LE CONTE POPULAIRE FRANÇAIS : contes-nouvelles
MINISTÈRE DELÉ ' DUCATION NATIONALE,DELARECHERCHE ETDELATECHNOLOGIE COMITÉ DES TRAVAUX HISTORIQUES ET SCIENTIFIQUES
LE CONTE POPULAIRE FRANÇAIS CATALOGUE RAISONNÉ DES VERSIONS DE FRANCE et des pays de langue française d'outre-mer
t Paul DELARUE et Marie-Louise TENÈZE
avecla collaboration deJosiane BRU
PARIS ÉDITIONS DU C.T.H.S.
Tenèze, Marie-Louise Le conte populaire français : contes-nouvelles / collab. Josianne Bru. —Paris : Éd. du C.T.H.S., 2000. ISBN 2-7355-0438-7 RAMEAU : contes français contes : classification. DEWEY : 398.2 : Folkore. Contes et légendes des régions de France (recueils).
Public concerné : Toutpublic.
Couverture: La chatte blanche: contetirédeceluidesfées. Orléans. Le tourmy- an VII. ©C.T.H.S., 2000 —1, rue Descartes, 75005 Paris ISBN : 2-7355-0438-7 Tous droits de traduction, d'adaptation et de reproduction par tous procédés, y compris la photographie et le microfilm, réservés pour tous pays.
Liste des sous-sections selon la classification Aarne-Thompson
850 - 869 870 - 879 880 - 899 900 - 904 910 - 915 920 - 929 930 - 949 950 - 969 970 - 999
Le héros obtient la main de la princesse L'héroïne épouse le prince Fidélité et innocence La mégère est apprivoisée Les bons préceptes Actions et paroles rusées Contes du destin Voleurs et assassins Autres contes-nouvelles
Cet ouvrage fait suite à : DELARUE(P.), 1957, Le Contepopulairefrançais. Catalogue raisonnédesversions deFrance et despays de languefrançaise d'outre-mer: Canada, Louisiane, ÎlotsfrançaisdesÉtats-Unis,Antillesfrançaises, Haïti, ÎleMaurice,LaRéunion. Tome premier [Contes merveilleux, première partie]. Paris, Érasme. Nouvelle édition : Paris, Ed. G.-P. Maisonneuve et Larose, 1976. + (P.) et TENEZE(M.-L.), 1964, Le Contepopulairefrançais. Catalogue raisonnédesversionsdeFrance.. Tome deuxième [Contes merveilleux, deuxième partie]. Paris, Ed. G.-P. Maisonneuve et Larose. TENEZE(M.-L.), 1976, LeContepopulairefrançais. Catalogueraisonnédesversions deFrance.. Tometroisième [Contes d'animaux]. Paris, Éd. G.-P. Maisonneuve et Larose, 1976. TENEZE(M.-L.), 1985,LeContepopulairefrançais. Catalogueraisonnédesversions deFrance.. Tomequatrième, premiervolume [Contes religieux]. Paris, Éd. G.-P. Maisonneuve et Larose. Nouvelle édition enun seulvolume des quatre tomes :Paris, Maisonneuve et Larose, 1997. Il correspond doncautomequatrième, deuxièmevolume,des ouvrages précités.
INTRODUCTION Dans le cadre de l'entreprise générale du Catalogue du conte populaire français inauguré par Paul DELARUE,voici, prenant la suite du volume consacré aux «contes religieux », le Catalogue des contes français relevant de la section 850 à 999 de la classification Aarne-Thompson. Une première constatation s'impose, quantitative : assez peu de contes-types —un peu plus de quarante —,et, surtout, représentés pour la plupart par peu, parfois très peu de versions. Un seul conte-type : T. 922, Le roi et l'abbé, dépasse les trente versions. Pour plusieurs contes-types la France ne participe que très périphériquement (T. 877, T. 879,T. 888). On est loin de l'ancrage des contes merveilleux. J'ai gardé pour cette section, en l'adaptant, le titre choisi par Antti AARNE en 1910 pour son VerzeichnisderMärchenrypen, première ébauche de la classification internationale : «novellenartige Märchen », mot-à-mot contes en forme de nouvelles. Contes, comme l'exprime AARNE dans sa brève présentation, qui, àla différence des contes merveilleux et des contes religieux, ne font appel à aucun «facteur surnaturel » et «se situent entièrement à l'intérieur des limites de la réalité » Stith THOMPSON, dans l'édition dorénavant en langue anglaise de la classification, ajoute à «Novelle », entre parenthèses, «Romantic Taies »; dans son ouvrage général The Folktale, il emploie aussi la dénomination «Realistic Tales ». Contes réalistes ? Les contes facétieux le sont eux aussi. Contes romanesques ?Une telle dénomination brouillerait un fait à mes yeux important : le roman —en opposition précisément à la nouvelle —se définit comme narration longue ; or le conte populaire comme narration longue ne se trouve pas premièrement ici. J'ai donc choisi, comme mes collègues d'outre-Rhin et particulièrement les collaborateurs de l'Enzyklopädie des 1. 2. 3.
Pourlesréférencesdecertainstitres citésdanscetteintroduction,cf.labibliographie générale,enfind'ouvrage. AARNE,Verzeichnis..,p.VII. THOMPSON,TheFolktale,p. 152ss.
Märchens (à laquelle, dans les commentaires des contes, je fais largement appel), de rester au plus près de la dénomination d'AARNE, soit, en français : contes novellistiques, ou, mieux, contes-nouvelles (trad. de «Novellenmärchen Constatons ici que les recueils des nouvellistes français ne sont cependant appelés que pour quelques contes-types (Tabourot desAccords :T. 853 ;Nicolas deTroyes :T. 921A,922,940 ;Srd'Ouville : T. 921 A, 922 ; CentNouvellesNouvelles: T. 910A, 940). En fait, disons-le d'emblée sans ambages, la délimitation de cette section du Catalogue n'est rien moins qu'évidente ;AARNEad'ailleurs indiqué la difficulté àtrancher dans certains cas entre contes-nouvelles et contes facétieux («Schwänke »). Certes l'Aarne-Thompson est avant tout un instrument à usage pratique et aucune section n'est vraiment clairement déterminée ; mais on sait que la Morphologieducontede VI. PROPP faite d'après la grande section 300 à 749 de l'Aarne-Thompson, si son application amènerait certes àexclure un certain nombre de contes-types ici classés, n'en apas moins mis en évidence l'unité (nonla fixité) morphologique de la classe des contes merveilleux ; pour les contes d'animaux j'ai pu, par une délimitation externe, atteindre à une description interne ; pour les contes religieux, soit les contes légendaires chrétiens - «legendenartige Märchen » pour AARNE - si j'ai été portée à «ratisser large » (cf. les Appendices et les Non classés de part et d'autre du Catalogue proprement dit), en ne recherchant pas d'abord une cohérence formelle, c'est qu'ici l'ancrage profond, émotionnellement souvent très riche des récits incitait le chercheur à se laisser porter, et guider par un climat d'ensemble, quitte à déborder le cadre de la classification. Pour la section en cause dans ce volume j'avoue que je n'ai guère été portée àm'écarter du cadre préétabli Essayons cependant de cerner quelques contours, encommençantpar rappeler que les contes-nouvelles relèvent bien, comme les contes merveilleux et les contes religieux (et la section suivante : contes de l'ogre (diable) dupé), de la partie centrale de l'Aarne-Thompson : Ordinary 4. Le terme «conte-nouvelle » a déjà été utilisé par le traducteur, Claude KAHN, de l'article de Eléasar MELETINSKI :«L'étude structurale et typologique du conte », in fine de : VI. PROPP,Morphologieduconte, Paris, Seuil, 1970 (cf. p. 242). 5. Aussi : Paris, Gallimard, 1970. 6. Une cohérence interne de cette section —pour autant qu'elle puisse être postulée - est évidemment d'autant plus difficile à saisir ici que la participation du conte populaire français au «genre novellistique »est, comme je l'ai souligné d'entrée de jeu, relativement faible.
Folktales. Orune certaine continuité, avecles contes merveilleux d'un côté, avecles contes religieux de l'autre, est, pour certains types, voire certaines sous-sections, indéniable. Une vingtaine de contes-types sont des contes à mariage, que le rôle actif en revienne au partenaire masculin (T. 850 à 854) ou, du moins partiellement, au partenaire féminin (T. 870 A, 879, 883 B, 884). Dans le premier groupe particulièrement les T. 850 et 853 prennent la suite directe, serait-on tenté de dire, de ces contes merveilleux qui sont structures simples d'opposition interne, à disjonction de départ d'ordre s o c i a l et d o n t la tonalité est volontiers, comme elle l'est ici, facétieuse, voire obscène (cf. T. 559 : Le bousier, T. 570 : Le troupeau de lapins, T. 571 : Tous collés ensemble). D ' o ù des cas d'alliance n o t a m m e n t avec le T. 570. La ligne de démarcation est que, du côté contes merveilleux, le héros bénéficie d'une aide magique qui ici lui fait défaut. Le mariage, comme dans bon n o m b r e de contes merveilleux, peut être mis à l'épreuve et est alors consolidé en fin de conte (T. 875, 882, 883 A, 900). Mais, contrairement aux contes merveilleux, l'aide surnaturelle manque ; et l'héroïne, alors m ê m e qu'elle est victime, est moins porteur de l'action par sa patience (cf. toutefois T. 887, Grisélidis) qu'elle n'est elle-même agent du redressement de la situation. L'appel à l'habit d ' h o m m e (T. 882, 883 A, 884, 888), la subtilité d'esprit (T. 875, 883 B) sont ici des adjuvants requis et suffisants. Remarquons tout de suite que la joute verbale ou d'esprit (énigme), si déterminante dans certains de ces contes à mariage (T. 851, 852, 853, 875, 879) l'est bien au-delà (T. 921, 921 A, 922). - Dans deux contes-types de la sous-section « Voleurs et assassins » (T. 955, 956 B), le mariage, qui eût pu être tragique, est contré - à la manière, est-on tenté de dire, ici ou là (cf. T. 955, v. 12), dont est contré, dans des contes merveilleux, le « mariage » projeté par l'antagoniste non-humain. E n conclusion : là où le héros du conte merveilleux se caractérise par l'ouverture, la disponibilité à l'aide (magique, surnaturelle), le héros (ou l'héroïne) du conte-nouvelle est un être autonome. Ce faisant, autour de lui, le monde s'est aplati. Je prolonge encore la confrontation. O n sait que dans un certain nombre de contes merveilleux où le mariage est mis à l'épreuve, le mari peut
7. Cf.M.-L.TENÈZE,«Distinctions fondamentales dans lamiseen ordre del'ensemble des contes traditionnels français ». StudiaFennica20, Helsinki, 1976, 124-133.
participer, indirectement- par exemple enpartant àla guerre et enabandonnant ainsi safemmeàun entourage hostile - ou/et involontairement, en se laissant lui-même abuser, à la Malfaisance exercée à l'encontre de l'héroïne-victime ; mais jamais il n'est lui-même l'agent direct de cette Malfaisance. Tel est par contre le cas ici dans les contes-nouvelles T. 887 (Grisélidis),T. 900(Laprincessedédaigneusecorrigée),T. 875(oùl'épreuve est rapidement annulée par l'épouse avisée). On constate ainsi, par rapport au conte merveilleux, un affaiblissement du rôle del'entourage, notammentfamilial (cf. l'action souvent néfaste dela mèredumari), auprofit d'une collision plus individuelle. Une certaine continuité avec les contes religieux se manifeste sous deux aspects : - commele souligne le titre de l'une des sous-sections : «Contes du destin »,la question dudestin estici, entermes parfois étranges, poséeet, tantôt tragiquement (T. 931, T. 939 A), tantôt positivement (chrétiennement) résolue (T. 933, 938, N. cl. cf. T. 934 A: L'enfant qui devait être pendu) ; - pour d'assez nombreux contes-types, comme l'indiquent les commentaires historiques, lelien avecle conte par excellence duMoyenÂge: le' xemplum, n'est pas rompu et la visée pédagogique, le caractère didactique,resteplusoumoinsprésent (ex.T.889,910,921A,960A,980à982). Comme pour les contes merveilleux, les contes sont ici quasiment tous desrécits autonomes (contrairementàcequiestlecaspourlasection suivante del'Aa.Th. :T. 1000à1199,contes del'ogre (diable) dupé),logiquementintégrés ; ce qui peut être le résultat d'une évolution, d'une histoire àlaquelle ont participé des œuvres dela littérature écrite (cf. remarquesconclusives deJ.deVRIESàproposduT.875etdeJ.-P. PICHETTE àpropos du T. 910 B).J. deVries précisément oppose auT. 921 qualifié d'«Anekdote»et quieneffet danslaplupart desversions françaises n'est pas un conte autonome, le T. 875 qui «sich zu einer hübschen kleinen Novelleausgebildethat»,s'estdéveloppéenunejoliepetitenouvelle.Mais, constatons-le aussi, alors queles versions duT. 921 sont assez nombreuses, leT.875n'est représenté queparquelquesversions périphériques. En concluerons-nous, enrejoignantle début decette introduction, àla faible implantation d'un conte «novellistique »?
La brève analyse de chaque conte-type —traduite et/ou adaptée de celle d'Aarne-Thompson - s'illustre et se concrétise, comme dans les volumes précédents du Catalogue, par une version particulière (donnée plus ou moins in extenso) jugée représentative du déroulement du conte-type Là où il y a lieu (et c'est bien moins souvent le cas que pour les contes merveilleux) la mention du titre Aarne-Thompson (qui pour quelques contes-types est différent de celui retenu pour le catalogue français) est suivie de l'indication du texte comparable des trois recueils fondamentaux de STRAPAROLE, BASILE, GRIMM. Les habitués du Catalogue constateront, peut-être avec regret, que la décomposition en «Éléments du conte »manque. La moins grande complexité des contes-types (par rapport notamment aux contes merveilleux), le petit nombre de versions peuvent —du moins partiellement —justifier cette absence. Ici et là la nécessité de faire état, en fin des commentaires, de remarques particulières concernant les versions françaises s'est cependant imposée. L'existence de l'Enzyklopädie desMärchens (abrév. : EM), dont le neuvième volume est paru, m'a permis, pour de nombreux contes-types d'y renvoyer largement dans mes commentaires, en traduisant des passages plus ou moins importants des articles en question. Pour qui lit l'allemand, je conseille vivement de se reporter directement àcet ouvrage, où chaque article se complète d'une copieuse et précieuse bibliographie. Je confesse uncertain flottement dans la traduction notamment de deux termes parmi les plus fréquents : l'allemand dit «Variante(n) »là où j'emploierais généralement «version(s) »; l'allemand emploie «Motiv »aussi pour des motifs narrativement constitués, c'est-à-dire des séquences que j'aurais tendance à qualifier d'épisodes ; j'ai souvent suivi l'usage allemand, le terme «motif»ayantl'avantage de bien souligner le caractère traditionnellement fixé des séquences en question. Pour plusieurs des contes-types de cette section du Catalogue des articles sont prévus dans les volumes ultérieurs. Il est envisageable d'en faire bénéficier un éventuel supplément au Catalogue. 8. Pour quelques contes-types représentés par une seule version, et pour des raisons différentes d'un cas à l'autre, il n'est pas donné de texte in extenso. 9. Celles-ci sont disposées selon un ordre géographique qui suit en gros l'orientation Nord-Sud, établi par Paul Delarue (Catal., I, 51-52) ; les versions d'outre-mer sont séparées des versions de France.
Josiane BRU,ingénieur-d'études àl'Ecole des Hautes Études enSciences sociales (Centre d'Anthropologie, Toulouse m'a apporté une aide décisive dans la reprise en main et la finition de cette section du Catalogue C'est àelle qu'incombe maintenant, pour l'essentiel, la mise aupoint du ou des derniers volumes du Catalogue. Je lui exprime ici à la fois ma gratitude et maconfiance. Marie-Louise Tenèze
10. U.M.R. 8555 du CNRS, 39, allées Jules Guesde 31000 Toulouse. 11. Mon entrée en retraite et des épreuves familiales m'ont tenue éloignée pendant quelques années de mes travaux.
LE HÉROS OBTIENT LA MAIN DE LA PRINCESSE
T. 850
LESMARQUESDENAISSANCE DELAPRINCESSE Aa.Th. TheBirthmarksofthePrincess. Enéchange decochonsmerveilleux (v. 3 : oiseaux), la princesse se dénude de plus en plus haut pour le jeune homme qui, àla troisième fois, aperçoit sa (ses) marque(s) de naissance. Il réussit ainsi l'épreuve de deviner celle(s)-ci, et gagne la main de la princesse (dans une partie des versions après une nouvelle épreuve empruntée au T. 570). LAMARQUE DE LAPRINCESSE Le roi de Syrie lança un appel : —Celui qui dira ce que ma fille a pour marque à la cuisse gauche l'épousera. Une femme, ayant un fils unique, entendit cela et dit à son fils : —J'ai trois petits cochons dans la paillasse de monlit que je te garde. Voici comment il faut faire :je vais t'en donner un et tu iras sans crainte crier devant le palais : Couchon d'acier, couchon d'acier, couchon d'acier ! C'est cequ'il fit. Lafille de chambre dela princesse appela samaîtresse et lui dit : —Princesse, venez voir, voilà un jeune homme qui porte un cochon sur la tête. On l'appelle, il yva. —Monte, dit la femme de chambre, vends-nous ce cochon. —Non, il n'est ni àvendre, ni à donner, mais àgagner. —Comment ? — Je veux voir la jambe de la princesse. —Madame, il veut voir votre jambe. —Oh !non ! —Si, laissez faire. —Soit ! Elle tire son bas, il laisse son cochon.
Au bout de six mois, sa mère lui donne un cochon d'argent. Il retourne vers le palais et crie par trois fois : Couchon d'argent ! —Le voilà encore ! —Que c'est beau ! —Je veux voir le genou de la princesse. —Oh non ! —Si, dit la fille de chambre, ce sera vite fait. La princesse consent, il laisse le cochon. Aubout de six mois, c'est avec un cochon d'or qu'il revient, criant par trois fois : Couchon d'or ! —Ah quelle merveille ! —Cette fois-ci je veux voir la cuisse entière. —Oh ! quelle insolence ! ... Même si je montrais tout, qui le saura ? Personne. Et il vit ainsi la marque : une branche de giroflée bleue, portant cinq boutons et, en haut, une fleur. Lorsque le roi lança à nouveau son appel, le jeune homme révéla la marque et épousa la princesse. (Recueillien 1867à Bulcy) Ms MILLIEN-DELARUE, Nivernais Pour d'autres versions européennes, cf. BOLTE-POLIVKA, Anmerkungen.., II, 528-529. LISTE DESVERSIONS 1. MsMILLIEN-DELARUE, Nivernais : La marquedelaprincesse. 2. Ms G. MASSIGNON, B.-Bret. : Lestroispetits cochonsrouges= TENÈZE et HÜLLEN, France-Allemagne, 1, 112-114, n° 21 : Les troispetits cochonsteints enrouge. 3. Ms GIBERT, Cantal: Marchandd'oiseaux. Oc. et trad. (T. 850 et T. 570) a) RIOUX, Ile Verte, 90-91 : Tit-Jean, lepêcheur. b) LAFORTE, ContesduSaguenay, 105-114 :Lestroispetits cochons. c) LEMIEUX, Les vieux m'ont conté, 2, 259-265 (texte remanié), 266-270 (t. original) : Lesacdevérités. (T. 850 et T. 570). d) ID., ib., 4, 227-233 (texte remanié), 234-242 (t. original) : Ti-jean et les troispetits cochons. (T. 850 et T. 570).
T. 851
LAPRINCESSEQUINESAITPAS ' NIGME RÉSOUDRELÉ Aa.Th. The Princess whoCannot solve the Riddle. —GRIMM n° 22, Das Rätsel(L'énigme). - Une princesse est offerte en mariage à qui lui présentera une énigme qu'elle ne pourra résoudre. L'énigme formulée par le héros est, dans la quasi totalité des versions françaises, basée sur une succession de morts par empoisonnement (à l'origine de laquelle peut se trouver la propre mère du jeune homme). Dans les versions 1, 2, 4, 8... la princesse essaie, à la faveur de visites nocturnes, d'apprendre la solution - cequi tourne à saconfusion. Mariage. J'ai choisi de publier, en plus de la version-type nivernaise, l'étrange conte mentonais, afin d'illustrer une complexité dont témoignent d'autre part, à l'échelle internationale, les attestations écrites et orales réunies par BOLTE et POLIVKA,Anmerkungen.., I, 188-201. LAPRINCESSE AUXDEVINETTES Une princesse voulait se marier avec qui lui dirait une devinette qu'elle ne pourrait deviner. Le fils du roi yalla, tout en chassant, avec son cocher. Ils tirent tous deux douze cornilles, reviennent et en font faire vingt-quatre boulettes. Ils en repartent et font rencontre dans le bois avec vingt-quatre brigands. —Nous voulons nous associer avec vous, disent-ils, ne nous faites pas de mal. —Nous avons faim, répliquent les brigands. —Voici des boulettes, vingt-quatre, prenez-en chacun une pour patienter. Or ces boulettes étaient empoisonnées, et les brigands en meurent tous.
Le prince et son cocher arrivent au château et proposent l'énigme : «J'ons parti deux - j'en ons tué douze - rentournés deux —j'en ons fait faire vingt-quatre - repartis deux - j'en ons fait mourir vingt-quatre. » La fille cherchait, cherchait sans trouver ; elle n'a pu trouver. Alors la princesse imaginad'envoyer ses filles de chambre leur demanJe veux bien le der. Ils étaient couchés. Le cocher disait à la première : — dire, si vous couchez avec moi toute nue. Elle le fit, mais il ne dit rien. Une seconde fille y alla : - Si vous voulez coucher avec moi toute nue... Il ne disait rien, et gardait la chemise. L'une après l'autre, les sept filles de chambre y allèrent... Il finit par dire : —Je veux que ce soit la demoiselle elle-même qui vienne. Pendant ce temps il change de lit avec son maître et la demoiselle, croyant que c'était le cocher, couche avec le fils du roi. Le lendemain matin : —Avez-vous bien dormi ? —[Lecocher]J'ons fait de mauvais rêves.Je rêvais que j'étais àla pêche aux anguilles ; si j'ons rêvé la vérité, moi j'en ai pêché sept. —Moi une, dit le fils du roi, mais une belle. —Pas vrai. —Si !Voulez-vous voir les peaux ? Et la princesse dut épouser le fils du roi. (Recueillien 1887à Bulcy) Ms MILLIEN-DELARUE, Nivernais : L'ÉNIGME, conte mentonais Il y avait une fois un roi qui devint amoureux de sa propre fille. Ils allèrent ensemble en Afrique, où en pareil cas on peut se marier. —Elle devint enceinte, mais mourut avant de donner naissance à l'enfant, qu'on mit au jour en ouvrant le ventre de sa mère. —Elle fut enterrée sous le palais dans une caisse de cuivre. Quand l'enfant eut grandi, il chercha le corps, le trouva, enleva la peau des mains et s'en fit des gants. Puis il trouva un chevaldontla naissance était semblable àla sienne et partit pour les aventures. Arrivé dans un pays étranger, il se présenta àla cour et défia tout le monde de deviner cette énigme : «Je ne suis pas né, ni mon cheval
non plus ; je suis fils de la fille de mon père et je porte les mains de ma mère. »La princesse promit de deviner le lendemain. Aussitôt le jeune hommesorti, ellesedéguisaenhommeetlesuivitàsonauberge.Làellese lia avec lui, et ils convinrent de souper et de coucher ensemble. Elle lui demanda son histoire. Il lui raconta tout sans soupçon. Ils se couchèrent et mirentleurs chemises sous l'oreiller. Elle seleva avantle jour, pendant quele jeune hommedormait encore, et se sauva,maisenoubliant sachemise. Quandil se réveilla, voulant prendre sachemise, il trouva aussi une chemisedefemmeet compritlatromperie. Il serendit aupalais, et quand laprincesse fit semblantd'avoirdevinésonénigme,ilmontralachemiseet dévoila la ruse. Elle setrouva forcée del'accepter commeépoux. Recueilli parJ. B.ANDREWS.RomaniaX(1881), 244-245 LISTEDESVERSIONS 1.MsMILLIEN-DELARUE,Nivernais:Laprincesseauxdevinettes. 2.LUZEL,C.B.-Bret. III, 326-350 :PetitJeanetlaprincessedevineresse. (Avec, inclus,lemotif destrois sacsdevérités duT.570).ID.,ib., (éd. 1996), 227-241. 3. LUZEL, C. inédits I, 169-173, n° 16: Laprincesse devineresse et le bossu. (Avecmotif final scatologique fréquent auT.559). 4. Kryptadia, II (1884), 21-28 :Lebossu(Hte Bret. n° 9). 5. R.T.P. XVIII (1903), 366 :Histoired'unedevinette(F. Duine, Hte Bret.). 6. FABRE et LACROIX, C. occitan, II, 113-117, n° 24: Le compliment— Lé'nigme. 7. ID., ib., 118,n° 24:Vers. B.Leconte. Rés. 8.JOISTEN, C. DauphinéII, 17-18, n° 74.1 :Legâteauempoisonné. 9.MATHIEU,RécitsdeProvence(Paysd'Apt), 64-69 :Loreideidevinalhas— Le roi des devinettes. («Version établie par Louis Charrasse, félibre carpentrassien, audébut du siècle »). 10. RomaniaX(1881), 244:Lé'nigme(Andrews, Menton). 11.ORTOLI,Corse,123-132 :LaBêteàsepttêtes(incluantépreuveducombat contre la Bête àsept têtes). 12. MASSIGNON,C. corses, 145-147, n° 66:PediUntu.
a) LEMIEUX, Les vieux m'ont conté, 2, 175-177(texte remanié), 178-180 (t. original) : Lefou enjupe. b) ID., ib., 10, 55-66 (texte remanié), 67-82 (t. original) : La devinette. c) ID., ib., 11, 225-231 (texte remanié), 232-237 (t. original) : La devinette. d) FORTIER, LouisianeII, 63 :JeanSotte.
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LEHÉROSCONTRAINTLEROI (LAPRINCESSE) ÀDIRE«CE ' ST UNMENSONGE» Aa.Th. TheHero Forces the Princess to Say «That is a Lie ». —GRIMM, n° 112, Der DreschflegelvomHimmel(Le fléau àbattre ramené du ciel). - Le héros accumule des mensonges énormes (relatant e.a. une montée, puis une chute du ciel), le roi- ou la princesse —«craque »finalement devant le dernier qui l'atteint dans son amour-propre. : LE PÂTRE QUI ÉPOUSE LAFILLE DU ROI Il yavait une fois un roi qui s'en allait chez ses valets. Il répétait sans cesse : «Je suis un menteur, je suis un menteur !»Et il dit qu'il donnerait sa fille en mariage à celui qui lui ferait dire : «Tu es un menteur. » Cela fit réfléchir un jeune pâtre. Il alla au château et demanda àparler au roi. On le fit entrer, et il parla : «J'étais un enfant, je plantai une fleur ; cette fleur devint un arbre, qui devint lui-même tellement haut qu'il arriva jusqu'à la lune. Je grimpai dessus et arrivai àla lune. J'y restai quelque temps. Quand je voulus redescendre, je ne trouvai plus l'arbre. Je ne pouvais pas sauter en bas !Alors je me fis une chaîne avec des tiges d'avoine, et quand j'arrivai en bas, la chaîne ne fut plus assez longue. Je me laissai aller, et je tombai la tête en bas, tellement fort que je meplantai la tête dans un rocher.J'essayai de l'en enlever et n'y arrivai pas. Enfin, à force de tirer, je l'y laissai. Je m'en allai ainsi au moulin, sans tête, chercher un levier pour essayer de la sortir de là. Quand je revins, je vis un loup qui essayait aussi de la sortir. Avecle levier je lui tapai sur le dos.Je tapai tellement fort que je lui fis tomber une lettre du derrière. » Le roi lui demanda ce qu'il yavait sur cette lettre.
- Il y avait, répondit le pâtre, que votre père avait été placé chez le meunier où j'allai chercher le levier. Le roi dit : —Ce n'est pas vrai !Tu es un menteur ! —J'aigagné, dit le pâtre. —Eh !qu'as-tu gagné ?, lui demanda le roi. —Vous disiez il n'y apas longtemps que vous donneriez votre fille en mariage à celui qui vous ferait dire : «Tu es un menteur !» —Eh bien je te la donne, dit le roi. Au bout de huit jours, ils se marièrent et le pâtre fut roi à la place de l'autre. Il se fit bâtir un beau château, et je crois qu'ils ne sont pas encore morts. Je les ai vus il n'y a pas longtemps. Ms PERBOSC-CÉZERAC, n° 66. Ce conte novellistique est aussi et d'abord un conte de mensonge (cf. les renvois d'Aa.Th.). Mais sa particularité tient dans la plupart des versions au fait que le menteur doit savictoire non pas tant àl'énormité ou à l'ingéniosité de ses menteries que bien plutôt au fait quela dernière atteint le roi dans son honneur. Tel est déjà le cas, comme l'indiquent BOLTE et P O L I V K A (Anmerkungen..., II, 507) d a n s u n p o è m e latin d u X siècle Modus f l o r u m .
L I S T E DES VERSIONS 1. M E R K E L B A C H - P I N C K , L o t h . V m . , 1 7 7 - 1 7 8 : Der König u. der S a u h i r t ( L e r o i e t le p o r c h e r ) . 2. L U Z E L , 5 rapport, 4 3 - 4 4 = I D . , C. B.-Bret. I I I , 4 4 7 - 4 5 1 : L e berger q u i eut la fille d u roi p o u r une p a r o l e =
S É B I L L O T , Prov. de Fr., 1 3 1 - 1 3 4 . R e p r i s
in D E L A R U E , French Folktales, 3 4 3 - 3 4 6 = L U Z E L , C. B.-Bref. I I I , ( é d . 1 9 9 6 ) , 3 1 3 - 3 1 5 = L U Z E L , C. Retrouvés II, 3 2 7 - 3 2 9 : L e berger q u i obtint la file du roi p o u r une seule parole. R é s . 3. S É B I L L O T , C. H t e - B r e t . I I , 1 9 7 - 1 9 9 , n ° 3 5 : L e berger q u i épousa la fille du roi = I D . , ib., (éd. 1 9 9 9 ) 2 0 9 - 2 1 1 . 4. S É B I L L O T , Joy. H i s t . , 1 7 6 - 1 7 8 , n ° 4 7 : L e berger q u i devint roi = R . T . P . I X ( 1 8 9 4 ) , 2 7 3 - 2 7 4 ( S É B I L L O T , C. rés. de la Hte-Bret.). 5. M A S S I G N O N , D e bouche à oreilles, 2 8 3 - 2 8 4 , n ° 4 7 : L e maître et le métayer = ID., Folktales o f France, 1 6 1 - 1 6 2 : T h e M a s t e r a n d the T e n a n t Farmer. — Charente.
6. Ms PERBOSC-CÉZERAC, n° 66 : Lepâtre qui épouse lafille du roi. — (n° 67) Loupastre queespouzala hilho dourei. a) LEMIEUX, Lesvieuxm'ontconté, 2, 191-193 (texte remanié), 194-196 (t. original) : Le bergerou«Tuasmenti». b) ID., ib., 4, 375-378 (texte remanié), 379-383 (t. original) : Laprincessedit «T'as menti!» c) ID., ib., 9, 201-202 (texte remanié), 203-204 (t. original) : Leplus gros mensonge. d) ID., ib., 10, 13-14 (texte remanié), 15-16 (t. original) : Unmensongequi méritelafille duroi.
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LAPRINCESSEETLERUSTRE QUIARÉPONSEÀTOUT Aa.Th. TheHero Catches the Princess with her Own Words (Le héros attrape la princesse à ses propres paroles). Une princesse est offerte en mariage à qui saura trouver répartie à ses propos. Trois objets ramassés en route à l'appui, le héros (cadet, niais) bat la princesse en rétorquant par trois fois par une réplique adéquate (souvent obscène). Mariage. : LE MARIAGE DE JEAN LE SOT Il y avait une fois une princesse qui était si fine que jamais personne n'avait pu la mettre à bout. Son père fit publier dans tout le royaume que celui qui lui clouerait le bec l'aurait en mariage. Jean le Sot était le plus jeune des trois frères qui résolurent de tenter l'aventure. En chemin,Jean le Sot trouve un nid, prend les oeufs et les met dans sa poche. —Et que veux-tu faire de ces oeufs, mon pauvreJean le Sot ? —Ados fois gle pourront peut-être bé me sarvir. Un peu plus loin, il ramasse des chevilles sous une charrette. Même question des frères et même réponse deJean le Sot. Bientôt après un besoin pressant le saisit, il dépose le tout dans son bonnet et le remet sur sa tête. On arrive enfin ; son tour venuJean le Sot salua ainsi la princesse : —Bonjour, manzelle la princesse, queme vous êtes rouge et acrêtée ? —C'est signe qu'il ya de la chaleur en moi. —I ai dos petits us dans ma pochette, vous les coueriez (couveriez) donc bé ? —Ah !mon pauvreJean le Sot, tu trouves toujours des chevilles pour mettre au trou.
—I en ai bé dans mapochette, si elles pouviont me servir. - Ote toi donc de là, tu ne fais que chiailler. —I en ai tout mon plein bonnet. La princesse ne trouva plus rien à répondre et Jean le Sot l'eut en mariage. Léo DESAIVRE. RTPXIII (1898), 403-404 : Contes poitevins (Deux-Sèvres). Le titre français du conte-type est celui proposé par Emmanuel COSQUIN (cf. Remarques suite à sa version lorraine). Parmi les attestations écrites anciennes (cf. BOLTE-POLIVKA, Anmerkungen.., I, 201) est à signaler le n° 41 des EscraignesDijonnaisespar Etienne Tabourot des Accords (éd. Rouen, 1640, 59-62). Texte reproduit, avecbeaucoup d'autres attestations, anciennes et modernes concernant ce conte-type, par Lutz ROHRICH,Erzählungen..., I, 222-233 (textes) et 299302 (commentaire). LISTE DESVERSIONS 1. COSQUIN, C. Lor., II, 132-133, n° 51 : Laprincesse etlestroisfrères. 2. Ms MILLIEN-DELARUE, Nivernais : Les réponses avisées. Vers. A. (c. scatologique). 3. ID., ib. Les réponsesavisées. Vers. B. 4. ID., ib. Legarçonqui attrape laprincesse. 5. ID., ib. (Feuille volante, fragment). 6. ID., ib.[Legarçonquigagnelaprincesse avectroisparoles]. 7. ID., ib.[Legarçonquifait rire troisfois laprincesse]. 8. LUZEL, C. B.-Bret., III, 296-311 :Lescompagnonsquiviennentà boutdetout ouLemangeur, lebuveur,letireuretFine-Oreille = ID., ib., (éd. 1996), 207216. 9. LE ROUZIC, Carnac, 208-212 : Lafille duroietle boîteux. 10. MASSIGNON, RécitsdeBretagne(TrégoretGoëlo), 132-145 :Aussivitesur terre quesurmer. (Avec T. 513 - Cf. Catal. II, v. 15). 11. Ms G. MASSIGNON, B.-Bret.: Le bossu. 12. KryptadiaII (1884), 72 : Lafille attrapée. (Hte-Bret. n° 20). 13. GAUTIER, C.popul. Vendée, 70 : In sotat dosbounesidaies.
14. R.T.P. XIII (1898), 403-404 : Le mariage deJean-le-Sot (Desaivre, Poitou). 15. ROBERTet VALIÈRE,RécitsduPoitou (P. méridional), 63-64 :JeanleSot etlafille duroi. 16. DEBIAIS etVALIÈRE,RécitsduBerry(Brenne), 79-80 :Lafilleduroiqui nevoulaitpas rire. 17. SEIGNOLLE, C. GuyenneII, 87-91, n° 67 :Leroiveutmariersafille. Lou reyvoymaridasofillo. (Avec T. 570 - Cf. Catal. II, v. 29). 18. Ms PERBOSC-CÉZERAC, n° 67 : Celuiqui laissa sansparole lafille du roi.(texte occitan manque) 19. COULOMB et CASTELL, La barque.. duMtLozère, 177-178, n° 47 : Celuiquisurprendraitlafille duroi entroisparoles. 20. PELEN, C. en Cévennes, 359-360, n°70 a : Le bouchon, laperdrix et la merde. a) Cf. S. MARIE-URSULE, Lavalois, 221-223 : TitJean le bouffon. b) Ms A. de FÉLICE, Ilôtsfr. USA (Ht. Michigan) : Les trois motspour rembarrerlaprincesse. Rés. in MsAtp 62.64, 17-19. c) ID., ib., (Nouv. Angl.) : Lep'titPoucette. Rés. in MsAtp 62-64, 8. d) LEMIEUX,Lesvieuxm'ontconté,3, 35-36(texte remanié), 37-38 (t. original) : Princesse embêtéeentrois mots. e) ID., ib., 11, 211-217 (texte remanié), 218-223 (t. original) : Ti-jean et la devinette. f) ID., ib., 13, 43-45 (texte remanié), 46-48 (t. original) : Ti-jean embêtela princesse.
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'R LEBÉLIERDO Aa.Th. TheGoldenRam.«L'argent est tout puissant ».Lehéros sevante de pouvoir épouser la princesse s'il obtient la seule chose qu'il demande. Le roi lui donne une grande quantité d'or. Il se fait faire un bélier d'or, y est transporté dans la chambre de la princesse et gagne celle-ci. Basse-Bretagne : LACHÈVRE D'ARGENT Un roi, en parcourant son royaume, aperçut un jour ces mots tracés au-dessus de la porte d'une maison : Avec de l'argent on va partout, Avec de l'argent on fait tout. C'était la demeure d'un marchand enrichi par son travail et son industrie, et qui, avec son argent, croyait que rien ne lui était impossible. Le roi entra dans sa maison et lui demanda : —Pensez-vous que ce soit bien vrai, ce qu'on lit au-dessus de votre porte ? —Oui, sire, répondit-il, je l'ai éprouvé, maintes fois. —Ehbien voulez-vous accepter cemarché ?Si,avecvotre argent, vous parvenez à coucher avec ma fille, je vous la donne en mariage, et si vous n'y réussissez pas, vous serez pendu. - J'accepte, sire, répondit-il, sans hésiter. —Alors, c'est entendu, etvous pouvez, dès àprésent, aviser auxmoyens d'arriver à votre but. Et le roi s'en alla là-dessus. Notre homme, qui se nommait Marzin, construisit une chèvre en argent, de forte dimension, qui marchait, bêlait et dansait au moyen d'un ressort intérieur qu'il faisait mouvoir. Il s'enferma dans le ventre de sa chèvre, et alla se placer, conduit par un ami, qui était dans la confidence de son secret, sur le passage de la
princesse, dans un jardin, où elle venait tous les jours se promener avec son père. Quandils vinrent àpasser, la chèvre semit àcabrioler, àdanser et àbêler. Laprincesse la vit, l'admira et voulut l'avoir àtoute force. Leroi lalui acheta, et elle la fit porter dans sachambre àcoucher. Lesoir, une fois la princesse couchée, Marzin sortit de sa cachette, et parla à la jeune fille avec tant d'amabilité, qu'il la séduisit et obtint ses faveurs. Il ne sortait que la nuit, quelquefois, par un escalier dérobé, pour se promener dans les jardins du palais. Lafemmedechambredelaprincesse, quiétait danslaconfidence,lui servait secrètement ses repas. Laprincesse devint grosse. Leroi, fort en colère, l'interrogea et lui demandaqui était le père. - C'est la chèvre d'argent, répondit-elle. Et commeil n'obtenait que cette réponse, il se rendit àla chambre à coucher de sa fille, pour examinerla chèvre. Il ytrouva Marzin, qu'il reconnut bien et qui lui dit : - Vousvoyez que j'ai gagné, sire. - Comment, coquin, c'est toi ?s'écria-t-il, étonné. - C'estvousquil'avezvoulu,sire, enmeportantundéfi, et, commeje tenais àn'être pas pendu, j'ai fait demonmieuxpour éviter votre corde. Leroi était confondu et n'en pouvait croire sesyeux. - Il n'y apas àdire, sire, reprit Marzin,vous avez perdu et j'ai gagné. Souvenez vous devotre promesse. - Unroi nedoit avoirqu'uneparole, réponditlevieuxmonarque ; j'ai donnéla mienne et je la tiendrai. Et le mariage de Marzin avec la princesse fut célébré, dans la quinzaine, et il yeut, àcette occasion, degrands festins et degrandes fêtes. (Morlaix, 1877) LUZEL. C.B.-Bret., III, 443-446 EM2, col. 561-566 :Bock, dergoldene (K. Ranke). Extraits : «Sur la base de l'analyse d'une soixantaine de variantes reconnues commereprésentatives (soit 25%del'ensemble dumatériel) deuxrédactions principales apparaissent. Larédaction Aqui correspond aurésumé ci-dessus est répandue en Europe et auProche-Orient, ainsi que dans le folklore espagnol d'Amérique Centrale et du Sud.. Des particularités ap-
paraissent notamment dans le choix de la figure animale... La fin est très généralement la même : la subornation réussie aboutit au mariage. La rédaction B,mis àpart le motif central K1341.1 :Entrance towomans' roomin goldenram, s'écarte beaucoup de la rédaction A... La forme la plus ancienne, qui est aussi plus simple, du conte-type se trouve déjà dans le Pecorone (9,2) de Giovanni Fiorentino (qui serait de la fin du XIVsiècle)... Le thème a éveillé quelque intérêt dans la novellistique italienne des XVet XVI s. : cf. ainsi Francesco Bello, Mambriano, 1, env. 1494 ; Francesco Sansovina, Centonovellescelte, 8, 8, Venise 1556... » LISTE DESVERSIONS 1. MERKELBACH-PINCK, Loth. Vm., 307-308 : Dergoldene Hirsch (Le cerf doré). 2. LUZEL, C. B.-Bret. III, 443-446 : La chèvred'argent= ID., ib., (éd. 1996), 309-313. 3. Annales deBretagneXXVII (1911-1912), 94-101 : Er jökoet -Le chevalde bois (Le Diberder) (En breton bas-vannetais et trad. fr.). 4. G. MASSIGNON, C. corses, 34-35, n° 15 :Avecl'argent onfait tout. 5. ID., ib., 278, Vers. B. Rés. Mêmetitre. 6. ID., ib., 279, Vers. C. Rés. L'oie sans bec. a) LEMIEUX, Les vieux m'ont conté, 21, 43-48 (texte remanié), 49-55 (t. original) : Lepetit chevald'or.
L'HÉROÏNE ÉPOUSE LE PRINCE
T. 870 A
LAFIANCÉESUBSTITUÉE DANSLELIT DUPRINCE Aa.Th. TheLittle Goose-Girl(La petite gardeuse d'oies). Le titre français ci-dessus a été proposé par Paul Delarue. Version de Corse : LES DEUX BOÎTES Le fils d'un grand roi aimait une jolie charbonnière. Lorsque ses parents connurent cette passion, ils entrèrent dans une grande colère et le forcèrent à épouser une riche princesse qui, quoique jeune encore, avait eu bien des amants. La nuit de ses noces, la princesse craignit que son époux ne s'aperçût de sa mauvaise conduite ; aussi envoya-t-elle sa chambrière chercher dans la ville une femme qui fût pucelle et qui voulût bien consentir à coucher avec le fils du roi. La chambrière était à peine sortie du palais qu'elle rencontra la charbonnière. —«Es-tu pucelle ? —Oui. —Veux-tu consentir à coucher cette nuit avec le fils du roi ? —Jele veux bien ; mais n'est-il pas marié ? —Si, mais par des raisons que je ne puis t'expliquer la princesse a besoin que tu prennes sa place. —Et qu'en pensera le prince ? —Laisse faire, on s'arrangera de manière qu'il n'y verra rien. » Le soir venu, la jolie charbonnière alla coucher avec son amoureux. Avant que le jour parût, la jeune fille, qui ne s'était pas fait connaître, dit au fils du roi : —«Donnez-moi l'anneau que vous portez au doigt en ce moment ; je
veux avoir un gage éternel de notre première nuit d'amour. » Pour ne pas mécontenter sa femme, le prince lui donna son anneau. Puis la jolie charbonnière s'habilla et partit. La nuit suivante, déguisée en princesse, elle vint de nouveau, et, cette fois, demanda comme souvenir l'écharpe brodée que le fils du roi avait portée le jour de son mariage. Celui-ci y consentit encore, de même que la troisième nuit où il lui donna une magnifique ceinture de diamants. Croyant que tout soupçon avait disparu, la princesse voulut, à son tour, profiter de son époux ; heureusement pour elle, celui-ci, qui était fatigué, ne s'aperçut de rien. Cela dura neuf mois. Au bout de ce temps, la charbonnière accoucha d'un beau garçon blanc et rose. Le soir même de ses couches, elle demanda à voir le fils du roi. Le prince s'empressa d'accourir, et la jolie accouchée lui présenta l'enfant tout enveloppé dans une écharpe merveilleuse, serré par une splendide ceinture de diamants et ayant au doigt un magnifique anneau, objets que le fils du roi reconnut aussitôt. —« Comment cette écharpe, cette ceinture et cet anneau se trouventils ici ? » demanda le jeune homme. La belle charbonnière lui raconta alors tout ce qui s'était passé, et son amant jura qu'il n'aurait plus désormais d'autre épouse qu'elle. Après cela, le fils du roi courut chez son bijoutier et lui dit : —«Faites-moi deux boîtes, dont l'une soit en or, mais très grossièrement travaillée, et l'autre en argent où vous aurez mis tout votre art et tout votre génie. » Lorsque les deux boîtes furent faites ainsi qu'il le désirait, le jeune prince les présenta au roi, son père, en lui disant : « Quel est de ces deux objets celui qui vous paraît le plus digne d'admiration ? —Ah ! dit le roi, voici une boîte en or qui vaut beaucoup, mais elle est si mal faite qu'il n'y a aucun artiste dans mon royaume qui ne préfère la boîte en argent, vrai chef-d'œuvre de ciselure et d'exquise beauté. —Laquelle de ces deux boîtes aimez-vous donc mieux, mon père ? —Je te l'ai dit : c'est celle qui est en argent qui aurait ma préférence. —Eh bien !ces deux boîtes représentent : celle qui est en or, la femme que vous m'avez fait épouser, et celle qui est en argent, une jeune fille pauvre, que j'aime, et qui a mille qualités charmantes. »
Et, en même temps, le fils du roi raconta à son père la mauvaise vie qu'avait menée la princesse sa femme, ses débordements scandaleux, enfin, sa ruse des premières nuits de noces. En apprenant toutes ces choses, le roi n'en pouvait croire ses oreilles ; courroucé, il fit appeler la princesse, qui n'osa nier aucune de ses mauvaises actions. Onla renvoya honteusement chez ses parents, qui furent bien désolés de la conduite de leur fille, mais ils ne purent se plaindre d'un châtiment si mérité. Quant au jeune prince, il épousa bientôt après la charmante charbonnière, avec laquelle il fut toujours heureux. (Contéen 1881parJosephQuilichini,propriétaire à Poggio-di-Tallano) ORTOLI, Corse, 39-43 EM5, col. 686-691 : Gänsemagd (Nachbarstochter) als Freierin (Ines Köhler). Extraits : «Aa.Th. 870 A se différencie fondamentalement de la plupart des contes de la fiancée substituée (cf. T. 403)... Ici la substitution aune fonction inverse : la fiancée substituée n'est en rien la fausse fiancée, elle a la fonction d'héroïne durécitet apparaît,bien que socialementdécalée,comme lavraie fiancée. Àcaused'une telle substitution qui caractérise aussiAa.Th. 870, les deux types ont été à diverses reprises considérés comme parents par la recherche. En fait il convient de constater, avec W.Liungman qui a consacré àchacun des deux contes-types une étude particulière, qu'en dépit de cette numérotation Aa.Th. 870 Aest sans lien aucun avec Aa.Th. 870. Aa.Th. 870Aapparaît respectivement dans le Nord et dans le Sud de l'Europe en deux expressions oecotypiques différentes. Le résuméAa.Th. vaut essentiellement pour les versions Scandinaves. ... Le conte-type turc «Die Nachbachstochter » (W. Eberhard et P. Boratav, Typen türkischer Volksmärchen, Wiesbaden 1953, n° 225) apparaît comme prototype de la formation du Sud (vers. turques, grecques, italiennes, surtout de Sicile, et notre version corse). Les versions peuvent être caractérisées (comme pour Aa.Th. 879) par des dialogues quasi stéréotypés entre la jeune fille et le partenaire masculin... L'héroïne prend volontiers, de façons diverses, une part active, voire l'initiative de l'action. »
LISTEDESVERSIONS 1. ORTOLI, Corse, 39-43 : Lesdeuxboîtes. Cf. T. 870A : LUZEL, C. inéditsII, 25-30, n°3 : Uneprincesseetsaservante.
T. 875
LAFILLESUBTILEDUPAYSAN Aa.Th. TheCleverPeasantGirl. —GRIMM n° 94, DieklugeBauerntochter (idem). —Grâce aux preuves qu'elle donne de son habileté, elle devient la femme du roi. Le roi, devenu courroucé, la bannit. Elle emporte avec elle sa plus chère possession : le roi. L'ÉPOUSE AVISÉE
:
Il yavait une fois un riche seigneur qui n'avait pu se décider encore à semarierquoiqu'il approchât dela cinquantaine. Commec'était unhomme d'humeur affable, et qui ne dédaignait pas de s'entretenir avec les paysans, il arriva qu'un de ses fermiers s'enhardit un jour àlui demander pour quel motif il restait célibataire. Le seigneur lui répondit : «C'est que je vois qu'après quelques mois de mariage le mari se fatigue d'une femme qui ne sait point lui rendre sa maison agréable. Mais si je rencontrais une fille qui eût beaucoup d'esprit, je l'épouserais sans hésitation. —La fille du savetier de la paroisse, reprit le paysan, passe pour la personne la plus spirituelle du monde, et je la connais bien ; mais peut-être ne voudriez-vous pas d'elle, quelque esprit qu'elle ait, àcause de sacondition. —Esprit passe naissance, répondit le seigneur, et j'en aurai le coeur net. » Sur cela, le seigneur se fit indiquer la demeure du savetier et sur-lechamp se rendit chez lui. «Mon voisin, lui dit-il, on m'a assuré que votre fille est toute pleine d'esprit, et j'estime tant l'esprit que je suis résolu à devenir votre gendre à condition quevotre fille seprésentera àla porte du château ni de jour ni de nuit, ni habillée ni dépouillée, ni à pied ni à cheval ». [Le savetier rend compte àsa fille de ces paroles]. «N'est-ce que cela ? dit la fille du savetier ; restez en paix, je saurai vous tirer d'embarras. Mais vous medonnerez une de nos chèvres, et la peaude la seconde dont j'aurai besoin. »
Le savetier fit ce que sa fille lui avait demandé :il lui donnala plus belle de ses chèvres ainsi que la peau de la seconde qu'il avait écorchée. La fille se revêtit de cette peau, enfourcha la chèvre, et se présenta à la porte du château au moment où l'horloge sonnait minuit. On l'introduisit auprès du seigneur qui fut obligé d'avouer qu'elle avait rempli toutes les conditions imposées : «En conséquence, ajouta-t-il, je suis prêt àvous épouser pourvu que vous me fassiez le serment de n'user jamais de votre esprit pour conseiller personne. » Le mariage se fit aussitôt et la fille du savetier quitta l'échoppe de son père pour les riches appartements du château. Sonmari était plein d'attention pour elle et ne se fatiguait jamais de la compagnie de sa femme. Cette félicité fut pourtant troublée. Le châtelain et la châtelaine, par un beau jour d'été, regardaient par la fenêtre les ouvriers occupés chacun àsabesogne. Unlaboureur conduisait sa charrue dans un champ ; sur la lisière, un berger faisait paître son troupeau. Il arriva qu'au même moment, une brebis alla mettre bas dans la charrette du laboureur. De là, une querelle très vive entre les deux hommes :«L'agneau m'appartient, disaitle laboureur ;c'est le fruit demacharrette. —Pas du tout, répondait le berger, l'agneau ne peut être que le fruit de la brebis ;mais remettons-nous en aujugement de notre seigneur. »Or, le laboureur apportait souvent àl'office du château, tantôt du beurre, tantôt des œufs frais, tandis que le berger, n'ayant rien, n'apportait rien. Le seigneur jugeadonc que l'agneau était le fruit de la charrette etl'adjugea au laboureur. La châtelaine ne dit rien, mais resta indignée d'un jugement si manifestement inique. A quelque temps de là, elle rencontra le berger et lui dit : «Qu'est devenu votre agneau, ce fruit d'une charrette ?—Ah ! ma dame, sauf le respect dû à mon maître, son jugement a failli ce jour là et il m'a fait tort. —Le tout peut se réparer si vous suivez mes conseils. Écoutez bien. Monseigneur assiste tous les jours à la messe. Demain matin, guettez le moment où il entrera dans l'église et entrez-y derrière lui, muni d'un filet de pêcheur. Vous tendrez le filet, commeune nasse, tout autravers duchœur, ainsi qu'on fait dans les rivières, et aux questions quivous seront adressées vous répondrez ceci et cela ». Le berger suivit de point en point les instructions de la châtelaine [...] «Qu'est-ce que cette extravagance, s'écria aussitôt le seigneur en colère, et àquelpropos tends-tu ce filet, imbécile ?- Monseigneur, commele temps meparaît propice, je viens essayer de prendre quelques poissons. —Pren-
dre des poissons dans une église !Et qui ajamais entendu dire qu'on prît despoissons enterre ferme ?—Et qui ajamaisentendudire qu'un agneau naquît d'une charrette ?L'un n'est pas plus extraordinaire que l'autre. » Leseigneurresta confondu,maissepromitbiend'avoir unerevanche. Il prit àpart le berger et le pressa si fort dequestions, qu'il finit par savoir qu'il n'avaitagiquesurles conseilsdelachâtelaine. Pleindecourroux,il se rendit dans sachambre :«Madame,lui dit-il, lorsquejevous aiprise pour femme,vous avezjuré quejamaisvousne feriez part àpersonne devotre esprit endonnant des conseils. Ceserment aété oublié, et commeil était laconditiondenotre mariage,le mariageest rompuenmêmetemps.Allez retrouverle savetiervotrepère, etdemeurezdésormaisaveclui. Toutefois, pour que vous puissiez continuer à vivre décemment, je vous permets d'emporter avec vous ce qui vous conviendra de meubles, de vaisselle et d'argent, pourvu que quatre hommes puissent se charger du tout. Pour éviter tout esclandre, vous partirez cette nuit. » Lachâtelaineneréponditrien [...]. Dèsquelanuit futvenue,ellemanda quatre hommesrobustes [...] les menadansla chambreoùsonmaris'était déjà retiré et dormait. Les quatre hommes, suivant ses instructions, se placèrent aux quatre coins du lit et l'enlevèrent si doucement que le seigneur ne se réveilla pas. Ils sortirent de la chambre, puis du château, et alors le froid de l'air extérieur le saisit. Il s'éveille, il s'étonne, il demande qui est là, où il est. La dame n'avait pas quitté son chevet : «Mon bon seigneur, lui dit-elle, vous m'avez autorisée àprendre dans votre mobilier cequimeconviendraitlemieuxet quipourrait être porté parquatrehommes. [...] je n'ai rien trouvé au château qui me fût plus cher que vousmême;et maintenantvous m'appartenez aveccelit, envertu delaparole que vous m'avez donnée. - Vous avez raison encore une fois, mabonne femme ; je suis àvous et vous êtes à moi. Retournons au château ; vous donnerez àl'avenir tous les conseils qu'il vous plaira, et à qui vous voudrez. » (RécitéparMarieAndrieu, dO ' règue) CERQUAND,Lég.p. basqueIII, 65-68, n° 73 EM1, col. 1353-1365 :Bauerntochter : Die kluge Bauerntochter (A. Dömötör). Extraits : «D'après les catalogues régionaux et les collectes imprimées ou manuscrites plus de600versions duconte ont été relevées jusqu'à présent...
C'est à l'Europe que revient incontestablement la première place dans la densité de leur diffusion... Des conditions impossibles les variantes françaises et portugaises ne connaissent que la forme B (la jeune fille doit se rendre d'une façon apparemment impossible chez le roi)... Le déroulement du conte se fait pour l'essentiel selon trois éléments relativement constants : rencontre extraordinaire (A), les conditions impossibles (B) et le mariage (C) avec ses conséquences... Le complexe des conditions impossibles constitue le moment central de l'action : par le caractère réaliste des solutions et contre-demandes ce conte novellistique se démarque nettement des transfigurations magiques du conte merveilleux. Le troisième motif structurel :le mariage (C) existe dans la majorité des versions européennes. L'élargissement de C(le roi défend àla jeune femme de s'immiscer dans ses affaires) est en relation directe avec la suite de l'action. Le motif D du conte (dispute à propos du poulain...) est probablement une addition postérieure : d'un côté il n'est pas en lien direct avec l'action, de l'autre aussi les dates des collectes et la répartition en Europe pointent vers un âge plus récent de cet élément. Le motif E (emporter le bien le plus précieux) est également sans lien avec le récit... Il s'agit là probablement d'un élargissement de l'action réalisé en Europe occidentale... L'attestation européenne la plus ancienne (forme courte) se trouve dans une saga nordique : la Saga deRagnarélaborée au XIII s. Jan de Vries (Die Märchen vonklugen Rätsellösern, Helsinki 1928, FFC 73) a montré comment la structure stable du récit européen a pu s'établir àpartir de formes instables asiatiques. Pour une appréciation de ses thèses cf. Handwörterbuchdesdt. Märchens, Berlin et Leipzig, I, 1930-1933, 196. » Quelques remarques particulières concernant nos versions : - Au titre de l'épisode A(rencontre extraordinaire), les deux versions corses recueillies par G. Massignon sont particulièrement intéressantes : elles s'ouvrent par le T. 1533 : TheWiseCarvingof theFowl(Le sage partage du poulet) ; c'est àl'occasion d'un tel partage opéré par lui et expliqué par la fille du bûcheron que le roi découvre la qualité d'esprit de celle-ci ; dans la seconde version (n° 104) cette subtilité est confirmée par un autre épisode dont les occurrences (dans le T. 875 et dans d'autres contes de fille subtile), si elles sont sporadiques, attestent une tradition de vaste répartition (méditerranéenne et orientale) et de grande ancienneté (J. de Vries, 347-350) (= Aa.Th., éd. 1961, T. 875 A) :
Le fils duroi envoie son domestique porter un paquet àla fille du bûcheronqu'il doit lui remettre endisant :«Voilàcelui quichante ; tout le mois, et la lune tout entière. » Le serviteur curieux ouvre en cours de route le paquet, mange le coq ainsi que quinze des trente pastis et la moitié du fromage. La jeune fille fait réponse aufils du roi :«Celui qui chante apris son vol,le moisn'est quedequinze, et lalunequedemoitié. »Leserviteur est renvoyé,le prince épouse la fille dubûcheron. (Etle conte bifurque, en deuxième partie, vers le T. 706). -L'introduction parle motif dumortier et dupilon (mortier enor ou autre matière précieuse trouvé, mais sans le pilon, parle père et porté par lui au roi, contre l'avis exprès de sa fille) que connaît la version du Cap Corse se retrouve assez largement enItalie (J. deVries, 62-64). - L'épisode, proprement constitutif du T. 875, des conditions apparemmentimpossibles delavenue (cf. versions Rev.L. Rom.:«ni àjeun ni rassasiée,nivêtueninue,niàpiedniàcheval,niparcheminniparroute »), queneconnaissenttoutefois pasles deuxversionsMassignon,seretrouve, selon unecontaminationrelativement fréquente, auT. 922(voirci-après à cetype). - Lemotif D(dispute àpropos d'un poulain...) : cf. version-type, est connudela première version Massignon. - Le motif E (emporter le bien le plus précieux) : cf. version-type, caractérise aussi la version ariégeoise et (de façon atténuée) la première version Massignon. Surl'intérêt decet élargissement del'action duconte, on se reportera àl'introduction. LISTEDESVERSIONS 1. POURRATet BRICOUT,C. duLivradois, 80-81 :Lafillette etlejuge. 2.M.A.R. 1982 (Mél.Ch.Joisten), 329-330 :Lecurésanssouci(J. Garneret, «Félibourdes ».. à Die, Drôme). - Repris par :JOISTEN, C. DauphinéIII, 46-47. (AvecT. 922). 1. Le motif peut ailleurs, dans un récit légendaire, fonctionner entre un être surnaturel féminin (fée...) qui formule l'exigence et un être humain : cf. CHAUVETH., Légendes duRoussillon, Paris-Perpignan, 1899, 19-22 : La fée d'Enveitg.
3. Rev.L RomIII (1872), 402-404, n° XVIII :Lafilho delcarbouniè.- Lafille ducharbonnier(Montel et Lambert, Ariège). Texte dial. et trad. fr. 4. MASSIGNON, C. corses, 142-144, n° 63 : Lafille dubûcheron. 5. ID., ib., 237-240, n° 104 : Lefils du roi etlafille du bûcheron. (Fin par ép. signalé au T. 706, Catal., II, 629-630). 6. ORSINI, Récitsdela Corse (Cap Corse), 50-51 : Lemortieretlepilon. 7. CERQUAND,Lég.p. basque,III, 65-68, n° 73 :L'épouseavisée. Texte basque 101-104.
T. 877
LAVIEILLE ÉCORCHÉE Aa.Th. The Old WomanwhowasSkinned. —BASILE I, 10, La Vecchia Scoperta (La vieille découverte). —Le roi épouse la femme dont il a vu le doigt et entendu lavoix. C'est unevieille femme. Il la faitjeter par la fenêtre, elle reste accrochée dans un arbre. Des fées en cygnes la transforment en une belle jeune fille, que le roi prend pour femme. Sasœur essaie de l'imiter, se fait écorcher et meurt. (La version corse ci-après s'écarte quelque peude cedéroulement, notammentpar sonépisode introductif :cf.T. 501.) : TRESSES D'AIL Una volta era... une fois il y avait une mère et une fille qui vivaient ensemble toutes les deux. La fille était très laide, et par surcroît, elle était borgne. Un dimanche, pendant que sa mère était allée à la messe, la fille a ouvert le coffre à pain, et elle a mangé septpains desuite. Àson retour, la mère, voyant cela, s'est mise à pousser des hauts cris. Un beau monsieur passe devant sa maison (c'était lefils du roi). Il entend ses cris, et lui dit : —Mais qu'est-ce qu'il ya ? —Pendant que j'étais à la messe, ma fille a trouvé moyen de filer sette fusi diseda! (sept fuseaux de soie) ! Le fils du roi a été émerveillé par tant de talent. —Il faut me faire voir votre fille ! —Non, dit la mère, je ne peux pas vous la faire voir. Mais il ainsisté : —Alors, il faut que vous me la donniez pour épouse. (Il n'était pas difficile, le fils duroi !la prendre pour femme sans l'avoir vue !)
Naturellement, la mère y consent. Tous deux fixent le jour où il enverra ses serviteurs chercher la jeune fille en voiture. Quand ce jour est venu, les serviteurs se présentent devant elle ; en la voyant si laide, ils se disent entre eux : —Mais quand même !le fils du roi va-t-il en épouser une aussi laide ! Lamère avait habillé sa fille, commed'habitude, de trecced'aglie (tresses d'ail) et de haillons. Enfin, suivant l'ordre de leur maître, les serviteurs ont conduitla jeune fille jusqu'à la voiture qu'il avait envoyée pour la prendre. Elle ymonte, et on se met en route. Sur leur chemin, voilà qu'ils font la rencontre de troisfade (fées), devant une fontaine. Les serviteurs leur disent : —Il faut crier «Vive l'épouse »!car nous menons au fils du roi son épouse. Les fées se sont mises à crier «Vive l'épouse !»Mais, quand elles ont vu Tresses d'ail assise dans la voiture, quelle n'a pas été leur surprise !Or, l'une des fées était engorgée, ayant avalé quelque chose qui ne pouvait pas lui sortir de la gorge ; la seconde avait une poussière dans l'œil, qui lui gênait la vue ; et la troisième avait une épine dans le talon. Envoyant cette laideur, la première fée s'est mise àcrier et àrire, et sagorge aété dégagée ; la seconde fée s'est mise à pleurer, et la poussière est sortie de son œil ; quant à la troisième fée, elle s'est mise à sauter et à danser, tant et si bien que l'épine lui est sortie du talon ! Ainsi, toutes les trois avaient été délivrées, simplement pour avoir vu la pauvre Tresses d'ail. Alors, après le passage de la voiture, elles se sont dit : —Quand même cette jeune fille nous a fait tant de bien, et nous ne l'avons pas récompensée !Il faut lui faire chacune un don. Alors, la première a dit : —Moi, je ferai qu'elle soit la plus jolie du monde. La seconde a dit : —Moi, je ferai que tout ce qu'elle porte sur elle soit en or. La troisième a dit : —Moi, je ferai qu'elle ait le Paradis à sa mort. 1. Les paysans corses ont coutume de tresser les brins d'ail entre eux, pour les mettre à sécher. Etre vêtu de « tresses d'ail » se dit de quelqu'un de si pauvre, qu'il n'a rien d'autre pour se couvrir.
Sur ces entrefaites, la voiture arrive au palais du roi. L'épouse en descend. La laideur avait fait place à la beauté, les tresses d'ail et les haillons avaient disparu, et l'or de sa parure brillait de tous côtés. Les serviteurs du roi en furent émerveillés : —Qu'elle était laide, pourtant, avec ses trecced'aglie !et maintenant, tout brille autour d'elle. Quand le fils du roi a vu son épouse, il a été très content. Il l'a prise par le bras, et l'a présentée à toute sa maison, qui était en fête pour l'accueillir. Quelque temps après la noce, voilà que la mère a eu envie d'aller voir sa fille. Elle se dit en elle-même : —Il faut que j'aille voir ce que devient ma fille Marie ! Bientôt, elle arrive devant le portail de la maison où demeurait le fils du roi, et demande aux serviteurs : —Jeveux voir ma fille Marie... La fille n'était pas loin ; elle a bien entendu la voix de sa mère. Elle descend de sa chambre, et fait monter sa mère, mais sa mère ne l'a pas reconnue. —Soyez tranquille, et ne vous faites pas de souci pour moi, dit la fille. Je suis très heureuse ici. La vieille n'en revenait pas ! —Comment ? c'est à ma fille Marie que je parle ? —Mais oui, Maman. —Comment as-tu fait ? Tu es si jolie maintenant... —Eh bien, voilà. Je vais tout vous expliquer. En faisant la route, en voiture, pour me rendre chez le roi, je suis passée devant une fontaine ; il yavait là des bergers. Moyennant un boisseau d'argent que je leur ai donné, ils m'ont pelé la peau, et je suis devenue jolie ! Après avoir entendu sa fille, la mère est allée droit à la fontaine, pour voir si elle aurait la même chance. Il n'y avait plus de fées, mais seulement des bergers, auprès de la même fontaine. La vieille s'avance vers eux, et leur demande : —C'est bien vous qui avez pelé ma fille Marie, contre un boisseau d'argent, pour qu'elle devienne si jolie ? Les bergers, voyant une aubaine, ont répondu : —Oui, c'est bien nous. 2 Le bagginuvaudrait exactement un décalitre.
—Voilà le bagginu plein d'argent. Faites m'en autant ! Alors les bergers se sont mis àlui peler la peau. Elle criait tant qu'elle pouvait, mais eux lui disaient : —Quand on veut être jolie, il faut souffrir ! La pauvre vieille en est morte ; ils l'ont enterrée là ; mais ils ont gardé pour eux le boisseau plein d'argent. (Contéenfrançais en octobre 1955par MmeFrançois Peretti,propriétaire terrienne, 59 ans, à Loriani, communede Cambia, canton deSaint-Laurent, dans la Castagniccia) G. MASSIGNON, C. corses,27-29, n° 12 EM1, col. 359-364 :Alte, die geschundene (Seb. LoNigro). Extraits : «Le conte appartient àla tradition orale des peuples méditerranéens... Très probablement la première mise en forme provient duProche Orient en tant qu'expression littéraire de conditions sociales et anthropologiques de la culture islamique. Dans les versions arabes et turques le culte de la beauté féminine est en effet le thème central durécit... Aucours del'acculturation chez les peuples d'Europe occidentale le caractère merveilleux s'estompe au profit d'une intention satirique soulignant les aspects comiques et réalistes de la situation. » LISTE DESVERSIONS 1. G. MASSIGNON, C. corses, 27-29, n° 12 : Tressesd'ail.
T. 879
LAFILLEAUPOTDEBASILIC Aa.Th. The BasilMaiden. Une fille a l'habitude d'arroser un vase de fleurs. Un prince la ridiculise par des rimes, mais elle en apprend d'autres qui le raillent à son tour (questions et contre-questions). Après une série de farces et contre-farces où la fille notamment effraie le prince en lui faisant croire que la Mort vient le chercher, le prince l'épouse. Mais la première nuit il cherche àsevenger enlui coupant la tête, ce qu'elle déjoue en mettant une poupée de sucre à sa place. LESTA
:
—Allons, Maman !mecontauna fola ! Conte-moi une histoire ! — Je te conterai une histoire, l'histoire de Lesta qui était une petite fille d'une famille pauvre. Samarraine l'avait prise avec elle, et la petite habitait donc chez sa marraine, dont la fenêtre était en face de celle du fils du roi. Tous les matins, la petite Lesta, qui était mignonne, allait arroser ubasirgu (le basilic) de sa marraine. Et le fils du roi la regardait, de sa fenêtre. Un jour, comme elle arrosait le basilic, le fils du roi lui a dit : —Bonghjornu, MadamigellaSpenserada ! (Bonjour Mademoiselle SansSouci !) Elle n'a rien répondu, mais elle est allée dire à sa marraine : —Il yale fils du roi qui me regarde de sa fenêtre, tous les jours ; et ce matin, il m'a dit : «Bonjour, Mademoiselle Sans-Souci !» La marraine a dit : —Demain, s'il te parle encore, tu lui diras :«Bonghjornu,SignorCavallïeru ! Quandciseràutempu, ciseràupenseru. »(Bonjour, Seigneur Chevalier, quand viendra l'âge, viendra le souci !) 1. Lesta : leste, vive.
Le lendemain, le fils du roi a recommencé à lui dire : —Bonjour, MademoiselleSans-Souci! Alors, la petite a dit : —Bonjour, SeigneurChevalier, quandviendra l'âge viendra lesouci! Maiscela n'a rien changé. Tous les matins, Lesta arrosait le basilic, et le fils du roi qui la trouvait jolie, lui disait toujours la même chose. Mais un beau jour, il lui a demandé : Quantufronde hauto' basirgu ?(Combien de feuilles a ton basilic ?) — La petite, qui commençait à ymettre de la malice, lui a répondu : —Et quantustelleinaria epesc'inmare, c'è ? (Et combien ya-t-il d'étoiles dans le ciel, et de poissons dans la mer, eh ?) Le fils du roi s'est dit : —Celle-là est bien intelligente ! Et voilà que cela continuait. Le fils du roi s'est dit : —Maintenant il faut que je lui fasse payer ça ! Un beau jour, il s'est fait marchand de poissons (lui, le fils du roi), et, arrivé sur la place, il a crié à l'adresse de la jeune fille : —Comprapesci (Poissons à vendre !). Alors, la jeune fille est sortie de chez elle : —Combien faut-il pour acheter les poissons ? —Ah, si tu veux les poissons, il faut que tu m'embrasses ! Eh bien, la jeune fille, pour avoir les poissons, elle l'a embrassé, mais elle n'a pas eu les poissons ; il s'est sauvé tout de suite. Mais le lendemain matin, il était de nouveau à sa fenêtre. Alors il a recommencé sa chansonnette : —Bonjour, MademoiselleSans-Souci! Et elle a répondu : —Bonjour, SeigneurChevalier, quandviendral'âge, viendralesouci! —Combiendefeuillesa ton basilic ? —Et combieny a-t-ild'étoiles dansle cieletdepoissonsdansla mer? Le fils du roi a continué : —M'hai basgiadu, m'hai basgiadu / Mai bell'pescin'hai manghjadu. (Tu m'as baisé, tu m'as baisé / Mais les beaux poissons, tu n'en as pas mangé.) —Oh !se dit Lesta, c'était lui qui vendait les poissons ! Elle se met à pleurer, et va trouver sa marraine, elle lui raconte son histoire et ajoute : —Il faut qu'il mepaie ça !
Alors, elle s'est faite marchande de ceintures, et elle a choisi une jolie ceinture. Elle se présente devant le fils du roi en disant : —Compracinte! (Ceinture àvendre !) Le fils du roi était à sa fenêtre, il est descendu. Elle lui a dit : —Si tu baises le derrière de ma mule, je te donne la ceinture. Le fils duroi s'est baissé, et il abaisé le derrière de la mule. Mais quand il a eu baisé le derrière de la mule, Lesta s'échappe et s'en va au loin. Le lendemain, oh !oh !ça c'est encore plus beau. Le fils du roi a recommencé sa chansonnette : —bonjour, MademoiselleSans-Souci! —bonjour, SeigneurChevalier, quandviendral'âge, viendra lesouci! —Combiendefeuilles a ton basilic ? —Et combieny a-t-ild'étoiles dansleciel, etdepoissonsdans la mer? —Tum'as baisé, tu m'as baisé!Maisles beauxpoissonstu n'en aspas mangé. —Hai basgiaduuculu dia mulina / Aghj' una bella cintulina ! (Tuasbaisé le derrière dela mulette / Je l'ai gardée, la belle ceinturette.) —Oh !oh !se dit le fils du roi, c'était elle, celail faut qu'elle mele paie. Il est allé trouver la marraine de la jeune fille, et il lui a dit : —Il faut que vous melaissiez passer une nuit sous le lit devotre fillette. Il lui en a tant dit que la marraine a fini par consentir. Alors, il a pris une belle aiguille, longue, il s'est caché sous le lit, et, le soir venu, quand Lesta et sa marraine sont toutes les deux couchées dans le mêmelit, il sort son aiguille, et pique la jeune fille à travers le matelas. Alors, Lesta ne pouvait pas trouver de repos, elle finit par dire à sa marraine : —Oh !des puces, Oh !change avec moi de place ! Lamarraine accepte, mais toute lanuit, quandLesta changeait deplace, le fils du roi piquait de nouveau du côté où elle se trouvait ! Elle n'a pu se reposer un instant de la nuit. Le matin, il s'échappe. Et quand il voit les deux femmes àleur porte, il commence de nouveau sa chansonnette : —Bonjour, MademoiselleSans-Souci! —Bonjour, SeigneurChevalier, quandviendra l'âge, viendra lesouci! —Combiendefeuillesa ton basilic ? —Et combiend'étoilesy a-t-ildansle cieletdepoissonsdansla mer? (Et va toujours !) —Tum'as baisé, tu m'as baisé, maisles beauxpoissonstu n'en aspas mangé! —Tuas baisélederrière dela mulete!Je l'aigardée, la belle ceinturette!
Mais le fils du roi a dit : —Oh!quedepucesdanscelit ! —Oh !oh !se dit Lesta, c'était donc lui. Ah!il vamele payer, celui-là ! Elle achoisi la nuit, un moment bien obscur, et elle amis une planche allant depuis sa porte jusqu'à la porte du fils du roi, qui était en face. Elle est passée dessus et est allée frapper àla porte du fils du roi. —Eju sôlaMorte / Chipicchj'à eporte / Chevogli'à te. (Je suis la Mort / Qui frappe aux portes / Qui te veux, toi.) Le fils du roi a sursauté, et il a dit : —Pigliad' à Babbu/ Pigliad' àMamma/ E lasciad'à me. (Prends mon Père / Prends maMère / Et laisse-moi.) —Mais c'est toi que je veux ! Elle est restée là longtemps pour l'effrayer. Une fois ou deux, il lui a répondu la même chose. Quand elle avu qu'il ne pouvait plus parler, qu'il était mort de peur, elle s'est en allée. Le matin, quand elle ouvre sa fenêtre, le fils du roi n'était pas à la sienne : il était au lit ! —Mais qu'est-ce qu'il ya ?Il est donc joliment malade ? Peu de temps après, il a envoyé quelqu'un chercher la marraine. La marraine a dit : —Que nous veut le fils du roi ? —Il vous demande de passer chez lui. La marraine yest allée. —Que nous voulez-vous ? —Il faut que vous me donniez votre fillette pour épouse. —Ce n'est pas ma fille, je ne peux pas vous la donner, mais pourquoi vous moquez-vous de moi ? — Je n'ai pas envie de rire ! —Alors, si vous la voulez, nous verrons. Et la marraine est allée avertir le père et la mère de Lesta. Oh mais !la petite ne voulait rien savoir : —Dites-lui non, dit-elle à sa marraine. Mais les parents ont exigé qu'elle obéisse : —Comment !le fils du roi te demande en mariage, et tu refuses ? Alors, les noces ont été décidées. Mais avant le jour des noces, Lesta est allée chez un pâtissier, pour lui demander de faire une statue d'elle en sucre, et un grand bateau, avec un cordon pour la tirer.
Lepâtissierl'afaite,etlastatueressemblaittout-à-faitàLesta.Ellel'a faittransporterdanslachambreoùilsdevaientpasserlanuitdesnoces. Etlejourdesnoces,degrandesfêtesonteulieuaupalaisroyal.Mais lesoir,quandlesmariésallaientseretirerdansleurchambre,Lestaademandélapermissiondefairesaprière. Alors,sonmariadit: — Non,tun'iras pas!Tuaurasbienletempsdefairetaprière !Jela diraibien,moi! Maisleroietlareineluiontdit: - Quelemanièreestlatienne!Laisse-ladoncyaller! Alors,Lestaestalléedanslachambredesnoces,etamislastatuedans lelit, etpuiselles'estmisesouslelit. Leplusbeau,c'estquandsonmaris'estmontré.. IlentredanslachambreetcroitvoirLestadanslelit. Alors,illuidit: - Tuterappellesquandtuma'sfaitbaiserlederrièredelamule? - Oui!dit-elle. Tuouterirrappel ? lesaussiquandtuma'sfaitpeur,àmaporte,etquej'ai failli— m - Oui.. — Ehbien,cesoir,c'esttoiquivasmourir! Ilaprissonsabre,acoupélatêtedelastatue.. etlesang(lesucreou laliqueur)ajaillijusqu'àsabouche! — Ah!dit-il,cum'ell'eradolce,usanguediLesta, commeilétaitdouxle sangdeLesta,etjel'ai tuée. Etcommeilaimaitlajeunefille,ilsedit: — Jesuisunmisérabledel'avoirtuée! Alors,ilalevésonsabre,etilvoulaitsetuer,luiaussi.Maisquandila levésonsabrepoursetuer,Lestas'estmontrée: — Arrête!jenesuispasmorte. - Comment?tun'espasmorte!etmoiquit'aituée!ettonsangque j'aibu! Lestaluiexpliquetout.Etpuis,elleamontrélastatueàtoutlemonde, ettoutelanoceenamangé. ble.Quantàeuxdeux,ils onttoujoursvécujoyeuxetcontentsensemE à mem'hanu dadu Un'ancadijallu Un'spurtellu divinu
Et à moi ils m'ont donné Une jambe de coq Un panier de vin
Una zuccadipane Un'ancadijallu Chemiveniss'àcavallu Un'calc'inculu E mh' anulampadu Quicum'un'piulu.
Une courge depain Unejambe de coq Pourqueje m'en aille àcheval Uncoup depied dans le derrière Et il m'ont jeté Ici commeun poussin.
(Trad. du conte enregistréen octobre 1955,par MmeFrançois Peretti,propriétaire terrienne, 59 ans, à Loriani, communedeCambia (Castagniccia)) G. MASSIGNON, C. corses, 37-40, n° 18 EM 1, col. 1308-1311 : Basilikummärchen (M. Meraklis). Extraits : «Le motif de la poupée de sucre (Mot. K525.1) en fin du conte... est un motif labile qui ne se retrouve que dans la moitié environ des versions deAa.Th. 879... Ceconte novellistique serait selon F.Karlinger (Inselmärchen desMittelmeeres, Märchen der Weltliteratur 1960, 306) contextuellement lié au langage des fleurs tel qu'il est d'usage dans le sud de l'Europe : l'exposition de basilic sur le rebord de fenêtre ou le balcon d'une jeune fille signifie qu'elle est libre et désireuse de se marier... »
Onsereportera avecprofit aucommentairedePaulDelarue àlavers. Joisten (loc. cit., Préface, 15-18). Cf.aussiEberhardetBoratav,TypentürkischerVolksmärehen,op.cit.,Type 192 (groupe devers. 2). LISTE DES VERSIONS 1.JOISTEN, C. Fl. Htes-Alpes, 37-44 : La jeune fille et leprince = C. Dauphiné I, 142-146, n° 17.1 : Belle, née au soleil = Récits du Dauphiné (Vallée du Queyras), 35-41. (T. 879 + élts T. 898). 2. MASSIGNON, C. corses, 37-40, n° 18 : Lesta.
FIDÉLITÉ ET INNOCENCE
T. 882
LEPARISURLAVERTUDELAFEMME Aa.Th. TheWageronthe Wife'sChastity. Un capitaine devaisseau (autre) épouse une jeune fille pauvre. Il fait un pari avec un marchand sur la chasteté de sa femme. Par traîtrise le marchand seprocure une preuve d'infidélité (anneau...). Lemariquitte lamaison, la femmele suit enhabit d'homme. Ils rentrent chez eux et tout est dévoilé. Version de Haute-Bretagne : LAFILLE DE GAND Conteur : Cric! Auditeurs : Crac ! Une fois, il yavait un gros marchand de la ville de Nantes et il n'avait qu'un gars. Legars était déjà âgéun peu, mais il ne parlait pas de se marier. Alors, son père lui dit : —Tu sais bien que nous autres on commence àvieillir. T'es ben en âge d'avoir une position. Il faut chercher une connaissance, il faut chercher unegalande. Alors, il dit : Je m'en vais tâcher de chercher unegalande. — Alors il avait tout parcouru la ville de Nantes, avait pas trouvé une seule à son goût. Ala fin, son père lui en parle encore : - Mongars, il dit, tu ne parles donc pas de te marier ? - Demain matin, je vais partir, monpère.J'ai parcouru toute la ville de Nantes, j'en trouve pas une seule à mon goût. Le voilà parti à Bordeaux, à Dijon... Il arrive dans la ville de Gand. C'était un dimanche, à matinée. Là, yavait une fleuriste qui était en train de faire des bouquets. Celle-là lui tapit(tapa) dans l'œil. S'en fut la trouver, lui demanda si elle pouvait lui faire un bouquet de toutes les couleurs. Nom d'une pipe !
Elle lui répondit : —Ça peut se faire, mais je n'ai ce qu'il me faut ici. Commeelle avait une chambre dans le bourg oùqu'elle faisait ses bouquets, elle lui dit : —Quand j'aurai fini de vendre mes bouquets (elle les vendait, n'est-ce pas, à la sortie de la messe), je pourrai vous en faire un. Les bouquets vendus, ils montent en chambre tous les deuxpour faire le bouquet de toutes les couleurs. Tout en faisant le bouquet, il lui demande sa main. Elle lui dit qu'elle voulait bien, mais fallait demander à son père. [...] Il demande sa fille en mariage, il lui dit qu'il était très connu dans la ville de Gand, qu'il connaissait un tel et un tel queson père fournissait de la marchandise. Finalement, les voilà qui se marient tous les deux. Un an se passe, il parlait pas mézè(désormais) d'aller voir son père ni sa mère. Sa femme lui dit comme ça : —Mais tu ne parles donc pas d'aller voir ton père et ta mère. Ils seraient contents de te revoir. Ont décidé de partir le lendemain. Arrivés à Nantes, la porte était close, le père et la mère étaient morts. Il a fait lever le scellé, il est rentré chez lui, lui et sa femme. Mais, aubout de quelques jours, il dit commeça : —Monpère était gros marchand, il n'était pas sans devoir de l'argent à quelqu'un, d'autres lui en doivent peut-être à lui aussi. Il vérifie les livres : il vit que son père ne devait pas un centime. Alors tous ceux qui devaient de l'argent à son père, quand ce n'était que des petites sommes,il les barrait toutes. Maisil envintunindividu quela somme était trop forte, il vit sur le livre qu'il était de Gand, celui-là qui devait beaucoup d'argent à son père. Lui avait écrit deux fois, mais il n'avait jamais de réponse. Quand il a vu ça, celui de Nantes, il s'est transporté à Gand deretour (aussitôt) et il a été trouver le marchand en lui demandant pourquoi il ne lui rendait réponse sur ses lettres. L'autre lui répondit qu'il lui devait rien du tout, qu'il n'avait pas besoin de lui rendre réponse. Alors, celui de Nantes n'était pas content là-dessus. Ont discuté la chose tous les deux et celui de Gand adit àl'autre qu'il était bien fier d'être venu chercher à Gand une femme qui le trahissait. L'autre lui a demandé s'il pouvait prouver que sa femme le trahissait. Il a répondu : —Oui, tous les jours.
Alors, ils ont parié tous leurs biens l'un commequoi quela femme était une mauvaise femme et l'autre comme quoi que sa femme ne l'était pas. Pour parier, fallait passer àl'audience. Mais fallait attendre huit jours. Pendant ces huit jours, au lieu de retourner à Nantes, le marchand est resté à Gand. Mais celui de Gand n'a pas fait comme ça, lui ! Il s'est rendu à Nantes et il a été chez le phormacien, il a pris une bouteille d'endormi[..]. Après, il est allé à la maison de l'autre, il a demandé pour entrer, disant qu'il venait apporter de l'argent. Il a rentré dans la chambre de la dame, il a pris sa bouteilled'endormi, il lui a passé sous le nez et il l'a endormie. Elle avait un bijou que son mari lui avait donné : c'était une grappe de raisin qu'elle portait toujours sur elle. Il la lui a prise et s'est en allé avec. Arrivé au tribunal. On lui demande s'il pouvait prouver que la femme à l'autre trahissait son mari. Il répondit : —Oui, tous les jours. Puis il demande à l'autre : —Ta femmen'a pas une grappe de raisin qu'elle porte toujours sur elle et qui est faite de telle ou telle manière ? —Oui. —Tiens, il dit, la voilà.J'ai bien pris la grappe. Tuvois que ta femme te trahit. Il a fallu accepter ça. Il a perdu tout son bien. Une année jour et an, il était resté dedans. Après, le bonhomme est rentré à Nantes. Il n'avaitplus moyenrien que tuer sa femme : elle avait mangé tout son bien, elle passait pour le trahir. Sa femme voyait bien quey avait quèqu'chose, mais elle ne savait rien de ce qui s'était passé. Plutôt que de la tuer tout de suite, son bonhommea été trouver un ami, lui raconte son histoire. L'ami lui répond : —Puisque vous avez des bateaux, faut pas tuer votre femme. Il faut l'amener avec vous à se promener sur la mer en bateau. Vous la mettrez dans un bateau, vous irez dans un autre. Vous mettrez une corde entre les deux. Quandvous serezaumilieudelamer,vous couperezlacorde. Comme ça, vous ne l'aurez pas tuée. Qui fut dit fut fait. Étant rendu sur le milieu de la mer, coupe la corde du bateau et fait demi-tour à s'en revenir. Il laisse sa femme dans l'autre bateau et lui dit : —Maintenant, fais ce que tu pourras. Yavait un bateau qui s'en venait d'Angleterre, qui voyait la dérive de celui-là parce que c'est pas elle qui aurait conduit un bateau. [...] Alors, elle
leur dit de la mettre à terre et ils auraient le bateau de gagné. Arrivée à terre, ils lui ont donné quèques sous pour le bateau et avec les sous elle s'était habillée en homme et elle avait monté une petite forge, sur le bord de la mer. Alors, elle avait pris trois garçons pour travailler dans sa forge. Ça allait très bien tous les jours si tellementque, dans peu de temps, elle est arrivée à faire fortune. Mais, pendant ce temps-là qu'elle était sur le bord de la mer, son mari avait perdu sa maison et ses biens et mon drôle de Gand avait tout acheté, lui, tout ça et il avait monté unehôtel àNantes. Donc, il avaitgardé l'ancien patron commegarçon d'hôtel, il voulait pas le mettre àla porte. Safemme qui, avec sa forge, avait assez de sous, se promenait dans la ville de Nantes et voyait son mari tous les joursmais elle ne se faisait pas connaître (reconnaître). Non, comme elle avait beaucoup d'argent, elle fait monter une forge juste devant la maison de son mari. Elle avait toujours ses trois garçons pour travailler à la forge. Un beau jour, elle était en colère d'avoir passé par ci ou par ça —elle connaissait l'autre drôle, puisqu'elle était de Gand, dame !—un beau jour, elle dit à ses garçons : —Allez me chercher le patron de la maison et s'il ne veut pas venir, n'ayez pas peur de taper. Les voilà qui vont le chercher, en lui disant : —Faut venir trouver madame, et tout de suite ![...] Arrivent devant la patronne. Elle lui dit : —Bonjour. Eh bien !mon ami, qu'elle dit, assoyez-vouslà, nous allons causer un peu tous les deux. Elle dit à ses garçons : —Vous allez vous assire tous les deux à côté. Dame, ça bardait !Et elle dit à celui de Gand : —Ici, vous allez medire lavérité. Ya-t-il longtemps quevous êtes dans cette maison ici, vous ? —Ya un moment, qu'il dit. —Vous n'avez pas toujours été dans cette maison ? —Non, qu'il dit. —Dans le temps, qu'elle dit, c'était pas unehôtel, ça. Moi, je crois que j'ai vu ça, c'était pas hôtel. —Non. —Vous allez me dire la vérité, j'en sais plus long que vous. Àchaque fois qu'il me dira pas la vérité, qu'elle dit à ses garçons, vous me le direz, vous le manquerez pas. (Elle était méchante, elle aussi.)
—Non, qu'il dit, dans le temps, c'était une boutique. —Ah! une boutique ? Et c'est devenu hôtel ? Comment ça se fait ? Expliquez-moi ça un peu. Ne mentez pas. Pensant qu'il était pris : — J'suisprins (pris), il dit. Dans le temps, cet homme-là, je lui devais de l'argent. Ben,il m'avait écrit, jelui ai jamais rendu réponse. Il est venu chez moi à Gand, j'ai dit que sa femme le trahissait. C'était pas très bien de ma part, mais enfin, je l'ai fait. —Comment, vous avez fait ça ? —Si. —Et après ?Continuez. J'en sais plus long commevous. Et elle dit à ses garçons : —Allez, la masse encore ! J'en ai déjà eu !... Comme je lui devais de l'argent, je suis allé à Nan— tes trouver la femme et je l'ai endormie. -Ah ! —Elle avait une grappe de raisin sur elle et je lui ai prise. -Ah! —Alors j'étais forcé de gagner avec la grappe ! (Était malin dans son genre !) —C'est tout ?Et c'est comme ça qu'une femme vous l'avez fait passer pour trahir son mari ! Ben, qu'est-ce qu'ils sont devenus tous les deux, l'homme et la femme ? —L'homme est àla maison comme garçon d'hôtel et la femme, j'en ai jamais entendu parler. (Elle était devant lui !) —La femme a disparu comme ça ? La femme où qu'elle est, maintenant ?Ah !c'est pas malin de faire une femme passer pour traître. «Jean, attrapez-moi donc votre masse et conduisez-le dans le souterrain, là ![...] Et maintenant, qu'elle dit, vous allez trouver le garçon d'hôtel, vous mel'amenez très doucement, ne lui faites pas de mal ! Alors les deux garçons sont allés le chercher, ils le prenaient par les pieds, de peur qu'il ne se fasse une entorse aux portes. Ils avaient grand peur de lui faire du mal. Arrivé devant le tribunal de sa femme : —Bonjour, mon ami. —Bonjour, qu'il dit. —Ya-t-il longtemps que vous êtes ici, dans cet hôtel ?
—Dame oui, qu'il dit, depuis que je suis né. —Vous allez medire la vérité. —Oui. —Ça a-t-il toujours été hôtel, ici ? —Oh !non, c'était pas hôtel, c'était magasin et c'est mafemmequim'a tout mangé. —Ah !Comment ça se fait ?Expliquez-moi ça et ne mentez point. -J'avais un client qui était à Gand et qui me devait de l'argent. Je lui avais écrit deux fois, mais il merendait pas de réponse, alors j'ai mis pied à la maison et comme réponse il m'a répondu que j'étais bien fier d'être venu chercher à Gand une fille comme cela. Alors, j'ai voulu le faire prouver,j'avonstout parié notre bien àtous les deux. Alors, il estvenu chez moi, il a endormi ma femme. -Ah! —Comme ça, il lui a pris sa grappe qu'elle avait sur le corps. Comme ça, j'ai tout perdu mon bien, elle a passé pour une mauvaise femme. Je n'avais plus dessein rien que de tuer ma femme, mais j'ai demandé à plus savant que moi. Alors, il m'a dit que ne fallait pas la tuer ; puisque j'avais des bateaux en mer, fallait l'amener sur un bateau ; quand elle aurait été au milieu de la mer, fallait la laisser là comme j'ai fait. -Ah! —Moij'me suis en-revenu àNantes et on m'a pris commegarçon d'hôtel ici. —Ah! oui, oui... Eh ben !et votre femme, qu'est-ce qu'elle est devenue ? (Elle a du toupet, celle-là.) —Je n'en sais de rien. (Il la connaissait pas !) —Je crois qu'y a longtemps que les requins l'ont mangée et que le navire a coulé. —Ça se peut... Mais si vous voyiez votre femme, vousla reconnaîtriez-ti! - Je crois qu'oui, mais je n'en sais de rien ! (Il disait la vérité, celui-là !) —Attendez un peu, mon ami, restez là. Et elle monte dans sa chambre et apris son costume qu'elle avait mis pour se promener sur la mer. Quand elle a descendu d'en haut : —Maintenant, connaissez-vous votre femme ? —Oui, qu'il dit, la voilà.
Alors, ils ont renvoyé les trois garçons avec leur fortune faite et ils sont restés maîtres de l'hôtel tous les deux à Nantes. Je ne sais pas s'ils sont morts après : j'y étais pas ! [...] (Ditpar Auguste Hervy, dit Gustin Michaud, vannier à Mayun, le 23 oct. 1947) FÉLICE, C. Hte-Bret., 157-167 EM5, col. 190-197 : Cymbeline (E. Moser-Rath). Extraits : «Cymbeline,héros dela tragie-comédie du mêmetitre de Shakespeare, sert de dénomination usuelle d'un thème narratif international appartenant à la tradition tant écrite qu'orale... Partant du thème central : le pari d'un mari sur la vertu de sa femme, Gaston Paris a intitulé son étude fondamentale Le cycle de la gageure (Romania XXXII (1903) 481-551) ; cf. aussi le titre du conte-type chez Aa.Th.... Ce type a été noté en versions plus ou moins complètes dans toute la Scandinavie, autour de la Baltique, enUnion soviétique, enTchécoslovaquie, chezles Serbo-croates, en Grèce, dans l'ensemble du territoire de langue allemande, en France, Italie, Espagne, Irlande. En dehors d'Europe le récit se retrouve en Turquie et en Israël, chez les Franco-Canadiens, en Amérique Centrale et du Sud, et aux Philippines... L'histoire de la littérature écrite offre de nombreux repères de la faveur ancienne de ce thème. Les motifs principaux, à savoir pari à fort enjeu, constance de l'épouse, preuves —obtenues en soudoyant la servante —de la séduction prétendument réussie (anneau, mèche de cheveux), répudiation et intention de mise à mort, voyage de l'époux désespéré et dévoilement de l'imposteur, se rencontrent e. a. dans le roman français envers du début duXIII s. LeComtedePoitiers (Michel F.éd., Paris, 1831) ; à la même époque appartiennent les versions concordantes dans leurs traits fondamentaux que sont Le Romandu RoiFlore et la belleJeanne (Michel F. éd., Paris, 1838) et Le Romandela Violette de Gerbert de Montreuil (Michel F. éd., Paris, 1834 Au XIV s. le thème fait l'objet des Miracles deNotre-Dame : CommentOstes, roi d'Espagneperdit sa terre... Le Romandela Violettefut d'une influence particulièrement durable, àpartir d'une mise en prose au XVs. éditée jusqu'au XVIII Dans cette rédaction française les personnages principaux appartiennent à la noblesse féodale et la 1. Cf. aussi : Gerbert de Montreuil, Le Romandela Violette. Récit traduit et présenté pat Mireille Demaules. Paris, Stock/Moyen Age, 1992.
femme calomniée, si elle demeure d'une constance sans faille, ne participe pas activement au déroulement et reste ainsi plutôt àl'arrière-plan de l'action. L'épisode de la femme en habit d'homme apparaît pour la première fois dans des versions italiennes du XIV s., soit dans une nouvelle anonyme et dans le récit —sur bien des points identique - du Décaméron de Boccace (2, 9). Tous deux transportent l'action en milieu bourgeois. Les protagonistes masculins sont des marchands, moyennant quoi il ne s'agit pas seulement dans le pari de l'honneur de la dame, mais aussi d'un marché. Apparaît aussi le motif de la caisse dans laquelle l'imposteur se fait porter dans la chambre àcoucher de la fidèle Ginèvre... Compte tenu dela diffusion internationale du Décaméron, l'influence durable de la rédaction italienne surla tradition ultérieure est évidente... Elle aété évoquée comme directe ou indirecte pour le Cymbelinede Shakespeare... » On pourra se reporter aussi au commentaire de Paul DELARUE in A. de FÉLICE, ContesdeHaute-Bretagne, éd. annotée, Paris, 1954, 268-270. LISTE DESVERSIONS 1.MERKELBACH-PINK,Loth. Vm., 155-160 :EineschöneGeschichte. (Une belle histoire). 2. R.T.P. XIX (1904), 67-72 : La villedesroses. (Sadoul, Lorraine). 3. MILLIEN, Etr. niv., 1896, 78-79 : Lefaux anneau. 4. CERNY, C. etLég. Bret., 173-186 : GoasmeuretCosquer. 5. FÉLICE, C. Hte-Bret., 156-167, n° XIV : Lafille deGand. 6.JOISTEN, C. DauphinéII, 11-13, n° 71.1 = RécitsduDauphiné(Valléedu Queyras), 60-63 : Lepari. 7. WEBSTER, BasqueLeg., 132-136 : Laur-Cantons. 8. POURRAT, Trésordesc., III, 190-207 : Ledragonvert. 9. POURRAT, Trésordesc., VII, 253-270 : Lec. desmarchands. a) BARBEAU, CanadaII, 114-123, n° 66 :Jean Cuir. b) ID., ib., 123-125, n° 67 : Lestroispoils d'or. c) LANCTOT, Canada V, 403-407, n° 121 : Lafemmeendérive. d) S. MARIE-URSULE, Lavalois, 142, n° 17 :L'étoile d'or. e) LEMIEUX, Lesvieuxm'ontconté, 7, 45-49 (texte remanié), 50-54 (t. original) :Lajoliefemmejetée à l'eau. f) ID., ib., 20, 89-93 (texte remanié), 94-98 (t. original) : Lecapitainetrompé par leroi.
T. 883 A
LAFILLE INNOCENTECALOMNIÉE DRAGONVERT Aa.Th. TheInnocentSlanderedMaiden. En l'absence du père, une tentative est faite pour séduire la jeune fille. La tentative échoue, mais la jeune fille est calomniée. Le père commande à son fils de tuer sa sœur. Elle devient la femme d'un prince. En l'absence dumari, deuxième tentative de séduction ou autre malfaisance. La jeune femme dans des vêtements d'homme. Tout finit bien. Version du Nivernais : LE DRAGON VERT C'était un gros marchand qui avait une gracieuse fille. Lamère malade demande à aller aux eaux, elle part avec son fils et laisse sa fille. Elle avait un oncle curé auquel sa mère la recommande. L'oncle curévoulait coucher vers elle, elle criait, le curé se sauvait et les voisines venaient. —Je m'ennuie trop, leur disait-elle. —Consolez-vous. Le curé écrit à son père et sa mère que leur fille est libertine. Le père envoie son fils chercher son cœur et son foie pour les manger grillés sur charbons. Le frère arrive le soir, cogne : —Ouvrez. —Je n'ouvre pas à cette heure-ci. Son frère se dit, masœur est calomniée, mon oncle se trompe. Il vient le lendemain : —Bonjour ma sœur... Ils déjeunent.
—Ma sœur, allons nous promener. Ils vont à la corne d'un bois et le frère, la voyant si raisonnable, lui dit pourquoi il est venu par suite de l'oncle. —Jevas tuer mon chien. Il en emporte cœur et foie, et de retour chez lui le père les fait griller. La fille ne s'en retourne pas ; elle se fourre dans un creux de charme. Le fils du roi chasse, passe àcôté de l'arbre, son chien jappe, il va voir et il trouve cette gentille fille. Il dit ça à sa mère : —Je veux la demander en mariage. —Quelle fille est-ce ? —Une voleuse. [?] Le garçon yretourne, l'amène, l'épouse. Un jour il lui dit : —Allons chez Monsieur un tel (le père de la fille) acheter de la tapisserie avec les domestiques. Et il ajoute : —Je vas devant, tu viendras avec l'argent pour payer. Elle entend les deux domestiques disant : il faut la tuer dans le bois, prendre l'argent, nous dirons que ce sont des voleurs. Elle descend derrière la voiture, se fourre dans un creux de charme et ils ne la trouvent plus. —Mettons-nous, et le cheval, en sang. Nous dirons qu'on nous l'a volée. Le Monsieur en arrivant demande sa femme, ils disent que les voleurs l'ont prise et les ont maltraités. Il vient à passer un soldat qui la voit dans son creux, elle lui demande à changer d'habit avec lui, il yconsent. Elle va demander à coucher chez son père, on yconsent après instances. Le soir, au souper, il y avait son mari, son père, sa mère, le curé, les domestiques. On lui demande : —Vous voyagez bien, vous, dites-nous quelque nouvelle. —Il yavait un marchand ayant une fille, sa mère malade... Le curé interrompait : —Monsieur le dragon, parlez d'autre chose. —Dites, dites, disait le père. —Il yavait un curé qui voulait jouir d'elle. Le curé toujours l'interrompait... —Seriez-vous bien aise de la revoir après avoir mangé cœur et foie ?
Elle passe dans la chambre, s'habille en fille et reparaît. Et tous furent confondus. (Recueillien 1882auprèsdeFrançoiseDurand, VveBleuzat, néeauxRiauxil y a 67ou68ans) MsMILLIEN, Nivernais, v. B EM 8, col. 1402-1407 : Mädchen : Das unschuldig verleumdete M. (Chr. Shojaei Kawan). Extraits : «Conte-nouvelle à deux épisodes qui représente une des multiples variations sur le thème de l'innocence persécutée... L'héroïne cependant ne subit pas son sort en silence, au contraire sa réaction aux dangers est rapide et courageuse... une deuxième tentative de séduction est souvent liée au meurtre des enfants... Des ressemblances existent, particulièrement avecles contes-types 712 (Crescentia) et 881 (Oft-proved Fidelity)... Des critères par lesquels Aa.Th 883 A se distingue de Aa.Th 712 et Aa.Th. 881 sont : premièrement la sous-division de l'action en un temps avant et un temps après le mariage, où dans le premier épisode c'est le statut de l'héroïne en tant que fille vertueuse, dans le second son honneur d'épouse qui est en jeu, —alors que dans Aa.Th. 712 et 881 il s'agit uniquement de la confirmation de la fidélité conjugale —; en second lieu le fait que la combinaison spécifique des motifs constitutifs s'avère comme un tout très stable. Aa.Th. 712 se distingue d'autre part de 883 Apar sa coloration nettement religieuse. Des versions de 883 Aont été notées dans la plupart des pays d'Europe, en Afrique du Nord, au Proche et Moyen Orient, dans l'espace caucasien et en Asie Centrale, ainsi que, en quelques attestations, en Amérique Centrale et du Nord... Une certaine tendance à la combinaison avec des traits d'autres contes-types se manifeste davantage en Europe qu'en Orient... La rencontre de la jeune fille avec son futur époux donne lieu souvent —comme dans le T. 451 —à une scène de chasse... Aa.Th. 883 A ne peut être décrit comme un conte féminin que selon sa structure de surface. Des valeurs patriarcales, dont le père apparaît comme le garant, sont au centre de l'action. » Une analyse fine de nos versions est intéressante : - àl'exception de la version nivernaise «Franc-cœur »où l'héroïne est d'emblée mariée, les versions connaissent un premier «mouvement »très
semblable, avec tentative de séduction et calomnie par oncle et/ou curé, ordre de mise à mort émis par le père et dévié par le frère, avec fausse preuve prise sur un animal découverte de l'héroïne dans la forêt et mariage ; - elles divergent par contre dans le deuxième mouvement : dans les trois versions nivernaises avec mariage, l'Antagoniste est un serviteur, le contenu de la Malfaisance étant, dans deux versions, une tentative de séduction, dans la troisième (notre v. t.) une tentative de vol et de meurtre ; mais dans la version lorraine et les versions Arnaudin, Dardy, Massignon, l'Antagoniste est la mère du mari et le contenu de la Malfaisance l'accusation d'avoir mis au monde des animaux, celle-ci entraînant la relégation de l'héroïne et de son (ses) enfant(s) —soit un déroulement très proche de celui que connaissent des contes merveilleux tel que le T. 706 ; - la particularité —qui donne son titre à certaines versions (Dragon vert) —soit l'enrôlement comme soldat (dans le régiment de son mari), ou seulement la prise d'habit de soldat transforme l'héroïne-victime de patiente en agent, puisqu'elle provoque ainsi la réunion finale où tout est dévoilé ; - on notera que le milieu social est explicitement marchand. LISTE DES VERSIONS
1. Nos Traditions (Metz), II (1939), 94-102 : LesDragons verts. 2. Ms MILLIEN-DELARUE, Nivernais : Dragon vert. 3. ID., ib. : Dragon vert, 2e vers. 4. ID., ib. : Dragon vert, 3e vers. 5. MILLIEN et DELARUE, Récits duNivernais (Amognes), 79-83 : FrancCœur. 1. Cette preuve est prise, dans la version Arnaudin, sur un âne dont l'héroïne prend la peau pour s'en couvrir : d'où le titre du conte. 2. Toutefois, dans la version Massignon, l'ordre du père est donné d'entrée de jeu sans explication aucune (donc pas d'épisode de séduction et calomnie par un tiers) et, dans la première version nivernaise, après l'ordre non exécuté par le frère (motif de la fausse preuve manque), l'héroïne, qui ne se marie pas, s'en va d'emblée, après avoir changé d'habit en route avec un dragon vert, à la ville de son père où le curé sera confondu. 3. Le motif est altéré dans la version Dardy qui fait intervenir un voisin soldat.
6. DARDY,Albret, II, (éd. 1891), 311-335, (éd. 1984), 389-413, n° 80 : La fille dumarchand. 7. ARNAUDIN, GrandeLande, I (éd. 1966), 512-525, n° 66 : Peaud'âne. Pét-d'aynique —ID., ib. (éd. 1977), 552-563 = ID., ib. (éd. 1994), 102109, n° 19. 8. MASSIGNON, C. corses, 166-169, n° 75 : Lepère quivoulaitmangerlecœur desafille. (Avec éléments du T. 706). Cf. T. 883 A: 9. ORSINI, Récitsdela Corse (Cap Corse), 80-82 : L'histoire de«La Pieuse».
T. 883 B
FINETTE, LA ' DROITE PRINCESSE ou LESÉDUCTEURPUNI Aa.Th. ThePunishedSeducer. - BASILE III, 4 : Sapia Liccarda. - Deux des trois filles d'un marchand sont séduites par un prince. La troisième résiste à ses séductions et le punit. FINON-FINETTE C'était un homme qui avait trois filles. L'aînée s'appelait Rose ; la cadette s'appelait Belle ; la plus jeune s'appelait Finon-Finette. Il s'en allait pour un long voyage ; et puis, quand il s'en est allé, il a donné aux deux aînées chacune une rose et à la plus jeune un bâton ; et il leur a recommandé d'être bien sages. Il a dit que celles-là qui ne seraient pas sages, si c'étaient les deux aînées, leurs roses flétriraient, si c'était Finon-Finette son bâton changerait de couleur. Quatre ou cinq jours après qu'il a été parti, passe un voyageur qui a demandé à rentrer. Elles ne voulaient pas le faire entrer : —Ah !mon papa nous a défendu de laisser entrer personne ! Il leur disait : —Mesdemoiselles, il fait si froid !Oh !laissez-moi donc entrer ! Et puis, un coup qu'il aété entré, il n'y avaitplus moyende le renvoyer. Il a fini par leur dire qu'il ne s'en irait point qu'il n'ait couché avecla Rose. Elle disait toujours non : —Mon papa qui nous l'a tant défendu ! —Et puis, à présent je ne m'en irai point que je n'aie couché avec la Belle ! Et puis après, il a dit qu'il ne s'en irait point qu'il n'ait couché avec Finon-Finette. Finon-Finette a dit :
—Oh !moi, je veux bien ! Puis elle avait fait faire des grands clous bien longs qu'elle avait fixés à l'intérieur d'une barrique, et la barrique était foncée par un bout. —Tenez !qu'elle a dit, pour entrer dans machambre, il faut passer par cette barrique !Allons !Entrez ! Et quand il a été entré dans la barrique, elle aroulé la barrique, ah !je ne sais pas combien de temps, moi !Elle l'avait tout fait massacrer, enfin, il était tout blessé, tout emporté. Quelque temps après la Belle a eu un enfant. Alors Finon-Finette a pris l'enfant ; elle l'a enveloppé, bien comme il faut, et puis elle avait fait faire une jolie boîte, et elle aété sepromener dans la ville oùil était, avec sa petite boîte. Et puis elle disait : —Oh !les bons onguents pour faire guérir le mal de clous !Oh !les bons onguents pour faire guérir le mal de clous ! Il aacheté la boîte, pardié, lui, pour faire guérir le malde clous. Et puis il adécloué cette boîte, et il a trouvé le petit perroquet dedans, pardi !Et il a dit : —Tu as toujours été Finon-Finette, et tu la seras toujours ! Et puis après, le père s'est rendu (est revenu). Il ademandé à ses filles si elles avaient été bien sages ; il a dit : —Voyons, il faut commencer par la plus jeune ! Voyons, Finon-Finette, fais-moi voir ton bâton. Finon-Finette a apporté son bâton. —Je suis bien content de toi !Tu as été bien sage. Voyons, Belle, faismoi voir ta rose ! La Belle ne voulait pas faire voir sa rose ; elle disait qu'elle ne savait pas où elle était. Enfin, elle a tout de même donné sa rose ; et puis, quand il avu la rose de la Belle : —Oh !qu'est-ce que je t'avais défendu ? Il a demandé la rose à la Rose ; c'était encore la même chose ; la rose était toute passée, toute pâlie. —Qu'est-ce que je vous avais défendu ? Tu as été toujours FinonFinette, et toujours tu la seras. C'est àtoi que je donne toute maconfiance. Et puis après, quand l'autre aété guéri, il s'est habillé en joli monsieur, et il est venu voir Finon-Finette. Il s'est marié avec elle. Quand il a été marié, il lui renouvelait sans cesse : —Terappelles-tu quandtu mefaisais rouler dans labarrique auxclous ! Il dit:
—Tu m'en as fait voir, mais je vais t'en faire voir à mon tour. Il voulait la tuer dans son lit. Elle a fait une femme de paille qu'elle a habillée dans ses effets à elle, et puis alors il aété aulit croyant tuer FinonFinette, et il a tué la femme de paille. Quand il a cru de l'avoir tuée, il se chagrinait, et puis elle a sorti, elle était cachée derrière un meuble, et il lui a dit : —Ah !Tu as bien été toujours Finon-Finette, et toujours tu la seras ! PINEAU, C. Poitou, 243-246 Alors que pour Raymonde ROBERT, Le contedefées littéraire enFrance delafin duXVIIà lafin duXVIIIs., Nancy, Presses Universitaires de Nancy, 1981, 120-121, Mlle Lhéritier «s'inspire de toute évidence du conte du Pentamerone»,pour PaulDELARUE (cf.ArtsettraditionspopulairesII (1954), 4-5) il était clair qu'elle avait adapté un conte populaire. Cequi est certain, c'est que le conte de Mlle Lhéritier, largement diffusé par la littérature de colportage qui l'attribua généralement à Perrault, apour sa part influencé la tradition orale française. —Le motif final du mannequin déviant la vengeance du séducteur existe sous deux aspects : femme de paille ou apparenté chez MlleLhéritier et dans plusieurs versions françaises :2à4, 9,10, 14 ; poupée de sucre chez Basile, dans la version Andrews et dans la deuxième versionJoisten ; du moins sous ce second aspect c'est un motif labile qui se retrouve ainsi au T. 879. LISTE DESVERSIONS 1. Mlle LHÉRITIER, OeuvresMeslées, Paris 1695 [4e conte] :L'adroiteprincesseoulesAvantures deFinette. 2. MsMILLIEN-DELARUE, Nivernais : FinonFinette. Vers. A. 3. ID., ib. : Finon-Finette. Vers. B. Cotillon vert. 4. ID., ib. : Finon-Finette. Vers. C. 5. ID., ib. :FinonFinette. Vers. D. 6. ID., ib. :La Cotteauverne(Lacotte verte). (Conte composite :avec élts T. 480B). 7. R.T.P. XXII (1907), 312-314 : Leseldelaprincesse. (Frison, Basse-Bret.). (AvecT. 923). 8. CERNY, C. etlég. Bret., 188-203 : Finette etRoland. 9. R.T.P III (1888), 275 = PINEAU, C. Poitou, 243-246 : Finon-Finette.
10. MASSIGNON, Deboucheà oreilles, 285-289, n° 48 : Fanfinetteetlefils du roi = ID., Folktales of France, 162-166 : Fanfinette and the King's Son. — Charente 11. Fonds M. VALIÈRE, Poitiers, face B, n° 15 : La Fille Finette. 12. PINTUREAU et VALIÈRE, Paroles d'or et d'argent, 25-30 : Lafille Finette. 13. MsLEPROUX,Angoumois: Finfinette. 14. POURRAT etBRICOUT, C. duLivradois, 129-130 : Finon-Finette. 15. MsSEIGNOLLE, C. GuyenneIII : L'adroiteprincesse. 16.JOISTEN, C. DauphinéII, 14, n° 72.1. Lesquenouillesdeverre (Rés.). 17. ID. ib., 15, n° 72.2 : Finon-Finette (Rés.). 18. ANDREWS, C. ligures, 169-172, n° 38 La fille rusée. 19. VINSON, F. L. basque, 102 : La rose. 20. POURRAT, Trésordesc., VII, 221-234 : Finon-Finette.
T. 884
LAFILLE ENGARÇON AUSERVICEDUROI Estimant que la définition du T. 884 : TheForsaken Fiancée: Service as Menialdonnée par Aa.Th. (édition de 1928) d'après la version de Grimm (KHMn° 67) était à revoir, Paul Delarue avait décidé : «Dans le Catalogue des contes français j'intitule le thème n° 884 : La fille en garçon au service du roi. Et je distingue : Type 884A: Fille ougarçon ?L'héroïne est soumise àdes tests. Leroi l'épouse. —Versions anciennes : Basile, Pentamerone, III, 6, Bellucia. —Mlle L'héritier, Oeuvresmeslées, Paris, 1695, p. 1, Marmoisan. Type 884 B: La reine s'éprend du faux garçon et lui fait des avances qui sont repoussées ; elle se venge en l'accusant d'avoir voulu la séduire, ou en le faisant charger de missions périlleuses. Le sexe du soldat est reconnu, la reine châtiée, le roi épouse l'héroïne. —Versions anciennes : Straparola, Facétieuses Nuits, IV, 1, La princesse en chevalier. —Basile, Pentamerone, IV, 6, Les trois couronnes (2e partie). - Mmed'Aulnoy, BelleBelle ou le Chevalier Fortuné (avec T. 513). » Lanouvelle édition de l'Aa.Th. (1961), tout en maintenant tel le T. 884 ajoute un T. 884A :A GirlDisguisedasaManis WooedbytheQueen—qui est en fait le T. 884Bde Paul Delarue, ce que l'Aa.Th. indique d'ailleurs explicitement. Cependant il semblerait que Paul Delarue n'ait pas reconnu non plus la complexité de la situation des versions et variantes. En effet, comme le met excellemment en évidence l'étude de François DELPECH : «La 1. In : Pertev N. BORATV, Contesturcs, Paris, 1955, p. 207. Àpropos de commentaires à une version turque (ib., 29-40 : Le père et ses six filles) du type 884 A(P. D.) rapprochée de versions grecque et sicilienne. - Cf. aussi : Paul DELARUE,Les contes merveilleux de Perrault. Faits et rapprochements nouveaux. Arts et traditionspopulaires, II (1954) 1-22, particulièrement 10-11.
'Doncella Guerrera' : chansons, contes, rituels », seule une base de travail non seulement historiquement et géographiquement étendue, mais aussi largement décloisonnée (incluant ainsiles chansons narratives, notamment les romancesibériques), peut espérer rendre compte de ce vaste ensemble de récits et traditions. Catherine VELAY-VALLANTIN,Lafille engarçon, Carcassonne, 1992 (textes et étude) propose (p. 79) un «Tableau des sous-types du conte Aa.Th. 884 déterminés selon l'association de motifs avec le thème initial de la fille travestie en guerrier », tableau établi àpartir des oeuvres littéraires du Moyen Age au XVIIIe s. (voir aussi Bibliographie, ib. 239-241). Dans la seconde version de Luzel —comme aussi chez Straparole - la vérité est révélée par un être sylvestre que l'héroïne en habit d'homme a réussi à capturer et à faire parler soit un appel au thème du Sauvage Le choix d'une version-type semble ici impossible. EM5, col. 168 ss : Frau in Männerkleidung (R. Wehse). Extraits : «Lecomplexe thématique emmêlé de la femme en habit d'homme est objet autant de tradition populaire que de mise en oeuvre littéraire et dramatique. Les expressions particulières sont largement façonnées par l'espace et le moment culturels, pouvant bénéficier cependant en tant que types d'une assez large répartition internationale. Une description scientifique d'ensemble reste à faire.... Aa.Th. 884 : TheForsakenFiancée : ServiceasMenialn'est pas un contetype, mais un numéro global, sous lequel sont réunis des contes divers qui ont comme sujet le déguisement d'une femme en homme, des tests de sexe, la séparation de deux amants, la menace de mariage de l'homme avec une autre femme et la réunion définitive du couple premier. La construction d'une telle succession narrative pour tous les contes-types indexés 2. In : TraditionspopulairesetdiffusiondelacultureenEspagneX (VIXVI s.), Presses universitaires deBordeaux, 1983, 29-68. 3. Il enest demêmedans unconte occitan, rattachable par ailleurs auT.577,Lestâches du roi : FABREet LACROIX, C. occitan, II, 43-50, n° 19: Lafilba engojat. La fille déguisée en garçon. Reproduit par C.VELAY-VALLANTIN,221-230. 4. Pour ce rapport homme sauvage et fille travestie et le lien probable avecla tradition celtique deMerlin,cf. DELPECH,loc. cit., 41-42 ;VELAY-VALLANTIN,219-220et F.DELPECH, Essai d'identification d'un type de conte. 1. Lesauvage et la fille travestie. MélangesdelaCasadeVelazquezMadrid, 20(1984),285-312.- Voiraussi Catal. II, 227.
sous Aa.Th. 884ne représente pas une unité d'ordre génétique, mais est mis à part quelques oecotypes - à chaque fois une réunion individuellement ou régionalement très limitée de motifs disponibles et variables ad libitum d'autres récits ou contes avec le thème de la femme en habit d'homme (p. ex. T. 514). Le conte du Pentamerone (3, 6) de Basile mentionné par Aa.Th. est la première attestation d'un oecotype relevé par la suite dans tout le domaine méditerranéen et au Proche-Orient ; celui-ci cependant n'apparaît pas suffisamment consolidé ni caractérisé pour qu'on puisse proposer de lui réserver à l'avenir l'indexation Aa.Th. 884. [Analyse détaillée] Aa.Th. 884A:A GirlDisguisedasaManis WooedbytheQueen. Ce récit riche en variations et contaminations est connu en Europe, dans le domaine méditerranéen et au Brésil. Le déroulement s'apparente au T. 514 (TheShiftofSex,Lechangement de sexe) particulièrement dans les épisodes introductifs, ce qui a pu conduire dans les catalogues régionaux à de fausses indexations. Il pourrait être éventuellementplus judicieux de considérer Aa.Th. 884Acomme sous-type de Aa.Th. 514. [Analyse détaillée]. Il est envisageable de considérer un exemplum médiéval et post-médiéval comme une forme préliminaire, cependant pas nécessairement en liaison génétique, de la motivation centrale de Aa.Th. 884 : Ste Eugénie fuit en habit d'homme afin d'échapper au mariage avec un hommeindigne. Soupçonnée d'avoir violé une femme, elle révèle alors sa véritable appartenance sexuelle (cf. Tubach, n° 1915). » LISTEDESVERSIONS 1. Mlle LHÉRITIER, OeuvresMeslées, Paris 1695[1e conte] : Marmoisan ou L'Innocente tromperie. Reproduit in C. VELAY-VALLANTIN, Lafille engarçon, 15-54. - Résumé : P. Delarue, Les contes merveilleux de Perrault. Faits et rapprochements nouveaux.A.T.P. II (1954), 10-11. 2. MASSIGNON, C. corses, 148-151, n° 67 : Les troisprinces enlevéspar les turcs. (Épisode des tests inclus dans autre développement 5. Peut être considéré commerelevant de ce type, par ailleurs non représenté en France : BIDART, Récits duPaysBasque(Labourd), 118-119 : La fille-soldat. 6. L'héroïne ici, contrairement à ce qui est le cas au T. 884, est mariée ; et c'est déguisée en hommepour aller libérer son mari enTurquie (ce queMassignon, ib. p. 321 rapproche de T. 890 (IV, a)) qu'elle subit là-bas les tests.
3. VINSON, F. L basque, 70-79 : Lepou. (Inclus dans autre développement - Reproduit in C. VELAY-VALLANTIN, Lafille engarçon, 181-187. a) PARSONS,F. L. Antilles, I, 281-283 : Fille ougarçon. —Martinique. b) PARSONS,F. L. Antilles, II, 561-562 : Chevalmoinsauvéla vim.—Haïti. T. 884 A (= T. 884 B DELARUE) LISTEDESVERSIONS 1. Mme d'AULNOY, Contes nouveaux ouLes Fées à la mode (1698) = Cab. Fées, IV, 1-78 : Belle-Belle oule ChevalierFortuné. 2. LUZEL, C. B.-Bret., II, 296-313 : Le Murlu ou l'Homme sauvage. Cf. Catal. II, p. 224, T. 502 vers. 6 = ID., ib., (éd. 1996), 221-233. 3. ID., ib., 314-339 :LeCapitaineLixuretleSatyre = ID., ib., (éd. 1996), 235251 = ID., C. Retrouvés, II, 279-281 : Le capitaine Lixur et la Santirine. Rés. 4. LUZEL, C. RetrouvésII, 187-200 : Le chevalierfortuné= Rev. deBret. etde Vendée, mars 1869, 194-207. (Avec T. 513). 5. KALZAKORTA, Erresuma ezkutua, 217-223 : Neskatcha-soldadua , trad esp. 318-324 : La muchachasoldado [La fille soldat]. (Avec T. 513). 6. ID., ib., 237-240 : EregeChalamonenichtorioa, trad. esp. 338-343 :Elcuento delreySalomon [Le conte du roi Salomon]. (Avec T. 513).
7. L'héroïne est, en un premier temps, emmenée par un inconnu qui a deviné la peau de pou (cf. T. 621) et qui n'est autre que le diable ; elle est accompagnée par une jument blanche qui la débarrasse du diable (d'abord pour 7 ans, à la fin du conte définitivement), la fait s'habiller en garçon et la fait entrer chez le prince, son futur mari. Pour la reconnaissance de ce sous-type et l'indication d'autres vers., cf. DELPECH, p. 37 et n. 49. Aajouter une autre version, dans laquelle il est vrai la séquence de la fille en garçon est extrêmement réduite (pas de tests) : S. MARIE-URSULE, Lavalois, 235238 : Le diable et le petit cheval vert (introduit par T. 621, cf. Catal. II, cf. p. 534).
T. 887
GRISÉLIDIS Aa.Th. Griselda. Le roi épouse une jeune fille de basse condition. Elle promet d'être toujours soumise. Le roi la met à l'épreuve en lui faisant croire qu'il a tué leurs enfants et épousé une autre femme. Version de Corse : LAPATIENCE Unavolta c'era... une fois il yavait un père et une mère qui avaient une fille. Ils travaillaient. Ils plantaient des oignons dans leur jardin. Le fils du roi, qui passait par là, remarqua la jeune fille. Elle était si belle qu'il la voulut pour épouse. En effet, elle était très belle. Il est allé la demander en mariage. Elle était contente... Mais ses parents disaient : —Regarde, que c'est trop pour toi... nous ne sommes pas sur le même pied ! Mais le fils du roi a dit : —Moi je veux l'épouser, elle me plaît et je la prends. Ils se sont mariés. Après un an de mariage, ils ont eu une fille. Alors le mari lui a dit : —Mi!, maintenant embrasse-la et puis après jevais la donner en nourrice. Toi, pour un moment tu ne la verras plus. Ça fait qu'elle a embrassé sa fille et puis on l'a donnée en nourrice et elle ne l'a plus vue. Un an ou deux après un autre enfant est né, un garçon. Le roi a dit : —Mi!, maintenant c'est comme la première, embrasse-le et puis nous allons le donner en nourrice. Toi tu ne peux pas l'élever. Et elle, elle se contentait. Elle l'embrassait, le cœur gros de ne pas pouvoir garder ses enfants. Mais elle ne disait rien. Elle faisait tout ce que disait son mari. Ça«fait »qu'un jour, dix-sept ans plus tard, le mari lui dit :
—Tu sais, maintenant je connais une jeune fille et je voudrais l'épouser. Alors tu peux t'en aller, tu es vieille, va-t'en chez toi ! —Et bien !Sivous l'avez trouvée plus jeune et plus belle, je m'en irai. Elle est partie, le cœur gros. Arrivée chez elle, elle dit à sa mère : —Maintenant mà, j'arrive pour toujours. —Comment, tu ne vas plus t'en aller ? —Non !Mon mari a trouvé une jeune fille beaucoup plus jeune que moi. Qu'est-ce que tu veux !c'est juste !Maintenant moi, je suis vieille. — Je te l'avais bien dit de ne pas te marier avec le fils du roi ! —Et alors, mà, mi, dix-sept ans je les ai passés. J'ai été bien et tout. Maintenant, s'il veut se marier... Il est arrivé un jour qu'on annonçait qu'ils allaient se marier. Et il a envoyé chercher sa première femme. Elle est allée et il lui a dit : —Tu sais qu'il va y avoir un festin et je veux que tu sois à la cuisine pour t'occuper du repas. Alors, cela ne lui apas plu. Elle s'est dit : «Quand-même, de se marier puis même de me faire l'affront de me mettre ici à faire la servante !» Mais elle était obéissante, et elle l'a fait. Quand elle était dans la cuisine en train de travailler, les autres s'étaient installés à table. Un serviteur est venu lui dire : —Le roi vous demande, il veut vous parler. — Je vais aller avec ce tablier, devant lui, comme çà !Je suis toute sale ! —Il a dit qu'il veut que vous alliez comme vous êtes. Alors elle est allée et lui a dit : —Vous m'avez fait appeler, qu'est-ce que vous mevoulez ? —Tu vois je voulais te présenter ma femme. —Ah! elle est belle, c'est vrai, plus belle vous ne pouviez pas la trouver !On dirait une fleur !Je suis contente que vous l'ayez trouvée si belle ! —Eh bien !toi, viens ici. Celle-là, c'est ta fille et celui-là c'est son frère, ton fils.J'ai voulu voir jusqu'où arrive ta patience !Je t'ai enlevé tes enfants et tu n'as rien dit !Je t'ai renvoyée chez toi et tu n'as rien dit !Je t'ai mise à la cuisine pour faire la servante et tu n'as rien dit !Plus que cela, on ne peut pas faire !Une patience si grande, personne ne peut jamais l'avoir ! Alors, maintenant, nous allons vivre ensemble, ta place est ici avec ton mari et tes enfants. Et moi je n'ai jamais eu d'autre femme que toi. Ils ont fait venir mêmeson père et sa mère et ils ont vécuheureux tous ensemble. (Contépar GabrielleAstolfi, enjanvier 1978, àFigarella) ORSINI, Cap Corse, 55-57
EM6, col. 205-211 : Griseldis (L. Petzoldt). Extraits : «Le récit qui clôt le Décaméron (10, 10) de Boccace (1348) est la plus ancienne rédaction connue du thème de Grisélidis. L'Auteur apu connaître celui-ci par tradition populaire. Cequi n'est pas nécessairement contredit par le fait que les versions contées recueillies au XIXs. dans divers pays européens se ramènent pour l'essentiel à la tradition des livres populaires... L'histoire relève thématiquement d'une série de récits traitant de l'épouse injustement répudiée et de sa tardive réhabilitation. La spécificité de Grisélidis est d'être répudiée non par suite d'une calomnie, mais pour que son cas illustre de façon exemplaire la prétention masculine àla domination absolue dans le mariage. Cependant déjà chez Boccace la noblesse intérieure de Grisélidis est opposée à la rudesse d'âme de Gualtieri. La nouvelle de Boccace est àla base de la traduction latine de Pétrarque (1373), qui elle-même, par traduction, l'est de nombreux livres populaires : allemands àpartir de 1471, chapbooks anglais àpartir de 1565... La diffusion de l'histoire de Grisélidis dans la tradition orale s'est faite au moins autant sous l'influence de la chaire et du théâtre religieux que sous celle des livres et du théâtre populaires, à commencer par celui de Hans Sachs (1546)... Un manuscrit français de 1395 conserve le drame versifié d'un auteur inconnu qui en a emprunté le thème à Philippe de Mézières, Livre de la vertu du sacrementde mariage et du réconfort des damesmariées (env. 1385). Écrit dans le style des moralités il a été imprimé pour la première fois en 1550 sous le titre LeMystèredeGriselides(Golenistcheff-Koutouzoff, E., L'Histoire deGrisélidis enFranceauXIVetauXVs. Paris, 1933 ; Nisard, Histoire deslivrespopulaires, 2, Paris, 1864, 481-494). » LISTE DESVERSIONS 1. MERKELBACH-PINCK, Loth. Vm., 24-26 : Das Besenmariele. (PetiteMarie-des-balais). 2.Jehan du CHARD,Fancheta, 12-20 : Fancheta= ID.,Almanach Cler, 1895. 3. ORSINI, Récitsdela Corse (Cap Corse), 55-57 : Lapatience.
T. 888
LAFEMMEFIDÈLE Aa.Th. TheFaithfulWife. Lemari en esclavage est délivré par sa femme déguisée en pélerin... BOLTE et POLIVKA,Anmerkungen,III, 520, signalent comme particularité de ce conte les strophes qui émaillent le récit en prose et précisent que de tels chants ont fait l'objet de feuilles volantes depuis 1780. Les strophes chantées par l'informateur de la version lorraine sont très proches dela version recueillie par les Grimm—enprovenance dela région de Munster en Westphalie —et reproduite par B.P. pp. 517-519. Onpourra sereporter aussi àEM5, col. 203-207 : Frau, Die treue (W. Williams-Krapp). LISTE DESVERSIONS 1. MERKELBACH-PINCK, Loth. Vm., 150-155 = Loth. erz. I, 224-233 : Rosamunda.
T. 889
LESERVITEURQUIDITVRAI Aa.Th. TheFaithful Servant. (L'analyse donnée par Aarne-Thompson ne conviendrait qu'aux versions scandinaves). - STRAPAROLE, III, 5: Isotte,femmedeLucafer..., cuidantparfinesse, decevoirTravaillin.. Version canadienne : LE P'TIT BŒU Une fois c'était un roi qu'était ben riche ; pis pas vaillant, tout ainsi, et y aimait à rôder avec le pauvre monde comme nous autres. Yavait une manie, c'était d'élever des animaux, mais yinque des beaux par exemple, comme les habitants riches d'par chez nous. Un jour, v'là t'y pas qu'un aut'e roi étranger qui avait une princesse à marier s'en vient en visite. Yvoulait, j'suppose, lui pousser sa fille !Après toutes les cérémonies d'habitude pour ces gens-là, fêtes, fricots, grands bals, ben, tout c'qu'un roi peut faire pour en' r'cevoir un aut' comme y faut, j'sais t'y ?yvoulut lui montrer ses animaux de choix. On part donc pour faire le tour des bâtiments. [...] Les v'là donc arrivés à l'étable ousque le roi gardait ses bœufs. Y'en avait de toutes les plus belles races, soignés, gras, l'poil luisant comme d'la soie, mais yen avait un surtout que le roi aimait mieux que tous les aut'es quoi qu'y fut l'plus p'tit. Ah !son p'tit bœu' au roi, c'était pas drôle ! L'gardien des bœufs s'appelait Tit-Jean. Le roi l'présenta à savisite en disant : - «Mon roi, v'là mon meilleur homme ; c'est fiable, ça a soin d'mes bœufs, numéro un ; yen a jamais pardu un de que'que façon que ça soit ; y'en ajamais eu d'malade, tous ben soignés. Et, pardessus toutes ces qualités-là, ym'a jamais conté d'menteries.J'vous mens pas, yapas moyen de l'faire mentir. »L'autre roi, l'étranger, s' mit à rire là-dessus et, en sortant d'l'étable, ydit —«Faites escuse, si j'ris, sire monroi, qu'y dit, c'est pas pour vous offenser, mais les gens qui nous sarvent, nous aut'es, ya pas à s'y fier pour la vérité ; c'est mon expérience, et des aut'es rois itou. »
Le roi —celui des animaux —y dit : «Ben, sire mon roi, si vous êtes capable de faire conter une menterie à Tit-Jean, j'vous donne j'sais pas quoi !» Alors l'aut' roi y dit : —«J'vas faire une gageure avec vous, qu'i dit : j'vous gage mon royaume cont' le vôtre que j 'frai mentir Tit-Jean. » Le maître de Tit-Jean qui connaissait son homme, était ben sûr de son affaire. —« C'est correct, qu'y dit. Comment c'qui vous faut d'temps pour régler ça ? —Trois jours ? —Ça va, trois jours. —Mais motte là-dessus à Tit-Jean ? —Craignez pas ! On va jouer franc ; pas d'tricherie. Le lend'main, le roi étranger s'en va faire un tour en dehors d'la ville ousque Tit-Jean menait ses animaux à l'herbe. Fait une bonne façon à TitJean. Parle. Jase. Finalement en vient à d'mander pour ach'ter le p'tit bœuf. Comme de juste, Tit-Jean r'fuse. Offre un bon prix. Mais Tit-Jean dit : «J'peux pas vous l'vendre qu'i dit, c'est pas à moé. » —«Ton maître me l'vendra jamais, mais toi tu pourrais arranger une histoire et le roi l'saurait pas, et tu s'rais riche avec l'argent que je te donnerai. »—«Non, pas moyen. Mon maître est trop fin, qu'y dit, y sait ben qu'on peut pas m'prendre son p'tit bœuf comme ça, et pis quand on m'verrait plus tard avec ben d'l'argent, on voudrait savoir ousque j'ai pris ça... Non, mon roi, j'peux pas... » Le roi avait beau essayer de l'amadouer, pas moyen. Voyant qu'il en v'nait pas à bout, il s'en r'tourne en ville, mais il dit : « Ecoute, Tit-Jean, faut pas que tu parles à personne de c'que j't'ai dit là, t'auras affaire à moi. » Le soir, le roi dit à sa visite : « Eh ben, v'là une journée d'faite. Pas d'menterie encore, hein ?» —« C'est bon », dit l'aut'e, «la gageure est pas finie ; j'ai encore deux jours devant moi. » Le lend'main, le roi étranger s'en va encore trouver Tit-Jean. Essaie de toutes façons à l'enjôler pour avoir le p'tit bœuf, mais Tit-Jean était ostiné, pas moyen. Le soir encore, le roi demande : « Eh ben !deux jours de passés, et pas d'mentries de Tit-Jean ? » L'aut'e roi dit :«Attendez, j'ai encore demain et c'est là que ça s'décide. » Y a pas à dire, l'étranger commençait à se démonter ; commençait à avoir lajonglette. Le soir, en disant bonsoir à sa fille, al's'aperçut d'son air. Demande c'qu'il a. « Rien, rien !» —Mais les criatures, vous savez, ont
l'don d'la devine. Avoyait ben qu' son père avait l'air bâdré par que'que chose qui l'bâdrait... Alors, elle s'met après lui, et d'un mot à l'aut'e a finit par lui tirer les vers du nez. «C'est vot' couronne qu'est en jeu, qu'a dit, c'est pas des risées, yfaut qu'on gagne àtout d'reste. Laissez-moi aller voir Tit-Jean demain et j'vas vous l'enjôler ben correct. » Comme de fait, le lendemain, la princesse s'en va trouver Tit-Jean en dehors de la ville, ousque ses animaux étaient à l'herbe. En voyant TitJean :—«Bonjour, m'sieu Tit-Jean. »—«Bonjour, maprincesse. »- «Çava ben ?» - «Çava ben. »- «Vous avez ben des beaux animaux, là, m'sieu Tit-Jean ?» —«Pour sûr, y sont pas des plus pires. »—«C'est parce que c'est vous qui en avez soin. Un aut'e que vous les entretiendrait pas comme ça. » ÇaflattaitTit-Jean ;il enrougissait d'plaisir. Endisantça,aussi, as'frôlait cont'lui, a faisait rien qu'un rond, et lui faisait les yeux doux. —«En v'là un qu'est l'plus beau de tous, »dit-elle en caressant d'la main le p'tit bœu'. «Faut que j'demande au roi qu'i' m'en fasse présent. » —«Sans vous offenser, maprincesse, j'cré pas qu'mon maître, sire le roi, vous l'donne : il ytient trop à son p'tit bœu'. »- «Ah !j'voudrais ben l'a'oir. J'en aurais ben soin par chez nous !... Yaurait pas moyend'arranger ça, m'sieu Tit-Jean ?Vous pourriez pas m'aider ?» En disant ça, a's'collait cont' lui et lui faisait des airs. Tit-Jean était ben embarrassé. Batèche !c'était un' belle criature !Tit-Jean aurait ben voulu lui rendre service, mais l'p'tit bœu', vous y pensez pas !... C'que le roi en aurait fait du train. —«Vendez moé-lé, m'sieu Tit-Jean, j'vas vous donner toute l'argent qn'vous voudrez !» —«Ah ! dit Tit-Jean, vo'père m'a offert ben d'l'argent lui itou pour, mais j'ai r'fusé. Çam'fait encore benplus d'peine devous r'fuser àvous... » —«C'était pour moé qu'mon père voulait l'avoir. Ah !m'sieu Tit-Jean, dites donc qu'oui et j'vous oublierai jamais. »- «J'vas m'faire quer, »dit Tit-Jean embarrassé, «si j'vous l'donne. Vous n'voudriez pas ma mort ? Une belle princesse comme vous doit avoir un bon cœur. Voyons !Ayez piqué d'moé. » S'met après Tit-Jean. Minouche autour de lui. L'enjôle. Enfin, promet d'être sa femme s'il lui donne le p'tit bœu'. A' l'voulait, y'y fallait, voyezvous autrement son père pardait son royaume. —«Vous pourerriez oublier vot' promesse, ma princesse, » dit Tit-
Jean ;«moé j'su pas grand'chose. Sivous voulez être mafemmeet avoir le p'tit bœu', ben... donnez-moé un gage !» Ala fin lui donne un gage et a' s'en va avec le p'tit bœu'. Bon !... Su' l'soir fallait que Tit-Jean ramène ses animaux su' le roi. C'était pu drôle. Yr' doutait la colère du roi ; la tremblette lui prend. Fait un p'tit bout de ch'min. S'arrête. —«Quoi que j'vas dire au roi ?»Plante son baton d'barger en terre ; met son chapeau d'sus et l'salue comme si c'était le roi. «Bonjour !sire mon roi. »—«Bonjour, Tit-Jean. Comment c'que ça été aujourd'hui ?Tit-Jean ?» —«Pas trop mal, sire mon roi. »— «Pis, mes animaux, leur est rien arrivé ?Mais mon p'tît bœu', ous' qu'y est, que j'le vois pas ?» —«Ah !sire mon roi, parlez moé z'en pas : en traversant la p'tite rivière là-bas, l'a manqué l'pied dans le gué et ys'est neyé!» - «Ah !non »s'dit Tit-Jean à lui-même, en r'prenant son chapeau et son baton, «ça f'ra pas ; jamais l'roi créra ça. Lep'tit bœu'était ben qu'trop accoutumé à passer l'gué. Yaurait pas fait d'faux pas !»Marche, marche vers la ville. Un peu plus loin plante encore son baton ; met son chapeau d'sus. —«Bonjour, sire mon roi. »—«Bonjour Tit-Jean. Comment qu'ça été aujourd'hui Tit-Jean ?» —«Pas trop mal, sire mon roi. »—«Pis mes animaux, leur est rien arrivé ? Mais j'vois pas mon p'tit bœu; ous' qu'y est ?» - «Ah !sire mon roi, parlez moé z'en pas : en arrivant au ras l'p'tit bois, là-bas, yest sorti une bande de loups affames et yl'ont dévoré. » «Ah'ben non !»se dit Tit-Jean découragé, reprenant son baton et son chapeau, «c'est pas encore ça. Yen apus d'loups si proche d'la ville, le roi m'créra pas. » Marche, marche... Était pas mal embêté. Après une escousse, s'arrête, plante son baton en terre, met son chapeau d'sus et salue : «Bonjour, sire mon roi. » —«Bonjour, Tit-Jean... —Comment ça été aujourd'hui, TitJean ?» —«Pas trop mal, sire mon roi. »—«Pis mes animaux, leur est rien arrivé ? Mais ousqu'est mon p'tit bœu ! que j'le vois pas ?» —«Ah !sire mon roi, parlez-moi z'en pas !En passant dans l'p'tit bois tout àl'heure, y a une bande de brigands qu'a foncé d'sus et l'a emporté. » «Non, » s'dit Tit-Jean plus découragé encore. «Pas moyen d'faire accrère ça au roi. Y m'dira : ' Mais comment, t'as laissé emporter mon p'tit bœu !sans te battre pour ?Pas une égratignure ?' Quoi, z'y dire ?... » Marche, marche. Le v'là arrivé àla ville. Les deux rois étaient là, pis la princesse 'qui l'attendaient. Tit-Jean dit à son maître : «Bonjour, sire mon roi !» —«Bonjour, TitJean !Comment ça été aujourd'hui, Tit-Jean ?»
—«Pas trop mal, sire mon roi !» —«Pis mes animaux, leur est rien arrivé ? Mais ous' qu'est mon p'tit bœu !Tit-Jean ?»demanda le roi surpris. Tit-Jean envalait tout d'travers, avait la gorge sèche ; savait pas quoi dire. Craignait la colère du roi. Jonglait pour yconter une menterie, mais tout d'un coup, pan !s'décide et déclare toute la vérité au roi. Vous pensez ben qu'le roi était pas content, mais l'aut'e roi était encore plus d'mauvaise humeur :yperdait sagageure et sa fille s'était promis à un barger ; c'était pas drôle pour une princesse !L'avait l'air si démonté que le maître de Tit-Jean s'éclata d'rire. - «Bonguienne, »qu'y dit, «j'ai gagné ma gageure ; j'su' satisfait, mais j'veux pas de vot' royaume, vous pouvez l'garder !» Ça radoucit le roi qui perdait. Le roi à Tit-Jean dit làd'sus : «J'ai pas d'garçon, moé, et comme j'voudrais pas qu'Tit-Jean parte avec la princesse, j'm'en vas l'adopter. Il sera prince itou et pourra mieux s' marier avec elle. »Ça, ça changeait ben les choses. Tout l'mond' était content. Ça fit un' belle noce... Yvécurent longtemps, tous ben heureux... L'p'tit bœu' itou'. (RecueilliparM. RegisRoyquil'avaitentenduraconterparun«hommedecour» chezsongrand'père, à Ottawa, vers 1870) LANCTOT, Canada VI, 228-231 Extrait du commentaire in DELARUE et TENÈZE, C. deFr., 199 : «Ceconte, qui était très connu au MoyenÂge comme exemplum et a figuré dans maint recueil latin et en particulier dans les Gesta Romanorum, apu être emprunté àla tradition. Onle retrouve çàet là enEurope (Danemark, Italie, Islande, Irlande, Catalogne)... La traduction faite en français des Gesta Romanorum en 1521 sous le titre de Violier des histoires romaines contient notre conte : n° 98, p. 265 de la réédition Jannet, faite en 1858 dans la collection de laBibliothèque Elzévirienne. » (Déroulement quelque peu différent des versions modernes et fin tragique.) EM3, col. 650-655 : Diener, Der treue (U. Huse). Extrait : «[...] Le noyau du récit est constitué par les motifs N 25 : Wageron truthfulness of servantetJ 751.1 : Truth the bestpolicy. Il se retrouve à travers 1. TUBACH, Index exemplorum, n° 4321.
l'Europe, enAmériqueCentrale et duSudainsi qu'au Canadafrancophone... La plus grande partie des versions (et singulièrement les versions modernes) suivent un autre schéma que celui de l'analyse Aa.Th.... Un élément central de quasiment toutes les versions est le dialogue du berger (serviteur) avec le bâton fiché en terre... La version de Straparole semble bien représenter la forme typiquement européenne du conte. » LISTE DESVERSIONS 1. ORSINI, Récitsdela Corse(CapCorse), 83-84 : BelGiovanedella Verità. (en fr.). a) LANCTOT, Canada VI, 228-231 : Lep'titbœu. b) DELARUE et TENÈZE, C. de France, Paris 1980, 175-185 : Lepetit bœuf caille. - Québec, Can. c) LEMIEUX, Les vieux m'ont conté, 22, 49-54 (texte remanié), 55-60 (t. original) : Lepetit bœuf blanc.
T. 890
UNELIVREDECHAIR Aa.Th. A Poundof Flesh. Une seule version recensée à laquelle l'analyse de Aa.Th. (La femme déguisée en juge sauve son mari...) ne s'applique pas : elle ne met en scène que le motif J 1161.2 (Literalpleadingfrees manfrompound offlesh contract) commun à tous les groupes de versions de ce conte-type international. Sur ce conte, immortalisé notamment par Le Marchand de Venise de Shakespeare, on pourra consulter :
SCHAMSCHULAEleonore.Apoundofflesh.AStudyofMotifJ11612. inFolkloreandLiterature.Berkeley,1981. ID.DasFleischpfandMotifJ11612. inVolkserzählungundLiteratur. Fabula,Berlin,XXV(1984),277-295. EM4,col.1256-1262:Fleischpfand(Aa.Th.890)(H.Lixfeld). LISTEDESVERSO INS 1M .A .R . .1982(Mél.Ch.Joisten),335:Lejeunehommeetlejuif.(J.Garneret, «Félibourdes».. àDie,Drôme).-Reprispar:JOISTEN,C.DauphinéIII,47-48.
T. 893
Aarne-Thompson indique au T. 893 : The UnreliableFriends (TheHalfFriend) : French 11. En fait toutes ces versions de France n'opposent pas l'homme à ses amis, mais à sa femme ; elles seront donc traitées dans le Catalogue au T. 1381, Le trésor trouvé et la femme bavarde.
LA MÉGÈRE EST APPRIVOISÉE
T. 900
LAPRINCESSEDÉDAIGNEUSECORRIGÉE LEPRINCEBEC-DE-GRIVE Aa.Th. KingThrushbeard. - BASILE, IV, 10 : La superbiapunita (v. titre 1)- GRIMMn° 52 :KönigDrosselbart(v. titre 2). - Uneprincesse dédaigne tous ses prétendants, dont l'un en particulier. Elle est amenée à suivre un homme apparemment de basse condition sociale qui l'a séduite par des objets précieux, ouun mendiant qui abien répondu àune énigme (T. 621). Elle est obligée d'endurer pauvreté, basses besognes, et finalement humiliations dans la demeure mêmeduprétendant qui révèle alors son identité. Sans titre Il y avait des p'tits duchés autrefois, l'Angleterre ainsi que la France. Un jour le roi de France dit à la reine d'Angleterre : «Il faut faire une alliance entre nous deux, marier mon fils avec votre fille. »Elle consent. Le petit prince français accepte, mais la petite princesse anglaise refuse : «Je n'en voudrais pas pour décrotter mes souliers. »Lepetit prince, apprenant ça, se dit :«Moi, prince, être refusé ainsi !Je chercherai un moyen, je vaismemettre compagnonperruquier. »Il fait sonapprentissage en France pendant quelques jours. Puis, connaissant son ouvrage, s'en va en Angleterre. Il s'informe qui était le perruquier coiffeur de la petite princesse ; il s'en va trouver ce perruquier, demande de l'ouvrage, et est accepté. Le patron dit : «Vous allez ce matin coiffer la petite princesse. »Lui consent, yva, la regarde des pieds à la tête. Elle lui dit : —Vous mettez beaucoup de temps à me coiffer. —Oui, mais je veux vous coiffer convenablement. Elle le trouvait à son goût ; elle voit à son doigt un anneau de toute beauté et lui dit :
—Monsieur le coiffeur, vous avez un bel anneau, voulez-vous me le vendre ? —Non, Mademoiselle, il n'est ni à vendre, ni à donner, il est à gagner. —Comment ? —Pour le gagner, il faut que je tâte le bas de votre mollet. —Oh non, Monsieur. —Eh bien, vous ne l'aurez pas. Elle s'en va vers sa gouvernante Marie : —Oh si vous saviez quel bel anneau !Il veut tâter le bas de mon mollet. —À votre place, je n'hésiterais pas, moi. Elle suit ce conseil ; elle y consent. Le petit perruquier lui donne l'anneau. Le lendemain il revient la coiffer avec un plus bel anneau encore : —Oh ! quel bel anneau, vendez le moi. —Non, il est à gagner. —Comment ? —Toucher le genou. Elle s'en va vers sa gouvernante qui lui répond : —Je me laisserais bien toucher les cuisses. La princesse y consent et elle a le second anneau. Le lendemain il revient la coiffer avec un plus bel anneau. —Vendez le moi. —Non, il est à gagner. —Comment ? —Manier les cuisses. Elle va voir Marie : —Oh moi je laisserais bien tout faire. Elle y consent. Il y a un quatrième anneau, cette fois-ci c'était d'agir. Elle se laisse faire. Ça dure quelque temps. Au bout de quelques mois la petite princesse est enceinte et dit au perruquier : —Vous m'avez séduite, mes parents me maltraitent. —Mademoiselle, je ne suis pas riche, mais si vous voulez venir avec moi, nous vivrons comme nous pourrons. —Eh bien, je vous considère comme mon mari, je vais prendre de l'or et de l'argent pour être heureux. Ils partent. Une voiture à quatre chevaux attendait le perruquier à la porte de Paris. On part pour l'Amérique. Arrivés là, elle accouche d'un fils,
dépense beaucoup. Un ou deux ans se passent, tout est mangé, plus de fortune, plus rien. Obligée d'aller mendier ; pas le petit prince qui ne manquait pas d'argent. Il dit à sa femme un jour : —Que faire ?Achetons une petite boîte garnie de papier, crayons, plumes, et voyageons. Ils partent de l'Amérique, mais ça n'allait pas loin. Ils se trouvent passer dans les broussailles et sont mis tout en haillons. On arrive à Paris à force de marcher. Il lui dit : —Nous allons maintenant affermer un fonds de marchand de vin, je suis bon coiffeur, tu vendras du vin et moi je raserai et coifferai. Cela dure un mois. Au bout de quoi ils ont une petite boutique bien montée comme marchand de vin, avec porcelaine, verres, etc. Elle se réjouit, lui rentrait tous les soirs prétendant d'avoir été raser et donnait l'argent le soir à sa femme. Un jour il commande à des soldats d'aller dans cette boutique, de boire, manger, ne pas payer et tout casser la vaisselle et défoncer les tonneaux. Il rentre le soir : —As-tu fait une bonne journée ? Elle se prend à pleurer : —Ah des dragons sont venus, ils ont bu beaucoup et ont tout cassé. —Jemeplaindrai, dit-il, au colonel. Eh bien maintenant changeons de métier. Tel jour il y a un grand dîner au palais du roi, tu vas te mettre décrotteuse, tu iras à l'entrée du palais et tu décrotteras les seigneurs, les princes, qui payeront bien, moi je raserai de mon côté. Ainsi fut fait. Elle s'installe à la porte du palais. Lui avait prévenu les personnages. Il s'en va dans les lieux avec ses grandes bottes, s'enfonce dans l'ordure et va ainsi se faire cirer ses bottes. —Madame, cirez-moi. Elle aeubeaucoup d'ouvrage àle cirer et il lui donnevingt francs. Il lui dit ensuite : —Madame,vous passerez pour manger àla cuisine, onvous donnera à dîner. Elle yva enchantée. La cuisinière était prévenue de mettre un poulet dans sa poche et elle le fait. On crie auvoleur de poulet, elle fut arrêtée et on trouve le poulet sur elle. —Ah voleuse, on va vous pendre. Elle se met à pleurer. On la met dans une chambre et elle attend sa condamnation. Les effets étant préparés dans un salon, on prévient la voleuse de monter à la tribune de condamnation. Elle monte devant le
petitprincequidevaitlacondamner.Enentrantelleaperçoitlepetitprince, son mari, et se jette àson cou : —C'est toi qui mefais tant demisères ! —Oui,c'est moi,tu asditétant princessequetunevoulais pasdupetit princepourdécrotter tes souliers.Tuasdécrottélesmiens aujourd'huitu es mafemme. MsMILLIEN-DELARUE,Nivernais,vers. A EM. 8, col. 148-155 :KönigDrosselbart (I. Köhler-Zülch). Extraits : «Conte-nouvelle, répandu avant tout en Europe, mais connu égalementauProche-Orientet enAmérique,relevantducomplexethématique delamégèreapprivoisée... C'estdansuneattestationécriteduXVIs.qu'apparaissentpour lapremière fois réunis la plupart des traits constitutifs du type Aa.Th. et rassemblés enunmêmepersonnage les figures duprétendant, duvengeuret du seigneur sousapparence d'un pauvre. Il s'agit dela NovellaallaSignoraMadamaBatinaLarcaraSpinoladeLuigiAlamani (14951556), dans laquelle le prétendant éconduit achète, déguisé en marchand debijoux, trois nuits d'amour auprès de la comtesse, qu'il rend enceinte, aveclaquelleil fuit et qu'il contraint àdebasses besognes et mêmeauvol. Le fait que, dans ces trois attestations (celle-ci et deux attestations littéraires plus anciennes), le prétendant est éconduit enraison deses manières de table défectueuses semble indiquer une transmission en milieu aristocratique... L'enrichissement du thème par le motif des trois nuits achetées attesterait selon Philippson uneinfluence jongleresque ;le récit remonteraitàuneépoquepréaristocratique... Larédactionreprésentéepar les versions recueillies depuis le XIXs. deAa.Th. 900 s'est très probablementdéveloppée dans la partie occidentale, latinisée, del'Europe. Près de 100 ans après Alamanni le récit se retrouve modifié non pas dans sa composition, mais nettement dans sa thèse, dans une version de Basile (4,10) :il estmaintenantceluidelapunitiondel'orgueil,Lasuperbia punita. La plupart des variantes des XIX-XXs. illustrent ce motif fondamental... Philippson considère que le motif des nuits d'amour achetées, 1. Cette réplique finale du prétendant, qui répond à celle, initiale, de la princesse dédaigneuse, se retrouverait, selon K. KROHN (Übersicht über einige Resultate der Märchenforschung, Helsinki, 1931, FFC 96, p.148) dans des versions «allant de la Bretagne à l'Ukraine ». 2. E. PHILIPPSON, DerMärchentypvonKönigDrosselbart. Greifswald, 1923 (FFC 50)
expression dumépris médiévalpour la femme, aété déterminant pour le développement du conte-type. Selonle critère del'acquisition dela princesse on peut établir deux groupes : dans l'un la protagoniste s'éprend, par delà toutes les barrières sociales, du prétendant déguisé en serviteur, dansl'autre c'estleroiquicontraintlaprincesseaumariageavecunhomme du rang social le plus bas... Certaines variantes sont contaminées avec des contes demariage dépendant dela solution d'une devinette, tel particulièrement leT. 621. Enunelarge diffusion sporadique apparaîtle «motif stylistique »des questions dela princesse sur le propriétaire des prés etc., un épisode mobile qui seretrouve aussi dans des versions duT. 545, Lechat botté Il est admis qu'il s'agit dans ce conte d'un récit d'apprentissage empreint des conceptions chrétiennes del'humilité. » Remarques concernant nos versions : - Laversion-type nivernaise, avec son prétendant déguisé en perruquieret sonmotif destrois nuits d'amourachetées,estbienreprésentative de cette relativement petite partie des versions constituant proprement le T.900.Laforte majorité desversions introduites parleT. 621,Lapeaude pou, est d'une tonalité très différente :non seulementlalogique dudéguisement du prince et de l'humiliation de la princesse est incertaine, mais aussi,avecla sériederéponses culminant sur celle de«lapeaudepou»en début de récit, et la série de questions de la princesse sur le propriétaire des prés etc. en fin (un «motif stylistique »que ne connaissent guère les versions françaises dupremiergroupe),touscescontesintroduits parleT. 621 apparaissent stylistiquement très différents des autres :là où ceux-ci sont très narratifs (cf. v.t.), ils apparaissent, avecleurs dialogues énumératifs, bien plus «fixés », et, aurais-je tendance à ajouter, plus frustes. On constatera qu'en Nivernais les deux groupes coexistent. -L'influence delaversion des Grimmest manifeste surles versions 2 et 8. 3. A. de FÉLICE, Étude comparative d'un motif stylistique international intervenant dans des contes populaires de types différents. Internationaler Kongress der Volkserzählungsforscherin KielundKopenhagen (1959). Berlin, 1961, 84-97. 4. Àpropos du T. 621, Stith THOMPSON, The Folktale, 155, constate que si celui-ci existe bien comme conte autonome, il peut aussi servir d'introduction aux T. 425 B, Cupid and Psyche, T. 900, T. 955, Le voleur fiancé. - Cf. aussi ci-dessus T. 884, v. Vinson.
LISTE DESVERSIONS 1. COSQUIN, C. Lor., II, 98-101, n° 44 : Laprincesse d'Angleterre. 2. LaTraditionXXI (1907), 106-170 et 208 :LeroiBecdeGrive. (E. Blémont). 3-7. MsMILLIEN-DELARUE, Nivernais : Lepou dansla tabatière etlafille orgueileusepunie. (T. 621 + T. 900). Cf. aussi Catal. II, p. 532, T. 621 : 5vers. nivernaises 8. ID., ib.[L'orgueilleuseprincessepunie]. Vers. A. 9. ID., ib. L'orgueilleuseprincessepunie. Vers. B. 10. ID., ib. Le roi deFrance etla reined'Angleterre. 11. ID., ib. Leprince deFrance etlaprincessed'Autriche. 12. CADIC, Bret. III (éd. 1999), 97-103, n° 79 : Leprince Becde Grive = Paroisse bret., février 1928. 13. SÉBILLOT, C. Hte-Bret., 1, 156-161, n° 23 :La dédaigneusepunie = ID., ib., (éd. 1998), 161-166. 14. MsHAVARD,Ille-et-Vil., 472-76 : Contedelafilleduroietduchaudronnier. (Intr. par T. 621 - Cf. Catal. II, p. 532). 15. R.T.P. XXII (1907), 114-119 :Lepou.—Loire inf. (Intr. par T. 621 - Cf. Catal. II, p. 532). 16. R.T.P.XIII (1898), 399-401 :Lepou. (L.DESAIVRE,C.poitevins(DeuxSèvres)). (Intr. par T. 621 - Cf. Catal. II, p. 532). 17. R.T.P. XII (1897), 538-540 : Le roideFrance (Plantadis, Limousin). 18. MsA. de FÉLICE, Monsireigne (Vendée) = MsAtp 45.271, 134-136, n° 20=Märchendereurop. Völker1962, 99-102 :MonsieurdeMontanville. (Intr. par T. 621, Cf. Catal. II, 532). 19.A.T.P. I (1953), 111-112 :MonsieurdeMontanville (G. Massignon, Vendée). (Intr. par T. 621 - Cf. Catal. II, p. 533). 20. MsG. MASSIGNON, Ouest1960 :LeComteSimicomte. (Intr. par T. 621 - Cf. Catal. II, p. 533). 21. MASSIGNON, Deboucheàoreilles, 207-210, n° 30 :LecomtedemesComtes= ID., FolktalesofFrance, 114-116 : TheComtedemesComtes.-Vienne. (Intr. par T. 621 - Cf. Catal. II, 533, v. 16). 22. PINTUREAUet VALIÈRE,Parolesd'oretd'argent, 59-66 :Lepetitpeillerin. (Intr. par T. 621). 23. LAVERGNE, C. del'Issoire, 80-84 : C. duSeigneurdes Tourettes. (Conte composite : éléments T. 621, T. 900, T. 990). 24. LACHAPELLE D'APCHIER, C. Marianne, 36-60 : Trotte, trotte, tu ne saispas quitemène. (Intr. par T. 621 - Cf. Catal. II, p. 533).
25. POURRAT, C.Bûcheronne, 81-91 :Lafille duroietsongalant. (Intr. par T. 621 - Cf. Catal. II, p. 533) = POURRAT et BRICOUT, C. duLivradois, 102-106 : Le conte delafille duroi dontlemanchonfutfait delapeau d'unpou etdesongalant, M. deBréville. 26. Ms SEIGNOLLE, C. GuyenneIII : Histoire d'uneprincesse. —Dordogne. (Intr. par T. 621 - Cf. Catal. II, p. 533). 27. DARDY,Albret, II, (éd. 1891), 256-261, (éd. 1984) 328-335, n° 67 : Le princefrançais etlaprincesseanglaise. 28. R.T.P. XXII (1907), 321-323 : La dédaigneuse corrigée. (J. Filippi, C. de l'Ile de Corse). a) LEMIEUX, Les vieuxm'ont conté, 23, 127-144 (texte remanié), 145-167 (t. original) : LePrince Chéri.
T. 901
LAMÉGÈREAPPRIVOISÉE Aa.Th. Tamingof the Shrew. La plus jeune de trois sœurs est une mégère. Le mari tue son chien et son cheval qui ont désobéi. Il obtient que sa femme soit soumise. Pari : quelle est la femme la plus obéissante ? Apparaît dans la littérature française du MoyenÂge comme fabliau et comme farce. Cf. : - Fabliaux et contes despoètesfrançais des XI et XIV s., publiés par BARBAZAN. Nouv. éd. par M.MÉON,T. IV, Paris, 1808, 365-386, Dela MaleDame.. -Ancienthéâtrefrançois.. par VIOLLET LEDUC,T. II, Paris, 1854, 3549, Farce nouvelle fort joyeuse du pont aux asgnes... LADAME CORRIGÉE Il yavait, une fois, une dame si méchante, si méchante, qu'elle avait, en trois ans, fait mourir trois maris de chagrin. Cette dame se remaria encore une fois. Après la messe, les mariés montèrent à cheval, et partirent pour leur château. Le mari, qui avait entendu parler de la méchanceté de sa femme, profita du voyage pour lui donner une leçon. Il avait amené unpetit chien ; mais cet animal nevoulait pas suivre son maître. Que fait alors celui-ci ?Il arme un pistolet, et casse la tête au petit chien. —«Tenez, Madame. Portez en croupe la charogne de ce petit chien, qui n'a pas voulu m'obéir. » La dame, épouvantée, prit en croupe la charogne du petit chien, et ils se remirent en chemin. Au bout de trois lieues, ils arrivèrent au bord de la rivière du Gers, qu'il leur fallait traverser àgué. Mais le cheval de la dame ne voulait pas. Il
ruait, et hennissait de tout son pouvoir. Que fait alors le mari ? Il arme un autre pistolet, et casse la tête au cheval. - «Tenez, Madame. Prenez sur votre dos, la selle de ce cheval, qui n'a pas voulu m'obéir. » La dame, épouvantée, prit la selle sur son dos ; et ils se remirent en chemin. A l'entrée de la nuit, ils étaient dans leur château. —«Valet, dit le mari, apporte-moi un bassin d'eau chaude. » Le valet obéit. - «Madame, ôtez-moi mes bottes, et lavez-moi les pieds. » La dame, épouvantée, ôta les bottes et lava les pieds de son mari. —«Maintenant, Madame, c'est à mon tour de vous servir. N'oubliez jamais que je serai pour vous ce que vous serez pour moi. » La dame comprit la leçon ; et, depuis, elle fut toujours soumise à son mari. (Dictépar Elie Rizon, duPergain-Taillac (Gers)) BLADÉ, C. Gasc. III, 287-288 LISTE DESVERSIONS 1. BLADÉ, Gascogne, III, 287-288 : La dame corrigée.
LES BONS PRÉCEPTES
T. 910
BONSCONSEILSACHETÉSOUDONNÉS Aa.Th. Precepts Bought or Given Prove Correct. —910 A: Wise through Expérience. —910 B: TheServant's GoodCounsels. Les titres et la délimitation ici suivis des contes-types 910Aet910B sont ceux proposés et justifiés par la thèse de Jean-Pierre PICHETTE : L'observancedesconseilsdumaître. Monographieinternationale duconte-type910 B précédéed'une introduction au cycledes bonsconseils (A.T. 910-915). Sainte Foy, 1991 (Les Archives de Folklore 25) : alors que le héros méprise les conseils reçus dans le T. 910 A, il les suit fidèlement dans le T. 910 B. C'est ainsi l'organisation générale des récits, basée sur l'usage que le héros fait des conseils reçus, et non des agencements particuliers de conseils, qui est déterminante pour la classification. Ce qui représente une nette clarification par rapport aux titres et analyses Aa.Th.
T. 910A LE MÉPRIS DES CONSEILS DU PÈRE MOURANT Unpère mourant fait trois recommandations à son fils. Le fils les méprisesystématiquementetessuieplusieursrevers.Letournantdurécit estliégénéralementauconseildenepasconfierdesecretàsafemme. Voir: Jean-PierrePICHETTE,Lo' bservancedesconseilsdumaître.SteFoy,1991, 7-23. Cf.notammenttrois versionslittéraires anciennes : -STRAPAROLE,FacétieusesNuits,I, 1:UnhommenomméSalard,se partantdeGènes,vintàMonferrat,oùil désobéitàtrois commandemens dupère, ordonnez par son testament, et estant condamnéàla mort, fut délivré etretourna aupaïs. -LATOURLANDRY,Geoffreyde.LelivreduchevalierdelaTourLandry pourle'nseignementdesesfilles. Ed. par A. de Montaiglon, Paris, P.Jannet, 1854,128:Cyparledestrois enseignemensqueCathondistàCathonnet sonfils. - LesCentNouvelesNouvelespubliées par Thomas Wright. Paris, P. Jannet, 1857,II, 8-15:52nouvelle.Lestrois monuments. LISTE DES VERSIONS
1.LUZEL,C.RetrouvésII, 41-54:Lesconseilsd'unpèremourant =Mélusine, III (1886-1887),col. 529-537. (Partagedesconseils- ici aunombre desept—avecchacunedestrois versionslittéraires citées). 2. LUZEL, C. RetrouvésII, 363-367:PatriceRoland, oulesseptconseilsdu' n pèremourantàsonfils. 3.DIVANACH,N. c.Meunierbreton,7-11 :Lestroisconseilsdupère.
T. 910 B
LO ' BSERVANCEDESCONSEILSDUMAÎTRE Unhomme pauvre quitte sa famille pour améliorer sa fortune et entre au service d'un maître dont il obtiendra, au terme de son engagement, trois conseils, ou il achète les conseils : en règle générale le premier concerne le chemin (oules compagnons de route) àsuivre, le secondla discrétion face àce qu'il peutvoir, le troisième la colère àremettre aulendemain. Il suit les conseils et s'en trouve bien. : LES TROIS CONSEILS DU DEVIN Un homme, à qui rien ne réussissait, prit le parti d'aller chercher fortune dehors, en laissant au village sa femme et ses enfants. Mais avant de se mettre en route il alla consulter un devin. Le devin lui dit : «Ne quitte jamais la grande route pour les chemins de traverse. Quoi que tu voies ou entendes dans la maison d'autrui, ne te montre pas curieux. N'écoute pas le premier mouvement de la colère, et ne te venge que lorsque tu seras calmé. En suivant ces trois conseils, tu ne peux manquer de faire fortune. » L'homme s'en alla bien loin, bien loin, et resta absent de longues années. Mais la mauvaise chance le suivait partout et il reprit le chemin de sa maison aussi pauvre que devant. Sur la route il rejoignit trois jeunes gens qui retournaient au pays sans avoir rencontré la fortune mieux que lui. À un certain endroit, ces trois jeunes gens prirent un sentier qui conduisait à l'auberge ; l'homme continuaàsuivre lagrande route. Lesvoyageurs convinrent que celui qui arriverait le premier ferait préparer le dîner et que le dernier arrivé le paierait. L'homme arriva le premier, fit préparer le dîner, attendit une heure, deux heures en vain et finit par se mettre à table. Cependant un courrier apporta la nouvelle que les trois jeunes gens avaient été tués par les voleurs. L'homme remercia en son coeur le devin de son bon conseil. L'hôte ne lui réclama que sa part du dîner, vu la circonstance.
Un soir il arriva à un beau château. Il était fatigué et affamé, et voulait, coûte que coûte, un lit et un souper. Le maître du château le reçut, et l'homme fut épouvanté de voir qu'il avait deux têtes, trois yeux et des jambes d'acier. Mais, se rappelant le conseil du devin, il ne témoigna aucune surprise. Le châtelain dressa la table et disposa trois couverts. Mais il ne mit que deux verres et remplaça le troisième par un crâne humain. Puis il ouvrit une grande armoire d'où sortit une dame d'une grande beauté. La dame alla s'asseoir devant le couvert au crâne, et le crâne lui servait de verre à boire. L'homme regarda tout ce manège sans rien dire et ne parut occupé que de satisfaire son appétit. Le dîner terminé, le châtelain renferma la dame dans l'armoire et conduisit son hôte dans une chambre à coucher. Le lit était bon, mais l'homme ydormit mal. Le déjeuner se passa comme le souper de la veille, et l'homme ne dit mot. Et quand ce fut fini, il demanda ce qu'il devait. Le châtelain lui répondit : « Homme rare !Nul ne t'accusera d'indiscrétion ; car tu n'as fait aucune question sur ce que tu as vu chez moi. Bien t'en a pris ; car la mort aurait puni ta curiosité, comme il est arrivé à d'autres avant toi. (Et en même temps il lui montrait une chambre dont le plancher était couvert de cadavres). Ecoute maintenant : cette dame que tu as vue est ma femme, et elle m'a trompé. J'ai tué l'ami qui m'avait trahi, et j'ai fait de son crâne une coupe à boire. Jusqu'à ce qu'elle meure, elle n'en aura pas d'autre, ni d'autre logis que cette armoire. Va maintenant en paix ; tu ne me dois rien ». L'homme ne se le fit pas dire deux fois et s'en alla bien content. Il marcha tant qu'il arriva enfin à son village, aussi pauvre que lorsqu'il en était sorti et plus vieux de dix ans. Pour obtenir quelques renseignements, il entra dans une auberge voisine de sa maison, où il s'attabla à côté de la fenêtre. La fenêtre de sa propre maison était ouverte et le vagabond y vit sa femme conversant avec un jeune abbé qu'elle ne craignait pas d'embrasser sans s'occuper des passants. La jalousie fit bouillonner son sang et il saisit dans sa poche un pistolet pour tuer celle qu'il jugeait coupable. Tout à coup le dernier conseil du devin lui revint en esprit. Il remit le pistolet dans sa poche, et appela l'aubergiste. « Qu'est-ce donc que cette femme et cet abbé qui se caressent ainsi devant le monde ? —Ami, ils en ont bien le droit, car c'est la mère et le fils. Il y a longtemps que le père les a quittés pour chercher fortune, et il n'a jamais songé
àleur donner de ses nouvelles. La femme, à force de travail, a élevé honorablement ses enfants et voilà que son aîné, qui est prêtre ordonné, lui est arrivé tout à l'heure. Ils n'ont plus rien à craindre de la misère et vous voyez qu'ils ont lieu de se réjouir. » En entendant cela, l'homme tout transporté se leva et courut chez lui. Et il fut reçu par les siens, tout comme s'il leur avait apporté une fortune, avec toutes les fêtes possibles. Il raconta toutes ses misères et les conseils du devin, grâce auquel il avait été empêché de faire un mauvais coup. Et le devin avait eu raison,puisqu'il trouvait enfin la fortune. (RécitdeJeanBidat, âgéde78ans) CERQUAND,Lég.p. basque, IV, 125-127 J.-P. Pichette, pour le T. 910B, est porté à croire «que le récit des trois conseils se serait élaboré progressivement à partir d'épisodes autonomes qui auraient été ultérieurement réunis dans un cadre synthétique plus ou moins rapproché de celui que nous connaissons aujourd'hui ».Hypothèse, commeil le reconnaît, logique et séduisante, mais cependant non certaine. On trouvera pp. 185-225 la présentation d'une cinquantaine d'attestations antérieures au XIXs., de récits mono-épisodiques aux contes multi-épisodiques unifiés autour d'un personnage central. C'est ici qu'à propos de l'épisode de «la maison de la tête de mort »apparaissent des références littéraires anciennes au T. 992, Lecœurmangé(cf. ci-après En conclusion : - L'auteur insiste sur «la très nette différence entre la tradition européenne qui semble relativement stable depuis plusieurs siècles et la tradition orientale qui manque d'uniformité et montre peu de versions anciennes », soit ainsi une «européanisation »du conte-type ; reconnaît«lavigueur dela tradition française transplantée au Canada,plus riche et mieux conservée ici que dans son pays d'origine ». LISTE DESVERSIONS 1. PETERS, M. ausLoth., 20-30 : DreiSprüche. 2. Ms MILLLIEN-DELARUE, Nivernais : Les bonspréceptes. 3. ID., ib. : Lemarchandd'avis. Vers. A. 1. Et au T. 992 A: La punition delafemmeadultère. Notamment : Violier deshistoires romaines, n°54, et Marguerite de Navarre, L'Héptaméron, 3 nouvelle.
4. ID., ib. : LeMarchandd'avis. Vers. B. (Publié dans Paris-Centre, 5 février 1909). 5. ID., ib. : Lestrois conseils. Vers. A. 6. ID., ib. : Lestrois conseils. Vers. B. 7. MILLIEN et DELARUE, RécitsduNivernais(Amognes), 69-71 :L'écrivain. 8. LUZEL, Lég. chré., II, 193-200 : La michedepain. (Avec T. 470). 9. R.T.P. XXVII (1912), 160 :LesprésentsdesKorrigans(Frison, C. et lég. de Basse-Bret.). 10. CADIC, C. et lég. de Bret., 3e série, 1906, 35-41 = ID, Bret. III (éd. 1999)105-110, n° 80 = Paroisse bret., janv. 1905. 11. CADIC, Métiers, 244-252 : Cequ'on apprenden voyageant= ID, Bret. III (éd. 1999), 111-118, n° 81 : Les aventures deMataù Lanlire = Paroisse bret., juin 1911. 12. Ms HAVARD,Ille-et-Vil, 151 : Le contedemettresa colèreau lendemain = LE CRAVER, Pleine-Fougères, 142-144 (c.i.) 145-146 (t.i.) et 147-148 (t.é.), n° 17 : Le contederemettresa colèreau lendemain. 13. PELEN, RécitsdesCévennes(ValléedesGardons), 63-64 :Leconseil=Arm. Leng. 1878, 51-52. 14. FABRE-VASSAS,AdrienneSoulié, 58-67 :Lestroisconseils = Brèvesn° 4, Villelongue d'Aude, Atelier du Gué, 95-102. 15. MISTRAL, Frédéric. Lis isclo d'or (Les Iles d'or). Ed. critique parJean Boutière. Paris, Didier, 1970 (1876), vol. 2, 982-992, n° 7: Li tres conseu. Lestrois conseils. 16. ORTOLI, Corse, 118-123 : L'aubergedesfils dudiable. 17. SALVADORI,L'âmecorse,II, 50-57 :Lestrois conseilsdusageoulO ' dyssée dePetru-Antone. 18. MASSIGNON, C. corses, 140-142, n° 62 : Lestrois conseils. 19. ORSINI, Récitsdela Corse (Cap Corse), 67-69 : Les trois conseils. 20. CERQUAND, Lég.p. basque, IV, 125-127, n° 110 : Les trois conseils du devin. - Texte basque 189-190. Repris par : BIDART, Récits du Pays basque (BasseNavarre), 99-101. 21. POURRAT, Trésordesc., XI, 7-17 : Le contedestroisparoles.. Pour les vers. canadiennes, voir : PICHETTE,Jean-Pierre. L'observancedesconseilsdumaître. Monographieinternationaleduconte-typeA.T. 910B.. Sainte-Foy (Québec, Can.), 1991,14 (910 A), 68-103 (910B).
T. 915 B
LESDEUXSŒURS, LACOURAGEUSEETLAPARESSEUSE Cf. Aa.Th. 915 :AllDepends onHowYouTakeIt (Tout dépend de l'interprétation). «Les deux demi-sœurs se marient. La fille de la seconde femme suit àlalettre les préceptes de samère ;sa demi-sœur s'en tient aux conseils qu'elle a reçus de son père. Quand elles viennent leur rendre visite, leurs parents trouvent que tout va mal pour la première, alors que tout va bien pour la seconde. » Version du Poitou : LES DEUX SŒURS Je me rappelle que quand j'étais petite, mamère meracontait le conte des deux sœurs. Ces deux sœurs étaient vraiment très différentes, bien qu'ayant été élevées par la même mamanet avecles mêmes principes. Une s'appelait Marmeau, c'était l'aînée, et l'autre Joséphine, sa cadette qu'on appelaitdes fois Cendrillon-bonne-à-rien, parcequ'elle aimaitbien semettre aucoin du feu et gratter les cendres avec un tison et elle était toujours sale. Quant àsa sœur, elle était toujours propre, elle trouvait toujours du travail à faire. Ces deux sœurs n'avaient pas une grande différence [d'âge] ; elles ont donc grandi ensemble. Alors, un jour, quand elles ont été grandes, leur maman les a installées chacune chez elle, ces deux filles, dans un village opposé l'une de l'autre. Commedot elle leur adonné àchacune les mêmes choses. Et surtout beaucoup de recommandations, que voici : —Mes enfants, vous ne laisserez pas rouiller l'aiguille que j'ai piquée sur votre manche. Vous ne ferez pas perdre votre salive, ni votre eau de vaisselle, ni votre bourrier. Et dans un an je viendrai vous voir toutes les deux.Je verrai ce qu'vous aurez fait de mes conseils.
Alors, après un an, la maman est d'abord allée chez sa fille aînée Marmeau. Elle est rentrée dans une cour de ferme bien propre ;yavaitdes oies bien grasses qui se promenaient en compagnie des poules, des canards et des coqs ; basse-cour bien remplie. Mais la maman n'avait pas annoncé savisite à ses filles, n'est-ce-pas c'était une visite imprévue. Alors elle entre dans la maison. C'était à peu près à l'heure du repas, quand même une demi heure avant. Marmeau était là, en train de préparer son déjeuner. Alors tout de suite elle a ouvert les bras : —Ah ma mère, que j'suis heureuse de vous revoir ! —Et moi aussi, ma fille, je vois que tu te portes bien. —Alors comme vous arrivez à l'heure du repas, j'vas faire l'omelette plus grosse et puis on va mettre un peu plus de jambon. Marmeau avait un beaujambon fumé dans sacheminée, alors elle était pas en peine. Elles ont mangé toutes les deux, et après la maman lui dit : —Mafille, tu vas memontrer comme tu as bien travaillé depuis un an. —Avec plaisir, mamère ! —D'abord thi qu't'as fait d'ton aiguille, qu'y avais mis su ton bras ? —Ah, ma mère, yen a cassé mointe dépi. —Et thi qu't'as fait d' ta salive ? Marmeau aouvert son armoire ;yavait une belle pièce d'touèle. (Alors comme elle savait filer, elle avait usé de ce talent). —Thi qu't'as fait d'ton eau d'vaisselle ? —Ah, mamère, v'nez donc vouère dans l'téaux gorets. Vous yvoirez dau biâ naurrains. Mais yen ai déjà élevé tout piein d'aut' qui sont vendus. —Et thi qu't' as fait d'ton bourrier ? —Ah,monbourrier, ol aservi àfumerl'champ qu'est derrièrelamésan ; r'gardez donc mon biâ bié qu'est bin tout bon à couper. —C'est bien, ma fille, j'suis bien contente de toi. Continue à travailler d'même, et tu f'ras daux affaires. Aurevoir.J't' invite àv'ni mevoir dimanche prochain. Maintenant i va aller voir ta sœurJoséphine. Alors la mère remonte dans son char-à-bancs ; elle arrive chez sa fille Joséphine. Elle n'a pas eu une aussi belle impression de propreté en rentrant dans la cour. Alors elle a frappé à la porte. Elle a entendu une voix qui disait : —Qui qu'est là ? —C'est moi, ta mère, qui vins t'voir comme j't'l' avais promis. —Vous pouviez pas v'nir plus toût, dépi l'temps qu'i vous attends. I sais s'ment pas si vous pourrez rentrer. I' ai d'la peine à ouvri la porte.
La mère est quand même parvenue à rentrer. - Et pourquoi donc, qu'on peut pas ouvri la porte ? —Ah, ma mère, ol est mon bourrier, qu' vous m'avez dit d'pas faire perdre ; dépi l'temps, o fait in gros mouassiâ. - Bon, et thi qu' t'as fait d'ton eau d'vaisselle ? —Moneau devaisselle, i l'ai gardée pendant in temps, mais quand tous mes véssiâ avant été pieins, ol abin fallu qu'i l'a jette d'vant la porte. (C'est ça qu' c'était si sale, cette eau grasse !), i en ai core dan(s) une chaudière si v'v'lez la voir. —Bon, et ta salive, qu'en as-tu fait ? —Ah ma salive, ol est grand temps qu' vous v'niez. I cré bin qu'elle arait fini par m'empouésounner. J'ai toujours craché dans la même éthielle qu' vous voyez. —Et ton adjuille ?Thi qu' alle est d'venue ? —Alle est rouillée dans mamanche. I peux s'ment pas la sorti. —Bon, ma fille, tu vindras m'voir si tu veux dimanche prochain ; ta sœur Marmeauvindra yelle-tou. Alors le dimanche suivant Marmeau était prête de bonne heure ;elle a fait sa belle toilette, elle a attelé sa jument blanche, elle est partie chez sa mère. Et tout l'monde lui a fait fête, enla voyant arriver auvillage avec son bel attelage, sa jument blanche, et puis toujours son air si propre et si fier. Samère lui a dit : - Àla bonne heure, mafille, t'es pas en retard, tu vas m'aider à préparer l'déjeûner. Àmidi,Joséphine était pas encore rendue. On commençaitàdésespérer de la voir venir, quand tout d'in coup on entendit tous les chins du village qui jappiont. —Et thi qu'o ya, thi qu'o peut bin avoir d'arrivé ? Alors voilà. Pendant que Marmeau était partie avec son bel attelage, la pauv'Joséphine se d'mandait bin comment qu'elle allait s'habiller pour aller voir sa mère. Elle avait poué d'robe à s'mett'e. Tout d'in coup, alle a songé qu'a pourrait s'en faire yune avec daux feuilles de choux. Alle les a attachées avecdaux épines. Et commealle avait qu'une cheubecomme toute fortune, a s'nourrissait que d'son lait et d'ses fromages. Alors alle a pensé que pour aller pus vite, a mont'rait à ch'vau su sa cheube. Alle arait meux fait d'y aller à pieds. La cheube s'était jamais vue à pareille fête. C'était un vrai régal pour elle que d'brouter la robe qu'était faite en feuilles de choux. Joséphine avait bin dit :
- Aïe ! ma cheube ! ma mère m'attend ! Aïe ma cheube !, ma mère m'attend ! La cheube mordait core inegoulée, pis a s'sauvait en l'avalant. Alors en arrivant sur la chaumedu village, tous les chins s'sont mis a courir après thielle cheube. Alors pour leur échapper, alle a été s'foute dan(s) in foussé oùyavait core de l'eau. Alors tous les drôles du village, qu'aviont entendu japper les chins étiont déjà rendus pour voir thi qu'o yavait. —Ah !aha !c'est laJoséphine, dans quelle tenue !Ah quel équipage ! Et pis i' riaient tous en s'moquant d'elle. Et quand la pauv' mamanest arrivée avec sa fille Marmeau pour voir l' spectacle, eh bin, elles ont pas eu envie de rire, elles pleuraient bien de honte. Et la pauv'Joséphine aussi. Et ce n'est que ce jour-là qu'elle a compris la valeur du travail, et qu'elle s'est corrigée de sa paresse. Mais je crois qu'elle est jamais d'venue aussi bonne ménagère comme l'autre. ELLENBERGER, Vienne, 115-117 P.Delarue présentait ainsi, dans le commentaire de laversion Perbosc, «le T. 915 Bde mon catalogue des contes français, Les deuxsœurs, connu seulement dans le sud-ouest de la France, non classé dans Aa.Th., mais rappelant le T. 915, Toutdépenddelafaçondontonleprend, signalé en Finlande et Danemark (Motif 1.551.1 du Motif-Indexde Stith Thompson). » Cependant autant la nouvelle édition (1961) de l'Aa.Th. que l'article de l'EM (1981) incluent les versions françaises dans l'analyse du T. 915. EM3, col. 118-190 : Cumgranosalis (R. Wehse). Extraits : «Conte-nouvelle faisant partie du groupe : The GoodPrecepts (Aa.Th. 910-915). Le conte n'a pas encore été étudié, n'est que faiblement attesté, aucun texte n'étant antérieur au XIXsiècle, et représenté surtout par des matériaux archivistiques difficilement accessibles. Laplupart des versions proviennent du Danemark. Le matériel recensé ne permet ainsi aucune allégation quant àl'âge ou l'origine. Cependant il s'agit incontestablement d'un conte-type particulier, sedétachant de façon caractéristique des autres exemples de contes aux conseils énigmatiques. Le critère de la bonne indexation n'est pas la nature exacte des conseils —il yaici fréquemmentdes déplacements (Requisitverschiebungen) —,mais la structure non méconnaissable dans toute l'aire de répartition de la succession des motifs.... »
LISTEDESVERSIONS 1. ELLENBERGER, Vienne.A.T.P. VIII (1960), 115-117, n° 1: Lesdeux sœurs= DELARUE et TENÈZE, C. deFrance, 19-24. 2. MASSIGNON,Deboucheàoreilles,217-219,n° 32 :Souillon= ID.,Folktales of France, 120-121 : Souillon. - Vienne. 3. ROBERT et VALIÈRE, Récits duPoitou (P. méridional), 67-69 : Les deux filles. 4. PINTUREAU et VALIÈRE, Paroles d'or et d'argent, 171-173 : Les deux sœurs. 5.ROCHE,C.limousins, 162-168 :LaCendreuseetlaFourdière.—LoCendrouèro. 6. PERBOSC, Gascogne,9-13, n° 2 :LesMargolisettes. (T. 915BavecT. 327). 7. Ms G. MASSIGNON, Corse 1955 : La sœurpropre etla sœursale.
ACTIONS ET PAROLES RUSÉES
T. 921
LEFILS SUBTILDUPAYSAN Aa.Th. TheKingandthePeasant'sSon(Le roi et le fils dupaysan). Réponses habiles du jeune homme aux questions du roi (un homme et demi et une tête de cheval, etc.). LES RÉPONSES DE L'ENFANT C'était un monsieur qui allait àla ferme pour se faire payer salocation. En arrivant là-haut, àla ferme, il ne trouve qu'un gamin, le fils du fermier. Alors, il lui dit : —Et qu'est-ce que tu fais, petit ? —Je regarde les allants et les tournants. —Et ton père, où il est, petit ? —Monpère, monsieur, d'un diable est allé en faire deux. —Et ta mère ? —Mamère, monsieur, est allée retourner le pain que nous avionsmangé la semaine passée. —Et ton frère ? —Mon frère, monsieur, ce qu'il peut tuer tue, et ce qu'il ne peut pas tuer retourne. —Et ta soeur ? —Masœur, monsieur, pleure les rires de l'an passé. Le monsieur, ne pouvant rien tirer de cegosse, s'en retourne. En chemin, il rencontre le père. Alors il lui dit : —Je viens de la ferme, mais je ne suis pas enchanté des réponses que m'a fait votre petit. Alors il lui dit : —Sipourtant vous vouliez lui faire dire cequ'il avoulu medire, je vous donne la ferme de cette année.
Le père, enchanté de cette réponse, lui dit, au monsieur : —Venez, monsieur, venez ; si mon fils n'a pas bien parlé je le reprendrai. Enfin, arrivé à la ferme, le père dit au fils : —Qu'est-ce que tu as dit au monsieur ? Alors le monsieur dit : - Je t'ai demandé ce que tu faisais. - Oui, monsieur, je faisais cuire des haricots, les haricots vont et viennent dans la marmite. Je t'ai demandé où était ton père ; tu m'as dit que d'un diable il était — allé en faire deux. —Il était allé emprunter de l'argent pour vous payer vous, monsieur. —Alors je t'ai demandé où était ta mère, tu m'as dit qu'elle était allée retourner le pain de la semaine passée. (Eh oui, dans les campagnes, quand on n'a pas de pain, onva chez les voisins, on se le prête et on se le rend.) —La semaine passée nous n'avions pas de pain, elle est allée retourner le pain que nous avions emprunté. —Eh bé, et ton frère ? —Et mon frère, monsieur, il ades poux ; alors tous les jours il valà-bas aupied d'un buisson ; ce qu'il peut tuer, il le tue, et cequ'il peut pas tuer, il retourne. —Eh bé, ta soeur ? —Je vous ai dit qu'elle pleurait les rires de l'an passé. L'année passée elle a bien ri, elle s'est bien amusée, et maintenant elle attend un bébé, et elle pleure, elle souffre. Ça a pas été si malin que ça !Il a gagné sa ferme. Le monsieur était content de savoir ce qu'il voulait dire, ce gosse, et le père encore plus, va ! (Contéenfévrier 1952parMmeEugénie Vollaire, 72ans, à Gap, quitenaitle contedesonpère, natif deSigottier, Htes-Alpes). JOISTEN, C. Dauphiné, II, 24-25 EM8, col. 157-160 : König und kluger Knabe (WF. Nicolaisen). Extraits : «T. 921 témoigne de liens étroits e.a. avec T. 921 A: Focus, 922 : Le roi et l'abbé, et tout particulièrement avec T. 875, La fille subtile du paysan. Cf. Jan de Vries : DieMärchen vonklugen Rätsellösern. Eine vergleichende
Untersuchung. Helsinki, 1928 (FFC 73). La subtilité du garçon se manifeste avant tout dans le fait qu'à des questions simples il ne donne pas les réponses simples attendues, mais voile les faits dans ses réparties de telle sorte que le roi est incapable de les déchiffrer... Alors que les questions et leurs étranges réponses constituent fondamentalement le T. 921, le motif de la venue sous conditions est probablement emprunté au T. 875... La conclusion de DeVries est que «ces deux récits s'équivalent dans la consciencepopulaire :làoùl'un était préféré, l'autre était généralement écarté » ... Il est probablement juste de restreindre le T. 921 aux questions concernant les membres de la famille et aux réponses énigmatiques qui leur sont faites, puisqu'il apparaît ainsi défini avec précision et délimité par rapport à d'autres contes-types... La subtilité du fils du paysan consiste à ébranler l'assurance du questionneur qui lui est supérieur tant par l'âge que par la position sociale. » LISTE DESVERSIONS 1. Mélusine, I (1877-1878), col. 279-280 : Les aventures d'unpetitgarçon (H. Carnoy). - Somme. (1 partie ; suite autre). 2. RomaniaVIII (1879), 253 : L'enfantetle curé. (H. Carnoy, Contes, petites légendes... rec. àWarloy-Baillon, Somme). 3. MERKELBACH-Pinck, Loth. Vm., 46-48 : VomSchuhmacherle. (Du petit cordonnier). (1 partie). 4. COSQUIN, C. Lor., II, 124-127, n° 49 : Blancpied. (Fin du conte). 5. LUZEL, C. inédits I, 149-152, n° 4 : L'enfant qui trompa le diable. (1 partie). Cf. C. inéditsIII, 234-239 (avec texte breton). 6. ID., C. Retrouvés II, 117-129 : Fanch Scouarnec. (1e partie) = Mélusine, I (1877-1978), col. 465-475. 7. R.T.P. XXVII (1912), 133-135 : Lepetit malin. (H. Genet, C. et lég. de Basse-Bret.). (1 partie). 1. Cf. aussiJ. de Vries, p. 318-319 (trad) :«... Il existait depuis longtemps un récit sur les réponses d'un enfant subtil àdes questions concernant l'absence de ses parents. L'enfant était tantôt une fille..., tantôt un garçon, comme dans la légende de Salomon et Marcolphe, que nous pouvons suivre en remontant jusqu'au XII s., mais qui était certainement plus ancienne et provenait d'Orient. La tradition européenne est placée entièrement sous l'influence de cette légende de Salomon. »
8. CADIC, C. et lég. de Bret., 3 série, Aurillac, 1905 = ID, Bret. III (éd. 1999), 119-124, n°82 : Le recteur et lejeunepâtour —Paroisse bret., mai 1905 (Fin du conte). 9. Ms. G. MASSIGNON, B.-Bret. : Legarçon avisé. (le partie). 10. SÉBILLOT,Lit. or. Haute-Bret., 137-141, n° VII :Leprêtrequin'apas de chance. (Fin du conte). 11. MsGIBERT, Cantal:Lepatron quivientdemanderlefermage.—Ocet trad. 12. CÉNAC-MONCAUT : Lit. or. Gasc., 90-101 :Juan-le-Fainéant. (1 partie). 13. BLADÉ, Gascogne,III, 5-11 :Jeanleparesseux. (1 partie). Texte occitan : ID., Armagnac, 14-17 :Joan louPigre. 14.Rev.L Rom.XXI (1884),70-71 :Réponsesénigmatiques.Dialogué. (Fesquet, Monographie dusous-dialecte languedocien du canton dela Salle Saint-Pierre, Gard). - Repris par :PELEN, C. enCévennes,501-503, n° 129a :Même titre. 15. Alm. delaMontagne 1922, 31 = MsAtp 62.79, 20 :Jantonpaie sonmaître avecdesvérités. 16. Folklore (Aude), 179 (1980), 17-23 : Le boçut—Le bossu. (D. Baudreu, Pauligne et Ajac, Aude). (1 partie). 17. COULOMB et CASTELL, La barque.. duMtLozère, 174-176, n° 46 : D'un diableanarn'ifar unantre—D'un diableallerenfaire unautre. 18.JOISTEN, C. DauphinéII, 24-25, n° 77.1 : Les réponsesdel'enfant. 19.M.A.R. 1982 (Mél.Ch.Joisten), 330-332 :L'enfantetleprêteur (J.Garneret, «Félibourdes »... à Die, Drôme). —Repris par :JOISTEN, C. DauphinéIII, 44-45. 20. Armanaprouv.. 1891 = MISTRAL,Nouv.pr. Alm., 266-269 :A l'escolodi Grihet. —À l'écoledesgrillons = MISTRAL, C.provençaux, 317-318.
T. 921 A
LH ' OMMEQUIGAGNEPEU, PAIESESDETTESETSE ' NRICHIT Aa.Th. TheFourCoins (Focus) (Les quatre pièces de monnaie...) LE JOURNALIER
:
Il y avait une fois un roi qui se promenait le long d'un champ. Un pauvre journalier était en train de bêcher dans ce champ. —Adieu, l'homme, dit le roi. L'autre releva la tête : —Bonjour, monsieur, dit-il, sans reconnaître le roi. —Et que fais-tu là ? —Eh ! comme vous le voyez, je pioche la terre, répondit l'autre. Le métier de piocheur est dur et il faut attraper de bonnes suées pour gagner sa vie... —Mais, dit le roi, combien gagnes-tu par jour à piocher la terre ? —Mon Dieu, monsieur, dit l'autre, je suis journalier et je travaille la terre des autres. Ce que je gagne varie selon les jours : une fois vingt sous, une autre fois quinze. Mais, certains jours, je ne puis travailler, car on ne medonne pas d'ouvrage, et je ne gagne rien. —Et, de cette façon, tu parviens à vivre ? —Oh !quant à vivre, je vis, dit l'autre. Et même je fais mieux. Il me faut vivre, faire vivre, payer mes dettes, placer de l'argent à intérêt, et encore j'en ai à jeter. —Oh !Oh !Te moques-tu de moi ?s'écria le roi. —Sûrement pas, monsieur. Dieu megarde d'une telle pensée ! —Eh bien, mon ami, dit le roi, je voudrais savoir comment tu t'arranges pour vivre, faire vivre, payerdes dettes et placer de l'argent avec quinze sous par jour...
—Oh !Monsieur, ce serabientôt fait, dit le journalier. L'un dans l'autre, chaque jour apporte son pain. Et je vis. —Bien !dit le roi. Mais tu fais vivre également ? —Certes !Mafemme est malade ; elle ne peut pas travailler. Je la fais vivre elle aussi. —Et les dettes, si tu en contractes, comment trouves-tu le moyen de les payer ? —Les dettes ? Mon père et ma mère sont vieux, et ne peuvent plus travailler. Eux aussi, je les fais vivre. Mais quand j'étais jeune et que je n'avais pas la force de travailler, c'est eux qui me faisaient vivre. Ainsi je paie mes dettes. —C'est fort bien, dit le roi. Mais dis-moi ce que tu entends par placer de l'argent à intérêt. —Bon !J'ai un fils qui est encore au berceau. Il ne travaille pas encore, et cependant je le fais vivre. Mais lorsque je serai vieux, que je ne pourrai plus travailler, c'est lui qui me fera vivre, ainsi que je fais pour mes père et mère. Cela, c'est placer de l'argent àintérêt. —Et l'argent qui reste pour le jeter, qu'est-ce donc ? —Monsieur, dit le travailleur de terre, j'ai aussi une fille. Elle est encore jeune et petite, elle ne travaille pas. Mais, quand elle sera grande et de force àtravailler, elle fera commeles autres :elle trouvera unparti et elle s'en ira. Et moi, je n'en aurai rien. Ce sera pour moi de l'argent jeté. Croisi-croisé, Mon conte est achevé. (Contéle31 mars 1878parJeanSaubesty, d'Ichoux) ARNAUDIN, Grande-Lande (éd. 1994), 200-201 EM 4, col. 1394-1397 : Focus : Teilung des Brotes oder Goldes (A. Dömötör). Extraits : «Le récit comprend trois parties : (1) Un seigneur demande àun paysan (artisan) comment il répartit son gain ; (2) celui-ci fait une réponse symbolique, (3) qu'il élucide à la demande du questionneur.... L'attestation européenne la plus ancienne se trouve dans les GestaRomanorum Le récit bénéficie d'une large diffusion en Europe. 1. Cf. Violierdeshistoires romaines...,128-133, n° 55 ; NICOLAS DE TROYES, Le Grand Parangon des Nouvelles Nouvelles.. publié pour la première fois... par Emile Mabille,
On peut distinguer deux rédactions selon qu'il s'agit de partage du pain —particulièrement dans des versions orientales ainsi que dans des attestations européennes des XVII et XVIII s. - ou du partage d'argent cette deuxième forme née très certainement sous l'influence des Gesta Romanorumet de leurs dérivés. Cf. Tubach, Indexexemplorum, n° 2105. » On pourra se reporter aussi au commentaire de Kurt RANKE in JOISTEN, C. DauphinéIII, 249-250. LISTE DESVERSIONS 1. Ms MILLIEN-DELARUE, Nivernais : Payerses dettes etplacer del'argent. (Arrangé par Millien dans Etrennes nivernaises, 1895, 91-92.) 2. Arm. Louzèro (1908), 23 = REMIZE (éd. BUFFIÈRE), C. Gévaudan I, 288-89 : Lou reieloupeyson. —Le roietlepaysan. 3. ARNAUDIN, GrandeLande, II (éd. 1967), 222-225, n° 22 :Lejournalier. -Loujournalé= ID., ib. (éd. 1994), 200-201, n° 33. 4. LAMBERT, C. Languedoc., 47-50, n° 8: Le carbounier. - Le charbonnier = Rev. L. Rom. XXXI (1887), 565 (Montel et Lambert, Ariège) Texte oc. et trad. fr. 5. ID., ib., 147, n° 31 : Lou cantounié. —Le cantonnier. 6.JOISTEN, C. DauphinéII, 26, n° 78. 1: Vingtsousparjour = TENÈZE et HÜLLEN, France-Allemagne, 119-120, n° 23. 7. ID., ib., 26-27, n° 78.2 : Lemonsieurricheetlecantonnier. 8. M.A.R. 1982 (Mél. Ch.Joisten), 332-334. Le conte du charbonnier dans un bois. (J. GARNERET, «Félibourdes »... à Die, Drôme). - Repris par :JOISTEN, C. DauphinéIII, 45-46.
Bruxelles, 1866, 121-124. - Pour une autre version littéraire intéressante, voir Sieur d'OUVILLE, L'élite des contes. Réimprimé sur l'éd. de Rouen 1680... par G. Brunet, Paris, 1883, II, 151-156 : D'un païsan qui confondoit la doctrine des plus sçavans. Ce texte combine le T. 921 Aavec le T. 922 B: TheKing'sFaceonthe Coin, pour lequel on pourra consulter : EM 8, col. 165-167 : König auf der Münze (A. Dömötör).
T. 922
' BBÉ LEROIETLA Aa.Th. TheShepherdSubstitutingforthePriestAnswerstheKing'sQuestions. Leberger se substitue àl'abbé pour répondre auxquestions duroi. L'Abbé sans souci. L'ABBÉ SANS-SOUCI
:
1)Il était une fois unprêtre qui avait del'argent et 99moulins ;comme il était sans gêne, on l'appelait l'abbé Sans-Souci : 2) Leroi lui ordonna devenir àson château et de lui dire combien pèse la terre, ce que valait le roi et ce qu'il pensait. Sans-Souci était bien marri ; le lendemain un de ses meuniers promit de le tirer d'affaire, s'il voulait lui donner son moulin. 3) Le meunier prit l'habit de Sans-Souci, et vint trouver le roi qui lui demanda combien pesait la terre. —Sire, ôtez les pierres qui sont dessus, et je vous le dirai. —Dis moi ce que je vaux. —Le bon Dieu a été vendu 30 deniers, en vous mettant à 29, je ne vous fais pas tort. —Dis-moi ce que je pense ?—Vous pensez parler à l'abbé Sans-Souci, et vous parlez àl'un de ses meuniers. (Conteur: Isidore Poulain, dePluduno, 1881) R.T.P. IX (1894), 282 EM7, col. 845-852 : Kaiser und Abt (W.F. H. Nicolaisen). Extraits : «Walter Anderson analyse dans son importante monographie (1923) près de 600 variantes écrites et orales. Bien que de nombreuses versions, particulièrement de tradition orale, s'y soient ajoutées depuis, son schéma 1. Walter ANDERSON : Kaiser undAbt. Die Geschichte eines Schwanks.. Helsinki, 1923 (FFC 42).
classificatoire et ses conclusions restent valables... A. était d'avis que ce conte-type pouvait être apparu vers la fin du VII siècle dans une communauté juive du Proche Orient. Il en concluait que les versions les plus anciennes des questions et des réponses provenaient d'un contexte biblique... Il estimait que la rédaction la plus ancienne parvint au plus tard au XIII s., portée par des croisés français, dans le Sud de la France et en Haute-Allemagne ainsi que par la suite dans toute l'Europe occidentale. Dans les 4/5 des variantes analysées par A., le questionneur est un seigneur laïque... Dans tous les cas le questionneur est détenteur du pouvoir sur celui qu'il interroge... Il est remarquable que dans les 2/3 des cas le questionné est un ecclésiastique. Celui qui prend sa place est quasi toujours quelqu'un d'humble condition ; dans 1/4 des cas berger ; ... parfois le frère ou le demi-frère du questionné. A. a déterminé seize questions principales... Les onze premières exigent que le questionné mesure ou compte une chose qui n'est ni mesurable ni comptable... Le questionné mène les questions ad absurdum. Les trois ou quatre dernières questions apparaissentincontestablement commeles plus difficiles et sont ainsi presque toujours présentes àla fin de la triple interrogation. «Qu'est-ce que je pense ?»,vu le motif de la tromperie (sur la personne de l'interrogé) permet au récit de culminer de façon à la fois étonnante et satisfaisante... Ce qui s'est cristallisé au cours des siècles dans ce récit est avant tout une lutte de pouvoir entre puissance temporelle et puissance ecclésiastique ». Quelques remarques additives concernant les versions de France : - dans une dizaine de versions (et les quatre versions canadiennes) l'abbé (...) somméde répondre aux questions embarrassantes sedénomme lui-même «sans souci »,voire s'est signalé àl'attention de son antagoniste par une telle inscription à sa demeure ; ce qui correspond sensiblement à l'indication de W.A. : sur 474 versions étudiées par lui, 201 (soit 42,4%) présentent ce trait ; un trait relativement récent puisque non attesté jusqu'au début du XVIII siècle : il apparaît pour la première fois dans un recueil d'anecdotes flamand de la première moitié du XVIII siècle ; - dans un assez grand nombre de versions l'opposition roi/abbé fait place àcelle évêque/curé, ce qui fondamentalement ne change rien, si l'on veut bien se souvenir, avec René Nelli, que les anecdotes plaisantes sur les curés traduisent «une sorte de sympathie malicieuse pour les pauvres cu-
rés de villages et l'intention... de les opposer aux grands prélats fastueux de l'Ancien Régime en les attirant dans le camp des non privilégiés » : - le T. 875 est mentionné par W.A. (p. 353) en tout premier lieu parmi les contes avec lesquels il a pu yavoir contamination ; dans au moins six versions apparaît ainsi, avant l'épreuve des questions, celle des conditions apparemment impossibles de la venue (ni nu ni habillé...). Parmi les très nombreuses versions littéraires françaises citées relevons : NICOLAS de TROYES, GrandParangondesnouvellesnouvelles, 1536, n°36 = 1869, 177-180, n° 40 : D'ung seigneur qui par force vouloit avoir la terre d'ung abbé, s'il ne luy donnoit responce de trois choses qu'il demandoit, laquelle il fit parle moyende son mounier (cf. K. KASPRZYK, Nicolas de Troyes et legenre narratif..., 93-103). —Farce du meunier et du gentilhomme, 1628, cf. PETIT deJULLEVILLE, Théâtre comiquefrançais, 1886,179 ss. - Sieur d'OUVILLE, L'Elite descontes, 1703,1, 296 = 1883,1, 184-187 : D'un seigneur de village et de son meunier. Ces versions littéraires appartiennent à ce que W.A. dénomme «l'ancienne rédaction française »,apparue peut-être aux environs de 1500, probablement en France et caractérisée par les trois questions : Où est le milieu dela terre ?Combien est-ce que jevaux ?Qu'est-ce que je pense ?Les versions françaises des XVI XVII et XVIII siècles relèvent sans exception de cette rédaction. CequeW.A. appelle «la nouvelle rédaction française », caractérisée par l'adjonction aux trois questions ci-dessus de celle : Combien pèse la lune ? semble s'être développée aux environs de 1850. Puis, aux XIXet XXsiècles les versions se diversifient.Je note que sila question finale : Qu'est-ce que je pense ? est quasi obligatoirement présente partout, celle : Qu'est-ce que je vaux ?avec sa réponse par rapport aux trente deniers comme prix du Christ manque rarement. Àsignaler aussi : Lutz RÖHRICH, Erzählungen.. I, Der Kaiser und der Abt, 146-172 (textes) et 281-287 (commentaire).
2. Folklore, Revue d'ethnographie méridionale, t. XVIII, n° 117, 1965, p. 2.
LISTE DESVERSIONS 1. DEULIN, C. buv. deBière, 170-175 : Lesmuscadesdela Guerliche. 2. R.T.P. VI (1891), 482-483 : L'abbéSans-souci. (L. Morin). —Champagne, rég. de Troyes. 3. MERKELBACH-PINCK,Loth. Vm. 144-146 :SchäfersWeisheit(Sagesse de berger) = ID. Dtsche Vm. 110. 4. MERKELBACH-PINCK,Loth. Vm., 52 : OhneSorje (Sans-souci). - St. Louis. 5. Ms MILLIEN-DELARUE, Nivernais : Lestrois questionsdu roi. 6. ID., ib. :L'abbéSans-Souci. Vers. A.—Rédigé et développé par Millien, cf. ci-après vers. 10. 7. ID., ib. : L'abbéSans-Souci. Vers. B. 8. ID., ib. : Uncharretierdébiteur. 9. ID., ib. : Les réponsesaviséesau roi. 10. ID., Rev.duNivernais, IX (1904), 18 :L'abbéSans-souci = DROUILLET, F/. Niv. Morvan, VI, 129-131. 11. VERRIER et ONILLON, Glos. Anjou, II, 375-376, n° 194 : Conte du vieuxtemps. 12. LUZEL, C. Basse-Bret., III, 370-378 : L'abbéSans-Souci = ID., ib., (éd. 1996), 255-260. 13. LAVENOT, P. de Vannes, 44-47 : Grillon. (Se poursuit par T. 1641). 14. R.T.P. IX (1894), 282 : L'abbéSans-Souci (P. Sébillot, C.-du-N.). 15. R.T.P. IX (1894), 283 : Le seigneur Sans-Souci (Sébillot, C. d. N.) = SÉBILLOT,Joy. hist., 174-175, n° 46 : LeseigneurSans-Souci. 16. R.T.P. XVIII (1903), 363 : LefermierSansSouci(F. Duine, Hte-Bret.). 17. PINEAU, C. Poitou, 237-242 : L'abbésans-soins. 18. ROBERT et VALIÈRE, Récits du Poitou (P. méridional), 80-81 : Le seigneuretsonpaysan. 19. POURRATet BRICOUT, C. duLivradois, 238 : LaguerlicheetleMailleur sanssouci. 20. TANTE BASILINE, Lég. quercynoises.., Saint Céré (Lot) (1970), 3139 : Commentlemeunierd'Estresse devintchevalier. 21. DARDY,Albret, II, (éd. 1891), 208-213, (éd. 1984), 272-275, n° 55 : L'abésquéetlou moulié. -L'évêque etlemeunier. 3. Cette «composition française »d'une écolière de douze ans et demi est sans conteste redevable à la v. 1 (Deulin).
22. ARNAUDIN, GrandeLande, II (éd. 1967), 216-221, n° 21 : Le roi etle noble. -Lou reyélounobble = ID., ib. (éd. 1994), 202-205, n° 34. 23. CÉNAC-MONCAUT, C. Gasc., 50-56 : Lemeunieretlemarquis. 24. BLADÉ, Gascogne, III, 297 et 300 (var.) : L'évêqueetlemeunier. 25. LESPY,Prov. BéarnI,102-105, n° 10 :L'abesqueetloumoulié. -L'évêqueet lemeunier. 26. Folklore (Aude), 111 (1963) 12-14 : Lepaisan ele senho (Lepaysan et le seigneur). - (U. Gibert, Corbières). 27. ROUQUIER, C. à la volée, 160-163 : L'archiprêtre. 28. PELEN, C. en Cévennerurale, 884-85, n° 134 : Le subtil curérépondaux questions de l'évêque. - Repris par : PELEN, C. en Cévennes, 639-640, n°176 a: Même titre. 29. Arm.prouv.. 1874, 33 : Lesquatre questions = MISTRAL,Pros.Alm., 7481 : Li quatre questioun. —Les quatre questions = MISTRAL, C.provençaux, 39-42. 30. VINSON, F. L. basque, 106-109 : Lecuré. 31. CERQUAND, Lég.p. basque, IV, 121-124, n° 108 : Leprince etlemoine. Texte basque : 187-188. 32. R.T.P. XXXIII (1918), 171-172 : Lesquatre questions. - (S. Trébucq, C. basques). a) BARBEAU, Canada VII, 105-107, n° 5: LemeunierSans-Souci. b) S. MARIE-URSULE,Lavalois, 254, n° 20 : LemeunierSans-Souci. c) LEMIEUX, Les vieuxm'ontconté, 2, 65-66 (texte remanié), 67-68 (t. original) : LemeunierSans-Souci. d) ID., ib., 10, 45-48 (texte remanié), 49-53 (t. original) : L'habitant SansSouci.
T. 923
AIMÉCOMMELESEL Aa.Th. Lovelike Salt. La plus jeune des trois filles dit qu'elle aime son père comme le sel. Le père malade est chassé etc. Suite par épisodes du cycle Cendrillon/Peau d'Ane (T. 510 A/B). Version de Gascogne : LAGARDEUSE DE DINDONS Il yavait, une fois, un roi qui aimait beaucoup le sel. Ce roi était veuf, et avait trois filles à marier. Il avait aussi un valet, avisé comme il n'y en a guère. Unjour que ce valet était occupé àpétrir, dans le fournil, le roi vint le trouver, et lui dit : [.. ] «—Valet, j'ai trois filles à marier. Je suis vieux, et je ne veux plus être roi. Quand tu auras fini de pétrir, va me quérir le notaire. Je veux me réduire à une pension, et partager mon bien entre mes trois filles. —Maître, àvotre place je ne ferais pas cela. —Pourquoi, valet ? —Maître, celui qui n'a plus rien est bien vite méprisé. Avotre place, je garderais materre, et je doterais mes filles raisonnablement, le jour de leur mariage. —Valet, mes filles m'aiment. Je ne crains rien. —Maître, mettez-les à l'épreuve, avant de vous décider. » Leroi monta dans sa chambre, et commanda qu'on yfit venir ses trois filles. —M'aimes-tu ?dit-il à l'aînée. —Père, je vous aime plus que tout au monde. —Bien. Et toi, ma cadette, m'aimes-tu ? —Père, je vous aime plus que tout au monde. —Bien. Et toi, ma dernière, m'aimes-tu ?
—Père, je vous aime autant que vous aimez le sel. —Méchante langue !Tu insultes ton père. Rentre dans ta chambre, et attends-y que j'aie décidé ce qu'il faut faire de toi. La fille dernière rentra dans sa chambre. Alors, ses deux sœurs dirent àleur père : —Notre sœur vous a insulté. Elle mérite la mort. —Mes filles elle mourra. Mais vous autres, vous m'aimez, et vous ne tarderez pas à recevoir votre récompense. Attendez-moi ici. » Leroi redescendit au fournil, oùle valet pétrissait toujours, et lui conta ce qui venait de se passer. «—Maintenant, valet, l'épreuve est faite. Vamequérir le notaire, pour qu'il partage materre entre mesdeux filles aînées, et le bourreau pour qu'il fasse mourir madernière. —Maître, les paroles sont des femelles ; mais les actes sont des mâles. Votre épreuve n'est pas bonne. Àvotre place, je jugerais mes filles sur ce qu'elles feront, et non pas sur ce qu'elles ont dit. —Tais-toi, valet. Tune sais pas ce que tu dis. Tais-toi, ou je t'assomme de coups de bâton. » Quand le valet vit le roi brandir son bâton, il fit semblant de changer d'avis. «—Eh bien, maître, j'ai tort. Vous parlez comme un livre. Faites à votre volonté.Je vais aller quérir le notaire, et je veux servir moi-même de bourreau àvotre dernière fille.Je la mènerai dans un bois, je la tuerai, et je vous rapporterai sa langue. [...] » Donc le valet alla quérir le notaire. Le roi maria ses deux filles aînées sur-le-champ, et donna la moitié de sa terre à chacune d'elles. —«Notaire, dit-il, je meréserve, pendant toute mavie, d'aller vivre six mois chez ma fille aînée, et six mois chez la seconde. Ne manque pas de marquer cela sur ton papier. » Maisle notaire avait reçu secrètement de l'argent des deux filles aînées, et il ne marqua pas sur son papier ce que le roi s'était réservé. «—Maître, dit le valet, Dieu veuille que ce qui est fait soit bien fait. Maintenant, je vais mener votre dernière fille dans un bois, pour lui faire passer le goût du pain, et vous rapporter sa langue. —Pars, valet. Quand tu seras revenu, je te récompenserai. » Le valet alla chercher une chaîne, et la passa au cou de la pauvre fille. Cela fait, il prit son sabre, et siffla sa chienne.
«—Allons, insolente !Allons, malheureuse !Tu n'as pas longtemps à vivre. Recommande ton âme au Bon Dieu, àla sainte Vierge Marie et aux saints. » Ainsi cria le valet, tant qu'il fut àmême d'être entendu par le roi. Mais dans le bois, ce fut autre chose. «—Demoiselle, n'ayez pas peur.J'ai fait tout ceci pour vous sauver du bourreau. Vos chemises et vos plus belles hardes sont dans mabesace.J'y ai mis aussi des habits de paysanne que vous allez revêtir tout de suite. Avant de melouer comme valet chez votre père, j'ai servi dans le château d'un autre roi. Sa femme ne me refusera pas de vous prendre, comme gardeuse de dindons. Là, vous serez bien cachée. » En effet, le valet amena la fille du roi dans ce château. La reine la prit à son service, comme gardeuse de dindons, et lui donna son logement dans une chambrette, sous un escalier. Cela fait, le valet revint chez son maître. En traversant le bois, il tira son sabre, tua sa chienne, et lui arracha la langue. «—Maître, j'ai tué votre fille, et je vous rapporte sa langue. —Valet, je suis content de toi. Voilà cent louis d'or pour ta peine. —Cent louis d'or, maître !Ce n'est pas assez pour un pareil travail. —Eh bien, valet, en voilà cent autres. —Et vous, mesdames, ne medonnerez-vous rien, pour avoir tué votre sœur, et pour vous avoir rapporté sa langue ? —Valet, nous te donnerons chacune autant que notre père. —Merci, maître. Merci, mesdames. » Le lendemain, les deux filles aînées appelèrent chacune son mari, et s'en allèrent trouver le roi. «—Père, vous n'êtes plus ici chez vous. La partie droite de ce château appartient àvotre fille aînée, et la gauche à la cadette. Allez-vous-en. —Méchantes filles, vous me payez mal tout le bien que je vous ai fait. M'en aller, je ne veux pas. Le papier du notaire me donne droit, pendant toute mavie, d'aller vivre six mois chez ma fille aînée, et six mois chez la cadette. —«Parle papier. Tais-toi langue. »—Le notaire n'a pas marqué cela sur son papier. —Le notaire est aussi canaille que vous. —Allons, leste !Dehors, ou gare les chiens. » Le pauvre roi sortit du château. Sur le pas de la porte, il rencontra le valet.
«- Où allez-vous, maître ? —Jem'en vais à la volonté de Dieu. Ce château n'est plus le mien. Mes filles et mes gendres m'en ont chassé. Valet, pourquoi m'as-tu si mal conseillé, quand je voulais partager ma terre entre mes filles ? —Maître, je vous ai dit : « Éprouvez-les. » Vous avez cru aux paroles qui sont des femelles, tandis que les actes sont des mâles, et vous avez agi à votre tête. Mais ce qui est fait est fait, et le regret ne sert de rien. Attendez-moi là. Je reviens. Nous allons partir ensemble. [...] j'ai de quoi vivre pour nous deux. [...] » Au bout de sept jours de voyage, ils arrivèrent dans un pays, où ils trouvèrent en vente une petite métairie, avec une maison de maître. Le valet l'acheta, et la paya comptant avec l'argent volé, et avec les louis d'or qu'il avait reçus pour sa peine, quand on croyait qu'il avait fait mourir la dernière fille du roi. —«Maître, cette petite métairie est la vôtre. Buvez, mangez, chassez, promenez-vous, tandis que je travaillerai les champs et les vignes. —Merci valet. Il y a force maîtres qui ne te valent pas. » Pendant que tout cela se passait, la dernière fille, que son père croyait morte, demeurait toujours, comme gardeuse de dindons, dans le château du roi où le valet l'avait placée. Ce roi avait un fils si fort, si hardi, si beau garçon, que toutes les filles du pays en tombaient amoureuses. La gardeuse de dindons fit comme les autres ; mais il ne la regardait même pas. —«Mal appris, pensait-elle souvent, je te forcerai bien à me regarder. » Le temps du carnaval arriva. Chaque soir, après souper, le fils du roi s'habillait de neuf, et montait à cheval, pour s'en aller danser, jusqu'au lendemain matin, dans les châteaux du voisinage. Que fit la gardeuse de dindons ? Pendant la veillée, elle se dit malade, et fit semblant d'aller se coucher. Mais elle descendit secrètement à l'écurie, sella et brida un cheval, et lui donna double picotin d'avoine. Ensuite, elle remonta dans sa chambre, ouvrit la besace où étaient les hardes qu'elle avait rapportées de chez son père. [...] Elle [...] mit une belle robe couleur du ciel, redescendit à l'écurie, sauta sur son cheval, et partit au galop pour le château où le fils du roi s'en était allé danser. Quand elle entra dans le bal, les joueurs de vielle et de violon cessèrent de jouer, les danseurs de danser, et tous les invités disaient : —« Quelle est cette belle demoiselle ?» Enfin, les joueurs de vielle et de violon recommencèrent leur musique, et le fils du roi prit la jeune fille par la main, pour la mener à la danse.
Mais, au premier coup de minuit, elle laissa son danseur en plan, sauta sur son cheval, et repartit au galop. Le lendemain, elle s'en alla garder les dindons, comme de coutume, et le fils du roi, qui la rencontra, en allant à la chasse, pensa : —« C'est étonnant comme cette jeune paysanne ressemble à la belle demoiselle que j'ai vue au bal, la nuit passée. » [2 épisode avec robe couleur de lune, 3 avec robe couleur de soleil]. En s'échappant, elle perdit, dans le bal, son petit soulier rouge du pied droit. Depuis le premier jour où la jeune fille avait paru dans le bal, le fils du roi en était devenu si amoureux, si amoureux, qu'il en avait perdu le boire et le manger. Il ramassa le petit soulier rouge, et le fit essayer aux demoiselles du bal. Mais toutes avaient le pied trop grand pour le chausser. Alors, il mit le petit soulier rouge dans sa poche, et s'en revint au château de son père. —«Père, je suis tombé amoureux d'une jeune fille qui a perdu ce petit soulier rouge dans le bal. Si vous ne me la donnez pas en mariage, vous serez cause d'un grand malheur. Je m'en irai loin, bien loin, me rendre moine, dans un pays d'où je ne reviendrai jamais, jamais. » [...] —Eh bien, va me chercher le tambour de la commune. » Le jeune homme obéit. —«Tambour, voici cent pistoles. Va-t'en crier partout que la demoiselle qui pourra chausser ce petit soulier rouge sera la femme de mon fils. » Le tambour partit, et cria partout, comme il en avait reçu l'ordre. Pendant trois jours, le château du roi fut plein de demoiselles, qui venaient pour essayer le petit soulier rouge. Mais aucune ne pouvait le chausser. La gardeuse de dindons les regardait faire, et riait de tout son cœur. —«A ton tour, gardeuse de dindons, dit le fils du roi. —Vous n'y pensez pas, monsieur. Je ne suis qu'une pauvre petite paysanne. Comment voulez-vous que je fasse ce que n'ont pu faire toutes ces belles demoiselles ? —Allons ! Allons ! criaient les demoiselles. Faites approcher cette insolente qui se moquait de nous tout-à-l'heure. Si elle ne peut chausser le petit soulier rouge, qu'elle soit fouettée jusqu'au sang. » La gardeuse de dindons s'approcha, en faisant semblant d'avoir peur et de pleurer. Du premier coup, elle chaussa le petit soulier rouge. —«Et maintenant, dit-elle, attendez-moi tous. » Elle alla s'enfermer dans sa chambrette, et revint, un moment après, chaussée de rouge des deux pieds, vêtue de sa robe couleur du soleil.
—«Mie, dit le roi, il faut que tu épouses mon fils. —Roi, je l'épouserai quand il aura le consentement de mon père. En attendant, je veux toujours garder vos dindons. » Alors, le roi et son fils se trouvèrent bien embarrassés. Pendant que tout cela se passait, l'autre roi, chassé par ses deux filles, demeurait toujours, avec son valet, dans sa petite métairie. Vingt fois par jour, il disait : —«Mes deux filles aînées sont des carognes, et mes gendres de mauvais sujets. Si j'avais madernière enfant, elle metiendrait compagnie, tout en me filant des chemises, et en rapiéçant mes habits. Valet, pourquoi l'astu tuée ?Pourquoi m'as-tu rapporté sa langue ? —Maître, c'est vous qui mel'avez commandé. —Alors, valet, j'ai eu tort de te le commander. Toi, tu as eu tort de m'obéir. —Excusez, maître.Je n'ai pas eu tort, parce que je ne vous ai pas obéi. Votre dernière fille n'est pas morte.Je l'ai placée dans le château d'un autre roi, comme gardeuse de dindons. Ce que vous avez pris pour sa langue, était la langue de machienne. —Tant mieux, valet. Nous allons partir sur-le-champ, pour chercher la pauvrette, et la ramener ici. » Ils partirent tous deux sur-le-champ, et sept jours après ils arrivèrent au château du roi. —«Bonjour, roi. —Bonjour mes amis. Qu'y a-t-il pour votre service ? —Roi, j'ai été roi moi-même, et j'avais un château aussi beau que le tien. Mesdeux filles aînéesm'ont chassé, et madernière est chez toi, comme gardeuse de dindons. Il faut que tu mela rendes. —Monami, je ne peuxpas. Monfils est tombé amoureux de ta fille, au point qu'il en a perdu le boire et le manger. Je te la demande en mariage pour lui. —Roi, fais venir mafille, pour qu'elle parle librement.Je neveuxpas la marier par force. » On alla chercher la gardeuse de dindons. [...] «—Père, j'épouserai cejeune hommepréférablement àtout autre. Mais je veux auparavant que son père et lui vous aident à reprendre le château d'où vous ont chassé mes sœurs aînées. » Alors, le roi et son fils firent assembler aussitôt tous les hommes du pays, et les armèrent de sabres et de fusils. Tout ce monde se mit en che-
minpendantla nuit, et se rendit maître du château des sœurs aînées, qui ne s'attendaient à rien. Ces deux carognes furent pendues avec leurs maris [...] Alors, le roi dit au père de la gardeuse de dindons : - «Mon ami, reprends ton château, et redeviens roi comme au temps passé. Maintenant, il faut songer à la noce de mon fils et de ta fille. » Jamais les gens du pays ne virent une si belle noce. (DictéparMarianne Bense, duPassage-d'Agen, Lot-et-Garonne) BLADÉ, Gascogne, I, 251-266 EM8, col. 1038-1042 : Lieb wie das Salz (Chr. Schmitt). Extraits : «Conte-nouvelle largement répandu présentant le motif introductif d'une affirmation d'amour malcomprise... Aa.Th. 923fonctionne fréquemment comme récit-cadre à des contes-types du cycle de Cendrillon, particulièrement Aa.Th 510 B, où le motif introductif du désir d'inceste (du père), faiblement intégré, est remplacé par l'affirmation d'amour (de la fille)... Des élaborations littéraires médiévales du thème du Roi Lear (cf. Tubach n° 3006) sont considérées comme témoins àl'appui de l'âge et de la provenance de Aa.Th. 923. L'attestation la plus reculée de ce thème de l'interrogation par le père de l'amour de ses filles et de la leçon qui en résulte pour lui se trouve dans Historia regumBritanniae (env. 1135, chap. 31) de Geoffroy de Monmouth... Là le vieux roi Leir est privé de son pouvoir par les deux aînées qui sont ses préférées, et c'est avec l'aide de la plus jeune que son royaume lui est rendu. Fin tragique. (W. Perrett, The StoryoftheKingLearfromGeoffroyofMonmouthtoShakespeare.Berlin, 1904)... Ni chez Geoffroy ni dans les GestaRomanorum(réd. anglaise) ni chez Shakespeare ne se trouve la comparaison avec le sel dans la réponse de la plus jeune. Celle-ci apparaît seulement dans des notations d'attestations orales recueillies au XIX siècle Le sel, aux époques reculées à la fois rare et vitalement nécessaire, apparaissait dans beaucoup decultes religieuxcomme favorisant lavie et écartant le mal. Lesel joue égalementun rôle remarqua1. Nicole BELMONT (Ethnologiefrançaise, 1998, p. 169) fait remarquer «l'ambivalence de cette métaphore «aimé comme le sel »adressée au père, en s'appuyant sur E.JONES, «L'importance du sel dans la symbolique du folklore et de la superstition », Psychanalyse,folklore, religion, Paris, Payot, 1973, 26-99 ; celui-ci «a montré le symbolisme sexuel du sel dont reste un témoignage dans la langue française avec le terme salace. »
ble dans les coutumes et la liturgie chrétiennes... Dans les croyances populaires le sel protège contre les mauvais sorts hommes et bêtes, maisons et puits... Des attestations orales de Aa.Th. 923 se rencontrent largement à travers le monde, cependant le récit paraît avoir été lié particulièrement au domaine indo-européen... Les récits populaires, àla différence des élaborations littéraires, mettent l'accent sur l'enseignement aupère du caractère indispensable du sel dans l'alimentation quotidienne. La rivalité entre les sœurs n'est par contre souvent qu'un motif non abouti (stumpfes Motiv). Le peu de cas fait du sel par le père s'exprime dans une dureté qui, dans certaines versions, va jusqu'à l'ordre de tuer la plus jeune fille. » LISTE DESVERSIONS 1. R.T.P. XXII (1907), 312-314 : Leseldelaprincesse. (Frison, C. et Lég. de Basse-Bret.). (Avec T. 883 B) 2. SÉBILLOT, Lit. or. Hte-Bret., 45-54 : Lapouilleuse. 3. BLADÉ,Agenais, 31 = Gascogne, I, 251-266 : Lagardeusededindons. 4. ARNAUDIN, Grande Lande, I (éd. 1966), 500-511, n° 65 : Lagardeuse d'oies. -L'auquéyre = ID., ib. (éd. 1977), 542-551 = ID., ib. (éd. 1994), 96-103, n° 18. 5. ORTOLI, Corse, 48-56 :Marielafille duroi. 6. WEBSTER, Basq. Leg., 165, s. t. (Mention seulement). 7. POURRAT, Trésor des c. XIII, 83-89 : Le c. des trois quenouilles de verre. (Avec motif T. 883 B). a) RUTIL, C. Marie-galantais, 143-152 : Lemalheurd'unpère.
T. 924
LELANGAGEPARSIGNES Aa.Th. Discussion bySignLanguage. Citons comme attestations littéraires anciennes : - RABELAIS, Gargantua, Livre II : Pantagruel, chap. XIX : Comment Panurge fit Quinault l'Anglois, qui arguait par signes. - BÉROALDE DE VERVILLE, LeMoyendeparvenir, publié par Paul Jacob, Paris, 1841, p. 362. -Johannes PAULI, Schimpf undErnst, éd. Bolte, Berlin, I, n°32 : Ein Nar überdisputiert ein Witzigen. LISTE DESVERSIONS 1. MASSIGNON, C. corses, 208-209, n° 94. GrossuMinutu oulemeilleurprédicateur. (Cl. par K. Ranke ; n. cl. par G. M. qui, dans ses Commentaires, ib. 333-334, estime : «La petite scène que m'a racontée... le R. P. Petrignani, où Grossu Minutu se fait l'avocat des humbles Franciscains contre les fiers Dominicains, est vraisemblablement une adaptation de ce personnage, typiquement corse, àla littérature orale circulant dans le milieu conventuel. »)
CONTES DU DESTIN
T. 930
LAPROPHÉTIE ' OMMERICHE LEGARÇONPAUVREETLH Aa.Th. TheProphecy. Thepoorandtherichman. LISTE DESVERSIONS 1. MASSIGNON, C. corses, 31-35, n° 14 :Leroilégitimeetleroimeunier. (Cl. T. 516par G. M.,T. 930 + 516 par K. Ranke). Voir Catal., II, p. 306 : v. 7du T. 516. a) AUCOIN, C. île duCap-Breton, 125-138 : L'étoile d'or. (T. 930 + 461). b) LEMIEUX, Les vieux m'ont conté, 3, 11-13 (texte remanié), (t. original) : Leprince quivoulaitfaussersa destinée. c) ID., ib., 4, 309-313 (texte remanié), 314-318 (t. original) :Lepetit Moïse. (T. 930 et 461). Il n'y a pas de version française propre ; mais les vers. 1, 4, 11, 13 et partiellement la vers. 9 du T. 461 sont introduites par le T. 930. On se reportera donc au Catal., II, 147-154 : Les trois poils du diable.
T. 931
ŒDIPE Aa.Th. Oedipus. Il est prédit que le héros tuera son père et épousera sa mère. LISTE DESVERSIONS 1. FABRE et LACROIX, C. occitan, II, 121-128, n° 25 : Es leconted'unjune òmequ'a tuatsonpaire eques'es mandatamésamaireeque basabiàpas — C'est l'histoire d'unjeune hommequi a tuésonpère etqui s'est mariéavecsa mèreetqui nelesavaitpas —Obradorsn°4 dec. 1970, 99-103. 2. ID., ib., 129, n° 25 : citée : vers. française : UnGérantdeFrance.
Onpourra se reporter aucommentaire et àla bibliographie suite aux vers. audoises citées ci-dessus (op.cit., 129)
T. 933
SAINTGRÉGOIRESURLAPIERRE Aa.Th. Gregory onthe Stone. Le fils d'une union incestueuse est abandonné et sauvé par un marin. Il endure des années de pénitence et àla fin devient pape. Ses parents viennent se confesser au pape. : LE FRÈRE, LASŒUR ET LEUR FILS LE PAPE DE ROME Il yavait une fois un frère et une sœur élevés ensemble, dans un manoir riche des environs de Guingamp. Le garçon avait dix-neuf ans, la jeune fille dix-huit, et ils s'aimaient tendrement. Ils étaient toujours ensemble, ne faisaient pas un pas l'un sans l'autre, si bien que l'on commençait à en jaser dans le voisinage. Quelques-uns disaient même que les rapports entre eux n'étaient pas irréprochables de tout point. Letemps pascal arriva, et leur confesseur leur refusa l'absolution et les renvoya à un vieil ermite qui faisait pénitence, dans un bois, non loin du manoir. Et pourtant, ils n'étaient pas tombés dans le mal encore, et on les calomniait. Les voilà bien affligés. Ils se mirent en route, un matin, pour aller trouver le saint homme. Chemin cheminant, ils aperçurent deux colombes poursuivies par des corbeaux, des geais et des pies, qui ne leur laissaient aucun repos. Ils poursuivirent leur route et arrivèrent près de l'ermite, et lui firent part du motif de leur visite. Le vieillard écouta leur confession en silence, et leur demanda ensuite : —Qu'avez-vous vu sur votre chemin, en venant ici ? —Nous n'avons remarqué rien d'extraordinaire, répondirent-ils. —Vous n'avez pas été étonnés de voir quelque chose ? —Non, sûrement, si ce n'est pourtant de voir deux pauvres colombes blanches poursuivies par une bande de corbeaux noirs, de geais et de pies qui faisaient un grand vacarme et ne leur laissaient aucun repos.
—Les corbeaux, les geais et les pies que vous avez vus et entendus menant si grand bruit sont les mauvaises langues et les calomniateurs de Guingamp et des environs, et vous, vous êtes les deux colombes blanches. Ils seront tous damnés, pour vous avoir calomniés... àmoins pourtant que vous ne leur donniez raison en ayant ensemble des enfants, comme si vous étiez mari et femme. —Grand Dieu !que dites-vous là, monpère ?s'écrièrent-ils avec horreur. —Et pourtant, mes enfants, sivous ne voulez pas faire ainsi, tous ceux qui vous ont calomniés, c'est-à-dire presque tous les habitants de Guingamp, seront damnés ; si vous le faites, au contraire, ils seront sauvés. Réfléchissez à cela, et retournez chez vous, puis revenez me voir, quand votre parti sera pris. Les deux jeunes gens s'en retournèrent chez eux, effrayés et bien embarrassés. [...] Enfin, ne voulant pas damner tous les habitants de Guingamp, ils firent ce qu'il fallait faire pour les sauver et allèrent de nouveau trouver l'ermite. Arrivés à l'endroit où ils avaient vu, la première fois, deux colombes blanches poursuivies par des corbeaux, des geais et des pies, ils virent, cette fois, deux colombes noires poursuivies par des corbeaux blancs, des geais et des pies, qui faisaient un vacarme étourdissant. L'ermite leur demanda, dès qu'il les vit : —Avez-vous fait ce que je vous avais recommandé ? —Oui, répondirent-ils avec confusion et en baissant la tête. —C'est bien. Qu'avez-vous remarqué, en venant ici ? —Nous avons vu, dans le même endroit que l'autre fois, deux colombes noires poursuivies par une bande de corbeaux blancs, de geais et de pies, qui faisaient un vacarme étourdissant. —Oui, ces corbeaux blancs, ces geais et ces pies sont les habitants de Guingamp, que vous avez sauvés, parce que ce qu'ils disaient de vous, et qui était faux auparavant, est vrai aujourd'hui ; et les colombes noires sont vous deux, qui êtes à présent damnés. —Jésus,monDieu !... s'écrièrent le frère et la sœur. Sice que vous dites est vrai, c'est vous qui nous avez perdus. Et les voilà désolés et de verser des larmes abondantes. —A présent, reprit l'ermite, quand votre enfant viendra au monde, vous l'exposerez sur le grand chemin, avec une bourse pleine d'argent pour celui qui le recueillera et l'élèvera.
—Omalheur !... c'est vous qui avez causé notre perte !... —Oui, c'est moi qui suis la cause de tout ; mais mieux valait perdre deux seulementqueperdre toute uneville. Retournez, àprésent, chez vous, et faites comme je vous ai dit. Ils reprirent la route de la maison, la mort dans l'âme. Il leur naît un fils, un enfant superbe. Ils le font baptiser, lui donnent le nom de Cadou, et l'exposent ensuite sur le grand chemin, avec une bourse pleine d'argent et une lettre où il était recommandé à celui qui le recueillerait de le bien traiter et de le faire passer pour son propre fils. Un mendiant vint à passer bientôt, et, apercevant un berceau au bord de la route : —Tiens ! s'écria-t-il, un pauvre petit enfant abandonné par ses parents !... Il est gentil commeunpetit ange... Aqui doncpeut-il être ?Àdes riches, sans doute, car il est richement vêtu. Ah !les gens sans coeur !Un pauvre mendiant comme moi ne ferait jamais pareille chose. Voici une bourse pleine d'argent !... et une lettre... mais, je ne sais pas ce qui est marqué dessus. Je vais emporter la pauvre petite créature dans ma chaumière ; ma femme en prendra soin. Et le mendiant emporta l'enfant dans son berceau, et le remit à sa femme, qui en eut grand soin et le nourrit de son lait, en même temps qu'un autre enfant qui lui était né, il yavait à peine un mois. Cadou venait à merveille. Quand il eut atteint l'âge de neuf ans, il fut conduit à l'école, à Guingamp, et il apprenait tout ce qu'on lui enseignait. Les enfants du pauvre homme, qui avaient surpris certaines conversations de leur père et de leur mère, apprirent ainsi que Cadou n'était pas leur frère. Quelquefois, dans leurs jeux, ils se disputaient, se querellaient, si bien qu'un jour quelqu'un l'appela : enfanttrouvé. Cadou demanda à son père nourricier, qu'il croyait être son véritable père, ce que c'était qu'un enfant trouvé. [...] Il lui fut répondu qu'on appelait enfants trouvés ceux dont les pères et quelquefois les mères n'étaient pas connus. Cela lui donna fort à penser, et, à partir de ce moment, il devint triste et soucieux. Enfin, il prit la résolution de se mettre en route, àla recherche de son père et de sa mère, et de ne s'arrêter que lorsqu'il les aurait trouvés. Il partit, un beau matin, sans rien dire à personne. Après plusieurs jours de marche, un soir, il arriva, harassé de fatigue, à la porte d'un château et demanda à y être reçu comme valet. Comme il avait bonne mine, on l'accueillit bien.
Cechâteau était habité par son père et sa mère ;mais il ne les reconnut pas, et eux ne le reconnurent pas non plus. L'ermite avait recommandé au frère de ne pas quitter sa sœur, jusqu'à ce qu'il lui eût trouvé un mari. Cadou leur plaisait beaucoup, et ils ressentaient pour lui des sentiments de bienveillance et d'affection qu'ils ne s'expliquaient pas bien. [...] Un jour, le châtelain lui dit : —Ne serais-tu pas content de te marier, Cadou ? —Aqui voulez-vous que je me marie, moi qui n'ai rien ? —Peu importe ; je te trouverai une femme, si tu veux. —Où et qui ? —Masœur, si elle te plaît. —Votre sœur !... Ne vous moquez pas de moi, mon maître. —Je ne memoque pas de toi, en aucune façon ; tu es un garçon intelligent, laborieux, de bonne conduite, et je veux te marier à ma sœur... Lemariage fut fait promptement ;il yeut de belles fêtes et de grands festins, et voilà Cadou devenu le mari de sa mère, sans que ni lui ni elle n'en sût rien. Mais, la première nuit de ses noces, Cadou se rappela qu'il était un enfant trouvé et qu'il ne connaissait ni son père ni sa mère. —Si je venais à épouser ma mère !pensa-t-il ; elle est assez âgée pour être mamère !... Et cette pensée l'effrayait. En arrivant dans la chambre nuptiale, il se jeta àgenoux et se mit à prier. Mais, commeil n'en finissait pas, sa femme lui dit : —Vous avez assez prié comme cela, Cadou ; couchez-vous, àprésent. —Je n'ose pas, répondit-il en tremblant. —Que craignez-vous donc ? —Hélas !je suis un enfant trouvé ; je ne connais ni mon père ni ma mère... et si le malheur voulait que... Il lui raconte commentil aété trouvé abandonné, au bord d'une route avec une lettre où l'on priait celui qui le recueillerait d'avoir bien soin de lui, de le faire instruire et de le faire passer pour son propre fils... Aces mots, la femme s'écria : —Grand Dieu !c'est mon fils !... Cadou, en entendant cela, s'enfuit comme un fou et prit immédiatement le chemin de Rome, pour aller se jeter aux pieds du Saint-Père. Il allait pieds nus, en mendiant, et sans se reposer jamais sous aucun toit.
Après bien des misères et des peines, mesurant la terre du labeur de ses pas, en pèlerinant pour la rémission de ses péchés, il finit par arriver dans la ville sainte. Il alla aussitôt se jeter aux pieds du Saint-Père, qu'il arrosa de ses larmes, en s'écriant : —Jesuis le fils du frère et de la sœur, et j'ai épousé ma mère !Je suis damné sans rémission, sans doute !... —Le pouvoir et la bonté de Dieu sont infinis, mon fils, répondit le pape, et en faisant dure pénitence, vous pouvez encore être sauvé. - Donnez-moidoncunepénitence, ômonpère, et, quelquedurequ'elle puisse être, je l'accomplirai. —Ecoutez-moi donc, mon fils. Vousvous retirerez sous un rocher, au rivage de la mer ; vous yprierez et pleurerez constamment, pendant trois ans, n'ayant d'autre nourriture pour tout ce temps qu'un pain et une cruche d'eau que vous emporterez avec vous, et vous ne quitterez ce lieu que lorsque j'irai vous chercher. - J'irai, mon père, et, avec la grâce de Dieu et votre bénédiction, j'accomplirai la pénitence. [...] Mais voilà les trois ans expirés, et personne ne songeait àlui. Le pape l'avait complètement oublié. Ce ne fut qu'au bout de sept ans qu'il se rappela le pauvre pénitent. - Il est sans doute mort, se dit-il ; allons voir pourtant ;la puissance de Dieu est si grande ! Et il se dirigea vers la mer, suivi de quelques personnes. Quand ils arrivèrent sur le lieu où Cadou s'était retiré, ils ne trouvèrent ni Cadou, ni même le rocher sous lequel il devait accomplir sa pénitence. Ils avaient disparu sous le sable de la mer. On fouit le sable ; on mit ànu le rocher, et dessous on retrouva Cadou, encore vivant, et près de lui le pain et la cruche pleine d'eau, dans l'état où il les avait emportés, il yavait sept ans. On cria au miracle, et c'en était un, en effet. Cadou fut ramené en ville. Le pape célébra une messe solennelle, à laquelle il assista, puis il mourut aussitôt (le pape). Il fallut procéder àl'élection d'un nouveau pape, et il fut convenu que l'on ferait une grande procession, à laquelle tout le monde pourrait prendre part. Chacun porterait à la main un cierge non allumé, et celui dont le cierge s'allumerait de lui-même serait désigné par Dieu pour être le nouveau pape. [...] Cadou, qui n'avait pas d'argent pour acheter un cierge, coupa avec son couteau une baguette de coudrier, dans une haie, la pela et suivit la proces-
sion en la tenant à la main, en guise de cierge. Soudain, sa baguette de coudrier s'alluma d'elle-même, au grand étonnement de tout le monde, et il fut nommé pape. Mais laissons-le, pour un moment, puisque le voilà pape à Rome, et voyons ce que sont devenus son père et sa mère. Ils s'étaient adressés à des confesseurs, de tous les côtés [...], et personne ne leur donnait l'absolution. Ce que voyant, ils étaient au désespoir et résolurent d'aller jusqu'à Rome, pour se jeter aux pieds du Saint-Père. Ils vendirent tous leurs biens, en distribuèrent l'argent aux pauvres, et se mirent ensuite en route, à pied, et ne vivant que d'aumônes. Ils arrivèrent enfin à Rome, après bien du mal, et allèrent aussitôt se jeter aux pieds du Saint-Père et lui conter leur cas. Le pape les reconnut à leur confession, mais ne le laissa pas paraître, et eux ne le reconnurent pas. Après les avoir confessés, il leur dit de revenir le lendemain, pour qu'il leur fit connaître leur pénitence. Le lendemain, quand ils revinrent, on les enferma tout nus dans un petit cabinet obscur, et avec eux neuf matous qui, depuis quatre jours, n'avaient rien mangé. Les matous leur arrachèrent les yeux, leur mangèrent la chair sur les os, puis, comme ils vivaient encore, on les jeta dans un bûcher, où ils furent réduits en cendres. Les cendres furent recueillies dans un linge blanc et déposées sur l'autel, dans la principale église de Rome, pendant que le pape y officiait. Au moment où la messe finissait, deux colombes blanches descendirent sur l'autel, enlevèrent dans leurs becs le linge qui contenait les cendres et l'emportèrent au ciel. Le frère et la sœur étaient sauvés. Leur fils le pape mourut aussi sur la place, et ils allèrent ensemble au paradis de Dieu. (Contépar une vieillefemme de la communede Trégrom, Côtes-du-Nord) LUZEL, Lég. chré., II, 18-29 Dans cette narration dont la ligne générale est bien celle de la légende de Saint Grégoire sur la pierre, telle que la retrace notamment le Violierdes Histoires romaines, n° 79, on relèvera : la localisation «dans un manoir ri1. Violier, 197-214, chap. 79 : «De l'admirable dispense de Dieu et naissance de Grégoire pape de Rome. »—Je note qu'une phrase du Violier(p. 210) se retrouve textuellementdans le conte breton :«... je mesureraila terre dulabeur demes pas enpélerinant pour la rémission de nos péchés. »(cf. p. 25 de la version de Luzel).
che des environs de Gingamp »; l'étrange façon dont le frère et la sœur sont poussés àla faute, par l'ermite confesseur : afin de sauver de la damnation en lui donnant raison la vaste communauté des calomniateurs — «mieuxvaut perdre deux seulement que perdre toute une ville »—;l'apparition —cf. par exemple T. 756 B—des oiseaux «connotés »de façon opposée : colombes blanches et corbeaux noirs, pies et geais ; le fait que le père lui-même donne, en méconnaissance de son identité en mariage à sa sœur leur propre fils ; le trait de la baguette de coudrier en guise de cierge s'allumant d'elle-même et désignant le héros comme pape (cf. T. 671) ; l'horrible pénitence corporelle (dévorés par des matous !) infligée aux parents, soit au frère et à la sœur incestueux, auxquels s'ouvre ainsi le Ciel ; l'absence par contre du motif des fers dont la clé est retrouvée dans le ventre d'un poisson (cf. par contre T. 811 B*, versions 1et 2, bretonnes également). EM6, col. 125-132 : Gregorius (U. Mölk). Extraits : «La légende de Saint Grégoire, répandue dans toute l'Europe et au Proche Orient chrétien selon une structuration stable en cinq épisodes : (1) Pré-histoire (2) Grandir à l'étranger (3) Retour au pays natal (4) Pénitence (5) Accession à un rang élevé, est d'origine française : Vie deSaint Grégoire(env. 1160), GestaRomanorumn° 81... Les Gesta Romanorumet leurs traductions en différentes langues vernaculaires ont été d'une grande importance pour la diffusion tant littéraire qu'orale de la légende de Saint Grégoire. Cf. Tubach, Index exemplorumn° 2375... Des attestations se retrouvent dans les pays les plus différents d'Europe avec des retombées chez les hispano- et franco-américains... On note que si le début du récit est souvent modifié —l'inceste entre frère et sœur peut manquer —,par contre l'épisode de la pénitence caractérisé par la clé jetée au loin puis retrouvée dans le ventre d'un poisson s'avère comme étant relativement stable. » On se reportera avec profit à : GUERREAU-JALABERT,Anita, «Grégoire ou le double inceste. Le rôle de la parenté comme enjeu ( X I I s.) »in : Réceptionetidentification du conte depuis le MoyenAge, textes réunis par Michel ZINK et Xavier RAVIER. Toulouse, 1987, 21-38 ; ID., Inceste et sainteté. La viedeSaint Grégoire en français (XII s.), AnnalesE. S. C, VI (1988), 1291-1319.
LISTEDESVERSIONS 1. LUZEL,Lég. chré., II, 18-29 :Lefrère, lasœuretleurfils, lepapedeRome.
Cf. T. 934A
LE ' NFANTQUIDEVAIT ' GEDH ' OMME ÊTREPENDUÀLÂ a) Laprédestination du sort infamantréservé àl'enfant dès sanaissancemaisquinedoit s'accomplir qu'à l'âge d'homme, est révélée àses parents ; b)l'ayantappris,l'enfantgrandiquittesafamilepourdumoinséviter àcelle-cilahontedesonsort ; c)il entre auserviced'unmaître- dontlafillepeuts'éprendre delui ; d)il accomplitdespratiques pieuses (àtoutlemoinsdesprières) ; e)àladateprescrite,etgénéralementdansunsitereligieux,lapendaisonestmiraculeusement,etnonhumainement,accomplie; f) retourchezlesparents et/ou autreheureuseconclusion(mariage). LA S A I N T E O R P H E L I N E 2
Ilétaitunejeunefillequivivaitloindumonde,seule,ensainteté.Chaquejourunecolombelui apportait sanourriture. Unjour elle vit une jeune fille que deuxgens-d'armes menaient en prisonouàl'exécution. L'orpheline sedit àele-même: «Sielle avaitvécucommemoi,ils nel'auraient pasconduite enprison.»Cedisant elle eut une pensée d'orgueil, et à partir de ce jour la colombecessadelui apporter quoi quece soit àmanger. Elle partit àla recherched'un prêtre, etlui contacequiétait arrivéetquedepuis ellene recevait plusaucunenourriture. Leprêtreluiditqu'elle avaitétépunieen 1. Cf. dans la classification Aarne-Thompson les multiples sous-divisions du T. 934. 2. Cette version offre des traits tout à fait particuliers (notamment dans son introduction - cf. T. 756 A- et la triplication des naissances), mais je l'ai choisie (et traduite) parce qu'elle semble bien avoir totalement échappé à l'attention.
raison de cette pensée, et qu'elle devait maintenant être présente à la naissance de trois enfants, et voir comment ils seraient doués. Le premier fut le fils d'un roi. Elle demande à la reine la permission de rester dans la chambre à coucher, dans n'importe quel recoin ; pourvu qu'elle l'y autorise, tout le reste lui serait indifférent. Elle y consentit. Quand la reine donna naissance à un garçon, cet enfant avait au cou un cordon blanc et l'orpheline comprit qu'il serait pendu à l'âge de dix-huit ans. Elle vit ensuite la naissance d'un autre enfant ; une fille qui avait un cordon rouge autour du cou, et elle comprit qu'elle tournerait mal et qu'elle irait à sa perte. Elle en vit une troisième ; c'était un garçon et il avait un cordon bleu, ce qui signifiait que lui serait très bon. Après avoir assisté à tout cela, l'orpheline revint à la maison de la reine. Là elle vécut heureuse, s'occupant particulièrement de cet enfant de la reine. Tout en le caressant souvent elle avait l'habitude de dire tristement : « Pauvre enfant !» La mère le remarqua, et dit un jour : « On dirait vraiment que cet enfant est très infortuné. Agissez-vous toujours ainsi quand vous caressez un enfant, comme s'il était très malheureux, ou comme si quelque chose allait lui arriver ?» Elle lui dit ceci plus d'une fois. Et quand l'âge prédestiné fut proche l'orpheline dit à la reine ce qui devait arriver pour les dix-huit ans de l'enfant. Je vous laisse juger de la détresse de la reine. Elle le dit à son mari ; et le père et la mère en informèrent leur fils ; et celui-ci dit qu'il lui fallait quitter la maison immédiatement. Il s'en alla bien loin vers une autre ville. Et comme il était un assez bon élève, il trouva une place dans une maison où était un grand magasin. On vendait là de tout ; et comme ce garçon était vraiment gentil tout le monde l'aimait. Ils l'entendaient sortir chaque nuit de la maison, mais sans savoir où. Le maître était curieux de l'apprendre, et il fit un trou au-dessus du magasin, car il venait là aussi la nuit. Il le vit prendre un cierge et en mettre le prix dans le trou du tiroir-caisse, comptant l'argent à haute voix. Gardant le cierge en main le garçon tomba à genoux et vint toujours à genoux à une chapelle située à une distance considérable. Le maître le suivit pendant toute une semaine, et le garçon agissait toujours de même ; au huitième jour le maître regarda à travers le trou de serrure de la chapelle et vit un ange descendre et jeter une chaîne à notre garçon ; et l'ange le souleva ainsi en l'air. Un moment après il revint à terre et s'en retourna à la maison de son maître.
Le maître fit part au garçon de tout ce qu'il avait vu et celui-ci lui répondit que sa pénitence était maintenant achevée et qu'il devait rentrer chez lui. Le maître ne le voulait pas : «Vous pourrez partir plus tard, si vous le désirez ; mais auparavant il vous faut épouser ma fille. » Le garçon lui dit qu'il avait père et mère et qu'il ne pouvait agir ainsi sans leur en parler ;mais que s'ils en étaient d'accord, il le ferait volontiers. Il partit alors chez lui. Vous pouvez imaginer la joie du roi et de la reine. Ils avaient constamment craint d'apprendre que leur garçon tendrement chéri avait été pendu. Ils ne se tenaient pas de joie. Il leur raconta comment il avait fait pénitence et que sans nul doute le bon Dieu lui avait pardonné, et comment son vieux maître désirait qu'il épouse sa fille. C'est ce qu'il fit, et tous vécurent heureux et moururent bien. (St. Jean-Pied-dePort) WEBSTER, Basquelegends, 209-211 Luc Lacourcière, dans sa communication au Congrès international de Kiel sur «Leconte populaire enAmérique du Nord », choisissait comme exemple devant illustrer le cas de «contes, recueillis en de nombreuses versions et en des régions éloignées les unes des autres »et qui «offrent ainsi toutes les caractéristiques de types internationaux tout en n'étant pas reconnus par l'Aa.Th. »ce conte du pendu par prédestination, représenté alors dans les collectes du Canada francophone par dix versions acadiennes et deux québécoises. En 1964, Geneviève Massignon, qui avait ellemême recueilli au Madawaska, dans l'Etat américain du Maine, une autre version du conte, faisait le point, dans leur diversification, des versions de France (nos versions 1, 2, 4) et d'Europe (essentiellement d'Espagne et de Tchécoslovaquie) qui lui étaient connues On pourra y joindre une version d'Irlande 3. In :InternationalerKongressderVolkserzählungsforscherinKielundKopenhagen(1959). Vorträge u. Referate. Berlin, 1961, 142-151. 4. MASSIGNON, Geneviève. L'enfant qui devait être pendu à l'âge d'homme. Fabula7. Bd. H. 1, Berlin 1964, 53-67. —L'analyse ci-dessus du conte est empruntée, en raccourci, à celle de G. Massignon. 5. Bealoideas, Iml. XXI, Dublin 1951 [1952], [Contes religieux réunis par Sean O'Suilleabhain], conte n° 107, 236-238 (texte gaélique), 333-334 (rés. angl.) ; cf. aussi conte n° 37.
Àpropos desprésages et croyances entourantlanaissance, PaulSébillot avait, à deux reprises, attiré l'attention sur les versions bretonnes ; il renvoyait dans ce même contexte de la prédestination, à «une légende de Basse-Bretagne, où une jeune fille, née sous une mauvaise planète, doit rester sept ans absente de son pays et avoir sept bâtards avant d'y revenir »
Sile rapport explicite àdes croyances astrologiques semble particulier en effet aux versions bretonnes (v. 1:phase de la lune, v. 2et 3 :mauvaise étoile), si le mariage n'intervient que dans les v. 1 et 5 (mais se retrouve dans le contexte international), les pratiques pieuses du héros se retrouvent dans toutes les versions ; les artisans du destin de la pendaison, à la fois accomplie et miraculeusement déviée, sont un ou des anges dans les v. 2 et 5, la Sainte Vierge dans la v. 4, et, curieusement, des «hommes de mauvaise mine »dans la v. 1(v. 3non précisé). LISTE DES VERSIONS
1. LUZEL, C. RetrouvésII, 79-81 :La destinée—Mélusine, I (1878), col. 324325. 2. SÉBILLOT, C.Hte-Bret. II, 332-335, n° 65 :La mauvaiseétoile= ID., ib., (éd. 1999), 338-339. 3. SÉBILLOT, Coutumespopulaires dela Hte Bretagne, Paris, 1886, 11. 4. R.T.P. XXIV (1909), 470-471 :L'enfantquidoitêtrependu. (F. de Zeltner). —Manche. 5. WEBSTER, BasqueLeg, 209-211 : Thesaintly orphangirl. a) LACOURCIERE, in Culture Vivante, n°9, 1968, 39-43 :L'horoscope, conte canadien.
6. SÉBILLOT, Paul. Fl. deFr. I, 43-44 ; et Id., Coutumes.. (cf. vers. 3), 10-12. 7. LUZEL, Lég. chrét. II, 223-231 : FrançoisKergargaletFrançoiseKergozou La destinée. Cf. aussi le récit immédiatement précédent : II, 219-222, La destinée, qui se termine par cette phrase : «Il faut que la destinée de l'homme s'accomplisse comme Dieu l'a décidé, et tous les efforts pour y résister sont inutiles. »Cf. note de Luzel, ib. p. 229 : «Nos paysans bretons sont généralement assez fatalistes dans leurs croyances... »
T. 935
LERETOURDUFILSPRODIGUE Aa.Th. TheProdigal'sReturn. Son mariage heureux et la visite qu'il fait à ses parents. Le héros (le plus jeune de trois frères) est un prodigue. Il s'engage comme soldat et se fait envoyer de l'argent par son père grâce à une escroquerie. Il fait fortune et épouse la princesse. Sous d'humbles déguisements il retourne chez ses parents et est mal traité par eux. La princesse arrive et tout s'explique. LES AVENTURES DE MARCHAND Un paysan avait deux fils, l'un nommé Marchand et l'autre appelé Auguste. L'aîné, qui s'ennuyait fort au village, demanda un jour à son père la permission d'aller à la ville s'engager dans un régiment de dragons. Le père refusa d'abord et finit par donner son autorisation. Marchand s'en alla trouver le colonel des dragons du roi et s'engagea dans son régiment. Le jeune homme avait emporté une bourse bien garnie ; mais au régiment l'argent eut bientôt disparu, et Marchand se trouva sans le sou. «Mon brave homme de père, se dit-il, m'a promis à mon départ de m'envoyer cent francs quand je serai sous-officier. Je vais lui écrire que j'ai obtenu ce grade et j'aurai de l'argent. » Aussitôt fait que dit. Deux jours après, Marchand recevait la somme promise. Lanoce dura pendant huit jours ;l'eau-de-vie était àbon marché, et Marchand put régaler tout le régiment des dragons du roi. Au bout du huitième jour, l'argent était dépensé et Marchand avait gagné trente jours de prison pour être rentré soûl au quartier. Tout en faisant son temps de prison, Marchand songeait : «Sij'écrivais àmonbrave homme de père que je viens de passer général, il selaisserait bien encore attendrir et m'enverrait peut-être deux cents francs !»
En sortant de prison, Marchand n'eut rien de plus pressé que d'annoncer à son père qu'en récompense de ses services, le roi l'avait nommé général. Au reçu de la nouvelle, le paysan courut chez ses voisins : «Mon fils est général !mon fils est général !Je vais lui envoyer trois cents francs !» Ce qui fut fait. On juge de la joie de Marchand. Tout un mois durant, le quartier fut en fête (...) mais dès que Marchand eut vidé son gousset, on l'envoya pour trois mois à la prison. Pendant ce temps, le paysan ne recevait pas de nouvelles de son fils. S'ennuyant par trop, il prit ses souliers neufs, salongue blouse bleue et son bâton de voyage et se rendit à la ville. Au quartier, il demanda le général Marchand. «Inconnu !inconnu !lui répondit-on partout. —Mais enfin, le général Marchand, le jeune soldat Marchand qui s'est engagé il ya quelques mois dans les dragons du roi !» On finit par comprendre. Vous jugez d'ici de la colère du brave paysan. «Ah !c'est ainsi que tu te moques de moi !dit-il à son fils. Eh bien ! Tu ne mereverras jamais. Reste au régiment tant que cela te fera plaisir et ne m'écris jamais.Je te défends de venir mevoir. » Et, furieux, il s'en alla. Marchand avait fait ses trois mois de prison et il se demandait comment il allait pouvoir vivre sans prendre un verre de temps à autre, quand il lui arriva de nouvelles aventures. La fille du roi, étant àla chasse avec son père, s'était égarée avec deux de ses écuyers ; des brigands étaient survenus, avaient tué un écuyer et enlevé la princesse et son autre serviteur. Les brigands avaient une caverne dans la montagne voisine et ce fut là qu'ils conduisirent leurs deux prisonniers. L'écuyer put s'échapper peu après et rapporter au roi la triste nouvelle. Une armée fut envoyée contre les brigands ; mais ceux-ci cachés parmi les rochers avaient tué les soldats du roi et pas un n'était revenu. Le roi fit alors publier par tous ses États qu'il donnerait la main de sa fille et la moitié du royaume àcelui quipourrait délivrer laprincesse. Beaucoup se présentèrent, mais aucun ne réussit. Marchand l'ayant appris demanda un congé à son colonel et se rendit dans la forêt voisine de la caverne des brigands. Dans cette forêt il rencontra unvieillard qui lui dit : «Où vas-tu ainsi, Marchand ?
—Tiens, vous me connaissez donc ? —Oui, oui. Où vas-tu par cette forêt ? —Vous m'avez l'air d'un brave homme et je puis mefier àvous.Je vais essayer de délivrer la fille du roi, que les voleurs tiennent prisonnière dans une grotte de la montagne voisine. —C'est bien difficile ce quetu entreprends là, Marchand.Je veuxt'aider en quelque chose. Prends ces trois objets, ils te seront utiles. » Et l'inconnu, qui n'était autre qu'un saint ermite, donna au jeune soldat une flûte qui mettait les diables en fuite, un manteau qui transportait où l'on désirait aller, et une baguette qui vous rendait aussi petit qu'on pouvait le souhaiter. [Grâce à ces objets, M. réussit aux épreuves que lui impose la gardienne de la princesse] (...) Le lendemain matin quand la femmevint ouvrir, elle se vit forcée de laisser partir le jeune homme et la jeune fille, qui bientôt furent arrivés au palais du roi. Dire quelle fut la joie du pauvre père et celle de tout son peuple serait impossible. On prépara tout pour le mariage et huit jours après l'heureux Marchand épousait la princesse. (...) Cetemps de réjouissances terminé, Marchand prit une escorte de cent hommes et partit pour revoir son brave homme de père. Il allait arriver auvillage ;mais commeil était nuit, Marchandpréféra demanderl'hospitalité dans un grand château au bord de la route. C'était justement le château de brigands qui depuis quelque temps ravageaient la contrée. Au milieu de la nuit, Marchand entendit des cris, des gémissements ; c'étaient ses soldats qu'on égorgeait. Il n'eut que le temps de sauter en chemise par une fenêtre et de s'enfuir dans la campagne. Unberger était en ce moment occupé à changer son parc à moutons. Il allait se sauver effrayé en apercevant Marchand. «Ne craignez rien », lui cria ce dernier. Il lui raconta son aventure et le berger courut à sa cabane et en rapporta un pantalon. «Quoi faire, maintenant, se dit le gendre du roi. Mon père m'aurait bien reçu en mevoyant riche et bien habillé, mais maintenant il ne voudra pas mevoir dans un tel état et il ne mecroira pas quand je lui dirai que j'ai épousé la fille du roi. » Marchand proposa au berger d'aller à la ville dire au roi et à la princesse dans quel état les brigands l'avaient réduit. «En attendant, ajouta-til, je garderai vos moutons. »
Le berger accepta et se rendit à la ville. Le roi voulait envoyer un corps d'armée avec son meilleur général. La princesse s'y opposa. Elle prit un régiment et partit en emportant sa baguette magique qui une fois déjà avait si bien servi à son mari. On arriva le soir près du château des bandits. Grâce à la baguette, la princesse et les soldats entrèrent inaperçus dans le château, et au milieu de la nuit, à un signal donné, tous les brigands furent égorgés. Maisle berger n'était plus là. Il s'était arrêté en route dans une auberge et s'était amusé à boire avec les habitués de la maison auxquels il paya force tournées de petits verres. Laprincesse était embarrassée. Elle se renseigna auprès des paysans et on lui indiqua la maison de son beau-père. La fille du roi se jeta au cou du brave homme en l'appelant son père. Le paysan n'en revenait pas. «Mais, madame, balbutia-t-il, je ne vous connais pas. —Comment, mais je suis la fille du roi, la femme de Marchand. —Alors, il était donc général ? —Mais non, mais non ; je vous dirai cela plus tard... Où est votre fils ? —Maisil n'est pas ici. Autrefois, jelui ai fait défense devenir jamais me voir au village et je ne l'ai pas revu. » En ce moment, Marchand, prévenu de ce qui s'était passé par les paysans, arrivait chez son père quineparla plus dele mettre àlaporte, comme de juste. Quelques jours après c'étaient de nouvelles fêtes dans la ville et au palais du roi pour fêter le retour de la princesse et de Marchand en même temps que l'arrivée du paysan et de son fils Auguste qu'on maria à une riche et belle princesse, amie de la reine. (Contéen 1882,parM.Joseph Vouaux, à Neuilly, Cher) CARNOY, C.fr., 63-73 EM6, col. 707-713 : Heimkehr des verlorenen Sohnes (D. Drascek — S. Wagner). Extraits : (Donne un schéma en neuf points). «Les variantes connues s'écartent souvent assez largement de ce schéma,... mais des combinaisons particulières de motifs apparaissent... Le retour en habits de pauvre que connaissent presque toutes les variantes apparaît, vu cette fréquence, comme
un des éléments centraux du récit... La femme du héros prend l'initiative de l'action lorsqu'elle décide de partir à sa suite... L'association qui, vu le titre donné par Aa.Th., tend à se faire avec la parabole du fils prodigue (Luc 15, 11-32) doit être fortement relativisée ; car précisément les éléments déterminants de laparabole sont dans le récit populaire l'objet d'une inversion radicale. » LISTE DESVERSIONS 1. Ms MILLIEN-DELARUE, Nivernais : S. t. 2. SÉBILLOT, C. demarinsHte-Bret. inARCHIVIO IX, 40 : Lematelotqui épousalafille duroid'Angleterre. (AvecT. 307, cf. Catal. I, p. 175) 3. FÉLICE, C. Hte-Bret., 59-65, n° V:Jean lefort (1 partie seult.) 4. CARNOY, C.fr., 63-73 : LesaventuresdeMarchand. - Berry. 5.JOISTEN, C.Ariège. 77-80, n° 7 : LePorcher(avec T.307). 6. FABREet LACROIX, C. occitan, I, 371-378, n° 5 :Legojatelafilhadinsla gleisa/ Legarçon etlafille duroidansl'église (avec T.307). a) MsLACOURCIÈRE-SAVARD, Canada, 1 série, n° 10 :L'habillementde papier. b) MsLACOURCIÈRE, Canada :Jacques (Jack). c) LEMIEUX,Lesvieuxm'ontconté,2, 41-52 :Lefoudelapoulecaille. (T. 935, T. 300, T. 314A). Autres vers. encore dans les vol. suivants, mais très différentes du déroulement dans les vers. de France. d) CARRIÈRE,Missouri, 259-266, n° 59. (T. 935 avec T. 326). e) DORRANCE,Missouri, 108, Beau-Soleil. (T. 935 avec T. 326).
T. 938
PLACIDE―EUSTACHE Aa.Th.. Placidas (Eustacius). Il est converti par une vision. Tous ses biens sont détruits, sa femme est enlevée par le capitaine d'un navire, ses jeunes fils emmenés par un lion et un ours. Finalement il les retrouve tous. SAINT EUSTACHE
:
Il yavait une fois un monsieur qui était grand chasseur, et il n'était pas chrétien. Il s'appelait Eustache. Un jour il fut à la chasse, et, ayant vu un cerf, il essaya de le tuer. Mais il ne put yréussir, et le cerf s'approcha et lui dit : —Je suis ton Dieu, je ne te crains pas ; je viens te prévenir que si tu veux être heureux, il faut te faire baptiser, toi, ta femme et tes deux enfants, sinon tu n'auras que du malheur en cette vie et dans l'autre. Si tu veux te faire baptiser, tu seras privé de tous les biens de ce monde, tu perdras ta femme et tes deux fils ; mais un jour vous serez réunis tous les quatre, et heureux à jamais. Le chasseur raconta à sa femme ce qui lui était arrivé, et elle consentit à recevoir le baptême, ainsi que ses enfants. Peu après, ils devinrent pauvres comme les mendiants des chemins, et ils résolurent de quitter le pays. Commeils étaient sur le point de s'embarquer, et qu'ils n'avaient pas de quoi payer le passage, le capitaine dit au mari : —Si tu veux laisser ta femme, je te donnerai le passage à toi et à tes deux fils. Comme Eustache savait qu'il était destiné à perdre sa femme, il la laissa au capitaine et s'embarqua avec ses deux fils. Ils abordèrent en pays étranger, et se trouvèrent au milieu d'une petite forêt, où il s'endormirent tous les trois. Àson réveil, le chasseur ne retrouva plus ses deux fils ; il en
fut bien chagrin. Mais commeil n'avait pas de quoi manger, il demanda de l'ouvrage dans une ferme, où on l'employa aux besognes les plus grossières. Il survint une grande guerre, et Eustache ayant été reconnu pour un guerrier de mérite, devint capitaine ; ses fils étaient soldats dans son armée. Unjour qu'ils se promenaient dans la campagne,ils rencontrèrent leur mère qui ne les reconnut pas ; ils lui demandèrent qui elle était. Elle leur dit son nom, et leur raconta comment elle avait perdu son mari et ses petits garçons, puis, qu'ayant été retenue à bord d'un navire, le capitaine, quiavaitvoulului faire violence, avait été tué d'un coup detonnerre. «Maintenant, dit-elle, je cherche mon mari et mes petits enfants, car je crois qu'ils ne sont pas morts. » - C'est nous qui sommes vos enfants, lui dirent les deux soldats. Nous avons perdu notre père lorsque nous étions endormis dans un petit bois, après avoir traversé la mer. Quelqu'un nous avait enlevés sans nous réveiller. La mère était si contente qu'elle alla se jeter aux pieds du capitaine, pour lui demander de laisser ses fils aller avec elle. —Relevez-vous, dit-il, et contez-moi votre histoire. Quand elle eut dit ses aventures, il reconnut que c'était sa femme, et il l'embrassa en lui disant : - Je suis Eustache, ton mari. Plus tard, on sut qu'ils étaient chrétiens :les païens les jetèrent tous les quatre dans une fournaise ardente, et ils moururent au milieu du feu en chantant des cantiques. (Recueillien 1882, auxenvirons deDinan) SÉBILLOT, Lég. doréedeHte-Bret., 210-212 «Certains contes des Gesta Romanorum, qui étaient des arrangements de récits traditionnels ou des nouveaux agencements de motifs folkloriques, sont retournés dans une tradition qui vit encore au Canada alors qu'on ne la retrouve plus en France, ou seulement en Bretagne », écrivait Paul Delarue en citant comme premier exemple le conte de Placide-Eustache. 1. Arts etTraditionspopulaires, le année, n° 3, juillet-septembre 1953, p. 280.
La version ci-dessus est bien sèche puisqu'elle ne mentionne même pas la façon dont Eustache, en traversant une rivière, se voit successivement dépouillé de ses deux fils en bas âge, emportés l'un par un loup (ours), l'autre par un lion. Pour les versions canadiennes on pourra se reporter à la thèse du Père Germain Lemieux qui les reproduit (au nombre de huit) en Appendices (p. 129-200) ; celui-ci les confronte non seulement aux versions hagiographiques grecques et latines et aux versions romanesques du Moyen Age mais aussi à un texte plus récent. La popularité de ce conte au Canada a en effet été confortée, selon les recherches du Père Lemieux, à partir de la seconde moitié du XIXs. par un ouvrage traduit de l'allemand : Christophe Schmid, Eustache, épisodedespremierstempsduchristianisme, dont les éditions tant en France qu'au Canada se sont succédé. L'une des versions canadiennes manifestant des traits empruntés au récit du Chanoine Schmid a été apprise par le conteur d'un « Français de France » (cf. p. 105 ss.), ce qui semble indiquer un certain impact de ce livre en France aussi. Un autre conteur canadien introduit dans son récit le couplet d'un cantique (cf. p. 117 ss.), mis dans la bouche de la femme d'Eustache et alléguant «un coup de tonnerre » providentiel —un détail, inconnu semble-t-il, de la tradition tant écrite qu'orale, mais qui se retrouve dans le texte haut-breton ci-dessus. Or ce couplet semble bien, selon les recherches du Père Lemieux, provenir du long cantique de Saint Eustache martyr contenu dans : CantiquesdeMarseilles (sic) par M. Laurent Durant prêtre du diocèse de Toulon. Québec 1819 (reproduit p. 200-205). On pourra consulter pour ce conte l'article de Claude Brémond : «La famille séparée ».
2. GermainLEMIEUX,Placide-Eustache.Sourcesetparallèlesduconte-type938.Québec,1970 (LesArchives de folklore, 10). 3. Cf. e. a.Jacques de Voragine, La légendedorée,Trad. deJ.-B. M.Roze. Paris, 1967, II, 306-312 ; Violier.., 253-263, n° 97; «LaviedesaintEustache»,poèmefrançais duXIII s. édité parHolgerPETERSEN,Paris, 1928(LesClassiques français duMoyenÂge) ; cf. aussile«Guillaumed'Angleterre »attribué par certains àChrétien deTroyes. - Cf. aussi TUBACH,Indexexemplorum,n°1920. 4. Communicationsn° 39, 1984 :Les avatars d'un conte, p. 5-45.
LISTE DESVERSIONS 1. SÉBILLOT, Lég. doréeHte-Bret., 210-212 : St. Eustache. a) ROY, Gaspésie: Le généralEustache. b) LEMIEUX, Les vieuxm'ontconté, 20, 115-127 (texte remanié), 128-141 ( original) : Le GénéralPlacide. c) ID., ib., 22, 11-21 (texte remanié), 22-33 (t. original) : Le GénéralPlacide.
T. 939 A
LESPARENTSMEURTRIERS DELEURFILS Aa.Th. KillingtheReturnedSoldier.Lefils revient chezlui avecunegrosse somme d'argent et est assassiné par ses parents qui ne le reconnaissent pas.
Onpourra sereporter à: EM9, col. 876-879 :Mordeltern (R.WBrednich). Maria KOSKO. Lefils assassiné (T. 939A) : étuded'un thèmelégendaire. Helsinki, 1966 (FFC 198). LISTEDESVERSIONS 1. POURRAT,Trésordesc., VIII, 221-225 :Lec. delamèretrompée.
T. 940
LAFILLEDÉDAIGNEUSE ETSESTROISGALANTSAUCIMETIÈRE Aa.Th. TheHaughryGirl... La fille dédaigneuse envoie au cimetière chacun de ses trois prétendants. S'étant reconnus bernés tous les trois, ils se vengent en réussissant, sous un saint déguisement, à coucher avec elle. Version du Nivernais : LE PANIER PARLACHEMINÉE Un vieux marguillier avait une fille si belle que tous les garçons des environs venaient lui faire la cour. Trois entre autres vinrent la demander en mariage tous trois le même soir. Le premier en entrant dit : —Bonsoir, je voudrais savoir un oui ou un non. La fille lui répondit : —Mon ami, je vous prendrais bien, mais il nous faut ici un homme hardi et qui ne soit point peureux du tout. Lejeune homme répondit qu'il se trouvait capable d'aller partout et de faire tout ce que l'on voudrait. Elle lui dit : —Il faut que vous alliez à l'église jusqu'à minuit, enveloppé d'un drap et couché entre quatre cierges allumés. Le jeune homme partit immédiatement. Le deuxième vint ensuite et dit : Bonsoir, je voudrais savoir un oui ou un non. La fille lui dit : —Mon ami, je vous prendrais bien, mais il nous faut ici un homme hardi et qui ne soit point peureux. Le jeune homme répondit qu'il était prêt à aller partout et à faire tout ce que l'on voudrait. Lafille lui dit qu'il yavait un mort àl'église, qu'il fallait qu'il yaille passer la nuit. Le garçon accepta et partit. Le troisième vint et fit la même demande. Elle lui dit qu'elle le voulait bien, mais à une condition, qu'il prendrait une grosse chaîne, qu'il irait à l'église, frapperait sur les bancs et ferait le plus de bruit possible. Il accepta etpartit. Quandil fut àtravers les bancs, frappant àgrands coups de chaîne, il fit tellement peur aux deux autres que celui qui servait de mort éteignit tous les cierges en se déroulant de son drap. Lorsqu'ils furent dehors de
l'église, ils se reconnurent et virent qu'ils avaient été un sujet de dérision. Ils résolurent ensemble de se venger et prirent un complot à ce sujet. Lelendemain soirle premier s'habilla envieuxpauvre et fut demander à coucher chez le marguillier où il fut reçu. Quand l'heure du souper fut venue on lui en offrit une part. Il répondit qu'il les remerciait beaucoup, qu'il nevivait que de cequilui était envoyé de lagrâce duciel. Ledeuxième lui descendit quelques instants après un panier rempli de bons morceaux par la cheminée. Il yavait dans ce panier une lettre adressée au père et àla mère de la jeune fille qui, voyant ce miracle, furent saisis de vénération pour le pauvre mendiant. Ils s'empressèrent de lire ce que contenait la lettre. Ils yvirent l'ordre demettre le pauvre coucher avecleur fille. Oneut peine à se décider, mais commeils croyaient qu'il était le bon Dieu ou son protégé, ils yconsentirent. Vers onze heures, le bon Dieu se leva pisser et au lieu de rentrer, ce fut le deuxième garçon qui prit sa place, et vers deux heures, il en fit autant et fut remplacé par le troisième. Le lendemain le père et la mère firent beaucoup de questions àleur fille. Elle leur dit qu'elle avait éprouvé beaucoup de plaisir et qu'elle serait très heureuse si le bon Dieu venait demander tous les soirs àloger. Malheureusement au bout de quelques mois elle prit tant d'embonpoint que les trois garçons s'en divertirent fort à leur tour. Ms MILLIEN-DELARUE, Nivernais, vers. D EM 8, col. 1387-1391 : Madchen : Das hochmütige M. (M. van den Berg). Extraits : «Facétie (Schwank) répandue dans toute l'Europe, attestée depuis le XIVs., dans laquelle unejeune fille sedébarrasse de trois amoureuximportuns... Certaines variantes prolongent le récit par un second épisode, dans lequel ceux-ci tirent vengeance du mauvais coup En France, Italie et 1. Voici ce qu'écrit K. KASPRZYCK (op. cit. p. 39) à ce sujet : «Cette continuation fait défaut dans toutes les versions littéraires, elle n'est propre qu'au folklore. L'aventure se poursuit dans tous les contes français... se servant d'un stratagème visiblement emprunté aux Centnouvellesnouvelles(n° 14), ils [les galants] réussissent àjouir tous les trois des faveurs de la jeune fille... Il est hors de doute que nous avons affaire ici à un autre thème greffé sur celui des «Trois galants »... Cette continuation ne figure pas dans toutes les variantes populaires... Nous avons donc toutes raisons de croire qu'elle n'est qu'une addition postérieure. Et cette addition change totalement le ton et la signification du récit... »
Espagne le récit intègre un motif simultanément religieux et érotique... La plus ancienne rédaction de Aa.Th. 940 se trouve dans le Décaméron de Boccace (9,1) et maint historien delalittérature voitici l'origine du conte... les divergences cependant sont assez importantes... La plus ancienne version française se trouve dans le recueil de nouvelles de Nicolas de Troyes (K. Kasprzyck, NicolasdeTroyes.., 29-39, n° 2 et provient probablement de la tradition orale. En Allemagne et aux Pays-Bas s'élabora depuis le début du XVIe s. une tradition littéraire populaire, qui s'appuie avant tout surJohannes Pauli (1522). L'épisode de vengeance manque généralement dans ces textes ; ils se terminent par contre par une exhortation moralisante à la méfiance envers tout séducteur.. Aa.Th. 940 est désigné soit comme conte novellistique soit comme conte facétieux. L'aventure est parfois localisée... Aa.Th. 940 est l'un des nombreux contes facétieux thématisant un comportement sexuel et figurant de façon caricaturale les conflits qui en résultent... Le plus souvent c'est la fille qui est lésée. » LISTE DES VERSIONS
1. CARNOY, C.fr., 197-202, La coquettepunie. —Somme. 2. Lemeunierde Colincamps. ConteslicencieuxdePicardie. Kleinbronn, 1909, 13-20. Lajeunefille etsestrois amoureux. 3. Nos Traditions (Metz), II (1939), 103-106 : Lafille aux troisgalants. 4. GROSHENS, DENIS, LUCIUS, Récits d'Alsace (Strasbourg), 136-137 : Detroisgalants= REIBER,Proposdetabledela vieilleAlsace, Strasbourg, 1866, 100-104. 5. MsMILLIEN-DELARUE, Nivernais : Lepanierpar la cheminée.Vers. A. 6. ID., ib. : Lepanierpar la cheminée. Vers. B. 7. ID., ib. : Lepanierpar la cheminée. Vers. C. 8. ID., ib. : Lepanierpar la cheminée. Vers. D. 9. ID., ib. : Lepanierpar la cheminée.Vers. E. 10. ID., ib. : S. t. Vers. F. 11. ID., ib. : Lepanierpar la cheminée.Vers. G. 2. NICOLAS de TROYES, 1536, n°2 = éd. Mabille, 1869, 58-65, n° 13 : D'une fille qui fist aller trois compaignons, amoureux d'elle, coucher en ung cimetière... Se conclut ainsi : Tous trois demorèrent frustrés de leurs amours par l'habileté de la fille, —la deuxième partie : la vengeance, manque ainsi.
12. C. de LANGLE, Le Grillon dufoyer, 1, 53 :Archange et Capucin. —Bret. 13. Ms G. MASSIGNON, B.-Bret. : Lepetitpape. 14. MASSIGNON, RécitsdeBretagne (Trégoret Goëlo), 38-45 : Lepetitpape. 15. R.T.P. XXXI (1916), 225-226 : Lestrois avocats. —Côtes-du-Nord. 16. SÉBILLOT, Lit. or. Hte-Bret., 142-146 : La coquetteetsesbonsamis. (Àla suite, en n., var. pour la 2epartie). 17. RTP. IX (1894), 344 :Lafille attrapée (Sébillot, C. rés. de la Hte-Bret.). 18. RTP. XIII (1898), 402-403 :Histoiredetroispetitssaints. - Deux-Sèvres. 19. PINEAU, C. Poitou, 247-252 : Lecontedelafille etsestroisgalants. 20. PERBOSC, Aquitaine I, 76-81 : Lafille aux 3galants = GALIOT et CERCAMONS,Aquitaine. 21. Ms SEIGNOLLE, C. GuyenneIII : Les trois amoureux. 22. MsALFARIC, Rouergue, n° 9 : SaintInnocent. a) Ms A. de FÉLICE, Ilôts fr. des U.S.A. (Nouv. Angl.). Rés. in MsAtp 62.64, p. 5.
VOLEURS ET ASSASSINS
T. 950
RHAMPSINITE Aa.Th. Rhampsinitus. Le vol dans le trésor du roi. La tête d'un voleur est coupée. L'autre voleur (son frère) est recherché en vain. Les lamentations de la famille du voleur le trahissent... Version de Haute-Bretagne : LE FILOU DE PARIS ET LE FILOU DE MADRID Il y avait autrefois dans les capitales de France et d'Espagne, deux filous de grand renom ;ils avaient entendu parler l'un de l'autre, et un jour il leur prit à chacun envie d'aller voir si ce qu'on rapportait de l'habileté de son rival était bien vrai. L'un quitta Madrid et l'autre Paris, et sur la route ils se rencontrèrent, sans savoir qui ils étaient. Le filou de Paris avait une belle montre à laquelle il tenait beaucoup ; celui de Madrid possédait une superbe tabatière. Lors de leur rencontre, ils se volèrent réciproquement ces deux objets, d'une façon si adroite qu'aucun d'eux ne s'en aperçut sur le moment. Ils s'étaient remis en route depuis quelque temps, lorsque le Français, ayant besoin de savoir l'heure, s'aperçut que sa montre avait disparu ; il se dit que seul, le filou de Madrid était capable de voler aussi subtilement, et il retourna sur ses pas. L'Espagnol, ayant eu envie de priser, ne trouva plus sa tabatière, et pensa aussi que seul le filou de Paris avait pu lalui enlever ;il rebroussa chemin lui aussi, et peu après les deux rivaux se rencontrèrent, nouèrent connaissance et se firent de grands compliments sur leur habileté. Il fut décidé qu'ils viendraient tous deux à Paris, et ils allèrent loger chez la sœur duFrançais. Ils parcoururent ensemble la capitale, àla recherche de bons tours : un matin ils résolurent d'aller voler le trésor du roi. Ils s'introduisirent dans le palais au moyen des gouttières, et ils arrivèrent dans la tour où le roi cachait son argent : dans la première chambre, il n'y
avait que des caisses vides, mais la seconde était pleine de caisses bondées d'or et d'argent. Ils enlevèrent cinq cent mille francs et cachèrent cette somme chez la sœur du filou de Paris. Quand le roi s'aperçut qu'on avait visité son trésor, il s'adressa à une vieille sorcière pour savoir qui l'avait volé. Elle lui conseilla de ne parler à personne de ce vol, mais de poser des pièges à loups à l'endroit où les voleurs avaient pénétré. Ceux-ci,n'entendant parler derien, crurent quel'on ne s'était pas aperçu de leur visite, et ils résolurent de retourner prendre de l'argent. Le filou de Paris, qui marchait le premier, fut pris au piège par le milieu du corps, et il lui fut impossible de s'en débarrasser. Il pria son camarade de lui couper la tête, pour qu'on ne put voir qui avait visité le trésor. Le filou de Madrid lui obéit àregret, puis il retourna à son logis en emportant dans un sac la tête de son camarade. Quand la sœur de celui-ci la vit, elle eut beaucoup de chagrin, mais l'Espagnol la consola de son mieux et lui promit de l'épouser. La tête fut cachée dans la cave de la maison. Le lendemain, le roi fut bien surpris en voyant dans un de ses pièges un cadavre sans tête. Il alla trouver la sorcière et lui demanda comment découvrir le nom de cet homme et ses complices. —Il faut, lui dit-elle, promener le cadavre dans toutes les rues de Paris, en faisant précéder le cortège de trente tambours et de trente clairons. Les habitants s'attireront aux fenêtres et les membres de la famille du défunt ne manqueront pas de se dénoncer par leurs cris ou leur douleur. Ce qui fut dit fut fait. La sœur du filou en voyant le cadavre de son frère ne put s'empêcher de s'écrier tout haut : «Oh ! mon Dieu !»Les agents du roi, qui avaient reçu la consigne de regarder aux fenêtres, se précipitèrent vers l'endroit d'où le cri était parti. Le filou d'Espagne, les entendantvenir, sedonna sur le poignet un coup de couteau qui fit jaillir le sang. Quandles gardes demandèrent pourquoi la dame avait crié, il répondit que c'était à cause du saisissement qu'elle avait eu en voyant couler le sang de sa blessure. Leroi, n'ayant pu rien savoir, retourna consulter la vieille sorcière, qui lui conseilla d'exposer le cadavre sur un gibet, et de le faire garder par trente soldats. Et elle dit queles parents ou amis dumort ne manqueraient pas d'essayer de l'enlever. La sœur du défunt ayant su que son frère était exposé sur ungibet, ne cessait de pleurer et de se lamenter, et elle finit par faire promettre au filou de Madrid d'aller enleverle cadavre. Il acheta trente habits de moines dont
il fit un paquet, et remplit des bouteilles d'un vin auquelil avait mélangé un liquide dont il avait le secret. Il trouva moyen d'en faire boire aux soldats, qui aussitôt tombèrent dans le plus lourd sommeil. Il enleva le cadavre qu'il mit sur sa voiture, déshabilla les soldats et les revêtit de frocs de moines, puis il s'en alla, emportant leurs uniformes. Quandle roivit quele cadavre avaitété enlevé et que ses soldats avaient été déguisés en moines, il fut si contrarié qu'il tomba malade. Il envoya chercher sa sorcière qui lui dit que pour être guéri, il fallait manger de la cervelle d'un homme tué vivant. Toutes les «soeurs »de Paris furent mises en campagne pour en trouver. Il yen avait deux qui sortaient de la maison du filou d'Espagne au moment où il yrentrait. La sœur du mort leur avait donné la cervelle de son frère. —Vous n'en avez pas assez, leur dit-il ; venez avec moi, je vous en donnerai davantage. Elles le suivirent dans la cave ; dès qu'elles yfurent, il les tua, s'empara de leurs cervelles, et alla les porter au roi. Celui-ci les mangea et fut guéri ; il combla de richesses et d'honneurs le filou de Madrid. (Contéen1895parJ.-M. Comault, duGouray, quitientceconted'YvesAuffray, deSaint-Donan) SÉBILLOT, Landes et Grèves, 153-158 «Laversion ancienne la plus connue de ce conte duvoleur subtil et du trésor duroi est celle que rapporte Hérodote àqui des prêtres égyptiens l'auraient conté sous la forme d'une légende attachée au roi Rhampsinite, que certains érudits ont voulu identifier avec le pharaon Ramsès III ... il a été relevé dans de nombreux recueils et ouvrages anciens et a fait l'objet de nombreuses études ; mais une partie des conclusions est constamment remise en question par la découverte de nouvelles versions, dans des régions dont la tradition orale n'a été exploitée que dans un passé récent. » (Paul DELARUE in A. de FÉLICE, C. Hte-Bret., 272-273).
1. Cf. G. MASPERO, Contespopulaires del'Egypteancienne, Paris, 1889, p. 245 ss.; 3 éd.... s. d., 180-185.
LISTE DESVERSIONS 1. LUZEL, C. B.-Bret., III, 351-367 = Mélusine, I (1877-1978), col.17-23 : Le voleuravisé= ID., ib., (éd. 1996), 243-253. 2. ID., ib., 367-369 = Mélusine, I (1877-1978), col. 23 :Levoleuravisé,var. = ID., ib., (éd. 1996), 253-254. 3. ID., C. inédits III, 144-155 : Lefin voleur—Al laër fin. 4. ID., ib., 157, var. rés. 5. SÉBILLOT,LandesetGrèves, 153-158 :Lefilou deParisetlefiloudeMadrid = ID, ib., (éd. 1997), 115-118 = R.T.P. X(1895), 205-207. a) BARBEAU, CanadaII, 125-130, n° 68 : LegrandvoleurdeParis. b) ROY, Canada VIII, 222-229, n° 196 : Lefin voleurdeParis. c) LA FOLLETTE, Canada, 99-146 : LegrandvoleurdeParis etle voleurprovincial. d) RIOUX, Ile Verte, 80-82 : LegrandvoleurdeParis. e) Francophoniecanadienne, 230-248 : LegrandvoleurdeParis. f) LEMIEUX, Lesvieuxm'ontconté, 2, 79-85 : Cricet Croc. g) ID., ib., 20, 237-243 (texte remanié), 244-252 (t. original) : Lefin voleur. h) PARSONS, F. L.Antilles, I, 279-281. i) ID., ib., 481-484. j) ID., F. L. Antilles, III, 231.
T. 952
LEROI ETLESOLDAT Aa.Th. The King and the Soldier. —GRIMM, n° 119 : Der Stiefel von Büffelleder (Les bottes en cuir de buffle). —Un soldat fait rencontre en route, sans le connaître, du roi. Il l'accompagne dans une maison qui se révèle être un repaire devoleurs. Le soldat sauve courageusement la vie de son compagnon. Par la suite reconnaissance et récompense. Version de Lorraine : LA MAISON DE LAFORÊT Il était une fois un soldat, nommé La Ramée. Il dit un jour à son capitaine qu'il voulait aller parler au roi. Le capitaine lui accorda un congé de quelques jours, et La Ramée se mit en route. Il avait déjà fait une quarantaine de lieues, lorsqu'il retourna sur ses pas. «Te voilà revenu de ton voyage ?»lui dit le capitaine. - « Non, »répondit La Ramée ; «c'est que j'ai oublié ma ration de pain et deux liards qui me sont dus. —Au lieu de deux liards, »dit le capitaine, «je vais te donner deux sous. »LaRamée mit les deux sous dans sa poche, le pain dans son sac, et reprit le chemin de Paris. Commeil traversait une grande forêt, il rencontra un chasseur. «Bonjour, »lui dit-il, «où vas-tu ?—Je vais à tel endroit. —Moi aussi. Veux-tu faire route avec moi ?—Volontiers, »dit le chasseur. La nuit les surprit au milieu de la forêt ; ils finirent par trouver une maison isolée où ils demandèrent ungîte. Unevieille femme qui demeurait dans cette maison avec une petite fille leur dit d'entrer et leur donna à souper. Pendant qu'ils mangeaient, l'enfant s'approcha de La Ramée et lui dit de se tenir sur ses gardes, parce que cette maison était un repaire de voleurs. Après le souper, le chasseur, qui n'avait rien entendu, paya tranquillement l'écot, et laissa voir l'or et l'argent qu'il avait dans sa bourse. Puis la vieille les fit monter dans une chambre haute. Lechasseur se coucha et fut
bientôt endormi ;mais LaRamée,qui était prévenu, poussa une armoire contre la porte pour la barricader. Aumilieu de la nuit, les voleurs arrivèrent. Lavieille leur dit qu'il se trouvait là un homme très riche et qu'ils pourraient faire un bon coup. Mais,quandils essayèrentd'enfoncer laporte, ils nepurent yparvenir. Ils dressèrent alors une échelle contre la fenêtre dela chambre, et LaRamée, qui était auxaguets entendit l'un d'euxdemanderdansl'obscurité :«Tout est-il prêt ?- Oui, »dit LaRamée. Levoleurgrimpaàl'échelle, et, commeil avançaitlatête danslachambre, La Ramée la lui abattit d'un coup de sabre. Un second voleur vint ensuite et eut le mêmesort ;puis untroisième, et ainsi des autres jusqu'à huit qu'ils étaient. Quand La Ramée eut fini, il voulut compter les têtes coupées ;mais,commeilfaisaitsombre,ilcrutqu'ilyenavaitneuf.«Bon!» dit-il, «voilà que j'ai tué moncompagnon avecles autres !»Cependantil cherchapartout, et finitpartrouverle chasseur souslelit, oùil étaitblotti, plus mort quevif. Lelendemain matin, LaRaméejeta la méchantevieille dans ungrand feu et fit un beau cadeau à la petite fille. La maison était pleine d'or et d'argent, maisil n'en futpasplus riche,le chasseuravaittout empoché.La Raméelui dit adieu et continua sonvoyage. Arrivé àParis, il entra dans un beau café pour se rafraîchir. Quandil voulutpayer, onlui dit qu'il nedevaitrien. «Tantmieux»sedit-il ;«c'est autant degagné. »Il entraplus loin dansunautre café, et, après qu'il sefut bien régalé, on lui dit encore qu'il ne devait rien. «Voilà qui va bien, » pensa LaRamée; «qu'il en soit toujours ainsi !»Il alla se loger àl'hôtel des princes, et, là encore, il n'eut rien àpayer. Pendantqu'il était àréfléchir sursonaventure,ilvint àpenserauchasseur qui avait pris tout l'argent dans la maison de la forêt. «Ah!»dit-il, «queje le rencontre, cegredin-là, et je lui en feraivoir debelles !» Aumêmeinstant, une porte s'ouvrit et le chasseur parut devant lui. «Attends, coquin, »cria LaRamée,«queje te tue !» Lechasseur s'esquiva ;mais,quelquesinstants après,il revint, vêtu en prince. «Ah! sire, »lui dit LaRainée, « je vous demande pardon, je ne savaispasquivousétiez. »Leroiluidit :«Tum'assauvélavie;enrécompensejete donnemasœurenmariage. »LaRaméenesefit pasprier, etles noces eurent lieu le jour même. COSQUIN,C.Lor., II, n° 33, 29-31
EM8, col. 175-178 : König und Soldat (H.-J. Uther). Extraits : «Undes récits les plus connus sur le soldat héroïque face au roi voyageant incognito... En dépit des différences... Aa.Th. 952 s'impose par la grande stabilité de son noyau narratif... » LISTE DESVERSIONS 1. CARNOY, C.fr., 267-273.Jean despois vertsetJean despoissecs. —Picardie. (Mêlé à T. 1653 et T. 1535). 2. COSQUIN, C. Lor., II, 29-31, n° 33 : La maisondelaforêt. 3. MERKELBACH-PINCK, Loth. erz.) I, 111-127 :Le vieux Laramée = Loth. Vm.) 243 = Loth. M., 87. 4. MsMILLIEN-DELARUE, Nivernais :Levieuxsoldatetlefils duroi. Vers. A. LesaventuresdusoldatLa Ramée. 5. ID., ib. Vers. B. LepèreLa ChiqueetlePetit Chasseur. 6. ID., ib. Vers. C. La Raméeetles voleurs. 7. ID., ib. Vers. D. La Raméeetles voleurs. 8. JOISTEN, C. Ariège) 120-122, n° 13 : Père Chicot= ID., ib. in Folklore, (Aude) 77 (1954), 18-19. a) LEMIEUX,Lesvieuxm'ontconté,2, 131-134 :Leschevreuilsauxcornesd'or. (T. 952 et T. 401).
T. 954
LESQUARANTEVOLEURS Aa.Th. TheForty Thieves. Les voleurs viennent avec sept barils dans la maison. Dans l'un est de l'huile, dans les autres les hommes sont cachés. La jeune fille tue les voleurs. EM 1, col. 302-311 :Ali Baba unddie40 Raüber(K. Ranke). Extraits : «La division par Aa.Th. entre deux numéros (676 et 954) s'explique très probablement par la dépendance avérée du système d'Aarne par rapport aux KHMdes Grimm, qui présentaient sous leur n° 142 une version sans T. 954 comme épisode final... Aa.Th. 954 ne se rencontre seul que rarement, et alors généralement sous forme légendaire, mais est assez souvent entré en combinaison avec d'autres contes-types. Le motif des voleurs dans les barils d'huile (K312 : Thieveshiddenin oil casks) se retrouve aussi dans certaines versions duVoleur fiancé (T. 955). » LISTE DESVERSIONS 1. Ms MILLIEN-DELARUE, Nivernais : Les quarante voleurs. Le Pont-levis (Lepanlvi). Peut être rattaché à ce type, bien que n'ayant pas le motif des voleurs cachés dans les barils d'huile. 2. PINTUREAU et VALIÈRE, Parolesd'oretd'argent, 121-127 :Ali-baba et les40 voleurs. (Avec T. 676). 3. MASSIGNON, C. corses,171-173, n° 77 :AliBabaetCassin. (AvecT. 676 = Catal., II, 594-595 : Ms G. Massignon). T. 954 avecT. 676 : voir Catal., II, p. 594-595 : vers. 1, 3, 5, 7, 8, 9. ElémentsT. 954 : voir ci-après T. 956 B, vers. Méraville, Massignon. a) LEMIEUX, Les vieuxm'ontconté, 21, 197-199 (texte remanié), 200-202 (t. original) : Le contedesvoleurs.
T. 955
LEVOLEURFIANCÉ Aa.Th. TheRobberBridegroom. —GRIMM, n° 40, Der Raüberbräutigam. Lajeune fille dans le repaire des voleurs. - Pendant qu'elle est cachée sous le lit elle aperçoit une autre jeune fille massacrée. Ledoigt coupélui sert de preuve. La jeune fille, généralement, parsème son chemin dans la forêt de cendres et depois. Quandle fiancé apparaît elle se sert du doigt de la jeune fille massacrée pour le démasquer. Conte de veillée : L'OGRE BRULÉ Une fois il yavait deux demoiselles qu'elles allaient à l'église tous les matins. Un jour elles ont fait rencontre d'un bourgeois qui allait faire la communion ensemble tous les jours. Le bourgeois une fois les a invitées d'aller le voir chez lui. Elles lui ont promis ;et un jour ysont allées. Quand elles sont rentrées au seuil de la porte, elles ont vu une femme qu'elle faisait griller un enfant sur une grille de fer. Elles voulaient s'en retourner, mais elles ont vu arriver le grand bourgeois qu'il portait un homme sur les épaules pour le tuer, et elles se cachèrent derrière la porte. L'homme qu'il portait il s'attrape après le cunoit de la porte, mais le bourgeois dit à cet homme de lâcher le cunoit: —Vouje te coupe le bras. L'homme tenant toujours la porte, le bourgeois d'un coup de couteau lui coupe le bras, et la main tombe dans le tablier d'une de ces demoiselles qui étaient derrière la porte. Aussitôt que le bourgeois a été rentré dans la cuisine, elles ont pris la fuite, et ont emporté la main de l'homme que le bourgeois portait. Le lendemain lui et elles ont été faire la communion tous les trois ensemble à la même heure. Le bourgeois lui a demandé pourquoi elles n'avaient pas été le voir. Elles lui ont répondu qu'elles lui avaient bien été, mais qu'elles l'avaient pas trouvé.
- Eh bien, puisque vous m'avez pas trouvé hier, venez demain sans manquer.Je donne un repas et je veux que vous ysoyez. Elles lui ont promis d'y aller et elles ysont allées. Tout en commençant le dîner, elles ont commencé de lui dire qu'elles avaient fait un rêve contre lui. Il leur demande qui était leur rêve. —Nous avons songé que nous étions venues àvotre porte et que nous avions vu une vieille femme, qu'elle faisait griller un enfant dans une grille de fer. —Allons, mesdemoiselles, dites toujours, tout songe n'est que mensonge. —Ensuite nous avons songé qu'il était venu un grand bourgeois, qu'il portait un homme sur les épaules et que nous étions cachées derrière la porte, et cet homme s'était attrapé de sa main au canetde la porte, et ne voulant pas le lâcher, ce bourgeois lui avait donné un coup de couteau, il lui avait coupé la main, et que cette main avait tombé dans notre tablier, que nous avons emporté la main, la voilà. Les gendarmes ont sorti d'une cachette, l'ont pris et l'ont fait brûler dans sa bassedans un grand feu. Fin du conte de l'ogre brûlé. (Mispar écritpar unconteuranonyme(Hte-Loire ?)) MsV. SMITH, VelayetForez, I, 159-160 Le trait du chemin marqué ne se trouve que dans l'une des trois versions nivernaises, celle précisément qui se rapproche de la version des Grimm. Fréquents par contre sont : a) le trait de l'oiseau avertisseur, lorsque la jeune fille se rend au château des brigands, b) en fin du conte, celui du récit présenté comme un rêve que fait la jeune fille de son aventure. Le titre de notre version-type (cf. la mention manuscrite du conteur in fine) met en évidence une certaine proximité avecle conte-type 311, ceque l'Aa.Th. indique par ailleurs. LISTE DESVERSIONS 1. MERKELBACH-PINCK, Loth. Vm., 325-326 :MonsieurMuffat. 2. PETERS,AusLoth., 34-48 : VomRitterBodo. 3. CARNOY, C.fr., 203-208 :Lestroisfillesetlestroiscavaliers. —Meurthe-etMoselle.
4. ID., ib., 209-210 : Lestroisfilles etlestrois cavaliers [var.]. —Doubs. 5. MsMILLIEN-DELARUE, Nivernais : Lesseptvoleurs. 6. ID., ib. : Lafille chezlesvoleurs. 7. ID., ib. :Au château desbrigands. 8. MASSIGNON, RécitsdeBretagne (TrégoretGoëlo), 89-93 : Brunette, Finette et Rosette. 9. R.T.P. XXIII (1908), 285-287 :Lesblanchisseuses. (SÉBILLOT, C. etlég. de la Hte-Bretagne) = R.T.P. IX (1894), 349. Rés. 10. Ms HAVARD, Ille-et-Vil., 354-359 : Conte des trois blanchisseuses = LE CRAVER,Pleine-Fougères,260-262 (c.i.) 263-264 (t.i.) et 266-268 (t.é.), n° 32 : Contedestrois blanchisseuses. 11. ID., ib., 415-424 : Contedelaprincesse etdesa bonne. 12. Ms SMITH, VelayetForez, I, 159-160 : L'ogre brûlé. 13. MÉRAVILLE, C.Auvergne, 60-66 : Lafiancée etlesquarante bandits. 14. POURRAT et BRICOUT, C. duLivradois) 160-162 : Le conte delafille quialla visiterle châteaudesonfiancéetdecequ'elley vit. 15. COUGNOUX,Monédières, 61-68 : Lafilha delrei—Lafille duroi. 16. MsPERBOSC-CÉZERAC, n° 69 :Letueurdefemmes. (Texte occitan s. t.) 17. POURRAT, Trésordesc., VIII, 149-157 : Le contedumauvaisrêve.
1. En tête Paul Sébillot note : «J'ai entendu maintes fois conter en plusieurs pays de la Haute-Bretagne très éloignés les uns des autres cette histoire qui semble un écho lointain de la Barbe-Bleue ;à Ercé où le conte est intitulé MonsieurduLogisvert, àSaintCast où il s'appelle le Bras coupéetc. La variante qui suit porte le nom du conte des Blanchisseuses, elle m'a été contée en 1879 par une femme de Plévenon. »
T. 956 B
LEVOLEURÀLAMAINCOUPÉE Aa.Th. The CleverMaiden Alone at Home Kills the Robbers. (Seule à la maison la jeune fille habile tue les voleurs). La jeune fille courageuse se débarrasse du (des) voleur(s) et lui coupela main. Parla suite il revient non reconnu, l'épouse et l'emmènepour sevengerd'elle. Elle réussitàlui échapper. : LAMAIN COUPÉE C'était une jeune fille qui était servante chez des bourgeois. Une fois, les bourgeois étaient partis et comme elle se trouvait toute seule dans la maison, elle demande àune de ses compagnes de venir passer la nuit avec elle. Or cette autre jeune fille, en ôtant ses bas, vit unhommecaché sous le lit. «Ah !se dit-elle, tu ne m'attraperas pas, mabelle. Tu meracontes que tu as peur des voleurs, tu me fais venir coucher avec toi et tu caches un amoureux sous le lit !Attends un peu !» Et, malgré les supplications de la servante, elle remit ses bas, se rhabilla et s'en alla, sans souffler mot de ce qu'elle avait vu. Laservante resta donc seule. Elle se coucha. Quand elle fut endormie, l'homme qui était caché sortit de dessous le lit. Il yavait encore un peu de feu dans la cheminée. L'homme yalluma une chandelle et s'approcha tout doucement du lit pour voir si la jeune fille était bien endormie et, pour en être tout à fait sûr, il lui fit couler un peu de cire chaude sur la figure. La servante ne bougea pas, bien qu'elle fût éveillée, et elle contrefit si bien le sommeil que l'homme s'y trompa. L'homme posa son couteau et la chandelle sur la table, puis il sortit et siffla pour appeler ses compagnons. Lajeune fille se leva alors et courut à la porte qu'elle ferma rapidement derrière l'homme qui se retourna en entendant tirer les verrous et se précipita, mais trop tard.
- Donne-moi au moins mon couteau que j'ai laissé sur la table, dit-il à la jeune fille. La servante alla chercher le couteau qui était fort gros et bien affilé. - Baissez-vous, dit-elle à l'homme, et passez la main sous la porte. L'homme tendit la main comme on lui disait de le faire mais la jeune fille, aulieu de lui remettre le couteau, lui en donna un coup sur les doigts qu'elle lui coupa. L'homme s'enfuit en criant. On ne sut pas ce que l'homme était devenu. Il n'avait cependant pas quitté le pays. Il portait des gants qu'il n'enlevait jamais. Il courtisa la servante qui ne le reconnut pas et consentit à l'épouser. Le lendemain des noces, l'homme et sa femme allèrent se promener dans la forêt. Quand ils se furent enfoncés dans le bois, assez avant pour n'être vus de personne, l'homme se tourna vers sa femme et la regarda dans les yeux en arrachant son gant droit : - Te rappelles-tu, la belle, ce que tu m'as fait voilà bien du temps ? Et il lui mit devant la figure sa main aux doigts coupés. Puis il tira une corde de dessous ses habits, pendit sa femme à un chêne et s'en alla. Il y avait non seulement des chênes mais encore des fayards dans ce bois et les gardeuses de dindons y conduisaient leurs troupeaux à cause des faines. L'une d'elles, qui faisait changer ses dindons de place, vint à passer devant l'arbre où la servante était pendue. Elle la dépendit et réussit àla ramener àla vie. Laservante seplaça commechambrière chez un aubergiste. Elle ne dit à personne ses aventures, ni qu'elle était mariée. Le patron de l'auberge la croyait fille. Bien du temps après, il vint un soir deux hommes à l'auberge pour y passer la nuit. Ils portaient un coffre grand et lourd qu'ils déposèrent dans la salle puis ils sortirent pour faire un petit tour avant souper. La servante qui vaquait à sa besogne dans la pièce où était ce coffre remarqua que le chien de la maison, qui se chauffait devant le feu, s'était levé pour flairer ce coffre. Il le flaira en reniflant puis se mit à tourner autour sans arrêt en poussant des aboiements et de petits gémissements. Ce manège intrigua la servante qui suspendit son travail pour regarder la bête et, comme le chien ne touchait pas le coffre, elle alla avertir son maître. L'aubergiste trouva la chose étrange et, comme le chien se mettait à gratter le coffre enredoublant ses aboiements, il prit peur. Il prit songrand couteau de cuisine et l'enfonça jusqu'au manche àplusieurs reprises entre
les planches du coffre. Laservante et lui envirent sortir dusang.L'aubergiste soulevaalorslecouvercleetilsvirentlecadavresaignantd'unhomme àla main coupée, dans lequel la servante reconnut sonmari. (RecueiliàPionsatle20juin 1934) POURRATet BRICOUT,C.duLivradois, 324-326 EM8,col. 1391-1399:Mädchen:DastapfereMädchenunddieRaüber (I. Köhler-Zülch). Extraits : «Unehistoiredebrigandscomptéeparmilescontes-nouvellesetconstituée souvent dedeux,voire detrois séquences narratives... Lecentre de gravité de sa répartition se situe en Europe et enTurquie.. Sur le continent européenles nombreuses notations depuisle milieuduXIVs. témoignentd'un extraordinaire degré deconnaissance dececonte-type. Aa.Th. 956 Bprésente des affinités avec d'autres contes de brigands. C'est ainsi que Aa.Th. 955 constitue dans de nombreuses variantes la deuxième séquencenarrative de956B.. Commelemontrentles diverses formesrevêtues par cette deuxième séquence, Aa.Th. 956 Bne peut être considéré comme une simple extension deAa.Th. 955.. Fait également assez souvent partie de 956Ble conte-type 954, intégré à la troisième séquence narrative quirelate le nouvelessai devengeancedesbrigands... Surlabase d'une certainecohérencequantaucontenu,descombinaisonsetdescommunautésdedétails existent avecAa.Th. 311,312.. Commele brigandde Aa.Th. 311,312le briganddecertainesversions deAa.Th. 956Bprésente des traits démoniaques.. Unrécit duNederlandse Weghkorter(1613) peut être considéré comme la plus ancienne attestation actuellement connuedela première séquence narrative... Unesérie dechansons comparablesexiste enEurope depuis le XIXs.... Eberhard et Boratav dans leur Catalogue des contes turcs estimaient que la richesse envariantes du conte-type pouvait être enrelation avecsonanciennetéetcitaientunlivrepopulaireturc écritauXIVs.contenant tous les motifs du conte-type (W. EBERHART u. P. BORATAV, TypentürkischerVolksmärchen)Wiesbaden1953,p. 167).. DepuisleXVIs.le complexe thématique «sex and crime»est représenté notamment par la ballade,liée auxnomsdeHeerHalewijn,Ritter Ulingeretc., queF.J. Child considère commele typedeballadeleplus répanduenEurope (F.J. Child, TheEnglish andScottishPopularBallads, 1-5, (Boston/New York 1882-98), NewYork,3eéd. 1965;vol. 1,n° 4)... Pourbeaucoupderédactions dece
conte-type on observe de plus ou moins fortes tendances vers le récit légendaire (Sage). Assez souvent cette histoire de brigands est localisée et contée comme véridique... Les contes à trois épisodes ou les variantes mélées à Aa.Th. 311 tendent plutôt vers le conte merveilleux, d'autres, avec St. Joseph ou la Vierge Marie comme aides, vers le conte légendaire chrétien. » LISTE DESVERSIONS 1. COSQUIN, C. Lor., I, 178, n° 16 : Lafille dumeunier. 2. Ms MILLIEN-DELARUE, Nivernais : Lesquarante voleurs. 3. ID., ib. : Le voleurà la maincoupée. 4. ID., ib. : PoignetCoupé. 5. KERBEUZEC, Cojou-Breiz I, 139-141 : Lh' ommeà la maind'argent. 6. CADIC, Bret. V, 225-230 : Héroïne bretonne = C. etlég. deBret., 10e série, 1913, 87-92 = ID, Bret. III (éd. 1999), 125-131, n° 83 :JeanneHachette deBretagne = Paroisse bret., juillet 1912. 7. MASSIGNON, Récits deBretagne (Trégoret Goëlo), 94-100 : Marie dansla bassefosse. 8. Ms HAVARD,Ille-et-Vil., 189 : Lechatrouge = LE CRAVER, Pleine-Fougères, 154-155 (c.i.) 156-157 (t.i.) et 158-159 (t.é.), n° 19 :Lechatrouge. 9. SÉBILLOT, C. Hte-Bret. I, 340-342, n° 62 : Le voleurdecrêpes = ID., ib., (éd. 1998), 339-341. 10. GABORIT, Lydia. Lit. or. Noirmoutier, 22-26 : Lap'tite Clémence. 11. GAUTIER, C.popul. Vendée, 102 : Barbe blanche. 12. PINTUREAU et VALIÈRE, Parolesd'oretd'argent, 175-179 : Le voleur. 13. POURRAT et BRICOUT, C. duLivradois, 320-323 : Le contedumaître des40 voleursetdesapauvrefemme. 14. ID., ib., 324-326 : La maincoupée. 15. MÉRAVILLE, C.Auvergne, 110-114 : Laramèe. (Avec motif T. 954). 16. Ms MAUGARD, C.Audepyr. : Lemaître voleur. 17. JOISTEN, C. DauphinéII, 19-20, n° 75.1 : Lafille et le voleur. - Repris par : MASSIGNON, Deboucheà oreilles, 333-334, n° 57 : mêmetitre. 18. ID., ib., 20-21, n° 75.2 : La maincoupée(Rés.). 19. ID., ib., 21, n° 75.3 : Lafille etle voleur(Rés.). 20. ID., ib., 21-22, n° 75.4 : [Le voleurà la maincoupée] (Rés.). 21. ID., ib., 22, n° 75.5 : [Lesdeuxbergèresetle brigand] (Rés.).
22. ID., ib., 22, n° 75.6 : [Lafille etle voleur] (Frag.). 23. MsCh. JOISTEN, Savoie: Lafille dela meunière. 24. BLANC, RécitsdeCatalogne (Vallespir), 116-117 : El rellotger. 25. MASSIGNON, C. corses(1963), 55-56, n° 24 : Les voleurs. (Avec motif des T. 954 et T. 955). 26. ID., ib., 151-153, n° 68 : Finimula etSpicciamula. - (Avec T. 955 ?). 27. CERQUAND, Lég.p. basque, IV, 35-37, n° 90 : Le bras allumé. Texte basquep. 158-160—Repris par :BIDART,RécitsduPaysBasque(BasseNavarre), 136-138. 28. POURRAT, Trésordesc., VIII, 177-188 : Lec. desyeux rouges. a) Ms LACOURCIÈRE-SAVARD, Canada, le série, n° 15 : Les quinze voleurs. b) LEMIEUX, Les vieuxm'ontconté, 18, 209-216 (texte remanié), 217-225 (t. original) : Lesdixvoleurs.
T. 956 D
COMMENTLAFEMMESESAUVEAPRÈSAVOIR DÉCOUVERTUNVOLEURSOUSSONLIT Aa. Th. Howthe Girl Savesherself whenshe Discovers a Robberunderher Bed. : LABONNE FEMME ET SON CHAT Il y avait une fois une bonne femme de campagne qui, en rentrant chez elle, aperçut sous son lit les deux pieds d'un voleur. Elle ne fit mine de rien, et alla s'asseoir tout tranquillement au coin du fouyer, auprès de son chat. Aubout d'un instant, elle se mit à dire : «Mon chat, mon Mi, «Si les voleux étaient ici, «Qu'est-ce que tu dirais ? «—Miaou !miaou !n'est-ce pas ?» Levoleur qui était caché ne pouvait s'empêcher de rire de la simplicité de la bonne femme, quand celle-ci reprit : ««Mon chat, mon Mi, «Si les voleux étaient ici, «Qu'est-ce que tu dirais ? «—Auxvoleux !aux voleux !» Et la bonne femme cria si fort que tous les voisins accoururent et attrapèrent le voleur. (Luciede V. H. Contesetlégendesdela Haute-Bretagne: PaysNantais) R. T. P. XV (1900), 334
LISTE DESVERSIONS 1. RÉTIF DE LA BRETONNE, in t. XXXVI de : Les contemporaines.. 1784, reproduit dans Rétif de la Bretonne, La viedemonpère, éd. G. Rouger, Paris, Garnier, 1970. Appendice : Un village au XVIII siècle, 236-237 : La veuveetle voleur. 2. R.T.P. XV(1900), 334 : La bonnefemmeetsonchat. —Nantes.
T. 960 A
LESGRUESDI'BYCUS Aa.Th. TheCranes of Ibycus. Des oiseaux, seuls témoins d'un meurtre, deviennent les dénonciateurs du meurtrier. : LE CHAMP PONSIAS Ponsias était un crochetier bien connu, longtemps avant la Révolution, sur tous les marchés des environs de Vire (...) Or un soir, Ponsias, qui était déjà un vieillard passant pour avoir des écus, regagnait sondomicile, grimpé dans savoiture que traînait unevieille haridelle : il avait passé sans encombre le village de la Papillonnière, lorsque, devers les champs de Tracy, il fut arrêté par deux individus à mine de truands qui lui demandèrent la bourse ou la vie. Ponsias (...) résista tant qu'il put ; mais (...) les brigands (...) portèrent à leur victime un grand nombre de coups de couteau. Ils le traînèrent ensuite dans un champ bordant la route et fouillèrent la voiture où ils espéraient trouver quelques valeurs. Ponsias perdait le sang par ses nombreuses blessures et la mort devait venir rapidement. Il reprit cependant connaissance, aperçut ses assassins qui revenaient vers lui. Comme à ce moment, les corbeaux regagnaient les grands bois qui abritaient les ruines du donjon de Tracy, et croassaient Crao !Crao !en passant, Ponsias les aperçut et s'écria : Oiseaux du ciel, je vous prends à témoin de mamort ! Les bandits achevèrent leur victime et s'éloignèrent rapidement. Le cadavre du pauvre Ponsias fut trouvé le lendemain dans le champ où les assassins l'avaient porté et une enquête fut ouverte. [Sans résultat.] 1. Marchand d'œufs, de beurre...
(...) Une année s'était écoulée et la population viroise se pressait en partie sur la place du vieux château pour assister à l'exécution, par le feu, d'un père et de sa fille déclarés coupables de crime d'inceste, lorsque deux corbeaux s'arrêtèrent près du bûcher en poussant leur cri guttural : Crao ! Crao ! - Tiens, voilà les témoins de Ponsias ! s'écrie un individu à la mine pendable et aux vêtements déchirés. —Parbleu, oui ! ce sont eux, répond un autre individu. Le nom de Ponsias revint à la mémoire de leurs voisins et plusieurs se dirent que les assassins tant recherchés pourraient bien être ces individus. Les Conseillers du bailliage furent prévenus et les deux malandrins arrêtés. Interpellés sur le sens de leur exclamation, ils se troublèrent l'un et l'autre et ne purent justifier de leur présence à Vire, le soir du crime ; ils tombèrent dans des contradictions absolues et finirent par convenir qu'ils avaient assassiné Ponsias pour voler ce qu'il possédait. Convaincus du crime d'assassinat suivi de vol, ces deux brigands furent condamnés à être roués vifs sur la place de l'ancien château (...) L'exécution suivit de près la sentence, et les criminels virent pendant qu'ils expiraient dans d'atroces souffrances, les témoins de l'assassinat de Ponsias, assister à leurs derniers moments. Les corbeaux ne s'éloignèrent qu'à la nuit en poussant leur cri lugubre : Crao ! Crao ! (...) Quant au champ, témoin du crime et de l'expiation, il porte toujours le nom du malheureux crochetier : le Champ Ponsias. BRUNET, Basse-Norm., 106-110 Toutes les versions, mise à part la version JOISTEN, mettent effectivement en scène des oiseaux et sont ainsi valablement indexées ici (et non sous T. 960, The Sun BringsAll to Lighf). EM 8, col. 331-334 : Kraniche des Ibykus (Ch. Schmitt). Extraits : «Légende migratoire sur l'élucidation d'un meurtre attestée dès l'Antiquité... Le thème est connu comme légende historique attachée à la mort du poète lyrique grec Ibykos (VI s. av.J.-C.) qu'Erasme de Rotterdam transmit aux temps modernes en 1508 dans ses Adages... » On pourra se reporter aussi au commentaire de Kurt RANKE in JOISTEN, C. DauphinéIII, 248-249.
LISTEDESVERSIONS 1.BRUNET,Basse-Norm., 106-110 :LeChampPonsias. Cf. aussi SÉBILLOT, Fl. deFr., III, 212. 2. BIRETTE, Basse-Norm., 42 :S. t.—Val de Saire. 3. Légendesetfiauves, 77-79 : La légendedela Croix desOiseaux. —Lorraine 4. SÉBILLOT,Auvergne, 163-164 : Les corbeauxdénonciateurs. 5. CHARPIGNY/ GRENOUILLER/ MARTIN,MarinsChampailler, 190199 : Legrolye—Lescorbeaux. 6. ARNAUDIN, Grande-Lande,I (éd. 1977), 270-271 :Lesgrues.—Lesgrùues = ID., ib. (éd. 1994, 204-205), n° 35. 7. DESPLAT et LE NAIL, C. pays de Bigorre, 159 : La Croix des Morts (A.D.H.P., Baila, 1887). 8.JOISTEN, C. DauphinéII, 23, n° 76.1 : Lemaquignonassassiné(Rés.). 9. BERENGER-FERAUD, L.-J.-B. Les légendesdela Provence, Paris, 1888, 315-317 : LestémoinsdeGueilet. —Repris par :JOISTEN, C. Dauphiné III, 249. 10. POURRAT, Trésordesc., 11, 287-289 : Lescorbeauxqui dénoncent.
AUTRES CONTES-NOUVELLES
T. 980 (A ET B)
GRAND-PÈREETPETIT-FILS Aa. Th. Ungrateful Son Reproved byNaive Actions of Own Son (Le fils ingrat blâmé par des actes naïfs de son propre fils). Aa. Th. 980A: TheHalf-Carpet(Lamoitié de la couverture). —Coupée en deux, la moitié de la couverture est réservée par l'enfant à son propre père pour quand il sera vieux. Aciter, entre autres œuvres littéraires médiévales (cf. TUBACH,Index exemplorum, n° 2001), le célèbre fabliau de La Houssepartie : voir p. ex. MONTAIGLON et RAYNAUD, Recueilgénéral et complet desfabliaux des XIIImeetXIVmes., I, Paris, 1872, 82ss. Aa. Th. 980 B: WoodenDrinking Cupfor OldMan (L'écuelle en bois pour le vieillard). —Le petit-fils en taille une pour son père. —GRIMM n° 78 : Deralte GrossvaterundderEnkel. Onpeut sereporter à :Lutz RÖHRICH,Erzählungen.., I, Das Exempel vom undankbaren Sohn (Mot.J 121), 93-112 (textes dont La Housse partie) et 262-267 (commentaire). Une seule version du T. 980 A: BESSOU, C. OuncleJanet, 25-29 : Las dous mitats d'un saile d'ego (Les deux moitiés d'une couverture de jument). Une seule version du T. 980 B: : [L'ASSIETTE EN BOIS] Il yen avait une fois un de Bellevaux qui ne portait pas beaucoup de respect à son père qui était déjà vieux ; il lui avait fait une assiette en bois. Et voilà que tout par une fois il vit son gamin qui chapotait un morceau de bois. 1. Tailladait.
—Qu'est-ce quetu fais là? — Je faisuneassiettepourtoi, pourquandtu serasvieux,quelegamin répondit. J. DUPRAZ,LepatoisdeSaxel,Haute-Savoie, Paris, 1969,p.24-25, (texte patois ettraduction.) 2eéd. chezl'Auteur, Saxel,1975,p.27.
T. 980 D
LEFILS INGRAT: LECRAPAUD Aa. Th. MeatSprings as a Toadon theFace of an UngratefulSon (L'aliment changé en crapaud s'attache au visage du fils ingrat). Déjà traité (par erreur comme Non classé) en fin du Catalogue des contes religieux : cf. Catal., IV, 288-290, 6 versions. La version 2 est publiée sous un autre titre in : LUZEL, C. Retrouvés II, 341-345 : Le mauvaisfils —ID., Lég. Chré. II 179187 : Lefils ingrat.
T. 981
LA ' BOLITION DELAMORTDESVIEUX Une seule version, très fragmentaire. On pourra consulter : PAUDLER F., Die Volkserzäblungen von derAbschaffung derAltentötung. Helsinki, 1937 (FFC 121). EM 1 (1977), col. 388-395 : Altentötung (E. Moser-Rath). LISTE DESVERSIONS 1. Ms MILLIEN-DELARUE, Nivernais : Le vieux.
T. 982
LH ' ÉRITAGEDESFILS INGRATS: LECOFFREDECAILLOUX Aa.Th. SupposedChestof GoldInducesChildrento CareforAgedFather(La caisse supposée pleine d'or conduitles enfants àprendre soin de leur vieux père). : L'HÉRITAGE ÀPARTAGER Un père avait quatre ou cinq enfants, quatre ou cinq fils mariés, et lui était resté à vivre seul, avec un petit jardin, une vigne et quelques châtaigniers. Les enfants trouvaient qu'il vivait longtemps : ils auraient voulu que leur père partage son bien entre eux. —Papa, c'est une honte pour nous que vous ayez si longtemps travaillé. Partagez votre héritage, et une semaine vous mangerez chez l'un de nous, l'autre semaine chez un autre de nous. —Mais je m'ennuierai ! —Non, vous serez bien chez nous. —Eh !bien, faisons le partage ! Ils ont fait des lots, et on a tiré au sort. Les enfants ont été mécontents. C'était au tour de la belle-fille, femme de l'aîné, de recevoir son beaupère. —C'est par moi que vous commencez votre tour ?lui dit-elle. Ah !je n'ai eu que la mauvaise part de votre bien, rien que des terres en maquis. Eh bien !mangez donc ! Le pauvre vieux était mal à l'aise : un morceau descendait et l'autre remontait. Enfin il sort et vapleurer derrière l'église. Lecuré descend, et le voit :
—Eh !qu'est-ce qu'il ya ? —J'ai fait mon malheur,.. j'ai partagé mon bien et mes enfants me le reprochent... je suis âgé, sensible... voilà pourquoi je pleure. —C'est facile à réparer. Montez chez moi, lui dit le curé. Il monte, prend unusacchettu (une bourse) remplie de pièces d'argent, et le donne au vieux. —Vous habitez la pièce en-dessous de chez votre fils, le plancher est disjoint :comptez donc l'argent avecbruit surle plancher (jevous leprête). Le vieux part avec le sacchettu, et il compte et recompte son argent. La belle-fille finit par regarder à travers le plancher, et voit les pièces d'argent. Le vieux prend unamazzola (une massue), l'enveloppe dans un sac, et metle tout dans une boîte fermée à clé ; quant àl'argent, il le rend au curé. Le soir, la belle-fille lui dit : - Papa, montez donc, votre fils rentrera tard. Soupez tout de suite. Elle avait pris une voix douce et mielleuse pour lui parler : —Mais vous ne mangez rien !pas plus qu'un poussin ! Et elle lui dit encore : —Restez donc chez nous, n'allez pas chez vos autres fils ! —Comme vous voulez. Il mange son content et va se coucher. Le lendemain, elle dit à son mari : —Tu sais, ton père ade l'argent à compter : j'ai vu une caisse sous son lit. Gardons ton père chez nous jusqu'à la fin de ses jours ; comme ça, nous ne partagerons pas l'argent avec les autres. —Fais comme tu voudras. On soignait bien le père, mais quand un vieux est trop bien soigné, on l'envoie au tombeau ! Quand il fut mort, on lui a mis ses beaux habits, on lui achète une paire de souliers neufs. L'enterrement a lieu, les hommes seuls vont au cimetière. Le fils dit en rentrant : —Vite !cherchons la caisse ! Il prend son couteau, coupe la ficelle, ouvrela caisse et trouve amazzola (la massue) ! A chisparte a sojuavantil'ora Ch'hellupicchj'in cabudimazzola dit le proverbe corse. C'est-à -dire :
Celui qui partage avant l'heure Qu'il reçoive sur la tête un coup de massue. —Oh ! dit le fils, que le diable l'emporte ! Mais quand vous jurez contre un cheval, il grossit et son poil luit : A cavallu djestimadu Lugge upelu (A cheval méprisé Luit le poil). (Contéenfrançais, enoctobre 1955,par leR. P. Petrignani, natif de Venzolasca, 71 ans) G. MASSIGNON, C. corses, 206-207 EM 4, col. 123-127 : Erbschaft, die vorgetäuschte (E. Moser-Rath). Extraits : « On peut suivre ce récit —souvent dénommé conte-type de la massue dans le coffre (KolbenimKasten) —en remontant jusqu'à la Disciplina Clericalis de Pierre Alphonse (où il a trait au roi Lear)... Il bénéficie d'une large diffusion dans la littérature internationale des exempla (Tubach, Index exemplorumn° 965),... ainsi que dans la novellistique italienne et espagnole (Rotunda D.P., Motif-Indexof theItalian Novellain Prose, Bloomington, 1942, Motif P 236.2 ; Childers J.-W. Talesfrom the Spanish Picaresque Novels. A Motif Index. Albany 1977, Motif P 236.2) Tout aussi internationale est la tradition orale, sans cesse revivifiée en même temps que stabilisée par la tradition écrite... Frappe précisément le caractère étonnamment stable du conte-type en regard de sa vaste répartition... » LISTE DESVERSIONS 1. LUZEL, C. inédits, I, 191-195, n° 19 : Le testament d'unpère. 2. MASSIGNON, C. corses, 206-207, n° 93 : L'héritage àpartager (I).
T. 990
LAFEMMEENTERRÉE QUIREPRENDSESSENS Aa.Th. TheSeeminglyDeadRevives. La fausse morte revient àelle quand les voleurs viennent lui couper le doigt pour prendre un anneau. LAFAUSSE MORTE AUDOIGT TRANCHÉ Cette légende bien connue a une localisation aux environs d'Issoire. ÀBois-Rigaud, près d'Usson, il yavait une châtelaine qui vint àmourir. On l'enterra dans son caveau. Une servante, la nuit, alla soulever le couvercle du cercueil, pour enlever une bague superbe qu'on avaitlaissée à son doigt et qu'elle convoitait. Ne pouvant l'arracher, elle trancha le doigt et s'enfuit. Mais la dame, qui n'était qu'en léthargie, se leva et sortit derrière elle. Elle vécut encore une dizaine d'années. DAUZAT,Auv., 19 EM5, col. 199-203 : Frau :Die tote F. kehrt zurück (R. WBrednich). Extraits : «Le récit légendaire du retour à la vie d'une femme apparemment morte et enterrée est attesté en Europe Centrale depuis la fin du Moyen Âge... Les premières versions, pour une part facétieuses, se rencontrent dans la littérature latine des exempla ainsi que dans la novellistique italienne depuis le XIVs.... En Francevers 1550 GédéonTallemantdes Réaux raconte dans ses Historiettesle cas d'une certaine Baronne de Panat, étouffée par un petit os (Motif E 21) et enterrée. Sa servante voulut piller la tombe et ce faisant fit revenir la dameàlavie. (Monmerqué,L.J. N./ Paris, P. : Les Historiettes de Tallement des Réaux. 1. 3 éd., Paris, 1854, 436). Le médecin parisien J.-J. Bruhier rend compte en 1742 d'une série de cas si-
milaires (Dissertationdel'incertitudedessignesdelamort, Paris, 1742)... R. Schenda a réuni des attestations de l'apparition de ce thème dans les lectures populaires du XIX s. » On pourra voir aussi : Lutz RÖHRICH, Erzählungen..., II, 86-121 (textes) et commentaire en fin de volume. LISTE DESVERSIONS 1. ARNAUDIN, Grande Lande, (éd. 1966), 204-206, n° 38 : Monsieur de Labatut = ID., ib. (éd 1977), 222-225, n° 53 = ID., ib. (éd. 1994), 204205, n° 36. 2. R.T.P. XII (1897), 456-457 : La morte vivante. (Filleul-Pétigny, C. de la Beauce et du Perche). 3. DAUZAT, Auv., 19 : Lafausse morte au doigt tranché. (Légende localisée aux env. d'Issoire). 4. ROBERT et VALIÈRE, Ethnotextes occitans... (Hérault), 51-52, n° 10 : Nòstra Dama deLiessa —Notre Dame deLiesse.
a) LEMIEUX, Les vieuxm'ont conté, 23, 127-144 (texte remanié), 145-167 (t. original) : Leprince chéri.
T. 992
LECŒURMANGÉ Aa.Th TheEatenHeart. Unefemme adultère est amenée, sans le savoir, à manger le cœur de son amant (parfois autre partie de son corps). Thème largement présent dans la littérature européenne du Moyen Âge : cf. notamment le Romanducastelain deCoucyetdela damedeFajel(fin XIII s.) et la nouvelle 4, 9duDécaméronde Boccace ;par contre peu présent dans les traditions orales : en France dans des récits légendaires localisés (Hte-Bretagne, Normandie) On pourra se reporter à : EM6, col. 933-939, art. Herzmäre (A. Gier). Pour le croisement avec le T. 910 B,voir ci-dessus
1. Cf. Paul SÉBILLOT, Fl. deFr., IV, 302-303. 2. J.-P. PICHETTE, op. cit., 187 ss.
BIBLIOGRAPHIE
LaBibliographie de base du Catalogue se trouve dans leTome I ;elle aété complétée dans les volumes ultérieurs. Ne sont cités ici que les titres appelés dans ce volume.
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KASPRZYK Krystina. Nicolas deTroyeset legenre narratif enFrance auXVI siècle. Paris, C. Klincksieck, 1963. ROHRICH Lutz. Erzählungen des späten Mittelalters und ihr Weiterleben in Literatur und Volksdichtung bis zur Gegenwart. 2vol., Berne et Munich, Francke Verlag, 1962 et 1966. STRAPAROLA Giovan Francesco. Lepiacevoli notti. Venise, I, 1550 ; II, 1553. - Trad. française :Lyon, 1560et 1572.- Réimpr. :Lesfacétieuses nuits deStraparole, trad. parJean Louveau et Pierre de Larivey. 2vol., Paris, 1857 (Bibl. elzévirienne). TENÈZE Marie-Louise : voir ci-dessus à DELARUE, Paul. THOMPSON Stith. TheFolktale. New-York, 1946. ID., Motif-Index of Folk-Literature. AClassification of Narrative Elements in Folktales, Ballads, Myths... Revised and Enlarged Edition. 6vol., Copenhague, Rosenkilde and Bagger, 1955 à 1958. ID. : voir ci-dessus àAARNE-THOMPSON. TUBACH Frederic C. Index exemplorum. A Handbook of MedievalReligious Tales. Helsinki, 1969 (Folklore Fellows Communications n° 204). EM. —Enzyklopädie desMärchens. Handwörterbuch zur historischen und vergleichenden Erzählforschung. Berlin, New-York, àpartir de 1977 -9 vol. parus. Le Violierdeshistoiresromaines.Ancienne trad. française des GestaRomanorum. Nouv. éd. par M. G. Brunet, Paris, 1858.
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JOISTEN Alice. ContespopulairesdeSavoie. Die-Grenoble, Éd. A. Dïe - Musée Dauphinois, 2000). Ms LACOURCIÈRE, Canada. - LACOURCIÈRE Luc. Contes et récits recueillis à Sainte-Marie, Beauce (Canada), de Mme Thomas Ferland, 88 ans, àl'automne 1948 (17 récits). Rés. par P.Delarue inMsAtp 62.72. Ms LACOURCIÈRE-SAVARD, Canada. - LACOURCIÈRE Luc et SAVARD Mgr Félix Antoine. Contes recueillis pendant l'été 1949 avec l'assistance du Musée National (1er cahier), Archives de Folklore de l'Université Laval, Québec, 1950. Rés. par P. Delarue in Ms Atp 62.72. Ms LEPROUX, Angoumois. - LEPROUX Marc. Contes recueillis entre 1925 et 1950. Rés. par P. Delarue in MsAtp 62.64. Ms G. MASSIGNON, Ouest 1950-1960. - MASSIGNON Geneviève. Environ deux cents contes recueillis en Loire-Atlantique, Vendée, Deux-Sèvres,Vienne, Charente. Partiellement publiés :Paris, Erasme, 1955. Rés.par P.Delarue inMsAtp 62.64et 62.65 et par M.-L.Tenèze in fichier Ms Atp. MsG. MASSIGNON, B.-Bret. —MASSIGNON Geneviève. Enquêtesdans le Trégorois (Basse-Bretagne) en 1953-1954. Deux séries : C. deteilleursde lin publiés : Paris, Picard, 1965 et C. de paysans partiellement publiés : Cf. ci-dessus in I. 1. Ms G. MASSIGNON, Corse 1955. - MASSIGNON Geneviève. Contes corsesrecueillisen 1955. 80 contes. La plus grande partie publiée dans Contes Corses, éd. Ophrys, Aix-en-Provence, 1963. Rés. par M.-L. Tenèze in fichier MsAtp. MsMAUGARD, C.Audepyr. - MAUGARD Gaston. Contes recueillis dans l'Audepyrénéenne(de 1938à 1950). Laplus grande partie publiée dans ContesdesPyrénées,Paris, Erasme, 1955. Microfilm Atp ph. 93.34.9999. Ms MILLIEN-DELARUE, Nivernais. - MILLIEN A. et DELARUE P. Contesrecueillis, entre 1885et 1890, dansleNivernaispar Achille Millien, transcrits et classés par Paul Delarue. Ms Atp 56.35 (« Fichier Millien »). Ms PERBOSC-CÉZERAC. - PERBOSC A. et DONNADIEU [CÉZERAC] S. Contes languedociens etgascons recueillis au début du XX siècle sous la direction d' Antonin PERBOSC (1861-1944), qui fut instituteur, par les enfants des écoles de Comberouger de 1900 à 1903, et de Loze de 1900 à 1908, dans le Tarn-et-Garonne. Ms. Atp 48.86. Cf. bibliographie des recueils Perbosc.
MsSEIGNOLLE, C. GuyenneIII. - SEIGNOLLEClaude. ContesdeGuyenne [3], Contes recueillis auprès des élèves de Lanouaille (Dordogne) entre 1945 et 1947. Partiellement publiés dans : Seignolle, C. Guyenne (voir en 1.1). MsAtp 91.82. Ms SMITH, Velay et Forez. - SMITH Victor. Contes, notes et chants ; Contes de Nannette Lévesque ; Contes et chants. 3 vol., Bibliothèque de l'Institut catholique de Paris III. Périodiques faisant une place au conte populaire Armanaprouv. - Armanaprouvençau. Depuis 1855, à Aix, puis à Avignon chez Roumanille. Arm. Louzero. —Armanacdela Louzero. Mende, [s.n.], à partir de 1899 A.T.P.— Arts etTraditionsPopulaires, Revue trimestrielle de la Société d'ethnologie française, Paris, 1953-1970. Folklore (Aude). —Folklore. Revue trimestrielle publiée par le Centre de documentation et le Musée audois des A.T.P., Carcassonne, 19381988. Mélusine. - Mélusine. Recueil de Mythologie, littérature populaire, publié par H. Gaidoz et E. Rolland, jusqu'au t. III inclus, ensuite par H. Gaidoz seul, 11vol. :t. I (1877-1978), t. II-X (1886-1901), t. XI, avec table générale (1912). Nos Traditions (Metz). - Nos Traditions, Metz Organe du Cerclefolklorique de Metz 1938-1939. Paroisse bret. —La Paroisse bretonnedeParis. Organe mensuel des Bretons de Paris. Dir. Abbé Cadic, 1889-1929. Rev. L. Rom.- Revuedeslanguesromanes. Montpellier et Paris, 1870 à 1939. R.T.P. - Revuedes Traditionspopulaires. Publication de la Société des Traditions populaires, Paris, 1886-1919. Paul Sébillot dir. jusqu'à 1918. Rev.duNivernais—RevueduNivernais, Beaumont-la-Ferrière. Dir. :A.Millien, 1897-1910. Romania. - Romania. Recueil trimestriel consacré à l'étude des langues et des littératures romanes, Paris, fondé en 1872par PaulMeyeret Gaston Paris. 5. Contes de Nannette Lévesque : à paraître en 2000 aux Éditions Gallimard.
Achevé d'imprimer en mai 2000 par l'imprimerie REY - VILLEURBANNE Dépôt légal : mai 2000
Le conte populaire français est conçu comme catalogue raisonné des attestations en domaine français (et, partiellement, en domaine francophone) d'une tradition du conte venue au terme d'une longue évolution. Dansle cadre decette vaste entreprise, levolumeContes-nouvelles (dénommés aussi «Romantic Taies »dans la classification internationale Aarne-Thompson) se propose d'élargir et d'approfondir la connaissance du conte de tradition orale dans un secteur relativement peu connu et où les liens avec la littérature écrite sont nombreux et intéressants. Recueil de contes et moyen d'accès à la documentation, il s'emploie, par la suite de ses commentaires, à faire le point sur les recherches en la matière et, là où il y a lieu, à relever des traits particuliers au répertoire français. Comme tel il s'adresse à un large public : chercheurs et enseignants, amateurs et praticiens.
Participant d’une démarche de transmission de fictions ou de savoirs rendus difficiles d’accès par le temps, cette édition numérique redonne vie à une œuvre existant jusqu’alors uniquement sur un support imprimé, conformément à la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012 relative à l’exploitation des Livres Indisponibles du XXe siècle. Cette édition numérique a été réalisée à partir d’un support physique parfois ancien conservé au sein des collections de la Bibliothèque nationale de France, notamment au titre du dépôt légal. Elle peut donc reproduire, au-delà du texte lui-même, des éléments propres à l’exemplaire qui a servi à la numérisation. Cette édition numérique a été fabriquée par la société FeniXX au format PDF. La couverture reproduit celle du livre original conservé au sein des collections de la Bibliothèque nationale de France, notamment au titre du dépôt légal.
* La société FeniXX diffuse cette édition numérique en vertu d’une licence confiée par la Sofia ‒ Société Française des Intérêts des Auteurs de l’Écrit ‒ dans le cadre de la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012.