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Et la SNCF ? Elle se tait, la SNCF…

Et la SNCF ? Que pense-t-elle de ce fiasco, où Ubu est au coude à coude avec une flopée de technocrates pour tenter d’éteindre les feux de ce lamentable accident industriel ?

En ce qui nous concerne, nous avons très tôt souhaité rencontrer Stéphanie Dommange, la directrice TER Grand Est, et avons effectué la demande d’entretien usuelle par mail dès le 26 janvier dernier.

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Sept jours plus tard, sans réponse, nous avons réinsisté auprès de Alice Cocatre, la responsable du Pôle Communication externe. Le même jour, nous recevions de sa part les mots suivants : « Nous ne pouvons pas répondre favorablement à votre demande, car l’agenda de Madame Dommange ne nous permet pas à l’heure actuelle de réserver un créneau pour répondre à une interview. »

Suivaient « quelques éléments de contexte » (sic) sans grand intérêt, qui n’étaient qu’un simple rappel de ce que nous savions déjà début février, date de réception de ce mail.

Dans la foulée, nous avons réitéré notre demande dans un mail où nous expliquions « qu’il serait quand même assez incroyable que soient interviewés dans notre magazine les usagers ou leurs représentants, ainsi que les responsables politiques en charge du dossier et que nous soyions contraints de signifier à nos lecteurs que malgré notre insistance, la directrice du réseau TER a refusé de nous accorder un entretien… »

Correspondance close dans la foulée par la réception (sèche) de ces mots : « Je vous confirme qu’il n’est pas possible de donner une suite positive à votre sollicitation. »

Durant les semaines où nous avons travaillé sur ce dossier, les stupéfactions se sont enchaînées, et il suffit de lire les déclarations des uns ou des autres dans les pages qui précèdent pour réaliser l’ampleur du fiasco de la mise en service du REME strasbourgeois.

Mais le refus de Stéphanie Dommange de répondre à nos questions fut la « cerise sur le gâteau ».

Nous rappellerons donc nous aussi ici quelques éléments de contexte : dans cette affaire, il s’agit, d’un bout à l’autre de la chaîne, d’un dossier vital sur bien des plans, et entièrement financé par de l’argent public c’est-à-dire notre argent à tous. Ne pas perdre de vue cet aspect des choses aurait dû largement suffire pour que la responsable en charge de ce projet trouve une quarantaine de minutes dans son agenda pour faire connaître au public les explications de l’opérateur national unique qu’elle représente.

Peut-être même aurait-elle pu profiter de cet entretien pour faire valoir quelques aspects des choses sous-estimés par nos interlocuteurs où par nous-mêmes, susceptibles d’apporter un éclairage complémentaire sur le récit des faits et les commentaires des usagers et décideurs politiques que nous avons livrés à nos lecteurs…

Ça doit être ça ce que l’on appelle la communication…

Ce silence forcené de la SNCF ne sera pas tenable très longtemps. Car tant Thibaud Philipps, vice-président de la Région Grand Est que Alain Jund, vice-président de l’Eurométropole de Strasbourg, s’ils parviennent encore aujourd’hui à contenir la colère froide qu’ils ressentent, ne vont pas mettre des mois à rappeler publiquement les échéances et risquent un jour ou l’autre de violemment taper le poing sur la table.

En ligne de mire, il y a la prochaine mise en concurrence sur la ligne de la vallée de la Bruche, la ligne transfrontalière vers Offenbourg et celle vers Lauterbourg.

Quelle image sera celle de la SNCF quand elle se présentera aux auditions devant l’autorité régionale de transport, c’est-à-dire la Région Grand Est ?

Plus généralement (et c’est le plus important), combien faudra-t-il de temps pour que l’image de la SNCF se restaure ne serait-ce qu’un petit peu auprès de nous tous, le grand public, qui mettons tant de fois la main à la poche : une première fois, via nos impôts depuis des décennies et des décennies pour la pérennité de ce véritable bien national, une seconde fois quasiment chaque année, et depuis longtemps, pour éponger une grande part de son déficit d’exploitation (le cas échéant), une troisième fois au niveau régional (c’est le cas pour le REME) pour financer ses projets. Et une quatrième fois, bien sûr, pour acheter nos titres de transport quand nous utilisons ses services…

M’est avis que le service communication de la vieille dame ferait bien d’agir avec discernement sur le territoire alsacien lors de sa prochaine grande campagne nationale du style « À la SNCF, c’est possible » ou « À nous de vous faire préférer le train ».

Il lui sera peut-être plus prudent d’éviter d’afficher ses slogans multicolores dans le Bas-Rhin… c

Jean-Luc Fournier.

Eleina Angelowski

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