Grandhotel10 issuu

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PARIS LE GRAND INTERCONTINENTAL

magazine n°10

BENJAMIN MI L LE P I E D

Nouveau directeur du Ballet de l’Opéra de Paris L E PARI S D E S É C R I VA I N S

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LES NoU vE A U x C RéAtEURS

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EDITO est la sienne depuis longtemps déjà. Soutien à Mécénat Chirurgie Cardiaque, l’association parrainée par Inès de la Fressange, soutien aussi à l’association pour le Rayonnement de l’Opéra national de Paris. Ces actions, nous tenons à les perpétuer en 2014. Tout comme nous restons attentifs au bien-être de tous ceux et toutes celles qui franchissent le seuil de notre belle maison. Que la magie de 2013 opère encore et toujours en 2014. Et que cette année à venir soit riche de belles émotions.

c h r i s t o p h e l a u r e Directeur général de L’InterContinental Paris le Grand Hôtel

Chaque année qui se termine appelle une réflexion. Et 2013 ne fait pas exception à la règle. Les douze mois écoulés ont été forts en émotion au sein de l’InterContinental Paris Le Grand. Avec quelques beaux moments d’anthologie. Il y eut bien sûr le triomphe de Rafael Nadal, venu fêter dans notre établissement son huitième titre à Roland Garros et son 27ème anniversaire. Il y eut également la récompense obtenue par l’InterContinental Paris Le Grand lors des récents World Luxury Hotel Awards dans la catégorie “Luxury Diplomatic Hotel”. N’oublions pas non plus la rénovation des salons Berlioz, Bizet et Gounod qui, après quelques semaines de travaux, ont offert à nos hôtes des vues saisissantes sur les jardins. L’inventivité et le talent du designer Pierre-Yves Rochon ont en effet permis à ces espaces de s’ouvrir astucieusement sur l’extérieur ; il a suffi de quelques fenêtres en trompe-l’œil, rétro-éclairées, pour que l’illusion soit parfaite. En 2013, l’InterContinental Paris Le Grand a poursuivi dans la voie du soutien, qui EDITO / 3

The end of every year calls for reflection and 2013 is no exception to the rule. The last twelve months have been quite emotional at the Intercontinental Paris Le Grand. We’ve collected some really wonderful moments. There was, of course, the triumph of Rafael Nadal, who chose our establishment to celebrate winning his eighth title at Roland Garros and his 27th birthday. There was also the prize awarded to the Intercontinental Paris Le Grand during the recent World Luxury Hotel Awards in the Luxury Diplomatic Hotel category. And let’s not forget the renovation of the Berlioz, Bizet and Gounod lounges, which, after a few weeks of work, offered our guests stunning views of the gardens. The inventiveness and talent of the designer, Jean-Yves Rochon, made it possible for these spaces to cleverly open up to the exterior; a few backlit trompe-l’oeil windows were enough to make the illusion perfect. In 2013, the Intercontinental Paris Le Grand continued along the path of support that it has followed for a long time now. Support for Mécénat Chirurgie Cardiaque, the association promoted by Inès de la Fressange, and support also for the Association pour le Rayonnement de l’Opéra National de Paris. We intend to pursue this action in 2014. Just as we intend to remain attentive to the well-being of all those who cross the threshold of our beautiful building. May the magic of 2013 continue to do its work throughout 2014. And may this coming year be rich with wonderful moments.


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summary

SOMMAIRE

ACTUALITés/NEWS Le Noël de Ladurée Ladurée’s Christmas P14. Actus News P18. Agenda Events P24. Histoire/history Quand Paris se livre aux écrivains When Paris opens up to writers P31. théâtre/theater Confidences Backstage Backstage Secrets P41. Davy Sardou P42. Claire Keim P52. Cristiana Reali P54.

sommaire / 11


SOMMAIRE s u m m a r y

cover story Benjamin Millepied, Monsieur le Directeur Benjamin Millepied, Director of Dance P56. saga Les Galeries Lafayette, à la folie ! Galeries Lafayette, madly! P64. mode/fashion De futurs grands Future greats P72. Shopping P78. Repetto, d’un pas léger Repetto, treading Lightly P85. Art Pop Art à Paris, Pop USA et Pop Europe Pop Art in Paris, American & European Pop Art P90.

bien-être/wellness Soins ciblés coup d’éclat Targeted treatments for radiant

results P96. sommaire / 12


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NEWS / 14


le noël de Ladurée L a c é l è b r e maison vient de battr e un r ecor d . Celui d e la p l us h a ut e pièc e mont ée de son histoir e. U ne v ér ita b le p r o ue s s e signée Ladurée à dé v or er d es yeux. Avis a ux g o ur me t s et aux gour mands ! T h e f a mo us h o u se h as j u st bro ken a record for t he t al l est p i è c e m o ntée i n i ts h i sto r y. Th is is a real feat by Ladurée a n d a f e ast f o r th e eyes. Gour met s and g l ut t ons, t ake note!

Ladurée’s Christmas

P

our l’InterContinental Paris le Grand comme pour Ladurée, 1862 reste une date emblématique. C’est cette année-là en effet que celui que l’on appelait alors Le Grand Hôtel ouvrait ses portes alors que le « fabricant de douceurs » inaugurait sa première enseigne. Parcours en parallèle pour ces deux établissements de renom, qui conjuguent depuis plus de cent cinquante ans l’excellence au plus que parfait et maîtrisent idéalement l’art de vivre à la française. Les fêtes de fin d’année 2013 sont l’occasion, une fois encore, d’associer deux savoir-faire et de sceller, de bien jolie façon, une complicité devenue 1862 remains a symbolic year both for the InterContinental Hotel Paris le Grand and for Ladurée. This was the year in which “Le Grand Hôtel” first opened its doors, and the “Fabricant de Douceurs” (“Manufacturer of Sweetness”) inaugurated its first boutique. These two renowned establishments have grown in tandem, uniting the highest degree of excellence for over 150 years and perfectly mastering the French art de vivre. This year’s festive season is an opportunity to bring the two fields

NEWS / 15


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évidente. Pour l’occasion, la maison Ladurée bat également un record, celui de la plus haute pièce montée jamais réalisée. Il aura fallu deux semaines et une nuit à 50 personnes de chez Ladurée pour installer sous la verrière de l’hôtel ce sapin de Noël monumental : haut de 4,40 m et composé de plus de 8000 macarons, il fait un clin d’œil au Carnaval de Paris mais aussi à celui de Venise. Il reprend les couleurs d’Arlequin et s’habille de vert, de jaune, de noir, de bleu et de rouge, avec une touche argentée. Et pour parfaire l’ensemble, il se pare d’une collerette, véritable fraise godronnée digne du roi Henri IV. Son gigantisme ne doit pas faire oublier les 27 autres sapins, de différentes tailles, dispersés ci et là dans l’hôtel, comme autant d’échos déclinés dans un camaïeu de rose, de lilas, d’orangé et de melon. Une performance à apprécier jusqu’à l’Epiphanie. of expertise together once again and to set the seal on a now self-evident partnership. To mark the occasion, Ladurée is also setting a new record: that of the tallest pièce montée ever made. It will take two weeks and 50 people from the Ladurée team in one night to assemble this monumental Christmas tree under the hotel’s glassroofed atrium. At 4.4 metres high and made of over 8000 macaroons, it will be a nod to the Carnivals of Paris and Venice. It adopts the colours of the Harlequin, clothed in green, yellow, black, blue and red, with a touch of silver. To perfect the look, it will be adorned with a frill, an authentic fluted ruff worthy of King Henri IV of France. Its vast dimensions will not overshadow, but be echoed in the 27 other trees of all sizes dotted here and there around the hotel in shades of pink, lilac, orange and melon. An unmissable display, on show until Twelfth Night. NEWs / 17


ac t ual i t é s

© S. d’Halloy

news

L a M a i s o n B uc h erer L’ e x cep t i o n par i s i enne Ce printemps 2013 a été marqué par une inauguration de choix - et de taille - pour la Maison Bucherer. C’est en effet au 12 du boulevard des Capucines que l’entreprise familiale suisse a dévoilé 2 200 m2 sur 3 étages, dédiés à quelques unes des plus belles marques horlogères et joaillières de la planète. Cette adresse mythique, classée Monument Historique, mise sur une décoration élégante, mettant en scène, outre le chiffre « 8 » fétiche de la Maison, des métaux précieux et du marbre Boccino. Un écrin à la mesure des pièces qu’il présente et qui s’imposent comme les plus belles créations en matière de garde-temps et de joaillerie. On retrouve ainsi Carl F. Bucherer (pouvait-il en être autrement ?), Rolex, Baume & Mercier, Blancpain, Chopard, Girard-Perregaux, Jaeger-LeCoultre, Vacheron Constantin, Van Cleef & Arpels… sans oublier les collections de diamants de la marque de la Maison Bucherer Diamonds. Une étape supplémentaire dans la formidable épopée Bucherer.

La Maison Bucherer, The Parisian exception

Spring 2013 was marked by an inauguration of major significance for the Maison Bucherer. It is at number 12 Boulevard des Capucines that the Swiss family business unveiled 2,200 m², over three floors, dedicated to some of the world’s finest watchmaking and jewellery brands. In addition to the brand’s lucky number ‘8’, this legendary address, a listed historic monument styled with an elegant décor, uses precious metals and Boccino marble to great effect. A setting worthy of the pieces it presents, and which stand out as some of the most beautiful creations in the fields of timepieces and jewellery. Found here are Carl F. Bucherer (could it be any other way?), Rolex, Baume & Mercier, Blancpain, Chopard, Girard-Perregaux, Jaeger-LeCoultre, Vacheron Constantin, Van Cleef & Arpels… not to mention the diamond collections of the Maison Bucherer Diamonds line. Another milestone in the formidable history of Bucherer. Bucherer Palais Opéra, 12 boulevard des Capucines, 75009 Paris. Tél : +33 (0)1 70 99 18 88

NEWS / 18


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P a t r i ck R o ger , U n ar t i s t e au x mul t i ples t alen t s Il se définit comme un artiste chocolatier et un sculpteur de goûts. Sacré Meilleur Ouvrier de France Chocolatier en 2000, Patrick Roger n’a de cesse d’aller toujours plus loin dans sa quête de l’absolu. Le chocolat est devenu sa matière de prédilection, il le façonne comme d’autres le feraient avec un bloc de marbre ou une boule de glaise. Du 1er au 31 octobre dernier, il a exposé une partie de son œuvre à l’InterContinental Paris Le Grand. Les visiteurs ont découvert toute une série de sculptures en fonte de bronze ou d’aluminium, en fait les moulages qui lui permettent de rendre ses œuvres pérennes. Chaque pièce a été éditée en 4 exemplaires et selon un principe très en vogue outre-Atlantique, le premier acheteur qui acquiert une sculpture bénéficie du meilleur prix. Le temps d’une exposition, l’InterContinental Paris Le Grand a accueilli, sous sa verrière et dans son hall, une vingtaines d’œuvres : l’Eléphant Siège, l’Eléphant Cube, Les Crayons… Chacune de ces créations traduit tantôt la douceur, tantôt l’évasion. La passion, elle, reste omniprésente.

Patrick Roger, A multi-talented artist

He defines himself as a chocolate artist and sculptor of tastes. Winner of the French craftsmanship award (Meilleur Ouvrier de France) for chocolate making in 2000, Patrick Roger constantly strives to go further in his search for the absolute. Chocolate is his material of choice, he shapes it as others would a block of marble or a ball of clay. Between 1st and 31st October, he exhibited a selection of his works at the InterContinental Hotel Paris Le Grand. Visitors discovered an entire series of bronze or aluminium cast iron sculptures, which are in fact the moulds that allow him to make his work more permanent. There are four copies of each piece and, according to a principle very much in vogue across the water, the first buyer to acquire a sculpture enjoys the best price. For this exhibition, the atrium and main lobby of InterContinental Paris Le Grand hosted around twenty pieces, including L’Eléphant Siège, L’Eléphant Cube and Les Crayons. Each creation elle ab el L expresses sweetness at times, escapism at others. Passion, however, remains a constant. ich M ©

F as h i o n j usque dans l ’ ass i e t t e Chaque année, l’InterContinental Paris Le Grand demande à un créateur de dessiner une pâtisserie porte-bonheur à l’occasion de la Fashion Week. En 2013, son choix s’est porté sur Inès de la Fressange, businesswoman, créatrice et symbole vivant de La Parisienne élégante. Quelques crayons, un zeste d’imagination et voici un cœur aux framboises aussi esthétique qu’alléchant. Au bas de son dessin, celle qui fut l’égérie de Chanel a écrit : « Un framboisier pour le Café de la Paix qui deviendra le Café de l’Amour aussi ! » Dominique Costa, le chef pâtissier de L’InterContinental Paris Le Grand s’en est inspiré pour réaliser un gâteau-sculpture aussi original que coloré. Les gourmands et autres “fashion victims” dégusteront cette merveille de douceur jusqu’à fin décembre.

Fashion on a plate Every year, the InterContinental Hotel Paris Le Grand invites a creator to design a “lucky charm” pastry in honour of Fashion Week. In 2013, the chosen name was Inès de la Fressange, businesswoman, designer and epitome of the Parisian elegance. A few pencil strokes, a dash of imagination and you have a raspberry heart as beautiful as it is mouth-watering. Underneath her drawing, Chanel’s muse has written “A raspberry cake for the Café de la Paix which will also become the café of love!” Dominique Costa, head pastry chef at the InterContinental Paris Le Grand, took inspiration from this to create a cake-sculpture as original as it is colourful. Gourmets and other “fashion victims” can enjoy this sweet wonder until the end of December. NEWS / 20



U n g o û t er s o l i da i re

© Etienne Laurent - IHG

L’InterContinental Paris Le Grand et le Café de la Paix poursuivent leur action en faveur de Mécénat Chirurgie Cardiaque. Au printemps dernier, “Les petits-déjeuners du cœur” avaient déjà associé plaisir et bonne action, et ce, pour la troisième année consécutive. Le Café de la Paix proposait, pour la somme de 5 i, un petit-déjeuner spécial à consommer sur place ou à emporter (L’InterContinental Paris Le Grand reversant 10 i à l’association Mécénat Chirurgie Cardiaque). Au menu : un jus d’orange, une boisson chaude et un croissant. Et pour l’occasion, l’événement comptait une marraine d’exception en la personne d’Inès de la Fressange. Du 2 au 14 décembre 2013, nouveau rendez-vous, autour d’“Un goûter à petit prix” cette fois. Il a rassemblé enfants et adultes sur la terrasse du Café de la Paix, de 16h à 18h. Moyennant 5 i, chacun a pu déguster sur place ou emporter une boisson chaude et une crêpe. Et pour chaque goûter consommé, le Café de la Paix a doublé la mise, reversant une fois encore 10 i à l’association Mécénat Chirurgie Cardiaque. L’espace de deux semaines, et à cette occasion, ce sont des employés volontaires de l’établissement qui ont ouvert la prestigieuse terrasse face au PalaisGarnier. Un bel exemple d’implication solidaire.

A snack in the name of solidarity The InterContinental Paris Le Grand and the Café de la Paix continue their charity work in aid of Mécénat Chirurgie Cardiaque. Last spring, “Les petits déjeuners du cœur” (charity breakfasts) had already combined enjoyment with a good deed, and did so for the third year running. For i5, the Café de la Paix offered a special breakfast to have on the spot or to take away (L’InterContinental Paris Le Grand donating i10 to Mécénat Chirurgie Cardiaque). On the menu: an orange juice, a hot drink and a croissant. And for the occasion, an exceptional patron in the form of Inès de la Fressange. From 2 to 14 December 2013, a new event, this time revolving around “Un goûter à petit prix” (a cheap snack). It brought children and adults together outside the Café de la Paix, from 4 to 6 pm. For i5, everyone could enjoy a hot drink and crepe, either on the spot or to take away. And for each snack bought, the Café de la Paix doubled the stake, thus donating i10 to Mécénat Chirurgie Cardiaque. Over the space of two weeks, and for this cause, it was staff at the café who volunteered to open the prestigious terrace across from the PalaisGarnier. A true example of solidarity. NEWS / 22


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events

A genda

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E l é p h an t P aname On y danse. On y pense. On s’y restaure. Dans un ancien palais Napoléon III entièrement rénové, en plein cœur de Paris, Eléphant Paname est une réjouissante invitation à transcender les frontières entre les arts. Centre de danse avec sa grille de cours, lieu d’exposition, restaurant gastronomique au dernier étage, l’endroit déploie au fil de ses 2000 mètres carrés une partition culturelle polyphonique. Après Verdi jusqu’au 5 janvier, une nouvelle exposition à découvrir sur place, consacrée à Jean Marais, l’artiste et l’homme intime.

A partir du 21 janvier 2014. www.elephantpaname.com

Eléphant Paname It’s a place to dance. To think. To eat. Housed in a fully renovated Napoleon III palace at the heart of Paris, the Eléphant Paname is a welcome invitation to transcend the borders between the arts. Boasting a dance center with studios and classes, an exhibition space, and a gourmet restaurant on the top floor, the 2,000-sq.m complex plays a polyphonic cultural score. After Verdi, which runs until January 5, a new exhibition on Jean Marais, the artist and the man, will be held starting January 21, 2014. www.elephantpaname.com

B las o n D o r é Son œuvre se regarde comme un fabuleux livre d’images. Cocteau lui-même s’était inspiré de son univers pour l’atmosphère de La Belle et la Bête. Entre fantastique et imaginaire, Gustave Doré a enfanté un monde de l’étrange et du Beau vénéneux. Caricaturiste, illustrateur, on lui doit des milliers de dessins, gravures, peintures, aquarelles qui, de son vivant, lui ont assuré une renommée mondiale. Autant de facettes d’un talent à redécouvrir dans le cadre de la rétrospective Gustave Doré du musée d’Orsay.

Exposition “L’imaginaire au pouvoir”, à voir du 11 février au 11 mai 2014. www.musee-orsay.fr

Doré Retrospective His oeuvre can be read like a fabulous picture book. Cocteau himself drew inspiration from his world to create the atmosphere for Beauty and the Beast. Between the fantastic and the imaginary, Gustave Doré created a strange world of poisonous beauty. Caricaturist and illustrator, he produced thousands of drawings, paintings and watercolors during his lifetime, which earned him worldwide acclaim. Rediscover the breadth of his multi-faceted talent with the Gustave Doré retrospective at the Musée d’Orsay. L’imaginaire au pouvoir, from February 11 to May 11, 2014. www.musee-orsay.fr

agenda / 24


Exaltation Paris

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L’ é M E R v E i L L E M E N t P i x A R filiale du groupe Disney, les studios pixar ont révolutionné le cinéma d’animation, grâce à leurs logiciels éclairés. résultat : ils ont signé des merveilles de films d’enfants, purs bijoux du septième art tout public, petits et grands sous le charme. la saga des toy story, Wall-e, ratatouille, Nemo…, ils sortent tous de la ménagerie pixar et de ses réjouissants délires. après New york, une exposition fait escale à paris pour montrer les trésors maison, dessins et autres story-boards. Du grand art !

Exposition “Pixar, 25 ans d’animation”, à voir aux Docks Cité de la Mode et du Design, Art Ludique le Musée, jusqu’au 2 mars 2014. www.artludique.com

the WoNDer of pixar Pixar Studios, a subsidiary

of Disney, revolutionized animation film with the use of cutting-edge software, creating marvelous children’s movies - pure cinematographic gems for the whole family - that have won over film-lovers of all ages. The Toy Story saga, Wall-E, Ratatouille and Finding Nemo are all products of the delightfully mad Pixar menagerie. After a run in New York, an exhibition is making a stopover in Paris to showcase some of the film studio’s treasures, drawings and storyboards. True works of art! Pixar, 25 ans d’animation at the Docks Cité de la Mode et du Design, Art Ludique le Musée, until March 2, 2014. www.artludique.com

QUAND LA MUSiQUE ESt BoNNE un best of de ce tout ce que l’on aime dans la musique noire, de l’afrique à l’amérique, de mickael Jackson à oum kalsoum, de Billie holiday à myriam makeba ? l’exposition Great Black music n’aurait que cette ambition qu’on applaudirait déjà des deux mains, mais elle va bien plus loin. archives audiovisuelles et dispositifs numériques interactifs à l’appui, elle rassemble différentes pièces de ce puzzle musical intercontinental pour tenter d’en saisir la quintessence.

Exposition “Great Black Music”, à voir à la Cité de la Musique du 11 mars au 24 août 2014. www.citedelamusique.fr

Black music WorlDWiDe

Imagine a compilation of everything we love most about black music, traveling from Africa to America, from Michael Jackson to Oum Kalsoum, Billie Holiday and Myriam Makeba. If that were the only aim of the Great Black Music exhibition, we’d be delighted enough, but it goes even further. With the addition of audiovisual archives and digital interactives, it strives to put together the different pieces of this intercontinental musical puzzle and capture its quintessence. Great Black Music, at the Cité de la Musique from March 11 to August 24, 2014. www.citedelamusique.fr

aGENDa / 26


PoiDS DES MotS, ChoC DES PhotoS

r

adiographie d’un continent et de ses soubresauts. l’amérique latine est une terre tout en contrastes, avec sa violence et ses voluptés. la fondation cartier a réuni les travaux de 70 photographes qui ont fait œuvre de sismographes dans leurs images, retranscrivant en direct les tressaillements de plus de 50 ans de troubles politiques sous ces latitudes. Des photos tracts !

Exposition “America Latina 1960-2013”, à voir à la Fondation Cartier jusqu’au 6 avril 2014. www.fondation.cartier.com

the WeiGht of WorDs, the impact of imaGe X-ray of a continent and its ups and downs. Latin America

ChiC D’éPoQUE au pays des merveilles d’alice allaume… modeuse de son temps, elle était première vendeuse au sein d’une grande maison de haute couture, celle de la styliste madeleine chéruit, au début du xxe siècle. modèles griffés chéruit mais aussi Worth, lanvin, la garde-robe d’alice allaume fait l’objet d’une exposition (chapeautée par le musée de la mode Galliera) aux parfums d’élégance vintage, retrace un tableau du chic parisien sans faux pli. absolument fabuleux !

Exposition “Roman d’une garde-robe, le chic d’une Parisienne de la Belle Epoque aux années 30”, à voir au musée Carnavalet jusqu’au 16 mars 2014. www.carnavalet.paris.fr

the chic of aN era Welcome to the Wonderland of Alice Alleaume… A fashionista of her time, she was the head salesperson at stylist Madeleine Chéruit’s haute couture house in the early 20th century. Featuring pieces by Chéruit, as well as Worth and Lanvin, Alice Alleaume’s wardrobe is the focus of an exhibition (organized by the Galliera fashion museum), steeped in vintage elegance, that paints a perfect picture of the chic Parisian without a wrinkle. Absolutely fabulous! Roman d’une garde-robe, le chic d’une Parisienne de la Belle Epoque aux années 30 at the Musée Carnavalet until March 16, 2014. www.carnavalet.paris.fr

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© stéphane piera - Galliera - roger-Viollet

is a land of contrasts, at once violent and voluptuous. The Fondation Cartier brings together the work of 70 photographers who use their images like seismometers, directly transcribing the stirrings of over 50 years of political turmoil. Photo flyers! America Latina 1960-2013, at the Fondation Cartier until April 6, 2014. www.fondation.cartier.com


T o u t es les face t t es de D elacr o i x

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n doit aux deux donations d’Etienne Moreau-Nélaton, de 1906 et 1927, l’apport remarquable des collections du Louvre et des musées français. Eugène Delacroix fut l’un des artistes les mieux représentés dans cette collection privée. Il fut également un lien privilégié entre trois générations de Moreau-Nélaton, famille d’agents de change, de banquiers et d’amateurs d’art éclairés. Outre des dessins et des peintures, l’exposition “Delacroix en héritage, chefs d’œuvre de la collection Moreau-Nélaton” présente des lettres échangées entre Delacroix et Adolphe Moreau, père et fils.

Musée National Eugène Delacroix - 6 rue de Furstenberg - 75006 Paris Tél : 01 44 41 86 50 Jusqu’au 17 mars 2014. Ouvert tous les jours de 9h30 à 17h sauf le mardi.

All facets of Delacroix By his donations in 1906 and

1927, Etienne Moreau-Nélaton made an outstanding contribution to the collections of the Louvre and other French museums. Eugene Delacroix was one of the artists that featured the most in this private collection. He also represented a special link between three generations of Moreau-Nélatons, a family of stockbrokers, bankers and enlightened art lovers. As well as drawings and paintings, the Delacroix Inheritance: Masterpieces from the Moreau-Nélaton Collection exhibition also displays letters exchanged between Delacroix and Adolphe Moreau, father and son. Musée National Eugène Delacroix – 6 rue de Furstenberg – 75006 Paris – Tel: 01 44 41 86 50. Until 17th March 2014. Open every day from 9:30am to 5pm except for Tuesdays.

U n t r é s o r nap o l i t a i n

I

l est comparable aux joyaux de la couronne d’Angleterre. Mais ce trésor-là n’appartient ni à d’anciennes dynasties régnantes, ni à un Etat, ni à une Eglise. Il est la propriété d’un peuple qui lui voue un véritable culte depuis 1527. Ce peuple, c’est celui de Naples et ce trésor, celui de San Gennaro, mort en martyr depuis plus de 2000 ans. « Le trésor de Naples – Les joyaux de San Gennaro » regroupe le collier de San Gennaro, sa mitre, 15 bustes colossaux, le reliquaire en vermeil du XIVème siècle ainsi que des peintures.

Musée Maillol – 69-61 rue de Grenelle – 75007 Paris – Tél : 01 42 22 59 58. Du 19 mars au 20 juillet 2014. Ouvert tous les jours de 10h30 à 19h sauf le mardi.

A Neapolitan treasure It can be compared to the crown jewels of England. But this treasure belongs to neither an ancient ruling dynasty, nor a state, nor a church. It is the property of people who have genuinely worshipped it since 1527. These are the people of Naples and the treasure is that of San Gennaro, who died a martyr over 2,000 years ago. The Treasure of Naples - the Jewels of San Gennaro exhibition comprises San Gennaro’s necklace, his mitre, 15 colossal busts and a 14th century silver-gilt reliquary as well as paintings. Musée Maillol – 69-61 rue de Grenelle 75007 Paris – Tel: 01 42 22 59 58 From 19th March to 20th July 2014. Open every day from 10:30am to 7pm except for Tuesdays.

agenda / 28


V

oici la plus importante exposition jamais consacrée à la maison Cartier. Le parcours met en lumière des pièces-phares dans l‘histoire de la marque (comme ces diadèmes somptueux), des pendules mystérieuses, quelque 600 bijoux, pièces de joaillerie… le tout accompagné par l’évocation de personnages emblématiques liés à Cartier (grandes clientes, actrices et héritières, dont Barbara Hutton, Marlene Dietrich, Liz Taylor…), par de nombreux dessins préparatoires et par des documents d’archives.

© Vincent Wulveryck - Cartier

D u j ama i s v u

Salon d’Honneur du Grand Palais - 3 avenue du Général Eisenhower - 75008 Paris - Tél : 01 44 13 17 17. Du 4 décembre au 16 février 2014. Ouvert tous les jours de 10h à 20h sauf le mardi. Nocturnes jusqu’à 22h du mercredi au samedi, jusqu’au 6 janvier puis le mercredi seulement. Du 21 décembre 2013 au 4 janvier 2014, ouvert tous les jours de 9h à 22h sauf le mardi.

For the first time This is the largest exhibition ever to be entirely devoted to

Cartier. Follow the circuit that showcases highlights in the brand’s history (such as these sumptuous diadems), and includes mysterious pendulums and more than 600 pieces of jewellery, all accompanied by the mention of iconic personalities linked to Cartier (important clients, actresses and heiresses, such as Barbara Hutton, Marlene Dietrich and Liz Taylor), many preparatory sketches and archive documents. Salon d’Honneur du Grand Palais – 3 avenue du Général Eisenhower – 75008 Paris Tel: 01 44 13 17 17. From 4th December to 16th February, 2014. Open every day from 10am to 8pm except for Tuesdays. Open until 10pm Wednesday to Saturday until 6th January, and then on Wednesdays only. From 21st December 2013 until 4th January 2014, open daily from 9am to 10pm except for Tuesdays.

L a m o de sur pap i er glac é

C

ondé Nast (éditeur des magazines Vogue, Vanity Fair, Glamour et W) a joué un rôle majeur dans le renouvellement de la photographie de mode. Les différents rédacteurs en chef et directeurs artistiques ont révélé des talents comme Cecil Beaton, Irving Penn, Helmut Newton, Peter Lindbergh… “Papier glacé, un siècle de photographie de mode chez Condé Nast” puise dans les archives de Condé Nast New York, Paris, Milan et Londres pour réunir 50 tirages, originaux pour la plupart, des plus grands photographes de 1918 à aujourd’hui. Le visiteur découvrira également une quinzaine de vêtements de couturiers, issus des collections du Palais Galliera. A voir aussi, une cinquantaines de magazines sous vitrine et des films contemporains sur grand écran.

Palais Galliera Musée de la Mode de la Ville de Paris - 10 avenue Pierre 1er de Serbie, 75116 Paris - Tél : 01 56 52 86 00 Du 1er mars au 25 mai 2014. Ouvert tous les jours de 10h à 18h sauf le mardi.

Fashion on glossy paper

Condé Nast, the publisher of Vogue, Vanity Fair, Glamour and W, has played a major role in the revival of fashion photography. Its various editors and artistic directors have revealed such talents as Cecil Beaton, Irving Penn, Helmut Newton and Peter Lindbergh. The Glossy Paper, a Century of Condé Nast Fashion Photography exhibition draws from the archives of Condé Nast in New York, Paris, Milan and London to bring together 50 prints, mostly originals, by the greatest photographers from 1918 to today. Visitors will also discover about fifteen designer outfits from the Palais Galliera collections. On top of all this, fifty or so magazines will be displayed under glass and contemporary films will be projected on a big screen. Palais Galliera Musée de la Mode de la Ville de Paris10 avenue Pierre 1er de Serbie, 75116 Paris – Tel: 01 56 52 86 00 From 1st March to 25th May 2014. Open every day from 10am to 6pm except for Tuesdays.

agenda / 29



QUAND PARIS SE LIVRE AUX ECRIVAINS W HE N PARIS OPE N S UP TO W RITERS

L a c a p it al e a t oujours ét é un eld or a d o p our les écr iv a ins. Nomb r e u x sont c e u x q ui o n t f a it l e c hoix de quit t e r leur p r ov ince ou l’étr a ng er p our y d em e u r e r. B a r s, r e s t a ur a nt s, l ieux de vie pl us intimes, q ua r tier s p r éfér és… Voilà une s é le c t i on d e s e n d r o it s qu’ il s ont fréquent és et q ui r estent p lus q ue ja ma is à la p a g e . F r a n c e’s c api tal h as always been an El Dorado for writ ers. Many are t ho s e w h o h ave ma d e t h e c h o i c e to leav e th ei r own reg ion or count r y and come and l ive i n P ari s . B ars , r e s t a u r a n ts, m o re i n ti m ate places, favourit e neig hbourhoods... here is a s e le cti o n o f p la c e s w ri ters h av e f requ en ted t hat are more t han ever wor t h a visit . histoire / 31


ernest H emingWay

l e bar “l a closerie Des l ilas”

Le pLUs neW-yorKAIs : LA CLoserIe des LILAs

Au milieu du 19ème siècle, la Closerie est un bal où les artistes aiment s’encanailler et se restaurer. En 1883, Emile Zola y dispose d’un rond de serviette comme son ami Théophile Gautier. Au 20ème siècle, Paul Verlaine et Guillaume Apollinaire y déclament chaque mardi des poèmes. Quelques années plus tard, les Américains de Paris s’y retrouvent pour s’enivrer dans les vapeurs de pur Malt. Mais avant de sombrer dans l’ivresse, Scott Fitzgerald parvient à faire lire un manuscrit à Ernest Hemingway. Il a déjà un titre en tête : “Gatsby le Magnifique”... Avec Henry Miller, les Yankees font de ce bout du quatorzième arrondissement une annexe de Manhattan. Quant aux sujets de Sa Très Gracieuse Majesté, Oscar Wilde et Samuel Beckett, ils aiment y échanger avec Jean-Paul Sartre ou Paul Eluard. Perpétuant sa tradition littéraire décalée, la Closerie décerne chaque année le prix du “Livre incorrect”.

NeW york style: la closerie Des lilas In the mid-19th century, La Closerie was a dance hall where artists liked to slum it and eat together. In 1883, Emile Zola had his own napkin ring there, as did his friend Théophile Gautier. In the 20th century, it was there that Paul Verlaine and Guillaume Apollinaire spouted their poetry every Tuesday. A few years later, the Americans in Paris met up there to get drunk on pure malt whiskey. But before he was dead drunk, Scott Fitzgerald managed to get Ernest Hemingway to read a manuscript. He already had a title in mind: The Great Gatsby... Along with Henry Miller, the Yankees turned this end of the fourteenth arrondissement into an annex of Manhattan. As for the royal subjects, Oscar Wilde and Samuel Beckett, they loved sharing ideas there with Jean-Paul Sartre and Paul Eluard. Perpetuating its offbeat literary tradition, every year La Closerie awards an Incorrect Book prize. 174, boulevard du Montparnasse, Paris 14e.

HIsTOIrE / 32


les bArs et restAurAnts DE la rIVE GaucHE

B a r s a N D r e s ta u r a N t s o N t h e l e f t B a N k Le pLUs HA ppy FeW : LA roTon de

g uillaume a pollinaire

En 1910 la Rotonde est déjà un must pour les amoureux de belles lettres. A cette époque, le poète Guillaume Apollinaire a, le premier, installé son QG dans l’établissement du 105 boulevard Montparnasse. Après la Grande Guerre, le bar attire les auteurs en vogue. Ils ont quitté Montmartre et veulent découvrir ce quartier dont tout le monde parle. « Quel que soit le café de Montparnasse où vous demandiez à un chauffeur de la rive gauche de vous conduire, il vous conduira toujours à la Rotonde », résumait Ernest Hemingway dans “Le soleil se lève aussi”, en 1940. Ses compatriotes Scott Fitzgerald ou Henry Miller aiment y refaire le monde autour d’un cocktail et les clients se pressent pour assister aux passes d’armes entre Modigliani et Blaise Cendrars. Le “buzz” est permanent. Normal que les surréalistes André Breton, Jacques Prévert et Raymond Queneau fassent de la Rotonde leur cantine attitrée.

l a rotonDe

l a verrière De la rotonDe

for the happy feW: la rotoNDe In 1910 the Rotonde was already a must for lovers of beautiful words. At that time, the poet Guillaume Apollinaire was the first to set up his HQ in the establishment at 105, boulevard Montparnasse. After the Great War, the bar attracted writers who were in fashion. They left Montmartre and wanted to discover this area that everyone was talking about. “Whatever café in Montparnasse you ask a left bank driver to take you to, he’ll always drive you to La Rotonde”, Ernest Hemingway declared in “The Sun Also Rises”, in 1940. His compatriots Scott Fitzgerald and Henry Miller loved to remake the world over cocktails, and customers crowded to watch the heated debates between Modigliani and Blaise Cendrars. There’s a permanent buzz. So, it was quite normal that the surrealists André Breton, Jacques Prévert and Raymond Queneau made La Rotonde their usual canteen. 105, boulevard du Montparnasse, Paris 14e.

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© photo Josse/leemage

Honoré De balZac

les bArs et rEsTauraNTs DE la rIVE GaucHE Bars aND r e s ta u r a N t s o N the left BaNk

l e c aFé De Flore

Le pLUs eX IsTenTIA LIsTe : Le CA Fé de FLore

L e p L U s p H I Lo so pHI Q Ue : Le proCope

Au 18ème siècle, ce restaurant recense la plus forte concentration de libres penseurs et de philosophes. Un florilège exceptionnel. Ne réunit-il pas parfois Voltaire, Rousseau et Diderot, pères de Candide, du Contrat Social et de l’Encyclopédie ? Ils s’adonnent à leur plaisir favori : siroter un café en provenance du Brésil, qui stimule les neurones, ou déguster une glace, cela calme les humeurs. Un autre projet éditorial d’envergure naît aussi ici : il s’agit de la Constitution américaine rédigée par un certain Benjamin Franklin. Un siècle plus tard, Paul Verlaine, Victor Hugo, Alfred de Musset et Honoré de Balzac fréquentent assidûment le Procope. Aujourd’hui, il a perdu de son aura littéraire, mais il reste un témoin historique privilégié du siècle des Lumières. the most philosophical: the procope In the 18th century, this restaurant had the highest concentration of free thinkers and philosophers. It was an exceptional collection. Didn’t Voltaire, Rousseau and Diderot, the fathers of Candide, the Social Contract and the Encyclopedia occasionally meet up there? They indulged in their favourite pleasure: sipping a coffee from Brazil, which stimulates the neurons, or enjoying an ice cream, which calms the humours. Another large-scale editorial project was also born here: the American Constitution drafted by a certain Benjamin Franklin. A century later, Paul Verlaine, Victor Hugo, Alfred de Musset and Honoré de Balzac assiduously frequented the Procope. Today, it has lost its literary aura, but it remains a privileged historic witness to the century of Enlightenment.

S’installer au Flore aujourd’hui, c’est convoquer la mémoire des stars de l’existentialisme. Boris Vian et Jacques Prévert se donnaient rendez-vous chaque jour ici. Dans les volutes de fumée de cigarettes, ils étaient rejoints par Albert Camus. Le célèbre auteur de Gallimard n’avait que le boulevard SaintGermain à traverser depuis la Brasserie Lipp où il avait pris l’habitude d’écrire. Le Flore fut aussi un refuge pour le couple Sartre-Beauvoir dans la “dèche” sous l’Occupation. Ils y passaient toute la journée à la chaleur du poêle à bois pour le prix d’un petit noir. Le Flore est probablement le café littéraire le plus célèbre au monde. Sous l’égide de l’écrivain Frédéric Begbeider, il couronne chaque année un jeune espoir de la littérature française. the most existeNtialist: the café De flore Sitting down in the Flore today means summoning the memory of the stars of existentialism. Boris Vian and Jacques Prévert met there every day. In the spirals of cigarette smoke, they were joined by Albert Camus. The famous Gallimard author had only to cross the boulevard Saint-Germain from the Brasserie Lipp, where he usually did all his writing. The Flore was also a refuge for the broke Sartre-Beauvoir couple during the Occupation. They spent the whole day in the warmth of the wood stove for the price of a small black coffee. The Flore is probably the most famous literary café in the world. Under the aegis of the writer Frédéric Begbeider, every year it crowns a young hopeful of French literature. 172, boulevard Saint-Germain, Paris 6e.

13, rue de l’Ancienne-Comédie, Paris 6e. HIsTOIrE / 34




victor H ugo

l a place Des vosges

v I C T or HUgo , e n b on pÈ r e T r AnQ UI LLe

De 1832 à 1848, l’auteur de la Légende des siècles réside au n°6 de la Place. Il occupe le deuxième étage de cet immeuble et les 260 m2 qu’il loue ne sont pas de trop pour loger sa femme ainsi que ses quatre enfants. Conseillé par Théophile Gautier, son voisin du 8, Hugo a eu un coup de cœur en franchissant le seuil de l’immense logis, l’atmosphère des lieux lui rappelant son enfance. Il vit une existence bourgeoise s’offrant les services d’une cuisinière et deux femmes de chambre. Tout ici est placé sous le signe de l’écriture à l’image d’une étonnante table en bois qu’il a fait incruster des encriers et plumes d’Alexandre Dumas, de Lamartine ou encore de George Sand. Aujourd’hui, l’appartement transformé en musée, peut se visiter. Victor huGo, a GooD, calm father From 1832 to 1848, the author of The Legend of the Ages resided at 6, Place des Vosges. He occupied the second floor of this building and the 260 m2 he rented were useful for housing his wife and four children. On the advice of Théophile Gautier, his neighbour in No. 8, Hugo crossed the threshold and fell in love with the immense apartment, the atmosphere of which reminded him of his childhood. He lived a bourgeois lifestyle, benefiting from the services of a cook and two chambermaids. Everything here is devoted to the written word, such as the stunning wooden table he had inlaid with the inkwells and pens of Alexandre Dumas, Lamartine and even George Sand. Today, the apartment has been transformed into a museum and can be visited. 6, place des Vosges, Paris 3e.

PlacE DEs VOsGEs : la PlacE DEs GraNDs HOmmEs place Des VosGes: G r e at m e N ’ s s Q u a r e do n oT dIsTU rb g eorg e s s Im enon

Il ne faut pas déranger le père du Commissaire Maigret pendant son travail au rez-de-chaussée du n°21. Sur la porte de son cabinet de travail figure un “Do not disturb” éloquent. Au milieu des années vingt, Simenon, qui dispose désormais de droits d’auteur plus conséquents (même si sa machine à écrire est de location), investit le second étage d’où la vue sur les tilleuls le ravit. Jusqu’en1931 il écrira ici 190 romans publiés sous 170 pseudonymes ! Do Not DisturB GeorGes simeNoN No-one could disturb the father of Commissioner Maigret while he was working on the ground floor of No 21. The door of his study bore an eloquent ‘Do not disturb’ sign. In the mid-1920s, Simenon, who then had more substantial copyright to his name (even if his typewriter was rented), took over the second floor, which offered a view of the lime trees that he delighted in. Up until 1931, it was here that he wrote 190 novels that were published under 170 pseudonyms! 21, place des Vosges, Paris 3e.

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OPEra, PalaIs-rOyal, mONTmarTrE L e C AF é d e LA pAI X, H Av r e d e pAI X d e pr o UsT e T d ’ o s C Ar WI Ld e

L’inauguration de l’Opéra Garnier en 1862 et l’aménagement de l’avenue de l’Opéra en 1875 hissent le Café de la Paix au rang de grand rival de la Rotonde sur la rive droite. Le toutParis littéraire se bouscule sous les lustres gigantesques et les plafonds couverts de fresques dans un style Napoléon III flamboyant. Parmi les fidèles, on compte Victor Hugo, qui organise des banquets, Guy de Maupassant, Oscar Wilde, Marcel Proust… Sir Arthur Conan Doyle, à qui l’on doit le célèbre Sherlock Holmes, ne manquait jamais, lors de ses passages dans la Capitale, de s’installer sur la terrasse du Café de la Paix pour corriger des épreuves d’imprimerie, tout en profitant de l’animation des boulevards. Jules Renard et Tristan Bernard s’y pressent pour assister aux premières représentations cinématographiques données par un concurrent des frères Lumière. En 1975, la grande salle du Café de la Paix a été inscrite à l’inventaire des monuments historiques. the café De la paix, a haVeN of peace for proust aND oscar WilDe The inauguration of the Garnier Opera House in 1862 and the development of the Avenue de l’Opera in 1875 hoisted the Café de la Paix to the rank of major right bank rival of La Rotonde. The entire Parisian literati used to jostle under the gigantic chandeliers and the ceilings covered with a flamboyant Napoleon IIIstyle fresco. Among the faithful, were Victor Hugo, who organized banquets, Guy de Maupassant, Oscar Wilde and Marcel Proust... Sir Arthur Conan Doyle, to whom we owe the famous Sherlock Holmes, never failed, when passing through the capital, to install himself on the Café de la Paix terrace to correct printing proofs, while enjoying all the activity on the boulevards. Jules Renard and Tristan Bernard rushed there to attend the first cinematographic shows presented by a competitor of the Lumière Brothers. In 1975, the great room of the Café de la Paix was listed as a historical monument. 12, boulevard des Capucines Paris 9e.

QUAnd CoLeTTe régnAIT sUr Le pALAIs-royAL

Avant d’installer ses carnets en moleskine et ses chats rive droite, Colette et son mari Henry Gauthier-Villars, dit Willy, ont vécu heureux au 28, rue Jacob (dans le 6e arrondissement). Après, ils se sont beaucoup cherchés et ont déménagé une quinzaine de fois dans Paris ! Le couple trouve enfin ses marques dans l’entresol du 9, rue de Beaujolais, puis à “l’étage noble”, au premier. La vue est à couper le souffle puisque l’appartement donne directement sur les jardins. Très vite, Colette devient la “dame du Palais-Royal”. Avec son ami et voisin Jean Cocteau, elle se rend chaque jour à la galerie Vivienne toute proche ou déjeune au restaurant du Grand Véfour, au 17 de la rue de Beaujolais. Colette décède en 1954. Sur le balcon de sa chambre on voit encore un “C” gravé qui s’entrecroise avec un soleil. WheN colette ruleD the palais-royal Before moving her moleskin notebooks and cats onto the right bank, Colette and her husband, Henry Gauthier-Villars, known as Willy, lived happily at 28, rue Jacob (in the 6th arrondissement). After that, they spent a lot of time looking for an identity and moved house about fifteen times in Paris! The couple finally found their place on the mezzanine floor of 9, rue de Beaujolais, and then on the ‘noble’ first floor. The view is breathtaking since the apartment directly overlooks the gardens. Colette very soon became the ‘lady of the Palais-Royal’. With her friend and neighbour Jean Cocteau, she went every day to the nearby Galerie Vivienne or had lunch in the restaurant of the Grand Véfour, at 17, rue Beaujolais. Colette died in 1954. You can still see a C intertwined with a sun carved into the balcony of her house. 9, rue de Beaujolais, Paris 1er.

s ir a rtHur conan Doyle

l e palais royal

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LA CITé enCHA nTée des p oÈT es

jacques prevert

En bordure du boulevard de Clichy, non loin du Moulin-Rouge, se trouve la cité Véron. Particularité unique dans l’histoire de la littérature française, deux immenses poètes ont cohabité au même étage d’un même immeuble. En 1954, Boris Vian emménage au 6 bis, dans un petit deux pièces sans eau ni électricité. En 1956, Jacques Prévert s’installe dans un appartement décoré avec soin par l’architecte Jacques Couëlle. Avec leurs épouses, ils partagent une terrasse de 400 m2 qui donne sur les ailes du moulin. C’est dans cet endroit où trônent des baignoires aux pieds de lion et planté de lilas qu’eurent lieu les manifestations du fameux collège de Pataphysique, “société de recherches savantes et inutiles”. Il comptait trois membres : Vian, Prévert… et son chien Ergé.

b oris vian

the eNchaNteD city of poets On the edge of boulevard de Clichy, not far from the Moulin Rouge, the Véron housing estate is to be found. It is a unique particularity in the history of French literature that two tremendous poets lived on the same floor of the same building. In 1954, Boris Vian moved into 6b, a one-bedroom flat with no running water or electricity. In 1956, Jacques Prévert moved into an apartment carefully decorated by the architect Jacques Couëlle. With their wives, they shared a 400 m2 terrace which overlooked the windmill. It was here, where bathtubs with lion’s feet and planted with lilacs reigned, that the demonstrations of the famous Pataphysics college or ‘society for scholarly and useless research’ took place. It had three members: Vian, Prévert ... and his dog Ergé.

I n T e r C o nTI ne nTAL pAr I s Le g rA nd

Le 6 juin 1865, Alexandre Dumas père, Gustave Flaubert et Roger de Beauvoir furent réunis pour un banquet exceptionnel. Ce jour-là, ils dégustèrent du saucisson d’âne et un filet de cheval aux champignons, le tout arrosé d’un Château Cheval Blanc. Des scientifiques désireux de promouvoir la consommation de viande de cheval en France avaient organisé ce banquet hippophagique. L’académie Goncourt avait choisi le Grand Hôtel pour son repas inaugural.

iNtercoNtiNeNtal paris le GraND On 6th June 1865, Alexandre Dumas, Gustave Flaubert and Roger de Beauvoir got together for an exceptional banquet. That day, they enjoyed donkey sausage and a horse fillet steak with mushrooms, washed down with a Château Cheval Blanc. Scientists wishing to promote the consumption of horse meat in France had organised this horse meat banquet. The Goncourt Academy had chosen the Grand Hotel for its inaugural dinner.

B oNNES F E UiLLES

Jean le Nouvel est non seulement un parisien amoureux de sa ville mais également un passionné de belles lettres et un écrivain. Dans son dernier ouvrage, sobrement intitulé “le paris des écrivains”, il revient sur 15 ans de balades, de recherches et de découvertes. il nous entraine, à sa suite, dans 5 grandes promenades, animées par quelque 150 hommes et femmes de lettres. Jubilatoire. Le Paris des écrivains, Jean le Nouvel, Editions Alexandrine, 212 pages. 16,50 €.

a Go o D reaD Jean Le Nouvel is not only a Parisian who loves his city but also someone who is passionate about beautiful words and a writer. In his latest book, simply titled The Paris of Writers, he looks back on 15 years of walks, research and discoveries. He then leads us on 5 great walks, brought to life by 150 literary men and women. Simply exhilarating. Le Paris des écrivains, Jean le Nouvel, Editions Alexandrine, 212 pages. €16.50

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© Dominique lemaire

lOGEs D’arTIsTEs

cONfIDENcEs bACKstAGe B a c k s ta G e s e c r e t s La sc ène est l eur jard in. Côté cour, il y a leur log e. U n r efuge , l ’ a n t ic hambre du grand fr isson, un lieu q ui leur r essemb le. Cla ir e K e i m , C r is t iana r éal i et d avy sar d ou nous en d isent p lus sur leur log e d ’ a r t i s t e . th e s tage i s th ei r bac k yard. t heir dressing room is st ag e l eft . a safe h ave n , t h e an tec h am ber bef o re the big t hril l . a pl ace in t heir imag e. cl aire k e i m, c r is t ian a r éali an d Dav y s ardou t el l us more about t he ar t ist s’ dressin g ro o m.

THEaTrE / 41


loges d’artistes

d av y

SARDOU

© Photo Lot

L e f il s d u c hant eur

M ic h e l S a r dou se fait un n o m e n inc ar nant u n p r ê t r e r é vol t é dans l ’ A f f ront ement . T h e s o n o f si n ger M i c h el Sardo u i s m a k i n g a n am e f o r h im s e lf b y playi n g a r e b e lli ou s pri est i n L’A f f r on t em en t ( Th e C o n f ro n tati o n ) . Francis H uster et Davy Sardou

SWEET HOME

« Ma loge est un “chez moi loin de chez moi“. C’est un peu une deuxième maison pour moi qui habite à l’autre bout de Paris (ndr, dans le 9ème). Ici, j’ai toutes mes habitudes, les photos de ma femme, de mes parents, de mes grands parents. Je vais bientôt rajouter celle de ma fille, puisque je suis papa depuis le mois de juin. Certains comédiens arrivent, s’habillent et montent sur scène. Moi, j’ai besoin d’accomplir mes petits rituels qui sont des poudres de perlimpinpin. Je me maquille moi-même légèrement. Pour lancer le moteur, un tube de vitamine C, du magnésium. Des pastilles pour la gorge sans sucre avant de jouer... »

POSTE D’OBSERVATION

« La saison dernière, la loge au théâtre du Montparnasse était vaste, avec un grand canapé. Au Rive-Gauche, c’est tout petit, à peine 2m2, on y tient juste à deux, mais le grand luxe, c’est l’accès

SWEET HOME “My dressing room is a ‘home from home’ for me. It’s like a second home for me as I live at the other end of Paris (ed.: in the 9th arrondissement). Here, I keep the same habits, and photos of my wife, my parents and my grandparents. Soon I’ll add one of my daughter because I’ve been a dad since June. Some actors arrive, get changed and go straight on stage. I have to carry out my little rituals that work like magic. I put a little make-up on myself. And to get the engine going, I have tubes of vitamin C and magnesium. Then come the sugar-free throat pastilles before I go on stage.” OBSERVATION POST “Last season, the dressing room in the Montparnasse theatre was huge, with a big sofa. At the Rive-Gauche, it’s really small, barely 2m2, with just enough room for two, but the real luxury is the direct access to the stage by taking a small staircase just behind

theatre / 42


PARIS 60, Rue François 1er (Le Triangle d’or) +33 (0)1 42 25 15 41

LONDON 106, New B o n d S t re e t +44 (0)2074 991434

CANNES 4, La Croisette (Face Palais des Festivals) +33 (0)4 97 06 69 70

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loges d’artistes

direct à la scène, juste derrière un rideau par un petit escalier. Ainsi je peux sentir le public, je perçois s’il est concentré, distrait, détendu, rieur. Je prends le pouls de la salle depuis mon poste d’observation. A ce moment, je suis dans un état de stress positif. »

LA LOGE DE MON PERE

« Mon père, Michel Sardou, a vu la pièce et m’a avoué que cela lui avait donné envie de remonter sur scène. Tout petit, c’est moi qui allais dans sa loge. Je me souviens du Palais des Congrès, où nous l’accompagnions parfois avec Maman. Delon, Belmondo, Barbara, passaient le féliciter… J’avais beau avoir 6 ans, je savais qui étaient ces stars et elles me fascinaient. Ce n’était pas du tout show off. Finalement les loges de Papa ressemblaient un peu aux miennes. »

UN DIEU, MAIS PAS BARBU

« Dans L’Affrontement, je joue un prêtre révolté contre les pesanteurs de l’église. Moi j’ai foi en l’homme et en la femme bien sûr. Je ne suis pas religieux pratiquant, je crois en “mon” Dieu : l’Homme, la Nature. En tout cas, tout sauf un barbu avec une robe blanche. Mon Dieu est concret. La pièce voit s’affronter deux catholiques, mais elle pourrait aussi bien mettre face à face deux imams, deux rabbins, voire deux salariés d’entreprise. Le sujet de la pièce est plus un clash entre deux générations. Je suis le grain de sable dans un immense rouage, celui qui vient poser des questions dérangeantes et remet en cause l’ordre établi, puisque les religions sont très hiérarchisées. » L’Affrontement, jusqu’au 30 décembre 2013. Avec Francis Huster et Davy Sardou. Théâtre Rive-Gauche, Paris 14ème.

a curtain. That way, I can feel the audience, I can tell if they’re focused, distracted, relaxed or laughing. I check the theatre’s pulse from my observation post. At that moment, I’m in a state of positive stress.”

«Moi j’ai foi en l’homme, en la femme bien sûr»

MY FATHER’S DRESSING ROOM “My father, Michel Sardou, saw the room and confessed to me that it made him want to get back on the stage. When I was very young, I used to go into his dressing room. I remember the Palais des Congrès, where we sometimes accompanied him with Mum. Delon, Belmondo and Barbara used to come by to congratulate him... I was only 6 but I knew who those stars were and they fascinated me. They weren’t bigheaded at all. In fact, Dad’s dressing rooms looked a bit like mine.” A GOD, BUT WITHOUT A BEARD “In L’Affrontement, I play a priest who’s rebelling against the sluggishness of the church. I have faith in men and in women, of course. I’m not a practising religious person, I believe in ‘my’ God: Man, Nature. In any case, anything but a bearded man in white robes. My God is concrete. In the play, two Catholics confront one another, but it could just as well be two imams, two rabbis, or even two company employees. The subject of the play is more a clash between two generations. I am the grain of sand in a huge machine, the one who asks disturbing questions and calls into question the established order, because religions are very hierarchical.” L’Affrontement, until 30th December 2013. With Francis Huster and Davy Sardou. Théâtre Rive-Gauche, Paris 14th. theatre / 51


loges d’artistes

© CH. Lartige - CL2P

Dans Les Guit r y’s, C l a ir e Keim r essusc it e Yvonne Printemp s et t rouve un rôl e à sa mesur e. In Th e Gu i tr ys, Claire Keim resu rrec ts Yv o n n e Print emps in a ro le th at was wri tten for her.

Claire

KEIM LE ROLE DE MA VIE

« C’est enthousiasmant pour moi d’être sur scène avec ce texte qu’Eric-Emmanuel Schmitt a écrit pour moi. Il est très ludique, avec des réparties magnifiques. En même temps, on reste totalement dans la vie et ce n’est pas difficile de trouver un ancrage avec son propre quotidien. Quand j’ai lu la pièce, j’ai tout de suite saisi l’enjeu pour moi, et je me suis jetée à corps perdu dedans. C’est le rôle de ma vie, je pèse mes mots. Aussi, suis-je arrivée le premier jour des répétitions en connaissant jusqu’à la moindre virgule du texte. J’ai la chance de pouvoir habiter mes rôles. Je ne suis pas du genre compliqué : dès qu’on me demande de chanter, de jouer la comédie, je me sens chez moi. »

YVONNE

« Ce qui me touche chez Yvonne Printemps, c’est qu’elle était papillonnante, femme-enfant, mais aussi d’une grande lucidité. Dans les dernières scènes, son ironie masque mal le désarroi qu’elle ressent. Elle a aimé Sacha Guitry toute sa vie, mais à la fin, il l’a écrabouillée. Il ne voulait plus entendre parler d’elle. C’était une hyper douée, mais qui n’a jamais eu l’aura d’une Mistinguett. Elle a commencé par des spectacles de rue dans le Val-d’Oise. A 14 ans, elle jouait seins nus dans “Nue Cocotte”, à La Cigale. Un an plus tard, elle rentrait aux Folies-Bergère. »

Claire K eim

THE ROLE OF MY LIFE “It’s exciting for me to be on stage with this text that EricEmmanuel Schmitt wrote for me. It’s a lot of fun, with wonderful repartee. At the same time, you’re still in real life and it’s not hard to relate it to your own everyday life. When I read the play, I immediately understood the challenge it represented for me, and I just threw myself into it. It’s the role of my life, and I’m weighing my words. So, I arrived on the first day of rehearsal knowing the text right down to the last comma. I’m lucky enough to be able to ‘live’ my roles. I’m not complicated: the moment I’m asked to sing or act, I feel right at home.” YVONNE “What I find touching about Yvonne Printemps, is that she was a butterfly, a woman-child, but also extremely lucid. In the final scenes, her irony fails to mask her feeling of helplessness. She loved Sacha Guitry all her life but in the end he crushed her. He didn’t want to hear a word about her. She was highly gifted, but never had the aura of, say, Mistinguett. She began with street theatre performances in the Val-d’Oise. At fourteen, she was playing a topless role in “Nue Cocotte” at La Cigale. One year later, she joined the Folies Bergère.”

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«Pour moi le sacré, ce sont les secondes qui précèdent l’entrée sur scène»

DE LA NECESSITE DU THEATRE ?

« Le théâtre, c’est la base. On voit si les gens sont des acteurs ou non. Paradoxalement en tant que spectatrice, je m’y ennuie très vite. J’ai chaud, j’ai soif, j’ai envie de fumer une cigarette… J’avoue que c’est assez rare que je sois subjuguée par une pièce. En tant que comédienne, j’ai peur d’ennuyer les gens. On m’a proposé beaucoup de pièces et j’en ai choisi très peu. Je voulais jouer quelque chose que j’aurais vu avec plaisir. »

SEULE POUR DECIDER

« Le grand public me voit surtout comme une actrice de télévision. Quand Zodiac fait

12 millions de téléspectateurs sur TF1, ça emporte tout. Mais c’était il y a dix ans… Les tournages c’est très bien, mais c’est du courant alternatif : il y a une folle énergie pendant une demi-heure et puis on s’ennuie dans celle qui suit. Aucune comparaison avec le théâtre. Entre le moment où la pièce commence et celui où elle s’achève, je fais ce que je veux. Je fais naître mon personnage, je le fais grandir. C’est moi qui décide. »

IS THEATRE A NECESSITY? “Theatre is the foundation. You can see if people are actors or not. Paradoxically, as a spectator I can get bored very quickly. I’m too hot, I’m thirsty, I feel like smoking a cigarette... I must admit it’s pretty rare that I’m captivated by a play. As an actress, I’m afraid of boring people. I’ve been offered many parts in plays but I accepted very few of them. I wanted to play something that I would have enjoyed watching.” SOLE DECISIONMAKER “People see me primarily as a television actress. When Zodiac attracted 12 million viewers on TF1, it was the best. But that was ten years ago... Shooting episodes is great, but it’s an alternating current: there’s mad energy for half an hour and then half an hour of boredom. There’s no comparison with theatre. Between the moment the play begins and when it ends, I do what I want. I bring my character to life, I make it grow. I make the decisions.”

« Je n’attache pas beaucoup d’importance aux choses matérielles. Je suis tout le temps habillée pareil, et quand j’arrive au théâtre, je pose mon sac n’importe où. A partir du moment où j’ai un endroit pour me changer, je n’ai pas besoin d’avoir un territoire. Pas de “moment sacré dans ma loge”. Pour moi le sacré, ce sont les secondes qui précèdent l’entrée sur scène. Pour la première des Guitry’s, ma meilleure amie, Mélanie Laurent (actrice et réalisatrice) m’a fait un joli cadeau : elle a confectionné une boîte qui contenait des montages de photos de ma fille, de mon amoureux (l’ancien footballeur Bixente Lizarazu), d’Yvonne Printemps... Je n’avais plus qu’à punaiser le tout sur le mur en face de moi. »

BOX OF HAPPINESS “I don’t attach much importance to material things. I always wear the same kind of clothes, and when I arrive at the theatre I put my bag down anywhere. As long as I have a place to change, I don’t need to have my own territory. Or a ‘sacred moment in my dressing room’. For me, it’s the few seconds before I go on stage that are sacred. For the premiere of The Guitrys, my best friend, Mélanie Laurent (actress and film director), made a lovely gift for me: a box containing photo montages of my daughter, my partner (the former footballer Bixente Lizarazu) and Yvonne Printemps... All I had to do was pin them all on the wall in front of me.”

The Guitrys, jusqu’au 29 décembre 2013. Avec Claire Keim et Martin Lamotte. Théâtre RiveGauche, Paris 14ème.

The Guitrys, until 29th December 2013. With Claire Keim and Martin Lamotte. Théâtre Rive-Gauche, Paris 14th.

BOITE A BONHEURS

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loges d’artistes

CRISTIA N A

REALI

L a jo l ie brune renoue sur scène), on est les deux bordéliques MON NOM DERRIERE de la distribution. Les autres (Philippe LA PORTE a v e c l a veine c omique Caroit et Lison Pennec) sont méthodiques, « Avoir son nom collé derrière la porte d a n s l a Soc iét é des leur loge est rangée, bien proprette. Il y d’une loge reste non seulement une grande a toujours une petite bougie parfumée

fierté, dont on n’est jamais blasé, mais cela

ressemble au comédien qui l’occupe, c’est un peu comme la chambre des enfants. Par exemple, dans la loge de Stéphane Guillon, il y a toujours des journaux partout. On voit qu’il est toujours aussi branché sur l’information. Je le sens de plus en plus à l’aise en tant que comédien. Il peut arriver un quart d’heure avant le début de la représentation alors que moi, il me faut bien une heure pour m’acclimater. »

On a répété pendant deux mois, on est prêt. Votre nom derrière la porte, ça signifie qu’on est en train de se diriger à grands pas vers la première. C’est euphorisant, excitant. Bientôt la pièce sera à l’affiche, le public nous attendra chaque jour dans la salle. C’est un sentiment dont je ne me lasse pas. »

l oisirs. en train de brûler chez eux. Une loge, ça veut surtout dire qu’on est « dans le dur ». T h e pretty bru n ette r e t u r n s t o c o m edy i n La S oc i été des Lo i si rs.

FLEURS ET BISCOTTES

« Ma loge ressemble à un sympathique bazar. Sur la table de maquillage, j’accumule des papiers, du courrier à renvoyer… Il y a aussi des choses à manger comme des biscottes. La photo de mes filles ne me quitte pas. Il y a aussi des vestiges de la répétition, des vêtements dont on ne se sert qu’à cette occasion : un jupon, des chaussures à talons hauts… Avant je gardais les bouquets de fleurs qu’on m’envoyait au début des pièces, mais c’est une habitude que j’ai perdue. Les fleurs fraîches, je les ramène à la maison pour en profiter. »

BORDELIQUES

« Avec Stéphane Guillon (son partenaire

PAS MIEUX LOGEE QUE LES AUTRES

« Finalement, je m’aperçois que je ne suis quasiment jamais dans ma loge. Je ne ressens pas le besoin de m’isoler. Je n’ai jamais aimé avoir une loge particulière, des attentions différentes par rapport aux autres comédiens. J’ai besoin d’être au milieu des acteurs. J’aime l’ambiance des loges, mais entre nous. Je peux aller me maquiller dans la loge d’une autre comédienne pour discuter. Dans les coulisses il y a généralement un petit foyer où l’on aime se retrouver pour boire un café, casser une graine. Le foyer des comédiens, c’est le trait d’union entre la journée qui vient de se passer et l’entrée en scène. J’ai besoin de ce lieu de vie. C’est un sas de décompression. » theatre / 54

LA BOUCLE EST BOUCLEE

« La première chose que je fais en arrivant dans ma loge est de poser mes affaires et de lire mon courrier. Mais tout de suite après, je ressors, je ne m’assieds même pas, je vais voir les techniciens, les collègues. Quand la pièce est finie, je refais un saut dans la loge… et je ne range pas mes affaires, ça c’est sûr ! J’ai envie de partir. Vite. Autant j’aime bien traîner avant, autant après je ressens le besoin de quitter les lieux pour aller boire un verre ou dîner avec des amis. Je m’accorde juste le temps de me laver les mains. » La Société des loisirs, jusqu’au 31 décembre 2013. Avec Cristiana Reali, Philippe Carroit, Stéphane Guillon, Lison Pennec. Petit Théâtre de Paris, 15 rue Blanche, Paris 9ème.


Cristiana R eali

FLOWERS AND MELBA TOAST “My dressing room looks like a friendly bazaar. On the make-up table, I let papers pile up, like mail to be returned... and there are also things to eat, such as Melba toast. The photo of my daughters is always with me. There are also vestiges of the rehearsal, clothes that are only used then: a petticoat, high-heeled shoes... I used to keep the bouquets of flowers that are sent to me at the beginning of plays, but that’s a habit I’ve lost. I take fresh flowers back home to get the most out of them.”

MESSY “Stéphane Guillon (her partner on stage) and I are the messiest cast members. The others (Philippe Caroit and Lison Pennec) are methodical; their dressing rooms are really organised and tidy. They always have a small scented candle burning in their rooms. A dressing room resembles the actor occupying it, it’s a bit like a children’s bedroom. For example, in Stéphane Guillon’s dressing room, there are always newspapers everywhere. You can tell he’s always also up to date with the news. He seems to be more and more comfortable as an actor. He can turn up a quarter of an hour before the show starts, whereas I need a good hour to acclimatise.” NO BETTER THAN THE OTHERS “I realize now that I’m almost never in my dressing room. I don’t feel a need to be on my own. I’ve never liked having a special dressing room, or special attention by comparison with other actors. I need to be in the midst of the actors. I like the dressing room atmosphere, but the atmosphere between us. I can go and put my make-up on in another actress’ dressing room so we can talk. Behind the scenes there’s usually a little greenroom where we like to get together for a coffee, or a snack. The actors’ greenroom is the link between the day that’s just gone by and your entrance on stage. I need that place. It’s a decompression chamber.”

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MY NAME ON THE DOOR “Having your name on the dressing room door is not only a huge source of pride, which you can never be indifferent to, it also and above all means that you’re ‘the real thing’. You’ve been rehearsing for two months, you’re ready. Your name on the door, that means you’re rapidly making your way towards the premiere. It’s euphoric, exciting. Soon the play will be running and the audience will be waiting for us every day in the theatre. That’s a feeling I’ll never grow tired of.” FULL CIRCLE “The first thing I do when I come into my dressing room is I put my things down and read my mail. But I leave straight after that, I don’t even sit down, I go and see the technicians and my colleagues. When the play is over, I pop back into the dressing room... and I don’t tidy up my things, that’s for sure! I just want to leave. As soon as possible. Much as I like to take my time before I go on stage, afterwards I feel the need to leave the place and go for a drink or dinner with friends. I allow myself just enough time to wash my hands.” La Société des loisirs, until 31st December 2013. With Cristiana Reali, Philippe Carroit, Stéphane Guillon and Lison Pennec. Petit Théâtre de Paris, 15 rue Blanche, Paris 9ème.


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Š Julien Benhamou - OpÊra national de Paris


Benjamin Millepied Monsieur le Directeur Director of Dance

P o ur l e s d anseurs qui fl ir t ent a vec le fir ma ment, toutes les r outes mè ne nt à P a r i s . Qua n d Terpsic hore, l a muse d e la d a nse, v ous a b éni d e sa g r â ce , i m p os s i b le d e n e p a s se ret rouver un jour ou l’a utr e sur la scène d e l’Op ér a Ga r ni e r, m ê m e s i o n a c hoisi de voyager sur d es chemins d e tr a v er se. A p r ès Ser g e L i fa r, R u d olf N o ur e e v, Mauric e Béjar t et t a nt d ’a utr es, l’a va nt- g a r d iste Benja min M i lle p i e d n’ a p a s é c h a p pé à c e dél ic ieux sor tilèg e. Il p r end r a la d ir ection d e ce tem p le d u b a lle t e n o c t o b r e 2014. A 36 ans seulement, une telle op p or tunité ne se r ef u s e p a s ! F o r t h o s e dan c ers wh o reac h f or t he st ars, al l roads l ead t o Paris. When Te rps i ch o re , t h e m u s e o f dan c e, h as blesse d y ou wit h t he g ift of g race it is impossible n o t to f i n d y ou r s e lf o n e day o n th e stage of t he Paris Opera House, even if y ou ch o o s e to take s o me s i d e ro ads i n o rder to get t here. Aft er Serg e Lifar, Rudol f Nurey ev, M au ri ce B é j ar t a n d s o m an y o th ers, avan t-gardist B enjamin Mil l epied has not escaped t he s pe ll. H e i s t o b ec o me Di rec to r o f th i s tem pl e of bal l et in Oct ober 2014; at t he ag e o f j u s t 36 an op p o r t u n ity li k e i s n o t to be re fused!

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© Anne Deniau

E

lle lui a été offerte par Stéphane Lissner, le nouveau patron de l’Opéra de Paris, auréolé d’un parcours sans faute dans le monde de l’art lyrique. Au Châtelet, à Aix-en-Provence, à la Scala de Milan, qu’il quittera en juin prochain, Lissner a tout réussi. Paris était son rêve. Il a décidé de le partager avec un danseur singulier en nommant à ses côtés Benjamin Millepied. Le nouveau directeur de la danse de l’Opéra de Paris n’était pas l’héritier que souhaitait Brigitte Lefevre, la tsarine du ballet parisien depuis 1995. Son long règne, à la fois fidèle à la tradition et innovant, a porté la compagnie sur des sommets. Pas le moindre raté dans cette maison magnifique qui fête ses trois cents ans cette année. Brigitte Lefevre aurait, dit-on, préféré pour lui succéder, l’étoile Nicolas Le Riche ou le maître de ballet Laurent Hilaire, mais elle a accepté avec élégance Benjamin Millepied. Ne l’avait-elle pas, d’ailleurs, invité dès 2006 sur la scène de Garnier pour y chorégraphier un ballet intitulé Amoveo sur une musique du célèbre compositeur américain Philip Glass, “Einstein on the Beach”.

It has been offered to him by Stéphane Lissner, the new boss of the Paris Opera who boasts an impeccable track record in the world of opera. At the Châtelet Theatre in Paris, in Aix-en-Provence, at the Scala in Milan (which he will leave next June), Lissner has been successful in everything he has touched. Paris was his dream. By appointing Benjamin Millepied, he has decided to share that dream with a unique dancer. The new Dance Director at the Paris Opera was not the successor that Brigitte Lefevre, queen of Parisian ballet since 1995, would have wished for. Her long reign, both innovative and true to tradition, has carried the ballet company to the pinnacle of success. This magnificent institution, which is celebrating its 300th anniversary this year, has not known a single failure. It is said that Brigitte Lefevre would have preferred star dancer Nicolas Le Riche to succeed her, or ballet master Laurent Hilaire, but she has accepted Benjamin Millepied with good grace. She had already invited him on stage at the Paris Opera House back in 2006, to choreograph a ballet called Amoveo to music by the famous American composer Philip Glass, Einstein on the Beach.

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© Anne Deniau

De Dakar à New York

Millepied avait alors 26 ans et son talent éclaboussait déjà le monde de la danse. Pourtant, pour en arriver là, il n’a pas choisi la voie royale. Foin de classicisme, plutôt que de partir à la conquête de Paris, ce Bordelais, fils d’un décathlonien et d’une professeure de danse contemporaine, découvre d’abord les rythmes africains. Il passe sa petite enfance à Dakar en écoutant les sabars de Dudu Ndiaye Rose, un maître absolu du tambour qui a travaillé avec Miles Davis et les Rolling Stones. De retour en France, il suit les cours de sa mère, découvre la danse classique, s’initie à la danse contemporaine, puis entre au conservatoire de Lyon. Il n’a que 13 ans et vole de ses propres ailes. Trois ans sur les bords du Rhône et le voilà qui franchit l’Atlantique. Pour un garçon de 16 ans, c’est “un grand jeté”, un saut immense qui le voit retomber entre les murs de la School of American Ballet à New York sous la tutelle magistrale du grand Jerome Robbins. Il tutoie une légende et devient une star. Le chorégraphe de West Side Story en fait un premier rôle dès 1995 dans un de ses ballets, 2&3 Parts Invention, puis

From Dakar to New York Millepied was 26 at the time and word of his talent was already spreading throughout the world of dance. However, he had not chosen to follow an easy route. This son of a decathlete and a contemporary dance teacher from Bordeaux was captivated by African rhythms from a young age, and rejected a classic career path by way of Paris. His early childhood was spent in Dakar where he discovered the sabar drums of Dudu Ndiaye Rose, a master of the genre who played with Miles Davis and the Rolling Stones. On his return to France he studied dance with his mother, discovering classical then contemporary dance before being admitted to Lyon Conservatory. At the age of 13 he was already standing on his own two feet. After spending three years there he was ready to cross the Atlantic. For a 16 year-old boy, this was a huge step that was to take him to the New York School of American Ballet under the outstanding guidance of the great Jerome Robbins. He rubbed shoulders with a legend and became a star himself. In 1995 the choreographer of West Side Story gave him a leading role in one of his ballets, 2&3 Parts Invention. He

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il le propulse au rang de danseur étoile en 2001. A 24 ans, il scintille au milieu de ce New York City Ballet, fondé par Balanchine, à ses yeux “le plus grand chorégraphe classique de tous les temps”. Millepied est un homme pressé qui bondit d’un projet à l’autre, mais c’est aussi un passionné, entièrement voué à son art et à ses terribles exigences. « Les danseurs, dit-il, sont parmi les gens qui travaillent le plus et qui, dans une certaine mesure, se plaignent le moins. » Il va donc dans la vie comme l’ont fait ses maîtres. Dans le sillage de Balanchine et Robbins, il passe de la danse à la chorégraphie et de la chorégraphie à la danse. C’est un créateur, passionné par la musique : « Je travaille à partir de musiques qui m’inspirent et me touchent. Je veux créer des ballets qui utilisent la forme classique mais sont ressentis comme intensément modernes. » En vérité, il chorégraphie et danse plus qu’il ne bavarde. Ce n’est pas un taiseux mais il préfère que ses œuvres parlent pour lui. C’est à Londres, en 2002, qu’il offre sa première chorégraphie, Triple Duet, sur des musiques de Bach. Depuis, il vit dans un tourbillon de gloire, parcourt le monde, séduit, s’impose, sans jamais céder à l’autosatisfaction. Malgré son jeune âge, cet homme a besoin de se remettre en cause et de sans cesse s’inventer des expériences nouvelles. Le cinéma l’attire à Los Angeles en 2009. Coup de foudre à Hollywood ! Sur le tournage de Black Swan, où il est à la fois interprète et conseiller, il rencontre la comédienne israélo-américaine Natalie Portman, constellée de récompenses pour ce rôle, dont

« En vérité, il chorégraphie et danse plus qu’il ne bavarde. Ce n’est pas un taiseux mais il préfère que ses œuvres parlent pour lui. » then went on to become principal dancer in 2001. At the age of 24 he was a star of the New York City Ballet, founded by Balanchine, the “greatest classical choreographer of all time” in his opinion. Millepied is a man who is always in a hurry, bounding from project to project with immeasurable enthusiasm, and absolutely devoted to his very demanding art. “Dancers”, he says “are amongst those who work the hardest and to a certain extent, who complain the least”. So he follows in his masters’ footsteps. Like Balanchine and Robbins before him he passes from dance to choreography and back again. He is creative and passionately interested in the music. «I work from music that inspires me and touches me. I want to create ballets that adhere to classic standards but which have an intensely modern feel.” In fact, he dances and choreographs far more than he talks. He certainly isn’t taciturn, but he prefers to let his work speak for him. His first choreographed work, Triple Duet, with music by Bach, was produced in London in 2002. Ever since, he has lived in a whirlwind of fame, travelling the world and gaining global recognition without ever a hint of self-satisfaction. In spite of his youth, this is a man who continually needs to reassess himself and invent new experiences. The film industry attracted him to Los Angeles in 2009, where he found love at first sight. On the Hollywood set of Black Swan, in which he was both performer and advisor, he met Israeli-American actress Natalie Portman, who won a shower of awards for her role including the Oscar for Best Actress. From then on they have never left each other’s side. In 2011, he even made Los Angeles his new dancer-choreographer base by launching a creator’s collective, the “L.A. Dance Project”. In September 2013 the company performed before rapturous audiences in

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© Anne Deniau

l’Oscar de la meilleure actrice. Ils ne se quitteront plus. En 2011, il fait même de Los Angeles son nouveau territoire de danseur-chorégraphe en lançant avec un collectif de créateurs le “L.A. Dance Project”. Au mois de septembre 2013, les Lyonnais ont découvert avec ravissement cette compagnie que l’on verra au printemps prochain dans la Capitale, quelques semaines avant sa prise de fonction à l’Opéra de Paris. Il n’annonce pas une révolution dans cette grande maison, mais il y fera souffler, c’est certain, un fort vent nouveau en créant une cellule chorégraphique, en offrant plus de liberté aux danseuses et danseurs, en cherchant des lieux inédits pour conquérir de nouveaux publics, en se faisant, enfin, à la manière autrefois de Leonard Bernstein avec l’Orchestre Philarmonique de New York, le propre présentateur de ses programmes. L’ère Millepied ne fait que commencer...

© Fairchild Photo Service - Condé Nast - Corbis

Lyon; next spring it is to move to the French capital, some weeks before Millepied takes up his position with the Paris Opera House. He does not intend to revolutionise this great institution but there can be no doubt that he will bring a breath of fresh air to it. He plans to create a choreographic division, to give dancers greater freedom, to explore unusual venues in order to win over new audiences and lastly to present his own programmes as Leonard Bernstein did before him with the New York Philharmonic Orchestra. The Millepied era is just beginning…

W elco me Madame Millepied !

« Very excited ! » Star hollywoodienne, auréolée de récompenses au cinéma comme au théâtre, Natalie Portman ne boude pas son plaisir. L’idée de suivre son mari à Paris et d’y vivre avec Aleph, leur fils de deux ans, ne l’effraye pas. Est-ce parce qu’elle doit son prénom à la chanson de Gilbert Bécaud que son père adorait ? Est-ce parce que ses racines sont européennes ? Descendante de juifs polonais et roumains, elle est née en 1981 à Jérusalem où, dit-elle, « son cœur est toujours. » Dès son plus jeune âge, elle découvre les planches : elle danse, joue les enfants top model, débute au cinéma à 13 ans dans Léon de Luc Besson. A partir de 1994, elle enchaîne les succès, sans oublier de poursuivre des études de psychologie et de travailler de nombreuses langues. Profondément ancrée dans la culture juive, comédienne et intellectuelle engagée dans la vie publique, elle soutient Barack Obama et milite activement dans le mouvement Free The Children. Depuis sa rencontre en 2009 avec Benjamin Millepied sur le tournage de Black Swan et leur mariage à Big Sur au mois d’août 2012, les paparazzis ne les lâchent plus. C’est l’un des couples les plus glamour de la planète qui s’installe à Paris.

Wel come Madame Mi l l epi ed!

“Very excited!” A Hollywood star with countless film and theater awards to her name, Natalie Portman can’t hide her pleasure. The idea of following her husband to live in Paris with their two-year-old son Aleph doesn’t frighten her in the least. Is it because she was named after her father’s favorite song by Gilbert Bécaud? Or perhaps because she has European roots? A descendant of Polish and Romanian Jews, she was born in 1981 in Jerusalem where she says her “heart remains”. She discovered the stage at a young age: a dancer, a child model, and a budding film star at 13 in Luc Besson’s Léon. As her career really began to take off in 1994, she still managed to pursue her studies in psychology and master several languages. Firmly anchored in Jewish culture, an actress and intellectual actively involved in public life, she supports Barack Obama and is committed to the Free The Children movement. Ever since she met Benjamin Millepied on the film set of Black Swan in 2009 and their wedding in Big Sur in August 2012, the paparazzi have been on their trail. Get ready, one of the world’s most glamorous couples is coming to Paris!

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CANNES LILLE METZ PARIS STRASBOURG TOULOUSE FIRENZE FORTE DEI MARMI ROMA


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Les Galeries Lafayette, à la folie !!!

G a l e r i e s L a f ay e t t e : madly!

D e l a p et it e bout ique des t out d éb uts a u g r a nd ma g a sin- p a la ce d’ a u j ou r d ’ hu i , l a c é l è b re enseigne du boulev a r d Ha ussma nn r a conte l’histoir e d’ u ne é p op é e m a r c h a n d e. Réc it d’ une suc c ess stor y à la fr a nça ise. F r o m t h e t i n y h aberdash ers at t he ver y beg inning t o t he g rand l ux ur y sho ppi n g - palace of t o d a y, th e f am o u s sto re o n t he B oul evard Haussmann t el l s t he st or y o f an e ra o f c om m er c e, m ak i n g f o r a ver y French success st or y.

1883

: Zola publie “Au bonheur des dames”, son roman de société, photo de l’avènement des grands magasins dans le Paris du Second Empire. La création des Galeries Lafayette, elle, est plus tardive. Il faut attendre 1893 pour voir s’ouvrir une petite boutique au coin de la rue La Fayette et de la rue Chaussée-d’Antin. Un local de 70 mètres carrés, où deux cousins alsaciens, Théophile Bader et Alphonse Kahn, ont décidé de tenir commerce. Les hommes le baptisent Aux Galeries Lafayette. Seulement trois petites années plus tard, ils procèdent au rachat de la totalité de l’immeuble où leur échoppe a fait son nid. Oublions le format roman, voyons les faits en

1883: Zola published his society novel “Au bonheur des dames”, a snapshot of the advent of the great emporia of Second Empire Paris. The creation of Galeries Lafayette itself came later. The world had to wait until 1893 before a small shop opened on the corner of rue La Fayette and rue Chaussée d’Antin. Premises of 70 square metres, where two cousins from Alsace - Théophile Bader and Alphonse Kahn - decided to set up shop. The men christened their store Aux Galeries Lafayette. Three short years later, they bought the entire building that had nurtured their little store. Never mind a novel; you need glorious Technicolor to grasp the whirlwind that was to happen here: something akin to an over-the-top show production. Behind the lens, you would need someone

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© Archives Galeries Lafayette

« E scali e r monume ntal, i ns p i r é de c el ui d e l’Opé ra d e Pari s , s i gné Ma jo r e lle , coupole culm i na nt à 43 mè tre s d e haute ur, v i t r a ux

© Pôle d’images - Yann Kersalé

da n s un style né o-byz ant i ne »

Construction de l’escalier en1912

mode cinémascope pour mieux saisir le tourbillon de ce qui va se passer ici. Quelque chose de comparable à une superproduction à grand spectacle. A la caméra, il faudrait l’œil d’un Baz Luhrmann, le réalisateur du récent “Gatsby le Magnifique“, pour peindre la flamboyance et l’éclat de cette Babylone de la mode et du glamour que vont devenir les Galeries Lafayette, en un temps record.

U n V e r saille s d e la c on s ommati o n mo d e r ne

Séquence 1, après le prologue boutique de poche, 1912. Date où, après des années d’extension et de grands travaux, les Galeries Lafayette se réinventent en galerie des Glaces tout droit sortie d’un Versailles de la consommation moderne. Deux architectes, d’abord Georges Chedanne, ensuite - et surtout -, Ferdinand Chanut, ont réalisé le rêve d’un bazar de luxe cher à Théophile Bader, dans un décor éblouissant. Escalier monumental inspiré de celui de l’Opéra de Paris, signé Majorelle, coupole culminant à 43 mètres de hauteur, vitraux dans un style néo-byzantin. C’est le triomphe de l’Art nouveau. La surface du magasin est doublée, dans le sillage de 96 rayons de vente. En plaisirs haut de gamme de cette partition néo-shopping, un salon de thé, une salle de lecture, un fumoir et une terrasse panoramique complètent le tableau. A ce grand bal permanent de la splendeur, les Galeries Lafayette sont en avance sur leur époque.

like Baz Luhrmann, (producer of the recent “The Great Gatsby” movie), in order to recreate the full flamboyance and sparkle of the Babylon of fashion and glamour that Galeries Lafayette would become - and in record time. A Versailles of modern consumption Scene 1 (after the prologue featuring the tiny pocket-store), 1912. The year when Galeries Lafayette reinvented itself after years of extensions and major refurbishments into the mirrored galleries (like something from the Palace of Versailles) of modern consumption. Two architects - first Georges Chedanne, then, most influentially, Ferdinand Chanut - brought Théophile Bader’s dream of a luxury bazaar to life, through stunning décor. A vast staircase inspired by the one in the Opéra de Paris, and designed by Majorelle, was the centrepiece, topped by a 43-metre high dome with neo-Byzantine style stained glass. It was Art Nouveau’s finest hour. The floor area doubled, trying to keep pace with 96 sales departments. High class pleasures completing this picture of new-style shopping included a tea room, a lecture theatre, a smoking room and a panoramic terrace. Galeries Lafayette was ahead of its time throughout this great, splendorous, never-ending ball.

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© Pôle d’images - Yann Kersalé

Très vite, loin d’inviter les seuls membres de la haute société, les classes populaires sont aussi conviées aux réjouissances ; les Galeries Lafayette mettent à la portée de toutes les bourses nombre d’articles. Une ligne de vêtements maison est créée, au plus près des tendances de la mode. “Le meilleur marché de tout Paris”, proclame l’immense calicot qui pavoise alors à l’entrée du magasin. Nous sommes dans l’euphorie d’après-guerre. En 1922, les Galeries gagnent encore du terrain, s’ouvrent aux arts appliqués et au design, avec une unité de production en charge de l’édition de modèles à petits prix (meubles, tapis, papiers peints…), confiée au décorateur Maurice Dufrêne. Les designers frères jumeaux Jean et Jacques Adnet sont de la partie. Luxe, qualité et diversité des produits, large éventail de prix, on assiste là à l’émergence de tous les codes d’une grande enseigne qui fait commerce d’un rêve accessible.

© Thibaut Voisin

« L e m e ill eur mar ché d e t o ut Par is »

D e s « 3 J » à David Ly nch

“The best market in all Paris” Very quickly, far from remaining the preserve of high society, the popular classes were invited to the party, as Galeries Lafayette put a number of items within the range of all purses. An in-house clothing label was created, closely mirroring fashion trends. “The best market in all Paris”, proclaimed the huge banner that decked the entrance to the store. This was the time of post-war euphoria. In 1922, the Galeries expanded once more, moving into the applied arts and design, with a factory producing low cost goods (furniture, carpets, wallpaper, etc), entrusted to interior designer Maurice Dufrêne, with twin brothers and designers Jean and Jacques Adnet part of the team. With luxury, quality and diversity of products at a wide range of prices, Paris was witnessing the emergence of all the traits of a great brand making shopping an accessible dream. From “3J” Sales to David Lynch Scene 2: the Second World War arrived and, with it, the owners’ families were dispossessed. Things returned to normal once peace reigned again and the business set about gaining market share more eagerly than ever. Once again - as it had done in 1912 with Art Nouveau, then again in 1932 adopting the Art Déco aesthetic -, and in keeping with (luxury transatlantic liner architect) Pierre Patout’s renovations, Galeries Lafayette reinvented itself once more. Inaugurated saga / 68

© François Daburon

Séquence 2 : la Seconde Guerre mondiale arrive et, dans son sillage, la famille des propriétaires dépossédée de son bien. Retour à la normale, la paix revenue ; l’entreprise repart de plus belle à l’assaut de ses parts de marché. Une fois encore, comme elles l’avaient fait en 1912 avec l’Art


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© Thibaut Voisin

L’espace Mode femme, Luxe et D esigners au 1er étage

nouveau puis, en 1932, adoptant l’esthétique Art déco, et au gré d’aménagements orchestrés par Pierre Patout (l’architecte des transatlantiques), les Galeries Lafayette se réinventent. Inauguré en 1951, symbole d’une nouvelle ère, un escalator - le plus haut d’Europe - est installé. Le 4 octobre 1958, a lieu “une journée pas comme les autres”, qui deviendra les « 3J » avec leurs soldes en folie. Puis, début 60, apparaissent les premiers corners de jeunes créateurs, de Sonia Rykiel à Yves Saint-Laurent et Dorothée Bis. Plus tard, en 1969, l’activité se prolongera dans un nouvel immeuble et, encore plus près de nous, en 2004, dans les locaux du magasin Mark’s & Spencer, que les Galeries ont rachetés, juste en face des leurs. L’escalier monumental, lui, a été démonté en 1974. Comme on l’entend dans “Peur sur la ville”, le film avec JeanPaul Belmondo, recyclant un slogan de l’époque, « il se passe toujours quelque chose aux Galeries Lafayette ». Le magasin prend ainsi son visage actuel, effervescent foyer de créativité contemporaine. La preuve : David Lynch, l’un des cinéastes les plus hype du moment, décore, en 2009, ses vitrines. Des vitrines qui font l’attraction des foules pendant les fêtes de Noël, avec la féerie des jouets et des peluches animés. Elevé au rang d’institution de la Capitale, l’endroit, à deux pas de l’hôtel Intercontinental Paris le Grand, reste le plus visité de Paris après la tour Eiffel. A noter : des visites guidées gratuites du magasin sont organisées à la demande pour des groupes de 10 à 20 personnes. Réservation par mail : patrimoine@galerieslafayette.com

L’espace L ingerie au 4 ème étage

in 1951 and symbolic of a new era, the longest escalator in Europe was installed. On 4 October 1958 was “A Day Like No Other”, which went on to become the extraordinary “3J” sales. Then, in early 1960, the first young designers’ “corners” appeared, from Sonia Rykiel to Yves Saint-Laurent and Dorothée Bis. Later, in 1969, the business expanded into a new building, and even closer to where we are, in 2004, into Marks and Spencer’s former premises, which Galeries bought, just across the road from its own. The iconic staircase was dismantled in 1974. As they say in Jean-Paul Belmondo’s film Peur sur la ville, recycling the slogan of the time, “there’s always something going on at Galeries Lafayette”. This background leads us to the store as it is today, an effervescent home to contemporary creativity. As if to prove it, David Lynch, one of the most talked about film-makers of our time, produced the window displays in 2009, displays that attracted great crowds during the Christmas festivities, with their enchanting toys and animated bears. Now considered an institution in France’s capital, the store is the second most visited attraction in Paris after the Eiffel Tower, and stands just two minutes from the Intercontinental Paris le Grand Hotel. NB: Free guided tours of the store can be arranged on request for groups of 10 to 20 people. Book by email: patrimoine@galerieslafayette.com

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DE fuTurs

GraNDs

f u t u r e G r e at s L a pl anèt e mode l e s a déc ouver t s. Ces nouveaux t a l ent s préfigurent l e s c réat eurs de d e main, c eux avec l e s quel s il faudra c o m pt er. por t rait s. p la n et fash i o n h as u n c o v ered th em : t h e new talen ts wi th t h e po ten ti al to be t he desi gn ers o f t o mo rro w, th e o n es t o r ec k o n wi th . We o f f er pro f i les.

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e prix “Eclat” du concours des Talents de Mode 2013 est revenu à Amandine Leforestier. Sa récompense ? Un atelier-boutique au Village des Créateurs à Lyon et un accompagnement personnalisé pour développer son entreprise. Après avoir été styliste au sein de plusieurs enseignes pendant plus de dix ans, elle lance en 2012 sa propre marque. Pour cette passionnée de dessin, la matière textile est une terre d’exploration où chaque pièce est conçue comme une enveloppe corporelle. Sa ligne de prêt-àporter féminin associe contemporanéité et raffinement. Les couleurs sont sobres, les matières fluides. C’est une garderobe de tous les jours, très confortable, des vêtements qui suivent la femme et non l’inverse. Amandine Leforestier, également amateur d’art, collabore avec de nombreux artistes, danseurs et architectes. The “Eclat” award at the 2013 Talents de Mode competition went to Amandine Leforestier. Her prize? A workshopboutique at the Village des Créateurs in Lyon and customised support to help develop her business. Having worked for over ten years as a stylist for several designers, she launched her own label in 2012. For this ardent design-lover, textiles are a land to be explored, where every piece is designed as an enveloping adornment fasHION / 72

a manDine l eForestier

for the body. Her line of women’s prêt à porter combines contemporary design with classic elegance. Colours are subdued, fabrics flowing. It’s an everyday wardrobe of comfortable clothes that follow the woman rather than the other way around. Amandine Leforestier, who is also an art lover, collaborates with many artists, dancers and architects.


© Gilles Picarel © Joel Philippon

S ébastien B londin

© Loïc Benoit

L’homme, en tout e saison

Dans un tout autre registre, Sébastien Blondin a su, lui aussi, se faire remarquer. D’origine lyonnaise, ce passionné de mode et d’art sous toutes ses formes, étudiera six ans durant à l’Ecole d’arts appliqués. Alber Elbaz, directeur artistique de Lanvin, le repèrera rapidement. C’est à son don pour sentir les nouvelles tendances que le jeune créateur devra de devenir conseil en stratégie et création chez Martine Leherpeur. Il continuera sur sa lancée et travaillera ensuite pour le scandinave Bruuns Bazaar en tant que responsable de marque, puis acheteur. Chacune de ces expériences aura permis à ce petit prodige de grandir. Jusqu’à créer sa propre marque et ainsi proposer des collections multi-saisons pour homme. Ce qui les caractérise : des coupes droites, des camaïeux harmonieux avec une touche de couleur ravivant l’ensemble. Entre élégance et virilité, ses vêtements imposent une simplicité intemporelle. Man, for all seasons In an entirely different way, Sébastien Blondin has also got himself noticed. Originally from Lyon, this lover of fashion / 73

all forms of art and fashion studied for six years at the School of Applied Arts. Alber Elbaz, artistic director at Lanvin, quickly spotted him. The young designer has his gift for sensing new trends to thank for becoming a strategic and design consultant with Martine Leherpeur. He then went on to work for Scandinavian Bruuns Bazaar as brand manager then buyer. Each experience enabled the young prodigy to grow, right up to creating his own brand, which offers multiseason collections for men. These are distinctive for their sharp lines, monotone shades with a dash of colour bringing the outfits to life. Somewhere between elegance and virility, his clothes bring a timeless simplicity.


Parti r d u bo n pie d

Eugène Riconneaus, jeune rebelle, aspire à proposer du “made in France” en le réinterprétant avec ses propres techniques. Ses deux passions de toujours : le skate-board et les femmes. Il abandonne les études à 13 ans, préférant passer son temps chez des bottiers tels que John Lobb. Sa fascination pour l’univers féminin, il va la vivre à travers un seul et unique accessoire, la chaussure. À 18 ans il présente sa première collection haut de gamme. Au programme : des baskets montantes à franges, des escarpins à talons hauts ou encore des sandales en satin rosé. Conçues en France par des artisans qualifiés, chaque paire de chaussures a son propre nom. Un prénom féminin, bien sûr !

Eugène R iconneaus

Getting off on the right foot Young rebel Eugène Riconneaus aspires to produce his an interpretation of “made in France” using his own techniques. His two lifelong passions are skateboarding and women. He gave up school at 13, preferring to pass his time with bootmakers like John Lobb. His fascination for the world of women is expressed uniquely through one accessory: shoes. At 18, he presented his first premium collection. On the bill were fringed high-top trainers, high-heeled court shoes and pink satin sandals. Designed in France by qualified craftsmen, each pair of shoes has its own name. A girl’s name of course! fashion / 74


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Un talent étonnant

Souvenez-vous de ce nom : Fern Van Der Grijn. Vainqueur du dernier Concours National des Jeunes Créateurs 2013, elle avait déjà remporté le concours de fin d’année à l’Esmod Lyon. De la graine de championne donc, née à Dublin, d’un père allemand et d’une mère irlandaise, tous deux artistes. Lorsqu’on lui demande où elle puise son inspiration, Fern répond : « Mon univers, je ne le cherche plus, je sais qui je suis, ce que je veux faire… Mon inspiration se trouve partout autour de moi, les paysages, l’Afrique, l’Andalousie. » Ses dernières pièces mélangeaient le punk et le rock, le tout mâtiné de poésie et d’une certaine sophistication. Sa prochaine collection, la demoiselle l’imagine… innovante ; elle compte mettre l’accent sur les accessoires, chaussures et chapeaux, et envisage même d’imaginer un sac pour chacun de ses looks. Elle dévoile aussi que sa pièce phare pourrait être une veste longue, en cuir, avec des imprimés africains et des anneaux. A suivre…

Fern Van D er G rijn

A remarkable talent Remember this name: Fern Van der Grijn. Already a winner at the end-of-year competition at the Esmod Lyon school, she has now won the most recent National Young Designers Competition 2013 (Concours National des Jeunes Créateurs). Born in Dublin to a German father and an Irish mother, both artists, she had the makings of a champion. “I don’t need to look for my ‘thing’ anymore,” Fern answers. “I know who I am, what I want to do. My inspiration lies all around me: landscapes, Africa, Andalusia…” Her most recent pieces mixed punk and rock, finished off with poetry and an element of sophistication. This young woman wants her next collection to be innovative, with an emphasis on accessories, shoes and hats; she even plans to design a bag for each of her looks. She also reveals that her flagship piece will likely be a long leather jacket, with African prints and rings. One to watch… fashion / 76


U n e A F FA I r e d e sAC s

En Belgique, les fashonistas adorent ses créations. Les beautiful people – Sharon Stone, Ana Girardot, Inès de le Fressange entre autres - ne quittent plus leur sac fétiche, signé Clio Goldbrenner. A moins de trente ans, elle est incontestablement la belge qui « monte » et qui, après Bruxelles et Anvers, séduit désormais le Mexique, le Japon et la France. Cet automne hiver 2013/2014, elle a opté pour le minimalisme chic. Elle met en scène la girl next door, la fashion pas victim, la femme adepte du mix&match. En vedette, le python, le cuir vintage, les pochettes invisibles. La mode est, pour elle, un formidable terrain de jeu et elle s’y amuse en toute saison, du matin jusqu’au bout de la nuit. Elle joue même de son nom, Goldbrenner, qui signifie « orfèvre ». La preuve : Clio accessoirise ses créations d’une languette en cotte de mailles dorée.

clio g olDbrenner

it’s iN the BaG Belgian fashionistas love her designs. The beautiful people – Sharon Stone, Ana Giradot and Inès de la Fressange, among others – can’t get over their favourite new bag, signed Clio Goldbrenner. Not yet 30 years old, she is unmistakeably Belgium’s rising star, and, after Brussels and Anvers, is now making waves in Mexico, Japan and France. This autumn/winter 2013/4, she has opted for minimalist chic. She brings us the girl next door, the fashion victor-not-victim, the mix and match fan. The focus is on python, vintage leather and hidden pouches. For her, fashion is a wonderful playground where she fasHION / 77

can have fun whatever the season, morning ‘til night. She even plays on her name, Goldbrenner, which means “goldsmith”. The proof? Clio accessorises her designs with a little strip of golden chain mail.


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U ne p a ir e d e cha ussons fa its ma in p o u r son fi ls a la ncé sa ma r q ue d a ns les a nnées 50. rose p e t i t rep etto, ca nnoise d e na issa nce ma i s p a r i s i e nne d ’a d op tion, a - à sa ma nièr e et tr ès é lé ga m m e nt - , r év olutionné le mond e d e la d a nse. Fla shb a c k . i t was a pair of hand- made dance sl ippe rs f o r h e r son t hat l aunched t his brand in t he 1950s . r o s e pet it - repet t o, from cannes by bir t h, but p ari s i an by adopt ion, revol ut ionised – ver y el eg ant ly an d i n h e r rose r epetto

own way - t he worl d of dance. cue fl as h back…

D’uN Pas léGEr treaDiNG liGhtly

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annes, 1889 : Emmanuel Repetto, Génois d’origine, crée, avec son ami Ortelli, un atelier de mécanique. Dans la foulée, il monte aussi une usine de fonderie de métaux. Mais ce précurseur voit plus loin que la place du Pont-Romain, aujourd’hui place Henri-Bergia. Il traverse l’Atlantique et négocie aux Etats-Unis ses brevets de machines à glace. Survient la Première Guerre mondiale ; les hommes partent au front, les femmes les remplacent dans les ateliers Repetto. A la fin des hostilités, Jean succède à son père à la tête de la fonderie. Et l’agrandit. Puis ce sera Edmond, le fils de Jean, qui reprendra les rênes au tout début des années 50 ; les établissements Repetto deviennent fournisseurs agréés de la Marine nationale. L’histoire aurait pu en rester là et le nom des Repetto ne jamais franchir le cercle fermé de la bourgeoisie cannoise. Un clin d’œil du destin a cependant tout changé…

eLLe s’AppeLAIT rose

Nous sommes en 1947. Montée à Paris, Rose, la fille d’Emmanuel, va se mettre en tête de confectionner elle-même les chaussons de danse de son fils prodige : Roland Petit. Créateur du Ballet des Champs-Elysées, celui-ci est déjà, à 23 ans à peine, une figure majeure de la danse française. saGa / 85

Cannes, 1889: Emmanuel Repetto, originally from Genoa, created a machinery workshop with his friend Ortelli. Over time he would also set up a metal foundry. But this entrepreneur saw further than the Roman Place du Pont, now called Place Henri Bergia. He crossed the Atlantic and negotiated patents on his ice cream machines. Along came the First World War; both men left for the front, with women replacing them in the Repetto workshops. When the hostilities ended, Jean took over from his father, managing the foundry, expanding it over time. Then Edmond - son of Jean - took over the reins at the start of the 1950s; Etablissements Repetto became approved suppliers to the French Navy. The story might have ended there with the name Repetto never breaking into the tight-knit Cannes bourgeoisie. But a wink of the eye of fate changed all that… she Was calleD rose The year was 1947. Rose, daughter of Emmanuel, moved to Paris to handsew dance slippers for her


Sa mère veut, pour sa progéniture, ce qui se fait de mieux. Elle imagine donc une toute nouvelle technique pour assurer encore plus de confort et de souplesse aux chaussons filiaux : le “cousue & retournée”. Ce procédé original, qui consiste à coudre la semelle à l’envers avant de la retourner, va connaître la gloire et faire de Rose la papesse du chausson. Béjart, Noureev, le Kirov ou encore les Folies Bergères lui passent commande. En 1956, une jeune actrice parisienne convainc Rose d’appliquer sa fameuse technique à une paire de ballerines qui ait “le confort d’un chausson de danse et la sensualité d’une chaussure de ville”. Quelques semaines plus tard, “Et Dieu créa la Femme” défraie la chronique. Brigitte Bardot est alors à la une de tous les journaux du monde, ses Repetto “Cendrillon” aux pieds ! Les ballerines de Rose sont élevées au rang de mythe. La spirale Repetto sera dès lors sans fin, entretenue, au fil des saisons, par nombre de stars et starlettes, à l’image de Serge Gainsbourg qui ne portait rien d’autre que des “Zizi” blanches. Pour lui, comme il aimait le répéter, c’était « Repetto à perpette ». Le décès de Rose, en 1984, semble, un temps, sonner le glas de la marque. L’entreprise décline lentement. En 1999, Jean-Marc Gaucher, le PDG de Reebok France, la reprend et la relance avec une politique dynamique axée sur les partenariats avec les créateurs de mode : Issey Miyake en 2000, Yohji Yamamoto en 2002, Comme des Garçons en 2004 ou, encore, Karl Lagerfeld… Pas à pas, sans rien perdre de son aura auprès du monde de la danse, Repetto renoue ainsi avec le succès grand public et conquiert le cœur des fashionistas du monde entier. Au Japon, à Dubaï, en Argentine… elles craquent toutes pour les ballerines maison, mais aussi pour les bottes, escarpins, mocassins et sacs, finis, aujourd’hui encore, à la main. “Victime” de son succès, la boutique parisienne de la rue de la Paix a doublé sa surface d’exposition, réservant le premier étage à la danse et proposant, au rez-de-chaussée, les chaussures, la maroquinerie et la bagagerie. Chaque année, Repetto lance environ 40 nouveautés, des ballerines et autres souliers qui changent de couleurs et de matières au gré des saisons. Le made in France a de beaux jours devant lui.

l a boutique r epetto

dance-prodigy son: Roland Petit. Founder of the Ballet des Champs Elysées, at barely 23 years of age, he was already a major figure in French dance. His mother wanted the best for her offspring. She came up with a completely new technique to ensure greater comfort and flexibility for her boy’s slippers: “cousue & retournée”. This new process, which involved sewing the sole inside out then reversing it, went on to great glory and Rose became the high priestess of ballet slippers. Béjart, Nureyev, the Kirov and even the Folies Bergères placed orders with her. In 1956, a young Parisian actress persuaded Rose to apply her famous technique to a pair of pumps, giving them “the comfort of a ballet slipper and the sensuality of a dress shoe”. A few weeks later, the film “And God Created Woman” was the talk of the town. Brigitte Bardot was on the front page of every newspaper around the world, with her “Cinderella” Repettos on her feet! Rose’s pumps achieved mythical status. The upward Repetto success spiral continued, maintained season after season by stars and starlets such as Serge Gainsbourg, who never wore anything but a pair of white “Zizi”. As he

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liked to say, for him it would be “Forever Repetto”. Rose’s passing in 1984 seemed for a time to have been the death knell for the brand as the business gradually declined. Then, in 1999, Jean-Marc Gaucher, CEO of Reebok France, took it over and re-launched it with a dynamic strategy aimed at partnerships with fashion designers: Issey Miyake in 2000, Yohji Yamamoto in 2002, Comme des Garçons in 2004 and even Karl Lagerfeld… Step by step, without losing any of its aura in the world of dance, Repetto once again became a success with the public; winning the heart of fashionistas the world over. From Japan and Dubai to Argentina everyone loves the original pumps, as well as the boots, court shoes, moccasins and bags, still hand-finished to this day. A “victim” of its own success, the Paris store has doubled its sales area, with the first floor dedicated to dance whilst on the ground floor it is shoes, leather goods and luggage. Each year, Repetto launches around 40 new products, pumps and other footwear that change colour and materials with the seasons. Made in France has a bright future.

«au JapoN, À DuBaÏ, eN arGeNtiNe… elles craQueNt toutes pour les BalleriNes maisoN…»

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par Jean- Pi erre F r i m b oi s

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L a ur e n t S t rouk est un homme d iscr et et l’un d es meilleur s sp écia listes d e m o uv e me nt s ar t ist iques c omme le p op a r t, le nouv ea u r éa lisme, la figu r a t i on n a r r a t iv e ou l a figurat ion l ibr e. Sa g a ler ie p a r isienne, située d a ns un hôt e l p a r t ic ul ie r, en est l a preuve. Entr etien a vec un p a ssionné p a ssionna nt. L a u r en t S t ro u k i s bo th a di sc reet man and a l eading special ist in ar t ist ic mo v em en t s su c h as Po p Ar t, New Real ism, Narrat ive Fig urat ion and Free F i g u r a t io n. Hi s galler y i n a Parisian t own house is proof of t his. We in t e r vi ewed th i s f asc i n ati n g , passionat e man.

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K eitH Haring , u ntitleD D étail , peinture vinyle sur bÂcHe vinyle 213,4 x 213,4 cm - 1983

The story begins in the secrecy of his Parisian gallery-flat. This is where he meditates and develops new artistic strategies. Although the word strategy doesn’t really suit him; a more precise term might be ‘love at first sight’. Love of works by Damien Hirst, Robert Combas, Julian Opie, Philippe Pasqua and Erró. It’s here, too, that he reflects on how to set the scene in his avenue Matignon gallery. A strong supporter of rotation, he changes the décor once or twice a month - because this man loves mobility. Perhaps Laurent Strouk is a free agent?

l’

histoire commence dans le secret de son appartement-galerie parisien. C’est son lieu de méditation et c’est là qu’il élabore de nouvelles stratégies artistiques. Encore que ce terme de stratégie ne lui convienne guère. Le mot exact serait plutôt coup de cœur. Des coups de cœur pour Damien Hirst, Robert Combas, Julian Opie, Philippe Pasqua ou Erró. C’est ici aussi qu’il réfléchit à ce que va être sa scénographie dans sa galerie de l’avenue Matignon. Ce partisan de la rotation change le décor une ou deux fois par mois. Car l’homme aime la mobilité. Un électron libre Laurent Strouk ?

son méTIer de gALerIsTe

« Je suis né dans les tableaux et je les ai toujours dévorés des yeux, dès mon adolescence. Je passais mon temps

dans les galeries, dans les musées, dans les ateliers, et surtout, j’avais la possibilité de croiser des artistes de toutes générations. Rencontrer Valerio Adami, Robert Combas ou Erró et pouvoir parler avec eux, ce fut la meilleure des formations possibles. »

his professioN of Gallery oWNer “I was born amongst paintings and have literally eyed them greedily since I was a teenager. I spent most of my time in galleries, museums and studios, but above all, I had the possibility of meeting artists of all generations. Meeting Valerio Adami, Robert Combas and Erró, and being able to speak with them, that was the best training possible.”

CommenT doIT-on ACHeTer ?

« Il existe plusieurs solutions. Si vous êtes vraiment très riche et que vous ne comptez qu’en millions de dollars, peutêtre prendrez vous plaisir à vous rendre deux fois par an à New York pour vous mesurer à des ténors du genre, comme Larry Gagosian. Dans ce cas, vous allez convoiter des œuvres majeures d’Andy Warhol, de Jean-Michel Basquiat, de Roy Lichtenstein, de Francis Bacon ou de Pablo Picasso, ce qui sera certainement un bon investissement. Mais la plupart des collectionneurs et des amateurs ne pratiquent pas de cette arT / 93

a nDy WarHol , r eversal marilyn , D étail acrylic anD silKscreen inK on canvas 50 x40 cm - 1979 / 1986


Erro, R ed Sonja Peinture sur toile - 220 x 120 cm - 1999

manière. Ils effectuent leurs achats en Europe, un continent qui reste encore le plus grand grenier de l’art moderne et contemporain. Ils fréquentent les foires d’art contemporain et, bien sûr, consultent des galeristes. Je crois qu’aujourd’hui, un galeriste se doit d’être spécialisé. Nous ne participons pas à une course de sprint, mais à un marathon. Je suis heureux lorsque j’ai convaincu un nouveau collectionneur de s’intéresser aux artistes que je défends. Récemment, j’ai beaucoup travaillé sur Philippe Pasqua. Voici un artiste que les collectionneurs ont imposé. ».

Revoilà le pop Europe !

« Pourquoi le pop Europe est-il en retard par rapport au pop art américain ? Pas par manque de collectionneurs ni d’amateurs potentiels. Il se trouve que nombre de directeurs de musée n’ont pas voulu s’intéresser au nouveau réalisme, à la figuration narrative et à la figuration libre. Ce n’est qu’au début de ce siècle que l’on a vu la tendance s’inverser. Les artistes que je défends, qu’ils soient du pop art, de la figuration narrative ou libre, comme Damien Hirst ou Philippe Pasqua, sont reliés par un fil invisible. Ce sont majoritairement des peintres qui aiment la couleur, des rebelles. J’apprécie ce qui s’est passé à New York dans les années 60 à 80, avec ce trio de tête constitué par Andy Warhol, Jean-Michel Basquiat et Keith

How should one buy? “There are various solutions. If you are extremely rich and only count in millions of dollars, you might like to visit New York twice a year to weigh up the tenors of the genre, such as Larry Gagosian. If you do this, you’ll covet the major works of Andy Warhol, JeanMichel Basquiat, Roy Lichtenstein, Francis Bacon or Pablo Picasso, which would definitely be a good investment. But most collectors and art lovers don’t operate this way. They make their purchases in Europe, which is still the largest storehouse of modern and contemporary art. They attend contemporary art fairs and, of course, consult gallery owners. I believe that today, a gallery owner must be a specialist. We’re not running a sprint, but a marathon. I feel happy when I’ve convinced a new collector to take an interest in the artists I defend. Recently, I’ve been working a lot on Philippe Pasqua. This is an artist that collectors have made known.” European Pop Art’s back! “Why does European Pop Art lag behind American Pop Art? It’s not because of a lack of collectors or potential art lovers. Many directors of museums or so-called artistic directors have shown no interest in New Realism, Narrative Figuration or Free Figuration. It was only at the beginning of this century that the trend was reversed. The artists I defend, whether from Pop Art or Narrative or Free Figuration, like Damien Hirst and Philippe Pasqua, are connected by an invisible thread. These are predominantly painters who love colour. I like what happened in New York between the 60s and 80s, with the Andy Warhol, Jean-Michel Basquiat art / 94

and Keith Haring trio in the forefront. They turned the arts landscape upside down and opened new paths. Take the paintings by Roy Lichtenstein or Tom Wesselman for example - what mastery in the composition and what intensity in the representation of women! Narrative figuration is a different movement from Pop Art. Arroyo, Erró, Klasen and Rancillac were politically or socially engaged and expressed this in their works. Robert Combas has reinvented painting. Philippe Pasqua is in the process of innovating. The new French generation of Street Art is very promising. History is still being written and it’s this history that interests me.” Robert Combas “What a wonderful artist! He’s from the same generation as Keith Haring Valerio A dami , Figura con Valigia Acrylique sur toile - 146 x 114 cm - 9.2.1969 / 24.6.1969


Haring. Ils ont bouleversé le paysage artistique et ouvert de nouvelles voies. Prenez des tableaux de Roy Lichtenstein ou de Tom Wesselman, quelle maîtrise dans la composition et quelle intensité de la représentation de la femme ! La figuration narrative est un mouvement différent du pop art. Arroyo, Erró, Klasen ou Rancillac ont été engagés politiquement ou socialement et l’ont exprimé dans leurs œuvres. Robert Combas, lui, a réinventé la peinture. Philippe Pasqua est en train d’innover. La nouvelle génération française du street art donne de belles promesses. L’histoire est en train de continuer à s’écrire et cette histoire m’intéresse ».

Robert Combas

« Quel artiste merveilleux ! Il est de la même génération que Keith Haring ou Jean-Michel Basquiat. Dans les années 80, il a même exposé avec eux au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris. Il reste le peintre français le plus important de la figuration libre. Il est absolument génial. Personne n’a jamais peint le rock et la musique, les batailles, l’amour… comme lui. J’avais prêté certaines toiles de Robert Combas des années 80 pour sa récente rétrospective au MAC de Lyon. En les revoyant, ce fut un nouveau choc pour moi. La preuve de leur puissance intacte ».

Philippe Pasqua

« C’est un grand de la peinture. Ce natif du signe des Gémeaux, comme Paul Gauguin, Egon Schiele et Robert Combas, possède une peinture puissante. Il a passé les dix premières années de sa vie à Grasse, dans le sud de la France. Puis il est monté à Paris qu’il n’a plus jamais quitté, si l’on excepte les deux ans pendant lesquels il a fait des allers retours vers New York. C’était au milieu des années 1980, il avait alors 20 ans et avait pris la ferme décision de se consacrer uniquement à la peinture. Déjà, il ne quittait presque plus son atelier. Alors, pourquoi rester à New York ? Mieux valait regagner Paris. Philippe Pasqua, contrairement à sa légende, passe le plus clair de son temps à travailler, obsédé par l’idée de la progression. Ce qui lui importe avant tout, c’est d’aller au bout de ses relations avec ses modèles ».

Philippe Pasqua , L ila - H uile sur toile - 330 x 250 cm - 2010-2011

and Jean-Michel Basquiat. In the 80s, he even exhibited with them at the Museum of Modern Art in Paris. He’s still the most important Free Figuration painter in France. He’s absolutely fantastic. No-one has ever painted rock and music, battles and love, like he has. I lent some of Robert Combas’ paintings from the 80s to his recent retrospective at the MAC in Lyon. Seeing them again was a new shock for me. That proves that all their power is intact.” Philippe Pasqua “He’s one of the greats of the painting world. Born under the sign of Gemini, like Paul Gauguin, Egon Schiele and Robert Combas, he has a forceful painting style. He spent the first ten years of his life in Grasse, in the south of France. Then he moved up to Paris, which he never left, except for two years during which he made round-trips to New York. This was in the mid-1980s; he was 20 years old and had taken the firm decision to devote himself solely to painting. He already almost never left his studio. So, why stay in New York? Better to return to Paris. Philippe Pasqua, contrary to legend, spends most of his time working, obsessed with the idea of progress. What’s important to him above anything else, is working through his relationships with his models.” art / 95


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