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LE PRINTEMPS SLAVE DU FESTIVAL ARSMONDO
by Or Norme
Après une édition 2022 consacrée aux cultures tsiganes, le festival Arsmondo partira cette année à la découverte des mondes slaves.
Le thème avait été choisi bien avant l’agression armée de la Russie en Ukraine », précisent Camille de Fréminville et Antonio Cuenca Ruiz, tous deux aux manettes de la programmation artistique de cette manifestation proposée par l’Opéra national du Rhin.
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« La guerre a bien évidemment un impact sur les artistes invités et les partenariats », conviennent-ils en soulignant la difficulté que rencontrent certains des nombreux artistes ukrainiens programmés à s’afficher dans un festival où figurent des œuvres du patrimoine russe.
Mais ils se refusent à baisser les bras : « il faut se montrer à l’écoute, créer les meilleures conditions possibles afin de rendre compte de ces questionnements auprès des publics et permettre aux artistes de s’exprimer ».
« L’Opéra ne vit pas dans un monde à part », insiste Alain Perroux, directeur de l’institution.
« Il est normal que le festival soit rattrapé par l’actualité mais sa force est de prendre le temps de la réflexion, de créer l’espace d’un échange et de le faire dans différents lieux de la ville, par le biais de multiples disciplines ».
« Sans compter, ajoute Antonio, qu’Arsmondo nous permet d’inscrire la géopolitique dans un horizon culturel beaucoup plus profond, de révéler un imaginaire lointain. »
Car la culture est en elle-même témoignage, comme en atteste le travail de la chorégraphe ukrainienne Olga Dukhovnaya, qui proposera une performance inspirée par le Lac des cygnes de Tchaïkovsky. Avec une jouissive liberté, l’artiste condense tous les rôles du ballet en un seul et croise son histoire personnelle à la grande Histoire, celle de l’espace soviétique, celle qui se joue actuellement.
DE MULTIPLES PARTENAIRES ET LIEUX D’ANCRAGE
Opéra, musées, université, cinémas, Espace Django, galerie Apollonia, lycée des Pontonniers ou bien encore lieu d’Europe, les points d’ancrage de Arsmondo seront nombreux cette année encore et représentent autant de partenaires « porteurs d’une grande force de propositions », relèvent Camille et Antonio.
Ils citent aussi la LICRA Bas-Rhin, le Conseil de l’Europe et la Cour européenne des droits de l’homme dont deux juges donneront une conférence illustrée en direct par un dessinateur de presse. Les droits fondamentaux en mots en images au prisme du monde slave, vous en rêviez ?
Arsmondo l’a fait !
Durant les trois semaines de festival, l’ONR proposera différents concerts mettant à l’honneur des compositeurs et compositrices originaires de Pologne, Biélorussie, Slovénie, Croatie, Serbie, République Tchèque ou encore Bulgarie. La scène accueillera quant à elle Le Conte du Tsar Saltane du 5 au 13 mai.
Cet opéra de Rimski-Korsakov d’après Pouchkine est avant tout « un spectacle qui évoque les liens familiaux », précise Alain Perroux, « un spectacle qui s’adresse à tout un chacun, qui parle à des êtres humains et non pas à des peuples enserrés dans des frontières ». C’est là toute la philosophie d’Arsmondo.
De gauche à droite : Alain Perroux, Camille de Fréminville et Antonio Cuenca Ruiz
« Notre but est de créer des rencontres avec tous les publics », confirme Antonio, « et d’explorer en compagnie d’artistes et d’intervenants les cultures slaves en nous écartant des définitions simplistes ou univoques qui peuvent en être faites pour servir, par exemple, des projets nationalistes. »
Des R Alit S Singuli Res Et Complexes
« Spectacles, concerts, projections, rencontres et échanges permettront d’approcher l’espace culturel slave dans toute sa multiplicité. »
Avec à chaque fois, la découverte de « réalités singulières et complexes » qui éclairent dans la nuance notre rapport au monde, aux êtres et à la culture dans ce qu’elle a de plus essentiel.
L’inauguration du festival se tiendra le 21 avril à la galerie Apollonia (23 rue Boecklin) dans le cadre de l’exposition À l’image et à la dissemblance, où seront rassemblées jusqu’au 14 juin des œuvres photos et vidéos qui explorent de manière paradoxale le thème du portrait. Toutes créées par d’artistes d’origine slave, elles témoignent de l’ADN de cette galerie qui fête cette année ses 25 ans.
Arsmondo cultures slaves se terminera le 14 mai, sa programmation définitive sera disponible sur le site de l’Opéra fin mars. a
Slave
Gries Jean-François Badias