Martinez, palace sur la croisette...
Reportage Antoine Lorgnier / Only France
Insolite
La faรงade...
Reflet... sur la Bentley
Une chambre...
La rĂŠception...
« La Palme d'Or », 2 étoiles au Michelin...
Christian Sinicropi, chef du restaurant « la Palme d'Or » et son équipe.
James Dean, Liz Taylor...
Silhouette exotique...
La Croisette...
L'heure du rosĂŠ...
Invitation Ă la paresse...
Z. Plage
Champagne !
Initiales...
Panorama sur la plage...
Cuisine Sur la Croisette, l’hôtel Martinez a su dépoussiérer ses chambres et sa cuisine. Plus design pour les premières, inventive et colorée pour la deuxième, cette cure de jouvence permet une fois encore à cette institution cannoise de mêler tradition et modernité et de rester une référence en matière d’hôtellerie à la française. «
lle est où la ma Pâquerette ? Et mes trois Love, vous me les faîtes partir avant qu’elles refroidissent ou quoi ? Après, il me faut deux Temps qui se déplace à point, une Main tendue à la carte et Une vie, sans tarder». La réponse fuse invariable «Oui, chef». Au Martinez, dîner en cuisine est une affaire poétique, voire surréaliste. Christian Sinicropi, second puis talentueux successeur de Christian Willer puisqu’il a su garder les deux étoiles de la
E
maison, orchestre un dialogue onirique connu des seuls initiés. Il y est question de Maître Turbot sur son arbre perché, decrabe qui mue en croustillant, de homard en balançoire, d’éclosion lumineuse, de cerise, de vie, de sourire et de beaux indigènes. Bien sûr, cela ne va pas sans quelques cris histoire de motiver la brigade et les mollets des serveurs qui effectuent un va-et-vient épuisant avec la salle du restaurant gastronomique «La Palme d’Or»
en poésie... situé à l’étage supérieur. Confortablement installé à une petite table, les hôtes de marque peuvent donc assister au ballet des casseroles et des grands plateaux en argent tout en écoutant l’étonnante poésie des commandes. Entre la Love qui chauffe, la Pâquerette qui marche, la Cerise sur le gril et l’Enigme qui se fait attendre, les ordres et les réponses créent un univers unique dont les associations invitent au sourire et à la rêverie. Christian Sinicropi a donné des noms doux à ses créations car c’est bien de cela qu’il s’agit. Cannois d’origine, l’homme a gardé le sens des sons, des saveurs et des couleurs de son enfance. Outre la recette et son nom, il a aussi imaginé l’assiette qui
va avec et qu’il fait réaliser par Glag, un céramiste installé à Vallauris. Si de cette relation est né «Petits Plats, Grands Ecrans», un livre de recettes gourmandes rendant hommage au Festival de Cannes et au cinéma, chaque carte, chaque service s’organise autour de cet imaginaire partagé. Et, c’est lorsque le plat arrive à votre table qu’une part du mystère poétique de la cuisine se dévoile. La Pâquerette, floraison de légumes d’inspiration grecque, vous est servie dans une assiette en forme de… fleur. Le loup sauvage de «Love» s’expose sur un cœur coloré et palpitant. Cerise et Papillon abrite le fameux crabe qui mue en croustillant, accompagné de son poisson de roche
mijoté et de son étuvée de coquillages, sur deux œuvres en forme de… cerise et de papillon. En apéritif, le Masque de Fer est un clin d’œil à l’histoire des îles voisines sous forme d’assortiment de foie grassaumon au sésame et de guimauve au citron. Plus surprenant, l’Eclosion Lumineuse, petites brochettes d’escargots caramélisés, confits de tomates, sauce citron, se déniche au fond d’un œuf en céramique alors que la Toro, calamar et bœuf en cannelloni, joue le noir et rouge de l’Espagne. Ce sont donc tous vos sens que Christian Sinicropi met à contribution. L’oreille, si vous avez la possibilité de dîner en cuisine, l’imaginaire à la lecture de la carte en salle, la vue lorsque l’assiette apparaît et enfin, votre palais. Sa devise : « Le produit nourrit le corps et le design nourrit l’esprit. » Certes, tous les goûts sont
dans la nature et ceux du chef et de Glag ne seront pas forcément les vôtres, du moins visuellement. En revanche, question gastronomie, le nouveau chef de « La Palme d’Or » (2 macarons au Michelin, 17/20 au Gault&Millau) met tout le monde d’accord. Profondément ancré dans son terroir (poissons et légumes du marché couvert de Cannes ou de petits producteurs de l’arrière-pays), il aime à marier les saveurs, jouer avec le sucré-salé, flirter avec les épices, associer la viande et le poisson. Si actuellement La Toro propose calamar et bœuf, Christian fit précédemment des cannellonis au foie gras et huîtres et inventa une tête de veau au thon. Soyez donc curieux, prenez le temps de parcourir la planète des yeux puis de la bouche, passez de la terre à la mer comme le fait le chef lui-même quand il pratique le
kite-surf, c’est à dire en toute liberté. L’exercice n’est pas toujours évident – le monde est complexe – mais toujours enrichissante. La philosophie de sa cuisine, bercée de lectures de Voltaire, Rousseau et Platon, se traduit par une main tendue (nom d’un autre plat d’ailleurs avec ce qu’il faut de caviar d’Iran pour exprimer toute la richesse de ce geste), une ouverture au monde. Idéal en somme pour le Martinez qui ne cesse d’accueillir la terre entière depuis sa création en 1929. Est-il encore nécessaire de présenter cet établissement mythique ? Il suffit de feuilleter son Livre d’Or pour rencontrer hommes d’Etat, artistes et étoiles du cinéma. Si certains, comme Kilye Minogue, continuent d’y venir pour le charme de ses chambres Art déco, la plupart ont opté pour les nouvelles suites Juniors, toutes
situées au septième étage, les suites Prestige vue mer judicieusement placées aux angles de chaque étage ou, mieux encore, des Appartements Panoramiques qui peuvent se moduler de façon à ne plus former qu’un seul et supra luxueux ensemble de 1 000m2 ! Bois précieux, meubles signés, marbre, terrasses arborées (la Suite des oliviers dispose d’une terrasse de 230 m2 avec jacuzzi), hautetechnologie… donnent un air résolument contemporain à la plus vieille institution cannoise sans pour cela rien enlever à son charme. Il suffit d’emprunter son magnifique escalier classé, de s’installer au bar près d’une plaque d’un habitué ou de se prélasser sur sa plage privée (Zplage), ouverte depuis mi-avril, pour entrer dans la légende ! Antoine Lorgnier