Sucs première presse

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sucs Recueil de poĂŠsies Marc Chataigner

- 2015 -

Couverture : Marc Chataigner


Ici les filles sont perchées

Pendues au cou

De leur téléphone.


Paris dans la rue

L'été sur les places

Brouhaha dans le cou

Desir sous les jupes

Lèvres en fête

Bouquet de charmes

L'azur bien au dessus du calme

La Seine frétille

Et lèche nos pieds

Fontaines légères

La foule immobile

Moment immense

Tables sans cesse

Envahissent les quais

Cœurs possibles

Amours en robe

L'été est carné

Paris est à prendre

Sur un air de fête.


Dans la capitale sans gravitĂŠ

Il ne me reste que le dĂŠsir

Comme loi fondamentale.


Croisé un trait de rouge

Aux lèvres d'une femme

Interlude entêtant.


L'été en terrasse

Essuie l'orage

Du bout des fesses.


Certaines ont le désir haut perché

D'autres le promènent en laisse

Espérant qu’il ferre celui des premières.


De nos collisions silencieuses

Cette onde parsemée d'apothéoses

Et parmi les nuées de nos caprices

Ces instants d'apesanteur

Soudent le secret serment

À une saison encerclée.


Dans le ciel vidé

Par l'incandescence de la ville

Seule une patience infinie

Autorise à voir éclore les étoiles.


Une vie est une ĂŽle

La poĂŠsie le navire

Salvateur.


Ah! J’ai l’encre sèche

La cartouche vide!

Vite! Un ciel pour m’abreuver.


Sifflet

Souffle d'un agent

Appeau du voyage

Sifflet

Salut du train

Signal du départ

Sifflet

Âme du moteur

Principe libérateur

Mon colosse d'acier

S'ébroue

Sous l'élégante canopée

Pose ses pattes avec attention

Pour ne rien déranger

De la névrose des humains.


Samba de poteaux électriques

La mer cette diva

Puis les stratovarius en chœur

Ode à la vitesse.


Mon amour pour les cartes

InnervĂŠes par les routes

Sur la piste des histoires. 


Personne ne m’a jamais appris

Comment manger le temps

Aujourd’hui je sais

Qu’il est aussi indigeste

Qu’un ciel immobile

Qu’il a le poivre

D’une jungle en fleur

Je le déguste

En bouchées

Aussi

Concises

Qu’un continent de nuages.


À l'arrière des pick-up

Le vent tresse les chevelures

De panthères en talon haut.

Sub-tropicales et sous-vêtues

Les filles d'ici

Sont tout juste sorties

De la jungle.


Langage du corps

La culture au bout des fesses

Coutumes d'allégresse

Il y a les flemmards

Vautrés à digérer l'ombre

Qui respire encore

Leurs regards reniflent les culs

Adulés qui sortent du spa

Ou du salon de beleza

Leurs pupilles agrippent les rondeurs

Après les heures de sport

Heures supplémentaires pour le corps

En songe ils lèchent

Toutes les pointes qui dépassent

Des conventions établies

Sur le chemin du retour

Ils iront se débarbouiller

Au temple de quelques génuflexions.


Sur un air de candomblé

Un soir alambiqué

Avec une peau de prêtresse.


Il y avait

Entre toi et moi

Des pays

Des cultes

Des années

Et des langues

À l'instant foudroyés

Par le toucher de ta main

Paume à paume

La distance annihilée.


Désormais je mange

Tous les matins qui nous séparent

Ces lustres d'écume

Qui encadrent ton souvenir

Corps à corps muet

Sans idiome en armure

Ni tabou en camisole.


Dis

Si on arrêtait de tourner autour du lit

Tu viens déjeuner?

Pique-nique à nu

Toi et moi

Déjeuner sur la couette

Le long de l'édredon

Les corps délassés

Dans un bruissement de draps

Ébouriffés de fou-rires

La source à la bouche

Langues sauvages

Rosée salée

Crue de passions

Allongés affamés

Félins sans pudeur

Je lèche sans pitié

Ton étrave pourpre

D'amour

Viens déjeuner

Dans mon lit.


Un repas de nous

À me repaître de toi

Je te rêve salée

Et haletante

Aucun mot ne devra

S'interposer

Distance parcourue

L'un dans l'autre

Distance négative

Déjà tu me pénètres la peau

Ta chaleur

Ton cœur

Ton esprit.


Gosier groseille

Gorge charnue

Lèvres fiancées

Amarrés à ton haleine

Les Alizés déploient

Une marée

Dans mon pantalon

Ton menton dans ma paume

Tes joues sous mes lèvres

Mes doigts courent ta nuque

L’univers excusé

De notre entretien incandescent

Pas un mot prononcé

Mais un boucan palpitant

L’espace annulé

Criblé d’astres scintillants

Je ne regrette pas

D’avoir fondu sur ma proie.


Je me réveille

Un soleil

A posé sur ma cuisse

Une paume sertie

De chaleur

Et des rires

Des autres voyageurs

C’est ma voisine Maria

59 ans et pleine d’allant

Qui me dit en souriant

Bom dia!

J’arrive dans le Bahia.

De Rio

Je me rappelle

Le sable sucré

Sur les fesses

Sur les hanches

Sur les épaules

Des cariocas

Rêveries urbaines à la plage

Allures débonnaires en ville

Airs chaloupés en slip

Danses balancées en jean’s

Défilés de courbes

Puzzle de peaux

Je me rappelle

L’océan

Qui occupe la moitié de l’espace

Qui occupe la moitié des esprits

Au loin il cligne des yeux

Et s’approche bruyamment

En roulant des mécaniques

Pour finir sa course

Dans un pffffssshhhhh

Prosterné

Aux pieds

Des athlètes ensablés

Je me rappelle

Les pavés

Les mosaïques de sucre

Les jus de fruits frais

Sans sucre s’il vous plaît

Les tonalités

D’albâtre

De crème

De plâtre

Des façades érigées

Qui masquent

Le rouge brique

Des cordées de bicoques

Qui s'agrippent aux collines alentour

Je me rappelle

Les concerts

Aux accents de forrò

De samba de rondo


À la pedra del salt

À la nuit tombée

Ralliement des sambistas d’hier

Ralliement des jeunes aujourd’hui

L’histoire se poursuit

Multi-colore

Multi-ethnie

La musique marie les instruments divers

Elle unie le soir les populations

Qui s’évitent le jour

Et crée chaque nuit de nouvelles couleurs

De peau

De Rio

Je me rappelle

Le soleil

Blanc

Comme le sel de la vie.


Comme une fleur sur la soupe

Je vais te manquer!

Sache que mon 창me est une robe estivale.


Déjà une porte grince

Ses clochettes tintent

Et résonnent “Abierto”.


La brise en écharpe

Un éclat de soleil pour relever les coiffures

Le printemps s'avance à Buenos Aires.


Des parterres de broutilles

Aux vendeurs rapiĂŠcĂŠs

Quartiers chics.


Saisir la main d'une élégante

Pour pulvériser la distance

Pulsation du désir

Et suées indistinctes.


Derrière leur paupière métallique

Les magasins repus se restaurent

La rue pue la mort.


Dans l’avenue ébouriffée

Le plafond de la nuit

Dégouline sans fin.


Le vent est retombé

Le ciel reste chargé

La lumière a du mal à percer.


Un clocher en forme de seringue

Injecte Ă cette nuit

Sa dose de courage.


J’ai trop tiré sur l’artère

Du garçon qui veut bien faire

Mon cœur à court d’air s’enlise

Quand l’asphalte le libère.


Au volant d'une caisse dĂŠcatie

Autour la ville ou le nĂŠant

En moi un butin tonitruant.


À l’horizon s’écroule

Des feuillages nuageux

L’astre lourd et bien mûr.

Restent dans les airs

Les braises d’un jour

Vaste comme un été.

Des troupeaux paressent

Au sein de ce pays sans fin

Où seul y pousse le destin.

Peuple d’ici tu possèdes

Des terres où l'aurore

Réveille les épopées.

Cette nuit se rassemblera

Sous mes yeux ébahis

L’orchestre millénaire

Des étoiles

Au dessus

Du nouveau

Continent.

Sensation incroyable

De ne plus me sentir

Face à l’immensité

Mais dans l’immensité.


Laetitia Casta nue en quatre-par-trois

Au milieu de la pampa

Merci L'OrĂŠal de l'avoir apportĂŠe jusqu'ici.


Et si au bout du chemin

Il n'y avait rien

Ni antidote à la solitude

Ni solution à la précipitation

Ni remède au désordre

Qu'est-ce qui me dit

Qu'au bout de la route

Il n'y ait pas toujours ce même train

Un poil différent

Une variété de même

La lumière avec un air distant

Le temps aussi

L'espace a fortiori

Mais au bout du compte

Mon retour à Paris

Sera un retour à la normale

Où les souvenirs que j'ai laissés

Sont restés les mêmes

Un tour du monde

En tour de moi-même.


Le grincement d’une charnière

Ressort fait de chair

Quelque part dans cette ville efficace.


Un brin de frisson

Au bout d'une branche

FroissĂŠe de ne pas voler

Comme un nuage.


Oublié dans le bleu sans borne

Un nuage bêtement bêle

Sous le nez du Mont Fuji.


Chaque kilomètre

Chaque rencontre

Chaque suée

Chaque pulsation

Chaque délire

Chaque désir

Compte les tous

Compte les heures

Et les jours

Et les astres si tu peux

C’est ton domaine à présent


Lèvres audacieuses

Cuisses érotiques

La fin du monde

Saura sûrement se faire désirer.


Le train se peuple de vieux

À croire qu’au bout du compte

On partage tous la même destination.


Le voyage a l’allure d’un galop

Le galop la légèreté d’une balade

La balade le poids du sommeil

Le sommeil l’haleine d’une porte entrebâillée

La porte entrebâillée le souffle de la plaine

La plaine la sécheresse d’une vieille

La vieille l’épaisseur de son sari

Le sari l’aisance narquoise d’une chevelure de nymphe

La nymphe a les traits d’une femme ordinaire

L’ordinaire a la simplicité de laisser la place au rêve

Le rêve part en voyage.


Au fil des jours

Ce n’est pas le temps qui passe

C’est moi.


À moi s’impose

La sanction du temps

Tout ce qui m’entoure s’abime.

J’ai sillonné le monde

Cherchant où domicilier mes racines

Au lieu de simplement reboiser

Mes démons terrassés.


Au galop du train

Défilent sous mes yeux

La terre d’Inde

Sous le soleil qui déjeune

À mes pieds

Sous les latitudes propices

Aux rêves

Défilent la terre

Le sable

La poussière

En bataillons éparses

Mais fiers

Passe le vol des mouches

Libellules

Et guêpes

En formation chaotique

Mais courageuse

Paradent les lilas

Rhododendrons

Et autres manguiers

En colonnes irrégulières

Mais fleuries

Armé d’une patience affectueuse

Je salue solennellement

Moi chef d’État de rien

Cette revue hétéroclite

Sans rien pouvoir

Comprendre à l’ordre

D’ici bas.


Dans sa fuite l’astre tonitruant

Laisse le soir béant

Place au tribunal clément.


Braises éparpillées

Dans les cendres de ce jour

En vous couve la vie

Constellations éphémères.

Surgissez du crépuscule

Pour nous rappeler ce qui fut

Avant nous

Et qui nous survivra.


Jamais perçu la fierté parentale

Sans ce sou me voilà jeté sur la route

Avec pour tout salaire la quête de l’exploit.

S’ils n’ont jamais rien vu en moi

C’est que l’Ailleurs doit avoir raison

Il m’apportera de quoi briller.

Où est ce trophée

Qui me fera conquérant

Du cœur de mes parents?

J’ai envie de m’arrêter

Descendre du train de leurs attentes

Et disparaître.

Quelle est cette bile qui m’innerve

J’aimerais la purger pour n’être

Que moi pays vierge.

Quelle que soit la moisson

L’hiver fera taire

Les faiseurs d’histoire.


Un jour tout sera fini

Un jour

Tout ça ne sera plus

Un jour

Ça sera fini

Un jour tout ça ne sera plus

Un jour je ne serai plus

Je ne serai plus là

Je ne sentirai plus

Je ne verrai plus

Ni n'entendrai

Ni ne toucherai

Un jour tout ça aura pris fin

Un jour

Comme tant d'autres

Je ne serai plus

Comme tant d'autres

Plus de je ni de moi

Juste un corps

Inerte et froid

Un jour je ne serai plus là

Je ne répondrai plus

Je ne réfléchirai

Ni n'embrasserai

Un jour tout sera vide

Un jour je partirai en poussière

En sable entre les doigts

Je serai traversé par la lumière

Incapable de la tordre

Un jour je ne serai qu'un souvenir

Un jour ce souvenir ne sera plus

Aujourd'hui mes aïeux ne sont plus

Leur souvenir ne m'est pas parvenu

Tout comme eux

Je ne serai plus

Tout comme tout

Comme vous tous

Vivant on l'est un temps

Vivant c'est percevoir

Ce jour où ce sera fini

Vivant c'est comprendre

Qu'on est tous encore là

Ensemble

Tous égaux

Devant ce qui arrive

Tout disparaîtra

Cette pensée m'apaise

Certitude

Cette pensée m'agite

Urgence

Quoi faire

Préparer et construire

Transmettre et survivre

Donner sans compter

N'écouter que soi


Commencer petit

Se concentrer sur ce qu'on aime

Sur ceux qu'on aime

Sur ceux qui nous rendent vivant

Ressentir cet infime mouvement

Au fond de soi

La joie

Compter chaque instant

Solennellement

Compter les sourires

Les étoiles

Les bourgeons

Les étincelles

Les je t'aime

Les frissons

Compter ce qui compte

Tant qu'on peut compter

Sur soi

Sur les autres

Sur nos sentiments

Pour digérer les jours

Mûrir

Et restituer tout le suc

De cette vie.


C’est durant l’enfance

Du jour que j’ai été le plus apte

À écrire mes vérités.


Le printemps retient ses bourgeons

Immobile respiration sur un ciel qui menace

Le vert rouille vire au brun tout en silence.


Le bétail en pierre de taille

Rumine la durée qui lui passe

Au dessus du faîte

Dans le sens de la girouette

Volets et murs aveugles

Ces bâtisses sont nées pour ne jamais bouger

Picorées des piverts

Roussies par les azurs.


Lumière chaude

Bleu silencieux

Carillon irisé

Plancher vallonné

Tapis de frissons

Le sang me pousse dans les veines

Des idées neuves.


Crampe de silence

Après une journÊe intense

Les muscles fourbus du labeur.


La lumière sie

L'air gazouille

L'ombre grogne

Les murs bruissent

Au sol la pelouse fourmille

Impassible.


Silence

Tuyaux qui digèrent

Parquets qui craquent

Le crépuscule réverbère

Ces échos utérins

Silence

Raisonnements qui infusent

Courbatures encore tièdes

Les grillons portent en eux

Les trilles de cette journée

Silence

Pas une absence de vibrations

Mais une harmonie de sons

Avec mes sensations

Degré zéro du bruit.


L'air passe en courant

Les feuilles applaudissent

Cette prouesse invisible.


Une araignĂŠe tisse dans le potager

Entre une grappe de tomate

Et un ergot d’aubergine

Prise au piège

Mon absence

Y balance.


Dessins de famille

Aquarelles et encres

Enguirlandées de poussière

Sols usés râpés

Une maison se ride

Sous ces livres fermés

Chères feuilles solidifiées

Je ne connaîtrai jamais vos histoires

Maisonnée silencieuse

Assidue et studieuse

La tombe du familier inconnu

Se tait ou n'ose parler.


Vigueur aectueuse de la brise

Qui d'un geste insaisissable

Sait retrousser le pan d’une montagne.


La lumière frissonne

Un vent se lève

Quelques oiseaux en trombe

Se ruent à l'abri d'une saillie

Les façades ne bronchent pas

Et laissent planer le jour

Entre elles passe le temps

Qui finit toujours

Par enfanter un nouveau soir.


À peine la canicule périclite

Les insectes s'emparent de l'air

Leur trafic a beau rendre la soirée

Plus vivante que ne l’a été la journée

Ils n'ont rien à voir dans l'affaire

La nuit noire se rapplique affamée.


Les ĂŠtoiles bruissent

Les arbres stridulent

Les grillons scintillent

Nocturne festival.


Déambulation heureuse

Bourdonnantes butineuses

Chance de l'homme

D'avoir inventé le dimanche à chômer.


Les feuilles auditionnent

Une pie passe en pestant

Les butineuses continuent leur collecte d’instants.


Une pluie s'annonce

Je rentre

Apache1 me suit.

1

Maladroit et gourmand, c’est mon chien.


Quand vient le soir

Ma solitude me pèse

Épaules lasses

Le matin et le jour

Elle guide ma concentration

Toute dédiée à ce qui me botte

Mais la solitude laisse le lit froid

Notre ménage ne m'amuse pas

Ni ne me détend

Ma solitude n'est pas une compagne de vie

Juste une collègue

De travail.


La pluie est passĂŠe

Le jour revient

Un peu.


Le temps que l’averse s’en aille

Déjà l’araignée remet en ordre

Sa maille.


Butiner

Et penser faire partie du jardin

Papillonner

Et croire un instant compter parmi les contributeurs

Une bourrasque odeur de doute

Flanque mes balbutiements par terre

Le jardin se fait sans moi.


L’averse a continuÊ son chemin

La lune quelque part

Frissonne avec moi.


Suspendue aux nuages

L’araignée appliquée moissonne

Le ciel chargé d’un été.


Sous le ventre des treilles

Pendent les mamelles

Gorgées du miel d'un été.


Sucs du travail ensoleillé

Filiation imminente des saisons

Tous les éléments œuvrent en silence

Naissance perpétuelle.


La poĂŠsie

Soleil de l'instant

J'aime m'y exposer.


Jouvence

Dans ton regard

J’ai le pouvoir

De tout recommencer.


Le vent gifle l'air

Pas un insecte ce soir

Embruns verts.


Déjà s’annonce

L’hiver

Ces stations qui s’enchaînent

Sans retour possible

C’est un leurre de penser

Qu’avec le temps

Seront pardonnées

Les erreurs

Sur le ballast des saisons

Je navigue

Sur cette voie sans issue

Sans marche arrière

Juste des postes d’aiguillage

Pour infléchir la précipitation

Détours sur ma course

En ligne droite

Dans mes virées je m’invente

Des tribunes

Des débats

Des vilains

Et des Goliath

Mais je n’ai pour me mesurer

Que les jetées

Et leurs monologues

Les hommes

Et leurs moulins

En songe me voilà rajeuni

Par le festin de la bataille

Alors je l’attends sans prendre gare

À la rumeur de l’âge

Saurai-je un jour restituer

Tout le faste des étés

Subtilement raffinés

Dans les replis d’une seule framboise?

Entendre tout l’effort accumulé

Au cœur de ce fruit mûr

Échos parmi les saisons

Balise sur le plan d’une vie

Voici ma récolte

Pour savourer le temps

Élan vital en canon

Et dépasser l’hiver.


Un arbre a kaki

Me nargue avec ses branches

Toutes dĂŠgarnies

Pourtant lourdes de fruits. 


Trophées Médailles Gratifications Butins Perles Joyaux Pépites Éclats Fastes Saisons Fruits Récoltes

Saveurs Essences Sels Menus plaisirs Frivolités Absences Sérénités Silences Respirations
 Secrets Soupirs Femmes

sucs Marc Chataigner

- 2015 -

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