OH-magazine 03 : Les oubliées de la paix en Colombie

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magazine trimestriel d’Oxfam-Solidarité

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#OX-FILES Les oubliées de la paix en Colombie #Project Des légumes, des moutons et une assurance contre la sécheresse N° 3 - mars - avril - mai 2020


tx! Pia Henn

« Une aventure sportive et humaine » « J’ai participé 4 fois à l’Oxfam Trailwalker, en Belgique et en France. J’adore l’esprit de cohésion entre les participants à ce défi sportif. Et il y a une finalité derrière, c’est très positif.

©Tom Saater/OXFAM

LE DÉFI DE L’EAU POTABLE AU NIGER Le Niger est l’un des pays les plus pauvres du monde. Les violences persistantes provoquées par Boko Haram et l’assèchement du lac Tchad forcent de nombreuses personnes à fuir leur maison. Beaucoup se retrouvent dans des camps de déplacé.e.s internes. C’est le cas de Rouwa Madou (photo de couverture) qui a trouvé refuge avec ses 3 enfants dans un camp près du village de Diffa.

« L’eau est essentielle pour tous les aspects de notre vie » Après une formation organisée par Oxfam, elle y occupe le rôle de promotrice de l’hygiène. Elle apprend notamment aux familles comment conserver au mieux l’eau propre disponible aux points de distribution installés par Oxfam. Rouwa prend son rôle à cœur : « Les effets de la malnutrition sont aggravés en l’absence d’eau. L’accès à une eau propre est donc essentiel, notamment pour les femmes qui viennent d’avoir un enfant et les malades. L’eau fournie par Oxfam est essentielle pour tous les aspects de notre vie. »

OH-magazine n° 3 – revue trimestrielle d’Oxfam-Solidarité – mars - avril - mai 2020 Rue des Quatre-Vents 60, 1080 Bruxelles, 02-501.67.00, www.oxfamsol.be, info@oxfam.be Editrice responsable : Eva Smets – Rédaction et relecture : Mark Anthierens, Sotiris Gassialis, Thomas Maertens, Leen Speetjens, Kaat Van der Brempt – Rédaction d’images & photos : Tineke D’haese – Mise en page : José Mangano – Coordination : Mark Anthierens – Impression : Gevaert Graphics Vous désirez vous abonner, obtenir le magazine en version digitale ou ne plus le recevoir ? Envoyez-nous un mail à maquestion@oxfamsol.be. Oxfam respecte votre vie privée. Vous avez la possibilité de modifier vos données personnelles, de les supprimer ou de retirer votre consentement à tout moment. Contactez-nous sur maquestion@oxfamsol.be ou téléphonez au 02/501.67.33. Consultez notre charte de confidentialité sur www.oxfamsol.be/vieprivee.

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Ce magazine est imprimé sur du papier FSC - MACO SILK 135 Gr

Il y a deux ans, je faisais de la randonnée au Népal. Je portais mon T-shirt Oxfam. Un jeune homme m’a interpellé : ‘C’est grâce à Oxfam que nous avons de l’eau courante dans mon village ! ‘ On reçoit des infos sur les projets d’Oxfam, mais rencontrer comme ça quelqu’un qui en vit les retombées positives, c’est vraiment génial. »


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CARTE BLANCHE Patricia Muñoz Cabrera Conseillère en genre, Women in Development Europe-WIDE+

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pia (27) Née à Rocourt En couple avec Lorentz Est consultante IT Est heureuse quand elle lit un chouette livre Déteste le poivron

«

Nos gouvernements tolèrent des économies violentes

L’Amérique latine est enlisée dans un modèle de développement qui repose sur l’extraction de matières premières à un rythme insoutenable. Les populations riveraines de ces projets extractivistes (forages pétroliers, mines, cultures intensives) ne bénéficient en rien de ces ressources naturelles, destinées à des consommateurs qui vivent à des milliers de kilomètres de là. Au contraire, elles en subissent les conséquences désastreuses. LES FEMMES EN PREMIÈRE LIGNE Au Guatemala par exemple, l’agro-business prive les femmes rurales indigènes de leurs terres et les contraint à travailler pour des grandes entreprises agro-industrielles, dans des conditions précaires. Au Honduras, au Pérou, au Chili, au Brésil, des femmes et des hommes engagé.e.s prennent des risques en s’opposant à l’exploitation extractiviste qui livre les terres et la biodiversité aux multinationales. En particulier, les paysans et les paysannes ainsi que les femmes noires et autochtones en milieu rural sont la cible de violences et de menaces de mort. L’assassinat de la leader du peuple Lenca Berta Cáceres il y a tout juste quatre ans est un exemple emblématique de féminicide qui vise à réduire au silence les femmes qui défendent leurs droits face aux industries extractives. Le meurtre de Berta doit nous rappeler que la terre n’est pas une marchandise mais un droit humain et que la préservation de notre biodiversité est la responsabilité de tous et toutes.

Vous souhaitez vous aussi vivre l’aventure d’Oxfam Trailwalker ? Scannez le QR-code ou visitez www.oxfamtrailwalker.be

des alternatives durables Nos gouvernements ont échoué à protéger notre patrimoine naturel et à défendre les droits des communautés qui vivent sur ces terres. Au contraire, ils ont ouvert la voie à l’exploitation illimitée de nos ressources naturelles. Pourtant, à travers l’Amérique latine, des communautés défendent et mettent en œuvre des modèles économiques écologiques et solidaires. Ces alternatives doivent être entendues par nos gouvernements pour mieux répondre à la crise climatique et pour prévenir les violations des droits humains causées par l’industrie extractive.



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SNAP Shot

62% DES FILLES N’ONT PAS ACCÈS À LA SCOLARITÉ

©Joël van Houdt/OXFAM

En Afghanistan, 62% des filles ne vont pas à l’école. Par la suite, une fois adultes, les femmes afghanes n’ont que très peu de poids dans les prises de décisions. Avec ses partenaires, Oxfam aide les femmes et les filles à prendre connaissance de leurs droits et à les faire valoir. Nous permettons aussi aux fillettes de se rendre à l’école en toute sécurité. C’est en œuvrant dans ce sens que les femmes afghanes gagnent progressivement en influence au sein de la société.


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TRENDS & TRIGGERS

une italienne

en robe de delft Scannez ce QR-code pour trouver un magasin près de chez vous

Regardez cette adorable cafetière que nous avons dénichée dans le magasin de seconde main Oxfam des Marolles ! Cette pièce unique n’est qu’un exemple des trésors qui vous attendent dans la section Brocante de ce magasin. Idéale pour préparer un espresso avec le café bio et fairtrade Highland disponible chez Oxfam-Magasins du Monde.

Cette trouvaille est vendue au prix de 55 €.

Semaine du Donateur

Du 23 au 28 mars, nous VOUS mettons a l'honneur

semaine du donateur 23>28 mars

Que faire des affaires dont vous n’avez plus besoin ? Ramenez-les dans un magasin de seconde main OxfamSolidarité durant la Semaine du Donateur et vous recevrez une petite attention. Vous réduirez de plus la production de déchets et votre geste contribuera à changer la vie de personnes dans le monde entier. Les ventes dans nos magasins permettent en effet de financer des projets d’Oxfam contre la pauvreté et les inégalités.

Trouvez un magasin de seconde main Oxfam www.oxfamsol.be/seconde-main

Etonnée Fin 2019, Sophie, donatrice Oxfam, s’est rendue au Laos. Elle a notamment pu rencontrer des villageois.e.s prenant part à des ateliers promouvant l’égalité hommes-femmes mis en place par des partenaires d’Oxfam. Elle en revient avec un message positif : « J’ai été étonnée des résultats apparemment rapides. En quelques mois la vie courante s’est améliorée pour les femmes. C’était touchant de voir le bonheur sur leur visage quand elles en parlaient. » www.oxfamsol.be/parleursyeux

5.591 signatures

Le 4 décembre 2019, nous avons remis à la ministre fédérale de l’environnement Marghem une pétition rassemblant 5.591 signatures de soutien à nos exigences pour le climat. Elles ont été rassemblées en 2019 auprès de milliers de jeunes, sympathisant.e.s et bénévoles d’Oxfam. Une belle mobilisation pour le climat, que nous maintiendrons cette année !

n Votre soutie compte


Les 29 & 30 août 2020, relevez le défi en parcourant 100 km en maximum 30 heures par équipe de quatre dans le cadre magnifique de la Grande Forêt de Saint-Hubert. Dépassez vos limites et engagez vous dans cette aventure solidaire hors du commun au profit des projets d’Oxfam dans le monde entier.

www.oxfamtrailwalker.be

« Oxfam est un acteur qui façonne la société de demain. Je veux les rencontrer pour discuter de leur rapport sur les inégalités. » Première Ministre Sophie Wilmès le 22 janvier sur Matin Première en direct depuis Davos.

12,5

Milliards

d’heures prestées chaque jour sans salaire par les femmes Les femmes et les filles prestent chaque jour 12,5 milliards d’heures de travail de soin non rémunérées : aller chercher de l’eau, cuisiner, faire le ménage, prendre soin des enfants et des personnes âgées ou malades... Ce travail non rémunéré contribue à faire vivre des familles et à faire tourner des entreprises. Il représente une contribution invisible à l’économie mondiale estimée à 10.800 milliards de dollars par an ! Et pendant ce temps, la richesse des milliardaires augmente en moyenne de 7,4 pourcents par an…

FACT

FACTS & FIGURES

CHECK

m xilfwa O alker tr a i f é d e l z e Relev

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Quel est l’impact de la «fast fashion» sur le climat ? Zara, H&M, Primark ne sont que quelques exemples d’enseignes qui proposent de nouvelles collections toutes les quelques semaines. La «fast fashion», c’est ça : des vêtements à bas prix qui finissent généralement leur vie à la décharge après avoir été à peine portés. La production et le transport de ces vêtements vers les points de vente sont responsables à eux seuls de 5% des émissions annuelles globales de gaz à effet de serre. Soit une quantité similaire à celle émise par l’ensemble des vols aériens, souvent pointés du doigt pour leur impact sur le climat. Sur un plan environnemental plus large, les tissus synthétiques dont la fast fashion est friande mettent énormément de temps à se dégrader une fois en décharge (le sort d’environ 80% des vêtements). Cela va de 40 ans pour le nylon à 200 pour le polyester. Se faisant, d’énormes quantités de microparticules plastiques se retrouvent dans les océans : l’équivalent de 50 milliards de bouteilles en plastique par an. L’impact sur l’environnement de la production de vêtements en coton n’est pas en reste. Elle est notamment très gourmande en eau : 2.700 litres pour un T-shirt et 10.000 pour un jean.

CONCLUSIon : L’industrie textile pollue autant que l’ensemble des vols aériens. Ne cédez pas à la fast fashion : achetez moins, préférez les marques ‘eco-friendly’ et pensez à la seconde main (par exemple dans un magasin Oxfam-Solidarité).


La Colombie est le deuxième pays le plus dangereux du monde pour les défenseurs de l’environnement comme Maria.


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OX-FILES

les oubliées de la paix texte

Sotiris Gassialis - Photos Pablo Tosco/OXFAM

Malgré l’accord de paix qui a mis un terme à 53 années de conflit armé en Colombie, les assassinats de leaders sociaux ne cessent d’augmenter. Les femmes sont particulièrement visées. Oxfam et 2 autres organisations s’unissent pour dénoncer l’impunité dont bénéficient leurs auteurs.

À

Florencia, chef-lieu du département colombien de Caquetá, les rues sont noires de monde. La ville est le principal centre économique du sud-est du pays et le siège de grandes entreprises agro-industrielles. Il est difficile de s’imaginer qu’ici, comme dans de nombreux autres endroits du pays, protester peut coûter la vie. Caquetá donne un aperçu de la Colombie actuelle : l’accord de paix signé entre le gouvernement de l’ex-président Juan Manuel Santos et la guérilla des FARC en 2016 renvoie l’image d’un pays en voie de réconciliation. Mais en y regardant de plus près, on découvre une guerre silencieuse qui tue des leaders sociaux en toute impunité. Une guerre particulièrement sanglante pour les femmes. Maria vit et travaille à Florencia. Il y a quelques mois, alors qu’elle s’apprêtait à traverser la rue, un motard lui a bloqué le passage. Elle raconte : « Il s’est approché de moi et m’a dit : vous ne devriez pas porter votre sac à l’avant. Des personnes malintentionnées pourraient vous le voler, voire vous tuer ». La menace était à peine voilée.


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OX-FILES Réduites au silence Quelques semaines auparavant, Maria ainsi que d’autres femmes de la Plateforme des femmes de Caquetá, une organisation de défense des droits humains et environnementaux soutenue par Oxfam, tenaient une audience publique. Elles y revendiquaient leur droit à cultiver les terres sur lesquelles elles sont nées.

Depuis 2016, 55 défenseuses des droits humains ont été assassinées en Colombie.

Mais le département de Caquetá est riche, très riche. Son sous-sol regorge de pétrole, on trouve de l’or dans ses rivières et on y pratique l’agriculture dans des exploitations toujours plus grandes. Le gouvernement encourage l’installation de monocultures industrielles, notamment via une fiscalité avantageuse. Résultat : sur 8,5 millions d’hectares utilisés par l’agriculture, 7,1 millions sont occupés par des méga-plantations de café, d’huile de palme et de sucre de canne, destinés à l’exportation. « Pendant notre dernière assemblée, j’ai demandé aux 60 femmes qui étaient présentes : combien d’entre vous possèdent une terre ? Une seule a levé la main. C’est pour ça que nous revendiquons ces terres, elles nous appartiennent », raconte Maria. « Ils nous menacent parce qu’on s’oppose à des

activités qui détruisent nos forêts ancestrales ». Elle ne sait pas qui se cache derrière ce ils. « Nous ne savons pas si ce sont des paramilitaires, des guérilleros ou des hommes de main envoyés par des politiques ». Ce qui est certain, c’est qu’à chaque fois que Maria sort de chez elle, elle risque de se faire harceler, voire tuer. Depuis 2016, 55 défenseuses des droits humains ont été assassinées en Colombie, selon Oxfam. Et rien qu’au cours des trois premiers mois de 2019, 75 ont été agressées. L’accord de 2016 n’a pas apporté la paix Dans un bureau de Bogotá, à 400 kilomètres de là, Aida Pesquera, directrice d’Oxfam Colombie, est catégorique : « Nous disons aux gouvernements du monde entier que la Colombie n’est pas arrivée au bout du processus de paix. Des gens souffrent dans les territoires dans lesquels ils investissent et le gouvernement laisse faire. Notre rôle est surtout politique : nous demandons à l’état colombien de faire de la protection de ces femmes une priorité nationale et de réinvestir les zones rurales dans lesquelles il est totalement absent. Cette impunité ne peut plus durer ». Le conflit armé colombien puise ses racines dans une structure socio-économique inégalitaire, surtout dans les zones rurales où 1% des propriétaires terriens possèdent encore aujourd’hui 80% des terres. Cela fait de la Colombie le pays le plus inégalitaire d’Amérique latine à cet égard. Pourtant l’accord de paix signé en 2016 devait inverser la tendance. Mais rien ne se passe. Et pour cause, les terres sur lesquelles vivent les communautés autochtones sont souvent destinées à l’exploitation agro-industrielle ou minière. Des terres qui rapportent beaucoup à l’état colombien, premier producteur d’émeraudes et de charbon d’Amérique latine.

Janet et Norka se battent pour les droits des Wayúu.

L’ombre de l’exploitation minière La mine de Cerrejón dans La Guajirá, au nord-est du pays, illustre bien le problème. C’est la plus grosse exploitation de charbon à ciel ouvert d’Amérique latine. Eneida Díaz, 62 ans, est la propriétaire d’une cantine située non loin de la mine. Tous les


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OX-FILES jours, elle assiste au va-et-vient incessant des camions qui transportent des tonnes de

Eneida Díaz à l’entrée de sa cantine.

charbon. « Ils m’ont offert 120.000 pesos (33 euros) pour que je m’en aille. Ensuite, ils ont rasé ma maison. Je suis venue ici et j’ai ouvert cette cantine. Maintenant, ils m’offrent 60 millions pour que je quitte les lieux, mais je n’irai nulle part », affirme-elle déterminée. Eneida n’est pas seule. Elle est défendue par l’association des femmes Wayúu, fondée en 2006 pour protéger les droits de ce peuple autochtone et soutenue par Oxfam. « Nous accusons l’état pour ses liens avec les entreprises minières de cette zone », expliquent sans détours Janet et Norka, deux activistes de l’association. « Ces négociations

n’étaient pas justes. On a expulsé Eneida sans même l’avoir consultée. Et en plus, nous sommes menacées par les paramilitaires », affirment-elles. Selon Oxfam, les groupes paramilitaires qui opèrent dans l’illégalité sont responsables de deux cas sur trois d’attaques contre des militants des zones rurales. Une fois de plus, un exemple de l’inactivité de l’état. Déterminées malgré les menaces Janet et Norka vivent un peu plus loin, près de la rivière d’Aguas Blancas. C’était leur principale source de subsistance jusqu’à ce qu’une autre compagnie minière commence à y déverser des déchets toxiques, avant de détourner son cours. Peu de temps après, la rivière s’est asséchée. Elles ont dénoncé les pratiques de cette société mais n’ont reçu en échange que des menaces de mort jusqu’à ce qu’elles soient obligées de fuir.

Les militants sont menacés par des paramilitaires.

Les femmes qui restent, n’ont d’autre choix que d’être accompagnées dans chacun de leurs déplacements par des gardes du corps armés. Pas un jour ne passe sans qu’elles craignent pour leur vie. Pourtant, elles poursuivent leur lutte. Maria de Florencia résume bien ce qui pousse ces femmes à persévérer : « Je suis issue d’une lignée de paysannes aux racines indigènes profondes. Pour nous, la terre ne connaît pas de limites. Et surtout, si on nous l’enlève, sur quoi allons-nous construire nos rêves ? »

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70%

266.000

des terres productives colombiennes se concentrent dans 0,4% des exploitations du pays.

vies ont été perdues durant le conflit armé colombien.

4ème Selon la Banque mondiale, la Colombie serait le 4e pays le plus inégalitaire au monde, derrière l’Afrique du sud, Haïti et le Honduras.

1982 Oxfam soutient des initiatives de la société civile colombienne depuis 1982.


Grâce à la vente de ses légumes, Hagosa Demowez a pu acheter quatre moutons.


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Des légumes, des moutons et une assurance contre la sécheresse

PROJECT

La crise climatique frappe de plus en plus fort, en Éthiopie aussi. La pluie se fait de plus en plus rare. Avec votre soutien, les paysans de la province du Tigré prennent des mesures pour mieux se préparer aux conditions climatiques extrêmes.

texte

L

e regard de Birhan Teklehaimanot est préoccupé quand elle inspecte le blé dans son champ. « Les précipitations se font encore attendre davantage que l’an dernier », raconte-t-elle. « Sans blé, impossible de nourrir notre bétail. Et donc impossible de générer des revenus. » Une assurance contre la sécheresse Birhan, 39 ans et mère de trois fils, habite le Tigré. Dans cette région, les pluies sont rares et de plus en plus difficiles à prévoir. Il y a quatre ans, la sécheresse a entraîné la perte de l’intégralité de sa récolte de blé. Depuis, Birhan et sa famille contractent chaque année une assurance climat sur leurs cultures qui leur permet de toucher une somme d’argent en cas d’échec de la récolte. Depuis 2015, Birhan participe à l’initiative R4. Ce projet innovant initié par Oxfam et ses partenaires implique aussi le Programme Alimentaire Mondial des Nations Unies. R4 prépare les agriculteurs et leurs familles aux risques liés aux aléas climatiques. Les familles peuvent ainsi

Leen Speetjens -

photo

Petterik Wiggers/OXFAM

emprunter et épargner de l’argent, mais aussi souscrire à une assurance pour protéger leurs récoltes. Elles sont aussi soutenues dans le cadre de projets environnementaux bénéficiant à l’ensemble du village. Birhan a contracté un emprunt pour acheter des moutons. Elle a suivi une formation et appris à diversifier ses cultures. Dans son petit champ, des tomates, des choux, des oignons et d’autres légumes poussent désormais près du blé. Ces démarches lui permettent de générer des revenus et de mettre de l’argent de côté pour la scolarité de ses fils. « Avant, j’ignorais comment me dégager un revenu. Dorénavant, je suis à la tête d’une petite entreprise. Je sais comment faire évoluer mes cultures sans perdre de vue la production et les aspects financiers. »

Birhan : « Jadis, les pluies suffisaient toujours. »

Stress lié à la sécheresse Perchés sur les collines de Rubafleg, au Nord du Tigré, des champs couverts de blé s’étendent le long de la route. « Ne vous laissez pas tromper par sa couleur verte », nous prévient Mehari Kahsay, coordinateur de REST (Relief Society of Tigray), l’association partenaire d’Oxfam. « Depuis le début de la saison humide, il n’a plu que trois jours. Cette couleur vert foncé signale un stress hydrique au niveau de ce blé. » « La population s’inquiète », poursuit Mehari, « et pas uniquement à propos du blé. Les gens craignent de ne pouvoir nourrir leurs animaux, faute de fourrage. Le bétail représente souvent l’ultime espoir des paysans qui perdent leur récolte de céréales. Mais la sécheresse qui détruit les champs de blé entraîne aussi la disparition des pâturages pour le bétail. » De l’eau pour les collines sèches Au village Hinecho, Zakerias Tesfay et ses voisins ont construit une série de terrasses contre la pente d’une colline où ils ont semé leurs légumes. Pour irriguer


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PROJECT

Hagos Demowez : « Grâce au soutien d’Oxfam, je peux à nouveau cultiver des légumes. »

leurs cultures en terrasses, ils ont creusé des réservoirs reliés entre eux par un canal. Ils pompent l’eau retenue par un petit barrage dans le lit d’une rivière située plus bas. Sur les pentes raides, ils plantent des arbres et des cactus. Ils luttent également contre l’érosion des sols à l’aide de murets de pierres. Tous ces aménagements ont été rendus possibles grâce à un coup de pouce financier. « Ce système nous permet d’économiser l’eau », explique Zakerias. « L’eau que nous stockons sert ensuite à irriguer les champs pendant la saison sèche ». 19 habitants du village ont participé au chantier de construction, en échange de quoi leurs champs de céréales ont été assurés. Ils se répartissent les revenus générés par les cultures maraîchères. Microjardins Hagosa Demowez est la mère célibataire de trois enfants. Elle dispose d’un petit potager entouré d’une clôture de branches. Ce dispositif empêche les moutons de se régaler des légumes qu’Hagosa y fait pousser. En 2011, elle a suivi une formation auprès de REST qui lui a montré comment travailler avec du compost biologique. Elle a aussi installé une citerne d’eau de 7000 litres pour récupérer

l’eau de pluie s’écoulant de son toit. « Je suis vraiment enchantée de ce système d’arrosage », affirme Hagosa. « J’ai même abandonné la culture de céréales car le maraîchage me rapporte plus », précise-t-elle. Elle finance ses légumes à l’aide d’un petit prêt consenti par la caisse d’épargne de son village. Son premier emprunt lui a permis d’acheter quatre moutons, qu’elle a élevés et vendus. Elle a alors réinvesti ses gains dans des poulets dont elle vend maintenant les œufs. La petite entreprise d’Hagosa illustre l’approche intégrée du projet : de l’aménagement de microjardins à l’achat de bétail, en passant par le stockage de l’eau, l’accès à des sources de financement et à des solutions d’épargne. La pluie si rare tombe aujourd’hui et Hagosa se réjouit à la vue des gouttes qui remplissent sa citerne. « Cette eau viendra à point nommé pendant

Vous voulez soutenir nos projets en Éthiopie et dans le monde entier ? Scannez le code QR ou rendez-vous sur www.oxfamsol.be/faire-un-don BE37 0000 0000 2828

S’adapter à la sécheresse 25.000

éthiopien.ne.s ont contracté une assurance pour protéger leurs récoltes.

87.000

paysan.ne.s ont reçu un soutien pour s’adapter à la crise climatique.

500.000

paysan.ne.s d’Afrique bénéficieront d’une assurance contre la sécheresse en 2020.


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en mission avec ...

Eva Smets #THISISCONGO

Directrice Générale d’Oxfam-Solidarité eva smets •

eva smets •

eva smets •

26.10 #KINLABELLE #HAPPYTOBEBACK

27.10 #WOMENMAKEGREATLEADERS

28.10 #ONTHEROAD

Arrivée au Congo pour une mission d’une semaine. Au menu : nos priorités pour les 5 prochaines années en RDC, où Oxfam opère depuis 60 ans. Super accueil par Corinne N’Dauw, directrice d’Oxfam RDC et son équipe.

Conférence de presse avec les directrices d’Oxfam RDC et Allemagne. Au cœur de nos échanges : le travail d’Oxfam auprès de 1,3 millions de personnes en 2019. Les urgences sont nombreuses : personnes déplacées, Ebola.

Dans un vol humanitaire pour Bunia dans la province de l’Ituri, à 1.800 kilomètres de Kinshasa. Dans un pays où 15,6 millions de personnes sont touchées par une grave insécurité alimentaire, la situation en Ituri n’est que l’une des multiples crises qui affectent la RD Congo.

eva smets •

29.10 #BUNIA #ITURI

50.000 personnes vivent dans ce camp de déplacés à Bunia depuis que les violences ont éclaté en Ituri en 2017. Des villages et des écoles ont été pillés et brûlés. L’Ituri connaît encore beaucoup de défis. Collectivement, nous sommes en train de les relever.

eva smets •

29.10 #BUNIA #WATERISLIFE

Un enjeu fondamental dans les camps : l’accès à l’eau potable. Notre objectif : apporter de l’eau propre à 50.000 personnes supplémentaires d’ici à mai 2021. Et veiller à y garantir la sécurité des femmes et des filles.

eva smets •

29.10 #PREVENTION #EBOLA

Avec un grand nombre de personnes vivant dans des camps surpeuplés et des taux de malnutrition élevés, tous les ingrédients sont réunis pour favoriser la propagation rapide du virus Ebola. La prévention que fait Oxfam sur le terrain est essentielle pour contenir cette urgence sanitaire.


OH - magazine trimestriel d’Oxfam-Solidarité Mars - Avril - Mai 2020 P501325 - Bureau de dépot Gand X

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conseils

POUR UN NETTOYAGE DE PRINTEMPS DURABLE

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Désencombrez vos placards

Faites briller votre maison Astiquer sa maison dans le respect de l’environnement ? Une mission à portée de main ! En effet, un tas d’astuces naturelles le permettent, le plus souvent avec du matériel déjà présent dans vos placards. Se servir de vinaigre pour dissoudre le calcaire dans votre bouilloire ou nettoyer vos vitres, par exemple.

Enrichissez votre jardin

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Le printemps est le moment idéal pour favoriser la biodiversité dans votre jardin (ou sur votre balcon). Accrochez des nichoirs, démarrez un compost et installez ou semez des plantes issues du commerce équitable. Votre mobilier de jardin date un peu ? Un coup de peinture bio suffira à le mettre au goût du jour.

Votre garde-robe est pleine comme un œuf ? Il est grand temps d’offrir une nouvelle vie aux vêtements que vous ne portez plus. Faites-en don à Oxfam pour approvisionner nos magasins de seconde main. Vous pouvez aussi participer à une brocante ou échanger des vêtements ou des objets lors d’une soirée entre ami.e.s.

Less is more

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Les objets superflus encombrent notre logement, notre esprit et l’environnement. Pourquoi ne pas faire le point sur ce dont vous avez réellement besoin ? En quête d’outils de jardinage ? Envie d’une chaise de camping pour un week-end en Ardennes ? Il suffit peut-être de les emprunter auprès de votre entourage !


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