Malpertuis Pour les articles homonymes, voir Malpertuis (film) sonnages comme l'oncle Dideloo ou la cuisinière sont des récurrences dans l'œuvre de Jean Ray, et incarnent et Malpertuis (Maastricht). souvent le malaise qui nait de l'irruption du fantastique et de la peur dans un univers ordinaire, étriqué, banal Malpertuis est le premier roman fantastique de l'écrivain et rassurant. Ainsi, au fur et à mesure des différentes belge Jean Ray, publié en 1943. parties du texte, on comprend peu à peu que Cassave n'était pas normal, de même que son étrange demeure. D'étranges petits êtres habitent le grenier, une ombre maléfique éteint les lampes et les différentes personnes ha1 Résumé bitant la maison depuis la mort du vieux Cassave sont en Le vieux Cassave, un homme pouvant léguer un im- fait des divinités déchues, capturées par Cassave il y a mense héritage, se sent proche de la mort. Il convoque de cela bien des lustres : Zeus (Eisengott), Héra (la Mère les membres de sa famille chez lui, dans la demeure qu'il Groulle), Aphrodite (la femme Griboin), Héphaïstos (M.. a nommée Malpertuis. Il annonce que chaque personne Griboin), Apollon (Mathias Krook), les Titans (représenvoulant toucher l'héritage devra vivre à Malpertuis. Ses té par le seul Tchiek), Prométhée (Lampernisse), une des ordres sont que seul le dernier vivant pourra avoir la for- trois Gorgones (Euryale), les Érinyes (les sœurs Cormétune. S'il reste un homme et une femme, ils devront se lon). marier et toucheront l'héritage à deux. Les protagonistes sont : Lampernisse, Charles Dideloo, tante Sylvie, Euryale, Mathias Krook, Nancy et Jean- 3 Structure Jacques, les trois sœurs Cormélon, le cousin Philarète, le Dr Sambucque, le ménage Griboin, aidé de Tchiek, et EiConstruit sur un enchâssement de manuscrits, le roman sengott. multiplie les voix narratives : le récit est composé de Jean-Jacques Grandsire, le jeune héros « candide », vit cinq parties écrites par cinq narrateurs internes, celui qui parmi ces êtres étranges et se trouve, à la fin de la pre- couvre la plus grande partie du roman étant Jean-Jacques mière partie, seul face à Euryale dont le regard pétrifie. Grandsire, ce qui en fait le personnage principal. CerDans la suite, Jean-Jacques essaie de dénouer l'énigme de taines parties sont des analepses, ce qui fait la difficulté Malpertuis mais les scènes terribles auxquelles il assiste, majeure de la lecture et qui contribue (peut-être volonl'ombre des maléfices et le souffle du sacré vont pertur- tairement) à dérouter le lecteur. ber gravement sa santé. Il mourra, pétrifié, en regardant Une étude approfondie de l'œuvre de Jean Ray, et en parle ciel, où Euryale combattait avec les Euménides pour ticulier de textes inédits comme Aux lisières des ténèbres avoir l'amour de ce dernier. permet de comprendre une partie du mystère narratif de Dans la troisième partie, on apprend que les habitants de Malpertuis, et en particulier les interactions que le roman Malpertuis sont des dieux Grecs très faibles que l'oncle entretient avec le texte précité et Le Grand Nocturne, dont Cassave à emprisonné dans des corps humains. Ainsi il constitue une préfiguration ou un « premier jet » dans Lampernisse est en réalité Prométhée, Euryale est la der- lequel Jean Ray puisera pour construire Malpertuis[1] . nière Gorgone, Mathias Krook serait Apollon, les trois sœurs Cormélon les Euménides, M. Griboin Héphaistos, Mme Griboin une petite déité, Tchiek un titan et Eisengott 4 Source d'inspiration des personZeus, le dieu des dieux.
nages 2
Perception critique
Jean Ray a confié que certains personnages du roman lui avaient été inspirés par des membres de sa famille et des voisins du Ham, la rue de Gand où habitait l'auteur lorsqu'il était enfant : ainsi, Élodie, la cuisinière de Malpertuis, correspond à la servante et nounou homonyme de Jean Ray[2] .
Le fantastique du roman repose sur l'opposition entre la description d'un quotidien trivial, « petit bourgeois » familier aux récits de Jean Ray, et les grands mythes grecs, ainsi que l'abolition de l'espace et du temps. Des per1