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Quand la série Euphorialance une nouvelle tendance maquillage.
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by PalaceScope
Quand la série Euphoria lance une nouvelle tendance maquillage
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Il fallait au moins Euphoria et ses makeup créatifs ultra-extravagants pour changer, dans le monde entier et pour toute une génération, la façon de considérer et d’utiliser le maquillage. Euphoria, c’est le teen movie version trash qui a débuté sa carrière en 2019 avec un succès qui n’a cessé d’enfler au fur et à mesure de la diffusion de ses 8épisodes. Et qui a lancé sa saison2 très attendue en janvier dernier.
Dans une série où un groupe d’ados mal dans leurs peaux, qui se perdent dans le labyrinthe des réseaux sociaux et se livrent sans retenue à la drogue, au sexe et à l’alcool… ça avait de quoi piquer la curiosité. Quelques épisodes plus tard, nous ne sommes pas loin d’une véritable l’addiction…
Produit par le rappeur Drake, réalisé par Sam Levinson, Euphoria est la série qui a élevé la jeune actrice Zendaya au rang d’icône et propulsé la chef de l’équipe maquillage, Doniella Davy (également connue sous le nom de Donni), au plus haut niveau de la notoriété, avec, au passage, un Emmy Awards maquillage contemporain exceptionnel en 2020: «Sam Levinson, le réalisateur, ne voulait pas d’un maquillage unique par protagoniste, qui limite son caractère et définisse définitivement sa personnalité. Au contraire, il souhaitait que chaque make up accompagne une situation et révèle les sentiments profonds du personnage au moment où il les traverse. Le make up est comme un message subliminal qui joue un rôle dans l’histoire. A un moment, le père de Jules lui demande si elle a raison de fréquenter son amie Rue (Zendaya). Jules (jouée par l’actrice Hunter Schafer), un peu paumée, ne répond pas. Et son maquillage souligne son hésitation par trois points tracés finement côte à côte, sous les yeux, comme trois points de suspension…» «C’est une histoire cinématographique, a déclaré Sam Levinson. Donni connaît la scène, les éclairages, et s’efforce d’illustrer ce qui n’est pas dit... Sur Euphoria, elle a traduit l’émotion intérieure des personnages en une palette expressive.» «Je prends vraiment en considération ce que ces filles ressentent pour leurs personnages, insiste Doniella Davy. Elles sont jeunes, elles sont vraiment à la mode, ce sont des jeunes femmes étonnantes. Elles sont très à la page.
Elles savent ce qu’elles aiment et surtout ce qu’elles n’aiment pas. Alors, elles viennent avec des idées.» Hunter Schafer raconte sa collaboration avec la maquilleuse pour le look du bal de fin d’année de son personnage. «Donni et moi avons discuté de la possibilité de montrer une nouvelle facette de Jules dans l’épisode8, en espérant qu’on y retrouve l’énergie de l’épisode7. Le look de Jules pour le bal de fin d’année est un peu plus dur esthétiquement que la plupart de ses looks précédents, ce qui peut être largement attribué à ces incroyables autocollants métalliques que Donni a trouvés, et au rouge autour de ses yeux. Je pense que nous voulions tous les deux donner l’impression que Jules explorait un nouveau sens de l’androgynie, de l’homosexualité, et peut-être un peu de colère…» Sam Levinson, a été étonné de voir comment Doniella Davy s’est adaptée à l’éclairage sombre et coloré que lui et le directeur de la
photographie, Marcell Rév, ont mis en œuvre pour Euphoria: «Je pense que ce qui est impressionnant dans le travail de Donni, c’est qu’elle est capable d’utiliser notre éclairage au profit des personnages.» La maquilleuse a remplacé les maquillages colorés par des néons et des couleurs très pigmentées et a considérablement augmenté l’utilisation de paillettes, de strass et d’autocollants métalliques. La façon dont l’éclairage et le maquillage interagissent est étonnante. L’un des exemples préférés de Levinson se trouve dans l’épisode4, lorsque Jules (Hunter Schafer) applique un maquillage irisé à Rue (Zendaya) alors que les deux amies sont allongées dans leur lit. «Chaque fois que Rue bouge, la lumière la frappe sous un autre angle, et on a l’impression que l’univers tourbillonne autour de son visage», explique Levinson.
Pour Euphoria, le réalisateur voulait que la chef maquilleuse crée des tendances en matière de maquillage, plutôt que de les recopier. En s’inspirant d’une photo des années 1960 de Nina Simone avec des strass autour des yeux, ou en exploitant les pages Instagram personnelles de jeunes filles de la générationZ.
C’est comme ça que les strass, le glitter, les paillettes, les tons néons, les ombres colorblock et les petits nuages graphiques dessinés d’un trait de liner ont fait leur apparition dans la rue, et pas seulement la nuit, et pas seulement quand il s’agit d’aller s’éclater en soirée. Et c’est aussi comme ça que le hashtag #euphoria a donné lieu à des millions de posts, et à presque autant de tutos. Même s’il s’agit simplement de troquer son eye-liner noir pour un bleu pétant ou un vert fluo, même si on se contente d’upgrader son ombre à paupière tristement grise par une poudre dorée, le maquillage est soudain devenu le moyen de se storyteller.
Les marques de maquillage, des plus créatives aux plus classiques, ont bien sûr compris le mouvement et l’ont accompagné. Chez Guerlain, le Constrast Shadow Duo, avec deux embouts et deux effets, l’un classique, l’autre irisé, permet de surjouer le regard avec autant d’audace que de subtilité. Chez Chanel, les Stylos Yeux Waterproof, dans des teintes irisées irrésistibles, notamment le Bleu Métal et le Khaki Métal, soulignent l’œil d’un flash qui se remarque; à signaler aussi, dans la collection estivale La Pausa, l’Ombre Première Laque, d’un beige doré métallisé ultra-chic. Et puis il y a chez Clarins l’Ombre 4Couleurs, en plusieurs harmonies, dont toujours au moins une teinte nacrée, et l’incroyable Ombre Scintillante Gold Diamond, hyperpigmentée et longue tenue. Chez Charlotte Tilbury, l’Eye Colour Magic Liner Duo, en super blue, pour son effet saphir. Et bien sûr, chez Dior, le Dior on Stage Liner, un liner feutre ultrasouple, pour recréer chez soi le look des défilés, en blanc notamment, mais aussi en pink, en yellow, en pearly turquoise, en pop green. Chez Saint Laurent, le mascara effet faux cils en fascinating violet et extreme blue, chez Shiseido, les MascarInk Chaos Contrôle, en emerald energy, sapphire spark et violet vibe… Et, pour permettre à celles qui n’ont pas la dextérité des make up artists de plateau, Donni Davy a signé une collab avec Face.Lace: strass autoadhésifs et liners autocollants au design spectaculaire, pour des yeux hologrammes carrossés de métal.
La mode, elle aussi, s’est emballée pour la tendance sur ses défilés, quitte à surenchérir. Chez Giambattista Valli, les yeux sont cerclés de strass; chez Marni, le regard est étiré jusqu’aux tempes au liner; chez Fendi, des sequins étincelants envahissent l’ensemble du visage; et aussi chez Schiaparelli, chez Chanel, chez Gaultier… Et sous la signature des plus grands, Isamaya Ffrench, Pat MacGrath, Peter Philips… La diffusion de la saison2 de la série depuis janvier dernier n’a fait que confirmer le pouvoir d’Euphoria comme boosteuse de tendance. Même si, pour Donni Davi: «Le make up de la saison2 est la petite sœur introvertie de la saison1.» Plus sobre, plus subtile, mais pas moins étudiée, ni moins réfléchie. Et, bonne nouvelle, les ongles viennent en renfort, avec des manucures fantasques réalisées par Natalie Minerva, sur faux ongles adhésifs, avec une virtuosité, une application et un sens artistique qui tiennent de la peinture sur miniature. Et font naître de nouveaux désirs. ELLEN WILLER
Pour s’adapter à l’éclairage sombre voulu par le réalisateur, Doniella Davy, la chef maquilleuse de la série a remplacé les maquillages colorés par des néons et des couleurs très pigmentées, et a considérablement augmenté l’utilisation de paillettes, de strass et d’autocollants métalliques.
Cate Blanchett
Un César d’honneur pour Cate Blanchett! Voilà qui nous a mis du baume au cœur. Comme si la seule présence de cette immense dame du cinéma, avec son intelligence au-dessus de la mêlée, son fascinant magnétisme, était déjà une promesse de bonheur. Comme s’il suffisait d’un gros plan sur elle pour nous rendre heureux. Son sourire de féline, l’éclat magique de son regard aigue-marine, plein d’étoiles, le blond glamour et son teint de rose... «Un effet spécial à elle seule», a dit un jour un journaliste à propos de cette lumineuse merveille de femme, qui, à 52ans, semble rajeunir sans cesse. Et cette élégance, digne des plus grandes déesses hollywoodiennes ! Lorsque l’animateur Jimmy Fallon l’interrogeait sur le trophée honorifique que lui décernait l’hexagonale Académie des César, elle s’exclamait joyeusement : «Le cinéma français m’a tellement influencée ! N’importe quel film avec Isabelle Huppert… Je suis super contente de recevoir ce prix pour l’ensemble de ma carrière !» Et quelle carrière ! De ses débuts de «jeune fille brouillonne et terrifiée par les femmes sophistiquées», comme elle dit, le parcours est vertigineux. «Je suis née à Melbourne, mon père était texan et ma mère australienne. Juste avant d’entrer à l’université pour étudier les beaux-arts, j’ai voyagé pendant un an. En Italie, je dormais dans des couvents, j’étais fascinée par les nonnes.» En Egypte, elle a fait de la figuration dans un film sur la boxe ! Lorsqu’elle revient en Australie, elle découvre sa vocation : le théâtre. Alors que monte la vague des stars australiennes, les Nicole Kidman et Russell Crowe, elle sort diplômée de l’Institut national d’art dramatique de Sydney. Le cinéma ? « Franchement, je pourrais arrêter le cinéma. Je serais aussi heureuse en restant à la maison à tricoter», affirme la divine, qui, contre toute attente, se montre volontiers potache, pleine d’espièglerie, et très rock’n’roll. N’oublions pas qu’elle a joué le rôle de Bob Dylan ! «Mais l’envie de transcender est toujours plus fort. Devenir actrice m’a stabilisée. Le mystère et l’imprévisibilité de ce métier me conviennent bien. Etre actrice consiste avant tout à ne pas s’intéresser à soi, mais à prendre le point de vue d’une galerie de personnages que je trimballe avec moi. Ce que j’aime avant tout, c’est aller à contre-courant.»
A quel moment les rôles d’un acteur se confondent avec sa vie ? Deux Oscars (meilleur second rôle en 2005 pour TheAviator, meilleure actrice en 2014 pour BlueJasmine), quatre enfants (trois fils aujourd’hui ados et une petite fille adoptée), un mari qu’elle qualifie de «légende» : le sympathique scénariste et metteur en scène Andrew Upton, avec lequel elle a dirigé la Sydney Theatre Company. Conquérir Hollywood et s’en tenir éloigné –moitié dans la banlieue pittoresque de Sydney, moitié en Angleterre –n’est donné qu’aux plus grands. Et tous ces paris fous et impossibles d’actrice caméléon, à commencer par celui, somptueux, de la reine Elizabeth, rôle qui allait la sacrer sur la scène internationale à 29ans. Et la propulser chez Todd Haynes, Jim Jarmush, Woody Allen, Martin Scorsese, David Fincher, Terrence Malick… Ce qui ne l’a en rien empêchée de conquérir le cinéma grand public ! La trilogie du Seigneur des anneaux et LeHobbit, bien sûr, mais aussi Indiana Jones et le royaume du Crâne de cristal, Thor: Ragnarok (rôle de créature maléfique plébiscité par ses fils), Ocean’s 8, Cendrillon, plusieurs films d’animation…
L’an dernier, Cate Blanchett défendait avec fougue un premier film, Apples, pour aider son réalisateur. Cette année, elle nous a déjà bluffés dans «Je ne choisis deux rôles chocs : animatrice de pas mes rôles, télévision trop bronzée et dents ils me ultra-bright dans Don’t Look Up, choisissent. d’Adam McKay. Et femme ultraMais, au bout fatale, boitant et embobinant du compte, c’est toujours le réalisateur d’abord» Bradley Cooper, dans Nightmare Alley, de Guillermo del Toro. Deux films nommés aux Oscars. On la reverra également bientôt dans Borderlands, de la science-fiction
Cate Blanchett, avec Bradley Cooper dans «Nightmare Alley», de Guillermo del Toro.
signée Eli Roth, qui l’avait déjà dirigée dans le film pour enfants LaProphétie de l’horloge. Et dans Tár, de Todd Field, où elle joue une femme chef d’orchestre. «Je ne choisis pas mes rôles, ils me choisissent. Bien sûr que j’ai eu très envie de donner la réplique à Bradley Cooper ! Mais, au bout du compte, c’est toujours le réalisateur d’abord. Lorsque quelqu’un comme Guillermo, pour qui j’ai aussi fait une voix dans Pinocchio, me contacte, je fonce ! Ce sont les metteurs en scène qui provoquent l’élan, le désir d’une rencontre, l’envie de s’immerger dans leur monde et d’en revenir plus vaste.» Parmi ses rêves de cinéastes, deux sont en train de se réaliser. Cate Blanchett sera l’héroïne du premier film en anglais de Pedro Almodóvar : Manuel à l’usage des femmes de ménage, d’après le roman de Lucia Berlin: l’histoire d’une femme qui a connu mille vies. Et, après avoir travaillé avec les deux autres amigos, Alejandro González Iñárritu (Babel) et del Toro, elle tournera sous la direction d’Alfonso Cuarón dans la série Disclaimer: elle y sera une journaliste lanceuse d’alerte, menacée lorsque ses propres secrets sont révélés par un romancier joué par Kevin Kline. Cate Blanchett coproduit ces deux projets via sa propre compagnie de production, Dirty Films.
C’est aussi sous cette bannière qu’elle produisait et interprétait, il y a deux ans, deux séries reflets de son engagement humanitaire: Mrs. America et Stateless. La première traitant de plein fouet du féminisme. Cate Blanchett, faut-il le rappeler, est l’une des grandes figures de #Mee Too à Hollywood. L’autre série, d’après une histoire vraie, dénonçant la politique d’immigration de l’Australie. «Plus le monde régresse, plus je me dois de m’engager, dit celle qui a été nommée ambassadrice de bonne volonté du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés en 2016. Il faut garder espoir, particulièrement pour la jeune génération, mais, et c’est pareil pour le climat, je suis atterrée par le combat à mener. Lorsque nous tournions Don’t Look Up, nous n’avions pas réalisé à quel point notre satire était en train de devenir un documentaire réaliste !» Et si Cate Blanchett, lorsqu’elle présidait Venise, avait choisi de ne porter que des tenues “recyclées”, ce n’était pas pour faire la morale. «Pour inciter chacun de nous, insiste-t-elle, quand nous le pouvons, à faire notre part.» Les pieds dans la réalité, la tête dans les étoiles! Aux dernières nouvelles, miss Blanchett devrait ajouter une galerie d’art privée à son manoir victorien dans le Sussex. Une aile en remplacement d’un vieux cabanon, avec préservation des chauves-souris qui y logeaient… Ce nouvel édifice, dédié à la collection d’art contemporain de l’actrice, comprendra aussi un espace de méditation et un studio pour ses répétitions. Quand on vous dit que Cate Blanchett est un peu rock star !
JULIETTE MICHAUD
Kate Blanchett a joué aux côtés d’Isabelle Huppert au théâtre à New York dans «Les Bonnes», de Jean Genet. «Ce sont les réalisateurs qui provoquent l’élan, le désir d’une rencontre, l’envie de s’immerger dans un monde et d’en revenir plus vaste»
ENGLISH TEXT. “I’m really chuffed,” saidCate Blanchett, when asked about her lifetime achievement César award from the French film academy. It’s a just recompense for a remarkable career that began as an extra in an Egyptian film about boxing during her gap year and discovered her vocation for theater upon her return to Australia. “Above all, being an actor is about not being self-obsessed,” she says. “I have to take on the point of view of a gallery of characters that I carry with me. What I love most is going against the tide.” Which is what she’s so often done throughout her career. From her remarkable turn as the Virgin Queen in Elizabeth, which made her an international star aged 29, to her daring work with the best directors working today, including Todd Haynes, Jim Jarmusch, Martin Scorsese (with whom she won an Oscar for The Aviator), David Fincher and Terrence Malick, to her roles in blockbusters such as The Lord of the Rings,Indiana Jones, and Thor:Ragnarok. While she jokes that “I don’t choose my roles – they choose me,” she admits that in reality, it’s all about the director. She is set to work with two of her dream directors: Pedro Almodóvar, for his English-language debut, A Manual for Cleaning Women, and Alfonso Cuarón on Disclaimer, his new series for Apple (which she is also executive producing). Alongside her acting and producing Blanchett has also campaigned for various causes. She has been a Goodwill Ambassador for the UN’s refugee agency, UNHCR, since 2016, and has long highlighted environmental causes, which was one reason she accepted a role in Adam McKay’s recent feature, Don’t Look Up. “What we didn’t realize while we were shooting it,” she says, “was how much our satire was going to be a documentary
Robert Pattinson
Zoë Kravitz
Encore un Batman ? Oui, mais cette fois il s’agit de TheBatman! Plus trouble, plus sexy… et avec Robert Pattinsonet Zoë Kravitz! Autour de ce tandem ultra-glamour, Colin Farrell en Pingouin, Paul Dano en psychopathe et Andy Serkis en majordome. Gotham n’a qu’à bien se tenir. L’homme chauve-souris version Pattinson est explosif (sur nos écrans depuis le 2mars). Dialogue passionné, lors de la convention virtuelle DC FanDome, entre les deux stars du film. Encore secouées par leurs rôles.
Robert Pattinson.«Le personnage de Batman m’obsède depuis longtemps. Qu’on le veuille ou non, Batman s’est imposé comme l’une des figures majeures du XXIe siècle. Beaucoup de gens trouvent un écho en lui pour plein de raisons, certaines très profondes. Pour moi, l’incarner, me transformer physiquement, et en plus me préparer pour ce rôle en plein confinement, n’était pas évident, mais l’envie était irrésistible. J’avais vu le travail de Matt Reeves, le réalisateur, pour LaPlanète des singes: L’Affrontementet Cloverfield. Je le savais particulièrement doué. Mais ce qui m’a séduit, c’était son désir de rendre ce Batman différent en l’ancrant dans son passé traumatique et ses origines. On ne les montre pas, cela a déjà été fait, mais on s’y réfère en permanence. Dans TheBatman, dès le départ, nous découvrons un Bruce Wayne désespéré, qui doit exorciser sa rage. Tous ses combats sont toujours une résonnance très personnelle.»
Zoë Kravitz. «Ce qui m’a le plus attirée chez Catwoman, c’est de pouvoir explorer la “zone grise”. Selina Kyle, alias Catwoman, se bat pour celles et ceux qui n’ont personne pour les défendre. C’est d’ailleurs ce qui la rapproche autant de Batman.»
Robert Pattinson. «C’est touchant, comme affinité. Batman veut instaurer sa propre forme de justice. C’est comme ça, il faut qu’il le fasse, il n’a aucune autre option.»
Zoë Kravitz. «Je me souviens de notre premier bout d’essai ensemble. Enfin, pour moi, c’était une audition, car Robert avait déjà été choisi. J’étais très nerveuse, d’autant que Matt Reeves m’a tout de suite demandé de porter le masque, la cagoule, de Catwoman. “Tu marches avec, ensuite tu l’enlèves, et là tu commences ta scène.” Sauf que ce n’est pas facile à enlever… c’est resté coincé dans mes cheveux et je me suis dit : “Voilà comment on perd un rôle !” Mais, un peu plus tard, Matt m’a dit que ma maladresse avait eu l’effet inverse, et qu’il avait trouvé l’alchimie entre Rob et moi immédiatement palpable.»
Robert Pattinson. «Pour mon premier test costume je portais celui de Val Kilmer, carrément. Je l’ai endossé en me disant : “C’est impossible, absolument impossible.” J’essayais en vain de bouger. Porter un costume de caoutchouc et latex de deux centimètres d’épaisseur et être à la fois super mobile, hyper nerveux et bourré d’adrénaline, ça ne va pas bien ensemble. On a tourné deux prises pour cet essai, et Matt a lancé, très cool : “Voyons ce que nous pouvons faire pour la sueur.” Mais rien ne pouvait être fait, il fallait juste me sortir de là et m’essorer !»
Zoë Kravitz. «Des super-héros iconiques comme Batman et Catwoman demandent surtout à être humanisés. Comment rendre Catwoman la plus humaine possible ? C’était ma plus grande préoccupation.»
Robert Pattinson. «Bruce Wayne, lui, n’a pas beaucoup de contrôle sur sa personnalité. La délimitation entre le moment où il est Batman et celui où il redevient Bruce n’est jamais très claire. Il sait vraiment ce qu’il fait uniquement lorsqu’il met le masque de Batman, et j’aime cette idée que le contrôle de sa vie lui échappe un peu. Il n’arrive pas à définir lui-même ce qu’est Batman. Il se perd en lui lorsqu’il revêt le costume chaque soir. Il ne dort pas, il devient une créature... Il a un côté rock star recluse, aussi…
Zoë Kravitz. «Pour Catwoman, ce qui m’est apparu important, plutôt que de répondre à la simple attente des gens, car je sais bien ce qu’un tel personnage représente pour eux, c’est d’être à fond dans le moment présent. Je voulais que Catwoman soit une femme réelle dans une situation réelle, une ville réelle, essayant de survivre et de dépasser ses propres douleurs. Nous montrons dans le film ses origines, comment Selina devient Catwoman… son cœur et son humanité doivent dominer. Je pense que, sans jamais trahir l’esprit des comics, le film montre Batman et Catwoman, d’une façon vraiment neuve et forte.»
Robert Pattinson. «Ce nouveau Batman est à la fois plus réaliste et plus étrange. Et tellement bien filmé! J’avoue être vraiment excité à chaque fois que nous découvrons une nouvelle séquence montée, et avoir très hâte, comme un simple spectateur, de voir TheBatman en salle !»
Propos recueillis par JULIETTE MICHAUD
ENGLISH TEXT.The Batmanis Matt Reeves’ new and extremely dark take on the tale of Gotham’s finest. Robert Pattinsonpulls on the cape, while Zoë Kravitzis Catwoman, Colin Farrell the Penguin and Andy Serkis Alfred. “Batman is one of the major characters of the 20th century,” says Pattinson. “So many people connect with him on such a deep level. From my first conversation with Matt, I knew it was radically different to any of the Batman movies we’d seen before. Right from the beginning there’s a desperation to the character. He’s really working out his rage; all the fights seem very personal. He doesn’t seem to have much control over his personality – the delineation between when he’s Batman and when he’s Bruce is not so clear. He hasn’t really defined what Batman is. He gets lost in it.” Zoë Kravitz agrees with Pattinson about the world Reeves has imagined. “What’s so wonderful is its exploration of the gray area. Catwoman really wants to fight for those who really don’t have someone else to fight for them; that’s where Batman and her really connect. What felt really important was to try to create a real human being. I don’t want her to be an idea, but this real human being living in a city and trying to survive while reacting to her own pain and her history.”
Zoé Kravitz en Catwoman dans «The Batman» de Matt Reeves
Sofiane Pamart Le «Piano King»
Cape flamboyante, lunettes bling-bling, cheveux peroxydés… derrière le Steinway de concert, le look iconoclaste de Sofiane Pamart détonne. Mais dès qu’il pose ses doigts sur le clavier, il met tout le monde d’accord. A commencer par les rappeurs, dont il est la coqueluche : Vald, Kery James, Medine, Grand Corps Malade, Scylla (avec qui il a réalisé deux albums)… Il faut dire que le “Piano King” n’a pas son pareil pour habiller leurs flows de mélodies néoclassiques. Même la diva soul Kimberose et le chanteur belge Arno adoubent cet artiste qui compose depuis l’âge de 8ans. Surdoué, Sofiane Pamart ? Assurément. Ambitieux ? Cela ne fait aucun doute. Quand on veut devenir «le pianiste numéro un dans le monde», il faut au moins ça. L’intéressé précise avec une désarmante simplicité : «J’entends par là “le plus populaire”.» Transmettre au plus grand nombre les émotions du piano sans jamais faire aucune concession sur la profondeur et la virtuosité, telle est sa quête. Une stratégie payante puisqu’en 2020 Sofiane Pamart a intégré le top10 des artistes de musique classique les plus streamés au monde. N’étant pas issu d’un milieu musical, ce petit-fils de mineur marocain qui a grandi dans la banlieue de Lille a dû redoubler de persévérance. Par chance, ses parents sont mélomanes. Le père est féru de chansons à textes (Brel, Ferré, Barbara), la mère, professeure de lettres, ne jure que par la musique classique, et l’oncle “cool” de la famille lui refile le virus du rap. Nourri au mélange des genres, Sofiane se forge une playlist à l’image de ce métissage –appréciant aussi bien le flamenco que les BO de films, l’univers des mangas ou celui du réalisateur Miyazaki. «La valeur d’une musique, c’est sa capacité à toucher le cœur», martèle-t-il. Son premier contact avec un piano, un joujou à 12touches, remonte à l’âge de 4ans. Coup de foudre immédiat. Stupéfaite de l’entendre reproduire la musique du Parrainou les sons de Dragon Ball Zet des Chevaliers du Zodiaque, sa mère comprend qu’il a l’oreille absolue et l’inscrit illico au conservatoire de Lille. Médaillé d’or à 23ans, Sofiane y a passé une quinzaine d’années, fier d’être le premier de la famille à maîtriser la lecture et l’écriture des partitions. «Tout comme ma mère fut la première à apprivoiser la langue française entre deux parents qui ne savaient ni lire ni écrire.» Morceau après morceau, lui qui ne jurait que par 113, Rim’K, les Princes de la Ville ou NTM, découvre alors les grands compositeurs classiques, parmi lesquels Chopin et Ravel, ses idoles. En 2019, ce nomade dans l’âme exprime sa passion pour les voyages dans un premier album solo, Planet, dont les mélodies contemplatives remportent un succès colossal. «J’aime saisir l’énergie, l’émotion d’un moment précis, d’un regard, d’un partage. Les paysages et l’humain ne cessent de m’inspirer.» Le public aussi, auquel Sofiane rend un hommage appuyé dans son tout dernier album, Letter, sorti le 11février dernier et composé dans six pays d’Asie. «Son amour et son soutien me touchent. Il m’a sorti de ma solitude, celle de l’artiste face à son instrument, et me permet de jouer dans les salles mythiques du monde entier.» A l’instar de Pleyel, dont les places se sont arrachées en trois jours pour ses concerts des 10 et 18mars prochain. Mais, surtout, l’Accor Arena (20000 places) de Paris-Bercy, où il sera le tout premier pianiste soliste à se produire, le 17 novembre 2022. Une pression que Sofiane gère aussi rigoureusement qu’un sportif de haut niveau, à l’aube d’atteindre deux de ses plus inaccessibles étoiles. «Comme quoi, celui qui n’abandonne pas finit forcément par gagner un jour (Rires) !» Surdoué, ambitieux, et philosophe. PATRICIA KHENOUNA
ENGLISH TEXT.With his flamboyant cape, bling glasses and peroxided hair, Sofiane Pamartis not your usual concert pianist. Born in Lille, he began playing aged four and today, aged 31, he is both gifted and ambitious. He grew up listening to a mix of different genres thanks to his music-loving family –his miner father loved French chansons, his literature-teacher mother classical music, an uncle introduced him to rap –and today a genre-exploding approach lies at the heart of his project. His aim of sharing the emotional power of the piano with the widest possible audience has seen him become the go-to pianist and composer for the French rap scene, including stars like Scylla and Medine. An inveterate traveler, Pamart composed his latest album, Letter, in six different Asian countries. “I love seizing the energy and emotion of a specific moment, of a look, a shared instant,” he says. “I’m always so inspired by landscapes and people.”