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montre du leader

Aucune autre montre n’est conçue comme une Rolex. Lancée en 2008, la Day-Date II est la digne héritière de la Day-Date originale, la première montre à indiquer non seulement la date, mais aussi le jour de la semaine en toutes lettres. Majestueuse avec son boîtier de 41 mm, la nouvelle Day-Date II s’impose comme l’évolution naturelle d’un grand classique. La Day-Date II, présentée ici en platine, propose un large choix de langues pour l’affichage du jour de la semaine.

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EDITO Paraphrasons Rabelais : « Luxe sans conscience n’est que ruine de l’âme ». Nous pensons en effet que le monde du luxe ne peut pas rester en marge des grands challenges d’aujourd’hui : la réduction des gaz à effet de serre, la gestion optimisée des déchets et des ressources naturelles, la solidarité mondiale… Au contraire : il doit donner l’exemple, profiter de son aura, de sa visibilité auprès des leaders économiques pour favoriser la diffusion des bonnes pratiques environnementales et sociales. C’est en tous cas la position du Groupe Concorde en général et de l’Hôtel de Crillon en particulier. Ces deux “grands noms” de l’hôtellerie française mènent ainsi depuis plusieurs

Ainsi, au Crillon, sans que cela ne nuise au confort de nos hôtes, nous avons déjà minimisé notre impact environnemental via l’utilisation années une vraie démarche de développement durable.

de produits d’entretien non toxiques, voire écolabellisés, la réduction de nos consommations d’énergie et d’eau, le tri des déchets… Dans la même idée, nous utilisons au maximum les matériaux recyclés, au niveau du papier notamment, encourageons la dématérialisation des documents administratifs et marketing, sensibilisons nos fournisseurs aux bonnes pratiques sociales et environnementales et soutenons des organisations caritatives comme CARE…Un partenariat porté par les salariés — chaque euro qu’ils versent à l’association est doublé par le Groupe Concorde — mais aussi par nos clients via, par exemple, un reversement d’une partie de leurs miles ou la possibilité d’effectuer des dons en ligne via concorde-hotels.com.

Paraphrasing Rabelais: «Luxury without conscience is but the ruin of the soul.» Indeed, we believe that the world of luxury cannot remain on the sidelines of today’s major challenges: reducing greenhouse gas emissions, optimizing the management of waste and natural resources, and global solidarity. On the contrary, it must lead by example and take advantage of its aura and its profile among business leaders in order to promote the dissemination of good environmental and business practices. In any case, this is the Concorde Group and Hotel de Crillon’s position. These two «big names» in the French hotel industry have led the way in true sustainable development for the past several years. Thus, without it being detrimental to the comfort of our guests, we at the Crillon have minimized our environmental impact through the use of non-toxic, eco-label cleaning products, reducing our consumption of energy and water, and recycling. In the same idea, we use as many recycled materials as possible, especially paper products, encourage the reduction of administrative documents and marketing, make our suppliers aware of good business and environmental practices, and support charities such as CARE... a partnership backed by the employees - every euro they pay to the association is matched by the Concorde Group - but also by our customers through, for example, a repayment of part of their miles or the possibility of online donations via concord-hotels.com.




IMPERIALE COLLECTION

BOUTIQUES CHOPARD: PARIS 1 Place Vend么me - Printemps du Luxe - Galeries Lafayette - 72 Faubourg Saint Honor茅 CANNES - LYON - MARSEILLE - MONTE CARLO


sommaire

SOMMAIRE

LES NEWS DU CRILLON Actualités P. 0 8 - 1 2 Rendez-vous P. 1 4 - 1 8

JÉRÔME DREYFUSS Itinéraire d’un garçon doué Voyage of a talent P. 3 7 - 3 8

CÉCILE CASSEL P. Initiales CC

GOYARD Le luxe à la Française Luxury — French style P.

24-31

ALBER ELBAZ Le goût de l’imprévu A taste of the unexpected

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SHOPPING 32-34

Black is beautiful

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40-42

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SOMMAIRE

YIQING YIN Au fil de Yin... Yin’s road to fashion... P. 5 2 - 5 8

Sur la place de LA CONCORDE bât le cœur de Paris The heart of Paris lies in the Place de la Concorde

P.

60-62

VALÉRIE EXPERT « Paris bouge à la Concorde » “Place de la Concorde is the beating heart of Paris”

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MARCHÉ DE L’ART « Paris a des atouts» The art market: “Paris has advantages”

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64-66

BACCARAT une maison de verre a house of glass P. 6 8 - 7 0

RONDES & BELLES Round and beautiful P. 7 4 - 8 1

VALÉRIE MESSIKA Des diamants et rien d’autre Diamonds and nothing else P. 8 2 - 8 4

CHRISTOFLE une symphonie argentée A silver symphony P. 8 8 - 9 1

GASTRONOMIE Rencontre avec les nouveaux «Ambassadeurs» Meeting the new «ambassadors»

Carnet de dégustations Tasting notes P. 1 0 3 - 1 0 5

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RENDEZ VOUS

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Poète des rues Le Musée d’Art Moderne de la ville de Paris propose jusqu’au 30 janvier une vaste rétrospective de l’œuvre de Jean-Michel Basquiat, à l’occasion du cinquantième anniversaire de sa naissance. C’est dans la rue que cet artiste américian, emporté par une overdose à l’âge de 28 ans, a fait ses débuts, en couvrant de graffitis les immeubles du Lower Manhattan. Très vite remarqué, notamment par Andy Warhol, l’enfant terrible va s’imposer comme le pionnier de la mouvance « underground », laissant derrière lui près de 800 œuvres, toutes marquées par la mort, le racisme, mais aussi le rap, le hip-hop et la bande dessinée. L’exposition présente plus d’une centaine d’œuvres exceptionnelles, provenant de collections particulières américaines et européennes qui, pour certaines, n’ont jamais été vues en France.

S T R E E T P O E T Through January 30th, the Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris is devoting an enormous retrospective to Jean-Michel Basquiat, to mark the fiftieth anniversary of his birth. The American artist had his start on the streets, covering buildings in Lower Manhattan with graffiti, before he died of an overdose at the age of 28. The prodigy was soon recognized--most notably by Andy Warhol--in the underground movement, leaving a legacy of more than 800 works, featuring death and racism as well as rap, hip hop, and comics. The exhibition presents more than one hundred exceptional works from American and European private collections, many of which have never been seen before in France. 11 aVeNUe DU PRÉSIDeNt WILSON 75016 PaRIS / WWW.MaM.PaRIS.FR - + 33 (0) 1 53 67 40 00 OUVeRt DU MaRDI aU DIMaNcHe De 10:00 À 18:00 . FeRMÉ Le LUNDI et ceRtaINS JOURS FÉRIÉS. NOctURNe Le JeUDI JUSQU’À 22:00.


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Galerie Blumann Consacrée à l’art contemporain sous toutes ses formes, peinture, estampe, photographie où les grands noms et les jeunes talents se côtoient, cette galerie, dirigée par Chantal de Lussigny, permet une approche très personnelle et spontanée des œuvres. « Pierre Terrasson, rétrospective » photographies inédites noir & blanc argentiques de Gainsbourg, Coluche, Mick Jagger …. jusqu’au 28 février 2011. Dedicated to contemporary art in all its forms--painting, prints, photography--a place where great names and young talent come together, this gallery, directed by Chantal de Lussigny, brings a personal, fresh approach to its works. «Pierre Terrasson, rétrospective» previously unpublished black & white silver photographs of Gainsbourg, Coluche, Mick Jagger and others: until February 28 th, 2011. cOLcUHe

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RENDEZ VOUS

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Galerie Malingue

Installée depuis plus de quarante ans avenue Matignon, la galerie présente des tableaux de grands maîtres impressionnistes et modernes.

Ses accrochages d’œuvres de la plus haute qualité d’artistes tels Bonnard, Pissarro, Monet, Gauguin, Modigliani, Léger, Miro, Mondrian ou Picasso font d’elle un grand lieu de rendez-vous célébré dans la presse spécialisée du monde entier. Chaque année, Daniel Malingue, fondateur du lieu organise une exposition muséale à thème (Grands Surréalistes en 2008) ou monographiques (Fernand Léger en 2009 et Émile Bernard en 2010). En 2011 l’exposition pourrait être placée sous le signe du Surréalisme. Located in the heart of the Parisian art quarter for over forty years, the Malingue Gallery presents paintings from masters of impressionism and modern art. Its high-quality exhibits from artists such as Bonnard, Pissarro, Monet, Gauguin, Monet, Léger, Miro, Mondrian, and Picasso make it a must-see, featured by the trade press worldwide. Every year, founder Daniel Malingue organizes a themed museum exhibition (Great Surrealists in 2008) or monograph series (Fernand Léger in 2009 and Emile Bernard in 2010). In 2011, the exhibition will focus on Surrealism. 26 aVeNUe MatIGNON 75008 PaRIS - tÉL 01 42 66 60 33 - WWW.MaLINGUe.Net OUVeRt DU MaRDI aU VeNDReDI De 10H.30 À 12H.30 et De 14H.30 À 18H.30, LUNDI et SaMeDI De 14H.30 À 1H.30 FeRMÉ Le DIMaNcHe

PABLO PICASSO “MÈRE ET ENFANT“ - 1965

C AMILLE PISSARO “PAYSANNES CAUSANT ” - 1881

N ICOLAS DE STAËL “PLAGE À AGRIGENTE” - 1953


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Babas du bling bling ! Surnommés les « Babas », les Peranakans sont les descendants de communautés chinoises, qui se sont mélangés au fil des siècles avec les populations locales (Malais, Indiens...) vivant à Singapour, créant ainsi une véritable culture fusion. Jusqu’au 30 janvier, le quai Branly accueille « Baba Bling, signes intérieurs de richesse à Singapour », une exposition sur cette civilisation qui a marqué l’histoire de cette région du sud-est asiatique. Les 480 pièces de l’exposition témoignent du goût immodéré de ces communautés pour le ... « bling bling » ! Á ne pas manquer : la reconstitution de pièces d’intérieur des maisons traditionnelles (cuisine, chambre à coucher), et les splendides costumes de mariage.

PORTRAIT À L’HUILE DE M SONG O NG S IANG

THE QUEEN , KING AND THE ILLEGIMATE CROSS - DRESSING SON

SIGNS OF WEALTH! Peranakans, also known as «Babas,» are the descendants of Chinese communities in Singapore that mixed with local populations (Malay, Indian and other) over the centuries, creating a true fusion culture. Through January 30th, the quai Branly Museum hosts «Baba Bling, Interior signs of wealth in Singapore,» an exhibition about this culture that left its mark on this part of Southeast Asia. The 480 exhibits bear witness to the community’s inordinate taste for «bling!» Not to be missed is the reconstruction of a traditional interior (kitchen and bedroom) and magnificent traditional marriage costumes.

MUSÉe DU QUaI

BRaNLY 37, QUaI BRaNLY 75007 – PaRIS tÉL : 01 56 61 70 00 : De 11H À 19H - JeUDI, VeNDReDI et SaMeDI : De 11H À 21H

MaRDI, MeRcReDI et DIMaNcHe

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CRILLON ACTUALITÉS

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Un nouveau visage pour 2011 ! Étienne Poncelet, Architecte en Chef et Inspecteur Général des Monuments Historiques, l’a promis : la rénovation de la façade derrière laquelle se cache l’Hôtel de Crillon sera exemplaire. « Il s’agira de microchirurgie architecturale au cours d’un travail de haute technicité et d’urbanisme, a-t-il affirmé. Nous allierons technologie et tradition pour révéler la beauté et l’authenticité de l’Hôtel de Crillon ». Au numéro 10 de la place de la Concorde, les travaux de rénovation de la somptueuse façade ont commencé depuis novembre. Ils devraient s’échelonner sur une année, débutant par la rénovation des colonnades et du plafond de la loggia, la restauration du fronton et des sculptures hautes. Il est notamment prévu de procéder à des micro-injections à l’intérieur de la pierre pour la fortifier. L’idée est de donner un second souffle à l’un des plus anciens palaces du monde, en restituant et en sublimant la beauté de son architecture extérieure, vieille de plus de deux cents ans. C’est en effet en 1758 que Louis XV demande au grand architecte Jacques-Ange Gabriel de construire un somptueux hôtel pour recevoir des hôtes de marque et des ambassadeurs étrangers. Racheté par les Comtes de Crillon en 1788, le bâtiment, devenu l’emblème de la Belle Époque, est transformé en 1909 en un palace de 147 chambres et suites surplombant de ses hautes colonnes et de ses larges terrasses l’immense place de la Concorde et son Obélisque.

A N E W F A C E I N 2 0 1 1 ! Etienne Poncelet, Chief Architect and Inspector General of Historic Monuments has promised that the renovation of the facade of the Hôtel de Crillon will be flawless. «It consists of architectural microsurgery for a highly-technical urban work,» he notes, «we’re uniting technology and tradition to uncover the true beauty of the Hôtel de Crillon.» At number 10 Place de la Concorde, the renovation work on the sumptuous facade began in November. It should be complete in a year, starting with the renovation of the colonnade and the ceiling of the loggia, and restoration of the pediment and the upper sculptures. Plans are to use micro-injections into the stone to strengthen it. The idea is to give new life to one of the oldest palaces in the world, restoring and enhancing a beautiful exterior that is more than 200 years old. It was 1758 when Louis XV asked Jacques-Ange Gabriel to build him a sumptuous palace for receiving distinguished guests and foreign ambassadors. Purchased by the Counts of Crillon in 1788, the building has become an icon of the Belle Époque, transformed into a palace with 147 rooms and suites in 1909; its high columns and generous balconies overlook the impressive Place de la Concorde and its obelisk.


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La cinquième étoile Le 1er octobre 2009, le système français de classification hôtelière a atteint un niveau d’exigence jamais égalé jusqu’ici avec la création d’une nouvelle catégorie : les Cinq Étoiles. Pour décrocher ce “label”, les prétendants doivent répondre à 124 critères obligatoires et plus d’une centaine de critères optionnels, dans des registres aussi différents que le confort de la clientèle, la qualité du service ou le développement durable. Un défi que l’Hôtel de Crillon a choisi de relever sans tarder. Avec succès. Depuis l’été dernier, une cinquième étoile témoigne de l’excellence de l’établissement de la Place de la Concorde.

T H E F I F T H S T A R On October 1, 2009, the French hotel classification system set a new standard with the creation of a new category of five stars. To earn this label, hoteliers must conform to 124 required criteria and more than a hundred optional ones, ranging from guest comfort and quality of service to sustainable development. It’s a challenge that the Hôtel de Crillon rose to immediately. And successfully, we might add: since last summer, a fifth star bears witness to the excellence of the hotel on the Place de la Concorde.

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MUST HAVE

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Un parfum pas comme les autres En 1981, inspirée par le roman “Les Mémoires d’Hadrien” de Marguerite Yourcenar, Annick Goutal crée l’Eau d’Hadrien. Une eau fraîche et pétillante où les arômes acidulés du citron de Sicile et du pamplemousse mûris au soleil de Méditerranée s’allient aux notes subtiles du cédrat et du cyprès. Ce jus raffiné, décliné en Eau de Parfum et en Eau de Toilette, est à découvrir sans tarder à la boutique de l’Hôtel du Crillon.

A P E R F U M E U N L I K E A N Y O T H E R In 1981, inspired by the book «Memoirs of Hadrian» by Marguerite Yourcenar, Annick Goutal created Eau d’Hadrien fragrance. Clean and fresh, the scent of Sicily lemons and grapefruit ripened in the Mediterranean sun mixes with subtle overtones of citron and cypress. Discover this refined fragrance, available as perfume or eau de toilette, in the Boutique at the Hôtel de Crillon.

Le plan grand froid Un soin qui réconforte les peaux irritées. C’est la promesse de la crème Comfort on call (littéralement “réconfort sur demande”) mise au point par Clinique. Grâce à un petit bijou venu du Japon, le Citrus Jabara, un fruit très rare aux vertus anti-inflammatoires et anti-allergiques, « Comfort on call » réduit la réactivité de l’épiderme lors de situations climatiques éprouvantes. Á appliquer deux fois par jour jusqu’à la remontée du mercure dans le themomètre !

T H E B I G C H I L L P L A N A treatment for soothing irritate skin. It’s a promise delivered by Comfort on call cream, perfected by Clinique. Thanks to a jewel from Japan, citrus jabara, a rare fruit with anti-inflammatory and hypo-allergenic properties, Comfort on call reduces the skin’s reaction to extreme weather. To be applied twice daily until the mercury rises!



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MUST HAVE

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Neuf heures

Depuis la rentrée, Dior propose dans ses boutiques de la Place Vendôme et de l’Avenue Montaigne une montre en série limitée à 8 exemplaires (45.000 euros chacun) : la Dior Cristal 8. Pensée dans un esprit très Art Déco, montée sur un bracelet noir en python, alliant le corail, l’ivoire nacre et l’or, elle doit son nom à Christian Dior qui, particulièrement superstitieux, avait fait du 8 son chiffre fétiche. Huit, c’est aussi le nombre de fuseaux horaires du calibre mis au point par Orny et Girardin. Ce mécanisme original, conçu en exclusivité pour Dior, vous permet de lire l’heure locale, mais aussi celle de huit grandes métropoles : Tokyo, Shanghai, Dubaï, Paris, Londres, New-York, Los Angeles et Hawaï.

N I N E T I M E Z O N E S Since September, Dior has been selling a limited edition watch of 8 (45,000 euros each) at its shops at Place Vendome and Avenue Montaigne: the Dior Cristal 8. With a very Art Deco design and mounted on a black python strap, combining coral, mother of pearl and gold, it owes its name to Christian Dior who is particularly superstitious and whose favorite number is 8. Eight is also the number of high class time zones set up by Orny and Girardin. This original mechanism, designed exclusively for Dior, shows you the local time, but also that of eight major cities: Tokyo, Shanghai, Dubai, Paris, London, New York, Los Angeles, and Honolulu.

Echecs et Smith ! « Classic with atwist » : du classique qui swingue ! Telle pourrait être la devise de Paul Smith. Après la Mini, les blocs notes ou encore les chaussures, cette fois, c’est aux échecs que s’attaque le couturier britannique en signant un très bel échiquier fait main ! Décliné en édition limitée, ce coffret garni de velours pourpre est décoré d’innombrables rayures, la marque de fabrique de son créateur.

CHESS AND SMITH!

Classic with a twist! This could be Paul Smith’s motto. After the Mini, notepads, and even shoes, this time it is chess that has whisked the British fashion designer away, leading him to create a beautiful handmade chessboard! Available in limited edition, this boxed set is lined with purple velvet and decorated with countless stripes, the hallmark of its creator.


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Collection Eden Ă partir de 4300â‚Ź - www.messika-paris.com


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coutures nuptiales

« Jackpot ». C’est le nom de la nouvelle collection de robes de mariées haute couture signée Max Chaoul. Passionné par l’univers du mariage, le couturier crée des pièces sur mesure, inoubliables, pour celles qui s’apprêtent à célébrer le plus beau jour de leur vie. Alliance de pureté et d’audace, cette nouvelle collection s’inspire des soirées voluptueuses des mille et une nuits. Max Chaoul signe des robes sensuelles, raffinées, mariant habilement dentelles rebrodées, tulle généreux et organza. Des robes modernes et surtout « transformables », longues pour la cérémonie, courtes pour le soir. Cerise sur la pièce montée : le créateur a également créé en exclusivité pour Tartine et Chocolat de superbes robes de princesse pour les demoiselles d’honneur.

bridal fashion Jackpot. that is the name of the new collection of high fashion wedding dresses by max chaoul. fascinated by the theme of marriage, this designer creates custom, unforgettable pieces for those who are preparing to celebrate the happiest day of their lives. a union of purity and boldness, this new collection is inspired by the voluptuous evenings of a thousand and one nights. max chaoul customizes sensual, refined dresses, combining embroidered lace accessories, generous tulle, and organza. modern dresses that are «convertible»; long for the ceremony and short for the evening. and the icing on the cake is that the designer has also exclusively created beautiful princess dresses for the bridesmaids for tartine et chocolat.

Bon à savoir... Vous aimez les belles choses, les pièces uniques, les objets d’exception ? Alors, notez bien ce rendez-vous : le salon Luxuria se déroulera à Monaco, du 7 au 9 juillet 2011. Cet événement réunit sous un même toit les plus grands spécialistes mondiaux du luxe et un public trié sur le volet. Pour décrocher son invitation, cap sur luxuria-events.com.

s a v e t h e d a t e . . . you like beautiful things, unique pieces, exceptional objects? then put this in your datebook: the luxuria salon will be happening in monaco on July 7th-9th, 2011. this event will bring together the top names in luxury worldwide and the public under one roof. to receive an invitation, visit luxuria-events.com.


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L a séduction … C’ est souvent une histoire de beauté . M ais cela ne suffit pas . S éduire impose de l ’ élégance , ce respect de soi , et de la convivialité , cette ouverture aux autres . C’ est ainsi que le C rillon procède pour séduire sa clientèle : de beaux décors , l ’ élégance d ’ un service hors normes , la chaleur d ’ un personnel disponible et dévoué . E t vous , comment vous y prenez - vous ? E t puis d ’ ailleurs , dîtes nous : qui voulez - vous charmer ? E t si vous commenciez par vous - même ? S e plaire , ce serait un bon début , non ? S eduction is often a story of beauty . B ut that is not enough . S educing requires elegance , self - respect , friendliness , and openness to others . T his is how the C rillon proceeds to seduce its customers : through beautiful decors , the elegance of exceptional service standards , and the warmth of attentive and dedicated personnel . A nd you , how are you taken in ? A nd also , tell us , who would you like to charm ? W hat if you started with yourself …? E njoying things yourself , wouldn ’ t that be a good start ?

en mode seduc tion cécile cassel

Initiales CC

alber elbaz Le goût de l’imprévu

goyard

L e l u x e à l a F r a n ç a is e

Jérome dreyfuss

shopping

Itinéraire d’un garçon doué


CĂŠcile Cassel Initiales CC I n i t i a l s CC

Ph otog ra ph e : Ale xa n dr e Ubeda S ty l i sme : Ge ra rd Gra nja - Assi st ant e st y li sme : Bar bi e Menn e ssi e r - M ak e u p : J acq u e s U z z ar d i ave c le s p r o d u i t s MAC C o sm e t i cs - C o iffu r e : A l a in D iv er t


Elle a tout d’une grande actrice parce qu’elle sait le temps qu’il faut prendre et donner pour le devenir. Cécile Cassel est d’une ardente douceur. Elle sera sur scène à Paris, au Théâtre de la Madeleine, à partir du 8 février 2011 dans « 20 novembre », un monologue exigeant. Rencontre au Crillon. She has all the makings of a great actress because she knows the time she needs to give — and to take — to become one. Cécile Cassel has a fierce softness. She will take the stage at the Théâtre de la Madeleine in Paris starting February 8th, 2011 in “20 Novembre”, a demanding monologue. We spoke with her at the Crillon.

Robe laine & cashmere avec sa ceinture

Christian Dior, Collier Chanel Joaillerie Belted wool and cashmere dress, Christian Dior. Necklace, Chanel Joaillerie


Robe ML en cuir noir Paule Ka, bottes chèvre Chanel, sac veau verni Chanel, joaillerie Chanel Long-sleeved black leather dress, Paule Ka. Goatskin boots, Chanel. Patent calfleather bag, Chanel. Jewellery, Chanel.


Cover Story

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someone onCe said: “When i looK at myself, i desPair and When i ComPare myself, i am reassured.” is that true for you? that’s a pretty sentence, but i don’t like to compare one person to another, especially me. i don’t like to create a relationship based on appearances. Comparing inevitably narrows the viewpoint. it shrinks the horizon. i like the individual. i do not like to have to choose. i like the idea that everyone is someone.

uelqu’un a dit : « quand je me regarde je me désole et quand je me ComPare je me rassure ». C’est votre Cas ?

La formule est jolie, mais je n’aime pas comparer les uns aux autres, surtout moi. Je n’aime pas installer une relation sur la base des apparences. Comparer c’est forcément réduire le regard, c’est rétrécir l’horizon. J’aime l’individu. J’aime ne pas avoir forcément à choisir. J’aime l’idée que tout le monde est quelqu’un.

agir mais Pas se justifier : C’est votre CaraCtÈre ? J’espère qu’un jour mes actes arriveront à avoir assez d’impact pour que je n’aie pas à les justifier.

Être effiCaCe, C’est un objeCtif Pour vous ? Oui. Faire pour le mieux. Ne pas quitter un plateau tant que je n’ai pas la conviction d’avoir donné ce que je peux. Et pour une maniaque comme moi – car je suis maniaque -, c’est dur à tenir.

maniaque ou PerfeCtionniste ? Ah... Pour éviter le côté « psy », disons que je suis assez exigeante.

vous Êtes heureuse ? Très, très heureuse. Pourvu que cela dure.

que Peut-on vous souhaiter ? Que les gens que j’aime soient en bonne santé. La vie m’a prouvé que ce n’est pas nous qui décidons vraiment. Le reste...

le reste est moins ConCret ? Non. La vie est là pour nous rappeler combien elle est concrète. Elle nous l’apprend, dans nos histoires personnelles comme dans nos engagements professionnels. Tant pis si cela passe pour un cliché, j’assume. Alors, voilà : s’il n’y a qu’une seule discipline à retenir, c’est celle du respect de soi pour justement proposer le meilleur de soi. En public comme en privé. C’est un propos qui peut sembler grandiloquent, mais c’est la réalité ; pour s’estimer soi-même, pour être « à la hauteur ». Monter sur scène, c’est l’expression d’une intime conviction mêlée d’insouciance et de force. C’est physique, c’est du travail, du vrai boulot, de la persévérance. Voilà pourquoi je parle de discipline. D’ailleurs c’est sans doute aussi la raison pour laquelle j’ai arrêté de fumer il y a huit mois.

qu’est-Ce qu’il y a de Parisienne en vous ? Le Paris-Brest ! Je suis d’une gourmandise irréductible, même pour les gâteaux. Bonjour la discipline ! (En disant cela, Cécile Cassel grignote une des spécialités du pâtissier de l’Hôtel de Crillon).

to aCt but not justify yourself: is that your CharaCter? i hope that one day my actions will have enough impact that i do not have to justify them. to be effiCient, is that one of your goals? yes. to do better. to not leave the set as long as i don’t feel i gave everything that i could. and for a fanatic like me — and i am a fanatic — that is difficult to maintain. fanatiC or PerfeCtionist? ah... to avoid getting into psychology, let’s just say that i am very demanding. are you haPPy? very, very happy. i hope that lasts. What do you Wish for? that the people i love have good health. life has shown me that it is not really we who decide that. the rest of it... the rest of it is less ConCrete? no, life is there for us to remember how concrete it is. it teaches us through both our own stories and in our professional life. it’s a pity that that seems like a cliché, i suppose. but really, if there is any discipline to maintain, it’s that of self-respect for oneself in order to be one’s best, in both public and private. that might sound pompous, but that’s reality. to respect yourself, you have to be up to the task. to go on stage is an expression of an intimate conviction mixed with a care-free attitude and strength. it’s physical, it’s work, real hard work and perserverance. that’s why i talk about discipline. besides, that is for sure the reason i stopped smoking eight months ago. What is Parisian about you? Paris-brest! i am an incorrigible foodie, even for cakes. hello discipline! (Cécile Cassell is nibbling on a specialty from the hotel de Crillon’s pastry chef.)


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Robe viKtoR & RoLf, bague et boucLes d’oReiLLes

joaiLLeRie

chaneL

dRess, viKtoR & RoLf. Ring and eaRRings, chaneL joaiLLeRie

justement, si Paris était un goÛt : suCré ou salé ? Salé. Parce que la baguette, les fromages, les bistrots... Dans l’air de Paris il y a de l’appétit, il y a quelque chose de iodé. Je le sens, je le vis comme ça.

on dit dans les magazines amériCains qu’une « vraie Parisienne » ConnaÎt les lignes de métro Par CŒur... Ca, c’est vrai ! Je suis incollable. J’affirme donc être une vraie parisienne, même si j’ai été souvent éloignée de Paris. J’ai vécu à Londres et à New York. Á chacun de mes retours, la nuit tombée, je prenais un taxi pour passer devant la Conciergerie éclairée avec la succession des ponts sur la Seine. C’était mon rendez-vous de retour. Mais j’ai aussi un Paris du jour. Et là je reviens à « mon » métro : j’ai un gros faible pour la ligne aérienne du côté de Barbès - Ménilmontant. Si vous descendez et choisissez de suivre son parcours à pied, c’est un voyage à travers les cinq continents. Les marchés populaires des XVIIIe, XIXe et XXe arrondissements expriment un truc introuvable ailleurs. On parle de l’énergie de New York et de la mosaïque de Londres : bon. Mais allez donc voir sous la ligne du métro aérien, vous verrez que Paris est vivant et chaleureux, rugueux bien sûr, grogneur aussi, mais tolérant. J’ai envie de dire que c’est une belle manière de voir la France.

quel est votre sentiment quand on Parle de vous Comme « la fille de... » ? Pour reprendre votre mot, j’ai longtemps eu « le sentiment » que le nom que j’ai choisi de garder dérangeait plus les gens que j’avais en face de moi que moi-même. Mais j’ai grandi avec ce nom. C’est vrai que le côté « famille » et « lignée du spectacle » est plus ancré dans l’esprit anglo-saxon ou même italien. Je sais que pour mon frère Vincent le regard porté, en France notamment, sur son travail renvoyait forcément à notre père, Jean-Pierre Cassel. Je suis une femme. Mon registre d’actrice est and if Paris had a taste, Would it be sWeet or salty? salty — because of the baguette, the cheeses, the bistros... the Paris air is hungry — there is something iodized about it. i feel it. that is how i experience it. ameriCan Press magazines say that a “true Parisian” KnoWs the metro lines by heart... that’s so true! you can’t beat me there. so, i confirm that i am a true Parisian, even if i have often been gone from Paris. i have lived in london and new york. every time i come back, i wait for dusk and then take a taxi to pass by la Conciergerie all lit up and the row of bridges across the seine. this is my return rendez-vous. but i also have a Paris by day. and that brings me back to “my” metro. i’m a complete pushover for the elevated line between barbés-ménilmontant. if you get off the train and decide to follow its tracks on foot, you’ll take a trip through five continents. the local markets of the 18th, 19th and 20th arrondissements have something you don’t find anywhere else. People talk about new york’s energy and london’s mosaic. but go have a look at what’s happening under the elevated metro line, and you’ll see that Paris is lively and warm. rough of course, with a bit of a growl, but a place of tolerance. i’d like to say that it’s a nice way to see france. hoW do you feel When PeoPle talK about you as “the daughter of...”? to use your word, for a long time i have the “feeling” that the name i had chosen to keep was more of a problem for the people i had to do with than for myself. but i grew up with this name. it’s true that the concept of a “show business family” is more a part of the anglo-saxon world or even italy. i know that for my brother vincent, people inevitably look at his work through the prism of our father, jean-Pierre Cassel, especially in france. i am a woman. as an actress, my register is a


Mini robe brodée de plume et manteau à plumes col strassé signés

Azzaro, Barbara

chaussures

Bui, sac cuir chainette Chanel, bague Chanel Joaillerie Mini dress embroidered with feathers and feather coat with diamante collar,

Azzaro. Shoes, Barbara Bui. Handbag with chain, Chanel. Ring, Chanel Joaillerie.


Robe stretch moulage noir Lanvin, chaussure Azzaro, collier et bague Chanel Joaillerie Black draped stretch Lanvin. Shoes, Azzaro. Necklace and ring, Chanel Joaillerie. dress,


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autre. Je suis fière et heureuse quand on me parle de mon père. C’était peut-être un peu plus compliqué il y a dix ans. Le nom est une question que je me suis alors posée – et que je lui ai posée - avant de décider de faire de Cassel mon étendard à moi aussi. Je me souviens qu’il a éclaté de rire parce que, quelques années plus tôt, Vincent avait comme moi tourné autour du pot pour lui en parler.

different one. I am proud and happy when people speak to me about my father. This was perhaps a little more complicated ten years ago. The name was a question that I asked myself and him about before I decided to use Cassel as my own stage name. I remember when he burst out laughing because a few years earlier Vincent was just like me, beating around the bush to talk to him about this very subject.

Préférez-vous qu’on dise Cécile Cassel actrice ou Cécile Cassel comédienne ?

Do you prefer to be called Cécile Cassel, actress, or Cécile Cassel, «comédienne»? (The French term «comédienne» usually refers to a stage actress, often classically trained). I write “comédienne” on any administrative forms. Maybe that’s because “actresses” have a reputation of being annoying, and I choose my words carefully. Even so, don’t a lot of male actors have the same issue?

Sur les formulaires administratifs, j’écris comédienne. Peut-être parce que les « actrices » ont la réputation d’être casse-bonbon, et je châtie mon langage. Cela dit, c’est aussi vrai pour beaucoup d’acteurs, non ?

Quelle est la question à laquelle vous n’accepteriez jamais de répondre ? Celle qui m’amènerait à dire du mal des gens. En revanche il y a une question que j’ai toujours trouvé très bête. La voici – et on me l’a déjà posée : « Jusqu’où êtes-vous prête à aller dans un rôle ? » Je me suis toujours demandé ce qu’on attend d’une comédienne quand cette question lui est posée. Qu’elle grimpe au rideau, et plus si affinités ?

Quel est votre meilleur souvenir de théâtre ? J’espère le fabriquer (avant d’autres) avec le spectacle que je vais représenter au Théâtre de la Madeleine à partir du 8 février 2011. Mais il sera toujours ex-aequo avec un souvenir de petite fille. Quand ma mère travaillait au Ministère de la Culture, rue de Valois, mon père jouait au Palais Royal. J’ai des souvenirs de ballades en chaussettes dans les coulisses, je me faufilais dans les loges. Et je regardais mon père jouer. Un papa qui joue, c’est merveilleux à regarder. Propos

recueillis par

Bruno Lanvern

Which question do you always refuse to answer? One that would lead to talk bad about someone. On the other hand, there is one question I always thought was very stupid. Someone already asked me this: “How far are you willing to go in a role?” I have always wondered what people expect from an actress when they ask this question. That she climbs the curtains and maybe more? What is your fondest memory of the theatre? I hope to create it (before others) with the show that I am going to do at the Théâtre de la Madeleine starting February 8th, 2011. But it will always be on par with one of my childhood memories. When my mother worked at the Ministry of Culture in the rue de Valois, my father was performing at the Palais Royal. I remember walking around backstage in my socks, sneaking into the theatre boxes. I would watch my father perform. A father who acts — that is wonderful to watch.


alber elbaz Le goût de l’imprévu A taste of the unexpected

Par Dominique Hoffmann


Portrait

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alber elbaz revendique pleinement l’héritage de jeanne lanvin

Créateur inspiré depuis toujours par l’éternel f é m i n i n , A l b e r E l b a z a pp o r t e u n n o u v e a u souffle à Lanvin et lui redonne sa place originelle parmi les grandes Maisons dans l’univers du luxe. As

a creator that has always been inspired by

Lanvin luxury.

new life to world of

A

The Eternal Feminine, Alber Elbaz

brings

and restores its original place among the great fashion houses in the

lber Elbaz réussit une étonnante quadrature du cercle, celle d’être à la fois un couturier reconnu dans le monde entier, sans avoir à ce jour aucune marque portant son nom. Son parcours est tout entier nimbé de cette élégante discrétion, qui lui a toujours fait mettre ses créations avant sa propre personnalité. Passionné très jeune par la mode, il entre après ses études secondaires au « Shnekar College of Textile Technology and Fashion » à Tel Aviv. Son diplôme en poche, il part s’installer à New York, l’une des plus importantes capitales de la mode. Pendant sept ans, il travaillera auprès de l’un des plus célèbres stylistes de la ville qui ne dort jamais, Geoffrey Beene. En 1996, il arrive en France, où Guy Laroche lui propose de devenir son directeur de création. Il y restera pendant deux ans, revisitant les plus grands classiques de la Maison et les réinventant avec génie pour les adapter au goût du moment. La presse le découvre et l’encense d’emblée et Alber Elbaz devient très vite le nouveau chouchou des rédactrices de mode de cette fin des années quatre-vingt-dix ! Animé par un perpétuel besoin d’apprendre dans ses moindres détails ce qui fait l’esprit de la mode en général et de la Haute Couture en particulier, Alber entre ensuite dans l’une des plus prestigieuses maisons françaises. Il succède en novembre 1998 à Yves Saint-Laurent en tant que directeur artistique des collections Yves Saint-Laurent Rive Gauche jusqu’en 2000. Il réussira ce difficile challenge et ses collections réussiront à perpétuer le style inimitable de la Maison en réussissant l’alchimie entre le passé et l’avenir. Insatiable « voyageur » de la création, il quitte l’aventure Saint-Laurent, après le rachat de la société par le groupe italien Gucci.

Alber Elbaz managed an astonishingly impossible feat; that of being a world renowned designer without any brand bearing his name. His career has been entirely shrouded in elegant discretion as he has always put his work before his own personality. Fascinated by fashion at a very young age, he attended the Shnekar College of Textile Technology and Fashion in Tel Aviv after high school. After graduating, he moved to New York, one of the world’s most important fashion capitals. For seven years, he worked with one of the most famous designers of the city that never sleeps, Geoffrey Beene. In 1996, he arrived in France where Guy Laroche made him his creative director. He stayed there for two years, revisiting the brand’s greatest classics and brilliantly reinventing them in order to suit the tastes of that time. The press discovered him and immediately praised him and Alber Elbaz quickly became the new darling of the fashion editors of the late nineties! Driven by a perpetual need to learn in great detail about what makes the spirit of fashion in general and particularly Haute Couture, Alber then started working for one of the most prestigious French fashion houses... In November of 1998, he succeeded Yves Saint Laurent as creative director of the Yves Saint Laurent Rive Gauche collections until 2000. He rose to the daunting challenge and his collections would perpetuate the fashion house’s inimitable style, achieving the alchemy between past and future. An insatiable «traveler» of design, he parted ways with his Saint Laurent adventure after the company was taken over by the Italian Gucci Group.


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Alber Elbaz & l’Hôtel de Crillon D es

liens indéfectibles

Le directeur artistique de la Maison Lanvin apprécie tout particulièrement le mythique palace parisien. À tel point qu’il prend plaisir à y faire défiler régulièrement ses pré-collections à chaque saison, mais aussi à y organiser des fêtes d’exception,

Collection H iver 2010

comme la « Blue Soirée », où Liv Tyler a célébré son anniversaire. L’amour d’Alber Elbaz pour le Crillon va encore plus loin puisque, l’an dernier, il a créé la bûche de Noël de l’hôtel, délice de fruits rouges et de chocolat. Il aime le cadre et l’ambiance très chaleureuse du Crillon, son service impeccable et y trouve souvent l’inspiration dans son décor et dans l’élégance des gens qui le fréquentent. Celui qui vient de recevoir le titre de Meilleur Designer International, décerné à Madrid par le magazine Telva, y fêtera sans doute ce nouveau succès…

Inextricable ties Lanvin’s artistic director particularly appreciates this legendary Parisian palace. So much so that he takes pleasure in regularly unveiling his pre-collections there each season, but also organizing special celebrations like the «Blue Party» where Liv Tyler celebrated her birthday.

Alchimie d’une rencontre. En 2001, lorsque Alber entre comme directeur artistique des collections femmes chez Maison de Haute Couture Lanvin, il ne sait pas encore qu’il va tomber totalement sous le charme de l’esprit de cette Maison séculaire. Il s’y épanouit d’emblée et sa première collection, en 2002, est un hommage vibrant à Jeanne Lanvin, puisque inspirée des créations de la fondatrice de la Maison. Revisitées, certes, mais avec des rubans, des paillettes et des robes chemises, tous si chers aux années vingt de Madame Lanvin. Ses créations, désormais, sont signées de sa patte : élégance, sobriété et modernité, avec toujours une subtile touche de glamour. Pour Alber Elbaz, la femme doit créer son propre style, celui qui correspondra le mieux à sa personnalité, son humeur du moment et ses envies. Chacun des vêtements qu’il dessine à grands traits fougueux est créé pour les femmes et en aucun cas pour générer un style. C’est cette philosophie si particulière, où le vêtement met en valeur la femme qui le porte et surtout pas l’inverse, qui en fait l’un des plus talentueux couturiers d’aujourd’hui…

Alber Elbaz’s love for the Crillon goes even further since last year he created the hotel’s Yule log, a delicious red fruit and chocolate treat... He loves the setting and the Crillon’s warm atmosphere, impeccable service, and often finds inspiration in its decor and the elegance of the people who stay there. Having just been proclaimed Best International Designer awarded by Telva magazine in Madrid, he will probably be celebrating this new success at the hotel...

The alchemy of an encounter In 2001 when Alber started as artistic director of the women’s collections at the Lanvin Haute Couture fashion house, he didn’t know at that time that he would fall completely under the spell of the spirit of this historical house. He blossomed there from the start and his first collection in 2002 was a vibrant tribute to Jeanne Lanvin since he was inspired by the creations of the fashion house’s founder. They were surely revisited, but this time with ribbons, sequins, and shirt dresses, all so dear to Mrs. Lanvin’s twenties. His creations now have his signature on them: elegance, simplicity, and modernity, always with a subtle touch of glamour. For Alber Elbaz, a woman must create her own style, one that best suits her personality, her moods and desires. Each item of clothing that he sketches is created for women and in no case meant to create a style. It is this very special philosophy where the clothing showcases the woman that wears it and not the opposite which has made him one of today’s most talented designers...


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JÉRÔME DreYFuss

VOyAGe OF A tALent

ItInÉrAIre D’un GArÇOn DOuÉ

crÉAteur ADuLÉ PAr Les FeMMes, JÉrÔMe DreyFuss DessIne Des sAcs À MAIn en PArFAIte OsMOse AVec Leurs enVIes et Leurs BesOIns. cLIn D’ŒIL LuDIQue, IL Les BAPtIse De PrÉnOMs MAscuLIns. aDoreD

BY Women,

JÉrÔme DreYfuSS

DeSiGnS HanDBaGS in PerfeCT

HarmonY WiTH THeir DeSireS anD neeDS.

PLaYfuLLY,

He GiVeS THem

men’S nameS.

À

l’âge où beaucoup cherchent encore leur voie, Jérôme Dreyfuss sait déjà parfaitement ce qu’il veut faire de sa vie. Passionné par la mode, il présente à 23 ans à peine sa première collection de «Couture à Porter», en 1998. Son audace séduit d’emblée, ses créations étonnent et Jérôme décroche cette même année la très convoitée bourse de l’Andam, attribuée par le Ministère de la Culture à un jeune créateur prometteur. Parallèlement à cette reconnaissance d’importance, son étonnant corset en ruban adhésif entre au Musée de la Mode et le jeune Jérôme devient un incontournable de la rubrique mode des magazines. Au fil de ses collections présentées entre 1998 et 2002, le créateur dévoile une femme sensuelle et drôle. Squaw revisitée, ou gitane chic, la femme qu’il habille possède une élégance décalée et un caractère imprévisible. L’imagination de Jérôme Dreyfuss foisonne et le succès de ses créations dépasse les frontières de l’hexagone… Michael Jackson s’intéresse à son travail et lui confie le stylisme

MAX - PYTHON ROUGE

MAX - CHÈVRE MOUTARDE

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CARLOS - PYTHON ROUGE

At an age where most people are still trying to figure out where they’re going, Jérôme Dreyfuss already knows exactly what he wants to do with his life. crazy about fashion, he presented his first «coutureto-wear» collection at when he was barely 23 in 1998. his bold style was a runaway hit; his creations surprised: that same year Jérôme earned the coveted Andam prize, awarded by the Ministry of culture to a promising young designer. Parallel to this recognition, his corset made of adhesive tape was admitted to the Musée de la Mode, and the young Jérôme became a fixture in the fashion pages.

entourant le lancement de l’album «Invincible». Britney Spears, elle, assure la promo mondiale de son dernier disque toute de Jérôme Dreyfuss vêtue !

through his collections presented between 1998 and 2002, the designer revealed a woman who was sensual and funny. From squaw babe to gypsy chic, the woman he dresses has a quirky elegance and an unpredictable character. Jérôme Dreyfuss’ imagination abounds, and

L’accessoire, cet essentiel…

the success of his creations reaches beyond French borders. Michael Jackson was interested in his work, entrusting him with the styling for the launch of his Invincible album. And Britney spears is dressed head to toe in Jérôme Dreyfuss for the world promo of her latest album.

the essentIAL AccessOry 2002 marked a turning point in the designer’s career: after years of wild excitement, he decided to center his work and concentrate exclusively on accessories. he opted for giving new life to the highlight of any outfit, essential for every woman: the handbag. Dubbed «roots de Luxe,» his soft leather and snakeskin bags are spacious with clever details and are produced by craftsmen selected for their expertise. they were an immediate hit, and Jérôme developed a loyal following of many women. he captured their desire to be sensual, sprinkling it all with genius, and offering several collections to win them over for life.

L’année 2002 marque un tournant dans la carrière du créateur qui décide, après ces années de folle effervescence, de recentrer son travail et de se consacrer exclusivement aux accessoires. Il choisit de donner une nouvelle vie à la pièce phare d’une tenue, indispensable de la vie de chaque femme, le sac à main. Baptisée «Roots de Luxe», ses sacs en cuir souple ou en reptile offrent des volumes généreux et des détails astucieux et sont façonnés par des artisans sélectionnés pour la qualité de leur savoir-faire. Le succès est immédiat et Jérôme tisse des liens indéfectibles avec les femmes. Il saisit leurs envies de sensualité, saupoudre le tout d’ingéniosité et réussit en quelques collections à les séduire pour la vie. Certes, l’ultra souplesse du matériau et la rigueur du détail contribuent à cet engouement, mais c’est une autre de ses idées de génie qui font de ses sacs un immense succès. Chacun porte un prénom masculin et, désormais, on ne sépare plus de son Robert, on craque pour Aldo, on emmène Billy partout et on devient toutes folles de Momo ! En 2006, Jérôme Dreyfuss lance le label «Agricouture». Un prise de position en faveur d’une création respectueuse de l’environnement : de l’élevage des bêtes jusqu’à la finition de ses sacs, il s’engage pour une nature préservée et des conditions de confection saines. Désormais référencé dans les plus prestigieux points de vente aux Etats-Unis, Hong Kong, Londres et Tokyo, Jérôme ouvre en mars 2008 sa première boutique en nom propre, rue Jacob, à Paris, suivie en mars 2010 de celle de New York, dans le quartier de SoHo. Créateur insatiable et réminiscence à ses premiers pas dans la mode, il vient de lancer pour cet hiver une ligne de vestes en cuir…

Of course, the supple materials and attention to detail don’t hurt one bit, but it’s mostly his brilliant ideas that have made these handbags an enormous success.

the environment, from how the animals are raised through the manufacture of his handbags. he’s

each one of them has a male name, which means she’ll

committed to preserving nature and healthy working conditions.

never leave robert, she’s got a weak spot for Aldo,

Already featured in the most prestigious stores in the united states, hong Kong, London and tokyo,

she takes Billy with her everywhere, and every girl is

Jérôme opened the first boutique carrying his own name in March 2008 on rue Jacob in Paris,

crazy for Momo!

followed by one in new york’s soho district in March 2010.

In 2006, Jérôme Dreyfuss launched his «Agricouture»

And in a nod to his roots in fashion, the tireless designer has just launched a line of leather vests for

label. he’s taking a stand for creativity that respects

this winter. Dominique Hoffmann



GOYARD Le luxe à la Française Luxury — French style

Par Dominique Hoffmann


Saga

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Depuis plus de 150 ans, la Maison Goyard accompagne avec une suprême élégance les voyageurs du monde entier, des plus conventionnels aux plus fantaisistes. For more than 50 years, Goyard has been accompanying world — from the most conventional to the most flamboyant — with elegance.

travellers its supreme

L’

histoire de la Maison Goyard est avant tout celle de la famille éponyme, dont l’ancêtre fondateur, François, écrit en 1853 le premier chapitre d’une longue épopée. Bourguignon d’origine, il est le fils d’Edmé, un ancien « compagnon de rivière » qui assemblait et conduisait sur l’Yonne des « trains » de bois provenant des forêts du Morvan jusqu’aux portes de Paris. En 1832, rêvant d’une vie meilleure, Edmé s’installe à Paris et entre chez le plus grand malletier de l’époque, la Maison Morel. François Goyard, son fils, reprend en 1853 les rênes de la Maison, à la disparition de Monsieur Morel. La Maison Goyard vient de voir le jour…

Une toile mythique Le fils de François, Edmond, prend sa suite et crée en 1892 une toile imperméable et inaltérable en lin, coton et chanvre pour recouvrir les malles. La fameuse toile est reconnaissable entre toutes depuis cette date, à laquelle est instauré le fameux pochoir quadricolore à chevrons juxtaposés en forme d’« Y ». Une lettre référence au nom Goyard, au symbole de l’homme universel et un hommage au métier originel de la famille, le flottage du bois. C’est en effet le stockage des bûches qui a inspiré la création du motif de la toile. Malletier favori du gotha international, Goyard a été

A mbassade orange personnalisée

The story of Goyard is above all that of the family of the same name, whose founder, François, a native of Burgundy, wrote the first chapter of a long epic in 1853. His father Edmé was a “compagnon de rivière” or log driver, who navigated wood “trains” from the Morvan forests up the Yonne river to the outskirts of Paris. Edmé dreamed of a better life and moved to Paris in 1832, where he began working for the biggest luggage manufacturer of the time, the Maison Morel. His son François Goyard took over the company upon Mr. Morel’s death in 1853. And so, La Maison Goyard was born.

A myth i c al fab r i c In 1892, François’s son Edmond took his turn as company head and created a water- and damage-resistant fabric in linen, cotton and hemp as an outer covering for the luggage trunks. The famous fabric has since become a highly recognisable emblem, the design of which is the famous four-colour chevron pattern, juxtaposed to form the letter Y. The letter has many meanings for the company: it refers to the name of Goyard and is the symbol for universal man. It also pays homage to the family’s original profession as log drivers — stacks of logs were the inspiration for the fabric’s pattern. Goyard is the favourite luggage maker of the international jet-set, and its client roster includes the likes of Presidents of the United States, the Royal Court of England, and the Czar of Russia. Celebrities back in the day — including Sir Conan Doyle, Sarah Bernhardt and Sacha Guitry — travelled “en Goyard”. Since 1998, the company has been lead by the Signoles family and underwent a dazzling make-over in 2002 under the direction of Jean-Michel Signoles. He brought in colour, going from black only to a palette

© Roman Bonnery

Malle a polo


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Saga

Photo du haut : malle à chaussures

Ci - dessus : malle palace personnalisée

le fournisseur de la Présidence des États-Unis, de la Cour d’Angleterre et du Tsar de Russie. Les célébrités de l’époque voyageaient alors « en Goyard » comme, entre autres, Sir Conan Doyle, Sarah Bernhardt, Sacha Guitry…Aujourd’hui, c’est la famille Signoles qui est propriétaire de la Maison depuis 1998. Jean-Michel Signoles lui offre un renouveau fulgurant : en 2002, il développe la couleur, passant du seul noir à une palette de rouge, vert, bleu, bordeaux, jaune, blanc, orange, argent ou or ! Il actualise le service de personnalisation avec des initiales, des bandes ou des armoiries et ouvre en 2008 une boutique au 352 rue Saint-Honoré, consacrée aux accessoires pour animaux de compagnie. Un bel hommage au département dédié aux « Chiens, chats et singes » créé en 1890… La Maison Goyard n’a cessé depuis sa création de donner naissance à des modèles intemporels issus de la conjonction rare d’une intuition créative et d’un extrême savoir-faire. Elle s’inscrit aujourd’hui pleinement dans son époque en alliant tradition et modernité et en continuant à séduire des personnalités comme Karl Lagerfeld ou Alain Ducasse…

of red, green, blue, burgundy, yellow, white, orange, silver, and gold! He updated personalizing services by offering initials, custom bands or coat of arms. In 2008, he opened a boutique at 352 rue Saint-Honoré, devoted to accessories for pets — a lovely tribute to the original “Dogs, Cats, and Monkeys” department from 1890. Since its inception, La Maison Goyard has continued to give birth to timeless designs through a rare combination of creative intuition and highly advanced savoir-faire. The company holds an important place in the world today by combining tradition with modernity and continues to charm such celebrities as Karl Lagerfeld or Alain Ducasse…


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shopping

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en mode capitale

L’H ôtel

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P aris . P ar son P lace de la C oncorde qui ouvre la perspective des C hamps -É lysées . P ar son aura , aussi et surtout . I l est l ’ un des rendez - vous privilégiés des créateurs parisiens , des leaders d ’ opinion , des grands médias . C eux - là ne profitent pas seulement des décors , de l ’ hospitalité du bar et du restaurant . N on , ils viennent ici humer l ’ air du temps , sentir la vie parisienne , C apter , échanger , partager … de

C rillon

C

est depuis toujours au cœur de

implantation , bien sûr : sur la

T he H otel de C rillon has always been in the heart of P aris . D efinitely due to its location : the P lace de la C oncorde which opens up with a view of the C hamps E lysees . A nd most of all because of its aura . I t is one of the privileged rendezvous of P arisian designers , opinion leaders , and the mainstream media . T hey don ’ t just enjoy the decor and hospitality of the bar and restaurant . N o , they come here to take in the spirit of the times , feel the P arisian life , capture it , share it …

en mode capitale valérie expert

« P a r i s b o u g e à l a C o n c o r d e »

baccarat une maison de verre

yiqing yin

Marché de l’art

Au fil de Yin...

« P a r i s a d e s a t o u t s »

Sur la concorde

bât le cœur de Paris



découverte

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Lauréate du Grand Prix de la Création de la ville de Paris en 2009, Yiqing Yin est, à tout juste 25 ans, l’une des créatrices montantes de la ville lumière. Winner of the Cit y of Paris’ Gr and Prize of Cre ativit y in 20 09, Yiqing Yin is just 25 ye ar s of age and one of the rising cre ative star s of the cit y of light.

Yin’s road to fashion...

Au fil de Yin... photos

:

laurence laborie

texte

: Laure Lambert


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she wanted to become a sculptor. that was before catching the fashion bug. originally from china, yiqing yin hurriedly left her country during the revolts of tiananmen square in 1989. she was four years old when she arrived in france. it was an uprooting that branded her for life which she would soon express through fashion. «i always had a very strong connection to clothing,» she says. «i do not envision it as a simple piece of cloth, but rather like a second skin, a symbol of identity». at a very young age, yiqing began to develop her own line. she turned into a serial shopper on the lookout for art trends and sought out her own style, sculpting, drawing, and shaping according to her inspirations and her vital need to create. so naturally she turned to the school of decorative arts in paris. her first collection called «exiles» was born. playing with contrasts and volumes, this young designer dreamt up romantic, misty clothes that must move in space. Matter holds a prominent place in yiqing’s imagination. she likes it flowing, round, and floaty with its own personality. she prefers to use silk in all of its forms: chiffon, silk netting, and silk jersey which she likes to mix with wool and cotton. «i need to feel the fabric, to see how the body reacts to its touch,» she explains. but what inspires yiqing most is the female body. «When i create a garment, i think about the woman who will embody it and the story she will tell,» she says. «i imagine a modern, sensual

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lle voulait devenir sculpteur. C’était avant d’attraper le virus de la mode. originaire de Chine, Yiqing Yin quitte son pays précipitamment lors des révoltes de tian’anmen en 1989. elle a quatre ans lorsqu’elle débarque en france. un déracinement qui la marque à vie et qu’elle va très tôt exprimer à travers la mode. « J’ai toujours eu un rapport très fort au vêtement, confie-t-elle. Je ne l’envisage pas comme un simple bout de tissu, mais plutôt comme une seconde peau, un symbole identitaire ». très jeune, Yiqing commence à développer son propre univers. elle se mue en serial shoppeuse à l’affût des courants artistiques, et cherche son style, sculptant, dessinant, façonnant au gré de ses inspirations et de son besoin vital de création. C’est donc tout naturellement qu’elle s’oriente vers l’École d’arts décoratifs de paris. une première collection baptisée « exils » voit le jour. Jouant avec les contrastes et les volumes, la jeune créatrice imagine des vêtements romantiques, vaporeux, qui doivent se mouvoir dans l’espace. la matière occupe d’ailleurs une grande place dans l’imaginaire de Yiqing. elle la choisit fluide, ronde, aérienne, avec une personnalité propre. sa préférence va pour la soie, sous toutes ses formes : de la mousseline de soie, du voile de soie, du jersey de soie, qu’elle se plaît à mélanger avec de la laine, du coton. « J’ai besoin de toucher le tissu, de voir comment le corps réagit à son contact », explique-t-elle. mais ce qui inspire Yiqing avant tout, c’est le corps féminin.



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« lorsque je crée un vêtement, je pense à la femme qui va l’incarner, à l’histoire qu’il va raconter, raconte-t-elle. Je m’imagine une femme moderne, sensuelle, une flâneuse des temps modernes qui parcourt le monde. mais une femme presque virile, qui avance avec la détermination d’un homme. C’est tout le paradoxe de la femme actuelle, qui doit porter cette dualité sans sacrifier sa féminité. C’est pour cela que je conçois le vêtement comme une carapace qui enveloppe le corps et protège celle qui le porte du monde extérieur ».

woman, a lounger in modern times who travels the world. but an almost virile woman who moves forward with the determination of a man. quite the paradox of the modern woman who must bear this duality without sacrificing her femininity. that’s why i design clothing as a shell that envelops the body and protects the wearer from the outside world.»



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Dress Code

Dress Code

Cette dualité est omniprésente dans l’univers de Yiqing, comme si elle avait besoin d’exorciser ses propres angoisses de jeune femme qui doit se battre pour s’imposer, dans un univers que l’on sait redoutable : la mode. Cependant, 2009 va marquer un tournant dans la carrière de Yiqing. Son talent éclate au grand jour lorsqu’elle remporte haut la main le Grand Prix de la Création de la Ville de Paris. Tout va alors s’enchaîner très vite pour la créatrice. Elle lance sa propre marque, sort un parfum, et édite un livre dans lequel elle livre les secrets de sa première collection. Perfectionniste jusqu’au bout des ongles, elle tient à réaliser elle-même ses shooting. « C’est très important pour moi. Le vêtement doit être incarné, mis en scène. Il faut qu’il vive, qu’il respire ! ».

This duality is ubiquitous in Yiqing’s fashion as if she needed to exorcise her own anxieties as a young woman who must fight to win in a formidable world that is known as the fashion world. However, 2009 would mark a turning point in Yiqing’s career. Her talent became public when she won the City of Paris’ Grand Prize of Creativity hands down. Everything quickly fell into place for the designer from there. She launched her own label, released a perfume, and published a book in which she revealed the secrets of her first collection. A perfectionist through and through, she insists on doing her own shooting sessions. «It’s very important to me. The garment must be embodied, staged. It must live and breathe!»

Après avoir participé cette année au Festival des jeunes créateurs de Hyères, Yiqing réfléchit déjà à sa nouvelle collection qu’elle promet « plus noire, plus torturée, plus guerrière aussi ». Une partie sera exposée à la Galerie Joyce du Palais Royal à Paris du 13 au 26 février 2011.

After attending this year’s Young Artists Festival in Hyères, Yiqing is already thinking about her new collection that she promises will be «darker, more tortured, more warlike.» A portion will be on display at the Joyce Gallery at the Palais Royal in Paris February 13th-26th, 2011.


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Á la différence des rues, les places sont un luxe nées généraleMent d’un désir précis. elles donnent une iMage de la ville et reflètent la richesse de son histoire. c’est au xviie siècle que les preMières places apparaÎtront à paris. unlike

sTreeTs, sQuares are a luxury whiCh usually arose from a PreCise reQuiremenT.

The Town and The diversiTy of iTs hisTory.

The

firsT sQuares aPPeared in

Paris

C’est de la volonté d’installer une statue équestre de louis Xv durant son règne dans un décor à la mesure de son auguste personne qu’est née l’idée de créer une place majestueuse entre les jardins du palais des tuileries et les Champs-Élysées dessinés par le nôtre. Édifiée à partir de 1760 sous le nom de place louis Xv, elle sera appelée successivement place de la révolution en 1792 lorsqu’on y installera la guillotine, puis place de la Concorde sous le directoire pour marquer la réconciliation des français. plus tard, au début du XiXe siècle, un obélisque venu du temple égyptien de louxor, dans de périlleuses conditions, sera érigé en son centre. C’est Jacques-ange gabriel, le plus grand architecte de son temps, qui la réalisera avec le souci de respecter la superbe perspective des lieux s’ouvrant sur le spectacle de la nature – une idée chère au Xviiie siècle -. rompant avec le schéma habituel des places royales rondes et fermées, il imagine un plan original rectangulaire à pans coupés, fermé sur un seul côté, opposé à la seine, par deux bâtiments identiques aux façades classiques bordées d’une colonnade inspirée du louvre. Á l’angle ouest, l’Hôtel de Crillon - où sera signé le 6 février 1778 le traité d’alliance franco-américain reconnaissant l’acte d’indépendance des États-unis -, à l’est le garde-meubles royal. séparés par la rue royale, ces palais demanderont vingt-cinq années de travaux. a plan to erect an equestrian statue of louis xv during his reign, in surroundings worthy of such an illustrious personage, gave rise to the idea of creating a majestic square between the gardens of the tuileries palace and the champs elysées designed by the architect le nôtre. building started in 1760. named place louis xv, the square was subsequently called place de la révolution in 1792 when the guillotine was set up there and then place de la concorde under the directory as a symbol of reconciliation amongst the french people. later, at the start of the 20th century, an obelisk transported from an egyptian temple in luxor in dangerous circumstances was erected at the centre. the square was designed by jacques-ange gabriel, the greatest architect of his time, with the aim of preserving the magnificent prospect opening out onto nature - a popular concept in the 18th century. breaking with the traditional design of circular, enclosed squares, he designed an original octagonal square closed on only one side, opposite the seine, with two identical buildings classically fronted with colonnades inspired by the louvre. on the west side the hotel de crillon – where the franco-american treaty of alliance, recognising the american declaration of independence, was signed on february 6th, 1778 – and on the east a building used for storing royal furniture. these two mansions, with the rue royale running between them, took 25 years to complete.

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SUr la plaCe De la CONCOrDe bat le CŒur de Paris THE HEART OF PARIS LIES IN THE PLACE DE LA CONCORDE

© nfrPictures - Fotolia.com

Par franCe haussemberg


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capitale Paris , fontaine de la place de la concorde

The king’s statue, executed by Bouchardon, was inaugurated before the surrounding square was finished. Unveiled on June 20th, 1763, set amongst luxuriant shrubs and sculptures by Pigalle symbolising peace, justice, strength and wisdom, it dominated the square for barely thirty years before being replaced with the statue of Liberty during the revolution. As soon as the imposing square, in which the architect Gabriel had built eight elegant booths, was finished in 1785 it became the natural setting for public amusement. Nobody could imagine that less than ten years later it was to become the scene of the sanguinary events that marked the fall of the Ancien Régime. More than a thousand people were to be guillotined there, including Louis XVI, Robespierre and Danton. After this terrible period the square was tranquil once again, and in 1795 became host to the spirited “Marly Horses”* sculpture by Guillaume Coustou which has marked the entrance to the Champs Elysées ever since. In 1831 Louis Philippe decided to replace the statue of Liberty by something less politically controversial. Mehemet Ali, vice-roy of Egypt, had given the obelisks which marked the entrance to the temple of Ramesses II in Luxor to France, and Louis Philippe had one of these transported back and put up in the Place de la Concorde. The 230 ton pink granite monolith engraved with hieroglyphics was finally erected on October 25th, 1836 before an admiring crowd, after an incredible journey by sea and waterway. The plinth, which tells the epic tale of the journey, was designed by the architect Hirttorff who was in charge of renovating the square and who made it what it is today. Under his orders imposing statues representing France’s largest cities were set atop each of Gabriel’s stone booths and the Obelisk was flanked by two superb multi-jet fountains, one dedicated to the sea and the other to waterways. Some impressive rostral columns featuring the emblem of Paris, a ship’s helm, were also installed and are now used as streetlamps. Known and admired by millions of visitors, this unique open square which today hosts parades and festivals to match its splendour is a remarkable tribute to history and harmony. From the central reservation where the Obelisk stands like a guardian of the capital facing the Champs Elysées, you can see straight up the Triumphal Way as far as the Arc de Triomphe. Turn round and you can contemplate the greenery of the Tuilerie gardens, turn to the sides and you can nod to the National Assembly and the Madeleine church. This is the very heart of Paris, and one of world’s most iconic squares.

© Guillaume Besnard - fotolia.com

Mais l’inauguration de la statue du roi, commandée à Bouchardon, n’attendra pas l’achèvement de la place qui l’entoure. Dévoilée en son centre le 20 juin 1763, au milieu d’arbustes verdoyants, elle y règnera, encadrée de sculptures de Pigalle symbolisant la paix, la justice, la force et la prudence, pendant trente ans à peine avant d’être déboulonnée et remplacée par la statue de la Liberté sous © Philophoto - fotolia.com la Révolution. Dès son achèvement en 1785, la grandiose place que Gabriel a doté de huit élégantes guérites, devient naturellement le cadre des fêtes publiques. Nul n’imagine que, dans moins de dix ans, elle sera le théâtre des événements sanglants qui marqueront la chute de l’Ancien Régime. Plus de mille personnes y seront guillotinées, parmi lesquelles Louis XVI, Robespierre, Danton… Après cette horrible période, la place redevenue sereine se verra doter en 1795 des fougueux « Chevaux de Marly »*, œuvre de Guillaume Coustou, qui signalent depuis l’entrée des Champs-Élysées. En 1831, Louis Philippe décidant d’élever, à la place de la statue de la Liberté, un monument qui ne prête lieu aux polémiques politiques, fait venir l’un des deux obélisques qui garde l’entrée du temple de Ramsès II à Louxor, que le vice-roi d’Égypte Méhémet Ali a offert a la France. Ce monolithe de deux cent trente tonnes de granit rose gravé de hiéroglyphes, après un incroyable périple à travers les mers et les fleuves, est enfin dressé le 25 octobre 1836 devant une foule de badauds admiratifs. Son socle, relatant l’épopée de son voyage, a été dessiné par l’architecte Hirttorff, chargé de la rénovation de la place qui lui doit son aspect actuel. Il fait orner les guérites de Gabriel de statues généreuses représentant les grandes villes de France, installe, de part et d’autre de l’Obélisque, deux superbes fontaines dont l’une célèbre les mers, l’autre les fleuves avec des jeux d’eau multiples, ainsi que d’étonnantes colonnes rostrales ornées d’une roue de navire, emblème de Paris, qui font office de lampadaires. Connue et admirée de millions de visiteurs, cette place ouverte, unique, qui accueille aujourd’hui défilés et fêtes à la mesure de sa grandeur, est un hommage magistralement rendu à l’Histoire et à l’Harmonie. Du terre-plein de l’Obélisque, gardien de la capitale, placé dans l’axe des ChampsÉlysées, on peut admirer cette voie triomphale jusqu’à l’Arc de Triomphe, puis en se retournant laisser son regard se perdre dans les frondaisons des Tuileries, sur les côtés saluer l’Assemblée nationale et la Madeleine….on est au centre de Paris, l’un des hauts lieux du monde !

*Ainsi appelés parce qu’ ils proviennent de l’abreuvoir de Marly. Les originaux sont conservés au Louvre.


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Valérie Expert « Paris bouge à la Concorde »

V al é rie E xpert : “ P lace de la C oncorde is the beating heart of P aris ”

Elle parle de Paris au féminin, mais considère que c’est « sans doute » un homme, Yves SaintLaurent, qui pourrait l’incarner : « Pour l’éclat en même temps que les nuances, son art de capter la lumière et l’époque ». A lthough she refers to P aris as ‘ female ’, V alérie E xpert believes “ without the city ’ s “ sparkle as well as its shade , through his art of capturing the

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doubt ” that it ’ s a man ,

Y ves S aint L aurent ,

who could best embody

light and essence of the era ”.

alérie Expert est à la ville comme, chaque jour, sur le plateau de la chaîne télévisée d’information continue LCI : elle aime mettre de la rondeur dans le carré des choses. Son angle de curiosité est à 360 degrés. Sa boussole, c’est l’envie d’expliquer le monde comme il va : à travers les gens, les sujets de toutes les actualités, les livres, les spectacles et la cuisine. Et dans ce monde-là, il y a aussi Paris. Si elle confesse n’être jamais montée en haut de l’Arc de Triomphe, la journaliste garde le souvenir d’une balade sur les toits du 36 Quai des Orfèvres, le sacro-saint siège de la police, d’où elle a vu Paris « comme on découvre un paysage jamais vu ». Pour autant pas question de laisser la capitale dans un écrin de pierre. Si le Pont Alexandre III, la place Saint-Sulpice et le IXe arrondissement sont ses coins de prédilection, la place de la Concorde et « son ampleur qui invente un horizon avec la Seine toute proche » restent pour elle, à la fois, le symbole de « ce qui bouge » et de « ce qui est gravé ». Valérie Expert est formelle : « Si on veut voir Paris bouger, il faut aller place de la Concorde. Elle bouge toute la journée avec sa lumière si particulière, comme si elle captait un gros bout de l’âme et de l’énergie de Paris. » Et puis, en parlant d’énergie, l’idée lui vient que si Paris, finalement, se conjuguait au masculin, il conviendrait aussi d’associer à Yves Saint Laurent l’acteur Fabrice Luchini et le chanteur Thomas Dutronc : « Ils sont citadins, érudits, un brin cabotin, soucieux d’être là où, dit-on, il paraît qu’il faut paraître, à condition qu’il y ait un restaurant sympathique pas trop loin... Des parisiens ! » Valérie Expert connaît décidément son monde.

Like any other day, Valérie Expert is in town, on the set of the TV news channel LCI. Alongside a fondness for turning things on their head, her curiosity knows no bounds and she is driven by a desire to throw light on the world – be it through people, topical news stories, books, shows or cookery. And that world includes Paris. If she confesses to have never climbed to the top of the Arc de Triomphe, this journalist does have fond memories of a stroll across the roofs of 36, Quai des Orfèvres – the city’s legendary police headquarters. With this vantage point she could view Paris “as if discovering some unseen landscape”, its aspect far from a concrete jungle. If the Alexander III Bridge, the Place Saint-Sulpice and the 9th arrondissement are her preferred hot-spots, the Place de la Concorde, with “its sheer size creating an impressive panorama with the nearby River Seine”, remains symbolic of “what’s hip and happening” as well as “the unchanging”. Valérie Expert is categorical – “If you want to know ‘where it’s at’ in Paris, go to Place de the Concorde. It’s bustling all through the day with a very particular glow, as if absorbing the life and soul of Paris.” Talking of this ‘energy’, it occurs to her that if Paris were male, it would be fitting to not only associate Yves Saint Laurent to the city, but also the actor Fabrice Luchini and the singer Thomas Dutronc. “They’re urban men, erudite, conscious of being seen in the right places – as long as there’s a nice restaurant not too far away.... that’s Parisians for you!” Valérie Expert really knows her world.


Marché de l’art « Paris a des atouts» T he art market : “ P aris has advantages ”

Par Bruno Lanvern


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Guillaume Cerutti est le président-directeur général de Sotheby’s France. Il a une certaine idée de l’art du temps, des fausses modes, de la curiosité des collectionneurs et de leur passion. Guillaume Cerutti, Managing Director of Sotheby’s France, has his own ideas about today’s art, fake trends, and the curiosity and passion of collectors.

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aris est-il à sa place sur le marché international de l’art ?

Paris occupe une place de quatrième derrière New York, Londres et Hong Kong. Cette place n’est sans doute pas en rapport avec le potentiel de Paris et de la France. Donc la réponse est : peut mieux faire.

P aris est - il en mesure de tenir son rang ? L’histoire du marché de l’art parisien est celle d’une place qui, voilà cinquante ans, était la référence du marché de l’art mondial avant de décliner. Aujourd’hui nous sommes toujours dans ce processus par rapport à un passé prestigieux. J’ai envie de dire que Paris doit regagner de sa superbe.

C e constat est volontariste mais pas tr è s optimiste . Il est réaliste. Le marché de l’art français vit dans le paradoxe. Paris dispose en effet de tous les atouts pour être la capitale du marché de l’art mondial. Il s’y emploie en accueillant les plus importants événements culturels mondiaux : quelle ville peut-elle dans les mêmes semaines et les mêmes mois du calendrier offrir une telle densité d’offre artistique en présentant avec un réel succès auprès du public une exceptionnelle exposition Basquiat, une rétrospective Monet comme on n’en a jamais vue, un accrochage inédit consacré à Mondrian, etc. ? Aucune.

M ais le grand succ è s des mus é es ne fait pas forc é ment celui des salles de ventes . . . Bien sûr. Et cette situation paradoxale s’explique par deux raisons. D’abord, nous avons tourné le dos au marché de l’art et à sa mondialisation en érigeant des barrières alors que nous aurions dû nous ouvrir pour affirmer notre statut de place internationale. Nous avons observé la compétition à travers les pays et les continents en cherchant à la compliquer un peu pour protéger l’intérêt et le fonctionnement traditionnel des commissaires priseurs français. C’est alors que nous avons raté le train : d’autres capitales ont profité de notre hésitation devant les opportunités pour s’installer, avant de s’imposer. La seconde raison tient dans une règle très claire : pour être très fort dans le domaine du marché de l’art, il faut avoir un nom, une réputation et une capacité à intervenir dans le monde entier. Très peu d’entreprises sont en situation de pouvoir organiser des événements de portée internationale. Il y a Sotheby’s, mais il n’y a pas de société franco-française. Drouot est une marque fabuleuse, mais elle représente une multitude de petites entreprises qui n’ont pas une stratégie commune. Comment s’adresser au monde entier quand on est un acteur de taille purement locale ? C’est impossible, techniquement impossible. Il faut une structure ciblée sur l’international, une capacité d’organisation, de marketing et de support dont aucune entreprise d’origine française dispose.

Quelle est la rencontre q ui vous a le plus mar q u é depuis q ue vous pr é side z S otheby ’ s F rance ? Plus que d’une rencontre, je préfère vous parler d’un moment, lors d’un récent voyage que j’ai fait en Asie. Le moment où je me suis trouvé physiquement au cœur de l’incroyable vitalité de la Chine et de Hong Kong qui sont les nouveaux arrivés sur le marché de l’art. Je savais bien sûr que cette vitalité existait mais je ne la connaissais pas, au sens où je ne l’avais pas vue à l’œuvre si j’ose dire. Eh bien, la curiosité et l’audace de ces collectionneurs sont spectaculaires !

Si l’art est un marché, qui fixe les prix des acquisitions ? Nous sommes sur un marché. Donc un prix se forme autour d’une offre et d’une demande. Il ne faut pas le nier. Tout revient à l’œuvre d’art elle-même, à l’émotion au désir qu’elle crée. Le prix

Does Paris have a place in the international art market? Paris comes fourth after New York, London and Hong Kong. This obviously doesn’t match the potential offered by Paris and France in general. So the answer to that is: could do better. Can Paris keep its position? The history of the Parisian art market is that 50 years ago it was a worldwide benchmark for art before going into decline. And today we are still in decline compared to a very distinguished past. I’d like to say that Paris must regain its verve. This is a pro-active but not very optimistic assessment. It’s realistic. The French art market is in a state of paradox. Paris has everything it needs to become capital of the world art market. It’s working towards it by playing host to major world cultural events. What other city can offer such a huge variety of artistic offerings at the same time, such as the highly successful Basquiat exhibition, a Monet retrospective that surpasses anything we have ever seen before, an unprecedented Mondrian exhibition, etc? The answer is “none”. But the auction rooms do not necessarily reflect the success of the museums... Of course. And there are two reasons for this paradox. Firstly, we turned our backs on the art market and globalisation by putting up barriers when we should have been asserting our position on the international market place. We watched the competition in other countries and on other continents and tried to make things complicated in order to protect the interests and the traditional methods of French auctioneers. And that’s when we missed the boat. Other world capitals took advantage of our hesitation in getting our foot in the door and overtook us. The second reason is down to one very clear rule: to be in a position of strength in the art market, you must have a name, a reputation and global reach. Very few businesses are in a position to organise international events. There’s Sotheby’s, but there are no purely French companies. Drouot is a fantastic institution, but it represents a multitude of small businesses with no common strategy. How can you address the whole world


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when you are just a local player? It’s impossible, technically impossible. You must have an internationally oriented organisation, with a capacity for organisation, marketing and support, which no French business has. What encounter has made the greatest impression on you since you’ve been at the head of Sotheby’s France? Rather than an encounter, I would prefer to tell you about a particular moment during a recent trip to Asia. It was the moment when I found myself physically at the heart of the incredible vitality of China and Hong Kong, the new arrivals in the art market. I knew that this vitality existed but I hadn’t experienced it as I hadn’t seen it at first hand, so to speak. Well, the curiosity and boldness of those art collectors is spectacular! If art is a market, who sets the prices? We’re in a market. So prices are defined by supply and demand. It can’t be denied. It all comes down to the work of art itself, to the emotion and desire it generates. Price is a necessary factor, but it is under no circumstances the driving force behind a purchase by a collector who wants an object. Even if there are visible “trends”? That’s true when acquiring contemporary works of art. But a collector is not interested in buying something as a status symbol, just to look successful. Having said that, many clients first become interested in art because they seek recognition, but they very often and very quickly become true and sincerely passionate collectors, interested in learning more and increasing their knowledge and their collections. They get a real taste for and appreciation of the artistic value of the objects they buy. They develop the “essence” of a collector: curiosity. What do you think of the Louvre Museum’s recent enterprise of launching a public appeal to donors to acquire a painting by Cranach, the Three Graces, a Renaissance work of art? I know that some will be shocked by this appeal, but not me. It emphasizes the fact that to acquire highly valuable pieces museums need to raise significant amounts, often quite urgently. I have nothing against this, as long as it’s to enrich the national heritage and collections. Having said that, the Louvre Museum is a case apart. It has significant resources for acquiring works of art through its extremely dynamic Friends of the

lots phares des ventes de cet automne 2010 chez Sotheby’s / Top lots at Sotheby’s autumn 2010 auctions irving Penn (1917-2009) Pablo Picasso à l’hôtel La Californie, Cannes, 1957 Tirage platinum-palladium de 1973, contrecollé sur aluminium

François-Xavier Lalanne (1927-2008) Bar, pièce unique, 1966 - En maillechort, laiton, métal et cristal Hauteur : 185 cm ; Largeur : 200 cm

est un élément nécessaire mais il n’est en aucun cas le moteur dans la réalisation d’un achat par un collectionneur qui veut un objet.

Même si on observe des « modes » ? C’est vrai pour l’acquisition d’œuvres ou d’objets d’art contemporain. Mais acheter quelque chose qui va être assimilé à une réussite ou à un statut n’entre pas dans le parcours du collectionneur. Cela dit si beaucoup de clients s’intéressent à l’art en y satisfaisant des envies de reconnaissance, cela se mue très souvent et très rapidement en de véritables parcours de collectionneurs sincères et épris qui se documentent et approfondissent leurs connaissances et leurs collections. Ils éprouvent alors un véritable goût et une réelle appréciation de la valeur artistique des objets qu’ils achètent. Ils développent ce qui « fait » le collectionneur : la curiosité.

Que pensez-vous de l’initiative du Musée du Louvre qui organise une souscription nationale pour financer l’acquisition d’une toile de Cranach, Les Trois Grâces, un chef d’œuvre de la Renaissance ? Je sais que certains sont choqués par cet appel, moi pas. Il témoigne du fait que face à des acquisitions de grande valeur les musées ont besoin de réunir des moyens importants, souvent dans des conditions d’urgence. A partir du moment où il s’agit d’enrichir le patrimoine national et les collections, le principe ne me gêne pas. Cela dit le Musée du Louvre est un cas particulier : il dispose de beaucoup de moyens d’acquisition avec une Société des Amis extrêmement dynamique et une capacité à attirer le mécénat d’entreprises. En creux cela souligne les difficultés des musées de plus petite taille à acquérir des œuvres. Même si les lois sur le mécénat, notamment celle de 2003, ont permis de faire évoluer les choses car en France contrairement aux Etats-Unis l’idée que l’Etat, par ses dotations, est un acteur majeur de la politique d’acquisition, reste fortement ancrée.

On entend souvent le mot « disperser » quand des collections sont mises en vente. Comme si on cassait un ensemble... Je vous fais une confidence : c’est un mot que je n’emploie jamais. Je trouve qu’il a une connotation péjorative. Pour moi on disperse des cendres, on disperse une émeute, on disperse une succession. On ne disperse pas une passion.

Louvre Society and also a capacity to attract corporate patronage. Implicitly, this highlights the difficulties of smaller museums to acquire pieces. Even if patronage laws (particularly the law of 2003) have helped to bring about changes in France, unlike in the United States the perception that the state should be a major provider of funds for acquisitions remains deeply rooted. The word “dispersal” is often used when collections are sold, as if something is being broken up. Let me tell you something: that is a word I never use. It has very negative connotations. For me ashes are dispersed, a riot is dispersed, an inheritance is dispersed. You can’t disperse a passion.


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B accarat , a house of glass

Baccarat une maison de verre Par Bruno Lanvern

Lustre Zenith


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Soufflé, taillé, gravé, rehaussé d’or ou d’émail, le cristal est une alchimie de technique et d’imagination, et son maître est Baccarat. Il existe sans doute autant de manières de parler de la Maison Baccarat qu’il existe de grains de sable nécessaires à la fabrication d’un éclat de son cristal : des millions. Plus une, en racontant le sentiment d’intensité que l’on éprouve devant ce mélange de force et de fragilité qui se mêlent dans la lumière. Blown,

cut, engraved, enhanced with gold or enamel; crystal is a magical mix

is a past master. B a cc a r a t a s t h e r e a r e g r a i n s sand used to make a sparkling piece of crystal: millions. This combination strength and fragility mixed with light kindles intense feelings.

of expertise and imagination of which

There of of

B a cc a r a t

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So much mystery can be perceived through the transparency of crystal. This sparkling substance, given life by the hands of an artist, is like sunlight springing from the dark. It comes from the combination of melted sand and air, splinters of light mastered by knowledge. This particular brand of magic is rooted in nature. Baccarat can be visited at their headquarters in the Place des Etats-Unis, Paris, in the mansion which belonged to Marie-Laure de Noailles. Designer Philippe Starck has created a spectacular décor which is both contemporary and respectful of history. They can also be visited in Lorraine, where the Manufactory was established in 1764*. You will have learned two things when the visit is over: how savoir-faire is transformed into an art; and how this art can transcend the physical object.

are doubtless as many ways of describing

Il est étrange d’imaginer que tant de mystères s’expriment dans la transparence du cristal. Cette matière éclatante, jaillie des mains d’un artiste, invente chaque instant du jour un soleil surgi de l’ombre. Elle raconte l’union du sable et de l’azur, fondus dans le feu. Comme des échardes de lumière maîtrisées par le vif d’un savoir. C’est une magie, mais née de la nature. Allez les voir à Paris où Baccarat s’est installé, place des États-Unis, dans l’ancien hôtel particulier de Marie-Laure de Noailles avec la complicité du designer Philippe Starck qui a imaginé une spectaculaire mise en scène d’une modernité respectueuse de l’histoire. Mais aussi, pourquoi pas, en Lorraine, là où est née la Manufacture en 1764 (*). Vous en reviendrez en ayant appris deux choses : comment les méandres d’une expertise peuvent mener à la précision d’un art ; et comment cet art fait qu’on évalue, dans le creux de la main, le juste poids d’une élégance quand seule la caresse du bout des doigts n’y suffit pas. Il est là le mystère de Baccarat, et nulle part ailleurs. Et d’ailleurs y serait-il, ailleurs, que cela n’y changerait rien : il existe dans le cristal une âme. Une âme comme il en courait une dans les cordages des navires de la Royale qui transportaient ce célébrissime cristal de Baccarat d’un bout à l’autre du monde. L’âme, pour les marins, c’était le lien autour duquel on avait tressé

For that is the mystery of Baccarat: astonishing as it may seem, crystal has a soul. The ropes used on the French naval boats which transported Baccarat’s famous crystal throughout the world had a soul to match. Sailors used to call the attachment around which the hawsers and halyards were woven the “soul”. Which is why sailors on French boats never talk of a rope, but of an “end”: it was important to be able to find “the end of the soul”, to keep hold of it and be led safely back to port. This is not as much of a digression as it might seem, since Baccarat crystal was sent over oceans and seas from the Lorraine region. The soul in Baccarat crystal is breathed into sand and fire by the glassblowers. Each bold swinging movement of the glassblower’s rod, which catches the glass before transforming it, re-creates the mystery of crystal. This movement was born of a succession of experiments which have contributed to the sum of human knowledge since 1764 and which make Baccarat what it is today. Being visionaries, they will always be contemporary.


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© Claude Weber

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B a cc a r a t , 11 place des Etats-Unis, 7 5 1 1 6 P a r i s , 01 40 22 11 10. M u s é e B a cc a r a t , rue des Cristalleries, 5 4 120 B a cc a r a t w w w . b a cc a r a t . f r

N early 2 5 0 years of history Baccarat’s very detailed documentation does not reveal much about the incredible technological accomplishments of its engineers and master glassworkers throughout nearly 250 years of history. However, the firm has successfully executed some exceptional and prestigious pieces, which the sceptics would have thought impossible to make. For example: the colossal chandelier, weighing over a ton, sent to the Maharaja of Gwalior in India at the end of the 19th century, and whose 200 lamps are still shining today; a series of a dozen electrified candelabras, 3.8 metres high, which can be seen in the Tsar’s Winter Palace in Saint-Petersburg ever since Nicolas II decided to have them installed at the beginning of the 20th century; more recently, in 1994, Baccarat celebrated its 230th anniversary by an extraordinary achievement, a crystal chandelier measuring 5 metres high by 3 metres wide, weighing 1.5 tons and equipped with 2,150 metres of electric wire. To give you an idea of what that represents, just remember that the Champs-Elysées are 1,910 metres long!

les aussières et les drisses. C’est pour cela que l’on ne parle pas de corde sur un navire, mais de « bout » : il s’agissait de retrouver le « bout de l’âme » pour s’en saisir, ne pas la perdre et aller à bon port. Entre région de Lorraine, divers océans ou Méditerranée, la digression n’est pas aussi farfelue qu’il peut y paraître. Car dans le cristal de Baccarat, c’est toujours le souffle des verriers qui met une âme entre le sable et le feu. Dans le balancement assuré de leurs cannes qui accrochent le verre avant de le transformer, ils réinventent à chaque geste le mystère de leur cristal. Il est fait, ce geste, d’une succession d’expérimentations et de savoirs humains avec un grand « S », parce que ces expérimentations et ces savoirs n’existent que dans le pluriel de tous ceux qui ont imaginé, depuis 1764, que ce cristal allait devenir le plus étincelant. Parce qu’ils étaient visionnaires, ils sont modernes pour toujours.

Près de 250 ans d’histoire La précise documentation de la Maison Baccarat reste discrète sur les incroyables réalisations technologiques que ses ingénieurs, maîtres verriers et ouvriers ont su mener à bien, depuis près de 250 ans d’histoire. Pourtant, elle en a réalisé des projets prestigieux et exceptionnels, alors que les sceptiques n’y auraient pas misé la possibilité de « les faire tenir un verre debout ». Exemples : la commande d’un immense lustre de plus d’une tonne adressée en Inde à la fin du 19ème siècle au Maharadjah de Gwalior et qui brille aujourd’hui encore de ses 200 lumières ; une série de douze candélabres électrifiés de 3,80 mètres de haut qu’abrite le Palais d’Hiver des tsars de Russie à Saint-Pétersbourg, depuis la volonté de Nicolas II de les y installer au début du 20ème siècle ; plus proche de nous, en 1994, Baccarat a souhaité pour célébrer son 230ème anniversaire graver son nom dans le grandiose en réalisant – ce qui est un exploit – un lustre de cristal de 5 mètres de haut, 3 mètres de diamètre, pesant 1,5 tonne et équipé de 2150 mètres de fil électrique. Pour avoir une idée concrète de cette distance, souvenez-vous que les Champs-Élysées sont longs de 1910 mètres...


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   

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LE S O R I E N T A L I S T E S Dès les premiers jours de la présence française qui mettait la terre d’Afrique du Nord à portée de leurs fantasmes orientalistes, simples visiteurs ou passionnés multipliant les séjours, tant de bons peintres ont aimé les paysages splendides, les moeurs patrarcales des habitants de ces pays aux visages multiples. Retrouver dans une galerie les oeuvres choisies évoquant des scènes que l’on ne reverra plus, celles que Fromentin, Guillaumet, Dinet et tant d’autres ont fixées à jamais, permet aux amateurs de revivre d’authentiques émotions. Since the premises of the French presence, wich placed North African territories at close range of their oriental fantasies, simple visitors or fervent travellers multiplying their stays, many talented painters were fascinated by the luxurious landscapes, the patriarcal customs of the inhabitants of those many faces countries. To find in an art gallery specific paintings reminding scenes felt in oblivion, those one that Fromentin, Guillaumet, Dinet and many others immortalized on canvas, allows connoisseurs to experience genuine emotions.

ALWANEARTGALLERY 8 rue Milton 75009 Paris France +33 1 42 81 14 10 www.alwaneartgallery.com

Georges WASHINGTON (1827-1910) 44X61, 5cm


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L’ émotion est l ’ essence même de la vie ! U ne richesse que l ’H ôtel de C rillon cultive depuis un siècle . P ar le raffinement de ses décors . P ar la recherche du plaisir , du confort de ses hôtes . E t puis , origines hexagonales obligent , par la créativité des A mbassadeurs , sa table gastronomique , et les jolis crus de sa cave . P our autant , il ne faut jamais oublier que l ’ émotion est avant tout une rencontre . E ntre celui qui la crée et celui qui la reçoit . A lors , êtes - vous prêt ? E motion

is the essence of life !

A

richness that the

C rillon H otel

has been cultivating

for over a century through the refinement of its decor , through the pursuit of pleasure and the comfort of its guests .

A nd then , with its F rench origins , through L es A mbassadeurs , its gourmet restaurant and beautiful wines from its cellar . H owever , we must never forget that emotion is primarily an encounter … between he who created it and the one who receives it . S o , are you ready ? the creativity of

messika

Des diamants et rien d’autre

shopping christofle

rondes et belles

une symphonie argentée

gastronomie Rencontre avec les nouveaux «Ambassadeurs» Soif de découvertes

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Bague MESSIKA en or noir et diamants de la collection Butterfly Garden. MESSIKA ring in black gold and diamonds from the Butterfly Garden collection.


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Rondes & belles

round and beautiful

photos

:

didier bouko

Alliance, anneau, solitaire, chevalière… Quelle que soit sa forme, quel que soit son prix, la bague reste un classique de la coquetterie féminine. Comme quoi, quelques grammes de rondeur peuvent parfois faire plaisir aux dames. wedding ring, gold band, solitaire, signet--no matter what you call it, or how much it costs, rings are a basic part of every woman’s personal style. t a k e s t o p l ea s e a w o m a n .

Which

m ea n s t h a t a f e w o u n c e s o f r o u n d m e t a l i s o f t e n a l l i t


carrément irrésistible Bague ETERNAME en or rose et améthyste de la collection Rosette. SQuARelY iRReSiSTible

ETERNAME ring in pink gold and amethyst from the Rosette collection.


pavée De bonnes intentions Bague CORPUS CHRISTI en or blanc et diamants.

PAVÉeD WiTh gOOD iNTeNTiONS CORPUS CHRISTI ring in white gold and diamonds.


cŒur solitaire Bagues POMELLATO en or rose de la collection Nudo avec quartz rose, améthyste, topaze bleue et prasiolite.

SOliTARY heART POMELLATO rings in pink gold from the Nudo collection with rose quartz, amethyst, blue topaz and prasiolite.

Bagues DESTAING, mélange tourmaline serti or jaune de la collection Kaleïdo.

faranDole FARANDOle DESTAING rings, yellow gold set with mixed tourmaline from the KaleÏdo collection.



Le grand bleu Bague PIAGET, modèle Limelight motif broderie en or blanc sertie de diamants et topaze bleue.

The big blue PIAGET ring, Limelight model, embroidered motif in white gold with diamonds and blue topaz.



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Valérie Messika Des diamants etrien d’autre Diamonds and nothing else

Par Dominique Hoffmann


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fille DU Diamantaire parisien anDrÉ messiKa, valÉrie est tomBÉe amoUreUse De la plUs pUre Des pierres prÉCieUses DÈs son plUs JeUne Âge, en passant Des heUres Dans les ateliers De son pÈre. ValÉrie messiKa is THe DaugHTer of Parisian DiamonD merCHanT anDrÉ messiKa. as a Young girl, sHe fell in loVe WiTH THe PuresT of THe PreCious gemsTones in Her faTHer’s WorKsHoPs.

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’est auprès de son père et dans les ateliers de celui-ci que Valérie Messika a appris le langage de la gemmologie et l’amour de la plus pure des pierres, le diamant. Pendant toutes ces années passées dans le négoce, un milieu très masculin, elle développe un imaginaire délicat et subtil et crée son propre univers de haute Joaillerie. avec une seule envie, mettre le diamant et seulement le diamant au service de la femme ! symbole de la modernité de Messika, cette trentenaire passionnée travaille toujours ses modèles avec la même passion et le même sens du détail. elle sait mieux que personne créer des modèles qui séduiront les femmes, puisque imaginés par l’une d’entre elles. en associant innovation du design, finesse des matériaux utilisés et extrême pureté des pierres, Valérie désacralise le bijou et lui donne une nouvelle vie. Pensés pour toutes les femmes, toutes les occasions et tous les budgets, ses bijoux deviennent un accessoire chic et harmonieux, aussi indispensable qu’un blazer bien coupé ou un jean brut.

un univers d’émotions Osmose parfaite de son esprit à l’imagination bouillonnante, l’univers Émotions qu’elle vient de lancer est né de son désir d’apporter une sensation unique à chaque femme. Le solitaire, expression sublimée du diamant, y est mis à l’honneur et se décline en pendentif ou puces d’oreille, parallèlement aux alliances et aux rivières de diamants. Cette ligne empreinte d’émotion reflète des moments de vie intense, mais aussi des gestes tendres que l’on gardera en mémoire pour l’éternité. Touchée par la douceur de ces instants fragiles, mais si importants dans la vie de chaque femme, Valérie Messika

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it is from her father and in his workshops that valérie messika learned the language of gemmology and found her love for this purest of all stones — the diamond. During all those years in the very male world of the diamond trade, she was able to develop a delicate and subtle imagination and create her own universe of high-end jewellery with one sole focus: that the diamond and the diamond only serve to exalt woman! the very symbol of messika’s modern vision, valérie, a passionate designer in her thirties, develops each of her designs with the same intensity and eye for detail. she excels at creating designs that enchant women as she herself is one of them. through a combination of innovation, subtle materials, and extremely pure stones, valérie demystifies the jewel and gives it a new life. Conceived for all women, all occasions, and all budgets, her jewellery is a chic and natural accessory, as indispensible as a well-cut jacket or jeans.

a Universe of emotions expressing the spirit of her lively imagination, emotions, her latest collection, emerged from her desire to give each woman a unique experience. the solitary is perfect expression of the diamond and has a starring role in the collection as a pendant, stud earrings, in wedding bands and necklaces. this line is inspired by life’s intense emotions but also by those tender gestures that one remembers forever. valérie messika is moved by the softness of these fragile, important moments in a woman’s life and lets them inspire unique forms, designed to please the senses. she gives her jewellery a sublime touch through the use of oval shapes, soft angles and materials as delicate as the skin of a peach. she has made an amazing innovation in packaging


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by integrating an leD light into the jewellery case to illuminate the fiery gemstone and make the diamond simply sparkle. set in rose, white or yellow gold, the diamond as envisioned by valerie becomes an accompaniment unique to each woman according to her whims, her desires or those special moments of her life. her creations are absolute jewellery choreography, using diamonds of flawless purity, fine prongs and invisible or nearly invisible mountings that give them a sensual touch. Whatever the cut — be it princess, marquis, heart or pear cut — the diamonds in valérie’s creations adapt to all dress styles, all moments and every mood. an extreme perfectionist, she has created a refined and quiet setting to showcase her jewellery. her boutique is designed like a lovely doll house that picks up on all the company’s traditions but with an offbeat, designer attitude. padded walls, shades of silky grey and dreamy taupe, gleaming mirrors — every women immediately feels welcome.

invente un procédé unique, imaginé pour le plaisir des sens. Elle sublime le toucher, grâce aux formes ovales, aux angles doux et à la matière aussi délicate qu’une peau de pêche. Innovation ultime, elle inclut une LED intégrée à l’intérieur de l’écrin, qui va illuminer le bijou de mille feux et en fera scintiller le diamant. Mis en scène sur de l’or rose, gris ou jaune, le diamant vu par Valérie devient le compagnon unique de chaque femme, selon son humeur, ses envies ou le moment d’exception de sa vie. Véritable chorégraphie joaillière, ses créations proposent des diamants d’une pureté sans faille, des griffes fines et des montures tout or quasi invisibles qui leur offrent un toucher sensuel. Taille princesse, marquise, cœur ou poire, les diamants utilisés sur les créations de Valérie s’adaptent à toutes les tenues, tous les moments et toutes les humeurs. Perfectionniste à l’extrême, elle a choisi de présenter ses bijoux dans un décor raffiné et feutré : sa boutique est conçue telle une ravissante maison de poupée, qui reprend tous les codes de la Maison, dans un esprit décalé et design. Murs capitonnés, teintes de gris soyeux et de taupe langoureux, miroirs éclatants, chaque femme s’y sent immédiatement à l’aise.




ŠJean-Daniel Lorieux


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Christofle, une symphonie argentée Christofle, a silver symphony

Par France Haussemberg

1882

lit d’exception réalisé pour un riche nabab


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1935 serVice de 4500 piÈces pour les salles À ManGer 1er classe du paQuebot norMandie

CrÉÉe aU XiXe siÈCle, la CÉlÈBre maison D’orfÈvrerie Christofle n’a CessÉ D’innover et D’insUffler À ChaQUe ÉpoQUe Un noUvel art De vivre.

the story began in 1830 when Charles Christofle, aged 23, took over the family business of manufacturing jewelry, gold and silver buttons, and epaulettes for officers. he distributed his products in europe, south america, and madagascar where

founDeD

in THe nineTeenTH CenTurY, THe famous House of

Has noT CeaseD To innoVaTe anD insPire a neW lifesTYle

CHrisTofle silVerWare for eaCH era.

he produced a sumptuous crown for Queen ranavalona. in just ten years he rose to head of one of the largest jewelry stores in france. in a move to expand his business by turning to gold and silversmithing, Charles acquired patents for gold and silver-plating via electrolysis in 1842. it was through this process of using an electrical current that would allow gold or silver to be deposited on nonferrous metal which would replace

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histoire débute en 1830 lorsque Charles Christofle, âgé de 23 ans, prend la direction de l’entreprise familiale qui fabrique des bijoux, des boutons d’or et d’argent, des épaulettes d’officiers. Il diffuse ses productions en Europe, en Amérique du Sud et à Madagascar où il réalisera une somptueuse couronne pour la reine Ranavalo. En dix ans, il est à la tête d’une des plus importantes bijouteries de France.

the handcrafted work that was done up to that time by mercury gilders, thus reducing costs. With this invention and confident from all of the successes with the princes and the new bourgeoisie who were happy to shine at a low cost, Charles opened the first «silversmithing» factory in 1846 after having put down his master

Dans une volonté de développer ses affaires en se tournant vers l’orfèvrerie, Charles acquiert en 1842 les brevets de dorure et d’argenture par électrolyse. Ce procédé qui permet, grâce au courant électrique, de déposer de l’or ou de l’argent sur du métal non ferreux remplace à moindre coût le travail artisanal effectué jusqu’alors par les doreurs au mercure. Grâce à cette invention, Charles, fort de tous les succès remportés auprès des princes et de la nouvelle bourgeoisie ravis de briller à peu de frais, ouvre en 1846, après avoir déposé ses poinçons de maître-orfèvre, la première manufacture « d’orfèvrerie argentée ». Ses productions égalant en beauté l’argent massif, il devient le fournisseur du roi Louis Philippe, puis de Napoléon III. Dès 1850, l’empereur lui commande tous les services de table officiels de l’Empire, ainsi qu’un somptueux ensemble pour deux cent cinquante convives destiné à l’empereur du Mexique. Christofle étend ainsi sa renommée au-delà les frontières.

silversmithing dies. since his productions equaled sterling silver in beauty, he became the supplier for King louis philippe and later napoleon iii. in 1850, the emperor ordered all of the official tableware of the empire to be made by him and a lavish set for two hundred and fifty guests which were specifically for the emperor of mexico. Christofle’s fame extended well beyond the borders of france. his title of «supplier to the emperor» earned him high class clientele including embassies, government

Son titre de « Fournisseur de l’Empereur » lui attire la clientèle des ambassades, des ministères et celle des souverains comme le tsar de Russie ou l’empereur du Mexique. En 1859, le Vatican lui confie la décoration du train privé du Pape Pie IX, tandis que s’ouvrent à lui de fastueux marchés étrangers : l’Allemagne du Kaiser, l’Empire austro-hongrois et l’Empire Ottoman. Á la mort de Charles en 1863, grâce son neveu Henri Bouilhet, ingénieur et artiste qui lui succède, Christofle connaît un prodigieux essor grâce à la galvanoplastie (une variante des procédés d’argenture) qui

agencies, and sovereigns such as the Czar of russia and the emperor of mexico. in 1859, the vatican commissioned him to decorate the private train of pope pius iX and lavish foreign markets opened up to him such as Kaiser’s germany, the austro-hungarian empire, and the ottoman



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empire. after Charles’ death in 1863, his nephew henry bouilhet, who was an engineer and artist, succeeded him and Christofle saw tremendous growth thanks to electroplating (a variant of the LA

silvering process) which enabled him to create GRAV

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exceptional works of art like the monumental statue of the virgin of notre-dame de la garde in marseille in 1867 and then the allegorical figures adorning the facade of the opera in 1868. meanwhile, he filled extravagant orders like that of the nawab of bahawalpur (now pakistan) which was a bed of precious wood and silver gilt decorated all over statues of life-sized, animated women. present in major exhibits, Christofle also served palaces like the grand hotel in 1868 and the ritz, luxury trains, and shipping companies. in 1935, he equipped the

lui donne la possibilité de réaliser des oeuvres exceptionnelles : la statue monumentale de la vierge de Notre-Dame-de-la-Garde à Marseille, en 1867, puis les personnages allégoriques ornant le fronton de l’Opéra en 1868. Parallèlement, il honore des commandes extravagantes comme celle du Nawab de Bahawalpur (actuel Pakistan) : un lit en bois précieux et argent massif doré, orné aux quatre coins de statues de femmes animées grandeur nature. Présent dans les grandes expositions universelles, Christofle sert aussi les palaces comme le Grand Hôtel en 1868, puis le Ritz, les trains de luxe, les compagnies de navigation. En 1935, il équipera les salles à manger du Paquebot Normandie avant de fournir les couverts du Concorde en 1988. Aujourd’hui, la marque, présente bien sûr, au Palais de l’Élysée, perpétue ses commandes prestigieuses. En 2000, elle réalisera ainsi, sur un projet de Roger Tallon, le pyramidion doré à l’or fin, symbole du XXIe siècle Au fil des ans, l’orfèvre, qui a toujours suivi de près les tendances de l’art décoratif, se fait actuellement l’écho du design d’aujourd’hui en faisant appel à des créateurs pointus : Andrée Putman, Gae Aulenti, Garouste et Bonetti, Ora-Ïto…, et en 2005 a renoué avec ses racines, le bijou. Depuis 2010, Christofle est présent au musée des Années Trente de Boulogne-Billancourt – une consécration pour cette maison porte-drapeau emblématique de l’art de vivre à la française.

dining rooms of the normandy ocean liner before providing the silverware for the Concorde in 1988. today, the brand is present at the élysée palace (official residence of the president of the france) and continues to serve prestigious orders. in 2000 on a project by roger tallon, the company made the capstone gilded with fine gold, a symbol of the 21st century. over the years, the goldsmith, who always closely followed the trends of the decorative arts, is now the echo of today’s design calling on specialized creators like andree putman, gae aulenti, garouste and bonetti, ora-ito… and in 2005 returned to its roots: jewelry. since 2010, Christofle has been present at the museum of the thirties in boulognebillancourt - an accolade for this iconic flagship of the art of french life.


An extensive collection of Contemporary Art and Masterpieces 5920 square feet of exhibition space located just a few steps from Place Vendôme www.operagallery.com 356, rue Saint-Honoré 75001 Paris • Tel. +33 (0)1 42 96 39 00 • paris@operagallery.com • Monday to Saturday 10 am - 7 pm PA R I S . M O N AC O. L O N D O N . G E N E VA . N E W YO R K . M I A M I . H O N G

KO N G . S I N G A P O R E . S E O U L . D U B A I


Gastronomie

propos

recueillis par france

pHotos

: alexandre ubeda

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Haussemberg

en nommant Christopher haChe — 29 ans à peine ! — à la tête des Cuisines de l’hôtel de Crillon « les ambassadeurs », l’audaCieux Crillon Confirme l’adage : la valeur n’attend pas le nombre des années. d’autant que le Chef a Choisi de faire ConfianCe à la nouvelle génération. in appointing cHristopHer HacHe, barely 29 crillon is putting its money on tHe adage faitH in tHe future as well.

years old, to oversee tHe kitcHen for tHe

HÔtel

de

tHat a person’s wortH is not measured in years.

crillon - les ambassadeurs, and tHe cHef is putting His

renContre aVeC Les noUVeaUX «aMBassaDeUrs» meeting the neW «ambassadors»


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Christopher Hache chef des cuisines

Executive chef

Cuisinier doué et passionné, Christopher Hache, après avoir gravi rapidement tous les échelons de la profession a trouvé la consécration de son savoir- faire au sein de l’univers gastronomique du palace. Un métier, où plutôt une vocation qui remonte à loin. H a r d - w o r k ing

a n d p a s s iona t e c h e f

C h r i s t o ph er H ac h e ,

after quickly

risin g t h r o u g h t h e r a n k s o f t h e p r o f es s i o n , h as f i n al l y r e ach e d t h e p i n n a c l e o f h i s s k i l l -- i n t h e h e a r t o f t h e p a l a c e ’ s g a s t r o n o m i c w o rld .

A

job , o r r a t he r , a c a lling t h a t h a s been w i t h h i m a l o n g ti me .

A

quel moment c u i s i n e ?

When did you first become interested in becoming a chef? I was raised in the warm atmosphere of ParisDieppe, our family restaurant near Paris, and I’ve known since I was little that I wanted to be a chef. I learned from my grandmother who manned the ovens and my father, whose affectionate discipline forged my character, pushing me to the limits to make sure I was the best.

s’est imposée à vous

l’idée de la

Elevé dans le milieu chaleureux du « Paris-Dieppe », le restaurant familial installé près de Paris, j’ai su depuis tout petit, que je voulais être cuisinier. A bonne école auprès de ma grandmère si active aux fourneaux et de mon père dont l’affectueuse rigueur a forgé mon caractère pour que je me surpasse – que je devienne le meilleur.

Un souhait exaucé ! Mais parlez nous des étapes de votre parcours ? A la sortie du lycée Auguste Escoffier où après avoir obtenu mon CAP et mon BEP assortis un bac Pro pâtisserie, j’ai pu me lancer tout de suite chez les plus grands chefs. Eric Briffard aux Elysées du Vernet, Alain Senderens chez Lucas Carton, un lieu dont la cuisine d’auteur m’émeut et m’inspire, où je deviens sous-chef, Eric Fréchon au Bristol - ma première approche de l’univers d’un palace - une superbe expérience au sein de son équipe au moment où il obtient en 2009 sa 3ème étoile , Frédéric Robert enfin, à la Grande Cascade avec lequel j’élabore la carte et m’initie à la gestion d’un restaurant.

U n e b e l l e a s c e n s i o n q u i v o u s m è n e n a t u r e l l e m e n t a u Crillon en vue de la ré ouverture de son restaur a n t « L e s A m b a s s a d e u r s » Une belle ascension et de la chance aussi qui me permet de réaliser mon rêve d’enfant. Je suis à la tête d’une équipe de 39 personnes constituée pour la plupart de professionnels rencontrés au cours de ma carrière. Motivée, réactive, courageuse, elle m’apporte un précieux soutient dans la préparation millimétrée des mets de la carte de ce restaurant prestigieux, mais aussi de celles de l’Obé, du Jardin d’hiver, du Bar, du room service….

0n garde le meilleur pour la fin ! Parlez nous de votre cuisine et de vos plats favoris ? J’aime la cuisine lisible, basée sur le produit et les nouvelles techniques très précises de cuisson et accorde une grand place à l’esthétique. J’aime toute mes recettes, mais réaliser un Foie gras en cocotte lutée, un Carré d’agneau de lait aux cheveux d’ange ou des Langoustines rôties, au fenouil croquant et jus de Yuzu, c’est pour moi un grand bonheur !

A wish that’s been granted! Tell us about the steps you’ve taken along the way. When I left Lycée Auguste Escoffier with a CAP and a BEP in catering, together with a vocational baccalaureate in pastry, I was able to start right away with the best chefs. Eric Briffard at Elysées de Vernet; Alain Senderens at Lucas Carton, where I was moved and inspired by the author’s cooking and where I became sous-chef; Eric Fréchon at Briffard--my first foray into the palace--an amazing experience in the team at the time they earned their third star in 2009; and Frédéric Robert at Grande Cascade, where I helped with the menu and learned how to run a restaurant. A great ascent that led naturally to Crillon as they reopen Les Ambassadeurs restaurant. A great ascent, and a great opportunity for me too, making my childhood dream come true. I head up a team of 39 people, mostly professionals I’ve met during my career. Motivated, flexible, brave, they’re a valuable support for the precise preparation of dishes on the menu of this prestigious restaurant, as well as for l’Obé, Jardin d’hiver, the bar and room service. And the best for last: Tell us about your cooking and your favorite dishes? I like simple cooking, based on the ingredients and new, very precise cooking techniques; I also set great store on aesthetics. I like all my recipes, but I get really love making pot-roasted duck liver served with wild mushrooms, rack of baby lamb wrapped in crispy angel-hair noodles, or roasted langoustine with crispy fennel and yuzu.




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Amandine Chaignot chef adjoint

Assistant chef

Gourmette et gourmande, belle et blonde, Amandine qui occupe le second poste des cuisines, n’imaginait pas au départ faire carrière dans la gastronomie. Aujourd’hui, à 31 ans, elle est le bras droit de Christopher Hache G ourmet

and gourmand , beautiful and blond ,

A mandine ,

who holds the number two

position in the kitchen , didn ’ t originally think about a career in gastronomy . the

I

31- year

old is

C hristopher H ache ’ s

T oday ,

right hand .

l semble que rien ne vous prédestinait à entrer en cuisine ? En effet, fille de scientifiques, mon chemin apparaissait tracé tout autrement.

Mais encore ? Titulaire du bac avec un an d’avance, après m’être inscrite à dix sept ans en fac de pharmacie, que je vais délaisser dès la seconde année, en me rendant compte compte que les cours ne m’intéressent vraiment pas, je découvre au hasard d’un petit job d’étudiante le milieu de la restauration. Envisageant d’ouvrir un salon de thé, j’intègre alors en1998 la très réputée école de cuisine Ferrandi où je passe CAP et BEP - j’ai trouvé ma voie ! Au sortir, les places s’enchainent rapidement et du restaurant Prunier où, commis, j’accompagne le chef François Adamsky au « Bocuse d’or » en 2001, jusqu’au Crillon en 2010, mes expériences me meneront du Ritz à Londres, puis, de retour à Paris, au Plazza Athénée où je travaille avec Jean François Piège et deviens chef de partie avant d’entrer au Bristol dans la brigade d’Eric Fréchon où en 2005 je suis reçue seconde à l’international du « Prix Taittinger ». Ensuite j’exercerai 2 ans au Meurice comme sous chef auprès de Yannick Alléno avant d’entrer au Crillon en 2010

Comment vivez-vous votre place de second ou plutôt de seconde auprès d’un grand chef ? Très bien ! car avec Christopher Hache, rencontré durant ma période Bristol, nous avons les mêmes goûts. J’aime les choses simples et apprécie comme lui la cuisine lisible offrant des plats avec trois saveurs au maximum. J’ai un faible pour « La sole aux oursins et aux poireaux » si goûteuse et si fine.

Et votre prochain challenge ? Je prépare le Concours du Meilleur Ouvrier de France - une épreuve difficile. A la dernière session seulement une dizaine de candidats ont été reçus sur 600, mais j’ai confiance - toute l’équipe du Crillon est derrière moi !

It appears there wasn’t a kitchen in your destiny? Actually, as the daughter of scientists, my path was mapped out very differently. But? I got my high school diploma a year early, and enrolled in pharmacy studies at the age of 17. After realizing that I really wasn’t interested in the classes during my second year, I got a random student job in a restaurant. Thinking I might open a tea room, in 1988 I joined the well-known Ferrandi culinary school, where I did my CAP and BEP - I had found my calling! When I finished, opportunities opened up in quick succession: as assistant at Prunier restaurant, I accompanied chef François Adamsky to the Bocuse d’or international cooking competition in 2001, right up to Crillon in 2010. My experiences took me from the Ritz in London, back to Paris to the Plaza Athénée, where I worked with Jean François Piège and became a station chef before coming to Bristol to join Eric Fréchon’s brigade where I earned second place in the Taittinger cooking contest in 2005. Then I worked as an assistant chef under Yannick Alléno at Meurice before coming to Crillon in 2010. What’s it like being second to a great chef? It’s great! Christopher Hache--who I met when I was at Bristol--he and I have the same taste. I like simple things, and like him, I appreciate uncomplicated cuisine, with dishes that have a maximum of three flavors. I have a particular weakness for the filet of sole with sea urchins, potatoes and leek--so delicious and refined. And your next challenge? I’m preparing for the MOF competition-it’s very challenging. The last time, only a dozen candidates were admitted out of 600, but I’m hopeful--everyone on the Crillon team is behind me.



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Jérôme Chaucesse chef pâtissier Pastry chef

Expert en desserts et douceurs - tout un programme ! - il enchante depuis quelques six ans, les palais les plus gourmands des hôtes du Crillon. T he

expert in desserts and sweets -- a full menu -- has been delighting food - loving guests

of the

C rillon

D

for six years now .

evenir pâtissier c’est un souhait que formulent souvent avec envie les jeunes enfants, pour votre part est-ce que ce désir vous est venu tôt ?

Très tôt, car petit et gourmand déjà, rien ne me paraissait plus agréable que la bonne odeur des gâteaux ! Grâce à mon parrain, j’approcherai restaurants et pâtisseries, lieux de leur fabrication - mon avenir est là : je serai pâtissier ! Après un pré apprentissage, mon CAP en poche, une formation complémentaire en chocolaterie, un examen où je suis reçu 1er national, j’obtiens la maîtrise de pâtisserie en 1999 à 21 ans.

Il semble que tout s’enchaine très vite pour vous ensuite ? Oui, je vais avoir la chance de travailler rapidement avec des chefs triplement étoilés. Tout d’abord en1993 à Reims dans l’équipe prestigieuse de Gérard Boyer aux Crayères, ma première expérience, puis après un tour de France de trois ans, chez Marc Meneau à Saint Père sous Vézelay où je deviens chef pâtissier , enfin chez Michel Guérard en 1999 à Eugénie les Bains où je resterai 5 ans. En 2004 je rejoins le Crillon.

Chef pâtissier au Crillon - régner sur « le sucré », c’est une tâche importante, qu’on imagine, très technique et en même temps très ludique. Qu’en ditesvous ? C’est tout à fait vrai. Avec une équipe de 14 personnes, bien secondé par mes deux sous chefs, nous réalisons avec plaisir plus d’un millier de douceurs sucrées chaque jour pour les 7 cartes du Crillon. Cela va des viennoiseries du petit déjeuner aux desserts les plus sophistiqués des Ambassadeurs.

Cela donne un peu le tournis et met l’eau à la bouche ! Avez-vous des recettes préférées ? Non, je les aime toutes. Toujours en recherche, je me plais à revisiter les grands classiques comme le Vacherin aux fraises des bois et la Charlotte dans tous ses états selon les saisons.

Dreaming of becoming a pastry chef is common among children. Did it happen this early for you? Very early! Even when I was little, I didn’t think there was anything better than the smell of cake! Thanks to my godfather, I was near restaurants and bakeries, where they were made. My future was there: I wanted to be a baker! After a pre-apprenticeship, with my CAP in hand, training in chocolate work, an exam where I placed number one in the country, I received a masters in pastry in 1999 at 21 years of age. It seems like everything happened pretty quickly after that? Yes, I was fortunate to find work early on with three-star chefs. Starting in 1993 in Reims as part of Gérard Boyer’s prestigious team at Crayères, my first experience; then, after touring France for three years, at SaintPère-sous-Vézelay with Marc Meneau, where I became pastry chef, ending with Michel Guérard in 1999 at Eugénie-les-Bains, where I stayed for five years. In 2004, I joined Crillon. Pastry chef at Crillon, king of the sugar: it’s quite a job, as you can imagine, very technical, but also very playful at the same time. What do you know? It’s all for real. With a team of 14 people, wellseconded by my two assistant chefs, we enjoy making more than a thousand sugary treats every day for Crillon’s seven menus. That’s everything from pastries for breakfast to the most sophisticated desserts for Ambassadeurs. It makes my head spin and my mouth water! Do you have any favorite recipes? No, I love them all. I’m always trying new things, revisiting classics like vacherin with woodland strawberries and all the charlottes that change with the seasons.



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Pierre Jung Directeur de salle

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Restaurant manager

A 32 ans, Il veille à tout dans la salle du prestigieux restaurant à l’authentique décor XVIIIème A t 32

years of age , he is in charge of overseeing the prestigious restaurant ’ s dining room , with its original

18 th

century decor .

After studying languages at the University of Paris VII, you found your true calling in London? In fact, I was only at university for a year when I left to work in London and improve my English. It was when I was hired as an assistant at the Connaught Hotel that I discovered the world of restaurants. It was a real eye-opener! I became a «carver,» a well-known position in English gastronomy, and I stayed a year. Back in Paris, after having worked my way up the ladder at Grand Véfour with Guy Martin until it was awarded its third star, I was fortunate to head to Alain Senderens. I stayed there for nearly ten years, ten lovely years where I became the head maître d’hôtel and worked with Christopher Hache. In January 2010 I got a call to become restaurant manager for Les Ambassadeurs that was re-opening at Crillon.

A p r è s d e s é t u d e s d e l a n g u e s à l ’ u n i v e r s i t é Pa r i s V I I , c’est à Londres que vous allez trouver votre voie ? En fait, je ne resterai qu’une seule année à la fac avant de partir à 19 ans travailler à Londres et y parfaire mon anglais C’est Au Connaught Hôtel où, embauché comme commis, que je découvre le monde du restaurant. C’est une vraie révélation ! Devenu « trancheur »- un poste réputé dans la gastronomie anglaise, j’y resterai un an. De retour à Paris, après avoir travaillé et monté en grade au Grand Véfour avec Guy Martin jusqu’à l’obtention de sa troisième étoile, j’ai la chance d’entrer chez Alain Senderens. J’y resterai près de 10 ans, 10 belles années au cours desquelles je deviens premier maître d’hôtel et travaille avec Christopher Hache. En janvier 2010 je suis appelé comme directeur de la salle des Ambassadeurs qui ré ouvre au Crillon.

Un poste de choix ! Quel est votre

rôle ?

Je veille au bon déroulement du service. Mais dans le cadre de cette ré ouverture, j’ai du réfléchir avant à de nouveaux aménagements afin de rendre ce lieu magnifique moins solennel, plus vivant, imaginer un service moins guindé, convivial, sans lui faire perdre de sa magie

Avez-vous instauré d’autres nouveautés ? Oui, en collaboration avec Christopher Hache, un menu de déjeuner à un prix accessible et un brunch le samedi, tout en légereté avec un bar à smothies !

A great job! What is your role? I make sure the service proceeds smoothly. In the context of this re-opening, I had to think about new arrangements that would make this magnificent space less solemn, more lively, visualizing a service that was less stuffy, more friendly, all without diminishing its magic. Did you make any other changes? Yes, together with Christopher Hache, we created a lunch menu with affordable prices, and a Saturday brunch, very light, that even has a smoothie bar.



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Carnetde dégustations Par Laure Lambert

Ta s t i n g n o t e s

Quinze ans de bons et loyaux services au sein du Crillon n’ont pas entamé la passion de David Biraud pour son métier. Tout au contraire : il l’a affirmée jusqu’à remporter la médaille d’argent au concours du Meilleur Sommelier d’Europe. F ifteen

years of loyal service at the

C rillon

D avid B iraud ’ s B est S ommelier in E urope .

have not diminished

by winning the silver medal in the competition for the

passion for his craft .

à

Q uite

the contrary .

T his

he confirmed

38 ans, David Biraud, sommelier des Ambassadeurs, volet gastronomique du Crillon,

At 38, David Biraud, sommelier of Les Ambassadeurs,

peut s’enorgueillir d’un palmarès des plus glorieux ! Meilleur jeune Sommelier de

the gastronomic section of the Crillon, can take

France en 1998, Meilleur Sommelier de France en 2002, Meilleur Ouvrier de France

pride in a glorious list of achievements! Best Young

en 2004, 3ème Meilleur Sommelier du monde cette année, et depuis peu, 2ème au concours

Sommelier in France in 1998, Best Sommelier in

du Meilleur Sommelier d’Europe qui s’est déroulé à Strasbourg en novembre ! Malgré tous ces

France in 2002, Best Worker in France in 2004, 3rd

titres honorifiques, n’allez pas dire au chef sommelier du Crillon qu’il est une bête de concours !

Best Sommelier in the world this year, and recently

Je les conçois comme des étapes à franchir, qui me permettent de progresser humainement et

second in the contest for the Best Sommelier in

professionnellement, et d’enrichir mes connaissances sur le vin à l’échelle internationale, confie-

Europe held in Strasbourg in November! Despite

t-il. Mais les concours ne sont en aucun cas une fin en soi.

these honors, do not tell the head sommelier at the

Ce qui compte avant tout pour moi, c’est de consacrer du temps à mon métier de sommelier.

Crillon that he is a prize winning machine! «I see

Une vocation qui, curieusement, lui est venue sur le tard. Plus jeune, il se rêve en effet cuisinier.

them as steps that allow me to grow professionally

Il entreprend donc un CAP cuisine, puis un Brevet de Technicien Hôtelier. Ce qu’il aime ? La

and personally and to enrich my knowledge about

salle, le service, le rapport avec les hôtes. Mais au cours de son BTS Restauration, il découvre

wine internationally,» he says. «But competitions are

la sommellerie. C’est le déclic ! Une passion est née. Son diplôme en poche, il entre comme

by no means an end in itself. What matters most to

commis sommelier au restaurant parisien l’Arpège avant de rejoindre le Crillon où il officie

me is dedicating time to my job as a sommelier.»

depuis maintenant quinze ans. Toujours en quête de crus insolites qu’il découvre au grè de ses

A vocation which, curiously, he came into late in


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voyages, David Biraud ne prêche pour aucune chapelle. Ce qui importe, c’est le moment de la dégustation, et surtout le mets que le vin va accompagner, explique le chef sommelier. Aussi, je n’ai pas de préférence pour tel ou tel vignoble et je refuse de cantonner mon horizon uniquement à l’Hexagone. La preuve avec ses coups de cœur, aux couleurs internationales. life. When he was younger, he dreamed of being a cook. he therefore undertook a vocational training certificate in cooking, then an advanced vocational training certificate in the hotel industry. What does he like? the dining room, serving, and the rapport with the guests. however, during his advanced vocational training certificate in the food service industry, he discovered the occupation of sommelier. then his eyes were opened! A passion was born. After graduation, he became a commis sommelier at the l’Arpege restaurant in paris before joining the crillon where he has been working for the past fifteen years. Always looking for unusual wines he discovers during his travels, david Biraud doesn’t promote a particular vineyard. «What matters are the moment a wine is tasted and especially the dish that it will accompany,» says the head sommelier. «Also, I have no preference for a particular vineyard and I refuse to confine my horizons to only france.» the proof is his favorites which have an international flavor.

SOiF DE DécouVertes thIrst for Adventure

Vincent Pinard, cuvée nuance 2009 Voici un sancerre à la fois vif et séducteur qui exalte l’agrume et la goyave. En bouche, ce sauvignon de gastronomie se caractérise par une minéralité et une persistance très plaisantes. il fera merveille sur des mets aux saveurs iodées, tels qu’une sole aux poireaux, un carpaccio de poisson mariné, des coquillages ou des crustacés (homard, langouste). il pourra aussi accompagner une viande blanche ou un fromage de chèvre frais. here is a sancerre that is both intense and seductive which highlights citrus and guava. on the palate, this sauvignon is characterized by a very pleasant minerality and finish. It goes wonderfully with dishes with seafood flavors such as sole with leeks, a carpaccio of marinated fish, shellfish, or crustaceans (lobster, crayfish). It may also accompany white meats or fresh goat cheese.

cédric Bouchard,champagne inflorescence, Blanc de noir installé dans l’Aube, à Celles-sur-Ource, Cédric Bouchard signe un joli Blanc de noir, issu exclusivement de pinot noir. Cette cuvée ample, riche et structurée révèle des arômes puissants de fruits, d’épices, de miel et de cuir. Elle peut se conserver trois à quatre ans. Á boire très frais, bien évidemment à l’heure de l’apéritif, mais aussi sur une cuisine franche telle qu’un plateau de charcuteries, ou un gibier aux champignons. located in the Aube at celles-sur-ource, cedric Bouchard makes a pretty Blanc de noir, made exclusively from pinot noir. this full bodied vintage is rich and structured with powerful aromas of fruit, spices, honey and leather. It can be stored for three to four years. to be enjoyed chilled of course at cocktail hour, but also with a simple dish such as a platter of cured meats or wild game with mushrooms.


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Frantz Hirtzberger, grüner Veltiner Le Grüner Veltiner est un cépage blanc d’Autriche qui donne des crus secs, riches et structurés. Gras et long en bouche, celui-ci exprime des notes d’épices, de fruits secs et de poivre vert. il est le compagnon idéal d’un poisson de rivière (une truite meunière ou une terrine de poisson aux fruits de mer), d’une volaille en sauce blanche ou encore d’un risotto à la truffe blanche. grüner veltiner is a white grape variety from Austria which produces dry, rich and structured wines. full-bodied with a long finish, it expresses notes of spices, dried fruit and green pepper. It is the perfect companion for díun river fish (trout meunière or a terrine of fish with seafood), chicken in white sauce, or risotto with white truffles.

samuel tinon, le grand liquoreux, tokay Tokaj abrite un vignoble exceptionnel qui était déjà fort apprécié par Louis XiV, à qui l’on doit cette expression « vin des rois, roi des vins ». installé sur ces terres hongroises depuis 1991, Samuel Tinon y produit des liquoreux d’une pureté et d’une finesse extraordinaires. Offrant un bouquet d’arômes confits, de pâtes de fruits et de fruits secs, le Grand Liquoreux exprime une forte acidité malgré sa sucrosité. il accompagne divinement une côte de veau à la crème, une crème brûlée, ou encore une bûche aux agrumes. tokay has an exceptional vineyard that was greatly appreciated by louis xIv who coined the phrase «wine of kings, king of wines». Working this hungarian land since 1991, samuel tinon produces liquoreux wines there that are of an extraordinary purity and díune fineness. offering a bouquet of candied flavors, fruit jellies and nuts, the grand liquoreux expresses strong acidity despite its sweetness. It goes divinely with veal chops with cream, creme brulee, or even a citrus yule log.

christophe abbet, Humagne rouge 2007 Établi en Suisse, dans le Valais, Christophe Abbet élabore une cuvée d’humagne rouge, un cépage local rarissime qui donne des vins intenses, fruités et minéraux. Marquée par des arômes de petits fruits rouges acidulés, cette cuvée aux tannins soyeux est très expressive, presque animale, avec une touche d’amertume poivrée en finale. Légère, sur le fruit, elle s’apprécie sur un ris de veau aux chanterelles ou une entrecôte grillée au poivre. established in switzerland in the canton of valais, christophe Abbet makes a humagne rouge vintage, a rare local grape variety that produces intense, fruity, mineral wines. marked by aromas of tart red berries, this silky tannin wine is very expressive, almost animal, with a touch of bitterness to its peppery finish. light, fruity, it can best be appreciated with sweetbreads with chanterelles or a grilled steak au poivre.


HÔTEL DE CRILLON 10, place de la concorde 75008 paris france tél. : +33 (0) 1 44 71 15 00 fax : +33 (0) 1 44 71 15 02 reservations@crillon.com www.crillon.com Comité de Rédaction : directeur général : luc delafosse Attachée de presse : elodie tavares Un grand merci à toute l’équipe de l’Hôtel de Crillon pour leur aide précieuse dans la réalisation de ce magazine. directeur de publication : Alexandre Benyamine rédaction : Jérôme dumur france haussemberg, dominique hoffmann, laure lambert, Bruno lanvern, secrétaire de rédaction : nadine ponton e-mail : nponton@o2c.fr maquette : Aïcha Bouckaert studio graphique : hoang mai e-mail : mhoang@o2c.fr Anne Bornet e-mail : abornet@o2c.fr publicité :

REGIE

directeur o2c régie : Anthony Aiken e-mail : aaiken@o2c.fr directrice Adjointe o2c régie : Julie Bouchon e-mail : jbouchon@o2c.fr responsables de clientèle : Joachim cohen e-mail : jcohen@o2c.fr vincent chatelier e-mail : vchatelier@o2c.fr Assistante commerciale : marie ehrlacher e-mail : mehrlacher@o2c.fr crillon magazine est une publication 3030, chemin de saint-Bernard 06220 sophia Antipolis / vallauris - france tel. : +33 (0)4 93 65 21 70 - fax : +33 (0)4 93 65 21 83 e-mail : contact@o2c.fr - www.o2c.fr

ce magazine a été imprimé sur du papier à 40% recyclé pefc (papier issu de forêts durablement gérées) par l’imprimerie litoterrazzi entreprise répondant au cahier des charges du label fsc



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