Coraux bAtisseurs Reportage Christophe Lepetit Only France
L’Observatoire Océanologique Européen de Monaco dirigé par le professeur Jean Jaubert, est le seul centre de recherche capable de pratiquer la culture in vitro des coraux constructeurs de récifs.
Certains coraux servent d’animaux de laboratoire. Ce sont les”micro-coraux” dont la croissance est contrôlée (forme, taille etc...) en fonction des besoins expérimentaux. D’autres sont produits pour être réimplantés dans le milieu naturel et serviront bientôt à restaurer des récifs dégradés.
Si la température des eaux est suffisante, tout ce qui génère une activité géothermique semblerait favoriser la croissance du corail. C’est l’hypothèse qu’ont formulée deux chercheurs de l’Orstom de Tahiti, Francis Rougerie et Bruno Wauthy, en étudiant les atolls de Polynésie.
S
i tout le monde connaît les coraux, peu de gens savent que les immenses récifs construits par ces minuscules animaux, sont les équivalents marins des forêts tropicales primaires et sont au même titre indispensables à la bonne santé de notre planète. En effet, ils jouent un rôle important dans la régulation à long terme du climat terrestre en intervenant dans la fixation du gaz carbonique atmosphérique. Ils sont également un des hauts lieux de la diversité biologique et recèlent en leurs flancs une partie de la pharmacie de demain. Eparpillés au beau milieu du Pacifique, les atolls de Polynésie apparaissent comme de véritables paradis marins. Le récif, qui les entoure et les protège des assauts de l’océan, abrite une vie aquatique d’une incroyable beauté dont l’abondance n’a d’égale que la diversité. Pourtant les eaux tropicales, véritables déserts liquides, sont habituellement les plus pauvres du globe. De plus ces îles, dont l’altitude n’excède pas 3 mètres, s’enfoncent inexorablement et devraient avoir disparu depuis longtemps. L’activité du corail, apporte les réponses à ces deux énigmes…
Le corail tropical, à ne pas confondre avec le corail rouge de Méditerranée qui est un parent des gorgones, appartient à l’ordre des Madréporaires. Ce sont des organismes étonnants, à la fois animaux, végétaux et minéraux. Animaux, ils sont cousins des anémones de mer et possèdent des tentacules qui leur permettent d’attraper les animalcules du plancton dont ils se nourrissent. Végétaux, ils vivent en symbiose (en association) avec des algues unicellulaires, les zooxanthelles qui, grâce à la photosynthèse transforment l’azote et le carbone atmosphérique, dissous dans l’eau, en substances organiques. Minéraux, les madrépores vivent en colonies sur un squelette calcaire qu’ils élaborent sans fin. Leur croissance atteint 3 centimètres par an et leur développement est à l’origine des récifs sur lesquels ils vivent. Pour bien comprendre le rôle joué par le corail, il faut remonter quelques millions d’années en arrière. Près de la dorsale qui est à l’origine de la plaque Pacifique, des points chauds engendrèrent d’immenses volcans sousmarins dont les sommets émergés donnèrent naissance à de nombreuses îles. Sur leurs plages, le corail fit son
apparition, entourant chaque île d’un anneau protecteur. Puis, dérive des continents oblige, la plaque Pacifique supportant ces volcans s’enfonça progressivement. Luttant pour rester près de la lumière, les coraux, inlassablement, érigeaient leur récif. Finalement, seul subsista l’anneau corallien appelé atoll. Par sa seule croissance, un organisme vivant minuscule avait empêché l’engloutissement de toutes ces îles. Toutes les îles polynésiennes ne sont pas encore devenues des atolls, l’Archipel de la Société notamment comporte de nombreuses îles hautes, encore jeunes qui représentent les différentes étapes entre le volcan primitif et l’atoll. En survolant les îles qui le composent du sud-ouest vers le nord-est, ce sont tous les stades géologiques que l’on découvre. Un vrai voyage dans le temps! Tout d’abord la jeune île volcanique de Méhétia âgée d’à peine 100 000 ans, sur ses plages le corail n’a pas encore fait son apparition. Puis Tahiti, 1 million d’années, voit l’île volcanique s’enfoncer et le lagon apparaître.
A Bora Bora, 7 millions d’années, le lagon, immense, encercle les restes de l’île originelle. Enfin, à la dernière étape, le volcan a complètement disparu et seul persiste l’anneau corallien dans des atolls tels que Tupaï, dont l’âge, pourtant très respectable de 10 millions d’années, en fait néanmoins un gamin si on le compare aux atolls des Tuamotu qui frisent allégrement les 50 millions d’années. Le corail n’est pas seulement un constructeur infatigable, il est aussi à l’origine de ce formidable foisonnement de vie qui s’observe autour des récifs coralliens. Les zooxanthelles, associées aux coraux, se multipliant sans cesse, sont régulièrement libérées dans le milieu extérieur. Là, elles servent de nourriture au zooplancton et deviennent le point de départ de la chaîne alimentaire. Elles sont indispensables, même le plus gros requin dépend de leur existence, sans elles pas de poissons, sans elles pas de corail, donc plus de récifs et donc plus d’atolls. Quand la température de l’océan augmente, quand l’eau n’est plus assez pure, quand le rayonnement ultraviolet s’intensifie, elles quittent leurs hôtes. Alors, les coraux blanchissent puis, privés de leurs hôtes, meurent…
Sur 1665 espèces marines vivant dans les récifs coralliens, 9 % contiennent des substances actives sur le cancer.
Depuis une dizaine d’an un matériau de choix po
nnées, Le corail s’est révélé our les greffes osseuses.
Coraux bAtisseurs
Reportage Christophe Lepetit Only France