Édito
A la bonne heure de la rentrée ! S’il y’a une institution française difficile à réformer, c’est bien l’Éducation Nationale. De nombreux ministres et gouvernements ont renoncé en ne sachant par quel bout s’y prendre. Pourtant, avec la réforme des rythmes scolaires, qui fait partie d’un projet plus vaste pour la « refondation de l’école », il semble que Vincent Peillon, ministre de l’Education, ait réussi politiquement son pari. Mais « politiquement » ne veut pas dire pédagogiquement. Malgré la mise en place d’un « comité de suivi de la réforme des rythmes scolaires », les projets d’organisation d’un temps périscolaire de qualité sont encore flous et cette réforme fait rejaillir de manière saillante les inégalités entre les communes. Les niveaux d’investissements financiers et humains peuvent tellement varier d’une commune à l’autre que les élèves risquent encore de davantage souffrir de la discrimination géographique d’un pays malade de sa centralisation excessive. Le bon point de cette réforme, c’est que jamais l’on n’avait évoqué avec tant d'insistance la qualité des activités des enfants en dehors du temps scolaire. Aujourd'hui, partout en France, des parents d'élèves et des enseignants interrogent leurs élus sur ces moments où les enfants ne sont ni à la maison, ni à l'école. Et la question du bonheur de nos enfants et de l’éducation artistique devient du coup une priorité nationale. A nous, société civile, de nous emparer de ce débat, de tenter de nouvelles propositions. Alors, n’hésitez pas à réagir à notre Théma autour de l’éducation artistique et postez vos commentaires et propositions sur notre site, mondomix.com. Marc Benaïche Photo de Couverture : Gaetano Massa, modèle Vinz Turner beat maker napolitain
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N° d’ISSN 1772-8916 Copyright Mondomix 2013
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Journalistes : Nadia Aci, François Bensignor, Bertrand Bouard, Kylie Boyle, Laurent Catala, Franck Cochon, David Commeillias, Francis Couvreux, Pierre Cuny, Isadora Dartial, Jacques Denis, Olivia Dehez, Alissa Descotes-Toyosaki, Eva Dreano, Anaïs Héluin, Hélène Koempgen, Sofia Lafaye, Bertrand Lavaine, Christian Marmonnier, Louis-Julien Nicolaou, Don Pasta, Jérôme Pichon, Marie Pinsard, Yannis Ruel, Julien Sorel, Ludovic Thomas, Ravith Trinh / Graphistes, Photographes : Alice B., Pauline Brunner, Michel Duval, Solal L., Arnaud Le Gouefflec & Olivier Balez, Gaetano Massa, Emmanuel Moynot, Simone Pierali
Sommaire
03 ÉDITO 06 Le monde nous parle 08
Phylactu, actualité et BD
10 Le grand MIX
AU CENTRE / À NAPLES,
34
THÉMA
LE CAHIER MONDOMIX MUSIQUES 92 THÉMA ÉDUCATION ARTISTIQUE
/ ÉDUCATION ARTISTIQUE
92
26 AU CENTRE À NAPLES, LE RAP COMBAT LA MAFIA
LE RAP COMBAT LA MAFIA
26
16 À VOIR : expos et cinéma
108 destinations
106
CUBA DE CAPE TOWN À JOHANNESBURG
118 À table / Don Pasta Les pâtes de Jonathan Nossiter
DESTINATIONS / CUBA / DE CAPE TOWN À JOHANNESBURG
04 Mondomix 02 sept/oct 2013
108
117
120 Jeux 122 Le ricaneur masqué
Arnaud Le Gouëfflec et Olivier Balez, auteur et dessinateur du Chanteur sans nom (Glénat 2011) ou de J’aurai ta peau Dominique A (Glénat 2012) créent dans nos pages leur premier strip. Nous souhaitons une belle carrière à Désiré, notre ethnomusicologue migrateur
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05 Mondomix 02 sept/oct 2013
© Alexatlas
Le monde
nous parle
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L’Honneur Gay à Tel Aviv
par Sofia Lafaye
Le 7 juin dernier, Tel Aviv fêtait les deux ans de sa Gay Pride. L'occasion de prendre la température de la situation des gays et lesbiens en Israël Le tumulte engendré par la loi pour le mariage gay en France rend curieux. A considérer un cas extrême, il faut examiner Israël, où certains ont entrouvert des brèches et rendu possible l’émergence d’extraordinaires ersatz au mariage. Adir Steiner, coordinateur de la Gay Pride à Tel Aviv, témoigne de son expérience personnelle. « Le mariage civil n’existe pas, mais l'alternative consiste à se marier à l’étranger. Dans les faits, le résultat est identique. La société nous reconnait des droits équivalents à ceux des hétérosexuels. J’ai perdu mon compagnon, le Colonel Maisel en 1996, et demandé à l’armée de bénéficier de sa pension en tant que veuf. Je me suis battu et j'ai obtenu gain de cause dès 1997. » Interrogé sur la question française, il sourit : « Les Français ont initié la Révolution en 1789 et là, ils font preuve d’un réel blocage. Peut-être est-ce le tempérament français... Mais il faut être ancré dans la réalité. »
06 Mondomix 02 sept/oct 2013
Les queer anarchistes de Mashpritzot font scission même au sein de la Gay Pride. Gays, transgenres, transsexuels, habillés en femme, le corps peint de rose, ils revendiquent autre chose : « Le mariage n’est pas une priorité pour nous. Dé-
fendre le droit des transsexuels, des transgenres en est une. » Armés de pancartes, ils vitupèrent contre le gouvernement et reprochent à Netanyahou d’utiliser sa politique envers les gays comme faire-valoir. Quelques résistances perdurent encore à Tel Aviv mais la volonté d’outrepasser les limites instituées est perceptible. D’Adir Steiner aux activistes de Mashpritzot, tous précisent que le mariage civil devrait être légalisé rapidement et affirment se battre pour quelque chose de plus innovant, les droits des transsexuels pour certains, la gestation pour autrui pour d’autres. Venus en lune de miel à Tel Aviv, les premiers mariés français, Vincent Autin et Bruno Boileau, paraissent timorés en comparaison. Leur volonté de ne pas trop brusquer le politique surprend. A regarder de plus près, Tel Aviv est une enclave où les gays du monde entier peuvent envisager un avenir autre, à la hauteur de leurs espoirs.
© P.Y Brunaud - Amnesty
Vous feuilletez un aperçu du n°2 de Mondomix. Seule la moitié supérieure est consultable. Pour en lire l'intégralité, Les cauchemars rendez-vous chez votre marchand de dejournaux. Poutine
Le cinoche
Depuis qu’elles sont à l’ombre, les Pussy Riot font plus parler d'elles que lorsqu’elles s’échauffaient en liberté sous le soleil de Moscou. Cet été, à l’invitation d’Amnesty International, une lettre a été adressée à Maria et Nadejda, les musiciennes condamnées à deux années de détention en camp pour un concert bien peu orthodoxe dans la Cathédrale du Christ-Sauveur de Moscou, en août 2012. La missive est signée par une centaine d’artistes illustres, dont Bruce Springsteen, PJ Harvey, Joan Baez, Björk, Angelique Kidjo, Franz Ferdinand ou Radiohead… Cet automne en France, Pussy Riot, une prière punk, un documentaire de Mike Lerner et Maxim Pozdorovkin auréolé d’un prix spécial du jury au festival du film de Sundance, va relancer la polémique en ramenant à la surface des images du procès et des faits d’armes précédents du collectif féministe. Peut-être aurait-il mieux valu ne pas les enfermer, monsieur Poutine… François Mauger
u www.amnesty.org/freepussyriot
Le débat politique
monte sur scène
Imaginez la mythique école de cinéma de UCLA nichée au cœur d'un bidonville kenyan. En 2006, Nathan Collett, un étudiant américain à l'école californienne USC, décide de créer Hot Sun Foundation, une école pour apprentis réalisateurs située à Kibera (« la jungle » en nubien), le vaste slum de Nairobi au Kenya. Pas évident de se faire accepter par des habitants qui se sentent floués par la multitude d'ONG au fonctionnement souvent opaque. Mais Hot Sun obtient une légitimité en impliquant la population dans le tournage d'un long-métrage: Togetherness Supreme, malicieusement sous-titré Slumdog Without The Millionnaire. Une télévision locale est même mise au point, Kibera TV. « A Kibera, il y a plein de jeunes qui veulent faire quelque chose de leur vie, explique Matt Wilder, réalisateur et enseignant. La plupart sont au chômage et cherchent une façon d'exprimer leur potentiel. S'ils ne sortent pas de la rue, ils sont conscients qu'ils n'iront nulle part. On a beaucoup de candidatures. Une bourse garantit une quinzaine d'arrivées seulement. La sélection est difficile. » Les productions de l'école montrent un Kibera aux antipodes des clichés sur la violence supposée de l'endroit. Comme le souligne Roy Okello, assistant de production, « nos reportages, notamment sur les zero waste, des groupes de femmes qui convertissent les ordures ménagères en sacs à main et vêtements, montrent un autre Kibera, qui se bouge ! ». Julien Sorel
u www.hotsunfoundation.org
©Alissa Descotes-Toyosaki
de la jungle
Yohei Miyake avait commencé à dénoncer le lobby nucléaire avant Fukushima, mais on ne s'attendait pas à ce que le musicien se présente aux élections. Après avoir quitté Tokyo avec sa fille au lendemain de la catastrophe, Miyake a multiplié les concerts entrecoupés de longs speechs sur la situation politique au Japon et l'inertie générale. Les élections législatives de décembre dernier, marquées par la victoire écrasante de la droite conservatrice et le retour de Shinzo Abe, ont achevé de le convaincre que le pays partait à la dérive. Sur fond de remilitarisation, de manifestations anti-coréennes et de mesures de reconstruction délirantes, où le gouvernement enjoint les anciens habitants à revenir vivre dans la zone interdite à quelques kilomètres d'une centrale qui s'effondre, Yohei Miyake a décidé de se porter candidat aux élections sénatoriales. Son objectif : faire bouger les 40 millions d'abstentionnistes. Accompagné des meilleurs groupes de reggae ou de rock japonais, tels que Rankin Taxi ou le rappeur Dengaryu, il a parcouru tout le pays et inventé un nouveau style de campagne électorale : le matsurigoto. Pieds nus sur son podium, avec une guitare, il a déclaré devant des milliers de jeunes à la veille des résultats: « Le pouvoir, c'est vous ! Vous allez continuer sur ce rythme-là à bâtir le Japon de demain, quel que soit le résultat des élections. La révolution n'est pas télévisée ! » Miyake n'a pas été élu au Sénat mais il continue de donner des festivals politiques. Alissa Descotes-Toyosaki
07 Mondomix 02 sept/oct 2013
Phylactu, actualité et BD
La bande de Moynot
Vous feuilletez un aperçu du n°2 de Mondomix. Seule la moitié supérieure est consultable. Pour en lire l'intégralité, rendez-vous chez votre marchand de journaux. par Christian Marmonnier
Dans le Phylactu de ce numéro, Emmanuel Moynot propose une étude sur le visage de la République à travers ses incarnations illustrées dans le monde de la philatélie... Un drôle d’oiseau que ce Moynot, un poil timbré, diront certains ! Sa dernière bande dessinée est un road comic, adapté de L’Homme qui assassinait sa vie, un polar de Jean Vautrin publié chez Fayard en 2001. Il s’agit du récit saignant de trois destins qui se croisent sur l’autoroute allant de Bordeaux à Toulouse. Vautrin comme Moynot ont le sens inné de la dérision et mettent en scène de vrais poissards, entendons par là des loosers indémodables : le privé Gus Carafe, dont les compétences sont assez nulles, il faut bien l’avouer ; le vieux commissaire Kowalski, qui n’est pas loin de coiffer Carafe au poteau pour ses aptitudes professionnelles ; et enfin François-Frédéric Frey, dit F.F.F., tout frais sorti de zonzon après y avoir purgé trois longues années pour abus de biens sociaux et fausses factures. Le cocktail est explosif et le jus de la « Noire » y est concentré selon un esprit des plus ironiques. La « Noire », parlons-en. Moynot est tombé dedans tout minot. À 23 ans, la première bande dessinée qu’il publiait chez Glénat, L’Enfer du jour, était déjà un polar. Une histoire de jeunesse auquel l’auteur tient particulièrement puisqu’il l'a remaniée plus tard, sous la forme d’un épais roman graphique. Mais c’est surtout le genre du récit noir qui lui tient à cœur. Car si Moynot s’est fait connaître du grand public avec sa reprise de Nestor Burma en bandes dessinées, l’essentiel de son œuvre frôle non pas la chronique sociale, mais s'appuie sur un profond réalisme, nourri de faits divers et des réalités de nos sociétés contemporaines.
Moynot l'observateur
08 Mondomix 02 sept/oct 2013
Comme beaucoup de créateurs et raconteurs d’histoires, Emmanuel Moynot se plaît à observer ses congénères pour en saisir les travers et les dépressions de leurs parcours de vie. La vie des autres le motive et il y a certainement une ascendance familiale à cette affaire-là — son père ayant été secrétaire confédéral de la CGT de 1967 à 1982, et aussi un militant du parti communiste français. Parmi ses toutes dernières productions, parues chez Futuropolis, on lui doit un carnet de reportage sur le groupe Les Hurlements d’Léo (Hurlements en coulisse), écrit pendant la tournée 2011 du groupe bordelais. Guitariste et chanteur dans différents combos, Moynot en profite pour évoquer l’attirance qu’il éprouve depuis l’adolescence pour le rock ou le blues. Le livre mixe textes personnels, croquis et bandes dessinées. Un aspect composite que l’on retrouve dans le livre-enquête qui précède, dédié à la courte vie de Pierre Goldman. En 200 pages denses, rythmées par une biographie chrono-
logique des événements, et des interviews effectuées par Emmanuel, accompagnées aussi d’un corpus d’annexes important, La Vie d’un autre remonte le fil de ce Juif polonais né en France, à la fois fils de résistants, gangster, militant d’extrême gauche et écrivain, qui fut assassiné en 1979 par un groupuscule autobaptisé « Honneur de la police ». Timbré, Moynot ?... Voir.
Les Essentiels Moynot L’Homme qui assassinait sa vie, d’après Vautrin, 2013, Casterman. Pierre Goldman, la vie d’un autre, 2012, Futuropolis. Nestor Burma - Le Soleil naît derrière le Louvre, d’après Léo Malet et Jacques Tardi, 2007, Casterman. Pourquoi les baleines bleues viennent-elles s’échouer sur nos rivages ?, 2006, Aire Libre / Dupuis. Monsieur Khol, avec Dieter, 2001, Glénat. Vieux fou !, trilogie avec Dieter, 1999 à 2001, Delcourt. Pendant que tu dors, mon amour…, 1999, Casterman. Bonne fête maman !, avec Dieter, 1998, Casterman. Qu’elle crève la charogne !, avec Dieter, 1995, Vents d’Ouest (épuisé).
Le Temps des bombes, trilogie, 1992 à 1994, réédition prévue chez Casterman.
L’Enfer du jour, 1983, remanié en 1995, Delcourt.
u www.facebook.com/moynot.emmanuel
© Emmanuel Moynot 2013
Vous feuilletez un aperçu du n°2 de Mondomix. Phylactu / la planche originale d'Emmanuel Moynot Seule la moitié supérieure est consultable. Pour en lire l'intégralité, rendez-vous chez votre marchand de journaux.
09 Mondomix 02 sept/oct 2013
Le grand mix
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PUNK
Yes Future ! L’automne sera punk pour au moins trois raisons : la sortie, annoncée dans le précédent numéro, du coffret Clash ; la publication chez Soul Jazz Records de Punk 45, un beau livre dédié au design à travers les pochettes de 45 tours du mouvement et enrichi d’entretiens avec Jamie Reid, Jon Savage, Peter Saville ou Geoff Travis ; l’exposition Europunk à la Cité de la musique qui, du 15 octobre au 19 janvier, présente plus de 450 objets (vêtements, affiches, fanzines, disques, dessins ou films) et doit faire rappliquer dans la capitale hexagonale les vétérans Buzzcocks ou P.I.L., seconde formation de l’iconique chanteur des Sex Pistols, John Lydon.
u www.souljazzrecords.co.uk u www.citedelamusique.fr
FESTIVAL
Peuples et Musiques au Cinéma Un film sur le blues doublé en occitan ? Encore un coup du fabuleux troubadour Claude Sicre et de son association ! Son festival annuel permet à la Cinémathèque de Toulouse d’accueillir les peuples du monde entier dans une atmosphère à la fois sage (rencontre avec des ethnomusicologues) et cordiale (concerts). Quand le sens et les sens fusionnent…
u www.peuplesetmusiquesaucinema.com
10 Mondomix 02 sept/oct 2013
Mississippi Blues de B. Tavernier et R. Parrish (1983)
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Grand mix
EXPO
Les angles acérés de Johannesburg En plein cœur de la saison de l’Afrique du Sud en France, Sharp Sharp Johannesburg divulgue à la Gaité Lyrique un relevé sismographique de la métropole à travers performances, ateliers, conférences, photographies, projections, installations et concerts. Du 12 octobre au 8 novembre, des artistes tels que la chorégraphe Robyn Orlin, le groupe de rock BLK JKS, le rappeur Spoek Mathambo, le collectif de bédéistes Bitterkomix ou DJ Spoko racontent leurs expériences, souvent militantes, dans cette ville tentaculaire.
u www.gaite-lyrique.net
Le vaisseau des Confluences
© Blaise Adilon
Un étrange vaisseau se pose entre le Rhône et la Saône. Son enveloppe d'inox aux arrêtes brillantes sort de l'imagination sans limites du cabinet Coop Himmelb(l)au, fondé par les architectes autrichiens Wolf Prix, Helmut Swiczinsky et Michael Holzer. Conçu il y a plus de dix ans, retardé par de nombreux obstacles, leur Musée des Confluences commence à prendre forme. Son inauguration sera l'événement lyonnais de l'année prochaine.
© Armin Hess & COOP HIMMELB(L)AU
© Anton Kannemeyer
u www.museedesconfluences.fr
11 Mondomix 02 sept/oct 2013
Le grand mix
PHOTO
© Fabrice Monteiro
Clichés mystiques
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Qui a voyagé au Sénégal n´a pu manquer d´observer au coin d’une rue de jeunes hommes au look un peu tribal, guettant l’aumône le sourire aux lèvres. Leurs dreads locks peuvent faire penser à des rastas, mais leurs pensées sont guidées non par Jah mais par Cheikh Ahmadou Bamba, fondateur de la communauté des Baye Fall. A Dakar, le photographe belge d’origine congolaise Fabrice Monteiro s’est plongé des mois durant dans le quotidien de ces mystiques soufis. Il en a rap-
porté un reportage saisissant, exposé du 13 septembre au 21 décembre à l’Institut des Cultures d’Islam de Paris, dans le cadre de l’événement Tandem Dakar-Paris, avant d’être présenté au Centre Culturel de la capitale sénégalaise en février 2014.
u www.tandem-dakarparis.com
CINÉMA
Chili, Cinéphilie et Graffiti Comme chaque automne, Biarritz se transforme en capitale mondiale du cinéma d’Amérique latine. Courts et longs métrages, fictions et documentaires se dégustent en séances spéciales, ou en suivant le fil des films en compétition. Cette vingt-deuxième édition met à l’honneur le Chili à travers sa programmation, mais aussi à travers une exposition des street artists Charqui Punk (photo), Inti Castro ou Cekis, ce dernier devant aussi réaliser sur place une fresque murale inédite. La musique fait bien sûr partie de la fête, avec des hommages à Paco Ibanez ou aux poètes d’Amérique latine, et des concerts des Colombiens de Systema Solar (cumbia digitale) ou de l’Instituto
u www.festivaldebiarritz.com
12 Mondomix 02 sept/oct 2013
© D.R.
Mexicano del Sonido (electro militante).
Vous feuilletez un aperçu du n°2 de Mondomix. Seule la moitié supérieure est consultable. Pour en lire l'intégralité, rendez-vous votre marchand de journaux. Noceschez picturales à l’Orangerie
Grand mix
Grand mix
Morceau d'histoire L'histoire s'est souvent faite en musique
The Revolution Will Not Be Televised par Gil Scott-Heron Frida Kahlo : Mi nana y yo
(“Small Town at 125th and Lenox”, 1970 ; “Pieces of a Man”, 1971) En 2013, l'idée d'une « révolution qui ne sera pas télévisée » semble incongrue. Les récents soulèvements populaires, des pays arabes au Brésil, n'ontils pas été auto-alimentés par les images captées par leurs protagonistes ? Gil Scott-Heron se serait donc enfoncé le doigt dans l'œil avec sa prophétie effectuée à l'orée des années 70 ? The Revolution Will Not Be Televised est le morceau d'ouverture de ses deux premiers albums ; l'homme a alors deux romans derrière lui et son spoken word aux scansions tranchantes, inspiré par The Last Poets, préfigure d'une décennie les flows des rappeurs. La première version repose sur un simple accompagnement de congas ; la seconde sur un groove obsédant propulsé par Bernard Purdie et Ron Carter, la flûte d'Hubert Laws voltigeant autour de la déclamation de Scott-Heron. En 2'37 minutes pour la première, 3'08 pour la seconde, ce dernier fustige les poisons qui rongent les esprits de ses contemporains : utopies opiacées, cynisme politique, Nixon en tête, et sur-
Diego Rivera: Fuente de Toledo
tout emprise de la télévision et du consumérisme infantilisant qu'elle induit, Scott-Heron détournant
EXPO
certains slogans publicitaires avec une ironie fron-
L’exposition L’art en fusion présente au musée de l’Orangerie à partir du 9 octobre des œuvres des peintres mexicains Frida Kahlo et Diego Rivera, qui furent liés par un amour dévastateur. Si l’engagement politique et le génie de chacun ont toujours été unanimement salués, leurs mythologies respectives les ont de tout temps amenés à faire salle d’exposition à part. Entre amour nationaliste et tradition mexicaine, admiration du modernisme et communisme chevronné, l’Orangerie révèle ces deux univers picturaux sous un jour nouveau, distincts et cependant très proches. En parallèle à l’exposition, la pièce Frida Kahlo, Attention peinture fraîche au théâtre Dejazet, nous introduit dans l’œuvre cosmique de cette femme passionnée.
deuse. Appel au Grand Soir ? C'est surtout une révolution des consciences dont il est question, préalable nécessaire à tout changement, individuel ou collectif. La chanson exhorte chacun, tout particulièrement les Noirs américains, à éteindre son téléviseur et reprendre le contrôle de son existence. Mais le propos peut s'entendre de façon plus large : toute forme de propagande, toute entreprise de communication, tout discours, si lénifiant soit-il, connaît une limite intrinsèque, qui a pour nom la réalité et promet des retours de flammes dévastateurs. En ce sens, le message reste d'une lucidité implacable. Bertrand Bouard
u www.musee-orangerie.fr u www.dejazet.com
Concert-hommage le 11 septembre au Cabaret Sauvage
Le grand mix
PHOTO
Maître de lumière
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Célébré dans de nombreux musées et galeries à travers le monde, le photographe japonais Hiroshi Sugimoto présente Accelerated Buddha, sa première exposition parisienne à la Fondation Pierre Bergé-Yves Saint- Laurent du 10 octobre au 26 janvier prochain, à l'occasion du Festival d'Automne. Premier artiste autorisé à immortaliser les trésors du temple Sanjusangendo de Tokyo, Sugimoto a obtenu des images irréelles et habitées en photographiant, en lumière naturelle, les milliers de statues de
Bouddha qui y veillent, avec des temps d'exposition de très longues durées. Hiroshi Sugimoto signe par ailleurs la mise en scène et la direction artistique du Double suicide à Sonezaki, une pièce de théâtre de marionnettes Bunraku, présentée au Théâtre de la Ville du 10 au 19 octobre.
u www.sugimotohiroshi.com u www.festival-automne.com
u www.fondation-pb-ysl.net
Hiroshi Sugimoto - Accelerated Buddha
VIDÉO
Addictive TV
14 Mondomix 02 sept/oct 2013
Recycler le bruit des gadgets de Star Trek, pousser Rihanna dans les bras de Blur ou faire danser l’octogénaire Willie Nelson… Aujourd’hui, tout le monde (ou presque) saurait le faire. Le duo d’Addictive TV va plus loin en remixant les images en même temps que les sons, dans un hypnotisant ballet audiovisuel qui affole les clubs de la planète entière. Une expérience à vivre et à danser.
Le 19 septembre au Centre Pompidou, dans le cadre de la Paris Electronic Week
u www.addictive.tv
Grand mix
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Grand mix
Le titre qui tue
Elvis From Philly
© Franck Socha
© Danny Clinch
Décryptage d’un morceau qui tue les mauvaises ondes
Calypso Triste
Moriarty meets Mama Rosin (Air Rytmo/l’Autre Distribution)
A priori, aucune route ne relie Londres à Philadelphie. Sauf celle de l’ouverture musicale extra-large d’Elvis Costello et de The Roots. Embarqués dans un album bicéphale, l’inclassable anglais punk-rock-new-wave-pop et le « groupede-rap-aux-vrais-instruments » annoncent avec le single Walk Us Uptown une collaboration où la science du groove de Questlove rencontre le pub houblonné de Costello. Le chapeau du second peut-il tenir sur l’afro du premier ? Réponse le 17 septembre avec la sortie de Wise Up Ghost.
énergique. Des cordes lascives tricotent autour, une slide guitare lance des clins d’œil à l’azur et une batterie marque un tempo trébuchant mais joyeux. Micros ouverts, des propos échangés entre les musiciens, incompréhensibles pour nous mais certainement pas définitifs pour eux, ils se superposent aux instruments. Cahin caha, la mélodie démarre son dessin entêtant. Comptine sans âge en forme de chant à réponse entre la voix douce
u www.elviscostello.com
et acidulée de Rosemary, chanteuse hyperactive de Moriarty, et celles gentiment éraillées de Robin et Cyril de Mama Rosin. Il est question en français et en anglais de chanter et danser avec des animaux dans la jungle ou de courir et nager pour se cacher sous les palmiers. Faussement bringuebalant, ce calypso non orthodoxe et pas du tout larmoyant trouve son rythme et son sens dans son contagieux appel à la liberté. Enregistré l’hiver dernier et distribué sous forme de vinyle à l’occasion du Disquaire Day, ce titre qui réunit les Américains parisiens de Moriarty aux Cajuns genevois de Mama Rosin est un témoignage spontané et sincère d’une jolie connivence. Chacune de ces deux formations brodent des univers oniriques en partant de schémas volés aux traditions américaines. Ensemble, ils mettent en pièce des éléments de blues, de bluegrass ou de zydeco qu’ils réassemblent comme le feraient des enfants inventifs. Frais et non conventionnel, ce Calypso Triste est un morceau d’ivresse qu’aucun mal de tête ne pourrait faire regretter. © Marc One
musique
En intro, un riff d’harmonica trempé dans un blues
Benjamin MiNiMuM
À voir
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À voir
Les yeux du monde
Regarder le monde tel qu’il se voit lui-même, à travers l’œil de photographes internationaux peu ou pas encore présentés en France. Tel est l'objectif de la biennale des images du monde Photoquai, initiée par le Musée du Quai Branly. Sa quatrième édition a réuni quarante photographes professionnels sous un même slogan : « Regarde Moi ». En voici trois.
u www.photoquai.fr Du 17/07 au 17/11 2013
16 Mondomix 02 sept/oct 2013
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Photoquai
Les photos d’Evgenia Arbugaeva, née en 1985, ont un côté féérique. Ses clichés ne sont pourtant que le reflet de scènes prises sur le vif dans sa ville natale de Tiksi, appartenant à la République de Sakha, en Russie.
Evgenia ARBUGAEVA Tiksi, 2011-2013 © musée du quai Branly, Photoquai 2013
17 Mondomix 02 sept/oct 2013
À voir
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Huang Oingiun est né en 1971 à Daging, dans la province chinoise d’Heilonjiang. Pour cette série titrée « Family Stuff », il a réalisé des portraitsde famille posant devant leur maison après en avoir sorti tous les meubles.
18 Mondomix 02 sept/oct 2013
Qingjun HUANG Family Stuff, 2003-2012 © musée du quai Branly, Photoquai 2013
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Photoquai
Né en 1977 en République Dominicaine, Alejandro Cartagena vit et travaille à Mexico. Il y a réalisé sa série « Car Poolers » en 2011-12, en observant les travailleurs aller ou rentrer du boulot dans leurs camionnettes.
Alejandro CARTAGENA The Car Poolers, 2011-2012 © musée du quai Branly, Photoquai 2013
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À voir
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La cité
des esclaves
A Marseille, la Friche Belle de Mai accueille les installations monumentales de l’atelier Van Lieshout. Slave City est un projet cauchemardesque mettant en scène une ville d’esclaves où tout est organisé dans le but d’obtenir la plus grande rentabilité possible
u www.ohpaysbas.com
De nombreux artistes néerlandais ayant été sollicités à travers les évènements labélisés Marseille-Provence 2013, l’ambassade des Pays-Bas a décidé de leur offrir une visibilité supaplémentaire à travers un programme intitulé « Oh ! Pays Bas ». Le designer et artiste, Joep Van Lieshout expose des dessins de scènes de vie, des plans et maquettes des différents lieux de cette ville débarrassée de toute préoccupation humanitaire et en décrit les fonctionnements avec précision. Une vision totalitaire de la société de consommation que l’artiste, non sans ironie, prédit réalisable d’ici une vingtaine d’années.
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u Présenté à la Friche Belle de mai en même temps que le projet The Butcher jusqu’au 31 décembre.
u www.ateliervanlieshout.com
Table dressée pour 16 couverts. Sur la vaisselle sont peintes des scènes de la vie quotidienne de la Cité des esclaves. Arrière plan (de gauche à droite) Call center (dessin). Les esclaves y travaillent sept heures par jour, sept autres heures sont consacrées au travail de la terre, sept au sommeil et les trois heures restantes sont dédiées aux soins personnels. Generator (sculpture). Tout se recycle à la cité des esclaves pour produire de l’énergie, y compris la matière humaine. Center shop (dessin). Magasins de vêtements, restaurants, centre de soins... Tous les besoins des esclaves peuvent être comblés dans les 26 étages de ce bâtiment.
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Slave City
Minimal Steel with red lights. Maquette d'un des bordels mis à la disposition des esclaves
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À voir
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BD
sans visas D’Enki Bilal à Marguerite Abouet, la scénariste d’Aya de Yopougon, la France a développé une tradition d’accueil des auteurs de bande dessinée. Du 16 octobre au 27 avril 2014, le Musée d’Histoire et d’Immigration accueille l'exposition Albums - Bande dessinée et immigration. 1913-2013. Plus de deux cent documents originaux ont été réunis pour retracer un siècle de trafics de phylactères. (En haut) Farid Boudjellal : La généalogie de ce dessinateur né à Toulon se partage entre l’Algérie et l’Arménie. (À gauche) Jérôme Ruillier : Pour Les Mohamed, qui aborde les problèmes rencontrés par les émigrants maghrébins, Jérôme Ruiller est parti du livre d’enquêtes Mémoires d’émigrés, de Yamina Benguigui. (À droite) José Munoz : Après avoir vécu à Londres et à Milan, ce dessinateur argentin s’est installé à Paris.
u www.histoire-immigration
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B.D. et immigration
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La Vie d'Adèle, chapitre 1 & 2 Un film d'Abdellatif Kechiche Texte: Ravith Trinh
© D.R.
Cinéma
À voir
Le Festival de Cannes remonte à mai mais la Croisette a encore du mal à se remettre de l'effet produit par cette faste chronique érotico-amoureuse, qui redonne tout son sens au terme souvent galvaudé de chef d'œuvre. Si Abdellatif Kechiche a toujours eu le souci de traduire l'authenticité des émotions, à travers notamment de grandes séquences mettant à contribution le charisme naturel de ses acteurs, sa démarche de « cinéma vérité » trouve ici son point d'orgue.
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La Vie d'Adèle suit sur près de trois heures l'éducation sexuelle et amoureuse d'une adolescente de 15 ans issue d'un milieu populaire, qui tombe sous le charme mystérieux d'une étudiante aux Beaux Arts aux cheveux bleus, d'un milieu plutôt aisé. Regards complices des premières minutes, ébats passionnés des premiers mois, routine quotidienne des autres années, lassitude des derniers jours... Kechiche ne raconte pas l'histoire d'un couple mais décrit plutôt ses instants de vie en procédant à une captation intense des joies, des plaisirs et des peines avec sa caméra complice. En faisant le choix de bannir la narration au profit de la description du moment, le ci-
néaste offre à ses deux interprètes principales, Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux, un vaste terrain de jeu à leur talent, leur fureur et leur sensualité naturelle. Le geste fort de Spielberg, président du Jury à Cannes, d'avoir remis une triple Palme d'Or à Kechiche et à ses deux actrices, en dit long sur la place prépondérante de ces deux comédiennes dans la réussite du film. Ensemble, elles se mettent à nu, au sens propre (voir la longue séquence de sexe tant décriée d'une sensualité époustouflante), mais surtout au sens figuré tant leur force d'interprétation et leur puissance émotionnelle a rarement été égalé à l'écran. Si l'amour peut être conditionné par le milieu social, comme nous le souffle à demi-mot Kechiche en montrant que la différence de mode de vie entre les deux amantes reste la principale cause d'échec de leur couple, il n'est certainement pas fondé sur un genre sexuel. Ca fait toujours du bien de le repréciser, surtout en ce moment. La Vie d'Adèle, chapitre 1 & 2, le plus beau film de la vie d'Abdel !
Un film de Abdellatif Kechiche Avec Léa Seydoux, Adèle Exarchopoulos, Salim Kechiouche, Aurélien Recoing... Durée : 2h55 Sortie le 9 octobre 2013 Distributeur : Wild Bunch Distribution
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Cinéma
Omar
Un film de Hany Abu-Assad Texte: Ravith Trinh
Un film de Hany Abu-Assad Avec Waleed Zuaiter, Adam Bakri, Samer Bisharat...
© D.R.
Durée : 1h37 Sortie le 16 octobre 2013 Distribution : Pretty Pictures
A l'instar de Paradise Now (2005), un film choc et militant sur des kamikazes palestiniens, Hany Abu-Assad renoue avec une virulence politique dans ce long-métrage, lauréat du prix du Jury dans la section Un Certain Regard à Cannes. Le jeune Omar en question est palestinien et n'hésite pas à escalader le mur de séparation construit par Israël pour rejoindre sa bien aimée Lei-
la. Mais les humiliations et l'oppression des soldats israéliens le conduisent à créer une cellule de résistance. L'un de ses amis en vient à tuer un soldat. Omar est retrouvé puis arrêté et les militaires sont bien déterminés à l'utiliser pour éliminer le responsable du meurtre. Pour traduire le poids de l'oppression des Israéliens sur l'Etat palestinien, Abu-Assad réalise un thriller dans la plus pure tradition du genre : courses poursuites, rebondissements, trahison, histoire d'amour... Grâce à une mise en scène virtuose, le film se révèle d'une redoutable efficacité. Son message est clair - « les Israéliens sont des ennemis » - et manque de nuance discursive, mais c'est cet engagement qui offre à Abu-Assad le carburant nécessaire pour mettre en scène un film aussi furieux.
© D.R.
Le dernier long-métrage de Hany Abu-Assad aura déjà le mérite de marquer l'histoire du cinéma palestinien : Omar a pu bénéficier d'un financement et d'une équipe entièrement issus de Palestine et s'est passé de fonds israéliens. Une performance accomplie grâce à l'acteur/producteur américain Waleed Zuaiter, qui a fondé une société de production destinée à promouvoir le jeune cinéma palestinien et ainsi militer pour que la Palestine soit indépendante... sur le plan cinématographique. Les aînés d'Abu Assad, d'Elia Suleiman à Michel Kleifi, pourront donc peut-être un jour oublier les nombreuses difficultés de productions qu'ils ont essuyées par le passé - obligation de faire appel à une équipe ou à des fonds israéliens, interdiction de filmer en Israël, tournage à l'arraché, censure...
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A Naples, le rap combat la mafia
Au centre 26 Mondomix 02 sept/oct 2013
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Au centre
A Naples,
le rap combat la mafia
La Camorra napolitaine, bien décrite par le livre et le film Gomorra, serait l’une des organisations criminelles les plus rentables au monde et l'une des mieux structurées. Dans les banlieues de cette grande ville du sud italien, les jeunes générations ne se laissent pas forcément séduire par ses valeurs brutales. A coups de beats incisifs et de rimes rageuses, de jeunes rappeurs n’hésitent pas à s’y opposer. Depuis plusieurs années, le photographe Gaetano Massa suit et documente le quotidien des acteurs de ce mouvement.
Au centre
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A Naples, le rap combat la mafia
Photographe de Casoria, Gaetano Massa a immortalisé la résistance des rappeurs de labanlieue napolitaine face à la Camorra, l’organisation criminelle de cette région. Un témoignage en forme d'hommage, à travers une ambitieuse trilogie photographique Propos recueillis par : Nadia Aci
Photos : Gaetano Massa
Genèse « Photo prise lors d’une jam hip hop intitulée
Above The Clouds qui s'est tenue dans le quartier Fuorigrotta. » Projet Rap Anticamorra.
« Marcello, graffeur, et Vinz Turner (également en couverture), beatmaker, sont deux gars talentueux du nord de Naples. Ils ont collaboré avec des artistes de rap américain comme Kool G Rap et Prodigy, ce qui est une vraie consécration. » Projet Rap Anticamorra.
« J’ai réalisé mon premier reportage-photo en 2007, avec I vicoli di Casoria (« les ruelles de Casoria »). A cette époque, le conseil communal avait été dissous, suite à des soupçons d’infiltrations mafieuses. La Camorra est tentaculaire, elle s’immisce dans toutes les strates d’une ville. Je me suis alors baladé dans la ville pour photographier les visages de ses habitants. Je suis fasciné par les réactions et les comportements des gens de la banlieue napolitaine. Souvent ils sont enthousiastes et demandent spontanément à être immortalisés. Ils prennent la pose, ils assument, ils sont fiers. » « Il y a quelques années, j’ai décidé de créer une trilogie sur le rap en Campanie. J’ai été DJ de hip hop pendant des années, j’avais donc déjà un bon carnet d’adresses et une grande connaissance du milieu. Trois projets ont vu le jour : Bixio Family, Rap Anticamorra et Close Up. Les deux premiers racontent le quotidien de jeunes en banlieue napolitaine, façon photoreportage. Le troisième est différent : en m’appuyant sur la technique du closeup, j’ai voulu dessiner une cartographie de la scène underground en Campanie. »
Rap anticamorra « Ce reportage-photo raconte le quotidien de deux garçons de 17 ans, Vincenzo et Marcello, qui vivent à Casoria et à Casavatore, au nord de Naples. Je les ai connus lorsque j’étais DJ. Quand je leur ai expliqué le projet que j’avais en tête, ils étaient un peu intimidés, mais au fil du temps ils se sont laissés aller. Pendant six ou sept mois, je les ai accompagnés dans leurs activités de tous les jours : les battles de freestyle, les endroits où ils allaient faire du break… J’ai même photographié leur école et leur chambre. Ce sont des garçons très mûrs pour leur âge, qui ont trouvé les moyens de s’en sortir grâce
à leur amour du rap. Marcello fait partie du staff de Prodigy du groupe Mobb Deep. Il a par exemple fait le graphisme de son dernier album H.N.I.C.3.. C’est un rappeur américain très connu, ce n’est pas rien pour un mineur de Casoria ! Vincenzo aussi est très actif. Il est breaker, producteur de beats et écrit des textes. Il a travaillé avec des artistes du Bronx et a sorti un album avec son groupe Trust Back. Ils ont participé à plusieurs concerts anti-camorra, à Naples notamment. »
« J’ai voulu intituler ce reportage Rap Anticamorra pour rendre hommage à leurs prises de position. Ils se sont engagés comme volontaires à l’église pour organiser l’été des débats sur la légalité. Avec le rap, ce sont les deux armes qu’ils utilisent pour s’affranchir de la Camorra et transmettre un message clair : on peut prendre son destin en main, où que l’on soit né, et contourner les lois criminelles dictées par notre environnement. Ce n’est pas évident de penser comme cela quand on grandit avec la corruption et l’illusion qu’elle est une forme héroïque de la noirceur ambiante. Ce n’est plus l’époque de la guerre des clans de 2006, où les rues étaient animées comme au temps du Far West, mais il y a des morts quand même. Encore en juin dernier, un barman a été assassiné en plein centre ville de Casoria. Dans certains quartiers de Scampia ou Secondigliano, les autres banlieues du nord de Naples, il y a des types qui contrôlent la zone, on les repère tout de suite. Le trafic de drogue se fait en plein jour. Les paroles de leurs chansons parlent de ça, de cette routine qui pousse à devenir gangster. La plupart des adolescents du quartier regardent des films à la télévision qui glorifient la mafia, et ils sont attirés par cette vision du monde. Ils rêvent de pouvoir, de succès, d’argent facile. Ils savent qu’en coopérant, on peut gagner en une semaine ce que l’on met deux ou trois mois à obtenir avec un travail légal.
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Au centre
« Leur message est clair : on peut prendre son destin en main, où que l’on soit né » Beaucoup de rappeurs, à l’inverse, veulent rester libres et refusent de succomber à ce modèle. Ils veulent gagner leur vie honnêtement. »
Close up « Ces portraits ont été pris dans un garage que j’avais à disposition, avec une lumière blanche au néon. J’ai utilisé la technique du close-up, qui privilégie le gros plan. J’ai photographié une trentaine de rappeurs de différents lieux de la Campanie (Caserta, Salerno, Secondigliano…) pour élaborer une cartographie de la scène rap de la région. Le projet a duré de décembre à mars 2012, ça a été moins contraignant que le précédent. D’un autre côté, je n’ai pas vraiment pu connaitre les jeunes, chaque séance durait plus ou moins vingt minutes. J’avais beaucoup de contacts, mais j’avais décidé de me concentrer sur un concept précis. J’ai choisi les rappeurs
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en fonction de l’impact visuel qu’avaient leurs tatouages et leurs objets personnels. Pour certains, leur histoire a également joué dans la balance. Il y a par exemple ce jeune Napolitain qui s’est converti à l’islam, Danilo O’Trè. Il a découvert la religion musulmane grâce à un ami sénégalais et y a trouvé une forme de paix car elle lui impose des limites, réclame une discipline. Elle lui a même permis de reprendre des études. Il y a aussi Giulio, alias Cigano Prete, un Albanais arrivé en Italie en 97 sans parler un mot, qui a quitté l’école à 17 ans pour devenir fleuriste. Aujourd’hui, il chante en napolitain et porte l’aigle à deux têtes, symbole de l’Albanie, tatoué sur la poitrine. Luca, un garçon de Ponticelli, a été militaire en Afghanistan. Il parle dans son rap de son “âme de soldat”. Tous relatent dans leurs textes leurs expériences, les espoirs de leurs semblables, la vie du quartier, les malaises d’une terre sans tendresse. Une issue
à ce paradis perdu : le rap, qui les unit et leur permet une sorte de “rachat social”, une porte ouverte sur l’avenir. »
Retrouvez les clips vidéos des rappeurs Danilo O'Trè, Kimicon Twinz, Periferia Nord, Co'sang, Rocco Hunt ou Clementino sur
u www.mondomix.com
(En haut) « Les membres de Cazooria Muv se retrouvent très régulièrement le week-end dans une cave pour discuter et élaborer leurs projets. » Projet : Rap Anticamorra
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A Naples, le rap combat la mafia
« Les paroles de leurs chansons parlent de cette routine qui pousse à devenir gangster »
« Tore est un membre du crew Good Fellas. Sur son épaule est tatoué un vers d’une chanson dédiée à son père disparu (traduction : « Parfois je pense à cette nuit où tu es parti en laissant un vide en moi que rien ne peut combler/Maintenant tu es un ange qui vole dans l'immense azur de l'éternité/Et quand Dieu voudra, avec un sourire au paradis, je te serrerai dans mes bras »). » Projet Close Up : Naples Rap Fighters.
« Le tatouage avec le microphone et la phrase Death or glory appartient à Giusepe Sdino, dit "Sdegno". Fin 2012, il a réalisé son EP, Incubo. » Projet Close Up : Naples Rap Fighters.
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Au centre
« Valà Lambo est un rappeur de 22 ans qui vient d´un quartier difficile, Secondigliano. Son dernier projet est une mixtape intitulée Lucky Luciano. » Projet Close Up : Naples Rap Fighters
« Le rap permet une sorte de “rachat social” »
« Alessandro, dit "Leleblade", vient de Casoria, au nord de Naples. Il fait partie du duo de rap Twinz Kimicon. Il est l'un des rappeurs les plus talentueux de cette scène. Son dernier single se nomme Fahrenheit. »
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Projet Close Up : Naples Rap Fighters
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(En haut avec le casque) « Danilo, dit "O'Trè", vient du quartier historique de Vomero. Danilo s'est converti à l'Islam, il écrit des poèmes en dialecte napolitain et fait parti du duo Annurà. Je l'ai rencontré pendant une période de ramadan. L'Islam l´a beaucoup aidé et l'a poussé à reprendre des études. » Projet Close Up : Naples Rap Fighters
A Naples, le rap combat la mafia
« Giuli, dit "Cigano Prete", vient d'Albanie. Il est arrivé en Italie avec sa mère en octobre 97. Á 17 ans et demi, il a quitté l'école pour travailler chez un fleuriste. Il y a deux ans, il s'est fait tatouer sur la poitrine un aigle à deux têtes, symbole figurant sur le drapeau albanais. Il écrit ses poèmes en dialecte napolitain et fait partie du crew Disagio Recordz ». Projet Close Up : Naples Rap Fighters.
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Au centre Repères
Vous feuilletez un aperçu du n°2 de Mondomix. Seule la moitié supérieure est consultable. Pour en lire l'intégralité, rendez-vous chez votre marchand de journaux. Par Benjamin MiNiMuM
Les armes du photographe Né à Naples en 1982, le photographe Gaetano Massa vit à Casoria, en Campanie, au sud de l’Italie. Il apprend la photographie en autodidacte, puis obtient un diplôme à l'uiversité de Bologne. Son sujet de maîtrise porte sur une photojournaliste de Palerme, Letizia Battaglia, qui s’intéresse à Cosa Nostra, la mafia sicilienne. Très vite, Gaetano poursuit le combat avec des reportages qui touchent les périphéries du nord de Naples : misère des quartiers populaires, travail au noir et clans mafieux, rap et break pour trouver une issue. Il a été publié dans plusieurs revues, dont Narcomafie et L’Espresso, et a participé à divers concours, comme Musicastrada en octobre 2012 où il a reçu le premier prix dans la catégorie portfolio.
u www.gaetanomassa.com
Gomorra et cetera Enquête sur les pratiques de la camorra napolitaine au retentissement considérable, Gomorra a contraint son auteur, Roberto Saviano, à une vie d'exil. Ce livre et le film qui en découle sont une référence pour le rap anti-camorra Lorsqu'en 2006 le roman Gomorra sort dans les librairies italiennes, il est d'abord accueilli avec sympathie par les familles de la Camorra, parfois nommément citées. Dans une interview à la journaliste documentariste Carola Mamberto pour la chaîne américaine Frontline, Roberto Saviano indique que son livre, une enquête autour de la structure économique de l´organisation criminelle de la région de Naples, était alors un cadeau très prisé entre les membres de la Camorra. Mais lorsque Gomorra se transforme en best seller et déclenche une surenchère médiatique, les familles impliquées commencent à craindre que l'on ne s'intéresse de trop près à leurs affaires. Elles profèrent des menaces de mort à l'encontre de Roberto Saviano, contraint depuis de vivre dans la clandestinité, sous protection policière. En 2008, une adaptation cinématographique signée Matteo Garonne sort sur les écrans mondiaux et rencontre un important écho, décrochant au passage le Grand Prix du jury au festival de Cannes cette même année. Là ou le livre décortiquait avec précision les mécanismes financiers de la camorra, le film s'attache à décrire ses agissements dans une veine réaliste et tente d’enlever les paillettes accolées à ses personnages. En 2O12, Oreste Spagnuolo, un repenti, affirme que le réalisateur et sa production auraient versé la somme de 20 000 euros à l’un des boss de l’organisation pour ne pas subir de représailles.
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En avril dernier, Roberto Saviano, qui vit et travaille toujours sous escorte policière, a sorti Zéro, Zéro, Zéro, un pamphlet romancé de 400 pages qui s’intéresse à l’économie mondiale de la cocaïne, le produit le plus rentable et le plus stable au monde. Le livre développe notamment les propos de l’ex-directeur de l’Office de l’ONU contre la drogue et le crime organisé, Antonio Maria Costa, qui déclarait en 2009 que « les milliards d’euros du narcotrafic avaient sauvé les banques européennes ». S’il y est beaucoup question de la Colombie et du Mexique, Naples n’est jamais loin car c’est dans sa banlieue qu’est né le modèle de cette organisation. Ce livre, qui se vend déjà bien en Italie et dont la société Gallimard a acquis les droits pour la France, ne devrait rien faire pour arranger le mode de vie de son auteur...
Roberto Saviano Gomorra, Dans l'empire de la camorra Gallimard Matteo Garonne Gomorra Dvd et Blue Ray Le Pacte/TF1 vidéos
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Éducation artistique
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Illustration : Pauline Brunner
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éducation artistique C’est quand le bonheur à l’école ? Demain, les enfants trouveront-ils lors des cours de musique ou de peinture les moyens de se construire et de s'épanouir ? Dans l’immédiat, c'est la rentrée de tous les dangers pour l’apprentissage des arts. Le Ministère de la Culture prépare, conjointement à celui de l'Education Nationale, une réforme de ces enseignements, qui coïncide avec l'expérimentation de nouveaux rythmes scolaires. Que va devenir l'éducation artistique, qui avait déjà grandement évolué ? Témoignages et analyses.
Théma
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« l'education artistique est ma priorité » Enjeu démocratique majeur, l’éducation artistique et culturelle était l'une des priorités affichées du programme de François Hollande. La ministre de la Culture et de la Communication, Aurélie Filippetti, fait le point sur les réformes passées et à venir et les difficultés rencontrées Propos recueillis par : Philippe Krümm et François Mauger Photo : MCC / T.Chapotot
Avant son élection, François Hollande avait annoncé que l'une des priorités de son mandat serait les plus jeunes. Qu'avez-vous et qu'êtes-vous en train de mettre en place en termes d'éducation artistique? Aurélie Filippetti : Le président de la République a fait de l’essor de l’éducation artistique et culturelle (E.A.C.) l'une des promesses culturelles de son mandat. Parce qu’elle est un facteur d’émancipation et de partage, j’en ai fait ma priorité. Pour porter cette ambition nationale, j’ai mobilisé l’ensemble de mon ministère, en étroite collaboration avec les autres ministères concernés, au premier chef celui de l’Education Nationale. Notre action concerne tous
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les temps de l’enfance et du jeune, de la maternelle à l’université, en associant tous les acteurs locaux, les collectivités territoriales, mais aussi la communauté éducative et les structures artistiques et culturelles qui irriguent notre territoire. C’était le sens de la circulaire du 3 mai signée avec Vincent Peillon, introduisant la notion de parcours d’Education Artistique et Culturelle, inscrite dans la loi de la refondation de l’école. Ce texte consacre une avancée significative en ce qu’il articule le temps scolaire et périscolaire autour d’une ambition commune, commune également avec les collectivités territoriales.
Vous feuilletez un aperçu du n°2 de Mondomix. Éducation artistique Seule la moitié supérieure est consultable. Pour en lire l'intégralité, rendez-vous chez votre marchand de journaux. L’accès de tous les jeunes à la culture s’étend en effet bien au Il faut aussi veiller à ce qu’aucun territoire ne soit oublié. Il est delà du cadre strictement scolaire. Il concerne également les jeunes dans les quartiers populaires, les jeunes sous main de justice ou encore les jeunes en situation de handicap ou de précarité sociale. Il faut poursuivre, après la signature d’une convention cadre sur la culture à l’Université entre mon ministère et le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche le 12 juillet dernier, le vaste travail interministériel indispensable à la généralisation à l’ensemble des jeunes de l’accès à la culture. L’expérience montre à quel point il joue un rôle éducatif essentiel. Il faut reprendre le fil de cette ambition, décousu depuis une dizaine d’années.
« Nous devons faire du numérique un levier de l’éducation artistique et culturelle » Concrètement, y a-t-il un calendrier pour ces réformes ? AF : Depuis six mois, je fais un tour de France à la rencontre des projets remarquables. Ils associent établissements scolaires, institutions culturelles et collectivités territoriales autour d’initiatives souvent exemplaires. Nous devons nous inspirer de ces projets et les diffuser. Car en matière d’éducation artistique et culturelle, nous ne devons pas oublier qu’il ne s’agit pas tant de mettre en place un nouveau modèle, un énième dispositif, que d’accompagner et de soutenir les dynamiques sur le terrain. L’ambition nationale d’Education Artistique et Culturelle est aujourd’hui pleinement engagée. Elle se concrétisera dès la rentrée 2013 par la présentation d’un plan national et la signature de contrats entre tous les partenaires, en toute cohérence avec l’évolution programmée des rythmes scolaires et la priorité gouvernementale donnée à la jeunesse. Quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez dans la mise en place de ces initiatives ? AF : Le principal enjeu de l’éducation artistique et culturelle, c’est la coordination des acteurs. Les initiatives sont nombreuses, les acteurs aussi : enseignants, acteurs hors temps scolaire, structures culturelles… Il faut mobiliser toutes ces énergies autour d’une ambition commune. Il faut développer fortement la présence des artistes, parce qu’elle est pour l’enfant et le jeune la possibilité de rencontrer la liberté, de transformer son regard sur le monde et de lui ouvrir tous les possibles nécessaires pour rêver et construire sa vie. Il faut également développer la pratique artistique et reconnaître la créativité des enfants et des jeunes, accepter qu’elle vienne bouleverser les cadres parfois trop formels d’expression qu’on lui propose.
nécessaire d’avoir une action particulière sur les territoires où les institutions culturelles sont peu présentes. Et c’est précisément cela le rôle de l’Etat, et donc de mon ministère : non pas inventer de nouveaux dispositifs – il en existe déjà beaucoup - mais les diffuser et garantir l’égalité entre les territoires. Quelle conception de l'enfance et de la citoyenneté soustend ces initiatives ? AF : Il s’agit surtout de faire de l’enfant et du jeune un véritable acteur de la culture. Ils le sont déjà : on remarque, sur les réseaux sociaux notamment, une véritable appropriation critique et créative des contenus culturels par les plus jeunes. Contrairement à ce que l’on a parfois tendance à penser, nos jeunes ne sont absolument pas passifs face à la culture. Ils commentent, partagent et créent autour des contenus culturels. Il nous faut reconnaître et valoriser ces pratiques, tout en les accompagnant pour qu’ils en mesurent tous les enjeux. Nous devons faire du numérique un levier de l’éducation artistique et culturelle. L’Education Artistique et Culturelle est un formidable vecteur de citoyenneté. Donner un accès juste et égal à l’art et à la culture aux plus jeunes, c’est leur permettre de se former une conscience citoyenne. C’est replacer la culture et les jeunes au cœur de la République et de l’action politique. L'éducation artistique peut-elle être la clé d'une démocratisation culturelle enfin achevée ? AF : Il n’est pas admissible que certains jeunes puissent penser que la culture n’est pas pour eux et se sentent exclus de ce patrimoine commun. Mon objectif, c’est de permettre à chaque enfant et chaque jeune, où qu’il se trouve, et quel que soit son milieu, d’être l’architecte de cette petite pyramide du Louvre que je souhaite voir s’édifier dans son esprit. Bourdieu, en parlant de distinction et de capital culturel, disait que c’était justement en connaissant les mécanismes de ces déterminismes que l’on parviendrait à les enrayer. Il nous faut déterminer des territoires prioritaires, ceux qui sont les plus éloignés de la culture : c’est là que nous devons faire porter nos efforts.
« L’expérience montre à quel point l’accès à l’art et à la culture joue un rôle éducatif essentiel »
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EFFET D’ANNONCE ?
Démocratiser la culture auprès des plus jeunes : les politiques s'y sont employés avec plus ou moins de bonheur et de sincérité. Les réformes récemment entreprises peuvent-elles corriger des décennies de malentendus ? Texte : Hélène Koempgen, rédactrice en chef de la Revue des Initiatives pour Enfance et Musique Illustration : Pauline Brunner
A l’heure où de nouvelles circulaires et leurs modes d’emplois mijotent encore dans les ministères, qu’en est-il du rêve, toujours formulé mais encore jamais atteint, d’une culture qui fasse sens pour les jeunes et leurs familles et permette de lutter efficacement contre le déterminisme social, briseur d’égalité dans le rapport de chacun au monde de l’art ? Quel serait le plus petit dénominateur commun qui ouvrirait naturellement l’accès aux lieux, aux œuvres, aux artistes et aux pratiques ? La réponse actuelle fournie par les ministères est « l’éducation artistique et culturelle », maître mot des premiers pas d’un nouveau grand plan national.
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Mais propose-t-on une éducation artistique et culturelle dès le plus jeune âge, pour tous, ouvrant l’éventail des choix, offrant l’infinie richesse de chemins à parcourir afin d’aboutir à une société tolérante, mixte et flamboyante de citoyens cultivés, c'est-à-dire aptes à choisir, à construire des points de vue et à goûter (ou pas en fonction de choix personnels) au plaisir intense et intime de son rapport à la pratique culturelle ? Depuis des décennies le discours est répétitif : il faut démocratiser la culture ! Malraux inaugurait les maisons de la culture dans les années 60 pour rapprocher le public des œuvres. Depuis, les équipements culturels de tous genres
Vous feuilletez un aperçu du n°2 de Mondomix. Seule la moitié supérieure est consultable. Pour en lire l'intégralité, rendez-vous chez votre marchand de journaux. ont multiplié les initiatives pour élargir leur fréquentation,
Éducation artistique
notamment en direction du jeune public. Mais on ne naît pas public, on le devient. Comment ? La question jusqu’à ce jour reste entière. Les jeunes viennent ponctuellement dans les salles de spectacles et les musées, emmenés par leurs enseignants et ne deviennent pas des utilisateurs assidus. Comment inscrire des pratiques artistiques dans la vraie vie, celle de tous les jours, des jeunes et des familles ? Une circulaire a été adressée aux personnels de l’Education nationale pour la rentrée 2013. Une Loi d'orientation et de programmation pour la refondation de l'école de la République a été adoptée le mardi 25 juin 2013. Elle nous annonce la mise en place de « parcours d’éducation artistique et culturelle ». Dans le temps scolaire, mais aussi en dehors, les élèves vont participer à des parcours qui contribueront « pleinement à la réussite et à l’épanouissement de chaque jeune par la découverte de l’expérience esthétique et du plaisir qu’elle procure, par l’appropriation de savoirs, de compétences, de valeurs, et par le développement de sa créativité ». Les enfants vont emprunter de nouveaux chemins, ceux des parcours, que quelques collectivités territoriales (notamment la ville de Toulouse avec son « Passeport pour l’Art ») ont mis en place depuis quelques années. Mais qui seront les intervenants pendant et après l’école ? La ville de Paris qui met en œuvre la réforme des rythmes éducatifs recherche des animateurs pour la rentrée 2013…
Ni moyens réels, ni réflexion de fond Le collectif Pour l’éducation par l’art, qui compte parmi ses membres les plus grandes références de la recherche éducative et des personnalités engagées comme Robin Renucci, rappelle la nécessité de l’expérience personnelle de l’enfant, de son rapport progressif aux œuvres, du travail de réflexion et de lien avec d’autres disciplines. Il n’a pas été sollicité lors de la grande période de consultation préparatoire aux réformes !
« On ne naît pas public, on le devient. Comment ? La question reste entière » Emmené par ce que l’on nomme les adultes référents, le jeune public passe d’un lieu culturel à un autre, sans véritable pensée pédagogique qui sous-tende les actions. Comment les enseignants sont-ils aujourd’hui formés (et pas « sensibilisés ») aux enjeux culturels, de quels outils disposent-ils pour mener des projets ? C’est toute la question de la formation initiale qui est en cause. L’éducation artistique et culturelle, qui n’est pas une évidence au sein de toutes les familles et peut prendre des formes diverses en fonction des origines, semble être traitée avec égard dans les discours mais sans traduction tangible et constante
« L’éducation artistique et culturelle semble être traitée avec égard dans les discours mais sans traduction tangible dans le vécu des enfants » dans le vécu quotidien des enfants. On a le sentiment d’assister à une vaste entreprise de collage, sans moyens réels, sans réflexion de fond, déclinée de diverses manières selon l’implantation territoriale des établissements scolaires, ce qui accentuera encore les inégalités d’accès. Il faudrait peut-être s’attarder sur la notion de culture commune (citée d’ailleurs dans la circulaire des parcours). Cette culture commune est un espace où le sens et les valeurs se confrontent, s’apprivoisent ou s’opposent. Il est peut-être temps, ainsi que le préconise le Manifeste des 40 propositions pour le jeune public largement porté par Scène(s) d’Enfance et d’Ailleurs, de valoriser le spectacle vivant « dans la pluralité de ses formes, de ses publics et de ses territoires, de donner au secteur jeune public des structures pérennes et des moyens nouveaux afin d’accroître sa visibilité. » Car les acteurs sont prêts : les artistes ont déjà largement démontré leur implication pour garantir la liberté des choix culturels. Assumant une fonction sociale, ils ont mis en œuvre des approches réflexives qui encouragent le passage de l’individu à la personne, du moi/je au nous/ensemble. Les « nouveaux » parcours d’éducation artistique et culturelle ne vont-ils pas emprunter des sentiers battus. Il ne s’agit pas d’être innovant à tout prix mais d’élaborer une pensée qui tienne compte de l’enfant, de l’adolescent, de son contexte de vie. Pour construire une société où chacun pourrait faire le choix de la culture, peut-être faut-il garder quelque chose de l’insolence de l’art.
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Faire cours d'arT d'art Au collège, les élèves n'ont plus la flûte au bec. A la place, ils chantent des protest songs et discutent de Woodstock. Immersion en classe, entre déconvenues et bilans heureux Texte : Olivia Dehez Illustration : Pauline Brunner
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La musique au collège, c’est le souvenir plombant d'« un fameux trois-mâts fin comme un oiseau », interprété les mains moites et le doigté gauche sur un bâton de bois aux sonorités imprévisibles. Récréation crispante. Fin des années soixante, l'intronisation de la flûte dans les établissements est pourtant signe de progrès social. Fils de profanes et enfants d'érudits partagent la pratique collective d'un instrument a priori accessible. Mais sa valeur pédagogique est limitée. Son emploi en groupe, une insulte à l'harmonie. Alors le totem de l'éducation musicale disparaît des programmes en 2008. Désormais, les profs ont plus de latitude pour conquérir leur public acnéique.
Anglet, dans le sud-ouest de la France. La cour du collège Stella Maris est engloutie sous une pluie tropicale. Au sec, dans la salle de musique, Kattalin attaque sur son synthé les accords du Chanteur de Daniel Balavoine. L'enseignante, brunette de quarante ans, fait preuve d'un dynamisme communicatif. Aux premières notes, un chœur innocent s'élève, comme un arc-en-ciel au milieu du crachin basque. Derrière des yeux frondeurs et des minois ingénus, la quinzaine d'élèves de 5eme va chercher haut la note. Le brun du deuxième rang excepté, qui fredonne comme un bourdon, victime d'une mue handicapante. « La flûte nous servait avant à transmettre les bases du solfège, souffle
Vous feuilletez un aperçu du n°2 de Mondomix. Seule la moitié supérieure est consultable. Pour en lire l'intégralité, rendez-vous chez votre marchand de journaux. l'enseignante en aparté. Maintenant on chante beaucoup, on fait des percussions corporelles ; des instruments qui sont à notre portée toute notre vie. » Un petit malin fait remarquer qu'un couplet a été « censuré », une histoire de prostitution pour la postérité... « Je préfère des élèves qui s'expriment. J'ai une autre classe hyper studieuse, qui fait le bonheur de mes collègues. En musique, c'est l'enfer, ils sont beaucoup trop coincés. »
Développer la sensibilité esthétique des ados Les élèves n'ont pas de livre. L'enseignante diffuse dans les enceintes de la classe une performance vocale expérimentale – Récitation n°9, par Martine Viar. Le « bourdon », invité à donner son avis, trouve ça « bizarre et ennuyeux ». Cool mais directive, la pédagogue au sang-froid défend son choix. « Si tu comprends de quoi il s'agit, tu vas y trouver de l'intérêt. » Les élèves lèvent le doigt et répondent par des notions de cours : la soprano qui chante a capella emploie une technique vocale « non-pulsée » - « on ne peut pas battre la mesure du pied » - et le morceau, du compositeur grec Georges Aperghis, utilise le principe d'accumulation. La leçon est passée dans les rangs. La prof maintenant chauffeuse de salle appelle neuf élèves à monter sur l'estrade pour reproduire l'exercice. Pouffements étouffés dans le reste de la classe, mais ceux qui sont au charbon s'en sortent comme des cadors. Il reste moins d'un quart d'heure. Kattalin propose de chanter Jeanne, de Laurent Voulzy, une mélodie aux accents sirupeux. Les élèves s'alignent en chœur sans même les paroles sous les yeux. « Laurent Voulzy, il a vécu au Moyen-Âge ? ». Ils sont jeunes, mais pas complètement idiots. Le morceau fait référence à l'amour courtois, hérité de l'époque médiévale. L'amour, c'est aussi un thème porteur en 5eme. C'est pour développer la sensibilité esthétique d'ados au bagage inégal que l'éducation musicale s'est imposée à l'école républicaine. Et ouvrir les enfants à de nouveaux horizons culturels, sans distinction de moyens. Mais sur le terrain, certains profs sont dépassés. Rémy a enseigné dans un collège de Peyrehorade, une commune rurale de 3 467 habitants. Le trentenaire mélomane, formé à Bordeaux et enseignant en Conservatoire, est débarqué tel un Don Quichotte dans la pampa landaise. Un peu gourmand, il passe du Parliament Funkadelic et distribue des textes de Bourvil à ses puceaux ébaubis : « C'était pas une réussite. A l'époque, le groupe du moment c'était O-Zone, un trio de dance moldave. Alors mes trucs, ça leur parlait pas. » À onze ans, l'éclectisme d'un enfant s'exprime rarement hors des limites de la grille d'NRJ. Rémy essaie alors d'accrocher ses sixième en jouant sur leur terrain. « Je leur ai demandé de ramener des morceaux à eux, pour les travailler en classe. Les trois-quarts sont arrivés avec des albums des bandas du coin, ou l'hymne du club de l'Aviron Bayonnais... » Rémy, de guerre lasse, a jeté l'éponge après un an, pour se consacrer au Conservatoire : « Mes élèves sont plus curieux, ils savent pourquoi ils sont là. J'ai plus l'impression qu'ils ont envie d'ap-
Éducation artistique
« Laurent Voulzy, il a vécu au Moyen-Âge ? » prendre. » Au collège, le public n'est pas toujours acquis. Dans le cadre strict d'une heure hebdomadaire, les profs doivent se montrer fins stratèges.
De Mozart à M. Pokora Les programmes imposent d'évoquer cinq thématiques par an, qui s'appuient sur une terminologie précise et deux œuvres à étudier : l'une que l'on décortique, l'autre que l'on chante. Mozart et Tchaïkovsky sont convoqués en sixième, et plus tard les Rolling Stones et les Beatles. Mais aussi IAM et Gainsbourg. Jusqu'à M. Pokora, en dernier recours : « On essaie de faire des ponts avec des morceaux qu'ils connaissent, explique Kattalin. Par exemple, on a étudié La Mauvaise Réputation de Brassens en passant par la reprise de Sinsemilia. » Dans le juke-box de la prof, on trouve le Star Spangled Banner, improvisation possédée de Jimi Hendrix sur la scène de Woodstock. C'est l'œuvre de référence d'un cours sur le mouvement hippie et la contestation aux Etats-Unis, adressé aux élèves de 3eme (14-15 ans). Au chant, California Dreamin des Mamas & The Papas. Kattalin, qui a enseigné pendant quinze ans en collège, goûte l'évolution des programmes. « A l'époque de la flûte, la matière était très isolée. Depuis, c'est plus culturel. C'est plus intéressant. » L'officialisation d'une nouvelle matière transdisciplinaire, l'Histoire des arts, est un autre pas en faveur du désenclavement des enseignements artistiques au collège. Depuis 2008, la musique, le français, l'histoire-géo et les arts plastiques sont mobilisés conjointement autour d'un sujet commun, évalué au brevet. Au lycée, l'enseignement musical est facultatif. Le relais doit passer hors les murs.
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Dessine-moi un sourire
Les enfants ont tout à gagner à s'initier à des pratiques artistiques, à commencer par la confiance en eux-mêmes. A condition que les adultes ne leur imposent pas des règles trop rigides et ne projettent pas sur eux leur propre parcours Texte : François Mauger Illustration (au dessus) : Solal L. (5 ans et demi)
« Absolument tout ! » La psychologue Dessie Baggio est catégorique : un enfant qui dessine ou peint investit tout ce qu'il est dans ce qu'il projette sur la feuille. « La peinture et le dessin permettent à l’enfant de rêver et de créer son monde imaginaire, de le rendre tangible. L’enfant vit 80% de son temps à travers son imagination. Le dessin lui permet de la rationnaliser, d’exprimer sa créativité, de construire son monde à lui. A travers le dessin, il va exprimer aussi bien sa pensée que ses émotions, ce qui est primordial pour l’évolution et la mise en place de bons schémas psychologiques et intellectuels. » La psychologue clinicienne, auteure de L'expression picturale de l'enfant, poursuit : « L’enfant, comme tout être humain, surtout dans notre société, a des barrières et des blocages dans l’expression verbale. Le dessin peut lui permettre d’exprimer aussi bien sa pensée courante qu'inconsciente : les émotions non exprimées, les manques, les envies qu’il ne va pas forcément communiquer à l’adulte. Le dessin peut être un mode de communication alternatif au mode verbal. » Il n'est bien sûr pas le seul. Chantal Grosléziat, une musicienne qui s'est reconvertie dans la pédagogie depuis les années 80 et
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mène des expériences très diverses avec son association Musique En Herbe, rappelle : « Le chant appartient à l’homme dès sa naissance. Même avant, puisque l’enfant est imprégné par la voix de sa mère et des personnes qui vont l’accueillir. Il y a déjà une mémoire sonore, une mémoire auditive très forte, avant même les premiers jours. Le son et la musique sont une matière de base pour l’épanouissement de l’homme. C’est notamment un moyen d’expression pour le petit enfant, bien avant de savoir parler. Favoriser ce mode d’expression, qui passe beaucoup par la voix chantée, est l’occasion pour l’enfant d’enrichir, d’exploiter, d’explorer toutes ses capacités ». « C’est ça le but : que l’enfant construise une certaine sécurité à l’intérieur de lui-même. La confiance en soi est une chose extrêmement difficile à acquérir », résume Anastasia Nakov. La pédopsychiatre et psychanalyste sait de quoi elle parle : elle a vu des enfants autistes, assaillis par des angoisses archaïques, s'apaiser dans un atelier de peinture. Elle le raconte dans L'art de l'enfant, l'enfance de l'art mais accepte volontiers d'étendre sa réflexion à l'ensemble des jeunes : « Plus on développe l’imagination, plus on leur ouvre des espaces de créativité », affirme-t-elle. La théorie est exaltante. Que donne la pratique ? En CM1, les
Vous feuilletez un aperçu du n°2 de Mondomix. Seule la moitié supérieure est consultable. Pour en lire l'intégralité, rendez-vous chez votre marchand de journaux. élèves consacrent une heure et demie par semaine à ce qu'il faut désormais appeler « les arts visuels ». Etrange paradoxe que cette pratique collective d'un art d'ordinaire solitaire ! Anastasia Nakov balaie d'un revers de main l'objection, en expliquant que, lorsqu'il peint, « l'enfant est seul mais reste en lien avec tous les autres. Au fond, il n’est jamais seul. Il a en lui le regard des parents, le regard des enseignants, le regard de ceux qui lui servent de modèle. On n’est jamais seul dans la vie. Il y a toujours plein de monde dans notre tête ».
Magritte et Kandinsky en CM1 Pour autant, l'éducation artistique, qu'elle soit prodiguée au sein des écoles ou ailleurs, n'est pas nécessairement exempte de critiques. D'abord, parce qu'elle génère parfois des espérances déplacées. « Les parents ont de grandes attentes, en essayant de combler ou de réparer quelque chose de leur propre histoire qu'ils ont le sentiment de n'avoir pas suffisamment bien (ou pas du tout) réussi. La grande part de ce processus est inconsciente, bien entendu », expose Anastasia Nakov. Sa consœur Dessie Baggio complète : « Tout ce qui permet aux parents de s’exprimer à travers les enfants est évidemment très nocif pour ces derniers ».
Éducation artistique
Le programme que détaille Anne-Emmanuelle, enseignante dans une école proche de Mantes-La-Jolie en CM1, devrait rassurer l’une et l’autre : « Soit les enfants sont complètement libres, soit il y a des contraintes écrites au tableau. On alterne création et technique. Quand on donne un sujet, comme par exemple, un arbre ou une maison, on parle de “création”. Quand on donne un modèle à reproduire, on parle de “technique”. Depuis quelques années, on nous demande, dans les textes, d’introduire l’histoire de l’art. On travaille donc “à la manière” d’un artiste connu. Ça peut être Max Ernst, Magritte, pour l’inspiration quelque peu absurde, ou Kandinsky, qui plait aux enfants parce qu’il y a à la fois beaucoup de couleurs et des formes géométriques ; là, ils peuvent délirer à loisir. Certains enfants ne respectent pas les consignes mais ça ne porte jamais à conséquence. On en parle à l’enfant mais il n’y a pas de sanction. On lui dit “Tu t’es fait plaisir, tu as fait autre chose que ce qui était demandé” mais on tolère une vraie liberté ». Cet élève récalcitrant qui s’éloigne de Kandinsky est-il un surhomme ? Peu importe, il a été pendant au moins quelques minutes un enfant épanoui...
Autre reproche : un apprentissage technique prématuré peut avoir des effets pervers. « Le travail pédagogique n’est pas toujours favorable à la créativité de l'enfant, glisse Anastasia Nakov. Souvent, il casse son élan créa-
« Le dessin permet à l'enfant d’exprimer les émotions et les envies qu’il ne va pas forcément communiquer à l’adulte » Dessie Baggio, psychologue
tif. Parce que l'enfant sait mieux que les adultes ce qu’il cherche et comment il peut l’exprimer. L’essentiel est ne pas essayer d’inculquer trop tôt à l'enfant des règles. » Dessie Baggio surenchérit en indiquant que, ce qui se perd parfois, « c’est le petit grain d’individualité, la petite chose qui va faire qu’une peinture ou un bâtiment ou une chanson peuvent être excellentes sans être parfaites. Les plus grandes œuvres d’art sont totalement imparfaites. La perfection, quand elle n’est destinée qu’aux autres, est toxique. Par contre, elle ne l’est pas quand elle nous permet à nous-mêmes de grandir, de nous exprimer dans la totalité de notre être. Dans la théorie du surhomme, Nietzsche dit qu’en réalité, on ne peut être un surhomme que par rapport à soi-même. On ne peut dépasser que nos propres limites ».
Illustration : Alice B. (6 ans et demi)
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Théma
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Musiques
sans conservatoire Si l’apprentissage de la musique passe en France essentiellement par le conservatoire, il est des mondes, des cultures, où la transmission prend d’autres chemins. La preuve en trois exemples Texte : Jacques Denis Photo : D.R.
Hariprasad Chaurasia « Un chemin spirituel »
Titulaire d’une chaire au conservatoire de Rotterdam et grand passeur de la musique hindoustanie, le flûtiste insiste sur les aspects ludiques et philosophiques de l’apprentissage
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« Je ne suis pas un professeur. Je suis simplement le guide mes élèves, que je reçois dans une gurukul, une maison où j’accueille ceux qui veulent communier avec moi. Ce n’est pas vraiment une école, mais quelque chose de très ancien chez nous. Pour cela, il leur faut totalement se dédier à la musique. J’essaie de leur montrer le chemin spirituel pour trouver l’épanouissement musical. Certains m’accompagnent pour les récitals, car il est important qu’ils sachent comment se comporter avec le public. Pour autant, je n’établis pas de hiérarchie entre eux, même si certains sont plus doués que d’autres. Certains sont jeunes, d’autres plus âgés que moi, mais tous sont mes
enfants, à qui j’offre le gîte et le couvert. Chacun a ses propres qualités, sa propre vision. Pour moi, tous sont les meilleurs ! Parmi mes élèves, il y a des sitaristes, des violonistes, des flûtistes et même un saxophoniste… La musique n’est pas une affaire d’instruments. C’est encore moins une histoire de notes. Il s’agit avant tout d’une question de sentiments… C’est l’une des clefs de l’enseignement de notre musique, qui repose sur une connaissance du rythme et du chant. Cet apprentissage exige du temps. Une vie ne suffit pas. Pas même deux ! Moi-même, cela fait plus de cinquante ans que j’apprends. C’est la seule manière de continuer à être créatif et de satisfaire son esprit d’artiste. Car la musique est aussi un jeu et un puits de philosophie. Il y a bien longtemps, afin de me perfectionner, je suis allé solliciter Annapurna Devi, la femme de Ravi Shankar, qui était une remarquable pédagogue. À l’époque, cela faisait dix ans que je jouais de la main droite. Elle m’a dit qu’il fallait tout reprendre à zéro. Inverser mes doigtés était une condition préalable à son enseignement. J’ai donc dû devenir gaucher. Ce fut une renaissance pour moi. Ma vie prenait un nouveau sens. »
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Éducation artistique
« Le voyage initiatique »
Nouveau virtuose de la kora, le Guinéen Ba Cissoko illustre l’importance de la transmission familiale en Afrique de l’Ouest « C’est de ma grand-mère que je tiens mon amour de la musique. Quand j’étais enfant, elle m’emmenait aux champs et à chaque fois c’était une leçon de musique : elle chantait tout le temps. Elle m’a donné de solides fondations, sans lesquelles vous ne pouvez pas bien rayonner. » Le vrai tournant se produisit pour Ba au début des années 80. Il n’était encore qu’un gamin quand son oncle, le virtuose M’Bady Kouyaté, décida de prendre ses affaires en main. Le début d’un long voyage initiatique pour le jeune homme dont le père, lui-même adepte de la kora, fut griot et fondateur des Ballets Djoliba, et l’occasion pour le dernier né d’une longue lignée de griots de retrouver l’esprit des grands anciens. Ba Cissoko entame donc un périple, de villages en villages mandingues, de sa ville natale Koundara à la métropole Dakar… Au bout de cette quête de deux ans, il y a l’instrument fétiche de la sphère mandingue, la kora, dont la légende dit qu’elle aurait été fabriquée par un Cissoko. Ba a trouvé son chemin.
Erik Marchand « Une langue maternelle »
Pour le chanteur et musicien breton Erik Marchand, fondateur de la Kreiz Breizh Akademi, une vision subjective, empirique, prime sur l’intégration d’un savoir extérieur « J’ai appris la musique de manière orale, auprès de maîtres, et non au conservatoire. Cette transmission, à travers l’oralité, permet d’intégrer la musique davantage comme une langue maternelle qu’une matière scientifique. Et cela change tout ! C’est le cas dans de nombreuses cultures, particulièrement orientales et méditerranéennes. En Roumanie, où je me rends régulièrement, un enfant, souvent de musicien, se collette à la musique par ses propres moyens, en tâtonnant dans son coin… Jusqu’à ce qu’un adulte lui propose d’aller rejoindre l’orchestre, au départ en écoutant ; puis il va lui donner quelques conseils avant que l’enfant aille éventuellement voir un maître, qui va se charger de lui. Cela suppose une imprégnation culturelle très forte de la musique dans les familles. Mais surtout, le gamin doit se construire par lui-même : c’est la clef. Au conservatoire, qui valorise une forte identité culturelle en termes de timbres, de choix harmoniques, malgré des progrès depuis trente ans, l’idée demeure qu’un individu ne peut pas donner des réponses que d’autres ont établies auparavant. Dans les musiques populaires, c’est le cas : il est plus important d’avoir une vision globale de la musique que de maîtriser la technique spécifique à un instrument. Il est aussi plus important de favoriser une expérimentation, une appropriation, personnelle, avec ses balbutiements et ses “erreurs”, plutôt que d’intégrer un savoir venant de l’extérieur. Les fautes ne sont pas l’essentiel, d’autant que cela est perfectible : ce qui compte, c’est l’établissement d’un discours, et donc un certain épanouissement. Il y a une immédiateté de la pratique plus qu’un but à atteindre après des concours et des examens. »
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Théma
Marseille chante le monde
Ombrière à Marseille réalisisée par Norman Foster
A Marseille, les ateliers musiques du monde de la Cité de la musique font rimer diversité culturelle et vivre-ensemble Texte : Ludovic Tomas
Photo : Johanna H.
Construite au fil des siècles par des populations venues d’ailleurs, la deuxième ville de France a la diversité inscrite dans son ADN. Dans un centre-ville où réussissent à se maintenir les couches populaires, la Cité de la musique de Marseille est à l’image de Belsunce, le quartier où elle est implantée : ouverte sur le monde. Au-delà de l’enseignement musical classique, le lieu propose des ateliers de musiques du monde très variés : musiques arabo-andalouse, africaine, afro-latine, chinoise, balkanique… Une spécificité qui attire quelque trois cent personnes, de toutes générations. « Au croisement entre sonorités d’Orient et d’Occident, nous dégageons une identité méditerranéenne », résume son directeur Eric Michel. Fouad Didi est à l’origine du premier atelier de musiques du monde de la Cité, celui consacré à la musique arabo-andalouse. Violoniste, oudiste et chanteur reconnu, originaire de Tlemcen (Algérie), il est aussi un pédagogue apprécié. « Dans certains établissements, il existe des classes composées à 90% d’enfants liés au Maghreb mais qui ont honte de chanter en arabe. Dès que je leur parle de l’histoire de cette grande civilisation, il y a comme une prise de conscience, une fierté. Ils s’intéressent aux paroles, au sens de leur prénom. Cela crée une ambiance extraordinaire. Cela peut même débloquer des choses chez des enfants inhibés dans certaines matières et qui se révèlent », témoigne-t-il.
Musique arabe et bourrée du Berry
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Sa collègue Amandine Dulieux dirige à la fois l’atelier d’accordéon diatonique et l’ensemble des musiques du monde dont la particularité est de réunir des instruments comme la clarinette, la guitare, le violon ou la flûte traversière. Les élèves,
« Certains enfants liés au Maghreb ont honte de chanter en arabe. Dès que je leur parle de l’histoire de cette grande civilisation, il y a comme une prise de conscience, une fierté » Fouad Didi, pédagogue entre 21 et 70 ans, sont venus « aux musiques du monde avec comme base une formation classique ». Amandine Dulieux pioche dans des styles qu’elle ne connaissait pas forcément et travaille des arrangements à la mode occidentale et européenne. Alice, férue de musiques d’Occitanie, s’ouvre ainsi « à d’autres répertoires ». Sa camarade Sylvie constate que cette approche permet « de faire plein de choses auxquelles on aurait pas pensé ». Pour le concert de fin d’année, Amandine a sélectionné un boléro cubain, un tango argentin, des morceaux arménien, turc, yiddish et klezmer. « On enchaîne même un classique de la musique arabe avec une bourrée du Berry », s’amuse l’enseignante. Décloisonner les répertoires, faire dialoguer les esthétiques, développer un travail de médiation sont autant de pistes explorées par la Cité pour rendre la musique universelle et accessible et démonter l’image d’une institution qui pourrait être perçue comme élitiste.
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Éducation artistique
Danser pour grandir La danse contemporaine, un art rébarbatif et élitiste ? Le Ballet Preljocaj, à Aix-en-Provence, entend bien démontrer le contraire à travers ses actions à destination des scolaires Texte : Ludovic Thomas Photographie : Pari Naderi
Sensibilisation ponctuelle en amont d'un spectacle, résidence d’artistes dans les établissements, ateliers pratiques, le Ballet Preljocaj, qui possède le statut de centre chorégraphique national, déploie toute une gamme d'actions et initiatives. Toutes le sont en concertation permanente avec les enseignants. « Les artistes ne viennent absolument pas donner un cours de danse, pointe Céline Jolivet, responsable des actions scolaires et socioculturelles du Ballet. Les élèves ne sont donc pas dans la reproduction, mais dans la création de leurs propres mouvements, avec des consignes données, un fil conducteur. Ils sont acteurs. » Une méthode qui peut provoquer de belles surprises. « Sans faire de généralités, les jeunes les plus en difficulté en classe se révèlent souvent les plus créatifs dans les ateliers. Ils sont emballés par l’idée de créer eux-mêmes. En fait, ils sont à l’aise avec leur corps mais pas assis sur une chaise », témoigne Guillaume Siard, danseur devenu responsable pédagogique du Ballet Preljocaj. Intervenant depuis une dizaine d’années en milieu scolaire et à travers le Groupe urbain d’intervention dansée (G.U.I.D.), il relève de véritables progrès dans les comportements des élèves, particulièrement sur « leur niveau d’attention, la confiance en soi. Au fil des séances, ils prennent une autre place dans le groupe, ils se sentent valorisés. Et même le regard des autres sur eux change ».
Prise de conscience du corps Un constat partagé par sa collègue, qui complète : « On voit une évolution dans la prise de conscience du corps, la capacité à assumer un mouvement face au regard des autres, le travail dans l’espace, l’écoute et le respect de l’autre ». Alors qu’au départ, principalement au collège et chez les garçons, les intervenants
peuvent être amenés à combattre quelques préjugés assez caricaturaux. « Pour certains, la danse, c’est en tutu pour les filles et tous les garçons qui la pratiquent sont homosexuels. On explique alors que c’est un métier et que cela ne signifie pas une sexualité. Mais au lycée, tout cela est plus assumé et il y a plus de curiosité », modère Céline Jolivet. Pour Géraldine Goukassian, professeur d’éducation physique et sportive au collège du Jas de Bouffan, le plus grand quartier populaire d’Aix-en-Provence, l’expérience aura été bénéfique à tout point de vue. « La présence des danseurs au collège a été pour tous une véritable ouverture culturelle. Les élèves étaient très fiers de pouvoir réaliser leur prestation. Ils ont pris conscience de la difficulté du métier de danseur, de la notion de fatigue et des blessures possibles, du stress. C’est très positif dans une société où, quelquefois, la nouvelle génération pense que tout se fait facilement et sans contrainte. »
« Les jeunes les plus en difficulté en classe se révèlent souvent les plus créatifs dans les ateliers » Guillaume Siard, danseur
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Théma
Repères
Vous feuilletez un aperçu du n°2 de Mondomix. Seule la moitié supérieure est consultable. Pour en lire l'intégralité, rendez-vous chez votre marchand de journaux. En Librairie Quatre nouveautés pour discuter des arts avec les enfants...
Effet d'annonce ? Revue : Q La Revue des Initiatives, n°8 : Culture et Parentalité,
dirigée par Hélène Koempgen (Editions Enfance et Musique)
Maison
d'Aleksandra Mizielinska et Daniel Mizielinski (Mila) Des habitations en forme de bulle, de noisette ou de grotte... L'audace des architectes contemporains présentée de façon ludique et colorée.
Dessine-moi un sourire Livres : Q L'expression picturale de l'enfant
Dessie Baggio (Connaissances et Savoirs)
Q À travers vies, à travers chants, le patrimoine chanté des familles à l’école
Les plus belles berceuses jazz (Didier Jeunesse) Des ballades d'Ella Fitzgerald, Chet Baker ou Frank Sinatra sélectionnées par le guitariste Misja Fitzgerald Michel.
Chantal Grosléziat (SCEREN / CNDP / CRDP)
Q L'art de l'enfant, l'enfance de l'art
Anastasia Nakov (PUF)
d'Art d'Art pour les enfants
de Frédéric et Marie-Isabelle Taddeï D’autres transmissions sont possibles Albums :
(Editions du Chêne) 28 œuvres d'art choisies et commentées par le présentateur de "Ce soir (ou jamais !)" et sa sœur.
Q Nimissa
Ba Cissoko (Cristal)
Q Ukronia
Erik Marchand (Innacor)
Comment parler des arts de l'Islam aux enfants ?
Ma cité va chanter Site web :
u www.citemusique-marseille.com
Danser pour grandir Site web :
u www.preljocaj.org
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de Rosène Declémenti (Le Baron Perché) Une visite guidée du département des Arts de l’Islam du Louvre.
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Destinations
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Visions de Cuba
Texte : François Mauger Illustrations : Emmanuel Michel
Peintre nomade, Emmanuel Michel a promené ses pinceaux sur les cinq continents. Il a réuni dans un livre quelques pages de ses carnets de voyage à Cuba et New York, ainsi que les toiles qu’il en a tirées. Zoom sur son périple au pays de Compay Segundo
Puro, huile et acrylique sur toile
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Cuba
Destinations
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Petit drapeau, huile sur bois
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Cuba
Sous le soleil, le ranch semblait assoupi. Quelques vaqueiros cubains fixaient en silence un touriste qui s’approchait. La conversation n’aurait peut-être jamais dépassé les premières salutations, agrémentées tout de même d’un petit verre de rhum, si le nouveau venu n’avait pas sorti de son sac l’équivalent d’une baguette magique : un crayon papier. Sur un blocnotes, il a commencé à croquer les chevaux, d’un trait classique et nerveux, digne de Géricault ou Delacroix. Les cavaliers l’ont invité à se joindre à eux pour réunir le troupeau. Le voilà galopant, jusqu’au clair de lune, entre les collines de la province de Pinar del Rio. C’est le meilleur souvenir qu’Emmanuel Michel a ramené de Cuba. Mais les portraits de ses compagnons d’une nuit et les scènes de marquage du bétail ne surpassent pas ses toiles plus urbaines, tant l’ensemble de son voyage l’a aiguillonné. Le peintre toulousain a parcouru l’île des champs de tabac de l’ouest jusqu'à la très féconde Santiago de Cuba à l’est, en passant par Trinidad, la « ville-musée » aux mille maisons coloniales. De toutes les demeures qu’il a vues, il n’a généralement conservé sur ses toiles qu’un pan de mur de couleur vive, devant lequel rêve un vieillard ou espère un marchand de légumes. Souvent, passe un musicien, puisque, selon Emmanuel Michel, « à Cuba, la musique est présente partout, et toujours avec simplicité, sincérité ». « Une nuit, à Pinar del Rio, je me baladais, comme je le fais souvent, pour attraper des images ou des sons, prendre la température, se souvient le voyageur. Il y avait une musique avec des rythmes afro-cubains très prononcés qui m’attirait mais je n’arrivais pas à en trouver la source. Finalement, à travers une palissade en métal, j’ai vu un groupe de musiciens et des familles. C’étaient des paysans, des travailleurs du tabac, qui dansaient. Ils m’ont laissé passer la soirée avec eux. C’était magnifique. Parmi eux se trouvaient de vieux messieurs, super sapés, d’un âge très avancé mais dansant comme des dieux, et des jeunes, des petits, des gros… Tout le monde était très heureux d’être là, d’entendre cette musique, de danser. Il y avait un côté exutoire, bien sûr, mais c’était très beau. J’ai fait deux ou trois croquis mais j’avais surtout envie de rester assis, de les regarder. »
Sur le chantier, huile et acrylique sur toile
« Souvent, les peuples qui connaissent des difficultés, climatiques ou politiques, ont une patate et un optimisme déroutants pour les Occidentaux »
Eclairs de matière pure Emmanuel Michel est un témoin qui n’impose ni son rythme ni ses vues. Formé à la restauration de tableaux, il s’est d’abord exercé deux ans sur les peintures millénaires du temple de Karnak, en Haute-Egypte. Puis il a casé ses outils dans un sac et est parti observer ses contemporains, des Marquises à la Mongolie, du Guatemala au pays toraja, dans l’archipel indonésien. Il aime dire que ses portraits sont des « livres ouverts ». Figuratifs, bien que zébrés d’éclairs de matière pure, ils sont également narratifs. « Chacun se fait son film, explique-t-il. Moi, je pars d’une rencontre mais chacun,
No parqueo, huile et acrylique sur toile
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Destinations
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Aux vents, huile et acrylique sur toile
en fonction de son vécu, réinterprète le tableau. Parfois, les gens tapent dans le mille. Des fois, ils en sont loin. Ce n’est pas grave. Ce qui compte, c’est que chacun ressente quelque chose et s’approprie le tableau. » Les toiles que lui a inspirées Cuba permettent elles aussi une infinité de lectures. L’ambivalence de l’expérience menée sur l’île y est pour beaucoup. « C’est très compliqué, cette histoire de révolution, constate-t-il. Elle a apporté, évidemment, mais elle a également enlevé énormément. Elle a provoqué une espèce d’arrêt depuis les années cinquante ou soixante. La difficulté qu’ont les gens à vivre sur place, cette espèce d’immobilisme dans lequel ils sont, est à la fois magnifique esthétiquement mais terrible socialement. Les gens, aujourd’hui, quand ils osent parler, et beaucoup osent maintenant, sont plus dans la désillusion que dans la reconnaissance. Malgré cela, c’est un peuple qui, par son caractère et parce qu’il n’a pas le choix, a la pêche, est plein de vie et d’optimisme dans ses attitudes. Même s’ils sont à genoux, même s’ils ont du mal, malgré les problèmes, malgré les emmerdes, les Cubains sont confiants dans la vie et dans le moment présent. Ils dégagent un certain bonheur, une certaine joie de vivre. Je l’avais déjà observé ailleurs. Souvent, les peuples qui connaissent des difficultés, soit climatiques, soit po-
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litiques, ont une patate et un optimisme déroutants pour les Occidentaux, qui ont beaucoup mais qui, eux, pleurent tout le temps. » Quand on l’interroge sur l’avenir de l’île, Emmanuel Michel renâcle et se fend même d’un définitif « je suis un peintre du temps présent ». Il a raison. Cet enfant de Rembrandt et de Vélasquez est visiblement aussi l'héritier de Jackson Pollock et des grands photoreporters. Mais il est difficile de ne pas chercher de signes dans ses grands formats aux compositions hardies, où les personnages sont souvent en marge, le regard tourné vers l’horizon. Qu’attendent-ils ? Poussé dans ses derniers retranchements, le peintre se hasarde finalement : « Une page va se tourner. C’est à double tranchant : pour beaucoup d’Occidentaux, Cuba va perdre de son romantisme mais, pour les habitants, ce ne sera que mieux. En espérant que l’ouverture se fasse petit à petit, qu’elle respecte le peuple cubain, qu’il ose et qu’il puisse se prendre en main… ».
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Calle Perez, huile et acrylique sur toile
Destinations
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Grooves et pulsations du Cap à JoBurg Texte et Photographie (ci-dessus) : Isadora Dartial
Plongée au cœur des vibrations secrètes de Cape Town et Johannesburg à l’heure de la saison sud-africaine en France. Suivez le guide Un épais brouillard m’empêche de grimper en haut de la Table Mountain, la montagne plate qui domine Cape Town, plus vieille ville d'Afrique du Sud et capitale législative du pays depuis 2005. De là s'aperçoivent les deux océans, indien et atlantique, qui s'embrassent. Un paysage immémorial, qui a vu le développement récent de nombreux quartiers. Impossible de passer à côté de Long Market Street, ses maisons victoriennes et ses bars. Au passage, je traverse Woodstock, vers l’est de la ville, ancien quartier industriel devenu le haut lieu du design - l’an prochain, Cape Town en sera la ville officielle. Non loin de là se succèdent les studios photo et cinéma car la lumière de la ville attire le monde entier. Sans le savoir, vous avez souvent vu Cape Town dans les séries mode de magazines féminins.
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En Afrique du Sud, où existent pas moins de onze langues officielles, Cape Town est la ville la plus métissée. Quartier résidentiel où cohabitaient Malais, Noirs d’origines xhosa ou Afrikaans, District 6 a connu le même sort que Sophiatown à Jo’Burg : il a été rasé à la fin des années 60 par le gouvernement de l’apartheid. La plupart
des habitants de District 6 ont été relogés à la sortie de la ville dans les townships comme Capeflat ou Delft. C’est là que nous attend le musicien Georges Werner, à la tête du big band Little Giants depuis 1999. Georges récupère certains des musiciens chez eux, pour un tour en voiture du quartier où maisonnettes côtoient commerces et autres commodités installées dans des containers.
Le Cape jazz des « born free » A Delft, si vous allez chez le coiffeur, c’est dans l’équivalent d’un camion que vous vous ferez couper la frange. Nous voilà à l’école du coin. Pendant que certains lycéens passent leurs oraux, les membres de Little Giants poussent du piston. Agés de 14 à 20 ans, ces « born free », comme on nomme les jeunes Noirs nés après l’apartheid, ont trouvé dans cette formation un moyen d’échapper à leur condition de vie précaire. Ils jouent principalement du Cape jazz, mélange de jazz, traditions xhosa et musique de carnaval, mais entament volontiers des airs de coons, comprenez carnaval, grande tradition du Cap, qui remonte à l’esclavage. Coons est un diminutif de « racoon » (« raton laveur » en anglais) car c’est ainsi
Vous feuilletez un aperçu du n°2 de Mondomix. Seule la moitié supérieure est consultable. Pour en lire l'intégralité, rendez-vous chez votre marchand de journaux. Pantsula © Suzy Bernstein
Afrique du sud
que se maquillaient les musiciens. Aujourd’hui encore, les marching bands défilent chaque année pour le Cape Town Minstrel Carnival début janvier. Loin des océans, c’est une autre pulsation qui rythme Johannesburg. Deep house à fond dans le poste de radio du chauffeur de taxi, pas de doute, la ville vibre autrement. Etalée sur cent kilomètres carrés, Jo'Burg est constituée de nombreuses micro-villes abritant près de sept millions d’habitants dont environ deux vivent à Soweto. Rosebank, Melville, Chinatown, Maboneng, Braamfontein, Jozi offrent toutes sortes de visages. Longtemps réputée dangereuse, la présence de barbelés dans la ville en témoigne, Jo’burg change. Depuis quinze ans, le centre déserté s’est beaucoup développé. Investi aujourd’hui par de nombreux étudiants et des jeunes travailleurs, « Jozi » prend dans certains coins des allures new yorkaises ou berlinoises. Si les jeunes pousses répètent au Bassline, studio dans lequel Tumi and The Volume a enregistré son premier album, les anciens se retrouvent au Downtown Studio. Ce jour-là, Ray Phiri, qui a accompagné Paul Simon sur Graceland, joue avec son groupe légendaire, Stimela. A l’entrée, des photos de tous les musiciens qui ont honoré le lieu, Lucky Dube, Hugh Masekela, Abdullah Ibrahim. De notes en notes, la nuit tombe et le tempo s’accélère. Jo’Burg pulse. Dans certains immeubles abandonnés du centre ville s'organisent des fêtes incroyables où kwaito et deep house font léviter les corps.
Limpopo à Soweto. Avant de découvrir Soweto, je m’enfonce un peu plus loin encore dans la banlieue, à Orange Farm. C'est là que je retrouve Zelo de Real Action Pantsula et les danseurs d’Impilo Mapantsula. Comme le hip-hop, le pantsula est né dans les années 80. Ici aussi, la danse raconte la vie, le quartier. Celle de la population noire délocalisée à partir des années 50 pour aller vivre dans les townships. Le swing et les claquettes pour bases, le pantsula mimait cette nouvelle vie. Les danseurs s’encouragent dans une langue bien à eux, entrecoupée de sifflements, le tsotsi tal. Ultime arrêt, Soweto. Deux centrales électriques indiquent l’arrivée dans le plus grand township de Johannesburg. Aujourd’hui transformées en restaurants et en bars, ces deux tours sont les témoins d’un passé douloureux, symboles de l’inégalité pendant l’apartheid : Il y a quelques années, elles étaient onze à éclairer Jozi alors que Soweto se trouvait dans le noir...
« Symboles de l’inégalité pendant l’apartheid, les deux tours de Soweto ont été transformées en restaurants et en bars »
Me voilà à Vilakasi Street, la rue des deux prix Nobels, Nelson Mandela et Desmond Tutu. En haut de la rue, Thomas Chauke donne un concert. Maître de ce que l’on appelle le tsonga au Mozambique et shangaan en Afrique du Sud, l’homme, très populaire, a reçu près d’une trentaine de disques d’or. Le public est en folie dans le centre communautaire Oncle Tom, haut lieu du militantisme anti-apartheid. Rythmes galvanisants du limpopo à Soweto, brass bands du Cap, l’Afrique du Sud cultive ses traditions en même temps qu’elle compose une nouvelle partition.
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Destinations
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Les voyages
forment la musique Texte : François Mauger Photos : D.R.
Chaque année, des milliers de musiciens traversent l’Europe le temps d’un stage dans un autre pays. Une forme de tourisme créatif en plein essor Relancer la construction européenne ? Pas de problème ! Gaston Tavel, le directeur artistique de l’association Vacances Musicales Sans Frontières, l’assure : « En faisant voyager nos jeunes musiciens dans toute l’Europe, nous contribuons, à notre mesure, à réaliser ce rêve. » rencontre d'orchestres junior en Allemagne
stage de musique electro à Berlin
Réconcilier les jeunes avec la géographie ? Pas de souci ! « La meilleure façon de découvrir l’Irlande, c’est d’aller jouer avec les gens d’un petit village irlandais, comme nous le faisons dans le sudouest du pays, continue cet infatigable animateur, qui orchestre des séjours pour plus de 3 000 jeunes. On apprend forcément en voyageant, parce qu’il se passe autre chose ailleurs. Et on apprend mieux, parce que, lorsqu’on voyage, on n’est pas le même, on a les sens en éveil. L’écoute et le regard sont exacerbés. » Soutenir l’économie grecque ? Sans difficulté ! Laurence Stefanidis, qui, avec l’association Musique en Voyage, organise depuis six ans des stages de musique grecque dans le village d’Agios Lavrendios, au nord d’Athènes, fait de la publicité pour le pays : « Le stage a lieu dans un cadre magnifique. On a l’occasion de jouer sur une place ombragée d’énormes platanes et châtaigniers. Le soir, à la taverne, les gens du village se mettent à danser. La musique est dans son contexte. » Désenclaver le nord de l’Espagne ? Il suffit de demander ! « Les stagiaires viennent de France, d’Angleterre, d’Irlande, d’Allemagne, du Portugal et même des Etats-Unis, du Mexique et d’Australie », explique Javier Ortega, qui accueille des musiciens à Arlanzón, un village proche de Burgos, pour des rencontres avec des virtuoses comme le violoniste écossais Alasdair Fraser. Aiguillonner la natalité du vieux continent ? Un jeu d’adolescent ! « Il y a quelque chose de fort qui se passe entre jeunes musiciens, rappelle Gaston Tavel. C’est à cet âge-là que se font les rencontres. Non seulement des groupes se sont créés et ont continué, mais beaucoup de couples sont nés... ». Y-a-t-il autre chose que nos valeureux musiciens peuvent faire ? Dites-le leur, ils seront toujours partants…
stage de musique traditionnelle à Dublin
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Cuba New York Emmanuel Michel (éditions Elytis) 192 grandes pages remplies à ras bord d’esquisses, de peintures et de photos de sculptures en cours de réalisation dans l’atelier, consacrées pour moitié aux Cubains et pour moitié à des pompiers, des jazzmen ou des sans-domicile-fixe croisés à New York… Roboratif !
Sélections
Evasions d’automne A/R magazine nous présente ses 3 destinations préférées de la rentrée Texte : Michel Fonovich Photographies : D.R.
Suisse / Valais / Vercorin
Aimez-vous le brame ? Le soir au fond des bois, s'agrippant au-dessus du village de Vercorin, comme il est doux d'entendre le cerf en rut, bramer pour appeler ses biches ou défier un rival. La marche d'approche permet d'admirer les couleurs flamboyantes de la forêt avant que ne tombe la nuit, qui s'annonce agitée.
u www.sierre-anniviers.ch Grooves et pulsations Du Cap à JoBURG Festival : Festival d’Ile-de-France, du 7 septembre au 13 octobre Après une première nuit consacrée aux griots d’Afrique de l’ouest, la 37ème édition de cet événement désormais incontournable s’ouvre le dimanche 8 septembre sur une après-midi sud-africaine dans les jardins vallonnés du Domaine de Villarceaux, à l’ouest du Val d’Oise. De Big Time, frétillante fanfare du Cap, aux épatants danseurs de pantsula, venus des townships de Johannesburg, cinquante artistes proposent une traversée exceptionnelle de la nation arc-en-ciel.
Canada / Nouveau-Brunswick / Île de Miscou
Ma tourbière au Canada
Bientôt l'hiver pointera son nez. La neige s'installera pour quelques mois qui peuvent sembler longs si l'on n'est pas acadien. En attendant, la tourbière pique un fard. Sans exagérer, on peut la qualifier d'écarlate. Dans le coin, il n'y a que le homard pour se parer de pareilles couleurs. Conclusion : en automne en Acadie, il y a voir et à manger.
u www.tourismenouveaubrunswick.fr
u www.festival-idf.fr
les voyages forment la musique Site web : Vacances Musicales Sans Frontière : u www.vmsf.org Musique en voyage : u www.stagedemusiquegrecque.perso.sfr.fr Crisol de Cuerda : u www.crisoldecuerda.com
Portugal / Lisbonne
Un vent de nostalgie Lisbonne la douce, Lisbonne la lente, à parcourir à pied ou en montant à bord d'un de ces tramways héroïques qui montent en couinant à l'assaut des pentes des quartiers de l'Alfama ou du Bairro Alto. D'un mouradoures (« belvédère »), on contemple au pied de la ville le Tage, si grand qu'il ressemble à la mer. Sur une place, on sirote un café à la terrasse d'un kiosque. C'est en quittant Lisbonne que l'on comprend vraiment ce qu'est la nostalgie.
u www.visitportugal.com
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Vous feuilletez un aperçu du n°2 de Mondomix. Seule la moitié supérieure est consultable. Pour en lire l'intégralité, rendez-vous votre marchand de journaux. Don Pasta, notre DJ gastro-philosophe italien, passechez à table
À table #1 /
Don Pasta
avec l’écrivain et cinéaste Jonathan Nossiter autour d’un plat de pâtes Texte : Don Pasta
Illustrations : Simone Pieralli
Dans l’histoire du monde, il y a un avant et un après la naissance de la pizza italienne ou du magret de canard. Mondovino (2004) a joué ce rôle, dans le monde du vin. Jonathan Nossiter, son réalisateur, également producteur et écrivain, a démontré aux œnologues qu’un vin n’était pas un hamburger, qu’il ne pouvait être pareil partout. Surtout, Mondovino a aidé tout buveur à reconstruire la géographie émotionnelle d’une dégustation de vin. Habitant en Italie, Nossiter travaille actuellement sur l’organisation à Bologne d’une journée sur les cuisines illégales. J’ai eu le plaisir de manger chez lui des « pâtes multiculturelles » excellentes qui lui ressemblent fortement avec leurs influences françaises, sud-américaines et italiennes. Quelle idée avais-tu en tête quand tu as entrepris de réaliser Mondovino ? Jonathan Nossiter : Mondovino a été le fruit d’une crise personnelle avec le cinéma. Je sortais d’une expérience difficile avec mon troisième long métrage, dans lequel je ne me reconnaissais pas du tout, même si j’avais eu à disposition un budget important. Mondovino était une distraction. Je voulais en faire une métaphore de la crise du cinéma, mais la rencontre avec ces vignerons m’a bousculé. Ils ressemblaient à des personnages d’un film de Renoir.
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Tu étais conscient que Mondovino allait devenir un manifeste politique? JN : Chaque vigneron à l’époque agissait en solitaire. Il pensait que les « méchants » avaient gagné, que c’était
foutu, mais continuait à faire les choses qui lui semblaient éthiquement correctes. Ces vignerons étaient des politiques dans le sens grec du terme, ils s’occupaient de la polis, de la santé des gens et de la terre. De mon coté, je suivais avec humilité mon parcours individuel de cinéaste et je ne me rendais pas encore compte de l’ampleur de ce mouvement indépendant et souterrain qui allait ensuite exploser avec le mouvement des vins naturels. Dans chaque coin de France et d’Italie se cachent quelques vignerons révolutionnaires, éthiques et non pas idéologiques. Comment ont réagi les « méchants » de Mondovino ? Ils avaient le monde du vin dans leurs mains, les consommateurs étaient heureux de boire du vin identique partout dans le monde aux senteurs de vanille et tu les as démasqués sans pitié. JN : Plus je voyais la poésie des vignerons, plus je voyais, pour l'avoir vécu dans le cinéma, le coté grotesque des mécanismes du pouvoir qui entrainent la trahison des cultures millénaires. Plusieurs ont cherché à me menacer, en cherchant à démontrer que j’avais dénaturé leur propos. Ces gens étaient habitués à des journalistes serviles, utilisés comme prolongement des attachés de presse. Ils étaient scotchés de devoir se confronter avec quelqu’un de libre. Ils t’ont accusé d’être manichéen et partial. Tu réponds quoi ? JN : Tu ne peux pas être un citoyen, un être humain, sans
Vous feuilletez un aperçu du n°2 de Mondomix. Seule la moitié supérieure est consultable. Pour en lire l'intégralité, avoir un jugement. Dans un film, tu dois chercher à montrer rendez-vous chez votre marchand de journaux. une réalité complexe et non pas savoir qui a raison ou tort. Il faut respecter trois règles : ne jamais changer le propos de la personne interviewée, exprimer un point de vue, laisser au public la place pour se faire une opinion personnelle. J’ai la conscience tranquille.
À table galité non éthique en cuisine. Avec la Cinémathèque de Bologne, on cherche à organiser un évènement en invitant une centaine de paysans, des gens qui font du fromage, des saucissons, du vin, en exprimant chacun une véritable authenticité, et qui se retrouvent face à des difficultés surréalistes par rapport à la loi. On invitera des intellectuels, des avocats, des artistes.
C’est quoi cette histoire de repas illégal ? C’est un peu mon rêve aussi d’organiser un festival des pratiques illégales en cuisine. JN : Le thème est en effet l’illégalité éthique face à la lé-
Les bonnes tables de Jonathan Nossiter :
Les incontournables de Jonathan Nossiter :
Rome :
Film : Mondovino (2004)
Restaurant Da Cesare. via del Casaletto, 45
Diaphana Films
Paris :
Livre : Le goût et le pouvoir (2007)
Restaurant Le verre volé. 67 rue de Lancry, 75010
u www.leverrevole.fr
Grasset
Don Pasta
u www.donpasta.com
100 grammes de spaghettis par personne
Pâtes multiculturelles Ingrédients (pour 4 personnes) :
une gousse d’ail 3 courgettes 4 fleurs de courgette 500 grammes de chicorée (ou blettes, ou épinards) huile d’olive et beurre piments
D'après Nossiter, et je veux bien le croire, il lui est impossible de répéter une recette deux fois de suite. Difficile donc d’expliquer exactement ce qu’il a préparé, mais c’était très bon. J’en profite pour expliquer les règles de base pour faire de bonnes pâtes : des produits frais et de saison et des pâtes cuites al dente. Dans une marmite faites ébouillanter la chicorée, sortez-la pas trop cuite et coupez la ensuite en fines lamelles. Mettez au four les courgettes coupées en deux et, une fois sorties, faites des petits cubes. Ensuite vient le passage le plus important dans la cuisine italienne : le soffritto. Faite revenir l’ail et les fleurs de courgette dans l’huile et le beurre (petit secret hérétique de Nossiter). Rajoutez ensuite la chicorée et les courgettes. Dans l’eau bouillante où vous avez cuit les chicorées, cuisez les pâtes. Sortez-les (al dente, please) sans perdre la totalité de l’eau. Passez-les dans la poêle avec la sauce et mélangez. L’eau de cuisson des pâtes est un très bon liant, bien plus fin que de la crème fraiche ou des œufs. Servez avec des piments frais.
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Jeux sans frontières
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Le jeu des 7 différences
Retrouvez les 7 erreurs qui se sont glissées entre l’original du dessin de Bazooka Production (en gauche) et sa reproduction
Image tirée de l’exposition Europunk à la Cité de la Musique du 19 octobre au 18 janvier 2014
Les coups de Bazooka Comme le mouvement hippie auquel il s’opposait, le punk englobait un mode de vie, une façon de s'habiller, une musique et un style graphique. En France à la fin des années 70, un groupe de dessinateurs et plasticiens éclos aux Beaux Arts de Paris a envahi la presse (Actuel, Libération, L’Echo des Savanes, Charlie Hebdo, Métal Hurlant…) avec ses images colorées provocatrices et nihilistes qui illustraient parfaitement le slogan « No Future » et indignaient au passage lecteurs et journalistes. Réunis sous l'appellation collective Bazooka, Kiki et Loulou Picasso, Electric Clito ou Lulu Larsen ont marqué leur époque au même titre que les groupes Starshooter, Bijou, Métal Urbain ou Stinky Toys.
120 Mondomix 02 sept/oct 2013
horizontal
Levy E19 - __ __ de __ Au fronton de l’intégrale
A1- Il a pavé le chemin des guitaristes de
de Bashung (initiales 1-1-1) E23 - MC de NWA
bebop (3-10) A15 - Prove __ , conclue l’album
F1 - Titre d’album pour Tito Puente ou Herbie
Radio Experiment, Rome February 1981 de
Hancock. (3-2-4-5) F16 - morceau de l’album
Robert Wyatt B1- Autrement dit Easy E (4-6)
a capella de Todd Rundgren (6-5) G1 - _____
B12 - Initiales du premier manager des Stones,
Strong, morceau d’Agnostic Front. (6-3) G13 -
moins Loog. B15 - Cheap pour Janis B23-
___ days, album de Gorillaz G19 - ____ Cama,
Lomax, Stivell ou Vega. C1 - Diminutif d’une
morceau de Veloso repris par Gal Costa ou
fameuse Fender. B12 - Initiales d’un membre
Marisa Monte (initiales) G23 - Premier tiers du
fondateur de Planxty. C11 - Suivi d’un numéro
compère de Danger Mouse H3 - Voir photo
pour les œuvres classiques C17 - Pink Floyd
H10 - Acronyme du temple parisien de la mu-
y a fait ses débuts (1-1-1) C21 - I Got _ __ ,
sique arabe H14 - Dernières lettres d’un cé-
chantait James Brown (2-4) D1 - ___ Tot, était
lèbre Bob H17 - Fats Domino chantait Lawdy
le mentor d’Hank Williams D6 - Le fils d’une
_____ (4-6) I4 - Mac____ , musicien de country
légende du folk américain (4-7) D18 - En 2012
co-auteur du tube Old Flame. I16 - Amadou &
et à l’anglaise, la date du décès de Whitney
Mariam y passent volontiers leurs dimanches.
Houston (3-6) E1 - Un ZZ Top en initiales E4 -
(6) J2 - In__ ___of the Night chantait Ray
Initiales de l’interprète de Torn E7 - Album
Charles (3-4) J10 - Curtis Mayfield fut membre
pour M E11 - Pon Your ___ , chantait Barrington
de ce groupe (3-11) K1 - Groupe industriel an-
Vous feuilletez un aperçu du n°2 de Mondomix. Seule la moitié supérieure est consultable. Pour en lire l'intégralité, Mots Mixés de Kylie Boyle rendez-vous chez votre marchand de journaux.
© Youri Lenquette
Jeux
glais K8 - __ Mwin La, de Kassav K13 - I'm ____,
- Arpège latin T1 - le début de Cool J T4 - Luth
tube (initiales) 9P - Une voyelle en plus et
Double Blanc (2-2) 18M - Ted ___ guitariste
un morceau des Residents (3-1-5) K24 - __Od;
arabe en vo T7 - Malcom ___ chef d’orchestre
on est sur la Highway d’AC/DC 9T - Initiales
américain.18T - A fondé Rockpile avec
pour the Normal L2 - David fut chanteur de Van
anglais T15 - ___Johns, a produit Who's Next
du guitariste de King Crimson 10A - Initiales
Dave Edmunds (initiales) 19A - Un album
Halen. (3-4) L10 - Initiales d’un chanteur brési-
T20 - Troy ou Day U1 - Album à succès pour
d’une diva roumaine 10H - Morceau de
de Sarah Vaughan (4-3-5) 19N - Sexual
lien, récemment associé à Toumani Diabaté
Peter Gabriel (2) U6 - Morceau bucolique
Django Reinhardt 10Q - Groupe féminin
H__ing, le dernier tube de Marvin Gaye19R
L13 - Deux premières initiales d’un orchestra
des Chemical Brothers (3-6) U18 - Girl Band
guinéen de Kotoba (3.2) 11C - Going
- Doublé au centre d’un live des Stones
japonais L19 - Chanteuse française apparue
espagnol (3-5)
________ , de Sergio Mendes ou Fatboy
20A - Précède Desierto sur le premier al-
en 2011 L23 - ___ saw, d’Aretha Franklin M1-
Slim (3-2-2-4) 11P - Skip, Pete ou André 12A
bum de Lhasa 20D - Under ____ , album de
jouer fort et rapide (à___) M6 - Cette Peggy a
- Un morceau de John Trudell connecté à
Luther Grosvenor en 1971 (4-5) 20N - Label
apporté le succès à Buddy Holly M10 - Initiale
Vertical
la préhistoire12N - Nom d’une chanteuse
de Drum and Bass anglais (1-7) 21B - Cat
de Housecat, DJ House de Chicago M16 -'Ker
1A - Label de Funkadelic 1O - __ med, Album
amérindienne 12Q - Membre fondateur
de Third World (6-5) 21N - _____ a Time, un
__ , de Didier Squiban M22 - Le prénom
de Balkan Beat Box 1T- Initiales de l’auteur
des Small Faces. (initiale prénom+ nom
morceau de Yom ou un best of de Siouxsie.
du saxophoniste qui fit découvrir la bossa
de Sem Nostalgia 2A - Nom de l’illustre boss
13A - Doublé c’est le pseudo d’un fameux
(4-4) 22C - ___ Dirty Bastard. (2) 22O -
aux Américains N2 - ___ Dance, un morceau
d’Atlantic Born ___ , par Ray Charles ou Johnny
violoncelliste 13D - __ up Without a Gun,
Avant moi, moi, moi pour Jacques Dutronc
d’Ima Robot (1-1-1) N6 - Prénom du chanteur
Thunders (2-4) 2Q - Label sud-africain 3A - Le
par Bruce Springsteen13J - ___ Eyes,
22R - Hilson, Noble ou Leigh 23B - Young
ministre du Cap-Vert N12 - 3ème album d'El
groupe Talking Heads a démarré sur ce label
un moment fort du So de Peter Gabriel
____, le virage soul de David Bowie 23L -
Trono de México (5-5) N23 - Initiales d’un
3F - Buckley, Maia ou Burgess 3J - ______ X-tre-
(2-4) 13R - Dixième morceau du Planeta
Pitbull ____ Rebelution, album du rappeur
pianiste classique d’origine polonaise O1 - Le
me, album de Green Day (2-3-5) 4A - Label
Eskoria, de Ska P (1-1-1-1) 14C - Initiales
améri-canin (8-2) 24A - _____ York, par
neuvième album d’Alain Chamfort O6 - Frère
pour Lynyrd Skynyrd ou Elton John (1-1-1) 4E
du chanteur des Miracles 14F - Morceau
Madonna ou Dimitri from Paris (1-4-3)
parolier de George Gershwin. O12 - Grand
- morceau de Blink 182 5A - Nowt About ____ ,
de Joe Jackson ou de Glenn Miller (4-3)
24K - Love Will ___ Us Apart, classique de
pianiste de jazz, auteur de Misty (6-6) P3 -
de Vera Lynn 5E - ___One Would Teach Me, par
14N - Micky ou Herman. 15A - Entre
Joy Division 24R -Album de Savage Rose
Technologie légère (3-4) P14 - Point commun
Roy Hamilton (2-4) 5R - Les Beatles y ont peut
Tanya et Val 15D - La dernière tournée de
en 1978 LP Sole Var ___ Din 25B - _____fold
entre Weather Report et Lana Del Rey (4-8) Q2
être fait allusion, La Souris Déglinguée certaine-
Michael Jackson aurait du s’appeler : This
groupe de métal américain (7-5) 25R - __
- Un Genesis et un Yes se sont réunis dans ce
ment (1-1-1) 6A - initiales d’un producteur Chic
is __ , 15G - Initiales d’un grand chanteur
__ Sing The Blues ?, se questionne BB King.
groupe Q6 - Saxophoniste alto de jazz (initiale
6F - Trompettiste, chef de Big Band et frère de
brésilien du Minas Gerais 15J - Initiales
(initiales) 26B - __eh, la fille de Don
du prénom et nom) Q14 - Starr, Hawkins ou
Jimmy en initiales 6I - Ils ont bien marché avec
d’un Wailers assassiné 15N - ______, Happy
McCain. Q20 - Les initiales de la diva aux pieds
Run DMC 7A - __ Milo, un morceau d’Eugene
Man, album de Bill Frisell (4-3) 16A - The
nus R1 - Prénom du partenaire de John Oates
Mola repris par Admiral T 7D - Superstar de la
__ Song, d’Harry Connick Jr.16F - Prénom
R9 - Lalle ___ , par Celia Cruz R15 - Dans le
Barbade 7L - Gal Costa a chanté ce peuple
d’un des rois de la musette 16I - Groupe
répertoire de Stevie Wonder ou de Ray Charles
du désert 7S - Wishbone, Daniel ou groupe des
klezmer formé par Joel Rubin. (5-3-5) 17A
(4-3-4) S2 - Le Khên est l’instrument national de
90’s (3) 8A - Excessif chanteur punk hardcore
- Groupe indépendant d’Atlanta (initiales
ce pays. S7 - Les initiales d’un groupe anglais
américain ( 1-1-5) 8I - A Day ________s , album
1-1-1) 17E - Clavier de Sparks. (3-4) 17M -
à guitares plutôt du matin S10 - ____ dance,
de Queen. (2-3-4) 8S - Pai e ___ , pour Gilberto
____ my Dreams, par Bon Jovi ou Debbie
morceau de Ryuichi Sakamoto S15 - Un disque
Gil 9A - Morceau contestataire de Neil Young
Gibson (4-2) 18A-Album de Phish en1993
prend cette couleur quand il se vend bien S19
en 1970 9F - Hold on I’m coming, fut leur grand
18H- __ __ tired, déclarait Lennon dans le
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121 Mondomix 02 sept/oct 2013
Le ricaneur
masqué
Rentrée littéraire
Vous feuilletez un aperçu du n°2 de Mondomix. Seule la moitié supérieure est consultable. Pour en lire l'intégralité, rendez-vous chez votre marchand de journaux.
Illustrations : Michel Duval
Champions du mauvais esprit, le ricaneur se moque de tout et de tout le monde. Il s'en prend cette fois à un phénomène saisonnier qui manque un peu de naturel Grande manifestation destinée à transformer les auteurs en bête à concours et leurs productions en blockbusters, la rentrée littéraire rythme le calendrier des festivités commerciales comme le Beaujolais nouveau, qui contraint le consommateur à dégoter des arômes de banane dans une piquette. Pourtant, cette année, c’est presque une déchéance : on ne dénombre la sortie « que » de 550 ouvrages. C’est à se demander si les gens ne se seraient pas mis à lire au lieu d’écrire ! Mais qu’on se rassure : celle qui depuis 1992 gratifie de sa prose chaque automne littéraire « en est » une fois de plus. Il s'agit bien sûr d’Amélie Nothomb, qui nous est désormais si familière qu’on a presque envie de l’appeler Memel et de trinquer avec elle en lui tendant un gobelet du Beaujolais au goût de banane susnommé. Nous le tenons de sa propre bouche surcarminée, elle écrit environ quatre romans par an et ne publie que le meilleur (on aurait été surpris d’apprendre qu'elle choisissait de nous refiler le plus mauvais). Adepte de l’autosatisfiction, elle évoque dans son dernier opus, La nostalgie heureuse, le Japon, sa terre natale, qui était l’objet de Stupeur et tremblements, œuvre largement couronnée, lue et jouée, à laquelle il fallait être ermite sourd et aveugle pour échapper.
122 Mondomix 02 sept/oct 2013
On se demande si cette cadence ne tient pas plus du trouble obsessionnel compulsif que du feu sacré de l’écrivain. Amélie serait-elle atteinte d’une « graphite » aigue qui l’oblige à déverser des torrents de phrases en faisant crisser la plume sur une page aussi blanche que la poudre qui voile son teint, hommage « cosmétique » aux Geishas qui ne lui en demandaient pas tant ? Est-ce pour cette raison qu’elle pare son éternel chapeau d’une plume : pour pouvoir la dégainer rageusement à la moindre convulsion ? Car, on le comprend, écrire pour Amélie, c’est aussi un geste qui ne peut se réduire à la vulgarité d’une rédaction par ordinateur, objet qu’elle ne possède pas. Car Memel est à la fois d’actualité et hors du temps et se plaît à cultiver ce paradoxe très lucratif. Cette pathologie semble incurable. Dans une trentaine d’années, Amélie, toujours chapeautée et ultra fardée, livrera ses mémoires d’outre-Nothomb, mais avec évidemment de moins en moins de stupeur et de plus en plus de tremblements.
National 7