Onze Mondial #299

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THE SHOES

TWITTER & LIGUE 1

BATHENAY

ROMA-JUVE

NISKA

EURO

N°299

OCTOBRE / NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2015

RETRO

palestine SACRÉ FOOT

belgrade

DESTRUCTION DERBY rencontres

mangala DUR À CUIR

simone

« VERRATTI EST LE MEILLEUR 6 DU MONDE »

valdano

DOSSIER

LE NOUVEAU ZIZOU EST PARMI NOUS

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COMMENT LA FORMATION FRANÇAISE SE RÉINVENTE



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6 EDITO

Emmanuel Bocquet Rédacteur en chef

JE CONNAIS ZAZIE, JE L’ADORE

S

i vous avez acheté ce magazine en pensant y lire une interview de Zinedine Zidane... vous allez avoir du mal à la trouver. Rien, pas un petit portrait, un encadré ou même une simple brève n’est consacré à l’icône nationale dans ce numéro. Alors pourquoi ce parti-pris ?

Si Zidane fait la couv’ de ce numéro 299 sans qu’une seule ligne lui soit consacrée à l’intérieur, c’est que Zidane incarne à la perfection le contenu et l’esprit du dossier qui ouvre ce magazine. En effet, qui mieux que lui - la plus belle réussite de la formation française de ces trente dernières années - pouvait illustrer un dossier consacré aux prochaines réussites de la formation française ? Oui, le nouveau Zizou est parmi nous. En gestation, quelque part. Diamant brut qu’un heureux formateur aura le plaisir de polir. Lentement. Le nouveau Zizou est parmi nous car il a 11 ans aujourd’hui. Il vit dans la banlieue de Lyon et sera repéré par la cellule de recrutement de l’OL, la saison prochaine. Le prochain Zizou est encore en U9 dans un petit club d’Ile-de-France, anonyme parmi tant d’autres mais déjà sur les tablettes du PSG. Le nouveau Zizou a deux ans et demi, il tape dans un ballon en plastique Spiderman dans un parc du centre-ville de Nice. Il sera formé au Gym. Oui, le prochain Zizou est déjà parmi nous. Et cette fois, promis, ce sera le bon.



FRANCE

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MONDE

DOSSIER / LA FORMATION FRANÇAISE

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RENCONTRE / SIMONE

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FOCUS / ACTIONNARIAT POPULAIRE

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48 50

ITALIE / AVE FRANCESCO

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RENCONTRE / MANGALA

64 RENCONTRE / VALDANO 72 INFILTRATION / BELGRADE, VOYAGE AU BOUT DE L’ENFER


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Directeur de la publication : Laurent Lepsch laurent@onzemondial.com Rédacteur en chef : Emmanuel Bocquet manu@onzemondial.com Comité de rédaction : Zahir Oussadi, Romain Vinot, Philippe Rodier, Rafik Youcef, Léo Mingot, Niels de Geyer Secrétaire de rédaction : Farah Nasri Couverture : Icon Sport Directeur Artistique : Samy Glenisson Illustrateur : Niakou Photographes : Icon Sport, Fotolia, Giovanni Ambrosio, Tania Clemente, Sinaï Prod Ont participé à ce numéro : Ianis Periac, Valéry-François Brancaleoni, Grégoire Godefroy, Raphaël Cosmidis, Thibaud Leplat, Sebastien Louis, Paolo Del Vecchio, Sophie Hantraye

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PALESTINE / WELCOME TO PALESTINE

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Responsable marketing communication : Carl Renouvel carl@onzemondial.com

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Assistante de production : Olivia Alessandrini Remerciements : David Kersho Morad Brahmi ONZE MONDIAL, onzemondial.com magazine trimestriel Édité par MENSQUARE SAS au capital de 154 281 € RCS : 532 429 537 20, Rue Thérèse – 75001 Paris welcome@onzemondial.com Président : Pierre-Étienne Boilard Publicité : Profil 18/30 134 bis, rue du Point du Jour 92517 Boulogne-Billancourt Cedex Tél : 01 46 94 84 24 Fax : 01 46 94 90 00 www.profil-1830.com Directeur commercial : Thierry Rémond tremond@profil-1830.com Chef de publicité : Simon Piger spiger@profil-1830.com Directrice technique : Elisabeth Sirand-Girouard egirouard@profil-1830.com

SNACK Les complots du foot

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IMPRIMÉ EN FRANCE SEGO – 46, Rue Constantin-Pecqueur 95150 – Taverny N° Commission paritaire : 0216 K 81 293 Dépôt légal à la parution

Tous droits de reproduction réservés pour tous les pays. Les manuscrits non insérés ne sont pas nécessairement rendus. Les indications de marques et les adresses qui figurent dans ce numéro sont données à titre d’information sans aucun but publicitaire. Les prix peuvent être soumis à de légères variations.

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ARCHIVE / EURO ANTHOLOGIE

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RENCONTRE / THE SHOES

136 LE SON DE FOOT / NISKA X AURÉLIEN COLLIN 138 TOUT-TERRAIN / SALON DE FRANCFORT 2015 140 FOOT 2.0 / TWITTER & LIGUE 1



FRANCE


© OGC NICE MEDIA

14 DOSSIER / LA FORMATION FRANÇAISE 34 RENCONTRE / SIMONE 40 FOCUS / ACTIONNARIAT POPULAIRE


Formation française vers un nouveau modèle ?


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l y a ceux qui pensent que la formation française se porte comme un charme. « Si nos joueurs étaient si mauvais que ça, on n’en vendrait pas autant tous les ans ». Comme si le fait de vendre un produit en grande quantité était garant de sa qualité. Et puis, il y a les autres. Ceux qui dénoncent les connivences et pourfendent le manque d’ambition, de panache, de jeu. Comme Yacine Hamened, formateur désabusé dont le discours, à lire page suivante, fait froid dans le dos. La France ne serait bonne qu’à fabriquer un produit standardisé, formaté pour coller à la demande du marché. Un joueur physiquement et tactiquement au point, mais sans une once d’intelligence de jeu ou de créativité. Un robot, quoi. La lecture brute des faits aurait tendance à conforter la thèse des alarmistes. Combien de joueurs français aujourd’hui, sont titulaires indiscutables - et indiscutés - dans un top club européen ? Ne cherchez pas, ils sont quatre : Benzema au Real, Pogba à la Juve, Griezmann à l’Atlético et Matuidi au PSG. Et deux d’entre eux n’ont pas terminé leur formation en France. Alors au final, elle va bien ou mal, la formation française ? La vérité, comme souvent, se situe entre les deux. Car il ne faut pas crier haro sur la formation «à la française» sans aller voir ce qui s’y passe vraiment. Non, les éducateurs français ne sont pas tous les chantres psychorigides d’un foot calculateur et sans imagination dédié au seul culte du résultat. Dans l’ombre, des gens bossent. Innovent. Inventent un nouveau modèle et construisent le foot français de demain à partir d’une idée commune : le jeu.

C’est déjà le cas à Nice (pages 18 à 23), où le club a pris modèle sur le Barça pour développer son projet de jeu, à Lyon (pages 28 à 30), dont le centre de formation a presque taylorisé la formation d’attaquants de haut niveau, mais aussi au PSG (page 31), qui a fait appel à un théoricien de «l’école catalane» pour repenser son système de formation. Trois exemples radicalement différents et autant de raisons de croire que le foot français a encore un avenir.


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YACINE HAMENED

«Rien n’a changé...»

Propos recueillis par Emmanuel Bocquet - Photo Icon Sport

CO-AUTEUR DU LIVRE POURQUOI LE FOOT FRANÇAIS VA DANS LE MUR,YACINE HAMENED DRESSE UN CONSTAT ALARMISTE ET TAILLE DES COSTARDS AUX RESPONSABLE DE LA FORMATION FRANÇAISE. SELON LUI, LA SITUATION EST AUJOURD’HUI DRAMATIQUE ET EN PLUS DE ÇA, ELLE NE RISQUE PAS DE S’ARRANGER. BRRR... Dans votre bouquin, vous pointez les dysfonctionnements qui rongent le foot français et notamment la standardisation de la formation française et les critères de recrutement basés sur la morphologie. Dans les catégories de jeunes, la différence se fait surtout sur la vitesse et le physique. Et comme on est dans la recherche de résultats immédiats plutôt que dans la formation, on va effectivement privilégier les grands gabarits parce qu’ils vont permettre de gagner les matchs. Pourtant, dès 2010 la DTN avait annoncé vouloir s’inspirer du modèle espagnol et recruter sur des critères techniques et d’intelligence de jeu... Le concret, c’est quoi ? La victoire des U17 au championnat d’Europe en mai dernier.Vous avez vu comment ça joue ? En contre, avec de longs ballons devant vers l’attaquant du PSG (Odsonne Edouard, ndlr) qui va à 2000 à l’heure, se crée dix occasions et en met deux au fond. Non, rien n’a changé. Le profil de l’équipe qu’on développe dans le livre, c’est ça : un milieu défensif Blanc parce qu’il est plus respectueux des consignes, un numéro 10 « rebeu » et technique et un attaquant Noir qui va vite devant.

(1)

Bizarrement, cette équipe U17 colle parfaitement à ce schéma. On fait croire aux gens que la formation a évolué mais même les techniciens de la DTN savent qu’ils ne peuvent pas opérer cette révolution. Ils sont résignés.

car Hidalgo avait une autre idée du foot. Vous évoquez aussi le problème du joueur placé au-dessus de l’institution. On passe tout aux jeunes les plus talentueux et on les valorise trop tôt dans leur carrière. Aujourd’hui en France, le joueur n’est qu’une valeur marchande car les clubs sont en difficulté financière et doivent absolument vendre pour s’en sortir. Donc ils ménagent leurs meilleures valeurs marchandes, au mépris parfois de la morale.

La formation française aurait donc une culture du résultat dominant l’idée de jeu ? Le problème, ce sont la Gambardella et le classement des centres de formation. Pour y avoir des résultats vous êtes obligé de privilégier les qualités athlétiques. Depuis la création des centres de formation avec Georges Boulogne (1) - un éducateur qui disait quand même que c’est mieux de gagner 1-0 que 5-4 - c’est imprégné dans la mentalité française, avec une parenthèse notable entre 1978 et 1986

L’entourage n’a-t-il pas également un rôle dans cette survalorisation ? Oui, le discours de l’entourage se résume souvent à : « T’es le meilleur, tu dois jouer. Sinon, tu t’en vas ». L’exemple le plus récent, c’est l’agent de Lemina

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On fait croire aux gens que la formation a évolué mais même les techniciens de la DTN savent qu’ils ne peuvent pas opérer cette révolution. Ils sont résignés

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Premier DTN. Il est à l’origine de la création des centres de formation et de l’INF


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Zidane sera peut-être un bon coach, l’avenir le dira, mais ce qu’il faisait sur le terrain, est-ce qu’il a les mots pour l’expliquer ?

" qui, en gros, dit au moment où son joueur signe à la Juve : « Cette année, la Juve c’est faible au milieu, il va avoir sa place parce qu’il est plus fort ». Ce n’est peut-être pas faux, mais est-ce qu’en disant cela il met son joueur dans les meilleures dispositions pour bosser dur ? On pourrait aussi parler du rôle des médias français, qui ont tendance à starifier très vite un jeune qui a fait trois bons matchs. Le nouveau Zidane, le nouveau Henry, le nouveau Vieira... C’est vrai aussi. Est-ce le manque global de qualité de notre championnat qui fait qu’on s’enflamme au premier mec qui sort un peu du lot, type Thauvin il y a deux ans, Ntep l’an passé ou Martial cet été ? Et puis, pour vendre, les médias ont besoin de raconter de belles histoires aux gens. Comme on n’a pas de résultats en Coupe d’Europe, le meilleur moyen de les faire rêver, c’est de leur faire croire qu’on a des phénomènes en Ligue 1. Vous dites que les clubs français aujourd’hui forment des joueurs pour répondre à la demande du marché et pas pour les faire jouer. Mais à leur décharge, c’est surtout le manque de moyens qui les obligent à agir comme ça. L’argent, c’est un faux problème. Sinon on n’aurait pas autant de mal en Europa League pour battre des équipes qui ont des budgets nettement inférieurs aux nôtres. Je pense surtout que l’argent est mal utilisé : avec l’augmentation des droits TV, les clubs ont fait exploser les salaires et ont surpayé des joueurs moyens là où il aurait fallu investir dans les structures. Mais les centres de formation des clubs sont des entreprises privées. Rien ne les oblige à suivre des recommandations. Non, mais il existe peut-être des

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Nouveau directeur technique du PSG ( lire page 31)

moyens de pression. Je préférerais que les clubs aient cette réflexion par eux-mêmes, mais ça n’arrivera jamais. Moi ce que je propose, c’est de leur dire qu’ils ont une ligne de conduite à suivre et que s’ils ne la respectent pas, on leur supprime les subventions publiques d’aide à la formation allouées par les collectivités. Et puis sans aller jusque-là, est-ce que la DTN ne peut pas envoyer des gens sur les matchs le week-end pour noter la qualité du jeu plutôt que de prendre seulement en compte le résultat ? Peut-on encore inverser le processus ? La première solution, c’est d’arrêter de penser qu’un ancien pro qui était au club doit forcément intégrer le staff. Son statut ne fait pas de lui un bon éducateur ni un pédagogue. Zidane sera peut-être un bon coach, l’avenir le dira, mais ce qu’il faisait sur le terrain, est-ce qu’il a les mots pour l’expliquer ? Regardez Van Basten : il a eu la lucidité d’admettre qu’il n’était pas fait pour entraîner. Ensuite, il faut former plus de joueurs, donc avoir plus d’éducateurs et leur laisser le temps de travailler. Et changer de mentalité. Quand on ne gagne pas la Gambardella ou qu’on finit 6e du championnat U17 national, ce n’est pas la fin du monde. L’arrivée de Romagosa(2) au PSG, vous en pensez quoi ? Sur le papier, Romagosa c’est une super idée. C’est quelqu’un qui a fait ses preuves, qui a mis en place une théorie de formation et de jeu, avec ses méthodes. Après, il faut savoir ce que veut faire le PSG. Est-ce que le club est capable d’attendre trois, quatre, cinq ans pour avoir des résultats chez les jeunes ? Et puis, quid des éducateurs français du PSG ? Quand on va leur dire « tu vas aller en tournoi, tu vas prendre 4-0 mais tu vas jouer au foot », est-ce qu’il vont l’accepter ?

Les U17 champions d’Europe.

L’état des lieux du foot français dressé par Yacine Hamened et Faouzi Djedou-Benabid. Disponible aux Editions Hugo Sport.


sur le chemin du footbalL

18 FRANCE / FOCUS

Par Thibaud Leplat - Photo Icon Sport - Illustration Niakou

S

IL EN FAUT DE LA PATIENCE, DE L’ÉCOUTE, DE L’OBSERVATION POUR ÊTRE PÉDAGOGUE. IL FAUT EN PASSER DES HEURES DANS UNE PARKA SOUS LA PLUIE, DANS LA BOUE OU LE GEL, POUR DEVENIR ENTRAÎNEUR. JAMAIS DE RÉPIT, JAMAIS D’ERREUR, JAMAIS DE JOUR OÙ L’ON RESTERAIT ENFIN BIEN AU CHAUD, À LA MAISON. PAS UN SEUL JOUR SANS CRI.

i l’entraîneur, comme le maître d’école, est d’abord un pédagogue, c’est qu’il est - au sens premier du mot - celui qui accompagne et guide l’élève. Le matériau premier du pédagogue ne tient pourtant dans aucun sac à dos, aucune valise à roulettes. Son volume est à la fois invisible et infini. Il tient en 26 lettres, quelques silences et des millions de combinaisons possibles. L’instrument de l’entraîneur n’est pas le ballon, c’est la parole. Albert Batteux raconta un jour comment, en prenant la parole, il devint l’un des plus grands entraîneurs français (Stade de Reims, France 58) : « C’est dans les conversations de wagon-restaurant ou de vestiaire que je suis passé du stade de joueur au stade d’entraîneur. Avant de succéder

Ancien prof de maths, Christian Gourcuff sait ce que « pédagogie » veut dire.

à Roessler (ndlr: au Stade de Reims, à 31 ans seulement), déjà j’avais pris un ascendant sur mes camarades par la parole. Ainsi j’ai pu devenir sans anicroche entraîneur de Reims en 1950 » (France Football Magazine nº4, 1960). Les idées deviennent des mots, qui deviennent des phrases, qui deviennent du football. Christian Gourcuff, entraîneur-joueur pendant huit saisons, dut un jour se rendre à l’évidence du temps qui passe sur toutes ses articulations et abandonner la première moitié de ses compétences pour n’en plus exercer que la seconde. Désormais il ne serait plus “entraîneur-joueur” mais uniquement “entraîneur”. « Je ne pouvais plus agir de l’intérieur comme quand j’étais joueur. C’est toute une démarche qui va aboutir en fait en 1997 à des principes, une méthodologie, une


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organisation qui seront très structurés. Je me suis dit : ce ne peut être une idée générale, il faudra des principes, et sur lesquels ce sera oui ou non. Si je n’avais pas eu ces principes stricts, je perdais toute influence. Cette évolution s’est faite sur plusieurs années » (Christian Gourcuff, un autre regard sur le football, L.Bervas).

Axiomes et aphorismes Voilà comment chacun a abouti à une “philosophie” rassemblant ses “principes de jeu”, sa “manière de voir les choses”, ses “valeurs”. Il s’agit de mots travaillés, accrochés les uns aux autres, qu’ils répètent sur tous les tons, toutes les intonations jusqu’à leur donner l’irréfutabilité des axiomes les plus rigides. Comme il y aurait des principes physiques à respecter pour construire des immeubles, des maisons (commencer par les fondations, puis les murs, puis le toit), il y aurait aussi chez chacun d’entre eux une méthode (c’est-à-dire une route, c’est-à-dire des phrases) à suivre pour parvenir aux résultats escomptés. À l’école nantaise, tous les lundi Raynald Denoueix insistait sur la même chose auprès de tous les éducateurs : « Outre les principes, il était très important pour moi d’insister sur le fait que tous les éducateurs devaient utiliser la même sémantique. Quand il changeait de catégorie, et donc d’encadrement, le joueur devait savoir de quoi parle le coach ». Et de quoi parlait-on à Nantes à cette époque ? Voici quelques aphorismes collectés ici ou là : « C’est la qualité de l’appel qui déclenche la passe », « La force et l’état d’esprit se manifestent dans sa manière de récupérer le ballon », « Le contrôle se fait dans le sens contraire de la passe. Le football est un jeu de contre-pied »... Qu’est-ce qu’une école ? Des mots en commun.

Payet sur le bas-côté Alors bien sûr, il y en a toujours un ou deux qui n’aiment pas aller à l’école. D’un sarcasme ils envoient valser les obsessions du coach et n’en font plus qu’à leur guise sur le terrain de jeu. Ils ne respectent pas les “consignes”. Comme un élève

qui refuse d’apprendre une langue étrangère, ils disent, comme Dimitri Payet, qu’ils ne comprennent pas ce qu’attendent d’eux le coach. Leur maître répondrait comme Didier Deschamps : « Il est en stage, je discute avec lui et je lui dis ce que j’attends de lui sur le terrain. Après il comprend, il fait ou il ne fait pas... Il a le droit de ne pas comprendre, ce n’est pas mon problème à la limite ». C’est ici que commence le métier d’entraîneur et s’arrête celui de sélectionneur. L’entraîneur explique, écoute, explique encore. Guardiola : « Si je suis devenu entraîneur c’est parce que le moteur de ce métier fantastique, merveilleux, ce sont deux choses : la tactique et la conviction.Vous n’avez pas idée de la fascination que c’est pour moi, de transmettre les idées que j’ai dans la tête (…). Il y a une autre façon de faire : ne pas s’impliquer affectivement. Faire l’entraînement, mener la séance et puis rentrer chez soi. Mais je ne suis pas comme ça. Je crois que les être humains sont comme tous les animaux, ils ont besoin qu’on se rapproche d’eux, de contacts physiques, dans les bons moments comme dans les mauvais. J’ai besoin de sentir leur peau, de les embrasser et de leur expliquer. J’ai besoin de les convaincre. Il n’y a rien de plus merveilleux pour un entraîneur que de tâcher de mettre ses idées dans la tête de ses joueurs ». L’objectif de l’entraîneur est le même que celui du pédagogue : convaincre.


NICE PEOPLE Par Philippe Rodier & Raphaël Cosmidis, à Nice - Photo Icon Sport & OGC Nice

INITIÉE EN 2007, LA RÉORGANISATION DU CENTRE DE FORMATION DE L’OGC NICE COMMENCE À PORTER SES FRUITS. AVEC UN MODÈLE D’ORGANISATION ET UNE PHILOSOPHIE INSPIRÉS DU BARÇA, TOUS LES ÉDUCATEURS ET LES FORMATEURS DU CLUB, DANS LE SILLAGE DE CLAUDE PUEL, PRÔNENT AUJOURD’HUI UN JEU TECHNIQUE BASÉ SUR LA CIRCULATION DE BALLE. IMMERSION AU COEUR DU DISPOSITIF DE L’OGC NICE.

D’

après un rapport publié par l’Observatoire du football, Nice est le deuxième club européen à lancer ses joueurs le plus tôt en équipe première (21,9 ans) juste derrière la Real Sociedad (21,7 ans). Avec la volonté d’être ambitieux dans le jeu, sous la coupe d’un entraîneur réputé pour être l’un des meilleurs formateurs de France. « Quelle que soit l’équipe en face, on a cette volonté d’imposer notre style de jeu et de jouer au ballon, souligne Claude Puel. Après, ce ne sera pas toujours possible quand l’équipe en face sera plus performante que nous. On verra ça tout au long de la saison. » Depuis son arrivée à Nice en 2012, le technicien de 54 ans a déjà lancé en Ligue 1 pas moins de 17 joueurs formés au club (lire encadré). « On est reparti sur les mêmes bases cette saison. On arrive à être performant même si faire jouer des jeunes peut nous coûter de temps en temps des buts et des points. Mais à moyen terme, c’est gagnant pour tout le

monde. Pour les joueurs et pour le club. Par exemple, Jordan Amavi qui a été formé à un nouveau poste avec nous, qu’on arrive à vendre à ce prix-là (15M€, plus importante plus-value réalisée par l’OGC Nice depuis sa création, ndlr), ça veut dire qu’on obtient un retour sur investissement super intéressant. C’est bénéfique pour tout le monde. Ce qui est important, c’est d’apprendre aux jeunes comment gommer leurs erreurs et leur donner des clefs pour les corriger. Il faut leur apprendre à dribbler, à se servir de leurs points forts, à jouer la tête haute. Trouver le bon dosage pour qu’ils puissent répondre à toutes les situations possibles. Si un joueur ne fait que dribbler la tête dans le guidon, il sera improductif et il va disparaître aussi. La réponse, ce n’est pas de tout permettre aux joueurs mais de trouver le bon équilibre. C’est ça le plus difficile et ce qui fait la différence entre un bon formateur et un formateur moyen : savoir montrer à un joueur à quel moment il doit percuter, dribbler, provoquer, ou jouer simple et donner le ballon rapidement. C’est le plus difficile à acquérir. »

Distribution de maillot pour les jeunes Aiglons.


FRANCE / DOSSIER 21

"

fruit de plusieurs heures de travail collectif, comme le souligne l’entraîneur des Aiglons. « Ça passe par beaucoup de vidéo et de réunions de travail en équipe pour être sur la même longueur d’onde. On évoque les profils recherchés. Au départ, il y a des Franck Sale, directeur du recrutement pré-formation et formation divergences de points de vue parce qu’en chacun de nous sommeille un entraîneur. Il y a tellement d’avis possibles sur un Recruté par le président Rivère pour mener à bien cette polijoueur. Il faut savoir recentrer tout ça et faire partager sa tique de formation initiée en 2007 par les Aiglons, l’ancien philosophie pour avoir les mêmes affinités. Aujourd’hui, les coach du LOSC et de l’OL marche main dans la main avec joueurs qui me sont présentés ne sont plus les mêmes qu’auson staff pour continuer à dénicher des perles dans le basparavant, leur profil se rapproche plus de ce que je recherche. » sin méditerranéen, avec l’objectif de prospecter également Et quand on raconte à Franck Sale qu’un entraîneur comme en région parisienne à l’avenir. « Se passer de la région pariJosé Mourinho soutient qu’il peut juger le potentiel d’un sienne aujourd’hui, ce serait se couper une main », souligne joueur en 10 minutes, le technicien de 50 ans n’est pas vraiFranck Sale, directeur du recrutement pré-formation et forment surpris. Au contraire. « Ça ne m’étonne pas. Ça m’est mation. « La force du club aujourd’hui, c’est qu’on a de la arrivé de faire des choix en 10 minutes aussi. Le «coup de qualité à tous les niveaux, mais surtout qu’on fait jouer foudre footballistique», ça existe. Au fil des années, avec l’exnos jeunes pour les faire progresser. On a un entraîneur qui périence, on a de moins en moins peur de se tromper. Mais il n’a pas peur de les aligner. Ça pèse dans leur choix de nous faut aussi savoir prendre du recul. Car se tromper est néfaste rejoindre dès le plus jeune âge et ça rassure aussi leur entoupour le club mais surtout pour le joueur. Si on se plante et rage. » Bien évidemment, cette politique nécessite que tout le qu’en plus le garçon se retrouve en échec scolaire, ce sera très staff soit sur la même longueur d’onde afin de cibler le profil difficile pour lui de rebondir. » qui correspond le mieux au développement du club. Cette saison, l’OGC Nice offrira également la possibilité à ses A Nice, le critère primordial de recrutement d’un jeune va effectifs de jeunes de pouvoir continuer leur cursus scolaire à contre-courant : « En France, en général, on regarde en jusqu’au BTS (Management des unités commerciales). Un premier l’aspect puissance et physique d’un joueur. Nous, processus mis en place après demande directe des jeunes c’est tout l’inverse : on recherche l’intelligence de jeu et l’aspousses présentes au centre de formation. Alain Wathelet, pect technicité, à l’image de Vincent Koziello par exemple directeur du centre de formation du Gym, reste bien conscient (1,68m, 58kg), détaille Franck Sale. Il ne jouait pas à Cannes de la nécessité de mettre en avant la réussite scolaire au même parce que le club luttait pour le maintien et avait besoin niveau que le football. Pour réussir, il faut savoir s’en donner de joueurs aguerris et durs dans les duels… Mais quand il les moyens et pas seulement balle au pied. Malheureusement, entrait en cours de partie, il éclairait vraiment le jeu. Et pournombreux sont ceux qui ne parviendront pas à devenir protant, c’est une « crevette » (sourire). Bien sûr, il n’avait pas fessionnels. « On est très exigeant sur le plan scolaire mais encore « l’impact » nécessaire mais il répondait complèteaussi sur le comportement. Après, on ne va pas leur demanment à ce qu’on recherchait : un joueur avec une technique der non plus de devenir Einstein mais il faut parvenir à hors-pair et une vraie intelligence de jeu, qui réfléchit et atteindre un certain niveau. On veut des notes correctes, un prend les informations autour de lui. Aujourd’hui, il bosse vrai investissement et, surtout, avoir du respect : ça, ce n’est sur l’aspect physique. Ici, on part toujours sur ces bases-là : pas négociable. S’ils font de grosses bêtises au niveau scolaire, intelligence de jeu et créativité. Quand ils ont ça, c’est plus ils sont punis sportivement de façon systémique. C’est obligafacile de leur inculquer le reste, les replis défensifs etc. Ensuite, on les fait progresser sur le plan athlétique. En France, on est vraiment très peu de clubs à travailler de cette manière. » « Croire que sa propre vision de la réalité est la seule réalité est la plus dangereuse des illusions », dit Paul Watzlawick, théoricien de la communication. Un concept largement approuvé du côté du Gym, dont l’unité de pensée est le Alain Wathelet, directeur du centre de formation

On part toujours sur ces bases-là : intelligence de jeu et créativité. Quand ils ont ça, c’est plus facile de leur inculquer le reste "

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On ne leur demande pas de devenir Einstein mais il faut atteindre un certain niveau. On veut des notes correctes, un vrai investissement et, surtout, du respect : ça, ce n’est pas négociable "


22 FRANCE / DOSSIER toire. Un gars qui est exclu pour X raisons : il ne s’entraînera pas de la semaine et il ne jouera pas le week-end. On essaie de les responsabiliser au maximum. L’objectif, c’est vraiment qu’ils obtiennent le bac pour pouvoir continuer ensuite s’ils le souhaitent. Ils se doivent de sortir d’ici avec un bagage et nous de les accompagner pour y arriver. C’est important. » L’OGC Nice peut se targuer d’avoir eu 100% de réussite au bac l’an dernier. Franck, lui, rappelle qu’il existe aussi une forme de fierté de parvenir à influer sur le développement d’un jeune joueur. « C’est un régal pour nous formateurs de pouvoir travailler avec un entraîneur qui lance des jeunes. On a vraiment l’impression de bosser pour quelque chose. C’est un bonheur partagé. C’est toujours une réussite collective de les voir jouer. On a tous notre part de fierté de voir un joueur réussir. » Pour Alain Wathelet, ce processus de développement qui permettra à ses jeunes de devenir des hommes avant d’être des footballeurs est la pierre angulaire du projet niçois : « Vous savez quelle est ma plus grande victoire ? Deux anciens jeunes d’ici qui sont devenus avocat et pilote de ligne. Vous imaginez la force qu’il faut pour rebondir dans ces cas-là ? Les mecs reviennent ici avec la banane et me disent : ‘on a souffert coach mais on a appris la rigueur avec vous.’ Bien sûr que je suis fier quand je vois un joueur devenir pro mais je crois que pour ces deux-là, c’est un sentiment encore plus fort. Ils ont pris un échec en pleine face, ils nous ont forcément haïs à ce moment-là mais derrière, avec le recul ils

reviennent pour nous dire qu’ils ont appris des choses ici qui les ont forgés. Je pense qu’il y a vraiment une forme de reconnaissance chez le joueur. Même si j’accepte qu’on me chambre, je ne cherche pas à être leur père ou leur ami. Mais je les respecte et j’agis avec un certain rapport au mérite. » L’homme change avec le temps. Sa méthodologie d’éducateur également. « Je suis toujours aussi dur mais de façon différente. Je ne peux plus avoir le rôle du sergent chef. Il faut faire preuve de plus de patience aujourd’hui. Quand j’explique une chose, si le type ne comprend pas, je réexplique avec d’autres termes ou peut-être une autre intonation de voix, à un autre moment, dans un autre lieu. Avant, on expliquait une fois et basta. C’était pour tout le monde pareil. Aujourd’hui, c’est impossible. » A Nice, on a donc décidé de s’adapter à son époque. Et d’être ambitieux dans le jeu, avec le FC Barcelone comme modèle. « Nos équipes ont toutes la même philosophie basée sur la conservation du ballon et une circulation fluide comme au Barça », précise Alain Wathelet. La saison prochaine, le Gym inaugurera son nouveau centre d’entraînement. Une nouvelle étape décisive dans son processus de développement. « C’est très important pour moi, pour tout le club, confie Claude Puel. C’est un centre d’entraînement, un lieu de vie pour les pros et la formation. C’est fondamental afin de passer des paliers. Ce sera un gage que le club avance au-delà des résultats de l’équipe première. C’est important pour notre avenir. P.R Plus important que les résultats. »


La formation niçoise en chiffres

17

LE GRAND FRÈRE

JOUEURS FORMÉS À L’OGC NICE ET LANCÉS EN LIGUE 1 PAR CLAUDE PUEL

64

1

DAVID

JOUEURS EN FORMATION

VICTOIRE EN COUPE GAMBARDELLA (2012)

6 J OUEURS FORMÉS AILLEURS ET LANCÉS EN LIGUE 1 PAR CLAUDE PUEL

10 JOUEURS SÉLECTIONNÉS EN ÉQUIPE NATIONALE LA SAISON PASSÉE amavi, hassen, bosetti, maupay, koziello, boscagli, honorat, perraud, sarr, mahou

106 JOUEURS EN PRÉ-FORMATION (DE U12 À U15)

David Brero n’est pas entraîneur. Il n’est pas joueur non plus. Pourtant, il a un rôle capital dans le développement d’un jeune joueur au sein de l’OGC Nice. Vous allez comprendre pourquoi. Quel est ton rôle au sein de l’OGC Nice ? Je suis coordinateur sportif et administratif sur l’ensemble du centre de formation. On emploie souvent le terme de «grand frère». Je suis ici pour guider les jeunes joueurs sur le plan sportif mais aussi sur les autres aspects de leur vie : problèmes administratifs, recherche d’appartement, passage du permis de conduire... On leur explique comment on monte une association par exemple, l’aspect juridique. On les initie aux premiers secours, on les emmène au théâtre pour éviter qu’ils restent trop enfermés dans la sphère du foot. C’est important de faire comprendre à un jeune que même s’il gagne un salaire déjà «sympa», il ne peut pas s’offrir tout ce qu’il veut sans réfléchir. C’est déjà arrivé auparavant que certains achètent des apparts qu’ils ne pouvaient plus assumer après. Le but, c’est surtout de leur apporter une vision globale du monde.

« LE BUT, C’EST SURTOUT DE LEUR APPORTER UNE VISION GLOBALE DU MONDE » Ton poste est récent au Gym... Tout à fait. C’est un poste qui a été développé à la demande de l’ensemble du club. On avait besoin de ça pour être encore plus performant dans le recrutement, en présentant un projet d’accompagnement du joueur vraiment intéressant pour l’entourage, au-delà du football. Ça rassure la famille de savoir qu’on est aussi là pour veiller sur eux. Avant de recruter un joueur, on crée déjà un lien affectif avec lui. Après, les joueurs savent aussi qu’ils peuvent me dire des choses qu’ils ne diraient peut-être pas à leur coach. Ce qui est intéressant surtout, c’est de voir que les gamins me font confiance et viennent me voir d’eux-mêmes. Tu prends du plaisir à faire ce job ? Ouais, sincèrement ! Ils m’abordent avec du respect mais ils savent que mon rôle est différent, que je n’ai pas d’influence sur le plan sportif. Ça, c’est le job des coachs. Moi, je suis ouvert avec certaines limites et c’est pour ça qu’il existe une forme de complicité entre nous. PROPOS RECUEILLIS PAR P.R


Mutation à la niçoise FIGURE DE PROUE DU «PROJET NIÇOIS», L’ÉQUIPE PREMIÈRE A VIRÉ DE BORD DEPUIS LA REPRISE. ETIQUETÉ ENTRAÎNEUR DÉFENSIF, CLAUDE PUEL EST POURTANT À L’ORIGINE DE L’ÉVOLUTION (OU DE LA RÉVOLUTION, C’EST SELON) DE LA PHILOSOPHIE DE JEU DU GYM CETTE SAISON, AVEC UN 4-4-2 BASÉ SUR LA POSSESSION ET UNE CIRCULATION DE BALLE RAPIDE. UN SYSTÈME AU SEIN DUQUEL LE RÔLE DE BEN ARFA EST PRIMORDIAL.

Vincent Koziello, symbole du projet niçois.


FRANCE / DOSSIER 25

57% de possession de balle, la quatrième plus élevée du championnat derrière Paris, Lyon et Marseille

Qu’en est-il de ce plan de bataille ? Samedi 8 août 2015. Pour le premier match de sa saison de Ligue 1, le Gym reçoit l’AS Monaco. Le club de la Principauté compte encore Anthony Martial et Layvin Kurzawa dans ses rangs, partis depuis à United et au PSG. Kurzawa marquera même le but de la victoire à l’Allianz Riviera. Réduit à dix dès la 45e minute après le deuxième carton jaune d’Olivier Boscagli (17 ans), Nice perd 2-1 mais gagne en sex-appeal. Le 4-3-1-2 - ou 4-4-2 en losange pour la vieille école - avec un trio Ben Arfa-Germain-Pléa à sa tête et trois petits gabarits (Nampalys Mendy, Jean-Mickaël Seri et Vincent Koziello) au milieu fait mieux que se défendre. Jusqu’à l’expulsion de Boscagli, le Gym tient le ballon, avance avec, perce l’axe et voit son duo d’attaquants combiner pour le premier but officiel de sa campagne 2015-2016.

P

our faire admettre à Claude Puel que son OGC Nice a un peu changé en 2015, il aura fallu insister. Le natif de Castres vit sa quatrième saison à la tête du Gym et ne voit pas de rupture dans le style de jeu de son équipe. Seulement une évolution, une progression dans son expression. « On a toujours voulu avoir la possession, même les années précédentes. On a toujours été dans les sept, huit premières équipes à ce niveau-là, même quand on était mal classé. » Et tout le monde au club, sur les terrains d’entraînement ou dans les couloirs menant au vestiaire, tient à confirmer cette idée : Nice ne s’est pas soudainement décidé à jouer au football. La refonte de la formation, entamée en 2007, devait mener à plus d’ambition dans le jeu des Aiglons. Pari réussi et incarné par le jeune Vincent Koziello, 20 ans dans quelques jours et titulaire cette saison. Un visage d’enfant qui symbolise les dernières années du club azuréen. « On est l’équipe la plus jeune du championnat depuis trois, quatre ans. L’année dernière, je crois qu’on était la deuxième équipe la plus jeune d’Europe derrière la Real Sociedad », précise Claude Puel, un soupçon de fierté dans les yeux. L’ancien entraîneur du LOSC a toujours fait figure de coach formateur. Que ce soit dans le Nord, à Lyon ou auparavant à Monaco, ses dirigeants ont régulièrement mis l’accent sur sa capacité à « sortir » des jeunes joueurs. Lors de sa prolongation de contrat en octobre 2014, le communiqué officiel de Nice s’en félicitait. « Claude Puel,

dont les réussites en matière de formation ont jalonné le parcours, était tout indiqué pour guider ce plan de bataille. »

« On a un groupe capable de redoubler les passes, de faire de bons contrôles, qui possède une bonne vision du jeu et une bonne anticipation. » Claude Puel est satisfait de l’effectif à sa disposition. Des recrues aussi, notamment Seri, venu de Paços de Ferreira. « C’est un profil qu’on recherchait, qu’on voulait pour être cohérent avec notre philosophie. » Une philosophie, voilà ce qu’on détecte à Nice depuis août. Si elle existait déjà chez les équipes de jeunes, elle s’affiche enfin en équipe première. Les Aiglons veulent le ballon, le garder, travailler avec plutôt que sans. « C’est vrai que le nouveau système qu’on utilise aujourd’hui nous aide à l’avoir un peu plus », avoue Claude Puel, qui préférait le 4-2-3-1 la saison passée. La proximité nouvelle des joueurs au coeur du jeu participe à cette circulation de balle fluidifiée. Après six journées de Ligue 1, seul le PSG réalisait plus de passes courtes par match (627, contre 496 pour l’OGC Nice). Résultat : 57% de possession de balle, la quatrième plus élevée du championnat derrière Paris, Lyon et Marseille. Alors, la Côte d’Azur se serait-elle mise au tiki-taka ? Pas totalement, nuance Puel, fanatique de l’équilibre et de la polyvalence

"

Je n’aime pas toutes ces passes juste pour faire des passes, tout ce tiki-taka. C’est du gâchis et ça n’a aucune utilité "

Pep Guardiola


AVEC LE BALLON

PLEA

SANS LE BALLON

GERMAIN BEN ARFA BEN ARFA

SERI

PLEA KOZIELLO

MENDY

GERMAIN SERI

KOZIELLO

MENDY

Le numéro 10, autrefois libéré des obligations défensives, est désormais considéré comme une arme sans ballon

tactique. « On ne cherche pas systématiquement à faire le jeu en attaque placée. Je considère que les équipes performantes doivent être au top dans toutes les situations de jeu. Une équipe de haut niveau doit savoir contourner un bloc regroupé en étant patiente. En utilisant cette notion d’attaque placée et de construction du jeu mais en faisant aussi preuve d’une capacité à bien négocier les attaques rapides. » Néanmoins, cette fameuse aptitude à « contourner un bloc regroupé en étant patiente » est capitale en Ligue 1, où beaucoup d’équipes défendent de manière compacte, proches de leur but. C’est là que l’embryon de jeu de possession et de position niçois pèche encore, dans la faculté à sortir des tranchées mises en place par l’opposition, à se retrouver face au but entre les lignes. Le ballon fuit d’un latéral à l’autre - habituel dans un système de jeu où les côtés sont dépeuplés et servent à s’évader du pressing (à l’instar de Christophe Jallet à Lyon sur l’aile droite) – mais l’équipe ne parvient pas à combiner à l’intérieur du jeu pour créer de l’espace et abuse parfois de centres par dépit.

« Il faut faire bouger l’adversaire, pas le ballon. Il faut l’inviter à presser, avoir le ballon d’un côté et finir l’action de l’autre », expliquait un jour Pep Guardiola, évitant une confusion fréquente : le ballon n’est pas une finalité mais un outil. L’entraîneur catalan disait lui-même haïr le tiki-taka, le concept qui lui vaut pourtant tellement d’éloges. « Je n’aime pas toutes ces passes juste pour faire des passes, tout ce tiki-taka. C’est du gâchis et ça n’a aucune utilité. Vous devez passer la balle avec des intentions claires, avec l’intention de progresser vers l’avant. » Claude Puel non plus n’est pas un amoureux de la passe gratuite. Ni du relâchement en phase défensive. Pour avoir le ballon, il faut déjà apprendre à le récupérer. Ensemble. « C’est ça le haut niveau : onze joueurs qui participent à la récupération collective du ballon avec chacun un rôle bien particulier et


FRANCE / DOSSIER 27 des efforts à faire.Tout le monde doit participer », assure-t-il, en incluant Hatem Ben Arfa quand on lui demande si l’international français est logé à la même enseigne que les autres, avant de revenir encore et toujours au Barça quand il faut citer un modèle. « Dès 10-11 ans, ils apprennent à défendre haut, en groupe et de façon collective. Messi a été habitué dès la perte du ballon à « niaquer » comme on dit et à défendre instantanément.» Défendre haut, un autre domaine où le Gym doit faire des progrès, même si Claude Puel a d’ores et déjà trouvé son système sans ballon. Souvent, Ben Arfa prend l’axe et coulisse selon la position du ballon plutôt que d’aller sur un côté, où suivre le latéral adverse demande plus de discipline et de courses vers son propre but. Dans ce rôle central, le meneur de jeu niçois pourrait d’ailleurs être amené à se fixer sur la pointe basse adverse dans certaines rencontres, à lui coller aux basques pour réduire son influence. Le numéro 10, autrefois libéré des obligations défensives, est désormais considéré comme une arme sans ballon. Oscar à Chelsea ou Vidal époque Juve (et par-

fois en sélection chilienne) l’illustrent parfaitement. Pourquoi pas Ben Arfa ? Puel ne dit pas non. « C’est ce qu’on lui demande : de ne pas seulement s’occuper des tâches offensives. C’est ce qui lui a posé souci par le passé. Ça n’existe plus, un joueur qui ne touche le ballon que sur l’aspect offensif. » Lorsque « HBA » reste dans l’axe, Germain et Pléa viennent se replacer sur les ailes. Un mécanisme impossible à systématiser cependant, tant l’aléatoire de la perte de balle force les joueurs à s’adapter. Ainsi, Ben Arfa défend parfois sur le côté où il était lorsque le cuir est passé dans les pieds de l’équipe adverse. Une situation dangereuse pour le Gym, qui doit alors confier à ses milieux courts sur pattes la couverture de la largeur. Contrairement à la Vieille Dame version 2014-2015, où Allegri misait sur le volume de jeu de ses milieux et transformait son losange en 4-4-2 à plat en phase défensive (Vidal rejoignant Pirlo dans l’axe, tandis que Marchisio et Pogba prenaient les flancs), Nice doit mêler ambition et contraintes. En attendant, qui sait, d’imiter un jour les Bianconeri sur la scène européenne, en prouvant que R.C le losange peut y triompher.

Positionné en meneur axial, HBA s’éclate au sein de la jeune garde niçoise.


lyon L’ACADÉMIE DU 9 Par Emmanuel Bocquet - Photo Icon Sport

QUESTION : QUEL EST LE POINT COMMUN ENTRE MAURICE, KANOUTÉ, GOVOU, BENZEMA, BEN ARFA, RÉMY, BELFODIL, MARTIAL, LACAZETTE, NJIE ET FEKIR ? ILS ONT TOUS ÉTÉ FORMÉS À L’OLYMPIQUE LYONNAIS. OUI, MAIS ENCORE ? RÉPONSE : ILS SONT TOUS INTERNATIONAUX A. LA COÏNCIDENCE ETANT TROP ÉNORME POUR ÊTRE VRAIE, ON S’EST DEMANDÉ COMMENT FAISAIT L’OL POUR SORTIR UN ATTAQUANT DE NIVEAU INTERNATIONAL TOUS LES ANS OU PRESQUE DEPUIS UNE DÉCENNIE.

É

té 2011, l’Olympique Lyonnais est au creux de la vague. Une politique salariale inflationniste (Lisandro, Gourcuff, Gomis et Bastos à plus de 300 000 € mensuels) conjuguée à des performances sportives en baisse et au coût astronomique du grand stade (majoré par les innombrables retards) ont laissé le club exsangue. Le président Aulas annonce une réduction de la voilure et admet que l’OL risque de connaître quelques saisons difficiles. En octobre 2013, dans les colonnes de Onze Mondial, le président de l’OL assume cette période de vaches maigres forcée dans laquelle se trouve le club : « En attendant le fair-play financier, on a injecté 10 M€ par an pendant 5 ans dans le centre

de formation, qui est devenu le premier en France et le second en Europe derrière le Barça. Donc oui, il y a le risque de ne pas être européen lors des deux prochaines saisons, même si on pense qu’on le sera. Mais au moment de l’entrée en vigueur du fair-play financier, on aura l’équipe et le stade. L’ambition c’est d’être parmi les meilleurs en France et en Europe à l’horizon 2016. » L’horizon 2016, on y est. Entre-temps, l’OL s’est tourné vers ce qui a lui déjà pas mal réussi par le passé : ses jeunes. A l’orée de la saison 2011-2012, Garde succède à Puel, le centre de formation de l’OL est appelé à la rescousse et il lui est demandé de tourner à plein régime. Et vite. Été 2015, contre toute attente

Fekir et Lacazette, dernières pépites en date sorties des ateliers lyonnais.


FRANCE / DOSSIER 29

"

fait que la majorité des employés de l’Academie, notamment aux postes stratégiques, sont d’anciens joueurs formés au club. Donc imprégnés de la « fibre OL » qu’ils sont chargés de transmettre.

Un jour ou l’autre, il faut que ces jeunes débutent, sinon cela ne sert à rien de les former " Bernard Lacombe, conseiller spécial du président Aulas

et avec un an d’avance sur son plan de marche, le club rhodanien, dauphin du PSG, est de retour au premier plan. Avec en tête de gondole un duo d’attaquants qui a retourné la Ligue 1. Lacazette et Fekir, 40 buts et 14 passes décisives à eux deux, sont les deux derniers joyaux en date de la longue lignée d’attaquants made in OL. Car si Lyon forme des bons joueurs à tous les postes - Lopes, Umtiti, Gonalons ou Tolisso sont là pour en témoigner -, on remarque surtout son étonnante capacité à sortir des attaquants de haut niveau. Le poste le plus compliqué à former, celui qui requiert le plus d’aptitudes footballistiques, de talent. Le poste le plus recherché. Le plus cher, aussi. Une tendance qui ne date pas d’hier (Giuly, Kanouté, Govou, Maurice étaient déjà sortis de l’école lyonnaise au tournant des années 2000), mais qui s’est renforcée ces quatre dernières années. Mais on aurait tort de penser que l’OL s’est réveillé un matin en se disant qu’il allait se mettre à débiter de l’attaquant international. La tradition des attaquants lyonnais, dont le conseiller le plus influent du président Aulas est aujourd’hui le garant, ne date pas d’hier. Ancien attaquant prolifique, Bernard Lacombe expliquait dans son style direct au Progrès pourquoi l’OL n’hésite jamais à lancer ses gamins les plus jeunes sur le flanc de l’attaque : « Un jour ou l’autre, il faut que ces jeunes débutent, sinon cela ne sert à rien de les former. Moi j’ai débuté à 17 ans, Fleury Di Nallo pareil, Karim Benzema, et plein d’autres ont démarré très tôt. »

Lyon forme les attaquants mieux que les autres et leur donne leur chance plus que les autres. Une réputation établie qui facilite évidemment le recrutement et les négociations. La qualité appelant la qualité, le club aimante logiquement les meilleurs joueurs offensifs de la région et a depuis longtemps élargi sa « zone d’influence » pour aller dénicher les talents partout en Europe. Le cercle vertueux est lancé. En signant à Lyon, le jeune sait qu’il aura droit à la meilleure formation et que, pour peu qu’il s’en donne les moyens, son heure viendra. La preuve : s’ils sont tous trois partis vers d’autres horizons l’été dernier, Njie (Tottenham), Yattara (Standard de Liège) et Benzia (Lille) ont eu du temps de jeu avec l’équipe première la saison dernière. Malgré l’explosion de Lacazette et de Fekir. Pour former des attaquants haut de gamme, l’Olympique Lyonnais n’a donc ni secret ni recette miracle. Simplement l’avantage de l’ancienneté, d’un savoir-faire unique en France et d’une volonté affirmée de jouer offensif. Un cocktail simple mais qui fonctionne de mieux en mieux au fil des années. Un cocktail qui permettra à l’OL de faire jouer ou d’exporter ses talents offensifs longtemps encore.

Dans un sujet consacré à la formation lyonnaise diffusé dans le Canal Football Club en octobre 2014, Gérard Bonneau, détecteur de talents pour l’OL, expliquait en une phrase en quoi l’ADN de l’OL était séquencé en mode offensif depuis ses origines : « Même dans les périodes moins fastes du club, Lyon a toujours marqué beaucoup de buts ». Un esprit offensif qui irrigue toutes les équipes du club, au-delà des querelles de système (lire l’interview de Stéphane Roche), conforté par le

TOUS

ATTAQUANTS FORMÉS À LYON INTERNATIONAUX

1ER MATCH PRO

1ER BUT

1ERE SÉLECTION A

ben arfa benzema remy belfodil lacazette njie martial fekir 2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

2015


STÉPHANE ROCHE

« IL FAUT LAISSER LES JOUEURS CRÉATIFS S’EXPRIMER » Directeur du centre de formation de l’OL, Stéphane Roche lève une partie du voile sur les secrets de fabrication des attaquants lyonnais.

L’idée, c’est d’abord que tous les Rhônalpins aient envie de porter les couleurs de l’OL. Parce que ce souci d’appartenance donne aussi un sens à la formation. Mais évidemment, on est présent au niveau national et on a également ouvert le recrutement à l’international, avec de nombreuses nationalités représentées : suisse, norvégienne, chinoise, coréenne, luxembourgeoise... Paradoxalement, n’y a-t-il pas un «trop-plein» d’attaquants qui sortent de l’Académie OL ? N’Jie, Benzia et Yattara sont partis sans avoir eu leur chance sur la durée... Ce n’est jamais trop. L’important c’est qu’ils aient su provoquer leur chance, qu’ils aient eu la possibilité de s’exprimer au haut niveau. Même Martial qui est parti très tôt a joué à Gerland en Europa League. La frustration, c’est de voir des joueurs partir sans jamais avoir joué avec la première.

D’où vient cette incroyable capacité de l’OL à former autant d’attaquants de niveau international en si peu de temps ? D’où vient ce particularisme lyonnais ? La première chose, c’est le talent des joueurs que nous recrutons. Nos critères pour les attaquants sont les suivants : sens du jeu, capacité à pouvoir marquer, mais aussi le fait de savoir jouer avec et pour les autres. On considère que l’attaquant n’est pas qu’un « L’ENJEU POUR NOUS C’EST LA FINALITÉ buteur. Ensuite, c’est lié au jeu - FORMER DES JOUEURS POUR LE GROUPE pratiqué, orienté sur l’attaque, le PRO -, PAS LES TROPHÉES GAGNÉS PAR mouvement. Des plus jeunes aux pros, on a la volonté de marquer NOS ÉQUIPES DE JEUNES » un but de plus que l’adversaire. Faites-vous une distinction quant à la morphologie des jeunes attaquants que vous recrutez ? Non, pas du tout. Aujourd’hui, on a Aldo Kalulu qui a déjà fait quelques apparitions avec le groupe pro et qui sera le prochain attaquant à «monter», est un tout petit gabarit (1,66m, ndlr). Dans la génération d’après, on a à l’inverse un joueur qui est plutôt grand et longiligne. Chez nous il n’y a aucune morphologie type, seules les qualités offensives sont prises en compte. En terme de jeu, y a-t-il a un dénominateur commun chez toutes les équipes de jeunes de l’OL ? On n’a pas un seul schéma de jeu identique pour toutes les équipes. Pour nous l’important ce n’est pas le système, c’est de développer la capacité du joueur à s’adapter à tous les systèmes. En revanche, on a cette volonté commune de jouer vers l’avant, de donner de la profondeur, d’éliminer l’adversaire... Donc le passage du 4-3-3 lyonnais historique au 4-4-2 de Fournier n’a rien changé sur le style de jeu des équipes de jeunes ? Non, excepté pour la CFA, qui joue maintenant en losange puisqu’on y prépare ceux qui sont censés intégrer l’équipe pro, qui évolue en 4-4-2. L’OL a changé de politique il y a quatre ans en misant encore plus qu’avant sur la formation. Cette nouvelle stratégie a-t-elle influencé la façon de fonctionner de l’Académie ? Dans le sens où vous avez dû «nourrir» l’équipe première encore plus qu’avant. Forcément, puisqu’il a fallu faire monter encore plus de jeunes que d’habitude. Mais au-delà du nombre, il fallait surtout veiller à ce que ces jeunes-là soient au niveau. Vu les résultats de la saison passée et le jeu pratiqué, je pense qu’on a pas mal réussi. Jusqu’où s’étend la zone de recrutement de l’OL aujourd’hui ?

Pour beaucoup de clubs formateurs français, dans les catégories de jeunes les résultats priment sur le développement d’un projet de jeu. Il faut gagner tout de suite pour que les jeunes prennent vite de la valeur et soient vendus avec une belle plus-value. Qu’est-ce que cela vous inspire ? Qu’on peut faire les deux. Il faut apprendre à gagner, mais en maîtrisant son jeu. C’est vrai que parfois certains matchs nous échappent parce qu’on est très joueur. On va continuer d’attaquer plutôt que de chercher à conserver le résultat. Et puis chez nous, il n’y a pas de passe-droit. Un joueur sous contrat ne jouera pas plus qu’un autre qui ne l’est pas et on est capable de se priver d’un joueur dont le comportement ne nous a pas plu, même si c’est le meilleur joueur de l’équipe. En gros, on essaie d’être le plus compétitif possible, mais l’enjeu pour nous c’est la finalité - former des joueurs pour le groupe pro -, pas les trophées gagnés par nos équipes de jeunes. Quel est le niveau global de la formation française aujourd’hui ? Certains disent qu’on est encore un modèle et qu’on exporte beaucoup de joueurs, d’autres qu’on produit des joueurs formatés sur le même moule, sans créativité... Je pense que la formation en France est de qualité. Mais qu’il faut laisser les joueurs créatifs s’exprimer. A l’image d’un Fekir, on a parfois des talents qui vont un peu moins dans le sens collectif du jeu mais qui apportent au collectif par leur talent individuel. Il faut que ce type de joueur naturellement talentueux ne soit pas bridé dans son expression par le «collectif». Or, à travers des projets d’équipe mis en place chez les très jeunes, on inhibe un peu leur créativité individuelle.

VERS LA «GROUPAMA ACADEMY»

Avec l’arrivée du Grand Stade c’est toute l’activité du club qui va être délocalisée dans la zone de l’enceinte lyonnaise. A commencer par le nouveau centre de formation mixte. Construit sur le site de Meyzieu, il prendra l’appellation de «Groupama OL Academy» (le contrat de naming passé avec la compagnie d’assurance a été signé en juin dernier) et accueillera les quelques 380 licenciés (dont 120 filles) de l’un des centres de formation les plus réputés d’Europe.


PSG

FRANCE / DOSSIER 31

la révolution Romagosa SI L’OL MISE SUR LA CONTINUITÉ, LE PSG LUI, S’APPRÊTE À REMETTRE À PLAT TOUT SON SYSTÈME DE FORMATION AVEC L’ARRIVÉE DE L’ANCIEN ÉDUCATEUR DU BARÇA, CARLES ROMAGOSA.

L

a nouvelle n’a pas fait les gros titres du dernier mercato. A l’instar de celle du magicien des pelouses Jonathan Calderwood il y a deux ans, l’arrivée au PSG de Carles Romagosa au poste de directeur technique s’est faite dans la discrétion, sans communication. Mais elle participe de cette volonté du club de s’entourer des meilleurs, quel que soit leur domaine de compétence. Paris continue de se structurer à tous les niveaux, y compris les moins médiatiques. En embauchant cet ancien formateur du Barça (entre 1997 et 2001), le champion de France touche au coeur de son activité et s’engage dans une nouvelle voie. Celle de la «scientifisation» de son jeu. Le supporter parisien, qui paie plus cher chaque saison la possibilité d’aller voir jouer son équipe, veut des stars - il les a depuis trois ans - mais il veut surtout que son équipe soit spectaculaire - ça, il ne l’a pas toujours - et marque des buts. Beaucoup de buts. Au sein du «projet PSG» au sens large du terme, il manque encore quelque chose au club de la capitale. Paris n’a pas encore son Messi, son Ronaldo ou son Neymar. Paris n’a pas encore sa superstar planétaire, ce joueur qui assure la notoriété d’un club à travers le monde et lui fait gagner les matchs décisifs. Ce que, malgré tout son talent, n’est pas Zlatan. Comme l’avait annoncé Nasser au moment de l’entrée de QSI : le PSG n’a pas forcément vocation à acheter le futur Messi. Il a vocation à le former.

version barcelonaise, Laurent Blanc verra ce dispositif se généraliser à toutes les équipes du clus lors des mois à venir. Méticuleux et méthodique mais pas forcément très à l’aise dans les relations humaines - ce qui aurait déjà causé quelques remous en interne -, Romagosa prépare donc le futur du PSG et aidera aussi le club à exploiter beaucoup plus en profondeur l’exceptionnel réservoir de talents que représente l’Ile-deFrance. Mais le changement a un prix : celui du temps. Pour juger des premiers effets de la «révolution Romagosa» au niveau de l’équipe professionnelle, on estime qu’il faudra E.B attendre une petite dizaine d’années...

Exploiter beaucoup plus en profondeur l’exceptionnel réservoir de talents que représente l’Ile-de-France

Et pour former le «nouveau Messi», quoi de mieux que de recruter l’un de ceux qui l’ont vu grandir en Catalogne ? Carles Romagosa, 43 ans et fondateur de la méthode Ekkono, qui aide le joueur à « mieux comprendre le jeu et savoir quoi faire face à une situation problématique sur le terrain », débarque en effet à Paris avec l’étiquette d’un théoricien du foot. Son objectif principal va consister à systématiser la façon de jouer de toutes les équipes du club, des U6 à l’équipe première. Déjà adepte du 4-3-3 et du jeu de possession


Par Ianis Periac - Photo Icon Sport

Petites chaussures pointues, coupe au gel et paquet de capotes dans la poche arrière, vous êtes prêt pour un samedi soir de plus. La bouteille de Jack est terminée, l’excitation monte tranquillement avant de partir chauffer le dance-floor. Evidemment, la recale approche. Mais parce que vous aimez le faire avec classe, vous allez choisir l’endroit du délit avec soin. Entre ambiance, style vestimentaire et population, voici la liste des meilleures boites de nuit de la Ligue 1.

Le Paname Club - $ $ $ $ $

Capacité : 47 428

Ambiance : Jazzy guindé Petits fours, grands pontes, le Parc des Princes est la salle de concert la plus hype de France. Le genre d’endroit où on peut se faire des relations professionnelles quand on bosse dans la pub ou des relations amoureuses quand on a un 95D planqué sous la gabardine. Enceinte : Ancien abri atomique reconverti en théâtre classieux, le Parc des Princes « leprouisé » attire les bobos comme un Combi Volkswagen. Musique : Contraint de baisser son volume sonore depuis 2010, le Parc garde néanmoins l’un des meilleurs DJ de France. Son tube « Ô Ville Lumière » reste un classique indémodable.

Taux de remplissage :

Prix d’entrée : 550€ avec un magnum de Grey Goose

Le New Vel’ - $ $ $ $ Ambiance : Festival Hip Hop A ciel ouvert, le New Vel’ est le lieu rêvé de tout festivalier. Ambiance chaude, public amical et tactile, vous y ferez rapidement des rencontres. Bonnes ou mauvaises... Enceinte : Après s’être refait une beauté en 2014, le New Vel’ peut se vanter d’être l’un des plus beaux spots de teuf d’Europe. Dommage que la programmation ne soit pas toujours au niveau. Musique : Si le volume sonore est au rendez-vous on ne peut pas en dire autant du DJ.

Capacité : 67 354 Taux de remplissage :

Prix d’entrée : 200€ avec un petit jaune

Au P’tit Bouchon - $ $ $ Ambiance : Noces funèbres Pour les dernières représentations avant le changement d’établissement, Gerland aura à coeur de laisser un souvenir mémorable dans le monde de la nuit. Les sept dernières soirées sont donc à ne manquer sous aucun prétexte. Enceinte : Musique : Pas vraiment variée, pas vraiment sympa, mais drôle et c’est déjà ça. Emmenez-nous au pays des bâtards. Au calme…

Le Chaudron - $ $

Capacité : 41 044 Taux de remplissage :

Prix d’entrée : 180€ avec une Playstation

COUP DE CŒUR

Ambiance : Bouillonnante Ici, les soirées commencent dans l’après-midi et se terminent au petit matin. Le Chaudron ne dort jamais. Pour le plus grand plaisir de ses pensionnaires. Enceinte : Ne vous laissez pas tromper par l’architecture austère des lieux, c’est ici que bat le coeur du foot français. Musique : Volume sonore : check. Chorégraphie : Check. Variété de son : Check. L’endroit idéal pour danser et chanter jusqu’à l‘aube.

Capacité : 39 577 Taux de remplissage :

Prix d’entrée : 155€ avec une pinte de Stella


SNACK 33

Le Casino Royal - $ $ $ Ambiance : Classieuse La musique est une vibration de l’air. Le classique est une musique qui s’apprécie. Les videurs de Louis II prennent soin du confort de leur spectateur : un tous les dix mètres. Enceinte : Vide Musique : « Peu importe le nombre qu’on est, Monaco, on va supporter. » Humoristique, donc.

Le Maquis - $ $ Ambiance : Rock underground Souvent considéré comme l’une des plus chaudes ambiances de France, le Volcan est un endroit incontournable de la nuit nocturne française. Attention : de très nombreux problèmes avec le voisinage entraînent régulièrement des fermetures administratives de l’établisse-

Musique : Hardcore. Pogos énergiques.

Capacité : 18 521 Taux de remplissage :

Prix d’entrée : 190€ avec coupe de champagne millésimé

Capacité : 16 078 Taux de remplissage :

Prix d’entrée : 190€ avec une douille vide dans une enveloppe

Le Canari - $ $ Ambiance : Festive L’endroit à la mode du moment. Grace à leur ambiance jeune et funky, les « soirées jaunes » seront cette année encore incontournables. Attention toutefois à ne pas se laisser griser : si personne n’en a parlé pendant 40 ans, il y a aussi une raison. Musique : Années 80, voire ringarde : « Allez Nantais, Tes supporters, Ont dans le coeur, Le jaune et vert. »

Capacité : 38 004 Taux de remplissage :

Prix d’entrée : 190€

La Paillotte - $ $ Ambiance : Détente Bar clandestin dans la chambre du fond d’un T3 parisien. Cosy mais champêtre. Musique : Traditionnelle.

SUSCEPTIBLE DE VOUS PLAIRE

Le Nordien, L’Atlantique, Le Palavas Ambiance : Le Memphis. C’était mieux avant.

Musique : Traditionnelle.

Bien sur, en cas de recalage de ces établissements vous pourrez toujours poursuivre la soirée dans un bar du centre ville. Le Reims vous proposera une large sélection de champagne, tandis que vous trouverez de la bonne saucisse au Troyen, au Roudoudou ou au D’Angers. Rendez-vous au Petit Moustoir si vous préférez les ambiances aseptisées, au Celtik si vous aimez les soirées pantouflardes, au Nissa si vous voulez faire admirer votre bronzage et enfin à l’Ovalie ou au Malherbe pour finir votre nuit au calme.


MARCO SIMONE

«VERRATTI

EST LE MEILLEUR 6 DU MONDE» Par Rafik Youcef, à Tours - Photo Rafik Youcef & Icon Sport

On l’avait quitté à la fin de la saison 2011-2012, lorsque Monaco s’était séparé de lui sans ménagement alors qu’il avait réalisé une deuxième partie de saison flamboyante à la tête de l’ASM. Après une carrière de joueur en Italie et en France riche de titres et de buts, après un rôle de consultant au Canal Football Club où son improbable coupe de cheveux faisait autant parler que ses analyses, Marco Simone a repris place sur un banc cette saison, celui du FC Tours, en Ligue 2. L’occasion de revenir avec lui sur ses faits d’armes, sa conception du jeu, le Milan, Paris, Monaco, l’équipe d’Italie et le CFC.


FRANCE / RENCONTRE 35

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Je ne partage pas l’opinion de Blanc et de Deschamps sur le 4-4-2. C’est le système qui a fait gagner le plus sur les 20 dernières années " Parce que tu as maintenu le club en L2 mais finalement Rybolovlev a décidé de se séparer de toi. Mais ça, ce n’est pas mitigé, c’est un autre problème. La décision finale du président ne remet pas en question la qualité globale de la saison. On a pris une équipe qui était avant-dernière avec quatre points, on a réussi à finir avec cinquante points. Lors des dernières journées, on envisageait même la montée. Ce n’était pas un exercice mitigé. Sur le choix de ne pas me garder, il faut poser la question à Rybolovlev. Mais tu ne regrettes pas d’être allé sur le Rocher si tôt dans ta nouvelle carrière ? Ce n’est pas à moi de regretter, je n’ai pas choisi de partir. La déception, c’est de ne pas avoir pu continuer mon travail. J’aurais voulu pouvoir enchaîner les saisons d’après, avec des moyens bien différents. Quand je suis arrivé à Monaco, on n’avait pas d’argent, on n’avait rien à part des jeunes. C’est, entre guillemets, toujours plus facile de travailler avec de gros moyens, ce que je n’ai pas pu avoir. Ce n’est pas difficile pour un entraîneur étranger de coacher en France ? Non, ce n’est pas dur parce qu’on dit toujours que le football est une langue universelle et les principes d’entraînement qu’on applique en Italie, en Suisse ou dans d’autres pays, on peut les appliquer en France sans problème. Après, il y a toujours une période d’adaptation dans un pays étranger puisque la culture est différente, tout comme la façon de vivre et de voir le football. Ça fait partie de l’expérience et de la connaissance du pays où on entraîne. Tu as connu une première expérience mitigée à Monaco… (Il coupe) Pourquoi mitigée ?

Avant de signer à Tours, il a été question que tu deviennes adjoint de Montanier à Rennes. Pourquoi ça ne s’est pas fait ? C’était ton choix ? Non, c’est plutôt un choix de Montanier, que je partage. Je n’ai été qu’entraîneur principal jusqu’ici, jamais adjoint ou entraîneur des attaquants. M’adapter à ce nouveau rôle était problématique et ça ne s’est pas fait. Surtout, dans le même temps, j’avais le projet de Tours entre les mains et je crois que la décision de venir ici était la plus sage. Justement, avant de t’engager ici, tu connaissais le club ? Qu’est-ce qui t’a motivé dans ce challenge ? Le club, je le connaissais sportivement puisque j’avais eu un contact dès le mois d’avril avec le président Ettori. Il restait

encore sept ou huit matchs et je les ai regardés attentivement. J’ai suivi toute la fin de saison pour avoir un minimum de connaissance sur les joueurs. J’ai fait ça en ne sachant pas si j’allais signer puisque j’ai paraphé mon contrat au dernier moment. C’était plus une prise de connaissance en sachant que ça pouvait arriver. Dans tes méthodes d’entraînement, est-ce que tu t’inspires de certains coachs ? Non, je ne dirais pas que je m’en inspire mais durant mes nombreuses saisons en tant que joueur, j’ai côtoyé des coachs extraordinaires, parmi les meilleurs du monde comme Sacchi ou Capello. Forcément, j’ai retenu pas mal de choses de leur enseignement mais ce ne sont pas à proprement parler des inspirations. Après, ta méthode perso ou ta façon de conduire ton équipe et d’être avec elle au quotidien prend le dessus sur tout le reste. Si tu veux parler d’inspiration, je pense qu’il faut regarder partout parce qu’il n’y a pas que les entraîneurs qui ont gagné beaucoup qui peuvent t’apprendre des choses. C’est quoi la méthode Simone ? Est-ce qu’en tant qu’ancien attaquant, tu privilégies l’offensive ? Non, je privilégie le jeu, l’organisation de mon équipe. Je souligne les grands principes et je rentre dans les détails sur tous les aspects, pas seulement offensifs. Je ne suis pas dans l’offensive à outrance. J’aime voir mon équipe produire du beau jeu et respecter l’organisation qu’on a travaillée toute la semaine. Tu aimes le 4-4-2. Deschamps et Blanc disent que c’est incompatible avec le haut niveau… Moi je pense qu’il faut toujours respecter les idées des autres. Avec le 4-4-2, au Milan, on a gagné 25 titres internationaux, 5 Ligue des Champions,


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Sacchi était un casse-couilles. Chaque jour, c’était un cauchemar de s’entraîner avec lui, il était d’une exigence extrême et ce n’était pas facile de le supporter sur la durée " 7 titres de champion d’Italie... C’est le système qui a fait gagner le plus sur les 20 dernières années. Je ne partage pas l’opinion de Blanc et de Deschamps concernant cette tactique. Encore récemment, l’Atlético Madrid a prouvé qu’on pouvait évoluer au plus haut niveau avec ce système. De toute façon on devrait plus se focaliser sur la qualité du jeu et des joueurs que sur un système. Tu penses que les joueurs sont motivés à l’idée d’être entraînés par Marco Simone ? Tu penses qu’ils peuvent venir au club pour ça ? Je pense qu’à la base, les joueurs sont motivés à l’idée d’être entraînés par quelqu’un qui peut leur apprendre et leur transmettre des choses. La demande d’un joueur, que le coach s’appelle Simone ou qu’il soit inconnu, c’est de progresser. C’est le plus important. Que ça soit Simone, ça peut aider parce qu’il y a une crédibilité et une histoire qui font que le joueur est peut-être plus attentif. Mais à la fin, le plus important ce n’est pas le nom. C’est le contenu. Tu parlais du Milan AC. Quels souvenirs tu en gardes ? C’était un très grand club à l’époque, notamment grâce à son organisation. Il avait les moyens d’attirer les meilleurs joueurs du monde. Evoluer dans cette équipe était extraordinaire, c’était vraiment un privilège. C’était aussi un mérite parce que j’avais les qualités pour jouer là-bas à l’époque. Ma plus grande chance, c’est d’avoir eu la

possibilité de partager des moments intimes sur le terrain avec les plus grands joueurs du monde. Tu as évolué sous les ordres de Sacchi. Qu’est-ce qu’il t’a apporté au quotidien, comment il était avec les joueurs ? C’était un casse-couilles ! Un cassecouilles dans le sens où il cherchait toujours plus. Chaque jour, c’était un cauchemar de s’entraîner avec lui, il était d’une exigence extrême et ce n’était pas facile de le supporter sur la durée. Bien sûr, on savait très bien qu’il nous apportait énormément et on le suivait à la lettre. On faisait toutes les choses qu’il nous demandait et avec la qualité de l’équipe, on a eu de très bons résultats. Mais ce n’était vraiment pas facile. Aujourd’hui, tu es toi-même cassecouilles avec tes joueurs ? Je le suis mais avec tout de même beaucoup de flexibilité. Chacun doit pouvoir s’exprimer à sa manière. J’ai des choses dans la tête qui viennent de Sacchi mais je ne suis pas sa copie. Chacun sa façon de faire. Mais c’est vrai que je suis très exigeant. Dans cette équipe de Milan, peut-être la meilleure de l’histoire du club, tu as côtoyé Baresi, Gullit, Maldini, Van Basten... Lequel t’a le plus impressionné ? Ils sont tous impressionnants ! Mais voir Van Basten s’entraîner tous les jours, c’était quelque chose de merveilleux.

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Après, même les milieux ou les défenseurs jouaient d’une manière extraordinaire dans cette équipe. Mais si je ne dois en choisir qu’un, c’est Van Basten. Aujourd’hui, le Milan AC est moins flamboyant. Est-ce qu’on peut parler de déclin de la Serie A et du club ? Ils n’ont plus de projet. Il y a forcément une usure au niveau des idées des dirigeants. Le temps finit par fatiguer tout le monde. Même s’ils ont fait de grandes choses, ils sont en place depuis 30 ou 35 ans et ce n’est pas facile de rester au top. Avant les meilleurs italiens restaient en Serie A, maintenant ils la quittent. Comment l’expliques-tu ? C’est une question économique. Les joueurs vont dans d’autres clubs uniquement pour ça. C’est d’ailleurs pour ça que certains grands footballeurs partent au Qatar ou en Amérique. Quel est l’intérêt pour Giovinco, qui est pour moi un joueur extraordinaire, de partir en Amérique ? C’est forcément financier. Tu avais dit que revenir à Monaco était un rêve. Marco Simone sur le banc du Milan AC, ça aurait de la gueule aussi… Ça pourrait être un rêve aussi, oui. Et ça pourrait également être un objectif. Mais aujourd’hui, les relations comptent beaucoup plus que les compétences. Certains entraîneurs sont toujours là alors qu’ils ont raté plein de saisons.

J’avais la possibilité de signer soit à Paris, soit au Bayern. Mais par peur de l’Allemagne, de la bouffe, du climat et du fait que le pays soit beaucoup plus rigide que la France, j’ai préféré Paris "


Simone époque Milan et PSG. Avec et sans maillot.

Moi je privilégie les compétences. Je considère que quelqu’un me regarde, qu’il suit mon travail et qu’il m’appellera pour mes compétences. Revenons à ta carrière. En 1997, tu signes au PSG. Qu’est-ce qui t’a décidé à t’engager avec le club de la capitale ? C’était la fin d’un cycle et d’une époque à Milan. J’avais encore trois ans de contrat mais c’était le bon moment pour voir autre chose. J’avais la possibilité de signer soit à Paris, soit au Bayern. Mais par peur de l’Allemagne, de la bouffe, du climat et du fait que le pays soit beaucoup plus rigide que la France, j’ai préféré Paris. Les deux jouaient la Ligue des Champions mais le PSG était vraiment le meilleur choix pour moi, en tant qu’Italien. Tu étais censé être le « successeur » de Leonardo à Paris.Tu ressentais cette pression ? Non parce que quand tu arrives de Milan, c’est impossible d’avoir la pression dans un club comme le PSG. Aujourd’hui, Paris est dans une autre dimension, c’est différent. La pression, j’ai su la gérer. Je savais que j’étais le premier Italien à évoluer en France, que tout le monde attendait beaucoup de moi et que c’était un gros transfert mais je n’appelle pas ça de la pression. C’était une énergie que j’avais pour essayer de bien faire les choses. Quel est ton plus beau souvenir avec Paris ? J’en ai beaucoup mais je pense que

c’est la relation que j’ai eue avec les supporters. Je crois qu’ils ont apprécié ce que j’ai fait sur le terrain. Encore aujourd’hui, quand je vais à Paris, je sens que les souvenirs me concernant sont positifs. C’est ça le plus beau. Un joueur t’a marqué à Paris ? J’ai beaucoup apprécié Raï. C’était un joueur extraordinaire et un très bon exemple de professionnalisme. Tu as été l’idole du Parc. Quand tu vois qu’aujourd’hui il ne se passe pas grand-chose en tribunes, qu’est-ce que tu ressens ? C’est du business.Tu payes cher le ticket pour aller voir un très beau spectacle. Il y a des artistes à Paris qui sont exceptionnels et qui font que les places coûtent cher. Le Parc a changé, il n’y a pas la même ambiance qu’à mon époque mais c’est comme ça.

deuxième année à Paris. Un très bon attaquant même si on n’était pas forcément complémentaire puisqu’on avait des caractéristiques en commun. J’ai apprécié la période où on a joué ensemble. Quel est ton avis sur le projet des Qataris ? T’aurais aimé vivre une telle épopée ? Bien sûr, il y a tous les composants d’un grand club. La possibilité de gagner des titres, d’évoluer avec des joueurs extraordinaires et la partie économique.

Simone et Maurice, ça te rappelle quelque chose cette doublette magique ? C’était mon partenaire durant ma

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J’ai joué avec des joueurs beaucoup plus forts que ceux qui sont à Paris actuellement : Van Basten, Weah, Baggio, Shevchenko, Papin, Gullit et j’en passe "


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38 FRANCE / RENCONTRE Il y a tout. Paris est aussi une ville merveilleuse. Tu aurais été titulaire à Paris aujourd’hui ? (Il répond direct) Oui. Forcément, si moi je suis là, il n’y a pas Edinson Cavani, Ezequiel Lavezzi ou un autre joueur. J’ai joué avec des joueurs beaucoup plus forts que ceux qui sont à Paris actuellement :Van Basten,Weah, Baggio, Shevchenko, Papin, Gullit et j’en passe. J’ai joué avec sept Ballon d’Or alors je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas jouer avec Cavani, Lavezzi ou Ibrahimovic. Bientôt Marco Simone à la place de Laurent Blanc ? Ce n’est pas parce que le PSG gagne que c’est facile d’entraîner ce club. Laurent Blanc est en train de faire un super travail. La gestion de toutes ces stars et de toutes ces compétitions, ce n’est pas évident. Surtout parce qu’ils sont dans l’obligation de toujours gagner. Ils n’ont pas le droit à l’erreur. Mais pour revenir à ta question, entraîner le PSG, oui, pourquoi pas. Ça ne me fait pas peur. Au niveau sportif, que ce soit à Tours, Monaco ou Paris, c’est pareil. Le ballon n’a pas changé parce que les Qataris ou les millions d’euros sont arrivés à ce que je sache. Après, savoir si on a la capacité d’entraîner une équipe composée d’autant de joueurs importants, ça, c’est autre chose. Ils sont armés pour remporter la Ligue des Champions cette saison ? (Il répond direct) Oui. Oui, ils sont armés comme le Bayern, comme le Barça, comme le Real… Il faut juste être en forme au bon moment. Je pense que Paris fait partie du Top 6 européen aujourd’hui. Donc oui, j’en suis convaincu, le PSG peut remporter ce titre. Tu fais une saison 1999-2000 exceptionnelle avec Monaco (21 buts, 12 passes décisives).Ton duo avec Trezeguet marchait super bien. Après George Weah, c’était mon deuxième meilleur duo niveau stats. Nous étions vraiment complémentaires. Tous les deux, on profitait des caractéristiques de chacun.

Avec Deschamps, ça ne s’est pas bien passé. Deux personnes complètement différentes. On n’avait pas la même manière de vivre, de penser. Forcément, on a eu des soucis " Ensuite, ça se dégrade. Pourquoi ça n’a pas collé avec Deschamps ? Ça ne s’est pas bien passé. Deux personnes complètement différentes. On n’avait pas la même manière de vivre, de penser. Forcément, on a eu des soucis.

Monaco, je suis un peu déçu, mais bon. C’est dommage, c’était le seul club qui pouvait rivaliser avec le PSG. Tu avais lancé Layvin Kurzawa à Monaco. Es-tu surpris de le voir au PSG aujourd’hui ? J’avais tout de suite remarqué qu’il avait des qualités extraordinaires. Lui, comme Valère Germain et Nampalys Mendy… J’en ai lancé pas mal. Pour revenir à Kurzawa, dans ses yeux, on pouvait déjà voir un joueur qui voulait aller très loin. Danijel Subašic aussi. Il était très critiqué à l’époque. Aujourd’hui, il est l’un des meilleurs gardiens de Ligue 1. J’avais tout fait pour qu’il signe, je n’avais aucun doute sur lui. Je savais qu’il pouvait être un grand gardien.

Tu penses quoi de son travail aujourd’hui ? Il est devenu un très bon coach. Lorsqu’il est arrivé à Monaco, c’était sa première année. Forcément, ce n’était pas encore un entraîneur expérimenté. Ce n’était pas évident pour lui de gérer plusieurs choses à la fois. Ne regrettes-tu pas cette fin de carrière à Nice ? Non, non. Nice était le seul club qui me permettait de jouer encore un peu sans bouger de Monaco. Je jouais à Nice et je vivais à Monaco, chez moi. C’est pour ça que j’ai signé là-bas. Je ne regrette pas. Je ne suis pas resté longtemps à Nice mais j’en ai gardé de bons amis et de bons souvenirs, notamment avec les supporters.

Meilleur joueur d’Italie en 1995, meilleur joueur de Ligue 1 en 1997-98 et pourtant seulement 4 sélections en équipe d’Italie. Pourquoi ? J’ai eu de nombreuses blessures à des périodes cruciales lorsque je devais me rendre en sélection. Au poste d’attaquant, il y avait une concurrence très importante. Les coïncidences ont fait que je n’ai eu que quatre sélections.

Quelle est ton opinion sur le nouveau «projet Monaco» ? Penses-tu que tous ces jeunes pourront réussir et tenir la cadence ? Le projet a évolué depuis mon passage là-bas. Au départ, ça ressemblait à celui du PSG, avant que le président change de politique pour des raisons personnelles. En tant que supporter de

Aujourd’hui, tu serais indiscutable… C’est sûr que ce n’est pas la même concurrence. A l’époque, il y avait Vieri, Baggio et Signori, qui a été trois fois meilleur buteur de Serie A. Il y avait de très grands joueurs. Aujourd’hui, le secteur offensif de la sélection est en

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Kurzawa, dans ses yeux, on pouvait déjà voir un joueur qui voulait aller très loin "


FRANCE / RENCONTRE 39 difficulté. Donc oui, j’aurais eu beaucoup plus facilement ma place. C’est ton plus gros regret, la Squadra ? Non. J’étais tellement bien au Milan que le fait d’être peu appelé en sélection ne m’a pas vraiment dérangé. Andrea Pirlo est revenu sur sa décision de mettre un terme à sa carrière internationale.Tu en penses quoi ? Je pense qu’il faut arrêter de le sélectionner. Le projet de la sélection italienne doit changer. Aujourd’hui, il faut investir sur un joueur comme Verratti. Pour moi, il est le meilleur numéro 6 du monde. J’aime aussi beaucoup Valdifiori qui joue à Naples. Il peut gêner l’explosion de Verratti selon toi ? Oui, car si on appelle Pirlo, c’est pour le faire jouer. On n’appelle pas un joueur de 36 ans qui évolue aux États-Unis pour le mettre sur le banc. Tu disais donc, Marco Verratti meilleur 6 du monde. Comment ça ? Oui, il est le meilleur 6 du monde. Il est jeune, il a de la personnalité, il a montré

qu’il pouvait gérer la pression sans problème. Et puis c’est le maître du PSG et il n’y a aucun joueur de son âge qui soit le patron du milieu d’une équipe aussi importante. Selon toi, quelles sont les chances de l’Italie à l’Euro 2016 après la désillusion du Mondial ? L’Italie arrive toujours à bien s’en sortir malgré les difficultés. Mais je vois des équipes beaucoup plus compétitives, comme la France notamment. Même si j’ai un grand respect pour Conte, je pense qu’il est plus un entraîneur de club qu’un sélectionneur. J’ai peur que son message ne passe pas. En tout cas, pas comme à la Juve. Tu partages l’avis de Sacchi qui pense que les jeunes ne sont pas assez mis en avant en Italie ? Oui, c’est sûr. En Italie, on donne plus d’importance aux anciens. En France, on fait l’inverse. Il faut avoir la capacité de mélanger les deux. Il faut des jeunes et des anciens qui ont l’expérience dans une équipe. Chose qu’aujourd’hui en Italie, il n’y a pas forcément. Comment s’est présentée l’opportunité de bosser à la télé. Le

Canal Football Club, bon souvenir ? Lorsque j’ai quitté le football, je me suis tout de suite mis dedans. J’ai fait une saison à L’Équipe TV, puis deux à France 2 avec Emmanuel Petit. J’ai enchaîné trois ans avec Canal+. C’était intéressant pour moi, surtout pour conserver de la visibilité en France. On s’est souvent moqué de ta coupe de cheveux à l’époque du CFC. Ce n’était pas sérieux, cette coiffure... Oui, Pierrot aimait bien me chambrer là-dessus. Mais ça ne m’a jamais gêné. C’était marrant. Le niveau du foot français aujourd’hui, t’en penses quoi ? C’est un bon niveau. Je suis content que le PSG et Monaco attirent. De nombreux joueurs de l’AS Monaco ont signé dans de grands clubs. C’est bien. L’an prochain Marco Simone est en Ligue 1 avec Tours et il tape Monaco et le PSG ? Non, cette année, c’est le maintien ! On va se servir de cette saison pour construire et la saison prochaine, on visera la Ligue 1.

+ D’INTERVIEW DE SIMONE SUR ONZEMONDIAL.COM

Marco Simone a pris les rênes du Tours FC en juin dernier.


ACTIONNARIAT POPULAIRE

LE FOOT FRANÇAIS TOUJOURS À LA TRAÎNE Par Aymeric Le Gall - Photo Icon Sport

Développée à des degrés divers chez nos voisins européens, la question de l’actionnariat populaire tarde à trouver sa place dans le débat public en France. Pourtant loué par de très nombreux spécialistes, ce mode de fonctionnement fait face à la réticence des patrons de clubs professionnels et des instances nationales dans l’Hexagone. Mais la donne est peut-être sur le point de changer. Enquête sur un système qui se veut vertueux, dans une économie du football qui l’est de moins en moins.


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ans la grande famille du football français, les supporters sont considérés comme les enfants qui n’ont que très peu le droit à la parole. » Ce constat simple est tiré du Livre vert du supportérisme rédigé en 2010 sous l’impulsion de la secrétaire d’Etat aux Sports de l’époque, Rama Yade. Cinq ans après, rien n’a changé. Pire, le fossé qui sépare les acteurs du football professionnel et les supporters n’a jamais semblé aussi profond. Souvent mis en avant lorsqu’il s’agit de faire la promotion d’un match à la télévision, les supporters n’ont paradoxalement jamais été autant délaissés par le petit monde du foot pro. Mais la tendance est peut-être en train de s’inverser. Les enfants qui, hier, devaient assister aux réunions familiales sans moufter semblent aujourd’hui bien décidés à réclamer leur droit à la parole.

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Tout commence à Nantes, en 2010. A cette époque, le FC Nantes traverse l’une des pages sportives les plus sombres de son histoire. Jouant le second, voire le troisième couteau en Ligue 2, les Canaris ont alors perdu de leur splendeur passée. Se sentant de moins en moins en adéquation avec la politique menée par leur direction, une bande de potes fans des Canaris a une idée : créer une association qui donnerait aux supporters un peu de contrôle sur leur club de cœur. « On trouvait que les valeurs qui avaient fait la force et la notoriété du club, le jeu, la formation et l’innovation, n’étaient plus respectées par nos dirigeants », témoigne Florian Le Teuff, l’un des principaux instigateurs du mouvement. Ainsi, en s’inspirant des modèles déjà existants ailleurs en Europe et avec le soutien de l’organisation de référence dans ce domaine (Supporters Direct Europe), ils créent « A la nantaise », une association d’un nouveau type en France, censée promouvoir l’actionnariat populaire au sein de leur club. Le but est simple: fondé sur des principes de bonne gouvernance et de démocratisation dans les prises de décision, l’actionnariat populaire permet aux supporters de football d’entrer dans le capital de leur club afin d’avoir voix au chapitre au sein des conseils d’administration. Une idée loin d’être loufoque si l’on veut bien accepter que, comme le rappelait le patron de l’UEFA en personne, Michel Platini : « les supporters sont l’âme du football professionnel ; les propriétaires, les entraîneurs et les joueurs peuvent changer, mais les supporters resteront toujours. »

On est dans les starting-blocks pour entrer au capital au moment du prochain changement d’actionnaire " Florian Le Teuff, A la nantaise


Supporters et actionnaires

En Allemagne, la loi impose à tous les clubs professionnels d’être détenus en majorité par leurs fans Initialement plutôt favorable au projet, la direction du FC Nantes a depuis largement revu ses positions. « Plus on a grandi, plus le propriétaire du club s’est refermé et a refusé toutes nos demandes de dialogue, souffle Florian Le Teuff, l’actuel président d’A la nantaise. C’est quelque chose que l’on respecte mais la conséquence de ça c’est qu’on se projette désormais vers l’avenir. On est dans les starting-blocks pour rentrer au capital au moment du prochain changement d’actionnaire. » Et plutôt que de rester les bras croisés en attendant que cela se produise, les membres de l’association décident d’étendre leur mouvement sur le plan national. « On s’est rendu compte que si l’on voulait vraiment peser, il fallait une structure nationale » nous confirme pour sa part Jean-Pierre Clavier, professeur des facultés de droit et membre du comité d’orientation du CNSF. Voilà comment,

après avoir réuni plusieurs associations de supporters favorables au projet d’actionnariat populaire (les Culs Rouges de Rouen et les Socios Nancy notamment), le Conseil national des supporters de football (CNSF) a vu le jour lors des premières Assises du supportérisme au Sénat, en avril 2014. Mais là encore, comme avec la direction du FC Nantes, le même problème se pose : le désintérêt à peine masqué des décideurs. Les instances nationales (LFP, FFF et UCPF) ne sont pas emballées à l’idée de donner la parole aux supporters de football. Une position qui tranche radicalement avec les nombreux avis de spécialistes qui se sont penchés sur la question, que ce soit à travers le Livre vert du supportérisme ou le rapport Glavany, pour ne citer qu’eux. Un autre rapport d’information datant du 28 juin 2013 expliquait ainsi noir sur blanc que « s’il veut renforcer l’attrait du public pour


FRANCE / FOCUS 43 les compétitions et renouer avec sa popularité, le monde du football professionnel doit sans doute accepter de mieux associer ses supporters à son mode de fonctionnement. C’est pourquoi la mission estime qu’il serait judicieux que les clubs français s’inspirent des initiatives existant en Espagne et en Allemagne pour encourager l’entrée de supporters dans leur capital et leur réserver une place dans leur conseil d’administration. » Souvent citée en modèle de vertu, l’Allemagne fait aussi figure de bon élève lorsqu’on parle d’actionnariat populaire. OutreRhin, la participation financière des supporters au capital des clubs et, de fait, l’intégration de leurs représentants au conseil d’administration, est une obligation légale. C’est ce que l’on appelle la règle du « 50+1 ». Mise en place par la Ligue allemande de football (DFL), cette loi impose à tous les clubs professionnels d’outre-Rhin (exceptés Wolfsburg et Leverkusen, respectivement détenu à 100% par Volkswagen et Bayer avant que la règle ne soit imposée) d’être détenus en majorité par leurs fans. Ce système est établi à l’époque pour limiter la possession d’un club par une seule et même entité, évitant ainsi tout danger de voir arriver un investisseur unique qui pourrait alors faire d’un club de foot son jouet personnel au service de ses propres intérêts. Si Martin Kind, le président de Hanovre, intente une action juridique afin de modifier ce système au nom de la compétitivité internationale de la Bundesliga, celui-ci n’obtient pas gain de cause. Finalement, comme nous l’assure Ben Shave, membre actif de Supporters Direct Europe, « s’il existe encore en Allemagne des personnes qui souhaiteraient mettre fin à cette règle, la grande majorité des supporters et des dirigeants du foot professionnel restes très favorable à ce mode de fonctionnement. »

pour la stabilité financière des clubs. La forte rentabilité de la Bundesliga serait ainsi principalement le résultat d’une gestion à long terme basée sur un actionnariat stable. » Pour Karl-Heinz Rummenigge, président du FC Bayern (détenu à 72 % par 187 865 de ses supporters), cette règle « permet de défendre la culture et les racines des clubs de football allemands qui sont ainsi préservés des prises de contrôle par des actionnaires majoritaires dont l’intérêt pour les questions sportives n’est pas forcément dominant. » Parallèlement au modèle allemand, le système britannique repose lui sur le système boursier. La plupart des clubs étant cotés en bourse, il appartient aux supporters de se regrouper en association afin de racheter des actions directement à leur club. Au total, ce sont près de 200 clubs au Royaume-Uni qui sont en partie aux mains de leurs supporters. Certains, comme le Portsmouth Football Club, sont même détenus en majorité par leurs fans. Dans le cas du PFC, l’intervention des supporters et leur regroupement au sein du PST (Pompey Supporters Trust) a même permis de sauver le club d’une mort quasi-certaine après le passage d’investisseurs peu scrupuleux. A la différence du modèle allemand qui impose une règle stricte, au Royaume-Uni en revanche, tout part d’initiatives locales et associatives.

Le Bayern est détenu à 72% par 187 865 de ses supporters

Cette quasi-unanimité sur le sujet n’est pas sans raison. En effet, le football allemand peut se targuer d’avoir des résultats économiques et sportifs très positifs. Peut-on pour autant dire que la bonne santé financière des clubs allemands est à mettre à l’actif de la règle du « 50+1 » ? « Oui, répond du tac au tac Ben Shave, il est certain que le contrôle des clubs par des associations de supporters a été crucial dans le développement d’une bonne gouvernance et explique en partie cette stabilité financière. » L’étude réalisée par le cabinet Deloitte à l’été 2011 vient confirmer cette affirmation : « Selon la grande majorité des 36 clubs de Bundesliga, la règle des ‘50+1’ empêche certes des investisseurs financiers d’entrer en Bundesliga, mais elle constitue surtout un socle

Enfin en Espagne, si le modèle est loin d’être uniforme, l’intégration des supporters au sein des clubs est aussi une réalité. Là-bas, les « socios » sont des « associés » du club. Ils en sont parfois même les propriétaires à 100%. Ils versent une cotisation annuelle et peuvent en échange voter pour élire leur président. Cependant, les grandes orientations du club restent tout de même la prérogative des dirigeants. Au Barça par exemple, malgré une levée de bouclier de la part des socios, le club a tout de même signé un partenariat commercial avec la Qatar Foundation. De plus, l’élection du nouveau président est l’occasion pour chaque candidat d’y aller de sa petite – ou grosse – promesse électorale (régulièrement, la promesse d’un transfert clinquant), entraînant souvent des dérives financières inquiétantes. Quoi qu’il en soit, si nos voisins européens n’ont pas tous opté pour les mêmes méthodes, chacun accepte cependant d’offrir à ses supporters un minimum de pouvoir et de droit de regard. Mais alors, qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez nous ? Pour Nicolas Bonnet, adjoint au maire du 12e arrondissement de Paris et spécialiste de la question des supporters, « il y a en France une volonté de ne considérer les spectateurs que


44 FRANCE / FOCUS comme des consommateurs et non plus comme des supporters. On assiste à une évolution vers la marchandisation du football et une volonté de faire des clubs professionnels des produits sur lesquels on peut faire de l’argent. Les supporters sont considérés dans ce modèle économique global et on n’est donc plus du tout dans une logique associative. » Pourtant, les pro-actionnariat populaire le disent : ce système ne va pas à l’encontre des intérêts économiques des clubs, au contraire. « L’idée d’actionnariat populaire est pertinente à la fois dans la promotion des valeurs du sport mais aussi sur le plan de la rentabilité économique », soutient ainsi le président d’A la nantaise. « En Allemagne, les investisseurs ne remettent pas en cause ce modèle puisqu’ils ont bien vu que c’est bon pour le business. En France on n’a pas encore compris ça... » Jean-Pierre Clavier abonde en ce sens : « Même en restant dans une logique commerciale, il y a moyen de tirer un bénéfice de l’ouverture du dialogue avec les supporters. Qu’est-ce qui donne en partie de la valeur à un club ? Les supporters. Or aujourd’hui, cette dimension humaine est totalement ignorée. On voit bien la manière dont la plupart des patrons de clubs comprennent le foot-

ball. C’est une conception presque XIXe siècle : j’ai l’argent, je prends les décisions et voilà. Ceci dit, ils ont raison puisque juridiquement c’est ainsi que ça fonctionne. Mais ce n’est pas très visionnaire... » Si les clubs ne donnent pas beaucoup de signaux positifs en faveur d’une réflexion profonde sur la question, les instances elles non plus ne semblent pas pressées de voir les choses évoluer. Contactée par nos soins, la FFF n’a pas répondu à nos demandes d’interviews tandis que de son côté, la LFP nous a simplement indiqué que « l’actionnariat populaire n’est pas une priorité ». Dans un premier temps rassurés par l’attitude des instances, les membres du CNSF ont vite déchanté. « On a d’abord eu la chance de rencontrer Thiriez et Le Graët mais on a bien vu que ce n’était qu’un one shot, déplore Florian Le Teuff. S’ils ont accepté de nous rencontrer dans un premier temps, c’était pour mieux nous fermer la porte au nez ensuite. Aujourd’hui, ils ne donnent plus suite à nos relances de dialogue... Le football français repose sur des modèles qui sont totalement obsolètes – entre-soi, opacité, conservatisme - avec les mêmes personnes qui gèrent

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On voit bien la manière dont la plupart des patrons de clubs français comprennent le football. C’est une conception presque XIXe siècle : j’ai l’argent, je prends les décisions et voilà "

Jean-Pierre Clavier, membre du comité d’orientation du CNSF

Le Monsieur Burns du foot français.


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FRANCE / FOCUS 45

tion: « L’Etat a son mot à dire dans tout cela. Il n’est pas acceptable aujourd’hui que les présidents de Ligue 1 se comportent en patrons, dans un libéralisme total, sans en rendre des comptes au gouLuc Arrondel, économiste et directeur de recherche au CNRS vernement et au ministère. Je trouve anormal l’absence de réaction du gouvernement sur la situation du football professionnel, je trouve le football français depuis des décennies et qui font tout qu’on n’entend aucune voix claire sur cette question. Je pour que ça reste un blockhaus ». me demande d’ailleurs si le ministère existe encore... » Thierry Braillard, le secrétaire d’Etat aux Sports que nous Quant à Jean-Pierre Clavier, celui-ci avoue « ne rien comn’avons malheureusement pas réussi à joindre, s’est pourtant prendre à la politique du silence » menée par les instances maintes fois déclaré favorable à l’instauration d’un dialogue du foot français. Le professeur de droit ne mâche pas ses avec les supporters afin de débattre de cette question d’acmots : « Les gens comme Le Graët et Thiriez sont de fins politionnariat populaire. tiques. Or là, ils adoptent une attitude totalement contraire à leurs intérêts. C’est exactement ce qu’il faut pour que Face à ces multiples blocages, les partisans de l’actionnariat nous puissions occuper le terrain médiatique. C’est d’une populaire ont trouvé la parade. « S’il y a un conservatisme bêtise confondante, c’est affligeant de voir à quel point et une volonté de toujours bloquer de la part des décideurs ils sont autistes. » Face à ce mutisme des instances natiodu football français, on estime que la loi est le meilleur nales, Nicolas Bonnet prône la reprise en main du sujet par moyen de faire avancer les choses pour que cela devienne l’Etat, même s’il doute sérieusement de sa volonté d’accoercitif, que les décideurs n’aient plus le choix et que le dialogue avec les supporters et les acteurs du territoire soit gravé dans le marbre, » conclut Le Teuff. C’est donc sur le terrain législatif que les supporters ont porté l’affaire. A raison puisqu’un projet de loi a été déposé à l’Assemblée Nationale et au Sénat par le CNSF au printemps dernier. Cette proposition soutenue par des politiques de tous bords, entend imposer la représentation des supporters au sein des instances nationales et des clubs, tout en facilitant la mise en place de l’actionnariat populaire dans le cas où les clubs se montreraient ouverts à l’idée. Mais n’est-ce pas dommage de devoir employer la méthode forte ? « C’est en tous cas la dernière solution envisageable face à la surdité des instances et des patrons de clubs », répond Luc Arrondel, économiste, directeur de recherche au CNRS et membre du CNSF. En attendant que le législateur s’empare de ce dossier, les associations de supporters et leurs alliés peuvent se féliciter : la question est désormais sur la place publique et le débat politique aura bien lieu. Le combat ne fait que commencer mais les « enfants » sont aujourd’hui entrés dans l’adolescence.

La loi est la dernière solution envisageable face à la surdité des instances et des patrons de clubs "

L’actionnariat populaire, un projet qui fait la joie de Frédo.


Google Par Ianis Periac - Photo Icon Sport

Que la vie serait douce si on pouvait vivre nos petites humiliations du quotidien dans l’anonymat d’un ancien Star Académicien. Seul avec son manager et 3 fans sous acide. Seulement voilà, Twitter, Facebook et les autres en décident autrement. Pire, ceux qui ont des friends par millions en deviennent les prisonniers. Retour sur ces joueurs qui ont vu leur e-réputation chuter à la suite d’un moment d’absence.

Il était venu à Paris pour permettre au club de passer une étape. Il l’a fait. D’un coup de tête rageur sous la barre de Thibaut Courtois, il a offert le scalp d’un grand d’Europe au PSG. Puis, une fois sa mission accomplie il s’est caché sous la pelouse du Parc pour mourir. Au lone. La cuisse pleine de placenta de cheval, il a pris 2 petits ponts pour 2 buts et regardé Luis Suarez danser sur sa e-réputation. Les chicos en avant. Instantanément transformé en retrouvé à acheter du grillage à Bricorama ou à faire le grand écart entre deux camions. Une

Avant, Jerome était le frère allemand de Kevin Prince. Sobre, rigoureux et même un peu chiant, Jerome prenait son rôle à coeur. Et puis, il y a eu ce duel avec Lionel Messi. C’était un jour de mai sur la pelouse du Camp Nou. On l’avait vu venir pourtant. Devant notre téléviseur, on l’a même supplié de laisser passer Le Petit et son ballon. De ne pas s’interposer. Il a préféré perdre toute dignité en tentant une intervention et en chutant. Par pudeur on a tourné la tête évidemment, mais c’était trop tard. Jerome était devenu un phénomène Internet. Un hashtag. Alors voilà, les mois passent mais les maux restent. Entre glissade, trou dans le sol, prise de catch, Jerome est mort au Camp Nou un 6 mai 2015. C’est sa page Wikipedia qui le dit… #JeSuisBoateng

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On fait tous des erreurs, paraît-il. Seulement, certains les font sous le feu des projecteurs et toire, vous la connaissez, c’est celle de Layvin. l’Euro Espoirs mais qui s’est contenté de devenir le bouc émissaire et la risée des réseaux sociaux dans le temps additionnel. Chambré par l’équipe entière, il a également vu Twitter écrire son nom sous tous les semblants de

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Petits ponts

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teinture blonde

France -Suède Humiliation par Messi

Signe à Chelsea Se laisse pousser les cheveux

2005

2009

But face à Barcelone

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2005

2009

2011

montée en Ligue 1

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A N T I D OT E

A N T I D OT E

A N T I D OT E

TIRER LA LANGUE ET FAIRE DES BLAGUES.

NE PLUS TENTER D’ARRÊTER MESSI EN 1 CONTRE 1. JAMAIS.

BATTRE LA SUÈDE AVEC LES A, MARQUER,


Champions entre le Real et le Bayern au Bernabeu. Séance de tirs au but. Sergio Ramos il met une patate de forain. La balle s’envole bien au-dessus de la transversale et regarde le terrain devenir tout petit sous ses rondeurs. L’aventure commence. Entre les mains de Felix Baumgartner, devant Big Ben ou à la rencontre de E.T et de son vélo, le ballon de Sergio va faire -

Le problème de Valbuena c’est que même quand il est bon, on se moque de lui. Exemple ? France - Suisse, Coupe du Monde 2014. Petit Vélo marque sur une passe d’Olivier Giroud. Heureux, il court vers son coéquipier pour le remercier et lui saute sur les épaules. Erreur. demment, le web ne peut pas laisser passer ça sans s’exciter un peu. Ou alors ce ne serait plus le web…

Ah si, elle a déchainé les enfers sur Twitter et

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Penalty contre le Bayern

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La vie est cruelle parfois. Insensible, elle peut humilier une raclure ou un seigneur avec le même sourire déplacé. Magnanime, elle lance un os à ronger à la masse sans se soucier des dommages collatéraux. C’est ainsi que, le 27 avril 2014, elle a fait glisser Steven Gerrard dernier roi de Liverpool - et a regardé Demba

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Glissade

2004

2012

2015

A N T I D OT E LAISSER LES PENALTIES À CRISTIANO, BENZEMA OU AU MEC QUI S’OCCUPE DE GONFLER LES BALLONS. LE VIEUX À CÔTÉ DE L’INTENDANT.

2015

2005

1998

A N T I D OT E GRANDIR ?

En prendre 7 à la maison sans se faire chambrer c’est un peu comme boire 8 calices mais laisser la lie. Ça laisse un goût d’inachevé. Du coup, le Brésil en a pris plein la gueule. La larme à l’oeil, il a regardé le logo de sa Coupe du Monde se cacher les yeux,

2010

2014

A N T I D OT E GAGNER UN TITRE

100% Allemagne / Brésil

A N T I D OT E KEEP CALM AND PASS THE BALL TO NEYMAR 2011

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MONDE


© Giovanni Ambrosio/Black Spring Graphics Studio

50 ITALIE / AVE FRANCESCO 64 RENCONTRE / VALDANO 72 INFILTRATION / BELGRADE,VOYAGE AU BOUT DE L’ENFER 78 RENCONTRE / MANGALA 88 PALESTINE / WELCOME TO PALESTINE


50 FRANCE / FOCUS


FRANCE / FOCUS 51

AVE FRANCESCO Par Paolo Del Vecchio - Photo Tania Clemente

Rome, la ville éternelle. À peine entre-t-on dans cette magnifique cité que l’on ressent tout le poids de l’histoire de notre civilisation. L’art et le football y sont étroitement liés, avec une touche de religion et un zeste de folie. Août 2015, près de 45 degrés au soleil, chaque coin de rue nous rappelle l’importance du Calcio et notamment de l’un de ses artistes, symbole de l’AS Roma, Francesco Totti. Immersion dans un monde presque irréel… Avec LE choc de cette Serie A en point d’orgue.


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Les news mercato en direct dans le métro romain. Vous imaginez, découvrir l’annonce de Cristiano Ronaldo au PSG à Châtelet-Les Halles ?

Bouchers de père en fils au marché du Testaccio, et pas peu fiers de leur maillot de Totti dédicacé.

La Louve, symbole de l’AS Roma, dessinée sur un mur du Testaccio (quartier populaire romain).

L

orsque vous visitez le Colisée, vous comprenez aisément pourquoi le sport a tant d’importance dans la capitale italienne. Les nouveaux gladiateurs, de Totti à De Rossi en passant par Pjanic et maintenant Digne, sont idolâtrés et présents partout. La Roma est un art de vivre. Du fleuriste au boucher, du grand-père au petit fils, arborer les couleurs « giallorosse » est une fierté face aux cousins Laziali.


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Un symathique club de supporters, toujours dans le quartier du Testaccio. Ici, les anciens se réunissent à l’heure du café pour jouer à la Scopa et parler de leur AS Roma. Les plus jeunes, eux, représentent l’organisation au Stadio Olimpico dans la Curva Sud. Quand on leur demande quel est leur ennemi favori entre la Lazio et la Juventus, leur président prend la parole... «Nous voulons la mort de ces deux clubs, nous n’avons pas de favori (Rires). La Roma est une Fiat 500 avec un moteur de Ferrari, cette fois contre la Juve ce sera une promenade! Garcia ? On l’aime bien mais il a un comportement parfois bizarre. Il ne faut jamais dire que nous allons gagner le Scudetto! Il nous a cassé les couilles avec ça ! S’il change nous pourrons peut-être gagner quelque chose. Totti? (Son regard s’illumine) Grandissimo... »


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Au Vatican se côtoient particulièrement art, religion et football, étant donné la passion de «Francesco I» pour ce sport. Parmi les tombeaux des saints et autres peintures de Michel-Ange, une vitrine expose des reliques dédicacées par Maradona, Pelé, Messi, Buffon, entre autres... Avec la photo d’une rencontre Italie-Argentine organisée en son honneur. Une bien belle collection.


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À Rome, il y a Francesco et Francesco. L’un est pape, l’autre est roi. Dieu seul sait lequel a le plus d’importance dans le coeur des Romains, même si on a une petite idée. Son nom, son visage, sa silouhette sont présents partout dans la ville. Comme sur le mur de son école élémentaire. C’est en tout cas ce que nous a rapporté Teresa, une vieille dame du quartier, tout heureuse de nous conter l’histoire de cette murale. À 39 ans, «Er Capitano» fait toujours l’unanimité et lorsque son nom retentit dans le Stadio Olimpico, la clameur est tout simplement incroyable. En attendant, les petits Totti grandissent sur les terrains de la capitale...



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Comment parler de l’AS Roma sans évoquer la rivalité viscérale avec l’autre club de la capitale, la Lazio...



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AS ROMA JUVENTUS VAINCRE OU MOURIR


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Les petits giallorossi s’entrainent au cucchiaio (cuillère en italien, ballon piqué), geste préféré d’un certain Francesco Totti...


FRANCE / FOCUS 61

24’ Frappe terrible de Pjanic qui heurte le poteau de Buffon.

61’ Cette fois le Bosnien dépose le ballon dans la lucarne d’un magnifique coup franc. Le public explose !

Au terme d’une rencontre dominée de la tête et des épaules par la formation de Rudi Garcia, les tifosi giallorossi peuvent enfin fêter une victoire ô combien significative pour l’AS Roma. Le champion en titre est battu 2-1, il vient de perdre ses deux premiers matchs, chose qui n’était jamais arrivée dans l’histoire de la Juventus. Une statistique qui fait rêver les romanisti, lassés de passer à côté de Scudetti année après année...


62 FRANCE / FOCUS


FRANCE / FOCUS 63

Rudi ne le dira pas cette fois mais le club de la capitale croit plus que jamais au Scudetto avec les arrivées de joueurs comme Dzeko, Salah ou le petit francese auteur d’un très bon match, Lucas Digne. Et si cette saison était - vraiment - la bonne pour l’AS Roma ? Le roi Francesco de Rome espère sa dernière couronne nationale avant de tirer sa révérence. En attendant, le monde giallorosso savoure...


JORGE VALDANO

«LE

FOOTBALL, C’EST L’OPÉRA DES PAUVRES»

Par Thibaut Leplat, à Monaco - Photo Icon Sport

Certains aiment parler de football, de tactique, de stratégie. D’autres se tueraient pour partager quelques minutes avec Florentino Perez, Leo Messi, Diego Maradona ou Guy Roux. Et au milieu, il y a Jorge Valdano. Ami intime de Marcelo Bielsa et de Pep Guardiola, ancien joueur du Real Madrid, champion du monde 1986 avec Maradona, ancien directeur sportif du Real puis directeur général sous Mourinho… La conversation de cet homme est d’une qualité rare. Chaque rencontre avec lui est un régal. Cette fois, c’était à Monaco, quelques heures avant ce tirage au sort de la Ligue des Champions qui déciderait finalement d’un délicieux PSG-Real. La lumière rouge sur l’enregistreur clignote. J’appuie sur rec, c’est parti.


MONDE / RENCONTRE 65 Bielsa, Messi, Menotti, Di Maria et toi, êtes tous nés à Rosario. Un jour tu as dit qu’être de Rosario c’était une manière exagérée d’être argentin.Tu peux expliquer ? “La Nuestra”, c’est une manière à nous de voir le football. À Rosario, on frôle le fanatisme au sujet du beau jeu. Il y a un certain snobisme à l’égard de l’autre football, celui de Buenos Aires. Ce n’est pas un hasard si Menotti vient de Rosario. Il y a toujours eu là-bas un culte de l’esthétique, de la beauté, du style. Moi je jouais au Newell’s Old Boys, l’autre grand club de la ville, qui incarnait un manière esthétique de jouer au football tandis que Rosario Central, c’était l’autre option.Trente ans plus tard, le débat est toujours ouvert même si depuis des années le football argentin souffre d’une grande confusion. Il y a quelques jeunes entraîneurs qui remettent enfin à l’honneur l’héritage de Menotti et tâchent d’inverser un peu la tendance : Marcelo Gallardo à River Plate, Diego Cocca au Racing Avellanada. Dans quelle mesure Pep Guardiola a-t-il eu une influence dans ce nouveau phénomène ? Elle est très importante. On parle sans arrêt de Pep en Argentine. Quand il est venu faire une conférence à Buenos Aires (en 2014, Ndlr), sa présence a eu un impact énorme. Imagine un peu, 3000 personnes sont venues l’écouter dans une salle de concert. Sa manière de voir le football et sa personnalité ont rendu les gens complètement hystériques. Il faut dire qu’en Argentine il y a un journalisme assez combatif en faveur de tous les Guardiola du monde. Quand tu parles avec Bielsa ou avec Pep, vous ne parlez que de foot ? Non, non. On parle de beaucoup de sujets même si on revient toujours au football. J’ai plaisir à le faire mais si je devais en parler tous les jours de ma vie, je crois que je finirais par m’en lasser. Eux, ils ont comme une obsession physique pour le football, cette manière de t’attraper le bras, d’être très expressifs quand ils en parlent. Je crois que c’est d’ailleurs la seule méthode qui donne des résultats quand tu dois t’adresser à des joueurs qui tendent toujours à être indifférents.

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3000 personnes sont venues écouter Guardiola donner une conférence dans une salle de concert. Sa manière de voir le football et sa personnalité ont rendu les gens complètement hystériques " Le seul moyen d’attirer leur attention, de transmettre tes idées et d’obtenir des résultats, c’est d’être un véritable fanatique.

vis-à-vis de la personnalité allemande, capable de construire aussi finement un tournevis qu’une voiture mais qui en revanche a plus de mal à élever son niveau de créativité.Tout à coup, le football allemand s’est ouvert et je crois que Guardiola lui a donné une impulsion peut-être un peu trop forte. Pour moi, Guardiola est fait pour les pays où il y a un peu plus de soleil (rires).

Qu’est-ce que le foot doit à Guardiola ? Je crois qu’il l’a ressuscité. Il a redonné vie à une école qui était jusque-là moribonde. Le principal reproche adressé à cette école prétendue “romantique”, c’était de manquer de pragmatisme. Or, il a montré qu’il n’y a rien de plus pragmatique que de bien jouer au football. C’est le message incontestable de son Barça. Pourtant il ne faut jamais sous-estimer la médiocrité. D’abord parce qu’elle agit toujours en meute. Les médiocres sont d’abord une multitude. Ensuite parce qu’ils s’acharnent toujours contre l’excellence, contre celui qui ne les représente pas, qui est l’inverse d’eux.

Comprendre tout l’entourage et le contexte culturel dans lequel évolue Guardiola est passionnant. La documentation à son sujet est énorme. Pourtant j’ai l’impression que personne ne l’écoute et s’en tient à une impression très superficielle. C’est ce qui nous arrive à tous. Le football est très mesquin. Le supporter n’a de loyauté qu’envers le maillot, rien de plus. Il n’a de loyauté envers un joueur que lorsqu’il porte ses couleurs. Le retour de Guardiola à Barcelone (ndlr : pour la demi-finale de Champions League Barcelone-Bayern) en est pour moi la démonstration. Malgré la véritable œuvre d’art qu’il a composée à Barcelone, le stade ne s’est pas levé pour lui rendre hommage lors de ce retour sur la scène du théâtre de ses plus grands succès. Cet environnement est mesquin et ingrat.

Pep a pourtant du mal à convaincre l’entourage du Bayern. Or, on ne peut pas dire que la culture du Bayern soit médiocre… Disons que Pep est confronté à ce qu’est l’Allemagne. Ce nouveau style allemand qu’on admire et qu’on célèbre partout depuis quelque temps et qu’on a vu triompher lors du dernier Mondial, c’est quelque chose d’un peu forcé

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Un monde rempli de Bielsa, ce serait le Barça de Guardiola "


66 MONDE / RENCONTRE C’est assez miraculeux qu’il ait autant gagné. Ce qui est miraculeux, ce n’est pas d’avoir autant gagné, c’est plutôt d’avoir autant bien joué. C’est très difficile de trouver une équipe qui, pendant cinq ans, sans interruption, joue si bien au football. Tu peux prendre, dans ces cinq années, le pire match de Guardiola avec le Barça, tu auras encore quelque chose à apprécier, à admirer. C’est absolument incroyable. Mais toi tu étais de l’autre côté à ce moment-là, au Real. Comment fait-on pour admirer le football de son rival ? Pour moi ce fut quelque chose de très douloureux. Un mariage et des funérailles à la fois. D’un côté il y avait ce football que j’avais admiré toute ma vie, qui avait irrigué tout mon discours jusque-là et de l’autre, il y avait ma fidélité au Real Madrid et le pôle opposé à côté de moi (ndrl : Mourinho). Ce fut chaque jour un peu plus difficile à gérer, y compris intellectuellement.

Tu parles beaucoup d’éthique dans le football dans ton dernier livre Los 11 poderes del líder, mais se poser la question de la morale dans le football, n’est-ce pas un peu vain ? Non, je ne crois pas. En abordant la question éthique, on peut générer un impact énorme sur la société. Bielsa en est le parfait exemple. En privé, il concède facilement qu’être honnête lui demande toujours beaucoup de travail. Ce n’est pas quelque chose de si naturel chez lui. C’est un combat contre lui-même à l’issue duquel l’honnêteté gagne toujours. Même en conférence de presse, il en vient parfois à s’autoflageller publiquement.

exigence que cela lui donne le droit de l’être avec les autres. S’il est avéré qu’on lui a promis quelque chose mais qu’ensuite on ne lui accorde pas, il se montrera toujours implacable. Je n’ai pas d’information particulière sur le sujet qui permettrait d’éclairer les motifs de sa démission. La seule chose que je puisse dire, c’est que lorsque la confiance est épuisée, il est impossible pour quelqu’un d’aussi inflexible sur les motifs éthiques de continuer à travailler. Un monde rempli de Marcelo Bielsa est-il vraiment possible ? Michel, c’est un peu l’inverse… Un monde rempli de Bielsa, ce serait le Barça de Guardiola. Pour moi, Bielsa est un modèle indiscutable. Il faut regarder les entraîneurs non seulement pour ce qu’ils font mais aussi et surtout pour ce qu’ils laissent derrière eux. Sur ce point, dans toutes les équipes où il est passé, Bielsa a laissé une base méthodologique extraordinaire pour tous les entraîneurs qui lui ont succédé. Ses équipes ont un sens du sacrifice, du devoir, de la position sur le terrain qu’il est très difficile d’ignorer. Pour lui, l’ordre et la méthode sont très importants. Il ne fait quasiment aucune différence entre la star et le remplaçant. L’équipe passe avant tous les individus. Cette combinaison entre le besoin de contrôler l’équipe et la conviction qu’aucune désertion n’est tolérée dans ce jeu, nuancée par le souci de l’individu que peut avoir Michel, peut être un mélange intéressant pour Marseille. C’est un peu ce qui est arrivé à l’Athletic Bilbao depuis son départ. Les joueurs continuent de parler de Bielsa avec émerveillement. Ils ont eu beau se diriger vers un autre type de jeu, la base méthodologique est parvenue à

En France, le fait qu’il ne regarde pas les journalistes dans les yeux a beaucoup heurté. Comment l’interpréter ? Par la nécessité qu’il a de marquer une certaine distance vis-à-vis du journalisme, envers lequel il éprouve du mépris même si par ailleurs ses meilleurs amis sont journalistes : Santiago Segurola en Espagne et Adrian Paenza, un journaliste argentin qui vit aux Etats-Unis mais avec qui Marcelo parle presque tous les jours. Bielsa sait qu’il aura beau dire, beau faire, il sera toujours esclave et victime du résultat. Selon ce que fera son équipe le dimanche, il sera catalogué comme bon ou mauvais.Voilà ce qu’il ne supporte pas dans le journalisme. Comment interpréter son départ précipité de Marseille, cette démission surprise ? C’est presque de l’abandon de famille… Il a toute l’autorité morale pour pouvoir le faire parce qu’il s’impose à lui-même une telle transparence et une telle

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Lorsque la confiance est épuisée, il est impossible pour quelqu’un d’aussi inflexible sur les motifs éthiques que Bielsa de continuer à travailler " Document d’archive.


MONDE / RENCONTRE 67 renforcer leur potentiel collectif. Au Real, tu as joué avec Michel avant de devenir son coach. Comment était-il ? Un talent supérieur aux autres, très précis. Un joueur exquis techniquement, très intelligent et avec un grand amour pour le football. Même si avec moi il jouait plutôt sur le côté, il était capable d’organiser toute l’équipe. Il a toujours eu un grand sens esthétique et l’intelligence pour principal ornement. Les entraîneurs ont-ils un devoir moral vis-à-vis de la société ? S’ils l’ont, ils ne s’en rendent pas compte. Il y a quelques situations, assez peu fréquentes, qui nous mettent face à ce débat. Regarde ce qui s’est passé avec Arturo Vidal durant la Copa America (le milieu du Bayern a eu un accident de voiture en état d’ébriété en pleine compétition, ndrl). Beaucoup de gens ont exigé de l’entraîneur qu’il fasse un exemple en expulsant le joueur de la sélection. Il a refusé. Pour moi, Sampaoli a très bien fait.

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Il ne viendrait à l’idée de personne de demander à un guitariste drogué ou alcoolique d’abandonner sa guitare pour se soigner. Au football c’est la même chose " Parce qu’il a gagné à la fin ? Non, parce que l’entraîneur a un engagement moral : préparer l’équipe le mieux possible. C’est au dirigeant et non à l’entraîneur d’analyser les conduites éthiques et les messages à donner vis-à-vis de la société. L’obligation de l’entraîneur est de rendre une équipe compétitive et qu’elle reflète son style de gestion. Il ne viendrait à l’idée de personne de demander à un guitariste drogué ou alcoolique d’abandonner sa guitare pour se soigner. Au football c’est la même chose. Quand il arrive un problème extra-sportif à un joueur,

la dernière chose à faire serait de lui enlever le football, sa profession. Au lieu de lui enlever un problème, on lui en ajouterait un autre. Tu es un des rénovateurs du journalisme sportif en Espagne. Tu as notamment créé dans les années 90 l’émission El Día Despues sur Canal Plus Espagne (qui a inspiré l’actuel J+1). Quelle est ton opinion sur l’évolution récente du journalisme sportif (réseaux sociaux, communication des clubs…) ? Il y a une distinction à faire. D’un côté

Selon Valdano, Michel est un « mélange intéressant pour Marseille ».


Michel et Valdano sous le maillot du Real en 1987.

il y a le journalisme de spectacle. Pour être plus clair je vais te citer un jeune journaliste espagnol qui m’a dit il y a quelque temps la chose suivante : “En ce moment pour arriver à travailler, il faut soit être très mignonne, soit dire n’importe quoi. De toute évidence, je ne suis pas très mignonne, il ne me reste donc qu’une seule issue…”. Le journaliste aujourd’hui cherche à avoir de la visibilité et la visibilité est difficile à obtenir par le biais de l’intelligence. C’est surtout

grâce à l’impact visuel, l’exagération, la simplification qu’il l’obtient. Il y a encore trente ans, les journalistes faisaient un effort terrible pour que personne ne sache de quelle équipe ils étaient supporters. Aujourd’hui c’est le contraire. Ils font un effort terrible pour que tout le monde sache bien de quelle équipe ils sont supporters. Ensuite il y a un autre journalisme qui utilise le sport pour nous parler de la grandeur et de la misère de l’être humain, qui a une

vision esthétique, épique, éthique d’un match. Il est capable de te raconter un match comme un conte. Le résultat final est même parfois meilleur que le match lui-même. Ces deux courants sont radicalement opposés. Le journaliste doit voir les choses d’un point de vue clairement défini. S’il enfile le maillot d’une équipe avant de parler, son point de vue est celui de


MONDE / RENCONTRE 69 un peu ailleurs. Le problème de l’ignorance, c’est qu’elle est fière d’ellemême.

(rires). Voir le football de cette façon, c’est le réduire à son expression minimale. C’est s’éloigner du jeu, du rêve, de la créativité, de la spontanéité, de toutes ces choses assimilées au bonheur.

C’est même votre définition ? Tout à fait. En réalité, le vrai moteur c’est le courage. Le courage d’affronter l’ignorance, le courage de penser contre le résultat. Il en faut, parce que dans le football, le résultat c’est Dieu. Personne n’ose jamais critiquer le résultat, encore moins celui qui gagne.

Beaucoup d’entraîneurs et avec eux beaucoup de journalistes diront qu’il faut faire avec les joueurs que l’on a, que l’objectif c’est de battre untel ou untel, de gagner des matchs, remporter des titres etc. Il ne faut pas contredire complètement cette opinion. C’est vrai que le Real Madrid a une obligation de donner du spectacle supérieure à celle de l’Eibar, sans aucun doute. Mais regarde le Rayo Vallecano. Il est capable de jouer un football bien au-dessus du niveau de la ceinture, avec des joueurs qui s’en approchent à peine. Quand je suis arrivé à Tenerife, l’équipe était relégable et il restait huit matchs à jouer. Dont quatre face à Séville, le Real,Valence et Barcelone. La situation était complexe. Mais on a décidé de ne pas courber l’échine et de jouer d’égal à égal avec le Real et le Barça, de les défier dans les yeux, techniquement et physiquement. Cette attitude est une source de motivation très importante pour un footballeur. Au final, on a battu Valence, le Real, Séville et le Barça. La conviction de l’entraîneur est fondamentale pour que le footballeur croie en lui.

Ni le résultat, ni les statistiques… Les statistiques sont un soutien scientifique à l’ignorance. Aujourd’hui, on sait combien de kilomètres a parcouru n’importe quel joueur. Mais à aucun moment on est capable de dire si ces efforts ont été de longue ou de courte durée, rapides, lents, précis, imprécis, s’il l’a fait pour donner le ballon à l’adversaire ou pour marquer... À ton époque, as-tu été confronté aux statistiques ? Oh, oui (rires) ! Je le raconte dans mon dernier livre. La première fois que j’ai été confronté aux statistiques, c’était au Real. J’étais encore joueur et quand parfois je ne jouais pas un match, je voyais le préparateur physique prendre des centaines de notes pendant les matchs. Il n’y avait pas encore l’ordinateur à l’époque, il faisait tout à la main. Il disait : “Ce joueur a couru 20 mètres à vitesse moyenne, ensuite a marché je-ne-sais-combien de mètres etc.” Toutes ces mesures étaient approximatives bien sûr, mais les données retranscrites étaient presque aussi précises que maintenant. Alors un jour, je lui ai demandé ce qu’il était en train de faire et à quoi ça pouvait bien servir. Et lui, tout en notant, me répond : “Je ne sais pas encore. Mais le jour où je saurai à quoi ça sert, je te préviendrai” l’appartenance. Moi par exemple, je regarde le football de mon propre point de vue, ma subjectivité, mon sens de l’éthique, mon idée de la beauté, ma passion pour le jeu. Ce qui est curieux c’est que la France est un pays de culture, de conversation, mais le journalisme sportif, lui, a une réputation d’ignorance… Si c’est comme ça en France, imagine

Comment y parvient-on ? En convainquant les joueurs. N’importe quel joueur de première division est parfaitement capable de faire une passe de vingt mètres. Après, c’est la rapidité d’exécution qui compte. Un joueur de deuxième division doit être précis à une vitesse de 60%, un joueur de première division à 80%, un joueur international à 100%. La rapidité mentale et technique

"

Il y a effectivement eu un contact avec le PSG mais rien de direct, rien de sérieux. Quand les choses sont sérieuses, on frappe directement à ta porte "


70 MONDE / RENCONTRE change en fonction du niveau. C’est ce qui définit le football. Tu as longtemps joué avec Maradona. Quand on a un tel génie dans une équipe, comment fait-on pour le gérer ? Tu peux lui faire confiance. Le génie est capable de résoudre des situations à sa hauteur, capable de faire des miracles footballistiques. Ensuite, sans rien lui demander, il absorbe seul toute la pression. Quand je jouais avec Maradona, je savais que si j’avais un problème, il suffisait de lui donner le ballon. Ensuite, ce qui est encore plus important, je savais aussi que si on perdait le match, les journalistes m’oublieraient facilement et que ce serait toujours de sa faute à lui. C’est la même chose aujourd’hui avec Messi et l’Argentine. Si l’Argentine gagne c’est grâce à Messi, si elle perd, c’est à cause de lui. J’ai entendu dire que le Paris-SaintGermain t’avait contacté pour le poste de directeur sportif.Tu pourrais revenir dans le football ? Il y a effectivement eu un contact par l’intermédiaire de quelqu’un mais rien de direct, rien de sérieux. Quand les choses sont sérieuses, on frappe directement à ta porte. On ne te passe pas un coup de fil, on te le dit directement et en personne. Pour la suite, je n’écarte rien.Tout ce que j’ai fait après ma période d’entraîneur n’a jamais été le fruit de décisions préméditées mais plutôt de rencontres fortuites. Comme l’a dit un jour Bielsa à Pep, “Pourquoi revenir dans le foot, tu aimes à ce point l’odeur du sang” ? (Rires) J’aime entrer et sortir. Quand j’entre, j’aime bien me mettre dans la bataille et deux ou trois ans plus tard, j’aime bien aussi sortir et regarder le phénomène avec plus de distance. On ne peut pas être à la fois dedans et dehors mais tu peux être un temps dehors, un temps dedans, c’est bien. Ce qui est impossible c’est d’avoir les deux visions en même temps. Si tu es à l’intérieur, ce n’est plus ta vision personnelle qui compte mais celle du club. Le problème le plus important que j’ai rencontré en tant que directeur

"

Quand je terminais mon contrat au Real Madrid, j’avais un contrat de trois ans avec le FC Nantes qui m’attendait. Mais j’ai dû arrêter brutalement ma carrière " sportif ou directeur général a été de ne pas me sentir libre de mes opinions. Pour moi, c’est une torture. Le documentaire que tu as écrit sur Messi prend la forme d’une grande conversation autour d’une bonne table. Quel est le rôle de la conversation, des mots, dans la sensibilité du football ? Les mots sont en train de perdre du terrain devant l’empire des images. Les réseaux sociaux de leur côté nous obligent à abandonner toute nuance. Ce sont des mots, mais seulement 140 signes. Moi, je suis d’une génération qui s’est prise de passion pour le football à travers les mots, pas les images. Le premier match professionnel que j’ai vu, j’avais 17 ans. Le premier match que j’ai joué comme professionnel, j’avais 18 ans. Les 17 premières années de ma vie, je les ai passées à lire la revue Gráfico et à écouter les retransmissions à la radio. Tout le reste du travail, c’est mon imagination qui l’a fait.Voilà pourquoi, pour moi, le football sans les mots ce n’est pas grand-chose. Je raconte toujours l’anecdote de la finale de la Coupe du Monde 86 où après le match j’arrive dans le vestiaire et je me dis : “s’il y a un jour où je dois pleurer, c’est bien aujourd’hui.” Mais je n’y arrive pas. Tu as beau décider de te mettre à pleurer, tu ne pleures pas. Ce n’est qu’au moment où, des mois plus tard, j’ai pu écouter la narration de mon but à la radio que j’ai pu connecter avec mon enfance, prendre la véritable mesure de l’évènement et enfin pleurer. Dans les mots, il y aussi la littérature. Quel a été ton premier choc littéraire ? Le portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde. C’était le premier livre édité dans

la collection Salvat (ndlr : Bibliothèque essentielle en Argentine). J’avais 14 ou 15 ans. Ensuite le football m’a offert l’opportunité non seulement de lire mais aussi de connaître, de fréquenter Garcia Marquez,Vargas Llosa, Benedetti, Vazquez Montalban, des gens que je n’aurais jamais pu rencontrer si je n’avais pas un jour tapé dans un ballon. Comment te sentais-tu quand tu allais déjeuner avec un Garcia Marquez, prix Nobel de littérature 1982, toi le footballeur ? J’avais honte, parce que lorsqu’on déjeunait dehors, les gens venaient nous voir et c’est à moi qu’on demandait un autographe. C’est une sensation absolument terrible. À cette époque je n’avais pas encore situé le football à sa juste hauteur parmi les phénomènes sociaux. Je pensais qu’être Borgés par exemple, c’était beaucoup plus qu’être Maradona. Aujourd’hui, j’ai un peu changé d’avis (rires). Il y a aussi quelque chose de philosophique dans le travail d’un entraîneur : des principes, de l’argumentation, des idées à appliquer. On parle même aujourd’hui de “philosophie” de jeu… J’ai eu des entraîneurs-philosophes, capables de me convaincre de ce que je devais faire grâce à des arguments. J’en ai eu d’autres qui n’étaient qu’entraîneurs, qui allaient directement au fait sans m’expliquer. Si le pouvoir de l’entraîneur a aujourd’hui grandi c’est parce que les footballeurs ont abandonné petit à petit une partie de leur pouvoir. À part peut-être Messi et Ronaldo, les footballeurs ne réclament plus autant de liberté qu’avant. Ils


MONDE / RENCONTRE 71 préfèrent obéir et s’ils perdent, rejeter la faute sur leur entraîneur alors que pendant des décennies c’était le joueur qui était le détenteur du jeu. La tactique a fini par porter atteinte à l’individu et à sa liberté. On pourrait reprocher à cette sensibilité particulière une certaine inconséquence. Moi par exemple, je me suis mis à regarder les matchs du Bayern pour Guardiola et j’arrêterai certainement de les regarder quand il sera parti. Oublier ainsi les couleurs au profit d’une idée du beau jeu, n’est-ce pas en quelque sorte trahir l’enfant qu’on a tous été et qui pour rien au monde n’aurait regardé un match de son rival ? Je crois qu’on peut aussi être le supporter d’une idée, pas seulement d’un club. Moi je suis comme ça. J’aime

le Real Madrid et lui serai reconnaissant toute ma vie pour toutes les choses que j’ai pu vivre lors de mes différentes étapes au club. Mais celui envers qui je suis le plus reconnaissant, c’est le football lui-même. Ma première loyauté est d’abord envers le football et ensuite envers le Real Madrid et Newell’s. Et dire que tu avais eu un contact avec le FC Nantes de Suaudeau… J’avais même un pré-contrat signé. Quand je terminais mon contrat au Real Madrid, j’avais un contrat de trois ans avec le FC Nantes qui m’attendait. Mais j’ai dû arrêter brutalement ma carrière (ndlr : pour une Hépatite diagnostiquée en 1987). Tu parles du football comme on parle de musique ou de littérature. Si le football est un art, n’est-ce-pas plutôt

Valdano en 2005 lors du lancement de la Real Madrid European School University.

un art populaire, comme le rock par exemple ? Oui, il fait partie de la culture populaire. Quelqu’un l’a un jour défini comme “l’opéra des pauvres”. Comme c’est un jeu, il fait partie de la sphère de ce qui n’est pas sérieux. Pourtant il faut bien reconnaître que nous prenons parfois tout cela un peu trop au sérieux. Regarde par exemple, cette fille qui prenait un café à côté de nous tout àl’heure. Imagine qu’on te dise : “tu lui plais beaucoup et son mari ne rentre qu’à 21h ce soir”. Peut-être que tu y vas. Si après, on te dit “mais attention, si elle n’est pas satisfaite, on te massacre”. Il y a de fortes chances pour que tu hésites et que, même si tu y vas, tu n’arrives même pas à coucher avec elle. C’est un peu pareil que le football. C’est un jeu, d’accord. Mais c’est un jeu où, si tu perds, on te tue.


Voyage au bout de l’enfer Infiltration et photos par Ianis Periac

Après Dortmund, Naples ou encore Istanbul, il était temps d’envoyer notre globe-trotter goûter à l’ambiance chaleureuse des Balkans. Ça tombe bien, cet électron libre, mi-écrivain dépravé, mi-ultra aigri , n’aime rien tant que s’enivrer d’ambiances incandescentes, de stades bouillonnants et de matchs surchauffés. Parti humer l’air de Belgrade avant, pendant et après le derby le plus sanglant d’Europe, avec un Moleskine et un smartphone bon marché pour simples outils, il vous livre ici son rapport de mission. Edifiant et désabusé.

C

e matin l’automne est arrivé à Belgrade. Silencieux. Sans prévenir. La grisaille et la pluie ont repris leurs droits, le ciel bleu s’en est allé et les immeubles sont restés. Stoïques. Forêt de béton animée par la vie de quelques cafés et un tramway rouge qui les frôle sans jamais les toucher. Quatre mois déjà que je suis dans les Balkans. Abandonné à mon sort. Ma mission ? Parcourir le monde. Espionner les grands matchs de foot, répertorier les passions et les pleurs des autochtones. Puis en faire des rapports détaillés. Mettre les folies dans des classeurs, voilà mon boulot. Sans le vouloir, je suis devenu une sorte de barbouze du foot. Un espion. Un rat. Alors j’écris pour oublier.


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"Ici, tu peux mourir pour un maillot. Alors personne ne le porte dans les rues. C’est plus sûr. " Les billets du match dormaient dans une enveloppe du media center. Ils m’attendaient sagement mais je n’ai pas pu les prendre tout de suite. Pas le courage. On ne récupère pas des diamants comme on ramasse le courrier. Puant le whisky de la veille et mal rasé, j’ai marché pour m’aérer l’esprit. Arpenter les rues de la ville pour comprendre son histoire et comprendre sa haine. Ses amours et sa démesure aussi. Le derby éternel, j’en avais souvent entendu parler. Le Partizan. L’Etoile Rouge. Deux mythes. Au bureau, le patron me parlait de l’équipe de 91 à chaque pause-café. Avec sa chemise repassée et ses Stan Smith blanches, il me parlait de Savicevic et de son maillot rouge. Il pensait être cool. Il avait l’air con. J’en vomirais mon petit dèj’, si j’en avais pris un. Mais je n’ai qu’un reste de Cevapi à deux euros dans l’estomac. Trois jours que j’erre dans ces rues et je me rends compte qu’on ne perd pas si facilement ses sales habitudes. L’oeil qui traîne. Le regard qui cherche mais qui ne trouve pas. Il me manque quelque chose dans cette ville qui aime faire la fête le soir et récupérer le jour. Mais quoi ? Les tags sur les murs sont là, les écrans des bars qui crachent du foot aussi. Alors quoi ? De chaque côté, les fenêtres s’allument, il est 19 heures. La nuit tombe. Les gens rentrent. Et puis finalement, ça me frappe. L’évidence. Aucun drapeau ne flotte aux balcons, aucun fanion ne décore les pare-brises des voitures. Et surtout, aucun maillot ne marche dans la rue. Rien. Pas une trace extérieure de la passion qui dévore les intérieurs.

Pourtant, elle est là. On m’en parle depuis mon arrivée. Hier, en transformant mon billet retour en litrons de bière dans un rade de la ville, j’ai parlé foot. Cette coupe de cheveux, ces jambes un peu trop courtes et ce regard en dedans, je n’ai pas mis longtemps à le reconnaître. Marko Pantelic. Il était censé être mon contact à Belgrade. Mais ça, c’était avant tout ce merdier. Avant les silences et la solitude. On a parlé quand même, un peu, parce qu’il faut bien tromper l’ennui. L’ancienne gloire de l’Etoile Rouge et éphémère attaquant du PSG, m’a dit que j’allais voir. Qu’un derby comme celui-là peut recoller tous les coeurs du monde. Même le mien. «C’est unique. Si tu aimes le foot, tu dois y aller» a-t-il ensuite répété en me serrant l’épaule. «C’est quelque chose à voir.Vraiment.» Puis il m’a demandé si j’aimais encore le foot et m’a laissé là avec mes doutes et mes espoirs déchus.


"Hooligans depuis le berceau. " «Est-ce que j’aime encore le foot ?» Noyé dans un mauvais rêve, la question ne me lâche plus. Elle revient. Sans cesse. «Est-ce que j’aime encore le foot ?» La vérité c’est que je n’en sais rien. Alors je me suis promis de le découvrir. J’irai au match, samedi. Innocent comme un nouveau-né. Sans a priori. Sans attentes particulières. Mes vieilles habitudes sont revenues. Le pilote automatique. Sillonner les bars et les rues pour parler ballon. Traîner aux abords des stades pour humer l’odeur de la passion. Je l’ai fait pendant des années. Je vais le refaire. En quête de moi-même, cette fois. Uros me donne un premier aperçu de la passion secrète qui enrobe cette ville. Posé à la terrasse de l’Idiott, il me dit qu’il n’aime pas le foot mais qu’il est Partizan jusqu’à la mort. Pourquoi ? Parce que c’est comme ça dans son quartier. Ça fait partie de lui, comme cette cicatrice qui lui décore la joue gauche ou ce passé un peu trouble. C’est sa vie. Puis il me raconte quelques histoires sur ses potes. Hooligans depuis le berceau. Ses potes qui ne manquent pas un match. Ses potes qui ne supportent pas d’être pris en photo. Ses potes que je ne peux pas rencontrer car étant un peu trop basané pour eux. Il me dit qu’il n’a jamais compris cette violence qui entoure le foot. Cette folie. Lui il est Partizan comme il aurait été Red Star s’il était né de l’autre côté de la rue. Et puis il me raconte des histoires plus légères. Sur les préférences des deux clans. Lav pour les Noir-et-Blanc. Jelen pour les Rouges(1). Pepsi et Stones pour les uns, Coca et Beatles

(1)

Lav et Jelen sont deux marques de bière serbes concurrentes.

pour les autres. «Enfin, tout ce genre de conneries» sourit-il. Moma me dira le reste. Autre bar. Autre équipe. Red Star depuis la naissance par tradition familiale. Serveur par obligation. Il arpente rapidement les tables du regard. Le stress lui déforme le visage et accélère ses gestes. Le match approche et son billet reste soigneusement plié dans sa poche arrière depuis trois jours. Bientôt, son collègue ira lui acheter des bières à l’épicerie d’à côté pour relâcher un peu la pression. Pas sûr qu’il tienne jusque-là. Ce match, il l’attend depuis des mois. Il ne pense plus qu’à ça. Et après, il y aura le derby de basket en novembre. «C’est plus intense» me dit-il, car la salle est plus petite.» Plus qu’une histoire de sport ou de ballon, c’est une histoire d’honneur. Son meilleur ami est Partizan, le jour du match ils ne s’adressent pas la parole. Ils en viennent presque à se haïr. Ils ne se chambrent pas. Ne se taquinent pas. Ils se taisent. Scrupuleusement. Froidement. «La saison dernière quand il y a eu l’énorme fight entre les supporters, on s’est juste envoyé un texto : ‘Ça va ? Oui’. Et c’est tout. Y a eu des morts, des blessés, des mecs en prison et on s’est juste envoyé un texto. Un seul putain de texto. Alors que je le connais depuis que j’ai 5 ans.» Le maillot de son équipe, Moma ne le porte jamais. Pareil pour Uros. «Trop risqué». «Evidemment, 95% des fans sont normaux, mais on ne sait jamais. Les 5% qui restent sont fous. Complètement fous. Ici, tu peux mourir pour un maillot. Alors


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"Il y a ce gosse qui me crache aux pieds en m’insultant. Entouré de crânes rasés et de bombers noirs, il disparaît dans le stade. "

personne ne le porte dans les rues. C’est plus sûr.» Ne pas s’emballer. Respirer. S’éloigner du pathos et se concentrer sur les faits. Revenir à la méthode. C’est dans la méthode qu’on trouve la rigueur. C’est dans la méthode qu’on trouve les réponses. Après les hommes, la ferraille. Le béton. Le ciment. Les stades. «Les enceintes sportives» comme on disait froidement à la base. L’âme des clubs en réalité. Le lieu qui sépare le paradis de l’enfer. La victoire de la défaite. A Belgrade, ils sont distants de 800 mètres. Une rue. Au milieu des tours. Les territoires sont marqués. Les habitants en connaissent les codes, je suis novice. Alors je demande mon chemin. «Le stade ? Quel stade ?» me demande-t-on d’un air suspect. «Partizan.» Bonne réponse. Je les suis. Ils sont deux. La petite vingtaine. Des gueules de vieillards. Sans un mot, ils m’accompagnent, ils habitent en face. Et soudain, il est là. Décoré aux couleurs de sa patrie et aux gloires de son passé. Rouillé. Abimé. Soviétique. Le Stadion JNA. Vide et austère, il reste ouvert sur le monde et ne demande qu’à frémir, qu’à gronder. Demain, c’est le voisin qui reçoit mais l’assaut se prépare depuis la base arrière. Les ateliers bossent

sur les animations. Quelques silhouettes rôdent. Les allées et venues sont peu nombreuses mais significatives. Même éteints, les volcans imposent toujours le respect. Marcher. Se rendre chez l’ennemi à pied. Dix minutes. Cinq, peut-être. Un stade dans le même genre. Plus grand, c’est tout. Le Marakana des Balkans s’habille en rouge et blanc et se repose. Demain, il livrera bataille. Dormir. Se saouler une fois encore pour se sentir vivre et chercher la réponse. Si j’aime encore le foot, ce stade me le dira. «Ce match ne laissera aucun doute» m’a dit Marko. Il fait beau, c’est déjà ça. Remonter le boulevard Oslobodjenje. Regarder les vagues affluer et se casser sur les boucliers anti-émeutes, les casques anti-émeutes, les bottes anti-émeutes et les regards anti-émeutes de l’armée. Le silence. La tension. Les bars et les restos se remplissent tant bien que mal. Depuis une heure déjà, ils ne vendent plus d’alcool, alors on trouve une place assise facilement pour manger une saucisse ou prendre un café. Quelques poignées vigoureuses, des chants rieurs et éraillés et puis le silence. Encore. Les regards froids. Les bouches


pincées. Quelque chose se prépare. La tension monte. Certains sont venus avec leurs enfants. D’autres avec leur copine. La majorité avec leurs muscles et une bouteille de whisky. Tous me dévisagent. Je n’appartiens pas à ce lieu, je n’en ai pas les codes, pas le style, pas le teint. Certains sont amusés. D’autres, haineux. Et puis il y a ce gosse qui me crache aux pieds en m’insultant. Entouré de crânes rasés et de bombers noirs, il disparaît dans le stade. Les vestes tombent. Certaines laissent respirer un polo Crazy North caché sous la gabardine. D’autres un t-shirt ou des baskets rouges. Les joggings se relèvent, les mollets dénudés sont tatoués. Les signes d’appartenance vivent discrètement mais résistent. Ça y est. C’est l’heure de savoir ce que ce stade a dans les tripes. Un policier hilare me remet les places. Premier sourire. Un peu de chaleur. Une piste d’athlé qui court autour de la pelouse. Une fosse aux lions et les tribunes qui se remplissent. Lentement. Sûrement. Le virage nord est réservé aux ultras de l’Etoile Rouge, le sud à ceux du Partizan et les escaliers des latérales aux retardataires. Plein à craquer et trois zones tampons.Totalement vides. Protégées par l’armée. Havres de paix qui séparent les enfers. Le Rouge et blanc au nord. Et les deux du Partizan au sud. Séparés depuis 2011. Gangrenés par des mafias en quête de pouvoir. Animés par une haine viscérale. Incontestablement le point de friction le plus dangereux du stade. Et au milieu coulent des civils. Passionnés. Amoureux. Mélangés. Le match va débuter. Mes vieux réflexes reviennent. Sentir le stade vibrer sous mes pieds, admirer les tifos, contempler la passion. Repérer cet

enfant qui vient pour la première fois et ouvre grand les yeux entre son père et sa soeur. Coincé. A perpétuité. 17h56. Les premiers maillots adverses brûlent dans les virages. Les joueurs de l’Etoile ne sont pas sortis des vestiaires, ils laissent les Noir-et-blanc prendre la foudre. Seuls. Et puis c’est la présentation des guerriers. Le stade tremble. Le match commence. Les pieds laissent la place aux coudes et aux burnes. Les craquages successifs sont magnifiques. A gauche. A droite. Incessants. Les chants aussi. Continus. Puissants. Descendus des travées pour hérisser les poils et révulser les yeux. Sur le terrain, les joueurs sont galvanisés, l’arbitre tétanisé. Il laisse jouer. Guerre de tranchées, bagarre de chiffonniers et éclairs de génie. Le match est ouvert car il se joue pour être gagné. Pas de calcul, pas de match nul, pas de rémission. Les pompiers éteignent les fumigènes. Les soldats sortent en rang, l’ambulance se tient prête. On joue la 11e minute. Et puis, bientôt c’est l’Etoile Rouge qui marque. Un but. Une célébration trop proche de la tribune Sud-Est occupée par les ultras du Partizan et soudain les sièges volent. Un donné pour un rendu. L’explosion de joie est diabolique, la délivrance merveilleuse. Elle libère au fond de mon âme des sentiments qui m’ont longtemps habité. Qui resurgissent. Qui résistent. Des deux côtés, les virages se répondent. S’invectivent. Le football n’est qu’un prétexte. L’important est ailleurs.


"Les chants et les yeux crient leur fierté. Les banderoles parlent d’amour sur fond de porno. " Bientôt, l’Etoile Rouge mène 3-1. Le Partizan ne reviendra pas alors la tribune Sud craque ce qui lui reste à craquer. Par dépit. Par fierté. Jamais ils ne s’arrêtent de chanter. Au nord, rien de nouveau. Les chants et les yeux crient leur fierté. Les banderoles parlent d’amour sur fond de porno. Enfin la tension se libère et laisse place au bonheur. Les couples s’enlacent, les enfants rient. L’orage est passé, il est temps d’apprécier. La cigarette d’après l’amour. Et puis, la fin du match approche. Un dernier sourire. Un dernier regard. Les femmes et les enfants quittent le stade en premier. Pour éviter la foule, sûrement. Pour éviter la guerre, peut-être. Coup de sifflet final. Bras en l’air. Explosion de joie. Les joueurs de l’Etoile ont acheté quelques mois de paix sociale, ceux du Partizan sont inquiets. L’heure de la sentence est arrivée. Tête basse, ils se dirigent vers la tribune sud pour connaître leur sort. La tranquillité ne tient qu’à un pouce. En haut ? En bas ? Passer le cordon de sécurité. Se tenir prêt. Faire amende honorable et accepter la décision du juge. Applaudissements fournis, ils se sont bien battus. Ils ont donné ce qu’ils avaient à donner. Ils ont perdu avec honneur. A l’autre bout du stade, les Rouge et Blanc reçoivent leur

récompense. Ronronnent de plaisir devant leur tribune. Maximus face à César. Et puis voilà, tout est fini. Dans les rues, les sourires se cachent à nouveau. Ne pas annoncer son clan. Ne pas commettre d’impair. Rentrer chez soi et savourer. Descendre le boulevard. Passer devant la Cathédrale Saint Sava, manger un sandwich et bouillir intérieurement. Ai-je trouvé ce que j’étais venu chercher ? L’amour. La passion. La folie. Oui. Tous les ingrédients étaient présents. Si vous me demandiez si tout ça en vaut vraiment la peine, je vous répondrais que oui. Que malgré des à-cotés parfois nauséabonds, ce derby est à vivre. Au moins une fois dans une vie pour comprendre l’inflexibilité d’un clan. Comprendre ce que c’est d’être Partizan. D’être Etoile Rouge. Nulle part ailleurs un match de foot n’a autant d’importance. Seulement voilà, vous n’êtes pas là et je suis seul avec mon addiction. Enfermé dans une sorte de malaise. Alors je me contente de cette sensation étrange que tout a dérapé à un moment. Que le foot est entré dans une sphère qui ne lui appartient pas. Une sphère où certains sujets sont tabous. Dangereux. Je n’aimerais pas être supporter de l’Etoile Rouge. Ni du Partizan.


ELIAQUIM MANGALA

«LA

PREMIER LEAGUE C’EST DE LA BOXE» Par Rafik Youcef, à Manchester - Photo Rafik Youcef & Icon Sport

De lui, on sait finalement peu de chose. Bien qu’il joue dans l’un des clubs les plus riches du monde et soit régulièrement appelé chez les Bleus par Deschamps, Eliaquim Mangala ne déchaîne pas les foules et n’attire pas. Etonnant car celui qui débarque avec deux heures de retard à notre rendez-vous compense ce petit manque de ponctualité par une gentillesse à toute épreuve. Mangala ne cherche ni le buzz ni le feu des projecteurs, mais il n’est pas aussi consensuel que la plupart de ses collègues. Après un entretien qui a un peu débordé (trois heures !) et s’est surtout transformé en conversation de potes, à la cool et sans filtre, le colosse me dépose gentiment à mon hôtel. « Tu reviens quand tu veux pour un match. » Pas besoin de me le dire deux fois.


MONDE / RENCONTRE 79

"

Peut-être que dans trois mois, Pierre Ménès va dire : ‘Je me suis trompé sur Mangala’ " on verra si la hiérarchie a bougé… ou pas. En attendant, je bosse. On pointe souvent l’absence de patron en défense chez les Bleus. Tu te sentirais capable d’assumer ce rôle ? Avoir un rôle de patron en équipe de France, ça demande pas mal de choses. J’ai eu l’opportunité de jouer mais, quand tu compares avec le nombre de sélections de mes partenaires, il y a un fossé : je n’ai que cinq capes. Je pars de plus loin qu’eux. Pour devenir ce patron, il faut que je sois bon sur la durée.

Eliaquim, l’équipe de France cherche encore sa charnière centrale. Or, à chaque fois que tu as été associé à Varane, les Bleus ont gagné. Quel est ton sentiment ? J’ai été aligné à quatre reprises avec Rapha et ça s’est plutôt bien passé. On a évolué ensemble chez les Espoirs et c’est vrai que j’ai pas mal d’automatismes avec lui. Mais ce n’est pas à moi de décider si c’est la charnière qu’il faut installer à l’Euro. Tu es seulement le quatrième choix de Deschamps. Frustrant ? Être remplaçant, c’est toujours frustrant mais je pense que j’ai un coup à jouer. Je ne m’inquiète pas. Si je me montre performant en club, je devrais avoir ma chance. Quand l’Euro arrivera,

déjà passé devant Mamadou Sakho dans la hiérarchie. Dire que je suis passé devant lui, je ne sais pas. Mamad’ n’a pas disputé le début de saison donc c’était difficile de le sélectionner. Au mois de mars dernier, je jouais moins et j’ai connu le même sort. Si tu es remplaçant et sans temps de jeu dans ton club, ça devient compliqué. Surtout en France où le sélectionneur a le choix au poste de défenseur central. On est quand même plusieurs à jouer dans de grands clubs. À d’autres postes, c’est plus facile mais en charnière, la concurrence est rude.

Après ton match contre la Serbie, Pierre Ménès a écrit sur son blog : « Je le trouve souvent mal placé, il défend sur les talons, il a des problèmes de vivacité pour se retourner. » T’es d’accord avec lui ? C’est son point de vue. Mais je ne suis pas d’accord avec lui. Mon positionnement ? OK, il peut être amélioré. Des problèmes de vivacité ? Je ne pense pas. S’il regarde bien mes matchs, il pourra voir que je n’ai pas ce souci. Surtout en ce moment. C’est son jugement, il est là pour faire ses propres critiques. Il y a des gens qui vont aimer, d’autres pas. C’est comme ça. C’est sur le terrain qu’il faut répondre, je n’ai aucun problème avec ce genre de critiques. Les mêmes qui me démontent aujourd’hui me porteront peut-être tout en haut demain. Peut-être que dans trois mois, Pierre Ménès va dire : « Je me suis trompé sur Mangala ».

En parlant des Bleus, il paraît que tu es très patriote. Je suis né en France. J’en suis parti à l’âge de cinq ans mais la France, c’est mon pays. J’ai toujours été supporter des Bleus. C’était naturel pour moi. Quand j’étais petit en Belgique, on m’appelait « Le Français ». Je me suis toujours senti français et j’en suis fier ! Quand les sélections belges de jeunes m’ont contacté, j’ai refusé direct. J’ai dit « Non, je suis français moi. » Alors que la France ne m’appelait pas.

Koscielny, Varane, Sakho, Zouma… Tu te sens meilleur qu’eux ? (Il réfléchit). Je ne me sens pas inférieur à eux en tout cas. Après, ils ont eu la chance d’enchaîner les matchs en Bleu contrairement à moi. Ils ont plus de crédit pour l’instant mais je ne me sens pas inférieur à eux.

Oui, mais les attitudes sont remises en cause... OK, les attitudes, peut-être. Et encore.Tu ne peux pas toujours te fier aux attitudes. Peut-être que certains joueurs renvoient une mauvaise image mais je suis sûr qu’ils vous surprendraient si vous appreniez à les connaître vraiment.

Tu grappilles des points puisque tu es

Eh bien parlons-en : tu évolues en

Selon certains médias, quelques-uns ne seraient pas forcément heureux de venir en équipe de France... Je pense que tous les joueurs présents aux rassemblements sont contents d’être là. Si tu as un malaise, tu ne viens pas. Pour moi, c’est un peu exagéré de la part des médias. Il n’y a pas de débat là-dessus.


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Samir n’a rien contre l’équipe de France, mais il s’est passé des choses qui l’ont touché. Du coup, il ne veut plus venir. Mais je sais qu’il aime l’équipe de France " club avec Samir Nasri. Penses-tu qu’il pourrait encore apporter à cette équipe de France ? Un joueur comme Nasri au top de sa forme, il apporterait à n’importe quelle équipe. Après, son cas est particulier. La question n’a pas lieu de se poser puisqu’il ne veut plus revenir en Bleu. Vous en parlez ensemble ? On en parle de temps en temps. Mais il me parle plus de moi. Juste pour savoir si j’ai été bon ou pas lorsqu’il n’a pas vu le match. On compare aussi nos générations, celle de 87 à celle de 91. C’est tout. Tu ne sens pas chez lui l’envie de revenir ? Non, pas spécialement. Il garde de l’amertume envers Deschamps, c’est ça ? Je ne sais pas. Samir aime le foot, c’est un passionné. Quand il ne joue pas, il ne se sent pas bien. C’est en lui. Il n’a rien contre l’équipe de France mais il s’est passé des choses qui l’ont touché… Du coup, il ne veut plus venir. Après, tu peux avoir des problèmes relationnels et ne pas avoir de souci avec le maillot bleu. Moi, je sais qu’il aime l’équipe de France. Revenons à toi. Quels sont les aspects de ton jeu que tu peux améliorer ? Ma relance. Dans le foot moderne, c’est devenu hyper important. J’évolue avec de très grands joueurs qui ont une grosse qualité de passes donc je joue souvent court avec des passes faciles. Mais lors de matchs plus compliqués, je peux être contraint de sortir des passes longues, plus difficiles et risquées. Et c’est vrai que je peux m’améliorer dans ce registre. Même si à la base, mon job, ça reste de bien défendre.


Ensuite, ma lecture du jeu aussi, mon anticipation. Ça, ça vient à force de jouer, tu commences à sentir les coups. Tes points forts ? Le duel. Mais il faut savoir gérer. Quand j’étais plus jeune, j’étais trop dans le duel en mode « fou-fou ». Le duel c’est bien, mais ça peut amener des fautes. Qui dit faute dit coup franc. Et qui dit coup franc dit occasion de but pour l’adversaire. Surtout ici en Premier League, les petites équipes adorent les phases arrêtées. Elles balancent dans la surface, duel, deuxième ballon et bim, but ! Donc le duel, c’est bien mais à bon escient. Le jeu aérien est aussi mon point fort. À Porto, tu marquais régulièrement. Depuis que tu es à City, tu es muet. C’est vrai et ce n’est pas bon. Normalement, je mets toujours au moins deux buts par saison. Mais cette année, ça va mieux. Contre Chelsea, j’ai une énorme occase et je manque le cadre mais je sens que ce fameux but se rapproche de plus en plus. Tu peux l’écrire : je suis confiant. (Il éclate de rire) Cet été, City a recruté Otamendi à Valence en essayant de t’envoyer là-bas en échange. Comment as-tu vécu cette histoire ?

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City a voulu m’intégrer au deal parce qu’apparemment Valence voulait me récupérer. Mais il fallait mon accord. Et c’était hors de question " On a essayé de me faire comprendre qu’il y avait une possibilité d’aller à Valence, que je pouvais partir si je voulais. (Il s’arrête). Je me suis dit, « tu vas partir par la petite porte après une seule saison ici sans rien gagner ? » Alors j’ai décidé de rester et de me battre. Si j’arrive à m’en sortir, ça voudra dire que je suis entré dans une nouvelle dimension. City était déjà d’accord avec Valence… Oui mais il fallait mon accord, c’est moi le joueur, oui ou non ? Ils ont voulu m’intégrer au deal parce qu’apparemment Valence voulait me récupérer. Mais encore une fois, il fallait mon accord. Et c’était hors de question. Tu as pris ça comme un manque de considération de la part de tes dirigeants ?

C’est ma septième saison pro, j’ai vu et entendu plein d’histoires farfelues dans le foot… Donc, ça ne m’étonne pas, en fait. Mais pour revenir à ta question, oui c’est un peu un manque de respect. Mais dans le foot, tout va très vite. Regarde, maintenant on me dit qu’on ne veut plus que je parte. C’est dire... Il paraît que tu es dur en affaires. Je ne sais pas si je suis dur mais je sais ce que je veux. Dans la vie, il faut savoir où on va. Moi je le sais, c’est tout. En négociation aussi, selon certains proches, tu as la tête dure. C’est la même chose. J’aime que tout soit bien défini, que tout soit fait comme je le veux. Je ne me laisse jamais influencer. On me propose des choses et c’est toujours moi qui tranche ! Là, c’était Valence. Mais si cela avait


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été le Real ? (Il réfléchit) Là, c’est différent. On passe dans une autre catégorie de clubs. Si j’avais signé à Valence, ça aurait été un pas en arrière dans ma carrière. Je n’ai rien contre ce club, qui a une grande histoire en plus. D’autant qu’ici à City, le club n’en a pas vraiment. Mais on est justement en train de l’écrire.Valence a gagné des titres par le passé. Mais à l’heure actuelle, si tu joues à Valence, est-ce que tu peux remporter la Liga ? Non. À City, je peux être champion d’Angleterre. Je pense aussi qu’on a un meilleur effectif que Valence. C’est pour ça que j’ai décidé de rester ici.

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La Ligue des Champions, c’est un jeu d’échecs. La Premier League, c’est de la boxe " Donc, si c’était le Real qui s’était présenté et pas Valence ? Oui, c’est différent. C’est un club d’une autre dimension. Tu ne réponds pas... La question n’a pas lieu d’être car ils ne sont pas venus. S’ils viennent un jour, on verra si j’y vais. Ou pas. (Rires)

Cette saison, Chelsea n’est pas au mieux… (Il me coupe) C’est trop tôt ! … Manchester est en construction, Arsenal fait du Arsenal. Le titre est promis à City, non ? C’est trop tôt, je te dis. On est seulement en début de saison. Avoir fait un écart


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avec certaines équipes, c’est très bien. Mais il reste beaucoup de matchs. En Ligue des Champions, vous avez une poule compliquée. Comment allez-vous faire ? On va disputer les matchs, tout simplement (Rires). Plus sérieusement, on est habitué à avoir des poules difficiles maintenant. Si on joue à notre niveau, je ne me fais pas de souci. On peut sortir de cette poule. Cela fait trois saisons que City ne dépasse pas les huitièmes de finale… Les équipes anglaises ont de plus en plus de mal en Coupe d’Europe. Il y a

Le meilleur défenseur du monde, c’est Sergio Ramos. Thiago Silva est en dessous " une telle débauche d’énergie le weekend en championnat… Quand tu arrives en Ligue des Champions, tu as un peu moins de lucidité. À force d’enchaîner les matchs à haute intensité, il y a plus de fatigue. Sans manquer de respect à la ligue 1, regarde le PSG : ils sont déjà quasiment champions… Tu ne peux pas dire que rien n’est joué en Premier League et affirmer dans le même temps que le PSG est déjà champion en Ligue 1. Bah c’est vrai. Où vont-ils perdre des points ? Qui va les titiller ? Regarde les effectifs des autres équipes. L’an passé, les gens disaient que Paris avait de la concurrence. Résultat : ils ont fait le quadruplé. Nous en Premier League, tous les week-ends, c’est des traquenards. Chaque année, les droits TV augmentent et les clubs se renforcent en masse. On laisse beaucoup de forces en championnat. En C1, tu ne joues pas de la même façon, les matchs sont plus tactiques. Les équipes s’observent, la moindre erreur se paie cash. C’est plus un jeu d’échecs. La Premier League, c’est de la boxe, on se rend coup pour coup. Peut-être aussi que les clubs anglais préfèrent remporter la Premier League plutôt que la Ligue des Champions ? Si le club peut remporter les deux, il ne va pas se gêner. L’an dernier, on tombe sur Barcelone et tu peux dire ce que tu veux, le Barça était injouable. Ils ont pris Paris, ils les ont effacés. Le Bayern Munich, pareil. En finale, la Juve a bien défendu mais ça n’a pas suffi. Ils étaient trop forts. Nous, on doit se rapprocher du niveau de Barcelone, du Bayern et du Real. Encore une fois, tes dirigeants ont dépensé des sommes indécentes... Encore une fois, comme pour Anthony

Martial, personne ne vaut cet argent. Comment tu peux dire « untel vaut 30 millions, lui en vaut 60 ». C’est énorme. Moi, on m’a acheté 50 millions, tu imagines ? C’est vraiment un truc de fou. Cet été, on a vu des 60, 70, 80 millions. Et l’année prochaine, ça va encore augmenter, surtout ici en Angleterre, avec les énormes droits TV qui arrivent… C’est abusé. Mais les clubs étrangers en profitent aussi. Si De Bruyne avait signé en Espagne, Wolfsburg aurait demandé moins d’argent. Mais quand tu vois un club anglais arriver, tu demandes plus parce que tu sais qu’il peut s’aligner. Un an après, tu es toujours le défenseur le plus cher de l’histoire... (Il sourit). C’est vrai. Je suis toujours le défenseur le plus cher de l’histoire. Mais bon, il paraît que tous les records sont faits pour être battus. C’est une fierté, ça ? Je ne sais pas si on peut considérer ça comme une fierté. Avoir l’étiquette de défenseur le plus cher du monde, OK, mais la vraie question c’est : est-ce que je suis le meilleur défenseur du monde ? Ça, c’est une autre histoire.Toi, quelle étiquette tu préfères ? Moi, c’est celle de meilleur défenseur du monde. Mais pour ça, j’ai encore du chemin à faire. Et selon toi, qui mérite le titre en ce moment ? Sergio Ramos. Parce qu’il a beaucoup de qualités mais aussi pour son palmarès. Il a remporté de nombreux titres. Beaucoup parlent de Thiago Silva, mais lui n’a pas gagné de titre important. Champion d’Italie, champion de France, OK. Et sinon ? Alors bravo pour ce qu’il fait, il a tout mon respect, il a une grosse force mentale avec ce jeu qui vient d’Italie, très tactique, toujours dans l’anticipation. Mais si je le compare à Ramos, il est en dessous.


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Si vous étiez à ma place, vous ne seriez pas heureux de bien gagner votre vie ? Alors faites pareil que moi... "

Quel est l’attaquant qui t’a fait le plus mal ? Luis Suarez. Un poison, le gars. Après, il y a Kun Agüero aussi mais lui, c’est à l’entraînement. Pendant un moment, tu as appartenu à un fonds d’investissement. Qu’est-ce que cela changeait pour toi ? Concrètement, rien. Certains disent que la TPO peut poser des problèmes pour les transferts mais au final, je suis quand même arrivé à City. Cela n’a pas changé ma façon de jouer, ça n’a pas affecté mon transfert donc, pas de problème. Et le fait de devenir une « marchandise », moralement parlant… Mais quand tu appartiens à ton club, tu es déjà une marchandise.Ton club te vend, il te négocie avec un autre club. C’est le business, ça fait partie du foot. Et l’argent qui circule dans le foot, c’est quoi ton avis sur la question ? Certains disent que les footballeurs gagnent trop. Mais attends, je bosse pour une entreprise qui gagne beaucoup d’argent, pourquoi je ne pourrais pas moi aussi en profiter ? Ce n’est pas de ma faute s’il y a des moyens énormes. Ce n’est pas ma faute si le milieu génère un max d’argent. J’ai envie de leur dire : « Si vous étiez à ma place, vous ne seriez pas heureux de bien gagner votre vie ? » Alors faites pareil que moi. Et vous vous rendrez compte que ce n’est pas si facile d’arriver là où j’en suis aujourd’hui. Parfois, cela dépasse le cadre du « normal »... Quand on t’achète 50 ou 80 millions pour jouer au ballon, c’est ouf, je ne dis pas le contraire. C’est normal que les gens ne comprennent pas ce décalage, j’en ai parfaitement conscience. Mais c’est le


MONDE / RENCONTRE 85 milieu qui veut ça. Il y a les droits TV, les sponsors, les pubs... Mais au final, qui est en première ligne ? Nous, les joueurs.

puisse bénéficier de quelque chose. C’est normal. Une maman, ça va au-delà de l’argent. Une maman, c’est tout.

Alors, vous n’êtes que des « victimes » du système ? Victimes, non. Et puis il ne faut pas cracher dans la soupe. Quand tu vois ton salaire, t’es bien content quand même. Mais il faut savoir que les gens vont te regarder différemment, qu’ils vont te critiquer par rapport à ça. Tu veux une vie normale ? Passe tes diplômes, fais des études et trouve-toi un boulot, tu vas être tranquille. Personne ne va te prendre la tête, tu n’auras pas les médias sur le dos et tu pourras te balader tranquille.Tu veux être footballeur ? Alors tu sais à quoi t’attendre.

Si tu n’avais pas été footballeur, tu aurais fait quoi ? Kiné, préparateur physique, prof’ de sport ou infirmier. Un truc comme ça. J’aimais tout ce qui touchait à la science. Ma mère était infirmière, c’est peutêtre pour ça. J’adorais l’anatomie et la biologie.

Tu en fais profiter ta famille ? C’est ça aussi le côté positif ! Je lisais dans Onze Mondial justement, l’interview de Mac Tyer, où il disait en gros : « Des joueurs sortent de la cité, percent et deviennent de nouveaux riches ». C’est beau ! Tu vois ce que je veux dire ? Tu sais, c’est difficile quand tu es jeune et que tu n’as rien. Que tu as du mal à remplir le frigo. Et d’un coup, tu vois quelqu’un de ta famille qui réussit et sort tout le monde de la merde. C’est une belle histoire. Après, il ne faut pas tomber dans les problèmes de jalousie… En parlant de famille, il paraît que sur chacun de tes transferts, tu as réclamé qu’une partie des commissions d’agent soit reversée à ta mère… C’est vrai. Ma maman a tout fait pour moi depuis que je suis petit. Elle m’a éduqué, elle m’a emmené à gauche, à droite. Je pense donc qu’elle mérite une certaine reconnaissance. C’est pour ça que je m’arrange toujours pour que ma famille

Tu t’affiches souvent sur les réseaux sociaux « en mode guerrier ». Ben oui, c’est un peu mon jeu. Si tu demandes à quelqu’un : « Mangala, c’est quel style de joueur ? », il ne va pas te répondre : « C’est un artiste ». Non, Mangala, c’est l’agressivité, il rentre dedans, il ne lâche rien. Alors attention, il ne faut pas me faire passer pour un bourrin non plus. Je suis agressif, OK mais dans le bon sens du terme. Sur un ballon aérien, on est deux. C’est toi ou c’est moi. Eh bien je décide que ça va être moi ! Je ne vais pas te mettre un coup gratuit ou une balayette pour te dire « je suis là ». Je vais juste essayer de m’imposer proprement. Pourtant, on te range souvent dans la catégorie des joueurs «brutaux». Pas d’accord. Tu peux demander aux attaquants qui m’ont affronté. Je ne provoque pas. Contre Chelsea, Diego Costa n’a pas arrêté de me chercher. Je ne l’ai pas calculé. Je reste calme, je fais mon travail et c’est tout. Je mets le pied et je me replace.Tu ne me verras jamais entrer en conflit avec un attaquant, je ne suis pas dans l’embrouille. Après oui, le duel, c’est moi qui le gagne. C’est quoi l’objectif ultime de ta carrière ? Remporter des titres majeurs et être

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reconnu par les gens du milieu. C’est sympa d’être reconnu par le public mais pour moi, le plus important, ce sont les gens du milieu. Parce que eux savent ce qu’il faut accomplir pour en arriver là. Aujourd’hui, par exemple, on dit : « Thuram, Maldini et Desailly, c’était de sacrés défenseurs ! » C’est comme ça que je veux qu’on parle de moi. J’ai du travail pour en arriver là mais à mon âge, Thiago Silva arrivait tout juste à Milan. Visuellement, tu parais plus affûté que la saison dernière. Être costaud, c’est bien. Dans le duel, c’est sûr, tu vas être dur sur l’homme. Mais tu perds en mobilité et en vitesse. La saison dernière, j’étais à 90kg et je pense que c’est pour ça que j’ai eu pas mal de pépins physiques. Cette année, je suis descendu à 85kg et je me sens mieux, plus mobile. Si je te donne un sac à dos de cinq kilos et que je te demande de courir avec, tu vas le sentir. Tu juges comment la Premier League par rapport aux autres championnats européens ? La Premier League, c’est un championnat spécial, très intense. Ça demande beaucoup d’énergie. Même contre le dernier, si tu mènes 1-0 et qu’il reste 20 minutes à jouer, tu sais que ça être la guerre et que tu vas souffrir. Tu ne peux pas gérer. Dans d’autres championnats, il y a des matchs plus faciles où tu peux faire tourner, avant la Ligue des Champions par exemple. Ici, impossible.Tous ceux qui regardent les matchs anglais disent la même chose : « Ça va à 2000 à l’heure ! » Et c’est comme ça pendant toute la saison, sans trêve hivernale à cause du Boxing Day. C’est un truc de malade. Tu pourrais le quitter, ce championnat ?

Franchement, quand tu as goûté à la Premier League, c’est difficile d’aller voir ailleurs "


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Moi, j’étais à fond derrière le PSG. À l’époque, il y avait Anelka, Arteta, Ronaldinho... Même quand Paris était dans le dur, je les supportais à bloc " Franchement, quand tu as goûté à la Premier League, c’est difficile d’aller voir ailleurs. Tu es de la région parisienne. Un mot sur le PSG ? Quand tu es de Paris, forcément tu es pour le PSG. Enfin, en principe, ce n’est pas vrai pour tout le monde. Par exemple, mon petit cousin est de Paris

et il supporte Marseille. Bref, moi j’étais à fond derrière le PSG. À l’époque, il y avait Anelka, Arteta, Ronaldinho... Même quand Paris était dans le dur, je les supportais à bloc. Que penses-tu du PSG actuel ? C’est un PSG complétement différent. Le club a bien évolué et trouvé une certaine stabilité. Les nouveaux dirigeants font

de bonnes choses et visent la Ligue des Champions. Un peu comme nous à City. Bizarrement, les investisseurs sont arrivés à Paris plus tard qu’à City mais le PSG y réussit mieux. Pourquoi selon toi ? Oui, c’est vrai, ils ont été trois fois de suite en quart de finale, mais n’ont pas eu les mêmes adversaires que nous. Nous, à chaque fois, on s’est tapé le Barça en huitième. Au niveau des stats, Paris a fait mieux que City mais je ne pense pas qu’il y ait une grosse différence de niveau entre les deux. Quand les Qataris sont arrivés, ils ont dit : « On va recruter parisien ». Tu n’as pas espéré qu’ils viennent te chercher ? Non, même pas. Par rapport à ma carrière, j’ai toujours fait les bons choix pour le moment. C’est bien pour Paris de vouloir prendre des Parisiens mais ça va devenir difficile d’en trouver qui soient assez bons pour intégrer l’équipe. Quand tu vois leur effectif, même acheter français, c’est compliqué. Aujourd’hui, quel joueur français pourrait être titulaire à Paris ? Benzema, mais il ne quittera pas le Real. Pogba, pourquoi pas. Mais est-ce que lui veut aller au PSG ? Mais là, tu esquives ma question. Est-ce que toi, tu aurais envie de signer à Paris ? Peut-être, un jour. Pour le moment, je suis très bien à City. Dans quatre ou cinq ans, on verra. Mais pas pour le moment. Ton avis sur la Ligue 1 ? C’est un championnat très difficile où les équipes sont très homogènes. J’ai des potes qui font des paris, ils me disent : « La Ligue 1, c’est trop dur. On ne peut jamais prévoir à l’avance qui va gagner ». Exemple, Bordeaux reçoit Guingamp. Tu regardes le classement, tu vois que c’est à domicile, tu te dis, c’est bon, ils vont gagner. Et à la fin tu regardes le score et tu vois 1-2. Après, il y a le PSG qui est hors catégorie. Mais le reste, c’est très homogène. En gros, te voir un jour en Ligue 1, ça s’annonce compliqué… Tout peut arriver dans le foot. Mais aujourd’hui, si un club de Ligue 1 veut


MONDE / RENCONTRE 87 m’acheter, c’est chaud. Ton plus beau souvenir d’OM-PSG ? Je n’en ai pas comme ça en tête.Tu m’en demandes beaucoup là. Et ça se dit supporter du PSG… Non, mais j’en ai vu tellement... Par exemple, le dernier Classico : évidemment Paris a gagné, mais je ne connais plus le score. Après, l’écart entre Paris et Marseille aujourd’hui, c’est un gouffre. Mais ça reste PSG-OM. Ça a quand même perdu de son intérêt… Je vais parler des joueurs marseillais en tant que supporter du PSG. Leur problème, c’est l’instabilité. Là, ils ont surtout besoin de temps. Lorsqu’ils vont trouver une cohésion, ils vont pouvoir faire mal. Comme avec Lass’ Diarra qui est revenu à son meilleur niveau. Il y aussi Diaby, il faut voir comment il va revenir. Michy quand il va arriver à maturité, ce sera pas mal. Et puis Mandanda qui tient la baraque derrière. Non, ils ont un bon groupe, un bon projet. Je te dis ça comme ça hein, en tant que Parisien. Le départ de Bielsa, il n’y a qu’à Marseille qu’on peut voir ça. Oui. Le mec est revenu après tout le monde, ensuite il écrit une lettre et après le match, il démissionne. Pourquoi ? On ne sait toujours pas. C’est dur à comprendre mais on ne sait pas ce qui s’est passé dans les coulisses. Pour Bielsa, on se demande s’il n’a pas seulement voulu faire du buzz. En tant que Français, je trouve ça regrettable. Avoir Paris et Marseille au top niveau, c’est bon pour la France et pour la Ligue 1.C’est dommage, ça aurait été bien qu’un autre club embête le PSG. Doyen Sports arrive à l’OM. Il paraît qu’ils vont recruter. (Rires) Ah ouais ? Tu m’apprends quelque chose. Je ne fais plus partie de ce fonds d’investissement… donc ça ne me regarde pas. On ne sait jamais… Ça va être difficile. Mais ils peuvent peut-être ramener Samir au Vélodrome...

+ D’INTERVIEW DE MANGALA SUR ONZEMONDIAL.COM

ELIAQUIM ET SON SHOPPER Fan de mode, Eliaquim Mangala fait appel à un « Personal Shopper », Ange. « Il me propose pas mal de produits selon mon style. Sinon, il poste des photos sur son instagram des nouveautés et moi je l’appelle pour qu’il m’envoie le produit. Il s’occupe de tout ensuite. » Parmi ses clients, Brahimi, Batshuayi, Lucho, Benteke et bien d’autres. Ce Liégeois de 25 ans présente ce métier encore méconnu en Europe. Qu’est ce qu’un « Personal Shopper » ? C’est un conseiller vestimentaire. On peut aussi dire « fashion consultant ». Je tiens au courant les footballeurs, mais pas que, des dernières nouveautés de la mode adaptées à leur style. Je les aide à s’habiller, notamment pour les grands évènements. Je suis à la pointe de la mode, donc je peux facilement répondre à leurs attentes. Et puis, je travaille essentiellement avec les grandes marques de luxe. Les joueurs aiment ça.

font le job. Il suffit qu’un joueur like ta photo et c’est parti ! Exemple, si Ronaldo voit le like de son partenaire, il tombe sur ton compte instagram et tes coordonnées et il te contacte. Pour te dire, j’ai été en contact avec Neymar via Munir El Haddadi qui est un de mes clients. Neymar a entendu parler de moi. On est ensuite entré en contact. On doit se rencontrer bientôt. Je ne vais plus vers les joueurs. Désormais, j’ai ma « renommée ». Les joueurs savent que je fais bien le boulot.

Comment avez-vous eu cette idée ? J’étais à Los Angeles en vacances et j’ai croisé une personne qui habillait des joueurs de NBA. Cette rencontre a été un déclic. En rentrant, j’en ai parlé avec Christian Benteke qui est un ami intime et il m’a tout de suite fait confiance. Il a posté une première photo sur Instagram puis il en a parlé à ses proches. Le reste s’est fait naturellement.

Tu as déjà eu des demandes un peu décalées ? Oui plein ! Je ne pourrais pas t’en sortir une comme ça. Souvent, les joueurs me missionnent pour acheter des cadeaux pour leurs femmes. Du coup, je me retrouve dans des magasins pour femmes, j’essaie des sacs à main, je me prends en photos pour elles, tout ça. Les gens me regardent bizarrement. Ils ne comprennent pas.

Pourquoi les footballeurs essentiellement ? Je savais que c’était une clientèle facile et puis grâce à Christian tout était plus simple. Je savais qu’ils avaient les moyens mais pas forcément le temps. Moi je l’ai.

Un joueur qui aurait besoin de tes conseils ? Eden Hazard est réputé pour ne pas avoir beaucoup de style. Ça va encore, parce qu’il me contacte via son frère. Mais on pourrait faire un travail plus poussé.

Comment tu arrives à toucher des nouveaux clients ? Bouche-à-oreille. Les réseaux sociaux

@Mack_Trends



WELCOME

TO PALESTINE Par Sébastien Louis - Photo Giovanni Ambrosio/Black Spring Graphics Studio

VU D’OCCIDENT, ON NE SAIT PAS GRAND-CHOSE DE LA PALESTINE. UNE COMMUNAUTÉ EN GUERRE CONTRE ISRAËL DEPUIS DES DÉCENNIES, PAS DE TERRITOIRE RECONNU PAR LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE, DES MORTS PAR MILLIERS PARMI LES CIVILS… MAIS LA PALESTINE N’EST PAS QUE CETTE LISTE DE CLICHÉS. D’AILLEURS, ON Y JOUE AUSSI AU FOOT. VOYAGE EN TERRE SACRÉE.


B

ien que l’anglais ne soit pas maîtrisé par tous en Cisjordanie, c’est toujours par l’expression « Welcome to Palestine », que je suis accueilli. Si la communication est parfois ardue à cause de la barrière linguistique, le football reste le langage universel par excellence et ce séjour en témoigne. Avant de partir, les inquiétudes étaient nombreuses : le Proche-Orient est une poudrière et les lignes de fractures sont considérables. Culturelle, politique et religieuse évidemment, mais aussi… footballistique. Car la majorité des Palestiniens vibre aux exploits du Real Madrid ou à ceux du Barca. Ici, la Liga est le championnat le plus suivi et nombre d’enfants, de taxis ou d’échoppes arborent les couleurs des deux monuments du football espagnol. Il arrive même que des altercations éclatent les soirs de clasico devant les écrans géants. Cependant, à Al-Khalil (Hébron en arabe) je découvre que la fièvre pour le football local décolle. Le gouvernorat d’Hébron dispose de solides atouts avec plusieurs équipes parmi l’élite du football palestinien. La majorité des Khalele (les habitants d’Hébron) que je ren-

contre soutiennent les Shabab Al-Khalil, la « Juventus » locale (Shabab signifie « jeunesse » en arabe et les couleurs du club sont le blanc et le noir). Fondé en 1943, il attire à chaque rencontre une dizaine de milliers de spectateurs et dispose même depuis 2011 d’un groupe d’ultras qui anime les tribunes. Seul l’équipe d’Al-Thahriyeh, le champion en titre de Cisjordanie, peut rivaliser en terme de popularité. Les supporters d’Al-Ahli Khalil sont moins nombreux (à peine 3000 spectateurs à domicile), mais les récents succès du club sont en train de bouleverser cet équilibre. Assurément, pour Al-Ahli, l’année 2015 peut être qualifiée d’historique. Bien que cet épithète soit trop fréquemment utilisé dans le monde du football, les quatre trophées remportés en sept mois et les deux matchs que le club a disputés contre le club gazaoui d’Al Ittihad Shejaia au mois d’août justifient ce qualificatif. Al Ahli, au palmarès encore vierge en janvier 2015, a réussi ce pari fou grâce à un attelage insolite pour le championnat local et de plus en plus rare dans le football moderne : un président passionné, un entraîneur italien plus intéressé par le défi sportif que par des consi-


Le président de la Palestinian Football Association a passé 18 ans dans les geôles israéliennes dérations financières et une équipe composée de joueurs en partie professionnels et diplômés. Dans cette ville au contexte politico-sécuritaire absurde, le défi était de taille. Le football palestinien est l’une des victimes collatérales du conflit israélo-palestinien. Il n’existe pas de compétition commune entre la Cisjordanie et la Bande de Gaza car les résidents de ces deux zones, qui constituent le territoire d’un Etat Palestinien encore virtuel, sont séparés physiquement d’une quarantaine de kilomètres. Entre ces deux régions se trouve Israël et passer de l’une à l’autre nécessite un permis spécial de l’Etat Hébreu, sésame extrêmement difficile à obtenir. Ainsi, depuis quinze ans, aucun club de Cisjordanie n’avait affronté une équipe de la bande de Gaza. Pour que l’équipe d’Al Ahli dispute une rencontre à Gaza le 6 août 2015 et puisse recevoir ses homologues à Hébron onze jours plus tard, il a fallu une mobilisation sans précédent. Ces deux matchs ont couronné la stratégie sportive de deux hommes

qui incarnent chacun à leur manière le foot palestinien. Le premier d’entre eux est un ancien général, qui a passé dix-huit ans dans les geôles israéliennes et préside désormais la P.F.A. (Palestinian Football Association) et le Comité Olympique Palestinien. Désigné en mai 2008 à la tête de la fédération, Jibril Rajoub, l’ancien chef de la Sécurité a su imposer au football autochtone une croissance à marche forcée. Créée en 1928, dans une Palestine sous mandat britannique, la fédération locale ne sera affiliée à la FIFA que 70 ans plus tard, une attente qu’explique la situation politique complexe. À l’époque de la nomination de Jibril Rajoub, il n’y a ni stade ni compétition dignes de ce nom. Il faut dire que l’organisation d’un véritable championnat est tributaire de la souveraineté de l’Autorité Palestinienne sur des territoires qu’elle contrôle à peine. Pour l’étranger de passage, l’occupation se matérialise au quotidien par des check-points, sans oublier la difficulté de voyager en raison


92 MONDE / PALESTINE du contrôle des frontières et de l’espace aérien, obligeant le visiteur à transiter par l’aéroport de Tel-Aviv ou via Amman, en Jordanie voisine. Pour contourner ces contraintes, l’homme fort du football palestinien est partisan d’une politique volontariste. Plusieurs enceintes émergent à partir de 2008. Le stade Al-Husseini est le plus important, édifié à Al Ram, entre Jérusalem-Est (la capitale sur le papier du futur Etat palestinien) et Ramallah (siège de l’Autorité Palestinienne), avec une capacité de 12 500 places. Depuis le 26 octobre 2008 et une rencontre inaugurale contre la Jordanie, la sélection nationale y dispute désormais ses matchs à domicile. En outre, un véritable championnat professionnel est organisé depuis la saison 2010-2011, même s’il se divise encore entre une compétition dans la bande de Gaza et une autre en Cisjordanie à cause des restrictions de déplacements. Enfin sur le plan sportif, l’équipe nationale se signale en remportant

le premier titre international de son histoire, l’A.F.C. Cup, le 30 mai 2014, face aux Philippines. Une victoire qui a permis à la sélection palestinienne de se qualifier directement pour la Coupe d’Asie, qui s’est disputée en janvier 2015. Le classement FIFA est éloquent : en 2008, lors de la prise de fonction de Jibril Rajoub, l’équipe nationale pointait à la 178e place. Elle est désormais 119e en 2015. Loin des projecteurs, un autre homme contribue aussi à ce projet d’excellence. Kifah Al-Sharif me retrace son parcours dans les rues de la vieille ville d’Hébron dont il est originaire. Âgé de 54 ans, l’homme d’affaires s’interrompt poliment dans son récit pour se consacrer à la prière. Ce croyant pratiquant n’hésite pas à s’écarter du sacré pour se consacrer au profane en tant que véritable passionné de football. Dès l’âge de treize ans il rejoint les rangs de l’équipe d’Al Ahli (les « locaux » en arabe). Le club vient de voir le jour en cette année 1974, son père en est l’un des fondateurs et, à l’image de ses glorieux homonymes en Egypte, en Jordanie et en Arabie Saoudite, son maillot est rouge. Kifah Al-Sharif défend le maillot d’Al Ahli jusqu’en 1987, lorsque débute la première « Intifada » (la révolte des Palestiniens contre l’armée israélienne). Les territoires occupés sont paralysés, et les différentes activités, culturelles comme sportives, s’interrompent. Après cinq ans sans football, le club d’Al Ahli retrouve les terrains, tout comme Kifah AlSharif qui officie désormais comme arbitre de 1992 à 2000. La deuxième Intifada qui explose en septembre 2000 est le second coup d’arrêt dans la jeune histoire du club. À partir de 2005, le sport reprend ses droits et l’élection de Jibril Rajoud à la tête de la Fédération signe l’acte de renaissance d’un football encore amateur.

Un championnat dans la bande de gaza, un autre en Cisjordanie : le football palestinien ne possède pas de championnat unifié

Le vent du changement est plus long à venir à Hébron, car la ville est réputée comme la plus conservatrice de Cisjordanie. Cela s’explique notamment par le lourd héritage dont elle dispose avec le Caveau des Patriarches. Lieu sacré pour les chrétiens, les juifs et les musulmans, il abrite


MONDE / PALESTINE 93 le tombeau familial d’Abraham, père des trois grandes religions monothéistes. En 1967, au terme de la guerre des six jours, des colons juifs s’installent à Hébron dans le sillage de l’armée israélienne victorieuse, qui occupe la bande de Gaza, Jérusalem-Est et la Cisjordanie. Ces secteurs, qui constituent le futur Etat palestinien restent occupés depuis lors et les colonies se multiplient. C’est le cas à Hébron où plusieurs implantations se créent au cœur même de la vieille ville. Le lieu semble surréel. Loin du bruit et de la foule de la partie moderne, le centre historique s’étale sous mon regard dans une cuvette. Deux adolescents m’accompagnent et me servent de guide dans ce dédale de ruelles. Je découvre les check-points, les tourniquets, les portiques de sécurité et la fermeture de certaines rues. Les soldats israéliens quadrillent une zone de quelques kilomètres carrés à peine et leur présence se renforce à l’approche du lieu sacré. Ces mesures draconiennes ont été prises après la mort de 29 palestiniens au Caveau des Patriarches, le 25 février 1994. Depuis lors, la quasi-totalité des commerces a été obligée de baisser son rideau et une partie de sa popu-

lation arabe a déserté les lieux, alors que des colons affichent sur les étages supérieurs des appartements qu’ils occupent le drapeau israélien et que des grillages protègent les passants en contrebas. La situation s’améliore timidement mais le climat reste extrêmement oppressant. Lorsque je reviens vers la partie moderne de la ville, la vie reprend son cours. La rentrée scolaire a eu lieu il y a quelques jours et les parents s’affairent en quête de fournitures. Cette cité de commerçants est la capitale économique de la région. La vitalité de son centre-ville en atteste, tout comme les différents magasins de sports appartenant à Kifa Al-Sharif, qui ont fait sa fortune. Il est l’un des nombreux soutiens économiques du club de son cœur jusqu’en 2013, où, à la demande du conseil d’administration d’Al Ahli, il est désigné président. L’équipe pointe alors à la dixième place et risque la relégation (douze équipes constituent la première division locale). Peu à peu, il restructure le club et les joueurs deviennent professionnels, « un passage naturel dans la progression du club », comme il le souligne. Ce statut existe depuis 2012 au sein du championnat. Les meilleurs émargent à 5000$ par mois,

Le vent du changement est plus long à venir à Hébron


STEFANO CUSIN ENTRAINEUR D’AL AHLI

DEPUIS JANVIER 2015

Comment faire progresser le football palestinien ? Pour faire évoluer le football local il faut instaurer une culture du travail, de l’organisation et de la méthodologie. Mais les plus grosses carences sont liées aux structures. On s’entraîne sur le même terrain que quatre autres équipes. Au niveau d’Al-Ahli, il manque du personnel, un secrétaire, aujourd’hui c’est le président qui s’occupe de tout. Et la Fédération doit s’organiser, il y a des problèmes de calendrier, des changements de dernière minute dans les dates des matchs… Avec la mentalité actuelle, ils auront du mal à vraiment progresser. La situation politique en Palestine affecte-t-elle votre travail au quotidien? Sincèrement, pas du tout, mon travail est de me concentrer sur le football et la politique doit rester en dehors du football. Lorsque tu es sur le terrain, tu ne penses pas à autre chose. Je suis l’actualité naturellement, mais cela ne me conditionne pas, j’essaye de me créer une petite vie tranquille, de faire en sorte que mes joueurs soient dans les meilleures conditions et s’expriment à 100%.

« SUITE À NOS VICTOIRES, LES DIRIGEANTS M’ONT PROPOSÉ UN CONTRAT DE DIX ANS » Vous avez rencontré le président de l’Autorité Palestinienne, Mahmoud Abbas et le dirigeant du Hamas et de Gaza, Ismail Haniyeh. Que vous reste-t-il de ces deux moments? Oui, Haniyeh nous a invités à manger. Il nous a parlé uniquement de football, de tactique, de technique. Il était curieux de savoir comment nous avions fait pour rendre Al Ahli aussi compétitif. Mahmoud Abbas nous a fait ses compliments car pour une fois, les médias parlaient de la Palestine en termes positifs. Il nous a parlé du sport, du football, de la jeunesse. Tout deux nous ont félicités pour avoir écrit une page différente de l’histoire de la Palestine. Pensez-vous poursuivre votre carrière ici ? Suite à nos victoires, les dirigeants m’ont proposé un contrat de dix ans. Le président l’a dit a beIN Sport. Mais je vois la Palestine comme une étape et non comme une finalité. Pour le moment, tout le monde est content. Mais Hébron est une ville difficile. Je n’ai d’ailleurs pas emmené ma famille avec moi. Le président a insisté, les joueurs également et ils m’ont finalement convaincu de rester.

mais la majorité dispose souvent d’un second emploi. Pour la saison qui vient de débuter, sur les vingt-cinq joueurs de l’effectif, vingt-trois sont salariés, mais il n’y a que quinze professionnels à part entière. C’est à l’entrainement que je les rencontre. Sur la route principale qui scinde la ville en deux, s’élève l’autre monument incontournable d’Hébron : le stade Hussein Bin Ali que se partagent les deux clubs de la ville. D’une capacité de 12 500 places, il a la particularité architecturale, comme la plupart des stades palestiniens, de ne disposer que de deux tribunes en L : une latérale et une autre derrière le but. Pourtant, cette enceinte dotée d’une pelouse synthétique est ce qui se fait de mieux dans la région avec le stade « international » de Dura. Il y a cinq ans, Al Ahli évoluait sur un terrain en stabilisé. Ce complexe ne suffit pas aux différentes équipes locales qui se partagent la pelouse à tour de rôle. Alors que des adolescents terminent leurs exercices techniques, les vingt-cinq joueurs d’Al Ahli, dont dix-sept sont ou ont été internationaux, attendent patiemment. Leur comportement tout comme leurs profils dénotent : cinq d’entre eux sont encore sur les bancs de l’université, alors que cinq autres travaillent, l’un comme avocat, un autre comme maçon. Fadi Dweik en est le meilleur représentant. Cet ingénieur en Sciences de l’Environnement de 31 ans, qui évolue depuis douze saisons à Al-Ahli, analyse l’état du football palestinien : « Je ne pense pas que nous puissions revenir en arrière, le président de la Fédération a bâti des fondations très fortes, le niveau augmente et plusieurs joueurs évoluent à l’étranger ». Selon lui, « le sport et la politique doivent être séparés », avant d’ajouter immédiatement « mais lorsqu’on voit les restrictions dans nos mouvements et dans nos droits, alors la politique affecte le sport ». Six joueurs d’Al Ahli sont des arabes israéliens, qui possèdent la citoyenneté israélienne. Ils disposent d’une liberté de déplacement sans comparaison avec le reste de l’équipe. C’est le cas d’Osama Shaaban qui a débuté au Maccabi Haïfa, avant de rejoindre le championnat palestinien. Enfin, il y a Roberto Kettlun Pesce, un joueur italo-chilien d’origine palestinienne de 34 ans. Il a évolué


MONDE / PALESTINE 95 à l’Universidad Catolica, au Palestino de Santiago avant de partir en Grèce, en Italie et à Jérusalem au club d’Hilal Al Quds en 2011. Depuis un mois il a rejoint Al Ahly tout en travaillant dans la finance. Bien que Roberto possède trois passeports, il a opté pour la sélection de la nation de son grand-père, la Palestine, dont il a porté le maillot à plus de cinquante reprises. Cet effectif étonnant n’explique pas les récentes performances du club. C’est le président Al-Sharif qui analyse les étapes vers le succès : « On construit le club comme une famille. Les dix-sept membres qui composent le conseil d’administration sont chaque jour ensemble. De plus nous avons choisi chaque joueur et l’entraîneur ». Car Stefano Cusin, l’unique technicien étranger du championnat, est l’autre personnage-clé (lire par ailleurs). Ce véritable globe-trotter, né au Canada de parents italiens, avant-centre en France, en Guadeloupe et en Suisse, de Toulon à Annemasse en passant par le Servette de Genève délaisse les terrains pour le banc en 1991 avant de rejoindre le staff technique de l’U.S. Arezzo en 1997. Après avoir entraîné au Cameroun, en République Démocratique du Congo puis en Bulgarie, il prend la direction en 2009 de l’Al Ittihad de Tripoli en Lybie, puis rejoint son ami Walter Zenga comme entraîneur adjoint dans la péninsule arabique, où les deux hommes dirigent des clubs en Arabie Saoudite et aux Emirats Arabes Unis durant quatre ans. En juin 2014, les deux Italiens cherchent un nouveau défi.

Ils refusent différentes propositions notamment celle de la Serbie, de Parme et de Cagliari. Stefano Cusin décide de faire cavalier seul et contacte plusieurs agents en janvier 2015. L’un d’entre eux lui propose : « Tu entraînerais en Palestine ? » Après avoir discuté avec le président Al Sharif, ils se mettent d’accord pour un contrat d’une durée de trois mois. Accompagné de son préparateur physique, Stefano débute le 14 janvier 2015 et va très vite conquérir les locaux. L’équipe qu’il récupère manque d’équilibre, de constance. Elle va pourtant remporter successivement la Coupe Yasser Arafat (la coupe de la Ligue) et la Coupe de Cisjordanie. Alors que son engagement prend fin, Stefano décide de prolonger l’aventure d’une année. Pour préparer au mieux la nouvelle saison, le technicien organise un camp d’été dans son pays en juillet 2014. Juste avant leur départ pour l’Italie, Stefano apprend qu’ils disputeront à leur retour en Palestine un match de Supercoupe contre le club qui a réalisé le doublé à Gaza, l’Al Ittihad Shejaia. Ce match s’avère d’ores et déjà historique car c’est la première Supercoupe réunissant des clubs de Cisjordanie et de la bande de Gaza. On raconte que l’habile stratège Jibril Rajoub a négocié cela avec les plus hautes instances internationales, en échange de son vote à Sepp Blatter lors du 65e congrès de la FIFA, le 29 mai dernier. Quoi qu’il en soit, à peine rentré de son stage en Italie, l’équipe part le lendemain pour Gaza. Le 4 août, un bus les emmène à Eretz, un immense check-point, seul point de passage entre Israël et l’étroit territoire.

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Nous nous moquons du résultat, il n’y a pas de perdants entre des frères, le plus important était de jouer et d’être ensemble " Un supporter d’Al-Ahli


KIFAH AL-SHARIF PRÉSIDENT DU CLUB D’AL AHLI

« AVANT, J’APPRÉCIAIS LE PARIS SAINT-GERMAIN, MAIS JE N’AIME PAS LE NOUVEAU CLUB, IL N’EST PLUS FRANÇAIS» Il existe deux championnats en Palestine : un en Cisjordanie, l’autre à Gaza… Oui. Mais on a enfin joué à Gaza en août dernier. La première équipe à aller à Gaza depuis quinze ans ! Et ensuite Shujaiya est venu jouer le match retour de cette Supercoupe à Hébron. C’était fantastique et un rêve pour nous de pouvoir jouer tous ensemble, car nous sommes un seul et même pays. On aimerait avoir un championnat unique de Palestine. Moi je travaille dans le commerce et je peux aller en Israël pour mes affaires, mais ma famille ne peut pas m’accompagner. Elle peut venir avec moi en France ou en Italie, mais pas en Israël. Hébron est une ville de football, avec deux clubs importants. Quelles sont vos relations avec les Shabab ? Avant d’être président d’Al-Ahli, j’aidais les Shabab, mais désormais c’est différent. Le derby c’est comme partout, Milan-Inter en Italie ou Al-Ahli-Zamalek en Egypte. Si vous assistez au derby d’Hébron, vous allez l’aimer. Nous avons du retard par rapport aux Shabab, c’est un grand club, mais depuis deux ans cela change. Nous avons gagné le dernier derby 4-0 pour la première fois de notre histoire. Quel est le budget du club pour la nouvelle saison et d’où provient-il ? Il est d’un million de dollars. Nous sommes la seule équipe avec un sponsor important, « Bank of Palestine », qui s’est engagé avec nous pour cinq ans (55 000 $ cette saison). La Fédération verse près de 200 000$ aux douze équipes de l’élite, l’Autorité Palestinienne 75 000$. Je me charge de compléter le budget avec le conseil d’administration. Quel club est votre modèle ? Le Real Madrid. C’est un modèle d’excellence. Avant, j’appréciais le Paris Saint-Germain, mais je n’aime pas le nouveau club, il n’est plus français. Si quelqu’un en Palestine m’offre 500 000$, je lui vends le club, mais pas à un étranger. Un club de foot est un patrimoine local, je ne comprends pas qu’un français ne se soit pas manifesté pour acheter le PSG. Je ne veux pas de ce modèle. Le sport, ce n’est pas uniquement l’argent.

La première impression est terrifiante : « Tout est détruit dans le quartier de Shejaia, des immeubles aux jeux d’enfants ». A l’inverse, leur hôtel est d’un luxe digne de Dubaï et le front de mer très vivant. Gianluca Sorini, le préparateur physique m’explique : « J’ai été marqué par les yeux des Gazaouis, le contraste entre tristesse et espoir et aussi le fait qu’ils profitent de la vie comme si chaque jour était le premier. Gaza a un potentiel extraordinaire, sans restriction ce serait un endroit incroyable ». Le 6 août, c’est au stade de Yarmouk, en partie détruit par les bombardements de l’été 2014, que 7000 supporters du club phare de Gaza se pressent dans la seule et unique tribune, dont le toit menace de s’effondrer. Les journalistes sont nombreux et, malgré la chaleur moite, la ferveur des partisans de Shejaia est à son comble. Malgré ce soutien populaire, les verts de Shejaia concèdent le nul (0-0) face aux rouges d’Al Ahli. Le match retour est initialement prévu trois jours plus tard, mais l’Etat israélien refuse dans un premier temps le transit sur son territoire à quatre joueurs gazaouis. L’équipe refuse en bloc de quitter la bande de Gaza et obtient gain de cause, ce qui oblige les autorités sportives à décaler le match au 14 août. Ce jour-là, le stade Al Hussein d’Hébron affiche complet, certains profitent de l’immeuble en face de la tribune latérale ou du toit du camion des pompiers qui surplombe le mur d’enceinte pour assister à la rencontre. Les fans de Shejaia n’ont pas pu se rendre à Hébron, mais leurs homologues des Shebab Al-Khalil, notamment les « Ultras Khalele » se chargent d’encourager l’Al Ittihad Shejaia face à leur rival local, avec leurs habituelles bannières blanches et noires qui se mêlent allègrement aux drapeaux jaunes du Fatah surmonté des couleurs palestiniennes. Ils sont bien plus nombreux que les supporters d’Al Ahli, qui se font tout de même entendre et remarquer, entre leurs oriflammes rouges et leurs fumigènes made in Palestine. L’ambiance est encore meilleure qu’a Gaza et les 12 000 spectateurs assistent à la victoire d’Al Ahli 2-1. Au coup de sifflet final, ce sont les habituelles scènes de liesse, alors qu’un feu d’artifice illumine la nuit d’Hébron et que les joueurs lèvent la première Supercoupe de Palestine. Mais l’important est ailleurs, comme le remarque ce supporter d’Al Ahli à l’issue de la rencontre : « Nous nous moquons du résultat, il n’y a pas de perdant entre des frères, le plus important était de jouer et d’être ensemble ». Un mois après ces deux matchs, dont la portée dépasse le simple cadre sportif, Al-Ahli s’est imposé une quatrième fois en finale en 2015. C’est sur mon portable que je reçois un message de Stefano Cusin, le 11 septembre, avec les photos de la Supercoupe de Cisjordanie que ses joueurs ont remportée 3 à 2 contre les Shabab Al-Thahriyeh. Al-Ahli a battu le champion en titre de Cisjordanie 3-2 et lève au ciel un quatrième trophée en huit mois. Je repense au président Al Sharif. Dans le but de consolider ses acquis et de pérenniser le club, pour que ce projet puisse se poursuivre sans lui, il a acheté un siège flambant neuf pour Al-Ahli et sa prochaine étape sera d’intégrer une femme au conseil d’administration. Ses derniers mots, avant que je ne quitte Hébron, sont révélateurs : « La paix est ce qu’il y a de plus important pour moi et j’espère que les gens vont voir la Palestine à travers le football plutôt qu’à travers ses autres aspects ».


SÉLECTION

OBJECTIF RUSSIE

H

uit septembre 2015, stade Fayçal al-Husseini d’al-Ram, à quelques kilomètres de Jérusalem. Pour la première fois, la Palestine s’apprête à accueillir sur son sol une rencontre de qualification pour la Coupe du Monde 2018. Une première dans les territoires occupés. Les 14 000 spectateurs présents en tribunes n’auront pas la joie de voir leur équipe remporter ce premier match « à la maison » (0-0), mais le symbole est fort et ouvre la voie à d’autres rencontres programmées en Cisjordanie occupée. Une éclaircie nuancée par la réticence de certains adversaires à venir jouer sur le territoire palestinien. Selon des sources locales

citées anonymement par l’AFP, les nations arabes rechigneraient à se rendre en Cisjordanie en raison des nombreux checkpoints tenus par l’armée de Tsahal. Se soumettre à ces contrôles serait considéré comme une forme de « normalisation » de leurs relations avec l’Etat Israélien. Avec une victoire, un nul et une défaite, la Palestine (119e au dernier classement FIFA) pointe actuellement à la 3e place de son groupe, où figurent également les Emirats, l’Arabie saoudite, la Malaisie et le Timor oriental. Mais le niveau entrevu lors des premières rencontres (défaite 2-3 en Arabie Saoudite et victoire 6-0 en Malaisie) laisse penser que les « Lions de Canaan » pourraient se battre pour la première place de ce groupe. E.B


ODE À LA SIMULATION Par Ianis Periac - Photo Icon Sport

Parce que l’histoire du foot se nourrit de beaux gestes et de fair-play mais aussi de coups bas et de trahisons, il est temps de réhabiliter cette catégorie de joueurs injustement vilipendée par l’opinion et les médias : le simulateur.

A

lors voilà, d’aucuns diront que la simulation - la vilaine - est l’acte des faibles. Qu’elle n’est que tricherie infâme et déliquescence de l’âme. Pire, ils diront que les simulateurs bafouent l’esprit du jeu et détruisent l’essence du foot. D’aucuns sont des cons. Des bienpensants qui ne connaîtront jamais la jouissance coupable qu’apporte une simulation exécutée dans les règles de l’art.

RAVANELLI

Malheureusement, d’aucuns travaillent dans les médias. Ils ont un rôle important et une tribune pour s’exprimer. Alors, ils ne s’en privent pas. A la moindre occasion, ils glissent leur tronche de dispensés de sport au fond de leur costume C&A et vomissent sur les simulateurs. Machinalement. Comme des automates de la morale ou des handicapés de la

Jamais ils ne sauront que le simulateur est un esthète. Une sorte de Robin des Bois des temps modernes capable de sacrifier sa réputation et de brouiller son image pour le bien de son équipe. Pour que plus jamais ses coéquipiers n’entendent cette voix qui leur murmure

Alors, par un saut de l’ange en pleine surface, un plongeon empli de grâce sans même avoir été touché ou encore une roulade au sol suite à une pichenette sur le visage, le simulateur influe sur le destin de son équipe et l’histoire de son sport. Par son audace et son talent – car il en faut pour duper son monde - il obtient ce que les autres n’obtiendront jamais.

LE PÈRE FONDATEUR N’importe qui vous le dira, dans le monde de la simulation en France, il y a un avant et un après Fabrizio Ravanelli. Bien sûr, il y a ce 8 novembre 1997 au Parc qui a inspiré des générations entières de simulateurs mais le Renard Argenté est un artiste plus complet que ça. Capable d’exiger un remplacement pour une simulation non récompensée ou d’enrouler son bras dans le maillot du défenseur pour simuler un accrochage, Ravanelli ne reculait devant rien. Vingt ans plus tard, il reste une


VALBUENA

LES DIFFÉRENTES SIMULATIONS

LE MAÎTRE Evidemment, certains d’entre vous argueront que Petit Vélo avait tout pour réussir dans ce domaine. Un corps de puceron anémié, une coupe au gel à l’italienne et cette expression de victime dans le regard qui apitoierait le plus blasé des hommes en noir. Ils diront même que Valbuena était fait pour ça et qu’il n’a pas plus de mérite que Lex Steel, Superman ou Federer. Réussir quand on a un don relève de l’évidence. Ils se trompent car Petit Vélo ne s’est pas contenté Des années de travail et, au

PENALTY La classique. Celle qu’on apprend dès l’école primaire car la plus simple. Elle permet un gain immédiat et ne coûte pas

VALBUENA, CAVANI, GILARDINO, SUAREZ, FEKIR, CR7, HAMOUMA…

CARTON ROUGE Plus technique, elle demande au préalable de s’accrocher avec un adversaire. Pour un taux de réussite optimal, portez votre choix dans l’équipe adverse sur le méchant de service, ou le plus jeune (donc le plus naïf). Une fois au sol, roulez sur vous-même en tenant votre visage dans vos mains tout en guettant la réaction de l’arbitre à travers vos doigts. VALBUENA, BUSQUETS, DROGBA, BILIC, ET LA PLUPART DES ÉQUIPES QUI JOUENT EN BLEU (l’Italie, Chelsea...)

DAVID LUIZ L’ANTÉCHRIST 1m90, 85 kilos, David Luiz est un colosse. Le genre de poète qu’on préfère avoir de son côté par lâcheté et qu’on respecte par obligation. Seulement voilà, David est aussi un original. Un type qui aime être là où on ne l’attend pas. Alors il s’est fait expert ès simulation. Capable de s’écrouler à tout moment pour protéger une sortie de but ou de se rouler par terre pour faire expulser un adversaire, le sosie de Tahiti Bob est vicieux mais joueur. Du

CHRONO Probablement la plus vicelarde de toutes. Consiste à simuler la fatigue, des crampes, une rupture d’anévrisme ou un AVC sitôt la 85e minute dépassée. A atteint son paroxysme quand Matias Alonso, pris de crampes, est tombé de sa civière pour glaner quelques secondes de plus. VALBUENA, THIAGO MOTTA, ALONSO…

DÉFENSIVE La moins connue mais pas la moins efficace. Celle qui empêche tout attaquant de disputer un ballon se dirigeant vers la sortie de but. Celle qui pousse les défenseurs cendos. Jamais sanctionnée par l’arbitre. La reine des simulaDAVID LUIZ, RAMOS, PEPE, CHIELLINI ET LA PLUPART DES CENTRAUX ITALIENS


VINTAGE


© Icon Sport

102 ARCHIVE / EURO ANTHOLOGIE 126 HA11 OF FAME / BATHENAY 128 CLASSIC TEAM / LES BARONS DE MÖNCHENGLADBACH


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ANTHOLOGIE L’Euro 2016 chez nous, c’est dans quelques mois. Autant dire demain. On vous propose un voyage dans le passé de cette compétition inventée – comme la Coupe du Coupe du Monde et la C1 – par un Français. Née de la volonté initiale d’Henri Delaunay (dont le trophée tout en argent fin porte le nom), qui avait dès 1927 émis l’idée de créer une compétition réservée aux pays européens, la première « Coupe d’Europe des Nations » est disputée en 1960. Moins connue du grand public que l’histoire de la Coupe du Monde, celle du championnat d’Europe regorge pourtant d’anecdotes surprenantes, notamment lors des premières éditions, lorsque les considérations géopolitiques perturbaient régulièrement le bon déroulement du tournoi. D’un niveau global plus dense que la Coupe du Monde, l’Euro est le troisième événement sportif mondial le plus suivi au monde. Retour sur un demi-siècle de confrontations européennes.



La première ĂŠdition de la ÂŤÂ Coupe d’Europe des Nations Âť, dont les qualifications avaient commencĂŠ dès 1958 sans l’Allemagne, l’Angleterre ou encore l’Italie - qui n’avaient pas jugĂŠ bon de s’inscrire -, est remportĂŠe par la Russie face Ă la Yougoslavie (2-1 a.p) au Parc des Princes. Moins brillants mais plus motivĂŠs que les Yougoslaves, les porteurs du mythique maillot CCCP vont offrir Ă la Matouchka Rossia (Mère Russie) le premier et seul trophĂŠe de son histoire.

t -F USPQIĂ?F )FOSJ %FMBVOBZ B Ă?UĂ? JNBHJOĂ? FU DPOĂŽV QBS M FOUSFQSJTF GSBOĂŽBJTF "SUIVT #FSUSBOE -B GBNJMMF "SUIVT #FSUSBOE EPOU le photographe ĂŠcolo Yann fait partie) fabrique depuis 1803 les LĂŠgions d’honneur ou les ĂŠpĂŠes d’AcadĂŠmiciens. Plus surprenant, elle est Ă l’origine de la mode des Pin’s dans les annĂŠes 80. t -F WBJORVFVS SVTTF B CĂ?OĂ?mDJĂ? E VOF WJDUPJSF TVS UBQJT WFSU FO RVBSU EF mOBMF -B SBJTPOø - &TQBHOF GSBORVJTUF o QBT GSBODIFment l’amie des communistes - avait refusĂŠ de laisser entrer l’Êquipe d’URSS sur son territoire. t -B 'SBODF FTU FOUSĂ?F EBOT M IJTUPJSF EF MB DPNQĂ?UJUJPO EĂ’T DFUUF QSFNJĂ’SF Ă?EJUJPO 0SHBOJTBUSJDF EF M Ă?QSFVWF FMMF FTU CBUUVF FO demi-finale par la Yougoslavie sur le score de 5-4, le plus prolifique de l’histoire de l’Euro.


Auteur de nombreuses parades tout au long des qualifications, le futur Ballon d’Or (1963, seul gardien lauréat à ce jour) va écoeurer à lui seul les Yougoslaves en finale.


Cette fois, les Anglais et les Italiens sont de la partie. Mais à l’issue des éliminatoires, les quatre qualifiés pour la phase finale sont l’Espagne (qui sera désigné pays hôte), la Hongrie, le Danemark et le tenant du titre russe. En finale, la Roja domine l’URSS (2-1) à Bernabeu et s’adjuge son premier trophée international.

Alors que Franco avait refusé d’affronter l’URSS sur son sol quatre ans plus tôt, cette fois, avec la possibilité de remporter un trophée prestigieux (et utile à sa propagande), El Caudillo retourne sa veste et assiste même au match.

On ne parle pas là du cannibale repenti du Barça, mais de son homologue espagnol. Joueur fin et très technique, passé par l’Inter et le Barça lui aussi, il est considéré comme l’un meilleurs joueurs ibériques de l’histoire. Ballon d’Or 1960.



Pour la première fois, les qualifications se déroulent sous forme de poules, jusqu’à la phase finale disputée en Italie. Comme en 1964, le pays hôte s’impose dans ce qui s’appelle désormais « Championnat d’Europe des Nations », lavant ainsi l’affront de sa Coupe du Monde 1966 désastreuse (défaite traumatique face à la Corée du Nord).

Au terme d’un match nul (0-0) en demi-finale face à l’URSS, l’Italie obtient son ticket pour la finale… au tirage au sort. Ubuesque aujourd’hui, cette pratique était courante à l’époque, les tirs au but ne seront inventés que deux ans plus tard, pour la Coupe du Monde 1970. En finale, dominée et menée par la Yougoslavie, la Squadra égalise à 10 minutes de la fin et remporte le « replay » 2-0 au Stadio Olimpico.


Un seul but encaissé en trois matchs de phase finale. Zoff la légende, qui est toujours aujourd’hui le joueur le plus âgé à avoir gagné la Coupe du Monde, a été déterminant dans l’obtention du titre.


Peuplée de stars dans toutes les lignes, l’Allemagne va dominer de la tête et des épaules cette 4e édition, battant les Anglais à Wembley en quart (3-1) puis l’hôte du tournoi final belge en demie (2-1) avant de terrasser l’URSS en finale (3-0). Un succès net et sans bavure, dans le plus pur style allemand.

Non contente d’avoir remporté l’Euro, l’Allemagne va également réussir un triplé inédit avec le Ballon d’Or 1972 : Beckenbauer, Müller et Netzer (dans cet ordre).


Insatiable buteur d’une formation constellée de grands joueurs, « Der Bomber » va asseoir sa réputation et justifier une fois de plus son surnom. Deux buts en demi-finale, deux autres en finale : ne cherchez plus l’homme du tournoi. Ballon d’Or 1970.


Bien avant le Danemark en 1992 ou la Grèce en 2004, la Tchécoslovaquie est la première équipe « surprise » à remporter l’Euro. Après avoir sorti le vice-champion du monde néerlandais en demie (3-1 a.p), les coéquipiers de Panenka vont conquérir le trophée aux tirs au but face aux Allemands. Grâce à un geste qui fera beaucoup pour la popularité de la compétition.

t $ FTU MB QSemière fois que la finale d’une grande compétition se joue aux tirs au but. Pour l’anecdote dans l’anecdote, c’est la première et dernière séance de tirs au but que perdront les Allemands dans leur histoire… tø&YUSÐNFNFOU SJDIF FO CVUT CVUT NBUDI MB QIBTF mOBMF EF DFU &VSP SFTUFSB BVTTJ EBOT MFT BOOBMFT DBS MFT RVBUSF rencontres (les deux demi-finales, la finale et le match pour la troisième place) sont toutes allées en prolongations.


Faut-il encore présenter Panenka ? Le moustachu, inventeur du geste qui porte son nom, est régulièrement remis en lumière de nos jours à chaque fois qu’un joueur tente de reproduire sa création. « Si j’avais pu le breveter, je l’aurais fait » avait-il déclaré un jour.


Premier Euro à huit nations en phase finale, cette édition organisée en Italie est marquée par les premières exactions de hooligans anglais, des matchs très moyens et des stades souvent vides.Troisième finale consécutive et deuxième titre pour l’Allemagne, qui bat en finale l’étonnante Belgique de Gerets.

C’est la première fois que le pays organisateur est désigné en amont de la phase finale et se retrouve qualifié d’office. Une mesure toujours en vigueur aujourd’hui, tant en Championnat d’Europe qu’en Coupe du Monde.


Deuxième au Ballon d’Or 1980, celui qui fera les beaux jours du Barça, du Real puis de l’Atlético jouera sa seule compétition avec l’Allemagne lors de cet Euro 1980. En conflit avec Breitner, Bernd le caractériel mettra un terme à sa carrière internationale à 25 ans.


Entre deux déceptions mondiales, les Bleus d’Hidalgo vont donner à la France son premier titre international, à domicile, avec un Platoche en feu (9 buts) et une attaque au diapason (15 buts). Impériaux du début à la fin, les Bleus remportent leurs cinq matchs et terminent en beauté en battant l’Espagne en finale au Parc.

Riche en buts et en rebondissements, l’Euro 1984 est considéré aujourd’hui encore comme l’édition la plus spectaculaire de l’histoire.


Cet Euro 1984 éblouissant restera comme le chef-d’œuvre de la carrière de Platini sous le maillot bleu. Au sommet de son art, le meneur de la Juve établit un record de buts qui, comme celui de Fontaine en Coupe du Monde, n’est pas près d’être battu.


Après deux finales de Coupe du Monde perdues par la génération Cruyff, les Pays-Bas touchent enfin au Graal en remportant cet Euro avec ses trois têtes de gondoles qui seront réunies au Milan AC dans la foulée : Rijkaard, Gullit et Van Basten.

Avant de s’affronter en finale, l’URSS et les Pays-Bas s’étaient déjà affrontés en phase de poule. Et ce sont les coéquipiers de Dassaev qui s’étaient imposés (1-0).


Meilleur buteur de la compétition (5 buts) et auteur d’une réalisation diabolique en finale (reprise de volée en lucarne dans un angle impossible),Van Basten, 23 ans à l’époque, survole cet Euro.


C’est l’une des plus grandes surprises de l’histoire de la compétition : repêché à la place d’une Yougoslavie en pleine guerre civile, le Danemark va s’imposer sur les terres de son voisin suédois, déjouant tous les pronostics.

Gardien de Manchester United depuis l’été précédent, Schmeichel va exploser aux yeux de l’Europe lors de l’Euro 2012. Infranchissable en phase de poule, il va sortir le tir au but de Van Basten en demi-finale face aux Pays-Bas avant de multiplier les parades devant les Allemands en finale. Élu meilleur gardien du monde en 1992 et 1993.

Initialement éliminée en qualifications, la sélection danoise n’a été prévenue de l’éviction de la Yougoslavie que deux semaines avant le début du tournoi. Venus en « touristes », avec leur compagne et l’autorisation de boire de la bière pendant la compétition, les « Danish Dynamite » vont faire main basse sur le trophée.


Sortie première de sa poule, l’Allemagne va se débarrasser en quart de la Croatie, avant d’avoir recours aux tirs au but pour sortir l’Angleterre en demie et au but en or remporter la finale devant les Tchèques.

Déterminant dans la conquête du troisième titre allemand, avec notamment un but décisif en quart de finale devant l’Angleterre, le joueur de Dortmund deviendra cette même année 1996 l’un des trois seuls défenseurs, avec Beckenbauer en 1972 et 1976 et Cannavaro en 2006, à obtenir le Ballon d’Or.

t $F USPJTJÒNF TBDSF BMMFNBOE EBOT MB DPNQÏtition équilibre la balance pour la Mannschäft, qui a disputé (et perdu) trois autres finales (1976, 1992 et 2008). t 1MVT EF EFVY BOT BQSÒT MF USBVNBUJTNF EV Parc des Princes, les Bleus vont venger la bande à Houllier en battant la Bulgarie en phase de poule, 3-1, éliminant ainsi les coéquipiers de Stoichkov, demi-finalistes de la dernière Coupe du Monde. Ginola approuve.


Champions du Monde en titre, les Bleus vont imiter leurs aînés de 1984 en remportant un tournoi dont ils étaient favoris. Brillants dans le jeu, Zidane et consorts ont pourtant eu recours au but en or en demie face au Portugal et en finale devant l’Italie.

Héros de la finale de 1998, Zidane est, comme Platini en 1984, au sommet de son foot en 2000. Le numéro 10 des Bleus éclabousse le tournoi de sa classe et, tout en humilité, laisse la vedette à Trezeguet en finale. C’est bieng.

Déjà présent dans l’équipe type du tournoi en 1992 et 1996, Laurent Blanc ajoute au sacre de 2000 une troisième présence consécutive dans le onze de la compétition. Du jamais vu.


Douze ans après le triomphe surprise du Danemark, la Grèce ultra-défensive de Rehhagel va mettre à l’amende toutes les grosses écuries du Vieux Continent. Sans star mais avec une volonté énorme et un collectif discipliné, les Grecs vont gagner sur le même score en quart, en demie et en finale : 1-0.

Battu en finale de son Euro par la Grèce, le Portugal aurait dû se méfier puisque les deux équipes, dans la même poule, s’étaient déjà affrontées en match d’ouverture, avec déjà une victoire 2-1 des Héllènes.

Quasi inconnu au bataillon avant la compétition, le milieu défensif de l’AEK Athènes va se faire un nom lors de l’Euro 2004 en se montrant intraitable au poste de sentinelle. Il est aujourd’hui député européen.


Enfin ! Après 44 ans d’attente, l’Espagne renoue avec la victoire dans un tournoi majeur. Complète dans toutes ses lignes et emmenée par des individualités fortes, la Roja va remporter cet Euro 2008 qui marque le début de son règne…

XAVI

Cerveau et maître à jouer de la Roja et du Barça, Xavi personnifie l’avènement des joueurs de petit gabarit dotés d’une intelligence de jeu et d’une qualité technique au-dessus de la moyenne.

Battu avec les Bleus par les Pays-Bas lors du dernier match de poule, Lilian Thuram joue à cette occasion son 16e match lors d’un Euro. Un record qu’il partage avec le gardien néerlandais van der Sar.


Vainqueur sans panache quatre ans plus tôt, l’Espagne va, cette fois, y mettre la manière et dominer sans trembler, en pulvérisant l’Italie (4-0) en finale. Un doublé inédit pour la bande à Xavi, magnifié par la victoire en Coupe du Monde deux ans plus tôt.

C’est la première fois de l’histoire de la compétition que le tenant du titre parvient à conserver le trophée en gagnant deux fois consécutivement. Avant eux, la Russie, lauréate en 1960 mais battue en finale par l’Espagne en 1964 et l’Allemagne, championne en 1972 mais battue en finale par la Tchécoslovaquie avaient échoué dans la défense de leur titre.

Excellent tout au long du tournoi, le milieu de poche du Barça illumine chaque action de sa classe. Sens hors norme de la passe, maître du déplacement et du décalage entre les lignes, fin dribbleur, l’homme à la tête de comptable est à l’apogée de son talent en 2012.


126 FRANCE / FOCUS

BATHENAY

«JE

ME RECONNAIS EN MATUIDI» Par Emmanuel Bocquet - Photo Icon Sport

Alors que l’AS Saint-Etienne fêtera en mai prochain le 40e anniversaire de l’épopée des Verts de 1976, on a discuté avec Dominique Bathenay, figure tutélaire de la bande à Herbin. De Saint-Etienne évidemment, mais aussi du PSG dont il a été le capitaine et du Qatar, pays qu’il connaît plutôt bien. Entretien à l’ancienne.

Dominique, 40 ans après, que vous reste-t-il de cette période de gloire de l’ASSE ? Des terrains ? Pas mal de choses, mais ce qui me vient ce sont les souvenirs de matchs à rebondissements, les déplacements un peu partout en Europe, le fait d’avoir fait partie du Gotha européen pendant quelques saisons. Vous arrive-t-il encore de penser à cette fameuse finale perdue de Glasgow ? Non, pas du tout. Même à l’époque, on l’avait évacuée assez rapidement. Les déceptions font partie de la vie d’un footballeur. Quand on parle de vous, l’image qui revient souvent c’est cette frappe mythique à Anfield qui trompe le

meilleur gardien de l’époque, Ray Clemence. Ce but est-il particulier pour vous aussi ? C’est un but spécial, c’est vrai. Déjà parce qu’à l’époque, peu de matchs étaient diffusés à la télé. Ce but est donc resté dans la mémoire collective de ceux qui l’ont vu à l’époque. Ensuite, la Coupe d’Europe magnifie un peu tout ce qui s’y passe. Vous n’en avez pas marre qu’on vous reparle sans cesse de Glasgow, de Liverpool ? Non. C’est vrai que les gens m’en parlent souvent, mais vous savez, on a tous un petit ego. C’est toujours flatteur d’être reconnu et surtout, ça me fait plaisir quand des gens me disent que je fais partie de leurs souvenirs d’enfance ou d’adolescence.

Vous êtes étiqueté « Vert » alors que, finalement, vous avez joué plus longtemps à Paris qu’à SaintEtienne... C’est vrai, mais j’ai gagné plus de titres avec Sainté (ndlr: 3 championnats, 3 Coupes de France) qu’avec Paris (ndlr: 2 Coupes de France). Et puis, dans les années 70, Saint-Etienne a vraiment marqué les esprits. La France entière était verte. Alors que ma carrière à Paris, il n’y a que les Parisiens qui m’en reparlent. En 1978, vous quittez donc SaintEtienne pour Paris. Mais vous aviez d’autres possibilités à l’époque. Oui, j’avais été contacté par Monaco et Strasbourg en France, et par Barcelone à l’étranger. Mais Paris, c’est Paris. Le club était jeune, tout était à construire et le


VINTAGE / HA11 OF FAME 127

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J’aurais pu partir à Barcelone " demi-heure, la séance de tirs au but, le baiser du président Borelli à la pelouse du Parc… C’était la finale de Coupe de France la plus longue de l’histoire ! Vous allez au Parc aujourd’hui ? Est-ce que le club vous invite à voir des matchs ? Le club ne m’invite pas, mais ça m’arrive d’y aller, oui. Vous le regrettez, ce manque de reconnaissance ? A l’étranger, il y a plus de respect pour ceux qui ont œuvré à la grandeur d’un club. Non, ça ne me choque pas. Si je m’en occupais, j’aurais sans doute des billets, Blanc m’a déjà dit de l’appeler… Mais ce n’est pas grave. Vous pensez que Zlatan sait qui vous êtes ? Euh, j’en doute. Je crois que c’est bien, quand on arrive dans un club, de connaître un minimum son passé. Mais aujourd’hui, les joueurs restent rarement très longtemps dans le même club.Tout va très vite.

challenge était passionnant. Barcelone, c’était quand même tentant, non ? Oui, ça aurait pu se faire… Mais je me suis blessé et c’est tombé à l’eau.

Thiago Motta ne savait pas que Paris avait remporté la C2 en 1996… Mais la France n’est pas le centre du monde, surtout pour les joueurs étrangers. Il aurait peut-être pu se renseigner mais franchement, ça ne me choque pas.

Vous êtes le premier joueur de l’histoire du PSG à soulever un trophée (Coupe de France 1982). Une fierté ? Oui, c’était une fierté. En plus, la finale était assez baroque. On jouait SaintEtienne, c’était le premier match du PSG retransmis en direct à la télé, le dernier de Platini avec les Verts (ndlr: un doublé pour le futur Turinois), il y a eu l’envahissement du terrain qui a interrompu le match pendant une

Pourquoi avez-vous si peu (20) de sélections en équipe de France ? (Il hésite)… Disons que… Après l’Argentine en 1978, il y a eu des soucis. Des divergences avec Hidalgo et deux

"

La Coupe du Monde 1982, mon plus gros regret "

ou trois joueurs. Je suis sélectionné à nouveau juste avant la Coupe du Monde 1982, mais j’avais été blessé peu avant et… C’est dommage, parce que là, en 1982, c’est vrai que j’aurais pu y être. J’étais meilleur qu’à Saint-Etienne, je pouvais jouer en charnière centrale ou au milieu. Bref, j’aurais pu apporter quelque chose. C’est le plus gros regret de votre carrière ? Oui, sans doute. Mais c’est comme ça. On ne refait pas l’histoire. Y a-t-il un joueur actuel dans lequel vous vous reconnaissez un peu ? Dans votre style de milieu défensif box to box. Je me reconnais un peu en Matuidi. Il a fait évoluer son jeu de façon assez exceptionnelle. Comme moi, à la base c’est un joueur défensif mais qui aime se projeter vers l’avant… Vous avez entraîné au Qatar en 2010. Vous pouviez imaginer qu’une Coupe du Monde aurait lieu là-bas douze ans plus tard ? J’avais croisé Platini lors d’une de ses visites dans les Emirats et il m’avait dit : « Pourquoi un pays du Golfe ne pourrait pas organiser une Coupe du Monde ? » Mais il pensait plutôt à un conglomérat incluant les Emirats, le Qatar, Bahrein etc. La polémique sur l’attribution de la CDM 2022 au Qatar, un tout petit pays sans culture foot, vous en pensez quoi ? Ecoutez, on est allé en Afrique du Sud en 2010 et ce n’est pas non plus un grand pays de football. Le Qatar a les moyens financiers. Après, le coup du « oh mais il fait chaud là-bas en été », tout le monde le savait déjà. Le foot, ce n’est pas que l’Europe et l’Amérique du Sud. Aujourd’hui il se développe partout sur le Globe. Selon vous, QSI va-t-il se retirer du PSG après 2022 ? Je ne pense pas. Cela fait des années qu’ils investissent dans le sport et avec le PSG, le Qatar a fait une super affaire en achetant la marque « Paris ». Ils communiquent par le sport et n’ont aucun intérêt à quitter un club qui est une vitrine exceptionnelle pour eux.


128 VINTAGE / CLASSIC TEAM

LES BARONS DE MÖNCHENGLADBACH Par Laurent Lepsch - Photo Icon Sport

Si dans l’inconscient collectif le Borussia Mönchengladbach n’a jamais eu le prestige du Bayern ou de Liverpool, le club allemand fut néanmoins l’un des cadors du football allemand et européen des années 70. Retour sur le phénomène « M’Gladbach ».

M

«

önchengladbach, c’est le Vésuve, Hiroshima et tous les cataclysmes de la création réunis en football. Quand cette équipe-là tourne à plein régime, on est tenté d’accrocher ses chaussures au clou et d’aller planter ses choux. » Voilà ce que proclamait en substance l’édito de l’ouvrage L’année du football, en 1976. Personne ne démentira. Dans les années 70, le Borussia VfL Mönchengladbach, c’est 5 Bundesliga (1970, 71, 75, 76 et 1977) et une Coupe d’Allemagne en 1973. Mais aussi, deux Coupes de l’UEFA, en 1975 et 1979, deux finales européennes perdues en 1973 (C3) et 1977 (C1), à chaque fois face à l’ogre Liverpool, et une dernière trois ans plus tard (C3) contre l’Eintracht Francfort. Cet impressionnant pedigree, die Fohlen (Les Poulains, en allemand) le durent d’abord en bonne partie à la volonté farouche d’un coach hors-norme : Hennes Weisweiler. Un entraîneur à poigne et un apôtre du football total. Sur le terrain, les joueurs de M’Gladbach cherchaient en permanence à se porter très vite (d’où le surnom de Poulains) vers l’avant, en pratiquant un football léché, créatif et hyper technique.

75, année pléthorique Pour mettre en place cette philosophie, Weisweiler pouvait, il est vrai compter sur des joueurs exceptionnels et parfaitement obéissants : Bonhof, Vogts, Heynckes, Stielike… sans oublier le lutin (1,64 m) danois Simonsen. Avec eux, le club de la cité rhénane faisait parler la poudre sur les terrains d’Allemagne et d’Europe, et souffler sur toutes les pelouses l’oxymore de la liberté disciplinée… L’année 1975 restera sans doute la plus accomplie du Borus-

TJB BWFD Ë MB DMFG VO EPVCMÏ JOÏEJU $ #VOEFTMJHB RVJ NFUUSB fin sur la scène nationale à l’hégémonie du Bayern Munich (champion d’Allemagne en 72, 73 et 74) et ses stars Maier, Müller et Beckenbauer. Sur le plan continental, Gladbach connaît la consécration. En finale aller de C3 face aux Néerlandais de Twente, la bande à Weisweiler bute sur une formation rugueuse et recroquevillée (0-0). Le retour sera tout autre. Doublé du mouchoir de poche Simonsen et triplé de Heynckes, le Borussia étrille Twente 5-1 et s’adjuge la Coupe de l’UEFA. Sa première. L’année suivante, Udo Lattek, transfuge du Bayern, poursuivra l’œuvre de son confrère Weisweiler parti au Barça. Lattek abandonne le 4-4-2 initial de son prédécesseur pour un 4-3-3. Sous sa houlette, M’Gladbach atteint son apogée mais sans jamais parvenir à conquérir le plus prestigieux des trophées, la Coupe des Clubs Champions. Battus en finale en 1977 (3-1) par le Liverpool FC de Kevin Keagan au Stadio Olimpico de Rome, les coéquipiers de Vogts laissent passer le train aux grandes oreilles, qu’ils ne reverront plus.

Highway to Hell Une défaite qui donnera encore plus de poids aux propos de Gerd Müller, quand il s’exprimait plus tôt sur les chances de voir un jour M’Glabach remporter la C1 : « Je ne crois pas en Mönchengladbach. Son intelligence collective, sa rigueur, son habileté à contrôler un match ne sont pas à la hauteur de ses intentions. Mönchengladbach ne sait pas s’économiser et reste vulnérable en toute occasion. » La seconde levée de la Coupe de l’UEFA face à l’Etoile Rouge de Belgrade deux ans plus tard (1-1 et 0-1) ne sera qu’une maigre consolation pour le Vfl, au même titre que la raclée 12-0 infligée au Borussia Dortmund lors de la dernière journée de Bun-


Berti Vogts, élu meilleur joueur d’Allemagne en 71 et 79, n’aura connu que le Borussia dans sa carrière.

desliga en avril 1978, qui s’avèrera insuffisante pour conquérir un nouveau titre national, perdu à cause d’une différence de buts favorable à Cologne. Les années 80 marquent le début de la fin pour M’Gladbach. Miné par des problèmes économiques, devant faire face à une vague de départs de la plupart de ses cadres, le Borussia ne retrouvera jamais plus son lustre d’antan, malgré l’arrivée en 79 d’un jeune joueur prometteur, Lothar Matthäus. Depuis

ZOOM

ces 10 Glorieuses, M’Gladbach n’a plus rien gagné, sinon une Coupe d’Allemagne en 1995… Il n’empêche, en une seule petite décennie, le Borussia VfL Mönchengladbach aura réussi l’exploit de participer sur la scène européenne à cinq finales, six demi-finales et huit participations consécutives à un quart de finale. Et obtenu cinq titres de champion d’Allemagne et deux coupes européennes. Largement de quoi entrer au panthéon du football.

FINALE UEFA RETOUR FC TWENTE - VFL BORUSSIA MÖNCHENGLADBACH 21 mai 1975 - Diekman Stadion (Enschede)

1 Klinkhammer

Kleff

Surau

Vogts

Wittkamp

Wimmer

5

Entraîneur Hennes Weisweiler Buteurs pour le Borussia Allan Simonsen (3e et 86e), Jupp Heynckes (9e, 50e et 59e) Pour Twente Epi Drost (76e)

Danner Simonsen

Heynckes

Bonhof Jensen

STARS Jupp Heynckes 308 matchs, 218 buts. Allan Simonsen 178 matchs, 76 buts.


Par Ianis Periac - Photo Icon Sport

Faut-il croire tout ce qui se dit sur le net ? Ou doit-on douter de tout ? Un peu des deux probablement mais si on sait que les Américains nous espionnent et que les Francs-maçons contrôlent le monde, une question demeure : les pieds de Brandao, « c’est qui putain » ? En mode fourre-tout, voici quelques théories du complot avérées, avariées ou à venir. Ne croyez pas ce qu’on vous dit, même dans le foot…

LES SÉDATIFS DE RONALDO 12 JUILLET 1998. La date est connue. On la chérit ou on la hait selon le côté de l’échiquier qu’on occupe mais on ne l’oublie pas. Seulement voilà, la victoire est trop nette. Trop évidente. Et une question se pose : une équipe dont l’attaquant se nomme Guivarc’h peut elle vraiment en battre une autre dont la pointe s’appelle Ronaldo ? trouvée. Presque évidente pour celui qui se donne la peine de voir. Allongé sur son lit le matin du match, O Fenomeno est subitement pris de convulsions. Transporté à l’hôpital, il est mal diagnostiqué et se retrouve bourré de sédatifs qui le transforment en légume. Mi-homme, mi-aubergine, il regarde la France devenir championne du monde presque sans Certains pensent que ce diagnostic erroné est le fait du hasard. Les mêmes sans doute, qui déposent des cookies et un verre de lait près de la cheminée le 24 décembre.

LA FOUDRE DE BENA TSHADI 1998. ENCORE. Un match de foot se joue au Kasaï occidental dans le sud-ouest du Congo quand un éclair interrompt le match et laisse 11 morts sur la pelouse. La tragédie touche également une trentaine de spectateurs. Brûlés mais vivants. Selon les explications de la police, la foudre aurait traversé les joueurs via le métal de leurs crampons. Seulement voilà, un mystère demeure à ce jour : Pourquoi les 11 joueurs tués ce 24 octobre 1998 faisaient-ils tous partie de la même équipe ? Celle des

BARÇA EL-ASSAD MARS 2012. La Syrie est en guerre civile depuis un an. Bachar El Assad d’un côté, les rebelles de l’autre. Et au milieu coule la télévision d’Etat syrienne Al Dunya qui accuse les Blaugrana de faire parvenir des messages codés aux insurgés. Formations tactiques et circulation de balle pour acheminer des armes en proveCe Classico du 18 janvier 2012, évidemment. Iniesta est un contrebandier de Homs, Messi, une ville à l’est du pays. Chaque passe de l’un à l’autre symbolise une livraison. Chaque faute commise représente la position des barrages de cassé l’Internet bien avant les courbes de Kim Kardashian ou les angles droits de Miley Cyrus et a été reprise par de nom-


SNACK 131

Bien sûr, on aurait pu parler des oranges frelatées du Vieux-Port, des Mercedes remplies de manteaux de fourrure du PSG ou encore des 11 Voici donc pourquoi le FC Barcelone remportera la Ligue des Champions 2015-2016, pourquoi la France sera sacrée championne d’Europe en

CRISTIANO RONALDO

FC BARCELONE

LA FRANCE

COMPLOT Cristiano Ronaldo est soutenu par Nike. ricains dominent le monde et doivent prendre leur revanche sur adidas, champion du Monde en 2014 avec l’Allemagne. Pour ce faire, Nike va sortir les grands moyens. De plus, la démission de Sepp Blat-

COMPLOT Longtemps soutenu par l’Unicef dans ses méfaits, le Barça est aujourd’hui aux mains des Qataris. Et où se jouera la Coupe du Monde dans six ans ? Au Qatar bien sûr. Pour faire oublier les scandales de corruption et de travaux forcés, le pays a donc besoin de se racheter une image. Et pour ce faire, quoi de mieux qu’une belle victoire -

COMPLOT Si la Juventus n’a pas vendu Paul Pogba cette année, c’est parce qu’elle est certaine de faire une plus-value encore plus importante l’année prochaine. Ainsi, Andrea Agnelli a probablement déjà eu des garanties de la part de Michel Platini - Français, ancien Juventino et futur président de la

BALLON D’OR 2015

pour d’autres préoccupations. Comme le Ballon d’Or, par exemple…

VAINQUEUR DE LA LDC 2016

CHAMPIONNE D’EUROPE 2016

substance. De plus la France gagne systématiquement les compétitions qui se déroulent sur son sol. CQFD. eme

Mogi das cruzes (Neymar)

Salto (Suarez)

Rosario (Messi)

lettre de l ’alphabet)

F F F 6 6 6 Benzema est surnommé Benzebut

BENZEBUT BELZEBUTH

franc, jambes écartées et CR7 en préparation coup nous donne donc un œil qui Ce l. d’œi faisant un clin gle. dans un trian

ti i l l u m i n ae d confirm

alignées ! De plus, elles Les 3 villes sont parfaitement Or les jours de Ligue des sont distantes de 1758 km. son hôtel pour se rendre Champions le Barça quitte 8. au stade précisément à 17h5

il lu m in a t i c o n f ir m e d

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LIFESTYLE


© Romain B. James

134 RENCONTRE / THE SHOES 136 LE SON DE FOOT / NISKA X AURÉLIEN COLLIN 138 TOUT-TERRAIN / SALON DE FRANCFORT 2015 140 FOOT 2.0 / TWITTER & LIGUE 1


THE SHOES

«STADE

DE REIMS,

C’EST UN NOM QUI A DE LA GUEULE» Par Sophie Hantraye - Photo Romain B. James

L’un évoque Auguste-Delaune comme s’il avait arpenté sa pelouse, l’autre parle de foot comme d’une fille qu’il aurait croisée en soirée : sympa, bon esprit, mais elle s’appelait comment déjà ? Dans le duo The Shoes, tête de gondole de l’électro-pop français, Guillaume supporte Reims et le PSG, Benjamin supporte Guillaume qui supporte Reims et le PSG. Solidaire. Si le premier est assez fan de foot pour en parler pendant des heures, le deuxième aime assez ça pour écouter son compagnon de musique esquinter Gaëtan Charbonnier le temps d’une interview. Attention,The Shoes chaussent les crampons. Comment devient-on supporter de Reims ? On ne le devient pas, c’est dans les gènes. Mon grand-père m’emmenait tout le temps voir les matchs quand j’étais gamin, à l’époque on était en « Division 2 ». C’est un peu ingrat, mais je suis encore plus supporter de Reims depuis qu’on est en Ligue 1. On s’intéresse un peu moins à eux quand ils perdent. Vous êtes aussi fans du PSG, c’est pas incompatible ? Si on avait les mêmes moyens que le PSG, on aurait les mêmes valeurs. Et puis les valeurs du PSG, celles de Reims, des

clubs de foot en général, je sais pas ce que c’est. Peut-être que je ne suis pas assez fan pour les voir. Ce n’est pas difficile de supporter une équipe dont la gloire remonte aux années 50 ? On nous ressort toujours la gloire passée du club, l’époque de Raymond Kopa et compagnie donc oui, c’est un peu difficile, mais en même temps c’est un bel héritage. « Stade de Reims », c’est un nom qui a de la gueule et que les gens connaissent grâce à ça. C’est pas Evian Thonon, quoi. Alors certes il y a eu des saisons compliquées, mais c’est la même chose dans tous les grands

clubs – même si chez nous c’était particulièrement long… Ça ne vous emmerde pas trop d’aimer une équipe dont l’attaquant vedette est Gaëtan Charbonnier ? Si. La réponse est si. Mais vas-y, écris « on ne tire pas sur les ambulances ». Le Stade de Reims a bien commencé sa saison, est-ce que ça va durer ou c’est juste un feu de paille ? L’année dernière on a serré les fesses jusqu’au bout.Depuis qu’on est en Ligue 1, il y a toujours un petit état de grâce au départ qui tient à je ne sais quoi. C’est la rentrée, on est content, on a des habits


"

LIFESTYLE / RENCONTRE 135

Si tu veux ouvrir ta gueule, il faut que t’aies un peu de talent derrière. Si Charbonnier commençait à faire de l’humour, ça passerait beaucoup moins

personne. Plus sérieusement, dans l’ensemble je suis plutôt d’accord avec les choix de Deschamps. Après il faut qu’il teste des choses. C’est incroyable à quel point on a craché à la gueule d’Aimé Jacquet parce qu’il avait sa vision du truc et qu’il n’a jamais changé de cap. Moi le premier je me disais que c’était vraiment une sélection de merde. Il avait pas pris Eric Cantona, j’avais envie de le tuer. Ensuite il a gagné, et c’est devenu le chouchou.

" tout neufs, de belles baskets et à un moment, psychologiquement, on tombe. Après je trouve qu’on se débrouille plutôt pas mal, notre stade est pas dégueu, mais il nous faudrait un peu plus de budget et un meilleur recrutement. Même reprendre des vieux joueurs en fin de carrière qui ont de l’expérience, ça pourrait apporter quelque chose. Est-ce que vous pensez que Paris peut vraiment gagner la Ligue des Champions ? Oui, mais pas tout de suite. Je pense que l’histoire du PSG est encore un peu jeune, même s’il peut y avoir des surprises. Mais je sens qu’il faut être patient. C’est comme si tu me demandais si Manchester City pouvait gagner la Ligue des Champions, je te dirais non. C’est comme pour Paris : les mecs sont arrivés avec du pognon, ont dit qu’ils allaient faire un grand club européen et gagner la C1. On attend toujours. The Shoes, c’est plus Ibra ou Cavani ? Ibra, sans hésitation. J’ai toujours aimé les sportifs qui sortent du cadre, comme Eric Cantona, Paul Gascoigne ou Georges Best. Zlatan ne se distingue pas forcément par son humour, mais il a un caractère fou. J’aime pas les footballeurs qui se comportent comme des robinets d’eau tiède. Beaucoup de joueurs sont bridés par leur club. C’est sûr que si tu veux ouvrir ta gueule, il faut que t’aies un peu de talent derrière. Si Charbonnier commençait à faire de l’humour, ça passerait beaucoup moins. Qu’est-ce que vous pensez de l’équipe de France ? Pour moi dans le foot il y a une part religieuse, un truc très subjectif. C’est

cet esprit qui manque à l’équipe de France. Je ne sais pas ce que sont des valeurs en football, mais je pense que selon les équipes, il y a toujours un truc qui fait que ça fonctionne ou non. Concernant la France, ce truc-là peut arriver sur un match, mais il va se barrer tout de suite après. Après 98, on a été vachement surestimé. Même l’Euro 2000 on l’a gagné au raccroc, c’était pas du foot champagne.

Si vous deviez être un duo de footballeurs ? Olivier Atton et Mark Landers, parce qu’ils ont trop la classe ! Si on vous donne les 80 millions du transfert de Martial, vous faites quoi ? Guillaume : Je rachète le contrat de Charbonnier. Benjamin : Moi je l’adopte et je deviens son tuteur. Guillaume : En vrai j’achète une maison au soleil. Rien à voir avec le foot, tout pour ma gueule.

Et les joueurs ? Karim Benzema est très, très surestimé. Il est excellent au Real Madrid, mais en équipe de France il m’a jamais troué le cul. Sinon Valbuena, je l’aime pas. Il joue dans une équipe que j’aime pas, mais en équipe de France il est génial. Même si c’est mon joueur préféré de tous les temps, Eric Cantona n’a jamais été génial en équipe de France.Tout ça c’est une histoire de chimie un peu instable.

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Didier Deschamps fait bien son boulot ? En terme de palmarès, Deschamps est peut-être le joueur et l’entraîneur le plus titré de l’histoire du foot. Il a l’air bête, il est moche, il rigole d’une manière bizarre mais c’est une machine à gagner. Il était indéboulonnable à la Juve. Mais tous les mecs qui imaginent Zidane entraîneur me font bien rigoler. Ce n’est pas parce que t’étais un bon joueur que tu vas réussir à gérer une équipe. A sa place, vous prenez qui ? Charbonnier ! À part lui, je vois

" Deschamps ? Il a l’air bête, il est moche, il rigole d’une manière bizarre mais c’est une machine à gagner "


136 LIFESTYLE / LE SON DE FOOT

NISKA

"L’ambiance au Parc ? Moi je regarde le PSG à la télé, alors ça ne me dérange pas " Propos recueillis par Grégoire Godefroy (@GregGodefroy) – Photo DR

Niska est au rap français ce que Matuidi est à l’équipe de France. La relève. Et les deux sont maintenant liés puisque le joueur du PSG célèbre ses buts avec la « danse du Charo » (pour charognard) inspirée du rappeur parisien. Hyperactif sur les réseaux sociaux avec ses milliers de followers et de likers, Niska a su rassembler une fan base qui fait de lui le phénomène rap de 2015, déjà présent dans les casques de nombreux footballeurs. Avec une préférence pour ceux du PSG évidemment…

Ca remonte à quand ta passion pour le foot ? Depuis tout petit. J’ai toujours aimé le foot. Je jouais dans mon club local et vu que j’étais en région parisienne, j’ai toujours été fan du PSG. Footballeur pro, c’était le rêve de tous les jeunes avec qui j’ai grandi. Après, certains ont les capacités, d’autres non. Je me suis rendu compte assez tôt que je ne les avais pas. J’ai arrêté vers 13-14 ans et je me suis tourné vers la musique. Tu as sorti au début de l’année « Freestyle PSG », plus de 13 millions de vues surYouTube. C’est quoi l’histoire de ce titre ? Un jour, j’ai reçu un appel de quelqu’un qui m’a dit que Matuidi suivait pas mal ce que je faisais. Il était intéressé pour avoir des tee-shirts « Charo ». On était super content, on a commencé à s’enjailler autour de Matuidi et de Charo et c’est venu comme ça. C’était un délire à la base. Justement, Matuidi est certainement le joueur français le plus en vue du moment et il célèbre ses buts avec ta « danse du Charo ». J’imagine que c’est une fierté ? Ça fait vraiment plaisir, c’est flatteur et c’est super émouvant quand je vois ça à la télé. C’est une reconnaissance et je le remercie. Pourvu que la force soit avec lui et avec moi du coup. Tu as déclaré que tu voulais voir sa

célébration être intégrée dans le jeu FIFA 16, ça en est où ? Ouais c’est ce que j’aimerais mais je ne sais pas si ça a été fait ou pas. Grand supporter parisien depuis toujours, tu portes quel regard sur ce PSG version Qatar ? Ça fait plaisir de voir le club évoluer comme ça. J’espère que cette année ou dans les années à venir, on aura enfin la Ligue des Champions. C’est sûr qu’on la gagnera bientôt. Je ne fais pas partie de ceux qui pensent que c’était mieux avant. C’est mieux aujourd’hui, je préfère quand on gagne. Après c’est sûr que l’ambiance au Parc a changé mais je n’y vais pas souvent. Moi je regarde plutôt à la télé donc ça ne me dérange pas tant que ça. Pour toi, quel aurait été le mercato de rêve cet été ? Cristiano Ronaldo ou Neymar. Après, Di Maria c’est pas mal aussi. C’est une bonne recrue. Mais ce que je veux c’est que l’équipe évolue encore et encore au fil des années.

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LIFESTYLE / LE SON DE FOOT 137

AURÉLIEN COLLIN

"J’écoute de la musique chrétienne tous les jours " Aurélien Collin. Un nom peu connu en France mais sur toutes les lèvres des fans de soccer outre-Atlantique. Surtout du côté de Kansas City. Vainqueur de l’Open Cup (Coupe des Etats-Unis) 2012, champion MLS 2013 et élu meilleur joueur de la finale, présent dans l’équipe type (Best XI) au All Star Game en 2012, Aurélien Collin est le Français le plus titré de Major League Soccer. Depuis le début de la saison dans la nouvelle franchise d’Orlando City SC aux côtés de Kaka, le Frenchie nous parle de ce qu’il y a dans ses oreilles. Entre Dieu, merengue et Tupac.

Ils écoutaient quoi tes parents à la maison ? Surtout de la variété française. Cabrel, Duteil, Souchon, c’était 100% français. Donc soit je dormais, soit je criais tellement je n’aimais pas du tout. Après, mes parents n’étaient pas forcément très branchés musique.Y avait de la musique une fois de temps en temps à la maison, surtout le dimanche après-midi en fait. Ma mère écoutait du music-hall aussi, en corrigeant les copies, car elle était prof. Elle s’est faite comment ton éducation musicale ? Moi j’ai toujours suivi mon frère jumeau. Notre premier CD 2 titres c’était un single de rap, je ne me rappelle plus du nom. On a tout de suite été très rap et hip hop. C’était du 2Pac, du Dr Dre… Au foot, à Fontenay, tous mes potes écoutaient ça. Jusqu’à 18 ans je n’écoutais que ça. Au centre de formation à 16 ans, mon coloc’ écoutait beaucoup de soul, de Boyz II Men, Jagged Edge… Et puis à 18 ans, je suis parti avec mon frère en République

Dominicaine et je suis tombé amoureux de la culture latina donc beaucoup de reggaeton, de bachata… Plus tard, j’ai écouté de l’opéra, du jazz, du classique… Je suis hyper éclectique. En arrivant aux Etats-Unis, j’ai découvert une nouvelle forme de hip-hop, plus moderne, mais je n’écoute pas. Je garde mes vieux albums de Dre et Tupac. Ils écoutent quoi les footballeurs dans le vestiaire aux Etats Unis ? 100% hip hop. Après, pour les américains qui viennent de la campagne, c’est de la country. T’as un titre en particulier que tu écoutes pour te concentrer ? J’écoute beaucoup de musique chrétienne et de musique latina. Justement, tu es très croyant et tu l’assumes sur les réseaux sociaux. Tu écoutes beaucoup de musique chrétienne ? Ouais, c’est de l’adoration. Pour

prier, me calmer, me recentrer... Quand tu chantes t’es encore plus en communication avec Dieu donc j’écoute de la musique chrétienne tous les jours. Ta femme est vénézuélienne et tu as exprimé ton souhait de jouer pour l’équipe nationale du Vénezuela. Tu écoutes aussi de la musique de là-bas ? Ah ouais j’adore ça ! Salsa, merengue, reggaeton,… A chaque fois qu’on a de la famille, des amis, on ne se prive pas. Mais seul avec ma femme, c’est plutôt du jazz. Le dernier album que tu aies acheté ? Caibo, un artiste merengue. Ton dernier concert ? Caibo aussi. La semaine dernière à Orlando.


138 LIFESTYLE / TOUT-TERRAIN

SALON DE FRANCFORT 2015

LA FOIRE AUX BESTIAUX Par Niels de Geyer - Photo LĂŠo Mingot

Le salon automobile de Francfort vient de fermer ses portes. L’occasion de faire le point sur les prochaines tendances dans le garage des footballeurs. Supersportives, SUV bodydbuildĂŠs, GT au long cours, il y en avait comme de coutume pour tous les goĂťts sous les nĂŠons du salon de Francfort, grand-messe de l’automobile une annĂŠe sur deux (en alternance avec le Mondial de l’Automobile, Ă Paris). Largement assez, en tout cas, pour faire hĂŠsiter longuement les quelques visiteurs qui ne comptaient pas repartir sans avoir inscrit au moins six chiffres sur un chèque. Alors que ces merveilles s’apprĂŞtent maintenant Ă arriver en concession, voici notre modeste sĂŠlection pour orienter dans leurs emplettes les footballeurs fĂŠrus de belles mĂŠcaniques. Et Dieu sait qu’ils sont nombreux. BENTLEY BENTAYGA Oubliez les Range Rover et autre Porsche Cayenne : le nouveau roi des SUV, c’est lui. AnimĂŠ par un W12 de 608 ch, ce monstre de 5,14 m de long et 2,4 t accĂŠlère plus fort que le coupĂŠ Continental GT Speed, dans la mĂŞme dĂŠbauche de cuir matelassĂŠ et de boiseries prĂŠcieuses. Le dĂŠtail qui tue : la malle de pique-nique sur mesure et ses services de porcelaine et de cristal. Ă€ moins que l’horloge Breitling incrustĂŠe de diamants‌ La reine d’Angleterre ne s’y est pas trompĂŠe et a dĂŠjĂ rĂŠservĂŠ le sien. Wayne Rooney, autre vĂŠnĂŠrable sujet de la Couronne, pourrait en faire autant afin de cĂŠlĂŠbrer le record de buts inscrits sous la tunique aux Three Lions, qu’il vient de s’approprier.

W12 6.0 biturbo, 608 ch, 0 Ă 100 km/h en 4,1 s, 301 km/h

BUGATTI VISION GRAN TURISMO En voilĂ une que Karim Benzema, propriĂŠtaire d’une Bugatti Veyron, devrait lorgner avec attention. Si on ne la verra jamais sous cette forme ailleurs que dans le jeu vidĂŠo Gran Turismo, la Vision GT annonce en effet les traits de la remplaçante de l’hypercar de Molsheim, qu’on devrait dĂŠcouvrir en mars 2016 au salon de Genève. On parle d’un W16 hybride de 1 500 ch et d’une WJUFTTF EF QPJOUF EĂ?QBTTBOU MFT LN I "NQMFNFOU suffisant pour Karim, dont les prouesses au volant lui ont dĂŠjĂ valu quelques ennuis...

W16, puissance inconnue, plus de 400 km/h inconnu


LIFESTYLE / TOUT-TERRAIN 139

FERRARI 488 SPIDER Classique mais toujours efficace, une Ferrari V8 découvrable. Cette 488 Spider, héritière de la 458, s’en distingue par des lignes encore plus agressives, un nouveau V8 turbocompressé et un mécanisme de toit revu. Aussi à l’aise sur la Croisette que sur un circuit, ce pur-sang devrait comme ses ancêtres rallier bon nombre de suffrages sur les parkings de centres d’entraînement. En particulier celui de Milanello, où Mario Balotelli, propriétaire d’une Ferrari 458 Italia qu’il na pas encore esquintée - une gageure le concernant - pourrait se laisser séduire... V8 3.9 biturbo, 670 ch, 0 à 100 km/h en 3 s, 325 km/h

LAMBORGHINI HURACAN SPYDER Des lignes d’avion furtif, un V10 atmosphérique à réveiller les morts, maintenant à l’air libre. Pas de toit en dur ici mais une capote toilée à l’ancienne et quatre roues motrices pour parader sans arrière-pensée par tous les temps. Mathieu Valbuena pourra y songer pour remplacer sa Gallardo Spyder, à condition d’augmenter la dose de gel coiffant proportionnellement aux performances de l’engin.

V10 5.2, 610 ch, 0 à 100 km/h en 3,4 s, 324 km/h

MERCEDES CLASSE S CABRIOLET Ce n’était pas vraiment l’été indien, cette année, au salon de Francfort. Pourtant, les géants du premium se sont apparemment donné le mot pour y dévoiler des cabriolets en pagaille. On poursuit donc ce tour d’Europe de la découvrable avec la Classe S, qui enlève le haut pour la première fois depuis plus de quarante ans. Nul doute que même les Wags les plus exigeantes apprécieront les quatre vraies places tout confort de ce Riva des routes, qui prend des accents de powerboat avec le V8 5.5 biturbo de la tonitruante version AMG. V8 5.5 biturbo, 585 ch, 0 à 100 km/h en 3,9 s, 250 km/h

ROLLS-ROYCE DAWN Encore un cabriolet, mais peut-être le plus chic du monde. Ce n’est pas David Beckham, grand amateur de Rolls, qui dira le contraire. La Dawn est le pendant topless du sublime coupé Wraith. 5,28 m de distinction, un V12 onctueux à souhait et des performances de sportive distillées avec un flegme envoûtant : pas sûr qu’il existe une façon plus raffinée de parcourir les routes de cette planète. Même si c’est au bras de Victoria... V12 6.6 biturbo, 570 ch, 0 à 100 km/h en 4,9 s, 250 km/h



LIFESTYLE / FOOT 2.0 141

Twitter Ligue1

&

ÉCHANGE GAGNANT-GAGNANT Par Valéry-François Brancaleoni - Photo DR - Illustration Niakou

En quelques années, la relation entre Twitter et la Ligue 1 a opéré un virage à 360 degrés. L’oiseau bleu a d’abord dû faire son trou auprès des clubs pour les convaincre de l’intérêt de leur plateforme. Ces derniers y sont allés à leur rythme, certains tardivement, d’autres plus précocement à l’image du TFC qui a opté pour un positionnement original. Depuis, les tendances se sont inversées.Twitter a démontré sa puissance et ce sont désormais les clubs qui sont demandeurs afin d’optimiser tout le potentiel de ce réseau social. Pour parler des relations entre Twitter et les clubs de Ligue 1, deux des acteurs incontournables vous expliquent pourquoi ce partenariat est bénéfique pour les deux parties : Barthélémy Collin pour Twitter et Boris Laffargue pour le TFC.


142 LIFESTYLE / FOOT 2.0

BARTHÉLÉMY COLLIN

«

ÊTRE PRÉSENT SUR TWITTER NE FAIT PAS TOUT » Chez Twitter depuis 2012, Barthélemy Collin est responsable des relations Sport pour l’antenne française du réseau social. Twitter a-t-il plus besoin de la Ligue 1 ou la Ligue 1 a-t-elle plus besoin de Twitter ? La vraie question à se poser est « de quoi le passionné de sport a besoin ? ». La moitié des utilisateurs français de Twitter suit ou s’intéresse au football. Les gens utilisent Twitter pour partager leurs émotions, leurs impressions sur un match. Ils utilisent aussi Twitter pour mieux s’informer sur leur sport ou leur athlète préféré, notamment pendant la diffusion TV, ou pour échanger avec d’autres passionnés de sport. Notre rôle est d’accompagner tous ceux qui peuvent répondre à ces besoins, qu’il s’agisse des athlètes, des clubs, des institutions ou des médias. D’ailleurs, nous sommes très fiers que le compte @equipedefrance, lancé le soir du légendaire #FRAUKR (France-Ukraine) en novembre 2013, ait atteint le million de followers.

"

Toulouse fait rire la France entière avec ses tweets décalés "

Twitter, ils pouvaient échanger en direct et sans filtre avec leurs fans. Et comme la L1 est de plus en plus internationale, ils se sont aussi rendu compte que Twitter était la plateforme idéale pour aller toucher leurs communautés dans le monde entier. Concrètement, comment se passe la collaboration ? Nous travaillons auprès d’interlocuteurs qui cherchent à aller plus loin dans le contact auprès du public. Nous leur présentons régulièrement les nouveautés et toutes les possibilités qu’offre la plateforme, comme la video ou Periscope pour diffuser des images exclusives. Nous les aidons aussi pour mettre en place des dispositifs innovants, comme la révélation de leurs nouveaux maillots, de leurs recrues, faire entrer les tweets dans les stades, ou

Quelle valeur ajoutée apportez-vous au rôle de conseil que vous tenez auprès des clubs ? Les clubs de L1 n’ont certainement pas attendu l’ouverture d’un bureau français pour utiliser Twitter. Rennes (@staderennais ) était d’ailleurs le premier à l’utiliser en février 2009... Quant à Toulouse (@ToulouseFC ) ils font rire la France entière depuis juin de la même année avec leurs tweets décalés. Dans l’ensemble, les clubs de L1 ont très vite compris qu’en utilisant

" 334 000 tweets ont été émis en un an par les clubs de Ligue 1 "

tout simplement des jeux-concours pour leurs fans... Le champ des possibles est infini. De quels moyens disposez-vous pour les accompagner ? Des moyens humains essentiellement, parfois techniques. Nous sommes une petite équipe, mais très réactive et avec une vision globale de ce qui se fait dans le sport en France, au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis. A ce jour, quels clubs français sont les plus actifs et quelles sont les activations les plus abouties selon vous ? Tous les clubs proposent aujourd’hui des contenus créatifs, innovants et exclusifs à leurs supporters. S’il fallait retenir quelques activations, je pense à celle du PSG qui a proposé à sa communauté un service permettant de connaître à l’instant T le score du match. Il suffit de mentionner dans un Tweet @PSG_Inside et #score et vous recevez le score du match en direct ! Mais plus que des initiatives événementielles, j’aime le ton et la ligne éditoriale de certains clubs de L1 comme Toulouse (@ToulouseFC) ou Caen (@SMCaen_officiel) qui tranchent avec la communication lisse que l’on observe parfois.


LIFESTYLE / FOOT 2.0 143 Peut-on dire qu’en 2015, tous les clubs de Ligue 1 ont pris conscience de l’enjeu des réseaux sociaux ? Les chiffres parlent d’eux-mêmes ! Cette saison, les 20 équipes de Ligue 1 sont sur Twitter. Et en un an, leur nombre total de followers a doublé. Cela montre qu’ils s’investissent sur la plateforme. La Ligue aussi. Avec ses comptes @Ligue1 et @Ligue2, la LFP montre qu’elle aussi souhaite encourager les usages. Mais être présent sur Twitter ne fait pas tout. Il faut ensuite proposer du contenu à sa communauté. Et là encore, la L1 est prolixe. Depuis un an, plus de 334 000 Tweets ont été émis par les clubs. La Ligue 1 est en progression constante mais quelle place tient la Ligue 2 dans la stratégie Twitter France ? Notre objectif est d’aider les utilisateurs français de Twitter à trouver un contenu de qualité sur la plateforme. Certains clubs de L2 se sont déjà organisés et nous les accompagnons avec grand plaisir. D’autres, qui ont parfois moins de moyens, s’adaptent progressivement. Mais comme toujours, ils n’ont pas besoin de nous pour se montrer créatifs sur la plateforme et ils peuvent s’appuyer sur leurs joueurs et leurs fans pour développer leur présence sur Twitter. Par sa présence sur Twitter, un joueur comme Pierre Bouby (@PBouby ) est devenu un excellent ambassadeur pour l’AJ Auxerre (@AJA ). Quel regard portez-vous sur les usages faits par les clubs européens et notamment ceux de Premier League ? La Premier League est clairement en avance, tant en matière de sophistication du contenu, que du rythme de publication. Outre les joueurs et les clubs, l’ensemble de l’écosystème foot a une présence active sur Twitter : entraîneurs, dirigeants, sponsors, anciens joueurs... et ils interagissent régulièrement sur la plateforme. Les clubs de Ligue 1 y arrivent progressivement. Outre le @PSG_Inside, des clubs comme @OM_Officiel, @OL ou @AS_Monaco sont de plus en plus ambitieux à l’échelle internationale et utilisent Twitter pour arriver à leurs fins.

BORIS LAFFARGUE «

TWITTER A UN CÔTÉ ACIDULÉ, DRÔLE, INTELLIGENT, MALIN, PARFOIS CYNIQUE QUI NOUS PLAÎT » Boris Laffargue est responsable Marketing et Médias du TFC La Ligue 1 a-t-elle plus besoin de Twitter ou Twitter a-t-il plus besoin de la Ligue 1 ? La Ligue 1 et le sport en général, ont été un excellent catalyseur pour Twitter en France. Le live-tweet fait le charme de l’oiseau bleu et le sport en est un magnifique objet. La Ligue 1, au même titre que les faits divers ou l’actualité politique, a accéléré le déploiement de Twitter en France. Le grand public a d’ailleurs commencé à s’y intéresser quand les clubs sportifs ou les Fédérations ont commencé à live-tweeter et à envoyer du contenu en temps réel de leurs activités. Quand Twitter « a pris son envol », la pleine puissance de l’outil a pu être déployée. Ce réseau social se veut aujourd’hui être un relais d’informations en temps réel très efficace et un relais de relations clients et supporters. Quel lien entretenez-vous avec Twitter et à quelle fréquence twittez-vous ? C’est une relation historique puisqu’on a été la première équipe active sur ce réseau social en France. Avec Barthélemy, ou anciennement l’ex-DG Olivier Gonzalez, on a essayé d’être un des clubs les mieux structurés. Pendant une ou deux saisons Twitter était notre cœur d’activité digitale, avec notre site. On a perçu que ce serait notre support digital le plus dynamique même si, aujourd’hui, l’activité est mieux répartie. On a instauré un échange permanent avec Twitter qui se transpose par deux ou trois points par an sur les bonnes pratiques, les bonnes idées, les optimisations de nos campagnes, les nouvelles options

et les nouvelles fonctionnalités sur leur plateforme.Twitter nous accompagne pour avoir la meilleure compréhension possible de leur outil. De notre côté, on peut les solliciter sur certaines de nos opérations pour recevoir des conseils sur la façon dont on peut les monter ou sur la manière d’utiliser leur audience pour cautionner ou relayer nos activations. A l’avenir, que peut attendre le TFC de Twitter ? On s’est fixé l’objectif d’être le club le plus « dans l’esprit de Twitter sur Twitter ». Pour le TFC,Twitter est une plateforme qui est à la fois intelligente et amusante. Et on a envie d’être dans cette idée, c’est-à-dire utiliser l’outil pour ce qu’il y a de plus fort et faire passer des messages très clairs en 140 caractères. Plus que sur les autres réseaux sociaux il y a, sur Twitter, un côté acidulé, drôle, intelligent, malin, parfois cynique qui nous plaît et qui correspond à l’image qu’on veut renvoyer autour de la dynamique créative du TFC. Il faut savoir que Toulouse est un club qui s’est reconstruit il y a 15 ans avec des enfants de 19, 20 ans… On a gardé ce côté jeune et cela se voit à travers nos professionnels issus de notre centre de formation et d’une entreprise dont la moyenne d’âge doit tourner autour de 30 ans. On souhaite que tout cela se ressente dans notre communication. Twitter est l’outil qui semble le mieux nous correspondre et on souhaite continuer dans cette direction.


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Diego Costa cherche de l’inspiration pour le week-end prochain. Saurez-vous le retrouver ?



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