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Le programme RECOR

Adopter les bons comportements après le problème cardiaque…

La cardiologue Marie Lévy est en poste au centre RECOR depuis trois ans. En tant que responsable de ce service intégré au sein de la Clinique de l’Orangerie, elle coordonne l’activité de plusieurs infirmières et spécialistes de la santé ainsi que des deux enseignants en activité physique adaptée qui offrent aux patients de RECOR un programme complet de réadaptation cardiaque…

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La première question qu’on a envie de poser concerne tous ces patients qui suivent ce programme. Comment arrivent-ils ici ?

Il y a ici deux sortes de populations. Il y a les patients qui ont eu un problème cardiaque et qui ont été hospitalisés à l’issue d’un infarctus ou pour la pose d’un stent qui a été programmée après des explorations demandées par leur cardiologue. Ces patients arrivent ici pour qu’on les aide à reprendre leur vie d’avant tout en surveillant qu’il n’y ait pas de limites particulières à leur fixer et en leur donnant toutes sortes de conseils et d’explications en matière diététique, qualité de vie, sportive ou relative à la gestion du stress, entre autres… Le point-clé est d’éviter les récidives et de permettre aux patients de reprendre une vie la plus normale possible…

Il y aussi ceux qui viennent dans le cadre de ce que nous appelons la prévention primaire. Ils n’ont jamais eu le moindre problème cardiaque, mais leur cardiologue ou leur médecin traitant les ont identifiés « à risque » dans ce domaine. Généralement, le but est de modifier leur mode de vie en général, l’alimentation, le poids, l’activité physique régulière. À notre niveau, nous essayons donc de corriger ce qui peut l’être afin d’éviter qu’un événement cardiaque survienne…

Le programme est-il le même pour tous ?

On essaie de l’adapter au cas par cas, mais, de manière générale, on propose une vingtaine de séances sur un créneau de trois heures pour chacune d’entre elles, les deux tiers étant consacrés à une activité physique et le troisième tiers étant dévolu à ce que nous appelons l’éducation thérapeutique et ses nombreux ateliers comme la diététique, la maladie, les médicaments, entre autres… Quand il y a eu une hospitalisation pour un problème cardiaque, on dose évidemment l’endurance en fonction du profil de chaque patient et, petit à petit, séance après séance, on augmente un peu l’intensité. À la fin des vingt séances de base, si les gens sentent qu’ils peuvent encore s’améliorer sur le plan de l’activité physique, on peut prolonger le programme avec dix autres séances supplémentaires. Nous adaptons en permanence ce programme en tenant compte de tous les profils des gens qui viennent le suivre ici…

EXPERTS-COMPTABLES, COMMISSAIRES AUX COMPTES, CONSEILS EN ÉCONOMIE D’ENTREPRISE

Quel est le profil de vos collègues qui travaillent dans ce service ?

Nous sommes tous salariés de la Clinique de l’Orangerie et nous avons tous auparavant œuvré au sein de services de soins hospitaliers classiques. Nous avons tous été affectés ici sur la base du volontariat. Du coup, il y a une belle osmose dans cette équipe et ce service est réputé comme étant agréable pour y travailler. Je crois que ceci provient du fait que les patients qui sont ici y arrivent volontairement et qu’ils sont partants pour suivre ce programme. Dans un service hospitalier classique, on est bien sûr contraint d’être là et on n’a qu’une hâte, le quitter le plus vite possible. Globalement, il y a donc une très bonne entente entre nous tous et les quelques petits problèmes qui surviennent sont rares d’une part, et vite solutionnés ensuite… Cela vaut aussi pour les deux enseignants en activité physique adaptée qui prennent en charge le module de gymnastique, ils sont eux aussi intégrés à plein temps au sein de l’équipe du centre RECOR…

Vous-même, comment avez-vous intégré ce service ?

Après mes études de médecine et mon internat de cardiologie à Strasbourg, mon premier poste a été à l’Institut universitaire de Réadaptation cardiaque Clémenceau situé sur le site d’Illkirch-Graffenstaden qui venait d’ouvrir et qui cherchait des cardiologues. Je crois que ce qui m’a attiré sur ce poste était le côté échange avec les gens, loin des choses un peu plus stressantes, agressives ou invasives qu’on connaît dans nos métiers, à l’hôpital. J’ai adoré ce premier poste et à l’été 2019, j’ai été contactée par l’ancienne cheffe de service d’ici qui partait à Colmar. J’adorais tellement mon équipe à Illkirch que la décision a été un peu difficile à prendre, mais je n’ai rien regretté ensuite, car ici, j’ai retrouvé la même ambiance et ce même travail que j’aimais.

Peut-on faire un bilan de l’action de ce service depuis ses deux décennies d’existence ?

Oui, mais il faut distinguer deux époques différentes, car, à ses débuts, ce centre ne s’occupait que de réadaptation nutritive et de prévention primaire. Aujourd’hui, nous devons fournir à l’ARS (l’Agence Régionale de Santé – ndlr) le nombre de patients pris en charge et leurs spécificités comme l’âge, la ou les pathologies, le nombre de séances suivies, etc. En fait, pour que nous puissions mesurer plus parfaitement l’impact de RECOR, il faudrait que soit mise en place une consultation de rappel un an après la fin du suivi de notre programme. Le retour de nos confrères cardiologues est précieux et ils nous font volontiers part des bienfaits de RECOR sur les gens qu’ils nous envoient.

Un point important, nous sommes toujours ravis de revoir nos patients après un an. Ils nous reviennent généralement, car la Sécurité sociale, à l’instar des cures thermales par exemple, autorise la prise en charge de vingt séances annuelles pour les gens qui ont eu recours au programme de base. Nous fonctionnons alors un peu comme une salle de gym, mais nous ne proposons que du sport santé : on est loin du sport esthétique ou du sportperformance. En tout cas, on est vraiment heureux d’aider les gens à sortir de leur sédentarité plus ou moins prononcée et à les ramener vers une activité physique régulière qui leur fait du bien. D’ailleurs, à leur entretien de sortie du programme, je leur dis systématiquement que plus tard, il ne leur faudra pas hésiter à repousser notre porte s’ils sentent qu’ils doivent être aidés pour conserver les bonnes habitudes qu’ils avaient acquises après le programme initial. Beaucoup nous reviennent régulièrement dans ce cadre… » S

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