OH-magazine 4 : notre lutte pour un progrès équitable au Laos et le défi de l’eau potable au Yémen

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h O magazine trimestriel d’Oxfam-Solidarité

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#OX-FILES VERS UN PROGRÈS ÉQUITABLE AU LAOS #Project Le défi de l’eau potable au Yémen N° 4 - juin - juillet - août 2020


tx!

Bette & Frauke « Tout le monde a le droit de vivre en sécurité. » En février dernier, les élèves et le corps enseignant du collège Sint-Jozef de Torhout ont organisé une action pour soutenir un projet Oxfam dans les camps de réfugié.e.s en Syrie. Elle a permis de récolter 18.270 euros en une semaine.

©Tom Saater/OXFAM

L’eau, un défi quotidien dans les camps Depuis le 9 juillet 2017, la ville de Mossoul a été reprise à Daech par l’armée irakienne. Petit à petit, les habitant.e.s rentrent chez eux. Sur les 900.000 personnes qui avaient fui la ville, 200.000 sont revenues pour entamer une nouvelle vie. Mais la sécurité reste fragile en Irak et la reconstruction progresse lentement. Les 4.000 personnes qui vivent encore dans le camp de Hasansham (photo de couverture), à l’est de Mossoul, n’ont nulle part d’autre où aller et font face à de graves risques. Les jours de pluie, la boue et les flaques d’eau envahissent le camp et rendent les résident.e.s vulnérables aux épidémies.

Se laver les mains : un geste qui sauve des vies Pour les protéger, Oxfam a construit des points d’eau potable et des toilettes, et distribué du savon. Nous avons aussi enseigné aux enfants comment correctement se laver les mains. La crise sanitaire provoquée par le Covid-19 a mis en lumière un enseignement qu’Oxfam défend depuis sa création : les bonnes pratiques d’hygiène sont les premières barrières contre les épidémies. C’est d’autant plus vrai dans les camps de réfugié.e.s où 250 personnes en moyenne se partagent un seul point d’eau.

Bette : « Cette action m’a ouvert les yeux sur la situation en Syrie. On sous-estime grandement la gravité de la situation là-bas. Tout le monde a le droit de vivre en sécurité. Et il reste beaucoup de travail pour y parvenir dans ce pays. » Frauke : « Nous avons entendu les récits poignants de réfugiés syriens. Il y a tellement de choses qui nous semblent évidentes alors qu’elles sont un luxe pour d’autres : l’école, une maison, la sécurité... Et malgré leur parcours difficile, ils parviennent à voir le bon côté des choses. »

Bette Vermet (18) Née à Torhout Habite à Torhout En option Latin-Grec

Frauke Vanmassenhove (17) Née à Torhout Habite à Koekelare En option Langues modernes – Sciences

OH-magazine n° 4 – revue trimestrielle d’Oxfam-Solidarité – juin - juillet - août 2020 Rue des Quatre-Vents 60, 1080 Bruxelles, 02-501.67.00, www.oxfamsol.be, info@oxfam.be Editrice responsable : Eva Smets – Rédaction et relecture : Mark Anthierens, Sotiris Gassialis, Thomas Maertens, Leen Speetjens, Kaat Van der Brempt – Rédaction d’images & photos: Tineke D’haese – Lay-out: José Mangano – Coordination : Mark Anthierens – Impression : Gevaert Graphics Vous désirez vous abonner, obtenir le magazine en version digitale ou ne plus le recevoir ? Envoyez-nous un mail à maquestion@oxfamsol.be. Oxfam respecte votre vie privée. Vous avez la possibilité de modifier vos données personnelles, de les supprimer ou de retirer votre consentement à tout moment. Contactez-nous sur maquestion@oxfamsol.be ou téléphonez au 02/501.67.33. Consultez notre charte de confidentialité sur www.oxfamsol.be/vieprivee.

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Ce magazine est imprimé sur du papier FSC - MACO SILK 135 Gr

Vous souhaitez organiser une action pour Oxfam ? Prenez contact avec Philippe Schyns : Philippe.schyns@oxfam.org, 0484 54 66 03


La solidarité

ne connaît pas les frontières

Edito

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A

u moment d’écrire ces lignes, la première phase de déconfinement vient d’être annoncée. J’espère que vous et vos proches allez bien. Ce virus nous a tous touchés. De façon douloureusement directe parfois. Nous avons ainsi perdu l’un de nos bénévoles. Cette crise a aussi des conséquences financières difficiles pour beaucoup. La solidarité est plus que jamais essentielle et je tiens à vous remercier pour votre soutien.

Pas tous égaux face aux conséquences En tant qu’ONG, la propagation du COVID-19 dans les pays où les soins de santé sont défaillants nous inquiète. Selon Oxfam, cette crise va pousser dans la pauvreté un demi-milliard de personnes supplémentaires. Nous avons plaidé pour un plan de sauvetage économique global et notamment l’annulation immédiate de la dette des pays en développement à hauteur de 1000 milliards de dollars. Grâce à notre longue expérience, nous avons renforcé nos actions en lien avec l’eau et l’hygiène dans plus de 65 pays. En Syrie par exemple, où la guerre sévit depuis 10 ans, nous avons distribué du savon et des kits d’hygiène. Avec d’autres ONG, nous avons activé le Consortium 12-12 afin de lancer un appel commun pour aider les plus vulnérables.

Ensemble, nous faisons face au virus Nous avons distribué des ordinateurs à des jeunes défavorisés en Belgique. Plus de 185 laptops sont ainsi partis vers la Croix-Rouge, Molengeek ou encore Mentor-Escale. Nous en avons également vendu à prix coûtant via plusieurs communes et CPAS. Nous voici dans l’après-coronavirus. Le monde a changé de visage. Pour moi, cette crise est une invitation à remettre en question une économie basée sur la croissance et le rendement à tout prix. Ce système mérite-t-il d’être sauvé ? Comment pouvons-nous contribuer à créer un monde plus social, plus durable et plus équitable ? C’est le défi auquel nous faisons face.

Ensemble, nous relèverons ce défi.

Eva Smets Directrice générale Oxfam Belgique

Vous pouvez nous soutenir en effectuant un virement sur le compte

BE37 0000 0000 2828, en indiquant “9228” comme message



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SNAP Shot

1,5

MILLION D’ENFANTS

©Pablo Tosco/OXFAM

C’est le nombre de victimes que fait la diarrhée chaque année. Au Tchad, c’est la première cause de mortalité chez les moins de 5 ans. Pourtant, 45% des cas de diarrhée pourraient être évités par un lavage régulier des mains. Pour pallier ce fléau, Oxfam a remis en état deux puits et installé un réservoir d’eau potable dans le centre de santé de Kamkalaga, un village isolé du nord du pays. Nos agents de santé montrent aussi aux enfants du village, comme Sara et son frère Mahamat, comment bien se laver les mains en utilisant l’invention la plus vieille du monde pour lutter contre les épidémies : une barre de savon.


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TRENDS & TRIGGERS

des livres

pour s’evader tout l’été

Scannez ce QR-code pour trouver un magasin près de chez vous

Vous avez enfin pu lire ce roman qui prenait la poussière sur votre table de chevet pendant le confinement ? En quête d’une nouvelle trouvaille ? Venez donc faire un saut dans l’un des bookshops d’Oxfam. Vous y trouverez une vaste collection de livres de seconde main à des prix dérisoires. Les prix de nos livres d’occasion varient entre 1 et 10 € maximum.

L'économie du donut

La campagne d'Oxfam-Magasins du monde pour un autre modèle économique Le monde d’après crise COVID-19 doit être plus écologique et solidaire ! La nouvelle campagne d’Oxfam-Magasins du monde vous montre comment le modèle économique du donut peut nous guider dans la transition écologique et sociale. On y parle notamment de plancher social et de plafond environnemental, de limites à la croissance et de la place du commerce équitable et du Sud dans cette transition.

Plus d’infos sur omdm.be/donut

Mobilisée Le 6 mars, 4.000 personnes marchaient à Bruxelles pour le climat. Ophélie en était. Si elle devait retenir une chose de cette manifestation ? « Tous les manifestants en première ligne étaient des manifestantes. Ce qui pousse les femmes à se mobiliser, c’est le fait qu’elles sont sous-représentées dans les organes de décision sur le climat : elles sont moins de 30% dans les équipes de négociation. Ça doit changer ». Et pour cause, les femmes sont les premières victimes du changement climatique : elles représentent par exemple 80% des déplacé.e.s climatiques.

800.000 personnes

Oxfam a lancé une opération humanitaire après que le cyclone Idai ait frappé le Mozambique, le Malawi et le Zimbabwe en mars 2019. Depuis lors, nos équipes ont aidé 800.000 personnes. Grâce à vous, nous avons distribué des couvertures, de l’aide alimentaire, des kits d’hygiène et installé des toilettes dans les camps de déplacé.e.s.

Merci


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la solidarité

comme remede au covid-19

Selon l’ONU, le nombre de personnes au bord de la famine pourrait passer de 135 à 265 millions à cause du coronavirus. Face à cette crise inédite, Oxfam et six autres organisations humanitaires ont réuni leurs forces au sein du Consortium 12-12 afin de lancer en commun un appel aux dons. L’urgence est multiple : soutenir des services de santé déjà fragilisés mais aussi garantir l’accès à l’eau et à l’alimentation dans les pays les plus pauvres.

Les dons sont possibles sur le compte

FACTS & FIGURES

nouveau

Oxfam belgique Ensemble pour un monde plus juste

BE37 0000 0000 2828 avec la communication « 9228 »

« Le Covid-19 est la menace la plus urgente à laquelle l’humanité est confrontée aujourd’hui, mais le changement climatique est le plus grand danger à long terme. » Patricia Espinosa, Secrétaire exécutive de l’ONU sur les changements climatiques

46 €

pays

dépensent plus en dettes que dans la santé En 2018, la dette des pays en développement s’élevait à 191% de leurs PIB, un record. Face à l’ampleur de ces dettes, de nombreux gouvernements ont instauré des mesures d’austérité. Par conséquent, 46 états consacraient quatre fois plus d’argent au remboursement de la dette qu’aux soins de santé lorsque le coronavirus s’est propagé. Il est absurde d’exiger un remboursement de la dette à des pays pauvres alors que leurs systèmes de santé ne sont pas équipés pour faire face à une pandémie.

Le 15 février, Oxfam-Solidarité et OxfamWereldwinkels se sont unies pour former une seule organisation sous le nom d’Oxfam Belgique. Ensemble nous avons créé un mouvement plus fort pour mener à bien une mission commune : lutter contre les inégalités et pour plus de justice socio-économique. Notre objectif commun demeure donc inchangé. Nous poursuivons notre lutte pour permettre à tout un chacun de vivre une vie digne et d’exercer pleinement ses droits fondamentaux. « Ensemble, nous serons mieux armés pour relever les défis de cette décennie », affirme confiante Eva Smets, directrice générale d’Oxfam Belgique. Cette union n’implique aucun changement pour nos programmes, ni la nature de nos missions. Les deux organisations réunies peuvent désormais compter sur un réseau de 240 magasins et sur le soutien de 8.400 bénévoles et de milliers de sympathisant.e.s. Dans une phase ultérieure, Oxfam Belgique ambitionne d’étendre son processus d’intégration à Oxfam-Magasins du Monde, son entité sœur active en Belgique francophone.


Anne et Sophie se sont rendues au Laos pour dĂŠcouvrir de leurs yeux plusieurs projets Oxfam soutenus par leurs dons.


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OX-FILES

SUR LA VOIE D’UN PROGRÈS ÉQUITABLE AU LAOS texte

Thomas Maertens - Photos Eric De Mildt

Oxfam est présente au pays du million d’éléphants depuis la fin des années 80. Nous y collaborons avec de nombreux partenaires afin de mieux défendre les droits des travailleurs et travailleuses, soutenir les communautés rurales et tendre à plus d’égalité entre les genres. Anne et Sophie, deux donatrices, sont parties à la découverte de ces projets.

S

i le Laos connaît une certaine croissance, elle ne profite pas forcément à celles et ceux qui en sont à l’origine. Le travail informel reste la norme et près de 70% de la population travaille dans l’agriculture. Avant le départ, la curiosité se mêlait donc à l’impatience pour nos deux donatrices. « Je suis curieuse d’en apprendre plus sur la vie des femmes dans ce pays », expliquait Sophie. « Est-ce qu’elles acceptent leur condition ? Comment font-elles pour faire entendre leur voix ? » Quant à Anne, elle s’interrogeait : « La communication pourra-t-elle être ouverte et naturelle ? Les gens pourront-ils nous parler en toute liberté ? ».


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OX-FILES

Dans notre série de vidéos « À travers leurs yeux », partez sur les pas de Sophie et Anne pour découvrir le travail d’Oxfam au Laos.

Premier contact avec le terrain Les premières rencontres ont lieu dans une plantation de caoutchouc. Dans ces plantations, la majorité des emplois sont informels. Les ouvriè.re.s ne disposent pas de contrats. Il leur est donc particulièrement difficile de faire valoir leurs droits. Oxfam soutient depuis 2008 la « Lao Federation of Trade Unions » qui leur permet de défendre leurs intérêts. « Un enjeu dans cette plantation est la négociation du prix de la récolte », explique d’ailleurs Sophie. « D’autant que la culture du caoutchouc à elle seule ne suffit pas pour vivre. La plupart des familles ont besoin d’une activité complémentaire ». L’action de la fédération syndicale est donc vitale pour que leur travail soit correctement rémunéré. Un travail à poursuivre Si la situation était plutôt positive dans la plantation de caoutchouc, l’action des partenaires d’Oxfam commence seulement à faire sentir ses effets dans d’autres domaines. Dans la bruyante fabrique de meubles de Xyngxai, à l’air chargé de poussières de bois, Anne s’émeut. « Les travailleurs n’ont aucune protection.

Pas de casques, ni de masques ». La rencontre avec ces travailleurs, en présence d’un membre de la direction, ne la rassure pas. « On sentait bien qu’ils étaient tendus, qu’ils ne pouvaient pas s’exprimer ouvertement ». Pour Sophie, c’est la visite d’une plantation de bananes à Bokeo qui se révèle difficile : « Ils travaillent avec des produits chimiques, n’ont pas ou peu d’équipement pour se protéger ou doivent le fournir eux-mêmes. Ils sont logés à 6 par chambre, dans des baraques en tôles, sans accès facile à l’eau ». Des associations de défense des travailleur.euse.s soutenues par Oxfam tentent d’instaurer un dialogue avec les dirigeant.e.s de l’usine ou de la plantation, afin d’améliorer les conditions de travail. Le sourire de Thap Heureusement, l’action menée au Laos par les partenaires d’Oxfam est également synonyme de progrès réels. L’association Maeying Huamjai Phattana (« Mobilisation des Femmes pour le Développement » - MHP) en est un bel exemple. Elle œuvre à améliorer l’égalité entre hommes et femmes dans tous les aspects de la vie, privée ou professionnelle.

Pour découvrir les vidéos, scannez le QR-code ou rendez vous sur www.oxfamsol.be/ atraversleursyeux

Oxfam fait progresser l’égalité entre hommes et femmes dans les communautés rurales en impliquant les habitant.e.s au cœur du changement.


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OX-FILES Le MHP va à la rencontre des habitant.e.s au cœur même des villages ruraux. Elle les fait participer activement à dessiner un meilleur futur pour toute la communauté. Chacun.e peut s’y exprimer, surtout les femmes. Des objectifs communs sont établis et tout le monde réfléchit ensemble à la meilleure manière de les atteindre en répartissant plus équitablement les tâches. En visite dans un village, Anne a pu s’entretenir longuement avec Thap (prénom d’emprunt), qui a participé aux ateliers menés par Le MHP. « Le programme n’a commencé que depuis quelques mois mais on voyait déjà son bonheur », s’enthousiasme Anne. « Thap a fait comprendre à son mari qu’il devait s’investir plus dans les tâches ménagères. Ensemble, ils ont pu ouvrir un petit magasin, acheter des bêtes, en prendre soin. C’était très touchant de voir à quel point elle rayonnait ». Oxfam au Laos À l’heure actuelle, Oxfam-Laos mène de nombreux programmes avec 45 organisations partenaires, dont une majorité issue de la société civile. Ces projets améliorent la vie de 17.000 Laotien.ne.s, dont la moitié sont des femmes. Ces projets leur permettent de reprendre le pouvoir sur leur vie, de faire valoir leurs droits humains et de profiter équitablement du développement économique du pays. Ils permettent aussi de promouvoir l’égalité de genre et de protéger les femmes contre les discriminations et les violences. Anne et Sophie sont revenues de ce voyage hors du commun avec une conviction renforcée, celle de l’importance de soutenir Oxfam. « Il y a un beau travail qui est fait », conclut Anne, « mais il reste énormément à faire. Il faut continuer à donner les moyens à Oxfam pour aller beaucoup plus loin ». Sophie renchérit : « J’espère qu’Oxfam recevra encore plus de soutien pour aider ces gens qui le méritent vraiment ». Note : les participant.e.s à ce voyage ont financé eux-mêmes leur transport et leurs frais sur place.

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partenaires Oxfam collabore entre autres avec des associations civiles, des universités et le secteur privé.

Thibaut Hanquet Directeur pays Oxfam au Laos

« UN ÉCHANGE SIMPLE ET HUMAIN »

70%

de la population travaille dans l’agriculture

17.000

personnes atteintes par des projets Oxfam en 2019

1,3 Mil. de Laotien.ne.s vivent sous le seuil de pauvreté

« C’est une première, accueillir un groupe de donatrices et donateurs d’Oxfam-Solidarité sur le terrain, leur faire voir la vie des gens, leur faire comprendre les difficultés liées aux inégalités. Mais aussi leur montrer ces relations de partenariat sur le terrain qui sont au cœur de l’élaboration de solutions concrètes, inspirées du contexte local et adaptées aux besoins des personnes les plus marginalisées. Mais ce fût plus qu’une « simple » visite. J’ai assisté à un véritable échange entre personnes. Au-delà de la barrière de la langue, au-delà de nos schémas socioculturels. Un échange entre femmes et hommes, un échange simple et humain. Cet échange montre l’importance de la solidarité et du soutien que nous recevons pour mener nos missions. La pandémie de coronavirus a montré que ces deux choses sont plus importantes que jamais ! Nous ne sommes pas égaux devant une pandémie. Que ce soit en Belgique ou au Laos. La solidarité et le soutien aux plus vulnérables est et reste le souci de chacun d’entre nous, tous les jours. »


Le pêcheur Badr Abdulla va chercher de l’eau propre à l’unité de dessalement qu’Oxfam a installée dans son village.


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PROJECT

Le défi de l’eau potable au Yémen L’eau est rare au Yémen, pays ravagé par la guerre. Plus de la moitié de sa population n’a pas accès à l’eau potable. Avec nos partenaires, nous leur fournissons de l’eau propre, même dans les endroits les plus reculés du pays.

texte

C

inq ans de guerre au Yémen ont mené à « la pire crise humanitaire du monde », d’après les Nations Unies. 24 millions de personnes, soit près de 80 % de la population, dépendent de l’aide humanitaire. Une personne sur deux souffre de la faim. L’eau est difficile à trouver ou très chère. Les pompes qui alimentent généralement en eau les maisons yéménites ne fonctionnent plus car elles ont été endommagées par les combats. Quant à l’électricité, elle se fait rare dans le pays. C’est un problème de taille car sans eau propre les maladies se propagent comme une traînée de poudre. En 2017, le Yémen a subi une sévère épidémie de choléra. Si le coronavirus venait à se répandre dans le pays, les conséquences seraient graves. L’eau, un luxe pour les Yéménites Khor Omeira est un village sur la côte ouest du Yémen, à quelques heures de route de la grande ville portuaire d’Aden. Le climat y est extrêmement sec. La plupart de ses 3000 habitant.e.s gagnent

Leen Speetjens -

photos

Pablo Tosco/OXFAM

leur vie grâce à la pêche et vivent dans des conditions déplorables, sans accès à des infrastructures de base. Le jeune pêcheur Badr Abdulla vit avec ses six sœurs et ses trois frères chez ses parents. En 2015, des hommes armés ont envahi leur village et toute la famille a été forcée de fuir. Quand elle a pu revenir quatre mois plus tard, la famille n’a pu que constater les dégâts. « Tous nos bateaux et équipements de pêche avaient été détruits. Nous avons dû recommencer à zéro », explique Badr. En raison du climat si sec à Khor Omeira, trouver de l’eau propre est extrêmement compliqué. Le niveau d’eau dans les puits a tellement baissé qu’elle s’est salinisée. « Cette eau nous a rendus malades », poursuit Badr. Les gens n’ont d’autre choix que d’acheter leur eau à des

Badr Abdulla: “L’unité de dessalement a changé nos vies.”

vendeurs, qui la livre avec des camionsciternes, mais cela coûte très cher. Depuis le début du conflit en 2015, le prix de l’eau a doublé au Yémen. Ramener l’eau grâce à l’énergie solaire Depuis, Oxfam a construit une unité de dessalement à Khor Omeira, alimentée par l’énergie éolienne et des panneaux solaires. Les familles peuvent désormais obtenir de l’eau à la moitié du prix de celle vendue par les marchands ambulants. « Cela a changé nos vies », explique Badr. « Avant, nous dépensions beaucoup d’argent et d’énergie à rechercher et acheter de l’eau. Nous la trouvons désormais plus près de chez nous et elle nous revient moins cher. » Cette eau est vitale pour les Yéménites qui en ont besoin pour boire, cuisiner et faire du thé. Cette année, Oxfam veut équiper l’unité de trois canalisations supplémentaires, pour alimenter plus de villages. « Ce système nous permet de pomper l’eau en profondeur et d’approvisionner les


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PROJECT

Samiha Ali : « Maintenant, nous pouvons à nouveau boire de l’eau potable, cuisiner et faire notre lessive. »

villages environnants », explique Monther Alattar, ingénieur chez Oxfam et initiateur du projet. « De cette façon, nous empêchons la propagation de maladies comme le choléra. »

« Nous cherchions notre eau dans un puits, mais elle nous a rendus malades. Au moins maintenant, nous pouvons nous laver, faire notre lessive, boire et cuisiner. »

Le calvaire des DÉPLACÉ.E.S Selon le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), 4 millions de Yéménites ont dû fuir la violence. Samiha Ali en fait partie. Elle vit avec ses trois enfants dans le camp de déplacé.e.s d’Al Bearrayer, dans la région de Taiz. 1.000 personnes vivent ici, à moins d’une demi-heure du front de guerre. Le camp consiste en un amas de tentes et de bâches regroupées contre la pente raide d’une colline.

Oxfam au Yémen Oxfam travaille au Yémen depuis trente ans. Depuis juillet 2015, nous avons aidé plus de trois millions de personnes. Nous fournissons de l’eau potable avec des camions-citernes ou installons des systèmes d’approvisionnement en eau. Nous réparons et installons des toilettes et menons des campagnes de sensibilisation à l’hygiène en cas d’épidémie. Nous donnons de l’argent aux familles vulnérables pour les aider à acheter de la nourriture. Nous organisons également des programmes de travail contre rémunération (« cash-for-work »), créant ainsi des emplois temporaires qui permettent aux gens d’avoir un revenu et subvenir à leurs propres besoins.

« Nous étions terrifiés », raconte Samiha. « Des balles volaient partout, les avions larguaient des obus de mortier. Nous avons dû fuir sur-le-champ. Du jour au lendemain, nous étions sans-abris. À part les vêtements que nous portions, nous ne possédions plus rien. » Oxfam construit des toilettes, fournit de l’eau et distribue des kits d’hygiène dans le camp. « Sans eau, c’était vraiment dur », se souvient Samiha.

Vous souhaitez soutenir nos projets au Yémen ? Scannez le code QR ou rendez-vous sur www.oxfamsol.be/don

BE37 0000 0000 2828

Aide d’urgence au Yémen 24 mil.

24 millions de Yéménites dépendent de l’aide humanitaire.

1 mil.

1 million de personnes ont accès à de l’eau potable par le biais d’Oxfam.

3 mil.

3 millions de personnes ont bénéficié d’une aide d’urgence vitale grâce à Oxfam.


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en mission avec ...

Zouhra Ben Larbi #laos

Récolteuse de fonds et donatrice Oxfam zouhra ben larbi •

zouhra ben larbi •

zouhra ben larbi •

18/11 #ÉGALITÉDESDROITS #WOMENPOWER

19/11 #PERSÉVÉRANCE

20/11 #PLANTATIONDECAOUTCHOUC #LACHANCE

On foule enfin le sol laotien après 11 heures de vol. Direction le village de Douchan pour assister à un workshop sur l’égalité de genres. J’ai un immense respect pour la détermination et le courage de ces femmes.

Je m’essaie au travail de maraîchère le temps d’une journée et ce n’est pas facile ! Chapeau aux partenaires d’Oxfam qui travaillent dur sur le terrain pour que les petits producteurs soient rémunérés équitablement.

Les travailleuses de la plantation de caoutchouc nous accueillent avec une cérémonie traditionnelle. Selon le rituel, plus vous avez de rubans autour du poignet, plus vous êtes chanceux. L’avenir s’annonce radieux !

zouhra ben larbi •

zouhra ben larbi •

zouhra ben larbi •

20/11 #DROITDUTRAVAIL

20/11 #NOUVEAUXAMIS #RELÈVEDECHOC

21/11 #MENUISERIE #CONFIANCEENSOI

Les planteurs de caoutchouc nous parlent des conditions de travail difficiles auxquelles ils sont confrontés chaque jour. Le syndicat et partenaire d’Oxfam FTU est là pour défendre leurs droits. Ils méritent tout notre soutien.

Ces trois enfants adorables et curieux du monde qui les entoure sont l’une des plus belles rencontres de ce voyage. Je suis heureuse qu’ils soient bien encadrés dans la plantation. Aucun enfant ne devrait être privé de ses chances de s’épanouir.

Nous sommes dans une menuiserie à Xoungxai. Le syndicat FTU y enseigne les droits auxquels les travailleurs et les travailleuses peuvent prétendre. J’ai pu voir à quel point ces échanges renforçaient leur assertivité.


OH - magazine trimestriel d’Oxfam-Solidarité Juin - Juillet - Août 2020 P501325 - Bureau de dépot Gand X

4 bonnes raisons DE POUSSER LA PORTE DE NOS MAGASINS DE SECONDE MAIN

Trouvez un magasin de seconde main Oxfam dans votre quartier ici :

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Relooker votre intérieur sans vous ruiner

Après tout ce temps enfermé entre quatre murs, vous ne pouvez plus voir votre salon en peinture ? Il est peut-être temps de renouveler le style de votre intérieur ! Passez dans l’une de nos boutiques, vous y dénicherez sûrement la perle rare.

www.oxfamsol.be/magasins

Les vêtements aussi méritent une seconde chance Vous avez nettoyé vos placards de fonds en comble pendant le confinement et vous ne savez plus quoi faire des vêtements que vous ne portez plus ? Amenez ceux qui sont encore en bon état dans un magasin de seconde main Oxfam, on se charge de leur donner une seconde vie.

Refaire votre garde-robe printemps-été

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L’association jogging-claquettes-chaussettes faisait l’affaire pendant le lockdown mais au moment de renouer avec la civilisation, vous avez envie de porter quelque chose d’un peu plus stylé ? Que vous soyez casual chic, vintage ou streetwear, il y en a pour tous les goûts.

Remplir vos placards de produits équitables Certaines de nos boutiques de seconde main vendent aussi des produits issus du commerce équitable que l’on trouve habituellement dans les Magasins du Monde Oxfam. Profitez de votre passage pour faire le plein de noix de cajou, de café du Kivu ou de chips de yuca.

4 cafe Kivu


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