,6 milliards de FCFA, en s‟établissant à 656,8 milliards à fin décembre 2007. L'encours du crédit intérieur est ressorti à 232,1 milliards de FCFA à fin décembre 2007, en recul de 22,9 milliards. La masse monétaire s‟est accrue de 19,7% sur la période sous revue pour s‟établir à 869,4 milliards de FCFA en décembre 2007. Les crédits à l’économie représentent 17% du PIB en 2006. Ils sont en progression de 14,6% en 2007 par rapport à 2006. Selon la Commission Bancaire, la qualité du portefeuille des banques s‟est améliorée en 2007 par rapport à 2006. Le taux brut de dégradation du portefeuille est passé de 19,4% en 2006 à 16,3% en 2007. Les dépôts auprès des banques atteignent 19% du PIB en 2006. Ils sont en progression de 12,2% en 2007 par rapport à 2006. La liquidité des banques au Bénin La place bancaire du Bénin arrive au troisième rang de la contribution à la liquidité bancaire dans
1ERE PARTIE : IDENTIFICATION DES MECANISMES/CANAUX DE TRANSMISSION DES EFFETS DE LA CRISE MONDIALE A L’ECONOMIE BENINOISE
63
l‟UMOA, avec une liquidité excédentaire en 2007 de 174 milliards de FCFA contre 128 milliards en 2006. Le taux de liquidité de l‟économie (MO/PIB) se situe à 30% au Bénin en 2006 contre 28% en moyenne pour l‟UEMOA. Le Bénin contribue pour 18% à la liquidité bancaire de l’UEMOA. La rentabilité des banques au Bénin Les banques béninoises ont réalisé globalement un bénéfice net de 5.810 millions FCFA en 2007, après deux années successives de pertes, soit 3.380 millions en 2006 et 1.355 millions en 2005. La situation déficitaire des deux années précédentes est principalement liée à un coefficient net d‟exploitation supérieur à la moyenne des pays de l‟UEMOA et à un important effort net de provisionnement en 2006 et 2005.
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
64
TABLEAU 7 : COEFFICIENT NET D’EXPLOITATION DES ETABLISSEMENTS DE CREDIT
2
Bénin
2005
2006
2007
Coefficient net d’exploitation Bénin
76,4%
78,2%
73,6%
Coefficient net d’exploitation UEMOA
66,6%
70,2%
70,6%
Effort net de provisionnement Bénin
52,4%
57,8%
34,8%
Effort net de provisionnement UEMOA
64,8%
120,6%
26,1%
La performance du secteur bancaire béninois s‟est dégradée en 2007 avec une baisse d‟environ 5 points de pourcentage du coefficient net d‟exploitation par rapport à celui de 2006. Par contre, dans l‟UEMOA, la performance du secteur bancaire est demeurée quasiment stable. L‟effort net de provisionnement, quant à lui, a connu une chute considérable dans l‟UEMOA, passant de 120,6% en 2006 à 26,1% en 2007, soit une baisse d‟environ 95 points de pourcentage. Le Bénin a connu seulement une baisse de 23 points
2
FRAIS GENERAUX + DOTATION AUX AMORTISSEMENTS/PRODUIT NET BANCAIRE
1ERE PARTIE : IDENTIFICATION DES MECANISMES/CANAUX DE TRANSMISSION DES EFFETS DE LA CRISE MONDIALE A L’ECONOMIE BENINOISE
65
en 2007 avec un effort net de provisionnement de 34,8%, supérieur à celui de l‟UEMOA. Les fonds propres des banques au Bénin En 2007, les fonds propres nets des banques béninoises se sont renforcés de 22,2%, à 82 milliards de FCFA contre 67 milliards en 2006. Ces fonds assurent la couverture des emplois globaux à hauteur de 10,8% en 2007, au lieu de 11,8% en 2006. Le ratio de solvabilité internationale (selon Bâle II) est de 8%.
2.2. Canaux de transmission de la crise au Bénin Le Bénin pourrait être atteint par la crise financière et économique mondiale à travers trois principaux canaux, à savoir le système financier, les flux financiers avec l’étranger et le commerce international. 2.2.1.
Secteur financier béninois
A l‟instar des pays de l‟UEMOA, le secteur financier béninois n‟a pas été directement touché lors de la
66
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
première phase de la crise financière, en raison du fait qu‟aucune banque n‟est cotée sur les places boursières internationales. Cependant, le secteur financier demeure exposé aux chocs liés à la récession économique mondiale. Le capital social des banques est détenu à hauteur d‟environ 73% par des actionnaires étrangers. Les maisons mères, dont les sièges sont situés, pour la plupart, dans les pays directement touchés par la crise, pourraient envisager des actions de réduction de lignes de crédit, de restructuration ou de cession des filiales, de rapatriement plus prononcé des dividendes, etc. Ceci pourrait accentuer le besoin de liquidité des banques. Mais la structure bilancielle de ces banques indique qu’au total 94,8%, soit 1284 milliards de FCFA, de leur passif est limité à la zone UEMOA. Dans leur actif, les créances sur l‟extérieur hors zone franc ne représentent que 5,8%. Les indicateurs clés du système monétaire ont jusque là confirmé que les effets directs de la crise financière sur le système bancaire et financier du Bénin seraient faibles. Les crédits à l‟économie y ont connu un accroissement de 13% en 2008 et les
1ERE PARTIE : IDENTIFICATION DES MECANISMES/CANAUX DE TRANSMISSION DES EFFETS DE LA CRISE MONDIALE A L’ECONOMIE BENINOISE
67
prévisions tablent sur une stabilisation de ces crédits en 2009. La position de réserves internationales de change est confortable : les réserves béninoises équivalent à 7,9 mois d‟importations en 2008 et à 7,3 mois en 2009 (FMI, avril 2009). Toutefois, les banques devraient craindre les effets de second tour liés notamment à la baisse des recettes du commerce extérieur et à la baisse des recettes fiscales qui pourraient conduire l‟Etat à accumuler des arriérés de paiement intérieurs à l‟égard des entreprises. La Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) est faiblement connectée aux marchés internationaux avec seulement 14% des actifs représentant 6% de la capitalisation boursière détenus par les investisseurs étrangers. Le Bénin y est faiblement représenté par la cotation des actions d‟une seule société et de deux lignes obligataires. Les effets de la crise se sont réellement fait sentir depuis le début de l'année 2009. En effet, l'indice BRVM 10 a perdu 26,48% en passant de 192,08 points au 31 décembre 2008 à
68
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
141,21 le 19 mai 2009. L'indice BRVM composite, pour sa part, a cédé 23,85% à 135,67 contre 178,17 points. La baisse accusée résulte essentiellement du repli des cours des sociétés du secteur agricole et de celles du secteur pétrolier. Le secteur de la microfinance pourrait être affecté par des restrictions de crédits de la part des banques. Pour le FMI, sur la base des observations faites concernant d‟autres pays de l‟UEMOA, ce sous-secteur présente un risque de baisse des financements extérieurs vers ces institutions. 2.2.2.
Commerce extérieur du Bénin
Le commerce extérieur constitue un canal potentiel par lequel le Bénin pourrait être affecté. La balance commerciale est structurellement déficitaire. Le déficit est passé de 144 milliards de FCFA en 2004 à plus de 230 milliards de FCFA en 2007. Il devrait continuer à s‟alourdir en 2009 et 2010, selon les prévisions du FMI (FMI, avril 2009).
1ERE PARTIE : IDENTIFICATION DES MECANISMES/CANAUX DE TRANSMISSION DES EFFETS DE LA CRISE MONDIALE A L’ECONOMIE BENINOISE
69
TABLEAU 8 : BALANCE COMMERCIALE AU BENIN (EN MILLIARDS DE FCFA) 2004 2005 2006 2007
2008
Balance commerciale
-144,4
-151,7
-162,2
-266,0
-277,0
Exportations
300,4
304,9
384,6
501,8
519,4
Importations
444,8
456,6
546,8
767,8
796,4
Les recettes d‟exportation reposent en grande partie sur l‟exportation du coton (34%) et la réexportation (43%) dont la majeure partie est dirigée vers le Nigeria. Selon le FMI, les principaux destinataires des exportations du Bénin en 2008 sont : le Nigeria (20%), la Chine (20%), l‟Inde (11%), et l‟Indonésie (7%). Seulement 3% des produits exportés prennent la direction de la Côte d’Ivoire. Les exportations et réexportations en direction du Nigeria représentent officiellement 20% des exportations totales. Toutefois, cette part pourrait être réévaluée à plus de 50%, une fois prises en compte les exportations et réexportations informelles. Le Nigeria est compté parmi les pays qui sont durement touchés par la crise financière. Ses dirigeants ont entrepris un certain nombre de
70
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
réformes qui ont consisté essentiellement à libéraliser les secteurs clés de l’économie et à opérer un désarmement tarifaire au niveau de certains ports intérieurs qui étaient peu compétitifs. Il est aussi attendu au Nigeria un amenuisement des revenus tirés de l‟exportation du pétrole qui risque de limiter ou de stabiliser les importations en provenance du Bénin. La chute (environ 6% depuis le début de 2009) du cours mondial du coton et d‟autres produits de base agricoles affecterait directement les recettes d‟exportation et le revenu des producteurs. S‟agissant du coton, le Gouvernement subventionne le prix d‟achat aux producteurs. En l‟absence de ces subventions, la production pourrait globalement baisser, ainsi que les revenus des producteurs. Le Bénin importe surtout les produits alimentaires, les produits pétroliers et les biens d‟équipement qui seront tous influencés par la nouvelle crise. La bonne tenue du franc CFA contre le dollar des Etats-Unis, la baisse de la demande mondiale et la chute des cours mondiaux des produits du pétrole pourraient être avantageuses pour le Bénin. Ceci
1ERE PARTIE : IDENTIFICATION DES MECANISMES/CANAUX DE TRANSMISSION DES EFFETS DE LA CRISE MONDIALE A L’ECONOMIE BENINOISE
71
peut permettre de réduire ou de stabiliser le déficit de la balance commerciale et de procurer aux populations une certaine stabilité des prix des biens et services. 2.2.3.
Flux financiers avec l’étranger
Les flux financiers avec l‟étranger concernent principalement les transferts de fonds en provenance de la diaspora, les investissements directs étrangers (IDE) et l‟aide publique au développement (APD). Transferts de fonds des Béninois de l‟extérieur Les envois de fonds en provenance de la diaspora tournent en moyenne autour de 100 milliards de FCFA par an sur la période 2004-2008, soit à peu près le double des recettes d’exportation du coton et 3% du PIB environ. La moitié (voir graphique ci-après) de ces fonds provient de l‟Europe et des Etats-Unis où vivent moins de 4% des Béninois de l‟extérieur. L‟autre moitié vient principalement des pays de l‟UEMOA et du Nigeria où l‟activité économique est fortement menacée.
72
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
Source : Groupe de travail, mai 2009
Les fonds reçus des travailleurs béninois résidant à l‟étranger servent, pour la majeure partie, à la construction immobilière privée et à la consommation privée. Généralement, ces fonds augmentent en période de récession pour soutenir la croissance dans les pays en voie de développement. Mais, la généralisation de la crise fait que la diminution des transferts portera un coup à la consommation, au sous-secteur des BTP et à la demande intérieure au Bénin. Selon la
1ERE PARTIE : IDENTIFICATION DES MECANISMES/CANAUX DE TRANSMISSION DES EFFETS DE LA CRISE MONDIALE A L’ECONOMIE BENINOISE
73
Banque mondiale, les envois de fonds dans les pays en développement devraient diminuer de 0,2% du PIB en 2009. Les estimations réalisées par le Fonds Monétaire International pour le Bénin tablent sur une baisse de 1% du PIB en 2009. Investissements directs étrangers Le poids des investissements directs étrangers sur l‟économie demeure faible. Suivant une évolution irrégulière, les IDE n‟ont servi à mobiliser, sur ces dernières années, qu‟une trentaine de milliards de FCFA en moyenne par an au profit essentiellement de l‟industrie. Sur le court et moyen terme, les effets de la crise sur ce poste seront faiblement ressentis par les populations. Aide publique au développement L‟aide publique au développement consiste au Bénin surtout en appuis budgétaires. Les aides budgétaires venant des partenaires techniques et financiers ont représenté 12%, 13%, 15% et 16% des recettes intérieures respectivement en 2005, 2006, 2007 et 2008. Il est attendu qu‟elles atteignent 27% en 2009. Les difficultés financières des pays
74
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
donateurs pourraient conduire donc à une réduction des volumes de l‟aide ou à des difficultés de décaissement.
2.3. Prévisions de l’impact de la crise sur le Bénin Des réflexions ont été menées au cours du premier trimestre de l‟année 2009, notamment par le Fonds monétaire international (FMI)3, le Centre d‟Etudes, de Formation et de Recherche en Développement (CEFRED)4 et la Direction Générale des Affaires Economiques (DGAE)5 du Ministère de l‟Economie et des Finances pour cerner les sources potentielles de difficultés liées à la crise actuelle. Pour la DGAE, la croissance économique béninoise subira le contrecoup de la crise économique mondiale. Le taux de croissance prévu pour 2009 perdrait 1,4 point du PIB. Quant aux finances publiques, elles connaîtraient un amenuisement des recettes douanières de l‟ordre de 45 milliards 3
DAGHER et Prosper YOUM, « L‟incidence de la crise financière mondiale sur le Bénin : répercussions et actions possibles », FMI, 2009. 4
Fulbert AMOUSSOUGA GERO, « Impact de la crise financière internationale sur l‟économie béninoise », CEFRED, 2009. 5
DPC, « Note sur l‟impact de la crise financière sur l‟économie réelle au Bénin », DGAE, 2009.
1ERE PARTIE : IDENTIFICATION DES MECANISMES/CANAUX DE TRANSMISSION DES EFFETS DE LA CRISE MONDIALE A L’ECONOMIE BENINOISE
75
de FCFA en 2009 et une augmentation des subventions intérieures accordées aux producteurs, aux ménages et aux entreprises. Le déficit budgétaire subira aussi une dégradation de 1,4% du PIB en 2009. Les prévisions du FMI indiquent des taux de croissance de 3,8% et 3,0% au Bénin en 2009 et 2010 contre respectivement 5,7% et 6% prévus par les autorités dans le programme d‟appui à la Facilité pour la Réduction de la Pauvreté et pour la Croissance (FRPC) appuyé par le FMI. Les pertes de croissance seront donc respectivement de 1,9 et 3,0 points de pourcentage en 2009 et 2010. Les évaluations qui viennent d‟être présentées sont globales et portent surtout sur la sensibilité de la croissance économique à la crise. L‟évaluation, qui va être présentée dans la deuxième partie, examine les effets directs ou indirects de la crise sur certains groupes cibles afin de déterminer le profil des indicateurs sociaux pertinents pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD).
2EME PARTIE : EVALUATION ET QUANTIFICATION DES EFFETS A COURT ET MOYEN TERMES DE LA CRISE MONDIALE SUR LES PRINCIPAUX INDICATEURS MACROECONOMIQUES ET SOCIAUX DU BENIN III. SIMULATION DES EFFETS DE LA CRISE MONDIALE SUR LES INDICATEURS MACROECONOMIQUES DU BENIN Afin d‟évaluer et de quantifier l‟impact de la crise mondiale sur le développement économique et social du pays, il est successivement procédé à la formulation d‟hypothèses de simulation, à l‟estimation des effets sur le cadre macroéconomique, à la simulation sur l‟indice de pauvreté et à la détermination de l‟impact sur les OMD.
3.1. Approche méthodologique L‟approche méthodologique utilisée pour analyser l‟impact de la crise financière et économique mondiale sur l‟économie béninoise découle de la
78
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
statique comparative à l‟aide du Modèle de Simulation et d‟Analyse des Réformes Economiques (MOSARE). Cette approche consiste à comparer, sur les années 2009 et 2010, les projections de la situation de crise à celles de la situation de référence. La situation de référence utilisée dans le cadre de la présente analyse est la situation des différents comptes du cadre macroéconomique telle qu‟elle figure dans le cadrage macroéconomique opéré au cours du mois d‟octobre 2008. En effet, pour réaliser ce cadrage, il avait été considéré que l‟impact de la crise financière sur l‟économie béninoise serait négligeable, compte tenu du faible niveau d‟intégration du système financier béninois au système financier international. La situation de crise est obtenue à la suite de la reprise en mai 2009 du cadrage macroéconomique de référence, à la seule différence qu‟elle intègre les nouvelles hypothèses relatives à la crise formulées par le groupe de travail. Elle tient compte de ce que la crise financière s‟est muée en une crise économique à laquelle n‟échappe pas le Bénin. La différence entre la situation de crise et la situation de référence que présente un agrégat
2EME PARTIE : EVALUATION ET QUANTIFICATION DES EFFETS A COURT ET MOYEN TERMES DE LA CRISE MONDIALE
79
macroéconomique constitue donc une estimation de l‟impact de la crise sur ledit agrégat.
3.2. Principales hypothèses macroéconomiques Les hypothèses de base sur l‟environnement externe devant servir à évaluer l‟impact de la crise sur le cadre macroéconomique se sont inspirées des travaux du FMI, de la Banque Mondiale, de la DGAE et d‟autres institutions de veille économique. Six hypothèses relatives aux principaux canaux de transmission de la crise sont retenues pour les simulations, toutes choses égales par ailleurs. Des scénarii alternatifs ont été testés pour certaines hypothèses ou groupes d‟hypothèses dont le degré d‟incertitude est élevé. 3.2.1. Fondements des hypothèses d’analyse d’impact La formulation des hypothèses a reposé sur le postulat suivant : „„la récession économique dans laquelle est engagée l’économie mondiale depuis le deuxième trimestre de l’année 2008 est imputable à la crise financière internationale.
80
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
Toutefois, la reprise de l’économie mondiale est attendue pour 2010.’’ En effet, la crise financière internationale, en provoquant la faillite de plusieurs banques américaines et européennes et en resserrant les conditions de crédit, a fini par se transmettre à la sphère réelle en provoquant une récession économique malgré les différents plans de relance économique aux Etats-Unis, en Europe et dans les pays émergents. Selon les projections du FMI, la croissance de l‟économie mondiale devrait chuter à son taux le plus faible depuis la seconde guerre mondiale pour s‟afficher entre -1,0% et -0,5% en 2009. Cependant, toutes les sources sont unanimes que la reprise de l‟économie mondiale aura lieu en 2010. Le problème est que nul ne sait, avec précision, comment et quand. La reprise pourrait s‟amorcer, soit au début, soit à la fin du premier semestre ou pratiquement à la fin de l‟année 2010. Les réflexions au sein du groupe de travail ont amené à opter, à l‟instar du FMI, pour une reprise au second semestre de l’année 2010. Un autre point de discussion a porté sur le délai de transmission de la crise aux économies en
2EME PARTIE : EVALUATION ET QUANTIFICATION DES EFFETS A COURT ET MOYEN TERMES DE LA CRISE MONDIALE
81
développement. Le FMI évalue ce délai à 06 mois et prédit que la reprise économique dans les pays en développement en général et au Bénin en particulier serait attendue pour 2011. Le groupe de travail, après discussion, a retenu l‟option d‟un effet immédiat de faible portée de la reprise économique sur l’année 2010. De ce principal postulat, découlent les trois premières hypothèses qui suivent : 3.2.2. Hypothèse 1 : Baisse des cours des matières premières (coton et pétrole) La crise financière a entraîné l‟économie mondiale, tirée par l‟économie américaine, dans une récession économique. Cette récession affecte la demande mondiale des matières premières, notamment celle du coton et du pétrole.
82
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
TABLEAU 9 : HYPOTHESES SUR LE COURS DES MATIERES PREMIERES
Coton (c/livre)
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
61,95
55,20
57,45
63,28
71,39
69,5
71,5
65,0
67,0
97,0
92,0
60
65
Projection crise Pétrole ($/bbl)
38,30
54,43
65,39
Projection crise
72,70
97,64
Source : Groupe de travail, mai 2009
Les prévisions initiales, réalisées avant que la crise financière ne se transforme en crise économique, tablaient sur un niveau de 69,5 cents la livre pour le cours du coton en 2009 et 71,5 cents la livre pour 2010. Avec la crise, ces prévisions ont été revues à respectivement 65 cents/livre et 67 cents/livre pour 2009 et 2010, soit une baisse de 6,5% et 6,3% par rapport aux prévisions initiales. Toutefois, en comparaison avec l‟année 2009, le cours du coton en 2010 enregistrerait une hausse de 3,1%, signe d‟une reprise de la demande mondiale (relance de la demande des pays de l‟OCDE, des pays asiatiques et des pays émergents).
2EME PARTIE : EVALUATION ET QUANTIFICATION DES EFFETS A COURT ET MOYEN TERMES DE LA CRISE MONDIALE
83
S‟agissant du pétrole, les prévisions initiales, réalisées dans un contexte de non-crise, tablaient sur un cours de pétrole de 97 dollars US en 2009 et 92 dollars en 2010, en liaison avec l‟expansion de l‟économie mondiale tirée par les pays émergents. Après la crise, ces prévisions ont été révisées. Elles se situent désormais à 60 dollars US le baril en 2009 et 65 dollars le baril en 2010, soit des baisses respectives de 33,3% et 29,3% en 2009 et 2010. Il faut noter qu‟à l‟instar des cours du coton, il est attendu une légère reprise des cours du pétrole en 2010 par rapport à 2009. 3.2.3.
Hypothèse 2 : Repli des envois de fonds de la diaspora
En 2008, le Bénin a reçu 115 milliards de FCFA 6 de ses ressortissants émigrés, soit plus de 3% du PIB. L‟essentiel des envois de fonds provenait de l‟Union Européenne (34%), de l‟UEMOA (23%) et des Etats-Unis7 (18%). Les sources d‟information étant limitées, le groupe de travail a retenu la baisse des
6 7
Balance des paiements, 2008
FMI : « incidence de la crise financière mondiale sur le Bénin, répercussions et actions possibles », avril 2009
84
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
transferts de 1% du PIB en 2009 prévue par le FMI pour le Bénin. Compte tenu de la reprise attendue dans les principaux pays industrialisés en 2010, il a été fait l‟hypothèse d‟une baisse des transferts de fonds moins importante par rapport à la situation de non-crise, soit une baisse de 0,5% du PIB en 2010. 3.2.4. Hypothèse 3 : Chute de l’activité dans les principaux pays de la sous-région, en particulier au Nigeria Il est postulé une chute de l‟activité économique dans les principaux pays de la sous-région, en particulier au Nigeria et en Côte d‟Ivoire. Demande nigériane Le Nigeria est non seulement directement touché par la crise financière internationale, à travers son marché financier qui comprend une part importante d‟investissements étrangers, mais aussi par la baisse du cours du pétrole. La baisse attendue du cours du pétrole, combinée avec celle de la demande de pétrole, devrait induire une baisse de l‟activité au Nigeria, d‟autant que le
2EME PARTIE : EVALUATION ET QUANTIFICATION DES EFFETS A COURT ET MOYEN TERMES DE LA CRISE MONDIALE
85
secteur pétrolier représente environ 30% du PIB. Le ralentissement de l‟activité économique au Nigeria en 2009 pourrait avoir un impact important sur les exportations béninoises. Les exportations et réexportations en direction du Nigeria représentent officiellement 20% des exportations totales. Toutefois, cette part est évaluée à plus de 50%, une fois les exportations et réexportations informelles prises en compte. Les projections tablent sur une croissance de 2,9% pour 2009 contre une prévision initiale de 8,3%, soit une perte de 5,4 points de croissance. En 2010, la croissance de l‟économie nigériane devrait profiter de la légère reprise du cours du pétrole et passer à un taux de croissance de 3,1% contre une prévision tendancielle de 9,1%, soit une perte de croissance de l‟ordre de 6 points de pourcentage.
Demande ivoirienne La Côte d’Ivoire est le principal moteur de l‟économie de l‟UEMOA. Elle devrait enregistrer une perte de 1,5 point de croissance en 2009 en passant d‟une prévision initiale de 5,1% à 3,6% en
86
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
2009. Elle absorbe 3% des exportations béninoises selon le FMI. 3.2.5. Hypothèse 4 : Le cours du dollar US continue sa hausse Le dollar des Etats-Unis devrait poursuivre son appréciation par rapport au franc CFA en 2009 et en 2010. Deux autres hypothèses fondamentales ont été également retenues par le groupe de travail, relatives notamment à l‟impact direct de la crise financière sur le système bancaire béninois et sur l‟aide publique au développement reçue par le Bénin. 3.2.6. Hypothèse 5 : La crise financière n’atteindra pas directement le système bancaire béninois Les différentes mesures de politique monétaire prises au sein de l‟UEMOA et l‟analyse de la BCEAO laissent apparaître que les effets directs de la crise sur le système bancaire et financier de l‟Union sont globalement faibles. Les hypothèses
2EME PARTIE : EVALUATION ET QUANTIFICATION DES EFFETS A COURT ET MOYEN TERMES DE LA CRISE MONDIALE
87
concernant les variables monétaires ne seront donc pas modifiées. 3.2.7.
Hypothèse 6 : La crise financière ne limitera pas l’aide publique au développement
Les assurances données par les partenaires techniques et financiers et le dynamisme des relations étrangères du Bénin permettent de postuler la non-réduction de l‟aide publique au développement. Fondamentalement, le problème du Bénin se trouve dans la capacité d‟absorption et de mobilisation de l‟APD, plutôt que dans le niveau absolu de l‟aide. Les différentes hypothèses retenues par le groupe de travail pour l‟évaluation de l‟impact de la crise financière internationale sur l‟économie réelle sont résumées dans le tableau ci-après.
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
88
TABLEAU 10 : SYNTHESE DES PRINCIPALES HYPOTHESES DE SIMULATION 2008
2009
2010
Réf.
Crise
Variation (%)
Réf.
Crise
Variation (%)
Cours du Coton (cents/livre)
71,5
69,5
65
-6,5
71,5
67
-6,3
Envoi de fonds de la diaspora (% du PIB)
3,6
3,2
2,2
-1
3,4
2,9
-0,5
Pétrole ($/baril)
97
90
60
-33,3
92
65
-29,3
Dollar US
448
450
510
13,3
450
490
8,8
Taux de croissance du Nigeria (en %)
9,1
8,3
2,9
-5,4
9,1
3,1
-6,0
Taux de croissance de la Côte d’Ivoire (en %)
2,9
5,0
3,6
-1,4
5,5
4,3
-1,2
Source : Groupe de travail, mai 2009
3.3. Résultats de la simulation des effets de la crise mondiale sur le cadre macroéconomique du Bénin L‟impact de la crise financière et économique sur le cadre macroéconomique du Bénin est apprécié à
2EME PARTIE : EVALUATION ET QUANTIFICATION DES EFFETS A COURT ET MOYEN TERMES DE LA CRISE MONDIALE
89
travers le secteur réel, les prix, les finances publiques, la balance des paiements et la situation monétaire. 3.3.1. Impact de la crise mondiale sur le secteur réel au Bénin L‟impact de la crise sur le secteur réel est analysé suivant l‟approche par la demande et l‟approche par l‟offre. Croissance du PIB réel Par rapport à la situation de référence, le taux de croissance du PIB réel perdrait 1,8 point en 2009 et 3 points en 2010 à cause des perturbations engendrées par la crise économique mondiale. Prévu initialement pour atteindre 6,1% en 2009 et 6,5% en 2010, le taux de croissance du PIB réel se réduirait à 4,3% et 3,5% respectivement en 2009 et 2010, toutes choses égales par ailleurs. Cependant, le niveau du taux de croissance de l‟économie n‟est pas le seul fait de la crise économique mondiale. Il est également affecté par les performances de l‟agriculture, l‟évolution de la
90
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
politique économique nationale, l‟orientation de la politique économique pour 2010, etc. En intégrant toutes ces informations, le taux de croissance de l‟économie nationale devrait ressortir à 4,0% en 2009 et 5,1% en 2010 (cf. annexe 2).
TABLEAU 11 : TAUX DE CROISSANCE DU PIB REEL (%) 2009
2010
Référence
6,1
6,5
Prévision crise
4,3
3,5
Prévision crise et autres facteurs de l’économie nationale
4,0
5,1
FMI
3,8
3,0
Source : Groupe de travail, mai 2009
Par rapport aux prévisions du FMI, qui a tablé en avril 2009 sur des taux de croissance de 3,8% et de 3% respectivement en 2009 et 2010, la présente étude d‟impact s‟avère plus optimiste. Analyse de l‟impact de la crise : approche par la demande L‟annexe 3 montre, de façon détaillée, l‟effet de la crise financière internationale sur les éléments
2EME PARTIE : EVALUATION ET QUANTIFICATION DES EFFETS A COURT ET MOYEN TERMES DE LA CRISE MONDIALE
91
de la demande. Un extrait de ce tableau est présenté ci-dessous
TABLEAU 12 : IMPACT DE LA CRISE DU POINT DE VUE DE LA DEMANDE 2009
2010
Réf.
Crise
Variation
Réf.
Crise
Variation
PIB au prix du marché
2246,6
2208,8
-1,7%
2388,7
2282,7
-4,4%
Importations de biens et services
463,8
425,2
-8,3%
449,4
387,2
-13,8%
Consommation finale
1869,3
1813,9
-3,0%
1971,5
1868,2
-5,2%
1719,7
1663,1
-3,3%
1815,2
1710,7
-5,8%
428,9
421,1
-1,8%
440,9
408,7
-7,3%
Privé FBCF
295,9
288,8
-2,4%
305,8
276,1
-9,7%
Exportations de biens et services
Privé
403,6
388,8
-3,7%
420,2
387,2
-7,8%
Croissance (en %)
6,1
4,3
-1,8
6,5
3,5
-3,0
Source : Groupe de travail, mai 2009
Consommation finale La crise financière internationale induirait, pour les années 2009 et 2010, une baisse de la consommation finale (3% en 2009 et 5,2% en 2010), en particulier de la consommation privée (3,3% et 5,8%). Cette baisse serait principalement imputable à la baisse des envois de fonds des Béninois de la diaspora, du fait du ralentissement
92
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
économique dans les pays d‟accueil et à la conjoncture économique au Nigeria. La demande nigériane a, en effet, un impact significatif sur les marchés béninois. Cette demande alimente les activités de services, en particulier le transport et le commerce. Une baisse de cette demande affecterait les revenus des opérateurs économiques et la consommation des ménages. Investissement L‟effet de la crise fera perdre à l‟investissement 1,7 point de croissance en 2009 et 7,3 points en 2010. En effet, bien que la crise financière internationale n‟affecte pas le système bancaire national, le ralentissement de la demande au Nigeria, le coût élevé du capital attendu ainsi que le resserrement du crédit dans les pays industrialisés, du fait des difficultés des banques, devraient amener les opérateurs économiques privés à réviser leurs programmes d‟investissement.
2EME PARTIE : EVALUATION ET QUANTIFICATION DES EFFETS A COURT ET MOYEN TERMES DE LA CRISE MONDIALE
93
Exportations Les recettes d‟exportation se contracteraient de 3,7% en 2009 et de 7,8% en 2010 par rapport aux situations de référence, en raison notamment de la prépondérance des activités de réexportation qui sont majoritairement dirigées vers le Nigeria. Par ailleurs, elles subiront, dans une moindre mesure, l‟effet du ralentissement économique attendu dans les pays de l‟hinterland, notamment le Niger et le Burkina Faso, autres pays destinataires des produits de réexportation. Importations Le ralentissement des activités de réexportation et le repli des transferts de fonds venant de la diaspora amenuiseraient les revenus des particuliers. L‟érosion des revenus des particuliers, le renchérissement du cours du dollar des EtatsUnis et le ralentissement des activités de réexportation limiteraient de façon sensible, les importations. Ces dernières, au Bénin, servent en effet, en grande partie, à la réexportation. La demande d‟importations pourrait se réduire de 8,3% en 2009 et autour de 14% en 2010 si la crise perdurait.
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
94
Analyse de l‟impact de la crise : approche par l‟offre La crise économique et financière affecterait principalement le secteur tertiaire et, dans une moindre mesure, le secteur secondaire. Les soussecteurs touchés sont : les services, notamment le commerce, les industries manufacturières et les BTP. La production au niveau du secteur primaire resterait insensible à la crise (cf. annexe 3). Secteur primaire La crise économique et financière n‟affecterait pas,
de
façon
significative,
le
sous-secteur
agricole. En effet, l‟effet de la crise sur le secteur agricole devrait passer par le canal de la baisse des cours des matières premières, dont principalement le coton. La chute du cours du coton devrait se répercuter sur le prix d‟achat au producteur. L‟anticipation par les producteurs de la baisse du prix
d‟achat
du
coton
pourrait
réduire
les
superficies à emblaver au profit des cultures vivrières. Cependant, le mécanisme de fixation du prix au producteur, actuellement en vigueur au Bénin, permet à l‟Etat d‟épargner les producteurs
2EME PARTIE : EVALUATION ET QUANTIFICATION DES EFFETS A COURT ET MOYEN TERMES DE LA CRISE MONDIALE
95
nationaux des répercussions de la baisse des cours mondiaux sur le prix d‟achat du coton au producteur. Pour la campagne agricole 2009/2010 par exemple, le prix au producteur de coton a été fixé à 210 FCFA/Kg comme pour la campagne 2008/2009. TABLEAU 13 : IMPACT DE LA CRISE DU POINT DE VUE DE L’OFFRE DE PRODUCTION 2009 Réf.
Crise
2010 Variation
Réf.
Crise
Variation
Secteur secondaire
369,2 357,1
-3,3%
403,7 371,5
-8,0%
Industries manufacturières
238,1 228,9
-3,9%
265,4 242,3
-8,7%
BTP
98,8
96,2
-2,6%
103,8
95,8
-7,8%
Secteur tertiaire
833,7 796,8
-4,4%
930,3 838,5
-9,9%
Commerce
468,7 446,7
-4,7%
518,8 463,7
-10,6%
Transports et télécommunications 191,9 183,6
-4,3%
218,6 198,5
-9,2%
Banque assurance
-3,0%
47,2
-7,5%
43,5
42,2
Source : Groupe de travail, mai 2009
43,7
96
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
Secteur secondaire L‟effet de la crise sur le secteur secondaire passerait notamment par les industries manufacturières et les BTP. Les industries manufacturières devraient connaître un amoindrissement de leur valeur ajoutée de l‟ordre de 4% en 2009 et près de 9% en 2010, lié à la baisse de la demande, tant nationale qu‟étrangère. En effet, la demande nationale subirait l‟effet de la baisse des revenus des ménages (baisse transferts de fonds et des marges générées par l‟activité de réexportation). La baisse de la demande étrangère est, quant à elle, liée à la récession de l‟économie mondiale. La crise économique et financière conduirait à un ralentissement des grands travaux d‟infrastructures de 2,6% et de 7,8%, respectivement en 2009 et 2010. La poursuite des travaux en cours et le lancement de nouveaux chantiers souffriraient de la contraction de la contribution budgétaire, à la suite des difficultés de mobilisation des ressources publiques.
2EME PARTIE : EVALUATION ET QUANTIFICATION DES EFFETS A COURT ET MOYEN TERMES DE LA CRISE MONDIALE
97
Secteur tertiaire Le secteur tertiaire ressentirait le plus les effets de la crise. Le sous-secteur du commerce (-4,7% en 2009 et 10,6% en 2010) ainsi que celui des transports et télécommunications (-4,3% et 9,2%) seraient directement touchés par le ralentissement de l‟activité économique nigériane. Par ailleurs, la crise affecterait indirectement le système bancaire par une contraction des opérations bancaires. Ce ralentissement de l‟activité bancaire serait imputable à l‟effet de la crise sur le commerce et le transport. Indice des prix L’inflation gagnerait 1,1 point de pourcentage en 2009 et 0,7 point de pourcentage en 2010 par rapport aux prévisions de référence. L‟impact de la crise financière sur les prix passerait par le canal du cours du dollar US. L‟appréciation du dollar US devrait se répercuter sur les prix des produits importés, ce qui alimenterait l‟inflation. Les simulations montrent que l‟effet de la crise sur le taux d‟inflation serait de l‟ordre de 1 point de pourcentage en 2009.
98
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
Cette tendance, qui ramènerait l‟inflation à 3,5% en 2009 contre 2,4% prévu, pourrait compromettre l‟atteinte de l‟objectif d‟un taux maximum de 3%, conformément aux dispositions du pacte communautaire de l‟UEMOA. TABLEAU 14 : RESULTATS DES SIMULATIONS SUR L’EVOLUTION DES PRIX 2009 2010 Réf. Crise Ecart
Variation du déflateur du PIB (%) 2,4 3,5
1,1
Réf. Crise Ecart
2,1 2,8
0,7
Source : Groupe de travail, mai 2009
3.3.2.
Finances publiques
La crise financière et économique internationale aurait comme conséquence sur les finances publiques, une diminution des recettes totales de l’Etat de 48,6 milliards de FCFA en 2009 et de 86 milliards de FCFA en 2010. Les dépenses totales devraient légèrement baisser. Ainsi, le déficit budgétaire (38 milliards de FCFA en 2009 ; 77,5 milliards de FCFA en 2010) se dégraderait de 1,4 point de pourcentage du PIB en 2009 et de 2,2 points de pourcentage du PIB
2EME PARTIE : EVALUATION ET QUANTIFICATION DES EFFETS A COURT ET MOYEN TERMES DE LA CRISE MONDIALE
99
en 2010. Ces résultats suivent la même tendance que les prévisions faites par le FMI en avril 2009 sur le Bénin.
TABLEAU 15: RESULTATS DES SIMULATIONS SUR LES FINANCES PUBLIQUES 2009
Ecart
2010
Ecart
Variation
Réf.
Crise
-48,6
-7,1%
801,7
715,8
-85,9
-10,7%
-48,6
-7,9%
724,7
638,8
-85,9
-11,9%
-8,8
-3,1%
326,5
307,5
-19,0
-5,8%
-39,8
-11,8%
398,2
331,2
-66,9
-16,8%
-10,2
-0,5%
835,5
827,1
-8,4
-1,0%
546,2 204,8 14,5
0,8 -11,0 0,8
0,2% -5,1% 6,0%
581,5 254,0 12,1
582,2 244,9 12,8
0,7 -9,0 0,7
0,1% -3,6% 5,4%
-110,3
-38,4
53,4%
-33,7
-111,3
-77,5
229,8%
Réf.
Crise
Recettes totales
689,3
640,7
Recettes fiscales
617,8
569,2
Recettes des impôts
281,8
273,0
Recettes douanières
336
296,2
Dépenses totales
761,2
751,0
Dépenses courantes Investissement Intérêts Déficit global (base ordonnancement)
545,4 215,8 13,7 -71,9
Source : Groupe de travail, mai 2009
L‟effet de la crise financière et économique sur les recettes totales passe principalement par la baisse des recettes douanières. En effet, les recettes de l‟administration douanière devraient chuter d‟environ 40 milliards de FCFA en 2009 et de 70 milliards de FCFA en 2010. La baisse des
Variation
100
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
réexportations en direction du Nigeria constitue la principale cause. Les recettes des Impôts, quant à elles, devraient connaître une baisse d‟environ 8,8 milliards de FCFA en 2009 et 19 milliards de FCFA en 2010, entraînée par la contraction de l‟activité économique intérieure, en particulier dans le secteur des services. L‟impact de la crise sur les dépenses totales proviendrait des effets sur les dépenses courantes et les dépenses d‟investissement. En effet, les dépenses courantes connaîtraient une hausse de 0,2% en 2009 et 0,7% en 2010, tirées par la hausse du montant des intérêts payés sur la dette causée par l‟appréciation du dollar US. Les dépenses d‟investissement devraient diminuer de 5,1% et de 3,6%, respectivement en 2009 et 2010, du fait des difficultés de mobilisation des ressources par les régies financières. 3.3.3.
Balance des Paiements
La crise financière et économique causerait une réduction d’environ 7% des exportations en 2009 et 16% en 2010. Les importations baisseraient de
2EME PARTIE : EVALUATION ET QUANTIFICATION DES EFFETS A COURT ET MOYEN TERMES DE LA CRISE MONDIALE
101
8% environ en 2009 et 13,5% en 2010. Les transferts de fonds des émigrés et les investissements directs étrangers devraient également s’inscrire à la baisse. TABLEAU 16 : RESULTATS DES SIMULATIONS SUR LA BALANCE DES PAIEMENTS 2009
2010
Réf.
Crise
Ecart Variation Réf.
Crise
Ecart Variation
Exportations FAB
537,3
499,6
-37,7 -7,0%
584,0
491,2
-92,8 -15,9%
Importations FAB
887,1
817,2
-69,9 -7,9%
-934,7 -808,9 125,7 -13,5%
Balance commerciale
-349,8 -317,5 32,2
-9,2%
-350,7 -317,7 33,0
-9,4%
Services nets
-103,9 -60,3
43,6
-41,9%
-73,8
-21,7
52,0
-70,5%
-9,3%
9,8
9,4
-0,4
-4,3%
144,9
129,9
-15,0 -10,4%
Revenus des investissements 8,7
7,9
-0,8
Transferts nets
144,2
114,2
-30,0 -20,8%
Balance courante
-300,8 -255,8 45,0
-15,0%
-269,7 -200,1 69,6
-25,8%
Compte de capital
56,6
56,6
0,0
0,0%
60,3
60,3
0,0
0,0%
Capitaux non monétaires
251,9
212,2
-39,7 -15,8%
272,3
209,7
-62,6 -23,0%
Dont IDE
124,8
87,1
-37,8 -30,3%
136,3
75,7
-60,6 -44,5%
7,7
13,0
5,3
62,9
69,9
12,8
Solde global
68,0%
Source : Groupe de travail, mai 2009
La crise financière internationale affecterait la balance commerciale qui se dégraderait d‟environ 9% par rapport à la situation de référence en 2009 et 2010. La baisse des importations est liée à la diminution des exportations dont la réexportation
20,3%
102
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
en direction du Nigeria et des pays de l‟hinterland (surtout le Niger et le Burkina Faso) constitue le socle. Les importations devraient subir, dans une moindre mesure, un effet volume lié à l‟appréciation du dollar US. Les services nets devraient s‟améliorer par l‟affaissement des coûts du fret, en liaison avec la baisse des cours du pétrole. La baisse des transferts nets de 20,2% en 2009 et 10,4% en 2010 est imputable à la baisse des envois de fonds des émigrés. Elle devrait atteindre 30 milliards de FCFA en 2009 et se resserrerait à 15 milliards de FCFA en 2010. Enfin, la crise devrait induire une limitation des investissements directs étrangers (IDE) de l‟ordre de 30,3% en 2009 et de 44,5% en 2010, en liaison avec la récession dans les principaux pays industrialisés et un resserrement du crédit dans leur système bancaire. Au total, le solde global de la balance des paiements devrait sensiblement s‟améliorer à partir des économies engrangées par le Bénin, au titre des services nets et d‟une baisse plus
2EME PARTIE : EVALUATION ET QUANTIFICATION DES EFFETS A COURT ET MOYEN TERMES DE LA CRISE MONDIALE
marquée des exportations. 3.3.4.
importations
par
rapport
103
aux
Situation monétaire intégrée
La crise financière internationale n’aurait pas d’effets significatifs sur le crédit intérieur (cf. annexe 4). Toutefois, elle devrait contribuer à rehausser substantiellement les avoirs extérieurs et la masse monétaire. TABLEAU 17 : IMPACT SUR LA SITUATION MONETAIRE INTEGREE 2009
Ecart
Variation
Réf.
Crise
Avoirs Extérieurs Nets
697,9
703,2
5,3
Crédit intérieur
499,9
499,9 1176,9
Monnaie et quasi1171,7 monnaie
2010 Ecart
variation
773,5
12,7
1,7%
565,7
565,7
0,0
0,0%
1300,3
1313,0 12,7
Réf.
Crise
0,8%
760,8
0,0
0,0%
5,3
0,4%
Source : Groupe de travail, mai 2009
Le gain d‟avoirs extérieurs de 0,8% en 2009 et 1,7% en 2010 est lié à l‟amélioration du solde global de la balance des paiements. La masse monétaire devrait suivre la même tendance que les avoirs extérieurs nets.
1,0%
104
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
3.3.5. Simulation de scenarii alternatifs Toutes les simulations présentées dans ce rapport sont faites dans un environnement incertain. Cela est d‟autant plus vrai que présentement on ne saurait ni cerner la portée réelle de la crise ni anticiper sur les différentes mesures qui seront prises par les différents acteurs pour la combattre. Les incertitudes majeures sont liées à : la prise de mesures vigoureuses par le Nigeria pour résorber l‟effet de la crise financière et économique ; la réduction sensible de l‟aide au développement, contrairement aux engagements des Partenaires Techniques et Financiers ; la stabilisation des cours des matières premières, notamment le pétrole, à un niveau supérieur à 60 dollars US le baril.
2EME PARTIE : EVALUATION ET QUANTIFICATION DES EFFETS A COURT ET MOYEN TERMES DE LA CRISE MONDIALE
105
Poursuite de croissance soutenue au Nigeria Les simulations réalisées supposent que les principaux partenaires commerciaux du Bénin, en particulier le Nigeria, subissent, de plein fouet, les répercussions de la crise économique et financière sans prendre de mesures pouvant amortir le choc. Cependant, il est peu probable que le Nigeria reste passif face à une perte de croissance économique aussi importante. Dans l‟hypothèse où les différentes mesures que prendrait le Nigeria permettraient au pays d‟atteindre un taux de croissance du PIB de l‟ordre de 4,5% en 2009, alors le taux de croissance du PIB au Bénin gagnerait au cours de la même année 0,4 point pour se fixer à 4,7%. Réduction de l‟aide publique au développement La présente analyse ne tient pas compte d‟une probable baisse de l‟aide publique au développement (APD) et de la restriction aux ressources concessionnelles. Pourtant, la morosité économique dans les pays industrialisés pourrait affecter le décaissement normal des ressources
106
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
prévues. En intégrant l‟hypothèse d‟une baisse de l‟APD de 1,4 point du PIB, la croissance du PIB va s‟affaiblir pour se situer autour de 3,3% en 2009. Quand au déficit budgétaire, il se dégraderait davantage. Hausse significative du cours du pétrole La prévision des cours des matières premières est très délicate. Lorsque le cours du pétrole était à 140$ le baril en juillet 2008, il était difficile d‟envisager un niveau des cours inférieur à 50$ le baril la même année ; ce qui fut pourtant le cas. La tendance haussière actuelle du cours du baril de pétrole pourrait se poursuivre au-delà de 60$ le baril. Dans l‟hypothèse où les cours se stabiliseraient à 65$ le baril en 2009, le taux de croissance économique au Bénin perdrait 0,5 point et s‟établirait à 3,8%.
2EME PARTIE : EVALUATION ET QUANTIFICATION DES EFFETS A COURT ET MOYEN TERMES DE LA CRISE MONDIALE
107
TABLEAU 18 : TAUX DE CROISSANCE DU PIB COURANT (%) SUIVANT DIVERS SCENARII Référence Prévision Croissance du PIB nigérian de 4,5% Réduction de l’APD de 1,4 point du PIB Le baril de pétrole se stabilise autour de 65$
2009 6,1 4,0 4,7 3,3 3,8
Source : Groupe de travail, mai 2009 Conclusion partielle Suivant divers scénarii, le taux de croissance du PIB au Bénin en 2009 se situerait entre 3,3% et 6,1%. Comparativement au taux de 5% obtenu pour l‟année 2008, le PIB pourrait perdre jusqu‟à 1,7 point ou enregistrer un gain maximum de 1,1 en 2009.
IV. SIMULATION DES EFFETS DE LA CRISE MONDIALE SUR LA PAUVRETE ET LES INDICATEURS SOCIAUX AU BENIN La pauvreté et les performances en matière d‟atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) se dégraderont légèrement en 2009. La reprise attendue, pour le début de l‟année 2010, rétablira l‟indice de pauvreté et des
108
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
indicateurs sociaux aux niveaux où ils étaient en 2007 et 2008.
4.1. Crise mondiale et pauvreté au Bénin 4.1.1.
Indices de pauvreté en 2009
Les simulations de l‟impact de la crise financière sur le cadre macroéconomique ont projeté une baisse de la consommation finale des ménages de 3,3% en 2009 et de 5,8% en 20108. Cette baisse de la consommation finale des ménages a une influence négative sur l‟incidence de la pauvreté monétaire. Pour déterminer l‟impact sur la pauvreté de la baisse de la consommation finale des ménages, celle-ci a été répartie par groupe de ménages en considérant la branche d‟activité du chef de ménage. 34,4% des ménages béninois seraient pauvres en 2009 contre 33,3% en 2007.
8
« Impact de la crise financière sur le cadre macroéconomique », tableau 1
2EME PARTIE : EVALUATION ET QUANTIFICATION DES EFFETS A COURT ET MOYEN TERMES DE LA CRISE MONDIALE
109
TABLEAU 19 : IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LES INDICES DE PAUVRETE EN 2009 P0 Milieu de résidence
P1
P2
2007(*)
2009
Impact sur P0 (**)
2007
2009
Impact sur P1
2007
2009
Impact sur P2
Urbain
28,311
29,498
1,1872
0,0846
0,0877
0,0032
0,0388
0,0401
0,0012
Rural
36,084
37,207
1,1224
0,1008
0,1041
0,0033
0,0410
0,0424
0,0014
Total
33,255
34,401
1,1460
0,0949
0,0981
0,0032
0,0402
0,0416
0,0014
P0 : incidence de pauvreté monétaire ; P1 : profondeur de la pauvreté ; P2 : sévérité de la pauvreté (*) : On fait l‟hypothèse que la situation en 2008 reste la même qu‟en 2007. (**) : L‟impact est en points de pourcentage
La crise financière aggraverait l‟incidence de pauvreté (P0) qui passerait de 33,3% en 2007 à 34,4% en 2009, en hausse de 1,15 point de pourcentage. Le phénomène est légèrement plus sensible en milieu urbain qu‟en milieu rural. Cet état des choses peut être dû au fait que les activités rurales (secteur primaire) sont peu touchées par la crise : la baisse de la consommation des ménages du secteur primaire est la deuxième plus faible après celle du secteur « Energie ». Par contre, les dépenses de consommation des ménages des branches les plus touchées sont celles des secteurs tertiaire et secondaire (Commerce, Transport et
110
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
Télécommunications, Autres services, Industrie, Banque et Assurance, BTP). Ces secteurs concernent plus les ménages urbains. La profondeur de pauvreté (P1) s‟aggrave également ; mais ici les ménages ruraux seraient plus touchés et l‟impact est même supérieur à l‟impact au niveau national. Quant à l‟inégalité de revenu parmi les pauvres (mesurée par P2), elle suit la même tendance que la profondeur de pauvreté (P1), se creusant légèrement de 0,0014 point d‟indice. 4.1.2.
Indices de pauvreté en 2010
En 2010, l’incidence de pauvreté serait en recul de 2,1 points de pourcentage par rapport à 2009.
2EME PARTIE : EVALUATION ET QUANTIFICATION DES EFFETS A COURT ET MOYEN TERMES DE LA CRISE MONDIALE
111
TABLEAU 20 : IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LES INDICES DE PAUVRETE EN 2010 P0 Milieu de résidence
P2
P1
2009
2010
Impact sur P0 (*)
2009
2010
Impact sur P1 (*)
2009
2010
Impact sur P2 (*)
urbain
29,4982
28,2280
-1,2702
0,0877
0,0825
-0,0052
0,0401
0,0373
-0,0028
rural
37,2069
34,7090
-2,4979
0,1041
0,0944
-0,0097
0,0424
0,0379
-0,0046
Total
34,4012
32,3501
-2,0511
0,0981
0,0901
-0,0081
0,0416
0,0377
-0,0039
P0 : incidence de pauvreté monétaire ; P1 : profondeur de la pauvreté ; P2 : sévérité de la pauvreté (*) : L‟impact est en points de pourcentage
Pour 2010, la situation va s‟améliorer. L‟incidence de pauvreté (P0) passerait de 34,4% en 2009 à 32,4% en 2010. Ceci peut être dû à la relance de la consommation des ménages en 2010 par rapport à 2009 : 1663,1 en 2009 pour 1710,7 en 2010. La baisse serait plus sensible au niveau des ménages ruraux (-2,5) que des ménages urbains (-1,3).
112
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
La profondeur de la pauvreté (P1) suit la même tendance. Il en est de même pour l‟inégalité de revenu parmi les pauvres, qui s‟est resserrée. En effet, l‟indice de sévérité de la pauvreté (P2) se réduirait de 0,0039 point d‟indice, passant de 0,0416 en 2009 à 0,0377 en 2010.
4.2. Crise mondiale et indicateurs sociaux La dégradation attendue de la pauvreté pousse à examiner, de façon désagrégée, les répercussions de la crise sur les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) au Bénin. Qu‟en sera-t-il du taux brut de scolarisation, de la mortalité infantile ou de l‟accès à l‟eau potable ? 4.2.1. Les canaux de transmission aux indicateurs sociaux L‟impact de la crise financière internationale sur les indicateurs sociaux (scolarisation au primaire, malnutrition, mortalité infantile, espérance de vie
2EME PARTIE : EVALUATION ET QUANTIFICATION DES EFFETS A COURT ET MOYEN TERMES DE LA CRISE MONDIALE
113
et accès à l‟eau potable) a été évalué par l‟intermédiaire du cadre macroéconomique9. Le taux de scolarisation primaire est influencé positivement par le revenu réel par tête, l‟urbanisation et les dépenses publiques en éducation. En effet, l‟augmentation du revenu réel par tête et l‟urbanisation tendent à accroître le taux de scolarisation car ils contribuent à l‟accroissement de la demande en éducation. Par ailleurs, l‟amélioration des dépenses publiques en éducation est supposée s‟accompagner d‟un accroissement des infrastructures et des enseignants, ce qui par conséquent augmente l‟accessibilité à l‟éducation primaire. Les déterminants macroéconomiques de la prévalence de la malnutrition sont la consommation réelle par tête, le taux de pauvreté et des dépenses publiques en santé10. Ainsi,
9
Voir note méthodologique en annexe.
10
Broca and Stamoulis (2003), “Micro and Macroevidence on the Impact of Undernourishment”, in K. Taniguchi and X. Wang (eds.), Nutrition Intake and Economic Growth, FAO.
114
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
lorsque le niveau de la consommation réelle par tête ou des dépenses publiques augmente, la prévalence de la malnutrition diminue. Par contre, la prévalence de la malnutrition s‟accroît avec l‟augmentation de la pauvreté. Il importe également de souligner que la prévalence de la malnutrition a, en retour, un effet négatif sur la croissance économique à travers la baisse de la productivité. La mortalité infantile est influencée négativement par la pauvreté et positivement par le revenu par tête et les dépenses publiques de santé11. Par conséquent, il ne suffit pas seulement de réduire la pauvreté pour améliorer le taux de mortalité infantile mais il faudra aussi améliorer le niveau du revenu par tête et des dépenses publiques en matière de santé.
Smith and Haddad (2000), “Explaining Child Malnutrition in Developing Countries: A Cross-country Analysis”, Research Report No. 111 (International Food Policy Research Institute, May) 11 La mortalité infantile dépend également de la prévalence de la malnutrition et de l‟accès à l‟eau potable. Mais, les estimations faites indiquent que le coefficient n‟est pas significativement différent de 0.
2EME PARTIE : EVALUATION ET QUANTIFICATION DES EFFETS A COURT ET MOYEN TERMES DE LA CRISE MONDIALE
115
Les dépenses publiques de santé ont un impact positif sur l‟espérance de vie, qui est un indicateur synthétique de l‟amélioration des conditions de vie. Par ailleurs, la réduction de la pauvreté et l‟augmentation du revenu par tête s‟accompagnent aussi d‟une amélioration de l‟espérance de vie12. L‟accès à l‟eau potable est fonction de la densité de la population, du revenu par tête et des dépenses d‟investissement public, notamment en infrastructures. L‟effet de la densité de la population sur l‟accès à l‟eau potable est positif, du fait que le coût par habitant de la construction d‟infrastructures diminue avec une forte densité de la population. De même, l‟augmentation de revenu par tête s‟accompagne d‟une amélioration du taux d‟accès à l‟eau potable parce que la demande pour ce bien devient forte.
12 Chakravarty, S. (2003), “A Generalized Human Development Index”, Review of Development Economics, 7 (March).
116
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
4.2.2. Résultats des simulations des effets de la crise sur les indicateurs sociaux de base Sur la base des simulations de l‟impact de la crise financière internationale sur le cadre macroéconomique et sur la pauvreté, il a été procédé à l‟estimation des effets de la crise sur les indicateurs sociaux à travers les canaux identifiés ci-dessus. Par ailleurs, les parts des dépenses publiques de santé, d‟éducation et d‟infrastructures dans le PIB sont supposées constantes. Le tableau ci-après présente les résultats des simulations.
2EME PARTIE : EVALUATION ET QUANTIFICATION DES EFFETS A COURT ET MOYEN TERMES DE LA CRISE MONDIALE
117
TABLEAU 21 : IMPACT SUR LES INDICATEURS SOCIAUX Base
Projections de référence
Impact de la crise (Ecart absolu)
2006
2009
2010
2009
2010
Taux brut de scolarisation au primaire en % Nombre d'enfants inscrits sur nombre total d'enfants en âge d'aller à l'école
93,0
99,5
99,9
-0,20
-0,54
Mortalité infantile Taux de mortalité infantile pour 1 000 naissances
76,0
75,0
74,5
1,09
-0,09
Prévalence de malnutrition en % Insuffisance pondérale (poids pour âge)
18,4
14,6
14,4
0,39
0,29
Espérance de vie en années Espérance de vie à la naissance
60,8
61,0
61,2
-0,08
-0,21
Accès à l'eau potable en % (2005 = 67) Part de la population ayant accès l'eau potable
61,9
68,5
68,9
-0,01
-0,02
Source : Groupe de travail, mai 2009
La crise financière internationale dégraderait, toutes choses égales par ailleurs, les indicateurs sociaux. Le taux brut de scolarisation connaîtrait, par rapport à la situation de référence, un recul de 0,2 point de pourcentage en 2009 et de 0,54 point de pourcentage en 2010, conséquence du ralentissement de l‟activité économique. Le taux de mortalité infantile devrait augmenter d‟environ 1 point de pourcentage en 2009, du fait non
118
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
seulement de la baisse du revenu par tête mais aussi de la hausse de l‟incidence de pauvreté, qui passerait de 33,3% en 2008 à 34,4%. En 2010, la mortalité infantile connaîtrait une amélioration de 0,09 point de pourcentage en relation avec la baisse de l‟incidence de pauvreté au cours de la période. La baisse de la consommation des ménages devrait, entre autres, induire une augmentation de 0,39 point de pourcentage de la malnutrition en 2009 et de 0,29 point de pourcentage en 2010. Cependant, la crise financière internationale aurait un effet négligeable sur l‟accès à l‟eau potable dans le cas où les dépenses en matière d‟infrastructures ne sont pas revues à la baisse. En somme, la crise financière internationale devrait faire perdre au Béninois, en terme d‟espérance de vie à la naissance, environ 03 mois en 2009 et 01 mois en 2010 si le Gouvernement maintenait les dépenses de santé, d‟éducation et d‟infrastructures à leur niveau de 2008. Une revue de ces dépenses à la baisse contribuerait à aggraver les effets négatifs de la crise sur les indicateurs sociaux. Ainsi, les performances
2EME PARTIE : EVALUATION ET QUANTIFICATION DES EFFETS A COURT ET MOYEN TERMES DE LA CRISE MONDIALE
119
enregistrées par le Bénin au cours de ces deux dernières décennies par rapport aux pays de l‟Afrique subsaharienne pourraient recevoir un coup (voir tableau ci-après). De même, la confirmation des priorités de l’Etat, mettant l‟accent sur la relance économique par l‟agriculture et des actions en faveur de l‟augmentation des dépenses d‟infrastructures de base, de santé et d‟éducation, devrait limiter les coûts sociaux de la crise.
120
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
TABLEAU 22 : EVOLUTION COMPARATIVE DES INDICATEURS SOCIAUX AVEC CEUX DE L’AFRIQUE SUBSAHARIENNE Bénin
Afrique subsaharienne
1990 2000 2005
1990
2000
2005
Taux brut de scolarisation au primaire (en %) Nombre d'enfants inscrits sur nombre total d'enfants en âge d'aller à l'école
53,7
77,3
95,7
71,0
79,8
93,2
Mortalité infantile Taux de mortalité infantile pour 1 000 naissances
111, 0
95,0
89,0
108,7
99,6
95,0
nd
21,5
18,4
nd
nd
27,0
Espérance de vie (en années) Espérance de vie à la naissance
53,2
54,5
55,7
50,4
49,0
49,0
Accès à l'eau potable (en %) Part de la population ayant accès à l'eau potable
63,0
65,0
67,0
48,9
54,5
56,1
Prévalence de malnutrition Insuffisance pondérale
Source : WDI 2008
3EME PARTIE : MESURES POUR ATTENUER LES EFFETS DE LA CRISE SUR L‟ECONOMIE BENINOISE Cette partie vise à formuler, après un bref diagnostic de l‟économie béninoise, des mesures idoines permettant de prévenir ou d‟atténuer les effets probables de la crise sur le développement économique et social du Bénin.
V.
DIAGNOSTIC DE L‟ECONOMIE BENINOISE
Après la présentation de la situation de l‟économie béninoise au chapitre 2 du présent rapport, il est fait ici un état des lieux sommaire des atouts et faiblesses de l‟économie béninoise, une synthèse des problèmes de financement de l‟économie nationale ainsi qu‟un rappel des mesures mises en œuvre pour lutter contre les récentes crises.
5.1. Atouts et faiblesses de l’économie béninoise L‟économie béninoise présente un certain nombre de caractéristiques qui renforcent ou limitent la
122
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
capacité d‟intervention du Gouvernement pour contenir les contrecoups des chocs externes. 5.1.1.
Les facteurs atténuant les chocs externes au Bénin
Le Bénin n’a pas immédiatement et durement ressenti les effets de la crise en raison des caractéristiques suivantes : l‟économie béninoise n‟est pas fortement capitalistique et demeure relativement moins ouverte sur l‟extérieur (le degré d‟ouverture de l‟économie est à peine de 40%) ; la production intérieure ne repose pas sur une forte industrialisation comme dans les pays d‟Amérique Latine qui ont été rattrapés par la crise au début du mois de juin 2009 ; le Bénin n‟a pas enregistré de grands déséquilibres macroéconomiques à la veille de la crise ; les banques béninoises n‟auraient pas encore des problèmes de liquidité. L‟excédent de liquidité bancaire intérieure
3EME PARTIE : MESURES POUR ATTENUER LES EFFETS DE LA CRISE SUR L’ECONOMIE BENINOISE
123
est passé de 128 milliards FCFA en 2006 à 174 milliards FCFA en 2007. Le taux de liquidité de l‟économie (MO/PIB) se situe à 30% au Bénin en 2006 contre 28% en moyenne pour l‟UEMOA ; en avril 2009, les réserves dont dispose le Bénin seraient à peu près de 8 mois d‟importation (légèrement au dessus des 6 mois recommandés) ; le Bénin continue de bénéficier du soutien de ses partenaires techniques et financiers (l‟Union Européenne, les Etats-Unis, la Chine) qui veillent particulièrement à ce que les secteurs sociaux ne soient pas pénalisés en cas de crise. 5.1.2. Faiblesses de l’économie béninoise Plusieurs faiblesses sont à relever, notamment : la monoculture du coton et la nondiversification des filières productives n‟offrent pas d‟alternatives réelles à court et moyen termes ;
124
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
la production agricole, faiblement mécanisée, dépend essentiellement des aléas climatiques ; les secteurs productifs sont, pour plupart, sous-équipés et mal encadrés ; l‟environnement des affaires relativement peu compétitif.
la est
5.2. Etat des lieux du financement de l’économie Bon nombre de recommandations des institutions financières internationales à l‟endroit des pays en développement ont porté sur la surveillance et l‟encadrement des institutions financières afin d‟éviter l‟effet du second tour de la crise financière. A cet égard, la présente étude fait un état des lieux du financement de l‟économie béninoise. 5.2.1. Un secteur bancaire peu diversifié Le secteur bancaire du Bénin a démarré timidement sa diversification. Seulement trois institutions (une banque de l‟habitat, une banque d‟investissement et un établissement financier de
3EME PARTIE : MESURES POUR ATTENUER LES EFFETS DE LA CRISE SUR L’ECONOMIE BENINOISE
125
crédit-bail) sur les treize (banques et établissements financiers) que compte le Bénin sont spécialisées. 5.2.2. Un secteur bancaire et des financements concentrés Les cinq premières banques du Bénin pèsent 84,3% du total des actifs des banques de la place. Selon une étude faite par la BCEAO dans les pays de l‟UEMOA et valable pour le Bénin, les entreprises représentent environ 10% du nombre de dossiers de demandes de crédit traités par les banques et reçoivent près de 90% du total des crédits bancaires. La demande des entreprises de toutes catégories concerne principalement les concours de trésorerie (89%). 5.2.3. Une faible bancarisation de l’économie béninoise Le Bénin constitue la quatrième place bancaire de l‟UEMOA avec 12% du total des bilans bancaires. Le pourcentage de la population active ayant accès à un compte bancaire est estimé à 9,6% en 2007, pour une moyenne UEMOA de 6,1% (Côte d‟Ivoire 10,7%). La BCEAO estime qu‟il s‟agit d‟un très
126
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
faible taux de bancarisation et développe donc des politiques pour améliorer la bancarisation des économies de l‟UEMOA. TABLEAU 23 : BENIN - UEMOA TAUX DE BANCARISATION UEMO Bénin Burki Côte A na d'Ivoire Population active en millions
56,4
3,1
6,0
7,0
Nombre de comptes particuliers
34482 62
299 094
598 594
752 237
Taux de bancarisation approximatif
6,1%
9,6%
10,0%
10,7%
Source : Commission Bancaire UEMOA, 2007
5.2.4. Faiblesse des crédits à l’économie en proportion du PIB Les crédits à l’économie sont généralement faibles, en proportion du PIB (17%), dans les pays de l’UEMOA. Dans d‟autres régions du monde en développement, les taux sont de 35% du PIB au Brésil, 37% en Inde, 65% en Tunisie et 120% en Chine (Cf. AFD, Jumbo, n° 23, 2007). Les financements spécialisés y sont également faibles (agriculture, habitat, industrie…). Le poids des crédits à l‟économie au Bénin est passé de 12,1%
3EME PARTIE : MESURES POUR ATTENUER LES EFFETS DE LA CRISE SUR L’ECONOMIE BENINOISE
127
du PIB en 2000 à 16,9% en 2006, soit à peu près une hausse de 1 point de pourcentage par année. TABLEAU 24 : BENIN – EVOLUTION DU CREDIT A L’ECONOMIE (EN % DU PIB) Bénin 1993 2000 2004 2005
2006
Crédits à l'économie (CE)
67,7
194,1
312,1
375,1
415,8
PIB
597,3
1605,4
2140,0
2298,6
2459,4
Crédits à l'éco. (CE)/PIB
11,3%
12,1%
14,6%
16,3%
16,9%
Source : CDAL-Consultants.
5.3. Gestion des crises récentes au Bénin L‟économie béninoise est confrontée, depuis l‟année 2007, à deux crises, énergétique et alimentaire, dont les effets ont été plus ou moins absorbés par un ensemble de mesures prises par le gouvernement. 5.3.1. Mesures contre les crises énergétique et alimentaire Provoquée essentiellement par les aléas climatiques, l‟augmentation de la demande des pays émergents et la hausse du prix des produits pétroliers, la crise alimentaire s‟est manifestée au
128
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
Bénin par une cherté et une raréfaction des produits alimentaires de base. Pour y faire face, le Gouvernement béninois a pris des mesures fiscales et budgétaires visant à : exonérer les produits de grande consommation et les produits spécifiques ; créer des boutiques publiques de vente de produits alimentaires ; élaborer un plan d‟urgence et un plan stratégique de relance du secteur agricole afin d‟accroître la disponibilité alimentaire. Face à la crise énergétique qui s‟est déclenchée au Bénin, parallèlement à la crise alimentaire, en raison des perturbations climatiques et de l‟augmentation de la demande intérieure dans les pays fournisseurs que sont la Côte d‟Ivoire et le Ghana, la Société Béninoise d‟Energie Electrique a réduit, depuis 2008, la pénurie récurrente d‟électricité. Les ressources publiques ont, une fois encore, servi à réhabiliter les groupes thermiques à Akpakpa (puissance additionnelle 22 MW) et à procéder à la location de groupes Aggreko et MRI (puissance additionnelle 50 MW). Le Gouvernement a également commandé quatre
3EME PARTIE : MESURES POUR ATTENUER LES EFFETS DE LA CRISE SUR L’ECONOMIE BENINOISE
129
centrales électriques d‟une capacité totale de 80 MWH et maintenu constants les prix des produits pétroliers. Le déficit budgétaire, lié aux crises alimentaire et énergétique, s‟est élevé à 68,531 milliards de FCFA et est réparti comme ci-après :
130
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
TABLEAU 25 : IMPACT SUR LES FINANCES PUBLIQUES (EN MILLIARDS de FCFA) Montants Pertes de recettes liées aux crises
24,077
Crise alimentaire
8,132
Crise énergétique
15,945
en % des recettes fiscales
4,70
en % du PIB
0,81
Dépenses liées aux crises
44,454
Crise alimentaire
10,281
Crise énergétique
34,173
en % des dépenses totales
6,49
en % du PIB
1,49
Déficit budgétaire lié aux crises
68,531
en % du déficit budgétaire total
66,29
en % du PIB
2,30
Source : DGAE, juin 2009
5.3.2. Impact des mesures contre les crises récentes Au niveau énergétique, le Gouvernement a pu maintenir une stabilité relative dans la fourniture de l‟énergie électrique depuis 2008. Par contre, le Bénin continue de subir les effets de la crise alimentaire. En effet, l‟indice harmonisé des prix à la consommation (IHPC) des produits alimentaires augmenterait de 5 points en 2009 par rapport à son
3EME PARTIE : MESURES POUR ATTENUER LES EFFETS DE LA CRISE SUR L’ECONOMIE BENINOISE
131
niveau de 2008 où il avait connu une hausse de plus de 18 points. TABLEAU 26 : EVOLUTION DE L’INDICE HARMONISE DES PRIX A LA CONSOMMATION 2006 2007 2008 200913 IHPC Produits alimentaires, boissons et tabac Variation moyenne sur l'année
126,7
125,8
148,4
155,8
-0,7%
18,0%
5,0%
Source : Groupe de travail, suivant les données de la DPC/DGAE, mars 2009
5.4. Problèmes réels engendres par la présente crise La pertinence des actions à recommander repose sur l‟analyse des problèmes auxquels le Bénin serait confronté, eu égard aux simulations de l‟impact de la crise faites sur le cadre macroéconomique et sur les indicateurs sociaux dans la deuxième partie de cette étude. C‟est pour cette raison que la présente section résume les canaux les plus critiques et les effets sur l‟économie nationale. 13
Estimation de la DPC en février 2009
132
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
5.4.1. Les canaux qui affectent le plus l’économie béninoise Les trois canaux de transmission de la crise mondiale à l‟économie béninoise sont : le commerce extérieur avec le Nigeria, les transferts de fonds des béninois de l‟étranger et le cours du dollar US. La baisse du flux des exportations béninoises (réexportations pour la plupart) vers le Nigeria limiterait postérieurement les activités d‟importation, de production industrielle, de services (commerce, transport et télécommunications). Elle se traduira par un amenuisement des recettes douanières et des revenus intérieurs. Le repli des transferts de fonds des Béninois de l‟étranger entraînerait, dans le même sens, le poste de transferts nets au niveau de la Balance des paiements. Il pourrait dégrader le niveau des revenus des ménages et faire fléchir la consommation intérieure. L’appréciation soutenue du dollar des Etats-Unis provoquera en aval une montée des prix des
3EME PARTIE : MESURES POUR ATTENUER LES EFFETS DE LA CRISE SUR L’ECONOMIE BENINOISE
133
produits importés. L‟inflation gagnerait encore quelques points. L‟accès aux biens durables sera rendu difficile pour les populations vulnérables. Le fléchissement de la demande intérieure entraînerait, à la longue, la réduction de l‟offre intérieure de biens et services. 5.4.2. Les déséquilibres induits par la crise et leur incidence Le Bénin sera globalement confronté à la baisse des revenus intérieurs et des recettes fiscales qui limiterait les consommations publique et privée et aggraverait le niveau de pauvreté. Le déséquilibre induit par la crise économique passerait par le fléchissement de la demande globale (consommation et investissement) des résidents et des exportations. On observera ensuite une baisse de la production intérieure et des importations qui réduiront l‟offre de biens et services. La baisse du flux des activités intérieures réduirait les recettes publiques. Au même moment, l‟Etat doit mobiliser des moyens supplémentaires pour fournir les biens et services collectifs et pour aider les catégories sociales les
134
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
plus défavorisées. Il serait alors obligé de recourir à un surendettement ou à une accumulation des arriérés de paiement intérieurs. Cette dernière alternative aggraverait, avec le temps, les déséquilibres macroéconomiques et engendrerait des tensions sociales. La baisse du PIB et des revenus des facteurs entraînerait la réduction du Produit national brut. Par rapport à la situation de référence, on observera une dégradation du PNB par habitant. La pauvreté monétaire atteindrait quelques couches supplémentaires et les efforts pour atteindre les OMD s‟émousseraient davantage.
VI. MESURES DE POLITIQUE ECONOMIQUE RECOMMANDEES POUR ATTENUER LES EFFETS DE LA CRISE MONDIALE SUR LE BENIN Quelques mesures spécifiques applicables par le Gouvernement sont formulées ici pour parer aux menaces pressantes. Mais avant, il faudrait rappeler les premières recommandations faites sur cette thématique et les dispositifs déjà mis en place par les autorités compétentes.
3EME PARTIE : MESURES POUR ATTENUER LES EFFETS DE LA CRISE SUR L’ECONOMIE BENINOISE
135
6.1. Recommandations et mesures préventives en cours au Bénin à la fin du premier trimestre 2009 Jusqu‟à la fin du premier trimestre de l‟année 2009, le Bénin n‟avait pas encore subi les secousses de la crise. Néanmoins, certaines études ont eu à formuler, à l‟endroit des autorités, quelques mesures de prévention qui sont résumées ci-après. 6.1.1.
Orientations du FMI
Jihad Dagher et Prosper Youm, à partir des projections de situation de crise faites sur le Bénin en avril 2009 par le FMI, avaient recommandé que : les autorités béninoises donnent libre cours aux stabilisateurs budgétaires automatiques pour parer aux déficits de recettes consécutifs à la crise : pas de modification de politique fiscale,
136
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
pas de réduction des dépenses, sauf dépenses non essentielles, maintien des objectifs de dépense initiaux prévus dans le programme FRPC avec des augmentations discrétionnaires destinées aux filets sociaux ; l‟écart de financement grandissant soit compensé par un complément d‟aide extérieure sous forme de dons ou de concours fortement concessionnels ; la BCEAO continue de participer au renforcement de la liquidité des banques commerciales, en faisant preuve d‟une souplesse accrue dans le cadre de ses injonctions hebdomadaires. 6.1.2. Action de la BCEAO Tout en maintenant et en renforçant ses injections monétaires hebdomadaires, la Banque Centrale a révisé, le 09 juin 2009, ses taux directeurs et les coefficients de réserves obligatoires appliqués aux banques exerçant leurs activités au sein de
3EME PARTIE : MESURES POUR ATTENUER LES EFFETS DE LA CRISE SUR L’ECONOMIE BENINOISE
137
l‟UEMOA. Les ajustements majeurs faits dans le contexte de crise économique mondiale sont : TABLEAU 27 : MESURES PRISES PAR LA BCEAO Niveau Niveau à partir au 16/08/08 du 16/06/09 Taux de pension
4,75%
4,25%
Bénin
15%
9%
Mali
9%
7%
Niger
9%
7%
9%
7%
Coefficients de réserves obligatoires
Sénégal Source : BCEAO, juin 2009
Ainsi, le nouveau coefficient de réserves obligatoires, appliqué aux banques béninoises à partir du 18 juin 2009, est de 9,0% au lieu de 15,0% fixé depuis le 16 août 2008. Cette décision pourrait renforcer, un tant soit peu, la liquidité et les encours de crédit sur le marché bancaire béninois.
138
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
6.2. De la nécessité d’un plan de mesures complémentaires contre la crise En complément au plan d‟urgence des régies financières mis en place par le Gouvernement dans le contexte de la crise économique mondiale et tenant compte de la poursuite des actions entreprises pour faire face aux crises énergétique et alimentaire, le groupe de travail sur l‟étude d‟impact de la crise a tenu à formuler une série d‟interventions nécessaires pour renforcer le cadre macroéconomique interne et le développement social du Bénin. 6.2.1.
Opportunités qu’offre le contexte de crise
La crise offre l‟occasion de reconquérir la marge de manœuvre de l‟Etat dans la redéfinition des priorités nationales et dans son rôle stratégique de soutien au financement de l‟économie. Les multiples initiatives dans le monde (programmes publics de garantie, activation des circuits et institutions publics de financement de l‟économie, soutiens directs importants à des secteurs
3EME PARTIE : MESURES POUR ATTENUER LES EFFETS DE LA CRISE SUR L’ECONOMIE BENINOISE
139
économiques jugés stratégiques, etc.) peuvent être utilisées comme arguments pour permettre au Gouvernement de réajuster ses politiques économiques et de procéder à des réformes indispensables à l‟émergence du pays. 6.2.2. Menaces et risques liés à la mise en œuvre des politiques économiques La montée du climat de tension sociale et les blocages notés dans le fonctionnement de l‟Assemblée Nationale ne favoriseraient pas l‟obtention d‟un consensus autour des différentes mesures à appliquer. 6.2.3. Instruments de politique économique disponibles Généralement, les mesures préconisées pour amortir les chocs de la crise sollicitent pratiquement tous les instruments de politique économique, essentiellement ceux liés aux politiques budgétaire et monétaire. Mais, la spécificité du Bénin vient du fait qu‟il appartient à l‟Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) dont la monnaie commune est rattachée à l‟euro par un taux de change fixe. Le contrôle
140
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
des instruments de politique monétaire et de change est assuré par des instances de décision communes à la zone. La politique budgétaire (principal instrument utilisé dans les crises récentes) et les réformes sectorielles constituent donc les instruments majeurs qui sont sous le contrôle de l‟Etat béninois. 6.2.4. Objectif et axes d’intervention L‟objectif général poursuivi par les recommandations du groupe de travail est d’atteindre un taux de croissance proche de ceux prévus par la situation de référence de 2009 et 2010 et d’obtenir, tout au moins, le taux de 6, 5% prévu pour 2010.
6.3. Mesures recommandées contre la crise Quatre axes de mesures paraissent primordiaux pour amoindrir les effets prévisibles de la crise à court, moyen et long termes et atteindre l‟objectif général fixé ci-dessus. Le Gouvernement doit créer, dans un premier temps, des conditions favorables en vue de relancer l’offre de
3EME PARTIE : MESURES POUR ATTENUER LES EFFETS DE LA CRISE SUR L’ECONOMIE BENINOISE
141
production intérieure. Dans un second temps, il devra relancer la demande globale intérieure pour impulser la croissance. Le troisième axe vise à soutenir les finances publiques. Le quatrième niveau d‟intervention concourt à la réduction de la pauvreté et à l‟amélioration des performances en matière d‟OMD. Chacun des axes d‟intervention proposés est décliné par priorité en mesures à court terme (délai d‟application d‟un an) et en réformes de moyen et long termes (plus d‟un an). Les principales mesures recommandées au Gouvernement sont présentées ci-après (une liste plus détaillée des mesures est annexée au présent rapport). 6.3.1. Mesures de relance de l’offre intérieure Les mesures de relance de l‟offre intérieure sont de deux ordres : les mesures de court terme et les mesures de long terme.
142
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
Mesures de court terme Ces mesures visent à accroître la production des biens et services locaux de qualité afin de suppléer aux produits importés et de proposer des sources de revenus complémentaires à l‟économie béninoise. Elles suggèrent essentiellement de : M1.
Poursuivre la promotion des filières de produits locaux à cycle court à exporter vers le Nigeria et les pays voisins (exemples : riz, maïs).
Pour accroître l‟exportation tout en réduisant le volume de réexportation de produits importés en direction du Nigeria et des pays de la sous-région, cette mesure est proposée pour inciter les producteurs à développer de nouvelles filières de produits vivriers exportables dans les pays voisins. L‟Etat pourrait se servir du plan stratégique de relance du secteur agricole et des mesures de mise en valeur des vallées en cours. M2.
Accélérer la réforme de la SBEE
La productivité des secteurs clés de l‟économie repose sur l‟accès continu aux ressources
3EME PARTIE : MESURES POUR ATTENUER LES EFFETS DE LA CRISE SUR L’ECONOMIE BENINOISE
143
énergétiques électriques. La restructuration de la Société Béninoise d‟Energie Electrique (SBEE) permettra d‟améliorer les prestations en fourniture d‟énergie électrique. M3.
Accélérer l’ouverture du capital de Bénin Télécoms Mesures de moyen et long terme s
M4.
Lancer, avec le secteur privé, un programme d’agrobusiness (noix de cajou, ananas, fruits et légumes).
M5.
Développer, avec le secteur privé, les restaurants-témoins du style maquis, restauration rapide (kiosques de vente de beignets ‘’ata’’ & ‘’tévi’’, ‘’boroboro’’, ‘’doko’’, ‘’massa’’, ‘’wassawassa’’, etc ).
6.3.2. Mesures visant à accroître la demande intérieure Mesures de court terme M6.
Associer le secteur privé communal à la multiplication des boutiques témoins (du type points de vente de l’ONASA).
144
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
Ces boutiques proposeront aux populations, surtout les plus défavorisées, les produits locaux de base (vivriers, fruits et légumes, matériaux de construction, etc.) à un prix raisonnable. M7.
Apurer les arriérés de paiement intérieurs, notamment au titre des chantiers de construction d’infrastructures. Mesures de moyen et long termes
M8.
Accélérer la mise en place du Régime de l’Assurance Maladie Universelle (RAMU), dont le projet est actuellement en cours d’étude au Ministère de la Santé.
M9.
Accélérer la viabilisation des zones franches commerciales (exemple : Centre Commercial Chinois, points francs ; il s’agit d’offrir un large éventail de services).
6.3.3.
Soutien aux finances publiques
M10. Augmenter la collecte de recettes fiscales par l’élargissement de
3EME PARTIE : MESURES POUR ATTENUER LES EFFETS DE LA CRISE SUR L’ECONOMIE BENINOISE
145
l’assiette fiscale (exemple : la taxe sur les cigarettes et les boissons importées). 6.3.4.
Réduction de la pauvreté
Les coûts sociaux générés par la crise pourraient avoir des conséquences socio-politiques. En cas d‟alerte importante, le Gouvernement devra redéfinir ses priorités et renoncer à certaines dépenses afin de poursuivre les actions en faveur des couches sociales vulnérables, dans les zones déshéritées. Cet effort de solidarité est crucial pendant une période de crise aiguë. Pour le moment, l‟urgence est d‟éviter que la pauvreté s‟étende aux secteurs les plus menacés par la récession économique. M11. Encourager les entrepreneurs des secteurs secondaire et tertiaire à maintenir en place leurs effectifs. M12. Fixer périodiquement le taux d’actualisation des pensions (exemple : tous les 05 ans) et le rendre automatique
146
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
M13. En vue de faciliter l’accession à la propriété, prélever les apports personnels exigés par les banques, sur les cotisations aux fonds de retraite M14. Etendre l’accès aux ressources du Fonds National de la Micro finance (FNM) à toutes les institutions de micro finance
BIBLIOGRAPHIE AFD, Quelles politiques de développement financier en zone franc ?, Rapport thématique Jumbo, n° 23, Octobre 2007. BAD, « L‟effet de la crise financière mondiale sur l‟Afrique », Working paper series N°96, mars 2009. BAD, « L‟effet de la crise mondiale sur l‟Afrique », mars 2009. Banque de France, « La crise financière », Documents et débats, n°2, février 2009. Banque mondiale, World Development Indicators, 2008. BCEAO, « Balance des paiements et position extérieure globale du Bénin », décembre 2008. BCEAO, Lettre du Gouverneur, n°01635 du 09 juin 2009 adressée au MEF Bénin sur la baisse des taux directeurs de la BCEAO et des coefficients de réserves obligatoires. Broca and Stamoulis Macroevidence on
(2003), the
“MicroImpact
and of
148
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
Undernourishment”, in K. Taniguchi and X. Wang (eds.), Nutrition Intake and Economic Growth, FAO. Chakravarty, S. (2003), “A Generalized Human Development Index”, Review of Development Economics, 7 (March). DPC, « Note sur l‟impact de la crise financière sur l‟économie réelle au Bénin », DGAE, 2009. FMI, « Perspectives de l‟économie mondiale », avril 2009. FMI, « Rapport sur la Stabilité Financière dans le monde », avril 2009. FMI, « World Economic recovery », avril 2009.
Outlook:
crisis
and
FMI, DAGHER et Prosper YOUM, « L‟incidence de la crise financière mondiale sur le Bénin : répercussions et actions possibles », 2009. Fulbert AMOUSSOUGA GERO, « Impact de la crise financière internationale sur l‟économie béninoise », CEFRED, 2009. Haut Commissariat à la Gouvernance Concertée (HCGC), Forum national de concertation sur « Les réalités de la pauvreté face aux défis des objectifs
3EME PARTIE : MESURES POUR ATTENUER LES EFFETS DE LA CRISE SUR L’ECONOMIE BENINOISE
149
du millénaire pour le développement », octobre 2008. P. R Agénor, N. Bayraktar, E. P. Moreira, K. El Aynaoui, “Achieving the Millennium Development Goals in Sub-Saharan Africa: A Macroeconomic Monitoring Framework”, The World Economy (2006) République du Bénin, « Bénin 2025, Agenda vers une économie émergente : Bilan de la compétitivité et piliers potentiels de l‟économie béninoise en 2025 », Performances Managements Consulting (PMC), juillet 2006. République du Bénin, « Orientations stratégiques de développement du Bénin 2006-2011» République du Bénin, « Programme d‟actions prioritaires de la SCRP 2007-2009 », avril 2007 Shanta Devarajan, Alain Antil et Jacques Mistral, « La crise économique mondiale : quels impacts sur l‟Afrique Subsaharienne ? », IFRI (Programme Afrique subsaharienne), conférence du 09 mars 2009. Smith and Haddad (2000), “Explaining Child Malnutrition in Developing Countries: A Crosscountry Analysis”, Research Report No. 111
150
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
(International Food Policy Research Institute, May). UMOA, Rapport annuel de la Commission bancaire, 2002. UMOA, Rapport annuel de la Commission bancaire, 2003. UMOA, Rapport annuel de la Commission bancaire, 2004. UMOA, Rapport annuel de la Commission bancaire, 2005. UMOA, Rapport annuel de la Commission bancaire, 2006. UMOA, Rapport annuel de la Commission bancaire, 2007.
ANNEXES Annexe 1 : Matrice de mesures Politique fiscale :
Pas de création d‟impôts nouveaux. Mise en place de mécanismes au niveau de la douane et des impôts pour relancer l‟activité de commerce et, dans le même temps, améliorer le niveau de revenu de l‟Etat : -
application d‟un taux cumulé de 10,2% au lieu de 17,5% sur les marchandises en régime de réexportation ;
-
révision à la baisse de valeurs consensuelles, à commencer par le riz, les huiles, les viandes et abats comestibles, les friperies, etc. ;
-
extension du délai de dépôt à 12 mois pour les marchandises ainsi que les véhicules d‟occasion ;
-
dégel des stocks de marchandises sous douane, dans l‟enceinte du port de Cotonou, par la facilitation de l‟enlèvement desdites marchandises dans des entrepôts fictifs (EF) ou la mise à la consommation (MAC) ;
-
suppression progressive des exonérations, exemptions, et autres aides fiscales, génératrices de distorsions de concurrence dans le marché commun.
II
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
Politique Budgétaire :
-
assainissement du portefeuille PIP et maintien, à un niveau soutenu, du volume des investissements publics productifs ;
-
apurement des intérieurs ;
-
contrôle des dépenses non indispensables.
arriérés
de
paiement
Politique Monétaire :
desserrement de la contrainte de liquidité en vue de permettre une grande marge de manœuvre au secteur bancaire. La principale mesure porte sur la révision à la baisse du taux des réserves obligatoires.
Politiques Structurelles
-
amélioration de la compétitivité-coût du port de Cotonou pour éviter le détournement du trafic vers les ports de la sous-région ;
-
accélération de la réforme du secteur de l‟énergie électrique ;
-
meilleure organisation du secteur agricole ;
-
sécurisation foncière à travers la mise en application de la loi sur le foncier rural et accélération des mesures foncières qui piétineraient au niveau du MCA ;
-
promotion de l‟installation des entreprises locales dans la zone franche industrielle ;
-
levée des blocages administratifs sur certains dossiers, notamment le retard pour la signature du décret qui transforme le Centre de Formalités des Entreprises (CFE) en Guichet Unique de Formalités des Entreprises (GUFE) ;
ANNEXES
Autres mesures de moyen terme
III
-
poursuite des réformes judiciaires pour améliorer l‟environnement réglementaire des affaires ;
-
réexamen de l‟organisation de la filière de véhicules d‟occasion ;
-
élargissement de l‟assiette fiscale ;
-
assouplissement travail ;
-
promotion du partenariat public-privé.
-
facilitation de la mise à disposition des certificats de détaxe pour améliorer la situation de trésorerie des entreprises ;
-
amélioration du fonctionnement de l‟Administration pour rendre des services de qualité aux usagers et en particulier au secteur privé ;
-
clarification et la vulgarisation effective et ciblée des procédures administratives et leur exécution sans délit bureaucratique ;
-
recrutement de la main-d‟œuvre qualifiée dans l‟Administration et suivi du respect du temps de travail ;
-
remise à plat de la grille salariale des agents ;
-
introduction de l‟Administration ;
-
lutte contre le rançonnement réapparaît dans l‟Administration ;
de
la
la
législation
norme
ISO
du
dans qui
IV
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
-
promotion de petites entreprises spécialisées dans les activités de services ;
-
poursuite du recentrage du rôle de l‟Etat dans la promotion des filières ;
-
mise à disposition de moyens additionnels pour étendre la production du riz à toutes les zones favorables à sa culture ;
-
professionnalisation accrue des acteurs des filières ;
-
meilleure organisation de la filière maïs.
ANNEXES
V
Annexe 2 : Perception de la crise par le secteur privé I – Résultats des consultations bilatérales avec le secteur privé Dans le cadre des travaux préliminaires de la Commission Nationale chargée de la gestion de l‟impact de la crise financière et économique internationale sur le développement économique et social au Bénin, le Gouvernement a tenu des séances de travail bilatérales avec les bureaux exécutifs de la Chambre du Commerce et d‟Industrie du Bénin (CCIB), du Conseil des Investisseurs Privés au Bénin (CIPB), du Conseil National du Patronat du Bénin (CNPB), de l‟Association des Femmes d‟Affaires et Chefs d‟Entreprise du Bénin (AFACEB), de la Chambre d‟Agriculture du Bénin, de l‟Association du Développement des Exportations (ADEx), de l‟Association professionnelle des Banques et Etablissements Financiers (APBEF) accompagné du Directeur National de la BCEAO. L‟objectif de ces rencontres était de mieux appréhender la perception des effets de cette crise par le secteur privé, et de les impliquer dans le processus devant permettre de les résorber. Ces rencontres ont été complétées par une enquête d‟opinion auprès d‟un échantillon de 60 chefs d‟entreprises, principalement dans l‟industrie et le commerce. Dans leur ensemble, les différentes organisations professionnelles et consulaires du secteur privé identifient, pour l‟essentiel, deux canaux fondamentaux de transmission de cette crise à l‟économie du Bénin :
VI
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
le ralentissement des activités économiques au Nigeria (accompagné d‟une dépréciation du naïra par rapport au franc CFA) ; et le tassement du carnet de commandes de l‟Etat, principal vecteur du dynamisme de l‟activité économique. Elles estiment en outre que la lenteur dans la réalisation des réformes structurelles et administratives constitue un facteur aggravant et expose encore plus l‟économie du Bénin aux effets négatifs de la crise. Aussi, préconisent–elles deux types de mesures pour faire face à la situation : des mesures spécifiques, directement liées à la gestion de la crise et des mesures structurantes qui visent à améliorer la compétitivité de l‟économie béninoise et à promouvoir véritablement le partenariat public-privé. Les mesures directement liées à la gestion de la crise, devraient permettre de : relancer l‟activité du secteur du commerce, en particulier les échanges avec le Nigeria ; impulser les importations, donc les revenus de l‟Etat au cordon douanier ; éviter l‟accumulation intérieurs ;
d‟arriérés
de
paiement
conforter la marge de financement des entreprises du secteur privé ;
ANNEXES
VII
rassurer les banques quant à la solvabilité de ces entreprises ; permettre aux entreprises d‟assurer leurs obligations vis-à-vis de l‟Administration fiscale. Ces mesures concernent : un réaménagement du dispositif fiscal douanier pour permettre d‟impulser le volume des importations en direction du Nigeria et un dégel des importants stocks de marchandises constitués dans la période d‟avant la crise ; l‟accélération du paiement des créances des entreprises privées sur l‟Etat afin de leur permettre d‟honorer leurs engagements vis-à-vis des banques privées ; le respect par l‟Etat des échéances de paiement de ses titres arrivés à maturité ; le recours mesuré, par l‟Etat, aux mécanismes du marché financier pour financer son déficit, dans le but de ne pas assécher la liquidité. Les mesures structurantes envisagées visent à rendre plus compétitive l‟économie béninoise. Elles sont axées autour des points critiques suivants : la levée des multiples blocages administratifs à la promotion de l‟entreprise ; la dépolitisation de l‟Administration publique ;
VIII
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
l‟amélioration de la compétitivité-coût du port de Cotonou et de l‟ensemble du corridor de transit du Bénin (réforme au sein du secteur portuaire, efficacité des services douaniers, lutte contre la corruption et le rançonnement) ; l‟accélération de la réforme du secteur de l‟énergie électrique, y compris l‟ouverture du secteur ; la sécurisation foncière à travers la application de la loi sur le foncier rural ;
mise en
une meilleure organisation du secteur reposant davantage sur le secteur privé ;
agricole
la promotion de l‟installation des entreprises locales dans la zone franche industrielle ; la mise en place d‟un creuset de réflexion permanent (public-privé) autour des préoccupations nationales en vue d‟une meilleure anticipation des problèmes et des enjeux de développement. II – Résultats de l’enquête d’opinion auprès des chefs d’entreprise L’enquête d’opinion auprès des chefs d’entreprise est fondée sur un échantillon de 60 entreprises, constitué en majorité d‟entreprises industrielles (28,6%) et d‟entreprises commerciales (23,2%), dont la principale forme juridique est la Société Anonyme (73,2%). De l‟avis des chefs d‟entreprise, le chiffre d‟affaires s‟est contracté au 2ème trimestre 2009 par rapport au 2ème trimestre 2008. Les tendances au niveau des branches sont
ANNEXES
IX
assez diversifiées. Ainsi, au niveau des banques et assurances, des industries et des autres services, le chiffre d‟affaires a augmenté sur la période de comparaison. Quant aux entreprises de transport et de commerce, elles ont connu les plus fortes baisses de chiffre d‟affaires. Cependant, le chiffre d‟affaires devrait augmenter au 3ème trimestre 2009 par rapport au même trimestre de 2008, sauf dans le transport. Face à la dégradation de leur chiffre d‟affaires au 2ème trimestre 2009, les entreprises n‟ont pas, pour autant, réduit leur nombre de jours de travail ni l‟effectif du personnel. Les perspectives d‟emplois pour le 3ème trimestre 2009 (par rapport au même trimestre de 2008) laissent envisager une augmentation de l‟effectif du personnel. Quant aux prix de vente et de prestation de services, la tendance générale au 2ème trimestre est à la baisse, puis en hausse au 3ème trimestre. Parmi les contraintes identifiées comme limitant le développement des activités, il ressort que la faiblesse de la demande est dominante ; elle est suivie de facteurs liés à la conjoncture internationale (la cherté des matières premières, la chute du naïra, la baisse du cours du coton et les difficultés d‟approvisionnement). Cependant 14,3% des entreprises (8 sur 56) déclarent n‟avoir aucune contrainte. Les entreprises ressentent les effets de la crise, principalement à travers la baisse du chiffre d‟affaires et la hausse des charges de fonctionnement. Néanmoins, 14,3% des entreprises (8 sur 56) disent ne pas ressentir les effets de
X
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
la crise. Face aux effets néfastes de la crise, la principale mesure prise par les entreprises consiste en la réduction des charges et des dépenses à laquelle on peut ajouter la baisse des prix de vente et de prestation de services, la recherche de nouveaux débouchés, le gel de recrutement. Pourtant 35,7% des entreprises (20 sur 56) disent n‟avoir pris aucune mesure contre les effets de la crise. Parmi les mesures que les entreprises reconnaissent que le Gouvernement a prises pour faire face à la crise, il y a la subvention des produits de base (produits alimentaires et pétroliers) ainsi que la réduction des taxes et impôts qui sont les plus citées. Elles jugent cependant ces mesures globalement inefficaces et suggèrent au Gouvernement d‟assurer la hausse du pouvoir d‟achat des populations et la réduction des taxes (pour permettre aux entreprises d‟être plus compétitives). Quant aux transferts de fonds de l‟étranger, ils sont en baisse au 1er semestre 2009 par rapport au 1er semestre 2008. Par contre, les montants de crédits octroyés sont en hausse quoique les conditions aient été plus strictes en 2009 comparées à 2008. Les coûts de production sont en hausse au 2ème trimestre 2009 par rapport au 2ème trimestre 2008, avec une tendance identique pour les projections pour le 3ème trimestre 2009. L‟évolution des carnets de commandes au 2ème trimestre 2009 et celle des perspectives pour le 3ème trimestre 2009 sont également en augmentation. Quant aux carnets de commande en provenance de l‟étranger, ils sont en baisse,
ANNEXES
XI
tant au 2ème trimestre 2009 (pour les réalisations) qu‟au 3ème trimestre 2009 (pour les perspectives). Les entreprises exportatrices ont connu globalement une contraction de leurs exportations au 2ème trimestre 2009 par rapport au 2ème trimestre 2008 ; elles expliquent cette baisse essentiellement par une variation de la demande. Quant aux importations, leur tendance est également baissière au 2ème trimestre 2009, avec pour cause la variation de la demande, la baisse de l‟activité, la gestion de stocks (réduction de la commande de l‟extérieur car stock disponible). III – Synthèse des Commentaires du Conseil National du Patronat du Bénin (CNP - Bénin) par rapport aux réponses à la crise A la suite des consultations bilatérales, le Conseil National du Patronat du Bénin (CNP-Bénin) a fait des propositions complémentaires, en vue de l‟amélioration de la compétitivité de l‟économie nationale et de la promotion d‟un réel partenariat public-privé. 1 - Au titre des mesures relevant de la Politique fiscale La réduction du taux du BIC à 20% pour tous les secteurs d‟activité. Le retour à l‟ancien taux de 0,50%, avec un minimum de 200 000 francs CFA, en ce qui concerne l‟impôt minimum ; Une réduction consensuelles ;
d‟au
moins
50%
des
valeurs
L‟extension du délai de dépôt pour les marchandises ainsi que pour les véhicules d‟occasion, à coupler
XII
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
avec la suppression des frais de dépôt payés à la Douane et de stationnement payés au Port ; La réduction du taux de l‟Impôt Progressif sur les Traitements et Salaires (IPTS) de 15% sur toutes les tranches, contrairement à la réduction de 5% faite par le Gouvernement dans la loi de finance gestion 2009 ; cette réduction devra être couplée avec une hausse de l‟AIB déjà opérée par le Gouvernement dans la loi de finance gestion 2009, sur proposition du Conseil National du Patronat du Bénin (CNP-Bénin). 2 – Au titre des mesures relevant des Politiques Structurelles L‟amélioration de la compétitivité-coût du Port de Cotonou pour éviter le détournement du trafic vers les ports de la sous-région est une mesure incluse dans la réforme douanière plus large proposée par le CNP-Bénin. Elle emporte les mesures suivantes :
faire signer d‟urgence l‟arrêté de réforme MAEMAD par le Ministre des Finances et de l‟Economie ;
opérationnaliser le Guichet Unique pour déboucher sur le Bordereau de Facturation Unique (BFU) et installer les Scanners au Port Autonome de Cotonou en BOT ou en BOO ;
ouvrir, à la communauté portuaire, l‟accès aux données des manifestations, et aux usagers de chaque structure, l‟accès à des déclarations en détail ;
ANNEXES
XIII
assainir la profession des Commissionnaires en Douanes, par les restrictions sur les transitaires ambulants et autres agents debout ;
créer des Centres d‟Informations Fiscales des Contribuables, en sus du Guide du Contribuable ;
procéder à la mise à jour des textes fiscaux, tel le Code Général des impôts (ce travail peut être confié à des organisations patronales ou à des consultants indépendants) ;
travailler à réduire les tracasseries routières sur les corridors béninois.
Ces mesures auront comme impact d‟assurer plus de célérité dans les opérations douanières et portuaires, de rendre plus compétitif le Port de Cotonou, plus bénéfique la proximité du Bénin avec le Nigeria et les pays de la sous-région (notamment ceux de l‟Hinterland) et de redonner au Bénin toute sa place de porte d‟entrée en Afrique de l‟Ouest, sur un marché de plus de trois cent millions (300 000 000) de consommateurs. La libéralisation des sociétés d‟Etat, dont la Société Béninoise d‟Energie Electrique (SBEE), la Société Nationale des Eaux du Bénin (SONEB) et de BENIN TELECOMS SA, en privilégiant l‟actionnariat, en majorité, des privés nationaux. La mise en œuvre d‟un schéma directeur clair du développement agricole, en partenariat entre les Pouvoirs Publics, les Collectivités Décentralisées et le secteur privé formel ;
XIV
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
La prise d‟acte pour définir clairement, en s‟appuyant sur le Secteur Privé, les orientations et les modalités de mises en œuvre relatives :
au statut du foncier pour investissements dans le secteur ;
sécuriser
les
à l‟aménagement hydro-agricole et à l‟accès aux périmètres aménagés ;
aux mesures d‟accompagnement, notamment l‟exonération de droits et taxes à l‟importation de matériels, équipements et intrants agricoles ;
à la fiscalité applicable à l‟exploitation du domaine et à la commercialisation des produits ;
à toutes autres mesures, notamment le traitement des partenaires étrangers dans le cadre du transfert de l‟expertise et de technologies.
La réforme des conditions, formalités et coûts d‟agrément à la Zone Franche Industrielle (ZFI), ainsi qu‟au pourcentage de la production à exporter. La mise en application du décret portant élargissement des avantages de la Zone Franche Industrielle (ZFI) aux secteurs des métiers et services. L‟étude et le suivi de la mise en application du décret de création du Guichet Unique de Formalités des Entreprises.
ANNEXES
XV
La réorganisation de la filière de véhicules d‟occasion, de façon à :
veiller non seulement à l‟introduction d‟un impôt sur le bénéfice des activités d‟importation, mais encore et surtout veiller à la formalisation progressive des acteurs, tout en évitant l‟écueil qui consiste à autoriser la couverture de plusieurs points de vente par la même carte professionnelle photocopiée et affichée d‟un point à un autre. Ceci permettra de mettre fin aux activités d‟importation dites continuellement "à titre occasionnel" ;
envisager l‟organisation de la filière d‟importation frauduleuse et de vente illégale de produits pétroliers par la création et la sécurisation des conditions modernes de stockage et d‟exploitation.
Engager la relecture ou le réexamen de la législation du travail, afin de prendre en compte désormais :
la possibilité pour les entreprises de recruter par plusieurs contrats à durée déterminée (CDD) ;
le plafonnement du montant des dommages et intérêts à verser aux employés en cas de licenciement, à un nombre déterminé de mois de salaires de l‟agent, à ne pas dépasser par le juge, quelle que soit l‟issue des procès.
XVI
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
Ces mesures visent à : inciter les entreprises à recruter du personnel sans craindre les charges à supporter en cas de rupture de contrat ;
inciter les entreprises de l‟informel à rentrer dans l‟économie formelle et à déclarer leurs personnels ;
réduire sensiblement le taux du chômage et assurer progressivement le plein emploi.
Par ailleurs, le partenariat public-privé est une préoccupation majeure pour le CNP-Bénin. Il est nécessaire que soit mis en place un cadre institutionnel paritaire qui assurera le succès de la politique dite des 3P, creuset au sein duquel des investissements privés seront disponibles pour les réalisations infrastructurelles publiques. Ainsi le dialogue privé-public pourra porter sur toutes les questions d‟intérêt dans tous les secteurs d‟activités économiques.
ANNEXES
XVII
Annexe 3 : Prévision révisée de croissance pour 2009
En tenant compte des résultats du comité technique d’analyse de l’impact de la crise financière internationale sur l’économie nationale et des dernières informations par rapport à l’évolution de la conjoncture nationale en 2008, le taux de croissance économique devrait s’établir autour de 4,0 % en 2009. Les éléments qui justifient cette croissance de l’activité économique sont les suivants : Secteur primaire
Agriculture
Hausse des superficies emblavées et des rendements, en relation avec :
le renforcement du programme d’urgence d’installation des jeunes exploitants agricoles, la mise en place d’intrants spécifiques pour la production vivrière, la mise en place d’équipements agricoles au profit des producteurs, le renforcement de l’encadrement des producteurs, l’apurement des cotonculteurs,
arriérés
de
paiement
aux
une production cotonnière de 250 000 tonnes, enregistrant ainsi une hausse de 19% par rapport à 2008.
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
XVIII
Hausse de 3,5%, en liaison avec le taux de croît du cheptel
Elevage
Pêche et forêt
Hausse de 3% de la valeur, conformément au taux de croissance historique de ce sous-secteur.
En définitive, la valeur ajoutée dans le secteur primaire devrait s’accroître de 4,5% en 2009 contre 3,8% en 2008. Secteur secondaire Le secteur secondaire devrait enregistrer une amélioration de son activité, en relation avec la hausse de l’activité dans les sous-secteurs des industries manufacturières, de l’énergie, des BTP et des industries extractives. Les éléments justificatifs de la hausse dans ces différents soussecteurs sont les suivants :
Industries manufacturières
Démarrage de la construction d’un nouveau complexe cimentier pour un investissement global de l’ordre de 135 milliards de FCFA ;
Hausse de la transformation artisanale, en liaison avec la hausse attendue dans le secteur agricole.
Energie
Augmentation de la capacité d’offre d’énergie électrique par l’acquisition de turbines à gaz BTP
ANNEXES
XIX
BTP
Poursuite de la politique des d’infrastructures, notamment :
grands
travaux
la construction de logements sociaux ; la construction de routes et pistes rurales ; le démarrage de la construction de l’aéroport de Tourou.
Industries extractives
Hausse de la valeur ajoutée en relation avec l’évolution de la valeur ajoutée du secteur des BTP. En définitive, le secteur secondaire devrait connaître une augmentation de sa valeur ajoutée de 3,6% contre 4,4% en 2008. Secteur tertiaire Le secteur tertiaire devrait subir les répercussions de la crise économique et financière via principalement la baisse de la réexportation en direction du Nigeria. Cette situation affecterait l’ensemble des activités de service. Toutefois, grâce à l’amélioration attendue de la production dans les secteurs primaire et secondaire mais aussi l’amélioration du trafic des marchandises au Port de Cotonou, les différentes branches du secteur tertiaire vont connaitre : Commerce : une hausse de la valeur ajoutée de 3,6% ; Transports et télécommunications : une hausse d’environ 3,5% ;
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
XX
Banques et assurance : hausse de 3,3%. Au total, le secteur tertiaire connaîtra une hausse de 3,5% de sa valeur ajoutée contre 6,9% en 2008. PREVISIONS DE CROISSANCE POUR 2010 Le taux de croissance économique devrait s’établir autour de 5,1 % en 2010. Les éléments qui justifient cette croissance de l’activité économique sont les suivants : Secteur primaire
Agriculture
Hausse des superficies emblavées et des rendements, en relation avec :
l’amélioration de la productivité et de la compétitivité de la filière coton, à travers notamment la mise en œuvre des dispositions du nouveau cadre de gestion de la filière coton et l’assainissement de la gestion des intrants ; la mise en œuvre de la stratégie de diversification par le développement des autres filières agricoles ciblées (riz, maïs, cultures maraîchères, palmier à huile, ananas, anacarde, crevettes, viande, œuf, lait, etc.), en liaison avec le PSRSA ;
Elevage
Hausse de 3,5%, en liaison avec le taux de croît du cheptel
ANNEXES
XXI
Pêche et forêt
Hausse de 3% de la valeur, conformément au taux de croissance historique de ce sous-secteur.
En définitive, la valeur ajoutée dans le secteur primaire devrait s’accroître de 4,8% en 2010 contre 4,5% en 2009. Secteur secondaire Le secteur secondaire devrait enregistrer une amélioration de son activité, en relation avec la hausse de l’activité dans les sous-secteurs des industries manufacturières, de l’énergie, des BTP et des industries extractives. Les éléments justificatifs de la hausse dans ces différents soussecteurs sont les suivants :
Industries manufacturières
Amélioration de l’activité des usines d’égrenage de coton à la suite de la hausse attendue (+19%) de la production cotonnière au cours de la campagne 2009/2010 (effet de rattrapage à la suite d’une baisse un an plus tôt) ; Hausse de la transformation artisanale des produits vivriers, en réponse à la hausse attendue de la production agricole en 2010 ; Amélioration de l’activité du secteur cimentier par le démarrage de l’activité d’une nouvelle unité de production de ciment14 ;
14
La production devrait démarrer en août 2010
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
XXII
Quasi-stagnation de la production d’énergie à la suite de la mise en service des turbines à gaz en 2009 et de la rupture du contrat entre l’Etat et Aggreko.
Energie
BTP
Hausse marquée de l’activité des BTP, en liaison avec un renforcement des infrastructures de base. A ce titre, un accent particulier sera mis sur : la construction des infrastructures de lutte contre l’érosion côtière ; la réhabilitation, la modernisation l’extension du réseau ferroviaire ;
et
le démarrage de la réalisation du barrage hydroélectrique d’Adjaralla d’une capacité de 147 MW ; la réalisation du barrage hydroélectrique de Kétou dont la capacité est d’environ 150 MW ; la construction d’infrastructures scolaires et sanitaires ; la construction de logements sociaux ; la construction de routes et pistes rurales, etc.
Industries extractives
Hausse de la valeur ajoutée, en relation avec l’évolution de la valeur ajoutée du secteur des BTP.
ANNEXES
XXIII
En définitive, le secteur secondaire devrait connaître une augmentation de sa valeur ajoutée de 6,1% en 2010 contre 3,6% en 2009. Secteur tertiaire Selon le Fonds Monétaire International, la reprise de l’économie mondiale devrait s’amorcer à partir de la fin du premier semestre 2010. Cette reprise de l’économie mondiale devrait se traduire par une reprise des cours des matières premières dont le pétrole. La reprise des cours du pétrole devrait constituer une bouffée d’oxygène pour l’économie nigériane et se traduire par une augmentation de la demande qui s’exerce sur le marché béninois. Aussi, le secteur tertiaire devrait-il tirer profit du regain d’activités dans les secteurs primaire et secondaire. Au total, les différents sous-secteurs du secteur tertiaire connaîtraient : Commerce : une hausse de la valeur ajoutée de 4,8% ; Transports et télécommunications : une hausse d’environ 4,8% ; Banques et assurance : une hausse de 4,6%. Au total, le secteur tertiaire connaîtrait une hausse de sa valeur ajoutée de 4,9% contre 3,5% en 2009.
XXIV
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
Annexe 4 : Tableau des prévisions de croissance 2009 et 2010 2009
2010
PREVISIONS INITIALES mars 2009
PREVISIONS ACTUALISEES mai 2009
PREVISIONS PRELIMINAIRES
Secteur Primaire
4,5
4,5
4,8
Agriculture Elevage Pêche et forêts
5,0
5,0
3,5 3,0
3,5 3,0
5,4 3,5 3,0
Secteur secondaire Industries extractives Industries manufacturières Energies BTP Secteur Tertiaire
4,0 6,0 3,0 4,7 6,0 4,1
3,6 5,0 2,8 4,7 5,015 3,5
6,1 7,2 6,5 0,5 7,4 4,9
Commerce
4,3
3,6
4,8
Transports et télécoms
4,2
3,5
4,8
Banques et Assurances Autres services Services non marchands
4,0
3,3
3,7 4,0
3,5 3,4
4,6 5,0 4,7
DTI et TVA intérieure Total PIB
6,4 4,4
4,5 4,0
5,5 5,1
Source : Groupe de travail, mai 2009
15
Le Gouvernement a décidé de faire un rationnement sur les ressources destinées aux dépenses de fonctionnement et de préserver les ressources devant permettre l‟exécution normale des dépenses d‟investissement. Les grands travaux devraient se poursuivre.
ANNEXES
XXV
Annexe 5 : Résultats des simulations sur la croissance économique (approche demande) 2009
2010
Réf.
Crise
Variation
Réf.
Crise
Variation
PIB au prix du marché
2246,6
2208,8
-1,7%
2388,7
2282,7
-4,4%
Importations de biens et services
463,8
425,2
-8,3%
449,4
387,2
-13,8%
Consommation finale
1869,3
1813,9
-3,0%
1971,5
1868,2
-5,2%
Privé
1719,7
1663,1
-3,3%
1815,2
1710,7
-5,8%
Public
149,6
150,8
0,8%
156,3
157,5
0,8%
FBCF
428,9
421,1
-1,8%
440,9
408,7
-7,3%
Privé
295,9
288,8
-2,4%
305,8
276,1
-9,7%
Public
133
132,3
-0,5%
135,0
132,5
-1,9%
403,6
388,8
-3,7%
420,2
387,2
-7,8%
Variation des stocks
8,7
8,9
2,2%
5,6
5,8
3,6%
Taux de croissance réel
6,1
4,3
-1,8
6,5
3,5
-3,0
Exportations de biens et services
Source : Source : Groupe de travail, mai 2009
XXVI
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
Annexe 6 : Résultats des simulations sur la croissance économique (approche offre) 2009
2010
Réf. Crise Variation Réf. Crise Variation Secteur primaire
958,5 958,5
0,0%
991,7 991,7
0,0%
Agriculture
671
671
0,0%
694,2 694,2
0,0%
Elevage
192
192
0,0%
198,3 198,3
0,0%
Pêche
95,5
95,5
0,0%
99,2
99,2
0,0%
Secteur secondaire
369,2 357,1
-3,3%
403,7 371,5
-8,0%
Industries extractives
10,5
10,2
-2,9%
11,5
10,6
-8,2%
Industries manufacturières
238,1 228,9
-3,9%
265,4 242,3
-8,7%
Energie
21,8
21,8
0,0%
22,9
22,9
0,0%
BTP
98,8
96,2
-2,6%
103,8 95,8
-7,8%
Secteur tertiaire
833,7 796,8
-4,4%
930,3 838,5
-9,9%
Commerce
468,7 446,7
-4,7%
518,8 463,7
-10,6%
Transports et télécommunications 191,9 183,6
-4,3%
218,6 198,5
-9,2%
Banque et Assurance
43,5
42,2
-3,0%
47,2
43,7
-7,5%
Autres services
129,6 124,3
-4,1%
145,7 132,7
-8,9%
Taux de croissance réel
6,1
4,3
-1,8
Source : Source : Groupe de travail, mai 2009
6,5
3,5
-3,0
ANNEXES
XXVII
Annexe 7 : Résultats des simulations sur la situation monétaire 2009
2010
Réf.
Crise
Réf.
Crise
Ecart Variation
Avoirs Extérieurs Nets
697,9
703,2
5,3
0,8%
760,8
773,5
12,7
1,7%
BCEAO
575,8
580,1
4,3
0,8%
627,7
638,1
10,5
1,7%
122,2
123,1
0,9
0,8%
133,2
135,4
2,2
1,7%
Banques
Ecart Variation
0,0
0,0
Crédit intérieur
499,9
499,9
0,0
0,0%
565,7
565,7
0,0
0,0%
PNG
-187
-187,0
0,0
0,0%
-189,9 -189,9
0,0
0,0%
Créances sur le secteur privé
686,9
686,9
0,0
0,0%
755,6
0,0
0,0%
Monnaie et quasi-monnaie
1171,7 1176,9
5,3
0,4%
1300,3 1313,0 12,7
0,0
0,0%
755,6
0,0 Autres éléments nets
26,2
26,2
0,0
Source : Source : Groupe de travail, mai 2009
26,2
26,2
0,0
1,0% 0,0%
XXVIII
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
Annexe 8 : Le modèle de simulation et d’analyse des réformes économiques (MOSARE) Le recours à un modèle macroéconomique est devenu une pratique relativement courante dans les pays d’Afrique subsaharienne. Pour éclairer les choix des décideurs politiques, la Direction Générale de l’Economie du Ministère des Finances et de l’Economie du Bénin s’est dotée, depuis 1998, d’un modèle macroéconomique afin d’insuffler un nouvel élan à ses analyses économiques. Cependant, pour une utilisation efficiente de ce modèle, il faut une bonne connaissance de ses spécificités et surtout de ses forces et faiblesses. L’attrait que peut exercer la complexité de l’outil de modélisation peut entraîner une trop grande confiance en ses résultats sans le recul nécessaire qu’il faut pour les interpréter. De même, une mauvaise utilisation de cet outil peut déformer les résultats et porter une atteinte profonde à l’analyse. Il est donc important de constamment considérer cet outil avec un esprit cartésien afin de le rendre conforme à l’actualité économique et ainsi augmenter ses performances. Le présent document n’a pas pour ambition de procéder à une évaluation exhaustive du MOSARE. Il se propose cependant d’en faire ressortir les forces et quelques limites.
ANNEXES
XXIX
Après une présentation rapide du MOSARE, quelques limites et atouts du modèle seront évoqués avant d’aborder les besoins en information du modèle Une présentation rapide du MOSARE Le MOSARE est un modèle de type Presto16. Il est destiné au cadrage macroéconomique de la loi de Finance au Bénin. Sa fonction essentielle est de réaliser des projections à court terme (de un à trois ans) de l’économie béninoise de manière à établir un programme soutenable de dépenses et de recettes. Le MOSARE n’est pas un modèle économétrique. Il appartient à la classe des modèles « quasi comptables » conçus pour projeter les données économiques d’un pays ne disposant pas de longues séries. Il respecte le cadre comptable cohérent des comptes nationaux. Les comportements sont principalement traduits par les ratios constants mais modifiables (coefficients techniques, propensions à consommer, taux apparent de fiscalité, coefficients budgétaires, taux de marge). Le modèle utilise une structure keynésienne classique (bouclage par les revenus) mais tient compte aussi des principales relations intersectorielles et des secteurs non liés à la demande. 16
Le modèle Presto a été conçu en 1993 par la division de l‟ajustement et de la macroéconomie de la Caisse Française de Développement, pour le cadrage macroéconomique des pays relevant de son champ d‟intervention.
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
XXX
Les branches dans le MOSARE Le Modèle distingue des secteurs d’offre (dont la production n’est pas liée à la demande) et des secteurs liés à la demande. Les secteurs d’offre sont :
le secteur agricole (dont la production est encore très liée à la pluviométrie) ;
le secteur de la réexportation vers le Nigeria (lié à la demande nigériane, au taux de change, au dispositif protectionniste du Nigeria et de la compétitivité du Port de Cotonou par rapport à celui de Lagos ;
le secteur de l’eau et de l’électricité qui dépend en partie de la dimension du réseau ;
le secteur de la transformation pour l’exportation qui découle pour l’essentiel des activités d’égrenage de coton.
En ce qui concerne les secteurs liés à la demande, le modèle distingue :
le secteur lié à la demande de consommation privée ;
le secteur lié à la demande de consommation intermédiaire ;
le secteur lié à la demande d’investissement. Les variables exogènes du MOSARE
Les variables exogènes du modèle sont de trois types :
ANNEXES
XXXI
les variables concernant l’environnement international ;
les variables de stock en début de période de simulation : endettement intérieur et extérieur et leur échéancier de remboursement pour les années de projection ;
les variables de politique économique qui concernent les dépenses publiques, les taux de fiscalité etc. Fonctionnement général du modèle
A partir des données exogènes et la structure du TES implicite, le modèle calcule les principaux agrégats macroéconomiques : importations, PIB, recettes fiscales, amortissements des emprunts, capacité et besoin de financement des agents, situation monétaire ainsi que l’évolution du niveau général des prix. L’équilibre des finances publiques se boucle sur les tirages bruts d’emprunts extérieurs et l’équilibre de la balance des paiements sur les variations des réserves de change. Par ailleurs, un bloc prix évalue l’évolution des différents prix qui servent de base au calcul des déflateurs. Le modèle calcule 6 modules :
la production et les revenus
le TOFE
la balance des paiements ;
la dette ;
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
XXXII
la situation monétaire ;
les prix. Les atouts du MOSARE
Le caractère relativement simplifié du MOSARE fait que la liste des mécanismes économiques qui ne sont pas formalisés est loin d’être close. Le modèle assure une cohérence macroéconomique des résultats grâce aux équilibres imposés, aux équations de comportement des différents et le recours aux techniques économétriques de prévision. Mais une lourde tâche revient à l’utilisateur du modèle : celle de savoir nuancer ses interprétations, en fonction des mécanismes qui ne sont pas pris en compte et des hypothèses introduites de façon exogène. Une bonne connaissance de l’économie béninoise est requise pour que le recours au MOSARE puisse donner lieu à un diagnostic pertinent. Les besoins du modèle en informations et les sources mobilisées La pertinence de l’analyse faite avec le Modèle de Simulation et d’Analyse des Réformes Economiques dépend de la disponibilité et de la fiabilité des informations. Le principe adopté étant d’asseoir l’analyse sur des données chiffrées, des séries statistiques de base sur un certain nombre de domaines doivent être mobilisées pour l’utilisation du MOSARE.
ANNEXES
XXXIII
Le tableau suivant donne une synthèse des besoins en information du modèle et les sources actuellement utilisées. Tableau synthétique des besoins en information et des sources utilisées dans le cadre du MOSARE Type de données
Sources
Les agrégats macroéconomiques
Comptes nationaux (INSAE)
La production agricole
Ministère de l’Agriculture, de l’élevage et de la pêche
Le commerce extérieur
INSAE, BCEAO
Les données sur la monnaie
BCEAO
Les opérations financières de l’Etat
Ministère des Finances et l’Economie : DGID, DGDDI
La conjoncture internationale
Sites OCDE, Note de Conjoncture internationale, Banque Mondiale, FMI Produits doc, marchés tropicaux Marchés tropicaux, BCEAO, ONASA
Environnement international Matières premières
de
Taux de change La conjoncture sous régionale
Commission AFRISTAT
Prix
INSAE
de
l’UEMOA,
Source : DAEP/ DGE/ MFE
La multiplicité des sources d’information pour tenir le modèle régulièrement à jour est particulièrement intéressante. Elle permet de disposer d’une vaste base de données sur la plupart des secteurs de l’économie nationale. Cependant, au niveau de la définition des
XXXIV
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
hypothèses de projection et pour le cadrage macroéconomique, les données utilisées sont essentiellement inspirées des prévisions de tendances de l’OCDE, du FMI, etc. On se demande alors pourquoi la Direction de la Prévision et de l’Analyse ne peut pas elle aussi faire des prévisions, ne serait-ce qu’avec des outils économétriques et utiliser les prévisions des autres structures, à titre comparatif.
CONCLUSION
En dépit de ses faiblesses, le Modèle de Simulation et d’Analyse des Réformes Economiques reste un outil indispensable pour mieux comprendre les mécanismes économiques et mettre en évidence les enjeux des décisions de politique économique. Il permet de mettre plus de rigueur dans l’analyse économique. Il convient de bien cerner les limites du modèle et d’en faire un usage précautionneux, de manière à pouvoir bénéficier de l’éclairage, certes encore imparfait, qu’il apporte à la prise de décision de politique économique.
ANNEXES
XXXV
Annexe 9 : Cadre macroéconomique de su ivi des indicateurs des OMD Méthodologie L‟objectif poursuivi est d‟analyser les effets du cadre macroéconomique défini sur les indicateurs OMD et en retour de tenir compte de ces effets pour redéfinir les stratégies de réduction de la pauvreté. Pour ce faire, il a été conçu deux modules pouvant être adapté à des modèles macroéconomiques de prévision. Il s‟agit d‟un module de micro simulation pour évaluer les effets du cadre macroéconomique sur la pauvreté et d‟un module pour les autres indicateurs OMD. Ce dernier module s‟inspire des travaux de Agénor et al. (2006)17 qui postulent que les indicateurs OMD dépendent de l‟évolution du cadre macroéconomique et des facteurs structurels. L‟approche retenue dans le module de suivi des indicateurs permet de relier directement les politiques et variables du 17
P. R Agénor, N. Bayraktar, E. P. Moreira, K. El Aynaoui (2006),
Achieving the Millennium Development Goals in Sub-Saharan Africa: A Macroeconomic Monitoring Framework, The World Economy
XXXVI
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
cadre macroéconomique (dépenses de santé et d‟éducation, revenu par tête, consommation par tête, etc.) aux indicateurs OMD. Bien que tous les indicateurs OMD ne soient pas modélisés, pour l‟instant, le module explique le comportement de quelques indicateurs OMD tels que le taux brut de scolarisation, le taux de mortalité infantile, l‟espérance de vie à la naissance et le taux de malnutrition. Le lien entre le modèle macroéconomique de prévision (MOSARE dans ce cas) et les modules de suivi des indicateurs OMD est résumé par le schéma 1. La principale caractéristique de cette approche est qu‟il existe des interrelations entre les indicateurs OMD, telles que capturées par les élasticités issues des régressions sur les données de panel. Les régressions sur les données de panel ont été utilisées pour deux raisons. La première est relative au manque de séries longues sur les indicateurs OMD pour le Bénin. La seconde est relative à la détermination de la tendance de long terme. L‟incidence de pauvreté est directement reliée au modèle, soit à travers le module de micro simulation construit avec les données de l‟enquête EMICOV, soit via des élasticités reliant les variables du cadre macroéconomique et les indicateurs de pauvreté. Pour cette étude, la première méthode (micro simulation) a été choisie car les données d‟enquête de ménages (EMICOV) récentes sont disponibles et
ANNEXES
XXXVII
que les ménages peuvent être regroupés en différentes catégories, suivant les objectifs poursuivis contrairement à la seconde méthode (utilisation des élasticités) qui considère un seul type de ménage. Dans ce cas, les indicateurs de pauvreté sont reliés au taux de croissance de la consommation des ménages provenant du modèle comme l‟indique le schéma 2.
XXXVIII
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
Schéma 1 : Suivi des indicateurs OMD – Approche macroéconomique Consommation privée réelle
par tête
Modèle macroéconomique (MOSARE)
Revenu réel par tête
Malnutrition
Pauvreté Mortalité infantile
Scolarisation
Espérance de vie
Dépense publique
Dépense publique
d’éducation
de santé
Source : Réalisé sur la base des travaux de Agénor et al. (2006)
ANNEXES
XXXIX
Schéma 2 : Processus de micro simulation pour les indicateurs de pauvreté Simulation réalisée
avec MOSARE Données
Taux de
d’enquête
croissance de
(EMICO
la
V)
consommati
Consomma
Appliqué à la on par tête
tion de
chaque ménage
Inflation
(Indice des prix)
consommation
de chaque ménage Indicateurs de pauvreté Comparaison au
scénario
de base
Seuil de
pauvreté
XL
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
Annexe 10 : Méthodologie de l’étude d’impact
Cette annexe rappelle, suivant les objectifs fixés par des Termes de Référence, la méthodologie générale adoptée pour mener l‟étude de bout en bout. L‟approche globale a consisté à définir, au cours des séances de travail du groupe, les grandes orientations et les moyens de mise en œuvre. Le comité restreint, appuyé par le Consultant individuel privé, se charge ensuite de l‟exécution et de la formalisation des livrables nécessaires qui sont validés pendant les plénières. Rappels des objectifs de l’étude L‟objectif général assigné à cette étude est, d‟une part, d‟évaluer l‟impact, sur l‟économie béninoise, de la crise financière et économique internationale ainsi que les effets éventuels de second tour et, d‟autre part, d‟identifier les mesures de politique économique permettant d‟en absorber les chocs négatifs. De manière spécifique, il s‟agira : d‟identifier les mécanismes/canaux de transmission des effets de la crise économique et financière internationale sur l‟économie ; d‟évaluer et de quantifier lesdits effets, notamment à court et moyen termes, sur les principaux indicateurs macroéconomiques et sociaux ; de formuler des propositions de mesures de politique économique adéquates pour répondre à la crise.
ANNEXES
XLI
Méthodologie Dans un premier temps, il a fallu identifier les canaux probables de transmission et les effets sommaires de la crise sur le Bénin. Le groupe s‟est inspiré des expériences passées, de la structure de l‟économie et des récents travaux de prévision réalisés par la DGAE. La phase active de l‟étude a consisté à dégager les canaux, à évaluer et à quantifier les impacts sensibles de la crise. Du fait de la complexité des conséquences directes et indirectes attendues de la crise, trois niveaux d‟analyse ont été retenus. Il s‟agit de l‟évaluation des effets sur l‟environnement macroéconomique, sur les activités sectorielles (méso) et sur la pauvreté et les indicateurs sociaux (micro). Démarche d‟évaluation de l‟impact de la crise sur le cadre macroéconomique L‟analyse de l‟impact de la crise mondiale sur le cadre macroéconomique béninois est faite suivant une approche en statique comparative, à l‟aide du Modèle de Simulation et d‟Analyse des Réformes Economiques (MOSARE). Le MOSARE est un modèle quasi comptable de type keynésien destiné aux travaux de simulation et au cadrage macroéconomique. A partir d‟un certain nombre d‟hypothèses formulées et quantifiées sur des variables exogènes, ce modèle a permis de prévoir les performances attendues des quatre grands comptes macroéconomiques (secteurs réels, finances publiques, balance des paiements et comptes monétaires). Une description plus détaillée du MOSARE est présentée en annexe 6.
XLII
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
L‟horizon d‟étude retenu étant le court et moyen termes, les projections sont faites sur les années 2009 et 2010. Une situation de référence, qui tient compte des hypothèses et des prévisions économiques arrêtées au 31 décembre 2008 est d‟abord présentée. Seules les hypothèses de base devant subir des modifications, du fait de la crise, sont isolées et réévaluées par le groupe de travail, à partir d‟un certain nombre d‟observations empiriques. Elles sont ensuite réintroduites dans le MOSARE pour obtenir l‟impact de la crise sur le cadre macroéconomique. Démarche d‟évaluation de l‟impact de la crise sur les secteurs les plus impactés au Bénin L‟analyse de l‟impact de la crise sur les secteurs-clés de l’économie béninoise est prévue pour être faite suivant une approche mixte (quantitative et qualitative) basée sur la collecte de données primaires et secondaires limitée à un certain nombre de sources ciblées (entreprises des secteurs clés tels que le coton, le commerce, les télécommunications, les BTP, les banques, assurances, etc.). Les données primaires obtenues à l‟aide de questionnaires et d‟entretiens pourraient concerner les entreprises et les acteurs des différents secteurs clés identifiés ci-dessus. (Cette étude est toujours en cours de réalisation à l‟INSAE)
ANNEXES
XLIII
Démarche d‟évaluation de l‟impact de la crise sur la pauvreté et le développement social La simulation de l‟impact de la crise au niveau micro sur la pauvreté est réalisée en collaboration avec l‟INSAE. Les catégories de ménages pris en compte par l‟étude sont : les urbains, les ruraux et la population totale. Le groupe de travail s‟est également servi du Cadre macroéconomique de suivi des indicateurs des OMD utilisé par la DGAE. Cette approche minimaliste est inspirée des travaux de Agénor et al. (2006) qui postulent que les indicateurs OMD dépendent de l‟évolution du cadre macroéconomique et des facteurs structurels. A partir de la quantification des variables macroéconomiques telles que les dépenses de santé et d‟éducation, le revenu par tête, la consommation par tête, ce module prévoit le comportement à long terme des OMD tels que le taux brut de scolarisation, le taux de mortalité infantile, l‟espérance de vie à la naissance et le taux de malnutrition. Cette approche est beaucoup plus détaillée en annexe 7 du rapport.
XLIV
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
Annexe 11 : Termes de Référence de l’étude (TDR) 1. Contexte et développements récents Depuis le second semestre de l‟année 2008, l‟économie mondiale est confrontée à une crise financière et économique majeure dont les effets ne cessent de se propager. L'origine de la crise financière internationale actuelle remonte au début des années 2000 aux États-Unis, lorsque les taux d‟intérêt ont été significativement abaissés pour faciliter l'accès au crédit dans un contexte de récession, et que le Gouvernement américain a défini une politique de relance économique dont l'un des piliers était l‟accès à la propriété immobilière. La crise actuelle a débuté avec les difficultés rencontrées par les ménages américains à faible revenu pour rembourser les crédits qui leur avaient été consentis pour l‟achat de leur logement. Ces crédits étaient destinés à des emprunteurs qui ne présentaient pas les garanties suffisantes pour bénéficier des taux d‟intérêt préférentiels (en anglais « prime rate »), mais seulement à des taux moins préférentiels (« subprime »). L‟endettement des ménages américains a pu s‟appuyer sur les taux d‟intérêt extrêmement bas pratiqués pendant des années par la Banque centrale des Etats-Unis (la « FED ») à partir de 2001 après la crise boursière sur les valeurs « internet ». En outre, les crédits étaient rechargeables, c‟est-à-dire que régulièrement, on prenait en compte la hausse de la valeur du bien, et on autorisait l‟emprunteur à se ré-endetter du montant de la progression de la valeur de
ANNEXES
XLV
son patrimoine. Cela a soutenu la forte croissance des EtatsUnis. Saisissant cette opportunité, les banques et les intermédiaires financiers se sont engagés dans une distribution volontariste de prêts hypothécaires à taux variables, majorés d'une prime substantielle de risque. Ces prêts ont particulièrement bénéficié aux ménages qui n'avaient pas accès aux crédits classiques, en raison de la faiblesse de leurs revenus et de l'insuffisance de garanties. La baisse des prix de l'immobilier aux États-Unis à partir de 2006, couplée à la remontée progressive des taux d'intérêt dans le sillage de la hausse des taux directeurs de la Réserve fédérale américaine, a conduit au défaut de paiement de nombreux emprunteurs et à la mise en situation de faillite des établissements spécialisés dans les prêts hypothécaires. Les grandes banques américaines, qui finançaient ces établissements ou qui étaient actionnaires dans leur capital, ont également subi des pertes ou une dépréciation d'actifs. C‟est ainsi que par cette dynamique, la crise du marché des prêts hypothécaires accordés aux États-Unis est rapidement devenue une crise financière et boursière mondiale. La diffusion de la crise aux autres régions du monde et la contagion des systèmes bancaires trouvent leur origine dans l'importance de la titrisation de ces créances à risque et de l'engouement qu'elles ont suscité, au regard de leur fort taux de rendement et de l'importance de l'épargne mondiale qui cherchait des placements rentables. Devant l'aggravation de la situation et l'apparition de déséquilibres de balances des paiements dans certains pays
XLVI
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
émergents, le Fonds Monétaire International (FMI) a procédé à la réactivation d'une procédure de prêts d'urgence aux États et disposerait à cet effet, d'une enveloppe de 200 milliards de dollars EU. En dépit des mesures déjà mises en œuvre, les tensions financières pourraient se poursuivre. En effet, les acteurs des marchés, notamment les fonds spéculatifs, confrontés à l'ampleur des pertes subies, sont engagés dans un processus de désendettement, ce qui accentue les baisses des prix des actifs. L'aversion au risque a poussé les marges de taux d'intérêt par rapport aux taux sans risque à des niveaux jamais atteints. Analysée à l'origine comme un choc transitoire, dont les effets seraient circonscrits à des problèmes de liquidité des banques, la crise financière a précipité les risques d'une récession mondiale prononcée. Les indicateurs conjoncturels se sont partout fortement dégradés depuis le début du deuxième semestre 2008. Au fur et à mesure que la crise financière s'accentue, l'activité économique est freinée par la perte de confiance des ménages et des entreprises. En effet, ces acteurs économiques, anticipant une période plus prolongée de morosité de l'activité, réduisent considérablement leur consommation et leurs investissements. L'affaiblissement de la demande mondiale qui s'en suit exerce une pression à la baisse sur les cours des produits de base. Ainsi, l'indice de prix des matières premières d'origine agricole, calculé par le FMI, s'est inscrit en recul de plus de 16,0% entre septembre et octobre 2008, tandis que celui des prix des métaux reculait de près de 30,0%. Prenant en compte la forte dégradation de la conjoncture au cours des derniers
ANNEXES
XLVII
mois, les dernières projections établies par le FMI tablent sur un taux de croissance mondiale de -0,8% et de 2,1% respectivement en 2009 et en 2010, en recul de 2,4 points de pourcentage par rapport à 2008. Ce ralentissement serait imputable aux pays avancés, dans lesquels il est attendu une contraction de l'activité économique de 5,8% en 2009 pour la première fois depuis la seconde guerre mondiale. En particulier le commerce mondial de biens et services devrait connaître une forte baisse de près de 8% en volume en 2009 (estimations FMI, avril 2009). La gravité et la complexité de cette crise ont amené les dirigeants des principaux pays industrialisés et émergents à rechercher des solutions concertées en vue de surmonter la crise financière et de ramener l'économie mondiale sur un sentier de croissance durable. Le sommet du G 20 du 2 avril 2009 en est l‟aboutissement avec des décisions importantes d‟une part sur le renforcement du rôle du FMI et de la Banque mondiale qui verront tripler leurs ressources de base (pour le FMI surtout), et d‟autre part sur le commerce, les nouvelles règles sur les salaires et les bonus au niveau mondial. Près de 1.000 milliards de dollars EU vont être ainsi débloqués pour soutenir l‟économie mondiale. 2. Justification de l’étude La crise financière et économique internationale intervient à un moment où le Bénin sort à peine des effets néfastes d‟une double crise alimentaire et énergétique. La crise des produits alimentaires, qui a commencé en 2007 et qui s‟est poursuivie en 2008, conjuguée avec la flambée des prix des produits pétroliers, a affaibli le pouvoir d’achat des populations
XLVIII
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
béninoises. Face à la situation, le Gouvernement a pris des mesures fiscales (exonérations sur les produits de grande consommation et les produits spécifiques, création de boutiques publiques de vente de produits alimentaires). Le Gouvernement a également subventionné les produits pétroliers. Le coût de ces mesures a été estimé à près de 90 milliards FCFA (Discours sur l‟état de la nation prononcé par le Chef de l‟Etat du Bénin en décembre 2008). En plus de ces mesures fiscales, le Gouvernement, appuyé par les partenaires au développement, a entrepris d‟élaborer un Plan stratégique pour la relance du secteur agricole pour accroître la disponibilité alimentaire. Tous les acteurs du développement s‟accordent sur le fait que l‟économie béninoise étant peu intégrée à la sphère financière internationale, les effets de la crise financière internationale seraient plus visibles sur l’économie réelle que sur le système financier et bancaire. En effet, à l‟instar de la plupart des économies de la zone de l‟Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA), le système financier est, pour l‟instant, très peu touché en raison des règles prudentielles rigoureuses appliquées au niveau de la BCEAO. Les banques béninoises ne recèlent pas de crédits contaminés comme c‟est le cas au niveau des banques américaines et européennes touchées par la crise des « subprime ». Les indicateurs clés du système monétaire confirment cette assertion : les crédits à l‟économie au niveau du Bénin ont connu un accroissement de 13% en 2008 et les prévisions tablent sur une stabilisation de ces crédits en 2009. Au niveau de la zone UEMOA, le Bénin possède la deuxième meilleure position de réserves internationales de
ANNEXES
XLIX
change : les réserves béninoises équivalent à 8,5 mois d‟importations en 2008 et 8 mois d‟importation en 2009 (en prévision). En revanche, ce sont les institutions de micro finance qui ont vu leur situation se détériorer ces dernières années, en raison des problèmes de gestion. Mais, la bonne tenue de quelques uns de ces indicateurs ne doit pas masquer le risque potentiel qui pèserait sur le système financier national au cas où la crise perdurait. S‟agissant de l‟économie réelle, en raison du faible degré d‟ouverture du Bénin sur l‟économie mondiale, les effets sur l‟économie réelle devraient, si la crise internationale s‟accentuait, se ressentir au niveau de la demande extérieure de produits et des prix des produits alimentaires. Si la récession perdurait dans les pays industrialisés, la chute des cours du coton pourrait conduire à une détérioration des termes de l’échange, donc à une baisse des revenus des producteurs de coton. L‟impact sur les investissements directs étrangers et sur les envois de fonds des travailleurs béninois expatriés pourrait également se ressentir. Au-delà de l‟envoi des fonds de migrants béninois, des interrogations subsistent quant au comportement éventuel des ressources financières provenant du reste du monde vers le Bénin notamment l‟aide publique au développement qui pourrait baisser consécutivement aux mesures budgétaires d‟envergure prises au niveau des pays donateurs pour faire face à la crise. Le taux de croissance économique a atteint 5% en 2008 pour une prévision initiale à 5,3%. Quelle lecture faire de cette performance de l‟économie béninoise en 2008, par rapport à
L
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
la crise financière internationale ? Doit-on penser que l’économie béninoise réagit plutôt avec décalage à la conjoncture économique internationale ? Le cas échéant, quelles mesures de politique économique initier pour répondre à la crise ou amoindrir les effets qui en découleraient ? C‟est dans le but de répondre à ces préoccupations que la présente étude est initiée pour éclairer la décision des autorités béninoises. 3. Objectifs de l’étude L‟objectif général de l‟étude est, d‟une part, d‟évaluer l‟impact sur l‟économie béninoise de la crise financière et économique internationale ainsi que les effets éventuels de second tour et, d‟autre part, d‟identifier les mesures de politique économique permettant d‟en absorber les chocs. De manière spécifique, il s‟agira : d‟identifier les mécanismes/canaux de transmission des effets de la crise économique et financière internationale sur l‟économie ; d‟évaluer et de quantifier lesdits effets, notamment à court et moyen termes, sur les principaux indicateurs macroéconomiques et sociaux ; de formuler des propositions de mesures de politique économique adéquates pour répondre à la crise.
ANNEXES
LI
Les produits attendus de l‟étude sont : un rapport analysant les effets à court et moyen termes de la crise financière et économique internationale sur le Bénin, y compris les canaux de transmission et le coût de ces effets ; un plan d‟action comprenant les mesures de politique économique cohérentes et applicables par le Gouvernement à court, moyen et long termes. 4. Activités à réaliser au cours de l’étude Dès le lancement de l‟étude, le consultant sera appelé à proposer une note méthodologique pour la réalisation de l‟étude. Soumise au comité de pilotage pour validation, cette note méthodologique indiquera, entre autres, les outils d‟analyse à utiliser, les hypothèses de travail et les éléments clefs qui feront l‟objet d‟analyse notamment les domaines tels que (i) la production et les prix, (ii) le commerce et les flux de capitaux, (iii) le secteur financier, (iv) les finances publiques y compris l‟aide publique au développement (APD), (v) le bien-être des ménages, (vi) les autres indicateurs sociaux, notamment les objectifs du millénaire pour le développement (OMD). 5. Processus de réalisation de l’étude En raison de la complexité et de l‟envergure de l‟étude, une équipe pluridisciplinaire va être mandatée pour sa réalisation. Cette équipe comprendra cinq cadres avertis des structures centrales chargées de la réflexion stratégique de l‟Administration béninoise (DGAE/DPC, DGPD/DPS/équipe OMD-SCRP, INSAE, CAPOD).
LII
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
Cette équipe sera appuyée dans son travail par un consultant (ou une équipe de 2 consultants) indépendant recruté sur place et ayant une bonne connaissance de l‟analyse des problèmes économiques et de développement. Ce consultant, ayant une expérience de plus de dix ans à son actif, sera recruté par appel d‟offres public. Les travaux d‟analyse seront placés sous la supervision d‟un comité de pilotage interministériel présidé par le Directeur de Cabinet du MPDEPP-CAG. Ce comité comprendra les Conseillers techniques et les Directeurs généraux des structures, ci-après : MPDEPP-CAG (DGPD, DGIFD, CTE/MPDEPP-CAG, DG/INSAE, CAPOD) MEF (DGAE/DPC, CTE/MEF, CSPEF). Le comité de pilotage bénéficiera également de l‟expertise du PNUD – Bénin. 6. Calendrier et budget de l’étude La durée de l‟étude n‟excédera pas 30 jours ouvrés répartis entre les travaux d‟analyse technique et les séances de validation du comité de pilotage. Les frais découlant de la réalisation de l‟étude sont à la charge du Bureau du Programme des Nations Unies pour le Développement au Bénin. Une fois que le consultant aurait été identifié et recruté, il devra soumettre au comité de pilotage de l‟étude une proposition financière dans sa note méthodologique. C‟est cette proposition financière, validée par le Cabinet du MPDEPP-CAG en relation avec le PNUD, et tous autres frais
ANNEXES
LIII
nécessaires pour l‟étude qui constitueront le budget de l‟étude à la charge du PNUD-Bénin.
LIV
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
Annexe 12 : Equipe de réalisation de l’étude d’impact de la crise financière et économique mondiale sur le développement économique et social du Bénin Supervision Ministre d‟Etat chargé de la Prospective, du Développement, de l‟Evaluation des Politiques Publiques et de la Coordination de l‟Action Gouvernementale (MEPDEPP-CAG)
Représentant Résident du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD-Bénin)
Pascal I. KOUPAKI
Nardos BEKELE-THOMAS Coordination
Directeur de Cabinet du Ministre d‟Etat
PNUD
Antonin S. DOSSOU
Janvier Polycape ALOFA
Direction Technique Directeur Général des Politiques de Développement
Directeur Général de l‟Institut National de la Statistique et de l‟Analyse Economique
Dieudonné B. DAHOUN
Cosme VODOUNOU
Consultant Principal Claude d‟ALMEIDA Comité de rédaction Innocent K. LOKOSSOU
Martin N. GBEDEY
Eric K. VIKEY
Sosthène GNANSOUNOU
ANNEXES
LV
André Félix SOSSOU
Marc Aurèle AGBO
Aristide MEDENOU
Hippolyte C. AHONON
Sonia BOUEYE
Mohamed GADO
Boko BAGUIDI
Blaise GNIMASSOUN
Bachir SOUBEROU
Epiphane ADJOVI Personnes ressources
Laurence QUENUM
Alain KOUTANGNI
Symphorien AGBESSADJI
Raoul Idohou AFOUDAH
Hippolyte DJEGOU
Blaise N. YEHOUENOU
Soumanou ADODO
Mathias HOUNDONOUGBO
Organisations du secteur privé associées Chambre de Commerce et d’Industrie du Bénin (CCIB) Ataou SOUFIANO
Donatien ADANNOUZONON
Léonard KEDOTE
Bachirou BADIROU
Sunil TOURANI
Patrick NOYES
Moubaraka Akinotcho ADJAO
Joseph Paul AKLE
Conseil National du Patronat du Bénin (CNPB) Sébastien AJAVON
Régis FACIA
Mohammed Rabiou SALOUF
Eustache KOTINGAN
Pierre A. ZANOU
Mathieu ADJOVI
Conseil des Investisseurs Privés au Bénin (CIPB) Roland RIBOUX Association Professionnelle des Banques et Etablissements Financiers (APBEF) Cosme AHOUANSOU
Tidiane C. N‟DIAYE
André FROISSANT
Mamadou Bio TCHANE
LVI
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
Dieudonné VIGNON
Carlos MEVI
Badmus BOLA
Association de Développement des Exportations (ADEx) Athanase A. AKPOE
Paul AGBANGLA
Clémentine FRANCISCO
Association des Femmes d’Affaires et Chefs d’Entreprise du Bénin (AFACEB) Maroufatou ADJIBI ZOUMAROU
Grâce LAWANI
Chambre d’Agriculture Mamadou CHABI
ANNEXES
LVII
LVIII
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN
ANNEXES
LIX
LX
IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL AU BENIN