Paris Montmartre Juin 2018

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"Aller à l’idéal et comprendre le réel"

N°13.109 2e trimestre 2018 ISSN 11 53-0618

© Photo : Alexandre Moyse

(Jean Jaurès)

PLACE DU TERTRE

UN PROJET DANS L'IMPASSE

MICHOU

OU LA BELLE DU 18 JUIN

CAROLINE VALENTIN

BRODEUSE DE RÊVES

JACQUES LETERTRE ET SES HÔTELS LITTÉRAIRES

JEAN-VICTOR CLÉRICO L'ART D'APPRENDRE LE MUSIC-HALL


© Bal du Moulin Rouge 2018 - Moulin Rouge® - 1-1028499

LA REVUE DU PLUS CÉLÈBRE CABARET DU MONDE !

DÎNER ET REVUE À 19H À PARTIR DE 180E - REVUE À 21H ET 23H À PARTIR DE 77E

MONTMARTRE 82, BLD DE CLICHY 75018 PARIS - TEL : 33(0)1 53 09 82 82 - WWW.MOULINROUGE.COM


édito …EN MÊME TEMPS… Chers Amis, voici donc, de retour, Paris-Montmartre, votre magazine ! Une nouvelle aventure commence, avec la volonté et la passion de deux partenaires, acteurs et animateurs bien connus de la vie montmartroise : Alain Coquard, président de la République de Montmartre, et Brice Moyse, président de la société Immopolis nous ont rejoints pour donner un nouveau souffle à ce magazine indépendant.

Avec votre soutien moral et matériel, nous poursuivrons ensemble ce voyage « pour aller à l’idéal et comprendre le réel ».

supplément d’âme et de sens à la Fête des Vendanges, si représentative de l’esprit montmartrois, loin de la commercialisation à outrance.

Plusieurs signes nous donnent aujourd’hui confiance : des nouvelles réconfortantes, des volontés positives et des changements font souffler sur la Butte une brise légère annonciatrice du renouveau.

Le magazine Paris-Montmartre, voué depuis 30 ans à Montmartre, à sa vie culturelle, à la défense et la protection de son patrimoine exceptionnel, sera tiré à 50 000 exemplaires, et distribué dans les boîtes aux lettres, touchant ainsi de nombreux secteurs clefs du 18e arrondissement voire de Paris.

Le syndicat d’initiative vient d’élire son nouveau président, Alain Leiblang, ancien journaliste : « Je souhaite revenir à la philosophie d'origine qui était aussi et surtout celle de défendre l'image de Montmartre en participant à son développement mais pas seulement sur le plan économique. » Cette déclaration à Paris-Montmartre (lire page 35) laisse augurer de nouveaux possibles, et nous nous en réjouissons.

Enfin, la société Le Vieux Montmartre, propriétaire des superbes collections du musée, vient de renouveler sa confiance à son président, Jean-Manuel Gabert, que vous connaissez bien puisqu’il est le rédacteur en chef de ce magazine. Lors de l’assemblée générale, il a mis l’accent sur la générosité accrue des donateurs, de plus en plus nombreux, collectionneurs et artistes. Concernant la protection du patrimoine, l’assemblée des sociétaires a répondu avec enthousiasme à son appel à la reconfiguration de la place du Tertre, attendue par tous, pour lui redonner son visage d’espace culturel, artistique et convivial. (Lire page 44).

Ce magazine est le vôtre. Vous pouvez-vous y impliquer de plusieurs manières, pour pérenniser cette tribune libre des montmartrois : participer à la rédaction (sujets à nous suggérer, coups de cœur, coups de gueule, annonces diverses…), s’abonner et faire abonner, rechercher des encarts publicitaires auprès de vos commerçants, aider à la gestion administrative, etc.

De son côté, le Comité des fêtes et d’actions sociales du 18e arrondissement, qui met en place des actions solidaires et conviviales par la vente du vin du clos Montmartre, a choisi en Éric sureau, un digne successeur de Brigitte Houdinière. Il aura à cœur, j’en suis sûr, de donner un précieux

En même temps, des élans, des envies et de nouvelles énergies se manifestent à Montmartre, que ce magazine compte bien porter et transmettre. En attendant les indispensables changements bénéfiques pour Montmartre, pour Paris et pour tous, je vous souhaite à toutes et à tous un bel été débordant de bonheur et d’énergie. Midani


Un kir offert sur présentation du magazine au déjeuner ou au dîner

LA BONNE FRANQUETTE LA BONNE FRANQUETTE Aimer, Manger, Boire et Chanter

Aimer, Manger, Boire et Chanter Ouvert tous les jours 12h – 14h30 & 19h – 22h Y compris les dimanches et jours de fête

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Angle 2 rue des Saules, 18 rue Saint Rustique Montmartre – 75018 Paris


sommaire

"Aller à l’idéal et comprendre le réel" (Jean Jaurès)

N°13.109 2e trimestre 2018 ISSN 11 53-0618

© Photo : Moyse

Paris-Montmartre 2e trimestre, juin 2018

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MICHOU OU LA BELLE DU 18 JUIN

PLACE DU TERTRE

UN PROJET DANS L'IMPASSE

MICHOU

OU LA BELLE DU 18 JUIN

CAROLINE VALENTIN

BRODEUSE DE RÊVES

JACQUES LETERTRE ET SES HÔTELS LITTÉRAIRES

JEAN-VICTOR CLÉRICO L'ART D'APPRENDRE LE MUSIC-HALL

REGISTRE DU COMMERCE Paris B 420 740 045

PREMIER MAI À L’HÔTEL DE VILLE, MUGUET, GRANDE MÉDAILLE ET… PLACE DU TERTRE

RÉDACTION ET PUBLICITÉ 13, place du Tertre, 75018 Paris Tél. 01 42 59 19 99 DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Midani M’Barki

CAROLINE VALENTIN BRODEUSE DE RÊVES

midani1@free.fr

DIRECTEUR ADJOINT ET RÉDACTEUR EN CHEF Jean-Manuel Gabert gabert.jeanmanuel@neuf.fr

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AUTOUR DE KUPKA ET TOYEN LES PEINTRES TCHÈQUES À MONTMARTRE AU TOURNANT DES XIXe ET XXe SIÈCLES

RÉGIE PHOTO Jacques Habas, Tél. 06 17 55 57 37 RÉDACTION Jean-Paul Bardet, Alexandra Cerdan, Michèle Clary, Marie-France Coquard, Jean-Manuel Gabert, François Garnier, Jacques Habas, Alain Haimovici, Christine Haydar, Grégoire Lacroix, Midani, Pierre Passot, Jean-Marc Tarrit.

DANI LA NUIT NE DURE PAS

PHOTOGRAPHIES Jacques Habas, Midani, Alexandre Moyse.

VALENTINE DUCRAY « TOUTE PETITE, JE DANSAIS SUR LES POINTES AVEC MES ESPADRILLES ! »

ILLUSTRATION Florence Côme, Jérôme Feugueur (Gégé), Sthéphane Plouviez. DÉPÔT LÉGAL 2e trimestre – juin 2018

JEAN-VICTOR CLÉRICO AU MOULIN ROUGE L'ART D'APPRENDRE LE MUSIC-HALL

RÉGIE PUBLICITAIRE 06 78 78 90 84 MAQUETTE

PORTRAIT DE JACQUES LETERTRE UN DÉFI UNIQUE QUI CONJUGUE PROFESSION ET PASSION

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Trouvez • Le Moulin Rouge [p. 2] • Xavier Castex MMA [p. 3] • La Bonne Franquette [p. 4] • Durand Traiteur [p.14] • Le Coin Des Amis [p.14]

chez nos partenaires : • Gestion Immopolis [p. 23] • La Mascotte, L’Écaille [p. 24] • Le Brio [p. 24] • Le Poulbot [p. 24] • Michou [p. 51]

• Immopolis [4e de couverture] • Au Syndicat d’initiative de Montmartre, 7 rue Drevet, et dans certaines boulangeries du XVIIIe.


L A VIE DU VILL AGE

PM 13-109

PAR JEAN-MANUEL GABERT

Mathieu Bellair, l’un des poulbots jumeaux du restaurant Le Poulbot – un jeune restaurant dont les amoureux du Montmartre authentique ont déjà fait leur cantine – vient d’épouser la belle Martha Barajas, en grand costume mexicain. De quoi donner l’envie à son frère son semblable de faire tout pareil… En plus, Martha et Mathieu (ça sonne bien) nous annoncent une heureuse nouvelle pour fin novembre. Bon, en un mot, pour résumer : l’un des deux poulbots du restaurant Le Poulbot, au 3 de la rue Poulbot, nous promet pour bientôt un nouveau poulbot… Alors, c’est pas beau ? Toutes nos félicitations, et nos vœux de bonheur, à Martha et Mathieu, sous l’œil bienveillant du grand Poulbot !

LE PEINTRE JAERAYMIE FÊTE LE THANKSGIVING À LA ROUSSARD COMPANY Exposition surprise du peintre Jaeraymie à la galerie Roussard, en compagnie des Montmartrois et des autres, avec la présentation d’un curieux tableau, réalisé à quatre mains par Jaeraymie (acrylique) et le fantôme du peintre Jean Léon Gérôme Ferris (huile). Ce dernier lui étant apparu après un repas au McDo mal digéré, avait demandé à son jeune confrère de refaire avec lui l’une de ses œuvres de 1621 « Le premier Thanksgiving ». Résultat : un tableau de facture classique où la dame charitable distribue des burgers aux Indiens, sous le logo McDo. Mais Marie Catherine et Jean-Marc Tarrit ont refusé d’y toucher : ils ne mangent pas de ce pain-là.

Photo : Raphaël Bohbot

UN POULBOT SE MARIE

Pattika soufflant ses bougies entourée par Levana Caille et Cordélia Faure

SOIRÉE CABARET POUR L’ANNIVERSAIRE DE PATTIKA Le 13 juin, la chanteuse Pattika a fêté son anniversaire à la brasserie Thaï, l’une de ses adresses préférées sur la Butte (elle n’est pas la seule de cet avis). Et elle n’a pas été déçue : au premier étage du restaurant, Vincent avait préparé pour les nombreux convives, ses amis de Montmartre et d’ailleurs, un superbe buffet aux saveurs toujours aussi raffinées et la soirée s’est poursuivie tard dans la nuit, autour du piano, dans une belle ambiance cabaret montmartrois ! Soirée magique et belles rencontres entre artistes… autour de Pattika, la chanteuse enchantée !

BORONALI LE RETOUR

Photo : F. Loup

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En 2010, la République de Montmartre avait passé commande à un descendant de l’âne Lolo, dit Boronali, pour la réalisation d’une nouvelle œuvre picturale, en hommage à son ancêtre artiste de 1910. Un second coucher de soleil sur l’Adriatique fut donc exécuté selon la même méthode – sans les mains, mais avec la

queue – un siècle plus tard, devant le même Lapin Agile, pour célébrer le légendaire tableau canular. La blague de Dorgelès a donc inspiré une nouvelle toile, très colorée, que la République de Montmartre a récemment mis en dépôt au cabaret, lors d’une cérémonie officielle… en grandes pompes et petits sabots.


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ILS ÉTAIENT TOUS VENUS POUR MICHOU… À LA BELLE DU 18 JUIN !

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ls étaient tous là, ce 18 juin, dans la cour du cabaret, dans la salle, se relayant au fil des heures, les amis chers, les relations, les Montmartrois, les Parisiens, les célèbres, les anonymes, les branchés du « chaubises », les voisins, les artistes, les artisans et les autres, tous ceux qui tenaient absolument à venir célébrer l’anniversaire du plus célèbre des princes

l’une des plus grandes personnalités de l’âge d’or de la chanson française, M. Charles Dumont, et les voir assis côte à côte donnait l’impression de rencontrer deux incarnations de la simplicité, de la modestie, deux légendes vous souriant comme des amis proches. Plus qu’aucun autre commentaire, il nous a paru évident de reproduire ici le texte

bleus de la nuit, celui qui en a définitivement changé la couleur, celui qui a allumé les couvre-feux, bariolé les grisailles, mis des paillettes et des faux-cils à la mélancolie de Paris, camouflant souvent la sienne avec élégance pour en faire vivre le mythe. Emu, Michou les a reçus avec la même gentillesse pour chacun, connus ou moins connus, tant il sentait sincères l’émotion, l’envie de dire merci, l’amitié qui se dégageaient de tous ces regards. À son côté se tenait

écrit par Charles Dumont à son ami : « Cher Michou, Je suis très fier d’être à côté de toi, très fier pour de multiples raisons. D’abord, parce que tu es un ami fidèle et charmant, que tout le monde adore, tout un quartier adore, toute une ville adore, tout Paris et la France aiment ! Bon, ça, c’est l’honneur… Il y a une chose extrêmement plus importante. À l’époque où régnait un racisme malsain qui divisait les hommes, qui divisait les

femmes, qui les mettait dans des boîtes hermétiques dont ils ne pouvaient pas s’évader, là, par ton courage, ta générosité, ton talent, ta gentillesse, ton sourire, tu as été le précurseur de leur libération, tels les grands humanistes. Qui fait qu’on ne dit plus : « Tu es de tel pays, tu es un sale type, tu n’es pas de ma religion, tu n’es pas de ma sexualité, je te méprise ! » Michou, en philosophe, tu as transformé ce vocabulaire en : « Tu n’es pas de mon

pays, je t’aime quand même, tu n’es pas de ma religion, je t’aime quand même, tu n’es pas de ma sexualité, je t’aime quand même. » C’est ça l’amour, et Michou est un de ses prophètes ! Michou, je (on) ne t’en remerciera jamais assez. » Charles Dumont

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PREMIER MAI À L’HÔTEL DE VILLE, MUGUET, GRANDE MÉDAILLE ET… PLACE DU TERTRE

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idèle à la tradition, la République de Montmartre a remis à Madame la Maire de Paris, Anne Hidalgo, le muguet de Montmartre. Sous un soleil complice, de très nombreux républicains en grande tenue, cape, écharpe, chapeau à la Bruant, accompagnés des P’tits Poulbots ainsi que de très nombreux invités

tionnel de la Cité des Arts dont vous avez décidé la rénovation. Nous espérons pouvoir organiser en novembre notre 8ème Biennale de la Palette, de l’Objectif et du Burin dans la Villa Radet. A chaque édition elle rassemble 50 artistes qui exposent leurs œuvres pendant deux jours. Les lieux pour de tels événements sont

A l’ occasion de ce 1er mai, la Maire avait décidé de distinguer particulièrement Alain Coquard, Président de la République de Montmartre : « Je veux rendre hommage à Alain Coquard et je veux que Paris lui rende hommage. Il est un Ambassadeur de Paris dans le monde entier.

se pressent pour cette traditionnelle remise du muguet à Madame la Maire. La cérémonie s’est déroulée dans une atmosphère particulièrement chaleureuse, joyeusement rythmée par les tambours. Dans son discours, Alain Coquard déclare notamment : « Comme vous l’aviez promis le 12 octobre dernier vous êtes venue à notre rencontre sur la Butte vous avez ouvert à cette occasion les cérémonies de la Fête des Vendanges… Vous avez alors pu visiter le site excep-

rares à Montmartre et parfois soumis au contrôle de son occupant. A la Villa Radet soufflera à nouveau sur la Butte l’incomparable brise de la liberté de création… La dernière Biennale du Livre qui s’est tenue en novembre à la Bonne Franquette a connu un grand succès. Notre Ministre de la Nuit y a dédicacé en avant-première et sans relâche son livre « Michou Prince Bleu de Montmartre ». Il fera don de tous ses droits aux P’tits Poulbots …»

J’ai donc décidé de lui remettre la médaille Grand Vermeil de la Ville de Paris. C’est la plus haute distinction de la Ville de Paris. Président d’une République fleurie, généreuse, très libre comme la vie, je souhaite souligner son souci constant de mettre au service des citoyens ses qualités professionnelles et humanistes. Un précurseur, qui a largement contribué au développement des nouvelles technologies de la Communication, notamment dans le domaine des réseaux câblés de télévision et de


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créer « Tube » chaîne de télévision diffusée sur les quais du métro et du RER. Acteur actif du Tourisme et de la culture, il assure la promotion des traditions culturelles montmartroises et au-delà le rayonnement de la culture française en France et à l’étranger sans oublier la mise en œuvre d’actions caritatives en faveur de la défense de l’œuvre des P’tits Poulbots et l’aide à des associations de protection de l’enfance ou du handicap comme les Papillons Blancs. Créateur d’un partenariat avec Air Anne Hidalgo et Alain Coquard France, en 2016, d’administration de la RATP il il a conduit une délégation a fondé et présidé une filiale à Tokyo pour promouvoir qui a développé le premier l’image de la France et puis réseau fibre optique qui a la Serbie bientôt la Chine … permis dès 1985 de dévelop- La République de Montmartre per la télésurveillance et de n'a pas de frontières !

NÉCESSAIRE CONCERTATION POUR LA PLACE DU TERTRE

sécurité, de la mise en place de la TV dans les petites et moyennes communes ainsi que la modernisation des Bureaux de Poste. Président de la 1ère commission du conseil

Dans son discours Alain Coquard avait déclaré : « La place du Tertre est un symbole, le symbole de Montmartre et de ses peintres c’est aussi un lieu ayant une économie touristique importante. Il convient de préserver les équilibres lorsque la ville veut y faire des travaux provoquant une levée de boucliers d’artistes et de riverains. » En réponse, la Maire de Paris s’est engagée clairement : « Je rejoins totalement Alain et je veux le rassurer sur ce qu’il vient de dire sur la place du Tertre. Bien sûr que pour moi c’est essentiel et capital. Rien ne se fera sans les habitants, sans ceux qui vivent la Butte au quotidien. Rien ne se fera sans vous. Il n’y aura pas un projet technocratique. Il n’y aura pas un projet dessiné par je ne sais quelle direction de la ville très compétente et la dessus je veux leur dire que j’ai toute confiance en eux. Mais des sujets aussi emblématiques que toucher à la place du Tertre ou à la Butte Montmartre cela se fait en concertation et en recherche de consensus. Cela ne veut pas dire que nous serons d’accord sur tout. Les équipes de la ville sont là et elles m’entendent. Il faut que ce soit notre projet commun. Cela se fera en commun. J’en prends l’engagement ici. Montmartre c’est ce que nous avons en commun. Soyez rassuré Monsieur le Président.»

DÉCOUVREZ LA BELLE HISTOIRE DE LA RÉPUBLIQUE DE MONTMARTRE Racontée par Jean-Claude Gouvernon et Martine Clément À l'initiative d'artistes peintres, dessinateurs, affichistes et illustrateurs de renom, la République de Montmartre voit le jour à la fin de l'année 1920. Son objectif initial est de resserrer les liens entre plasticiens, écrivains et musiciens pour venir en aide aux plus âgés ou démunis d'entre eux. Sous l'impulsion de Francisque Poulbot, l’action philanthropique de cette république "pour rire", s'étend rapidement au soutien de l'enfance malheureuse ou défavorisée. Près de cent ans plus tard, cette grande association montmartroise poursuit le chemin tracé par ses fondateurs au travers de mani-

festations solidaires, culturelles, littéraires, artistiques, sans oublier la protection du patrimoine de la Butte. Elle est aussi la marraine de l'Œuvre des P'tits Poulbots, engagement qui, à lui seul, justifierait pleinement sa devise : "Faire le bien dans la joie." Format 16,5 X 24 cm, couverture cartonnée, 216 pages, impression couleur, plus de 400 images et photos Recevez le livre par La Poste en franchise de port (France ou étranger) au prix de 34€

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HISTORIQUE

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PETITE ANTHOLOGIE DES POÈTES ET CHANSONNIERS DE MONTMARTRE

Notre Petite anthologie des poètes et chansonniers montmartrois est de retour, elle se poursuit, elle nous accompagne en ce second trimestre 2018. Plus ou moins connus, c’est avec plaisir que nous retrouvons, ces nombreux « poètes-chansonniers » qui, parmi les premiers, sont soit passés du club des Hydropathes du quartier latin aux cabarets de Montmartre, soit qu’ils s’y soient tout simplement directement formés, comme on dit “sur le tas”, en y affutant leurs premières armes ! Présentés selon l’ordre alphabétique, afin de ne pas créer entre eux une hiérarchie arbitraire, chaque biographie est précédée d’un bref résumé des principaux évènements survenus l’année de leur naissance, puis illustrée d’une ou plusieurs de leurs créations, poèmes ou chansons.

Delorme D (3)

Par Jean-Paul

BARDET

HUGUES DELORME

Hugues Delorme est né à Avize (Marne) le 10 avril 1868.

de sa sépulture. Cette année là, pour la première fois une femme devient médecin. Charles Tellier, ingénieur, met au point les techniques de conservation des denrées par réfrigération. Offenbach présente sa nouvelle opérette, « La Perrichole » et Corot, paysagiste talentueux, expose son premier portrait : « La femme à la perle ».

En mai 1868, un siècle avant “mai 68”, « il était déjà interdit d’interdire » : une loi sur la presse décrétait de l’abolition de l’autorisation préalable et des avertissements concernant la publication des articles, mais conservait cette autorisation préalable pour la publication des caricatures. André Gill, provocateur né, saura avec talent et intelligence, malgré la surveillance pressante des censeurs, soulever habilement le bâillon rétabli par Napoléon III. Provoquer « Madame Anastasie », censée représenter la censure, était pour lui un objectif permanent ! Un exemple : lorsque le journal « La Lune », qu’il illustrait avec talent, fut interdit de publication, il le remplaça aussitôt par une nouvelle publication : « L’Eclipse » ! Plus étrange et peu compréhensible, la liberté de réunion, interdite, souvenez vous de « La campagne des banquets » est rétablie ! Autre combat : son soutien à l’avocat Gambetta, Livret de Hugues Delorme lorsque ce dernier s’engagea en prononçant un violent réquisitoire à l’occasion de l’affaire Baudin. Une affaire dont on reparlera plus tard, au moment de la construction de la passerelle Caulaincourt, les travaux de construction ayant nécessité le déplacement

Poète parisien, moitié champenois, moitié normand (Rouen l’a toujours considéré comme un fils adoptif !), Hugues Delorme préférait, et cela le confirme, la pomme au raisin et le champagne au cidre. Personnage curieux, Hugues Delorme était-il prédestiné pour composer des vers ? Sans doute, car lorsque l’on étudie ses œuvres, on constate qu’il était toujours plus à l’aise avec le langage rimé qu’avec la prose. Cependant, il faudra attendre 1896, alors qu’il est âgé de vingt-huit ans, pour qu’Hugues Delorme découvre les cabarets de Montmartre. Afin, comme il le souhaite, de rattraper son retard, il saura très vite s’introduire et trouver les moyens d’y faire ses débuts. Il commencera par réciter ses vers, au « Carillon », pour très vite passer au célèbre cabaret des « Quat’zarts ». Grand travailleur, s’inspirant à la fois des poètes du XVIème siècle, des Romantiques et des Parnassiens, Hugues Delorme a souvent été directement apparenté à Théodore Banville (membre de l’école du Parnasse) ou à Glatigny, avec lesquels il présente beaucoup d’affinités ! Poète, il sera aussi un brillant humoriste. Surnommé « La Voltige », en raison de sa


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corpulence, Hugues Delorme, après avoir été un moment employé comme rédacteur au « Journal français » et au « Courrier français », va complètement se métamorphoser et se révéler être un véritable auteur dramatique. Ses premières créations, qu’il écrira naturellement en vers, ont été à l’affiche de nombreux établissements : du Théâtre Antoine au Théâtre de la Renaissance en passant par l’Odéon. Par la suite, il sera l’auteur, seul ou en collaboration, de plusieurs comédies en prose : « Le coup de minuit», « J’attends Ernest »…, de vaudevilles : « Nos bons chasseurs »…, ainsi que divers livrets d’opérettes : « La Soubrette », « Le roi Frelon »….

nombre de tréteaux montmartrois. Hugues Delorme est décédé le 20 mai 1942 à Paris. BÊTES À PLUMES A leur régal coutumier Laissons les canards, les oies. Ils puisent leurs seules joies Dans la boue et le fumier Trouvant, à salir leurs plumes, Des plaisirs de délicats Leur petit œil rond s’allume Devant leurs petits cacas.

Donnay Auteur dramatique et librettiste d’opérettes, il a participé à la rédaction d’une trentaine de revues qui assurèrent, grâce à son talent de rédacteur, fortune aux théâtres du genre, aux music-halls et même, bien sûr, à

Leur démarche monotone Correspond avec leur chant ; Et comme leur voix détonne, Ils claudiquent en marchant.

Qu’ils mettent leur gloire insigne A se montrer dégoûtants : Ça n’empêche pas le cygne D’être le roi des étangs !

GENS DE PLUME Et de même aussi, laissons Nos modernes Euripides Des vocables peu limpides Nous enseigner les leçons : En réhabilitant presque Les bardes les plus pompiers, Que leur soif pittoresque S’abreuve aux vers de vingt pieds ! Que chacun d’entre eux s’honore D’être obscur, vague, incompris ; Que pour la rime sonore Tous affectent le mépris ; Qu’ils blâment jusqu’au délire Les rythmes mélodieux : Ça n’empêche pas la lyre D’être l’instrument des dieux

MAURICE DONNAY

Maurice Donnay est né à Paris le 12 octobre 1859.

Cette année là, en mai, suite aux entretiens, secrètement menés l’année précédente, entre Napoléon III et Cavour (Camillo Benso, comte de), entretiens connus sous le nom “d’Entrevue de Plombières”, la France déclarait la guerre à l’Autriche, un conflit austro-franco-sarde qui se déroulera sur le sol italien. Les français, victorieux à Magenta, puis à Solferino, signeront l’armistice de Villafranca. Par le traité de Zurich, la France reçoit la Lombardie qu’elle cédera au Piémont. En basse Normandie, Morny fonde la future station balnéaire de Deauville. Dans les domaines artistiques et littéraires, Gounod présente son opéra « Faust », Victor Hugo publie « La Légende des siècles » et Mistral présente « Mireille » en provençal, alors

Cabaret du Chat Noir. Première des projections d'ombres de Lepopée dessinée par Caran d'Ache

que Sainte-Beuve achève son œuvre capitale : « Port-Royal ». Maurice Donnay est un curieux personnage, atypique, voire exotique. Ne disait-on pas de lui qu’il avait l’air d’un mandarin ! Mais ce personnage qu’il montrait, cachait un homme charmant, talentueux, plein d’esprit. Son œuvre, à première vue assez complexe, car très variée, se ré-

vèlera cependant harmonieuse. Son parcours l’a conduit, chose étrange, de L’école Centrale des arts et manufactures à L’Académie française en passant par le cabaret du Chat Noir, un parcours qui surprend et interroge ? Qui était donc réellement Maurice Donnay ? Son enfance, il la passera tranquillement dans sa famille, une famille

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HISTORIQUE de la petite bourgeoisie parisienne, entre son père, sa mère et ses deux sœurs. Une jeune enfance, simplement ponctuée de promenades aux jardins des Tuileries, voisin du domicile de ses parents. Son père, est ingénieur. Un “Centralien”, promotion 1846, qui ne cesse de faire référence à son ancienne et prestigieuse école, dont il est si fier. Considéré comme libéral, «“non anti” quoi que ce soit », son père demeure malgré tout viscéralement hostile à l’École polytechnique, c’est pourquoi il ne pourra concevoir pour son fils, qu’une seule issue : « Passer par cette excellente maison qu’est L’École Centrale».

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« Je ne sais pas pourquoi, et je ne voudrais pas établir de relation de cause à effet entre les deux évènements, mais à peine reprise mon activité, l’entreprise se mit à péricliter, et périclita tellement qu’elle se retrouva au bord de la culbute ! » Voilà arrivé, pour Maurice Donnay, le moment de partir à la recherche d’un nouvel emploi. Lorsque l’on évoquera, des années plus tard, le déroulement de sa carrière, beaucoup penseront combien ce moment fut pour lui, comme une véritable

Élève du lycée Louis-le-Grand, ces « bachots » en poche, le jeune Maurice Donnay, qui ne rêve que de composer des poèmes, portera peu d’attention à ses études, ce qui le conduira à subir, après deux années de “prépa” à Centrale, deux échecs. Entré, comme simple dessinateur, dans la fabrique de machines-outils que possède son père, il y passera, au grand désespoir de ce dernier, à nouveau une trop grande partie de son temps à la poésie et à l’écriture. Face à ce comportement, son père est de plus en plus inquiet et s’interroge : « Tout projet de voir son fils devenir un “Piston”, serait-il perdu ? » Eh bien non ! Après une troisième tentative, c’est en qualité de « cube », c’est ainsi que l’on on désigne, dans le langage des « pré- Dessin par Toulouse Lautrec pas », ces candidats, que Maurice Donnay intègre enfin L’école Cen- chance de ne pas en trouver ! Pourtrale en 1885. Certes, il est admis, quoi et comment ? Eh bien, tout avec un rang modeste, mais il y est, s’est joué en un soir, le jour où, se à la grande satisfaction de son père. promenant rue Laval (rue Victor Tout jeune diplômé, voilà qu’on lui Massé), le jeune Maurice Donnay, proposa d’organiser une fête des après de longues hésitations, décida, Anciens. Il sut si bien mener cette avec courage, de franchir l’entrée de tache, que la plupart de ses amis « L’Hostellerie du Chat Noir », dont diront plus tard, que c’est peut être il avait entendu parler et dont il ne là qu’il remporta son premier succès, connaissait que le journal, « Le Jourqui l’eût prédit ? Brillant organisa- nal du Chat Noir ». Entré, immergé teur de cette fête, il jugera, peu de dans ce lieu de plaisir consacré aux temps après son retour dans l’entre- muses et à la joie, ce fut pour lui prise de son père, que ce n’est pas une révélation. Séduit, il y revienune activité pour lui, il le confessera dra souvent et, selon les jours, il s’y hasardera, jusqu’au jour où il aura avec ces mots : la chance de rencontrer, au côté du

maître des lieux, le gentilhomme “chatnoiresque”, Rodolphe Salis : George Auriol, Émile Goudeau, Jules Jouy, Jacques Ferny….Paul Delmet, compositeur, interprète délicat de tant de mélodies, Alphonse Allais, Henri Rivière, des poètes Verlaine, Rimbaud…! Multipliant ses visites, il est surpris d’être chaque fois de mieux en mieux accueilli, il est ravi de se trouver admis parmi cette honorable assemblée de poètes et d’auteurs de chansons. Puis, ce sera auprès de Caran d’Ache (Émile Poiré), la découverte du théâtre d’ombres, l’attraction qui faisait le succès du cabaret. Curieux, son attente patiente sera récompensée le jour où il parvint à rencontrer, dans la salle baptisée « L’Institut », Rodolphe Salis accompagné de son comité de rédaction. C’était un vendredi soir, (le jour chic !). Sans qu’il ait été prévenu, voilà que le maître le prend par le bras, le pousse sur l’estrade avec ces mots : « A toi, vieux, vas-y ». Comment mesurer quelle put être son émotion, de se retrouver, sans s’être préparé, la sueur froide au front, face à une salle bondée, le soir de la générale d’une nouvelle création de Caran d’Ache : « La conquête de l’Algérie ». Courageux, surmontant son tract, Maurice Donnay grimpa sur l’estrade et récita, de sa voix légèrement basse, l’un des deux courts poèmes qu’il venait de composer, il y a peu, pour une aimable personne de sa connaissance : « À ta gorge » :

A TA GORGE La chemise qui te voilait, Lasse enfin du rôle impudique Que ta pudeur lui conseillait, A l’heure sainte et fatidique S’est couchée à tes pieds d’enfant. Alors ta gorge de faunesse M’est apparue et, triomphant, J’ai vu les splendeurs de jeunesse


HISTORIQUE

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Que ta chemise recelait. J’ai vu, sur ta poitrine nue, Deux jumeaux, deux frères de lait, Enfants d’une belle venue.

Et lorsque, sur ta gorge en feu, Ma soif d’aimer se désaltère, Je songe, en remerciant Dieu, Qu’ils n’en ont pas, en Angleterre.

Modernes, mais non décadents, Gonflant leur rigidité ronde, Sans l’aide des corsets prudents Sachant se tenir dans le monde ;

Voilà résumé comment Maurice Donnay se fit étrangement admettre au cabaret et connaître du public. Favorablement reconnu de la critique, aussitôt, dans toute la presse, au Figaro même, sous la plume de Jules Lemaître, on trouvait d’élogieux articles. Depuis ce jour, l’avenir en avait décidé, Maurice Donnay sera sans doute bientôt reconnu comme l’un

Marbre, satin, roc velouté, Ils résolvaient ce grand problème : - La douceur dans la fermeté Dualité rare et suprême.

Dans l’amour du bien et du beau, Baisant leur pente éburnéenne, Du haut de ce double Nebo Une terre cananéenne A déroulé devant mes yeux Ses campagnes riches et grasses, Et je vous adresse un joyeux Cantique d’actions de grâces, Hauteurs neigeuses où se fond L’ennui des steppes et des plaines, Trésors somptueux qui me font Comme aux innocents les mains pleines.

Profitant de ses brillants débuts au Chat Noir, avec ses poésies et ses chansons, Maurice Donnay réussira à franchir la rampe du “Théâtre d’ombres”, où il présentera deux pièces : « Phryné » et « Ailleurs ». Peu de temps après ces premiers essais, il deviendra, avec « Pension de famille » et « Amants » (1895), l’un des auteurs les plus en vogue de la scène française. Les personnages, finement observés, qu’il met en scène, sont le fidèle reflet de l’évolution des mœurs de leur époque. Si Maurice Donnay continue d’écrire encore quelques unes de ses meilleures comédies : « Éducation de Prince » (aux Variétés, 1900), « Paraître » (à la Comédie française, 1906), « La Patronne » (Vaudeville, 1908), on va le voir s’orienter vers un nouveau genre, le drame politique, un virage qui ne manquera pas de beaucoup surprendre son public. Cette nouvelle orientation ne serait-elle pas en lien avec sa prochaine élection à l’Académie française en 1907 ?

Parmi ses pièces à caractère politique, l’une d’elles, « L’autre danger », a été à l’origine d’un incident diplomatique inattendu, sans précédent, au moment où se préparait entre la France et la Grande Bretagne, la mise en place de la future « Entente cordiale ». En effet, le jour de la visite à Paris, du roi Édouard VII, la pièce, « L’autre danAmants – comédie de Maurice Donnay ger », inscrite au répertoire de des grands poètes du « Chat Noir ». la Comédie française, régulièrement Poète léger, spirituel et délicat, il tis- jouée, se trouvait à l’affiche. Déjà peu sera de solides amitiés avec Rodolphe courtoisement apostrophé le long Salis (“Le Tavernier du diable” !), de l’avenue du Bois, l’avenue Foch, Alphonse Allais et l’ensemble des aux cris de « Fachoda », « Fachoda », pensionnaires du cabaret. Habituel- « Fachoda », Édouard VII fut à noulement remarqué pour son élégance veau mal accueilli à son entrée dans vestimentaire, le jour où il se présenta la salle Richelieu, puis fortement survêtu d’un pardessus au drap usé, dont pris de voir le public ne pas écouter un bouton laissait voir son support de avec respect les hymnes nationaux. métal, à quelqu’un qui lui fit remar- Á l’entracte, calme, gardant le souquer : « Un de vos boutons est décou- rire, le prince de Galles se rendit au vert », Maurice Donnay répondit : foyer, saluant et serrant les mains de « Dieu merci, il ne fait pas froid ! ». tous ceux qui avaient l’honneur d’être Aussi bon poète que bon mathémati- connus de lui, adressant de petits cien, il le prouvera, notamment avec saluts aux autres. De retour dans la salle, il sera cette fois très applaudi à « Adolphe » .

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HISTORIQUE la levée du rideau du second acte. Les choses étaient rentrées dans l’ordre, une sorte de retour en grâce ! Peuton dire que la pièce, « L’autre danger » aurait accompli une sorte de miracle et que « L’Entente cordiale » pourra semble-t-il demeurer en bonne marche ? Maurice Donnay gardera un souvenir ravi de cette heureuse fin de soirée. Enfin, il nous faut insister sur son œuvre théâtrale, fort importante, qui a été interprétée par les plus illustres comédiennes et comédiens de l’époque : Réjane, Cécile Sorel, Lucien Guitry, Raimu, Julia Bartet… Auteur dramatique, son œuvre théâtrale est aussi accompagnée de plusieurs livrets musicaux qui s’ajoutent à ses recueils de poésies : « Autour du Chat Noir », « La reine Margot »,

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« Nos grandes écoles, Centrale », « Le lycée Louis le Grand », « La vie amoureuse d’Alfred de Musset », « Mémoires » et « Mon Journal, 19191939 » qui ne paraîtra qu’après son décès survenu fin mars 1945 dans ce Paris qui venait d’être libéré, et qu’il ne verra pas ! Autre chose, fidèle à ses opinions, après le conflit de 1914, il fut le premier, avec « La Chasse à l’homme », à souligner la nouvelle évolution des mœurs, n’hésitant pas, dans de prochaines comédies de mœurs, à dresser le portrait de jeunes filles, de la dite «bonne bourgeoisie», qui n’attendent plus qu’un homme leur fasse la cour, mais qui prennent les devants. Dans « Georgette Lemonnier », on trouve à propos des femmes cette réplique exemplaire suivi de cet extrait de journal :

« J’ai toujours été auprès des femmes d’une telle correction que souvent elles étaient obligées de me rappeler aux inconvenances » « Les idées sont comme les femmes : il faut les caresser avant qu’elles se donnent, il faut leur faire la cour, il ne faut pas se jeter sur elles, car alors elles vous trouvent brutal, se refusent et se replient. « Ah ! Ça me prend-il pour une grue ? » pense l’Idée. Mais il ne faut pas non plus les caresser et leur faire la cour trop longtemps, parce que, toujours comme les femmes, elles vous croient impuissant et passent à un autre ». J.P. BARDET 4/2018

AGNÈS RISPAL ET CLAUDE BALOCHE NOUS ONT QUITTÉS Au moment de mettre sous presse, nous avons appris avec la plus grande tristesse le décès d’Agnès Rispal – cette talentueuse artiste à qui l’on doit notamment la sculpture en bronze du buste de Francisque Poulbot dans les jardins du

musée – ainsi que celui de notre ami, le grand Montmartrois Claude Baloche, passionnément impliqué dans toutes les grandes causes et animations du village. Un hommage leur sera rendu dans le prochain numéro.

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K I O S Q U E

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A L A RENCONTRE DE

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CAROLINE VALENTIN PAR JACQUES HABAS

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BRODEUSE DE RÊVES

a dernière gardienne de la grande tradition de la broderie d’art vient de faire son entrée dans le giron du Moulin Rouge. Sous les ailes protectrices du mythique cabaret, la Maison Valentin, spécialisée dans le spectacle, a rejoint la légendaire Maison Clairvoy, bottier de luxe, dont on peut voir les chaussures sur les scènes du monde entier, et la Maison Février, fournisseur des plus belles plumes pour le music-hall, le cirque, l’opéra et les académies. Rachetées par le Moulin Rouge, Ces grandes signatures du spectacle peuvent enfin voir l’avenir en rose dans un monde en crise, dans un commerce saturé de broderies étrangères bon marché. C’est une aubaine pour ces « mains d’or » qui concourent depuis des lustres à la notoriété mondiale des métiers d’art de la capitale, de pouvoir compter sur le soutien du navire amiral de la Place Blanche, qui œuvre pour le patrimoine dans la plus grande discrétion, et évite que cet héritage culturel ne disparaisse. Voila pour Les Joyaux de la Couronne du Moulin Rouge qui compte également parmi ses trésors, la très grande costumière Mine Verges.

Caroline Valentin, digne héritière de la célèbre maison Vicaire dont elle a dirigé l‘atelier de broderie durant deux années, a créée son atelier dans un quartier où l’art de la broderie tient ses lettres de noblesse. On est à deux pas de la place SaintGeorges, dans une immense cour pavée de vieilles pierres qui sentent bon La Nouvelle Athènes. Tout au fond, des hortensias signalent l’en-

trée de plein pied dans l’intimité de l’atelier où, dans un silence monacal, s’activent les premières mains, avec la même sérénité que dégage un tableau de Rembrandt. Que de belles histoires cousues de fil d’or peut-on imaginer en admirant ce splendide costume de clown qui attends son Auguste. Des prototypes de costumes de spectacle côtoient des échantillons de broderies. Tout au fond de


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l’atelier, La Caverne d’Ali Baba, un empilement de boîtes en bois qui ont gardé la patine du bon vieux temps, chaque boîte porte des noms bien mystérieux comme : « Sphinx, P. et Acier », « Noir, Tubes/Roc » , soit des sequins, pierres, perles et mille couleurs à la beauté brillante, d’échantillons de broderie d’art, qui gardent dans ces boîtes magiques, tous les secrets d’un savoir faire et l’éclat d’une féérie impressionniste. Bien se souvenir que Caroline Valentin est, avant toute chose, dessinatrice et que la passion du dessin lui vient peut-être de son père, ingénieur agronome, qui à ses heures perdues, emplissait des carnets de croquis, tandis que le goût pour la broderie viendrait de la fibre maternelle. En accord avec ses parents, elle a fait La Prépa HEC, puis l’école de commerce et suivi des cours de l’Histoire de l’Art à la Sorbonne qui se sont avéré être un déclencheur de carrière artistique pour tout ce qui concerne les costumes de

spectacle et en particulier les costumes de clowns, seuls capables, selon elle, de la conduire sur la voie royale de la liberté et de la création. Elle s’inscrit à ESMOD pour apprendre les techniques de fabrication des vêtements, devient

Ses thèmes favoris sont tout ce qui est naturaliste, avec un goût prononcé pour l’Art Nouveau.

une super-architecte du patronage et avoue aujourd’hui que les essayages sur les artistes sont une partie formidable de son travail. Ses points forts portent sur la mise en valeur du dessin par la forme dont elle est amoureuse et de la mise en valeur de la forme par le dessin. Ses créations respirent la poésie, la fantaisie et

gardent en secret des détails, des petites choses cachées, de haute technicité, c’est sa signature. Ses thèmes favoris sont tout ce qui est naturaliste, avec un goût prononcé pour l’Art Nouveau. L’excellence de son travail artistique est visible sur les costumes brodés de son principal client, le célèbre clown blanc, Yann Rossi, avec qui elle a établi des relations de travail extraordinaires, au point d’admettre le dicton : « un excellent artisan c’est le client qui le fait ». Caroline Valentin, a quitté ESMOD au bout de deux ans et suivi un stage à Euro-Disney, elle a fini par être engagée comme responsable de tout ce qui n’est pas le tissu sur les costumes, c’est à dire les galons, les dentelles, boutons, ceintures, accessoires, de quoi se constituer un carnet d’adresses, mais rien de créatif qui puisse la retenir au-de-là d’une année. ESMOD l’informe qu’un costumier brodeur de renommée internationale cherche une dessinatrice de broderie.


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A L A RENCONTRE DE

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Gérard Vicaire en personne examine son dossier et l’engage sur le champ en lui déclarant : « c’est extraordinaire, j’ai vu des choses dans votre dossier et j’ai l’impression que c’est moi qui les ai faites ». Apprendre la broderie spectacle avec le Maître artisan du luxe Gérard Vicaire est un rêve absolu pour Caroline Valentin formée deux années dans son atelier, avec à la clé, une offre de succéder au Maître dans l’atelier de broderie, un homme bien décidé à prendre sa retraite. Le public Parisien a pu admirer cet été les robes de scène « Vicaire », portées par Dalida. Elle a ainsi travaillé pour Thierry Mugler, Givenchy, Lanvin et pour des commandes venues du monde entier. Après la vente de la Maison Vicaire, elle a travaillé pour différentes maisons de haute couture, et comme elle adore créer les costumes d’académiciens, elle n’oubliera jamais celui commandé par Pierre Cardin, réalisé par l’atelier Safrane, un costume destiné à Jeanne Moreau, élue membre de l ‘Académie des beaux arts. Elle a travaillé sur des robes de Nicole Kidman, mais garde toute sa fierté d’avoir brodé la robe de Vanessa Paradis pour le film « La Fille Sur Le Pont ». Après avoir acquis un savoirfaire parmi les maîtres artisans du luxe, elle décide de voler de ses propres ailes, d’ouvrir un atelier de broderie à son nom, et démarre son activité avec la création des broderies de la revue « Bonheur » du Lido. Les commandes ont suivi, le Moulin Rouge, les’Opéras de Sidney, de Paris, de Bruxelles, l’Académie Française, le cirque, la haute joaillerie avec Jaeger-Le Coultre pour une montre bracelet brodée, destinée à la Reine d’Angleterre, à l’occasion du jubilé de sa 66e année de règne. La liste est longue de ses créations de broderies tout en finesse et de précision au dessin élégant, sophistiqué, qui viennent après des heures et des heures de recherches sur la pérennité du costume, la brillance, la lumière, la magie et la poésie du spectacle qui l’habite en permanence. C’est une artiste jusqu’au bout des ongles qui voit tout ce qui ne s’apprend dans aucune école. Texte et photos

Jacques Habas

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LE FEUILLETON DE PARIS-MONTMARTRE

PAR CHRISTINE HAYDAR

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LE JOURNAL D’UNE PETITE MÔME DE PIGALLE Tiré du roman « Simone », Editions J.C Lattès

Montmartre, été 1954 - 7 e épisode RÉSUMÉ DES ÉPISODES PRÉCÉDENTS : Simone, 11 ans, vit dans une chambre de bonne avec ses parents et son frère aîné. Elle n'est pas heureuse et rêve de changer de famille. Voyant qu'elle peine à se remettre de la mort de sa vieille voisine, ses « copines », les filles de joie du quartier, tentent de lui remonter le moral...

C

e soir, Malika l’Algérienne nous emmène manger un couscous à Barbès, Loretta et moi. C’est une copine à elle qui invite. C’était pas prévu que j’y aille mais Loretta a vu que la mort de Mme Levasseur m’avait foutu le moral à zéro, alors elle a pensé que ça me changerait les idées. En vrai, ils sont pas si pourris que ça, les enfants de Mme Levasseur. C’est elle qui s’est trompée de jour. Ses cent ans, c’est la semaine prochaine qu’elle devait les avoir. Sa famille allait venir au grand complet, avec plein de cadeaux. Il paraît que son arrière-petite-fille, Maryse, a voulu absolument mettre le sien dans le cercueil. Un napperon en percale blanche qu’elle avait entièrement brodé à la main... Tiens, on dirait qu’ils sont en avance, remarque Loretta comme on débouche place Pigalle. Sur le boulevard, les forains s’installent pour l’été. En attendant le 54, on les regarde s’activer. Le stand des auto-tamponneuses est presque entièrement monté. Les manèges et les ba-

raques vont jusqu’à Barbès mais dans ce sens-là, depuis la plate-forme du bus, on voit que l’envers du décor. On pourra revenir à pied, pour regarder ce qu’il y a comme attractions ? j’ai demandé. On verra ça, ma poulette, Loretta a répondu. Il faut quand même qu’on travaille un peu tout à l’heure, Malika et moi. Et puis ta mère m’a demandé de ne pas te ramener trop tard. Demain t’as école. C’est vrai qu’il y a école. La poisse. Heureusement que c’est bientôt fini. C’est la première fois que je viens rue de la Goutte d’Or. Putain quel souk. On se croirait en Arabie.Il y a plein de moukères avec des robes longues qui

ressemblent aux robes de chambre de ma vieille. Même les mecs en portent. Véridique. De la musique d’Arabe s’amène à notre rencontre d’un peu partout. En bas de l’immeuble miteux où on va, il y a un grand bazar-épicerie qui sent l’Orient vachement fort. En passant, je pique une olive noire dans le grand tonneau devant la boutique. Nom de dieu. Je sais pas dans quoi il les fait mariner ses olives, cézigue, mais pardon ! Sous ma menteuse, c’est l’éruption du Karamako. Je sens plus mes lèvres. Je monte derrière les filles en toussant, des larmes de feu plein les mirettes. L’escalier est cradingue, mal éclairé et pour ce qui est de l’odeur, je préfère passer.


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Au deuxième, Malika frappe à une Histoire de lui donner raison, un Laisse tomber l’apéro, Malika rétorque. porte, de sous laquelle s’échappent des poulet sort de sous le lit et se met à On le prendra chez Marinette. On n’a bruits pas catholiques. Juste quand le picorer je ne sais quoi dans les rainures pas beaucoup de temps. battant s’entrouvre, un bêlement pé- du plancher. Comme vous voulez. Je vous rejoins remptoire essaie de couvrir les grince- Dès que le vieux kroumir a fini ses dès que la petite est couchée. C’est ments aigus de la mélopée diffusée par prières, on prend l’apéro, Yasmine dit presque prêt. Radio-Loukoum , qui essaie elle-même pour nous faire patienter. Marinette habite l’étage au-dessus. de couvrir les piaillements hystériques Comment elle parle de son beau-père, Juste quand on arrive sur son palier, d’un bébé super-furax. Une énorme fat- Malika nous prend à témoin, fausse- une porte s’ouvre et un mec tiré à ma en babouches orange se tient sur le ment indignée. quatre épingles amorce une sortie. Il seuil. Des mèches couleur coq-de roche T’inquiète, il est sourd comme un plat a des pompes en croco bicolore mars’échappent de son fouron et beige qui feraient lard multicolore ourlé de pâlir mon vieux de jaloupiécettes dorées qu’elle sie. Des rouflaquettes lui fait tinter à chaque moubouffent la moitié des vement. joues. Bonjour, cousine, elle fait Sois en bas dans une en embrassant Malika. heure au plus tard. Ca Salut Yasmine. Je suis joue, minette ? Si t’as passée apporter des bribesoin de moi, je tape coles aux moujingues. On le carton à l’Ajaccio, il va manger le couscous dégoise, une main sur la chez Marinette. poignée. Je suis au courant, c’est Compte sur moi, mon moi qui le prépare. Ca se Riton. sent pas ? Effectivement, des Là-dessus, Riton passe trucs mijotent sur le busans même nous regartagaz. der et commence à desMais entrez donc, elle cendre. C’est le maqueajoute en ouvrant la porte reau de Marinette. Riton en grand. On va boire de Belleville, il s’appelle. l’anisette. Et toi, Béchir, Avec un nom pareil, c’est fais donc taire ta petite sûrement un aristo. C’est sœur. marrant, je les voyais pas La crèche est encore comme ça. Il paraît qu’il plus petite que la nôtre. est gentil, pour un mac. Dans un coin, près de la Il t’a jamais cognée ? Lofenêtre, une pile de materetta demande en buvant las. Perché dessus, un gason quinquina. min de mon âge joue aux Il manquerait plus que osselets. Lui, c’est le plus ça. Je suis sa meilleure jeune, Sélim. L’autre, Bégagneuse, elle prochir, doit avoir une douteste. De toute façon, la Mon quartier fait toujours son effet au cinoche… Pas une année sans qu’on voit une nouvelle zaine d’années. Au milieu schlague, c’est pas son affiche qui le représente ! On dirait qu’il y a que des caïds et des danseuses de cabaret… du gourbi, un vieillard en style au Riton. Lui, son djellaba, à genoux sur un cheptel, il le mate à la petit tapis, fait de la gymnastique en à tajines. Et puis son ordure de fils langoureuse, elle ajoute en se marrant. marmonnant des trucs indistincts, sous avait qu’à pas se tirer en me le laissant Marinette est une assez jolie brune, l’oeil inexpressif d’un mouton ventru en prime. Ses trois lardons m’auraient avec un nez à la retrousse. Elle a l’air qui aurait bien besoin d’une bonne largement suffi, moi je te le dis. En d’une rigolote. Avec sa queue de cheval, coupe, moi je trouve. plus il bouffe comme quatre, ce vieux son corsaire et son chemisier blanc, on Qu’est-ce qu’il fait là, celui-là ? rigole saligaud. Faire ses simagrées à quatre dirait jamais qu’elle fait pute. Loretta. pattes et s’empiffrer, y a que ça qui Et toi, la mouflette ? Tu veux encore M’en parlez pas. C’est Ahmed qui l’a l’intéresse. une Vittelloise ?elle demande en me piqué à l’abattoir pour le méchoui Moi, j’en ai rien à foutre de ses his- passant une coupelle pleine de cacad’après ramadan. Il a rien trouvé de toires de famille, à la grosse Yasmine. huètes. Tiens, on frappe. Ca doit être mieux que de l’amener ici. Comme si Je voudrais qu’on se tire d’ici. Je dois Yasmine avec le couscous. on était pas assez nombreux. pas être la seule. C’est bien elle. La moukère et ses

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LE FEUILLETON DE PARIS-MONTMARTRE rejetons s’amènent en procession, Sélim avec les brochettes, Béchir avec les légumes et elle avec la semoule. On est à peine installés autour de la table en formica recouverte d’une toile cirée écossaise que des pas précipités se font entendre et que des points furieux s’excitent sur la lourde. Ouvre, Marinette, c’est moi, Mouloud. Aïe, elle murmure. On dirait qu’il va encore y avoir du suif. J’arrive, elle crie. Le mec qui fait irruption a l’air remonté à bloc. Où elle est cette salope, que je lui arrange le portrait ? La méchanceté suppure par tous les cratères de sa peau vérolée. Elle est pas là, je te jure, Mouloud. Il nous foudroie d’un air soupçonneux. Si tu la vois, dis-lui de ma part que si elle est pas à l’hôtel dans dix minutes, elle s’en souviendra. En tournant les talons, il éructe un truc du genre « Nadine se moque », mais j’ai pas dû bien comprendre. Quel teigneux, celui-là, Marinette dit en se rasseyant. J’y peux rien, moi, si sa petite dernière lui fait du tintouin. Elle est montée de Marseille il y a pas une semaine et c’est la corrida tous les soirs. Elle pense qu’à repartir, mais il veut rien savoir. Elle ferait mieux de se la jouer calmos, vu que le Mouloud il a pas spécialement bon caractère. Passez-moi vos assiettes, les enfants.

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Tout en servant, elle continue. A ce qu’il paraît, il joue du rasoir comme un virtuose. Si t’as le malheur de le foutre en renaud et qu’il t’alpague, il t’habille couture pour pas un rond. Si on parlait d’autre chose, risque Loretta. C’est pas une conversation devant les enfants. Juste quand je vais enfin commencer à manger, un bruit de talons aiguilles vachement pressés s’approche de la piaule. Pour pas changer, on frappe. Qu’est-ce que c’est encore? râle Marinette. Qui est là ? Fête foraine C’est Corinne, répond une voix à bout de souffle. Ouvre vite. J’ai Mouloud au train. C’est pas vrai! Marinette soupire en ouvrant la porte. Vous pourriez pas aller vous étriper ailleurs, qu’on bouffe tranquille ? Il faut pas que les gosses restent là, Loretta s’inquiète. Elle sort du fric de son sac et me le tend. Allez faire un tour à la foire, le temps que ça se tasse. Là, elle pousse, Loretta. Juste quand ça devient intéressant. A contre cœur, je dévale l’escalier derrière les deux garçons. Avec toutes ces conneries, j’ai toujours rien avalé, moi. J’ai une de ces fringales. Sous le métro aérien, j’achète une portion de frites et un jambon-beurre dans une gargote ambulante tandis que les bédouins se contentent d’une gaufre à la confiture. Pendant qu’on dévore, assis sur un banc, le plus petit me regarde en coin. Au bout d’un moment, il se penche vers son frère et lui glisse à l’oreille : Tu crois qu’elle le sait, qu’elle va aller en enfer, Simoun ? J’en sais rien, et c’est pas mes oignons. Evidemment, j’ai tout entendu. Et pourquoi j’irais en enfer, tu peux me dire ?

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Là, il a l’air un peu embêté. Du regard, il cherche de l’aide du côté de son frangin mais lui, il se désintéresse de la conversation. Parce que ceux qui mangent du cochon, c’est des infidèles. Et les infidèles, ils vont pas au paradis d’Allah. C’est mon grand-père qui me l’a dit. Qu’est-ce qu’il me chante, celui-là ? J’ai déjà entendu des âneries, mais là ça dépasse tout. Je préfère pas répondre. Je me lève en haussant les épaules et me dirige vers la baraque la plus proche. C’est une loterie, avec une grande roue qui peut te faire gagner un kilo de sucre, un vase, un cendrier ou un tas d’autres saloperies. Le gros lot, c’est un réveil qui représente une biche de profil, avec le cadran incrusté sur le flanc. Si je gagnais un truc pareil, je sais vraiment pas ce que j’en ferais. Peut-être que je l’offrirais à Loretta. Ca irait bien sur sa commode en glace. Un peu plus loin, perché sur une estrade, un forain en livrée bleu et or racole le chaland, un porte-voix à la main. Par ici, mesdames et messieurs. Ne ratez pas notre grande parade. Un spectacle unique au monde. Entrez sous notre chapiteau. Pour cinquante francs seulement, l’homme-serpent vous fera frémir. La femme aux trois mamelles exécutera pour vous ses plus belles contorsions. Une fois, une seule fois dans la galerie des monstres, et vous ne pourrez jamais les oublier...


LE FEUILLETON DE PARIS-MONTMARTRE

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Ca, je veux bien le croire. Je me laisserais bien tenter mais cinquante balles, c’est pas dans mes moyens, comme dirait mon paternel. Quelques pigeons se dirigent vers la caisse, encouragés par l’aboyeur. Je m’apprête à continuer mon chemin quand j’entends une cavalcade. Tiens, c’est Béchir et Sélim qui me jouent le retour des fils du désert. Ils ont deux mecs aux fesses. En passant près de moi, Béchir me jette dans les mains, en vrac, une paire de lunettes de soleil dans son étui, deux montres et un larfeuille bien garni. Garde ça pour moi, il me lance sans s’arrêter. Merde, il est gonflé, césarin. Il se perd dans la foule, son frangin sur les talons. Leurs poursuivants sont presque à ma hauteur. Je suis encore partie pour morfler, moi. Il vaut mieux

Fête foraine

que je reste pas là... La camelote de Béchir planquée dans ma jupe repliée, je plonge sous l’estrade de la galerie des monstres. Assise sur un cube de

bois, que j’ai d’abord essuyé du plat de la main pour pas trop me salir, j’entreprends un inventaire du butin. Les lunettes sont pas mal, avec des verres

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LE FEUILLETON DE PARIS-MONTMARTRE en forme de cœur. Il a dû piquer ça pour sa dulcinée, le Béchir. Le portefeuille est en simili noir. A part la carte d’identité d’un type domicilié à Paris 20ème, il y a juste deux billets des « Gueules Cassées  » et du fric. Mais pas qu’un peu. Putain la liasse. J’ai jamais vu autant de gros billets d’un seul coup. On peut dire qu’il a du pot, le videgousset en herbe. Dans la pénombre de l’estrade, à peine éclaircie par la chiche lueur d’un réverbère, je compte et recompte les biftons. Pas d’erreur. Il y en bien pour cinquante mille balles. Mon premier réflexe est de tout planter là et de prendre mes Le metro Barbès reconstitué pour le film "Les portes de la nuit" jambes à mon cou. Si on me trouvait avec ça, je serais pas dans En conclusion, j’ai eu bien envie de la béchamel. détourner une part du magot pour ma Du calme, Simone, j’ai dit. Après pomme. tout, c’est pas toi qui l’a piqué, ce Bravo, la petite voix a dit. Tu passes pognon. voleuse, maintenant ? Je vois que c’est T’as raison, j’ai répondu. Mais com- l’escalade. ment je le prouve ? Qu’est-ce qu’elle m’énerve, celle-là. Des tas de pensées plus ou moins J’aurais jamais dû la laisser entrer dans avouables me sont passées par la tête. ma vie.

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D’abord, voler un voleur, c’est pas voler, j’ai dit. Et puis Béchir, il a sûrement pas eu le temps de compter combien il y avait. Tu crois pas ? Là, elle a plus rien dit. De toute façon, quitte à aller en enfer, autant y aller pour une meilleure raison que s’être envoyé un sandwich au jambon. Voler son prochain, c’est quand même autrement grave que bouffer un morceau de porc, non ? Les curés arabes, ils sont comme les autres, ils savent pas quoi inventer pour te mettre la tête sens dessus dessous. J’en suis là de mes réflexions quand un coup de cymbale m’éclate les tympans. Derrière la toile contre laquelle je suis assise, la parade va commencer. J’essaie de voir s’il y pas un trou pour regarder, mais non. Alors je me glisse hors de ma cachette... À suivre...

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LES PATATES DE GREG

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PAR GRÉGOIRE LACROIX

Des patates qui parlent, on en connait tous... mais reconnaissez que celles-ci ont bien plus d’esprit ! Rubrique signée par Grégoire Lacroix, de l’académie Alphonse Allais.

Ne dévoile-t-elle pas cette faculté secrète qu'ont les pommes de terre de dialoguer entre elles dans l'obscurité des bacs à légumes, endroit discret où, si on leur en laisse le temps, l'on peut voir aussi germer leurs idées ? Et la patate n'est-elle pas celle dont on dit qu' « on en a gros sur » quand on est contrarié ? Et celle dont on veut se débarrasser quand elle est dite « chaude » ? Il m'a donc paru indispensable de donner la parole à ce peuple opprimé et, par la force des choses, résigné : c'était mon devoir.

Voici les Patates Parlantes Le livre de Grégoire Lacroix

PRÉFACE La Pomme de Terre, tubercule pacifique est, depuis toujours, soumise à des tortures qu'aucun autre légume ne saurait supporter : épluchée, débitée en rondelles, en bâtonnets, en billes, en spirale, elle peut être selon l'humeur : sautée, fritée, vaporisée, chipsée, broyée, réduite en purée et, le plus souvent, plongée nue dans l'huile bouillante. Pourquoi faut-il alors qu'elle soit, ultime supplice, mise en image par un gribouilleur tel que moi ? La réponse est simple : vous connaissez tous l'expression « ...et patati et patata... » qui associe, de façon toute naturelle, la patate et le bavardage.

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MICHEL FOREVER

L’homme qui ne s’est pas couché depuis 2004 Un nouveau livre de Pierre Passot, un récit presque incroyable et pourtant...

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uel drôle de phénomène que ce Michel Forever dont Pierre Passot nous conte la vie hors du commun dans son nouveau livre richement illustré, paru aux éditions Artena. Jugez plutôt : depuis presque quinze ans, cet homme ne s’est pas couché ! Incroyable mais vrai. Cela ne veux pas dire qu’il n’a plus jamais dormi depuis, ce qui serait purement impossible à tout être humain normalement constitué. Il souffre, en revanche, d’une pathologie inconnue du monde médical qui fait que s’il est allongé, il tombe immédiatement dans le coma. Lorsqu’il s’endort, toujours assis, pour des durées ne devant pas dépasser quinze ou vingt minutes chacune, à raison de trois ou quatre périodes par nuit, il entre directement dans la phase de sommeil dit paradoxal dont il ne peut se réveiller seul. Une vie de fou diraient certains, en dehors de son épouse, Elisabeth, qui veille sur son homme comme le lait sur le feu depuis plus de 25 ans qu’ils sont mariés ! Avoir fait de ce handicap une opportu-

UN MANUEL PRATIQUE DE PRÉVENTION ET RÉADAPTATION CARDIOVASCULAIRE Sous la direction du professeur Ghannem

nité, c’est là tout le secret de la réussite de cet étonnant Michel Forever. C’est ainsi que Jacques Clerico, le président du Moulin Rouge, décrit avec justesse l’origine probable de ses différents talents dans la préface du livre que Pierre Passot lui consacre : « Et si c’était à son pouvoir de ne jamais se coucher, ou presque, qu’il devait son don pour réussir à être à la fois animateur, chanteur, réalisateur ou patron de cabaret avec toujours le même bonheur, le même enthousiasme, le même talent. » Après avoir recherché dans le monde entier des numéros d’exception pour le mythique cabaret de la place Blanche, Michel Forever est devenu le patron du célèbre cabaret du rire, La Main au Panier, situé à une encablure de Notre Dame, rue de Poissy, dans le cinquième arrondissement. Pouvoir vivre trois vies en une est un don du ciel pour un homme de la nuit. Et tant pis si cette énigme laisse le corps médical sans voix malgré les multiples études et tests scientifiques auxquels

La réadaptation cardiaque permet de faire retrouver aux patients leurs capacités antérieures en augmentant leur qualité et leur espérance de vie. Ce manuel est donc à la fois une synthèse et un guide pratique traitant de l'entraînement à type de renforcement musculaire et global en endurance et la prise en charge bio-psycho-sociale (l'Education Thérapeutique). L’ouvrage, conçu pour les professionnels assurant cette prise en charge multidisciplinaire, a pour objet d’augmenter le savoir requis et de mieux faire partager les connaissances atta-

l’artiste a été et est encore régulièrement confronté. Michel Sérié, alias Michel Forever, est par ailleurs habitant du 18e arrondissement depuis des années et Ministre de la Gaîté Parisienne de la République de Montmartre. L’auteur, Pierre Passot, écrivain, parolier et humoriste est un ami proche de Michel dont il partage le goût de la scène, l’amour de la Butte et la passion du cirque. Il est administrateur de l’Association des Amis de Francisque Poulbot, Premier ministre de la République de Montmartre, sociétaire de l’Académie Alphonse Allais et chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres. Vient de paraître aux éditions Artena, 19€ ttc

chées à la pratique de la réadaptation. Il a été rédigé par un collectif de cardiologues et de kinésithérapeutes francophones d'expérience, les meilleurs spécialistes - médecins et kinésithérapeutes - de cette discipline essentielle en cardiologie, placé sous la direction du cardiologue Mohamed Ghannem. Le professeur Ghannem, habitant de longue date du 18ème arrondissement, vient de créer une chaire de rééducation cardiologique en Tunisie. Manuel pratique de prévention et réadaptation cardiovasculaire – éditions Frison Roche.


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JEFF BERNER

Un Californien à Paris I

l faudrait un livre pour raconter la jeunesse californienne et la carrière multiple de Jeff Berner (professeur, photographe, journaliste, écrivain, critique d’art, philosophe, consultant high-tech). Il en faudrait un second pour parler de tous ses projets et les deux heures de conversation que j’ai eu le plaisir de partager avec lui en justifierait un troisième. Pourquoi ? Parce qu’il s’agit d’une belle déclaration d’amour à Montmartre, à Paris et à la France. C’est en Californie que des parents ouverts et généreux ont dès sa jeunesse élargi sa vision du monde et lui ont appris à déguster chaque minute de la vie dans sa diversité avec un regard critique à la fois lucide et bienveillant. L’enseignement de la vie culturelle française au XIXème siècle ainsi qu’une visite à Paris pour rencontrer Man Ray, ont fait naître la tentation de venir vivre en France. Tentation puis décision… Et c’est à Montmartre, en haut de la rue Lepic, qu’il a finalement trouvé son lieu de vie préféré. Il y a planté ses nouvelles racines et se réjouit d’un environnement créatif, amical ( « Je n’ai pas de voisins, je n’ai que des anges gardiens »), accueillant (Bonne Franquette, Crémaillère, Plu-

meau etc…) avec une petite pointe de fierté américaine pour la façon discrète et chaleureuse dont Starbuck a su s’intégrer dans le contexte montmartrois. En revanche il constate avec regret la disparition progressive des vraies galeries d’art. Mais Jeff, nostalgique des années californiennes des sixties, est heureux de retrouver dans le cercle de ses amis parisiens des gens avec qui l’on peut échanger des idées différentes sans s’insulter ni s’exclure et cela convient à sa curiosité insatiable pour tout ce qui est « autre » ; curiosité qui voit dans tout ce qui est différent (ou tous ceux qui sont différents) une source d’enrichissement plutôt qu’un motif de crainte. Son souci de partager le bonheur d’exister se retrouve dans sa façon d’enseigner. Son message initial aux étudiants est toujours du type :

CANDELA

Greg

Keumart Franco

le titre de l’été par Air Box «A ir Box », où le duo musical (Beat box & Accordéon) de Franco Perry et Marc Hervier (« Keumart ») grands jongleurs sonores et mélangeurs de genres, nous offre pour l’été Candela, un morceau qui décoiffe. Effet « chaud et glace » garanti, humour et pastiche, virtuosité et second degré. De quoi

« Je ne suis pas ici pour vous montrer que j’en sais plus que vous mais pour situer avec vous, et grâce à vous, la valeur de ce que je sais » Créer est, bien sûr, sa raison de vivre : la photographie, les arts plastiques mais, avant tout, l’écriture. Questionné sur sa joie de vivre Jeff fait l’étonné : « Je suis heureux oui mais je ne l’ai pas fait exprès…  » Belle esquive. Mais quand on a passé un long moment avec lui on en sait beaucoup plus. Il le dit lui-même « Chaque nouvelle rencontre est un cadeau de la vie » Alors rencontrer Jeff est un cadeau rare ; un cocktail réussi de gentillesse noble, de générosité, d’humour surréaliste, de créativités multiples et de passions chaleureuses…Merci Jeff !

vous ébrouer, après la sieste et la plongée dans ce titre d’été – avec le rythme effréné des mots de Keumart et l’accordéon star de Franco Perry, dont la touche aérienne oxygène les endiablements. UN cocktail bien vitaminé ! J. M. Gabert

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LES COUPS DE CŒUR

COUP DE CŒUR BD « Astérix et la Transitalique » (Les Editions Albert René) Les miracles arrivent…même en bande dessinée ! Le duo composé de JeanYves Ferri au scénario et de Didier Conrad au dessin a en effet de nouveau réussi son pari, le nouvel album des aventures du plus célèbre des Gaulois et de ses amis est une vraie réussite. Cette fois-ci, Astérix et Obélix participent à une course de chars à travers l’Italie. Un périple qui leur permettra de faire de nombreuses découvertes, notamment touristiques, culturelles et gastronomiques ! Ce 37e album ravira les fans des personnages créés à l’origine par René Goscinny et Albert Uderzo : l’aventure, les gags mais aussi

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une touche d’originalité (c’est Obélix qui conduit le char, et non Astérix) sont au rendez-vous. De plus, comment résister au bonheur de retrouver ce village d'irréductibles gaulois qui résiste encore et toujours à l'envahisseur, un village qui nous rappelle en quelque sorte Montmartre et ses habitants hauts en couleur et ses vignes, nées selon la légende à l'ère gallo-romaine... A noter : une édition « classique » et une édition «  luxe  » (photo) sont disponibles.

ASTERIX® OBELIX ® IDEFIX ® / © 2017 LES EDITIONS ALBERT RENE / GOSCINNY UDERZO

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Alain Haimovici

COUP DE CŒUR EXPO Kupka, pionnier de l'abstraction, à découvrir au Grand Palais.

ciné dans sa Bohème natale, formé dans la Vienne fin de siècle et dans le Paris des avant-gardes, l’exposition conduit à une nouvelle approche de deux courants majeurs des XIXe et XXe siècles, le symbolisme et l’abstraction, dont Kupka fut l’un des principaux acteurs.

Première rétrospective, depuis l’exposition de 1975-1976 au Solomon R. Guggenheim Museum de New York et au Kunsthaus de Zurich, et celle de 1989 au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, elle couvre l’ensemble de l’oeuvre de l’artiste, de ses débuts marqués par le symbolisme jusqu’à ses dernières réalisations dans les années cinquante. Grâce au parcours européen de František Kupka (1871-1957), enra-

Conjuguant parcours chronologique et thématique, cette exposition rassemble quelque 300 œuvres – peintures, dessins, gravures, manuscrits, journaux, livres illustrés et photographies – déployées en cinq sections qui permettent au public d’entrer de façon attractive dans l’univers spécifique du créateur : Chercher sa voie ; Un nouveau départ ; Inventions et classifications ; Réminiscences et synthèses ; et enfin Ultimes renouvellements. Elle met également l’accent sur les moments-clés de sa période créatrice, les chefs-d’œuvres symbolistes et les premiers portraits expressionnistes parisiens, son passage à l’abstraction en 1912, le cycle des peintures Pionnier de l’Abstraction organiques saturées de couleurs, l’abstraction géométrique finale tout en évoquant des épisodes moins Du Mercredi 21 mars 2018 au connus comme la période dite « machiniste » à la fin mardi 31 juillet 2018 des années vingt. Le Grand Palais (Paris 75008) L’exposition permet aussi de découvrir la personnalité riche et singulière de František Kupka, habité par une HORAIRES : quête existentielle et souligne son intérêt pour la phiTous les jours de 10h à 20h. losophie, les cultures anciennes et orientales, les reliNocturnes les mercredis, gions, la poésie ou encore la science. vendredis et samedis jusqu'à 22h Vous pouvez découvrir cette superbe exposition jusqu'au 30 juillet 2018 au Grand Palais (Galeries nationales).

EXPO KUPKA

A.H.


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COUP DE CŒUR CINEMA Le film “En Eaux Troubles” réunit l'acteur britannique Jason Statham (révélé par la saga “Le Transporteur” de Luc Besson) et Li Bingbing (célèbre actrice chinoise), sous la direction de Jon Turtletaub. Le scénario est passionnant : missionné par un programme international d'observation de la vie sous-marine, un submersible a été attaqué par une créature gigantesque qu'on croyait disparue. Sérieusement endommagé, il gît désormais dans une fosse, au plus profond de l'océan Pacifique, où son équipage est pris au piège. Il n'y a plus de temps à perdre : Jonas Taylor (Jason Statham), sauveteur-plongeur expert des fonds marins, est engagé par un océanographe chinois particulièrement visionnaire (Winston Chao), contre l'avis de sa fille Suyin (Li Bingbing). Taylor a pour mission de sauver l'équipage – et l'écosystème marin – d'une redoutable menace : un requin préhistorique de 23 m de long connu sous le nom de Megalodon ! Pour l'anecdote, sachez que Jason Statham, âgé aujourd'hui de 51 ans, a fait partie de l'équipe de plongeon de Grande-Bretagne pendant 12 ans avant de se tourner vers le cinéma... RDV le 15 août pour découvrir ce film hors normes. A.H.

COUP DE CŒUR DVD Wonder Woman fait partie, avec Superman et Batman, des trois personnages essentiels de l’univers des comics DC. Pourtant, cette super-héroïne est un personnage vraiment hors du commun. Tout d’abord, parce que Wonder Woman a été créée en 1941 par un psychologue, William Moulton Marston, qui

voulait donner aux jeunes lectrices une figure féminine valorisante. Ensuite, parce qu’elle est l’unique personnage féminin de tout premier plan dans l’univers des super-héros. Aujourd’hui, elle est mondialement célèbre grâce à la bande dessinée, à la série télévisée diffusée à la fin des années 70 (avec l’inoubliable Lynda Carter) mais aussi depuis peu de temps grâce au cinéma. En effet, cette année, Wonder Woman a (enfin) été la vedette d’un premier film, qui a bénéficié d’un succès phénoménal. Réalisée par Patty Jenkins, cette superproduction retrace les origines de l’héroïne amazone (inspirées par la mythologie grecque) puis son action aux côtés des Alliés pendant la première guerre mondiale. Une vraie réussite portée par son actrice principale Gal Gadot et une mise en scène éblouissante. Cerise sur le gâteau, l’action se déroule en partie à Paris… En parallèle, le film «  Spider-Man : Homecoming » (Sony Pictures) permet de découvrir une nouvelle version du Tisseur de Toiles, à l’âge de l’adolescence et du lycée. Grâce à un casting séduisant et un scénario inventif, le film est une réussite. Un bon divertissement à découvrir en famille. A.H.

Photo : Henri Moucle et Thierry Sinda

enri Moucle est incontestablement une curiosité montmartroise, un poète noir amoureux du village parisien de Montmartre où il a grandi dans les années 40 après être né sur les bords de la Seine. Je me mire dans ses yeux vieux pleins d'anecdotes historiques, et je bois goulûment son accent titi parisien sous sa peau noire en me souvenant, avec plaisir, que jeune, j'avais moi-même écrit jadis dans le poème Vie parisienne : « J'ai planté mon arbre à Paris / Et la Seine parisienne / Coule / Dans mes veines / Sous ma peau noire ». La Seine ne charrie plus seulement nos peines d'amour comme le chantait Apollinaire : la Seine d'aujourd'hui charrie le sang des parisiens de toutes les couleurs dans un tableau exceptionnel qui dessine le Paris nouveau*. » écrit Thierry Sinda dans la préface du nouveau volume de sa collection « Poètes des Afriques et d'Ailleurs ». Un beau recueil, où Sinda nous fait découvrir les chants de son ami et frère en poésie Henri Moucle, le Carco Black de la Butte… Chant du Black Paname de Henri Moucle, préface de Thierry Sinda, éditions Delatour France. Jacques Habas

© Warner Bros

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HENRI MOUCLE chante le Black paname « H


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LES PEINTRES TCHÈQUES À MONTMARTRE AU TOURNANT DES XIXe ET XXe SIÈCLES La rétrospective exceptionnelle du Grand Palais, à ne pas manquer, retrace le parcours de František Kupka : 300 peintures, dessins, gravures, livres et documents redonnent vie à l'artiste et dévoilent sa personnalité engagée et singulière et son univers riche en couleurs, formes et mouvement. Jean-Marc Tarrit nous rappelle son installation à Montmartre et son apport à l’histoire de l’art, sur la Butte, aux côtés d’autres artistes tchèques, aux noms moins connus du grand public…

L

’avènement de l’art moderne, tout d’abord à Montmartre puis en France, s’est nourri d’une exceptionnelle et enrichissante mixité européenne. Les artistes originaires de l’ancienne Bohème, moins souvent mis en lumière, y tiennent pourtant une place non négligeable et se sont illustrés dans des courants tels que l’abstraction ou le surréalisme. Il en va ainsi de Kupka et de Toyen. Dès la seconde moitié du XIXe siècle, plusieurs peintres tchèques, académiques ou modernes, viennent étudier et travailler à Paris après des formations initiales dans les écoles

d’art de Prague, Vienne ou Munich. Ils se connaissent, se fréquentent et ont tous la même motivation : rejoindre Paris, centre de l’effervescence artistique mondiale. La plupart d’entre eux s’installe sur la Butte à l’exception notable d’Alfons Mucha (1860-1939), maître de l’art nouveau qui résidera à Montparnasse, entre ses domiciles des rues de la Grande Chaumière et du Val de Grâce. Cet artiste-peintre singulier, affichiste quasi exclusif de Sarah Bernhardt, créateurs de vitraux, de bijoux, de robes et de matériels publicitaires entretiendra au cours de ses deux décennies parisiennes des liens étroits avec ses compatriotes montmartrois.

Parmi ceux-là, Frantisek Kupka (1871-1957) va s’imposer comme l’un des cofondateurs de l’abstraction. Avant même son arrivée à Montmartre en 1896, il fréquente les milieux anarchistes de Prague et de Vienne et rejoint à Paris les dessinateurs de la presse satirique et politique. Repéré par Samuel-Sigismond Schwartz, éditeur et fondateur de L’Assiette au Beurre, Kupka réalise entre 1901 et 1904 trois numéros spéciaux, L’Argent, Religions et La Paix, qui lui valent une renommée certaine. Pendant dix ans, jusqu’en 1906, il réside au 57, rue Caulaincourt, observe de sa fenêtre le « Maquis » dont il fera en 1897 un remar-


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(2) - Portrait d'André Breton 1950

quable dessin figurant dans les collections de la Société Le Vieux Montmartre (1). Un Kupka pour le moins inhabituel… ! C’est l’époque des parties de billard Chez Manière (l’actuel Cépage montmartrois) en compagnie des frères Duchamp qui habitent à deux immeubles de là. Marcel, bien sûr, mais aussi Gaston (alias Jacques Villon) et Raymond (alias DuchampVillon) auxquels se joint souvent le peintre polonais Louis Marcoussis. Influencé par les fauves et le cubisme, empreint de spiritualité voire d’ésotérisme, Kupka participera aux côtés d’Apollinaire aux réflexions sur l’orphisme, abstraction fondée sur le mouvement et la couleur. Il rejoint en 1911 le Groupe de Puteaux, appelé également Section d’Or, formé d’artistes qualifiés par Picasso et Braque de « pilleurs de cubistes » ! Sa pein-

ture se traduit par de vifs rythmes chromatiques associés à une vision kaléidoscopique et verticale des formes. En 1931, il adhère au collectif Abstraction-Création retrouvant ainsi deux anciens montmartrois, Jean Hélion et Auguste Herbin. Délaissant le surréalisme en vogue, il ne sera internationalement reconnu, en tant que pionnier de l’art abstrait, qu’après son décès. A l’inverse, loin de renier le surréalisme, Toyen (1902-1980), de son vrai nom Marie Cerminovà, en sera l’une des rares figures féminines, avec la britannique Leonora Carrington et l’argentine Leonor

Fini. Toyen, animée d’un fort désir de liberté artistique et politique, effectue dès 1925 un premier séjour de trois années à Paris, accompagnée du peintre Jindrich Styrsky (1899-1942). Ils fondent en 1927 l’« Artificialisme », mouvement pictural proche du surréalisme naissant. Lors de leur séjour parisien, ils exposent dans des galeries importantes de Montparnasse et signent un Guide de Paris et de ses environs, devenu une véritable Portrait de Toyen « bible » en ex-Tchécoslovaquie, dans lequel s’imposent de manière très originale leurs préférences artistiques. De retour à Prague, ils créent en 1934

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avec le poète Nezval, le Groupe surréaliste tchèque. A l’invitation de ce dernier, André Breton et Paul Eluard se rendent à Prague en 1935, voyage au cours duquel Toyen et Breton vont sceller une amitié profonde, jamais démentie. En 1947, Toyen quitte Prague définitivement avec le photographe surréaliste Jindrich Heisler. Déchue de sa nationalité par le régime communiste, ne demandant pas pour autant la nationalité française, elle trouvera sa nouvelle « patrie » au sein du mouvement surréaliste. Elle y adhérera totalement, participant à chaque réunion du groupe au Cyrano, café de la place blanche jouxtant le Moulin Rouge, cosignant tracts, délibérations, manifestes et accrochant ses toiles dans toutes les grandes expositions surréalistes. En 1950, pour le 54e anniversaire de Breton, Toyen réalise son portrait (2) sous lequel jaillissent comme par magie des Champs magnétiques ! L’amitié entre la peintre et le poète sera telle que Toyen, à la mort de son ami, habitera de 1967 à son propre décès, l’atelier d’André Breton au 42, rue Fontaine. Elle eut une existence modeste, alors qu’aujourd’hui, une quarantaine d’années après sa

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d’un séjour à Madrid, il rencontre Juan Gris, l’un des théoriciens du cubisme du Bateau-Lavoir, qui influence ses premières œuvres. Tout le prédestinait donc à rejoindre la Butte où il s’installe en 1905, au 89, rue Caulaincourt. Le percement de l’avenue Junot débutant en 1910, il en fera une jolie esquisse en 1920, témoignant de l’aspect du lieu, encore vierge de toute habitation (3). Il se rapproche du « trio infernal », Valadon, Utrillo et Utter, retrouve ses amis Pascin et Gris ayant entretemps rejoint Montmartre, et devient l’intime de Max Jacob, Apollinaire, Picasso et du graveur et illustrateur Kupka dans son atelier grec Demetrius Galanis. Au sein de cette bande, il fréquente Le Rat Mort mort, le prix de ses œuvres s’envole et l’Abbaye de Thélème, place Pigalle, en ventes publiques Comme souvent le Lapin Agile et bien sûr le 12, rue Surréaliste ! Cortot. Pendant la première guerre L’un des artistes tchèques ayant été mondiale, il s’exile avec Pascin en le mieux intégré dans le cénacle Suisse puis dès 1919 retrouve son montmartrois s’appelle Georges atelier montmartrois. Ses œuvres, Kars (1882-1945), de son nom de principalement des nus, des portraits naissance Georg Karpeles. De façon et des natures mortes, sont exposées prémonitoire, il se lie dès ses études à deux reprises à la Galerie Berthe artistiques à Munich avec l’une des Weill (1928, 1931). En 1942, il trouve futures grandes figures de l’art mo- refuge chez sa sœur en Suisse où, ne derne à Montmartre, le peintre d’ori- supportant pas le sort du peuple juif gine bulgare, Jules Pascin. Puis, lors dont il est issu, il se suicide en 1945, en se défénestrant de son hôtel à Genève. Suzanne Valadon, encore elle, nous permet de faire le lien avec un très grand artiste académique tchèque, Vojtech Hynais (1854-1925). Hynais, contrairement à d’autres, ne fréquente pas les milieux anarchistes. Loin de là ! Après ses études aux Beaux-arts de Vienne, son voyage initiatique à Rome et Venise, il bénéficie d’une bourse d’études pour se rendre à Paris en 1878. Il entre en contact avec le très honorable Paul Baudry, peintre académique qui s’est vu confier par Napoléon III, quelques années auparavant, le

(1) - KUPKA - Le Maquis de Montmartre - 1897 (collection Le Vieux Montmartre/Musée de Montmartre)


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décor du foyer de l’Opéra Garnier, ainsi que ceux du Palais Galliera et de l’Hôtel de la Païva. Conscient des talents du jeune peintre, Baudry l’oriente vers l’enseignement de Jean-Léon Gérôme dont l’atelier se trouve 65, boulevard de Clichy. Hynais s’installe au 8, rue Blanche, à côté d’un autre artiste tchèque, d’inspiration impressionniste, Antonin Chitussi (1847-1891), qui signe en 1887 une très belle toile, Paris vu de Montmartre (4). Trouvant l’atelier exiguë, il déménage au 11, place Pigalle où il restera dix ans. Puvis de Chavannes, son voisin d’immeuble, va vite le prendre en amitié. En 1881, Hynais se rend à Prague pour travailler à la décoration du Théâtre National et se voit confier la réalisation du grand rideau de scène. Revenu à Paris et cherchant un modèle féminin pour le « Génie du peuple tchèque » devant figurer sur le rideau, Puvis de Chavannes lui propose celle qui pose pour lui, Suzanne Valadon. C’est ainsi que la mère d’Utrillo se retrouve en « Ange de la Gloire » sur le rideau du Théâtre National de Prague dont la maquette se trouve au Musée des Arts décoratifs de Paris (5). Suzanne Valadon posera à de nombreuses reprises pour Hynais, notamment pour le tableau La Vérité, primé au Salon de 1891, et destiné au Présidium de l’Académie des Sciences de Prague. Si Valadon, par figuration interposée, est toujours présente à Prague, Hynais reste quant à lui sur la Butte. Abandonnant son atelier de la place Pigalle, il installe sa famille rue Berthe et acquiert en 1890 une maisonatelier rue du Chevalier de la Barre dont il réalise une très belle toile en 1891, évoquant l’aspect champêtre du lieu. Hynais et sa famille deviendront, au début des années 1900, très proches de Frantisek et Eugénie Kupka et leur présenteront Jindrich Waldes, fidèle mécène de Kupka. Montmartrois jusqu’à la fin de ses jours, Hynais, reconnu comme l’un des grands peintres tchèques, sera sa vie durant un artiste figuratif, ce style que les tchèques nomment avec beaucoup de justesse, « l’illusionnisme photographique ».

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(3) - Georges KARS - Montmartre avenue Junot - 1920

(4) - CHITUSSI - Paris vu de Montmartre - 1887

(A suivre) Jean-Marc TARRIT Avec la complicité d’Hélène Axler

(5) - HYNAIS - Rideau de scene - détail - 1883

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DANI LA NUIT NE DURE PAS

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oujours dans le vent, Dani est une artiste hors du temps, née à Castres (Tarn), sous le signe astrologique de la Balance. Ses parents s’installent alors à Perpignan, Dani n’a que 8 jours. A 19 ans, elle quitte les Pyrénées-Orientales pour Paris. Etudiante des Beaux-arts, elle devient rapidement mannequin pour le magazine Jours de France. Lors des soirées mondaines parisiennes, elle côtoie Jimi Hendrix et tant d’autres. Elle enregistre son tout premier disque vinyle en 1966 chez Pathé-Marconi « Garçon manqué  ». C’est le début d’une

de Tom Jones, puis Bobino en 1971. La voilà Meneuse de revue à l’Alcazar jusqu’en 1974. Un an plus tard, Dani se produit en première partie devant des milliers de spectateurs, lors de la tournée de Claude François. Actrice depuis 1964, Dani a été dirigée par les plus grands réalisateurs : François Truffaut, Roger Vadim, Claude Chabrol, Georges Lautner, Édouard Molinaro.

En 2001, Etienne Daho enregistre en duo avec Dani « Comme un boomerang  » chez Emi. C’est un énorme succès. A l’origine, ce titre composé par Serge Gainsbourg était destiné à Dani, en vue de représenter la France à l’Eurovision de la chanson, en 1975. Mais Antenne 2 refuse cette chanson, jugeant le texte trop provocateur pour des oreilles chastes. Quoi Portrait de Dani par Bernard Buffet qu’il en soit, Dani ne se démonte longue carrière de chan- pas, jamais. Fille du soleil, teuse. En 1968, Dani connaît elle ne s’éteint pas. Plus que un énorme succès avec son jamais, elle est parmi nous, tube « Papa vient d’épouser pour notre plus grand plaisir. la bonne » Plus d’un million On se lève tous pour applaud’exemplaires vendus. dir Dani, une chanteuse atyIl s’ensuit une participation à pique, sensuelle et si natul’Alhambra dans le spectacle relle, comme une rose.

Dani a dédicacé son livre à la librairie des Abbesses

INTERVIEW Alexandra Cerdan : Vous venez de sortir votre autobiographie pourquoi ? Dani : Ce n’est pas une autobiographie, c’est un livre « Souvenirs » ce n’est pas du tout la même chose. On m’a proposé d’écrire ce livre et j’ai trouvé ça marrant de laisser une trace pour mes enfants, mes amis et mes fans. A.C : Votre dernier album porte le même titre que votre livre souvenirs, est-ce un choix de votre part ? Dani : Oui effectivement. C’est justement pour ne pas s’éparpiller. Le titre « La nuit ne dure pas », c’est une phrase de la chanson « Rouge rose » écrite par Daniel Darc. A.C : Pouvez-vous nous dire pourquoi vous n’avez pas participé à l’eurovision de la chanson pour représenter la France en 1974 ? Dani : La participation de la France a été annulée à cause de la mort du Président Pompidou. Pour la suite, il faut lire mon livre. A.C : De nos jours, qu’est-ce qui peut vous émouvoir ? Dani : Tout ! Je suis intéressée et curieuse pour tout un tas de choses.


DES NOUVELLES DE...

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A.C : Que sont devenus vos magasins de fleurs « Le Nom de la Rose » ? Dani : J’ai créé le concept du Nom de la Rose mais je n’en suis pas la propriétaire. Cela s’est mal terminé mais je suis toujours dans les roses. A.C : Vous avez aussi tenu le restaurant « Le centre ville » à Paris, diriez-vous que vous êtes une femme d’affaires ? Dani : Oui, je m’en suis occupé au début des années 1982/83. Apparemment non, je ne suis pas une femme d’affaires et cela ne m’intéresse pas du tout. A.C : Que représente pour vous Montmartre ? Dani : C’est un quartier de Paris qui a beaucoup de charme et les gens qui y habitent en ont aussi. A.C : Vous avez chanté au mois de novembre pour le prix Wepler, place de Clichy… Dani : Oui ! C’est toujours étonnant de chanter dans une brasserie, on est un peu à poil, car il n’y a pas de lumière de scène. C’était agréable, inhabituel et c’est ça qui m’intéresse. A.C : Le harcèlement sexuel envers les femmes fait la une des journaux. L’actualité vous inquiète-t-elle ? Dani : L’actualité m’intéresse à fond. Au delà des actrices aux Etats-Unis harcelées par des producteurs, cela met un coup de soleil sur des femmes qui vivent des situations et dans des conditions juste pas possible, auxquelles on n’accorde pas trop de crédit, mais à présent on va les regarder. Il n’y a pas que les actes, il y a aussi les mots qui peuvent blesser une femme. C’est bien que tout cela soit mis en lumière, il y a trop de femmes qui meurent chaque année sous les coups de leur conjoint. Une femme meurt tous les 3 jours. C’est inacceptable ! A.C : L’année 2018 s’annonce très prometteuse pour vous, pouvez-vous nous en dire plus ? Dani : Beaucoup de concerts dans toute la France et je prépare un autre album, avec différents auteurs-compositeurs. Alexandra Cerdan

UNE RÉVOLUTION AU SYNDICAT D'INITIATIVE DE MONTMARTRE ? Alain Leiblang vient d'être élu Président du conseil d'administration de notre Syndicat d'Initiative. C'est la première fois que cette association, créée par André Roussard, sera dirigée par un non commerçant : en effet, ses trois prédécesseurs étaient issus de ce monde – un grand marchand de tableaux, puis un restaurateur-cabaratier et une boulangèrepâtissière.

en priorité. Nous avons constaté lors l'assemblée générale que le bilan financier était légèrement négatif avant que la municipa-

Et voilà maintenant un journaliste et écrivain qui veut retrouver les valeurs fondamentales du syndicat, en faisant de la culture une de ses priorités. Ainsi, Alain Leiblang explique les raisons qui l'ont conduit à postuler à ce poste et à y être élu : «  C'est l''envie de m'investir dans la vie montmartroise. J'ai considéré que c'était pour moi un avantage d'être non commerçant, en pouvant de ce fait avoir un rôle plus œcuménique, plus rassembleur, en ayant un œil plus neutre me permettant d'avoir des orientations plus opérationnelles. Je souhaite revenir à la philosophie d'origine qui était aussi et surtout celle de défendre l'image de Montmartre en participant à son développement mais pas seulement sur le plan économique. Je viens d'être élu et aujourd'hui, avec toute l'équipe qui m'entoure, nous allons ouvrir tous les dossiers en cours afin d'être en mesure d'évaluer l'état des finances

lité nous verse le montant de la subvention de trente mille euros qu'elle nous a accordé. Je veux établir un rassemblement afin de recréer un véritable lien entre les habitants, les artistes, les commerçants et les touristes. C'est pour cela que je m'engage, afin de retrouver une atmosphère apaisée et amicale malgré les difficultés de chacun ! C'est en luttant contre les antagonismes très villageois et en restant à l'écoute de tous les Montmartrois que nous pourrons retrouver au sein du Syndicat d'Initiative l'esprit d'ouverture et de culture qui était le sien lorsqu'il a été conçu. » R.L.

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PAR JEAN-MANUEL GABERT

SÉJOURNÉ « entre Perche et Provence »

« Mon Martre et coquineries » de JEAN-PAUL LETTELIER Jean-Paul Letellier, qui vient d’exposer un choix d’œuvres à la galerie Les dessous de Montmartre, du 18 au 24 juin 2018, sous le titre « Mon Martre et coquineries » est un artiste hors du commun, mêlant d’un pinceau expert humour et philosophie, composition et étrangeté onirique, et qui fait volontiers allusions aux grands mouvements de notre époque : le féminisme, les droits de l’homme, la procréation assistée, etc. dans un style volontiers ludique et insolite. « Comme un parfum d’enfance, comme un mixte très rare de naïveté et de virtuosité (…) sans rien qui pèse ou qui pose, sans esbroufe ni vulgarité » écrit André ComteSpomville. Décorateur, illustrateur, peintre, portraitiste, mais aussi auteur-compositeur, Letellier est un artiste polyvalent, à l’œuvre raffinée. S’exposer dans une boutique de jolis dessous féminins, voilà une belle idée coquine, digne de monsieur Letellier… Nous y reviendrons… « Sa fantaisie déride le "Classique" »! Laissons-nous combler par la beauté du geste. La grâce n’est pas loin pour qui en a le talent » (Anik Dubeuf)

L’architecte Jean-Claude Séjourné, ami de Montmartre installé à la Ferté Bernard, nous invite à découvrir ses paysages et œuvres peintes sur carton, du 3 au 7 septembre prochains, à la salle Saint-Pierre-de-Montmartre. Un voyage pictural à la facture originale, qui, au retour des vacances, vous emportera dans un nouveau voyage en images « Entre Perche et Provence ». Rencontre avec cet artiste « polytalent » dans le prochain numéro.


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THIERRY BAILLY, Passeur artistique C

e passionné d’art, attiré par la B.D., est entré à la Poste à l’âge de 21 ans. Dessinateur autodidacte, Thierry Bailly s’est lancé un défi : « Je vais essayer, à travers des tableaux, de raconter des histoires. » Adepte de la figuration narrative, Thierry entreprend de mettre en scène la vie artistique bouillonnante du XXe siècle et sa cohorte de géniaux créateurs. Les responsables de la Poste, conscients de son talent, ne tardent pas à mettre à sa disposition un atelier de 9 m de longueur dans les locaux de la rue de La Boétie.

Il y développe alors de grandes toiles, foisonnantes, où son regard enchanté, sans a priori, mêlant la symbolique et l’humour, en préservant la part d’enfance essentielle, fait merveille à travers la mise en abyme d’un art jouant avec lui-même et son histoire. Il faut se laisser emporter par ces fresques au mouvement perpétuel, où l’imaginaire foisonnant du peintre fait vibrer celui du « regardeur». Néophytes, amateurs ou fins connaisseurs, l’œuvre veut parler à tous et tous s’y retrouveront, pris dans les mailles de Thierry Bailly : ce pêcheur

de rêves attrape au filet les plus récalcitrants et les emporte dans l’imaginaire de l’art. Et vous, les reconnaissez-vous ? Qui sont les personnalités figurant sur la toile ci-dessus, dédiée à Montmartre ? Ecrivez à Paris-Montmartre, et citez sept noms de célébrités des arts et lettres figurant sur cette toile. Une surprise attend, à la rentrée, les auteurs des cinq premières bonnes réponses reçues… cachet de la Poste faisant foi, bien sûr !

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VALENTINE DUCRAY « TOUTE PETITE, JE DANSAIS SUR LES POINTES AVEC MES ESPADRILLES ! »

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otre Montmartroise, Valentine est une artiste complète, à la fois danseuse, comédienne, chanteuse, trapéziste, acrobate, mime... Elle a d’ailleurs travaillé avec Marcel Marceau dans un show d’Averty. « Comme je savais faire beaucoup de choses, j’ai eu du mal à rester canalisée dans un seul art, et du coup je me suis éparpillée. » Sa vie artistique s’est produite par séquences : une période où elle n’arrêtait pas de chanter, une autre où elle était exclusivement comédienne. « Je n’étais pas fixée dans un domaine. Tout me plaisait ! » Valentine découvre ses prédispositions artistiques dès son plus jeune âge : « Je dansais sur les pointes avec mes espadrilles ! Voilà comment tout a commencé. Pourtant je n’avais jamais vu un ballet classique…Il n’y avait pas de télévision dans ma campagne, à Montereau. » Elle n’aimait pas trop les études et travaillait seulement quand elle en avait envie. « Ce que j’aimais, c’était danser et aussi danser sur les tables. Jouer le clown pour faire rire les copains ! » A ses débuts à Paris, elle vendait des patrons Régine devant les grands magasins. Déjà, avec métier, elle jouait la comédie et s’exhibait. « Un soir, je suis allée dans une boîte de nuit, et là tout le monde s’est arrêté pour me regarder danser. » Un directeur de cabaret est venu lui demander si elle accepterait de travailler pour lui. « Je n’étais pas majeure, on a du tricher sur mon âge. J’ai travaillé dans un cabaret de striptease, pour la première partie du show, avec deux autres danseurs dont l’un était le frère de Michèle Morgan. Voilà comment j’ai commencé mon métier. » Petit à petit, Valentine a rencontré les gens du spectacle, les uns après les autres, dont une rencontre déterminante François Deguelt. Après les cabarets, la télévision va l’inviter pour des ballets. A la première émission, avec Pierre Doris et Gaston, Valentine se retrouve sur le plateau et voit arriver Luis Mariano... Là, elle devient rouge comme une pivoine, car toute sa jeunesse, elle lui avait écrit des petites lettres. Il a été très gentil.

« J’étais comme une midinette. » Un jour, elle remplace une danseuse dans la pièce « Comment épouser un 1er ministre » avec Jean-Claude Brialy. Ce dernier lui dit : - Toi tu ne t’échauffes pas ? Tu ne fais rien ? » - Non ! Non ! Je ne veux pas m’abimer les pieds, je garde mes pieds pour ce que j’ai à faire tout à l’heure ! » Tous les autres ne comprenaient pas pourquoi elle ne voulait pas répéter. Valentine était exceptionnellement souple, dotée d’une riche nature, elle pouvait se lancer dans un grand écart face, ce qui est plus risqué que sur le côté. Elle dansait avec des filles qui avaient dix ans de danse classique, « Moi je n’ai jamais suivi de cours de danse ! » En travaillant au cabaret la nouvelle Ève, elle côtoie Sophie Daumier. Ensuite au King Club à Saint Germain dès Près, une autre rencontre déterminante avec Jean Guelis, grand chorégraphe danseur qui lui ouvre d’autres portes. Puis Valentine a rencontré son mari Francis Joffo, metteur en scène, comédien, auteur. Il lui offrait des petits rôles dans des pièces qu’il montait. « Voilà comment j’ai appris mon métier de comédienne ! » Jean Le Poulain a été son maître, elle a joué avec lui dans


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« Au théâtre ce soir. » Il lui a énormément appris ! Un homme merveilleux ! « Nous partions en vacances ensemble. Je l’admirais comme un père. » Un été, nouvelle danse « La Bachata » sur une musique de Jean Constantin et une chorégraphie de Jean Guélis, avec pour danseuses Babette (son nom de danseuse) et Evelyne. Tous les soirs, une tournée des boites de nuit à Monte Carlo, Saint Tropez... Nous étions tous les jours avec Cloclo et toute la bande Johnny, Jacques Dutronc, Michel Malory, Jean-Jacques Debout. Ils nous suivaient. Un jour, à Sainte Maxime, dans une émission animée par Guy Lux, elles dansaient la Bachata, habillées d’un pantalon jaune avec un joli haut. Mais l’animateur dit « Vous n’avez pas autre chose à mettre ? Il vous faudrait une petite robe très courte ! » « Il nous a acheté des robes très sexy où nous étions presque à poil ! » Johnny Hallyday vient nous voir et nous dit : « Vous voulez partir avec moi en tournée ? » Evelyne et moi nous le regardons : « Pourquoi pas ? » Mais Claude François s’impose : « Non non ! Vous partez avec moi ! » Son agent Paul Lederman fixe le prix du cachet... Pas grand chose... Johnny dit alors : « Et bien moi je vous donnerai le double ! » Valentine et Evelyne réfléchissent... «  Johnny arrivait souvent avec deux heures de retard, du shit... Pas très sé-

Avec Jean Le Poulain

MONTM ARTRE, C’EST VOUS ! rieux. On s’est dit : il vaut mieux partir à Guy Marchand : « Tu la lâches dans la avec Cloclo. » cage aux lions ! » Dès le contrat terminé avec l’émission Guy Lux, les futures Claudette ont re- Quelques très beaux souvenirs : l’Olymjoint le chanteur de leur choix à Genève. pia avec Jerry Lewis, tous les soirs elle Il avait une grande suite au Grand Hôtel le retrouvait dans sa loge. de Genève. Là, ils ont inventé tous les « Tu vois Valentine, quand on joue, il trois des chorégraphies sur des chan- faut toujours sucer un bonbon rouge sons de Cloclo. Puis une grande tournée pour ne pas avoir la langue blanche. » s’ensuivit. « C’était très sympa ! » Il expliquait qu’aux USA, dès qu’il sorSeul bémol, Cloclo « gueulait » tout le tait de scène, personne ne le reconnaistemps quand ses dansait, « il n’y a pas plus seuses rentraient en seul qu’un clown. » scène. Il hurlait « JE T’AIME ! » Valentine a été épous«  Il lui fallait ça touflée par Brel : Un soir, je suis allée comme une sorte « J’avais été le voir dans une boîte de nuit, d’excitant pour traquatre fois à l’Olympia. et là tout le monde vailler !  » Parfois Quand je l’ai vu dans Valentine se disputait sa loge, je n’ai rien s’est arrêté pour me avec lui, quand il dipu lui dire, tellement regarder danser sait qu’il n’y avait que l’émotion était forte. » les anglais qui l’intéRencontre formidable ressaient. aussi avec François De« Claude François guelt, « Un amour ! » n’acceptait aucune résistance, mais il Quand Valentine allait danser à l’ORTF avait un côté attachant. Avec Evelyne dans les années 60, elle répétait là-bas nous n’avions pas peur, car nous savions tous les jours. « C’était mon usine, je que nous ne resterions pas avec lui. » rentrais le soir vers 6-7 heures par la rue Dès le retour à Paris, le chanteur an- des Martyrs, il y avait Michou et Bernard nonce prendre deux autres danseuses. Dimey dans un bistrot. Je m’asseyais sur Valentine le quitte, elle a envie désor- les genoux de Bernard Dimey, je savais mais de jouer au théâtre. Elle participe à seulement qu’il était poète. Nous bubeaucoup d’émissions, notamment avec vions l’apéritif tous les trois. » Johnny Hallyday, Gilbert Bécaud, Yves Montand, Marcel Amont, Dalida... Ada- Dotée d’une riche personnalité avec un mo : « Tout à fait adorable, un amour ! » caractère bien trempé, tout lui reste Sans oublier Henri Salvador, qui aimait permis car elle est très attachante… beaucoup Valen- Expansive, Valentine peut emporter tout tine, car elle savait sur son passage tel un ouragan. Avec très bien impro- elle et son franc-parler, « ça passe ou viser et lui avait ça casse ! » Valentine aime rire, jouer horreur des répéti- des mots avec humour. Naturelle dans tions… sa façon d’être, cette femme toujours Un grand souvenir belle est riche d’une grande sensibilité, est celui du gala à fleur de peau, d’une adorable nature de l’Union des qui la rend touchante. Mais que ce soit Artistes, accompa- Babette ou Valentine, ce sont une seule gnée de Guy Mar- et même artiste née avec tous les dons chand. Un numéro pour la scène et plus haut, très haut exceptionnel de jusqu’au trapèze ! Nous sommes fiers trapèze. Bernard d’elle. Turin s’occupait de Valentine, Montmartre c’est vous ! la mise en scène. Ainsi Valentine se Michèle Clary révèle une trapéziste d’exception, à la souplesse hors norme. Son mari, dans la salle, était blanc de peur... Avec humour il dit

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JEAN-VICTOR CLÉRICO

AU MOULIN ROUGE

PA R JACQUES HABAS

L'ART D'APPRENDRE LE MUSIC-HALL

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l’heure de la transition numérique, du « Pure Player » et du « Big Data », l’ogre musical de la Place Blanche ne désarme pas, maintient sa place de N°1 dans le monde et affirme plus que jamais que Paris est une fête ! Le premier Palais de la Femme, porté par le divin chahut parisien, le Bal Des Quat-z-arts et autres cortèges de la Vache enragée, s’apprête à célébrer ses 130 ans sur l’air « Des Racines et des Ailes », de la « Café Sociéty » et du triomphe de la revue des revues, « Féerie », sorte de chef-d’œuvre musical et artistique, promis à un culte et une longévité digne des plus grandes comédies musicales américaines. Projeté en 2001

dans les rêves des ados les plus éloignés de la planète par le cinéaste Baz Luhrmann, le roman du Moulin RougeBelle Epoque et Bohème montmartroise, version pop de Nirvana et Lady Marmelade, a fait fusionner l’ancien et le nouveau monde, les adultes et les jeunes spectateurs attirés par les éclats du miroir brisé du mythe. Jacki Clérico, venant d’une famille d’entrepreneurs de spectacle, avait réussi là où tous, sans exception, avaient échoué. À la tête du navire amiral de la Place Blanche au début des années 60, avec ses équipes, il avait créé des revues de classe internationale, organisé des galas prestigieux et, comme personnalité rayonnante, fut reçu à

Londres par Sa Majesté la Reine Elizabeth II d’Angleterre ! Son fils JeanJacques Clérico s’est imposé à ses cotés avec brio tout au long de la création de la revue Féerie. Au nom du père et du grand-père, élevé dans le chaudron music-hall, Jean-Victor Clérico, 31ans, fils de Jean-Jacques, a rejoint le giron familial en 2012, en occupant la fonction de secrétaire général du Moulin Rouge. Voilà une belle façon pour ce tout jeune homme à la tête bien faite, d’apprendre le Music-Hall au sein de ce monstre sacré qui tourne « ses ailes sanglantes, dont on se sent happé par le mouvement inexorable qui anime la nuit » (Mac Orlan).


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Jacques Habas – Quel est le rôle d’un secrétaire général au Moulin Rouge ? Jean-Victor Clérico – Etre polyvalent ! Mon objectif était d’avoir une position qui puisse me permettre de m’impliquer dans tous les secteurs d’activité que l’on rencontre ici, avec des corps de métiers aussi différents que les plumassiers, les activités administratives classiques, ou les brigades de restauration, pour n’en citer que quelques uns. Malgré mes cursus précédents, il me fallait un rôle me permettant de travailler avec tout le monde et ne pas me cantonner à une seule tâche. JH – Vous avez réussi à intégrer ce monde très particulier des saltimbanques ? JV Clérico – Sans aucune difficulté, du fait que les anciens, ici, étaient accoutumés à ma présence depuis ma plus petite enfance. Je me comporte un peu comme une éponge, en toute humilité, je m’imprègne de l’expérience et du savoir de tout le monde ici, c’est cela qui me fait monter en compétence. En tant que secrétaire général, je suis un pivot entre tous les départements du Moulin, toutes les filiales et fais le lien avec les organes de direction.

Je me comporte un peu comme une éponge, en toute humilité, je m’imprègne de l’expérience et du savoir de tout le monde ici, c’est cela qui me fait monter en compétence

JH – Avez-vous suivi un enseignement spécifique en rapport avec les techniques du spectacle ? JV Clérico – J’ai suivi un cursus classique d’école de commerce, on en sort avec une boite à outils. Je me suis spécialisé en finance d’entreprise, puis en conseil financier avec la volonté de m’implanter en Asie. Nous sommes une

entreprise familiale et mes parents et grands-parents n’ont jamais fait une priorité pour leurs enfants d’intégrer le Moulin. J’ai donc connu d’autres secteurs et vécu d’autres expériences avant. J’ai justement intégré le Moulin afin de développer un projet d’implantation en Asie. Mon père, séduit par ce projet, m’a donné le feu vert pour que j’en prenne la tête et ainsi développer davantage le marché à l’étranger, en Asie, où nous sommes implantés depuis longtemps avec des bureaux à Hong Kong. C’est ainsi que j’ai découvert ce milieu plus en profondeur, en m’imprégnant de la culture d’entreprise si particulière ici. Nous sommes toujours à pied d’œuvre pour suivre aux Etats-Unis, en Chine ou au Japon, l’évolution artistique des spectacles présents avec pour objectif le développement de la marque Moulin Rouge. JH – Combien de cabarets Moulin Rouge dans le monde ? JV Clérico – Il n’existe qu’un seul véritable Moulin Rouge dans le monde. Il arrive que la marque soit utilisée frauduleusement. Il faut savoir que nous ne sommes propriétaires de la marque Moulin Rouge que depuis 2005, elle n’était à l’époque pas réellement développée et encore moins protégée. Nous avons dès lors du mettre en place toutes les protections juridiques nécessaires en raison des multiples contrefaçons, des plagias et abus de toutes sortes. La gestion de la marque dans son ensemble est d’ailleurs le rôle de ma sœur, Virginie Clerico, Directrice Marketing Stratégique, qui a intégré le Moulin Rouge quelques années avant moi. Par contre, nous avons eu par le passé un Moulin Rouge à Las Vegas. Cette aventure a duré pendant une dizaine d’années, comme spectacle résident, au sein de l’hôtel Hilton. Le développement du Moulin Rouge à l’étranger reste un axe stratégique important pour nous. Nous sommes régulièrement sollicités pour des projets divers et variés, que nous étudions systématiquement, mais bien souvent ceux-ci ne réunissent pas toutes les conditions nécessaires pour ce bon développement. Il nous faut trouver les bons partenaires pour développer la marque à l’étranger.

JH – Avec l’arrivée des nouvelles technologies, avez-vous observé un changement d’attitude au sein du personnel et de votre clientèle ? JV Clérico – Avec les outils numériques on a beaucoup évolué dans la partie administrative, la communication et les démarches commerciales. Les équipes s’adaptent aux évolutions sociologiques et technologiques, nous

Le domaine artistique est aussi source de révolution technologique que mon père, qui est un passionné, ouvert à toutes les innovations, met en pratique dans la revue Féerie

nous imprégnons de ce qui se fait un peu partout afin de retenir les meilleures idées et les appliquer à notre activité. Les habitudes de consommation et de réservation ont complétement changé avec internet, les clients ont plus de liberté et deviennent donc plus autonomes : la clientèle de groupe traditionnelle diminue au profit d’une clientèle individuelle. Le domaine artistique est aussi source de révolution technologique que mon père, qui est un passionné, ouvert à toutes les innovations, met en pratique dans la revue Féerie. Lumière, son, régie, décors, le chantier est permanent et nécessite de beaucoup voyager afin de s’imprégner des évolutions artistiques et être l’affut de la nouveauté. JH – Les attentats perpétrés dans Paris ont, comme dans tous les lieux de spectacle, changé votre politique sécuritaire : quels dispositifs avezvous mis en place pour protéger vos clients ? JV Clérico – Bien évidemment nous avons changé notre mode de fonctionnement, notamment au niveau de l’accueil de notre clientèle, en supprimant les files d’attente sur le trottoir.

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Désormais notre clientèle est accueillie dans un espace clos, protégé, nous permettant également de mettre en pratique les contrôles usuels de sécurité. Les investissements de sécurité ont été soutenus et prioritaires depuis les événements parisiens. Tout le parcours client a été repensé, sans devenir anxiogène, nos clients sont rassurés et sont maintenant habitués à ce type de contrôle. JH – Depuis sa création, le Moulin Rouge, immortalisé par Lautrec, est étroitement lié à la vie artistique

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montmartroise. Quels sont vos liens avec les institutions traditionnelles de la Butte Montmartre ? JV Clérico – Effectivement, on ne peut pas parler du Moulin Rouge sans parler de Montmartre. En ce qui me concerne, je suis très attaché à la vie montmartroise. Je suis administrateur du Syndicat d’Initiative de Montmartre dont l’objectif est de promouvoir Montmartre en général, je suis également membre du bureau de la République de Montmartre en tant que Ministre des Cabarets. En plus de la promotion de la vie montmartroise et du cabaret au

sens large, ma mission consiste à préserver, ici, l’esprit des cabarets traditionnels, ce maillon vital dans la chaine des spectacles. Je me dois d’entretenir la petite flamme que le vent mauvais menace chaque jour d’éteindre. Propos recueillis par

Jacques Habas


SCIENCES PAS NATURELLES

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LE BESTIAIRE Poèmes de GASTON G. – Dessins de STÉPHANE PLOUVIEZ

LA RAIE Dans les airs, tu serais aigle, Planant longuement et sans bruit. Poisson, ton monde est fait de nuit Et le silence y est de règle.

Ton corps ondoyant, ta prestance, O danseuse du fond des mers, Evoquent pour nous l'élégance , La grâce de Loïe Fuller.

LA MANTE RELIGIEUSE (OU L'AMANTE RELIGIEUSE...) Oh ! cette attitude d'orante, Toute confite en dévotion ! Or, cette redoutable amante Cache une cruelle passion.

LE PIVERT

D'un air benoît, faussement tendre, Peut-être dit-elle : "Seigneur, Bénissez le repas vengeur Qu'après le plaisir je vais prendre."

à P. Valéry

Sous sa calotte rouge, est-il Un savetier qui rapetasse, Artisan scrupuleux, subtil, Les vieux souliers et les godasses ?

Non ! à coups secs Et saccadés d'un bec Très pointu, le pivert Creuse, bombant le torse, Coriace une écorce Cachant le ver !

L'ECUREUlL Panache roux, fourrure Qui vole sous la feuille, Joie et malice pure, C'est toi, bel écureuil.

Tu caches des noisettes Pour l'hiver, Harpagon Enterrant sa cassette.

Mais nous te pardonnons, Car te voilà, sans hargne, Enseigne de bon ton, Et bien sage, au fronton De nos Caisses d'Epargne.

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PORTRAIT DE JACQUES LETERTRE UN DÉFI UNIQUE QUI CONJUGUE PROFESSION ET PASSION

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nfant, Jacques Letertre était déjà captivé par les livres ; et à 14 ans il reçut un véritable choc en découvrant Marcel Proust : « Je ne m’en suis toujours pas remis » confie ce lecteur compulsif – il n’a jamais cessé d’acheter des livres, livres rares ou non, et ce bien avant d’acheter des hôtels… Parcours atypique pour l’énarque hors normes, promotion 1983-Solidarité, qui a exercé d’importantes responsabilités dans le domaine bancaire avant de s’orienter dans l’hôtellerie à partir de 1988. Actuellement propriétaire de 12 hôtels à Paris et en province, il les gère librement tout en se consacrant à sa passion de toujours : les livres, la littérature, les écrivains. Ce qui ne l’empêche pas d’apprécier la gastronomie, plus particulièrement la cuisine japonaise et de passer plusieurs mois par an dans sa résidence vénitienne en relisant, bien sûr, Venises de Paul Morand. Derrière le ton posé et Partager mon amour des affable, l’allure modeste, livres avec ces milliers de on sent des nerfs d’acier, visiteurs que je ne connais une très solide détermination qui n’exclut pas le pas mais qui sont heureux rêve. Et une passion qui de retrouver un auteur s’exprime dans la volonté ou un livre au hasard d’un de faire partager le plaisir voyage à Paris, à Rouen ou incomparable de lire. Il le à Clermont Ferrand fait avec simplicité, générosité, comme si chez lui l’érudition était une évidence naturelle. En 2014, commence l’aventure quand Jacques Letertre se lance dans la création d’un concept hôtelier inédit, en 4 étoiles, qui consiste à : « Partager mon amour des livres avec ces milliers de visiteurs que je ne connais pas mais qui sont heureux de retrouver un auteur ou un livre au hasard d’un voyage à Paris, à Rouen ou à Clermont Ferrand. » Toute une éthique qu’il développe en rappelant que la première atteinte à la démocratie commence par la censure… puis on brûle les livres. Premier hôtel littéraire dédié à son auteur fétiche, lu et relu chaque année. Ce sera Le Swann rue de Constantinople, tout proche du Boulevard Haussmann où habitait Marcel Proust et où il écrivit A la recherche du temps perdu. Un hôtel calme et cossu de 81 chambres qui attire les amoureux de Proust venant du monde entier. Suivi de près par Le Flaubert dans le quartier du Vieux Marché de Rouen, l’Alexandre Vialatte, place Delille à Clermont Ferrand… Et aujourd’hui un bijou montmartrois de

39 chambres est dédié à Marcel Aymé qui passa la plus grande partie de sa vie sur la Butte. En attendant Le Rimbaud gare de l’Est, et d’autres sans doute... Depuis le début de l’aventure, Jacques Letertre reste entouré des mêmes fidèles équipes; architectes : Aude Brugnière, Virginie Darmon, Aleth Prime ; aquarelliste : Jean Aubertin pour des décors modernes tout en restant fidèles à l’âme de l’écrivain. Tous les hôtels sont des BEST WESTERN 4 étoiles qui offrent 500 livres en plusieurs langues à la curiosité des clients. S’il y a des disparitions dans les chambres, pour Jacques Letertre ce ne sont que des emprunts de longue durée ! Il organise, choisit les ouvrages, les citations et les bibliothèques de ses hôtels. L’essentiel pour son propriétaire est de permettre une plongée dans l’œuvre et l’univers d’un auteur en poussant la porte de l’hôtel qui lui est dédié. Le président de la Société des Hôtels Littéraires a réussi son challenge : « On peut se reposer en se cultivant sans effort, de façon naturelle. » Marie-France Coquard


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Marcel Aymé en 1929

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L’HOTEL LITTÉRAIRE LE MARCEL AYMÉ À MONTMARTRE

près quinze ans de travaux, le 4ème hôtel culturel de la Société des Hôtels Littéraires fondée par Jacques Letertre vient d’ouvrir en plein cœur de Montmartre. 39 chambres 4 étoiles sur 5 étages au 16 de la rue Tholozé, à l’angle de la rue Durantin, lieu évoqué par Marcel Aymé dans une nouvelle. L’Hôtel Marcel Aymé conjugue confort et culture pour un véritable art de vivre sur les pas de l’écrivain montmartrois (1902-1967) qui habita à quelques pas d’ici pendant plus de quarante ans. Cet amoureux de Montmartre y a planté bien des pages de son œuvre. Chaque jour, dans les années 50, toujours élégant dans sa veste d’intérieur, il se rendait au Clairon des Chasseurs ou à la Crémaillère pour jouer au 421. C’était à quelques mètres de la place spacieuse

et élégante, aujourd’hui place Marcel Aymé, où des dizaines de milliers de touristes admirent la sculpture de Jean

Marais « Le Passe-muraille », référence à la célèbre nouvelle de l’écrivain. 500 ouvrages de Marcel Aymé en plusieurs langues sont à la disposition des

clients de la bibliothèque du rez-dechaussée avec ses éditions originales rares de 1924, 26, 32, etc. acquises au fil des années, jusqu’à celles qui vous attendent à chaque étage. La décoration rétro et chaleureuse, style années 1950, s’inspire des ouvrages de Marcel Aymé. Sa situation, à deux pas du Sacré-Cœur, entre les légendaires Moulin de la Galette et Moulin Rouge, promet un séjour hors du commun. Les 39 chambres, studios et appartement présentent tous des décors différents et personnalisés. Chaque étage adopte un thème, un lieu, évocateur de l’écrivain ou d’un sujet cher à son cœur : Montmartre, Paris, les Contes du Chat Perché, la Franche Comté, etc. Chaque chambre porte le nom d’une de

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DU NOUVE AU

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ses œuvres ou d’un ami proche comme Jean Anouilh, Roger Nimier, Gen Paul... ; c’est également le Chemin des écoliers, La Jument verte, Travelingue... Tout est conçu pour rendre hommage à l’écrivain et le faire apprécier par les visiteurs, guidés par des citations, des livres, des œuvres d’art. Jean Aubertin sign les aquarelles subtiles des chambres, et le sculpteur JeanClaude Sadoine a réalisé le chat Alphonse et la tête de marcel Aymé… Les technologies modernes climatisent et équipent en wifi chacune des chambres dont certaines offrent une fort belle vue sur Paris et la tour Eiffel. ACCUEIL SOIGNÉ ET ATTENTIF Réception 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 par une équipe parlant français, anglais, allemand, espagnol, italien, russe et arabe. Pour commencer : petit-déjeuner à volonté servi en buffet dans le sous-sol décoré avec recherche et simplicité de scènes d’animaux de la ferme, de forêts, d’étangs, de pâturages. Les produits présentés dans un grillage de poulailler sont sélectionnés avec soin : oeufs brouillés, fromages et charcuteries, viennoiseries, jus de fruits frais… L’Honesty Bar cosy et convivial est ouvert tous les jours de 17 à 22 heures Tout l’art de vivre de cette Butte unique, magique, artiste qui attire le monde entier vous tend la main au Marcel Aymé pour un parcours culturel et paisible. Best Western Plus Hotel Litteraire Marcel Aymé**** 16 rue Tholozé 75018 à Montmartre Paris Tel +33 01 42 55 05 06 www.hotel-litteraire-marcelayme.com www.hotelslitteraires.fr

SUR LES PAS DE MARCEL AYMÉ…

Une promenade guidée sur les pas de l’écrivain, suivie d’un récital de la chanteuse Pattika A partir de l’hôtel Marcel Aymé, découvrez tous les secrets du Montmartre de l’écrivain Marcel Aymé, entre fiction et réalité : Jean-Manuel Gabert vous propose une balade sous l’angle du « réalisme magique » et de l’humour chers à Marcel Aymé… A la fin de la promenade, vous assisterez à un tour de chant de la chanteuse et comédienne Pattika, composé de titres mythiques de l’époque de l’écrivain et de chansons originales. Contact : gabert.jeanmanuel@neuf.fr


PATRIMOINE

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LE 4 JUILLET, À 18 H 30

TOUT LE MONDE À LA MAIRIE POUR LA PLACE DU TERTRE !

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epuis la fin de l’année dernière, la place du Tertre fait couler beaucoup d’encre, et provoque des crises de réunionnite, des éruptions de votations et des vagues de concertationnite, pour aboutir, enfin, à un projet stabilisé… nous dit-on. Alors que la réalité est toute autre. Pour rappel : le projet présenté en novembre 2017 par la mairie avait été unanimement rejeté – et les travaux prévus pour janvier reportés. Après un parcours de négociations en trompel’œil, voilà qu’on annonce, à nouveau, ce même projet, identique à l’original – à quelque vingtaine de centimètres près – à savoir une place du Tertre, espace public et culturel par excellence, toujours occupée à 80 % par sept contre-terrasses sellées en bloc au sol (à raison d’environ 70 m² chacune), sans le moindre espace de circulation, ni passage pour les secours et les PMR – et chapeautées par d’immenses Barnum façon cirque défigurant le site. Quant aux 300 artistes, ils devront toujours se contenter – comme ils en ont l’habitude – de leur 1 m² à occuper alternativement à deux, en sachant que l’envergure au sol du matériel d’artiste est d’environ 2 m², d’où la posture actuelle de l’artiste sur le carré… dans le caniveau !) En résumé, sur environ 775 m² du terre-plein de la place du Tertre, 490 m² sont occupés jour et nuit, du 1er avril au 1er novembre, par les sept contreterrasses couvertes. Rien ne change, les seules propositions concernent… la couleur des chapiteaux !

Hors saison, sans terrasses et sans chapiteaux

Alors, chers lecteurs, Montmartrois ou amis de Montmartre, vous qui déplorez depuis si longtemps cette situation sur la place du Tertre, et ne cessez de nous le dire, vous qui proclamez à toute occasion qu’elle est défigurée, impraticable et dangereuse pour les piétons et les visiteurs en saison touristique – sans parler des riverains qui ont per- En pleine saison, avec terrasses et chapiteaux du tout droit de la traverser – vous aurez tous, le 4 juillet prochain, à 18 h 30, l’occasion d’exprimer votre indignation et votre envie de retrouver la charmante Vieux Montmartre, la République de Montmartre et les place que vous avez tant aimée, en vous rendant dans notre grandes associations montmartroises, et les artistes du Carré, le 4 juillet à 18 h 30, dans le hall de la mairie, « maison commune », la mairie du 18e arrondissement ! place Jules Joffrin ! Et faites venir tous vos amis, pour Alors, rendez-vous à ne manquer sous aucun prétexte : l’amour de Montmartre ! rejoignez Paris-Montmartre, la société d’histoire Le

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GÉGÉ ARRIVE...

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Gégé nous

C'est la nouvelle recrue de la rédaction du magazine. Humour et dérision à l’honneur. Un jour ou l’autre, vous subirez les effets salutaires et acerbes de sa griffe. Et maintenant, Mesdames et Messieurs, voici Jérôme Feugueur… dit « Gégé » !

André Adjiman - silhouettiste :

si ses ciseaux sont aiguisés tous les jours à la meule de foin, c’est pour réaliser votre profil sur papier noir en moins d’une minute; aussi tranchant que le couperet...!

Mas - peintre : extraverti comme un taureau endormi, ses peintures aux formats panoramiques vous emmènent à Paris, mais aussi en Catalogne où il passe l’hiver à déguster de la patanegra...!

Pascal - peintre : paysages enneigés ou printaniers, l’aquarelliste est aussi chanteur! Son tube:»Ah si j’avais des plumes au cul...!»

Raphael - portraitiste :

portraitiste à la petite voix enjôleuse, son charme attire les femmes du monde entier! «Roch Bach», mesdemoiselles, mesdames! Maris jaloux, faites gaffe à vos épouses!


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en fait voir...

Les As du carré aux artistes

Pour chaque numéro, cette nouvelle rubrique vous invite à découvrir sept visages d’artistes actuels du carré de la place du Tertre, « croqués » par leur confrère et néanmoins ami Gégé. Une façon amusante de faire connaissance avec ces personnages originaux qui animent le célèbre site.

Douchan - peintre : ses cheveux

hirsutes et sa barbiche de lézard fraîchement taillée, ses Tours Eiffel aux couleurs vives ainsi qu’aux traits dynamiques ravissent les petits et les grands de 7 à 77 ans...!

Georges Behrakis - peintre :

membre du club très fermé des dinosaures de la place; contrairement à l’ours, il refuse d’hiberner pendant l’hiver et préfère jouer du pinceau dont il se sert pour éborgner les paparazzis non autorisés!

Marco - peintre: La modestie incarnée, même s'il s’envoie souvent des fleurs, ses bouquets, ses compositions aux thèmes bibliques «le» transportent dans la renaissance italienne... Il le dit lui-même en toute humilité: « J’aurais pu réaliser les plafonds de la chapelle sixtine... ! »


COUP DE CŒUR

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LE COUP DE CŒUR DU PRÉSIDENT Brice Moyse, président de l’association des commerçants Lepic Abbesses, nous livre son coup de cœur du trimestre pour un commerce du village.

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GILLES MARCHAL LE LORRAIN DE MONTMARTRE

« Il aime à se souvenir de son enfance dans son village Lorrain de Laneuvevilleaux-bois, de sa grand-mère qui cuisinait les produits de la ferme et de son père, représentant en chocolat, lequel chocolat, il faisait fondre avec sa maman pour créer ses premières friandises. A 14 ans, il entre en apprentissage chez une icône de la pâtisserie lorraine, Claude Bourguignon. Puis il endosse le tablier de sous-chef pâtissier au Crillon, puis, celui de chef pâtissier du Plaza Athénée, du Bristol et celui de directeur de la création à La Maison du Chocolat à Paris. Après avoir été élu chef pâtissier de l’année en 2004 et médaillé de la ville de Paris en 2008, Gilles Marchal s’installe à Paris, sur la butte Montmartre au 9 rue Ravignan. C’est là, dans ce Paris enchanté par un esprit de village, un Paris privilégié où l’on prend le temps de vivre et de se connaitre, qu’il trouve l’inspiration et le bonheur d’exercer pleinement son métier.» GILLES MARCHAL 9, rue Ravignan - Paris 18e Tél. 01 85 34 73 30 Horaires : 8h-20h Fermeture hebdo. : Lundi

Bulletin d’abonnement à Paris-Montmartre Abonnement : 25 e, (35 e hors CEE) et abonnement de soutien à partir de 50 e. Chèque à l’ordre de Paris-Montmartre. Bulletin à remplir en lettres majuscules et à retourner à Paris-Montmartre 13, place du Tertre, 75018 Paris

"Aller à l’idéal et comprendre le réel"

Nom : Prénom :

(Jean Jaurès)

N°13.109 2e trimestre 2018 ISSN 11 53-0618

© Photo : Moyse

Adresse : PLACE DU TERTRE

UN PROJET DANS L'IMPASSE

MICHOU

OU LA BELLE DU 18 JUIN

CAROLINE VALENTIN

BRODEUSE DE RÊVES

JACQUES LETERTRE ET SES HÔTELS LITTÉRAIRES

JEAN-VICTOR CLÉRICO

E-mail :

L'ART D'APPRENDRE LE MUSIC-HALL

Tél : Date :


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e qui donne des couleurs à vos nuits blanches L’Hommm Bernard Dimey

Votre Soirée Soirée Dîner Spectacle à 20h30 dinner and show 8.30 pm

MENUS

PARI S

MICHOU

115 euros

145 euros

(cocktail et vin inclus)

(cocktail et champagne inclus)

Soirée Spectacle à 22h30 show with champagne 10.30 pm

+33(0)1 46 06 16 04 www.michou.com

Cabaret Michou - 80 rue des Martyrs - 75018 Paris


LA

S I G N AT U R E

Création : www.thierryfougerol.fr - crédit photo : SvetlanaSF

Grâce à Immopolis, je peux prendre le train en bas de chez moi.

D E L’ E X I G E N C E

Les agences du Groupe Immopolis Immopolis Abbesses 7, rue Ravignan - 75018 Paris 01 42 51 22 00

Immopolis Junot 2, place Marcel Aymé - 75018 Paris 01 53 28 98 98

Immopolis Caulaincourt 105,rue Caulaincourt - 75018 Paris 01 53 41 33 00

Immopolis Guy Môquet 78 av. de St-Ouen - 75018 Paris 01 53 31 09 04

Immopolis Ramey 17, rue Ramey - 75018 Paris 01 42 23 84 05


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