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Composition de l’ouvrage et réception

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TABLE DES ANNEXES

TABLE DES ANNEXES

fées. Charles Perrault sera encensé dans sa nécrologie, et considéré comme celui qui « a fait naistre tous les Contes des Fées » 393 .

Composition de l’ouvrage et réception

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L’ouvrage publié par Claude Barbin a un succès immédiat. Bien que nous ne connaissions pas le tirage de ce titre, il est probable que les familles aisées, les petits bourgeois, ainsi qu’une bonne partie du monde populaire aient eu accès à ces contes, que ce soit par le biais de la Bibliothèque bleue, ou de cette édition de 1697, de ses rééditions et émissions. N’ayant accès qu’à un exemplaire de la première édition par le biais de http://gallica.bnf.fr/, nous n’avons pas la possibilité de déterminer les états successifs du texte. Il y a néanmoins un addendum à la fin du volume, portant le titre de Fautes à corriger, et référençant huit fautes d’orthographe et de typographie, comme “le jeunesse” à la place de “la jeunesse”, ou encore “l’onnesteté” au lieu de “l’honnesteté”.

Concernant son aspect strictement matériel, le corps du texte est constitué de dix-neuf cahiers numérotés de A à T, en omettant le J, non utilisé dans les signatures à cette époque. Les premiers feuillets comportent un second alphabet, afin d’aider le relieur dans son travail : Aij, Aiij et Aiiij. Chaque cahier est composé de huit feuillets, soit seize pages. Les pièces liminaires sont organisées en un frontispice, une page de titre et une épitre de six pages, avant le texte principal. Cette dernière est signée avec des caractères de bas de casse, comportant une voyelle tildée (ã), et un second alphabet, similaire au précédent : ij et iij. Enfin, l’ouvrage comporte trois autres pièces liminaires non signées et non paginées. Il s’agit de la table des matières, de l’extrait du privilège, et des fautes à corriger. Malgré ces rares fautes sur un ouvrage de deux cent vingt-neuf pages numérotées, le succès est au rendez-vous. Les critiques sont peu nombreuses du côté des Anciens, qui ne prennent pas l’ouvrage au sérieux, tandis que Perrault l’érige en tant que défenseur de la thèse qu’il soutient, selon laquelle les poètes Modernes, du siècle de Louis XIV, n’auraient rien à envier aux fabulistes de l’époque antique.

Les contes s’inscrivent dans le courant de la tradition populaire de part la captatio benevolentia de la préface, qui place les récits dans la lignée des contes de vieilles. De même, le frontispice choisi par Charles dès 1695, représentant une nourrice d’un certain âge filant au coin du feu « constitue le signe iconique du conte par excellence, celui qui restitue l’authenticité de la voix populaire » 394 . En effet, il cherche à montrer que ces contes, tout en illustrant les habitudes des familles modestes, contestent la pratique des Anciens, qui consiste à recourir à l’imitation des modèles antiques, et qui, pour lui, ne sont que des impostures. Selon Jean-Pierre Sermain dans les Études sur le conte merveilleux,

« Perrault, à travers ses préfaces, le frontispice et les vignettes, les allusions dans les contes aux nourrices et aux mies, a ainsi circonscrit dans son texte le récit des origines, et l’a présenté comme une image des pratiques éducatives des moindres familles françaises. Il oppose à la mémoire lettrée prisée des anciens, le souvenir d’enfant qui s’est abreuvé de la mémoire vivante et sans date d’une nation pieuse, morale et simple (loin du lait des muses) » 395 .

393 Idem.

394 PERROT, Jean, Tricentenaire Charles Perrault, op. cit., p. 21. 395 SERMAIN, Jean-Paul, «La face cachée du conte: le recueil et l’encadrement », op. cit.

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