Paris Montmartre janvier 2020 — Les 100 ans de la République de Montmartre 1920-2020

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M I D A N I P A R F O N D É

DEPUIS

"Aller à l’idéal et comprendre le réel" (Jean Jaurès)

NUMÉRO SPÉCIAL

100 ans

Les de la République

de

N°13-hors-série 1er trimestre 2020 ISSN 11 53-0618 Illustration : Gab

Montmartre 1920-2020


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ON N’A PAS TOUS LES JOURS CENT ANS ! « On n’a pas tous les jours cent ans ! » s’exclamait en 1998 notre regretté ami Edouard Carlier : Paris-Montmartre fêtait en grand pompe, cette année-là, les 100 ans de l’ancien maire du XVIIIème arrondissement, Constant Teffri, correspondant au centenaire de la grimpette triomphale de Louis Renault et sa première « voiturette », parvenus en 1898 à atteindre d’une traite le sommet de la Butte… Une grande fête montmartroise s’en était suivie… Voilà donc bien longtemps que notre magazine n’avait pas célébré un centenaire : emportés par l’enthousiasme républicain du président Coquard, nous vous proposons - pour la première fois dans l’histoire du magazine - un numéro « hors-série », inattendu en ce début d’année. Ce PM spécial « RDM », largement distribué, est donc, vous l’aurez compris, consacré au siècle de la République de Montmartre, et vous pourrez y apprécier les multiples activités de cette centenaire toujours dynamique et rayonnante, née sous des auspices artistiques avec l’équipe de Poulbot, Forain, Willette et Neumont. Mais vous pourrez aussi découvrir des sujets éclairants, comme l’histoire des cabarets et lieux mythiques de la Butte, de 1920 à 2020, ou celle des chansonniers qui firent l’esprit de Paris, vous ferez la rencontre de la doyenne des peintres montmartrois, notre

chère Serpolette, pas tout-à-fait centenaire mais presque (96 printemps), sur cette magnifique place du Tertre qu’elle aime tant… Vous découvrirez aussi le grand combat de la société le Vieux Montmartre, entamé dès 1921, pour sauver le village des destructions, qui aboutit au classement et au plan de protection de la Butte. Aujourd’hui, face aux nouveaux enjeux, menaces et laisseraller, le collectif des associations doit rester mobilisé, et poursuivre son action pour contribuer efficacement au classement du site au patrimoine mondial de l’UNESCO (suite au vœu récemment adopté au conseil municipal du 18ème arrondissement et au Conseil de Paris). Car à Montmartre, le temps et les caravanes passent, mais ni les traditions ni la culture qui nous relient ne trépassent. Je voudrais terminer mon propos en vous faisant découvrir cette belle déclaration (cicontre) écrite en 1966 par Emile Kerambrun, président de la République de Montmartre et du Comité des Fêtes de la Butte, pour la célébration du… 6ème centenaire de la place du Tertre !!! Pas un mot à changer… Joyeux anniversaire à la République de Montmartre, et mes vœux les plus chaleureux à vous toutes et tous, ami(e)s lectrices et lecteurs : restons unis et portés par l’esprit artistique et généreux de notre beau Village ! Midani

édito Emile Kerambrun :

«MONTMARTRE MON VILLAGE» Perché, tout en haut de Paris, comme un moineau gouailleur tu es, mon vieux Montmartre, le village le plus étonnant et le plus changeant du monde. Qui ne s’étonnerait en effet de trouver ce joyeux bourg provincial à deux coups d’ailes de l’Opéra et des Champs-Elysées ? Le plus changeant aussi. Tu es le village des matins calmes, des pèlerins recueillis et des premiers peintres installant leur chevalet sur un Tertre désert. Tu es le village des belles journées ensoleillées où se presse la foule des touristes en quête de déjeuners sous tes parasols multicolores… Déjeuners ou soupers égayés par l’accordéoniste de service et le découpeur de papiers, sérieux comme un officiant. Tu es le village des nuits tumultueuses, du Montmartre « by night ». Vieilles chansons de Bruant, mélodies de Delmet, de Brel, d’Aznavour, d’hier et de toujours. Montmartre, si tu n’existais pas, quel Dieu malicieux aurait dû t’inventer ? Et tu restes, mon beau village, comme le dit toujours avec esprit, mon ami Francis Cover, « un grain de beauté sur la joue de Paris ». Emile Kerambrun 6éme Président de la République de Montmartre


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Le mot du Président de la République

LA RÉPUBLIQUE DE MONTMARTRE 100 ANS DÉJÀ !

V

ous avez en main une page majeure de l’histoire de Montdonner à Paris-Montmartre, ce magnifique magazine, son souffle martre depuis un siècle, c’est celle de notre belle Répude liberté et d’impertinence. blique de Montmartre. Elle est riche car écrite par les femmes et les hommes de Cet exceptionnel numéro est le fruit de notre partenariat, il grande qualité qui l’ont tracée. s’enrichit de nouvelles plumes talentueuses Elle commence au lendemain de la guerre de que vous découvrirez telles Ingrid Astier, 14–18. Nous l’avons « gagnée », mais au prix Gérard Letailleur et la belle couverture, de millions de morts et d’enfants orphelins. création originale, offerte par Gab, caricaC’est dans ce contexte, qu’en cette année turiste et Ambassadeur de la République 1920, Aldolphe Willette, Jean-Louis Forain, de Montmartre. Nous remercions nos fidèles Maurice Neumont, Joë Bridge et surtout annonceurs qui en permettent la parution et Francisque Poulbot « le père des gosses » méritent votre confiance. décident de proclamer la République de Hier comme aujourd’hui et demain nous deMontmartre pour Faire le Bien dans la Joie meurons vigilants quand nous nous prononen défendant l’esprit frondeur, libre, créatif çons sur les projets et les actes mais jamais de la Butte. sur la couleur politique de leurs auteurs. La tâche est alors immense pour œuvrer au Nous restons toujours ouverts à un dialogue profit de l’enfance défavorisée et des artistes constructif et engagés dans l’action avec plasticiens, des gens de lettres et des musitous ceux qui aiment Montmartre. Nous préciens. Il y a aussi à défendre notre village férons applaudir de bonnes décisions plutôt de Montmartre en proie aux appétits des que d’être contraints d’avoir à les contester Montmartre 1921, une année riche…en actes de naissance. spéculateurs immobiliers qui ont trouvé là ou les combattre. un nouvel eldorado au détriment des habiC’est autour de nombreux événements que C’est le Journal Officiel de la tants pauvres pour la plupart. nous fêterons tous ensemble, pendant les République…Française qui années 2020 et 2021, le centenaire de annonçait au Monde ces grandes Aujourd’hui la République de Montmartre notre République qui entend demeurer garnouvelles : poursuit sans relâche les engagements de dienne de la tradition et de l’esprit fronCelui du 7 mai la République de ses fondateurs et de tous ceux qui l’ont deur montmartrois. Ce sera le Grand Gala du Montmartre. Et le 23 novembre la Commune rejointe depuis 100 ans autour des 10 préCentenaire, le concert autour des chansons Libre de Montmartre sidents qui m’ont précédé. Elle représente de ce siècle dans une salle mythique par Elles étaient toutes deux nées en une extraordinaire richesse humaine qui des interprètes que nous aimons tous, les 1920. rayonne dans le Monde entier. Biennales d’Art Contemporain et du Livre… Un siècle plus tard elles sont et d’autres surprises. Une médaille en série toujours là… Aussi nous saluons la décision unanime du limitée sera frappée. Conseil d’arrondissement de proposer d’inscrire Montmartre au patrimoine mondial de Après la traditionnelle cérémonie des vœux l’Unesco. Nous soutiendrons pleinement ce projet comme nous le 21 janvier le premier évènement du Centenaire aura lieu dès le faisons déjà pour le classement des bistrots et terrasses de le 25 janvier avec la Saint-Vincent du Bugey à Montmartre en Paris. partenariat avec Ain Tourisme et Saveurs de l’Ain. Un dîner gastronomique sera servi à la Bonne Franquette. Paris-Montmartre était en difficulté. Il ne pouvait disparaître alors, avec Brice Moyse patron d’Immopolis, la République de Longue vie à Paris-Montmartre, longue vie à notre historique et Montmartre s’est engagée pour en assurer la pérennité. Cela unique République de Montmartre pour continuer ensemble et avec Midani, Jean-Manuel, Serge et tous ceux qui contribuent à avec enthousiasme à Faire le Bien dans la Joie. Alain Coquard

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sommaire

Paris-Montmartre, hors-série, janvier 2020

8 14 18 24

VIVE LA RÉPUBLIQUE DE MONTMARTRE ! 100 ANS D’UNE BELLE HISTOIRE

CAFÉS, CABARETS ET DIVERTISSEMENTS MONTMARTRE EST UNE FÊTE !

LA RÉPUBLIQUE DES BELLES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS

SERPOLETTE DOYENNE DES PEINTRES DE MONTMARTRE …ET LA PLACE DU TERTRE

POUR QUE VIVE MONTMARTRE HISTOIRE DE LA SAUVEGARDE DE LA BUTTE MONTMARTRE DEPUIS 1921

LA RENAISSANCE DE LA CITÉ DES ARTS UNE VICTOIRE COLLECTIVE

INGRID ASTIER LA FOLIE DES HAUTEURS

MICHOU LE MINISTRE DE LA NUIT AU GRAND CŒUR

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32 40 58

RÉDACTION 13, place du Tertre 75018 Paris Tél : 01 42 59 19 99 DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Midani M’Barki midani1@free.fr

DIRECTEUR ADJOINT ET RÉDACTEUR EN CHEF Jean-Manuel Gabert gabert.jeanmanuel@neuf.fr

RÉDACTION Ingrid Astier, Alain Coquard, Marie-France Coquard, Paul Dureau, Jean-Manuel Gabert, Jean-Claude Gouvernon, Christine Haydar, Alain Larcher, Gérard Letailleur, Midani, Pierre Passot, Alain Péan-Châtelin, Gérard Truchet. PHOTOGRAPHIES Jacques Habas, Midani, Frédéric Loup, Lisbeth Passot-Kanbier. DÉPÔT LÉGAL 1er trimestre – janvier 2020 - ISSN 11 53-0618 RÉGIE PUBLICITAIRE 06 78 78 90 84 MAQUETTE IMPRESSION Rotimpres REGISTRE DU COMMERCE Paris B 420 740 045 ——————————————————————————————————— Edité par la SARL Paris Montmartre 13, place du Tertre, 75018 Paris et chez Immopolis – 2, place Marcel Aymé, 75018 Paris Co-gérants : Midani M’Barki, Jean-Manuel Gabert, Alain Coquard, Brice Moyse. © Reproduction même partielle interdite

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• Philippe Cochinard [p. 20] • Gestion Immopolis [p. 23] • Hôtel Particulier Montmartre [p. 26] • La Mascotte, L’Écaille [p. 34] • Une Glace à Paris [p. 34] • Maison des Épicuriens [p. 34] • La Mère Catherine [p. 34] • Le Brio [p. 45] • Divan du Monde / Mme Arthur [p. 48] • Roc Eclerc [p. 51]

• Boucherie Bourdin [p. 53] • Les Carrières [p. 54] • Le Bistro du Maquis [p. 62] • OHVL – International [p. 66] • Michou [p. 67] • Immopolis [4e de couverture] • Au Syndicat d’initiative de Montmartre, 7 rue Drevet, et dans certaines boulangeries du XVIIIe.


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VIVE LA RÉPUBLIQUE DE MONTMARTRE !

100 ANS D’UNE BELLE HISTOIRE PA R

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n ce soir maussade de novembre 1920, il fait froid. C’est normal, c’est l’hiver. Il fait tellement frisquet dans leurs ateliers que les rapins de la Butte se retrouvent fréquemment dans des bistrots mieux chauffés tels que La Taverne de Paris, aujourd’hui disparue, au 3 de l’avenue de Clichy. Avec d’autres amis, Adolphe Willette, Francisque Poulbot, Maurice Neumont et Jean-Louis Forain s’y sont réunis autour de Joë Bridge qui, très en verve, vitupère contre la vague de modernisme qui commence à déferler avec l’avènement du cubisme et l’arrivée du jazz-band. Pour remédier à « ce panmuflisme général, ces rêvasseries fumeuses et autres idiotismes qui ne sont pas les nôtres », il propose aux Citoyens et Citoyennes présents de fonder sur le champ la République de Montmartre. Elle répondra à l’esbroufe et au bluff Forain et Willette ambiants par la création de manifestations festives pour maintenir l’esprit frondeur de la Butte et promouvoir l’entraide entre ses artistes. Un discours-programme applaudi à tout rompre par une assistance enjouée qui y trouve également une volonté de ré-

JEAN

- C L AU

ASSO D E G O U V E R NO N E T P I E R R E P

sistance aux excès des promoteurs qui commencent à dévisager le village.

DES PIONNIERS VISIONNAIRES L’année 1920 est donc l’An 1 de la République de Montmartre et le 9 décembre, Adolphe Willette en est élu président à

l’unanimité. Ses acolytes, Forain, Poulbot et Neumont en deviennent viceprésidents tandis que Bridge accepte d’assurer les fonctions de secrétaire général.

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Il y a fort à parier que ces cinq pionniers n’imaginaient pas que l’association qu’ils venaient de porter sur ses fonts baptismaux fêterait aujourd’hui son brillant centenaire avec plus de huit cents membres et plusieurs milliers de sympathisants répartis dans le monde entier. Cent ans plus tard, la République de Montmartre poursuit en effet le chemin tracé par ses fondateurs avec l’organisation d’évènements solidaires, culturels, littéraires, artistiques, voire festifs et folkloriques. Son objectif initial était de resserrer les liens entre plasticiens, écrivains et musiciens pour venir en aide aux plus démunis d’entre eux à une époque où n’existaient ni retraites ni sécurité sociale. Il sera rapidement doublé, sous l’impulsion de Poulbot, par le soutien à l’enfance malheureuse ou défavorisée, qui perdure dans les actions de la République d’aujourd’hui. Dès sa première année d’existence, sur proposition d’Adolphe Willette, on décide d’élire une petite Marianne pour


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Defilé de la République de Montmartre avec Vincent Thomas

incarner la jeune République. Le Comité directeur se dotera, également en 1920, d’un premier «hymne national», La Montmartroise, remplacé en 1922 par la célèbre chanson écrite par Lucien Boyer sur une musique de Charles Borel-Clerc, Mont' là-dssus, tu verras Montmartre, qu’entonnent toujours avec humour et fierté les adhérents de cette belle république « pour rire ». L’association se structure et dépose ses premiers statuts le 7 mai 1921, signés par Maurice Neumont, l’un de ses viceprésidents, qui accueille le siège social dans sa maison Art nouveau dominant tout Paris au 1, place du Calvaire. Au cours de sa vie, le siège de la République de Montmartre changera bien naturellement plusieurs fois d’adresse avant d’être accueilli depuis le 16 juin 2017 dans les murs du mythique restau-

rant À la Bonne Franquette de la famille Fracheboud.

DES FÊTES POUR « FAIRE LE BIEN DANS LA JOIE » Pendant l’année 1921, deux grandes fêtes sont organisées, l’une à La Taverne de Paris pour le premier anniversaire de la création de la République, l’autre lors de laquelle est nommée la Marianne de l’An II, Simone Dollié qui succède au Moulin Rouge à la première élue, Léone Wahlheiser. Sur proposition de Poulbot, les bénéfices importants que génère cet évènement feront l’objet d’un don aux enfants de la Butte. Le 1er janvier 1922, une fête des plus chaleureuses leur est offerte dans ce même Moulin Rouge. Un goûter est prévu avec la distribution de quinze mille francs de jouets et de livres. Avec son cadeau, chaque gosse

Les clowns Fratellini jouent pour les enfants

reçoit un « Brevet de Vertu Civique ». Ce sera le premier Noël de la République de Montmartre, suivi de bien d’autres en ce lieu, au Moulin de la Galette ou au cirque Medrano. Malgré sa jeunesse, la République de Montmartre est déjà connue et reconnue, et même reçue solennellement à l’Élysée, le 9 janvier 1922 par madame Millerand, épouse du président de la République, Alexandre Millerand. La République se rend aussi à l’hôpital Bretonneau pour faire bénéficier les enfants alités du talent des célèbres clowns, amis de Poulbot, les Fratellini, et leur offrir des jouets, des bonbons et des livres. C’est le début de l’action caritative de la République qui se concrétise avec l’ouverture d’un premier dispensaire situé au 7 rue Tardieu, dont

Lucien Pinoteau et Poulbot en 1944 ®Paule Noel


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peuvent bénéficier les artistes dans le besoin et leurs enfants, mais aussi tous les petits Montmartrois nécessiteux.

POULBOT, L'ÂME DE LA RÉPUBLIQUE DE MONTMARTRE Cette œuvre annonce ce qui deviendra Le Dispensaire des Petits Poulbots, inauguré le 16 mai 1923 au 42 rue Lepic. Il

Francisque Poulbot au Noël de la RDM

est créé à l’initiative de Poulbot et de sa femme, Léona, à l’emplacement du poulailler du restaurant À la Pomponnette, que son propriétaire, Arthur Delcroix, a accepté de sacrifier, considérant malicieusement « qu’il restera toujours bien assez de poules à Montmartre ! ». Des médecins, ophtalmologistes et dentistes de la Butte vont consulter gratuitement mères et enfants pendant une dizaine d’années. Au cours du temps, beaucoup de responsables du Comité directeur vont disparaître : Willette en 1926, Neumont en 1930, Forain en 1931. Avec son ami Henri Avelot, devenu président au décès de Forain, Poulbot, malgré sa maladie osseuse, veut résister à l’amenuisement des ressources du dispensaire, progressivement privé de toutes subventions de la part des administrations. En 1933, Léona continue ainsi, chaque jeudi, contre vents et marées, à distribuer du pain, des ragoûts, des sirops, des farines infantiles et des vêtements aux familles défavorisées. On peut dire sans se tromper qu’elle et son mari ont été les précurseurs des Restos du Cœur. Elle poursuivra ces dons à leur domicile

de l’avenue Junot après la fermeture du dispensaire en 1934, la crise économique et financière ayant irrémédiablement mis fin à cette généreuse entreprise. Jusqu’au début des années trente, la République de Montmartre multiplie les fêtes qui ont un but philanthropique en appliquant la devise que partagent encore ses membres actuels : « Faire le bien dans la joie ». Des fêtes le plus souvent costumées comme ce Gala savoyard à la gloire d’Adélaïde de Savoie, reine de France et fondatrice de l’Abbaye de Montmartre, le Bal Polin, ou bien encore la Gare de Montmartre reconstituée au Moulin de la Galette, le Bal des Gars de la Narine, la Fête au Village et tant d’autres. Avant d’entrer en léthargie après la fermeture de son dispensaire, la République de Montmartre comptait déjà plusieurs centaines de membres dont de prestigieux bienfaiteurs tels que Leonetto Capiello, Jules Chéret, Paul Colin, Jean-Gabriel Domergue, Fujita, Démétrius Galanis, Gen Paul, Louis Icart ou Charles Léandre, ainsi que de nombreuses personnalités du monde de la littérature, de la haute couture, de la musique et du cinéma.

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créant en 1936 L’Œuvre des Gosses de la Butte Montmartre dont Poulbot accepte la présidence d’honneur. Lui succèdera en 1939 L’Œuvre des P’tits Poulbots à laquelle il donnera son nom. Elle est parrainée depuis 80 ans par la République de Montmartre. Lucien Pinoteau, régisseur de cinéma, recrée un petit dispensaire sur la place du Tertre, s’occupe des cas sociaux les plus urgents, construit les Arènes de Montmartre avec l’aide de la Ville, crée une batterie de tambours pour distraire les enfants, les costume en soldats d’infanterie de 1813, et est élu par Poulbot le 29 décembre 1943 au nom du Comité, président de la République de Montmartre, à vie. C’est à lui que l’on doit le renouveau de cette dernière dans les années d’après-guerre. Lorsqu’il tombe malade en 1960, il en laisse la présidence temporaire à Marcel Bouhébent qui sera remplacé par Émile Kerambrun aux élections de 1961. Il est, avec Valbert, le propriétaire du cabaret Le TireBouchon et, pour le prestige de la Butte, il va mettre en valeur les richesses artistiques et culturelles de Montmartre. Sur ses demandes répétées, soutenues par diverses autorités politiques, il célébrera l’inauguration de la rue Poulbot,

Vaincue par les circonstances, la République de Montmartre tombe en sommeil. L’actif, quelque cinquante mille francs de l’époque, est versé par Poulbot à l’Orphelinat des Arts.

LE RÉVEIL DE LA BELLE ENDORMIE Poulbot garde toutefois espoir qu’après la crise, il pourra peut-être faire revivre son œuvre. Il lui faudra attendre 1943, trois ans avant sa disparition, pour voir Lucien Pinoteau, réveiller la belle endormie. Pinoteau est loin d’être un inconnu sur la Butte. C’est un grand ami du « Père des gosses » à qui il propose de poursuivre son action et Attente de distribution de nourriture dans le couloir du dispensaire


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le 16 mai 1968, en remplacement de la défunte impasse Traînée.

pied de la statue de saint Vincent dans les vignes du Clos Montmartre.

DES ANIMATEURS AMBITIEUX POUR LA RÉPUBLIQUE

La succession de Maurice His est assurée par Suzon Denglos-Fau, femme de lettres et poète, sachant marier le verbe et l’humour. Celle qui aime qu’on l’appelle « Madame le Président » continue l’œuvre de son prédécesseur. Pendant les huit années de son règne, elle décuple les activités de la République de Mont-

Avec Kerambrun, la République de Montmartre étend ses activités en France et à l’étranger et il nomme des députés, des consuls et des ambassadeurs, rem-

Michou et Maurice His, avril 1974

plaçant les citoyens et sénateurs des fondateurs. Plusieurs fêtes et jumelages ont lieu sous sa mandature qui s’achève à son décès, le 8 novembre 1972. Maurice His lui succède, élu le 24 février 1973 avec un nombre de voix identique à celui de sa concurrente, la chansonnière Anne-Marie Carrière qui, avec élégance, lui laisse la place au bénéfice de l’ancienneté. Maurice His, patron du restaurant À la Bonne Franquette, dote les membres de la République de leur tenue actuelle, inspirée d’Aristide Bruant, multiplie les intronisations, offre des jouets et des friandises aux enfants de Bretonneau, et nomme Romain Delahalle, le seul survivant des premières heures, président d’honneur lors du gala de juin 1977. Parmi les nombreuses innovations dont il est l’auteur, notons l’offrande du muguet le premier mai au maire de Paris, Jacques Chirac, et la création, en 1983, de la Commanderie du Clos Montmartre, dont il devient le premier Grand Maître. Avec Maurice His, la notoriété de la République de Montmartre va croissant jusqu’à son décès, le 14 novembre 1993. Une partie de ses cendres sera dispersée lors d’une cérémonie officielle, le 22 janvier 1994, au

Lors de l’assemblée générale du 23 septembre 2006, Jean-Marc Tarrit est élu à la présidence à une très large majorité et le sera à nouveau dans les mêmes conditions le 13 juin 2009. Maître de conférence à la Sorbonne, il est président d’honneur de la société d’histoire et d’archéologie Le Vieux Montmartre. Comme son prédécesseur, il est aussi président d’honneur de la République de Montmartre. Sous sa mandature, la Biennale

Inauguration de la place Suzanne Denglos-Fau le 13 mars 2014

martre : jumelages, pactes d’amitié, et missions de consulats et d’ambassades. Sans compter les fastueux galas réunissant jusqu’à 350 convives au Pavillon Dauphine qu’elle fait parrainer par des personnalités telles que la romancière Régine Deforge, madame Bernadette Chirac ou le professeur Christian Cabrol. Elle décède le 12 février 2002 à l’aube de ses quatre-vingts ans. Répondant à la demande d’Alain Coquard, le Conseil de Paris votera à l’unanimité qu’une place portant son nom soit inaugurée non loin de son domicile, en 2014, à l’angle de la rue Caulaincourt et de la rue Lamarck. Suzon Denglos-Fau repose en paix au cimetière de Montmartre. Le fils de Maurice, Jean-Pierre His, se présente à la suite de Suzon. Pendant son mandat de quatre ans, il renouera les liens d’antan entre Poulbot et le monde du cirque pour offrir aux enfants, chaque année, un fabuleux Noël sous le chapiteau du cirque Pinder. Il mettra également en œuvre, en 2003, la première Biennale du Livre de la République de Montmartre à laquelle Suzon DenglosFau avait déjà songé.

de la Palette, de l’Objectif et du Burin va connaître un succès grandissant et la République de Montmartre fêtera avec panache ses 90 ans lors d’un gala d’exception dans la Salle des fêtes de l’Hôtel de ville de Paris, amicalement mise à disposition par le maire, Bertrand Delanoë, citoyen d’honneur de notre République.

ALAIN COQUARD, 11e PRÉSIDENT Les rênes de l’association sont maintenant tenues par Alain Coquard, précédemment secrétaire général, élu président lors de l’assemblée générale du 5 mai 2012 et renouvelé dans ses fonctions à l’unanimité en 2015. Il est également vice-président du Comité des Fêtes et d’Action Sociale du 18e, et administrateur de l’Œuvre des P’tits Poulbots. Notre président poursuit et amplifie les missions de la République de Montmartre, l’inscrit davantage dans l’ère du numérique, et accroît le nombre des intronisations. Il lance sans cesse de nouveaux évènements pour en renforcer la notoriété et l’image, comme le baptême d’une rose au nom de la République de Montmartre, créée par


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les pépinières et roseraies Georges Delbard, sous le parrainage de Michou. Avec Alain Coquard, l’action sociale et caritative est amplifiée tant par le soutien à des œuvres telles que les P’tits Poulbots, les Enfants du Sacré-Cœur, ceux du Clair Logis et des Papillons Blancs du 18e, qu’à des personnes âgées de l’arrondissement, invitées chaque année à un déjeuner festif à La Bonne Franquette. Par ailleurs, les liens avec les villes et associations jumelées n’ont jamais été aussi forts qu’aujourd’hui. Parmi elles, évoquons la République des Canuts de la CroixRousse, à Lyon, Draveil, Rueil-Malmaison, Saint-Cyr-sur-Morin, le Clos Gerberois, Moretsur-Loing, Giverny, Culoz, Arleux, les Vignerons du Bugey, Bédoin, Caromb, Chelles, Venise, Belgrade, Buenos Aires et, bien entendu, beaucoup d’autres que nous ne pouvons toutes citer ici.

MAINTENIR LES TRADITIONS ET PENSER L’AVENIR Rappelons que depuis son origine, la République de Montmartre a toujours agi pour le maintien de ses traditions. Le Ban des Vendanges ouvert par son président, l’offrande du muguet le 1er mai au Maire de Paris, le spectacle de cirque pour le Noël des enfants, en sont autant d’illustrations. Parmi les objectifs que la République de Montmartre s’est également fixés, figure celui de soutenir les initiatives visant à préserver l’authenticité et le charme de la Butte. C’est ainsi que pour se prémunir d’un projet d’urbanisme inconsidéré, Poulbot crée, avec son ami Romain Delahalle, le Square de la Liberté à l’emplacement d’un terrain vague sur lequel des pro-

de la « Villa Médicis » de Montmartre. Le premier évènement montmartrois à s’y être déroulé a été la 8e Biennale d’Art Contemporain, de la Palette, de l’Objectif et du Burin, les 10 et 11 novembre 2018. Cinquante-huit artistes sélectionnés ont exposé leurs œuvres dans le cadre rénové de la Villa Radet, à l’angle de la rue Girardon et de la rue de l’Abreuvoir.

LONGUE VIE À LA RÉPUBLIQUE DE MONTMARTRE ! Forte de ses cent ans d’existence, la République de Montmartre est devenue au cours du temps une association incontournable grâce à l’engagement, au dévouement et à l’enthousiasme de ses députés, sénateurs, consuls, ambassadeurs, ministres et citoyens d’honneur. Gageons qu’ils sauront rester fidèles dans les décennies à venir à leur serment de toujours « Faire le bien dans la joie ! » moteurs envisagent la construction de plusieurs « habitations à bon marché ». Il deviendra en 1934 la vigne du Clos Montmartre, préservant à jamais cet espace de sombres projets mercantiles. C’est dans ce même esprit qu’en 2014, Alain Coquard prend la tête du Collectif des Associations Montmartroises les plus représentatives avec pour volonté commune la mise en valeur des atouts spécifiques à notre village, tant en France qu’à l’étranger. Initié par la République de Montmartre et son Président, son premier succès est d’avoir obtenu le soutien de la Maire, Anne Hidalgo, et des élus de Paris pour la renaissance de la Cité des Arts de la rue Norvins. Espace naturel exceptionnel au cœur d’un parc en déshérence, il doit devenir un lieu de création et d’échange entre artistes comme avec le public, au sein

Longue vie et bravo à la République de Montmartre, unique, magique, historique et bachique ! Jean-Claude Gouvernon et Pierre Passot

Pour contacter la République de Montmartre BP 70263 75866 Paris Cedex 18 01 44 65 00 78 rdm@republique-de-montmartre.com www.republique-de-montmartre.com

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CAFÉS, CABARETS ET DIVERTISSEMENTS MONTMARTRE EST UNE FÊTE !

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our à tour salons, clubs, cénacles servant de cadre aux conversations les plus animées, aux scènes les plus tumultueuses, les cafés et cabarets, dans notre société, ont toujours joué un rôle de première importance. En évoquer les aspects, c’est retracer les plus piquants chapitres de l’histoire de nos mœurs. A Montmartre, la grande époque de ces lieux de convivialité commence à peu près vers la fin du XIXème siècle, avec la naissance du «Chat Noir» du gentilhomme cabaretier Rodolphe Salis, boulevard de Rochechouart. Les garçons y servent en tenue d’académiciens et les poètes débutants n'hésitent pas à endosser le frac vert brodé de palmes pour réciter moult couplets satiriques. Ce cabaret où l'on déclame des vers, où l'on joue des pièces fantaisistes, où l'on critique les gouvernements, les princes, les peuples, se veut tour à tour patriote et grognard, avec « l'Epopée » de Caran d'Ache, mystique et grivois, macabre et enclin à la romance. « Il exprime, écrit Jules Lemaître, l'aimable désordre de nos esprits. » Lorsque Salis déménage son « Chat Noir » rue Victor Massé, il laisse le local

Le bal du Moulin de la Galette en 1900

vacant à Bruant : le « Mirliton » va pouvoir débuter son aventure. « Ce fut à Montmartre, livrera plus tard dans ses souvenirs Aristide Bruant, que « le petit gars » avec l'audace provocante et l'aplomb brutal du timide qui se rebiffe et se bute, de sa voix mordante et persuasive, cria la plainte des bas-fonds, des geôles et pénitenciers, implorant justice en faveur des insoumis et des révoltés »

Un pantalon de velours serré dans les bottes, une veste à grosses côtes, un cache-nez rouge, le tout surmonté d'un chapeau de feutre à larges bords, c'est ainsi qu'il se présente au « Mirliton », après avoir accueilli chaque client d'invectives dans le genre : « Holà-là ! C'te gueule, c'te binette ! Holà-là ! Ah ! C'te gueule qu'il a ! » et interprète ses succès comme « Rose blanche », œuvre dont les vibrations éveillent dans l'âme la mélancolie et l'amertume : « Alle avait sous sa toque d'martre, Sur la butt’Montmartre Un p'tit air innocent » Non loin, « Le Moulin Rouge » ouvre ses portes sur les décombres du « Bal de la Reine Blanche » grâce à Charles Zidler et Joseph Oller. Le succès est immédiat. Ses belles meunières lèvent le coude aussi rapidement que la jambe. Elles s'appellent Jane Avril, La Goulue, Grille d'égoût, Eva la Tomate, Nini pattes-en-l'air, la Mélinite, Serpolette, et mènent le bal avec Valentin le Désossé dans le chahut des trombones et des cornets à piston. Les feux tournants

Le Moulin Rouge et son décor d'origine

du « Moulin-Rouge » se mettent à éclairer chaque soir une faune joyeuse de bons vivants. C'est là en 1892 que Joseph Pujol, le célèbre pétomane réalise chaque soir le plus extraordinaire numéro de music-hall jamais produit sur une scène Ce marseillais peut aspirer l'air ambiant, le restituer longuement, à volonté, en transformant son arrière-train en instrument « à vents » D'une manière plus poétique, le montmar-

trois Maurice Boukay chansonne ainsi ce temple du spectacle : « Moulin-Rouge, Moulin Rouge, Pour qui mouds-tu, Moulin Rouge Pour la Mort ou pour l’Amour Pour qui mouds-tu jusqu'au jour ?... » Aujourd'hui «Le Moulin-Rouge » vient de fêter ses cent trente ans. L'enchantement continue d'opérer. Sur l'océan des plaisirs, il vogue en tant que vaisseau amiral. A la tête de la direction de sa communication, Jean-Luc Péhau-Ricau tient la barre. Il ne cesse de s'émerveiller de la genèse des revues, car tout y est comme surnaturel : décors, costumes, chorégraphie, artistes Le spectacle y relève toujours d'une forme de magie ! Depuis sa création, « Le Moulin de la Galette », lui aussi, continue de défier le temps. Les décennies s'écoulent, le succès est toujours au rendez-vous. Appelé jadis « le Blute-fin », à mi-pente de la Butte, où les promeneurs aimaient jadis venir goûter une galette et boire un verre sous les arbres qui l'environnaient, il reste attractif depuis le temps où la famille Debray transforma

Le Cirque (disparu) Medrano, ex-cirque Fernando

le lieu en guinguette et y organisa un bal populaire. Les jeunes ouvrières, blanchisseuses, feuillagistes, giletières, fileuses de perles s'y rendaient dans l'espoir de trouver un galant ou d'être remarquées par un peintre en quête de modèle. Mais certains établissements de l'âge d'or ont disparu. On ne doit pas oublier le « Café des Fleurs », siège de « La Lyre bienfaisante », goguette représentative de


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« Père Frédé ». Chaussé de bottes, un foulard rouge noué autour de la nuque à la manière des pêcheurs du sud, comme le décrit son gendre Mac Orlan, il agrémente les spectacles du « Lapin » en chantant avec sa guitare des vieilles chansons de marins. C'est alors que vont surgir comme par enchantement « Le Cabaret des Arts », « La Boîte à Musique » de Fursy, « Le Café Décadent » de la rue Fontaine, et « L’Ane Rouge » avenue Trudaine où les chansonniers puisent leur inspiration dans les misères de la vie. A la place du « Tambourin », en 1886, s'ouvre le « Cabaret des Quat'z-Arts » d'où part la première « Vachalcade », cortège de chars organisé par Roedel. Tandis que Georges Courteline s'amuse à créer un étrange appareil, « l'Idiomètre », destiné à mesurer le crétinisme ambiant à « L’ Auberge du Clou » avenue Trudaine, les chansonniers montmartrois triomphent dans les cabarets. Les « Fleurs de bitume », d'Emile Goudeau deviennent un classique, Charles Cros récite en vers le drame du « Hareng saur », avec Bruant le public « cherche fortune autour du Chat Noir, au clair de la lune, à Montmartre le soir » Mac Nab fait reprendre en chœur le refrain du « Grand Métingue du Métropolitain » ! En cette fin de siècle, pour Salis, « Montmartre est la capitale de Paris, le « Chat Noir » en est le cerveau et « le Moulin de la Galette » en est l'âme » Lorsque Toulouse-Lautrec n'était pas au cabaret, c'était le monde du cirque qui l'attirait, notamment le « Cirque Fernando », en haut de la rue des Martyrs. Il réalisa alors son œuvre célèbre « L'écuyère au Cirque Fernando ». Les cirques s’étaient multipliés dans Paris et leur univers fascinait les peintres, dont ceux de la Butte, Forain, Manet, Renoir... Celui-ci fut planté en 1873 sur un terrain vague de Montmartre, à l'angle de la rue des Martyrs et du boulevard Rochechouart. l'histoire de la chanson montmartroise où débuta, entre autres, En raison du succès, en 1874 c'est un cirque de pierres pouvant Georges Montorgueil. accueillir 2080 places qui est érigé à la place. Trente sept arPour attirer la clientèle, cafés et cabarets ont fait preuve d'ima- tistes composent la troupe, dont le clown Boum-Boum-Geronimo gination. Parmi les plus représentatifs à l'époque, à l'angle de la Medrano et Gustave Fratellini ; les écuries accueillent vingt quatre rue des Martyrs et du boulevard de Clichy se trouve « La Taverne chevaux. D’autres peintres vont l'immortaliser : en 1879, Degas du Bagne » de Maxime Lisbonne. Ce dernier demande à son per- avec sa fameuse toile « Miss Lala au Cirque Fernando », et Seurat sonnel de se déguiser en forçats, casaque rouge, pantalon jaune, en 1891 avec « Le Cirque », une de ses œuvres maîtresses. Malgré bonnet vert, en traînant un boulet au pied. bon nombre de réussites, le « Cirque Fernando » est contraint de Au « Tambourin », les garçons arborent le costume italien. fermer ses portes, et c'est le clown Medrano qui l'achète en 1893. A « L'Abbaye de Thélème », clin dœil à Rabelais, les hommes sont « Le Cirque Medrano » accueillera Grock en 1904, Chocolat, les en bure et les femmes se travestissent en religieuses avec cornette Fratellini en 1915, Achille Zavatta… fascinera Max Jacob, Picasso, Les habitués s'y pressent. De table en table on reconnaît Alphonse Derain, Van Dongen… puis Cocteau, Piaf… Allais, Paul Delmet, Claude Debussy, Théophile Steinlen, Mac Nab, Dans les années soixante les Bouglione le gèreront, en feront le Jehan Rictus « Cirque de Montmartre » qui disparaîtra en 1973, sous les coups En 1888, Jehan Sarrazin ouvre au 75, rue des Martyrs « Le Divan de la spéculation immobilière Japonais », cabaret dédié à la chanson. Yvette Guilbert y chante Au tournant du XXème siècle, les amateurs de revues grandioses « Le Fiacre », « La Pierreuse », « La Glue » etc. Elle ouvre la vont en famille à « L’Hippodrome de Montmartre », 1 rue Caulainvoie à Esther Le Kain, Annie Held et Polaire, « l'agitante et l'agi- court où de multiples spectacles les attendent. Construite en 1900, tée Polaire » selon Jean Lorrain. Au théâtre elle joue le rôle de année de l'Exposition, cette immense bâtisse est consacrée aux « Claudine », le personnage de Colette. Toulouse-Lautrec, avec sa spectacles hippiques et au cirque. Son arène s'ouvre aux combats fameuse affiche, immortalise alors le « Divan Japonais » où l'on de boxe et aux courses cyclistes. En 1905, Buffalo Bill y réalise son reconnaît Jane Avril et Yvette Guilbert. Il deviendra plus tard le « Wild West Show » lors de sa tournée européenne. A sa ferme« Divan du Monde ». ture en 1907, Gaumont l’achète et en fait le plus grand cinéma du Rue des Saules, les noctambules se rendent au « Lapin Agile », monde qui réunit jusqu'à 6000 personnes! Baptisé le « Gaumont précédemment « Cabaret des Assassins », repris en 1886 par Adèle, Palace », ce temple dévolu au 7ème art, disparaît à son tour en ancienne danseuse de cancan, rebaptisé par elle « Ma Campagne », 1973… beuglant où viennent s'encanailler Rollinat, Renoir et Paul VerL'entre deux-guerres voit apparaître « La Lune Rousse » où les laine. Bruant l'achète en 1903, le confie à Frédéric Gérard, dit le talents éprouvés prodiguent les meilleures œuvres, « Les Deux-

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LIEUX DE LÉGENDE Anes », panthéon de la cocasserie goguenarde, et le « Théâtre de Dix-Heures » où Jacques Grello, Pierre Destailles, Jacques Morel aiguisent leurs premiers monologues. Ces trois établissements forment, selon le journaliste Michel Perrin, les pierres angulaires de ce qu’il est convenu d'appeler le « temple de la satire ». S'y ajoutent « Le Caveau de la République », « Le Moulin de la Chanson », « Le Café chantant »… Puis arrivent les années noires. Un soir de 1943, au « Théâtre de Dix-Heures », la fantaisiste « Oléo » interpelle des retardataires qui se faufilent difficilement dans la salle : « Pas commode de passer, s'exclamet-elle, on se croirait à Stalingrad ! » Dès le lendemain, des sbires de la gestapo envahissent le théâtre, revolver au poing, laissant le malheureux directeur Raoul Arnaud inconscient sur le plancher… Entre la place Blanche et la rue Cous-

Le premier cabaret Madame Arthur et ses transformistes en 1950

Le Gaumont Palace (disparu)

tou, les noctambules ne dédaignent pas de se réfugier à « La Potinière ». La caissière porte un monocle, le pianiste la barbe et chacun est prié d'apporter sa bonne humeur. Dans la fumée opaque des pipes et des cigares on distingue les silhouettes de

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Derain, André Warnod, Francis Carco, Mac Maslova, ancien danseur classique. Les têtes Orlan d'affiche baptisées Capucine, Manon, Chan« La Goulue » devenue clocharde fait l'au- tal Chambord, Coccinelle, Bambi s'exhibent mône avant d'écluser un pichet de rouge. à peine vêtues, le cou entouré de boas de Les chansonniers offrent au public des ex- plumes tombant comme des glycines de traits de leur répertoire entre deux airs de leurs épaules. Les serveurs évoluent dans cor et de chansons de salle de garde dont la la salle en kilt. En 1952, le vieux pianiste verdeur augmente au fil des heures. cède la place à son fils Serge Gainsbourg ! A Montmartre, rien ne se perd, tout se Perruques, tenues flamboyantes, talent, crée ou se transforme. provocation, humour sont au rendez-vous Les années passent Les chansonniers en en ce temple dédié à la tradition baroque vogue s'appellent désormais Jean Marsac, des travestis. Noël-Noël, Roméo Carlès, Paul Colline, Ray- Avec les années, « Madame Arthur » ferme mond Souplex, René ses portes, sombre Dorin, Gabriello, Max en catalepsie telle Régnier L'esprit montla « Blanche Neige » martrois reprend un des Contes de Grimm, nouvel élan et souffle et en novembre 2015, En 1952, le vieux pianiste sur Paris ! le « Prince charcède la place à son fils Au début des années mant » qui la réveille Serge Gainsbourg ! cinquante, d'autres se nomme Fabrice les accompagnent : Laffon, directeur du Perruques, tenues Jean Rigaux, Robert « Divan du Monde » flamboyantes, talent, Rocca, Pierre-Jean voisin. Il fait remettre provocation, humour sont Vaillard, Anne-Marie en état l'établissement Carrière, Raymond Deet grâce à un couloir au rendez-vous en ce vos, Poiret et Serrault, communicant, réutemple dédié à la tradition Edmond Meunier, nit les deux affaires. baroque des travestis. Jean Amadou etc. qui Gouailles, excentriciexcellent dans l'art de tés, renaissent grâce à tourner en dérision une troupe d'une vingles travers de leurs taine d'artistes. contemporains. Le cabaret « Chez Ma Cousine » 12, Aujourd'hui encore le « Théâtre des Deux- rue Norvins, offre toujours depuis son ouAnes » dirigé par Jacques Mailhot galvanise verture en 1928 un florilège d'artistes étonles amateurs grâce au talent de ses com- nants. Sous la direction de Jean Méjean plices Bernard Mabille, Michel Guidoni, Flo- dans les années cinquante se succèdent rence Brunold, Régis Mailhot. Ils mettent à sur sa petite scène Léo Ferré, Jacques Brel, l'honneur la célèbre devise du lieu « Bien Pierre Doris, Mouloudji Robert Lamoureux braire et laisser rire ». y raconte dans son monologue « Papa, En décembre 1947, 2, rue Coustou, Maman, la bonne et moi » les heures désoJacques Canetti crée le « Théâtre des pilantes de sa vie de famille. Roger Pierre Trois-Baudets » en lieu et place d'un vieux et Jean-Marc Thibault ébauchent avec leur dancing. Il le dirige jusqu'en 1967. Durant ami Jean Richard les prémices de leurs lonces deux décades, commencent les car- gues carrières. Pierre Perret, au comique rières d'artistes exceptionnels dont Francis « roboratif » torpille un certain « Bruno », Blanche, Jean-Roger Caussimon, Boby La- patron du « Tord-Boyau ». Entre 1973 et pointe, Jacqueline François, Henri Salvador 1983, le chanteur François Deguelt, ami de Le lieu est réhabilité en 2009 par la Ville notre chère Serpolette, peintre et doyenne de Paris et retrouve sa vocation de tremplin de la Place du Tertre, en assume la direcpour jeunes artistes. tion. C'est en 1948 que Marcel Wutsman crée Par bonheur, « Le Vieux Chalet », tout au pied de la Butte, 75, rue des Martyrs, le à côté, havre de paix par excellence, brave premier cabaret travesti de Paris « Madame toujours les vicissitudes du temps. Robert Arthur ». La raison sociale est inspirée de Philippe, d'origine niçoise, montmartrois de la chanson de Paul de Kock écrite en 1878, cœur et d'esprit depuis 1948, sait privilégier interprétée par Yvette Guilbert au « Divan le côté champêtre de ce lieu magique que Japonais » : son père acheta jadis à la fameuse Adèle, l'ancienne danseuse de cancan du « Moulin « Madame Arthur est une femme Rouge ». Avec son épouse Paule, née rue Qui fit parler d’elle longtemps des Saules, d'une gentillesse incomparable, Sans journaux, sans puff, sans réclame ils ne proposent à leur clientèle que des Elle eut une foule d'amants » produits frais achetés le matin même chez A l'ouverture, la meneuse de revue s'appelle les commerçants traditionnels de la rue des


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Abbesses. A la belle saison, les repas sont servis dans le jardin aux airs de guinguette. « Là, se souvient Robert, Picasso prenait ses quartiers d'été avec ses amis du BateauLavoir ». «La Crémaillère 1900 » 15, place du Tertre, a Dieu merci survécu aux avatars de la marche du temps. Les amoureux de la Belle Epoque se doivent d’y faire une halte. Piano et chansons les y attendent ainsi que de succulents plats traditionnels, dans un décor où se mêlent marronniers, fontaine Wallace, colonne Morris et réverbères Dans les années quatre-vingt-dix, Les Editions d'art du Rameau d'Or y avaient organisé pour les bibliophiles le vernissage de l'ouvrage «  Paris Chansons », recueil des plus belles chansons sur Paris présentées par Jehan Mousnier, alors maire de la Commune Libre de Montmartre, illustré de planches originales du peintre Valadié. L'évocation de ces lieux d'exception nous conduit nécessairement vers « Le Bon Bock », un des plus anciens restaurants de Montmartre, dont la construction remonte à 1879. Entre ses tables se croisèrent Lautrec et Degas. Tout près du « Théâtre de l'Atelier », 2, rue Dancourt, il n’a pas pris une ride. Des plats simples et de l’absinthe sont servis dans la salle ornée de becs-de-gaz. Après de nombreux travaux d'embellissement depuis sa création en 1889, « La Mascotte », 52, rue des Abbesses, peut s'enorgueillir d'être devenue « le cœur vivant » de la rue où elle tient ses assises. Tout d'abord petit bistrot, puis café-brasserie dans les années trente, nantie d'une arrière-salle abritant quatre billards, agrandie en 1975 par Irène et Maurice Campion, successeurs de la famille Comte, de nos jours, « La Mascotte », avec son annexe «L’Ecaille » consacrée aux fruits de mer, est dirigée par Thierry, le fils de la maison. Entièrement rénovée, elle convie les amoureux de la Butte à la rejoindre. Un menu varié et copieux les y attend, d’ailleurs, par le passé Bernard Dimey, poète libertaire cher à la Butte, aimait y ripailler, lorsqu'il n'était pas au « Lux Bar » 12, rue Lepic, et à présent, régulièrement dans l'après-midi, notre ami Michou apprécie une coupe de leur Champagne « maison ». Comment ne pas éprouver un pince-

ment au cœur en assistant actuellement à la destruction de « La Pomponnette », 42, rue Lepic, établissement mythique, véritable patrimoine dont la création remonte à 1909. Dans une atmosphère conviviale, Arthur Delcroix, le fondateur et ami de Francisque Poulbot, accueillait autour des tables ses amis montmartrois. Poulbot s'amusait à signer les nappes et les lustres. Il offrit à Arthur quelques œuvres que l'on pouvait encore apprécier il y a peu sur les murs de la salle. Dans la tradition, gour-

Si malheureusement, pour des raisons diverses, des lieux de légende s'effacent, quelques courageux poursuivent çà et là la lutte contre la fatalité. Rien ne semble ébranler la volonté de Michel Sérié, le Ministre de la Gaîté parisienne de notre République de Montmartre. Avec Elisabeth, ils perpétuent la tradition « chanoiresque » en leur cabaret « La Main au Panier » 3, rue de Poissy dans le Vème arrondissement. Depuis des années, ce montmartrois a franchi la Seine et est devenu « Michel Forever » l'homme qui ne s'est pas couché depuis 2004 ! Il offre à sa clientèle un spectacle époustouflant, dans le cadre d'un dîner spectacle où chansonniers, conteurs, humoristes, illusionnistes, défilent sur la scène sous les ovations. Que les lecteurs de cette modeste rétrospective de l'histoire des cafés et cabarets montmartrois nous pardonnent d'avoir fait l'impasse sur de nombreux établissements dont l'intérêt est comparable à ceux que nous avons cités mais notre plaisir est soumis à des contraintes éditoriales

La Pomponnette comme on ne la verra plus, vue par le peintre Patrice Poindrelle

mands et gourmets dégustaient tête de veau et maquereau mariné au vin blanc ou bien encore un gigantesque os à moelle « maison » Les vins étaient servis dans des verres dépourvus de pied donc impossible à reposer, originalité de l'établissement dont l'idée avait germé dans l'esprit facétieux de Poulbot Autre disparue de marque, la regrettée « Patachou », madame Billon pour l'état civil, dite Patachou en souvenir du temps où son cabaret était encore une pâtisserie. A partir des années cinquante, elle anime 13, rue du Mont-Cenis des soirées inoubliables, coupant avec de grands ciseaux, entre deux couplets égrillards, les cravates de ses clients. Un soir sur les conseils de Jacques Grello, elle écoute les premières chansons d'un curieux personnage chevelu et moustachu : il s’appelle Georges Brassens, et c’est le coup de foudre ! « Dans un an, s'exclame-telle, vous serez plus célèbre que moi ! » Patachou est à l'origine de la découverte d'artistes exceptionnels à l'instar de Jacques Brel, Charles Aznavour, Guy Béart, Maurice Fanon, Frida Boccara De nos jours, son cabaret a cédé la place à une galerie d'art.

En guise de conclusion, nous avons une pensée particulière pour un de nos plus géniaux poètes montmartrois, Charles Cros sans lequel les voix de nos vieux artistes se seraient éteintes à tout jamais Un soir, devant une absinthe, une idée lui traversa l'esprit. Il saisit alors ce qu'il avait autour de lui, c'est-à-dire une boîte de cigares, des boîtes de conserves et quelques éléments divers avec lesquels il mit au point le prototype de son « paléophone », futur phonographe, capable d’enregistrer et de rendre les vibrations sonores. Il composa alors ces quelques vers : « Comme les traits dans les camées J'ai voulu que les voix aimées Soient un bien qu'on garde à jamais Et puissent répéter le rêve Musical de l'heure trop brève Le temps veut fuir, je le soumets. » Merci, monsieur Charles Cros, d'avoir immortalisé les voix de nos chers disparus qui retentirent si souvent dans nos cafés et cabarets. Grâce à vous, elles défient l'éternité! Gérard Letailleur

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LA RÉPUBLIQUE DES BELLES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS

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ès ses origines, la République de Montmartre a été composée d’artistes en tout genre, gens de plume et orfèvres du pinceau. Leur permettre de se rencontrer et de présenter leurs œuvres en public est devenu une évidence pour les présidents successifs. Suzon DenglosFau avait eu l’idée d’un salon réservé aux auteurs membres de la République et c’est Jean-Pierre His qui l’a concrétisée en 2003 avec ce qui sera la première Biennale du Livre de la République de Montmartre. L’organisation en est confiée à Jean-Marc Tarrit, alors vice-président, et à Pierre Passot, Premier ministre.

Georges Wolinsky invité d’honneur de la biennale du Livre 2011 avec Christine Haydar et le Dr Sauveur Boukris

LA BIENNALE DU LIVRE Elle a lieu dans le cadre enchanteur des jardins du Musée de Montmartre. Très vite, je rejoins l’équipe en tant que ministre des Belles-Lettres pour convier davantage d’écrivains à cet évènement. Auteure de deux romans qui se passent sur la Butte, j’ai participé à de nombreux salons, et les amis rencontrés à ces occasions répondent présents à l’appel. Nous aurons ainsi comme parrains des auteurs tels que Daniel Picouly, Michel Quint, Bernard Werber, Patrick Cauvin, Nadine Monfils, Wolinski, David Foenkinos, ainsi que la très jet-setteuse et néanmoins montmartroise Princesse Hermine de Clermont-Tonnerre, et le dessinateur satirique Gab pour la dernière édition, le 10 novembre 2019. Si les premières Biennales ont lieu d’habitude en juin, de préférence dans des lieux d’exception et en plein air, il devient vite de plus en plus difficile de réu-

nir toutes ces conditions pour accueillir une cinquantaine d’auteurs et un nombreux public. D’autre part, et presque à chaque fois, un temps capricieux oblige auteurs et visiteurs à se réfugier à l’intérieur. Seule l’édition où Wolinski était l’invité d’honneur s’est déroulée sous un beau soleil dans les jardins de l’église Saint-Pierre, à l’ombre du Sacré-Cœur. Un changement de saison s’impose. La 8e Biennale aura donc lieu en novembre, au restaurant À la Bonne Franquette, devenu entre-temps notre siège social. C’est notre cher Michou, ministre de la Nuit, qui s’est occupé de la météo ce jour-là, provoquant une tornade bleue rue des Saules pour la signature de son ouvrage, Michou, Prince bleu de Montmartre. Il a dédicacé plus de cent livres dans l’après-midi, volant un peu la vedette à l’invitée d’honneur, Nadine Monfils. Elle ne lui en a pas tenu rigueur, et c’est sous l’œil amical de l’homme en bleu qu’elle a été intronisée citoyenne d’honneur par le Premier ministre Pierre Passot, avant que le président Alain Coquard ne donne le coup d’envoi du pot de l’amitié.

LA BIENNALE DE LA PALETTE, DE L’OBJECTIF ET DU BURIN C’est en 2004 qu’a lieu le premier Salon des peintres, sculpteurs et photographes de la République de Montmartre. Pour se démarquer des autres expositions temporaires, elle porte le nom de Biennale de la Palette, de l’Objectif et du Burin. Les artistes ayant vendu une œuvre sont invités à faire un don à l’œuvre des P’tits Poulbots. Vient ensuite aux organisateurs l’idée d’en faire également bénéficier la Société Nationale de Sauvetage en Mer, en clin d’œil à la « Traversée de Montmartre à la nage », créée dans les années vingt par la Commune Libre du Vieux Montmartre. C’est de nouveau Jean-Marc Tarrit et Pierre Passot qui sont mis à contribution pour cette Biennale, avec comme commissaires d’exposition l’artiste-peintre Nicolas Tikhobrazoff, puis le photographe Jean Villain, en


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qualité de ministres successident du groupe Immopolis et sifs des Beaux-arts. Parmi les fidèle ami et ambassadeur de la lauréats, notons le sculpteur République de Montmartre, et Gabriel Diana pour la première bien sûr de Paris-Montmartre, édition et, dans la même dissans oublier nos autres fidèles cipline, Agnès Rispal qui sera ou nouveaux sponsors tel qu’Air récompensée en 2010, tandis France. que le peintre Manuel Gil le Les invités d’honneur étaient sera en 2016. Chaque Bienles Artistes Vietnamiens de nale est parrainée par un Paris. Le prix de la République artiste de haut niveau tel que de Montmartre a été décerné à le photographe Nicolas Henry Yves Caillaud pour son œuvre ou les peintres Bruno-Émile originale Les Emmurés. Un Laurent et Marko Stupar. grand cru que cette édition, à Marko Stupar invité d’honneur de la Biennale de la Palette, de l’Objectif et du Burin 2017 Elle s’est régulièrement déroun’en pas douter. lée dans les salles paroissiales de l’église impertinente digression, mais je garde Nos deux prochaines Biennales, d’Art Saint-Pierre, où monsieur le curé exerce en mémoire que mon parrain républicain, contemporain en 2020 et du Livre en une censure parfois difficilement compa- Michel Dansel, était ministre de l’Esprit 2021, seront bien entendu placées sous tible avec l’art pictural. Un téton ? Vous frondeur. le signe du centenaire de la République n’y pensez pas. Cachez ce sein… J’ima- La manifestation la plus récente, la 8e, de Montmartre. gine le scandale si un plaisantin avait a eu lieu en 2018 à la Villa Radet, tout Christine Haydar accroché dans la nuit L’origine du monde juste rénovée, et toujours grâce au soude Gustave Courbet… Pardon pour cette tien indéfectible de Brice Moyse, pré-

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L’ŒUVRE DES P’TITS POULBOTS FER DE LANCE DE L’ACTION CARITATIVE DE LA RÉPUBLIQUE DE MONTMARTRE

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u cours de ces dernières années, la République de Montmartre a augmenté les financements de façon ponctuelle ou, le plus souvent, de manière régulière des œuvres venant en aide à l’enfance ainsi que d’autres causes dignes d’intérêt. Parmi celles-ci figurent dans un désordre propre à Prévert : les enfants de la Maison du Sacré-Cœur, les jeunes du Clair Logis, la fête l’Écosse à Montmartre de l’association Un Village dans Paris Montmartre, les Anciens des maisons de retraite du 18e, l’association Votre École chez Vous pour la scolarisation à domicile des enfants malades, des bourses d’encouragement à de jeunes prodiges de la musique, les Sauveteurs en mer, le soutien aux familles des enfants handicapés, les Papillons blancs du 18e, les jeunes judokas du Club SaintMartin, l’Association pour l’inscription au patrimoine immatériel de l’UNESCO de la tradition et de l’art de vivre des bistrots et des terrasses de Paris… C’est grâce aux cotisations de ses membres, les dons, les subventions et les bénéfices

générés par les évènements qu’elle organise que la République de Montmartre peut poursuivre sa vocation humanitaire. La pertinence de son action dans ce domaine a été reconnue en 1995, sous le mandat de Suzon Denglos-Fau, par la remise à notre République de la Médaille d’Or du Mérite et Dévouement Français. De même, grâce à son influence, et sur proposition de son président, la République de Montmartre a obtenu en 2016 que la Fondation Air France accorde une subvention de 19 000 euros pour débloquer un projet médico-social des Papillons Blancs. Une mention spéciale doit être réservée à l’Œuvre des P’tits Poulbots. Chacun sait que Francisque Poulbot a accepté de donner son nom en 1939 à l’œuvre des Gosses de la Butte Montmartre, créée par Lucien Pinoteau trois ans plus tôt. Placée sous le parrainage de la République de Montmartre, l’œuvre des P’tits Poulbots a fêté son 80e anniversaire dans les arènes de Montmartre, le dimanche 6 octobre 2019, sous un soleil éblouissant. Une manifestation orchestrée de main de maître par son

Poulbots 2019 au Brio

parrain, Alain Turban, ministre du MusicHall de la République de Montmartre. Chaque année, à l’occasion de Noël, Fabien Held, patron du restaurant Le Brio et citoyen d’honneur de la République, offre un déjeuner très apprécié à toute la troupe des Poulbots tandis que Jean-Claude Gouvernon, ministre du Patrimoine historique de Poulbot, remet à chacun un chèque-cadeau de la part de la République. En 2017 elle leur a offert un voyage inoubliable à Venise. Ces enfants le méritent bien, eux qui répètent leurs exercices au tambour deux fois par semaine sous la houlette de Joël Ben Hayoun, leur tambour major. Ne soyez donc pas étonnés si vous entendez leurs roulements en passant devant le 3 de la place du Tertre. C’est le siège de leur association présidée avec compétence par Joëlle Leclercq, ambassadeur de la République de Montmartre et médaillée de la Ville de Paris en 2013 pour faire rayonner avec bonheur l’image de Montmartre en France et dans le monde entier. Alain Coquard


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TRADITION

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LE MUGUET DE LA RÉPUBLIQUE

UNE HISTOIRE DE CŒUR

À

la République de Montmartre, les traditions sont sacrées mais elles n’impliquent ni conservatisme ni inaction. Rien ne nous empêche d’en créer de nouvelles si elles sont pertinentes. Nos successeurs sauront bien les faire perdurer. C’est ce qu’a dû penser le président Mau-

presque, les Forts des Halles sont habilités à le faire. Ne doutant de rien, Maurice His en parle à Jacques Chirac qui est séduit par son idée. Dans la foulée, il invite officiellement pour cette occasion une délégation de la République de Montmartre et des P’tits Poulbots dans les salons de l’Hôtel de ville de Paris.

Offrande du muguet à la Maire de Paris le 1er mai 2019

rice His en se rasant son collier de barbe un matin de 1977. Ce serait, en effet, un évènement médiatique (même si le mot n’existait pas encore à l’époque) que d’offrir des brins de muguet au maire de Paris le 1er mai, comme seuls, ou

Cette sympathique manifestation s’inscrira désormais dans le calendrier de la Mairie et deviendra incontournable dans celui de la République... de Montmartre. À la suite de Jacques Chirac, elle sera reprise sans discontinuer par Jean Ti-

beri, Bernard Delanöe et Anne Hidalgo. Une porte ouverte à une bouffée d’air frais montmartrois. L’ambiance conviviale qui y règne autour d’un superbe buffet favorise les échanges, les rapprochements d’idées et les projets communs. Et c’est ainsi que depuis 42 ans, cette innocente petite fleur contribue à maintenir et à renforcer les liens tissés entre nos élus et des citoyens montmartrois passionnés, conscients de l’importance de leur riche mais fragile patrimoine Chaque année, les murs centenaires de notre vénérable Maison du Peuple résonnent au son des tambours avant que retentisse un vigoureux Mont’ la-d’ssus conclu par un vibrant « Vive Paris, vive Montmartre ! Vive la République de Montmartre ! » La prochaine cérémonie est programmée pour le 1er mai 2020. À l’occasion du centenaire de notre République, soyons assurés qu’elle sera, encore plus qu’à son habitude, le reflet de notre joie de vivre et de la qualité de nos relations avec nos édiles et leurs collaborateurs. Alain Larcher


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UNE RÉPUBLIQUE DANS LE VENT !

Notre ministre Jean-Claude Gouvernon et Martine Clément ont concocté avec cet En avant la République de Montmartre !, un ouvrage exceptionnel pour revivre en 216 pages très documentées l’histoire d’hier et d’aujourd’hui de notre République centenaire. Un cadeau à se faire et à offrir, de même que ce superbe éventail reproduit d’après un modèle dessiné à l’origine par Poulbot, et produit en France en série limitée, en exclusivité pour la République de Montmartre.

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À LA RENCONTRE DE...

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SERPOLETTE

L

DOYENNE DES PEINTRES DE MONTMARTRE …ET LA PLACE DU TERTRE

ors de votre venue au monde, chère Serpolette, notre bonne vieille France tentait de retrouver sa joie de vivre dans l’euphorie d’une victoire chèrement acquise, Montmartre était encore un village à l’aspect pittoresque et provincial où rien ou presque ne semblait avoir changé depuis des lustres. En 1635, on y avait planté des arbres et la place publique, la place du Tertre, en était devenue le centre. A la fin du XVIIIème siècle s’y trouvait la première mairie. En 1793 s’installa « Catherine » Lamothe qui ouvrit son café-restaurant entouré de petits commerces. Il deviendra Chez la Mère Catherine. Déjà bon nombre de marchands itinérants et artistes fréquentaient la Butte. Il faut dire qu’à l’époque le coût de la piquette et du logement était bien meilleur marché qu’à Paris… Les anciens se rappelaient encore du parc d’artillerie établi pendant la Commune, place du Tertre, de l’abattage en 1871 des deux « Arbres de la Liberté » plantés lors de la chute de Louis-Philippe en 1848, et de la création du télégraphe « à l’usage du commerce » comme on le disait alors, installé au 15 de cette place dont vous êtes aujourd’hui la doyenne. Et Paris, entraîné dans la frénésie des « Années Folles », affrontait une véritable révolution culturelle et sociale. Votre père homme de cœur et d’esprit, épris de liberté, dirigeait alors une entreprise de spectacles ambulants

dénommée « Théâtre Maurin » créée depuis le début du siècle. Avec son épouse costumière et une troupe d’amis comédiens, il parcourait les routes. Il avait débuté comme metteur en scène au théâtre de Charleroi, ville francophone

de Belgique. Au moment de votre naissance en Normandie, sur la route près de Charleval, vos parents proposaient au public l’opérette « Les Cloches de Corneville » de Robert Planquette. Dans cette œuvre

intervient le personnage d’une jeune servante enlevée en son jeune âge puis retrouvée sur un champ de serpolets, d’où son prénom : Serpolette. Séduits par son originalité, ce sera celui que vos parents vous donneront. Confrontées à la vie de bohème chère au cœur des comédiens d’antan, vos jeunes années s’apparentaient à celles des personnages si bien décrits par Scarron dans son « Roman comique », loin des tumultes des grandes villes. C’était l’époque où les revues à grand spectacle submergeaient la capitale. On y pratiquait les danses, cancans et quadrilles du temps de Lautrec. Les têtes d’affiches se nommaient Chevalier, Dranem, Mistinguett. L’exposition internationale des Arts décoratifs faisait triompher « l’esprit nouveau » symbolisé par Le Corbusier, Paul Poiret et Raoul Dufy. André Citroën lançait la « Croisière noire », le Président Deschanel, victime de confusion mentale, descendait d’un train en marche, Marcel Bleustein créait Publicis, l’huile Lesieur délaissait les fûts en bois au profit des bouteilles en verre, et Lindbergh s’apprêtait à traverser l’Atlantique sans escale, en solitaire. Puis vint le temps des « Années noires », de la défaite de la vie sous l’occupation. Harcelé par les difficultés matérielles, le « Théâtre Maurin » s’arrêta. Avec votre famille, pour survivre,


À LA RENCONTRE DE...

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vous devenez marionnettiste, proposant de lycée en lycée des spectacles originaux, maniant vos personnages avec des fils, les faisant vivre grâce à votre habileté gestuelle et votre talent de conteuse. C’est l’époque où vous rencontrez des chansonniers montmartrois auxquels, quelques années plus tard, vous donnerez la réplique. C’est aussi le temps où vous consacrez vos heures de loisir à aider ceux qui affrontaient

Au début des années cinquante, chère Serpolette, vous avez pris la décision de vous livrer à votre véritable passion : la peinture.

le cortège des privations et des souffrances liées à la guerre : distributions de vêtements, de vivres, de charbon avec les amis de la République de Montmartre qui entre autres confectionnaient des masques à gaz pour les tout-petits, distribuaient des jouets, prodiguaient moult soins médicaux gratuits en dispensaire. Réquisitions, rationnements, marché noir, système D sévissaient à outrance. Les pigeons de la place du Tertre se firent de plus en plus rares. Les chats aussi. La mort de Francisque Poulbot le 16 septembre 1946 marqua dans les esprits la fin de cette période douloureuse, mais heureusement non celle des « P’tits Poulbots »… Au début des années cinquante, chère Serpolette, vous avez pris la décision de vous livrer à votre véritable passion : la peinture. Ainsi allez-vous être témoin puis participer à la renaissance de la Butte… Les artistes-peintres commencèrent à poser leurs chevalets sur la place, les petits bistrots redevinrent vraiment des lieux de ralliement entre deux ballons de Côte, Kirs, Bourguignons, Montmartrois (crème de cas-

Affiche officielle de la Fête des Vendanges 1983 créée par Serpolette

sis-vin rosé) ou Communards (crème de cassis-vin rouge). On y passait ses commandes de bois et de charbon. Sous vos yeux, Montmartre, royaume idéal de la bohème, s’ouvrit sur le monde, dans le sillage de la renommée des Delacroix, Géricault, Corot, Gavarni, Lautrec, Renoir, Van Gogh, Utrillo etc. et des Braque, Picasso, Van Dongen, Derain, Juan Gris et autres enchanteurs qui allaient bouleverser le marché de l’art international. « Je les ai presque tous connus,

vous confia un jour votre ami Gen Paul. Tout môme, je voyais un petit homme monter la rue. Nous le prenions pour un clown de Medrano. Plus tard, j’appris que cet étrange nain merveilleusement habillé était Toulouse-Lautrec qui avait son atelier rue Tourlaque… » Combien de fois avez-vous croisé ces artistes devenus des légendes, à l’instar de Galanis dans l’atelier duquel, 12, rue Cortot, se trouvait une presse offerte par Degas, Van Dongen, et ses amis du Bateau-Lavoir, Camoin « le

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À LA RENCONTRE DE...

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fauve de l’avenue Junot », Picasso et ses fidèles de la Place Ravignan, Severini, Heuzé, Domergue et Bernard Lorjou que de fréquentes crises d’asthme obligeaient à voyager toutes vitres fermées en plein été ?... « Elle en aura vu passer la place du Tertre, aimez-vous rappeler, depuis le temps où son terrain abritait les

En vous écoutant, chère Serpolette, nous conter le Montmartre de votre vie, on prend aussi conscience que l’âme d’un lieu ne s’inscrit pas seulement dans les pierres…

fourches patibulaires et le gibet installés à la demande des Abbesses détentrices du droit de justice, jusqu’aux millions de visiteurs en provenance du monde entier venus admirer aujourd’hui les dernières œuvres de ses peintres victimes de la concurrence chinoise. Elle en aura ressenti des angoisses lorsqu’un décret en 1867 annonça sa suppression afin d’élargir la rue Norvins… Par bonheur, le projet fut abandonné. Elle en aura éprouvé du plaisir lorsqu’aux terrasses de ses cafés se retrouvaient devant une « fée verte » ou un verre de petit vin d’Anjou Jules Depaquit, Maurice Hallé, maire et maire-adjoint de la Commune libre, entourés du poète Couté, du chansonnier Lucas, de Max Jacob, d’Erik Satie, concoctant ensemble le lancement de « La Foire aux Croûtes », manifestation destinée à ravir les amateurs de toiles, pastels, eaux-fortes, croquis et dessins humoristiques, tandis que quelques gallinacés picoraient devant eux la terre battue qui bordait les vieilles maisons lézardées, bordées de lilas ! » A l’évocation de vos souvenirs, chère Serpolette, on ne peut qu’être songeur… En ces années fécondes, combien avez-vous rencontré d’auteurs, compo-

siteurs, interprètes courant sur la place, de cabaret en cabaret, de Chez Patachou au Tire-Bouchon, des Trois Baudets à Chez ma Cousine, des Deux Ânes à Chez la Mère Ubu ? Combien d’éclats de rire avez-vous lancé quand Raymond Devos, sur la petite scène du cabaret Chez Plumeau créa en 1957 ses célèbres monologues « Le car pour Caen » et « La mer démontée » ? Quel plaisir si le temps le permettait d’entendre sur la place le gitan Manitas de Plata improviser à la guitare ! Combien de larmes avez-vous versées, en ce triste 12 mai 1970, lorsqu’au-dessus du Bateau-Lavoir vous avez aperçu des nuages noirâtres qui obscurcissaient le ciel, signes annonciateurs du violent incendie ravageant le refuge légendaire des peintres de la Butte ? Certes aujourd’hui ce Montmartre s’en est allé. Les petits ateliers, où flambait l’hiver un grand feu de bois et où le soir, sur la table, brûlait une grosse lampe à pétrole, ont fait place à des appartements sophistiqués. Les lorettes vêtues de satin et de velours ne descendent plus avec insouciance des cabriolets et le Moulin de la Galette a cessé depuis bien longtemps de bluter la farine… La butte champêtre dont rêvait Amélie Poulain dans son « Fabuleux destin » s’est réfugiée de l’autre côté du miroir du temps, mais qu’importe ! Quelques foyers de résistance perdurent, à l’instar du Lapin Agile où Yves Mathieu s’accroche à la barre et maintient le cap comme sa mère le fit dès 1938. Chaque soir, sans micro, il égrène chansons et poèmes dans un décor resté inchangé depuis 1860. Dans l’ombre du souvenir, Carco, Dorgelès, Mac Orlan, Apollinaire sont toujours dans le jardin entouré d’acacias, prêts à suspendre à la queue de Lolo, l’âne du

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Père Frédé, un pinceau grâce auquel ils feront renaître un nouveau « coucher de soleil sur l’Adriatique » Le Lapin Agile, que de fois l’avezvous peint, réinterprété selon les saisons de votre regard. Tous nous gardons en mémoire « la Serpolette », cette fameuse et si belle affiche des vendanges, « Le Lapin Agile au pied des vignes » que vous aviez réalisée en 1983. Dans les années soixante une directive municipale avait imposé aux peintres de la place des sujets qui concernaient Montmartre, puis dans les années soixante dix, alors que le tourisme se développait, les artistes prirent conscience de la difficulté de maintenir la qualité, la réputation et l’esprit de la bohème montmartroise face aux peintres-vendeurs peu scrupuleux, voire fraudeurs. C’est ainsi qu’en

Un peintre, place du Tertre, dans les années 50

1983 vous avez assisté à la création du Carré aux Artistes, à l’initiative de l’association pour les droits et la défense des artistes-peintres de la place du Tertre. Désormais, les artistes présents, au nombre de 298, sont admis par un jury et alternent sur 149 emplacements de 1m². Aujourd’hui, le flot des touristes est important, continu, pressant, sollicité par des galeristes importateurs


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À LA RENCONTRE DE... de productions chinoises, et s’y mêlent ter contre l’appétit gargantuesque des toujours des « peintres à la sauvette ». promoteurs, elle continue à s’adapter La vigilance est toujours nécessaire aux soubresauts de l’histoire comme par pour veiller à l’esprit de la Butte… magie. Parfois quelques tensions appa raissent à l’ombre du clocher de l’église En vous écoutant, chère Serpolette, Saint-Pierre entre artistes et cabaretiers nous conter le Montmartre de votre vie, à propos de la manière de rationaliser on prend aussi conscience que l’âme d’un lieu ne s’inscrit pas seulement dans les pierres… Vous soupirez : « Les gamins du haut et du bas de la Butte qui aimaient chahuter entre les chevalets, taquiner gentiment les peintres, « titis » farceurs pour lesquels la place était une aire de jeux ont disparu. Mais le soir, après la journée de travail, quand les ruelles pavées sont désertées et que les artistes se retrouvent autour d’une table, alors Montmartre leur appartient, comme ils appar- Place du Tertre par Lucien Génin (1894-1953) tiennent à Montmartre ! » Votre place du Tertre, dont vous l’occupation de son espace, et d’acêtes maintenant la doyenne, a toujours cueillir au mieux ses portraitistes, carisu se parer des atours de la création et caturistes, silhouettistes ; le projet de du plaisir. Si son cœur se met par mo- rénovation de la place vous alarme car ment à palpiter d’une vie secrète, à lut- les terrasses des restaurants mordent de

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plus en plus sur les malheureux mètres carrés qui sont alloués aux artistespeintres… Ne laissons pas ce lieu d’exception célèbre dans le monde entier se retrouver privé de ses artistes ! Défendons ce qui peut l’être encore, sachons raison garder et restons optimistes car n’oublions pas qu’à Montmartre … tout finit toujours par des chansons ! Chère Serpolette, vous dont le prénom évoque aussi les riches heures du Moulin-Rouge lorsque les reines du cancan s’appelaient La Goulue, Miss Jenny, Nini pattes-en-l’air, Grille d’égoût et… Serpolette, Cher Sénateur, permettez à vos compagnons de la République de Montmartre, de l’Académie Rabelais, enfin, à tous vos amis, de vous renouveler leurs meilleurs souhaits en l’honneur de vos 96 printemps.. Gérard Letailleur


PATRIMOINE

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POUR QUE VIVE MONTMARTRE

C

HISTOIRE DE LA SAUVEGARDE DE LA BUTTE MONTMARTRE DEPUIS 1921

ertains lieux conduisent l’état poétique à la façon d’une électricité douce, les frontières entre le rêve et la vie y sont plus poreuses, et l’aimantation qu’ils exercent se démultiplie de toutes les œuvres qu’ils ont inspirées. Montmartre a arraché sa survivance de haute lutte, faisant souvent bifurquer les coups de crayon administratifs. On ne saurait dire ce qu’il fallut de talent, de volonté, de force de persuasion aux pionniers de la société Le Vieux Montmartre pour faire entendre des notions aussi inaudibles au début du XXème siècle que la poétique de la mémoire ou le patrimoine des urbanismes faubouriens. Imposer la force de la modestie, la simplicité à l’ostentatoire était alors une véritable gageure. Mais grâce à la persévérance de cette « chevalerie » vouée à la défense du site, on peut encore cueillir sur la Butte des bouquets de souvenirs vivants : les ruelles bordées de jardins échevelés y décollent, serpentent, s’écroulent au bord du ciel, et vous en font voir de toutes les couleurs du réalisme magique cher à Mac Orlan et Marcel Aymé. Créée en 1886 par l’ingénieur et architecte Charles Sellier, la société du Vieux Montmartre, d’abord constituée d’érudits et de chercheurs, entra en résistance active au début du XXème siècle, pour endiguer les avancées de l’urbanisme à modèle parisien destructeur de l’identité de la colline. A la tête de ce combat, un homme d’exception : Victor Perrot, qui était à la fois président du Vieux Montmartre et président de la Commission du Vieux Paris.

LE 28 MAI 1921,

Victor Perrot marque l’opposition de la Commission au projet de construction d’Habitation à Bon Marché (HBM) prévu sur le terrain de la rue des Saules appartenant à La Ville, et demande que soit « assurée à la butte Montmartre la conservation de ses persLes premiers poulbots, place du Tetre, au début du 20e siècle

Percement de l'avenue Junot sur l'ancien maquis, par Alfred Renaudun, collection Le Vieux Montmartre. Le Vieux Montmartre obtint que la nouvelle avenue ne soit pas prolongée jusqu’au Sacré-Cœur - ce qui aurait signifié la destruction de la place du Tertre…

pectives et de ses sites ». Il rappelle avec force que ces libres jardins compris entre les rues Cortot et Saint-Vincent avaient été achetés par la ville à l’initiative de Jean Varenne, élu du quartier des Grandes carrières, lui aussi membre de la commission du Vieux Paris, en vue de préserver ce paysage montmartrois, et non de le bâtir !

LE 26 JANVIER 1922,

à la suite de son rapport sur la préservation du château des brouillards, la Ville renonce à son funeste projet de prolongement de la rue Simon Dereure, qui signifiait la destruction de cet ensemble historique et poétique. Victor Perrot, nouveau propriétaire du domaine avec deux amis montmartrois, Piraud et de La Nezière, signe une convention avec la Ville de Paris autorisant l’aménagement de l’Allée des Brouillards pour relier la rue de l’Abreuvoir.

LE 22 JANVIER 1929, le projet de

constructions rue des Saules n’étant toujours pas abandonné, Victor Perrot écrivit

un nouveau vœu, pour la conservation du terrain (en application du premier vœu de mai 1921) et pour « l’établissement d’un plan d’aménagement du site de Montmartre - conformément à la loi du 14 juillet 1924 sur l’aménagement des villes ». Ce dernier point posait pour la première fois les bases de l’action future. Le 30 juin, la République de Montmartre inaugurait joyeusement un vrai-faux « square de la Liberté », aménagé pour les enfants sur le terrain, confortant l’action du Vieux Montmartre. Le préfet de la Seine, M. Bouju, sensible à la cause, se rendit sur place à l’invitation de Victor Perrot : peu après sa visite, le site fut déclaré inconstructible et le projet immobilier rejeté par le conseil municipal du 31 décembre 1929. L’un des plus beaux coteaux de la Butte, face au Lapin Agile, était sauvé ! C’est sur ce terrain que serait bientôt plantée la vigne, pour ressusciter un paysage caractéristique de la colline préurbaine.


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PATRIMOINE MAIS AU PRINTEMPS 1930, NOUVELLE ALERTE : un établisse-

ment industriel demande l’autorisation de construire son usine de décapage de métaux sur l’ancien jeu de boules, 9 rue Girardon, entre l’avenue Junot et le château des Brouillards ! Sur un nouveau rapport de Perrot, la Commission du Vieux Paris réclame aussitôt la préservation du site, aux termes de la nouvelle loi sur la Protection des Monuments naturels et des sites, qui venait d’être promulguée le 2 mai 1930. Malgré cette intervention, malgré l’avis défavorable de l’enquête « de commodo et incommodo », malgré l’opposition générale, l’autorisation est accordée… Alerté par Perrot, le Sous-Secrétaire d’Etat aux beaux-Arts, Henri Lautier, notifie alors son intention de poursuivre le classement du site attenant aux derniers moulins à l’industriel propriétaire du terrain : celui-ci se résigne et se console, moyennant une forte indemnité, à le vendre à la Ville de Paris : ainsi les boules continueront-elles à s’entrechoquer en ce jardin, sous le regard bienveillant de Saint-Denis, qui depuis belle lurette a perdu la sienne !

LA VICTOIRE ET LE PLAN DE SAUVEGARDE

En mai 1946, sur un rapport d’ensemble faisant rappel des actions de sauvegarde menées depuis 1921, présenté par Victor Perrot, la Commission du Vieux Paris demandait officiellement au ministre de l’Education Nationale l’inscription du site de Montmartre à l’Inventaire des monuments naturels et légendaires. Trois ans plus tard, le 15 mars 1949, la Commission des Sites inscrivait enfin

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sur l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques le site de Montmartre, délimité sur un rapport de M. Le Golf, délégué des Beaux-Arts, sur la base du plan établi par l’architecte montmartrois Claude Charpentier. Cette double victoire de 1949 et 1956 marquait un renversement de situation : la capitale reconnaissait enfin que Montmartre ne lui appartenait pas dans son identité profonde, et que c’était justement en gardant sa spécificité à ce quartier d’exception qu’on ajoutait à Paris. Cet accord unanime des administrations, assemblées, commissions, du Touring club et de la presse dans toutes ses manifestations, ne pouvait être comparé qu’à celui réalisé pour la sauvegarde de Versailles. Quel sacre pour le vieux village si longtemps malmené ! C’est le préfet Paul Haag, par ailleurs président de la Commission des Sites, qui donna la charge à Claude Charpentier, secondé par l’agent voyer en chef de la ville, Jacques Ogé, du plan d’aménagement du site de Montmartre. Le comité de sauvegarde formé par Paul Yaki, nouveau président du Vieux Montmartre, Perrot, Charpentier et Ogé en février 1954, tenait ses séances au château des Brouillards, véritable laboratoire de la renaissance. Deux grandes expositions furent organisées avec un grand succès, en juillet 1955 puis en novembre 1956, à l’Hôtel de Ville de Paris, présentant deux maquettes, véritables chefs-d’œuvre réalisés par l’artiste plasticien Follmer. En décembre, le conseil municipal parisien votait le plan d’aménagement ainsi que les moyens nécessaires à sa réalisation. Ce plan, avec son programme de servitudes, fut celui que

CLAUDE CHARPENTIER (1909 - 1995)

S

ur le modèle de Montmartre, Charpentier, qui participa à l’élaboration de la loi Malraux, fut chargé de nombreuses restaurations d’ensembles de caractère, à Paris, Compiègne, Senlis, dans le vieux Lyon, dans plusieurs régions Au passage, il fit échouer plusieurs projets aberrants à Paris, tels que la construction des bords de Seine ou la destruction du quartier du Marais.

Claude Charpentier appliqua avec une autorité de fer jusqu’en 1983, et qui servit de modèle pour l’application du POS (Plan d’Occupation des Sols), établi ensuite par un autre grand défenseur du patrimoine urbain, Alexandre Melissinos.

LA MISE EN PLACE DU PLAN DE SAUVEGARDE Au début de son action, Charpentier fut soutenu par de grands préfets, des esprits éclairés, Haag, puis ses successeurs Émile Pelletier et Benedetti. Ainsi put être sauvé l’un des sites les plus extraordinaires de Montmartre, l’actuelle « cité internationale des arts », 24 rue Norvins, fortement menacée depuis 1948, que Charpentier rénova et réaménagea en vue d’y fonder, sur un concept de Paul Yaki, une cité d’artistes champêtre, préservant le cadre buissonnier, « maquisard », du Montmartre originel (lire page 35). La rue de l'Abreuvoir chère à Nerval


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Peu de temps après, le préfet lui confiait la restauration de la demeure dite de Rosimond, 12 rue Cortot : la société Le Vieux Montmartre y créa en 1960 le musée de Montmartre, où elle put enfin présenter ses superbes collections. Ceux qui aujourd’hui ont à charge l’exploitation de ce lieu exceptionnel, doivent garder à l’esprit que nos générations l’ont hérité de la volonté inusable d’un groupe de bénévoles, à qui l’on doit plus encore : l’existence du quartier-village tout entier. Ces deux sites clefs étaient garants de la pérennité de Montmartre : d’une

Le Lapin Agile, acheté et sauvé par Aristide Bruant au début du 20e siècle

part, rue Cortot, le pôle mémorial, les collections et expositions présentées dans un cadre à dimension historique, et d’autre part, rue Norvins, un pôle créatif ouvert aux jeunes artistes.

30 ANS DE PROTECTION RAPPROCHÉE

La plus ancienne photo des moulins de Montmartre (collection Le Vieux montmartre)

Louis Lumière et Victor Perrot 1938

Une tombola, lancée par le comité de sauvegarde, rapporta 22 millions de francs. La somme fut utilisée pour la restauration de nombreuses façades. Le cahier des charges du plan de sauvegarde, premier du genre en France touchant un quartier entier, définissait rigoureusement « les zones d’activités, les conditions d’occupation des sols, les espaces non aedificandi, la hauteur, la nature des matériaux, la couleur des magasins, le dessin des enseignes. » Ainsi les espaces verts, les bâtiments et devantures furentils soumis à charges, prescriptions et validations - permettant d’éliminer les permis irrespectueux du particularisme montmartrois et de conduire les rénovations adaptées. Ce plan fut appliqué par Claude Charpentier jusqu’en 1983 et il servit ensuite de modèle pour l’application du Plan d’Occupation des Sols, établi par un autre grand défenseur du patrimoine urbain, Alexandre Melissinos.

niers temps par de nombreux commerces ont endommagé certaines rues. Le rôle des associations historiques et patrimoniales doit demeurer primordial sur ces questions. Le conseil municipal du 18ème arrondissement vient d’adopter un vœu important dont l’objet correspond à cette préoccupation : il s’agit de la candidature du site de Montmartre à une inscription au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Pour donner corps au vœu municipal, sur la base d’une formule développée par l’UNESCO, le Vieux Montmartre a appelé à la constitution d’un pôle associatif participatif, force de réflexion et de propositions, afin de s’impliquer auprès des élus et donner toute chance à cette candidature. Le collectif des associations montmartroises, qui a si bien œuvré pour la rénovation de la Villa Radet (lire page 32), a toute vocation à élaborer un cahier de propositions concernant les devantures touristiques, la préemption de commerces, la circulation, l’architecture, la végétalisation, etc. Il revient à tous ceux qui animent aujourd’hui le village, et à tous les « sympathisants », de continuer de le défendre avec la même vigilance, la même passion que leurs prédécesseurs. Pour que vive Montmartre ! Jean-Manuel Gabert

QU’EN EST-IL AUJOURD’HUI ? Hiroglyphes des compagnons charpentiers sur le moulin Blute-Fin

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Montmartre a bien sûr préservé son charme unique, bigarré, fascinant, mais les défigurations subies ces der-

PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ LE VIEUX MONTMARTRE


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PATRIMOINE ET SAUVEGARDE

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LA RENAISSANCE DE LA CITE DES ARTS

UNE VICTOIRE COLLECTIVE

C

’est en effet la mobilisation du Collectif des Associations Montmartroises, rassemblant 25 associations de la Butte, qui a permis de convaincre les élus de Paris de redonner à la Cité des Arts de Montmartre tout son rayonnement. Pourtant « l’affaire » semblait mal en-

politiques autour de projets qui nous tiennent à cœur. Ainsi la Cité des Arts au 24 rue Norvins extraordinaire joyau, avec son grand parc et ses bâtiments, ne peut rester à l’abandon…. » Les immeubles et de nombreux ateliers d’artistes sont en très mauvais état.

arbres morts, il suffit de mettre en dessous un panneau danger pour dégager la responsabilité en cas d’accident si un inconscient s’y aventurait… Mais le mouvement était lancé. Les associations rassemblées allaient se mobiliser. Elles se réunissent au 21 place du Tertre à l’invitation de Roger Dangueuger président du Syndicat d’Initiative de Montmartre. Jean-Manuel Gabert, qui n’était pas encore président du Vieux Montmartre, et Alain Letoct, artiste résident permanent à la Cité, exposaient la situation et leur crainte si rien ne se faisait rapidement. Collectivement il est décidé d’engager des actions. Midani y implique pleinement Paris Montmartre.

LA VILLA MÉDICIS DE MONTMARTRE…

Les Présidents et responsables du Collectif des Associations Montmartroises le 12 septembre 2013

gagée. Traditionnellement c’est le Président de la République de Montmartre qui prononce le discours d’ouverture du Ban des Vendanges. C’est donc à cette occasion que le 12 octobre 2013 je déclare : « C’est aussi par Amour pour Montmartre que nous souhaitons que tous se rassemblent au-delà de leurs convictions

Dans le parc les arbres morts ne sont pas coupés, les quelques replantations de frêles arbrisseaux ont été étouffées par les ronciers, la Villa Radet subit les intempéries… Plusieurs élus présents sur la tribune me reprochent alors « vertement » ces propos…car selon eux tout va bien. C’est une nouvelle vie qui s’installe dans les

Des déclarations sont envoyées aux élus et publiées. Des journées portes ouvertes sont organisées avec l’appui de résidents pour permettre à tous de découvrir ce site exceptionnel. En juin 2014 une fête rassemble toutes les associations dans les jardins de l’Eglise Saint Pierre. En 2015 le Collectif propose le projet de Villa Médicis à Montmartre dans le cadre des budgets participatifs. Il prend de nombreuses initiatives pour le promouvoir tracts, réunions, démarches auprès des élus…. Malheureusement, le projet est soumis aux parisiens sans être identifié. Il se trouve regroupé avec diverses autres


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PATRIMOINE ET SAUVEGARDE

propositions d’actions culturelles. Il ne peut donc être retenu. Mais nos actions sont entendues. Le 1er mai 2016, lors de la remise du muguet par la République de Montmartre, la Maire de Paris confirme sa volonté de rendre à la Cité des Arts de Montmartre tout son éclat et son rayonnement culturel international. Elle annonce que les premiers travaux doivent commencer début 2017. En octobre 2017 : Viva Villa ! le festival des résidences d’artistes initié par la Villa Médicis à Rome, la Casa de Velázquez à Madrid et la Villa Kujoyama à Kyoto se déroule dans la Villa Radet alors en travaux. En novembre 2018 la République de Montmartre organise dans la Villa Radet sa 8ème Biennale d’art contemporain de

la Palette, de l’Objectif et du Burin. Elle y essuie les plâtres. C’est un grand succès de fréquentation. Le public admire les très belles œuvres des 56 artistes exposants… et découvre pour la première fois ce lieu exceptionnel. La Villa Radet étant désormais achevée, la rénovation complète du site doit s’engager prochainement : bâtiments, ateliers d’artistes, et le parc replanté d’essences locales lui conservant son aspect de bois sauvage. Nous demeurerons vigilants. Le square Frédéric Dard, dont l’entrée est rue Norvins, a été créé par une amputation du parc. C’est un espace isolé, clos de murs sur la rue. Il est aujourd’hui mal fréquenté principalement la nuit après sa fermeture. De frêles barrières le sépare de la Cité favorisant des incursions. La question de sa sécurisation se pose en particulier pour les familles qui amènent leurs enfants y jouer. Faut-il charger le commissaire San Antonio de trouver rapidement la solution ? La mobilisation pour la Cité des Arts s’inscrit dans la longue tradition montmartroise de défense de notre village et de son esprit. Dès sa création en 1920 la République de Montmartre a été de toutes les batailles pour la sauvegarde, la protection du patrimoine culturel architectural et artistique de notre village. Elle l’a été hier, elle le sera encore demain. Comme ce 30 juin 1929 où, à l’insu des autorités, la République de Montmartre invitait les Montmartrois à l’inauguration du Square de la Liberté où elle avait installé des jeux pour les enfants. Il deviendra quelques années plus tard la vigne du Clos Montmartre, que le monde entier nous envie. Alain Coquard

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LA CITÉ INTERNATIONALE DES ARTS À MONTMARTRE

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ntre les rues Girardon, Abreuvoir et Norvins nous attend un véritable joyau patrimonial, la Cité Internationale des Arts de Montmartre. Elle domine la Butte dans son écrin de verdure riche de l’histoire de ce berceau de l’art qu’est Montmartre. Quatre bâtiments représentant environ une superficie de 2300 m2 dans un parc boisé de près de 7 000 m2. Depuis le 24 rue Norvins, on découvre l’ancienne ferme du Point de Vue du 17ème siècle, l’un des plus anciens bâtiments de la Butte. Une ferme entourée de jardins en pentes, les restes du moulin Radet : voici les précieux témoins du monde rural du Montmartre de l’époque. Après le meunier Chapon acquéreur en 1717, plusieurs propriétaires vont se succéder avec des fortunes diverses. Une construction flanquée de deux petits pavillons viennent s’ajouter en 1840. En 1870 la famille Beurdeley acquiert l’ensemble des terrains et y fait élever à l’angle de la place Dalida la belle et imposante demeure bourgeoise de style haussmannien que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de villa Radet en souvenir du lointain moulin du Radet.. Passée la villa, montons un petit chemin de charme qui conduit aux ateliers et logements actuels.. A l’origine, il s’agissait de lotissements locatifs élevés par Beurdeley à des fins de rentabilité. Nous voici transportés en dehors du temps dans un univers à la fois champêtre et bohème. Ces bâtiments ont

été fréquentés par des figures légendaires de la Butte Gérard de Nerval, la Goulue, Marcel Aymé, Modigliani, Gen Paul, Courteline, etc… Dans les années 1930, la Société du Vieux Montmartre se mobilise pour la protection du site. En visionnaire, elle œuvre à la sauvegarde de plusieurs sites menacés, dont le Château des Brouillards voisin, et rêve déjà à l’ouverture d’un musée et à l’aménagement d’une cité d’artistes au cœur de la Butte.

Seconde victoire le 15 mars 1949 quand le site de Montmartre est inscrit sur l’inventaire des monuments naturels de légende à l’issue de combats acharnés. En 1956, le Conseil de Paris vote les premiers crédits pour la restauration des bâtisses qui seront réservées à de jeunes artistes en vue d’établir la Cité des Arts de Montmartre. Troisième grande victoire en 1957 : la Ville acquiert la propriété Beurdeley. Claude Charpentier met en œuvre le plan de sauvegarde et de protection de Montmartre. (Voir l’article de JeanManuel Gabert sur le plan de sauvegarde de Montmartre pages 29 à 31) En 1969, Claude Charpentier fait construire une série d’ateliers qui regardent les jardins à partir des murs mitoyens de la rue Girardon.

1948 : la Société du Vieux Montmartre va s’appuyer sur l’engagement passionné de Claude Charpentier, jeune montmartrois, architecte urbaniste, pour concrétiser le projet bien compromis pour ce domaine d’exception menacé. En effet, il est prévu d’y implanter les bâtiments d’une école professionnelle. Le président Paul Yaki et Claude Charpentier, au nom de la Société du Vieux Montmartre, obtiennent une promesse d’achat du site par la Ville afin d’en préserver le caractère et d'y créer une cité d’artistes.

C’est en 1971 que la Ville loue le site à la Cité Internationale des Arts permettant l'installation d'un pôle créatif unique, cette « villa Médicis » pour Montmartre. Aujourd’hui, dans ce cadre exceptionnel, qu’est la Cité Internationale des Arts de Montmartre, 37 ateliers et des logements sociaux sont réservés à l’accueil d’artistes internationaux et français et d’outremer pour des durées temporaires qui leur permettent de travailler. A Montmartre, on rencontre plutôt des écrivains, des plasticiens, des dessinateurs des artistes du son en raison

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PLEIN FEUX SUR d’installations sonores et des ateliers de peintres récemment créés dans le cadre de la rénovation d’ampleur mise en place par la Ville en 2015. Dans le respect des lieux historiques tout en utilisant les techniques les plus modernes La Villa Radet a ainsi retrouvé son éclat. Tout y a été conçu pour être propice à la création artistique. La Direction des Affaires Culturelles est le premier et précieux interlocu-

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tistes au monde. Si elle est née en 1965 de la volonté de réunir à Paris des artistes du monde entier, dès 1937 une cité internationale était présente à l’exposition universelle au Trocadéro et avait fait germer le projet de mieux accueillir les artistes français ou étrangers afin de leur permettre de vivre plus dignement pour travailler. Soulignons le rôle déterminant de l’architecte Félix Bruno par ailleurs grand résistant. Il a fallu attendre l’après-guerre pour

UNE FONDATION OUVERTE SUR LE MONDE La Cité Internationale des Arts est le plus grand centre de résidences d’ar-

Salle d’exposition dans la Villa Radet

Fondation d’utilité publique, la Cité internationale des arts se développe sur deux sites complémentaires. D’abord Le Marais puis Montmartre. Un conseil d’administration présidé par Henri Loyrette, ancien président du Louvre, réunit 12 membres représentants de la Ville de Paris, des ministères des Affaires Etrangères, de la Culture, de l’Intérieur, des directions et personnalités du monde artistique et culturel. Depuis 2016, la directrice générale en est Bénédicte Alliot. Avec son statut tout à fait particulier, la Cité n’est ni un système permanent ni pérenne. Elle entend favoriser les rencontres, les échanges et les croisements artistiques les plus créatifs ce qui n’est pas sans évoquer les échanges fructueux entre Picasso et Appolinaire à Montmartre ou Courbet et Baudelaire au quartier latin …

Dans le Parc de la Cité des Arts de Montmartre

teur de la Cité. En pleine concertation, on œuvre à accompagner l’artiste dans une expérience unique, en donnant à la restitution la place importante qui doit être la sienne. Cela via les ateliers, les réunions, les expositions etc… Les portes ouvertes de la Villa Radet se multiplient pour mettre en lumière la réalité du travail effectué.

étrangers mais aussi français et d’outremer.

que, devenu inspecteur général,Félix Bruno reprenne le le projet. Il a l’idée de construire dans une friche du Marais une cité sur le modèle moderniste de l’UNESCO. En outre, la vue sur la Seine est exceptionnellement belle. Au fil de son histoire,en plus de l’imposant monument central, la Cité est amenée à occuper des appartements pour loger ses artistes de façon autonome. L’objectif ambitieux et humaniste de ses fondateurs : Faire de Paris une capitale de l’Art et de la Culture en initiant des partenariats stratégiques pour mettre en place des programmes de résidences d’artistes

Elle se revendique un lieu de vie ouvert au monde, aux dialogues entre les cultures où des artistes peuvent se rencontrer et rencontrer leurs publics comme également des professionnels . Elle se veut une interface avec les galeries, les foires, les expositions… .

DEUX SITES COMPLÉMENTAIRES Le site du Marais, au 18 rue de l’Hôtel de Ville dans le 4ème, s’étend sur une emprise de 37 000 m2. Il dispose d’un Auditorium de 128 places, d’une Galerie


PLEIN FEUX SUR

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de 525 m2, d’ateliers collectifs, de studios de répétition, d’espaces d’exposition… Montmartre et le Marais permettent un brassage exceptionnel pour faire vivre cette expérience fondatrice exemplaire. A Montmartre sont accueillis des artistes qui souhaitent rester plus longtemps tandis que sur celui du Marais les durées sont plus courtes.

QUI SONT LES ARTISTES ? La cité accueille tous les pays y compris les artistes français, soit actuellement 100 pays Au total, 1274 artistes bénéficiaires en 2018 sur les deux sites de la Cité à raison de 326 accueillis simultanément dont une trentaine sur Montmartre. Tous pour une durée entre quelques mois et 18 mois au maximum. Toutes les générations de 18 à 90 ans y cohabitent permettant ainsi une incomparable transmission des savoirs. Toutes les disciplines artistiques s’y côtoient : peinture, sculpture, photo, vidéo, son, dessin, arts numériques, spectacle vivant, critiques et historiens, danseurs, comédiens d’art, musique, romanciers et poètes etc… Des programmes novateurs ont été élaborés en s’adressant à des institutions prescriptrices, qui souhaitent soutenir les talents émergents de la scène artistique internationale. La Cité est riche de 135 partenaires privés et d’institutions publiques du monde entier françaises et étrangères qui financent des programmes de résidences soigneusement conçus pour optimiser le parcours des artistes. Avec ces partenaires, la Cité choisit les artistes qui sont sélectionnés

par des commissions biannuelles ouvertes à toutes les disciplines. Les bénéficiaires étrangers et français sont retenus par le partenaire en lien avec la Cité Internationale des Arts sur la base de l’examen d’un projet. On travaille beaucoup par skype mais, bien entendu, des déplacements sont nécessaires pour rencontrer partenaires et artistes. Sur des périodes de 3 à 18 mois ils vont bénéficier d’un accompagnement privilégié et constant de la part de l’équipe de la Cité Internationale des Arts afin de les aider à mettre en œuvre la réalisation de leur projet, développer leur réseau, mais aussi rencontrer les autres résidents et des professionnels de la culture. Des espaces de répétition leur sont réservés ; ils peuvent également présenter leur travail par le biais de concerts, expositions, spectacles, projections, portes ouvertes etc… La Cité des Arts de Montmartre est l’aboutissement de près d’un siècle de combats des montmartrois pour préserver le site et le dédier à tous les Arts. La Cité Internationale des Arts une structure originale qui entend préserver les valeurs républicaines, une terre d’accueil et des Droits de l’Homme. Marie-France Coquard

LA CITE INTERNATIONALE DES ARTS Le Marais 18, rue de l’Hôtel de Ville 75004 Paris Montmartre 24, Rue Norvins 75018 Paris communication@ citedesartsparis.fr contact@citedesartsparis.fr

BÉNÉDICTE ALLIOT Spécialiste de l’International, Bénédicte Alliot dirige depuis mars 2016 la Cité internationale des arts à Paris, fondation privée reconnue d’utilité publique. Membre du Conseil d’administration du Centre National des Arts visuels (CNAP) et de l’Institut des Cultures d’Islam, Bénédicte Alliot participe à de nombreux jurys de commissions d’admission en résidences artistiques en France et à l’international. Agrégée d’anglais et docteure en anglais (littératures afro-américaine et caribbéenne), elle a été maître de conférences à l’Université ParisDiderot et a dirigé l’Institut français d’Afrique du Sud à Johannesburg où elle a notamment coréalisé l’exposition « Picasso et l’Afrique » avec le musée Picasso (Paris), la Standard Bank (Johannesburg) et la National Gallery (Cape Town). De 2006 à 2010, elle est attachée culturelle à l’Ambassade de France en Inde, à New Delhi, où elle co-organisera par exemple l’année de la photo en Inde (India Photo Now, 2008) et coordonnera le premier grand festival de la France en Inde, « Bonjour India » (2009-2010), déployé dans 15 villes en Inde, en partenariat avec Culturesfrance. De 2010 à début 2016, elle a dirigé le pôle des Saisons culturelles à l’Institut français à Paris, où elle a piloté 14 saisons, festivals, tandems culturels et artistiques en France et à l’étranger.

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ASSOCIATIONS VOISINES

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UN JUMELAGE D’ENVERGURE ENTRE LA

RÉPUBLIQUE DE MONTMARTRE ET L’ASSOCIATION DES AMIS D’ALPHONSE ALLAIS À l’initiative de Marie Cottinet, ambassadeur de la République à Honfleur, l’Association des Amis d’Alphonse Allais a été jumelée avec la République de Montmartre en 2008, sous la mandature de Jean-Marc Tarrit. La cérémonie s’est déroulée à La Crémaillère, place du Tertre, où siège l’association créée en 1934 pour promouvoir l’œuvre, l’image et l’esprit d’Alphonse Allais. Ce grand humoriste, natif de Honfleur, fut l’un des piliers du Chat Noir de Rodolphe Salis et rédacteur en chef de l’hebdomadaire éponyme. L’Association de ses Amis organise des évènements médiatisés, institutionnels et insolites en s’appuyant sur la notoriété d’un aréopage de person- Le président Philippe Davis (à gauche) et le chancelier Xavier Jaillard (à droite) entourant de célèbres académiciens nalités regroupées dans l’Académie Alphonse Allais dont le chancelier est Xavier Jaillard. En sont notamment Elle est membre du Collectif des Associations Montmartroises et membres Claude Lelouch, François Rollin, Grégoire Lacroix, Paul est présidée par Philippe Davis, citoyen d’honneur de la RépuDureau et bien d’autres. blique de Montmartre. Parmi ses administrateurs figurent MarielleL’Association des Amis d’Alphonse Allais décerne chaque année le Frédérique Turpaud, maire de la Commune Libre, et Pierre Passot, Prix Alphonse Allais à une œuvre en rapport avec l’esprit allaisien. notre Premier ministre.

DEUX COMMUNES EN UNION LIBRE…

DEVISES : « POUR CE QUI EST CONTRE ET CONTRE CE QUI EST POUR » & « ART, GAIETÉ, BONTÉ »

La poétesse et dessinatrice Marielle-Frédérique Turpaud, cinquième Maire de la Commune Libre, le président Jean-Loup Bouvier et l'Amiral.

Elle fête aussi ses 100 ans. En 1920, Montmartre invente la Commune Libre, à la suite de fausses élections municipales parodiques… Victoire des « Antigratteciellistes » avec à leur tête le dessinateur Jules Depaquit, ancien du Chat-Noir, qui sera le premier maire de cette mairie de fantaisie, qui fit beaucoup parler de Montmartre. En 1924, Lemoine, patron du restaurant À la Mère Catherine, fonde avec le journaliste sportif Pierre Labric, une seconde commune libre, la Commune Libre du Vieux Montmartre ! Toutes Communes Libres confondues, on devra à cette association bicéphale un grand nombre d’animations festives, toujours humoristiques, parfois délirantes, souvent caritatives : la première fête des Ven-

danges en 1934, la course de côte au ralenti, la traversée de Montmartre à la nage (!), la Foire aux croûtes (expositions en plein air aux origines de la place du Tertre), ou la création en 1952 du Syndicat d’Initiative du Vieux Montmartre. En 2018, une assemblée générale extraordinaire a consacré l’union libre des deux communes : la Commune Libre de Montmartre, dorénavant une et indivisible, peut poursuivre ses traditions sous la présidence de Jean-Loup Bouvier, avec entre autres le Réveillon républicain, le discours en vers des Vendanges (par MarielleFrédérique Turpaud), le Banquet de la Marine de Montmartre ou les Mariages montmartrois (le plus célèbre fut celui de Coluche et Le Luron, en 1985), etc.

LES COMPAGNONS DE LA BUTTE CHANTENT MONTMARTRE

L

a chorale des Compagnons de la Butte Montmartre poursuit la tradition des chœurs en faisant connaître le patrimoine culturel et le répertoire chansonnier montmartrois. Présidée par Arlette Pinçon, elle est dirigée par sa Chef de Chœur, Brigitte Mazère. Ses 33 choristes

sont très appréciés lorsqu’ils se produisent lors de cérémonies organisées par la Municipalité, le Comité des Fêtes, le Centre d'Action Sociale, en particulier à l’occasion du Ban des Vendanges. La chorale est aussi demandée à l’extérieur, elle contribue à faire apprécier notre village. Brigitte Mazère


ASSOCIATIONS VOISINES

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LE COMITÉ DES FÊTES DE MONTMARTRE ÉLÈVE LE VIN DE LA BUTTE

A

ssociation fondée en 1934, le Comité des Fêtes et d'Actions Sociales du 18ème arrondissement de Paris, présidé par Eric Sureau, veille sur le célèbre Clos Montmartre, contribuant à développer la qualité du vin de Montmartre à travers la mission de l’œnologue Sylviane Leplâtre, participant à la vinification, puis se chargeant de la mise en bouteilles et de la promotion de sa cuvée. Les bénéfices issus de la vente des bouteilles du Clos Montmartre et de ses produits dérivés permettent au Comité de soutenir ou organiser De gauche à droite : Hubert (au fond à gauche), Pascal LE PESTIPON (devant), Corinne BEN AMOR, Marie-France tout au long de l’année de nombreuses actions PALMIER, Eric SUREAU, Monique CAPPOEN, Didier BICAL, Brigitte BELOUARD, Tony LUCAS, Tania MERCUSOT (assise) solidaires et sociales : déjeuner de Noël et Galette des Rois des Anciens, participation au Gala des Papillons Blancs, les P’tits Poulbots, les enfants des centres de loisirs et les angoûter de la chorale des écoles du 18e, sorties culturelles pour ciens du 18e…

LA COMMANDERIE DU CLOS-MONTMARTRE TRANSFORME L’EAU EN VIN

Le 23 mai 1983, Maurice His, président de la République de Montmartre, décide de combler un manque flagrant en créant la seule confrérie vineuse parisienne, afin d’honorer le Clos-Montmartre. Une tenue d’apparat est dessinée pour l’occasion - rouge lie de vin rehaussée d’or et d’argent - qui n’a rien à envier aux fières sociétés bacchiques représentant les plus célèbres vignobles français. Au regretté Maurice His, succéda Robert Rivière - le président des P’tits Poulbots. Aujourd’hui, le Grand Maître Gilles Guillet reçoit les fidèles et intronise dans l’ancien réservoir d’eau de la Butte, à l’angle de la rue Norvins - un pavillon à fontaine de style néo-renaissance, datant de 1835, où l’eau n’a plus cours… Avec le fidèle Alain Valentin, le Grand Maître d’un coup de ceps magique transforme l’eau en vin, et le plomb du ciel parisien en or artistique montmartrois en accueillant régulièrement des expositions - l’une des dernières était consacrée aux 130 ans du Moulin Rouge. Gilles Guillet, Grand Maître de la Commanderie et Natacha His

LA SOCIÉTÉ LE VIEUX MONTMARTRE : LA DOYENNE Fondée en 1886 par des écrivains, historiens, architectes et artistes (Bin, Lamquet, Noro, Charles Sellier, Jacques-Charles Wiggishoff, etc.), la Société d’Histoire et d’Archéologie des IXe et XVIIIe arrondissements « Le Vieux Montmartre », est la doyenne des associations montmartroises et des Sociétés savantes et patrimoniales de Paris. Ses collections - 6 000 œuvres d’art variées classées Musée de France sont présentées au musée de Montmartre qu’elle a créé en 1960. Depuis 2011, un partenariat avec la société gestionnaire Kléber-Rossillon permet au Vieux Montmartre de se consacrer pleinement à ses vocations statutaires : l’enrichissement de

ses collections (par dons, legs, nouvelles acquisitions...), l’animation au musée d’un centre de documentation où les chercheurs peuvent consulter son fonds d’archives (environ 100 000 documents), et d’un centre culturel proposant un programme de conférences, rencontres et récitals. D’autre part, après avoir mené de multiples actions de sauvegarde du paysage montmartrois dès le début du XXème siècle, le Vieux Montmartre a obtenu en 1949 le classement de l’ensemble du site de la Butte. En 1956, son plan d’Aménagement a été validé et financé par la Ville de Paris (lire pages 29 à 31). Appliqué par l’archi-

Dans le jardin du musée, Jean-Manuel Gabert, président, et les vice-présidents Alain Larcher et Michèle Trante, animatrice du centre culturel.

tecte urbaniste Claude Charpentier, ce plan permit la restauration de très nombreuses maisons et devantures anciennes dans l’esprit du village et contribua à renforcer la protection du patrimoine sur le territoire national, concrétisée par la loi de 1962 sur les villes historiques, dite loi Malraux. La société le Vieux Montmartre a été reconnue d’Utilité Publique en 1967.

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POINT DE VUE

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INGRID ASTIER

LA FOLIE DES HAUTEURS

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’ai le cœur insulaire, de l’Irlande à la Polynésie, en passant par l’île d’Yeu. Longtemps, j’ai habité l’île Saint-Louis pour me réveiller chaque matin à flanc de Seine. Paris au fil de l’eau, c’est un autre Paris. Le Paris des pêcheurs et des plongeurs, des amants et des rêveurs, celui qui m’inspira Quai des enfers… Le jour où j’ai quitté l’île Saint-Louis, j’ai rejoint l’eau, différemment — en pleurant. Jamais, pensais-je, un quartier ne saurait me séduire autant… C’était

Montmartre par Serge Belloni

sans connaître Montmartre. Janvier 2019. Alors que l’hiver donne à Paris un air sévère, je monte la rue Caulaincourt. Cette rue qui est bien plus qu’une voie goudronnée, ce long ruban qui ondoie et n’en finit pas de s’élancer. Un ruban dont le bleu-gris, sous l’averse, joue la peau des bonites au sortir de l’eau. Un ruban qui ne redoute pas de survoler un cimetière et ses tombeaux, allongés pour l’éternité sur Paris l’affairée… Le cimetière de Montmartre pique ma curiosité. Il est

rare de surplomber la mort, et de la contempler avec gaieté, dans cette joie de s’élever vers les hauteurs de la cité. Montmartre a le pied montagnard. Partout, des escaliers dont les marches décourageraient de compter. Essayons : ceux de la rue Foyatier — que nargue le funiculaire — font deux cent vingt-deux marches. Montmartre… le plus haut village de Paris. Cent-trente mètres de haut, dit le géographe. L’infini, murmure le cœur. Car du dôme de la basilique, le regard n’a plus rien pour l’arrêter. Sauf le ciel, ce papier peint hors portée de main. Sur le parvis du Sacré-Cœur, Paris s’offre. Telle l’odalisque alanguie des tableaux orientalistes, dont les jambes caressent l’espace. Là-haut, en dépit de la nuée des touristes, le temps s’arrache à la furie. À Montmartre, on est à Paris — et ailleurs. L’océan de zinc y resplendit. Dès le premier jour, j’ai senti que, sur cette colline, la liberté parle au vent. Depuis la place du Tertre, toujours une brise pour s’engouffrer dans les escaliers de la rue du Calvaire, un air vertigineux pour dévaler les degrés et nous dire : « Respire, piéton, tu n’es plus prisonnier. » Sur la Butte, tout est ruelles, virages aux courbes lascives, petits jardins qui résistent à l’assaut de l’immobilier, arbres qui ont laissé aux troncs les cernes des années, feuilles de la vigne aux teintes qui signent les saisons mieux qu’un calendrier… Quel lacet plus parfait que l’embrassade de la rue Girardon et de la rue de l’Abreuvoir, là où Dalida veille à jamais ? Pour rencontrer la grâce de ces pavés, je suis prête à tous les détours. Car Montmartre fut un coup de foudre. Je rêvais de campagne à Paris. De ne plus me sentir coincée dans le flipper des grandes avenues. Ici, tout se mérite. Quand, depuis la place Blanche, je monte à vélo la rue Lepic, je ne peux m’empêcher de penser au Critérium du petit braquet, avec sa ligne d’arrivée


POINT DE VUE

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Photo : F. Mantovani

ses très nombreux articles dans de prestigieuses publications. Son dernier livre, La Vague, est un roman noir palpitant, dont l’intrigue passionnante est soutenue par des personnages sulfureux. Mais le principal est la plus belle et la plus dangereuse vague au monde, Teahupo’o, en Polynésie française. Dans un style à couper le souffle, sous la houle audacieuse de ses mots, l’auteur nous emporte avec virtuosité dans un monde où paradis et enfer, douleur et plaisir, vie et mort se mêlent dans une cruelle harmonie.

INGRID ASTIER L’écrivain, désormais montmartroise, est auteur de quinze ouvrages sans compter

Ingrid Astier, normalienne agrégée de lettres, femme intrépide, marraine de la Brigade Fluviale de la Police de Paris, écrivain envoûtant, metteur en scène de talent, peintre et dessinateur, a la passion de la création chevillée au corps. Un très admiratif remerciement pour l’article «La folie des hauteurs», magnifique ode à Montmartre, qu’elle offre aux lecteurs de Paris-Montmartre pour le centenaire de la République de Montmartre. Marie-France Coquard LA VAGUE Éditions EQUINOX / LES ARENES 398 pages - 20 euros

sur fond de Moulin de la Galette qui donnait des ailes aux réunies et son défilé pour comprendre combien la Butte est jambes. Ou encore aux « roule-toujours », ces hommes qui, fière de son identité. en tenue de ville et lestés d’un paquet de journaux de quinze Cette colline, je ne cesse de l’arpenter. En retour, elle, ne kilos, disputaient la fameuse Course cesse de me combler. De l’arbre qui des porteurs de journaux, avec arrivée défie l’horizontalité du parc du Château place du Tertre... C’est là que le Tour de des Brouillards à la beauté cachée Qu’on perçoive Montmartre France devrait se terminer ! Aujourd’hui, du Musée de Montmartre, de la glace comme « le grain de beauté écho moderne à ces héros d’un jour pistache-néroli d’Emmanuel Ryon à du XIXe et du XXe siècles, un trialiste Abbesses aux escargots de la Butte sur la joue de Paris » prend ici autrichien, Fabio Wibmer, descend en du boucher Jean-Christophe Prosper, tout son sens. Quel charme VTT les escaliers du Sacré-Cœur, tandis des nuits pailletées de Madame Arthur piquant ! Quelle espièglerie ! que des coursiers s’attaquent à la Butte aux sureaux du Jardin Sauvage Saintpour la course du Hou’s Alleycat… Les Vincent, Montmartre séduit et surprend, temps ont changé, l’exploit demeure. Montmartre capture, inlassablement. Claude Lelouch, lui, avait préféré la voiture au vélo, tournant, “ Ajoutez deux lettres à « Paris » : c’est le Paradis ” : écrit Jules en 1976, C’était un rendez-vous. Un court-métrage d’un peu Renard. Lorsque cette phrase le visita, je le parie, une Butte plus de huit minutes au volant de sa propre Mercedes, qui mit l’Éden dans sa vie. Ingrid Astier revisitait la traversée de Paris. Fixée sur le pare-chocs, la caméra filme, en un unique plan-séquence, sa ruée effrénée vers une femme, de la place Dauphine au parvis du Sacré-Cœur dont elle gravit les marches. Qu’on perçoive Montmartre comme « le grain de beauté sur la joue de Paris » prend ici tout son sens. Quel charme piquant ! Quelle espièglerie ! Le romantisme et la sensualité, c’est Montmartre, atelier d’artiste, autant que cabaret. À mon arrivée, La République de Montmartre m’a prise sous son aile. Joie de l’accueil de Marie-France et d’Alain Coquard, de cette découverte d’un vent de liberté qui, grâce à cette République dans la République, continue de souffler. Des femmes et des hommes, en cape et chapeau noirs à la Aristide Bruant, avec écharpe rouge comme le sang de la vigne, qui mêlent résistance et philanthropie pour que l’esprit de la Butte ne finisse pas complètement dilué. Il faut avoir connu une fois dans sa vie le Ban des vendanges à Montmartre, ses confréries

Rue des Saules

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BISTRONOMIE

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BISTROTS ET TERRASSES DE PARIS VUES DE MONTMARTRE

’esprit de Montmartre est frondeur et solidaire, et au village, en dépit parfois des divergences, le président Alain Coquard s’efforce de réunir, afin de préserver les valeurs de solidarité et un certain art de vivre : il connaît le pouvoir de l’engagement. Ainsi, lorsque notre ami Alain Fontaine décida de créer une association destinée

Dans les cafés, les peintres montmartrois trouvaient leurs modèles et leurs œuvres devenaient les miroirs de leur temps.

à inscrire au Patrimoine immatériel de l’UNESCO la Tradition et l’Art de Vivre des Bistrots et Terrasses de Paris afin de venir en aide à ces «Parlements du peuple» selon la formule de Balzac, la République de Montmartre ne pouvait que s’associer avec ferveur à cette initiative et lui prodiguer

ses encouragements face à l’inquiétante disparition qui les menace, liée entre autres à leur reprise par des chaînes de restauration industrielle. Terre d’asile des artistes et des libres-penseurs où saint Denis perdit la tête et Clémenceau releva la sienne et où, comme l’écrivit André Gill : «Tel au printemps un vieux miché Parade en galante toilette Tel en haut des buttes perché Rit le Moulin de la Galette». Montmartre se souvient que ce que l’on a jadis appelé estaminets, cabarets, tavernes, bistrots, cafés ou brasseries, a toujours servi de cadre aux inspirations artistiques les plus variées de ses peintres, poètes et chansonniers. C’est aussi sur la Butte que l’on célébra en 2014 le bicentenaire du mot bistro (signifiant «vite» dans la langue russe) lancé chez La Mère Catherine par les Cosaques pour hâter le service d’un p’tit verre au comptoir, à l’insu de leurs officiers hostiles à la consommation d’alcool... Les cafés furent à l’origine de nombreux voyages littéraires et jouèrent un rôle

essentiel dans la création et la société française. Rappelons, par exemple, que c’est au Procope, au XVIIIe siècle, de l’autre côté de la Seine, que Diderot et d’Alembert en devisant autour d’une table, décidèrent de réaliser ensemble leur encyclopédie avant de se rendre rue Saint-Honoré, au Café de la Régence, lieu de rencontre des amateurs du jeu d’échecs où des parties interminables opposaient Benjamin Franklin, l’air bonhomme, à Jean-Jacques Rousseau, l’œil inquiet... Non loin, un jeune avocat de province, Robespierre, feuilletait leMercure de France que venait de parcourir l’officier d’artillerie Buonaparte... On le voit, l’existence des cafés est indissociable de l’Histoire. Comme l’écrivit en 1833 Salvandy, futur ministre de l’Instruction publique : « Les cafés ont une importance réelle, c’est une institution éminemment démocratique », « Le café est réellement une institution française » et « On ne gouverne pas contre les cafés. La révolution s’est faite parce qu’ils étaient à la révolution ». De tout temps, nos «boutiques de causeries» furent les témoins des discussions les plus ardentes à l’instar de celles qui fleurissaient au Café des Martyrs lorsque


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La brasserie lieu de vie et de rencontres dans les films de Claude Sautet

Mürger, le célèbre auteur des Scènes de la Vie de bohème s’insurgeait contre les violences grammaticales, et où Baudelaire, un soir, vêtu d’un habit bleu à boutons d’or, prit à parti un caricaturiste à propos d’un portrait de lui peu valorisant : « Je ne suis ni sec, ni osseux et pas aussi répugnant que Le Figaro essaye de le persuader ! » s’exclamait-il en souriant... Temps aussi où ses vers étaient psalmodiés au piano par Villiers de l’Isle-Adam au Chat Noir de Salis, devant une assistance de fidèles dont Maurice Rollinat, Émile Goudeau et Paul Verlaine. Chacun avait son port d’attache. Les impressionnistes se réunissaient à La Nouvelle Athènes, les Zutistes et Hydropathes à l’ÉlyséeMontmartre, au Mirliton et au Chat Noir. Dans les cafés, les peintres montmartrois trouvaient leurs modèles et leurs œuvres devenaient les miroirs de leur temps. Assis sur les banquettes, Toulouse-Lautrec, Forain, Henri Rivière, puis Picasso, Braque et leurs contemporains, du Lapin Agile de Montmartre à La Coupole de Montparnasse, refaisaient le monde. Fidèles à la tradition médiévale des chansons à boire, nombreux sont les auteurs, compositeurs et interprètes qui nous transportent en musique dans l’univers des cafés, berceaux de leur imaginaire. Citons, entre autres, Bruant et Le Chat Noir, Piaf et L’Homme des bars, Brassens et Le Bistrot, Jean Ferrat et Les petits Bistrots. Renaud a chanté La Coupole, nous a conduits À la Close, et a rêvé son Bistrot préféré où il retrouve ses amis de cœur. Les artistes nous peignent l’atmosphère de ces cafés aux couleurs de leur palette intime; ils nous font partager leurs ren-

contres, sentiments et amitiés, leurs humeurs, joies et regrets... L’existence des cafés est indissociable de l’univers de la création. L’historien d’art Stéphane Guéguan présente le bistrot comme «un observatoire des mœurs» car s’y croisent idées et destins. L’universitaire de la Sorbonne Pascal Ory affirme que «la terrasse de café» et «le garçon de café» appartiennent aujourd’hui aux stéréotypes nationaux. Le bistrot est devenu un emblème national, véritable baromètre de la société. Aujourd’hui, le bas et le haut de la Butte

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Au bistrot par Jean Beraud

charge le ministère de la Culture d’instruire le dossier. Il est en effet attaché aux «boutiques de causeries» d’antan, et Serge Tafanel, le nouveau patron de La Rotonde, cette véritable institution de Montparnasse où il fêta sa victoire, souligne sa fidélité puisqu’il y vient depuis plus de dix ans. Le Premier ministre, monsieur Édouard Philippe, partage le même sentiment. Entre deux rendez-vous, il aime déjeuner au Varenne, brasserie située près de son bureau. C’est pour lui une façon de rester connecté avec ses semblables, de continuer de vivre avec eux. Conscient des difficultés auxquelles sont confrontés nos bistrots, le gouvernement, sur ses conseils, doit prendre des mesures afin de les aider : assouplissement de la réglementation, exonération fiscale... Madame Anne Hidal«Paris Célèbre ses Bistrots» Unesco, Hôtel de Ville 2019 go, maire de Paris, a été une des preconstatent la disparition de leurs com- mières à soutenir la mobilisation lancée merces de proximité, eux aussi créateurs par Alain Fontaine. En créant l’évènement de lien social. Cette menace étendue à nos «Paris célèbre ses bistrots» à l’Hôtel de chers bistrots, lieux de brassage culturel Ville, elle a rendu hommage à l’art de vivre représentatifs du savoir-vivre à la fran- des bistrots et terrasses de Paris, à tous çaise, ne pouvait laisser indifférente la les professionnels et au peuple de Paris République de Montmartre. Elle salue la dont ces lieux de convivialité sont indisdémarche d’Alain Fontaine destinée à dé- sociables. Le 30 janvier 2019, elle a tenu fendre « ces lieux uniques de mixité où se à décorer de la médaille de Vermeil de croisent toutes les catégories sociales ». Paris, dans les salons de l’Hôtel de Ville, Un nombre important de personnalités du une centaine de patrons de bistrots parmi monde culturel, artistique, politique, sen- les plus représentatifs de la capitale. sibles à l’initiative d’Alain ne cessent de Dans un élan unanime, artistes, journale rejoindre et font écho à sa démarche, listes, gens de lettres leur emboîtent le à commencer par le président de la Répu- pas. blique, monsieur Emmanuel Macron. À La Bonne Franquette, vénérable établisPar un récent courrier paraphé de sa main, sement où s’épanouit l’esprit montmaril l’invite à poursuivre cette action et trois, Jacques Weber, fervent soutien de


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BISTRONOMIE cette démarche, interprétait avec brio le 22 mai dernier, Hugo au Bistrot, se faisant le portevoix du monument de la littérature française qu’il souhaite rapprocher des spectateurs. C’est aussi chez Anne, Patrick et Luc Fracheboud que l’acteur Daniel Russo s’est récemment rendu acquéreur d’une œuvre de notre ami GAB lors d’une vente aux enchères réalisée au profit de « l’Association pour l’inscription au patrimoine immatériel de l’UNESCO de la tradition et de l’art de vivre des bistrots et terrasses de Paris ». Il n’est pas étonnant de trouver parmi les soutiens d’Alain, Stéphanie Bataille humoriste, comédienne, metteur en scène, femme engagée, Pierre Arditi, amoureux des cafés de Paris, et Jean-Michel Ribes, réalisateur de l’adaptation cinématographique des livres de J.M. Gourio, les Brèves de comptoir. Dans cette œuvre, le bistrot L’Hirondelle ouvre dès six heures du matin. Des personnages solitaires vont, viennent et reviennent jusqu’à la fermeture du soir. Là se créent des liens, se confient les soucis et les tourments en buvant «des choses réconfortantes» comme le disait Marcel Aymé... Yolande Moreau, incarnation dans ce film

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de Madame Lamelle, avoue être «une fille de cafés». D’ailleurs si elle n’avait été comédienne, elle aurait aimé être pépiniériste ou tenir un petit café... François Morel, son complice des Deschiens, est le «Pivert» de ce petit bistrot

À La Bonne Franquette, vénérable établissement où s’épanouit l’esprit montmartrois, Jacques Weber, fervent soutien de cette démarche, interprétait avec brio le 22 mai dernier, Hugo au Bistrot... de banlieue. Dans la vraie vie, il aime fréquenter la brasserie Wepler, place Clichy, rattachant ce lieu à Bardamu du Voyage de Céline... Charles Berling voit les cafés comme un mode de vie, un des derniers lieux de sociabilité réelle, le premier des réseaux so-

ciaux, le plus ancien, le plus chaleureux. Dans La Mort d’Auguste, Jean-Pierre Darroussin interprète le personnage d’Antoine, le patron d’un bistrot renommé au cœur du quartier des Halles. L’acteur s’était lui-même personnellement investi dans la création d’un bistrot, Chez Ramulaud, avec un ancien camarade d’école. Ils partageaient alors l’envie de faire vivre un café de copains où l’on pouvait refaire le monde au comptoir... Et c’est précisément au comptoir d’un café que notre ami Éric Naulleau aime prendre son repas favori : un jambon-beurre, en lisant L’Équipe ! Lui aussi suit l’initiative d’Alain Fontaine car il aime ces lieux où se tissent les liens sociaux. Michèle Bernier n’est pas la dernière à aimer les bistrots, et particulièrement Le Bon Georges, dans le 9e arrondissement, dont elle apprécie l’accueil, la convivialité. Constatant avec tristesse leur fermeture dans les petits villages de la Meuse dont était originaire son père, le professeur Choron, elle déplore leur disparition et affirme « Le café, c’est la vie! ». Pour Marianne James, si on ne boit pas un café au bistrot du coin, on ne connaît pas son quartier. Profondément bouleversée par les attentats de novembre 2015, elle

Bruno Solo dans La Mort d'Auguste d'après Simenon

Café La Régence 1874

Jacques Weber à la Bonne Franquette


Les Montparnos par Sem

a vu avec émotion s’ouvrir les portes du bar de sa rue malgré l’interdiction des regroupements : les habitants du quartier se rassemblaient à l’extérieur de plus en plus nombreux, portés par la solidarité. Dans ce lieu de partage, ils voulaient témoigner de la résistance à la barbarie. Les journalistes Christian Brincourt, Pierre Bonte, Jean-Pierre Pernaud, André Ber-

coff, Michel Fulla, Jean Bertolino, le caricaturiste Jacky Redon et tant d’autres, s’associent également à cette démarche qui consiste avant tout à sauvegarder l’âme des bistrots à laquelle nous sommes attachés, petit monde des comptoirs de zinc où s’écrivent en permanence les belles pages de notre art de vivre. Des manifestations nombreuses accompagnent l’initiative d’Alain Fontaine. Ainsi une exposition de photographies sur le thème «Les Bistrots du monde» vient d’avoir lieu au Jazz Café Montparnasse. Réalisées par Pierre Josse, éternel ado, baroudeur au grand cœur, rédacteur en chef des Guides du Routard, et Pierrick Bourgault, écrivain-poète, disciple d’Épicure, les œuvres présentées mémorisent la fugacité d’un temps appelé à disparaître. « Mon objectif, précise Pierre Josse, est d’exprimer la variété des cafés, ces espaces où l’on peut partager sa solitude, retrouver ses semblables, montrer ce qui les sépare, avec des photos en noir et blanc, manière, à mes yeux de symboliser cette grande culture bistrotière ». En cette année de célébration de son centenaire, la République de Montmartre est donc heureuse de se joindre à Alain Fontaine

pour l’aider à sauvegarder nos salutaires refuges. En faisant reconnaître Les Bistrots et les Terrasses de Paris dans le cadre du patrimoine immatériel de l’UNESCO, toutes et tous nous luttons afin de protéger ces carrefours de rencontres de la vie parisienne, « lieux de brassage culturel populaire, effaceurs sociaux, ethniques et confessionnels » insiste Alain dans la presse. Car c’est là, dans ces espaces intemporels, que l’on préserve le sens de nos valeurs dans la bonne humeur, la convivialité et la solidarité, en phase avec la devise de la République de Montmartre « Faire le bien dans la joie ! ». Cette maxime est particulièrement chère à Michou, l’homme en bleu, notre ministre de la Nuit. Les bistrots de la Butte, il les aime. Combien de fois, portant un toast, coupe de Champagne à la main, ne nous a-t-il pas répété « Elle est belle la vie ! » Laissons-nous donc mener par son bel optimisme et, en ce début d’année, alors que, par le passé, l’astrophile Nostradamus annonçait : « Tant que Paris ne périra Gaieté du monde existera ». Osons augurer : « Tant que bistrot ne périra Gaieté de Paris existera » ! Gérard Letailleur

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DE BUTTE EN VIGNE

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DE LA VIGNE

AU DEVIN

MONTMARTRE PAR ALAIN PÉAN-CHÂTELAIN

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GRANDEUR ET DÉCADENCE

a tradition viticole de Montmartre remonte à l’époque gallo-romaine et connaît son apogée au XVIIIe siècle. Dès le XVIIe siècle, la concurrence des e Au XII siècle, l’Abbaye vins de Bourgogne et d’Aquitaine est Royale de Montmartre est rude pour le vin de Montmartre. Sa quacréée par la reine Adélaïde de Savoie, lité souffre de la comparaison avec ses épouse de Louis VI le Gros. Les Dames grands concurrents. Le manque d’ensode l’Abbaye vont, pendant plusieurs leillement ne permettait que la prosiècles, favoriser le développement duction d’un vin de qualité médiocre. des vignes et la production des vins Ses détracteurs ne manquaient pas de de la Butte. Ainsi, les vignerons, faire valoir ses qualités diurétiques locataires des terres de l’Abbaye, avaient obligation de maintenir l’exploitation des vignes. Ils devaient également venir presser leur raisin dans le pressoir de l’Abbaye situé près de l’église SaintPierre et devaient s’acquitter d’une redevance au profit de l’Abbaye. Certains clos sur les versants de la Butte produisaient du vin dont la réputation était méritée. Ainsi, le vin de la Goutte d’Or était cé- Autour du pressoir en bois dans les caves de la mairie lèbre au Moyen Âge depuis qu’il avait été récompensé du titre en utilisant le dicton grivois de Henri de « roi des vins » au XIIIe siècle dans Sauval : « C’est du vin de Montmartre, un concours d’œnologie de l’époque. qui en boit pinte en pisse quarte ». Les vignerons de Montmartre offraient Au XIXe siècle, la réputation du vin de quatre tonneaux au Roi de France Montmartre allait en décroissant. Il chaque année lors de l’anniversaire de fut appelé familièrement le «piccolo», son couronnement. petit vin de pays, nom dont les dériAu XVIIe et XVIIIe siècles, les vignes vés dans le langage courant ont plutôt recouvrent les trois-quarts de la Butte une connotation négative : picoler, de et ses alentours. la piquette...

Pour ses amateurs, le vin produit à Montmartre était décrit comme un jinglet très fier, d’une saveur à faire danser les chèvres, mais si désaltérant qu’il se buvait comme du petit lait. Enfin, les révolutions et les guerres, l’ouverture de nombreuses carrières à gypse et l’urbanisation galopante suite au rattachement de Montmartre à Paris, mirent à mal les vignes de la Butte. Après 1830, quelques vignes subsistèrent jusqu’à disparaitre totalement avec la fin du siècle.

LE RENOUVEAU Sur un terrain situé face au Lapin Agile, menacé par un projet de constructions HBM, le Square de la Liberté est créé en 1929 à l’initiative de Francisque Poulbot et de ses amis de la République de Montmartre pour les enfants de la Butte, tandis que Victor Perrot, président de la société d’histoire et d’archéologie « le Vieux Montmartre » et de la commission du Vieux Paris réitère sa demande de protection du jardin. Le projet immobilier est abandonné. En 1933, le square, malheureusement délaissé par les gamins, tombe en désuétude. La Commune Libre du Vieux Montmartre avec son maire Pierre Labric, Francisque Poulbot pour la Répu-


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Anciennes vendanges, les danseuses du Moulin Rouge autour du pressoir

blique de Montmartre et Victor Perrot décident de planter une vigne en souvenir des vignobles d’antan. En 1934, c’est la première Fête des Vendanges. Seul bémol à cette joyeuse initiative, les ceps ne portent des fruits que la troisième année qui suit leur plantation. Il est alors appel aux principaux vignobles de France, notamment ceux du Beaujolais, qui fournissent les grappes nécessaires. Cette Fête des Vendanges, symbolisant le renouveau viticole montmartrois, se déroule le 3 octobre 1934 avec Fernandel et Mistinguett comme parrain et marraine,

mais aussi en présence du président de la République Française, Albert Lebrun. Depuis sa création, cette fête traditionnelle de la Butte n’a connu que l’interruption due à la période de la Seconde Guerre mondiale. La Fête des Vendanges se déroule chaque année le deuxième weekend d’octobre. Longtemps sous la responsabilité du Comité des Fêtes et d’Actions Sociales du 18e, son organisation est désormais assurée par une entreprise événementielle choisie par la mairie du 18e. Elle débute par le traditionnel Ban des Vendanges prononcé par le président de la République de Montmartre par tradition

en hommage à Poulbot. Elle se poursuit par un défilé ouvert par les P’tits Poulbots et la République de Montmartre. Des parrains et marraines issus du monde artistique et médiatique ainsi qu’une Reine des Vendanges sont choisis chaque année. À partir d’un thème donné, les festivités s’échelonnent sur trois jours. Cette manifestation est bien sûr aussi la fête du vin produit à partir du raisin récolté dans la vigne du Clos Montmartre. La production est gérée par le Comité des Fêtes et d’Actions Sociales du 18e arrondissement, composé de membres bénévoles et présidé par Éric Sureau.



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DE BUTTE EN VIGNE

cuves et des tonneaux en chêne pour la maturation du vin. Chaque année, la récolte se déroule avant la Fête des Vendanges. Elle est effectuée par les jardiniers de la Ville de Paris affectés à la vigne du Clos Montmartre avec les bénévoles du Comité des Fêtes et d’Actions Sociales du 18e. Une équipe, sous la direction de l’œnologue, assure le tri du raisin afin de sélectionner les grappes de belle qualité qui sont réservées pour la production du vin rouge. Les autres sont affectées à la production du vin rosé. Les grappes sont ensuite pressées, et le jus mis en cuve donnera quelques mois plus tard ce vin de Montmartre qui, avec le temps, a acquis une excellente qualité gustative avec des tonalités difféCérémonie d’intronisations dans la vigne du Clos Montmartre le 13 octobre 2019 rentes selon les années. chargés de l’entretien de l’ensemble des Ce précieux nectar qu’est le vin du Clos vignes de Paris, dont le Clos Montmartre, Montmartre, est vendu par le Comité des le Clos de Belleville, le Clos des Morillons Fêtes et d’Actions Sociales du 18e au proou le Clos de Bercy. fit des œuvres sociales. Le produit de la Le vignoble du Clos Montmartre a une Sylviane Leplâtre qui a succédé à Francis vente permet notamment de financer superficie de 1 556 m2 (0.15 hectare). Il Gourdin, poursuit son œuvre d’améliora- le repas de Noël des Anciens du 18e arest la propriété des parcs et jardins de la tion de la qualité du vin du Clos Mont- rondissement, ou de soutenir l’action ville de Paris et le régisseur est la Mairie martre. Elle s’appuie sur les bénévoles d’associations comme l’Œuvre des P’tits du 18e arrondissement. du Comité des Fêtes et d’Actions Sociales Poulbots, les Papillons Blancs ou le SeIl est planté de 1 762 pieds représentant affectés aux travaux de la cave. cours Populaire. une trentaine de cépages dont les prin- Le chai et la cave sont situés dans les Ainsi, le Clos Montmartre participe pleicipaux sont des Gamay Beaujolais, Pinot sous-sols de la Mairie du 18e, seule mai- nement à l’action de « Faire le bien dans noir, mais aussi des hybrides producteurs rie d’arrondissement de Paris en possé- la joie » selon la devise de la République directs : Seibel, Couderc, Seyve, Villard… dant. Dans ce lieu, l’ensemble du maté- de Montmartre. Cette vigne est aussi un conservatoire riel nécessaire à un vigneron est présent, Alain Péan-Châtelain avec des cépages très différents dont dont un pressoir moderne, qui a remplacé certains oubliés. l’antique pressoir peu performant, et des Depuis quelques années, les plants de vignes moribonds ou morts sont renouvelés pour un maintien harmonieux de la vigne et de la production du vin. Les plants choisis ont une grande résistance aux maladies de base (oïdium et mildiou) afin de permettre à terme de ne plus utiliser de pesticides que la Ville de Paris a proscrits depuis déjà plusieurs années. L’utilisation de ces plants novateurs montre que la vigne de Clos Montmartre est à la pointe de l’innovation tout en conservant un patrimoine ancien. Depuis 1995, la Ville de Paris emploie un œnologue pour s’occuper de la vinification et prodiguer les conseils de cultures aux jardiniers

LA VIGNE D’AUJOURD’HUI

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AVEC SES AMBASSADES ET CONSULATS,

Venise 23 août 2017

LA RÉPUBLIQUE DE MONTMARTRE RAYONNE À L’INTERNATIONAL

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lus de cent ambassadeurs et consuls représentent la République de Montmartre dans le monde entier et, à Montmartre, le reste du monde commence passées les limites de son arrondissement ! Parmi nos ambassades les plus actives, il convient de citer et de féliciter celles de Neuchâtel en Suisse, de l’Île de la Réunion, du Costa Rica, de Draveil, de Venise et de La Haye menées respectivement par nos ambassadeurs Karl Jaquet, Francis Bourquin, Maurice Manaut, Michel Gendrios, Corrado Scrascia et Liesbeth Passot. Sous la férule de Maurice His, les villes de Liège et de Rivesaltes rejoignaient déjà, parmi d’autres, les rangs des ambassades de notre République.

Rappelons aussi que c’est à l’initiative de notre ambassadeur en Italie qu’une importante délégation de P’tits Poul-

bots a découvert les charmes de Venise en août 2009 et les a approfondis en 2017.

Sous la houlette de Jean-Georges Denizot, notre ambassade de Saint-Cyr-surMorin a, quant à elle, la particularité de représenter la République de Montmartre sur un territoire où des Montmartrois célèbres eurent leurs résidences secondaires : Pierre Mac Orlan, le père Frédé et sa compagne Berthe du Lapin Agile, et Jacques Canetti, le fondateur des Trois Baudets. C’est sur proposition de nos ambassadeurs Marie-Pierre et Pierre Boucher que nous nous sommes jumelés avec Arleux lors de sa célèbre Fête de l’Ail Fumé. Et c’est aussi grâce à notre ambassadeur Françoise Monier que nos liens se sont encore renforcés avec Moret-sur-Loing où une délégation de la République de


RELATIONS EXTÉRIEURES

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Montmartre, conduite par notre secrétaire général Alain Péan-Châtelain, participe régulièrement à la traditionnelle Fête 1900. Bien au-delà de nos frontières, notre ambassadeur Milovan Cirovsky a jumelé Skadarlija, le Montmartre de Belgrade, avec notre belle institution tandis que notre ministre Frédéric Loup était reçu avec une délégation montmartroise invitée par l’association Ukraine Art par Oleksandr Popov, maire de Kiev, capitale de l’Ukraine. Vous l’aurez compris, la République de Montmartre rayonne de plus en plus dans de nombreux pays, depuis l’Argentine jusqu’au Japon. Qu’il me soit permis de remercier également ici nos ambassadeurs André Séchet en Champagne, Pierre Begouaussel à Caromb, Nicolas Cambour à Giverny, Luc Reynard à Bédoin Mont Ventoux

“Revoyure” à Neuchâtel, le 7 novembre 2015. Sylvain Ghirardi, député intronisé par Suzon en 1998, a été nommé consul par Alain Coquard. Le grand-père de Sylvain, Armand Montandon, avait créé l’ambassade en 1961 !

et Frank Alexandre à Gigondas… Nous avons une pensée émue pour deux de nos amis récemment disparus : JeanClaude Laumond, ambassadeur en Israël, et Alain Boudot, ambassadeur à Chelles. Un merci des plus sincères à tous les

autres membres de notre corps diplomatique qui, fidèles à leur serment, font rayonner la République de Montmartre dans l’univers tout entier. Alain Coquard

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RELATIONS EXTÉRIEURES

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UN FIL DE SOIE…

JUMELAGE RÉPUBLIQUE DE MONTMARTRE — RÉPUBLIQUE DES CANUTS DE LA CROIX-ROUSSE

Défilé de la République des Canuts le 12 octobre 2013 lors de la Fête des vendanges de Montmartre

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u printemps de l’année 1985, une réception se déroule à la mairie du 4e arrondissement de Lyon. Le maire, Gabriel Caillet, accueille Jean Gauthier président de l’Association Nationale de la Courtoisie Française. Au cours de leur rencontre, émerge l’idée d’un jumelage entre Montmartre et la CroixRousse. Un joyeux rapprochement officiel entre le poulbot et le gone, entre Bruant et les canuts, se profile peut-être à l’horizon. La ténacité des Croix-Roussiens n’est plus à démontrer car, à peine semée, l’idée germe rapidement et prend forme. Au mois de juillet suivant, trois représentants du monde montmartrois quittent la place du Tertre pour rejoindre la place de la CroixRousse : Maurice His président de la République de Montmartre, Grand Maître Fondateur de la Commanderie du Clos Montmartre, Robert Rivière président des P’Tits Poulbots (natif de la Croix-Rousse), et Jean Gauthier. De plus, Roger Chinaud et Gabriel Caillet, respectivement maires du

18e à Paris et du 4e à Lyon, se connaissent tout particulièrement et apprécient la convivialité, l’humour et la fraternité. À la fin de cette historique entrevue, les principales bases sont lancées. Il reste à Gabriel Caillet la tâche de créer à la Croix-

La marraine de cette nouvelle République n’est autre que Mick Micheyl, cette pure lyonnaise qui sut si bien chanter Un gamin de Paris. Rousse une association pour orchestrer ce futur jumelage entre les deux collines les plus célèbres de France. La renommée de la République de Montmartre n’est plus à faire, et à la Croix-

Rousse, il existait dans les années 1930 une République du Gros-Caillou. Alors, pourquoi ne pas renouer avec le passé en créant, cette fois-ci, la République des Canuts en souvenir de nos habiles ouvriers en soie. Au printemps 1986, c’est chose faite. D’autre part, Montmartre possède une vigne et depuis les origines, notre sol croix-roussien nourrissait de nombreuses parcelles de vigne disparues avec l’urbanisation due au développement industriel de la soierie au début du XIXe siècle. C’est décidé, nous replanterons une vigne. Grâce à l’aide précieuse des Espaces Verts de la Ville, 500 mètres carrés de terre situés en plain cœur du parc de la Cerisaie sont mis à la disposition de l’association et 300 ceps sont plantés. Parallèlement, est nommé à la présidence l’illustre chef d’orchestre croix-roussien Roger Poujol. Il sera entouré d’une pléiade de ministres et autres secrétaires d’État. La marraine de cette nouvelle République n’est autre que Mick Micheyl, cette pure lyonnaise


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qui sut si bien chanter Un gamin de Paris. Dès la première réunion gouvernementale, s’échafaude le programme de la future journée du jumelage. La date est fixée au 17 octobre 1987. Nos amis montmartrois en sont informés. Reste à peaufiner les festivités depuis leur accueil en gare de De gauche à droite Joël Ben Hayoun, Frédéric Loup, Gérard Truchet, David Kimelfeld - Maire de la Croix Rousse et actuellement Président de la Métropole du Grand Lyon, Eric Lejoindre, Alain Coquard, Joëlle Leclercq et la la Part-Dieu et leur départ prévu en fin poulbote Clémentine le 6 novembre 2014 dans le caveau. de soirée. Entre temps, il est convenu qu’une Répu- lage. Elles ont connu, l’une et l’autre, leurs quai de la gare et, en bons Lyonnais, nous blique doit posséder son hymne. Ce sera insurrections : celle de la Commune pour faisions une dernière fois péter la miaille chose faite grâce au parolier Luc Trassou- Paris, les révoltes des Canuts chez nous. à toutes les fenottes et cinq sous à tous daine et au musicien Roger Poujol. La te- D’un commun accord, ils proclament que les gones. nue vestimentaire du gouvernement sera les deux Républiques se promettent assis- Puis les années ont passé, sans trop sobre, à l’image de nos modestes canuts. tance mutuelle en cas d’agression exté- d’échanges. À partir de 1995, nous avons Nous choisissons le rieure. Maurice His tenté de renouer les liens, mais sans tablier à la couleur soulignait avec son succès. Un jour le téléphone sonne : du vin. Un journal est humour coutumier « Allo ! » « Bonjour, Jean-Pierre His à édité. C’est la Feuille que « les adversaires l’appareil… » Six mois après, une délégaMaurice His soulignait de vigne qui relatera éventuels seraient tion de la République de Montmartre était avec son humour annuellement la vie rapidement mis en de retour à la Croix-Rousse. Autour d’une de la République des déroute par les as- bonne table, nous avons chanté succescoutumier que « les Canuts. sauts des girls de sivement l’immortel Mont’ là d’ssus et tu adversaires éventuels Le grand jour arrive. Montmartre armées verras Montmartre suivi de notre hymne seraient rapidement Une importante déléde leurs jarretières en croix-roussien. À la suite de ce rappromis en déroute par les gation de ministres guise de fronde ! » chement, Jean-Marc Tarrit poursuit l’avende la République de Le peuple croix-rous- ture, relayé depuis par le non moins popuassauts des girls de Montmartre dirigée sien et montmartrois laire Croix-Roussien-Montmartrois Alain Montmartre armées de par Maurice His, la applaudit à tout Coquard. Ainsi, le fil de soie qui nous unit leurs jarretières en guise Commanderie du rompre. Le jumelage est solide, à nous de l’entretenir. Car l’amide fronde ! » Clos Montmartre et, est scellé. Reste à tié est le plus beau trésor que l’ont puisse bien sûr, les inimiapposer au bas de savourer sur cette terre. tables et talentueux la charte la signaPetits Poulbots sont ture des présidents. Gérard Truchet, accueillis en grand pompe sur la place Puis, de son castelet, surgissent Guignol Président de la République des Canuts de la Croix-Rousse où se presse une foule et Gnafron interprétés par les marionnetinnombrable. Du haut de son socle, Jo- tistes Claude Magnard et Gérard seph-Marie Jacquard célèbre pour avoir Truchet. La plupart des Montmarperfectionné la mécanique qui porte son trois découvrent pour la toute nom et qui surmonte tous les métiers à première fois la véritable identité tisser, domine la cérémonie. De la maie de et le caractère malicieux de nos notre pressoir coule le fameux Paradis, ce célèbres marionnettes, ce qui fera premier jus de raisin, si doux, si bon, que dire au président Maurice His : chacun en redemande et les Montmartrois « Quand j’ai vu apparaitre Guignol, les premiers ! je me suis dit on va s’emmerder et La fanfare Piston de l’École Centrale de bien, permettez-moi de vous dire, Lyon résonne sous les platanes, les tam- jeune homme, vous nous avez enbours des Petits Poulbots annoncent la chantés ! » partie officielle. Devant un parterre de per- Au cours de l’après-midi, un long sonnalités lyonnaises avec, entre autres, et magnifique cortège serpentait le maire de Lyon, Francisque Collomb, le dans les rues de la Croix-Rousse : député Michel Noir et, bien sûr, Gabriel les Petits Poulbots ouvraient la Caillet, l’instigateur de cette union, les marche, suivis des délégations au deux présidents prennent la parole. L’un grand complet. La foule entassée et l’autre souligneront les points communs sur les trottoirs, dans les rues, qui unissent les deux Républiques. Mont- acclamait ce défilé haut en coumartre et la Croix-Rousse sont deux col- leurs et débordant d’amitié. Hélas, lines où coule le bon vin et où règne à la tout à une fin ! On raccompagna la fois l’esprit frondeur et l’ambiance de vil- République de Montmartre sur le


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HAUT LIEU

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LA BONNE FRANQUETTE

SIÈGE SOCIAL DE NOTRE RÉPUBLIQUE DE MONTMARTRE, QUOI DE PLUS NATUREL EN SOMME ?

« A

imer, manger, boire et chanter », telle est la devise qui vous accueille à La Bonne Franquette. Si elle reflète l’esprit de cette auberge légendaire, elle fait écho à celle de la République de Montmartre : « Faire le bien dans la joie ». C’est donc à l’unanimité que l’assemblée générale de la République de Montmartre a décidé d’installer son siège au 2, rue des Saules. Ce fut par un superbe 16 juin 2017 à 19 heures que le transfert officiel fut acté. Les patrons de l’établissement historique, Patrick et Luc Fracheboud, accueillent avec autant de générosité que de chaleur une association elle aussi historique. Notre institution y tient ses assises, conseils, assemblées, galas, actions caritatives, nombreux événements. Eh oui, il fallait bien un lieu à la hauteur de notre République pour la faire vivre avec ses quelques 800 membres, sans parler de plus de 4 000 partenaires !

leurs, il devient le 7e président de la République de Montmartre de 1973 à son décès en 1993. Natacha His, au titre unique de grande dame d’honneur de la République, évoque des souvenirs truculents et continue à nous ravir des chansons qu’elle offrait à La Bonne Franquette.

DES LIENS FORT ANCIENS UNISSENT LES DEUX INSTITUTIONS MONTMARTROISES Dans les années 1920, Poulbot, fondateur de la République de Montmartre, avait créé l’association fraternelle des joueurs de billards en bois. En effet, Aux Billards en Bois, café-restaurant, remplace le Franc Buveur, alors enseigne de l’établissement. Ceci explique probablement cela. On jouait au billard avec des palets de bois sur lesquels était posé un tas de sous. Celui qui envoyait le palet dans un trou avait gagné et payait la tournée. Mais à partir de 1925, ce sera désormais La Bonne Franquette. Selon la légende cette enseigne aurait été, elle aussi, une riche idée de Poulbot ! En 1955, Maurice His achète le fonds de commerce auquel il donnera brio et cuisine renommée. Personnalité haute en cou-

CUISINE BISTROT Carte de saison – Produits frais Vins de propriétés 14, rue Simart - 75018 Paris Tél. : 01 42 59 47 60

Intronisation de GAB, dessinateur, auteur de la couverture de ce numéro spécial, le 10 novembre 2019

Si notre République célèbre 100 ans de son histoire, celle de La Bonne Franquette a commencé il y a presque cinq siècles. Il faudrait un livre pour raconter la petite histoire de cette grande maison, où la République de Montmartre et ses membres se sentent bien. Dans une ambiance aussi chaleureuse, vous ne douterez pas qu’elle ait choisi de planter ses quartiers de fronde, de rébellion, de liberté, de fraternité, de solidarité pour travailler à son rayonnement. Chaque mois, l’atmosphère est bien studieuse quand se réunit le Conseil des ministres du Gouvernement. Sous l’impulsion du président, on créé, on organise


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des manifestations culturelles, caritatives en faveur des plus défavorisés de la Butte. Après le travail, place au repas joyeux partagé sous les regards bienveillants de Suzanne Valadon et Utrillo, Picasso, Toulouse-Lautrec, Monet, Gauguin, Delacroix, Sisley, Max Jacob, Degas, Pissaro, Renoir, Roland Dorgelès, Carco etc. qui ont fréquenté ce temple de la convivialité dont la réputation d’accueil a toujours été son ADN. Certains soirs, peut-être un peu arrosés, on est convaincu qu’on va les croiser et qu’ils vont venir trinquer accoudés au zinc ou attablés avec nos ministres républicains en plein travail pour perpétuer l’esprit de Montmartre.

Rue des Saules par Cezanne (à gauche Les Billards en bois aujourd'hui la Bonne Franquette)

andouillette AAAAA, le repas du Comité des Fêtes et d’Actions Sociales du 18e arrondissement, la République participe à de nombreux événements qui y sont organisés. Au son des tambours des P’tits Poulbots, la fête des Vendanges avec le traditionnel et joyeux banquet du dimanche midi réunit Christian Fracheboud, né à Samoëns en Haute-Savoie, descend plus de 200 membres de la République de Montmartre, sans parde ses montagnes pour en faire une maison réputée. Ambitieux, ler de ses galas d’hiver et de printemps qui font salle comble. généreux et convivial, Christian, Dans la tradition, nos P’tits Poulfidèle député de la République bots sont invités un dimanche par de Montmartre, a été une permois à déjeuner à La Bonne Fransonnalité montmartroise connue quette. et reconnue. Acteur actif de la Des Grands de la gastronomie ont vie associative, il s’est également été intronisés sur sa scène par la impliqué dans l’œuvre des P’tits République de Montmartre dans Poulbots et les Anciens Combatune atmosphère républicaine fort tants. Son expression coutumière gaie : Colette Sibilia, l’embléma« Montmartre sera toujours Monttique charcutière des Halles de martre » garde toute son actuaLyon ; Christian Vabret, président lité. de la Chambre des Métiers d’AuEn 1980, Patrick, ambassadeur vergne ; Gaby Biscay, ancien chef de la République de Montmartre, de cuisine du Royal Monceau ; Guy Inauguration du siège social avec Patrick et Luc Fracheboud le 16 juin 2017 prend les rênes de l’établissement. Legay du Ritz ; Guillaume Gomez, Depuis 2015, son fils Luc, ministre de la Musique, sous la prési- chef de l’Élysée ; Michel Roth, et beaucoup d’autres. dence d’Alain Coquard, perpétue l’histoire en assurant sa direction commerciale. Pas de Bonne Franquette ni de République de Montmartre sans chansons

1971 : TOUS MEMBRES ACTIFS DE LA RÉPUBLIQUE DE MONTMARTRE, LES FRACHEBOUD INVESTISSENT LA BONNE FRANQUETTE

LA BONNE FRANQUETTE, UN RESTAURANT PAS COMME LES AUTRES POUR UNE RÉPUBLIQUE PAS COMME LES AUTRES

Ouvert sept jours sur sept, midi et soir, le restaurant est aussi un bar à vins, un café, un lieu de fêtes où chacun est accueilli chaleureusement, sans chichis, et sans cérémonie par le patron et un personnel efficace et attentif. Y a-t-il plus belle et plus française expression que « manger à la bonne franquette » ? Même si aujourd’hui on y croise plutôt Didier Barbelivien, Charles Dumont, Jean-Jacques Debout ou encore Michou, à La Bonne Franquette plane toujours le souvenir de Van Gogh et des impressionnistes, de Toulouse-Lautrec comme de Poulbot. Le cadre reste rustique et pittoresque, avec nappes à carreaux rouges et blancs qui s’accordent avec l’ambiance simple et gaie de notre République qui s’y retrouve le plus souvent. Ici, nos républicains, bons vivants et fiers de l’être, sont certains de savourer les plats authentiques que l’on aime partager. Si le restaurant accueille traditionnellement le concours de la fameuse

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Que de chansons ont célébré les charmes de notre Bonne Franquette ! La dernière d’entre elles qui lui a été dédiée, on la doit, paroles et musique, à notre troubadour montmartrois Alain Turban, ministre du Music-Hall de la République de Montmartre, à la créativité infatigable : À la Bonne Franquette à Paris Si tous les amis se retrouvent C’est pour aimer, manger aussi Boire et chanter toute la nuit Quand on quitte La Bonne Franquette, une seule envie : revenir et revenir encore dans ce lieu mythique pour « aimer, manger, boire et chanter » et, avec la République de Montmartre, historique, unique, magique, bachique, y « Faire le bien dans la joie ». Marie-France Coquard


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EN SCÈNE

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LES CHANSONNIERS

LE SEL DE L’ESPRIT MONTMARTROIS

L

’histoire de la République de Montmartre – et celle de Montmartre en général – est intimement liée aux chansonniers. Au début du 19e siècle, la Butte est encore un grand ensemble de jardinets verdoyants, de bicoques pittoresques et de petits commerces vagabonds. Sa population se constitue essentiellement de poètes désœuvrés, de larsineurs de bas étage et de joyeux poivrots. Le soir, des petits groupes d’amateurs se réunissent pour commenter l’actualité, la railler en chansons ou en bons mots. Les uns composent un quatrain, un aphorisme, les autres détournent les paroles d’un air connu, ayant pour seul but d’amuser leurs gais comparses de veillée. « l’Esprit Montmartrois » est né. Il est à noter qu’à ce moment-là, chansonner n’est pas une activité lucrative. Rodolphe Salis sera le premier à octroyer de petits cachets aux pensionnaires du Chat Noir. Au cours du siècle, les cabarets se multiplient et le Tout-Paris se presse à la nuit tombée, pour écouter grincer les tréteaux montmartrois. Ces établissements

sont souvent à l’enseigne de nom d’animaux : l’Âne Rouge, la Pie qui chante, la Grange au Bouc, le Coq d’or, le Grillon, les 2 Ânes, la Vache enragée... Et même la Fourmi, petit cabaret accolé à la Ci-

gale sur le Boulevard de Rochechouard où Gabriello et Saint-Granier inventent le principe du «Crochet», rendu ensuite célèbre par la radio et la télévision. De jeunes chansonniers se produisent sur scène, un crochet à l’arrière du panta-

lon. Si le succès n’est pas au rendezvous, le régisseur actionne une poulie et l’artiste malheureux disparait derrière un rideau. Au Théâtre de Dix-Heures, près de la place Pigalle, Raoul Arnaud impose le smoking qui restera l’habit traditionnel de la profession. À l’instar d’Aristide Bruant, les chansonniers deviennent un des symboles de Montmartre. Entre deux passages, ils arpentent la Butte et font le bonheur des maisons de thé, des bistrots et des boîtes branchées. Pierre-Jean Vaillard a ses habitudes au Sanglier Bleu et chez Michou, tandis que Jean Rigaux et Jacques Grello boivent le coup brutalement rue Lepic, à la défunte Pomponnette. Anne-Marie Carrière, qui habite rue Caulaincourt, les croise en faisant ses courses aux Abbesses. Le syndicat des Chansonniers se réunit au Bon Bock, rue Dancourt. Noel Noël en restera le président emblématique et sera suppléé par René Dorin. Aujourd’hui, l’espèce chansonnière est en voie d’extinction et Montmartre brille davantage par ses néons que par son Esprit. Les ailes de ses moulins


EN SCÈNE

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restent immobiles, comme si la joie d’antan n’y soufflait plus. Quelques rares institutions demeurent comme le Théâtre des 2 Ânes qui règne toujours fièrement sur le boulevard de Clichy, et notre chère République de Montmartre qui, selon sa devise, continue à faire le bien dans la joie. On retrouve parmi ses membres actuels des chansonniers et saltimbanques affiliés : Jacques Mailhot, le Parrain de la profession, Pierre Passot, JeanJacques de Launay et votre serviteur. Que vivent encore longtemps ces traditions et que le public reprenne l’habitude de venir respirer l’air hilarant des alpages montmartrois. Et comme le dit mon camarade Jean-Jacques Peroni : « Quand une habitude n’est pas mauvaise... » Paul Dureau

Ministre des Chansonniers

Les 2 Ânes

Entrée de cabart Aristide Bruant

Bruant, chansonnier de la révolte, sur la couverture de la Lanterne

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LÉGENDE DE MONTMARTRE

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MICHOU LE MINISTRE DE LA NUIT AU GRAND CŒUR

C

haque troisième jeudi du mois, main que le succès n’a pas changé. Il un rendez-vous immuable. Mi- aime être aimé tout simplement comme chou invite à déjeuner les per- nombre d’entre nous. Un homme qui sussonnes âgées de son cher 18ème cite une immédiate sympathie et qui ne dont ceux de la maison de re- dissimule rien « J’aime être populaire, traite à trois pas d’ici. Ils sont tous là, c’est le plus beau cadeau que la vie des personnes souvent pas très argen- m’ait donné alors oui, je suis peut-être tées qui attendent sur le trottoir dès 10 heures du matin, les amis et bien sûr sa garde très rapprochée des irresistibles Michettes. ll offre l’apéritif, le repas et le spectacle. Louis Le Roy, son chef étoilé, est aux fourneaux. Tous les artistes se produisent bénévolement. Le service est également assuré par des bénévoles. Qui autre que Michou sait donner tout cela ? Humblement, il évoque le souvenir de sa grandmère Elise à laquelle chaque déjeuner est Le futur Prince Bleu de Montmartre à l'école d'Amiens. dédié « Je fais cela en pensant à elle. Du reste, j’adore les un peu cabot». Observateur implacable, petites vieilles » et toujours son armure, esprit toujours en éveil, Michou s’est la dérision « d’ailleurs j’en suis une avéré rapidement un gestionnaire hors maintenant ». Mais non, cher Michou, pair qui sait créer, se renouveler dans la ce n’est pas l’âge qu’on a qui compte continuité. Un charisme époustouflant, mais ce que l’on est capable d’en faire. le regard bleu narquois, pétillant de vie, En la matière, ton incroyable énergie, mais ne nous y trompons pas, c’est une ta gaité contagieuse en font pâlir d’en- personnalité volontaire, perfectionniste vie plus d’un. et exigeante. Derrière la protection de ses lunettes bleues se cache un homme Juste et droit, un prince au cœur sur la sensible auquel rien n’échappe.

MICHOU ET MONTMARTRE UNE HISTOIRE D’AMOUR S’il fait pétiller les nuits de Montmartre au Cabaret, il illumine sa République depuis des décennies. Montmartre l’adore, que dis-je, le vénère, comme sa muse, comme son dieu des nuits blanches qu’ il habille en bleu pour la fête qu’il fait pétiller chaque soir .Et cela tout en participant activement et quotidiennement à la vie montmartroise en général celle de sa République en particulier. Ce Montmartre qu’il n’a jamais quitté depuis l’ouverture de son Cabaret mythique le 13 juillet 1956. Ce Montmartre et sa République qu’il remercie sans cesse de l’avoir adopté et l’avoir élevé au rang d’icône internationale ! Il martèle avec une sincère modestie « Montmartre m’a tout donné » Mais la réciproque s’impose. Montmartre serait-il Montmartre sans lui ? L’azur de l’écharpe de notre République manquerait de l’éclat qu’il lui offre avec le bleu de son regard, son sourire charmeur, ses réparties enjouées toujours aussi


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vives, sa présence fidèle à ses manifestations, ses dons généreux. Bref, Michou est heureux d’y être fêté et ne le cache pas, notamment, lorsque la République de Montmartre présente ses vœux à la Mairie où il est ovationné. C’est également à l’occasion de la 8ème Biennale du livre de la République de Montmartre, à la Bonne Franquette, que sortait en avant-première son livre « Le Prince Bleu de Montmartre » préfacé par Anny Duperey. Evidemment, vous vous en doutez, Michou en est la star. Sa popularité est immense et il est facile de la mesurer à chacune de ses apparitions. Pendant des heures, infatigable, disponible, attentif à tous Michou a dédicacé son livre. Quel chemin parcouru pour le petit vendeur de journaux d’Amiens suivi de beaucoup d’autres petits boulots, jusqu’ à la star connue dans le monde entier ! Pour chacun et chacune d’une plume bleue, bien entendu, il dédie des mots personnels touchants de tendres. La

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Puis de conclure avec un de ses clins d’œil qui se veut détaché « mes amis je vous donne un conseil : ne soyez jamais vieille… »

« POUR VOIR LA VIE EN ROSE IL FAUT LA PEINDRE EN BLEU » Dans son tout récent ouvrage Alain Turban, notre chanteur montmartrois Ministre du Music-Hall, retrace avec émotion Michou avec Nadine Monfils la vie de Michou et ses 40 ans d’amitié avec son homologue salle est conquise. On est en rupture de ministre de la Nuit ! stock. « Je ne suis pas encore Simone de Ce petit bouquin nous réserve de grands Beauvoir, j’aurai peut- être le prix Fémina moments de frissons. 62 pages de vie, mais le seul prix qui compte pour moi c’est de sincérité, d’humour, de poésie. Nous le prix de l’amitié. Merci à vous tous de me connaissions déjà les liens qui unissent le décerner ». Il ajoute sous la bannière les deux artistes à travers pas moins de la République de Montmartre que sa des cinq chansons consacrées à Michou devise « Faire le bien dans la joie résume dont Alain est l’auteur, compositeur, tout à fait ma philosophie ». Il termine interprète. sous un tonnerre d’applaudissements A réécouter : Michou en 2007, 77% en annonçant qu’il fait don de tous ses d’amour en 2008, au 80 rue des Mardroits d’auteur aux P’tits Poulbots. tyrs en 2011, 85% d’amour et 60 ans de

Vœux de la République de Montmartre le 24 janvier 2019

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cabaret en 2016, s’il faut le dire avec des fleurs en 2016. Dans son témoignage-confession, Alain Turban nous livre son admiration indéfectible pour son icône incomparable des nuits parisiennes. Un véritable hymne à l’amitié et à l’amour pour notre Montmartre qu’ils partagent tous deux avec passion.

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tu adores. Un superbe livre de souvenirs à son image, francs, élégants et courageux qui retracent sa vie hors normes. La République de Montmartre, l’équipe du magazine Paris Montmartre et tous les bénévoles qui se dévouent pour l’Œuvre sont là pour applaudir à tant de générosité. Musique, roulements de tambour endiablés, cris de joie, goûter animent

Personne n’a oublié ce 19 mars 2014, jour de l’inauguration « du banc » dédié à Raymond Souplex à la Mascotte. Michou était entouré de Michel Galabru et de Perrette Souplex la fille de Raymond. Un hommage à la fois solennel et drôle à la célèbre émission « sur le banc » sur Radio Luxembourg. Et Michou de rappeler que la France entière ne la manquait pour rien au monde tant le talent du couple de chansonniers Raymond Souplex et Jeanne Sourza suscitait l’enthousiasme général. Bien entendu, à l’issue de la cérémonie, ils ont tous les trois partagé la baguette, le saucisson et le coup de rouge servi par Thierry lui-même. Avec Michou, à Montmartre dans ce village de fête unique si cher à son cœur et qui le lui rend bien, on trinque toujours joyeusement autour d’un ou ….plusieurs verres qu’on lève au plus important à ses yeux bleus : l’amitié.

Célébrissime sans jamais se prendre au sérieux, en grande forme, Michou lance « Sur le banc » à la Mascotte. Perrette Souplex, Michou, Galabru l’inaugurent autour d’un saucisson et d’un coup de rouge servi par Thierry Campion le 19 mars 2014 à la cantonade ses mots cette rituelle distribution des cadeaux d’humour fétiches pleins d’une autodéde Noël. La collation est offerte par Luc rision maitrisée dont il détient le secret et Patrick Fracheboud, tandis que Paule en artiste qu’il est avant tout. MICHOU ET SES CHERS et Robert les extraordinaires patrons du P’TITS POULBOTS Vieux Chalet distribuent généreusement Inégalable, jamais égalé Michou, MontChaque année l’Œuvre des P’tits Poulbots les traditionnelles papillotes. martre te dit encore et toujours merci fête le Noël de ses jeunes tambours. Ils Chacun est appelé pour recevoir son pour ce que tu es, pour ce que tu fais sont rassemblés autour de Joëlle Leclercq chèque cadeau et …. la bise de Michou. pour tous et chacun. leur Présidente, Joël Ben Hayoun le Chef Les yeux pétillent, une joie communicaTambour tandis que Michou préside régu- tive illumine les visages. Bravo et Youpi ! lièrement la remise des cadeaux. Merci Michou. Marie-France Coquard Quand « Le Prince Bleu de Montmartre » offre aux Poulbots ses droits d’auteur : A la Bonne Franquette, en cette mi-décembre 2017, ému, Michou est, en effet, le donateur d’un chèque de 10 000 euros. Il donne aux P’tits Poulbots le produit de ses droits d’auteur afin que se poursuive le rayonnement à Montmartre et dans le monde entier de nos P’tits Poulbots gamins de la Butte que

MICHOU SIÈGE À LA MASCOTTE Les clients qui entrent pour la première fois dans la brasserie du 52 rue des Abbesses découvrent à droite près de la vitre la chaise de Michou. Thierry et Ghislaine Campion les propriétaires ont fait recouvrir son siège d’un tissu brodé à son effigie.

CHEZ MICHOU Montmartre, 80 rue des Martyrs 75018 Paris Tel : 01 46 06 16 04 www.michou.com


ÉVÉNEMENT

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L’ARTISAN DE LA CHANSON FRANÇAISE À L’ATELIER « Piano la vie, piano le temps, j’ai plus envie d’courir tout le temps…», dit-il avec un sourire malicieux. Effectivement, le 16 mai 2020 sera une date importante pour Alain Turban. Il a choisi de proposer son répertoire d’une nouvelle façon au Théâtre de l’Atelier, lieu mythique situé au cœur de son Montmartre comme il se plaît à le dire. Ce spectacle intimiste pianovoix, dirigé par Frédéric Andrews, sera parsemé de chansons inédites, sans oublier les incontournables qui ont jalonné sa carrière depuis des décennies. Loin des scènes de vie passées, de ses l’Olympia au Casino de Paris en passant par la Cigale, loin des multiples tournées Âge Tendre ou du disco des années quatre-vingt, loin des galas provinciaux et des spectacles hors de l’hexagone, il nous offre aujourd’hui une soirée pianissimo. La sagesse et le calme seraient-ils de mise ?

Allez savoir... Laissez-vous guider par sa plume et prenez part au voyage, de la légende de Montmartre jusqu’au soleil californien de Santa Monica, sans oublier ses racines du côté de Saint-Pétersbourg. Le petit Turbanovitch évoquera aussi sa grand-mère de la Butte dont les mots résonnent encore dans sa tête lorsqu’il partait pour l’école Foyatier, près du funiculaire de Montmartre : « En avril ne te découvre pas d’un fil, en mai fais ce qu’il te plait. » C’est bien ce que cet artisan de la chanson française compte faire en se produisant pour la première fois au Théâtre de l’Atelier. Si « nul ne guérit de son enfance », comme le chantait son ami Jean Ferrat, l’Ardèche ne sera pas loin de la place Charles Dullin ce soir-là, et pour cause... Le Poulbot vous donne rendezvous pour une soirée exceptionnelle.

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SECRETS DE MONTMARTRE

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L’HÔTEL PARTICULIER MONTMARTRE

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ntre la célèbre avenue Junot et la rue Lepic, l’adresse la plus secrète de la Butte se niche au fond du passage de la Sorcière. On y découvre un lieu insoupçonnable. Quand le portail du 23 de l’avenue Junot s’ouvre sur un chemin, vous ne savez déjà plus où vous vous trouvez. Non, vous n’êtes pas à Paris tant le silence et la luxuriante végétation l’excluent. Dans cette paix hors du temps êtes-vous à Montmartre ? En tout cas pas celui des 11 millions de touristes par an. Vous poussez une grille, des tables de jardin vous attendent au milieu de la verdure, et apparait une élégante demeure de charme dans un havre de paix. C’est l’Hôtel Particulier Montmartre. A partir de ce moment surprise et émotion sont au rendez-vous. Une sorte de magie

intemporelle qui ne se démentira pas au cours de la découverte.

LE PLUS PETIT HÔTEL DE PARIS, LE PLUS SECRET, VOUS OUVRE LES PORTES DU PLUS GRAND JARDIN HÔTELIER NATUREL DE LA CAPITALE Les jardins qui entourent l’Hôtel Particulier constituent le plus grand jardin hôtelier de Paris avec les 900 m2 de jardins de style romantique implantés autour du Rocher de la Sorcière. Louis Benech, le paysagiste du Jardin des Tuileries a créé un jardin aux essences variées, avec une rocaille, des buis, un bassin, un potager et même un poulailler. L’été, vous n’y entendrez que le chant des oiseaux. On peut y croiser

un hérisson, un couple de geais, des merles et des mésanges. Si Oscar manifeste une motivation de tous les instants pour magnifier ce havre de quiétude et de de raffinement il ne néglige pas sa passion du jardinage. Dans un souci d’écologie Oscar utilise le compost, l’électricité verte, il a également installé des nichoirs à oiseaux et abris d’insectes. Comment ne pas tomber sous ce charme champêtre et bucolique qui signe l’esprit de la Butte ? Jusqu’en 1982, le jardin a abrité la cabane des célèbres clowns Georges Footit et Raphael Padilla, plus connus sous le nom de scène Chocolat. On aperçoit encore la porte de leur maisonnette depuis les escaliers qui descendent vers la rue Lepic. A partir de 1890, les Chocolat se produisent au Nouveau Cirque de Josep Oller, puis aux Folies Bergères là où Toulouse Lautrec les a souvent croqués. Le plus célèbre représentant Chocolat dansant dans un bar !

L’HISTOIRE DE HÔTEL PARTICULIER MONTMARTRE Cette Maison Particulière à la façade de style directoire a été construite en 1871 à partir d’une construction plus modeste dans le style typique du maquis montmartrois. En effet, nous sommes ici au cœur de l’ancien maquis. Bidonville et paradis perdu à la fois ! Là où les terrains étaient encore très bon marché et permettaient à de grands bourgeois de s’encanailler « à la campagne ». A la même époque, celle de l’effervescence haussmannienne, la Villa Radet a été également édifiée un peu plus haut. Dans les années 1970, la demeure reste à l’abandon. Durant cette période, une vieille femme marginale entourée de nombreux chats occupe les lieux. Apeurés par cette vieille dame mystérieuse, les enfants du quartier ont alors renommé l’allée privée menant à l’Hôtel le


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« passage de la Sorcière » initialement appelée le « passage du rocher de la Sourcière ». De nombreuses légendes gravitent autour de ce rocher qui a donné son nom au passage. Il proviendrait de la région de la Marne, mais on ne sait pas réellement ni quand ni comment ce rocher est arrivé ici. Certains ont même suggéré qu’il s’agirait d’une météorite ! En 1980, la famille GuerrandHermès acquis la demeure pour y établir sa maison de famille jusqu’en 1995. En 1998, le Comte de Labriffe l’achète et la rénove intégralement. C’est à cette époque que la façade adopte un style Directoire. Ensuite elle passe dans les mains du directeur de la Banque Rothschild qui eu la bonne idée de partir pour Londres. Ainsi en 2007, la famille Comtet a pu en faire l’acquisition. Tout d’abord,le couple transforme le lieu en maison d’hôtes chic, puis envisage finalement de la revendre trois ans plus tard. Mais c’était

Entre la célèbre avenue Junot et la rue Lepic, l’adresse la plus secrète de la Butte se niche au fond du passage de la Sorcière.

sans compter sur leur jeune fils Oscar qui décide de reprendre les choses en main. Paysagiste de formation, ayant travaillé dans le monde de la mode et du cinéma, Oscar est un créatif qui saisit le formidable potentiel de la maison. Il monte d’abord un bar où il propose entre autres des cocktails à base de fleurs oubliées. L’opération étant un succès, ses parents lui confient la direction de l’établissement. A lui de le faire prospérer. Bien décidé à faire de cette demeure familiale un havre de paix haut de gamme et avec des idées plein la tête, un sérieux réseau de relations, du goût, Oscar ouvre le restaurant. Très vite il conçoit cinq vastes suites, chacune offrant une mise

en scène originale confiée à un artiste, pour faire vivre aux clients une expérience unique, insolite et… particulière. Mission accomplie, puisque nombreux sont les grands noms de la mode ou du cinéma qui ont fait de l’Hôtel Particulier leur lieu de villégiature privilégiée. Il faut reconnaitre que le lieu est idéal pour qui recherche raffinement et discrétion.

OSCAR COMTET LE MAITRE DES LIEUX Souriant, attentif, Oscar vous accueille dans sa Maison Particulière. Un clin d’œil inédit, aujourd’hui, Oscar Comtet est le seul à avoir le statut d’exploitant agricole à Montmartre ! Pour mémoire, rappelons qu’il est diplômé en aménagement d’espaces verts. D’ailleurs, il se définit lui-même ni comme un hôtelier (l’établissement n’est pas classé de par son choix), ni comme un restaurateur. Ce qu’il aime c’est imaginer tout ce qui prendra vie à l’Hôtel Particulier avec le gout du détail qui fait la différence, comme par exemple manger les œufs fraichement pondus par les poules de la maison. Au fil du temps, cette maison de famille s’est imposée comme une belle référence parisienne. L’ensemble est porté par le dynamisme et l’enthousiasme d’Oscar soucieux que les lieux restent non seulement hors du temps mais aussi dans l’air du temps. Oscar et sa charmante épouse Audrey ont assuré la relève avec la naissance d’Aurèle le 19 juillet dernier. Ils sauront,

n’en doutez pas, lui transmettre l’amour de cet exceptionnel écrin montmartrois ! « C’est un établissement d’épicurien dont le côté caché fait rêver mais qui n’en reste pas moins accessible » déclare Oscar En effet, il est tout à fait possible de profiter de l’Hôtel Particulier sans pour autant y dormir dans une suite. Il se veut un établissement accueillant où les clients profitent d’un éventail d’offres au fil des saisons, des jours, des heures ; du brunch au dîner sans oublier la privatisation des espaces pour des fêtes, des mariages ou des événements organisés par Dior, Google, Chanel, Cartier et d’autres tout aussi prestigieux !

RESTAURANT LE GRAND SALON Table incontournable validée par les plus fins gastronomes, le Grand salon vous reçoit midi et soir. Le talentueux chef Louis Ricard (ex Pré Catélan) a imaginé une carte en accordant les couleurs, les saveurs et les textures des produits de saison pour une cuisine française créative et faite maison. - Il vous accueille du mercredi au samedi soir pour le dîner à partir de 19h30 - Pour le déjeuner une offre accessible du lundi au vendredi de 12h à 14h30 • Entrée + plat ou plat + dessert pour 28 € • Entrée + plat + dessert pour 34 €

LE BRUNCH DU WEEK-END Confortablement installé dans les fauteuils du Grand Salon ou dans ceux du jardin d’hiver, laissez-vous séduire par

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SECRETS DE MONTMARTRE

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une formule de brunch gourmande. Dès l’arrivée des beaux jours, le brunch prend place dans les jardins. Samedi et dimanche un bonheur à savourer en famille, entre amis ou en amoureux qui affiche souvent complet. Faite maison, sa formule est composée en entrée d’œufs brouillés aux truffes, d’un plat au choix et d’une assiette de pâtisseries signées André Stevens ancien pâtissier du Crillon. Le tout est accompagné d’un jus de fruit frais de boissons chaudes à discrétion de viennoiseries et de pain frais, sans oublier un verre de vin ou une coupe de champagne.

• Boisson chaude et sélection sucrée à 15 € • Jus détox minute et sélection sucrée à 17 € • Champagne et sélection sucrée à 21 €

• Menu Brunch le samedi et le dimanche, en deux services, de 11h30 à 16h 55 € par personne.

BAR LE TRÈS PARTICULIER UNE ADRESSE RÉSERVÉE INITIÉS

L’AFTERNOON TEA D’autres clients préfèreront se poser dans les jardins ou les salons au moment de l’ afternoon tea afin de déguster une tartelette chocolat, une tarte citron meringuée ou un chou à la crème au fruit de saison, le tout fait maison par le chef pâtissier dont l’assiette sucrée change chaque semaine. Sans réservation une pause de détente, en journée, autour d’un thé, d’un café ou de boissons fraîches du mercredi au vendredi, de 14h à 18h, et le week-end de 16h à 18h.

les dix ans de l’établissement, mais également refaire progressivement la décoration de l’hôtel « parce qu’il faut toujours savoir surprendre ». Il n’existe pas de lieu plus propice pour savourer une douceur de vivre bien montmartroise à l’abri des regards et de la foule des touristes. A découvrir ce lieu insolite noyé dans la verdure au charme paradisiaque réellement particulier… Marie-France Coquard

Les initiés trouveront le chemin de ce bar Intime et cosy. Ouvert tous les jours de 18h à 2h c’est une adresse branchée incontournable pour noctambules avertis. Vous y croiserez des parisiens, mais aussi des Londoniens et des New Yorkais…. A souligner une belle carte de cocktails création préparés à base de produits frais eux aussi souvent issus des jardins, ainsi qu’une sélection de tapas. • Cocktails à partir de 14 € • Verre de vin à partir de 6 € • Tapas à partir de 6 € Oscar fourmille de projets, à commencer par celui de célébrer bientôt dignement

L’HÔTEL PARTICULIER MONTMARTRE Oscar Comtet 23 Avenue Junot Interphone : Hôtel Particulier Montmartre Tel : 01 53 41 81 40 www.hotelparticulier.com Pour organiser un événement event@hotel-particuliermontmartre.com Pour en savoir plus : https://www.facebook.com/pg/ hotelparticuliermontmartre

LADY CIPLINE AND FRIENDS

Parce qu’on n’a pas tous les jours 38 ans ! Artiste transformiste burlesque, Lady Cipline alias Jules Wittig, se pro­duit depuis plus de 16 ans dans la boîte de nuit « Le Tango » à Paris. Le 1er février prochain il a décidé de fêter son anniversaire autour d'un spectacle unique entouré de tous ses amis artistes, danseurs, chanteurs, drag queens, musiciens... Tableaux de plumes, paillettes, chansons françaises de comédies musicales etc…vous attendent pour ce diner-spectacle exceptionnel le 1er février à 19h30 à la Bonne Franquette ! Sortez votre plus belle tenue et venez vous amuser pour une soirée drôle et magique à la Bonne Franquette le restaurant mythique de la Butte ! Dîner-spectacle 50 euros tout compris Réservation : 06 12 84 16 21 / ladycipline@gmail.com La Bonne Franquette – 18 rue Saint Rustique – 75018 Paris


PAROLES ET MUSIQUE

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PATTIKA CHANTE À LA FERME CABARET DE BONY …ET « AU CHIEN QUI FUME » À PARIS

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e 14 février 2020, Pattika revient chanter à Bony, où le public est invité à fêter la Saint-Valentin en musique. La chanteuse a déjà touché le (grand) cœur des « Gens du Nord » à deux reprises, dans cette pittoresque Ferme cabaret du Vieux-Puits animée par deux fervents amoureux de la chanson française, et amis de la République de Montmartre, Geneviève et Philippe Gyselinck. A partir de 21 heures, le nouveau récital de Pattika mêlera reprises et créations. Hommages d’abord aux grandes voix de la chanson française - l’artiste est, on le sait, l’une des rares à aborder des répertoires aussi différents et difficiles que ceux de Piaf ou Barbara, et à convaincre les plus exigeants inconditionnels de ces icônes. Mais Pattika fera aussi, bien sûr, un voyage à travers son propre répertoire, en interprétant nombre de ces titres poétiques et décalés dont elle est l’auteur : à commencer par une reprise de ses premières chansons en version cabaret, piano-voix, accompagnée au clavier par Pascal Coemet, le compositeur de nombre d’entre elles… on retrouvera la verve de l’incontournable Les Gens, longtemps diffusé sur FIP, et d’autres bijoux comme Lavomatic, alliages d’humour et de surréalisme quotidien. Le public découvrira aussi les chansons du nouvel album « J’ai un million d’amis » composé et produit par Bruno Gef - où la satire douce des réseaux sociaux fait bon ménage avec le charme envoûtant des Voix du passé et la mélancolie légère d’Aimer chanter - et plusieurs inédits, pas encore

distribués, des textes plus confessionnels, habillés par les mélodies colorées d’Arnaud Rosenblat. C’est ce même programme, révélateur des multiples facettes de la chanteuse, que le public parisien pourra venir apprécier le 28 février 2020, à partir de 20 heures, « Au chien qui fume », dans un superbe cadre Art-Deco, au cœur de Montparnasse - mais les Montmartrois sont les bienvenus ! JMG

SOIRÉE CABARET : Le VENDREDI 14 FEVRIER 2020 Fêtez a Saint-Valentin avec PATTIKA à 19H30 50€ tout compris avec repas, boissons et concert. Ferme Auberge du Vieux Puits – 5bis, rue de l’Abbaye 02420 BONY (à 1h 45 de Paris) Tél. 03.23.66.22.33 SITE : ferme-du-vieux-puits.isasite.net PATTIKA EN RÉCITAL AU CHIEN QUI FUME - MONTPARNASSE : Au Piano : Pascal Coemet - Vendredi 28 février 2020 à partir de 20 heures 19, boulevard du Montparnasse 75006 Paris 01 45 67 12 75 auchienquifumemontparnasse.fr A noter : les titres de l’album « J’ai un million d’amis » sont téléchargeables sur toutes les plates formes numériques - Chansons de Pattika en écoute sur Youtube.

Montmartre en Mélodies présente : l’union originale d’une visite guidée dans Montmartre et d’un spectacle chanté d’esprit cabaret. Après avoir découvert les secrets de la Butte au cours d’une promenade de charme, vous assisterez à un tour de chant de Pattika, dans le cadre d’un célèbre cabaret. Une balade artistique, historique et musicale. S’adresse aux groupes constitués - clubs et agences, comités d’entreprise, associations, etc. Renseignements : 06 16 09 20 77

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Diaporama

Bulletin d’abonnement à Paris-Montmartre Abonnement : 25 e, (35 e étranger) et abonnement de soutien à partir de 50 e. Chèque à l’ordre de Paris-Montmartre. Bulletin à remplir en lettres majuscules et à retourner à Paris-Montmartre/Immopolis, 2 place Marcel Aymé, 75018 Paris Nom : Prénom : Adresse : E-mail : Tél : Date :


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e qui donne des couleurs à vos nuits blanches L’Hommm Bernard Dimey

Votre Soirée Soirée Dîner Spectacle à 20h30 dinner and show 8.30 pm

MENUS

PARI S

MICHOU

115 euros

145 euros

(cocktail et vin inclus)

(cocktail et champagne inclus)

Soirée Spectacle à 22h30 show with champagne 10.30 pm

+33(0)1 46 06 16 04 www.michou.com

Cabaret Michou - 80 rue des Martyrs - 75018 Paris


LA

S I G N AT U R E

Création : www.thierryfougerol.fr - crédit photo : SvetlanaSF

Grâce à Immopolis, je peux prendre le train en bas de chez moi.

D E L’ E X I G E N C E

Les agences du Groupe Immopolis Immopolis Abbesses 7, rue Ravignan - 75018 Paris 01 42 51 22 00

Immopolis Junot 2, place Marcel Aymé - 75018 Paris 01 53 28 98 98

Immopolis Caulaincourt 105,rue Caulaincourt - 75018 Paris 01 53 41 33 00

Immopolis Guy Môquet 78 av. de St-Ouen - 75018 Paris 01 53 31 09 04

Immopolis Ramey 17, rue Ramey - 75018 Paris 01 42 23 84 05


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