L agriculture beninoise

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L’AGRICULTURE BENINOISE

ATOUTS, CONTRAINTES ET ENJEUX POUR L’INVESTISSEUR

Le Conseil des Investisseurs Privés au Bénin est une Association regroupant des entrepreneurs ayant investi de manière significative au Bénin. Emanation de tous les secteurs et de tous les métiers, le CIPB a pour objectifs: - De promouvoir un espace favorable à l'investissement et à l'emploi - D’accompagner l'Etat dans ses réformes - D’optimiser les ressources locales.

Mai 2007 . © Propriété du CIPB, Immeuble Kougblénou, 85, ave Mgr-Steinmetz, 03 BP 4304 Cotonou, Bénin, www.cipb.bj

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Table des matières INTRODUCTION

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PREMIERE PARTIE LA SITUATION GENERALE DU BENIN 1.1 Contexte physique 1.1.1 Géographie 1.1.2 Climatologie 1.1.3 Sol 1.1.4 Réseau hydrographique 1.1.5 Végétation et faune 1.2 Contexte socio-démographique et économique 1.2.1 Evolution et structure démographique 1.2.2 Cadre macro-économique 1.2.3 Environnement législatif et règlementaire 1.2.4 Par rapport à la production agricole 1.2.5 Par rapport à la mise en marché

4 5 5 5 5 6 6 7 7 7 9 9 11

DEUXIEME PARTIE LES POTENTIALITES AGRICOLES 2.1 Potentialités 2.2 Ressources

12 13 13

TROISIEME PARTIE DIAGNOSTIQUE DU SECTEUR AGRICOLE 3.1 Zonage agro-écologique et aptitude des sols à différentes cultures 3.2 Système de culture 3.2.1 Techniques culturales 3.2.2 Principales spéculations 3.2.3 Taille des exploitations 3.3 Maîtrise de l’eau 3.4 Mécanisation agricole 3.5 Cadre institutionnel 3.6 Problématique du secteur 3.7 Objectifs, politique, stratégies et programmes sectoriels 3.8 Orientations stratégiques 3.8.1 Promotion des filières agricoles 3.8.2 Amélioration des systèmes de production et de la productivité 3.8.3 Actions d’accompagnement et appui à la production 3.9 Actions en cours 3.9.1 Sécurité alimentaire 3.9.2 Promotion des filières agricoles 3.9.3 Appuis divers à la production 3.10 Principaux enseignements à tirer

14 15 17 18 18 19 21 23 23 24 28 29 29 35 40 43 43 43 44 47

QUATRIEME PARTIE EXPERIENCES ET OPPORTUNITES 4.1 Créneaux porteurs dans la production 4.1.1 Production proprement dite. 4.1.2 Transformation 4.1.3 Services 4.2. Facilités pour les investissements dans l’agriculture

49 50 50 54 55 55

CONCLUSION

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INTRODUCTION Au Bénin, le secteur agricole contribue à hauteur de 39% du PIB, 80% des recettes d’exportation et 70% des emplois. Le climat et les sols sont favorables à la diversification de la production agricole et permettent à la production de couvrir pour l’essentiel, les besoins alimentaires de base. Des possibilités réelles de diversification des sources de richesse et d’expansion économique existent avec la création des espaces UEMOA et CEDEAO et la proximité du géant Nigérian avec plus de 120 millions d’habitants. Le secteur agricole est donc doté d’atouts pour l’émergence d’entreprises plus performantes et d’énormes potentialités pour la relance de l’économie du pays. Nonobstant ces avantages naturels, le constat est que le Bénin continue d’importer (i) une bonne partie de sa consommation en produits maraîchers des pays voisins tels que le Burkina Faso (pourtant à situation climatique moins favorable) et le Nigeria (ii) près de 9000 tonnes de volailles congelées, 4 500 tonnes d’œufs et (iii) 45000 tonnes de poissons pour couvrir les besoins en protéines animales. Il en est de même pour certains produits forestiers, notamment le bois d’œuvre. Il importe donc de dynamiser le secteur agricole en exploitant au mieux les atouts et en levant les divers goulots d’étranglement qui bloquent son plein essor. C’est pourquoi, le présent document se propose de mettre à la disposition des investisseurs, des données fiables sur la situation agricole du Bénin aux fins de leur permettre de se positionner sur des créneaux porteurs. En d’autres termes, il s’agira de faire le diagnostic du secteur agricole, d’identifier les goulots d’étranglement à lever, ainsi que les domaines prioritaires dans lesquels les partenaires techniques et financiers peuvent intervenir pour stimuler une croissance économique durable. Le document est divisé en quatre parties. La première partie fait la présentation du Bénin sur les plans physique, économique, social et démographiques. Le second chapitre retrace les potentialités agricoles du Bénin alors que le troisième volet fait le diagnostic du secteur agricole (zonage, système de production, occupation des sols, atouts et contraintes du secteur….). Dans la quatrième rubrique, il est fait le point des opportunités d’investissement dans le domaine agricole.

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PREMIERE PARTIE LA SITUATION GENERALE DU BENIN

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1.1 Contexte physique 1.1.1 Géographie La République du Bénin couvre une superficie de 112.622 km2. Elle est située dans la zone intertropicale, entre les parallèles 6°30 et 12°30 de latitude Nord d’une part, et le méridien 1° et 3°40 de longitude Est d’autre part. Elle est limitée au Nord par le Niger et le Burkina-Faso, au Sud par l’océan Atlantique, à l’Ouest par le Togo et à l’Est par le Nigeria.

1.1.2 Climatologie Le Bénin est divisé en trois zones climatiques : 1. une zone soudanienne sèche entre le 9ème et le 12ème parallèle dans la partie Nord du pays. La pluviométrie varie de 900 à 1100 mm/an et les amplitudes thermiques sont assez fortes. La période de croissance végétale est inférieure à 145 jours en saison pluvieuse. 2. Une zone soudano-guinéenne entre le 8ème et le 9ème parallèle Nord. Les moyennes pluviométriques y oscillent entre 1000 et 1200 mm/an. La période de croissance végétale varie autour de 200 jours en saison de pluies. 3. Une zone sub-équatoriale s’étendant de la côte Atlantique à une ligne transversale passant par Savè (7°30 de latitude Nord) où la pluviométrie varie de 950 à 1400 mm/an ; la période de croissance végétale oscille autour de 240 jours. Deux types de régimes pluviométriques marquent donc ces zones climatiques. Depuis la région côtière jusqu’à Savè, la courbe des précipitations y présente un aspect bimodal (avril à juin et septembre à novembre).La pluviométrie de cette zone est assez capricieuse et difficile à gérer en particulier pour la majorité des cultures non pérennes. De plus, la pluviométrie annuelle est insuffisante pour atteindre des niveaux satisfaisants de rendement pour les cultures comme le palmier à huile, le cacao et le café. Au-delà de Savè et au fur et à mesure que l’on se déplace vers le Nord, c’est la répartition monomodale qui prédomine (mai à octobre). Cette zone est favorable à diverses à diverses productions vivrières et au coton.

1.1.3 Sol Les sols du Bénin peuvent être classés en plusieurs catégories, les sols ferrugineux tropicaux lessivés occupent plus de 80% de la surface du pays. Viennent ensuite les sols faiblement ferralitiques, puis les lithosols. Les sols ferrugineux présentent une grande variabilité en fonction de leur place dans les pentes. Ces sols sont, de l’avis de plusieurs auteurs, plus fragiles que les terres de barre. Mais étant localisés au nord et au centre du pays, régions moins densément peuplées que la région sud, leur dégradation est moins avancée. Ils nécessitent une restitution organique pour pouvoir être cultivés en continu avec maintien de la fertilité. Les sols faiblement ferralitiques ont une importance fondamentale dans l’économie du pays, car près de la moitié des Béninois vivent sur ces sols qui ont généralement présentent un capital fertilité intéressant. Ce capital est en grande partie épuisé par suite d’une pression démographique forte et ancienne, et surtout des pratiques culturales entraînant la baisse de la fertilité organique et minérale de ces sols. La restauration de ce capital fertilité s’avère extrêmement difficile. Des solutions techniques existent. Elles associent l’utilisation de plantes améliorantes, d’amendements organiques et minéraux judicieusement choisis. Les lithosols, pour leur part, n’ont que peu d’intérêt agronomique.

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Notons également la présence : • des sols alluviaux de l’extrême nord du pays ou des vallée du Mono et de l’Ouémé qui sont très fertiles ; • des vertisols de la vaste dépression de la Lama qui sont également jugés comme fertiles. Leur mise en valeur semble actuellement être freinée par les problèmes d’accessibilité et de drainage, surtout en saison des pluies, l’absence d’un outillage adapté pour travailler efficacement ces types de sol, l’enherbement rapide après mise en culture.

1.1.4 Réseau hydrographique Le modelé géomorphologique qui caractérise l’ensemble du Bénin définit deux grands bassins versants, celui du fleuve Niger (4206 Km) et celui de l’Océan Atlantique. Le réseau hydrographique comprend 3048 Km de cours d’eau et plus de 333 km2 de plans d’eau (lacs et lagunes) localisés au Sud du pays. Les principaux cours et plans d’eau sont : Les cours d’eau.

Ils sont constitués par les fleuves Ouémé (510 Km), Okpara (200 km), Couffo (190 km), Zou (150 km), Niger, partie béninoise (120 km), Mono (100 km), Mékrou (410 km), Pendjari (380 km), Alibori (338 km) et Sota (250 km).

Les plans d’eau.

Ils comprennent les lacs Nokoué (150 km2), Ahémé (78 km2), Toho (15 km2) et les lagunes de Ouidah (40 km2), Porto-Novo (35 km2) et Grand-Popo (15 km2).

1.1.5 Végétation et faune D’une façon générale, en fonction de la géomorphologie et du climat, on distingue plusieurs types de végétation : • Végétation du cordon littoral constituée de pelouse à Ipomea et Remirea habitat des crustacées, de forêts claires à Lophira lanceolata, Carissa edulis et Byrsocarpus coccineus . Des tortues marines viennent pondre dans ce type de végétation. • Formations marécageuses des milieux submergés. Elles sont composées principalement de Mitragyna inermis, de forêts à Kola grandifolia et de Lonchocarpus erinaceus. En milieu saumâtre de mangrove à Rhyzophora racemosa et Avicennia africana ainsi que des prairies à Paspalum et Typha. On y rencontre le Sitatunga, la loutre, le varan d’eau, le crocodile nain, les amphibiens et autres ressources halieutiques, les oiseaux migrateurs. • Forêts denses semi décidues sur terre de barre entre le cordon littoral et la latitude 7°Nord. Ces formations comprennent le lingué (Afzelia africana), le fromager (Ceiba pentandra), le samba (Triplochyton scleroxylon), l’iroko (Milicia excelsa), le fraké (Terminalia superba). Toutes ces espèces forestières sont gravement menacées et en voie de disparition. C’est l’habitat privilégié des primates, des céphalophes, du potamochère, du guib hanarché…. • Forêts denses sèches et claires entre les latitudes 7° et 8°30 Nord. Elles comprennent des Isoberlinia doka et tomentosa, Anogeissus leiocarpus, Pterocarpus erinaceus, Khaya senegalensis, Khaya grandifolia, Diospyros mespiliformis et Detarium microcarpum. On y rencontre les céphalophes, phacochères, guibs, buffles, primates, hippotragues. • Galeries forestières le long des cours d’eau. On y rencontre des guibs, varans d’eau, crocodiles et tortues. • Savanes avec plusieurs sous types (savane arborée, arbustive, boisée) où dominent les Combrétacées, Andropogonées, Adansonia digitata, Vitellaria paradoxa…Acacias spp. La faune qui y est rencontrée est constituée de lions, buffles, cobs, guépards, hyènes, bubales, damalisques, hippotragues, pangolins et oiseaux divers L’agriculture béninoise, mai 2007, © CIPB

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1.2 Contexte socio-démographique et économique 1.2.1 Evolution et structure démographique Selon les résultats du deuxième Recensement Général de la Population et de l’Habitat (2eme RGPH), la population béninoise qui était de 4,9 millions en 1992, est estimée en 1996 à 5,5 millions d’habitants et avoisine 6 millions d’habitants en 1998. Les projections de l’Institut National de la Statistique et de l’Analyse Economique (INSAE) indiquent que cette population s’accroîtra rapidement au cours des 30 prochaines années pour atteindre environ 9 757 000 d’habitants en 2012 et plus de 17 millions en 2027. Cette population est par ailleurs une population jeune. On estime à 46,6% la population âgée de moins de 15 ans et à 6% celle des personnes âgées de 60 ans et plus. On estime en outre à 51% la proportion des femmes. Dans son ensemble cette population surtout rurale reste soumise à un exode rural qui se traduit par le déplacement massif des bras valides des régions déshéritées vers les zones moins dégradées. La population du Bénin présente les caractéristiques suivantes : • un taux d’accroissement annuel de 3,2% entre 1992 et 2002 ; • une densité moyenne de 58,8 habitants au km² ; • une espérance de vie à la naissance de 54 ans (RGPH2) et • une répartition par sexe indiquant 51,4% de femmes.

1.2.2 Cadre macro-économique - Evolution des indicateurs de pauvreté L'analyse de la pauvreté monétaire révèle que la proportion de pauvres dans la population a augmenté entre la période 1994-1995 et la période 1999-2000 en passant de 28,9% à 29,3%. En 2002, elle a connu un recul pour se situer à 28,5%. Cependant, il faut noter qu'en terme absolu, une augmentation assez importante du nombre de pauvres est enregistrée entre 2000 et 2002 en raison la croissance de la population. Une analyse par milieu de résidence révèle que contrairement au milieu urbain où il y a accroissement la proportion de pauvres 23,3% en 2000 contre 23,6% en 2002, le milieu rural connaît un recul avec 33% en 2000 contre 31.6% en 2002. Aussi, importe-t-il de signaler que la pauvreté est plus rurale qu'urbaine. -Place du secteur agricole dans la formation du produit intérieur brut L’Agriculture est l’un des secteurs vitaux de l’économie béninoise. Elle contribue pour près de 35% à la constitution du produit intérieur brut (PIB 1999) et parvient à satisfaire globalement les besoins de la population du pays. Elle occupe 55% de la population active et procure environ 88% des recettes d’exportation du pays et participe à hauteur de 15% aux recettes de l’Etat. La production végétale est concentrée sur les vivriers qui occupent environ 80% des terres cultivées. Le coton occupe une place de choix dans la constitution du PIB. En effet, au cours de la campagne 2003-2004, 35% de la population du Bénin s’investissent dans la culture du coton, soit 325.000 chefs de familles agricoles. La production animale concerne essentiellement six (6) espèces : les bovins, les caprins, les ovins, les porcins, les équins, les arsins et les volailles. Cette production qui a représenté en moyenne 7,5% du PIB sur la période 1999-2003 reste insuffisante pour satisfaire la demande locale. Le secteur agricole contribuait environ pour 2% à la croissance depuis 1996, mais les problèmes climatiques et l’anarchie observée au niveau de la filière coton ont réduit sa contribution à 1% depuis 2002. L’agriculture béninoise, mai 2007, © CIPB

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Tableau :

Evolution de la structure de l’économie en pourcentage du PIB et de la contribution de chaque secteur à la croissance

Années

Secteur primaire en %du PIB

Contribution à la croissance

Secteur secondaire en %du PIB

Contribution à la croissance

Secteur tertiaire en %du PIB

Contribution à la croissance

1987

33,1

13,1

53,8

1988

34,4

13,4

52,2

1989

37,9

12,8

49,4

1990

36,1

13,2

50,7

1991

36,3

12,7

51,0

1992

36,0

13,3

50,7

1993

33,8

13,4

52,8

1994

32,3

13,3

37,0

1995

33,1

13,4

36,5

1996

35,7

2,1

13,3

1,1

34,4

0,4

1997

35,8

2,3

13,5

0,5

33,8

0,6

1998

36,6

2,0

12,6

0,0

33,7

0,5

1999

35,8

2,3

12,8

0,2

33,6

1,6

2000

34,9

1,8

12,9

1,2

34,2

1,2

2001

34,5

2,5

13,4

1,3

34,5

1,8

2002

33,8

1,0

13,7

1,0

34,9

1,4

2003

32,1

0,9

13,8

0,4

36,1

1,9

2004

2,4

0,1

0,1

2005

0,4

1,1

1,4

Source : DSEC/INSAE

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1.2.3 Environnement législatif et règlementaire Dans le cadre du présent document, il ne sera abordé que l’environnement législatif relatif à la production et à la mise en marché.

1.2.4 Par rapport à la production agricole En terme de loi ou de texte règlementaire se rapportant à la production agricole, on peut citer la loi n° 200703 portant régime foncier rural en République du Bénin et le code des investissements. a)

Loi portant régime foncier rural

Pour sécuriser les investissements dans la production agricole, il a été élaboré une loi portant sur le régime foncier rural qui a été adoptée au cours de l’année 2007. Ladite loi a défini : • les terres rurales, propriété de l’Etat ; les terres rurales, propriété des collectivités territoriales ; les terres rurales des particuliers, des collectivités familiales et des personnes morales ; • les principes généraux de gestion des ressources naturelles (égalité de tous les Béninois à l’accès aux ressources naturelles, délimitation des domaines forestiers de l’Etat et de celui des privés, dispositions pour la gestion des ressources naturelles…) ; • les principes généraux de gestion des ressources végétales (limites des forêts domaniales, parcours d’animaux domestiques, propriétaires de forêts privées ou de terrains portant des reboisements naturels…) ; • les principes de gestion des ressources en eau et des activités de pêche (limite des cours et étendues d’eau, accès aux eaux domaniales à des fins non domestiques, droit de pêche, droits d’usage établis ou acquis selon les coutumes….) ; • les principes de gestion de la faune sauvage ; • la composition du domaine privé immobilier de l’Etat et des collectivités locales (constitution des domaines privés de l’Etat et des collectivités locales, classement des domaines privés de l’Etat ….) ; • la gestion du domine privé rural de l’Etat et des collectivités locales, (affermage, concession, baux, commission de gestion foncière de la commune, …) ; • les modalités d’attribution des concessions et la gestion des concessions….) • l’appropriation des terres rurales (inscription au titre foncier, constitution des droits sur les terres rurales….) ; • le transfert et la constitution de droits sur les terres rurales ; • la mise en valeur et la gestion des terres rurales ; • l’aménagement des terres rurales (schéma directeur d’aménagement rural, aménagements agricoles hydro-agricoles, aménagements forestiers, aménagements pastoraux, aménagements halieutiques et autres aménagements…) ; • le plan foncier rural (procédure d’établissement et portée juridique, gestion et mise à jour, immatriculation d’un fonds de terre enregistré au plan foncier) ; • le contentieux foncier rural ; • les dispositions pénales ; • les dispositions transitoires et finales (terres rurales concédées à titre provisoire, adoption des décrets d’application…..).

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Actuellement, certains programmes comme le PROCGRN et institutions comme le Millenium Challenge Account (MCA) accompagnent l’établissement des plans fonciers ruraux. Le MCA a démarré dans quarante (40) communes, l’établissement desdits plans (enquête et levé des parcelles, identification des ayant droit, différentes formes d’utilisation des terres..). Au total, tout est mis en œuvre pour sécuriser les investissements sur les terres rurales à la faveur d’une administration foncière efficace. En effet, les documents fonciers établis par village, déboucheront sur la cartographie des parcelles des villages et le répertoire des ayant droit puis la délivrance de certificats fonciers qui serviront de base pour la délivrance de titres fonciers. b)

Code des investissements

Dans le cadre du processus de libéralisation des initiatives individuels et collectives, il a été pris un certain nombre de textes règlementaires pour protéger l’initiative privée. Au nombre de ces textes, figure le code des investissements qui est en train d’être revu aux fins de le rendre plus incitatif. Ledit code, objet de la loi n° 90002 du 09 mai 1990 dispose d’un régime privilégié pour les entreprises répondant à certains critères (création d’emplois, valorisation des ressources locales, amélioration et redressement de la balance commerciale et de la balance des paiements…..). En effet, les entreprises agricoles répondent parfaitement aux conditions requises pour bénéficier d’un régime privilégié, ce qui pourrait leur permettre de bénéficier de certaines faveurs (exonération d’impôts sur les bénéfices industriels et commerciaux, exemption des droits et taxes de sortie applicables aux produits préparés….). c)

Zone franche industrielle

La zone franche industrielle du Bénin est créée depuis 1999 au terme de l’article 5 de la loi n° 99-001 du 13 janvier 1999. Les entreprises agro-industrielles à vocation exportatrice y sont éligibles pour peu qu’elles satisfassent aux conditionnalités (réserver en priorité les emplois permanents aux nationaux ; à compétitivité égale, utiliser en priorité les matières premières, matériaux et fournitures d’origine béninoise…). Ce régime leur accorde des avantages douaniers (exonération des droits et taxes d’entrée), fiscaux (exonération du BIC, réduction de l’impôt sur BIC, réduction du versement patronal ; réduction du taux d’impôt sur le revenu des valeurs immobilières…..) et autres avantages (utiliser leur propre réseau de communication, produire de l’énergie pour leur consommation exclusive, avoir des comptes en devises….). d)

Zone industrielle viabilisée

Ce sont des zones délimitées au niveau des départements du Bénin pour abriter certaines industries. Dans ce cas, les investisseurs bénéficient: • du domaine dont ils négocient le prix d’achat ; • de l’électricité et de l’eau ; • de services administratifs sur le site. Notons que la viabilisation des différents sites n’est pas encore effective. e)

Exonération

Les équipements agricoles sont exonérés des frais de douane, ce qui peut permettre aux investisseurs d’être assez compétitifs.

f)

Charte nationale des PME/PMI Au Bénin, il a été élaboré une charte des PME/PMI dont celles s’investissant dans l’agriculture, pour fixer les mesures de soutien à leur apporter et les avantages à leur concéder, ainsi que les engagements qu’elles devront prendre vis-à-vis de leurs partenaires.

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1.2.5 Par rapport à la mise en marché Il y a diverses lois règlementant la mise en marché au niveau supra national et interne. a)

Au niveau régional et international

Il y a des dispositions supranationales induites par l’appartenance du Bénin à des accords et à des traités internationaux et régionaux : OMC, ACP-UE, CEDEAO, UEMOA. b)

diverses lois règlementant la mise en marché au niveau national

Les dispositions nationales ou internes ont essentiellement trait à la loi n°90-005 du 05 mai 19990 fixant les conditions d’exercice du commerce en République du Bénin. Cette loi a été amendée en 1993 par la loi n°93007 du 29 mars 1993. c)

AGOA

Le Bénin bénéficie de la loi sur les opportunités et la croissance en Afrique ou AGOA (African Growth and Opportunity Act). Cette loi américaine permet au Bénin d’exporter vers les Etats-Unis divers produits sous un régime préférentiel. Pour bien exploiter cette opportunité, il a été signé les décrets n°2003-371 du 11 septembre 2003 et n° 2003-480 du 1er décembre 2003 portant respectivement sur le visa pour l’exportation des vêtements et textiles aux Etats-Unis, et sur le fonctionnement de la commission nationale AGOA. Pour le moment, notre pays ne tire pas de grands profits de cette loi du fait des habitudes commerciales des Béninois (pays francophones surtout en relation avec des pays partageant la même langue). Actuellement, seuls les produits textiles bénéficient de ce régime, mais il est possible de l’étendre aux produits agricoles qui ont des avantages comparatifs.

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DEUXIEME PARTIE LES POTENTIALITES AGRICOLES

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2.1 Potentialités Le Bénin regorge de très grandes potentialités dans le domaine agricole. Il s’agit notamment de : • la forte disponibilité de terres (environ 11 millions d’hectares) de qualité physique et chimique acceptable ; • le climat favorable à plusieurs spéculations agricoles ; • la population assez jeune et dynamique.

2.2 Ressources Les ressources en eau sont abondantes. On estime à : • 13 milliards de m3 d’eau de surface • et 2 milliards de m3 d’eau de recharge • 322000 ha de plaines inondables •

117000ha et de bas-fonds

Le Bénin dispose de vallées très fertiles, notamment celle de l’Ouémé classée en Afrique comme la vallée la plus fertile après celle du Nil. Pour faciliter les investissements dans l’agriculture, la recherche agronomique a conçu des cartes d’aptitudes des sols pour les cultures principales. Les cartes en annexe montrent les potentialités de certaines régions pour la culture du palmier à huile, de l’igname et du manioc.

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TROISIEME PARTIE DIAGNOSTIQUE DU SECTEUR AGRICOLE

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3.1 Zonage agro-écologique et aptitude des sols à différentes cultures Le Bénin est constitué de huit zones agro écologiques dans lesquelles se développent les activités diversifiées de productions végétales, animales, halieutiques et forestières.

Zone I : La zone 1 regroupe les communes de Karimama, Malanville et le Nord de Kandi dans le Département de l’Alibori. On y rencontre deux types de sols : les sols ferrugineux sur socle cristallin et les sols alluviaux très fertiles du fleuve Niger. La zone est exposée à une forte érosion. Les principales cultures sont le mil, le sorgho et le niébé. On y pratique aussi le coton, le maïs, le riz, le néré, l’oignon, le maraîchage le long des fleuves Niger et Alibori. La pomme de terre est une culture qui est nouvellement introduite. Ces atouts sont : vastes étendues de terres cultivables et la pratique de la culture attelée. Les terres en bordures des fleuves permettent de pratiquer à grande échelle les cultures de contre saison (maraîchage : piment, tomate). L’existence de deux marchés importants à savoir Karimama et Malanville offrent les possibilités de commercialisation des produits agricoles.

Zone II La zone II couvre les communes de Kérou et le Nord Est de Kouandé dans le Département de l’Atacora et les Sous Préfectures de Banikoara, Ségbana, Gogounou et le Sud de Kandi dans le Département de l’Alibori. Le climat est du type soudanien avec une seule saison de pluie (800 à 1200 mm/an). Les sols sont ferrugineux sur socle cristallin. La culture cotonnière est très développée et insuffle à la zone une dynamique socio- économique. Les conditions agro-économiques permettent une gamme variée de culture annuelle : coton, maïs, arachide, sorgho. Les cultures pérennes : le karité et l’anacardier. Les tubercules que sont l’igname et le manioc y sont pratiqués pour la fabrication de cossettes.

Zone III La zone III représente le Sud Borgou à l’exception du Sud Tchaourou. Elle s’étend à Péhunco et l’Est-Djougou dans le Département de Donga, le Nord Tchaourou, Parakou, les communes de N’Dali, Pèrèrè, Nikki, Dinendé, Kaladé et Bembèrèkè dans le Borgou. Le climat est du type soudanien avec une seule saison pluvieuse. Les sols sont du type ferrugineux tropicaux. Ils sont de fertilités variables et très sensibles au lessivage. La végétation est caractérisée par une savane arbustive arborée dominée par Batyrospermparkiki (Karité). Le système de culture est dominé par le Sorgho et l’igname avec une forte extension du coton et du maïs. On y pratique également les cultures du manioc, de l’arachide, du riz et de cultures maraîchères. L’agriculture béninoise, mai 2007, © CIPB

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C’est une zone de grands atouts : • une agro-écologie favorable aux cultures fruitières et forestières ; • une disponibilité en terre ; • une facilité d’acquisition de matériels agricoles (COBEMAG) ; • des possibilités de prestations de services agricoles : labour, transport des récoltes ; • un élevage relativement développé.

Zone IV Elle couvre les communes de Ouaké, Copargo, Boukoumbé, Tanguiéta, Matéri Natitingou, Toukountouna, Kouandé, Cobly et l’Ouest de Djougou. Le climat est du type soudanien, mais tire beaucoup vers le Sahélien avec des pluies aléatoires et très irrégulières. Les sols sont de types ferrugineux sur socle profond avec une faible réserve en eau. Ces sols sont peu fertiles sauf au niveau des bas-fonds. Les systèmes de culture sont basés sur le mil, le sorgho, le fonio, le voandzou, le niébé, l’arachide. Les basfonds et certaines poches d’eau offrent les possibilités de cultures du taro, de la patate douce, du riz et des cultures maraîchères de contre saison.

Zone V C’est une zone soudano-guinéenne à pluviométrie relativement forte (1100 à 1400 mm/an qui couvre les Départements de l’Atacora, du Borgou, du Mono, de l’Ouémé et du Zou. Dans l’Atacora, ce sont les communes de Bassila avec beaucoup de terre vierges. Comme productions végétales possibles : igname, maïs, manioc, arachide, riz, les agrumes et l’anacarde ; collecte et commercialisation des graines de néré, amandes de karité, igname maïs et arachide en direction du Togo et de Djougou. Dans le Borgou, la zone V couvre le Sud de la Sous-Préfecture de Tchaourou où se pratiquent les cultures vivrières. Dans le Mono, le Nord des communes d’Aplahoué et de Klouékanmè et le Nord Est du Lalo sont des régions de grandes possibilités de productions agricoles : cultures annuelles, fruitières. Dans l’Ouémé, ce sont le Nord de la commune de Kétou et le Nord de la commune de Pobè. Cette zone V est très favorable à l’agriculture : maïs, niébé, arachide, manioc, igname, coton. La collecte et la commercialisation du maïs, du niébé, de l’igname constituent des activités porteuses. Dans le Zou, la zone V couvre les Sous- Préfectures du Zou Nord et Nord du Djidjà. Sont pratiquées, les cultures annuelles suivantes : ignames, manioc, coton, arachide, niébé, maïs, piment, sont pratiqués. Les cultures maraîchères de contre saison et le riz se pratiquent dans les bas-fonds (Dassa, Glazoué, Savalou). La commercialisation de produits vivriers et dérivés est très développée.

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Zone VI Cette zone s’étend sur les départements du Plateau, de l’Atlantique, du Mono- Couffo, de l’Ouémé et du Zou. Elle est caractérisée par un climat de type soudano guinéen avec deux saisons pluvieuses et des sols de terre de barre dégradés profonds et faciles à travailler. La production végétale concerne le maïs, l’arachide, le niébé, le manioc, le piment, le café, les fruitiers (mangue, agrumes, ananas) le palmier à huile. Les cultures maraîchères, les élevages, l’aviculture, la pisciculture. Dans cette zone ont démarré des initiatives d’irrigation privée à partir des forages artésiens ou à partir des cours d’eau pour la production en contre saison des cultures maraîchères et rizicoles.

Zone VII Elle s’étend sur les départements de l’Atlantique, du Mono, de l’Ouémé et du Zou. Elle est caractérisée par un climat de type soudano- guinéen avec deux saisons de pluie. Les sols sont argileux, profonds et humifères. Ils sont fertiles mais souvent hydromorphes et difficiles à travailler. Le système de culture est dominé par le maïs (en tête de rotation), le niébé et les cultures maraîchères, le riz, les essences forestières, les petits élevages, l’aviculture.

Zone VIII Elle s’étend sur les départements de l’Atlantique, du Mono et de l’Ouémé. Le climat est du type soudano-guinéen avec deux saisons de pluie. On y trouve des sols alluviaux très fertiles et des sols sableux peu fertiles sur le Littoral. Le système de culture est dominé par le maïs (en tête de rotation), le niébé et les cultures maraîchères. Le maïs et le manioc constituent les principales cultures des zones sableuses. Dans les départements Atlantique- Littoral, la zone englobe les circonscriptions urbaines de Cotonou, de Ouidah et les communes d’Abomey-Calavi et de Sô-Ava. Elle est caractérisée par une très faible disponibilité en terre ; les productions vivrières et maraîchères en contre saison dans la vallée : maïs frais, tomate, piment, légumes sont pratiques.

3.2 Système de culture On relève du nord au sud, une évolution des systèmes de culture assez classiques et caractéristiques des zones Soudano Saharienne, Soudanienne, Soudano Guinéenne et Guinéenne d’Afrique de l’Ouest : • Le mil, culture essentielle en zone Soudano Sahélienne devient nettement moins important que le Sorgho en zone Soudanienne alors que l’igname acquiert progressivement une place significative (Zones 1,5, et 7). • En Zone 6 et 7, les cultures vivrières traditionnelles du Sud Bénin (Maïs et Manioc) se superposent aux cultures vivrières dominantes des zones 1 et 5 (sorgho, et igname). • Le Sorgho régresse lorsqu’on va vers le Sud alors que le Maïs devient prépondérant à partir de la Zone 7.

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3.2.1 Techniques culturales Les itinéraires techniques vulgarisés sont peu respectés. La fumure minérale est de plus en plus utilisée, mais n’est disponible que pour le coton. Les problèmes de fertilité des sols sont réglés à la faveur de la jachère dont la durée est de plus en plus réduite en raison de la pression démographique ; des initiatives sont en cours et concernent l’amélioration de la jachère à travers des plantes améliorantes comme le mucuna, le leucaena, le pois d’engole… Le travail du sol est essentiellement manuel, sauf dans le Borgou et l’Alibori qui connaissent une forte utilisation de la culture attelée et une expansion de la motorisation.

3.2.2 Principales spéculations a)

La principale culture de rente est le coton qui a atteint une production record de 427.000 tonnes durant la campagne 2004/2005, avant de retomber à 191.000 tonnes en 2005-2006. L’avenir du coton est actuellement très préoccupant au regard (i) de la dégradation de l’environnement, (ii) des dysfonctionnements au sein des structures issues de la réforme de la filière et (iii) des fluctuations des cours mondiaux, avec des incidences fâcheuses sur les revenus ruraux et sur l’économie du pays. Les cultures d’ananas et de cajou avec respectivement 110.000 tonnes et plus de 40.000 tonnes au cours de la campagne agricole 2004-2005, connaissent une certaine émergence aux côtés du coton. Le palmier à huile est passé aussi de 130.000 tonnes en 1994 à environ 280 000 tonnes en 2005. Ces niveaux de production sont largement insuffisants pour satisfaire la demande des marchés national et régional.

b)

Les productions vivrières sont essentiellement constituées de céréales cultivées sur une superficie d’environ 1.100.000 hectares dont 54% consacrées à la culture du maïs. Les productions sont évaluées en 2005 à 841.000 tonnes pour le maïs, 207.000 tonnes pour le sorgho et 73.000 tonnes pour le riz. Le maïs s’avère être la céréale d’importance capitale, mais son niveau actuel de production (dans une hypothèse de consommation moyenne) ne dégage qu’un solde vivrier de 124830 tonnes contre 161840 en 2004, ce qui n’est pas rassurant quand on sait qu’il constitue la principale matière pour la fabrication des farines infantiles et des provendes. Le riz est devenu un produit stratégique en raison de son importance croissante dans la consommation nationale et dans les échanges avec certains pays voisins (Niger, Nigeria, Togo). Bien que son niveau de production soit en nette progression (de 16.545 T en 1995 à 73.000 T en 2005), on note des importations massives (plus de 450.000 T en 2004 et environ 378.000T en 2005) pour des besoins de compléments internes et de réexportation. Quant aux tubercules et racines, notamment l’igname et le manioc, leur production a renoué avec une croissance régulière au cours de cette décennie, grâce à l’effet conjoint d’une amélioration du rendement et l’élargissement des surfaces cultivées. Le manioc a pris une importance non négligeable dans l’alimentation des populations et représente 54% de la production nationale des racines et tubercules. Le niveau de la qualité des produits ne s’est pas amélioré sensiblement du fait du non développement consécutif des infrastructures pour l’accès aux marchés.

c)

Le sous-secteur de l’élevage contribue pour environ 6% au PIB. Il est marqué par les pratiques traditionnelles d'élevage des espèces bovines, ovines, caprines, porcines et des volailles malgré les résultats assez concluants des projets d'élevage moderne au cours de la dernière décennie. L’effectif actuel du cheptel, estimé en 2004 à 1.826.300 bovins, 2.300.000 petits ruminants, 293.200 porcins et 13.200.000 volailles, ne permet pas une couverture complète des besoins en protéines animales, notamment la viande, le lait et les œufs. Le niveau actuel d’importation des viandes congelées (8.800 tonnes en 2005) traduit la forte dépendance du Bénin en produits carnés. Par ailleurs, les élevages modernes qui se sont développés en zone périurbaine pour la production d’œufs et de poulets de chair, subissent de plein fouet la concurrence des importations de volaille congelée et d’œufs vendus à vil prix sur le marché local.

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Les élevages d’espèces non conventionnelles (escargot, aulacode, lapin, etc.) se développent de plus en plus, à un rythme qui ne compense pas encore les déficits, mais qui laisse augurer des possibilités de développement au gré des mutations alimentaires qui s’observent par endroits. d)

Le sous-secteur de la pêche occupe directement 50.000 pêcheurs et 20.000 mareyeurs (en majorité des femmes). Il fait vivre en amont et en aval environ 300.000 personnes et contribue pour 2% au PIB. Au cours de la période 1998-2005, la production a stagné autour de 40.000 tonnes par an et les importations de poissons congelés sont passées de l’ordre de 20.000 tonnes en 2001 à 45.000 Tonnes en 2005. Par ailleurs, l’exportation des crevettes jadis porteuse d’espoir a baissé, passant de plus de 1.000 tonnes à moins de 700 tonnes durant la même période. Les plans d’eau ne sont pas exploités à bon escient, tandis que l’aquaculture et la valorisation de la production halieutique sont encore très peu développées.

e)

Le sous-secteur forestier se caractérise essentiellement par une dégradation continue des ressources forestières et de la faune sauvage qui résulte des facteurs surtout d’ordre anthropique. La situation est d’autant plus préoccupante que : • une frange de plus en plus importante de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et n’a d’autre choix que de surexploiter les ressources naturelles pour survivre, • les besoins en combustibles ligneux et en bois d’œuvre ne cessent d’augmenter du fait de l’accroissement de la population et du développement des activités économiques.

Les productions actuelles des plantations domaniales de teck avoisinent 50 000 m3 cubes par an, alors que le rythme de la consommation en bois d’œuvre au Bénin laisse entrevoir que, dans 10 ans, la demande totale annuelle atteindrait 150 000 m3 au minimum. Bien que les Aires Protégées du Bénin soient les mieux conservées de la sous-région, les densités de pistes et la qualité des services hôteliers ne favorisent pas leur insertion dans le maillon de la chaîne touristique du Bénin.

3.2.3 Taille des exploitations La taille moyenne de l’exploitation est estimée à 1,7 ha pour 7 personnes. Toutefois, on note que 34% des exploitations couvrent moins de 1ha et seuls 5 % des exploitations du sud et 20% de celles du nord disposent de plus de 5 ha. Sur environ 11 millions d’ha de surface disponible, moins de 60% sont aptes à l’agriculture.

3.2.4 Occupation des sols La couverture végétale représente une superficie disponible brute de onze (11) millions d’hectares environ, se répartissant comme suit : • 25% (soit 2.750.000 ha) en zones boisées ; • 12% (soit 1.375.00 ha) mis en culture en 1996 et (20%) soit 2.229.377ha mis en culture en 2006 ; • 25% (soit 2.750.000 ha en zones de parcours pour le gros bétail ; • 45 forêts classées occupent une superficie de 1.375.000 ha dont 14.000 ha de plantations de teck productives.

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Les principales forêts sont : • Ouémé supérieur-N’dali (Borgou/Atacora) ; • Trois rivières (Borgou) ; • Alibori supérieur (Borgou/Atacora) ; • Tchaourou-Touï-Kilibo (Collines-Borgou) ; • Sota-Goungoun (Aliboron) ; • Lama (Zou-Atlantique) ; • Dogo-Kétou (Plateaux) ; • Agrimey (Zou) ; • Djigbé (Atlantique) La répartition par département des superficies cultivables se présente comme ci-après : Département

Superficie totale

Superficie cultivable

Pourcentage

superficie cultivable/actif agricole

Atacora/Donga

3.162.500

1.810.000

57%

5,51

Atlantique/Littoral 331.200

240.000

72%

1,73

Borgou/Aliboron

5.299.800

2.890.000

55%

6,31

Mono/Couffo

400.900

300.000

75%

0,79

Ouémé/Plateau

454.500

360.000

79%

1,7

Zou/Collines

1.917.400

1.450.000

76%

3,49

Bénin

11.476.300

7.050.000

61%

3,65

Sur les terres cultivables estimées à 7.000.000 d’hectares environ, 2.200.000 hectares sont mis en valeur en 2006, soit environ 30%. Ce faible taux d’occupation est essentiellement imputable à : • La faiblesse de la mécanisation agricole avec pour corollaire l’absence quasi-totale de grande ferme ; • Le manque de débouchés pour la vente des produits à des prix incitatifs ; • Le régime foncier qui était jusqu’à une date récente, basé sur le droit coutumier. En général, les sols sont très peu occupés dans tout le Bénin. Pourtant, il existe des domaines ayant une très bonne fertilité comme la vallée du Niger, réputée pour la plus riche vallée au monde après la vallée du Nil.

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3.3 Maîtrise de l’eau La maîtrise de l’eau dans l’agriculture est très approximative. Il existe très peu de barrages et d’aménagements hydro-agricoles malgré les grandes potentialités dans ce domaine. Le point des aménagements et des barrages se présente comme suit : Maîtrise de l’eau •

Maîtrise Totale : 10.973 ha ;

Maîtrise partielle: 1284 ha.

Résultats inventaire 2001: Superficies équipées: 12257 ha • Superficie équipée exploitée: 9.800 ha abandonnés ; • Nouvelle option vers les années 86: Résultats mitigés. Barrages collinaires • Réalisation de 217 ouvrages

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3.4 Mécanisation agricole Le point de la mécanisation agricole fait ressortir ce qui suit : •

Agriculture basée sur l’énergie humaine : Pour 100.000 ha le producteur dispose de 1 tracteur ; 2,5 charrues et 1,5 motoculteurs alors qu’il en faut 100 à 150 fois plus (Maroc par exemple) ;

Introduction prononcée culture attelée au Nord ;

Bonne introduction de la motorisation dans le Nord ;

Résistances socio-culturelles et parfois techniques dans le centre et le Sud.

Niveau d’équipement par zone Aliboron : 61.710 attelages Borgou : 15.259 attelages et 70 engins Atacora : 9.947 attelages

Transformation des produits agricoles La transformation des produits agricoles se fait de façon artisanale. De plus en plus, s’installent de petites unités de transformation semiindustrielle. Lesdites unités s’occupent pour la plupart de la transformation du manioc en gari, de l’ananas en jus, du séchage des amandes d’anacarde.

3.5 Cadre institutionnel Plusieurs acteurs interviennent dans le secteur agricole à savoir l’Etat, les Organisations professionnelles agricoles et le secteur privé: L’Etat à travers le Ministère de l’Agriculture, de l’élevage et de la pêche (MAEP) et ses différents services techniques, élabore et assure le suivi de l’exécution de la politique agricole du Gouvernement. Les Centres régionaux pour la Promotion Agricole (CeRPA), qui constituent les pôles d’articulation avec les actions de développement à la base, ne disposent pas de ressources suffisantes pour assurer pleinement les tâches qui leur sont confiées. Les Organisations professionnelles agricoles sont en pleine émergence dans les divers sous-secteurs, notamment dans les zones de production de coton et jouent un rôle important dans la production, la coordination des activités et la défense des intérêts du monde paysan. Les OP à vocation coopérative ainsi que leurs structures faîtières continuent d’être régies par l’ordonnance n°59/PR/MDRC du 28 décembre 1966 qui ne paraît plus adaptée au contexte socio-économique actuel. Le réseau des Chambres d’agriculture du Bénin complète ce dispositif institutionnel, mais marque encore le pas en termes d’actions concrètes. Les ONG, les institutions de financement et réseaux de crédit décentralisé ainsi que les Collectivités locales, s’affirment de plus en plus comme acteurs dans la co-gestion du secteur agricole. Les opérateurs privés à travers diverses associations professionnelles, interviennent de plus en plus dans le secteur agricole, pour l’organisation des activités en amont et en aval de la production (approvisionnement en intrants, commercialisation, prestations de services, etc.). Toutefois, leurs actions ne compensent pas encore tout à fait le vide laissé par l’Etat dans certains domaines de vulgarisation, de recherche et autres services dont la rémunération n’est pas évidente ou immédiate. Les partenaires techniques et financiers du secteur agricole, aussi bien de la coopération bilatérale que multilatérale, sont dans une certaine mesure considérés comme des acteurs, de par les nombreux projets agricoles qu’ils financent. L’agriculture béninoise, mai 2007, © CIPB

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3.6 Problématique du secteur Le secteur rural est, au Bénin, la base de toute stratégie de développement. Si le secteur rural ne décolle pas, il n’y a pas de développement. Les potentialités dans ce domaine sont raisonnablement bonnes, mais sont malheureusement contrebalancées par certains goulots d’étranglement.

Contraintes et atouts d’ordre général Contraintes/Faiblesses •

• •

Atouts/Opportunités

Faible implication des collectivités décentralisées dans • la conception et la mise en œuvre des programmes agricoles • Manque de synergie entre les différents programmes; Insuffisance et inadaptation des ressources financières et des systèmes de crédits faute d’une banque • nationale de développement agricole ; Faible capacité d’intervention des acteurs tant du secteur public que non public (insuffisance du personnel de recherche et d’encadrement qualifié, • etc.);

Existence affirmée ;

d’une

volonté

politique

Effectivité du processus de décentralisation avec des initiatives d’intercommunalité ; Existence de structures publiques et privées de promotion des exportations (CCIB, ADEx, CBCE, CNEx, etc.) ; Existence de plusieurs études faisabilité sur plusieurs filières ;

de

Inexistence de mécanismes formels de sécurisation du • foncier rural ;

Inorganisation de la collecte, de la conservation et de la commercialisation des produits agricoles;

Emergence progressive de cadres de concertation des acteurs de certaines filières (coton, anacarde, ananas, aviculture, riz, palmier à huile) ;

Enclavement d’un grand nombre de zones de • production et difficultés d’accès aux marchés de collecte ;

Possibilités de débouchés au niveau national et dans la sous-région pour les produits transformés ;

Exiguïté du marché intérieur et concurrence sauvage • des produits anarchiquement importés ;

Non maîtrise des techniques relatives à la qualité et à la traçabilité des produits d’exportation ;

Existence d’un réseau de marchés à bétail autogérés et proximité d’un grand marché extérieur constitué par le Nigeria ;

Insuffisance de collecte et de traitement de données statistiques sur les différents sous-secteurs agricoles ;

Absence d’informations fiables sur les opportunités d’affaires en matière d’investissements dans les filières.

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Mutation dans les habitudes alimentaires favorable à la diversification agricole

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Contraintes et atouts d’ordre spécifique Contraintes/Faiblesses

Atouts/Opportunités Production végétale

Faible disponibilité de matériel végétal amélioré au • niveau des producteurs ;

Non disponibilité d’intrants spécifiques à part le coton ;

Forte pression parasitaire, notamment sur le manioc, le • niébé et les cultures maraîchères ;

Non maîtrise des techniques de traçabilité et de • qualité ;

Insuffisance d’unités performantes de transformation ;

Infrastructures de conditionnement inappropriées à l’aéroport et au port surtout pour les fruits et légumes ;

Circuits de commercialisation peu structurés ;

Frets et taxes d’exportation très élevés (cas de l’ananas).

Résultats de la Recherche disponibles (variétés améliorées, paquets techniques) pour maïs, manioc, riz, coton, palmier, etc. Emergence de petites unités autonomes de transformation locale ; Existence de grandes écologiques favorables cultures ;

zones agroà certaines

Important potentiel exploitable en basfonds, plaines inondables et puits artésiens ;

Création de semenciers.

réseaux

privés

de

Production animale •

Faible productivité laitière des vaches locales ;

Persistance de certaines épizooties et émergence de nouvelles (peste porcine, grippe aviaire, etc.) ; •

Faible niveau d’intensification et de diversification des productions animales ;

Fluctuation saisonnière des disponibilités en pâturages et points d’eau

Possibilité de constitution de réserves fourragères ; Cheptel national composé en majorité d’animaux rustiques bien adaptés aux différents écosystèmes et aux systèmes de production.

Production halieutique •

Etroitesse du plateau continental (13 miles nautiques) ;

Faible adhésion réglementaires ;

Existence de sites propices développement de l’aquaculture ;

Ecosytèmes fluvio-lacustres favorables à la pisciculture en enclos, en étangs et en cages flottantes ;

• •

des

pêcheurs

aux

mesures

Manque d’informations pertinentes sur l’état des stocks et à l’élevage des crevettes ; • Faible disponibilité des intrants piscicoles (alevins, provendes, etc.) ; •

Prolifération des végétaux flottants sur les plans d’eau ;

Prolifération d’engins et méthodes de pêche prohibés.

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au

Existence de retenues d’eau ; Industrie crevettière locale dynamique.

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Contraintes/Faiblesses

Atouts/Opportunités Forêts et Faune

Faible participation des populations à la gestion des • ressources naturelles et des aires protégées ;

Mauvaise gestion des ressources forestières et fauniques ; •

Insuffisance d’organisation des acteurs du secteur touristique. •

Emergence de structures villageoises dynamiques de gestion participative des forêts ; Institutionnalisation de la Journée de l’Arbre et de la Campagne de Reboisement ; Existence de dispositif de surveillance continue du couvert végétal et d’outils modernes de gestion des aires protégées

Recherche et Conseils Agricoles •

Organes d’orientation et de décision peu fonctionnels

Faible synergie entre les structures (secteur public, ONG et autres) intervenant dans la vulgarisation agricole ;

Faible niveau d’alphabétisation des producteurs ;

Insuffisance d’appuis matériel et technique aux structures en charge de la coordination et de l’appui à • la filière semencière ;

Mise en place des organes de concertation entre la recherchedéveloppement, la vulgarisation et les producteurs agricoles

Existence de paquets technologiques adaptés (résistance du palmier à huile, procédés d’extraction d’huile, etc.) ;

Capacités d’intervention et d’action assez limitées

Harmonisation progressive des approches de vulgarisation développées par les différents acteurs

Financement Rural •

Offre de crédit et de services financiers à • l'investissement productif à la fois très insuffisante et inadéquate; • Inexistence d’Assurance agricole et des fonds de gestion des calamités.

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Existence d’une forte demande pour le financement du secteur ; Libéralisation des économies et libre commercialisation des produits ;

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Contraintes/Faiblesses

Atouts/Opportunités

Infrastructures et équipements de base •

Absence de mesures incitatives pouvant susciter • l’intérêt du secteur privé ;

Coût élevé des investissements de base et des équipements ;

Manque ou insuffisance de modèles technologiques d’irrigation individuelle et privée

Faible capacité de fabrication locale des pièces de rechange et des machines agricoles ;

Faible connaissance de l’état du réseau des pistes ;

difficultés d’entretien des pistes rurales par les bénéficiaires ;

Faible capacité d’intervention des PME.

Réseau hydrographique dense et assez bien réparti, exploitable pour la réalisation de petites retenues d’eau à but agropastoral ;

Savoir-faire endogène des producteurs dans la réalisation des aménagements;

Existence de plus en plus de structures locales d’importation, de fabrication et de réparation de matériels agricoles ;

Existence d’un cadre de régulation, de concertation et de coordination des activités de développement des pistes rurales/ agricoles (CNTR).

Maîtrise de l’eau •

Appauvrissement continu des sols et dégradation du potentiel productif ;

Coûts élevés des investissements ;

Non maîtrise des techniques de pilotage de l’irrigation et faible niveau d’ingénierie ;

Faible niveau du conseil agricole apporté aux irrigants ;

Forte maîtrise foncière ;

Mécanisation agricole •

Coût élevé des équipements ;

Conditions actuelles d’exploitation inadaptées à la motorisation ;

Utilisation irrationnelle du matériel existant ;

Absence de service après vente ;

Non maîtrise des paramètres d’adaptation des équipements importés aux conditions agro-écologiques du pays.

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3.7 Objectifs, politique, stratégies et programmes sectoriels La mission du Ministère de l’Agriculture de l’Elevage et de la Pêche est d’accroître la contribution du secteur agricole à la formation du PIB par la création de conditions favorables à l’amélioration des revenus agricoles et du niveau de vie des populations. Les objectifs retenus en matière de développement rural sont précisés dans la Déclaration de Politique de Développement Rural (DPDR, 1999) et le Schéma Directeur de Développement Agricole et Rural SDDR, 2000) en ces points : •

le renforcement de la participation du secteur au rétablissement des équilibres macro-économiques, à la création d’emplois et à la valorisation des potentialités agro-écologiques ;

la contribution à l’amélioration du niveau de vie des populations, par l’augmentation du pouvoir d’achat des producteurs, la lutte contre la pauvreté, le contrôle de la qualité et l’innocuité des aliments ;

le maintien de la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans un contexte de forte croissance démographique estimée à 3,2% l’an ;

la diversification agricole et l’augmentation de la productivité ;

la conservation du patrimoine écologique ;

l’amélioration des rapports hommes/femmes au sein des communautés rurales suivant l’analyse « Genre et développement ».

Le plan stratégique opérationnel (PSO), approuvé en août 2000, résume le SDDR et en reprend les différents points sous une forme opérationnelle. Il traduit la stratégie globale en action de mise en œuvre de la politique nationale de développement rural. Il se décline en 14 plans d’action sous-sectoriels et transversaux1. Un regroupement des plans d’action est initié pour une meilleure préparation et présentation d’un Cadre de dépense à moyen terme (CDMT) contenant cinq programmes du budget programme du Ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche à savoir : (i) l’amélioration de la productivité agricole, (ii) les infrastructures rurales, (iii) la gestion durable des ressources naturelles, (iv) l’appui au développement des marchés agricoles et (v) l’administration et la gestion des services. Les objectifs et les stratégies du Bénin pour le développement agricole s’inscrivent dans le cadre de la Stratégie de réduction de la pauvreté et cadrent avec ceux des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) et plus particulièrement avec ceux du Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (NEPAD). Dans le cadre du Programme détaillé pour le développement de l’agriculture en Afrique (PDDAA) qui constitue le volet agricole du NEPAD, le Bénin a élaboré un Programme national d’investissement à moyen terme (PNIMT) validé en février 2004 qui a défini les priorités suivantes : (i) amélioration des infrastructures rurales (ii) promotion de l’aménagement de bas-fonds et de petits périmètres irrigués ; (iii) diversification des exportations et (iv) augmentation de la productivité en agriculture. Le PNIMT n’a pas encore connu sa mise en œuvre. L’approche programme prend de plus en plus de place dans l’approbation des interventions, en vue d’assurer une meilleure cohérence des efforts de développement et une meilleure utilisation des ressources. L’approche participative est aussi devenue une règle dans la conception comme dans l’exécution des projets. Par ailleurs, la mise en oeuvre des processus d’appropriation au niveau des OP et la contractualisation d’opérations à des organes de statut privé (ONG, bureaux d’études locaux et autres), sont désormais privilégiées dans les stratégies d’intervention. 1

Il s’agit de : (1) Appui aux Organisations paysannes, (2) Appui institutionnel au MAEP, (3) Diversification de la production agricole, (4) Conservation, transformation et commercialisation des produits agricoles, (5) Elevage, (6) Pêche, (7) Financement rural, (8) Législation rurale et des produits agricoles, (9) Gestion des ressources naturelles et fertilité des sols, (10) Infrastructures rurales, (11) Genre et Développement, (12) Communication et information rurale, (13) Suivi et évaluation, (14) Vulgarisation et formation.

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3.8 Orientations stratégiques Les axes stratégiques d’intervention sont actuellement de trois ordres à savoir : •

la promotion des filières ;

l’amélioration des systèmes de production et de productivité ;

les actions d’accompagnement et d’appui à la production.

3.8.1 Promotion des filières agricoles Elle concerne principalement les spéculations suivantes : ananas, anacarde, maïs, manioc, cultures maraîchères, riz, palmier à huile, volaille, aulacode, lait, œufs, crevettes, production forestière et faunique. a) Objectifs spécifiques par filière à l’horizon 2011 Production végétale •

Stabiliser la production de coton graine à au moins 600.000 tonnes ;

Tripler le niveau de production actuel de l’ananas béninois en le faisant passer de 110 000 tonnes à au moins 400 000 tonnes tout en améliorant sa qualité et sa compétitivité ;

Passer de 40.000 à 60.000 T de noix d’anacarde tout en oeuvrant pour améliorer la compétitivité des, amandes et le développement d’autres sous produits, notamment la pomme ;

Accroître la production de maïs pour passer de 841.000 tonnes en 2005 à 1.100.000 tonnes, de manière à atteindre un solde vivrier d’au moins 250.000 tonnes;

Accroître de 20% la production de manioc et renforcer les unités de transformation en vue d’approvisionner les marchés nationaux, régionaux et internationaux en quatre principaux produits: le gari, les cossettes de manioc, la farine de manioc et l’amidon dont le tapioca ;

Accroître la production nationale du riz à travers l’amélioration du rendement (passer de 02 tonnes à 05 tonnes à l’hectare) pour atteindre une production croisière de 70.000 tonnes;

Porter la production de noix de palme à plus de 400.000 tonnes grâce à la modernisation des plantations villageoises de palmier à huile ;

Couvrir à 100% la demande locale en produits maraîchers.

Production animale •

Accroître la production de viande de 45% afin de réduire le déficit des besoins en viande de 30%;

Porter la production de viande de poulet de 20.000 tonnes environ en 2005 à 30.000 tonnes en 2010 afin de réduire les importations de plus de 50% ;

Porter la production de lait de 85.000 tonnes en 2005 à 124.000 tonnes en 2010 ;

Porter la productivité par poule pondeuse de 220 à 250 œufs par an pour réduire considérablement et supprimer progressivement les importations.

Productions halieutiques •

Réduire les importations en poissons de 20% grâce aux produits d’aquaculture ;

Porter le niveau d’exportation des crevettes actuellement de 700 tonnes à 900 tonnes.

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Productions forestières et fauniques •

Accroître la production du bois d’œuvre de 50.000 m3 en 2005 à 150.000 m3 ;

Accroître la production annuelle de bois énergie de 6.000.000 à 12.000.000 de tonnes ;

Valoriser économiquement la faune sauvage à travers la mise en œuvre des plans d’aménagement participatif des parcs nationaux et réserves de faune.

b) Résultats attendus •

Les capacités techniques, organisationnelles et de gestion des acteurs des filières sont renforcées ;

Les coûts de production des spéculations sont maîtrisés ;

Les services performants et les intrants de qualité sont disponibles et accessibles aux acteurs des filières,

Un système de crédit adapté est mis en place,

Les unités de transformation spécifiques et fonctionnelles sont implantées dans les zones de production,

Les dispositifs de réglementation et de contrôle de qualité pour la traçabilité des divers produits agricoles sont opérationnels

Les plans d’aménagement participatif des plantations domaniales, des forêts classées et les plans fonciers ruraux de leurs terroirs riverains sont mis en œuvre, suivis et évalués.

Le cadre institutionnel restructuré est opérationnel

Un fonds fiduciaire pour la conservation de la biodiversité des Aires Protégées et des écosystèmes fragiles est mis en place

Les potentialités touristiques (biodiversité) des Aires Protégées sont valorisées.

c) Actions à court et moyen termes Filières végétales Actions à mener Spéculations Court terme Maïs

Ananas

Encadrer les producteurs pour la mise en œuvre des itinéraires techniques appropriés

Rendre disponibles les semences améliorées et engrais spécifiques

Renforcer l’encadrement des producteurs (recrutement, formation et suivi des producteurs);

Rendre disponibles les intrants spécifiques et les rejets;

Unités de transformation (séchage, jus.)

Moyen terme •

Promouvoir les infrastructures de stockage et les technologies de transformation pour de nouveaux dérivés

Mettre en place un système national de traçabilité

Créer de conditions favorables à l’exportation de l’ananas (fret maritime, et aérien, quai fruitier au port de structure de contrôle de qualité)

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Anacarde

Manioc

Cultures maraîchères

Promouvoir la commercialisation groupée ;

Appuyer la mise en place de champs semenciers,

Renforcer les capacités d’intervention et d’organisation et des acteurs

Appuyer l’acquisition d’équipements performants de production et de transformation

Organiser des formations sur les itinéraires techniques et la démarche qualité/traçabilité

Réglementer l’organisation des marchés de collecte primaire

Rechercher de nouveaux débouchés découlement des dérivés du manioc

Appuyer la mise en place d’organisations professionnelles bien structurées

Développer les technologies de transformation appropriées

Promouvoir le maraîchage intensif sous irrigation

Aménager les sites propices (basfonds, vallées, plaines inondables)

Promouvoir l’installation d’unités semi industrielles

Etablir et promouvoir le Label gariBénin

Mettre au point des semences adaptées et de qualité,

Organiser l’approvisionnement en intrants

Riz

Palmier à huile

Faciliter l’accès à la formation adaptée et à l’information des producteurs

Susciter l’organisation des producteurs pour leur professionnalisation ;

Diffuser les informations sur les conditions de stockage et la conservation des produits maraîchers

Assurer la formation des producteurs et d’autres acteurs sur les normes et systèmes de qualité

Renforcer le développement organisationnel des producteurs

Renforcer le développement organisationnel des producteurs

Faire adopter le riz NERICA et le paquet technologique approprié

Production Semences au niveau des producteurs

installation d’unités de décorticage et appui à la mise en marché

Promouvoir et moderniser les plantations villageoises afin de satisfaire les besoins nationaux et sous-régionaux

Réhabiliter les plantations industrielles

Organiser le circuit d’approvisionnement et de distribution d’intrants spécifique

Poursuivre les appuis aux palmeraies villageoises (recherchedéveloppement)

Mettre en œuvre des plans d’abattage et de renouvellement des plantations

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Filières animales Spéculations

Viande

Lait

Œufs

Actions à mener Court terme

Moyen terme

Mettre en œuvre la phase préparatoire du Plan d’Intervention d’Urgence contre la grippe aviaire

Mettre en place des structures de production, de conservation et de distribution des aliments de bétail

Renforcer l’appui de la RechercheDéveloppement

Renforcer les capacités techniques et de gestion des éleveurs

Mettre en place des unités d’abattage, de transformation et de conservation des produits d’élevage ;

Appuyer l’organisation des acteurs de la filière

Réorganiser les marchés pour la transparence des transactions ;

Améliorer les circuits de commercialisation

Renforcer les programmes d’amélioration génétique des races locales.

Améliorer les conditions des élevages encadrés

Renforcer les actions d’amélioration génétique

Améliorer la transformation et la commercialisation des produits laitiers ;

Mettre en place un système de financement adapté aux élevages laitiers ;

Renforcer les capacités techniques et organisationnelles des professionnels de la filière ;

Renforcer l’appui de la RechercheDéveloppement

Renforcer le dispositif d’encadrement des éleveurs ;

Mettre en place d’un système de collecte et de transformation du lait.

Mettre en place l’interprofession de la filière avicole

Promouvoir la qualité de l’aviculture moderne

Renforcer les capacités techniques et de gestion des professionnels de la filière

Renforcer l’appui diagnostic vétérinaire

Mettre en place un système de crédit adapté à l’aviculture moderne

Organiser la commercialisation des produits avicoles

Mettre en place des mesures fiscales incitatives et encourager la création de centrales d’approvisionnement

Mettre en place un système de traçabilité des produits avicoles

Mettre en place un observatoire des productions avicoles

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Filières halieutiques Spéculations Actions à mener Court terme Poissons

Mettre en œuvre les plans de gestion et d’aménagement des plans d’eau

Améliorer la production piscicole traditionnelle (technologies adaptées)

Crevettes

Moyen terme

Renforcer les capacités techniques et organisationnelles des pêcheurs et mareyeuses

Mettre en place un système de traçabilité des produits halieutiques

Renforcer les capacités de l’Autorité compétente

Mettre en place des stations pilotes d’élevage des crevettes

Améliorer les techniques traditionnelles d’ostréiculture

Mettre en place des sites pilotes d’élevage moderne des huîtres

et autres

Renforcer le contrôle de l’exploitation des ressources halieutiques

Promouvoir la pisciculture intensive (itinéraires techniques, appui aux infrastructures et aux équipements)

Mettre en œuvre un plan de valorisation des poissons (transformation et commercialisation)

Orienter les pêcheurs vers de nouveaux stocks halieutiques

Négocier à bon escient les accords bilatéraux de pêche maritime

Appuyer la mise en place et la promotion des infrastructures et matériels de crevetticulture au niveau paysan

Renforcer les capacités techniques et organisationnelles des professionnels de la filière

Forêts et Faune Spéculations ou domaines Bois (Teck, Fraké Samba, etc.)

Actions à mener Court terme

Moyen terme

Réhabiliter des plantations domaniales au Sud et Centre Bénin

Réaliser l’inventaire forestier national ;

Promouvoir les technologies de gestion de plantation et de production de bois énergie ;

Appuyer la création de marchés ruraux de bois énergie ;

Mettre en œuvre un programme d’enrichissement en bois d’œuvre des forêts naturelles et domaniales, des plantations communales et privées ;

Promouvoir les plantations forestières et agro - forestières

Elaborer et diffuser les techniques appropriées de production de bois d’œuvre; Elaborer un schéma directeur d’approvisionnement en bois énergie des huit plus grands centres urbains

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Actualiser les plans d’aménagement des plantations de bois de feu

Appuyer la promotion et l’organisation de petites entreprises de transformation du bois

Autres produits • ligneux

Faune

Autres

Réhabiliter les anciennes plantations d’anacarde installées dans le domaine classé de l’Etat ;

Mettre en œuvre les plans d’aménagement participatif existants

Actualiser la stratégie de conservation et de gestion de la biodiversité des Aires Protégées ;

Mettre en place un fonds fiduciaire opérationnel pour la conservation des Aires Protégées ;

Réhabiliter les infrastructures dans les Aires Protégées ;

Promouvoir les activités de la femme dans l’exploitation et la valorisation des ressources forestières et fauniques ;

Organiser un appui technique aux Communes dans la gestion des ressources naturelles renouvelables de leur territoire

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dans les zones cotonnières et dans les zones soumises à l’érosion et à la sahélisation ; •

Elaborer et mettre à disposition des plans simples de gestion de forêts privées de bois de feu

Concevoir et mettre en œuvre un programme foresterie urbaine ;

Elaborer et adopter de nouveaux plans d’aménagement participatif des forêts classées ;

Créer de nouvelles Aires Protégées ;

Développer un cadre de partenariat national et international en matière de conservation et de gestion de la biodiversité des Aires Protégées ;

Mettre en œuvre une stratégie de valorisation de la biodiversité des Aires Protégées aux plans économique, scientifique, touristique, thérapeutique et artisanal ;

Mettre en place un système d’information écologique et forestier national

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3.8.2 Amélioration des systèmes de production et de la productivité a)

Objectifs visés • Rendre fonctionnels les services de vulgarisation et conseil agricole du secteur public et faire la promotion de ceux du secteur privé ; • Rendre disponibles les innovations technologiques pour répondre aux préoccupations d’amélioration des productivités et de promotion des filières ; • Assurer la disponibilité des semences, plants et géniteurs de qualité pour les productions animales, halieutiques et végétales ; • Promouvoir l’utilisation rationnelle des matériels et équipements agricoles au niveau des opérations de production et de transformation ; • Augmenter les capacités de production par la maîtrise de l’eau ; • Désenclaver les zones de production agricole et favoriser l’accès aux marchés ; • Assurer la constitution de stocks de sécurité et la possibilité d’accès à tout moment aux denrées de base à des prix abordables.

b)

Résultats • Des référentiels technico-économiques accessibles aux producteurs sont élaborés et diffusés ; • Les variétés à haut rendement et adaptées à chaque zone agro écologique sont disponibles ; • Les services de vulgarisation et de conseil agricoles sont efficacement assurés ; • Les structures d’appui à la mécanisation agricole sont mises en place et/ou sont renforcées ; • La pluriculture annuelle est développée ; • Les produits agricoles sont rapidement évacués à moindres coûts sur les marchés ; • Les prix et les flux des denrées de base sont régulés tout au long de l’année.

c)

Actions à court et moyen terme

Au niveau de la recherche agricole A court terme • réaliser un bilan des acquis de recherche et les conditions de leur application immédiate pour le développement des filières porteuses ; • documenter les marchés potentiels de placement des filières cibles ; • actualiser les documents de programmes de recherche régionaux axés sur les cultures vivrières et de rente ainsi que sur les productions animales et halieutiques; • élaborer les programmes sectoriels de recherche axés sur les essences forestières, les plantes pérennes et les cultures industrielles et sur la technologie agricole et alimentaire.

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A moyen terme • créer le mécanisme de financement durable de la recherche agricole nationale ; • mettre en œuvre le plan de gestion des ressources humaines (formation et motivation) ; • mettre en œuvre les programmes régionaux et sectoriels intégrant la recherche sur la mécanisation et la gestion de l’eau ; • assurer la capitalisation et la valorisation des acquis de recherche ; • renforcer la synergie des activités de recherche entre le Système National de Recherche Agricole et les Centres Internationaux de Recherches Agricoles ; • réaliser les études d’impacts des acquis de recherche sur le développement socio-économique du Bénin afin d’opérer les réajustements nécessaires.

d)

Au niveau de la vulgarisation et conseil agricoles

A court terme • achever la mise en place du cadre institutionnel des CeRPA et le rendre fonctionnel ; • promouvoir le partenariat entre les différents acteurs impliqués dans la vulgarisation et le conseil agricole (OP, ONG, secteur public) ; • mettre en place des mesures d’accompagnement au profit des producteurs et autres acteurs pour faciliter l’adoption des technologies ; • faire utiliser des NTIC dans la vulgarisation/Conseil agricole ; A moyen terme • poursuivre le renforcement de capacités des services de vulgarisation et du partenariat entre le secteur public et privé ; • évaluer l’adoption des technologies vulgarisées ; • poursuivre la mise en œuvre des divers types de conseil agricole.

e)

Au niveau de la filière semencière

A court terme • élaborer le cadre institutionnel et règlementaire de la filière; • mettre en œuvre un système d’immatriculation formelle des producteurs de semences ; • renforcer les capacités techniques et organisationnelles des acteurs ; • élaborer le programme de production et de distribution des semences ; • élaborer et mettre en œuvre un plan de marketing et de commercialisation des semences améliorées.

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A moyen terme • conduire une étude prospective d’évaluation des besoins en semences agricoles ; • renforcer la capacité entrepreneuriale des producteurs de semences ; • améliorer l’accès à des semences de base en quantité et en qualité ; • mettre en œuvre un système de programmation de production semencière ; • mettre en place un système de centralisation et de diffusion des informations sur les semences ; • renforcer les capacités d’analyse et de contrôle de la qualité des semences.

f)

Dans le domaine de la mécanisation agricole

A court terme • Renforcer les capacités techniques et de gestion des acteurs (recrutement, formation, équipements) ; • Mettre en place et faire fonctionner le cadre institutionnel de promotion de la mécanisation (Conseil National de Mécanisation, Agricole Agence Nationale d’Appui à la Mécanisation Agricole) ; • Initier la révision de certaines dispositions du code des investissements en vue du renforcement des mesures incitatives à la mécanisation de l’agriculture ; • Créer un centre d’étude et d’expérimentation en mécanisation agricole ; • Mettre en place un partenariat actif entre les différents acteurs de la vulgarisation et entre services publics et privés, les organismes de recherche et les fabricants de matériels ; • Procéder à la certification des prototypes d’équipements ; • Elaborer et vulgariser le cahier de charges pour la création des CEMA ; • Diversifier et étendre les fonctions traditionnelles des équipements agricoles par la mise en place au niveau de chaque village d’une Plate Forme Multifonctionnelle (PFM) ; • Mettre en place, cinq (5) unités de transformation de tomate en purée. A moyen terme • Poursuivre le renforcement des capacités techniques et de gestion des acteurs (recrutement, formation moyens) ; • Faire fonctionner le Conseil National de Mécanisation Agricole ; • Alimenter le fonds de garantie et de bonification pour faciliter l’accès des opérateurs à des crédits adaptés (moyen et long termes) ; • Expérimenter et certifier les prototypes d’équipements ; • Favoriser l’installation des promoteurs (accréditation par structure technique compétente…) et l’émergence des autres types d’opérateurs ; • poursuivre la mise en place au niveau de chaque village d’une Plate Forme Multifonctionnelle : (PFM) en vue de diversifier et étendre les fonctions traditionnelles des équipements agricoles ; • Mettre en place quinze (15) unités de transformation de tomate en purée ; • Acquérir ou encourager l’acquisition de 1000 tracteurs (puissance comprise entre 20 et 50 chevaux) ; • Promouvoir le développement des unités de transformation des produits des filières agricoles organisées. L’agriculture béninoise, mai 2007, © CIPB

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g)

En matière de maîtrise de l’eau

A court terme • Renforcer les capacités d’intervention du personnel technique ; • Recenser les compétences privées nationales et régionales existantes ; • Inventorier et établir un répertoire cartographié des potentialités nationales (moyen et long termes) ; • Elaborer et diffuser les normes techniques de conception des systèmes d’irrigation par zone agro écologique homogène ; • Concevoir et mettre en place un système de financement adapté ; • Mettre en œuvre le programme national de promotion de l’irrigation privée ; • Poursuivre l’exécution des projets à financement acquis (PAPPI : 2100ha, PAHV-Mono : 350 ha, PAHV-Sota : 400 ha) ; • Réaliser l’étude de factibilité du projet d’appui au développement agricole de la vallée de l’Ouémé (60.000 hectares) ; • Rechercher et trouver le financement du projet de construction de 60 retenues d’eau à but agropastoral. A moyen terme • Réhabiliter les anciens périmètres irrigués ; • Construire 200 petits barrages collinaires à but agropastoral à raison de 20 par an ; • Mettre en œuvre la phase pilote du Projet d’Appui au Développement Agricole de la Vallée de l’Ouémé : 6000 hectares d’aménagement hydroagricole, 5O retenues d’eau, 100 hectares d’étangs piscicoles, 50 hectares d’enclos pour l’aquaculture, 550 km de pistes rurales, 100 hectares de cultures fourragères ; • Rechercher le financement et mettre en œuvre le Programme d’appui Au Développement Agricole de la Vallée de l’Ouémé (PADAVO) ; • Etablir les schémas directeurs d’aménagement des principaux bassins hydrographiques du pays ; • Coordonner et contrôler les projets d’aménagement hydroagricole ; • Promouvoir l’agriculture urbaine et péri urbaine irriguée selon l’approche Production, Protection Intégrée (PPI) ; • Mettre en œuvre le programme national de promotion de l’irrigation privée 10.000 hectares à raison de 1000 ha par an ; • Créer au niveau de chaque bassin hydrographique une agence de gestion dénommée « Autorité de Mise en Valeur » ; • Poursuivre le renforcement des capacités des acteurs.

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h)

Pour l’amélioration de la desserte rurale

A court terme

• Poursuivre le Programme de Réhabilitation et d’Entretien des Pistes Rurales dans les départements du Borgou, de l’Alibori, du Zou et des Collines ;

• Poursuivre l’identification d’un nouveau projet à soumettre au 9ème FED et veiller à son instruction ; • Susciter une réflexion nationale sur la problématique de la contribution des bénéficiaires aux projets d’infrastructures communautaires au Bénin ;

• Réaliser l’entretien sommaire des pistes agricoles pour l’évacuation de la production cotonnière campagne 2007-2008 (1200 km) ;

• Renforcer les capacités d’intervention de l’organe de contrôle (CNTR) et des autres acteurs (public, privé, collectivités décentralisées) ;

• Former les PME en matière de gestion rationnelle des chantiers ; • Procéder à la classification du réseau des routes et pistes de desserte rurale. A moyen terme

• Initier et mettre en œuvre un Programme de Réhabilitation et d’Entretien des Pistes Rurales dans tous les départements (2800 km) ;

• Réaliser l’entretien sommaire de pistes agricoles pour l’évacuation de la production cotonnière (2500km par an). i)

Concernant les conditions de stockage et conservation

A court terme • Réhabiliter et céder au secteur privé les structures de grande capacité de stockage (silo, magasin etc.) ; • Promouvoir le stockage décentralisé en s’appuyant sur les techniques endogènes ; • Renforcer les capacités de fabrication locale des structures de stockage ; • Vulgariser les résultats de la recherche sur la fabrication des équipements de conservation. A moyen terme Appuyer les Communes pour la construire et la cession au secteur privé des structures de stockage au niveau départemental.

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3.8.3 Actions d’accompagnement et appui à la production a)

Améliorer l’environnement institutionnel

De façon spécifique, des mesures institutionnelles ci-après méritent d’être prises.

Forêt et faune Prendre e n compte les communes dans la répartition des revenus générés par les forêts.

Productions animales et halieutiques • Revoir les procédures de contrôle sanitaire des produits halieutiques de façon à en assurer l’exercice par des professionnels ayant le profil requis et selon les normes ; • Mettre en place l’observatoire des pêches sous l’autorité de la Direction des Pêches.

Promotion des filières végétales : Seul le coton dispose d’une filière, mais qui souffre de problème de dysfonctionnement organisationnel. Deux orientations stratégiques s’imposent : • Assainir l’environnement institutionnel et organisationnel (organisations paysannes, distributeurs d’intrants, égreneurs, Gouvernement) pour le cas du coton ; • Mettre en place un cadre institutionnel bien structuré et fonctionnel pour les autres filières végétales. Recherche, Semences et Conseils agricoles • Il existe au Bénin des organes d’orientation et de décision (Conseil Scientifique, Comité National de la Recherche Agricole et Système National de la Recherche Agricole). La stratégie essentielle sera de les rendre fonctionnels ; • Par ailleurs, l’inexistence d’une politique en matière de biotechnologie et de gestion du patrimoine génétique en agriculture reste une insuffisance à combler.

b) Infrastructures et équipements de base : L’inexistence d’un code foncier national inhibe tout investissement d’aménagement hydro agricole. Assurer un financement rural approprié Conformément aux orientations stratégiques générales de la sous région, l’Etat doit assurer une mobilisation de ressources plus conséquente au profit du secteur agricole et atteindre au moins une affectation d’au moins 10 % du budget général de l’Etat. En outre l’accent devra être mis sur une meilleure mobilisation des ressources extérieures adaptées et une diversification des sources de financement en fonction des activités à mener. A cet égard, il convient de : • élaborer un code d’investissement agricole assorti d’un plan de financement ; • alléger les procédures de décaissements des fonds afin d’accroître les taux de consommations des crédits alloués ; • accorder une attention particulière aux investissements productifs et au renforcement du dispositif institutionnel. L’agriculture béninoise, mai 2007, © CIPB

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Face aux multiples risques liés à l’activité agricole, les axes stratégiques de financement viseront essentiellement à : • sécuriser le secteur agricole pour en faciliter son financement, à travers des mesures de concernent les débouchés, les prix, le taux d’intérêt, le foncier, la maîtrise de l’eau ; • inciter les institutions de micro finance (IMF) et les banques à financer l’agriculture ; •

mettre en place des fonds de garantie, des fonds d’assurance de récolte, et des fonds de calamité ;

• Faciliter l’accès des IMF aux informations sur la rentabilité des spéculations agricoles. Le financement durable de l’agriculture passe essentiellement par la création d’un Fonds National de Développement Agricole (FNDA) dont le mécanisme de mobilisation visera à : • Recenser les sources existantes de mobilisation de crédit (cordon douanier, etc.…) ; • Affecter les fonds issus des sources existantes au renforcement de l’agriculture par système de péréquation.

D’autres mesures seront utiles pour faciliter l’accès des petits producteurs aux crédits : • Intensifier la couverture géographique des IMF par de nouvelles implantations en zones agricoles enclavées. • Diversifier l’offre de crédit pour le financement des diverses spéculations agricoles. • Rendre professionnel chacun des acteurs : le producteur doit maîtriser l’itinéraire technique afin de rentabiliser sa production et l’IMF doit pouvoir apprécier la rentabilité de l’activité à financer au cours de l’étude des dossiers ; • Moderniser et sécuriser le secteur agricole pour le rendre efficace et rentable vis-à-vis des services financiers (disponibilité d’intrants spécifiques, mécanisme de soutien des prix, recherche de débouchés, etc.) ; • Créer des conditions incitatives à la diaspora et aux opérateurs privés pour des investissements dans l’agriculture ; • Mettre progressivement en place une politique de spécialisation régionale des filières.

c)

Renforcer les capacités d’organisation des acteurs

Il s’agira donc de renforcer les capacités de chaque acteur, en particulier les OPA qui généralement constituent le maillon faible. Instaurer la bonne gouvernance dans l’organisation et la gestion des filières agricoles nécessite de : • Faire adopter la loi coopérative par l’assemblée : (toilettage, harmonisation prendre des mesures en vue de l’application rigoureuse des textes ;

introduction) et

• Faire un audit général de la gestion des OPA et asseoir une politique de contrôle ; • Asseoir un mécanisme de suivi contrôle de la gestion des crédits intrants et du payement à la base ; • Mettre fin à l’impunité à tous les niveaux: (élaborer les normes, appliquer les sanctions, vulgariser les textes réglementaires).

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d)

Développer l’information et la communication

Les principaux axes retenus dans ce cadre consisteront à : • Produire et rendre disponible les informations statistiques fiables, désagrégées par genre sur le secteur agricole ; • Créer et animer un centre national de documentation sur l’agriculture ; • Créer et animer un site web sur l’agriculture béninoise ; • Développer un plan de communication multi-média impliquant les acteurs à divers niveaux.

e)

Mettre en place un système efficace de suivi-évaluation

Pour une bonne appréciation des performances de l’agriculture béninoise et dans le souci d’une obligation de résultats et de compte rendu, un système opérationnel de suivi évaluation du secteur s’impose et devra s’intégrer au dispositif de suivi du DSRP. Il s’agira d’élaborer et mettre en oeuvre un système de suiviévaluation axé sur les résultats. Le suivi évaluation du secteur devra permettre également des prises de décisions adéquates et faciliter la mobilisation de financement pour chaque sous secteur agricole. Le cadre de suivi évaluation devra s’articuler sur le suivi d’exécution des fonctions du Ministère et des projets et programmes au niveau des Directions Techniques, offices et sociétés sous tutelle et celle du suivi des effets et impacts qui s’appuient sur les statistiques agricoles au niveau central. Ceci appelle une consolidation des documents de politique et grands programmes du MAEP avec des cadres logiques conséquents.

f)

Accompagner le processus d’institutionnalisation de l’approche ‘‘Genre’’ (SIC)

L’approche « Genre et Développement » est envisagée dans les actions d’appui au monde rural pour réduire les inégalités et corriger le déséquilibre entre les couches défavorisées de la société. Les axes stratégiques sur lesquels les acteurs du secteur agricole pourraient se baser pour prendre en compte la dimension genre consisteront à : • améliorer l’accès des groupes défavorisés dont les femmes aux ressources productives et à l’emploi en (i) favorisant l’accès des femmes rurales à la terre de façon sécurisante, (ii) rendant le crédit plus accessible à elles et (iii) améliorant leur accès aux intrants agricoles ; • renforcer les capacités d’action des groupes défavorisés à travers (i) le renforcement d’éducation et de formation professionnelle des femmes rurales, (ii) le développement et le transfert des technologies appropriées en faveur des femmes rurales, (iii) le développement de l’information et de la communication pour un changement social, (iv) le renforcement des capacités d’organisation des femmes rurales et leur participation au sein des organes de gestion et de décision des OP et autres associations.

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3.9 Actions en cours Les actions en cours se récapitulent comme ci-après :

3.9.1 Sécurité alimentaire La satisfaction des besoins alimentaires est assurée essentiellement par l’agriculture familiale soutenue par les services de vulgarisation étatiques ou privés. Au cours des dix dernières années, il s’est développé une nouvelle classe d’agriculteurs qui produisent surtout pour le marché. Il s’agit des fermes de productions avicole, fruitière et des unités de transformation agricole. Le niveau actuel de production satisfait globalement les besoins en denrées de base. Cependant il subsiste des poches d’insécurité alimentaire. Pour y remédier, l’Etat a pris des dispositions à travers : • l’Office National d’Appui à la Sécurité Alimentaire (ONASA), qui outre la publication des prix des vivriers sur la plupart des marchés ruraux béninois, veille à la constitution des stocks tampons pour combler les déficits périodiques en vivres (maïs, riz, gari). • le Projet de Sécurité Alimentaire par l’Intensification Agricole (PSAIA) qui vise à l’amélioration du potentiel productif par l’aménagement et la mise en valeur de bas-fonds rizicoles et de petits périmètres maraîchers et rizicoles, l’intensification et la diversification des productions agricoles, le petit élevage et l’accès aux services financiers décentralisés.

3.9.2 Promotion des filières agricoles En matière de production végétale, douze (12) projets /programmes sont actuellement mis en œuvre et visent essentiellement à l’amélioration des rendements agricoles, l’accroissement des productions et la promotion et le développement des filières porteuses. A ce titre, le coton fait l’objet d’attentions particulières à travers divers projets et programmes dont les résultats restent mitigés. Pour les autres filières, notamment le manioc, l’ananas, l’anacarde et le palmier à huile et le riz, les actions menées sont encore d’envergure limitée, relevant beaucoup plus d’opérations pilotes portant sur : •

la formation des producteurs et fourniture des intrants pour la production de matériel végétal amélioré de maïs et de manioc ;

la réalisation d’études et de travaux d’aménagement de bas fonds et de petits périmètres irrigués pour le riz et diffusion de la variété NERICA ; l’amélioration variétale et la mise au point de techniques culturales, la formation des producteurs d’anacarde et des maraîchers ; •

la sélection des variétés adaptées aussi bien pour des plantations industrielles et des plantations villageoises de palmier à huile, l’installation d’un grand nombre de pépiniéristes privés agréés et l’expérimentation des technologies de transformation ;

la recherche des sources d’approvisionnement des intrants spécifiques pour l’ananas et la formation des formateurs et des producteurs d’ananas.

Au niveau des productions animales, la plupart des projets ayant permis d’amorcer la promotion des filières animales (PDE, PPEAS, PDEBE, PADEB) à travers des appuis aux AGR, à la formation, à l’information, à la santé animale, etc., sont à terme sans perspective de relève évidente. Une des faiblesses du système se rencontre dans l’exercice de la fonction vétérinaire en clientèle privée. Les efforts en cours portent sur l’appui à l’aviculture moderne et traditionnelle, ainsi que l’élevage des petits ruminants et des initiatives de production laitière. La problématique de sauvegarde du patrimoine zoo génétique géré par diverses fermes d’Etat reste entière. Il convient de mentionner les actions en cours relatives à l’élaboration d’un Projet d’Appui à la Prévention et à la Lutte contre la Grippe Aviaire (PAPLGA) et d’un plan d’intervention d’urgence de prévention et de préparation à la riposte contre la grippe aviaire. L’agriculture béninoise, mai 2007, © CIPB

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Dans le domaine des productions halieutiques, la lutte contre les pratiques illicites sur les plans d’eau etc., reste une des tâches préoccupantes. Trois projets viennent en appui aux communautés des pêcheurs pour un renforcement des capacités institutionnelles, organisationnelles et de gestion des plans d’eau. Par ailleurs, les questions de traçabilité prennent de l’importance et exigent la mise en place de dispositifs adéquats, avec un personnel formé et informé des nouvelles normes en vigueur. Les actions en cours ou envisagées visent entre autres, la rationalisation de la gestion des plans d’eau, l’encadrement et l’appui pour la gestion d’infrastructures piscicoles en vue de la production de poisson et la valorisation des produits par la mise en place d’un système d’assurance qualité des produits halieutiques. Sur le plan de la production forestière, six projets /programmes sont actuellement mis en œuvre et visent à : •

inventorier les ressources et élaborer des cartes d’utilisation des terres dans l’optique d’un plan global d’aménagement de l’espace rural ;

renforcer la capacité d’intervention de la Direction des forêts et ressources naturelles et de ses structures déconcentrées ;

promouvoir l’adhésion des populations à la gestion durable des ressources forestières et fauniques, ainsi qu’à la promotion du reboisement et de l’agroforesterie ;

intégrer la gestion environnementale dans le conseil agricole.

Les actions actuelles permettront à terme de (i) restaurer certaines anciennes plantations d’anacarde, (ii) enrichir les forêts naturelles, (iii) disposer d’ici 10 ans de 14 000 ha de teck aménagés pour la production de 50 000 m3 de bois d’œuvre, de 12 500 perches et de 20 000m3 de bois de feu, (iv) fournir 536 500 plants dans les terroirs riverains. Dans le cadre de la mise en place d’un régime fiscal favorable pour le bois de feu et le charbon, des textes de loi concernant l’imposition sur les produits forestiers et leur exportation sont soumis à l’Assemblée Nationale. L’organisation des filières bois (bois d‘œuvre, bois de service et bois énergie) est à faire incessamment, pour donner plus d’intérêt aux forêts, une fonction de production durable.

3.9.3 Appuis divers à la production La Recherche agricole : La génération des technologies agricoles par la recherche est soutenue par le programme « Appui aux Programmes de Recherches Agricoles » (APRA), et se fait à travers la mise en exécution d’une centaine de protocoles par an qui aborde les spéculations et domaines aussi variés que sont : cultures maraîchères, coton, igname, fertilité sol et lutte anti-érosive, riz, anacardes, foresterie, bananiers et plantains, palmier à huile, cocotier, ananas, ruminants, poissons, crevettes, aulacodes, volaille, niébé, manioc, maïs. Au regard de la persistance de certaines contraintes identifiées avec les producteurs et des difficultés d’adoption des technologies introduites en pré-vulgarisation, l’INRAB et ses structures décentralisées orientent davantage leurs actions à partir d’une connaissance régulièrement actualisée des systèmes d’exploitation locaux. Les nouveaux référentiels technico-économiques devront en tenir compte. Les Services de vulgarisation/conseil agricole : Le système national de vulgarisation agricole basé sur l’Approche participative niveau village (APNV) introduite en 1996, bien qu’étant reconnue comme une excellente méthode pouvant susciter une demande structurée et planifiée de la part des producteurs, est confrontée aux difficultés de ressources humaines insuffisantes et de ressources financières peu adéquates. D’autres formules novatrices impliquant les OP, les ONG et des Bureaux d’Etudes sont en expérimentation, avec des résultats assez mitigés. L’option actuelle est la mise en place de Conseils d’exploitation est en cours pour insuffler une nouvelle dynamique d’encadrement des producteurs. Cinq projets /programmes soutiennent les actions mises en œuvre qui portent sur la mise au point des outils et méthodes de conseil agricole, l’appui à la formation opérationnelle, l’organisation et le suivi-évaluation du conseil agricole.

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Filière semences : Dans le domaine de la production semencière, comme actions en cours on peut citer : • la fourniture en matériel végétal de pré-base et de base pour le manioc, l’igname, le maïs, le riz, le niébé par l’INRAB relayé par les paysans semenciers ; • la production de semences de coton ; • l’appui à la production de semences certifiées de riz et d’anacarde ; • la production des plants sélectionnés de palmier à huile et de cocotiers ; • l’appui aux producteurs de semences de base de maïs et de boutures de manioc. Mécanisation agricole : Les actions en cours portent sur : • la mise au point de matériels de transformation des produits agricoles (riz, palmier à huile, manioc, karité, tomate) ; • la dotation des Centres d’Exploitations de Machines Agricoles (CEMA) en création et des CUMA avec 60 tracteurs agricoles et accessoires ; • l’appui aux initiatives privées pour la mécanisation de certaines opérations culturales : • Centre d’Appui à la Mécanisation Agricole du Riz (CAMAR) à Glazoué ; •

20 Coopératives d’Utilisation des Matériels Agricoles (CUMA), dont quinze (15) équipées, dans les Départements du Borgou et de l’Aliboron ;

• mise en place de structures privées de prestation de services ; • fourniture de matériels de mécanisation (attelage complet, divers équipements pour la transformation des produits agricoles) par la Coopérative Béninoise de Matériels Agricoles et autres équipementiers. Maîtrise de l’eau : Cinq projets initiés pour la maîtrise de l’eau à des fins agricole, pastorale et piscicole sont actuellement à différents stades d’exécution. Par ailleurs, les études des projets ci-après sont terminées depuis quelques années et nécessitent d’être actualisées : • Projet de réhabilitation des terres agricoles dans les régions de Dangbo et d’Adjohoun ; • Projet de construction de petits barrages collinaires à but agro pastoral ; •

Projet de Développement Agricole de la Vallée de l’Ouémé. L’étude de factibilité de ce projet qui a été soumis à la Table Ronde de novembre 2005, est en négociation avec la FAO et l’AFD.

Structures de stockage et conservation : Les actions menées au cours de la dernière décennie ont permis d’établir des référentiels technico-économiques sur les structures de stockage, les procédés de transformation et les équipements appropriés. Mais la grande masse des petits producteurs et transformateurs/trices, malgré les efforts d’innovation technologique observés par endroits, se contentent de procédés artisanaux ou semiartisanaux qui limitent du coup la compétitivité sur les marchés. Les actions se poursuivent à travers la mise au point de nouvelles technologies de stockage et de conservation des produits (greniers fermés en terre adaptés pour le maïs et les cossettes, cases paillotes pour l’igname en frais). Les silos disponibles sont exploités par l’Office National d’Appui à la Sécurité Alimentaire (ONASA) pour la constitution des stocks de sécurité. Desserte rurale : Dans le cadre des efforts de désenclavement des zones de production, l’AIC entretient 1200 km de pistes par an et plusieurs projets tels que PDRT, PROMIC et le ProCGRN contribuent également à l’entretien des pistes rurales. Le Programme de Réhabilitation et d’Entretien de Pistes Rurales dans les départements du Borgou, de l’Alibori, du Zou et des Collines vise le désenclavement des zones de production L’agriculture béninoise, mai 2007, © CIPB

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et une meilleure évacuation des produits agricoles. Le niveau de réalisation actuel est de 840 km sur les 1150 prévus. Le financement du monde rural reste une des faiblesses majeures des domaines d’appui et dont les incidences rejaillissent à tous les niveaux, en terme de capacités d’investissements productifs. Les IMF étant surtout orientées vers les petits crédits à court terme et à moindre risque, elles ne répondent pas encore aux conditions et besoins réels de développement agricole. Les lignes de crédit assez importantes octroyées sur divers projets initiés par le MAEP n’échappent pas à cette contrainte. La nouvelle expérience en cours à travers le Cadre Général de Gestion des Crédits concernant les projets sous financement BAD, n’a pas encore abouti à des résultats probants. D’autres actions en cours portent entre autres sur l’appui aux ASF et le recentrage de l’ONS sur le soutien interne aux revenus du producteur, la promotion de la prévoyance des risques agricoles et l’appui à la recherche de financement. En matière d’appui aux OPA, des avancées positives sont notées à travers une émergence plurielle ces dernières années. Il existe toutefois des lacunes en matière de gouvernance liées à l’insuffisance de démocratie, l’absence de transparence dans la gestion des ressources, la rétention des informations, aux capacités de négociation limitées et au manque de stratégie de professionnalisation. Le Programme d’Appui aux OPA est initié pour corriger à terme ces insuffisances. Au titre des actions en cours il est à mentionner : • la relecture de l’accord cadre entre l’Etat et l’interprofession du coton ; • le Renforcement et suivi en matière de gestion des organisations des acteurs des filières naissantes comme l’anacarde, l’aviculture, le riz et l’ananas afin d’éviter les dysfonctionnements observés dans le coton et le palmier à huile ; • l’actualisation de la législation coopérative Pour la promotion du ‘‘genre’’ (sic), le MAEP a élaboré une politique de promotion de la femme dans le secteur rural ainsi qu’un Plan d’action Genre. Des actions sont en cours pour l’institutionnalisation de cette approche : (i) prise en compte des questions liées au genre dans la conception, la mise en œuvre et le suiviévaluation des projets et programmes ; (ii) amélioration de l’intégration du genre dans la collecte et l’analyse des statistiques agricoles et constitution de la documentation sur le genre et développement agricole et rural. Réformes institutionnelles : Elles concernent : • le renforcement des Centres Régionaux de Promotion agricole (CeRPA) et des Centres Communaux de Promotion Agricole (CeCPA) en ressources humaines, techniques et financières ; • le processus de rétablissement de l’ordre dans la filière coton enclenché pour créer les conditions adéquates d’amélioration de la productivité et de compétitivité ; • la suspension du processus de privatisation de la branche industrielle de la SONAPRA ; • la mise en place d’un régime fiscal favorable pour le bois de feu et le charbon ; • la privatisation de la branche industrielle de l’ONAB ; • la réorganisation institutionnelle de la Direction des Forêts et des Ressources Naturelles. Suivi-évaluation : En matière de suivi-évaluation de l’ensemble du secteur, un dispositif cohérent avait longtemps fait défaut. Cette insuffisance est en cours de correction dans le cadre des appuis au renforcement des capacités, avec le démarrage des travaux relatifs à la mise en place d’un Système de suivi des effets et des impacts des programmes du MAEP, de suivi budgétaire et de gestion informatisée du patrimoine.

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3.10 Principaux enseignements à tirer Durant une quinzaine d‘années de mise en œuvre des nouvelles orientations et diverses réformes institutionnelles/structurelles découlant de l'option de libéralisme économique, les objectifs de croissance au Bénin ont tablé entre autres sur (i) un accroissement de la contribution du secteur agricole au PIB, (ii) la fourniture accrue d’inputs aux industries locales, (iii) l’amélioration du revenu du monde paysan et (iv) la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Mais à l’étape actuelle, l’on doit se rendre à l’évidence que les impacts et changements escomptés sont très peu remarquables dans le rythme de développement du secteur agricole et rural. La productivité de l’agriculture est restée faible, du fait des aléas climatiques et des contraintes socioéconomiques. Non seulement il est noté une faiblesse affichée des revenus en zone rurale, mais la facture alimentaire représente une part importante des services extérieurs de la dette. L’analyse de la situation fait ressortir que : • Les mesures d'accompagnement devant faire suite aux réformes n'ont pas été suffisamment prises ou appliquées, notamment en ce qui concerne la mise en place des ressources humaines et les allocations de ressources financières (difficultés de mobilisation, lourdeurs administratives, etc.). Le caractère saisonnier de l’agriculture n’est pas réellement pris en compte. Par ailleurs, le cadre politique reste marqué par des contraintes macro-économiques très fortes, avec une dépendance vis-à-vis des financements extérieurs et le cadrage imposé par les partenaires au développement. • L'organisation des filières autres que le coton (manioc, ananas, anacarde, etc.) est encore à l'étape embryonnaire, faute des investissements adaptés et autres conditions adéquates de production (intrants, accès aux services) et de valorisation des productions (transformation et commercialisation) devant contribuer à améliorer la compétitivité desdits produits sur les marchés. De ce fait les exportations agricoles béninoises sont essentiellement composées de produits du cru sans valeur ajoutée. • En matière de promotion du secteur privé, et de professionnalisation des acteurs, les résultats les plus visibles sont dans la filière coton. Les avancées notées dans le cadre de la consolidation des organisations paysannes du secteur coton et dans une moindre mesure celles des producteurs de palmier à huile, des éleveurs, pêcheurs et exploitants forestiers, sont handicapées par des problèmes de gouvernance. De même, les efforts d’appui à l'entrepreneuriat en vue de promouvoir une nouvelle génération d'exploitants agricoles modernes, n’ont pas été suffisants pour aboutir à des résultats concluants. • Le retard dans la mise en œuvre d’une politique de sécurisation foncière et les difficultés d’application des mesures devant garantir la gestion rationnelle des plans d’eau et autres ressources naturelles productives, sont des facteurs qui desservent les investissements et donc le développement du secteur. Somme toute, les besoins en divers appuis à la production sont peu satisfaits à l’heure actuelle. Le niveau atteint par l’agriculture béninoise aujourd’hui ne peut encore lui permettre d’opérer ses propres changements sans un accompagnement institutionnel adéquat. Si quelques progrès ont été réalisés dans la conception et dans la mise en œuvre des projets et/ou programmes de développement du secteur agricole et rural, il y a encore de nombreuses améliorations à apporter pour utiliser au mieux les ressources disponibles et viser un impact plus élevé sur la croissance et la réduction de la pauvreté. Aussi bien les OPA que les autres catégories d’acteurs évoluant dans le secteur agricole et rural, sont encore fragiles et ont tous besoin d’appuis pour remplir au mieux leurs fonctions et contribuer au dynamisme et à la compétitivité de l’agriculture béninoise. Il s’agira : • de promouvoir des pôles régionaux ou bassins de développement selon les spécificités offrant des avantages comparatifs et de favoriser une véritable régionalisation des investissements ; • d’accorder plus de place à la promotion et à la professionnalisation des ressources humaines; L’agriculture béninoise, mai 2007, © CIPB

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• de lever la principale contrainte de la faible productivité du travail dans le secteur en mettant en associant réforme foncière, crédit d’équipement bonifié et promotion de la mécanisation intermédiaire ; • de disposer de services agricoles plus performants, avec des personnels compétents et motivés, un cadre logistique approprié, un cadre législatif sécurisant et incitatif et des capacités plus accrues dans le secteur privé.

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QUATRIEME PARTIE EXPERIENCES ET OPPORTUNITES

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La population béninoise ne cesse de croître avec pour corollaire l’augmentation des ruraux et de bouches à nourrir. Pour parvenir à régler le problème de réduction de la pauvreté et de souveraineté alimentaire, il y a lieu de moderniser l’agriculture. Moderniser l’agriculture se présente à nous aujourd’hui comme un défi, si l’on sait que la population de la terre sera quasiment nourrie à l’agriculture irriguée d’ici à 25 ans. L’agriculture béninoise comme souligné dans le diagnostic, a beaucoup de potentialité qui peuvent être exploitées pour peu que certaines conditions soient remplies. Elle offre beaucoup de créneaux porteurs tant dans la production que dans les services.

4.1 Créneaux porteurs dans la production Plusieurs possibilités s’offrent dans le domaine de la production proprement dite (produits du cru) que dans la transformation.

4.1.1 Production proprement dite. L’agriculture béninoise est caractérisée par de petites exploitations qui ne facilitent pas le travail de la vulgarisation et ne favorisent pas une augmentation significative de la production. De plus en plus, la tendance est de susciter la création d’exploitations modernes de grande taille. La question du foncier étant pratiquement réglée, il sera possible aux différents investisseurs de s’établir pour une production industrielle de diverses spéculations. Dans ce cadre les filières les filières porteuses pour lesquelles le Bénin dispose actuellement des avantages comparatifs sont : A. Pour les produits végétaux : l’ananas, l’anacarde, les cultures maraîchères ; B. Pour les produits animaux : l’aulacode ; C. Pour les produits halieutiques : les crevettes.

A.

Les produits végétaux

Ananas

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L’ananas béninois est bien apprécié sur le marché régional et international pour ses qualités organoleptiques. Ce contexte très favorable a suscité l’engouement des producteurs vis-à-vis de cette culture qui connaît un essor remarquable. C’est une opportunité à saisir dans le cadre de la relance de l’agriculture béninoise. Zones agro-climatiques favorables L’ananas est anciennement cultivé au Bénin. L’aire d’extension de sa culture s’étend du Département de l’Atlantique aux Départements de l’Ouémé, du Plateau, du Mono, du Couffo, du Zou et des Collines. La zone sud du Bénin reste donc incontestablement la zone la plus propice à la culture. Données technico-économiques Le rendement moyen actuel est de 50 tonnes/hectare pour une production d’environ 130.000 tonnes en 2006. Les actions actuellement en cours visent à faire passer ce rendement à 60T/ha et à garantir des produits répondant aux normes de qualité. La production prévue d’ici 2011 est de 400.000 tonnes. Les prix pratiqués varient selon que le produit soit destiné au marché local ou à l’exportation. Les exportateurs achètent bord champ l’ananas à un prix moyen de 95 FCFA/kg Les marchés d’écoulement actuels sont essentiellement les pays de la sous région (Nigéria, Niger, BurkinaFaso…). Une faible quantité (moins de 3%) est exportée vers les pays européens (France, Belgique, Suisse). Il s’agira alors de mettre tout en œuvre pour améliorer de façon substantielle le niveau d’exportation de l’ananas fruit et de ses produits dérivés. Dans ce sens, les pays du Golf et d’autres pays de l’Europe pourront être prospectés. Le Bénin pourra également utiliser la loi AGOA pour exporter ce produit vers les USA.

Anacarde L’anacarde constitue aujourd’hui pour le Bénin une alternative intéressante dans le cadre de la diversification des exportations des produits agricoles. Il représente le deuxième produit d’exportation du pays après le coton. Les produits de l’anacarde sont très consommés par les populations béninoises, mais les prix des amandes sont souvent très élevés et limitent leur accès. Le marché mondial connaît une rapide croissance et une forte demande d’amande d’anacarde. La taille du marché mondial et son rythme de croissance indique que le Bénin est bien placé pour accroître sa part de marché, qui actuellement est faible (seulement environ 2% de noix brutes). Le marché des amandes est en pleine croissance et la demande demeurera plus forte que celle des noix durant les dix (10) prochaines années. Par ailleurs, la limitation de l’importation des noix brutes au niveau de l’Union Européenne peut créer une dynamique au niveau de la filière. Le Bénin dispose de noix de qualité bien appréciée sur le marché international, ce qui le place au 2ème rang des pays ouest africains après la Guinée Bissau. En 2005, le volume de noix exporté par le Bénin a atteint 50.000 tonnes pour une valeur monétaire FOB estimée à plus de 40 millions d’Euros. Zones agro-écologiques favorables D’un point de vue agro écologique, la zone de prédilection de la culture d’anacardier s’étend d’Abomey dans le Zou comme limite Sud, à Gamia dans le Borgou comme limite Nord. Données technico-économiques Les rendements varient de 350 à 600 kg/ha. Il est prévu d’atteindre une moyenne d’une tonne/ha au terme du projet. Le prix au kilogramme de l’anacarde est fixé par l’Etat. Depuis près de cinq ans, il est de 200 FCFA/kg. Les marchés d’écoulement sont divers eu égard à la qualité des noix du Bénin. La plupart de la production sont exportées vers les pays de l’Union européenne et ceux de l’Asie.

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Cultures maraîchères

L’effet bénéfique pour la santé d’une consommation de légumes et de fruits n’est plus à démontrer. Les cultures maraîchères jouent un rôle clé dans la protection antioxydante, permettent de lutter contre la surcharge pondérale. Ils ont également des effets spécifiques par leur pouvoir alcalinisant et leur richesse en phyto micronutriments. La promotion de cette filière se justifie d’une part pour des raisons nutritionnelles et d’autre part pour diversifier les productions agricoles. Zones agro-climatiques favorables Les cultures maraîchères sont cultivées dans toutes les régions du Bénin. Elles se rencontrent sur les plateaux (terres fermes) à sols ferralitiques ou furrugineux tropicaux, sur les plaines alluviales, dans les vallées à sols limono-argileux et dans les bas-fonds à sols hydromorphes très argileux. Les grandes zones de production maraîchère sont : • les plateaux du Mono, de l’Ouémé et les régions cotonnières de Kandi et Banikoara spécialisées dans les cultures pluviales de tomate, de piment et de gombo ; • la vallée du Niger, les berges de l’Alibori et de la Sota où les cultures de contre saison telles que l’oignon, la pomme de terre, la tomate et le piment sont cultivés en quantité considérable pour l’approvisionnement de la région Sud et des pays voisins ; • les vallées de l’Ouémé et du Mono pour les cultures de décrue comme la tomate, le piment, le gombo et les légumes feuilles (crin-crin, amarante, célosie) ; • la région des collines est spécialisée dans la production de piment de toute sorte dont le pili-pili ; • l’oignon colonise de nouvelle zones dans la région centre (Dassa et Savè) et sur le littoral (GrandPopo et Ouidah). L’agriculture béninoise, mai 2007, © CIPB

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Les cultures fruitières se rencontrent dans tout le pays avec une prédominance des mangues dans les départements septentrionaux et des oranges dans le département du Zou. Les cultures maraîchères exotiques et les légumes feuilles de leur côté se développent également le long du littoral et autour des grandes villes.

Données technico-économiques Les rendements actuellement obtenus varient d’une spéculation à une autre. Ils sont de 5446 kg/ha pour la tomate, 1302kg/ha pour le piment, 15900 kg/ha pour l’oignon… En général, les rendements actuellement obtenus peuvent être triplés au terme du projet dans la mesure où ces spéculations ne bénéficient d’aucune attention de l’encadrement. Les prix de vente des produits maraîchers varient selon la période. La bassine de 25kg de tomate fluctue de 2.000 à 10.000 FCFA, le piment de 30.000 à 40.000 FCFA. Le prix moyen de l’oignon est de 274 FCFA/kg, celui du gombo frais 180 FCFA/kg. Les marchés d’écoulement des fruits et légumes sont les pays de la sous-région. Les exportations vers l’Europe portent surtout sur les légumes secs.

B.

Les produits animaux

Aulacodes

Le Bénin ne couvre pas entièrement ses besoins en protéine. il recourt aux pays de l’intherland et à l’importation des viandes congelées des pays occidentaux. Les aulacodes ont été domestiqués pour conserver la biodiversité et pour combler un tant soit peu les déficits protéiques. L’aulacode est très appréciée tant sur le plan national qu’international et les potentialités quant à l’élevage de ce rongeur sont très élevées (savoir faire endogène, acquis de la recherche, disponibilité de fourrage……).

Zones agro-écologiques favorables L’agriculture béninoise, mai 2007, © CIPB

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Toutes les zones agro-écologiques du Bénin se prêtent à l’élevage des aulacodes. Néanmoins, les départements méridionaux s’y prêtent mieux, car ayant une gamme de fourrages plus variée et plus disponible dans le temps. Données technico-économiques La quantité de viande obtenue par femelle et par an est de 11,87kg pour une population d’aulacodes estimée à environ 100.000 têtes. Il est prévu de passer à un rendement d’environ 24kg par femelle et par an. Le nombre de têtes d’aulacode quant à lui est estimé à 300.000 en fin de projet. Le prix moyen aux producteurs est de 2000FCFA/kg vif pour l’aulacode de consommation et de 8.000 à 10.000 FCFA pour un animal de reproduction. Les marchés d’écoulement sont surtout constitués des pays de la sous-région pour les animaux sur pieds. Au plan international, il existe beaucoup de demandes qui ne peuvent être actuellement honorées du fait des conditionnalités du marché (un container à fournir de façon régulière tous les mois….)

C.

Les produits halieutiques

Crevettes Le Bénin exporte des crevettes qui sont très appréciées. Ces crevettes sont exclusivement issues de la cueillette alors que les potentialités existent pour la culture de crevettes. Les zones les plus favorables à l’élevage de crevettes sont : Grand-Popo, Cotonou. Un programme d’aménagement des berges est en cours pour favoriser cet élevage.

4.1.2 Transformation Au Bénin, les filières agro-industrielles ne portent essentiellement que sur le coton et le palmier à huile (usines d’égrenage, usines de fabrication d’huile à partir des graines de coton, du palmier à huile, …). Ainsi, tous les produits abordés plus haut sont exportés crus. Il s’impose une véritable politique de transformation des produits locaux, ce qui pourra procurer de la valeur ajoutée. En termes de transformation indispensable pour le Bénin, on peut citer : • pour l’ananas : production de jus d’ananas (jus pur ou dilué avec ajout de divers produits comme le sucre…), production d’ananas séché, mise en boîte d’ananas frais, fabrication d’alcool…. ; • pour l’anacarde, il s’agira essentiellement de produire des amandes grillées et salées ou de l’alcool ; • pour les cultures maraîchères, il sera surtout question d’installer des unités de conservation (par réfrigération), de séchage…… ; • pour les aulacodes et les crevettes, les unités à installer auront essentiellement trait au fumage, au séchage ou à la conservation du produit frais. Il est à signaler que beaucoup d’autres unités peuvent s’installer pour compléter la chaîne de transformation ou pour fournir des intrants aux différentes unités ci-dessus énumérées. Il s’agit notamment des unités de fabrication de bouteilles plastiques, de tétrapack ou de canettes (pour les jus de fruits) de cartons ou sachets d’emballages (pour tous les produits)…

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4.1.3 Services La « REVOLUTION VERTE » que prône le gouvernement du Bénin traduit la volonté d’augmenter de façon substantielle les productions agricoles. Elle entraîne subséquemment la création de certains services dans les domaines ci-après : • Mécanisation : compte tenu des besoins dans ce sous secteur, il serait intéressant de créer des magasins de vente de matériels agricoles (tracteurs et divers attelages, pièces détachées, vente de petites unités de transformation, installation de centre de mécanisation agricole pour des prestations de labour, de pulvérisage…..) ; • Irrigation : Il s’agira de mettre tout en œuvre pour rendre disponible à des prix compétitifs le matériel d’irrigation (motopompes, tuyaux d’irrigation, asperseurs, pièces détachées….) ; • Courtage : La production agricole ne saurait augmenter si leurs marchés d’écoulement ne sont pas garantis. Ceci appelle nécessairement certaines fonctions dont les courtiers qui ont un rôle de premier plan à jouer ; • Vente d’intrants spécifiques : Ce sont uniquement les intrants coton qui sont actuellement disponibles au Bénin. L’augmentation des autres produits agricoles implique également l’organisation de la mise en place d’intrants spécifiques (engrais, insecticides, herbicides, semences…). Crédit agricole : l’un des goulots d’étranglement au bon développement de l’agriculture est le manque criard d’institutions de crédits spécialisés dans les questions agricoles. Cette situation est imputable aux multiples risques liés à l’activité agricole, du fait du non contrôle de certains facteurs, dont notamment l’eau. Si les investissements sont faits pour lever ces contraintes, il sera plus aisé de créer une institution de financement de l’agriculture. Outre ces créneaux porteurs, il faut signaler par ailleurs l’existence d’une pléiade de projets initiés par le gouvernement et dans lesquels peuvent s’impliquer le secteur privé. Il s’agit notamment du projet d’aménagement de la vallée de l’Ouémé (60.000 ha), le projet d’amélioration de la vallée du Niger (30.000 ha), le projet d’aménagement de la vallée du mono (27.000 ha), la construction de retenues d’eau et de barrages collinaires à but agropastoral……

4.2. Facilités pour les investissements dans l’agriculture En dehors des dispositions légales et règlementaires, beaucoup de dispositions sont prises au Bénin pour faciliter l’installation des entreprises. Il s’agit de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Bénin (CCIB) qui aide les promoteurs à : •

Remplir les formalités de constitution de leur entreprise ;

Prendre des contacts en vue de l’écoulement des produits …

Il faut signaler également que le MCA met tout en œuvre pour faciliter le fret par bateau. Dans ce cadre, il y a un vaste programme d’amélioration des performances du port de cotonou. La loi AGOA, la ZFI, les ZIV… signalés plus haut, sont autant de facilités dont peuvent bénéficier les opérateurs investissant au Bénin. Au total, l’environnement des affaires est sécurisé et amélioré grâce à des services judiciaires performants, des titres de propriété foncière sécurisés et à la célérité de l’enregistrement des entreprises.

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CONCLUSION Le Bénin dispose de beaucoup d’atouts sur le plan agricole. En effet, les disponibilités en terres sont énormes et les ressources hydrauliques sont importantes. Le climat est favorable pour une diversification des cultures. Toutes ces potentialités sont malheureusement peu ou pas exploitées. Le terrain est donc largement vierge et les possibilités d’investissement dans l’agriculture sont subséquemment très grandes eu égard à la volonté affichée du gouvernement de faire de ce secteur, le levier du développement. Des principales filières retenues, celles sur lesquelles toutes les attentions sont actuellement focalisées sont : l’ananas, les cultures maraîchères, l’anacarde, l’aulacodiculture, le riz. Pour ces différentes spéculations, il s’agira à court et moyen terme de financer : •

la production proprement dite ;

la transformation ;

les actions transversales : aménagements hydro-agricoles, mécanisation….

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