Paris Montmartre 12 16

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« Aller à l’idéal et comprendre le réel » DEPUIS 1987

(Jean Jaurès)

MICHOU ET ANNIE CORDY

LE CADEAU DE NOËL DE MICHOU AUX P’TITS POULBOTS

FADILA BELKEBLA

N°13.105 4e trimestre 2016 ISSN 11 53-0618

LE CINÉMA, LA SCÈNE ET MONTMARTRE…

LE JOURNAL D’UNE PETITE MÔME DE PIGALLE

FÉLIX BEPPO J'AIME MON PAYS ET JE VEUX LE SERVIR

LA FONDATION LOUIS VUITTON CRÉE L'ÉVÉNEMENT À PARIS


LES FÊTES DE FIN D’ANNÉE DANS LE PLUS CÉLÈBRE CABARET DU MONDE ! Des tableaux de rêve, 1000 costumes de plumes, de strass et de paillettes, des décors somptueux, l’Aquarium géant, le célèbre French Cancan et … les 60 Doriss Girls !

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édito

... SANS REGRETS ! Non, je ne regrette rien. Je suis heureux et fier d’avoir soutenu Alain Juppé, depuis le début jusqu’à la fin de sa campagne. Les résultats ont montré que nous étions nombreux dans le 18e à lui faire confiance, sans doute pour l’avoir bien connu pendant l’exercice exemplaire de son mandat, le considérant comme un homme d’État du meilleur niveau, apte à réaliser les réformes nécessaires pour relancer le destin de notre pays. J’ai exprimé cette conviction personnelle dans ce magazine que j’ai créé, voici 30 ans bientôt, ce que certains m’ont reproché – me refusant un simple exercice de démocratie. J’avais en même temps invité tous ceux qui pensaient autrement à exercer

cette précieuse démocratie dans les colonnes de Paris-Montmartre. Aucun de ces contradicteurs n’a répondu à l’appel, ce que je déplore, car c’était là aussi, dans un journal de libre expression, une belle opportunité de faire vivre la démocratie. À vous tous, chers lecteurs de Paris-Montmartre et à tous ceux qui m’ont critiqué comme à ceux qui ont compris voire approuvé ma démarche, je souhaite de très belles fêtes de fin d’année, dans la chaleur du partage et de la convivialité, valeurs plus que jamais indispensables en ces temps agités. Midani

Chers amis, Je mesure aujourd’hui votre déception… Je la partage. Cependant, je garderai la fierté d’avoir conduit ma campagne sans transiger, ni avec ce que je pense, ni avec ce que je suis. Je sais que c’est aussi l’une des raisons qui vous ont conduit à me rejoindre, et j’espère que vous partagerez cette fierté. Je souhaite vous exprimer ma reconnaissance et ma gratitude pour votre engagement actif à mes côtés. Cet échec n’est pas le vôtre, il est le mien. Votre action et votre engagement sur le terrain ont été magnifiques. Durant plus de deux ans, votre présence de tous les instants et vos encouragements ont été les moteurs de mon action. Nous avons ensemble créé un mouvement qui nous a amenés au second tour de la primaire de la droite et du centre. (…) Je sais que pour beaucoup d’entre vous, il s’agissait du premier engagement politique. Je ne doute pas que vous resterez des citoyens engagés dans la vie de la Cité et de la Nation. Votre engagement est fon-

damental pour notre pays, car nos idées lui sont indispensables… (…) Je vous demande de faire vivre les idées que j’ai portées durant cette campagne. L’idée d’une France moderne et humaniste décidée à restaurer l’autorité de l’Etat pour

qu’il protège tous les Français des menaces qui pèsent sur notre pays ; décidée à libérer les énergies de nos entreprises pour renouer avec le plein emploi ; décidée à redonner du sens à la construction européenne tout en défendant et en portant un message de paix.

Ces idées s’inspirent de nos valeurs communes. Elles devront trouver toute leur place dans le débat des élections présidentielles. Ce fut un honneur pour moi de vous représenter durant ces deux ans. Je veux remercier du fond du cœur toutes celles et tous ceux qui hier m’ont apporté leur suffrage et témoigné leur confiance. J’éprouve des sentiments de profonde reconnaissance envers vous tous. Continuez sur le chemin que nous avons tracé dans cette campagne pleine de dignité et d’enthousiasme. Continuez à porter l’idée de la France que nous avons partagée. Une France apaisée et réconciliée. Aujourd'hui encore, au risque de vous surprendre, je dirais que je suis heureux d’avoir parlé aux Français tout au long de cette magnifique campagne pour leur dire ce que je crois. La tâche qui vous attend est exaltante. Vous avez de la chance. Je vous souhaite bonne chance. Et je souhaite, par-dessus tout, bonne chance à la France. Avec ma fidèle amitié, Alain Juppé

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(Jean Jaurès)

depuis 1987

sommaire

« Aller à l’idéal et comprendre le réel »

miChou et annie CorDy

le CaDeau De noël De MIchOU aux P’TITS POULBOTS

FADILA BELkEBLA

Paris-Montmartre 4 e trimestre, décembre 2016 N°13.105 4e trimestre 2016 ISSN 11 53-0618

le CinÉma, la sCène et montmartre…

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LES P’TITS POULBOTS DISENT MERCI MICHOU ! FADILA BELKEBLA LE CINÉMA, LA SCÈNE ET MONTMARTRE… CLÉS POUR UNE IMPASSE CARICATURE, CENSURE, LIBERTÉ CHÉRIE

LA FONDATION LOUIS VUITTON CRÉE L'ÉVÉNEMENT À PARIS

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FÉLIX BEPPO

26

CHRISTOPHE IZARD LES VISITEURS DE NOTRE ENFANCE

40

JACQUELINE BOYER

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48

HOMMAGE A FRANCISQUE POULBOT LE JOURNAL D’UNE PETITE MÔME DE PIGALLE

le Journal D’une PETITE MÔME DE PIGALLE

FÉLIX BEPPO J'aime mon pays et Je veux le servir

FONDATION LOUIS VUITTON CrÉe l'ÉvÉnement À paris

REGISTRE DU COMMERCE Paris B 420 740 045 RÉDACTION ET PUBLICITÉ 13, place du Tertre, 75018 Paris Tél. 01 42 59 19 99 DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Midani M’Barki midani1@free.fr

DIRECTEUR ADJOINT ET RÉDACTEUR EN CHEF Jean-Manuel Gabert gabert.jeanmanuel@neuf.fr

RÉGIE PHOTO Jacques Habas, Tél. 06 17 55 57 37 RÉDACTION Jean-Paul Bardet, Linda Bastide, Alexandra Cerdan, Catherine Charrière, Michèle Clary, Marie-France Coquard, Michel-A. Daguet, Jean-Manuel Gabert, François Garnier, Jacques Habas, Alain Haimovici, Christine Haydar, Grégoire Lacroix, Sophia Mezières, Midani, Perette Souplex, Jean-Marc Tarrit, Hervé ValadeChassing. PHOTOGRAPHIES J.P. Bardet, P. Baudoin, Jacques Habas, Frédéric Loup, Midani, Lisbeth Passot, Viola Schiviz. ILLUSTRATION Eric Boldron, Florence Côme, Jérôme Feugueur (Gégé), Janbrun, Sthéphane Plouviez. DÉPÔT LÉGAL 4e trimestre – décembre 2016 RÉGIE PUBLICITAIRE Michèle Dura 06 43 57 74 94 email : pmparismontmartre02@gmx.fr

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Les P’tits Poulbots

LA VIE DU VILLAGE

PM 13-105

ΠUVRE DES GOSSES DE LA BUTTE M ONTM ARTRE

Michou En son Cabaret 80 rue des Martyrs 75018 Paris

LES P’TITS POULBOTS DISENT

Montmartre, le 10 octobre 2016

Merci Michou ! Cher Michou,

Nous tenons à vous remercier pour l’extrême générosité que vous avez dispensée à l’œuvre des

Petits Poulbots.

Le don exceptionnellement généreux que vous avez bien voulu effectuer pour notre association

va nous permettre d’améliorer le quotidien de nos enfants qui seront informés de votre geste qui nous

touche infiniment.

UN GRAND MOMENT D’ÉMOTION DEVANT UNE ASSISTANCE NOMBREUSE RÉUNIE DANS LE CABARET UNIQUE

Pour cela merci mille fois, en notre nom et au nom de tous les Poulbots nous vous redisons toute

la joie que vous nous apportez.

L

e traditionnel repas mensuel que Michou offre aux anciens tombait le 29 septembre, le jour de la Saint Michel, pardon… de la « Saint Michou ». A cette occasion, Michou a remis solennellement à l’association des P’tits Poulbots un chèque de 10 000 e, sous les applaudissements enthousiastes de tout le cabaret et les roulements de tambours dirigés avec

talent par Joel Ben Hayoun. Ce chèque était le produit de la vente du CD enregistré en duo avec Annie Cordy pour célébrer son 85ème anniversaire, le 18 juin dernier, et ses 60 ans de Cabaret. Evénement qui est resté dans toutes les mémoires montmartroises et au-delà. Michou a été un vendeur infatigable de ce disque, d’où le résultat exceptionnel de 10 000 e qu’il a offert intégralement aux

Vive les Petits Poulbots et

P’tits Poulbots en ayant pris en charge d’anniversaire inoubliable. Jugez-en : Vive Michou ! lui-même tous les frais de production de ce « L’histoire que tu as choisie, c’est disque. Au moment du délicieux dessert du Chef de nous aimer à fleur de peau P’tit Louis, le président de la République de Montmartre, Alain Coquard, membre Tu as eu des années de velours Joëlle LECLERCQ du Conseil d’Administration des P’tits Poul- Depuis 60 ans, tu fais la cigale La Présidente bots et mandaté par la Présidente Joëlle dans le quartier Leclercq, reçoit le chèque des mains de Michou. Un grand moment d’émotion avec Montmartre t’aime en bleu » Président Fondateur Lucien PINOTEAU Association déclarée sous le N°176.958 – Siège Social et Dispensaire : 3, place de Tertre Paris XVIII des applaudissements et des Chante avec tendresse Annie Cordy. larmes aux yeux fait frissonner la «J’étais un vrai titi, un petit gars de salle. Picardie Il faut rappeler que ce CD représente J’étais garçon serveur, j’en ai vu de une belle histoire. toutes les couleurs Pour les 77 ans de Michou, Alain Tur- Voilà ma vie.» ban avait composé Lui répond Michou d’une voix pleine de vie la chanson « 77 % et de sensualité. d’amour ». Pour les 80 ans, ce fut une Beaucoup de succès pour ces 85 % nouvelle et belle d’amour et 60 ans de cabaret. Michou et chanson « Au 80 Annie Cordy offrent un duo exceptionnel et rue des Martyrs ». bouleversant d’émotion sur les paroles et la Et pour les 85 ans musique d’Alain Turban. de notre star toute On a enregistré à Paris. 2000 exemplaires 10 000 e pour bleue et toujours du disque sont sortis. Avec sa droiture et superbe, Alain les Poulbots ! imagine, cette fois, de créer un duo inédit avec Annie Cordy pour laquelle il éprouve beaucoup d’admiration – sachant qu’une indéfectible amitié lie Michou et Annie depuis quelques 60 ans. L’idée prend forme. Généreusement, Alain Turban compose le texte. Une maquette est envoyée à la célèbre chanteuse qui la reçoit avec enthousiasme. sa générosité sans égales, Michou consiAnnie trouve l’idée de ce duo avec son ami dère que ce disque ne doit pas avoir un but vraiment sensationnelle pour un cadeau commercial. Sans une minute d’hésitation, il


LA VIE DU VILLAGE

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Michou et les Poulbots

décide d’en remettre le produit des ventes aux P’tits Poulbots. On retrouve sur le CD une très jolie chanson, toujours paroles et musique d’Alain Turban, intitulée S’il faut le dire avec des fleurs. Grégory, le chanteur si apprécié du public, l’interprète chaque soir en début de soirée au Cabaret. Aujourd’hui, ces 85% d’amour et 60 ans de Cabaret, c’est aussi un clip vidéo de 9000 vues sur Youtube. La chanson S’il faut le dire avec des fleurs rencontre un tel suc-

cès qu’une standing ovation l’accompagne quand Grégory la chante devant une salle comble à l’occasion du spectacle d’Alain Turban à l’Olympia, le 9 septembre dernier. Au nom des P’tits Poulbots, la Présidente Joëlle Leclercq remercie Michou pour un don aussi important dans un courrier qui l’émeut profondément. Selon la tradition instaurée par Francisque Poulbot, il y aura, bien sûr, des cadeaux de Noël, mais surtout des voyages scolaires, des vacances d’été pour ceux – et sachez qu’ils sont nombreux – qui ne peuvent pas

Michou et Annie Cordy

aller à la mer, en voyage de neige ou en stage de sport. Encore une fois : Merci et bravo Michou ! Marie-France COQUARD

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La générosité encore à l’honneur ! Brice Moyse fait un don de 1000 e aux P’tits poulbots

B

rice Moyse, le spécialiste de l’immobilier à Montmartre et généreux mécène de la plupart des manifestations culturelles et festives montmartroises – la Biennale de la République de Montmartre, le Salon du livre, de nombreux événements de l’office du tourisme, de l’ACLA, etc. – a lui aussi pensé aux P’tits poulbots à l’approche des fêtes. À la suite d’un léger différend dû à un malentendu suivi d’une discussion colorée « à la montmartroise » avec une grande figure de la nuit parisienne, connue pour sa générosité sans limite et notamment

par les fameux déjeuners des anciens dans son cabaret – vous aurez reconnu Michou – Brice a réalisé qu’il n’avait jusqu’à présent jamais aidé financièrement l’association des P’tits poulbots. À la lumière de cette prise de conscience, il a décidé de rattraper son oubli au plus vite et il a remis un chèque de 1000 € à Joëlle Leclercq, présidente des P’tits poulbots ; en la remerciant chaleureusement de tout ce que son association fait aussi, à travers l’œuvre des enfants, pour l’image de Montmartre, qu’elle incarne à travers toutes les manifestations.


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ALAIN TURBAN

A FÊTÉ « SES ANNÉES 80… ET PLUS ! » À L’OLYMPIA

L

e 11 septembre dernier, Alain Turban a fait chauffer au rouge la salle mythique de

l’Olympia, entouré par une équipe de neuf excellents musiciens sur scène. L’Enfant terrible de Montmartre a alterné les titres de toutes ses périodes musicales, du disco finalement indémodable aux textes plus intimistes, des compositions originelles aux chansons récentes. Un voyage chaleureux, dynamique et émouvant à la fois, depuis les contrées colorées pas si lointaines de la bonne variété des années 80, jusqu’à la chanson française « non datée », où la poésie a toute sa place. Les moments d’émotion étaient nombreux, avec, en « guest stars », Michou bein sûr, et Charles Dumont, en grande forme au piano. Pour ceux qui ont manqué ce beau moment musical, ou qui souhaitent le revivre, ne manquez pas de commander le DVD qui vient de sortir, avec livret inclus : trois heures de spectacle inoubliable !

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PATTIKA RÉCHAUFFE LES GENS DU NORD

Appréciée pour ses reprises inventives des chansons de Piaf ou Barbara, mais aussi pour l’originalité de ses compositions personnelles, Pattika vient de rencontrer un beau succès dans le Nord, à Bony, où elle a amené le spectacle « Pattika chante Paris », accompagnée au piano par François Debaecker, dans la très belle auberge cabaret* de Geneviève et Philippe Gyselinck, amis de la République de Montmartre. Les articles de presse ont salué l’artiste avec enthousiasme, et la tournée devrait se poursuivre dans cette région amicale et festive… *ferme-du-vieux-puits.isasite.net

Jean-Marc Tarrit et Marie-Catherine Forray se sont dits oui, le 15 octobre à 11h, à la mairie du 18e, dans la stricte intimité familiale. C’est Daniel Vaillant qui a officié, en présence amicale d’Eric Lejoindre, Christophe Caresche et Pierre-Yves Bournazel. Nous souhaitons à nos amis et jeunes mariés le plus beau voyage à deux, main dans la main, et tout le bonheur qu’ils méritent. Et qu'ils chantent en duo, jusqu’au bout du temps et de la ronde : « Tu fais tourner de ton nom / Tous les moulins de mon cœur ! »


LA VIE DU VILLAGE

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KUMAMON À MONTMARTRE !

L

Photos : Willy Descamps

a Mascotte Kumamon, un nounours jovial créée en 2010 par le département du tourisme de la préfecture de Kumamoto, a acquis une reconnaissance nationale lors du Grand Prix des Mascottes du Japon 2011, où elle est arrivée à la première place d’un sondage de popularité. La star japonaise a été accueillie à Paris par une délégation du Comité Régional Ile de France et de l’Office de tourisme Montmartre Village. Kumamon a pu découvrir la Vigne du Clos Montmartre, où il a été accueilli par la présidente de l’Office du tourisme Sylvie Fourmond, avant d’être intronisé à la République de Montmartre et au Baillot bordelais par Frédéric Loup et Roger Dangueuger. Les images de Kumamon sur la Butte font déjà le « buzz » sur le net !

Entre Marie-Laurence Pasquini et Frédéric Loup

COCO E

Avec Roger Dangueuger

Kumamon accueilli par la présidente Sylvie Fourmond

EST REVENU !

ureka, alleluia, chic, chic, bravo !!! Comme la Mathilde de Brel… Coco est revenu ! Est-ce le hasard ou notre avis de recherche… peu importe, nous l’avons enfin retrouvé ! Et c’est drôle que notre... Coco se soit installé en face de chez Frezet, et drôle aussi que le patron de ce restaurant, François Heyd, lui ouvre ses ailes et ses bras en l’accueillant avec joie ! Grâce à Coco, dit-il, la rue Ordener va devenir la rue de la belle gastronomie – oui, nous pouvons parler gastronomie puisque Coco a été le second du chef doublement étoilé Gérard Vié des Trois marches au Trianon Palace de Versailles, et vous verrez quand vous gouterez la cuisine de coco qu’il n a pas perdu son temps sous la houlette de Gérard Vié.

Venez une fois chez Coco et vous m’en direz des nouvelles ! Tout est délicieux et très copieux. Il sert ses salades, ses légumes et ses frites dans d’énormes saladiers, et excelle aussi bien dans les poissons que dans les viandes. Ses fournisseurs sont de petits producteurs et tout est d’une fraîcheur incomparable. Son menu entrée et plat ou plat et dessert à 13 € 50 ne vous laissera pas l’estomac dans les talons. Pour les vins, il a ses petits vignerons préférés qui proposent des bouteilles de 25 et 30 €, et, bien sûr, de grandes cuvées dignes d’un quatre étoiles. Coco est ouvert tous les midis, 7 jours sur 7, au 168 rue Ordener, à l’enseigne « Chez Pradel ». Perrette Souplex

La 7e Biennale de la Palette, de l'Objectif et du Burin, organisée par la République de Montmartre, s’est tenue les samedi 5 et dimanche 6 novembre, à la salle parois-

siale de l'Eglise Saint-Pierre-de-Montmartre, avec la participation de Paris-Montmartre. L'invité d'Honneur était Marko Stupar. Plus de trente artistes y présentaient leurs créations, et réservaient une partie de la vente de leurs œuvres au profit des P'tits Poulbots. C’est Manuel Gil qui a reçu le 1er prix de la Biennale, issu du vote des nombreux visiteurs. Un hommage a été rendu à Jean-Pierre Serrier, peintre surréaliste montmartrois. A NOTER : le mardi 24 janvier 2017, à 18 h30, Conférence du Vieux Montmartre sur « Le peintre montmartrois surréaliste Jean-Pierre Serrier  » par Françoise Serrier, sa fille, et Marie-France Coquard, son amie. A la Salle Poulbot du Musée de Montmartre, 12 rue Cortot, 75018 Paris.


LE VISAGE DU VILLAGE

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F

adila Belkebla, disons-le tout de suite, est une jeune femme très attachante…. Sa maturité d’âme à l’enthousiasme doux et serein, son élégance soulignée par une gestuelle toute en finesse et un port altier exempt de tout orgueil sont des qualités rares chez la plupart des comédiennes. Ajoutez à cela un sourire radieux et vous êtes conquis… ! Native d’Aubervilliers, issue d’une famille originaire de Kabylie, Fadila grandit au sein d’une fratrie de dix enfants où l’éducation, celle pratiquée autrefois, et l’amour familial sont essentiels. Dans sa jeunesse déjà, elle aimait à se promener à Montmartre qui n’était pas encore relié à Aubervilliers par la ligne 12, le Nord-Sud cher à Pierre Reverdy. Dans son regard d’adolescente, la Butte évoque un village aux aspects champêtres. Les escaliers, les réverbères, les vieux pavés et les jardins l’évadent de son quotidien dans lequel elle vit néanmoins heureuse. Elle espère venir y habiter un jour. Plus tard, sa curiosité non démentie pour l’histoire de Montmartre, son attachement à la Butte, sa « madeleine » à elle, et un parcours professionnel déjà bien « assis » lui feront réaliser son rêve de jeune fille. Depuis une dizaine d’années, elle a installé son nid dans le haut du village, non loin des vignes.

Le cinéma, la scène et Montmartre…

Parallèlement à ses études universitaires de « langues et civilisations étrangères », elle donne des cours de danse et monte des spectacles dans sa commune d’Aubervilliers. Alors que sa famille et ses amis lui répétaient à loisir qu’elle était une comédienne née, elle, se voyait une vocation d’enseignante. Les rencontres, comme souvent, vont décider pour elle. C’est grâce à Killy et Antonio Olivares, producteurs, scénaristes et réalisateurs, eux-mêmes originaires d’Aubervilliers, qui évoluent dans l’entourage de Francis Huster, qu’elle décroche un premier rôle dans un court-métrage. Essai concluant ! Ils lui

proposent alors un long-métrage, Douce France, de Malik Chibane pour lequel elle obtient le Prix d’interprétation féminine au Festival méditerranéen du film de Bastia. Les événements se précipitent et Fadila met de côté, momentanément pense-elle, ses études. Contactée par Nadine Trintignant, elle se voit confier le rôle principal dans L’Insoumise, téléfilm produit par Canal +, aux côtés de Marie et Jean-Louis Trintignant. Elle enchaîne avec Vivre au Paradis, de Bourlem Guerdjou, avec Roschdy Zem, pour lequel elle se verra remettre le Prix d’interprétation féminine au Festival International du Film d’Amiens.

Photo : Pure People

FADILA BELKEBLA Dès lors, la carrière de Fadila va se structurer entre séries télévisées, cinéma et théâtre. Pendant trois ans, elle endossera la robe de substitut du procureur dans Boulevard du Palais se nouant d’amitié avec Jean-François Balmer, ô combien montmartrois, qui fut le parrain des événements marquant les 130 ans de la Société Le Vieux Montmartre. Elle joue dans les séries les plus populaires : Les Cordier, juge et flic, Alice Nevers, le juge est une femme, Enquêtes réservées…. Vient alors le grand succès cinématographique avec Les Tuche où elle incarne une bourgeoise au grand cœur. En haut du box-office, le film d’Olivier Baroux réunissant Jean-Paul Rouve, autre montmartrois, et Isabelle Nanty réalise 1.500.000 entrées…. Suivra en 2011 le long-métrage de Christophe


LE VISAGE DU VILLAGE

Ruggia Dans la tourmente dans lequel Fadila côtoie au générique Mathilde Seigner, Yvan Attal et Clovis Cornillac. Les séries à succès comme les films grand public ne détournent pas Fadila de l’art dramatique. Sa première véritable expérience sur les planches remonte à 2004 dans Les Sacrifiées de Laurent Gaudé au théâtre de Nanterre-Amandiers, suivie en 2010 de Tout un homme de Jean-Paul Wenzel. En 2013, elle joue dans Le Porteur d’Histoire d’Alexis Michalik au Studio des Champs-Elysées, « moliérisé » en 2014. Cette pièce remarquable, à la fois conte et récit épique, s’attache à l’influence de l’écrit et du livre comme transmetteurs du savoir et invite à la réflexion sur la lecture et la « relecture » de l’Histoire de France à travers le prisme d’une myriade de personnages. Fadila Belkebla devrait reprendre ce spectacle en 2017 au Théâtre des Béliers tenu par Arthur Jugnot, dont le père Gérard, célèbre mont-

martrois des Abbesses, fut en 2010 le parrain de la Fête des Vendanges. Côté cinéma, nous pourrons dès l’année prochaine retrouver Fadila de la Butte dans la comédie de Ludovic

On le voit, les choix artistiques de Fadila Belkebla sont le plus souvent guidés par une réflexion sur l’essence des rapports humains et sur la capacité à vivre ensemble.

Bernard L’Ascension, ainsi que dans le film produit par Michèle Gavras, épouse de Costa-Gavras, À mon âge, je me cache encore pour fumer, huis-clos féminin au sein d’un hammam où la parole de la femme se libère. Parmi les nombreux projets

de Fadila, l’adaptation théâtrale du roman de Sorj Chalandon, Le 4e mur, Prix Goncourt des lycéens 2013. Le héros, un étudiant contestataire chronique de la Sorbonne, se retrouve propulsé au cœur du conflit libanais et va se voir confier la tâche de monter Antigone d’Anouilh. L’occasion pour les personnages, de culture, de religions et d’horizons différents, tous victimes Fadila Belkebla dans Le Porteur d'Histoire de cette guerre, de se retrouver et très actuels mais immuables de témoigner, une manière originale de donner à que Fadila sait concilier depuis des ennemis l’occasion de se sa jeunesse et qu’elle regarde avec humanité et bienveillance parler. On le voit, les choix artis- du haut de sa Butte tant rêtiques de Fadila Belkebla sont vée…. Jean-Marc TARRIT le plus souvent guidés par une réflexion sur l’essence des rapports humains et sur la capacité à vivre ensemble. Des sujets

© Pathé Distribution

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Les Tuche : Fadila Belkebla et Isabelle Nanty


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A MONTMARTRE, LE MIDI A-T-IL TOUJOURS DROIT DE CITÉ ?

Photo : P. Baudoin

Clés pour une impasse


HISTORIQUE

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Midi, qu’à la fin du 19ème siècle, soit par d’anciens carriers qui y auraient travaillé, soit par les tous premiers occupants venus s’ installer, tous originaires, dans leur majorité, du sud de la France ou peut être tout simplement parce que la cité est exposée au midi ! Comme on le sait, c’est sur l’emplacement libéré par la suppression du mur des Fermiers Généraux qu’ont été ouverts les larges boule-

Reportons-nous un moment au Dictionnaire historique, topographique et étymologique des rues de Paris, d’Alfred Delvau. Paru en 1860, année de naissance du Grand Paris d’Haussmann, qu’y découvronsnous, étonnés, que les noms que portent encore de nombreuses rues et voies de notre capitale, sont comme des anachronismes, désuets. La Cité du Midi, L’Impasse de Constantine (Villa Guelma), voisine, ou La Villa des platanes sont, on peut le dire, de celles là. Bien que référencée : « Cité du Midi » (quartier des Grandes carrières à Montmartre). Voie privée qui doit son nom à sa situation, bien qu’elle soit à Montmartre, c’est-àdire au nord de la capitale », chose curieuse, La Cité du Midi n’est pas reportée sur la partie concernée de notre arrondissement, telle que définie sur le plan de Paris de 1860, reproduite ci-dessous. C’est pourquoi, j’ai tenu à y faire figurer son emplacement à l’aide d’une étoile. La Cité du Midi donnait donc sur le boulevard Pigalle (prolongement à l’est du boulevard de Clichy, entre la rue de l’Empereur (rue Lepic) et la rue Neuve Pigalle (rue Germain Pilon)), tout comme l’ancien chemin menant à des carrières, qui la précédait. Il est tout à fait vraisemblable, que ce vieux chemin qui menait aux entrées d’anciennes carrières de plâtre de la butte Montmartre, n’ait été reconnu et baptisé, Cité du

LA CITÉ DU MIDI, C’EST AUSSI UN FILM DU CINÉASTE JACQUES BARATIER Ce film, Jacques Baratier l’a réalisé, à partir du jour où il s’était enfin décidé à venir, muni de sa caméra, dans ce quartier de Montmartre, avec le projet précis de filmer les activités d’un gymnase, discrètement installé tout près de l’entrée de cette impasse, au n°3, de la Cité du Midi. Ce gymnase, resté longtemps inoccupé après sa fermeture, abandonné et mal entretenu, s’est transformé en une résidence privée, la Villa Amandine. Il a été, durant de longues années, le lieu d’entraînement de très nombreux artistes du cirque (Médrano, successeur L'ex-clinique du cirque Fernando était tout proche), mais aussi du music-hall (Le Moulin Rouge, Le Casino de Paris, LesFolies Bergère). S’y sont croisés toutes sortes d’acrobates, des trapézistes, des jongleurs et des équilibristes. Jacques Baratier avait pour amie une jeune trapéziste, Diane De Riaz qui avait souhaité lui faire découvrir les lieux. Agée de 17 ans, elle travaillait déjà depuis l’âge de 15 ans dans le monde du cirque. Bien que très persuasive, ce ne fut pas sans difficulté qu’elle parvint à convaincre le cinéaste de venir au gymnase. Photo : J.P Bardet

Photo : P. Baudoin

oilà un titre, puis un sous-titre, qui peuvent à priori surprendre, mais qui sont pertinents, lorsque l’on se fixe pour objectif d’évoquer la pittoresque “cité-impasse” située au pied de la butte, à mi-chemin entre la place Blanche et la place Pigalle : La Cité du Midi. Le soustitre, « Clés pour une impasse », je l’ai tout simplement emprunté à Daniela Langer, productrice-radio, riveraine de la cité, qui en avait fait le titre de son émission-reportage, consacrée à l’évocation de cette impasse, diffusée sur France Culture. Je tiens ici, tout de suite, à vivement la remercier, de m’avoir aimablement communiqué copie de l’enregistrement de son émission : « Clés pour une impasse », et surtout de me permettre d’en utiliser des extraits. Cette cité, cet ancien chemin, qui se termine en impasse, situé en retrait du boulevard et bien à l’abri, dans ce quartier très animé de Pigalle, le jour où vous déciderez de vous y rendre, ce que je ne peux que vous conseiller, vous ne manquerez pas d’être séduits par son charme, son calme, son originalité : dépaysement assuré.

La cité Véron sous la neige

vards connus sous le nom de “Boulevards extérieurs». D’ouest en est, de l’ex-barrière de Clichy à la place de la Rotonde de La Villette, se succédaient : les boulevards de Clichy, de

Lors de sa première visite, à peine arrivé, le cinéaste, surpris, découvrit là tout un univers inconnu de lui. Surpris, oui, mais aussi si agréablement séduit par les activités pratiquées dans l’établissement, qu’il sera lui même très vite tenté de s’initier à la gymnastique et aux claquettes. Une expérience qui sera malgré tout de courte durée. Si ses 1860 – Quartier des Grandes Carrières premières visites semblèrent être de simples visites de découverte, elles Pigalle, des Martyrs, de Rochechouart, des furent, en réalité, discrètement, de véritables Poissonniers, de la Chapelle, des Vertus puis séances de repérage. Déjà, au cours de ses celui de la Villette. Si parmi ces boulevards, premières séances d’initiation, n’en avaitles deux derniers cités font partie du XIXème il pas profité, avec toute la discrétion qui le arrondissement, les boulevards de Clichy, de caractérise, pour capter (sans caméra caPigalle et des Martyrs, sont maintenant réunis chée !), innocemment, de façon improvisée, en un unique boulevard, le boulevard de Cli- en même temps que les séquences de travail chy, que prolongent à l’est, de la rue des Mar- de son amie, plusieurs de celles des différents tyrs à la rue d’Aubervilliers, les boulevards de artistes et athlètes qui se trouvaient autour d’elle. Il décide alors de montrer les rushes Rochechouart et de la Chapelle. à un grand producteur de l’époque, Georges Lourau. Ce dernier, immédiatement convainC’est sur ce boulevard de Pigalle, section cu de l’intérêt de ces images, les soumet à son de l’actuel boulevard de Clichy, (et sans doute tour à René Clair. C’est à ce moment que va déjà sur le chemin de ronde extérieur du mur naître entre les deux hommes l’étroite collades Fermiers Généraux) que se trouvait et se boration qui conduira à la réalisation du film : trouve toujours l’entrée de la cité du Midi. « La Cité du Midi », un film qui sera suivi


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de deux autres courts métrages. Entre temps, Cependant, dans quelques autres, à côté de À Montmartre, la situation est quelque peu au sein du gymnase même, Jacques Baratier la boxe, on pratique une nouvelle forme de différente, car le monde du spectacle est très apprend, au cours de l’une de ses séances de musculation, le culturisme, le bodybuilding présent, favorisant un entraînement portant prises de vue, que l’acteur Michel Simon, qui dirait-on aujourd’hui, une discipline destinée surtout sur la préparation des corps. C’est rêvait dans sa jeunesse d’être acrobate, venait à la satisfaction narcissique de ceux qui par- pourquoi les gymnases de Montmartre vont s’y entraîner avec les artistes du se différencier des autres cirque Médrano voisin. Baratier par la grande originalité des chercha à prendre contact avec spécialités qu’on y pratique. le comédien, afin de lui proposer Ici, tout est organisé avec le de présenter son film en signant souci d’être en parfait accord le texte de la voix-off, une deavec la variété des spectacles mande que Michel Simon accepque l’on y prépare. Pour tera très volontiers. Jacques Basatisfaire la demande, les ratier entreprend alors toute une établissements se sont comnouvelle série de prises de vue. plètement adaptés aux désirs Sa maitrise du maniement et du des artistes du cirque et du positionnement des caméras, son music-hall. Peu de manifeshabile captage de l’évolution des tation de force, pas de viocorps dans l’espace, le parfait lence, comme aux Halles ou cadrage des prises de vue, seront dans ce gymnase de Ménilharmonieusement complétés par montant qu’avait fréquenté les savants effets de montage Maurice Chevalier dans sa conçus par Néna Baratier. Tout jeunesse, avant de se retrouce travail fera de l’ensemble de la ver dans ce gymnase de la réalisation un véritable exploit. rue Véron où il retrouvait Mistinguett. Le scénariste et réalisateur Jacques Baratier, est né le 8 mars À ces performances tech1918 à Montpellier. Des études de droit, menées sous l’impulsion niques, il ne faut pas omettre de Ainsi, dans ce gymnase de son père, banquier, le conduisent jusqu’à la licence en 1938, il mentionner l’humour du texte de La Cité du Midi, que a vingt ans. Son service militaire terminé, effectué dans l’armée de conçu par Paul Guth, lu par Mifréquentent de nombreux l’air, le voilà à nouveau mobilisé et engagé au Maroc, au moment chel Simon, ainsi que la musique artistes circassiens, on y trade la seconde guerre mondiale. À la Libération, de retour à Paris, de Claude Luter et France Olivaille en priorité la musculaJacques Baratier fréquente assidument Saint-Germain-des-Prés où vier. On peut dire, sans exagérer, tion et la souplesse, mais pas il fera l’amicale rencontre de Boris Vian, cet ex-ingénieur de l’Ecole que ce jour là, Jacques Baratier la force ni le culturisme ! La Centrale, qui est venu habiter Montmartre, cité Véron, et donc voisin signait avec «La Cité du Midi», musculation, qui s’impose de Jacques Prévert. Quelques années plus tard, lui qui souhaitait l’un de ses plus beaux films. Ternaturellement ici, s’adresse devenir artiste peintre fera, pur effet du hasard, la rencontre, lors miné en 1951, tourné en 35 mm plus au porteur qu’au voltid’un voyage au Sahara, d’une équipe de cinéma dirigée par René et noir et blanc, ce film d’une geur, en vue du cirque et de Chanas qui tourne «L’Escadron blanc». De cette rencontre, il tirera durée de 15 minutes, présenté tout ce qui, du cirque mène un grand bénéfice. En effet, après avoir réussi à se faire engager au festival de Venise l’année au music-hall, voire au cinécomme figurant, puis comme assistant réalisateur, cette expérience suivante, fut récompensé d’une ma. C’est le rendez-vous des décida sans doute de son avenir. Par son travail, devenu réalisateur, « mention spéciale » du jury. acrobates, des trapézistes, il collaborera avec Jacques Audiberti (dont il adaptera un roman : La des clowns acrobates, des Poupée), Christiane Rochefort et Arrabal. QUELQUES MOTS jongleurs, des danseurs de CONCERNANT LES corde, de quelques cascaParmi ses réalisations, on lui doit un premier court-métrage, deurs, bref de tout ceux que «Les Filles du soleil» (1948), sur la vie des tribus berbères. Suivra GYMNASES PARISIENS l’on qualifie souvent de saltoute une série de documentaires, parmi lesquels se trouve «La A l’époque, parmi les gymtimbanques. Afin de satisCité du Midi» (1951). En 1957, Jaques Baratier tourne en Tunisie nases installés dans la capitale, faire au mieux leur demande son premier long-métrage, “Goha” (qui révélera Omar Sharif). Tiré nombre d’entre eux étaient d’entraînement, les salles se d’un conte égyptien, le film est récompensé du Prix International principalement caractérisés par sont principalement ouvertes du festival de Cannes en 1958. L’année suivante, il signe un film l’exercice de la force et de la dans d’anciens ateliers de inspiré de sketches de Guy Bedos avec : Simone Signoret, Jeanviolence. On y pratiquait les danse, d’anciens ateliers Paul Belmondo, Francis Blanche et Claude Brasseur : “Dragées au poids et haltères, la lutte, et surd’artistes, et parfois même, poivre”, ce sera un véritable succès populaire. Au cours de sa cartout la boxe, la force étant soud’anciens ateliers indusrière, Jacques Baratier a réalisé onze courts-métrages dont : «Paris vent le principal et unique capitriels, des salles hautes de la nuit» (récompensé de l’Ours d’or au festival de Berlin et «Histoire tal que possédaient les classes plafond et prêtes à accueillir du Palais idéal» (le palais du Facteur Cheval) et douze longs-mélaborieuses. Dans ces gymnases, les agrès, les anneaux, les trages dont «Vous intéressez-vous à la chose ?» (avec Nathalie Derépartis du centre aux faubourgs cordes et les trapèzes. Une lon) et «Le Beau Désordre», un film demeuré inachevé à la mort du populaires de la capitale, on a ancienne élève, trapéziste, cinéaste. Jacques Baratier, commandeur des Arts et des Lettres, les yeux tournés vers les rings interviewée par Daniela Lanest décédé le 27 novembre 2009, dans sa quatre- vingt-onzième les plus célèbres de la capitale. ger nous parle du gymnase année, à Antony. Montmartre n’échappant pas de la Cité du Midi et décrit à cette mode, ils seront même un lieu d’une beauté fantasnombreux à venir s’installer tique, décoré de curieuses dans nos quartiers dans l’entre-deux-guerres. ticipent aux concours de beauté, et au plaisir fresques qu’elle qualifie de “ToulouseÁ l’Élysée Montmartre, voisin du Tria- de s’exposer au regard émerveillé d’une gente Lautriciennes” ! Cependant, de son passage non, par exemple, ce n’est pas la boxe fran- féminine. au gymnase, elle conserve le désagréable çaise qui s’imposera, mais la boxe anglaise. souvenir de certains entraîneurs, peu respec-

Jacques Baratier


Photo : J.P Bardet

tueux des artistes, comme Ernesto, un véritable gougnafier, qui insultait fort grossièrement les élèves (« putana », tu vas le tourner ton flic flac !) ou bien comme Augusto qui lui, s’occupait plus spécialement de ceux du cirque Médrano. Dans cette école du cirque, Michel Simon, Peter O’Toole (Laurence d’Arabie), Jean Paul Belmondo et bien d’autres sont venus s’entraîner. Annie Fratellini, riveraine de la cité, y avait un moment installé son école familiale du cirque.

Bien qu’à première vue, la danse n’ait rien à voir avec Montmartre, on ne peut ignorer la présence de ces ateliers de danse proches du Moulin Rouge, du Casino de Paris et des Folies Bergère, une proximité qui permettait aux danseuses et aux danseurs de revues de venir s’entraîner, près de leur travail. Ces salles, souvent très réputées, ont vu passer nombre de danseuses et de danseurs, parmi lesquels se révèleront de futures étoiles de l’Opéra, en particulier à la grande époque de Serge Lifar. Par exemple, dans les années 30, on a pu voir Yvette Darsonval et Roland Petit venir travailler dans ce magnifique atelier de la rue de Douai, face au lycée Jules Ferry, à deux pas (de danse !) de la place Clichy,

La villa Amandine, l'ex-gymnase

Comment se présentait la cité il y a près d’un demi-siècle ? Sur le boulevard, à gauche, à l’angle de la cité, se trouvait un établissement de photographie - une sorte de petit studio ! – alors qu’à droite de l’entrée, sur le boulevard, un curieux, un mystérieux magasin de « phonie », fermé vers la fin des années 50, animait les lieux. Son public était varié, on y venait soit écouter

durant des années, celle des célèbres cabarets montmartrois (La Chaumière, La Lune Rousse, Le Néant, Le ciel et l’Enfer...), des cafés littéraires (L'abbaye de Thélème, le restaurant du Rat Mort), puis celle du cinéma. Aujourd’hui, la friterie-kebab et la petite épicerie qui occupent l’emplacement des deux établissements cités ci-dessus, dissimulent un peu l’entrée de la coquette impasse ! Á gauche, près de l’entrée, au n°3, se trouvait le gymnase dont nous avons longtemps parlé. Au n°6, en 1951, venait s’installer une attraction nouvelle, insolite pour le quartier, dans les locaux d’un ancien bal intitulé La Rumba : c’était Le RMA ou “Le Réseau Miniature Amateur”. A cet établissement, nous consacrerons une large place, dans le prochain numéro de Paris-Montmartre.

LA CITÉ DU MIDI PAR ELLE-MÊME La cité du midi, un lieu depuis toujours cosmopolite, car rares sont les habitants et les riverains qui y sont nés. Lorsqu’on s’engage dans la cité, orientée nord-ouest, sud-est, on découvre un chez soi à la fois aussi rassurant qu’angoissant. A l’écart des encombrements et des échos urbains des boulevards extérieurs, la cité du midi nous apparait de plus en plus coquette à mesure que l’on s’éloigne du boulevard, mais cela n’a pas toujours été le cas ! Longtemps considérée comme réservée aux étrangers, bizarre, étrangère aussi bien aux montmartrois qu’aux habitants du quartier voisin des Lorettes, une question se posait souvent : « Est-ce vraiment inquiétant d’habiter cette impasse ? » Aujourd’hui, cette question n’est plus vraiment d’actualité, tout y est calme. Au cours de votre prochaine visite, observez bien les façades. Un ancien détail, caractéristique de la cité, familier et normal aux yeux d’une majorité d’anciens riverains est à nouveau présent : ce sont ces faïenceries et / ou ces azulejos qui décorent à nouveau quelques façades. Mais qui peut dire aujourd’hui ce qui est normal, naturel, ou ne l’est pas ?

Bains douches

des musiques de tous genres, soit auditer et visionner des films “interdits aux mineurs”, des distractions aujourd’hui largement dépassées. En effet, le boulevard de Clichy n’a pas pu résister à l’arrivée, à l’invasion, dans les années 70, des sex-shops dont le boulevard devenait une immense vitrine, après avoir été,

Au n°8, André Charrière, dit “Papillon”, est venu occuper une chambre, dans un modeste garni qui faisait face au gymnase. Rappelez-vous, c’était l’époque dite des « Corses » ! La main mise du riche “milieu corse marseillais”, était déjà ancienne, remontant aux années 1934-36. Un journaliste, sans doute inspiré par un récent roman de Blaise Cendrars, « Panorama de la pègre », révèle déjà combien ce milieu marseillais était puissant à Montmartre, lorsqu’il titrait son article, de ces quelques mots : « Pigalle, capitale Marseille » ! Une domination que l’on peut facilement imager par l’un des premiers conflits de l’époque, une vendetta en plusieurs actes qui opposa, une première fois, deux bandes spécialisées dans le trafic des femmes et celui de la drogue, la bande de Stefani, puis quelques temps après, celle de Marini (« Le capitaine des Corses ») au restaurant du Rat Mort, place Pigalle. Malgré son isolement du boulevard, et peut être même à la faveur de cet isolement, l’impasse est demeurée longtemps le « lieu de travail » de prostituées. Les “filles de joie”, pas toutes de grand luxe, y exerçaient dans

Photo : P. Baudoin

HISTORIQUE

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les différents hôtels de la cité, des hôtels peu confortables, souvent sans bains ni douches. Comme elles étaient peu nombreuses, elles étaient connues de tous : – au n°8, par exemple, une vingtaine de chambres, où exerçaient 12 à 15 filles ; – au n° 9, environ 40 chambres, où exerçaient 15 à 20 filles. Si ce «commerce local» n’est pas comparable au folklore sophistiqué qu’offrait celui de la rue Quincampoix, la présence et l’aspect de ces dames y était cependant varié : certaines, «classes», portaient gants et voilettes, d’autres plus fortes, les seins à l’air, en barboteuses ou en tenues bien légères, ont pu voir plusieurs de leurs photos illustrer les revues coquines de l’époque, comme « Paris Hollywood ». Des photos qui, parait-il, décoraient aussi les murs de certaines pièces de l’établissement de bains douches voisin ! Maintenant, quid des garnis au mois, des hôtels de passe et de la prostitution ! Après quelques années d’errance ou d’hésitation, la Cité du Midi s’est métamorphosée, et l’on notera qu’elle est très soignée par les services de propreté de la municipalité parisienne, comme si elle souhaitait faire oublier, effacer, ce passé, pas si lointain. Ainsi purifiée, l’impasse est devenu une sorte de cité résidentielle, un « dortoir de luxe » ! Au n°12, les Bains douches de Pigalle, un établissement indispensable du quartier, à

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l’époque, témoigne lui aussi d’un passé pas si lointain où l’eau courante était chose rare. Preuve, en levant la tête sur les façades de plusieurs anciens immeubles du quartier, on peut encore trouver la présence de ces plaques, témoins d’un certain modernisme de l’époque, qui portent la mention : « eau et gaz à tous les étages ». Les Bains douches de Pigalle étaient le rendez-vous obligé d’une majorité de rive-

tionnels bains douches, l’établissement offrait un hammam, un salon de coiffure, des salons de massage, des salons où l’on pouvait bénéficier de massages relaxants dits « spéciaux ». Les soins de propreté étaient très réglementés : les usagers des bains disposaient de 30 minutes, ceux des douches de seulement 10 minutes ! Un riverain, du nom semble-t-il d’Aulibert, dont la maman occupait, depuis plusieurs années, un modeste logement voisin, loi de 48, wc sur le palier, ne disait-il pas, en parlant des Bains douches : « Céramique extérieure, misère intérieure ? ». Un autre riverain nous assure que, durant l’occupation, on y a vu défiler l’équivalent de plus de un ou deux bataillons de la Wehrmacht, auxquels succèderont, à la Libération, des hommes issus des troupes alliées ! La façade, en mauvais état, a été, il y a peu, très bien restaurée par les nouveaux propriétaires. Elle a conservé son typique revêtement de carreaux de faïence, identiques à ceux qui décorent, depuis leur création, les murs, Le Jazzman Philippe Baudoin et Clark Terry en 2000 les couloirs et les voûtes de la majorité des stations de notre métro parisien. rains qui s’y rendait par nécessité, « quesUne ancienne scierie, menuiserie - ébénistion d’hygiène », nous précise une ancienne terie, dont la façade centenaire est bien triste, riveraine interviewée par Daniela Langer. servirait actuellement de réserve ! Autrefois Une clientèle très variée fréquentait l’établis- très active, elle a vu progressivement son sement : les riverains bien sûr, mais c’était personnel passer d’une vingtaine d’employés aussi le rendez-vous de nombreux hommes à deux ou trois, avant de cesser son activité d’affaires, d’avocats (les VIP de l’époque !) aux alentours de l’année 1988. Au temps de et parfois même celui d’hommes politiques sa pleine exploitation, son écurie comptait (anonymement bien sûr), car en plus des tradi- deux chevaux en permanence, puis un seul

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HISTORIQUE

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pendant l’occupation, remplacé très vite par des camions. L’entreprise était divisée en trois parties : une première, restaurée de façon raisonnée, a conservé l’esprit du lieu (là se trouvaient les machines-outils), une autre abritait le logement du menuisier, la troisième les réserves qui, selon certaines rumeurs, pourraient laisser place à un grand ensemble immobilier…

Photo : P. Baudoin

La curieuse et importante propriété, avec sa façade en demicercle, qui occupe et clôt l’impasse, ne serait-elle pas, comme égarée, une de ces riches folies, comme il en existait beaucoup, dans le quartier tout proche des Lorettes ? Son architecture, avec cette petite place arrondie, aurait été ainsi conçue pour permettre aux chevaux de faire demi-tour, la cité ayant abrité plusieurs écuries, dont celle de l’entreprise de menuiserie. Cette fondation a connu de nombreux évènements. D’après d’anciens résidents, elle a été très souvent le témoin de rafles, au cours desquelles on pouvait voir une volée de gens s’échapper par le passage, aujourd’hui fermé, qui traversait les jardins qui conduisent à la villa des Platanes. En réalité, la maison aurait abrité une mystérieuse clinique, auquel était associée une morgue où, après avortement, on déposait les petits bébés, les fœtus que des prostituées du quartier auraient eu par accident, mais aussi d’autres femmes enceintes, non désireuses de garder leur enfant. Des restes de ces malheureux seraient toujours présents, aux dires de certains, enterrés dans les soussols. Au milieu des années cinquante, dans la clinique désaffectée s’installe un hôpital géré par une société philanthropique : La Fondation GREMONT D’ASTER. Le 28 décembre 1955, grâce aux efforts conjugués des services de relogement de la Préfecture de la Seine, des services sociaux de l’arrondissement et de la section locale des équipes de l’abbé Pierre, une dizaine de famille, sans abri, vient prendre possession d’un toit. « Ce n’est plus un beau rêve, mais une belle réalité ! ». Aujourd’hui, la propriété est divisée en appartements en copropriété.

et Benny Waters de 1971 à 1973), compositeur, professeur (chargé de cours d’histoire et techniques du Jazz à la Sorbonne) y a élu domicile depuis plusieurs années. Là, il poursuit assidument son travail, au calme, à l’abri de la cité. De 1968 à 1971, il a été l’accompagnateur d’Annie Fratellini, chanteuse. Pour Philippe Baudouin et sa compagne, Isabelle Marquis, familiers riverains amoureux de la cité, il s’agit d’un lieu où l’on a le bonheur d’oublier ses soucis, le plaisir de s’évader

A mi-chemin, entre le boulevard et le fonds de l’impasse, Philippe BAUDOIN, pianiste de Jazz (il a, par exemple, régulièrement accompagné Bill Coleman en 1971-72

Photo : J.P Bardet

en s’isolant des bruits du boulevard, des tumultes de la place, bref le lieu où l’on se ressource, où l’on se recharge ! Mais, dès que l’on quitte la cité, que l’on se retrouve sur le

La menuiserie

boulevard, certains peuvent se sentir agressés par le contenu des vitrines des sex-shops, et le soir craindre d’être exposés aux propositions parfois un peu agressives des aboyeurs des

boîtes de nuit et de strip-tease. Pour terminer cette visite, tentons d’imaginer comment se présentait la cité du midi, du temps des “quarriers” (carriers), comme on les nommait : sans doute le simple chemin d’un modeste hameau, un chemin qui ne menait qu’aux carrières, et se terminait en impasse. Voie principale de ce futur havre de paix, au pied de la Butte, qui n’avait jamais osé la gravir, se contentant à l’époque de mener modestement à son sous-sol riche de sa pierre à plâtre, la “montmartrite”, dominée par le village de Montmartre. Cela ne se voit plus guère : d’abord exploité à ciel ouvert, les carriers poursuivirent et doublèrent leur exploitation, en creusant le soussol, du sud à l’est de la Butte. Face à une exploitation désordonnée du sous-sol, des réclamations, de plus en plus nombreuses, de la population, au service des mines furent émises. Des dispositions seront enfin prises pour règlementer les cavages, puis les surveiller avant qu’ils soient finalement progressivement interdits. L’exploitation de ces carrières cessera définitivement, simple coïncidence, au moment de l’annexion de Montmartre à la capitale (1860). Les cavages sont dès lors comblés, les constructions iront de pair sur les flancs de la butte. Cependant, toujours résistante, la cité demeurera ce précieux refuge isolé au sein du tumultueux quartier de Pigalle qui va naître avec ses cabarets, ses foires aux modèles et aux musiciens, sa fête foraine… à jamais disparus ! Serge Moreau, dans l’un de ses poèmes, « C’est un tout petit village », illustre bien la situation et ce passé que l’on a souvent tendance à trop idéaliser. Serge le bohême, Serge le poète, que déclare toujours écouter avec ferveur Pierre Passot, ainsi qu’il l’écrit dans sa préface du livre de Serge ayant pour titre : « Rendezvous place du Tertre – Souvenirs amoureux du Montmartre des années 50 et 60 ». Jean-Paul BARDET


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LES ROUTES DES IMPRESSIONNISTES EN EUROPE LE DOSSIER EST EN BONNE VOIE…

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e dossier « Impressionisms Routes » (Les Routes des Impressionnismes en Europe) déposé en septembre dernier par l’association Eau et Lumière auprès de l’Institut des Itinéraires Culturels du Conseil de l’Europe semble avancer d’une manière positive. L’Association Eau et Lumière a été créée en 2009 avec pour objectif principal de faire reconnaître la valeur patrimoniale et touristique des lieux représentés par les peintres paysagistes des XXIe et XXe siècles et notamment des Impressionnistes.

Schwann (Allemagne) par Franz Bunk

L’association a deux grands projets : — Faire inscrire sur la liste du patrimoine Culturel Mondial de l’UNESCO, l’Impressionnisme ou les sites représentés par les peintres de plein air en France et d’ans d’autres pays d’Europe, — Créer « les Routes des Impressionnismes en Europe » (Impressionisms Routes©) en tant qu’Itinéraire Culturel du Conseil de l’Europe. Ce dossier de labellisation a été déposé en septembre 2015 auprès de l’Institut des Itinéraires Culturels du Conseil de l’Europe de Luxembourg. Le projet est fondé sur la construction de 12 routes consacrées à 12 peintres emblématiques français ou étrangers. Il s’agit de promouvoir une offre touristique globale à l’échelle européenne, des moyens de communication, une marque labellisée avec un logo européen, un accès facilité des jeunes à la culture et à la mémoire du continent, des échanges enrichissants, un souffle touristique nouveau s’appuyant sur des techniques modernes et efficaces…

Etretat par Claude Monet

les représentants de cinq pays européens se sont joints au projet : Allemagne, PaysBas, Espagne, Slovénie, Italie. Un expert, qui sera prochainement désigné pour conduire la phase d’évaluation, remettra son rapport en février 2017. Le projet « Impressionisms Routes » sera examiné in fine par le Comité de Direction de l’Institut des Itinéraires Culturels Européens en avril 2017. Bonne route à nos amis d’Eau et Lumière ! www.impressionismsroutes.fr


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K I O S Q U E

M O N T M A R T R O I S

Texte : François Garnier – Dessin : Florence Côme


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CARICATURE, CENSURE, LIBERTÉ CHÉRIE PAR JACQUES HABAS

« On peut rire de tout, mais pas avec n'importe qui » Pierre Desproges

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e 7 janvier 2015, des fantassins de la démocratie étaient tués de sang-froid, morts pour une caricature, morts pour Charlie Hebdo… un régime était touché au cœur même de sa fragilité, une démocratie éprise de tant de liberté et d’aveuglement qu’elle a fini par édifier un arsenal juridique qui réduit trop souvent à l’impuissance ceux qui ont pour mission d’arrêter les assassins… Voilà le piège diabolique, la contradiction qui démobilise et laisse grande ouverte les portes de l’obscurantisme.

Que valent nos belles et nobles idées devant ces corps criblés de balles, elles nous laissent sans voix et réduisent à néant, en quelques secondes, tout l’espace temps qui relie la vie à la mort. Mourir pour des idées pouvait se concevoir dans un lointain passé lié aux Lumières qui se sont répandues jusqu’aux frontières les plus reculées de la planète, ou pour ceux plus proches de nous qui ont vécu dans des régimes de dictature… Le dessin satirique s’est institué alors comme un art qui coule de source, comme un sel indispensable à la digestion du politique. Au nom de la liberté

et des libertés, l’histoire de la France s’est construite, sans que le peuple ne se soit endormi sur ses acquis.

DE L’ORIGINE À NAPOLÉON Depuis l’aube des temps, l’homme est poussé par orgueil à se moquer de son semblable, à rire de sa faiblesse. Le comique, puis la charge, seront identifiés dans les arts, de l’Antiquité à la Renais-

André Gill, "Pauvre Anastasie, tu seras toujours la même", La Lune rousse 1878


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sance en passant par le Moyen Age. Caïn faisait des grimaces à Abel pour le faire rire, il le mimait, il « chargeait », de l’Italien caricare, qui a donné caricature. Le poids de la charge agressive ayant pour fonction de tuer l’adversaire. La comédie antique s’appuiera sur le masque pour frapper le spectateur, le défigurer. C’est la Commedia Dell ‘ Arte qui a donné naissance à travers les masques, à Arlequin, Pierrot, Polichinelle, le sot, le malin, le Gilles, le paysan, deux bouffons dont le Pierrot lunaire cher à Daumier, Willette et Gavarni. Il y a le Pierrot de Baudelaire personnifiant le masque et la caricature que l’on retrouve dans le film « Les enfants du Paradis » de Marcel Carné. Le «  Dictionnaire portatif des Beaux-Arts » de M. Lacombe, définit la caricature comme un portrait-charge dont les défauts sont agrémentés de manière qu’on y retrouve la ressemblance de la personne qu’on a voulu tourner en ridicule. Charge, est le nom que l’on donne dans le dessin à ce qui est torturé et hors de vraisemblance, c’est une exagération burlesque des parties les plus marquées du visage sans en détruire la ressemblance. L’inventeur de la caricature serait un certain Annibal Carache (1560-1609) dont les dessins représentaient des Gnomes, sans oublier Le Bernin qui deviendra le «  Csherzo  » de la caricature, qui entretient aussi des rapports étranges avec la physiognomonie mettant en parallèle les hommes et les animaux présents dans les satires anticléricales les plus populaires du XVIe siècle, produites en série dans un style obscène. C’est « l’âne du pape » et « le veau du moine », qui séduit le plus les illettrés dans leur révolte contre l’église romaine, c’est Luther qui en recommande l’usage pour tuer « l’Antéchrist romain ». Luther, représenté à son tour comme un suppôt du diable, Calvin attaqué violemment par les catholiques, tandis que les jésuites deviendront jusqu’au XIXe siècle des cibles privilégiées de la satire. Viendront ensuite les caricatures venues de toute l’Europe, contre la mode des coiffures géantes adoptées par toutes les cours. Des coiffures-jardin, des coiffures-ville, des coiffures-opéra, représentées dans un ouvrage en 39 volumes publié en 1772, contenant 3744 styles différents. 1789, toute la France découvre la liberté de la presse, une presse qui alimente le feu révolutionnaire, avec la satire qui atteint les trois Etats, les nobles, les prêtres et les paysans. Le clergé est particulièrement touché par la caricature et les calembours du genre : abbé-tise, abbé-

Mr. Perwig, caricature anglaise de Marie-Antoinette, 1788

vue, abbé-terave… La chute de la Bastille et la fin des lettres de cachet entraînera toute l’Europe dans les idées révolutionnaires, portées par des feuilles satiriques féroces, mais moins virulentes que celles des dessinateurs anglais qui détiennent la suprématie en la matière avec Issac Cruikshank, Gillray et Rowlandson, sans oublier le peintre espagnol Goya qualifié

de « Daumier dramatique » et de « premier grand metteur en scène de l’absurde » par Malraux. Le champion toutes catégories confondues qui a chatouillé l’imagination des caricaturistes est sans conteste Napoléon qui incarna la terreur et suscita une admiration sans borne. Il rétablira la censure de la presse, et exigera du gouvernement


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Anglais l’interdiction des caricatures faites « à la solde de l’immigration » , de quoi provoquer une « garde de caricaturistes » qui vont, avec une violence inouïe, anéantir Napoléon.

L’APOGÉE DE LA CARICATURE ET L’ESPRIT MONTMARTROIS L’invention de la lithographie, vers 1796, par le Praguois Aloys Senefelder, qui permet à l’artiste de dessiner directement sur la pierre, va donner un essor

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censure pour avoir représenté le roi avec une tête en forme de poire dans son nouveau journal le « Charivari ». « Ce gaillard a du Michel-Ange sous la peau », disait Balzac de Daumier, incarcéré à cause d’une charge contre Louis-Philippe, qu’il avait montré sous les traits de Gargantua avide d’impôts. La plus grande figure satirique de cette époque publiée par Philipon est sans conteste celle de Robert Macaire, et du bossu, personnage à la face grimaçante popularisé sous le nom de Mayeux.

coup de théories, les affrontements philosophiques, l’affaire Dreyfus, les scandales financiers, les revendications ouvrières et les grèves violentes, les soubresauts monarchistes et le nationalisme revanchard depuis la défaite de Sedan, favoriseront la représentation socialiste à la chambre. L’Heure est aux conquêtes majeures : droit de réunion et d’association, école laïque obligatoire, liberté de la presse et de l’affichage.

La Commune, proclamée le 18 Mars 1871, et qui embrasera Paris, sera l’occasion pour les caricaturistes célèbres :

Dans cette période fin de siècle, la capitale et en particulier Montmartre, vont offrir aux fêtards de tous bords, des loisirs et des plaisirs nocturnes pleins de frissons.

Le Petit, Faustin et Moloch de multiplier les feuilles volantes contre les Versaillais et la famille impériale, avec une série de charges haineuses jamais égalées. A partir des années 1880, alors que la syphilis et l’alcoolisme font des ravages, une autre révolution va remettre en question les fondements de la société France. Cette époque échevelée, jalonnée par les attentats anarchistes, les émeutes à la première d’Ubu Roi, la violence des avant-gardes, avec à leur tête leur éminence grise Felix Fénéon, qui s’étripent dans les cafés à

Salis crée le Chat Noir, Bruant le Mirliton, l’esprit Montmartrois venait de naître et de devenir le centre du monde, c’est la fête de l’excentricité, du French Cancan au Moulin Rouge, c’est la fête de l’intelligence, de l’esprit fumiste, c’est le règne des chansonniers-poètes et des peintres-caricaturistes ou des « dessinateurs de karykhatures » comme le disait Willette, fondateur de son éphémère journal « Le Pierrot », qui se plaisait tant à mystifier. Caran d’Ache, prince des pince-sans-rire et spécialiste du dessin de soldats, Forain, collaborateur

Edouard VII par Jean Veber

considérable à l’illustration. Les pamphlets de Granville pour « Le Charivari », qui représentent l’homme-animal en 1829, seront muselés par la censure. Il fallut attendre la rencontre d’un éditeur-journaliste, Charles Philipon, fondateur du journal satirique « La Caricature », et du génial Honoré Daumier pour voir la presse satirique devenir, avant la Commune, une arme redoutable contre le pouvoir en place et contre Louis-Philippe proclamé roi des Français, le 7 Août 1830. « La caricature sera désormais une vérité », avait dit Philipon, condamné par la


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des plus grands journaux, créateur de la revue « Psst », brillant explorateur mondain de la haute société qu’il croque d’un trait incisif et dur, est devenu très célèbre grâce à l’esprit cinglant de ses caricatures. Steinlen, fervent amateur de chats, est demandé dans tous les journaux satiriques de l’époque pour son réalisme, ses trouvailles de jeux de mots, son sens de l’absurde. Lautrec, « qui raffolait du croquis », a marqué de son génie Montmartre et la Belle Epoque. Il va à l’essentiel, avec l’esprit de charge, vif, mordant, artistique, il rit aux éclats dans ses dessins au style magistral, capable d’un seul trait de définir un caractère, un milieu. André Gill, admiré par les Anglais, fut le caricaturiste le plus redouté du Second Empire qu’il contribua à précipiter dans sa chute. Avec plus de 1000 portraits charge parus dans tous les journaux de l’époque, il obtint un grand succès en créant un dessin représentant une mégère : Madame Anastasie, sorcière au regard méchant, armée d’un énorme ciseau, personnifiant la censure. « Anastasie vient du grec et signifie « résurrection ». La censure est née avec la liberté d’expression. Daumier, trop irrévérencieux envers la monarchie, ira en prison, tandis que Poulbot sera poursuivi en 1911 pour son dessin : « La première cigarette ». Amendes, condamnations pleuvent à la Belle Epoque et frappent à travers la censure « l’Assiette au Beurre » et le « Courrier Français » qui voient leur popularité atteindre des sommets.

atteint la vitesse de la lumière et modifié les rapports de force entre le citoyen et le pouvoir. L’individu y est réduit en pièces détachées et plus il communique plus il est caricaturé, surveillé et pour ceux qui détiennent des postes sensibles, espionné. Le concept de liberté doit être à nouveau revu et corrigé. JACQUES HABAS

LA LIBERTÉ JUSQU’OÙ ? « La presse, c’est l’électricité sociale. Plus vous prétendrez la comprimer, plus l’explosion sera violente », écrivait Chateaubriand dans un éclair de lucidité. De 1789 à nos jours, quantité de textes juridiques n’ont cessé de modifier l’article 11 de la déclaration des droits de l’homme. On doit au duc de La Rochefoucauld d’Enville une version simple et moderne : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme : tout citoyen peu donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. » La loi du 29 Juillet 1881 précise : « La librairie et l’imprimerie sont libres ». La convention européenne des droits de l’homme déclare en 1950 que « Toute personne a droit à la liberté d’expression », en précisant les restrictions nécessaires dans une société démocratique, une liberté sans cesse grignotée par les « lois scélérates » de 1893 contre les anarchistes, lois de 1936 sur la sûreté de l’état, de 1951 sur l’apologie des crimes de guerre, délits de collaboration avec l’ennemi ; celle de1972 contre « la provocation à la haine, à la discrimination ou la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes en raison de leur origine ou de leur appartenance à une ethnie, une race ou une religion déterminée » ; puis, la loi Gayssot de 1990 qui réprime tout acte raciste, antisémite, ou xénophobe ; complétée en 2014 par la lutte contre le terrorisme. Mais rien dans la loi n’interdit le blasphème en France, en raison de la laïcité, alors que l’Allemagne, la Finlande et le Danemark reconnaissent le délit de blasphème. Depuis l’apparition de l’Homo-Internauticus, la communication de masse a

"Le Rire" à Montmartre

Séparation de l'Église et de l'État, Charles Léandre, "Le Rire" 1905


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FOCUS « l’époque duchesse » SUR

DE

PICASSO

‌Eugenia Errazuriz

O

n doit à son ami Max Jacob cette formule pleine d’ironie (« l’époque duchesse de Picasso ») qui souligne combien Picasso avait changé au contact du petit monde de la Café Society, installée à la belle saison dans l’écrin doré des palaces de Biarritz, les folies et les luxueuses villas Art Nouveau et baroques dressées comme des dolmens sur les rochers de la ville. Le village « blanc à toits roux et contrevents verts posés sur des croupes de gazon et de bruyères » chanté par Victor Hugo, est devenu villégiature impériale jusqu’à la fin du Second Empire et haut lieu aristocratique de renommée mondiale, puis « plage des rois » à La Belle Epoque. Un destin de rêve pour ce petit village de pêcheurs à la baleine qui a vu construire en 1854 la résidence d’été de l’Empereur Napoléon III et de l’Impératrice Eugénie. Une nouvelle Athènes qui conjugue toute les modes, la haute couture, avec en tête Coco Chanel et ses ateliers qui emploient plus de soixante couturières, les bains de mer, le sport, les golfs, les casinos, les bals somptueux, les fameux congrès de thalassothérapie qui attirent les grandes fortunes industrielles de la région, qui font construire leurs folies à Biarritz, bientôt suivis par les Russes, les Anglais et les familles sudaméricaines issues de l’oligarchie et de la diaspora basque du Chili. C’est ici qu’apparaît la belle madame Errazuriz qui perçoit des revenus de l’exploitation des mines d’argent. Elle incarne à merveille ce milieu fermé de l’aristocratie qui cultive l’entre-soi, un monde qui rivalise d’élégance et de curiosité pour la vie artistique Française, une communauté qui voyage dans toute l’Europe et s’échange les résidences au grès de toutes les fantaisies. À Paris en 1904, Eugénia Errazuriz joue de son


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influence, cherche à protéger des artistes et vient en aide à Blaise Cendrars toujours fauché. « Moi, j’ai trois amours – déclarait-elle – Picasso, Stravinsky, Cendrars ». À partir de 1916, elle introduit ses protégés dans le monde des salons, et convainc Picasso d’abandonner le pantalon de velours et la chemise à col ouvert sous un chandail, pour les remplacer par un complet avec cravate : elle peut enfin le faire admettre dans les milieux fermés de la capitale et finit par lui acheter des toiles en remerciant Dieu de l’avoir rencontré. L’été 1917, madame Errazuriz loge à Biarritz à l’hôtel du Palais, aménage dans une pension en avril 1918 et finit par louer la villa « la Mimoseraie » dans laquelle elle a réservé les plus belles pièces pour accueillir, tout l’été, Picasso et Olga en voyage de noces. Dans le centre ville, l’artiste peintre évite de croiser les blessés de guerre avec des béquilles qui rejoignent les hôtels transformés en hôpitaux, il se réfugie dans l’atelier de la « Mimoseraie », peint des natures mortes avec une géométrie parfaite, du « Cubisme cristal » disait-on à l’époque, il pratique l’art du portrait, revient à la peinture classique réaliste, que l’on compare aux œuvres d’Ingres. Picasso ne cesse de faire des croquis de tout ce qui l’entoure, il fixe dans ses carnets, le jardin, la villa, et tout ce qu’il voit de sa fenêtre. Sur la cinquantaine de feuillets exécutés, 24 dessins seront offerts par le peintre à son hôtesse Eugénia Errazuriz. La villégiature de la Côte Basque attire les marchands d’art, Paul Rosenberg, Jos Hessel, Georges Wildenstein et Daniel-Henri Kahnweiler. Tous rendent visite à Picasso qui travaille sur un petit nombre de peintures à l’huile dans l’esprit d’un cubisme épuré, austère, comme « une dictature sur Montmartre et Montparnasse » dira Cocteau. Il y a cette œuvre magnifique, ce tout petit tableau peint à Biarritz l’été 1918,

Casino Bellevue

une toile de 27 x 22 cm, intitulée « Les Baigneuses », un tableau jalousement gardé secret par l’artiste peintre, que l’on peut voir au Musée Picasso. JeanFrançois Larralde et Jean Cazeneuve, auteurs d’un remarquable petit livre sur « Picasso à Biarritz », ouvrage dans lequel j’ai puisé des informations, soulignent les références que l’on peut lire dans cette toile, celle du Douanier Rousseau, la référence à Raphaël, maître incontesté du dessin, et la référence à Ingres, et la torsion corporelle. Comme le disait

Picasso et Olga à Biarritz

Baudelaire, « Tout ce qui n’est pas déformé est insignifiant ». Trois baigneuses, trois grâces, sorties tout droit d’un conte de la mythologie de la mer, Biarritz immortalisé, trois poses poétiques, le mouvement pour dégager la chevelure, on est dans le bain turc, loin du burkini, avec les très moulants et colorés maillots de l’époque : elles ont tout pour elles, la jeunesse, la beauté, la liberté, le monde leur appartient... Jacques Habas


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LA

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FONDATION LOUIS VUITTON

CRÉE L'ÉVÉNEMENT À PARIS

L

’Année Franco-Russe 20162017 du tourisme culturel s’annonce grandiose, 130 œuvres de la très riche collection Sergueï Ivanovitch Chtchoukine (1854-1936 ), conservée à Moscou au Musée Pouchkine et au Musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg, sont présentées depuis le mois d’octobre à la fondation Louis Vuitton pour une durée de quatre mois. Picasso, Cézanne,

Matisse, Van Gogh, Gauguin, une collection jamais vue en France, acquise par un grand amateur d’impressionnistes et de postimpressionnistes, un trésor découvert à Paris au tournant de ce siècle par Serguei Chtchoukine, alors que la peinture Française de cette époque était dénigrée et incomprise du grand public. Tous les historiens d’art n’ont cessé d’étudier le rôle et la place occupés dans l’art russe par deux dynasties

de mécènes, les Chtchoukine et les frères Morosov, dont la fortune reposait sur les débuts de l’industrialisation de la Russie. L’influence de la peinture Française, en particulier les toiles de Matisse, auprès des peintres russes n’est pas négligeable, comme dans le développement de l’art Russe au début de ce siècle ; celui-ci doit beaucoup à la collection Chtchoukine, une

Maurice De Vlaminck, Ville au bord d'un lac, vers 1909

Vincent van Gogh, La Vigne rouge, 1888

Salon de Chtchoukine, 1912

Henri Matisse, la Danse, 1909-1910


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collection commencée en 1890 et qui va s’étoffer à partir de 1906, de 221 tableaux, 37 Matisse, 29 Gauguin, 26 Cézanne, 54 Picasso, 7 Rousseau, 19 Monet, 20 Derain, 4 Denis et 13 Renoir. Son Palais moscovite ouvert à la visite, marqua profondément la jeune garde artistique russe qui venait admirer les toiles à peine terminées et l’immense panneau décoratif, « La Danse » que Matisse avait composé suite à une commande de 1909, suivie d’une autre, « La musique ». La perspicacité de Sergueï dans cette époque de grande effervescence artistique est liée en partie au savoirfaire du galeriste DurandRuel et à Alexandre Mercereau, critique d’art, peu connu du public, et qui sera chargé par un marchand moscovite de s’occuper de la version française de la prestigieuse revue « La Toison d’Or ». Au fil des années, la série d’articles de Charles Morice sur les tendances de l’art français, et les écrits de Mercereau dont un qui fera date sur Matisse, vont offrir aux lecteurs russes un panorama complet de la peinture française contemporaine (voir à ce sujet l’excellent catalogue « Paris-Moscou 1900-1930 » ). Chtchoukine, à ses débuts, acheta trois tableaux de Redon, une étude au célèbre tableau de Puvis de Chavannes, le « Pauvre pêcheur », et sur les conseils de Botkine, un peintre russe qui vécut à Paris, fit l’acquisition de nombreux tableaux des Fauves, des cubistes de la première période et d’une toile de Monet, « Les lilas à Argenteuil », première œuvre du peintre achetée par un Russe. C’est ainsi que Chtchoukine rassembla en huit ans la plus grande et la plus belle collection d’art Français du début du XXe siècle. Après la grande révolution d’Octobre et l’arrivée du Stalinisme qui haïssait la pein-

Maternité. Femmes au bord de la mer par Gauguin - 1899 - Musée de l'Ermitage

ture occidentale, le 10 Novembre 1918, le conseil des commissaires du peuple décrète la nationalisation de la galerie de peinture Chtchoukine, qui devient propriété de la République Socialiste fédérative de Russie. Je salue amicalement le petit-fils de Chtchoukine, André-Marc Delocque Fourcaud, rencontré lors d’un reportage pour la Gazette Russe, il y a des années, alors qu’il était directeur du Musée de la Bande Dessinée d’Angoulême. Sur son bureau, on pouvait voir une ébauche de livre sur son grand-père. Il s’est battu bec et ongles pen-

dant des années contre les institutions pour rassembler et raconter la véritable histoire de cette collection unique au monde. Jacques HABAS

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LE COUP DE CŒUR DU RÉDACTEUR : « ALOY ALOY » De l’excellente cuisine thaïlandaise, au cœur de Montmartre, ça existe ? Mais oui ! Si vous rêvez de gourmands bo bun, ou de pad thaï, courez découvrir « Aloy Aloy », qui signifie… « Miam Miam » ! Expression pleinement justifiée pour une cuisine familiale authentique, raffinée, succulente : peu de choix sur la carte, et donc grande qualité et profusion de saveurs… Aloy Aloy ! 61, rue des Trois Frères - 75018 Paris - Tél. : 01 42 55 89 77


PATRIMOINE

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L’INSTITUT VAN GOGH S’ENGAGE POUR SAUVEGARDER LES TOMBES DE VINCENT ET THEO En effet, le modeste cimetière communal d’Auvers-sur-Oise et son église du XIe siècle immortalisée par Van Gogh reçoivent plus de 200 000 visiteurs par an. Victimes de leur succès, les deux lieux emblématiques de ce village d’artistes nécessitent d’importants travaux de préservation et sécurisation.

N’ayant pas les moyens de financer les 600.000 € nécessaires aux travaux (assainissement, drainage, sécurisation, éclairage, restructuration), la ville d’Auvers a donc sollicité le soutien de l’Institut Van Gogh afin d’organiser une campagne internationale d’appel aux dons. C’est ainsi qu’est lancée l’opération.

DEVENEZ MÉCÈNE DE VINCENT ET THEO VAN GOGH Il est d’ores et déjà possible de faire des dons sécurisés en ligne sur le site www.institutvangogh.org (dons défiscalisés). Dès que la somme de 600.000 € sera atteinte, les fonds seront intégralement reversés à la Ville d’Auvers, maître d’ouvrage, précise Dominique-Charles Janssens, Président de l’Institut Van Gogh.

Photo : © Erik Hesmerg / Institut Van Gogh

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epuis 30 ans, l’Institut Van Gogh reçoit des dons d’aficionados de Van Gogh destinés à fleurir les tombes de Vincent et Theo van Gogh à Auvers-sur-Oise. Aujourd’hui, il ne s’agit plus de déposer quelques fleurs mais de sauvegarder les tombes de Vincent et Theo.


ENTRETIEN

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FÉLIX BEPPO

J'AIME MON PAYS ET JE VEUX LE SERVIR N

é en Guadeloupe, à Pointe à Pitre, Felix Beppo a 6 ans lorsque sa famille s’installe rue Myrha. Authentique poulbot du 18e, l’histoire de Montmartre, Républicaine et frondeuse, l'a toujours séduit. Possesseur d’une Maîtrise en sciences économiques et de gestion, il intègre l'École Nationale des Ponts et Chaussées où il soutient sa thèse, avant d’obtenir un Master à L'ESSEC. Sa solide expérience des collectivités locales dans le domaine des systèmes de transport : Marne la Vallée, Cergy Pontoise, Nantes, Lyon, Lille, le département de l’Hérault, le condui-

POURQUOI ÊTES VOUS CANDIDAT ?

ra à devenir Directeur de Cabinet du Maire de Montpellier, Georges Frèche. Directeur Délégué aux Relations avec les Collectivités Locales du groupe Keolis, exploitant de réseaux de transports urbains, il est aussi un élu de terrain, un citoyen engagé et un militant associatif bénévole amateur de cinéma et de jazz. Adjoint au Maire du 18e Chargé de la voirie, des transports et des déplacements, Felix Beppo a aujourd’hui l’ambition de mettre son expérience au service de la France. Il a choisi ParisMontmartre pour s’exprimer sur ses intentions.

VOUS N'ÊTES PLUS AU PARTI SOCIALISTE. POUR QUELLES RAISONS ?

J'aime mon pays et je veux le servir. J'ai été un élu local pendant Je suis élu local depuis presque 9 ans ; je rencontre tous les jours Le parti socialiste se trompe. mes compatriotes les citoyen-ne-s qui ne Il est sourd à ce que sur le désespèrent ni de la politique ni de notre terrain j'entends tous les pays. Ils et elles ont cependant développé jours. Ce que, sur ce même une méfiance forte pour terrain de Intronisation de Félix Beppo à les femmes et les hommes proximité, la République de Montmartre politiques pour ne pas dire beaucoup une défiance. Ils ont appris d’acteurs et du bilan. Bilan pourtant contesté dans nos à se méfier des gens qui en d’actrices, Pourtant ce que ont font leur métier et leur proches des citoyens, propres rangs. "On expliquera qu'on a été je sais c'est que reproche de ne plus se prédisent depuis de longs géniaux mais qu'on a tout simplement pas eu lorsque la gauche occuper d'eux. mois. Oui, depuis 4 ans le de bol". Je trouve cela un peu court et bien Parti Socialiste a terrible- peu respectueux de l'idée que je me fais de la est divisée les Je suis candidat pour perment déçu. Certes, tout Politique et de la Démocratie. français souffrent mettre à tous et à toutes n'est pas à jeter aux orties beaucoup. COMMENT QUALIFIERIEZ-VOUS VOTRE de renouer avec leur aspiramais les mesures fortes CANDIDATURE ? DROITE GAUCHE, tion profonde. Je veux faire et positives n'ont pas été CENTRISTE, D’INSPIRATION MACRON ? de la politique autrement à la hauteur des espoirs avec des gens qui leur ressoulevés en mai 2012. Le semble. N'étant pas un professionnel de la constat est terrible, nous avons échoué sur Ma candidature est celle d'un citoyen libre et politique, je leur ressemble et vis les mêmes l'emploi, la fiscalité, sur la relance de l'Europe, de gauche. préoccupations qu'eux. Et, si je suis élu, je sur l'environnement malgré la COP21. À mon prends l'engagement de les servir et de les modeste niveau de simple militant, j'avais Je suis un homme de gauche, socialiste, associer pleinement à mon activité de député. tenté, avec d'autres, de réclamer un débat mais un socialiste proche de l’ambition et de Je veux les convaincre que nous avons le pou- qui n'est jamais venu. Au lieu de ce débat on l’action réformatrice de Blum et de Jaurès. voir de changer les choses. m'a objecté un caporalisme qui va conduire, Le Parti Socialiste est devenu une grande sans doute, à une campagne de promotion communauté d'intérêts particuliers. On re-


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case les sortants et on gère la carrière des professionnels de la profession. Je ne me reconnais pas là-dedans. La question de ma personne n'a d'ailleurs pas grand-chose à voir dans tout cela. Mais j'avoue que lors de mes permanences d'élu, ces dernières années, j’ai eu souvent honte de notre impuissance à changer la vie. J'ai souvent été coincé entre l'attente de changement et notre impuissance à expliquer et à mettre les choses en perspectives, je crois que nous avons Je veux être un peu à peu renoncé, député proche. Les au nom d'un réalisme néo-libéral qui habitants du 18e, qui broie tant d'espoirs. ET MACRON ?

me connaissent, savent que je suis un élu de terrain, c’est mon ADN, ma marque de fabrique.

Je partage avec Emmanuel Macron, sa vision sociétale, et la nécessité de faire bouger les lignes politiques et de moderniser notre vision de l’économie. Son mouvement traduit une fois de plus une envie d’autre chose. Je suis néanmoins réservé sur sa stratégie unique de l’offre et interrogatif sur les mécanismes de redistributions qu’il pourrait prôner. Je crois qu’il est nécessaire de réformer et de modifier un certain nombre de choses car c’est la seule façon de nous adapter en permanence aux réalités d'un monde en profonde mutation. Mais, j’attends plus qu’une simple volonté de déréguler et de mettre à bas les rentes. Ce ne sont pas ces seuls blocages qui expliquent la précarité grandissante, le développement des travailleurs pauvres et la misère matérielle et morale est là pour interroger l'homme de gauche que je suis et qui pense qu'on peut encore changer la vie. QUELS SERONT VOS AXES DE CAMPAGNES ? Je veux être un député proche. Les habitants du 18e, qui me connaissent, savent que je suis un élu de terrain, c’est mon ADN, ma marque de fabrique. Je crois que le député doit aussi être un élu de terrain. Non pas pour s'occuper des affaires municipales mais pour rapprocher les citoyen-ne-s du Parlement et permettre à chacun-e de s'informer de la production de la loi et de l'enrichir. Dans mes échanges avec mes soutiens, nous travaillons entre autre à des sujets qui vont illustrer cette ambition. Je crois indispensable de régulariser les

Comptes Rendus de mandat. Il ne s'agit pas ici de vouloir rassurer les citoyen-ne-s sur le travail parlementaire mais saisir ces CR pour les informer sur les débats de l'Assemblée Nationale et en profiter pour expliquer et mesurer les enjeux de tel ou tel projet de loi et de les impliquer fortement dans la production de la loi. Tout le monde ne le sait pas, mais l'essentiel de l'agenda du député se passe à analyser les projets de loi déposer par le Gouvernement. Dans ce cas c'est en groupe politique que le travail d’amendement ou de contestation se passe. En tant que député, je propose deux choses par rapport à cela. D’abord que le travail d'amendement de la loi se fasse aussi avec les citoyen-ne-s. D'autre part, je propose que durant sa mandature, un député puisse

faire des propositions de loi travaillées avec les citoyen-ne-s de sa circonscription. MAIS AVEC QUI FEREZ-VOUS CE TRAVAIL ET SOUS QUELLE FORME ? Vous le savez bien, la 18e circonscription est riche d'un tissu associatif très impliqué, citoyen, désireux de participer à cela. Pour retenir les plus importantes associations, La République de Montmartre, la commune libre, la Ligue des Droits de l'Homme, les associations de commerçant-e-s ou les associations culturelles sont très clairement intéressées pour interagir, proposer et construire. Je souhaite les solliciter régulièrement. JUSTEMENT DANS QUELS DOMAINES PENSEZ-VOUS QU’IL EST LE PLUS URGENT DE TRAVAILLER AVEC LES CITOYEN-NE-S ?


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Vous l’avez compris, la première des priori- Elle n’est pas neuve mais elle est dramatique. que cela pouvait aider beaucoup d'associatés est de travailler avec eux pour donner du Dans cette situation, il est compliqué de pré- tions à vivre et à faire vivre le territoire. sens à la citoyenneté et au parer et de réaliser positiveContrat Moral que le député ment la mutation sociétale et Je proposerai une innovation majeure à ce doit entretenir avec la Nation. sociale qui s’impose à nous sujet, je ne prendrai pas la décision seul d'atCette Nation qui n’est pas une pour passer d’une société de tribuer cette réserve, mais je ferai tout pour idée inscrite dans le ciel des prédation humaine et écolo- la rendre transparente et de partager les déci...non le Député idées mais bien un principe gique à une nouvelle société sions d'attribution. ne procède pas incarné dans les femmes et soucieuse des ressources hudu Président, les hommes vivant et construimaines et environnementales. VOUS ÊTES CANDIDAT AUX sant ensemble. Je me refuse Une société de la mesure et du LÉGISLATIVES POUR JUIN PROCHAIN. Il procède du à considérer que la Nation se respect des équilibres naturels. MAIS QU'ALLEZ-VOUS DIRE POUR LES peuple ! partagerait entre les experts Je souhaite que nous soyons ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES ? ALLEZd’un côté et les citoyen-ne-s plus amoureux des équilibres VOUS FAIRE L’IMPASSE ? de l'autre. Cette participation vitaux et ce souhait peut s’apet cette proximité nous perpliquer dans tous les domaines Non je ne veux pas faire l'impasse et j'attends mettra de penser, et donc, de bâtir dans l’inté- de l’action d’un député de la République. que les candidat-e-s et les programmes soient rêt général de notre pays sans jamais déconconnus. Néanmoins, j'en ai marre que tous necter cet intérêt de celui des citoyen-ne-s. MAIS QUELS SONT LES SUJETS QUE les cinq ans on fasse croire aux français qu’ils C’est une manière de penser et de défendre VOUS SOUHAITEZ METTRE EN AVANT doivent se trouver à tout prix un homme ou la République depuis sa base. Une façon de DANS VOTRE PROGRAMME ? une femme providentiel-le. La Cinquième Réconstruire une démocratie continue. Une publique est devenue caricaturale de ce point façon d’agir humblement en politique sans Les sujets ne manquent pas. Que ce soit de vue. Sans aller chercher la 6e République, jamais croire ou se convaincre que faire des sur l'emploi, la fiscalité, sur le commerce de j’aimerais qu'on arrête d'opposer la légitimité choses importantes, c’est naturellement les proximité, ou la sécurité, depuis que je suis du Député à celle du Président de la Répufaire dans de hautes sphères éloignées des rentré en campagne j'ai entendu beaucoup blique. Ces deux légitimités ne s'opposent personnes et des réalités. C’est une manière de choses intéressantes pas mais se complètent. de bannir les réflexes et les conforts aristo- et sensées. Je souhaite Il faut en finir avec une cratiques qui conditionnent tant de femmes et écouter encore et souidée que j'ai souvent d’hommes politiques. mettre tout cela à la entendu lors de la dersagacité des électeurnière législature, non le Dans des moments ET DONC, DANS QUEL SENS UTILISER trice-s. Je suis intelligent Député ne procède pas où la précarité de CETTE ÉNERGIE CITOYENNE ET tout seul dans mon coin du Président, Il procède tous se développe, les RÉPUBLICAINE ? mais je sais que je serai du peuple ! encore plus intelligent si français seraient bien La faiblesse des revenus du plus grand je portais la somme des VOUS NE inspirés d’envoyer à nombre est très préoccupante. Qu’ils soient intelligences individuelles PARTICIPEREZ PAS À l’Assemblée Nationale salarié-e-s, commerçant-e-s, travailleur-euse-s de ceux qui réfléchissent LA PRIMAIRE DE LA indépendant-e-s ou petit-e-s patron-ne-s, j’en- autour de moi. Je crois GAUCHE ? des femmes et des tends la voix de femmes et d’hommes qui définitivement à l'intellihommes libres et doivent se battre toujours plus pour un revenu gence collective. Je suis comme tous les proches de leurs toujours plus fragile. La honte est que notre français, j'attends de voir préoccupations. pays s'habitue à une société dans laquelle Je ne crois plus que nos les programmes des canles travailleur-euse-s pauvres se multiplient concitoyens veuillent que didat-e-s à la primaire de venant condamner encore plus le chômage les politiques soient des « la Gauche. Je constate de masse. sachant » et des experts que jamais la Gauche qui fassent et agissent n'a été aussi divisée. TOUT CELA EST TRÈS À GAUCHE VOIR sans eux. Cela ne présage rien de bon pour le pays. D'EXTRÊME GAUCHE NON ? Les ferments de l'élection présidentielle de Rassurez-vous je formulerai prochainement 2002 sont là et cela n'a pas l'air d'émouvoir Non je ne le crois pas. La plupart des gens des propositions précises. grand monde. Pourtant ce que je sais c'est ne savent plus bien discerner la Droite de la que lorsque la Gauche est divisée les Français Gauche. J'entends cela et ne veux pas les SI VOUS ÊTES ÉLU DÉPUTÉ COMMENT souffrent beaucoup. Dans des moments où abreuver avec des discours dialectiques. ParUTILISEREZ-VOUS VOTRE RÉSERVE la précarité de toutes et tous se développe, tout où l'injustice s'installe, il faut le combattre. PARLEMENTAIRE ? les Français seraient bien inspirés d’envoyer C'est historiquement le combat de la Gauche à l’Assemblée Nationale des femmes et des mais les politiques à tendance libérales ont J'ai beaucoup réfléchi à cette question et hommes libres et proches de leurs préoccubrouillé les messages. Je comprends les hési- j'avais envie dans un premier temps de propo- pations. Des femmes et des hommes indétations d'une partie de nos compatriotes mais ser son abrogation, cela me paraissait repré- pendants, libérés des obligations institutionje veux ici contribuer à redonner du sens à la sentatif d'une certaine forme de clientélisme, nelles et partisanes. lutte pour la justice sociale. d'une part. D'autre part dans un pays qui financièrement souffre, réduire le train de vie Qu’on ne puisse plus vivre dignement de son de l'Assemblée Nationale me semble importravail ou qu’on soit éloigné de la possibilité tant. J'ai cependant beaucoup discuté avec d’en exercer un est une situation insoutenable. des responsables associatifs et j'ai compris


DÉCOUVERTES

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LE COUP DE CŒUR DU PRÉSIDENT

Brice Moyse, président de l’association des commerçants Lepic Abbesses, nous livre son coup de cœur pour cet authentique bistrot de village, La Midinette. Bienvenue à Montmartre !

LA MIDINETTE

L

a Midinette, cachée dans une impasse de la butte Montmartre, la rue Robert Planquette, est un authentique bistrot de village. Ici, le temps passe en douceur dans une ambiance calme mais joyeuse. Accoudé au zinc en cuivre, on peut boire un petit ballon en feuilletant tranquillement son journal et déguster au comptoir un œuf mayo et une terrine de cul noir. Il est également possible de s’installer à table pour dévorer des plats « fait maison » à base d’ingrédients frais. Au gré du marché, la cuisine nous propose des plats composés par le Chef Corine Simon. « Ici, pas d’intermédiaire, nos matières premières arrivent directement

de petits producteurs éco-responsables, nous privilégions les circuits courts et la saisonnalité des produits » nous indique la Chef Coco. Chaque mois, un peintre ou un photographe différent est invité à exposer ses œuvres, mises en valeur par un éclairage travaillé, sous les yeux d’un des 4 Molières d’André Diot et du César d’Erik Zonca pour La vie rêvée des anges. Vous avez compris que nous n’étions pas dans un grand restaurant ni dans un lieu branchouille pour m’as-tu-vu, mais dans un des derniers vrais petits bistrots parisiens que n’aurait pas renié Bernard Dimey. Cet estaminet, mis à l’honneur à plusieurs

reprises dans les médias, vient d’obtenir, après une nomination de meilleur bistrot du monde au Japon, une page entière dans le guide Anti FOODING 2017.

LA MIDINETTE 2, rue Robert Planquette 75018 Tél. : 01 42 54 40 70 Du mardi au samedi, service midi et soir.


GÉGÉ ARRIVE ...

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Gégé nous C'est la nouvelle recrue de la rédaction du magazine. Humour et dérision à l’honneur. Un jour ou l’autre, vous subirez les effets salutaires et acerbes de sa griffe. Et maintenant, Mesdames et Messieurs, voici Jérôme Feugueur… dit « Gégé » !

LES AS DU CARRÉ AUX ARTISTES Pour chaque numéro, cette nouvelle rubrique vous invite à découvrir quatre visages d’artistes actuels du carré de la place du Tertre, « croqués » par leur confrère et néanmoins ami Gégé. Une façon amusante de faire connaissance avec ces personnages originaux qui animent le célèbre site.

Andrei : Artiste du carré de la place du tertre et Artiste web master "ne l'appelez pas camarade, camarades !

Eric : Artiste Peintre sur le carré aux artistes de la place du tertre. " me voilà fin prêt, équipé de mon tablier de sapeur " !

Rody : célèbre et élégante spécialiste de la palette et du trainard ; la taille ne lui fait pas peur! Mais qui est cette dame au chapeau avec rody ?


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en fait voir...

Henri patron du "Sabot rouge "Q.G. des artistes de la place du tertre et d'ailleurs, il est franc du collier et doux comme un agnelet. . . !

Fraçois la classe et l ’élégance le particule en plus, le seul à connaitre le nombre exact des pavés de la place du tertre

Midani artiste et fondateur du magazine PM : mi-dieu , mi-dani !

Le tourisme de demain...


SCIENCES PAS NATURELLES

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LE BESTIAIRE Poèmes de GASTON G. – Dessins de STÉPHANE PLOUVIEZ

LE RHINOCEROS Prince dans la brousse, il fouille L’herbe drue des longues plaines. Mais il peut vous chanter pouilles D’une façon fort vilaine !

LÉLÉPHANT J’aime le gros éléphant, Tranquille et puissant seigneur, Crédule comme un enfant.

Et sachez qu’il n’est pas né, Le grand malin qui saura Lui tirer les vers du nez !

Mais gare aux mauvais joueurs, Un jour il leur en cuira !

LES COCCINELLES Les gentilles coccinelles Folâtraient parmi les fleurs. Jouerons-nous demandaient-elles, Au gendarme et au voleur ?

LE ZÈBRE Sous son costume rayé, Craintif, mais le pied véloce, Il fuit, bien vite effrayé Par la lionne féroce.

Pourrons-nous jamais savoir Si cet animal en tranches, Est blanc avec des raies noires, Ou noir avec des raies blanches ?

Les dominos, la marelle, Ou colin-maillard, c’est bien… Pourquoi pas, dit la plus belle, Au quatre-cent-vingt-et-un ?


POÈTES, VOS PAPIERS !

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LINDA BASTIDE

UNE MONTMARTROISE EN ROUMANIE

D

u 20 au 30 octobre, Sébastien Bara, organisateur du Salon du Livre Départemental la Roumanie Culturelle à Deva, recevait Linda Bastide, unique poète « étrangère » invitée, qui présentait sur son stand deux nouveaux recueils de belle facture. A l’occasion de ce Salon, les Éditions Confluente avaient en effet sorti une version bilingue de « 13 pas sur les pavés bleus de Montmartre » : traduction d’Elisabeta Bogatan éditrice-poète, illustrations de Petru Biraù. Tandis que Paulina Popa, poète-éditrice (Editions Emia) avait fait à Linda la Le pain et le sel à l'Ecole de Bolintin surprise de publier un recueil insolite dans sa Collection Calliope : « Âme de verre ». On y trouve 10 poèmes de Paulina d’un côté, et 10 poèmes de Hatzeg, réception Salle des de Linda, de l’autre, présentés tête bêche, miroirs du Théâtre National et comme une carte de poker ! Devant les ca- à l’Institut Français - et dans le méras de la Télé, Linda a dit en français le train qui conduit de Timisoara à la poème « Moulin Rouge » et raconté l’histoire capitale, rencontre surprise avec du French-cancan. Franc succès auprès du Stefan Glâvan, Ambassadeur de public de poètes, d’éditeurs et de visiteurs, Roumanie en Serbie, qui a fait qui connaissent les culottes fendues de nos ses études à Montpellier, et est actuellement Professeur Universigrand-mères : les leurs avaient les mêmes ! Au programme de ce riche séjour roumain taire pour les gradés de l’armée, (entre autres) : Salon du Livre, invitation du Sénateur. Stephan qui, découvrant Président du Syndicat des Ecrivains rou- la maquette de « Les coulisses du mains, rencontre avec les bisons d’Europe silence », se prend d’un engouedans leur forêt lointaine, visites du château ment instantané pour ce prochain Stefan et Linda dans le train de défense aux 1000 marches, du Musée livre de Linda. La Montet ses professeurs accueillent avec le pain mar troise a aussi été reçue au et le sel traditionnels l’« invitée d’honneur », PEN-Club (Poètes-Es- qui doit goûter avant d’entrer… Deux jeunes sayistes-Nouvellistes), du collège interprètent « Le Corbeau et le au Centre Culturel Renard », puis des chants et danses de leur Jean-Louis Calderon pays… – nom d’un journaliste Linda croit retrouver la France d’hier, celle français tué pendant que les Français regrettent avec amertume, le Révolution – et à la grande surprise de leurs « élites »… a découvert un joli Sur le chemin du retour vers Bucarest, un village à 22 km de cheval à la tête ornée de pompons rouges, Bucarest, Bolintin : attelé à sa charrette de bois, est si semblable direction l’école. Sur à celui de son grand-père que Linda s’exle perron, une cen- clame : « Je me demande si tout ce voyage taine d’élèves en cos- n’était pas un rêve ». JMG Le pont aux cadenas sur le canal Bepo tume traditionnel, M. le Maire, la Directrice


RENCONTRE

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CHRISTOPHE IZARD PAR ALEXANDRA CERDAN

LES VISITEURS DE NOTRE ENFANCE

C

hristophe Izard est le réalisateur et concepteur par excellence des émissions de télévision pour les enfants à présent devenus grands. Il est à l’origine de « L’île aux enfants » avec l’incontournable Casimir. C’est à partir de 1974 qu’il a créé les programmes à destination de la jeunesse comme « Les visiteurs du mercredi » avec Brok et Chnok, les deux extraterrestres créés par Denis Dugas, et « Les visiteurs de Noël ». On compte plus de 300 émissions diffusées entre 1975 et 1982, présentées par Patrick Sabatier et Soizic Corne, avec sa flamboyante chevelure rousse. Christophe Izard fait aussi intervenir dans ses émissions le conteur et chroniqueur animalier pour enfants Jacques Trémolin, ou les tours de magie ratés du célèbre Garcimore. Il crée aussi une série d’émissions pour le jeune public : « Le village dans les nuages », en 650 épisodes diffusés sur TF1 à partir de 1982, dont il a lui-même composé la musique du générique.

Christophe Izard, l'Ile aux enfants

Après des études de droit, Christophe Izard, passionné de musique, devient saxophoniste dans un groupe de jazz. Boris Vian le remarque, il lui propose alors d’écrire dans la revue Jazz Magazine. Il est également responsable chroniqueur « disque et music-hall » pour France-Soir et Le Journal du dimanche. Christophe est le témoin du mariage de Chantal Goya et Jean-Jacques Debout (1966). Il devient producteur d’émissions de variétés pour l’ORTF en 1968. On lui doit la comédie musicale « La lucarne magique », il regroupe Daniel Prévost, Sheila, Charles Trenet, Michel Polnareff… et Léon Zitrone (1971) ! Un ouvrage exceptionnel,

doté d’une mise en page très soignée, intitulé Les visiteurs de notre enfance retrace les émissions incontournables du petit écran. Tout y est : c’est un pur chefd’œuvre ! Christophe Izard s’est entouré de Pierre-Alek Beddiar et Arnaud Magnier, pour réaliser cette chronologie exhaustive, saison après saison. C’est un livre merveilleux pour les grands et les petits, comprenant des interviews exclusives des animateurs, acteurs et humoristes qui ont animé ces programmes mythiques. Avec ce livre, nous retrouvons la magie du passé, des photos

d’archives de Michel Chevalet, Nicolas Hulot, Dorothée, etc. Choix idéal pour les cadeaux de fin d’année !

26x26 cm 176 pages – 29 € Editions Hors collection www.osibo-store.com


RENCONTRE

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ENTRETIEN

AVEC CHRISTOPHE IZARD

Alexandra Cerdan : Comment vous est venue l’idée de réaliser cet ouvrage ? Christophe Izard : L’équipe d’Osibo Productions, composée de Pierre-Alek Beddiar, Lorenzo Vallée et Arnaud Magnier, gère depuis plusieurs années mes créations. Leur objectif est de valoriser mes émissions et mes personnages au travers de différents projets. Ils ont commencé par Casimir et « L’Île aux enfants », en mettant en place pour les 40 ans de l’émission (1974-2014) un Doodle pour Google, un timbre pour La Poste, le livre officiel Nos années Casimir chez Hors collection, etc. Suite au succès de ces actions, il y a eu une demande importante de la part du public pour un livre sur « Les Visiteurs du mercredi » et « Les Visiteurs de Noël », deux émissions que j’ai conçues dans les années 70/80 et qui ont marqué les enfants de cette époque. Nous avons donc, avec Osibo, proposé à Hors collection un livre retraçant l’aventure de ces programmes, ce qui les a tout de suite séduits. Combien de temps a-t-il fallu pour le réaliser ? Dès le départ, il a été convenu de faire un livre exhaustif sur les deux émissions. C’est à dire raconter l’histoire de la genèse jusqu’à la fin de la diffusion, soit 300 émissions, 8 saisons à retracer, de 1975 à 1982. Même si l’équipe d’Osibo archive depuis plus de 15 ans tout ce qui concerne mes créations, et malgré mes archives personnelles, il n’y avait pas assez de matière pour faire en sorte de retranscrire tout le contenu des programmes. Il fallait également tout répertorier, pointer et donc revoir plus de 300 émissions pour ne rien oublier. L’équipe a également décidé de faire des interviews et a ainsi contacté et recueilli les propos de plus de trente personnes : Dorothée, Soizic Corne, Patrick Sabatier, Michel Chevalet, Marc Menant , etc. Il aura fallu plus de 13 mois pour faire le listing des émissions, les entrevues, la rédaction, la maquette... Pourquoi « L’Île aux enfants » a-t-elle disparu du petit écran ? Après plus de 8 ans d’antenne et presque 1000 émissions diffusées, j’avais envie de proposer de nouvelles aventures avec

de nouveaux personnages. « L’Île aux enfants » marchait encore très bien auprès du public, mais je sentais qu’au niveau des histoires on tournait un peu en rond. J’ai donc imaginé une transition avec « Le Village dans les nuages », un groupe d’extraterrestres, les Zabars, cousins éloignés des Casimirus, vivant de drôles d’aventures avec deux humains, les grincheux Oscar Paterne et Emilien Duboeuf. Le programme a rapidement trouvé sa place et nous avons ainsi tourné et diffusé plus de 650 épisodes. L’émission était conçue de la même manière que « L’Île aux enfants », il y avait les séquences plateaux marionnettes et des séquences intercalaires animées.

Casimir est toujours dans le cœur des français, pouvons-nous espérer son retour ? Casimir a été élu Star télé du siècle au début des années 2000, distinction qui montre à quel point Casimir est resté dans la mémoire collective. J’ai très souvent des témoignages de personnes qui souhaitent le retour de « L’île aux enfants » à la télé. Nous y travaillons actuellement. Nous avons imaginé un programme culinaire et une version animée de « L’Île aux enfants ». Il y a également un projet de long-métrage pour le cinéma. Grâce à vos émissions, vous avez contribué à l’éveil de l’enfance. Comment se passait le choix des programmes ? J’ai toujours pensé mes émissions comme des programmes divertissants, mais aussi enrichissants. Il était important pour moi d’offrir une parenthèse agréable aux jeunes

téléspectateurs en leur apportant quelque chose. Je choisissais les dessins animés et les séries en fonction de leur qualité. C’est certainement pour cela qu’aujourd’hui ces enfants devenus adultes se souviennent si bien de ces programmes et en gardent un si bon souvenir. Pour vous, que représente et que vous inspire Montmartre ? Je suis né à Paris en 1937 à quelques pas de Saint-Germain-des-prés. Grace à des relations de quartier, j’ai découvert dès mon adolescence l’ambiance du Saint-Germain- des-prés de la grande époque, celle du Jazz avec Claude Luter, Sidney Bechet ou Maxim Saury, et de la chanson avec Juliette Greco, Boris Vian et les frères Jacques. Je suis vite devenu un passionné du Jazz et de la chanson française. Pour moi, Paris c’était la Rive Gauche, pas question de parler de Montmartre ! Mais à l’époque, Georges Ulmer chantait Pigalle et sur des disques de mes parents je découvrais avec émotion, et souvent grâce aux frères Jacques, les chansons du début du siècle, dont celles d’Aristide Bruant. Je rêvais de son « Chat noir » et de la « Rue Saint Vincent ». J’imaginais la rue des Saules et la place du Tertre… Alors, un jour, j’ai pris le métro et je suis allé à la place Blanche pour commencer à pieds le tour des lieux qui me faisaient rêver. Je suis rentré le soir épuisé mais amoureux de Montmartre. Plus tard, j’ai eu la chance d’être invité chez des amis, montmartrois célèbres, tels Boris Vian ou Dalida, et mon amour pour la Butte, coté nord ou coté sud, ne s’est jamais démenti… A la veille de Noël, qu’avez-vous envie de dire aux enfants ? J’ai envie de leur dire de continuer à rêver, de faire confiance à leur imagination. De passer du temps à s’émerveiller de la nature et des belles choses de la vie. Propos recueillis par Alexandra Cerdan


LE FABULEUX DESTIN DE...

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JACQUELINE

BOYER

Photo : Habas

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e « fabuleux destin » de Jacqueline Boyer s’inscrit au cœur de l’histoire de la chanson française, et de ses stars. Enfant d’un chanteur et d’une chanteuse, devenue bellefille de chanteuse, puis chanteuse elle-même ! La fille de Jacques Pills (Couchés dans le foin) et de Lucienne Boyer (Parlez-moi d’amour) est en effet devenue, après le divorce de ses parents et le remariage de son père avec Édith Piaf, la belle-fille de « la Môme » ! Avant de remporter le Grand prix de l’Eurovision en 1960, et d’entamer une carrière internationale. Plus tard, Jacqueline eut l’audace de s’inventer un double, comme l’avait fait Romain Gary en littérature, et de commencer une nouvelle vie artistique ! Nous avons déambulé avec cette grande dame de la chanson, au fil de ses souvenirs, à travers Montmartre, depuis la Bonne Franquette jusqu’à l’avenue Junot. Avec un arrêt devant la façade bien austère et close aujourd’hui où se trouvait autrefois le cabaret animé par sa maman, Lucienne, et qui fut l’un des grands points de rencontre artistique de la Butte.

Les parents de Jacqueline, Jacques Pills et Lucienne Boyer, deux grandes figures du music-hall de l’entre-deux guerres, tenaient le haut de l’affiche dans des genres différents, bien avant leur mariage en 1939. Pills avait débuté au Moulin Rouge,

dans la troupe de Mistinguett, avant de former avec son compère Georges Tabet, le numéro de duettistes Pills et Tabet, connus pour leurs interprétations de chansons de Mireille et Jean Nohain. Pills séparé de Tabet prit son envol en solitaire et

devint auteur et chanteur de charme (Seul dans la nuit). Lucienne Boyer, la « Dame en bleu », était issue d’un milieu populaire, où l’on chantait souvent dans les guinguettes. D’abord engagée pour une pièce de Tristan Bernard au théâtre


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de l’Athénée, elle s’oriente vers la chanson avait été choisi pour la première participaoù elle rencontre un grand succès. Elle pose tion de Monaco au Concours Eurovision de pour les peintres célèbres comme Foujita la chanson, finit presque dernier... Mais l’anou Jean-Gabriel Domergue. Dès son premier née suivante, Jacqueline lui offre une belle contrat, elle avait choisi de se vêtir d’une robe revanche par fille interposée : sélectionnée bleue qui restera sa marque, car elle était par la télévision publique française pour realors trop jeune pour porter les robes noires présenter la France lors de la cinquième édides chanteuses réalistes. C’est l’époque de tion du Concours Eurovision de la chanson, Damia, de Fréhel. Lucienne commence une avec la chanson Tom Pillibi, elle remporte le aventure artistique internationale, emmenant concours – c’est la deuxième victoire franune revue pendant neuf çaise, après celle de 1958. mois à Broadway, puis elle Dès lors, Jacqueline multiouvre en 1929 un premier plie les tournées à travers cabaret « Les Borgias ». le monde, interrompues en Enfant d’un En 1930, elle crée Parlez1966 par un grave accident moi d’amour, chanson de de voiture. Trois ans plus chanteur et Jean Lenoir, et remporte le tard, elle remonte sur scène. d’une chanteuse, premier Grand prix Charles devenue belle-fille En 1979, installée à NewCros. Elle est célèbre aux de chanteuse, puis York, Jacqueline décide de USA. Un souvenir marquant réorienter sa carrière, et ose chanteuse ellepour Jacqueline : « J’allais « un coup » unique dans l’hismême ! à l’école française de New toire du show-biz – on pense York. Le soir, pendant le à Romain Gary et son double spectacle, je me glissais Emile Ajar. Elle change comdans les coulisses pour plètement de look et se choiobserver les artistes, j’avais cinq ou six ans. sit le pseudonyme de « Barbara Benton ». À la maison, les invités s’appelaient Judy Pour promouvoir ses titres anglo-saxons, Garland, Rita Hayworth, Maurice Chevalier, elle ne parlera qu’en anglais, accompagnée Monod, Trenet… » Ce souvenir de l’immédiat d’un interprète, pendant toute la durée de la après-guerre efface heureusement celui promotion ! Ce n’est qu’en 1982, en direct de l’occupation, durant laquelle Jacques dans le premier « Champs-Elysées » de MiPills, d’origine juive, avait échappé à la chel Drucker à la télévision, qu’elle révèlera déportation. son identité ! Jacques et Lucienne divorcèrent en 1949. Jacques Pills, parti en tournée avec le Depuis longtemps, Jacqueline Boyer mène jeune pianiste Gilbert Bécaud, écrit le titre une double carrière, en France et en AlleJe t’ai dans la peau, proposé à Édith Piaf, magne. Elle enregistre en français et en qui l’accepte ; elle accepte aussi d’épouser Jacques... «Gilbert Bécaud venait me chercher au collège, et je passais le week-end avec mon père, chez Piaf, boulevard Lannes, avec les enfants de Marcel Cerdan ! » « Appelle-moi Mummy ! » lui avait demandé Edith, qui la considèrera toujours comme sa belle-fille, même après sa séparation avec Jacques Pills. Et pour Jacqueline, Piaf sera une seconde mère. Les relations entre Lucienne et Edith n’étaient pas moins excellentes. Quelques années plus tard, dans sa loge à l’Olympia, Piaf demande à Lucienne Boyer : «Comment va ton ex ?». Cette der« Jacqueline Boyer. Histoire de trois vies nière lui répond : «Ton ex va bien». Eclats de extraordinaires » rire… Avec de tels ascendants, Jacqueline avait de allemand et effectue tournées, spectacles et qui tenir pour entamer elle aussi une grande galas dans les deux pays. carrière ! « En Allemagne, on sent une ferveur, l’amour À 15 ans, elle monte sur scène aux côtés de la chanson, et la fidélité. Je ne peux pas de Marlène Dietrich et commence à prendre dire que je retrouve ces valeurs en France, des cours de chant. En 1959, son père, qui dans le métier… c’est le règne du jeunisme ».

LE FABULEUX DESTIN DE...

Lucienne Boyer

Edith Piaf remontant la rue des Saules

Son plus joli souvenir à Montmartre ? Le cabaret « Chez Elle » que Lucienne Boyer, sa maman, avait ouvert en 1940, au numéro 41 de l’avenue Junot, en face de chez Damia… Dans ce cabaret, où Van Parys était au piano, on vit passer les grands artistes amis dont Bernard Dimey, Enrico Macias, Rika Zaraï, dans une ambiance familiale propre à l’esprit montmartrois… « Après avoir chanté, je faisais la cuisine » confie Jacqueline en souriant. Aujourd’hui, Jacqueline Boyer poursuit ses tournées, et prépare un spectacle évocateur de cette époque, mêlant son histoire et ses chansons à celles de Lucienne Boyer, Edith Piaf et Jacques Pills. Idée cadeaux : le livre ou le livre-audio (incluant 2 CD) « Histoire de trois vies extraordinaires » qui font revivre ces fabuleux destins, au fil d’un beau récit, richement illustré. Jean-Manuel Gabert


PANORAMA CULTUREL

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QUI ÉTAIT VRAIMENT JOSÉPHINE BAKER ?

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oire ou blanche, Américaine ou Française, danseuse nue ou dame de charité ? Qui est Joséphine Baker ? Aussi connue comme artiste de music-hall que comme résistante ou comme mère adoptive – douze enfants ! Et de toutes les couleurs, une vraie tribu, la « tribu arcen-ciel » comme elle aimait à le dire, qui joue ces divers rôles ? On se souvient de ces images qui ont fait le tour du monde : la panthère noire croquée par Paul Colin, la diva moulée dans des robes de strass, coiffée de diadèmes et de plumes qu’elle fut jusqu’aux derniers jours, la résistante en uniforme de sous-officier de l’armée française, et la mama un peu épaisse qu’on a vue pleurer misère à la télévision pour ces petits orphelins que des créanciers impitoyables s’apprêtaient à expulser du Château des Milandes. Quelle femme se cachait derrière ces trois masques ? À quel prix cette petite négresse du Missouri, petite fille d’esclave comme il y en avait tant au début du XXe siècle aux États-Unis, est-elle devenue la vedette internationale, amie des rois, des princes et des présidents du monde entier ? Marie-Florence

Ehret tente de décrypter les images publicitaires qui ont fait d’elle la star connue de tous et de mettre en évidence la force de caractère peu commune qui a permis sa vie extraordinaire. « L’Américaine noire, ou la Noire américaine, la Vénus d’ébène, se révèle, au fil de sa vie, bien moins naïve, bien plus dure et plus intelligente qu’on ne la considère en général. (…) Et de cette dureté, tous ses proches ont souffert, d’autant plus qu’ils la comprenaient moins. C’est cette Joséphine implacable que j’ai rencontrée au fil de l’écriture. Mieux qu’une idole, une femme, une femme noire dans la France encore coloniale. Une femme dure mais aussi une femme courageuse au-delà de toute limite » écrit l’auteur, qui nous livre une biographie analytique remarquable.

Joséphine Baker Des trottoirs de Saint-Louis aux marches du Panthéon par Marie-Florence Ehret Editions de La Différence

REDÉCOUVRIR BERNARD BUFFET AU MUSÉE DE MONTMARTRE

C

ette exposition Bernard Buffet, au musée de Montmartre, a choisi de poser un regard intime et touchant sur l’un des artistes les plus célèbres du XXe siècle. Sans prétendre rivaliser avec la rétrospective parisienne, cette exposition originale remporte finalement la mise, en révé-

lant un Buffet intime, vivant à l’heure du village, où il était né en 1928. Plus de 100 œuvres (peintures, dessins, gravures, éditions) accompagnées d’un parcours photographique retracent la vie de l’artiste – certaines des œuvres sont présentées au public pour la première fois, à

quelques mètres de l’atelier où vécut le peintre, visible depuis le jardin du musée. Nul doute qu’il s’y sent comme chez lui, et le visiteur de l’exposition devient son invité. Cette réussite s’explique surtout par l’implication du fils de Buffet, et celle de l’historien Yann le Pichon, auteur des trois volumes sur la vie et l’œuvre de cet son ami. Un vrai portrait psychologique au travers d’une documentation et d’une réflexion portée

sur le parcours esthétique de l’artiste. On est surpris par la variété des thèmes, et la découverte de périodes et de paysages méconnus. A ne pas manquer. Bernard Buffet « Intimement » Au musée de Montmartre 12, rue Cortot Du 18 octobre 2016 au 5 mars 2017 Ouvert tous les jours, de 10h à 18h


PANORAMA CULTUREL

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19e ÉDITION DU

PRIX WEPLER

LE PRIX LITTÉRAIRE QUI PRÉSERVE SA DIFFÉRENCE Stéphane Audeguy, Histoire du Lion Personne, Seuil LA MENTION SPÉCIALE : Ali Zamir, Anguille sous roche, Le Tripode

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a 19ème édition du Prix Wepler-Fondation La Poste, a réaffirmé ce qui différencie ce prix « montmartrois » de bien d’autres prix «  parisiens  » : le renouvellement intégral du jury, sa mixité de lecteurs et de professionnels, son indépendance, son engagement et sa volonté d’explorer les territoires de la création romanesque. Douze auteurs nominés pour cette édition 2016, encouragés par un mécénat financier s’élevant à 10 000 euros pour le Prix et 3 000 euros pour la mention spéciale – grâce à la Fondation La Poste, la brasserie Wepler et la librairie des Abbesses. MarieRose Guarnieri a souligné l’es-

prit de ce prix qu’elle a créé en remerciant « profondément ce nouveau jury tournant 2016 pour son ardeur, ses convictions, son exigence, sa minutie visionnaire à com- Stéphane Audeguy, Ali Zamir et Marie-Rose Guarnieri poser une sélection où chaque auteur ouvre un horizon Stéphane Audeguy, le lauréat, a Ali Zamir, Mention spéciale du littéraire insoupçonné… » Sans parlé de son livre avec humour : jury, a exprimé son émotion : oublier la célèbre brasserie, « Le roman que vous avez la « Cette reconnaissance me ancrée dans l’histoire littéraire, générosité de distinguer ce soir touche parce que j’ai préciséqui l’accueille : concerne donc un lion nommé ment espéré faire d’Anguille « Sachez- le, les cafés ont tou- Personne. (…) Je lui aurais sous roche un texte singulier jours été le refuge des poètes, bien demandé de venir, à Per- qui dépeint notre monde : un des pauvres, des amants, des sonne, pour s’expliquer ; mais monde singulièrement tragique oisifs et des voyageurs....Et vous savez comment sont les et tragiquement singulier. Un je suis fière de notre ancrage lions. Passé dix-huit heures, on monde caractérisé par la peur, dans cette brasserie historique ne peut pas compter sur eux : le repli sur soi et la soif de de Paris car ces cafés ont tou- ils chassent. Et puis Ludwig liberté. C’est un monde parajours été le domicile de ceux Wittgenstein a dit cette chose doxal, incroyable, mais réel. qui n’avaient pas de salon... terrible et définitive sur ces Tout le monde a peur de l’Autre C’est un effort et un engage- animaux : si les lions pouvaient et pourtant tout le monde a ment très coûteux que Michel parler, nous ne pourrions les soif de liberté. Voilà où nous en Bessière offre à la littérature. comprendre. sommes. » Merci à lui d’avoir hébergé la Je parle donc, exceptionnellecroissance de ce Prix et ga- ment, à la place de Personne. geons que son lieu en conser- Il faut bien que quelqu’un se vera la mémoire ! » dévoue. » Photo : Thierry Stein

LE LAURÉAT

APOLLINAIRE

LETTRES, CALLIGRAMMES ET MANUSCRITS Par Peter Read

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epuis ses premiers vers de collégien jusqu’aux œuvres novatrices du poète-combattant, voici une plongée fascinante dans la fabrique de Guillaume Apollinaire. Ses manuscrits raturés et biffés sont ici présentés en grande partie pour la première fois dans leur matérialité grâce aux archives de la Bibliothèque nationale de France. Cahiers de jeunesse rehaussés de croquis, calligrammes, lettres à Lou et à Madeleine, papiers collés mêlant typographie et écriture,

offrent une vision panoramique d’une œuvre-monde et d’une révolution esthétique en marche. Poète, conteur, critique, dramaturge, scénariste, journaliste, épistolier, chantre de l’avant-garde, promoteur des arts premiers, sourcier artistique : Apollinaire a pratiqué tous les genres littéraires et forgé de nouvelles formes d’expression à l’aube d’un

siècle nouveau. Cet ensemble, sélectionné, transcrit, introduit et commenté par Peter Read, célèbre les noces de l’audace poétique et de la beauté plastique. Apollinaire 312 pages, 150 illustrations Textuel BnF Éditions


HOMMAGES

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Francisque

HOMMAGE À

Poulbot PAR MARIE-FRANCE COQUARD

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e 17 septembre 2016, trois associations montmartroises se sont unies et réunies autour de Francisque Poulbot à l’occasion des 70 ans de sa mort. Dans le monde entier Poulbot est devenu le symbole de Montmartre. Pour le grand public, il est le père des gosses de Montmartre, ses « petits Poulbots ». Son œuvre est gigantesque. Ces quelques lignes modestes ne permettront pas de retracer la personnalité, les formidables talents de cet artiste éclectique, atypique, rebelle. Un journaliste, dessinateur de presse, créateur de cartes postales, pionnier en matière de dessins et d’affiches publicitaires mais aussi de guerre, de bienfaisance, de fêtes, de Noëls de la République de Montmartre, de cirque, de cinéma, peintre, sculpteur, gra-

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veur, illustrateur prolifique de 70 livres mais aussi de chansons, de menus. La célébrité de l’un des meilleurs affichistes et illustrateurs du XXe siècle ne doit pas occulter l’immense générosité du Père des Gosses qui portent son nom. Poulbot et Willette sont assis à une terrasse de café quand un homme apostrophe un gosse, qui, les pieds dans le caniveau, éclabousse les passants : « Eh Poulbot, viens ici que je te botte les fesses ! » Et Willette de se tourner vers son ami : « Tu vois, c’est ça la gloire… ». En effet, Poulbot est devenu célèbre en créant ce gosse de Montmartre frondeur, courageux et rieur malgré l’absence d’hygiène, de soins, et la faim. Son crayon à la fois drôle et poignant a croqué avec tendresse et compassion des milliers de mioches miséreux ; ces moineaux piail-

LA RÉPUBLIQUE DE MONTMARTRE

a République de Montmartre a été fondée en 1921 par Adolphe Willette, Jean-Louis Forain, Maurice Neumont, Joe Bridge et Francisque Poulbot, entourés de la bande de Montmartre, d’artistes, peintres, sculpteurs, illustrateurs, dessinateurs, écrivains, musiciens, poètes. Tous amoureux des arts se donnant pour but de créer des liens de solidarité en faveur des artistes dans le besoin qui « mangent de la vache enragée » et venir en aide aux gosses miséreux.

Le problème de l’enfance déshéritée, malnutrie, maltraitée a immédiatement mobilisé leur énergie. Les galas, les spectacles au cirque Médrano, au Moulin Rouge, les distributions de jouets, de vêtements, de nourriture sont vite organisés mais cela ne suffit pas. L’idée de consultations médicales gratuites puis d’un dispensaire germent devant cette misère qui sévit à l’époque dans le maquis montmartrois, véritable bidonville. En 1923, le patron de la Pomponnette, Arthur

Delcroix, ami de Poulbot, met à la disposition de la République de Montmartre son poulailler dans l’arrière-cour de son restaurant au 42 rue Lepic. Le dispensaire, œuvre de la République de Montmartre, accueillera grâce à ses bénévoles plus de 600 gosses jusqu’ en 1934 où, faute de moyens, il devra être fermé. La République de Montmartre continue d’afficher son intérêt pour la création et le talent qu’elle a toujours accompagnés. Dans la lignée de ses fondateurs,

elle poursuit sa volonté de préserver le patrimoine de la Butte, ses actions sociales et caritatives avec des galas, des biennales, des bourses, des dons aux enfants de l’Ecole du Sacré Cœur, aux Papillons Blancs et, bien sûr, aux P’tits Poulbots. Sans la République de Montmartre nos P’tits Poulbots auraient-ils existé ? Et sans les P’tits Poulbots la République de Montmartre serait bien orpheline. ..


HOMMAGES

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lant et livrés à eux-mêmes, ceux qu’il voyait chaque jour dans les rues de Montmartre qu’il ne quittait pas. L’altruisme de ce grand humaniste, ce patriote courageux, doit demeurer pour nous tous un exemple.

et continuera à faire la fête pour faire selon ton exemple Le Bien dans la Joie ». Puis Joëlle Leclercq, Présidente de L’œuvre des P’tits Poulbots, souligne « la volonté de tous ses bénévoles pour perpétuer son action en faveur de l’enfance et de la jeunesse afin d’être à la hauteur de son œuvre ». Un bien beau moment quand, assis sur sa tombe, Alain Turban interprète à la guitare son superbe hymne à Poulbot : « Qui avait le crayon populaire et se battait pour un dispensaire Au temps des cerises rouges amères ».

C’est donc pour tout cela et plus encore que : L’œuvre des P’tits Poulbots, Les Amis de Francisque Poulbot et La République de Montmartre lui ont rendu hommage au cours d’une journée de célébration chaleureuse et amicale. La cérémonie a commencé à 11 heures au cimetière de Montmartre autour de sa tombe. Disparu le 16 septembre 1946, Poulbot repose dans une belle allée tout près de Labiche et Rochefort. Devant une assistance émue sa mémoire est évoquée dans des discours vibrants : Jean-Pierre Doche Président des Amis de Francisque Poulbot rappelle combien Poulbot reste dans nos mémoires et nos cœurs et cite Roland Dorgelès : « Nul n’a été plus parisien, mieux « parigot » que ce souriant flâneur dont l’univers ne dépasse jamais les fortifications. Il en avait la gouaille, le cœur généreux, l’amour de l‘ouvrage bien fait ». Alain Coquard, Président de la République de Montmartre, poursuit : « Francisque, aujourd’hui ta République reste fidèle à tes engagements

Un clin d’œil au passage à une ancienne chanson à remettre à l’honneur : « Les gosses de la Butte Montmartre » dédiée à F. Poulbot et Lucien Pinoteau en 1939 sur les paroles et musique de Richard Capez : « Montrons à nos hôtes présents à nos fêtes Notre Montmartre bienaimé Portons le drapeau Que nous transmit Poulbot » Dépôts de gerbes, photos souvenirs aux côtés de descendants de Poulbot. Et puis, ne le répétez pas – car il est interdit de troubler le sommeil des morts – en sourdine, les P’tits Poulbots ont tout de même battu tambour devant sa sépulture. Aujourd’hui comme hier, regardez-les, ces gosses de la Butte, courageux, méritants. Debout immobiles pendant des heures ou défilant dans les rues sur de longs parcours, bravant la chaleur comme la froidure en jouant du tambour. Ils animent, rythment la vie montmartroise et participent à son rayonnement dans le monde. C’est le fruit d’un apprentissage

L’ŒUVRE DES P’TITS POULBOTS

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n 1936, l’œuvre sociale de Poulbot et son épouse Léona verra son renouveau avec le régisseur de films Lucien Pinoteau. A la demande de son ami Poulbot il fonde L’Oeuvre des Gosses de la Butte Montmartre pour porter assistance aux familles et aux enfants les plus nécessiteux C’est devant un dessin de Poulbot qui représente un gosse battant tambour en costume révolutionnaire que Lucien Pinoteau a une idée lumineuse pour ne pas dire géniale. Créer une batterie avec des enfants qui se produiraient dans des fêtes, des cérémonies pour recueillir un peu d’argent mais

offrent de la nourriture aux familles et aux enfants. Aujourd’hui, la tradition continue et plusieurs restaurateurs de la Butte invitent chaque dimanche les P’tits Poulbots à déjeuner. En 1943, Lucien Pinoteau, devenant également Président de la République de Montmartre à vie, accorde une aide accrue aux enfants de la Butte. N’oublions jamais l’acte héroïque des P’tits Poulbots à Pâques 1944. Bravant l’occupant, ils défilent sur les Champs-Elysées au son de la Marseillaise, derrière notre drapeau tricolore. Après-guerre, les P’tits Poulbots sont accueillis

aussi éviter les tentations de la rue. Poulbot dessine les costumes des gosses qui vont porter son nom. Les voilà en costume de tambour de l’infanterie du 813ème de ligne de 1793. Celui que l’on admire toujours aujourd’hui. Le 20 mars 1939, Poulbot accepte enfin - sa réserve et sa modestie le refusaient - que son nom y soit associé. Ce sera l’association dénommée l’Oeuvre des P’tits Poulbots. Pendant la guerre de 1940, elle prend un essor considérable. Sans ressources, les mères sont seules pour élever des enfants auxquels on distribue des vivres, des vêtements, du charbon. C’est au cours de ces années que des restaurateurs et des commerçants

non seulement sur tout le territoire français mais aussi en Suisse, au Japon, en Belgique, à New York. En 1960, Claude Pinoteau, célèbre cinéaste, succède à son père puis laisse la présidence à Robert Rivière jusqu’en 2009. Depuis cette date, avec énergie, Joëlle Leclercq a repris le flambeau, épaulée par le talentueux Tambour-Major Joël Ben Hayoun. Joël a été l’élève de Georges Sujet, ex-tambour major de notre prestigieuse Garde Républicaine. Avec le concours dévoué des bénévoles, nos chers P’tits Poulbots continuent à représenter Montmartre en France et dans le Monde.


ART-NIVERSAIRE

Revenons à notre hommage à Poulbot qui se poursuit par un long cortège solennel jusqu’ au petit train Promotrain de Montmartre qui conduit tout le monde à la Bonne Franquette pour le verre de l’amitié. Un déjeuner rassemble ensuite plus de 150 convives. C’est dans une atmosphère bon enfant qu’on lève son verre à la mémoire de celui qui a été l’âme et l’instigateur d’inoubliables fêtes montmartroises. On rappelle que les bénéfices allaient aux familles et aux gosses démunis, malnutris, en guenilles mais gouailleurs, un peu roublards quand la nécessité fait souvent force de loi, et qu’il faut joyeusement et amicalement poursuivre cette grande et belle mission.

Photo : Fréderic Loup

solide dispensé depuis de nombreuses années par Joël Ben Hayoun, leur chef tambour. Cette batterie fanfare unique aux rythmes sans défaut nécessite deux soirs de répétition par semaine. Sans rechigner, après l’école ou le travail, les P’tits Poulbots se retrouvent dans le petit local du 3 place du Tertre qui les accueille depuis 1936 ; un lieu historique qui fut le siège de la première mairie de Montmartre sous la Révolution. Ils y apprennent les morceaux à l’oreille, sans solfège. Au prix d’efforts pugnaces ils offrent sans compter des morceaux impeccablement joués : rigodon d’honneur, Austerlitz, hommages funèbres, la Boiteuse, le petit train en souvenir du trajet Saint-Lazare – Saint-Germain etc.

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Alain Turban chante "Poulbot" au cimetière de Montmartre.

Les Amis de

FRANCISQUE POULBOT

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e 24 janvier 1992, sous l’impulsion de Jean-Pierre Doche, Président en exercice depuis 2008, quatre cofondateurs Jean-Pierre Doche, France Delahalle, Jean- Claude Gouvernon, Vincent Pomarède, Conservateur au Louvre, décident d’élargir le cercle des collectionneurs, d’honorer la mémoire du grand Poulbot en se réunissant au sein d’une association qui fera connaitre et reconnaitre son action, sa vie, son œuvre exceptionnelle. Des rencontres, des échanges, des publications, des conférences, des dons, des ventes sont organisés, afin de faire découvrir à un large public l’humour, les qualités créatrices et humaines d’un grand artiste. Aux côtés de Jean-Pierre Doche, Président, JeanClaude Gouvernon,

Vice- président – après avoir été Président de 1997 à 2008 – y est toujours très actif. Son répondeur nous invite à laisser un message car « Le Poulbot est sur la Butte »… pour l’œuvre de Poulbot. A l’actif de l’association, des bulletins bi-annuels de grande qualité avec des articles de fond dotés d’une riche et étonnante iconographie, des groupes de travail, des visites commentées, des ventes, une dizaine d’expositions, des recherches de documents, de témoignages, etc. N’en disons pas davantage car, en 2017, Les Amis de Francisque Poulbot célèbreront les 25 ans de leur belle association. Ils nous réservent des découvertes inédites dont nous ferons l’écho bien mérité…


ART-NIVERSAIRE

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Francisque Poulbot a été le sujet d’un très grand nombre d’articles, conférences, biographies, plaques, hommages. Parmi de nombreuses biographies, citons « Poulbot gosse de la Butte » de Jean-Marc Tarrit, ancien Président du Vieux Montmartre et de la République de Montmartre. Des expositions ont été consacrées à Poulbot. La première a été inaugurée au Musée deMontmartre en janvier 1967, à l’initiative de Jean-Claude Gouvernon, Commissaire, en présence d’André Malraux alors Ministre de la Culture. Qui mieux que notre ami Jean Claude a consacré autant de temps et d’énergie à collectionner les œuvres de Poulbot, à réunir ses amis et admirateurs montmartrois ou non pour faire reconnaître la place qui doit être la sienne ? Vice-président des Amis de F. Poulbot, ancien président du Vieux Montmartre, Jean-Claude est également Ministre du Patrimoine Historique de Poulbot de la République de Montmartre. Depuis 1967, une quinzaine d’expositions Poulbot ont voyagé de Paris à Castres, Chantilly, Beauvais, Colomby, Saint-Denis, Reims en passant par Debrezen en Hongrie. Les conférences sont encore plus nombreuses. Je garde un souvenir particulier de « Poulbot pharmacien » par JeanClaude Gouvernon en 2010 au Musée de Montmartre. A travers ses dessins et ses affiches publicitaires apparait le combat de Poulbot pour l’hygiène, les soins, la pré-

sion, contribué à sauvegarder le site. Un buste en bronze d’Agnès Rispal est consacré à Poulbot. Coiffé de son chapeau légendaire, il accueille les visiteurs depuis 2012 dans le jardin du Musée de Montmartre. Des rues et places lui sont attribuées. Sur la Butte, en 1968, la rue Poulbot remplace l’Impasse Trainée. Mais qui était vraiment Francisque Poulbot ? Des talents polymorphes, de la timidité mais aussi le goût des canulars, des farces, des mystifications, des fêtes, des galas, des tombolas au bénéfice des gosses. Sa compassion devant la souffrance humaine et bien sûr sa passion pour Montmartre en font une figure emblématique reconnue de tous et dont les enfants, avec une juste fierté, portent le nom. « Faire le bien dans la joie » la devise de la République de Montmartre nul ne l’a mieux incarnée que lui. Ce tendre Poulbot gouailleur à la générosité sans limites qui a consacré sa vie à permettre à des milliers de gosses d’avoir une vie meilleure. vention pour tous. Il fut un pionnier dans ce domaine quand la sécurité sociale, les antibiotiques, les centres de soins n’existaient pas. Des plaques commémoratives ravivent notre souvenir. La première est apposée en 1966 au 13 de l’avenue Junot, son atelier de 1921 à sa mort, en 1979 à l’entrée des Vignes dont il avait, avec pas-

Marie-France COQUARD

Des cadeaux de Noël à chacun des P’tits Poulbots

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e samedi 17 décembre, Joëlle Leclercq Présidente de l’Oeuvre des P’tits Poulbots, remettra un cadeau à chacun de ses P’tits Poulbots au cours d’un goûter offert par la Bonne Franquette en présence et grâce à la générosité de Michou. Le samedi 14 janvier ce sera la République de Montmartre qui distribuera

ses traditionnels cadeaux au cours d’un déjeuner offert chaque année généreusement par Fabien Held propriétaire du restaurant Le Brio (216, rue Marcadet). La République de Montmartre remettra également, son don annuel de 3 000 euros à l’œuvre des P’tits Poulbots ainsi que des invitations et des voyages tel celui prévu en 2017 à Venise.

D’autres généreux donateurs souhaitent rester anonymes…. Qu’ils soient, néanmoins, remerciés. Tout cela s’inscrit dans la tradition de la République et de Montmartre afin de perpétuer l’œuvre de Poulbot. M.-F.C.


LE FEUILLETON DE PARIS-MONTMARTRE

PAR CHRISTINE HAYDAR

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LE JOURNAL D’UNE PETITE MÔME DE PIGALLE Tiré du roman « Simone », Editions J.C Lattès

Montmartre, été 1954 - 3e épisode RÉSUMÉ DES ÉPISODES PRÉCÉDENTS : Simone, 11 ans, vit dans une chambre de bonne avec ses parents et son frère aîné. Elle n’est pas heureuse et rêve de changer de famille. Son père, musicien et éternel chômeur, lui offre son cadeau d’anniversaire avec une semaine de retard…

C

- Adieu, Fernand. A la prochaine. - Salut Fernand, amuse-toi bien. - Essaie de ne pas rentrer trop tard, risque ma vieille. Pour se glisser jusqu’à la porte, mon père doit faire toute une gymnastique entre le mur et la chaise où ma mère est assise. C’est juste en lui disant « Je te garderai une

’est un tocard, mais il a bon fond. Pendant que j’ouvre le paquet du paternel tout le monde assassine la chanson avec un ensemble touchant. Sauf mon frangin, qui me regarde de son air qui en dit long. Je m’en fous. Il a pas encore dit un mot de la soirée, celui-là. Lui, il dit rien. Il observe. Je sais que sa dernière bouchée avalée, il va descendre l’échelle et s’installer sur l’échelon du milieu pour nous étudier de plus haut, comme si on était des foutus insectes. Une vraie tête à claques. Non mais je rêve ! Une trousse à couture ! Depuis le temps, mon père sait pas encore que je suis nulle en couture et que je déteste ça ? Il l’a fait exprès, c’est pas possible. - T’es contente, chaton ? il me demande en rangeant son saxo dans un étui. Le Bal Tabarin vu par le cinéma américain, film de 1952 Heureusement, il se fout de la réponse de son chaton. Il est bien trop pressé. Son costume à la noix dans une main, son part de gâteau » qu’elle aperçoit le rouge instrument dans l’autre, il se tire en catas- à lèvres sur son col. Mes aïeux ! Elle gicle trophe après avoir lancé un « Adieu, mes de sa chaise plus vite que son ombre. Ma amis. Désolé, mais le devoir m’appelle. » mère est plus rapide que n’importe qui les

jours de rouge à lèvres sur le col de mon père. Il essaie d’arriver avant elle sur le palier mais avec l’habitude qu’elle a…Elle se faufile devant lui et bloque le couloir avec ses bras écartés. - Tu as encore passé l’après-midi avec une de tes poules. Avoue, espèce de salopard. - Où t’as vu ça ? Dans tes cartes ? Tu sais bien que j’étais au tabac. - Le tabac. Le tabac. C’est trop facile. J’ai pas besoin de mes cartes, espèce d’abruti. J’ai des yeux pour voir. - Laisse-moi passer. Je vais être en retard. - C’est ça. Fous le camp. Et ne compte pas me trouver là quand tu rentreras. Tout ça en hurlant à tue-tête. Sur le palier, les portes commencent à s’entrouvrir. Avec nous, les voisins n’ont pas besoin de T.S.F. Ils doivent bien nous aimer quand même, parce qu’un jour j’ai entendu M. Tomaso dire à M. Martinaud que si on n’existait pas il faudrait nous inventer. - C’est ça. C’est ça. Mon père a filé en douce. Même quand ma mère est folle furieuse, le travail passe avant tout. En se rasseyant, elle pleure un peu mais sans conviction. Orlando lui raconte une blague pour la consoler. Elle me fait pas rire. Je la connaissais déjà. Jean Rigaud l’a racontée à midi sur Paris Inter. Il m’énerve, celui-là. Il se croit drôle parce qu’il fait un pet avec sa bouche à la fin de chaque phrase. C’est un nul. Ma mère retrouve le sourire. Après, on mange le gâteau au chocolat que Margot a apporté. Mon frangin a disparu. Il a dû pro-


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fiter de la dispute pour filer aux WC avec Réalités. Les WC du palier, il y passe des heures entières. Des fois, les voisins ont un besoin pressant mais il s’en fout. C’est un sans-gêne. Il finit par revenir et il s’installe avec sa part de gâteau sur sa foutue échelle. Ma mère et Margot débarrassent. Y a de la vaisselle partout dans la cuisine. Demain matin, ça va encore être un bon dieu d’exploit de faire sa toilette. Albert et Orlando entament un 421 assis sur mon lit pendant que ma mère s’installe pour tirer les cartes à Margot. Comme je commence à m’ennuyer un peu, je file sur le balcon. On habite au 53, juste à l’endroit où la rue de la Rochefoucauld croise la rue Pigalle. Ca fait une place triangulaire avec le Canada Bar en bas du triangle. Il fait nuit maintenant, mais avec les néons on y voit comme en plein jour. Loretta est à son poste devant le Nebraska. Elle a mis une robe noire qui la colle tellement que je me demande comment elle fait pour respirer. Elle discute avec Malika, l’Algérienne. Dans son pays, il va bientôt y avoir la guerre. Ils en ont parlé à la radio. Christian, le fils d’un des clarinettistes de

LE FEUILLETON DE PARIS-MONTMARTRE

Jacques Hélian, est militaire, et il est tout excité à l’idée d’aller défendre les piedsnoirs. Ca doit être la même tribu que dans Cœur Vaillant. Je savais pas qu’il y avait des indiens en Algérie…J’ai dû boire trop de grenadine. Il faut encore que j’aille aux cabinets. Jean-Paul n’est plus à son poste d’observation. Il a dû aller se balader. Il fait tellement beau. Une fois sur le palier, j’ai appuyé sur la minuterie et j’ai tourné la poignée des toilettes. Maintenant, je sais ce que mon frangin fabrique dans les WC. Il a oublié de fermer le verrou ce con. Il était tellement saisi de me voir qu’il a lâché Réalités pour se reculotter en vitesse. Les photos cochonnes qui étaient cachées dedans se sont éparpillées alentour. Sacré JeanPaul. Je me doutais bien que c’était pas une histoire d’insectes qui le passionnait à ce point-là. Il a ramassé ses photos d’un air furibard et il m’a bousculée en sortant. - Si tu racontes ça à maman, je te flanque une raclée dont tu te souviendras. T’as compris ? Il avait pas besoin de dire ça. Il me connaît mal, mon frangin. Je suis un peu chipie mais je suis pas cafteuse. Ca m’a donné une idée pour le mater. Après

tout, c’est pas plus mal qu’il pense que je le suis. Du coup, j’ai oublié de faire pipi. Je suis retournée sur le balcon et j’ai continué à regarder le spectacle de la rue.

*

Devant ma mère, je dis jamais de gros mots. Ma mère est très à cheval sur les gros mots. Moi, j’aime ça. Ca explique bien. L’autre jour, j’ai traité Jean-Paul de pédale et de raclure de bidet. Je sais pas exactement ce que ça veut dire mais manque de bol, ma mère avait une portugaise qui traînait et elle m’a entendue. Quelle baffe ! J’ai eu la marque de ses doigts imprimée dans la joue pendant trois jours. J’ai pas pu m’empêcher de chialer. Ca faisait trop mal. Ce salaud de Jean-Paul me narguait, un sourire de triomphe sur sa gueule de faux-derche. Je m’en fous. Pour ça aussi, je me vengerai. Tout ça pour dire que devant ma mère, je moufte pas. C’est petite fille modèle et compagnie. Un autre truc très important pour ma vieille, c’est les nippes. Tout pour la galerie. Il faut toujours

Les musiciens du Mikado déguisés lors d'une soirée gaucho


LE FEUILLETON DE PARIS-MONTMARTRE

que je sois tirée à quatre épingles comme la petite fille qui fait sa sainte nitouche dans la réclame des robes Carabi, avec ses socquettes blanches et ses souliers vernis. Ma mère dit qu’elle me ressemble, blonde comme moi, avec des nattes et une raie au milieu . Les robes Carabi sont trop chères pour nous mais on se débrouille. On achète du tissu chez Reine, au marché Saint-Pierre et Margot, qui fait couturière à domicile, recopie les patrons dans Modes et Travaux ou Femmes d’Aujourd’hui. C’est pratique d’avoir une amie couturière quand on est pauvre. Mes souliers vernis non plus, c’est pas tout à fait ça, mais dans l’ensemble, Jean-Paul et moi, on présente pas mal. L’autre jour, chez le tripier, ma mère aurait été rudement fière. Il y a deux bonnes femmes, une bourgeoise de notre immeuble et une autre que je connaissais pas qui parlaient de moi pendant que j’attendais. Celle de notre immeuble, madame Gerbaut, la femme du notaire du deuxième, disait à l’autre en parlant tout bas : - Elle a bien du mérite, Mme Bobinet. Elever deux enfants dans ces conditions, entassés dans une chambre de bonne avec

Nuit à Pigalle

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son bon à rien de mari. Vieille conne, de quoi je me mêle ! C’est pas là qu’elle aurait été rudement fière, ma mère, c’est après. Quand Mme Gerbaut a ajouté : - Elle est mal logée mais il faut reconnaître, ses enfants sont toujours impeccables. La tripière a marqué le prix du foie de génisse sur notre petite note. J’ai tourné les talons. En passant près des deux rombières, j’ai lancé un claironnant « Bonjour madame Gerbaut. Bonjour madame » avec un grand sourire qui les a fait fondre. En même temps, j’ai déposé en douce un petit morceau de mou, que j’avais piqué pendant que le tripier regardait ailleurs, dans la poche de Mme Gerbaut. Je peux pas l’encaisser, cette pimbêche…

*

A la sortie de l’école, j’hésite. Onze heures et demie. Mon père doit encore dormir. C’est ça qui est chiant quand il travaille. Le lendemain matin, on n’a pas le droit de faire du bruit avant qu’il soit réveillé. On doit déjeuner et s’habiller pour l’école en chuchotant, tout ça dans la pénombre. Aujourd’hui, j’ai vraiment pas envie d’attendre

sur le palier que monsieur se réveille. Je vais aller rue Fontaine et sur le boulevard voir s’il y a de nouvelles photos au Tabarin et à la Nouvelle Eve. On les voit mieux le soir quand elles sont éclairées mais déjà comme ça, on se rend compte. Les costumes me rappellent le Châtelet. J’y vais souvent parce que Margot, en plus de faire couturière à domicile, fait habilleuse là-bas. Quand ils ont joué Le Chanteur de Mexico avec Luis Mariano, je l’ai vu vingt-sept fois. Les costumes des boîtes d’ici ne sont pas aussi beaux mais ils sont plus coquins, avec des strass et des plumes partout. Je sais pas pourquoi, aujourd’hui, ça me rend triste de les regarder. Je me paye un de ces cafards. Il vaut mieux que je rentre. Au Scarlett, ils jouent La Route Napoléon, avec Pierre Fresnay. Je regarde les photos, histoire de traîner un peu. Je monte les six étages comme un escargot, en m’arrêtant sur chaque palier pour écouter ce qui se passe chez les voisins mais les murs sont trop épais et on n’entend rien. Il faudrait une dispute. En arrivant au cinquième, j’entends déjà les Walkyries qui se déchaînent sur le pickup de M. Tomaso. Je sais comment ça


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LE FEUILLETON DE PARIS-MONTMARTRE

s’écrit Walkyries, parce qu’un jour il m’a montré la pochette du microsillon. A force, je commence à trouver ça beau. Wagner, c’est comme tout. C’est une question d’habitude. Je vais m’asseoir une minute pour écouter. Surtout que j’entends des gueulantes qui viennent de chez nous. Pas de doute, mon père est réveillé. Chez M. Tomaso, la musique finit par s’arrêter. A la maison, ça continue à barder. Je vais sur la pointe des pieds jusqu’à la porte. La dispute, c’est à cause d’une croisière que mon père va faire sur le Liberté en juillet-août. Ma mère veut y aller aussi.

Si tu racontes ça à maman, je te flanque une raclée dont tu te souviendras. T’as compris ? - Je te dis que c’est pas possible, il crie. Dans quelle langue il faut te le seriner pour que tu comprennes ? - Je suis sûre que tu aurais le droit de m’emmener si tu voulais, elle glapit. - Où t’as encore été pêcher ça, il mugit. Si tous les musiciens commençaient à emmener leurs bonnes femmes, on n’en sortirait pas. Ils braillent tellement fort tous les deux. Je sens qu’ils vont encore ameuter les voisins. La semaine dernière, c’était à cause de mes affaires de danse. Ca fait deux ans que je prends des cours chez Mme Salomon et j’ai toujours le même collant. Il a filé plus

Le Bal Tabarin vu par le cinéma français en 1958, film de Richard Pottier

d’une fois, et mes derniers chaussons sont tellement troués que Margot a dû leur poser une pièce en daim pour que je fasse pas les pointes sur mes orteils. Pour une fois, ma mère prenait ma défense. Elle a rien contre que je devienne danseuse étoile, il faut bien assurer ses vieux jours. - On n’a pas les moyens, mon père disait. - Mais je lui avais promis pour son anniversaire. Tu ne peux pas faire ça. - Tu sais bien que je n’ai pas travaillé depuis longtemps. Il y a trop de trucs à payer. - Pas tant que ça. - J’ai dit non. On peut pas se permettre. Il a recommencé avec nos moyens. - Les moyens, les moyens. Tu les as toujours pour tes poules, tes cigarettes et tes parties de cartes, les moyens, ma mère a répondu. Et toc. Exactement ce que j’étais en train de

penser. Ca lui a pas plu, à mon père. - Puisque c’est comme ça, je me tire. - Laisse-moi au moins de quoi faire les courses. - T’as qu’à faire marquer. Sa voix s’est rapprochée. J’ai couru me cacher aux cabinets. Je voulais pas le voir. La porte de chez nous s’est ouverte à la volée. Avec ses semelles de crêpe, mon père faisait pas de bruit mais je savais qu’il marchait vers l’escalier. - T’es vraiment un beau salaud, a crié ma mère avant de claquer la porte de toutes ses forces… A suivre…


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DESTOCKAGE Avant fermeture définitive cause retraite

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PAR GRÉGOIRE LACROIX

LES PATATES DE GREG

Des patates qui parlent, on en connait tous... mais reconnaissez que celles-ci ont bien plus d’esprit ! Rubrique signée par Grégoire Lacroix, de l’académie Alphonse Allais.

Il n'y a qu'en criant juste qu'on peut faire taire ceux qui chantent faux. • La stratégie est à la tactique, ce que le haut-de-forme est à la casquette. La vérité résulte parfois d'un cumul de mensonges qui se compensent. La fin justifie les moyens mais pas les médiocres. • Quand la vertu s'empare du pouvoir le bourreau se frotte les mains. • Quand le cul de sac débouche sur une impasse on peut considérer que la situation est sans issue. • Il faut se laisser dépasser par les évènements, ça permet de les voir de dos.

Isabelle, 22 février

Nous tous on l’aime bien cette chère Isabelle Mais on dirait qu’elle veut arrêter d’être belle. Ainsi, pour carnaval, et ça c’est un symptôme, Elle s’est, tout simplement, déguisée en fantôme. Moralité : Isabelle fait gore.

Rémi, 15 janvier

Rémi est très heureux de chanter en chorale Mais parfois, certains soirs, l’accord est inégal On se tourne vers lui disant « tu chante faux » Pourtant son « ut » est juste et n’est pas en défaut. Moralité : La mi ré mi a bon do

Claude, 25 janvier

Claude était reine de beauté Partout félicitée et toujours admirée Mais le temps, si cruel, ne l’a pas épargnée Maintenant elle est seule et déjà oubliée. Moralité : Déconfiture de Reine Claude.


ENTRE COUR ET JARDIN

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LES COMPTINES DE CAPUCINE ET L'ANNIVERSAIRE DE CAPUCINE

CONCERT A SAINTDENYS DE LA CHAPELLE PAR L’ENSEMBLE ARTE-MEDIA ET LE CHŒUR DES ABBESSES – LE 22 JANVIER 2017 À 16H30

Photo D. Kruger

Programme : Bach, Mendelssohn, Vivaldi, Gounod Direction : Jérôme BOUDIN CLAUZEL (Ensemble Arte-Media) Et Mathieu SEMPÉRÉ (Chœur des Abbesses) - Au piano Jeyran GHIAEE apucine a perdu son doudou, un C petit lapin au doux nom de Filou. En fait, il s'est enfui de la maison. Elle part

à sa recherche. La pièce se rythme de chansons connues, de comptines et de danses, évoluant dans un décor judicieusement coloré et une infinie poésie… Capucine a 3 ans et s'enchante de son futur goûter d'anniversaire avec ses amis. Bien sûr l'incontournable gâteau est prévu. Mais où sont les bougies ? Ses amis vont venir l'aider à les retrouver : un escargot, un hérisson, une araignée... C'est l'occasion d'une promenade féerique dans le jardin. Lors de ces deux spectacles, les enfants s'émerveillent et les parents entrent dans cet univers avec eux, facilement. Les comédiennes Stéphanie Pierron et Aude Lanciaux, qui jouent en alternance le rôle de Capucine, entrent en communication avec les tout petits, transmettant le monde de l’enfance avec justesse. ALEXANDRE VAZ Alexandre Vaz est un metteur en scène pour les spectacles s’adressant au jeune public, de 1 à 6 ans. Fondateur de la compagnie « Dans les décors », il a été révélé au public il y a plus de 14 ans avec ses pièces Aladdin et le génie de la lampe, Margot Magic show, et les différentes pièces de Capucine. Un répertoire de plus de 10 spectacles joués dans toute la France et à l'étranger.

POURQUOI CET INTÉRÊT POUR LE THÉÂTRE JEUNE PUBLIC ? Cela m'a toujours intéressé. Mais cette révélation s'est produite lors de la naissance de ma fille. Je me suis intéressé d'une façon approfondie à la mise en scène du théâtre pour captiver les tout-petits, notamment en communiquant beaucoup avec les professionnels de la petite enfance.

Paroisse Saint-Denys de La Chapelle 16, rue de la Chapelle - 75018 Paris – M° Max Dormoy - Prix des Places : 10 euros – gratuit pour les moins de 14 ans www.choeurdesabbesses.fr

COMMENT CAPTIVEZ-VOUS VOTRE JEUNE PUBLIC ? Par une histoire qui leur ressemble, en prise avec leurs centres d’intérêts, en accentuant bien tous les aspects visuels. Tout doit être ludique, de la chorégraphie au décor en passant par le chant, la lumière, dans une variété de scénographies. Alexandre Vaz est un metteur en scène passionné dont le talent n'a pas fini de nous surprendre, petits et grands ! Idéal pour passer un joli moment avec les enfants, pendant les Fêtes. Michèle Clary LES COMPTINES DE CAPUCINE Les samedis à 11h + exceptionnelles les 20, 22, 27 et 29 décembre A la COMÉDIE DE PARIS 42, rue Pierre Fontaine 75009 Paris Téléphone : 01 42 81 00 11

A ne pas manquer : dernière date de l’année pour le spectacle «  Pattika chante Paris  », le 17 décembre, à 18 heures, au théâtre Pixel. Un voyage au pays

de la chanson, des standards de Paris aux compositions originales de Pattika, balançant entre humour, émotion et poésie onirique. Accompagnement piano de François Debaecker, dans l’ambiance intime à l’esprit cabaret du Théâtre Pixel. Théâtre Pixel 18, rue Championnet 75018 Tél. : 01 42 54 00 92


ENTRE COUR ET JARDIN

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LES PRIMAIRES… DES PRIMATES SE JOUENT AUX DEUX ÂNES Mailhot qualifie dans un récent Jl’onacques article du Figaro de « trésor national que ne discute pas ! », le Théâtre des Deux Ânes, dont les locaux sont d’ailleurs inscrits à l’inventaire des Monuments historiques… Le Maître chansonnier Jacques Mailhot, en homme cultivé, y fait vivre en excellence la tradition du genre dans l’esprit et la continuité de Pierre-Jean Vaillard, Maurice Horgues, Jean Amadou ou Anne-Marie Carrière qui savaient si bien marier avec élégance le français, la rime et l’humour. Autour de lui, Jacques Mailhot réunit dans sa nouvelle revue : Florence Brunold, Emilie-Anne Charlotte, Gilles Détroit, Michel Guidoni et Jean-Pierre Marville. Si notre personnel politique est parfois fortement

POLITIC CIRCUS 2017 AU THÉÂTRE DES 2 ÂNES vec son hilarante ménaA gerie politique du « Politic Circus », Paul Dureau occupe

seul la scène de ce lieu mythique, le dernier des grands théâtres de chansonniers. Il y flotte l’esprit des plus grands chansonniers à la française : Guitry, Grello, Amadou, Vaillard, Dorin, Mailhot …. Smocking impeccable, humour percutant, brillant, pour nous présenter une satire politique de la campagne des élections présidentielles 2017. Les français, qui adorent rire de la politique, vont se régaler : analyses humoristiques de l’actualité, sketchs, chansons, imitations sont au rendez-vous d’un spectacle qui transforme en larmes de rire les sanglots de l’actualité. De Hollande à Sarkozy… De Juppé à Macron… De Joey Star à Nabilla… Tout est passé au crible sans interruption –

un non-stop qui relève de la prouesse. Avec Paul Dureau, c’est une heure trente de rire garanti, d’humour assuré « Toujours gaulois ! Jamais grivois ! » Dans la lignée de Thierry Le luron, Paul Dureau s’affirme comme un jeune artiste de 21 ans aux multiples talents d’auteur, de chansonnier, d’imitateur, de chanteur. Bravo Paul, continue de nous offrir ce superbe talent sous le signe de la Liberté, de l’Egalité et de l’Hilarité ! Marie-France Coquard POLITIC CIRCUS 2017 THEATRE DES DEUX ÂNES Dimanche 18H00-LUNDI 20H30 100, boulevard de Clichy 75018 PARIS 01 46 06 10 26 www.2anes.com

brocardé, jamais vulgairement, actualité oblige, l’Amérique n’est pas oubliée, et ce n’est pas fini ! La revue est superbe, Mailhot est comme toujours égal à lui-même, Michel Guidoni excelle dans ses imitations et Gilles Détroit se perd entre les subtilités de sa feuille d’impôt ou l’usage de sa tablette qu’un enfant de sept ans, lui, sait manier avec une grande facilité ! Jean-Paul Bardet THEATRE DES DEUX ÂNES 100, boulevard de Clichy 75018 Paris Téléphone : 01 46 06 10 26 www.2anes.com


ENTRE COUR ET JARDIN

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PETER PAN FAIT SON ENVOL À BOBINO RENCONTRE AVEC GUY GRIMBERT ET MARTINE NOUVEL

Avez-vous un autre projet en cours ? Oui, je suis en plein préparatif, mais cette fois-ci ce ne sera pas une adaptation mais une création. Martine Nouvel, auteur, adapte les textes au théâtre à la demande de Guy Grimbert depuis 2001. Martine, qu’est ce qui vous a amenée à l’adaptation de Peter Pan ? La lecture du livre, qui m’a fascinée et bien plus que le dessin animé ! J’ai trouvé le texte très riche. Guy m’a entraîné dans cette aventure !

P

eter Pan, le petit garçon qui vole et refuse de grandir… Le chef-d’œuvre de James Matthew Barrie a fasciné notre enfance. Ce conte est adapté au théâtre de Bobino par Guy Grimberg, accompagné de Martine Nouvel pour l’adaptation du texte. Tous les personnages autour de Peter Pan : Wendy et ses frères, la fée Clochette, Lily la tigresse, le capitaine Crochet, ajustent leurs rôles dans une harmonie évidente. Ils dansent, chantent pour nous faire voyager dans le pays imaginaire. Tout cela éveille un grand registre d’émotions. Chaque scène s’attache au souci du détail. Des batailles à mort s’enchaînent contre des pirates, le capitaine Crochet – le thème de la mort est évoqué sans ambages. Et la réussite se voit dans la salle, où les adultes autant que les enfants sont visiblement fascinés. En sortant de Bobino, il nous semble soudain possible de s’envoler, là-haut ! En atterrissant, j’ai rencontré un magicien : Guy Grimbert. On lui doit, depuis une vingtaine d’années, des spectacles enchanteurs inspirés de pièces ou textes de Pierre Gripari, ou de grands contes comme La Belle et la Bête, Blanche Neige... Guy, quel est l’origine de votre parcours ? C’est en lisant des histoires à ma filleule de 4 ans que tout a commencé. Dans une librairie spécialisée pour enfants,

je suis tombé sur Les Contes de la Sorcière du placard à balais, adaptés au théâtre par l’auteur lui même, Gripari, et là je me suis dit : c’est ça que j’ai envie de faire. Du coup, j’ai changé de métier ! Je suis devenu producteur… Vous êtes producteur, mais aussi comédien, vous dessinez aussi les décors, les costumes, vous écrivez la musique ! C’est une passion ! J’avais envie de m’occuper entièrement de ce spectacle. Mais bon, quand même, je m’entoure d’autres personnes pour tout ce que je ne sais pas faire ! Pourquoi une adaptation de Peter Pan ? C’est un personnage qui me touche : depuis que je suis petit, il me fait rêver ! Quand j’ai lu le livre, j’ai éprouvé un vrai de coup de foudre ! Quel est votre meilleur souvenir ? A la fin de la première, j’étais derrière le rideau et tous les comédiens pleuraient d’émotion ! Cela représente un travail énorme, une préparation de deux ans.

Comment se conçoit une adaptation théâtrale ? Pour adapter, il faut plutôt ressentir l’ambiance et en construire un puzzle. C’est assez facile car il y a beaucoup de petites scènes et des dialogues. Je suis obligée de faire des choix. Je rature, je recommence. J’ai aussi créé une scène qui n’existe pas. Auteur, ce n’est pas mon métier, je suis une autodidacte. Pour tout dire, j’écris le dimanche après-midi. Une passion ! Votre meilleur souvenir ? C’est au balcon de Bobino, voir les visages et les expressions des enfants qui vivent toutes les émotions ! Egalement vivre l’ambiance de la troupe avant et après la pièce... Propos recueillis par Michèle Clary BOBINO 14-20, rue de la Gaité 75014 Paris Tél. : 01 43 27 24 24


ENTRE COUR ET JARDIN

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FREDDY VIAU

MET EN SCÈNE LES DIVALALA vocale, humour et PLeserformance émotion ! Plus femmes que jamais, Divalala sont de retour pour une redécouverte décoiffante de grands tubes de la Variété. « Femme, Femme, Femme », leur nouveau spectacle, nous entraîne au cœur d’une nuit d’errance, de fièvre et de fête. Les Divalala, reines de l’a cappella, osent toutes les audaces musicales et chantent la femme dans tous ses ébats, d’Ophélie Winter à Dalida, de Régine à Beyoncé. Elles sont mises en scène avec maestria par Freddy Viau.

RENCONTRE AVEC FREDDY VIAU Comment avez-vous rencontré l’univers théâtral, et quel fut votre parcours ? J’ai gravi les marches pas à pas : je viens d’un petit village de Champagne et je n’ai pas côtoyé le théâtre dans mon enfance. Mais j’ai toujours eu envie de raconter des histoires et, à partir de 16 ans, j’ai commencé le théâtre amateur. Je me suis dit : « Je veux vivre par ces émotions-là tous les jours… » Je suis parti à Paris tout seul sans connaître personne : petits boulots, cours de théâtre, puis j’ai monté une première compagnie : Parciparla. Le chemin a été long. Car, dans les écoles de théâtre, vous apprenez la scène artistique mais pas comment le milieu fonctionne, qui sont les personnes clefs, les décideurs, comment monter une compagnie ou vendre un spectacle. Toute une expérimentation est nécessaire : un chemin lent, laborieux, étape par étape, mais qui correspond à ma personnalité. Je ne suis pas quelqu’un d’extraverti, je suis aussi assez timide. Je savais que ma carrière prendrait du temps. Il fallait être patient. Vous êtes comédien, auteur de théâtre, parolier, metteur en scène : comment faites- vous pour développer tous ces registres ? Je fonctionne en alternance : tantôt je suis auteur, adaptateur, metteur en scène, comédien… D’instinct, j’ai compris qu’au théâtre tout se reliait, l’écriture, la mise en scène et le jeu… Ce lien m’a tout de suite

intéressé. Je me suis formé dans les trois disciplines en parallèle. Comment vivez-vous cette alternance ? Quand je quitte l’une de ces fonctions je suis un peu triste car, tout de suite, les autres domaines me manquent. Ces derniers temps, j’ai un peu moins joué et j’éprouve un vrai manque. J’essaye de ne jamais abandonner trop longtemps l’une de ces activités ! Quand je mets en scène, je ressens aussi dans ma « fibre » de comédien comment la pièce s’interprète – la notion d’écriture ou de jeu est aussi présente dans la mise en scène. Tout se connecte. Avez-vous des préférences à exercer l’un ou l’autre de ces métiers ? Ce sont des joies, des responsabilités, des pressions diverses. Quand vous êtes metteur en scène, vous voilà comme un capitaine de bateau ! Il y a la pression de la finalité du projet, la responsabilité de tout, il faut coordonner sans faille. La vocation du metteur en scène est de construire : après seulement il profite, il regarde un peu plus loin ce qui se passe sur la scène. Il n’est jamais en retour direct et d’ailleurs personne ne le connaît… Indispensable : la patience, la pédagogie et insuffler la dynamique d’équipe. Ah oui, beaucoup de pression, mais c’est excitant ! Le comédien, lui, a le plaisir de retrouver la joie de l’enfance, la spontanéité. Il se pose beaucoup de questions, rien n’est facile. En tout cas, il y a une sorte d’innocence et de plaisir immédiat. Il récupère tout de suite frontalement ce qu’il offre. L’écriture : une création pure, c’est très difficile, je souffre beaucoup quand j’écris et paradoxalement c’est là que j’éprouve le plus de plaisir. C’est plus une introspection intime. Pourquoi l’écriture se distingue-t-elle ainsi pour vous ?

La fascination de partir de rien et de faire naitre quelque chose ! Etre à la base de tout, c’est très intense comme émotion. Le comédien, en vous, aide-t-il le metteur en scène que vous êtes ? Beaucoup ! Je ne vais pas sur le plateau pour guider les comédiennes mais j’essaye de trouver les mots pour les amener à leur manière propre de faire vivre le texte. Ces deux métiers sont complètement connectés avec mon interprétation. Aussi, je suis conscient qu’en tant que comédien je ferais beaucoup moins bien que les interprètes qui le font devant moi. Quelques mots sur votre nouveau spectacle chanté des « Divalala » ? Une particularité des Divalala, c’est que nous sommes dans la grande lignée des interprètes. Elles aiment la chanson française et le sens donné. Elles ne se situent pas seulement sur la musicalité, mais aussi sur le sens. Ces comédiennes ont une palette de jeux diversifiés dans leur interprétation. Propos recueillis par Michèle Clary THÉÂTRE TRÉVISE 14, Rue de Trévise 75009 Paris Tél. : 01 45 23 35 45


HOMMAGE

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HOMMAGE À NOTRE ARTISTE MONTMARTROISE

SYLVIE LENFANT

J’ai rencontré Sylvie Lenfant à l’Atelier montmartrois, rue Feutrier, où elle donnait un cours collectif de sculpture… Ce fut un émerveillement de partager ces moments où Sylvie vivait la passion de son art et cette subtile transmission à ses élèves. J’ai senti très fort cette entente tacite, un sentiment d’estime, d’admiration, cette reconnaissance du

SON HISTOIRE…

professeur… Avec joie,

D

nous sommes convenues d’un autre rendez-vous. Mais cette date allait correspondre, dans l’effroi le plus absolu, à celui de ses obsèques. Sylvie Lenfant s’en est allée le 22 octobre 2016 à l’âge de 58 ans. Sa famille, son compagnon, tous ses amis, ses élèves, les parents d’élèves ont été tout à fait désemparés par cette disparition soudaine.

’abord monteuse de cinéma, Sylvie emprunte ensuite un autre chemin, cette fois artistique, en suivant des cours dans l’atelier de Philippe Seen, à l’Ecole des Arts Appliqués Dupperré. Puis à l’Université Pierre et Marie Curie à Paris. Sylvie a su rencontrer sa Voie, soulevée par la passion du modelage et de la sculpture, du moulage, du dessin… Elle obtient brillamment par la Société d’Encouragements aux Métiers d’Arts un stage pendant un an aux Ateliers du Louvre. Là, l’exceptionnel, le prestigieux se pro-

duisent pour peu d’élus : Sylvie œuvre sur des restaurations de statues, crée des moulages sur des originaux et notamment sur une œuvre monumentale d’Alfred Boucher. Autre séquence de recon-

naissance, après que la Mairie du 18ème avait fait appel au Collectif d’Artistes : c’est ainsi que Sylvie s’engage comme sculpteur dans une école maternelle de la Goutte d’Or. Là, elle a réalisé une fresque avec les enfants,


HOMMAGE

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nous imaginons parfaitement le merveilleux qui s’insuffle de cette création où le « tous ensemble » du lien et du partage se concrétise autour de l’œuvre commune. Elle animait aussi un Atelier d’Arts Plastiques dans un lycée parisien. Depuis 2006 elle donnait à des enfants comme à des adultes des cours de dessin, de modelage et de moulage dans l’atelier de la rue Feutrier. En assistant à un cours de Sylvie, tout de suite vous compreniez combien son sens de l’observation était omniprésent : outre la technique pour créer le mouvement, les expressions, elle traduisait par son art une émotion particulière. La passion de Sylvie doublée de son talent donnait vie à un buste de terre cuite ou de plâtre sous un indicible enchantement. Christophe, un parent d’élève : « Sylvie, la libre penseuse, la libertaire. Un petit bout de femme en apparence, un cœur grand comme un univers. Dans son atelier nos enfants y ont usé leurs shorts, ont fait leur premier dessin, leur premier modelage. Elle les accompagnait en les maintenant toujours éveillés à l’observation et la magie du volume. Ses élèves, elle les connaissait mieux que quiconque. Son souvenir sera toujours présent ! » Michel Prskawiec, un ami sculpteur qui partageait avec Sylvie la même passion et le même atelier, laisse entendre le silence d’un insondable chagrin. Tous les témoignages sont unanimes : Sylvie une femme de cœur, une femme de caractère, une battante. Elle aimait beaucoup les enfants. Ces derniers le lui

rendaient bien… mais pas seulement, les adultes aussi ! Une élève venait même de province pour suivre ses cours. Mais outre l’enseignement de son art, il se doublait en même temps d’une leçon de vie pour se respecter voire s’accepter les uns les autres… Sylvie a eu cette merveilleuse réussite de transmettre sa passion et aussi l’Art de vivre… Malgré sa cruelle absence, nous devons continuer à faire grandir ces chemins artistiques qu’elle nous a fait découvrir. Sylvie Lenfant estera une figure montmartroise inoubliable. Joignons nos pensées pour elle et ceux qui sont aujourd’hui dans le chagrin. Mais une

émotion nous porte vers le haut comme une étoile lumineuse dans le ciel… Nous la revoyons pleine de vie artistique quand nous passons devant l’Atelier, 26 rue Feutrier… Michèle Clary

Sylvie dans son atelier dessin de Thierry Charpentier


LE CARRÉ AUX ARTISTES

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SINI MANNINEN La Fille des neiges

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a place du Tertre, souvent dé- lumière d’une fraîcheur préservée et d’une criée, a pourtant accueilli depuis bienveillance profonde. les années 60 bien des artistes Lorsqu’on écoute son compagnon, le peintre de talent, au parcours original. Jacques Blank, toujours en activité sur la Cette galerie en plein air demeure unique en place du Tertre, on entend d’abord l’admirason genre et son charme opère toujours sur tion professionnelle – celle du peintre pour le les milliers de visiteurs, en dépit des dérives talent d’un autre peintre – et le désir de paret des facilités propres aux sites hautement touristiques : on ne s’étonnera pas, dans un tel contexte, d’y rencontrer plus de tableaux «  souvenirs  », apparentés à un artisanat d’art, que de chefs-d’œuvre appelés à rejoindre les cimaises des musées. Il n’en reste pas moins vrai que des œuvres de qualité, traduisant une véritable exigence esthétique, ont été exposées, le sont toujours et le seront encore sur cette place à nulle autre pareille, principal pôle d’attractivité de la Butte. Sur le plan humain, aussi, bien des destins s’y sont noués, pour des artistes venus parfois de lointains pays, aimantés par le mythe. Parmi les artistes disparus qui ont œuvré, au sens propre du mot, sur le « carré aux artistes », Sini Manninen fut l’une des figures marquantes de cet art si particulier qu’on appelle « naïf ». Art populaire par excellence, comme la chanson, mais pas « populiste », qui nécessite de la part de l’artiste une sensibilité poétique originelle et un La pharmacie de Catherine et Frédéric Loup, rue Cortot authentique regard d’enfance porté sur le monde – qualités sans lesquelles tager le bonheur que procure la contemplace genre n’est plus que séduction mercantile tion d’une œuvre aux vertus apaisantes, une et sans âme. Les tricheurs n’y ont pas leur œuvre qui ré-enchante l’âme et l’esprit. Puis, place. au fil des confidences, on découvre la belle Sini Manninen fut et demeure l’une des meil- histoire d’un amour basé sur le respect et leures représentantes de cette façon si pure l’admiration, avec ses aléas, bien sûr, mais de regarder les êtres et les choses, à la qui ne s’est jamais dissous au fil du courant,

même après la mort de Sini. Aujourd’hui, Jacques aime l’évoquer, la dessiner avec les mots, et l’on comprend qu’elle demeure son intime compagne dans le secret du cœur et de la solitude. Il vous rapporte en souriant leur rencontre, avec son talent de conteur, et c’est une histoire presque « Lelouchienne », entre Un homme et une femme et L’aventure c’est l’aventure. Car Jacques le baroudeur, Jacques le marin en a vu de toutes les couleurs, avec son goût rimbaldien de la « liberté libre », du voyage et de la bohème. Enfant de la Butte, poulbot grandi sur les pavés de la place du Tertre à l’ombre des premiers chevalets, mais vite parti à la découverte du monde, l’aventurier rencontre la jolie Sini à Oslo, dans l’auberge de jeunesse où travaille alors cette Fille des neiges… « J’avais navigué sur un cargo danois, où j’avais du remplacer le premier maître à la barre. Cette halte sonna pour moi l’heure de la rencontre qui marqua ma vie. Elle était différente des autres, aux antipodes… Son regard perdu m’a tout de suite accroché ». L’atmosphère étrange de l’auberge vide, le silence de la neige qui ouvre aux sensations de rêve éveillé, imprègnent ces premières scènes romanesques de leur rencontre. « Le lendemain, je l’ai vue descendre le chemin verglacé sans glisser. Nous étions quelques jeunes dans cette auberge, un peu perdus, j’avais une guitare. Voulait-elle se joindre à nous ? Non, elle préférait rester seule… Je suis parvenu à l’apprivoiser… Elle fut assez folle pour me suivre aussitôt, sans hésiter, moi qu’elle ne connaissait pas,


LE CARRÉ AUX ARTISTES

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sur la route de l’aventure. Assez folle pour me suivre ensuite dans la vie, et nous avons fait le chemin ensemble. » D’abord, Jacques l’avait prise pour une simple employée de l’auberge – sa discrétion – puis, stupéfait, il l’avait vue dessiner sur une nappe en papier un dessin d’une force

Sini Manninen fut et demeure l’une des meilleures représentantes de cette façon si pure de regarder les êtres et les choses, à la lumière d’une fraîcheur préservée et d’une bienveillance profonde. impressionnante. « Elle m’a coupé le souffle, avec son dessin ! » Jacques apprit ainsi que la jeune Finlandaise avait étudié cinq ans aux Beaux-Arts à Helsinki. « Mais que fais-tu à travailler dans les cafés, les hôtels ? » Elle lui répond simplement qu’elle y était logée, nourrie et payée. Et que c’était l’endroit idéal pour préparer une exposition ! « Par la suite, j’ai trouvé une galerie où nous pouvions exposer, et j’ai rencontré un journaliste qui acceptait d’annoncer l’exposition dans un quotidien important. En ouvrant le journal, le lendemain matin, j’ai été déçu en constatant qu’il nous avait placés en deuxième page, et je l’ai appelé, en colère, lui qui nous avait promis la meilleure place ! Avant d’apprendre qu’en Norvège…la deuxième page était la page noble ! Toujours une affaire de culture… Ensuite, nous avons embarqué sur un troismâts en partance pour le Danemark, logés et nourris, invités par le capitaine… J’ai appris à la découvrir au fil du voyage. Elle me parlait de son père qui était pasteur, de sa sœur et de ses trois frères. Elle avait du cœur, de l’indulgence. Elle savait aimer ; pardonner, pour elle, n’était pas un vain mot.» Souvenirs de voyages, en stop ou en ba-

teaux, un ferry en clandestins, une maison en bois posée sur un rocher, où elle avait grandi, paysages et images d’un bonheur qui s’avance. Jusqu’à l’appartement montmartrois de la rue du Chevalier de la Barre, où le couple s’installe. Ils poseront alors leurs chevalets côte à côte, sur la place du Tertre, devenue leur port d’attache. Sini multipliera les expositions, à Paris, en France à l’étranger, imposant avec sa grâce familière un art dont le charme ne cesse d’opérer et de séduire ceux qui le découvrent – une œuvre qui lui survit et dévoile avec pudeur, au travers de scènes quotidiennes et magiques à la fois, l’âme de la petite Finlandaise, la Fille des neiges devenue montmartroise. Jean-Manuel Gabert


LES NOUVELLES DU CIEL

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hiver 2017 Vos Nouvelles du ciel de l’hiver 2017 C’est sous un jardin d’hiver tapissé de blanc, que nous allons arborer cette période, avec un zest de froideur. Le temps est aux grandes métamorphoses, celle d’une nouvelle conscience vibratoire qui agira tel un véritable tsunami. Ce début d’année sera principalement marqué par la conjonction Soleil/Pluton en Capricorne, au carré d’Uranus en Bélier, qui associe le caractère passionné du moment. Donne une sensibilité aux courants collectifs, vague sociale en lutte. Lames de fond d’une société en désordre, il est à craindre des tensions entre une conscience morale et des pulsions primitives excessivement destructrices. Tout cela sera causé par le duel Soleil/Pluton qui sera confronté à l’agressivité d’Uranus. Cela va se traduire par une migration climatique intense, car après les catastrophes humaines, viendront celles du climat (activité sismique intense). Cette année sera marquée par l’élection présidentielle française et, à ce titre, elle sera bleu blanc rouge !

Sophia Mézières

Bonne et heureuse année à tous, soyez les semeurs de votre vie !

a Bélier du 21 mars au 19 avril Dès le 4 et 5/01, vous pourriez être porté par la

conjonction Lune/Uranus qui tend à discipliner votre manière de vivre, comme si un besoin se faisait sentir de mieux organiser sa vie en allant à l’essentiel des choses. Une nécessité d’aller vers plus d’authenticité. Sur le plan professionnel, vous aurez l’occasion de propulser vos actions en donnant le meilleur de vousmême. Si vous êtes artiste, vous serez sans doute très inspiré par l’actualité. Portez des roses bonbons et des bleus azurs.

b Vous devrez doper votre capital confiance afin de Taureau du 20 avril au 20 mai

parvenir à vous hisser au top dans de nouvelles aventures. Le temps est venu d’affronter les grandes mutations et les changements seront nombreux cette année. A commencer par votre habitat qui pourrait bien lui aussi subir bien des transformations. A moins qu’il ne s’agisse de construire votre havre de paix dans un nouvel endroit. En amour, vous afficherez une image de vous davantage conquérante. Osez vous mettre en avant en portant des couleurs telles que les verts nature et jaunes soleil.

c h Une année compliquée mais qui s’annonce passionnelle. Il vous faudra patienter jusqu’à la rentrée 2017, pour Gémeaux du 21 mai au 20 juin

Scorpion du 23 octobre au 21 novembre

Et c’est en fanfare que vous débuterez cette année, avec des vibrations positives et pétillantes. Mercure, votre planète, vous donnera le sens des affaires et du commerce. Les voyages, grands et petits, vous procureront un sentiment d’extase et de folie douce. Le domaine financier ne sera pas mis sur la touche, bien au contraire. Vous devriez dès le printemps faire de belles récoltes. Il faudra cependant avoir du flair afin d’éviter les pièges de l’existence. Portez des couleurs roses et bleus !

daigner avoir la visite de Jupiter, qui se fera la vertu de vos actions. En attendant, ce début d’année sera en mode vibration. Votre sens intuitif sera décuplé par le trio Mars/Neptune et Vénus. Il vous fera voir la vie en couleurs. En amour et au travail, vous serez inventif. Vos bonnes idées feront l’unanimité, car tous les ingrédients seront réunis. A vous d’orienter votre destin vers des horizons plus oniriques. Mise en lumière de vos amours. Portez des noirs, roses et rouges.

d Vous parviendrez à bousculer vos habitudes afin

i Tel un Lion, vous commencerez cette année en

e Gare aux impondérables qui risquent, dès les

j Une nouvelle année où la rançon de la gloire devrait

Cancer du 21 juin au 22 juillet

d’élargir votre champ de vision. Que ce soit dans le domaine familial, professionnel ou financier, vous n’aurez qu’un seul objectif cette année : consolider vos murs porteurs. Votre astre lunaire saura vous orienter vers les bonnes directions. Vous ferez ainsi un pied de nez aux rumeurs qui disent que vous n’êtes pas ambitieux. Votre vie de couple pourra à un certain moment vous donner des sueurs froides, mais dans l’ensemble, elle vous donnera des satisfactions. Portez des orangers et des blancs.

Lion 23 juillet au 23 août

premières semaines de l’année, d’occasionner quelques montées d’adrénaline. Que ce soit sur le plan personnel et financier, soyez le plus possible dans l’équilibre et la paix intérieure. Cela vous aidera à passer les orages du temps. La conjonction Soleil/ Pluton au carré d’Uranus peut faire mal et amorcer une période de transition ou de mutation profonde. C’est en faisant un grand travail sur soi, que vous parviendrez à triompher. Portez des verts menthes et jaunes citronnés.

f On peut dire que cette année dans votre secteur pro, Vierge du 24 août au 22 septembre

vous serez un des maillons forts au sein de votre équipe et on pourra compter sur vous et sur vos compétences pour redorer le blason de vos ambitions. Vous donnerez le meilleur de vous à travers une ardeur qui vous permettra de soulever des montagnes. Dans votre vie de famille, ce sera avec le même enthousiasme que vous mènerez les combats. Votre caractère passionné sera la colonne vertébrale de votre structure de vie. Portez les acidulés bleutés et orangers.

g Faire de l’art de vivre une priorité vitale. Avec Jupiter Balance du 23 septembre au 22 octobre

dans votre secteur, il ne sera pas toujours facile d’œuvrer. Mais grâce à votre flegme et à votre pugnacité, vous devriez parvenir à dépasser les obstacles. Un début d’année marqué par l’activité du carré solaire, qui ne devrait pas favoriser les imprévus. Soyez davantage organisé dans vos démarches, car les affrontements seront bien réels. Les relations familiales seront hyper tendues avec certains membres. La zénitude sera votre meilleure arme. Portez des violets et jaunes.

Sagittaire du 23 novembre au 21 décembre

rugissant de plaisir. Libre d’écrire un nouveau chapitre de votre livre de vie à votre guise. Vous serez tout au long de l’année le scénariste et l’acteur de vos choix. Côté professionnel, il peut même être question d’un avancement ou d’une prise de responsabilités. En amour, Saturne scelle dans la pierre vos histoires de cœur et vous serez plus que jamais aux anges. Vous aurez su retrouver l’harmonie à votre bien-être intérieur. Côté couleurs, portez de la sobriété, noir et blanc feront bon ménage.

Capricorne du 22 décembre au 19 janvier

frapper à votre porte, à moins que n’ayez encore à vous alléger d’un karma pas toujours facile à vivre. Cette année, avec le trio Soleil/Pluton/Mercure, vous devriez développer de nouveaux champs d’expérience. Le monde de la littérature, des arts et des études, vous permettra d’expérimenter de nouveaux projets. La meilleure stratégie à réaliser pour triompher est d’être dans le sens de la justice et de l’équité. Soigner son passé pour gagner sur son futur. Portez de la couleur !

k

Verseau du 20 janvier au 18 février

Vivre selon vos envies du moment, voici une belle philosophie que vous prendrez plaisir à cultiver au quotidien. Fini les vieilles révoltes avec vous-même, les nouvelles vibrations donneront un nouveau sens à votre vie. La toile de fond pour cette nouvelle année vous ouvrira les portes vers des horizons beaucoup plus colorés. Au travail, attendez-vous à être sollicité pour un projet novateur. En amour, vous planerez dans une musique douce, mais aussi parfois, dans un flou artistique total. Portez des bleus et du kaki.

l Le premier semestre de l’année vous promet bien des Poissons du 19 février au 20 mars

remous qu’il vous faudra gérer d’une main de maître. Le trio Mars/Neptune/Vénus sera votre talisman astral gagnant dès les premières semaines de l’année afin d’asseoir votre autorité. Il vous permettra d’ancrer les fondations pour une nouvelle vie. C’est surtout le domaine spirituel qui sera pour vous source de sagesse et de paix intérieure. Il vous permettra de cibler vos actions. En famille, il sera nécessaire d’être en parfaite harmonie avec vos proches. Portez les mauves et les bleus pétroles. A bientôt pour découvrir vos nouvelles du Ciel… ! Zodiacalement Vôtre… !

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'association Internationale des musiciens Lfrançaise, de la rue organise la semaine de la chanson à Paris, du 31 janvier au 5 février. Il y

en aura pour tous les goûts, du rock à la complainte, des chansons d’hier et de demain. Un événement sans précédent dans la capitale : plus de 2000 concerts programmés pendant cette semaine, où le public pourra se rendre dans plus d'une trentaine d'établissements avec un pass journalier qui permettra d'aller de salle en salle pour écouter les concerts (le pass une journée : 15e le pass 1 semaine : 70e). Les pass seront en vente à partir du 22 décembre. La semaine de la chanson française comportera deux volets : 100 ANS DE CHANSON FRANÇAISE DE 1900 À 2000, qui fera revivre une cinquantaine d'artistes aujourd'hui disparus :

Joséphine Baker, Charles Trenet, Jean Sablon, Rina Ketty, Lucienne Delyle, Guy Béart, Yves Montand, Edith Piaf, Henri Salvador, Barbara, Gilbert Bécaud, Georges Brassens, Serge Gainsbourg, Pierre Bachelet, Michel Delpech, Michel Berger, Nino Ferrer, Claude François, Eric Charden, etc. MOMENTS FORTS : • Un super show Dalida venu des USA, le 4 février, et un « spécial Johnny sans le vrai » qui devrait ravir les fans, le 5 février. • Un Golf Drouot éphémère où se retrouveront groupes et chanteurs qui ont animé ce lieu culte : Les Forbans, les Vagabonds, Au Bonheur des Dames, etc. • La chanteuse, auteur et interprète Pattika, bien connue de nos lecteurs, qui donnera deux concerts : Edith Piaf le 31 janvier à la

salle de concert Main d'Œuvres et ses propres compositions le 3 février au Bateaufar. Et encore : Jean Lapierre, et la Compagnie des canailles. LES TALENTS D'AUJOURD'HUI ET DE DEMAIN : à découvrir plusieurs centaines de groupes et de chanteurs (euses) venus de toutes les régions françaises et de Belgique pour animer cette semaine blanche musicale. Un programme sera édité répertoriant tous les lieux participant à la Semaine de la chanson française, les concerts, les dates et les horaires. Tous les spectacles, ainsi que les endroits où le public pourra acheter les pass, seront aussi mis en ligne dès le 27 décembre sur le site : www.musiciensdelarue.org

UN ACCUEIL TOURISTIQUE RENFORCÉ POUR PARIS ET L’ÎLE-DE-FRANCE Afin de renforcer la qualité de l'accueil dans un contexte de crise du secteur touristique en Île-de-France, Valérie Pécresse, Présidente de la Région, a décidé de déployer des agents d’accueil volontaires sur les principaux sites touristiques de la destination : Montmartre, les grands magasins du boulevard Haussmann, la Tour Eiffel, le musée du Louvre... Vincennes, Versailles, Saint-Germain-enLaye, Saint-Denis, Auvers-surOise, Fontainebleau, Provins...

du 17 au 31 décembre prochains. Près de cent volontaires seront ainsi formés par les équipes du Comité Régional du Tourisme Paris Île-deFrance, avec pour mission d'informer et d'orienter les touristes français et étrangers, et de contribuer, par leur présence visible, à la qualité de l'accueil dans notre Région. De nombreux partenaires vont s'impliquer dans ce dispositif et l'accompagner tout au long

de sa mise en œuvre : le musée du Louvre, Viparis, Paris Aéroport, Union du grand commerce de Centre-Ville (Galeries Lafayette et Printemps), Château de Fontainebleau, Le Bus Direct, SNCF Transilien et de nombreux Offices de Tourisme. Cette première expérimentation

se déploiera de façon plus large, en saison touristique, à partir du printemps 2017.


et comprendre

Fête de Parution

le réel »

(Jean Jaurès)

DEPUIS 1987

« Aller à l’idéal

La fête de sortie du numéro de septembre a fait mentir Charles Aznavour qui affirme « La bohème, ça ne veut plus rien dire du tout »…

À MANUEL GIL ...DE SOROLLADE MONTMARTRE

Au cœur de la Place du Tertre à Montmartre, dans son restaurant La Bohème, Linda, la jolie directrice, rénove tout son décor, avec un décorateur Orléanais, qui, au milieu de la vaste entrée fait élever une ronde de cariatides géantes devant un « mur végétal-jardin d’hiver ». Et la fête peut commencer : pendant que l’orchestre « Les Commun’arts » se prépare, Midani, Président-peintre, nous souhaite la bienvenue et annonce le programme de la soirée. Yvette Vouhé fait chanter la salle avec notre hymne montmartrois « Mont’la-d’ssus et tu verras Montmartre ». Marily-Rose, la chanteuse de l’orchestre nous épate, en passant de Ray Charles à Piaf sans problèmes. Le talentueux peintre Manuel Gil a décoré toute la salle.

2016 è N°13.104 3 trimestre

ISSN 11 53-0618

E DE LA RDM LA 7e BIENNAL NE PAS MANQUER L’ÉVÉNEMENT À

MICHOU FOREVER PARIS LA FÊTE DU TOUT

TERTRE LA BOHÈME DU SE TRANSFORME DES ARTISTES

INTERVIEW:

JUPR PÉ ALAIN ER, RASSEMBLE APAIS ...RÉFORMER

T LE RESTAURAN

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Comme à chaque fête, Janbrun caricature à tout va, pour le plus grand plaisir de ses « victimes ». Un Post scritum sympa : à la table de Marielle-Frédérique Turpaud, Maire de la Commune Libre de Montmartre, on retrouve Jean Olivet qui sort un CD où se trouve la chanson « Père Noël, s’il te plait ». Quand, épuisés, l’orchestre et sa chanteuse quittent la scène, une surprise attend les convives : ils se sont régalés d’un super dîner, ils vont s’émouvoir et se régaler aussi à écouter Pattika, sa voix bouleversante, son talent de comédienne, sa simplicité chaleureuse, sa façon de tout nous donner, avec fougue et tendresse. Comme le dirait Michou : « Mais quelle belle soirée » ! Linda Bastide

Janbrun dessine Bernard

Midani présente Serge Miserez, le graphiste de Paris-Montmartre

Christine Haydar et Alain Coquard

Bulletin d’abonnement à Paris-Montmartre « Aller à l’idéal et comprendre le réel » depuis 1987

(Jean Jaurès)

miChou et annie CorDy

le CaDeau De noël De MIchOU aux P’TITS POULBOTS

FADILA BELkEBLA

N°13.105 4e trimestre 2016 ISSN 11 53-0618

le CinÉma, la sCène et montmartre…

Abonnement : 25 e, (35 e hors CEE) et abonnement de soutien à partir de 50 e. Chèque à l’ordre de Paris-Montmartre. Bulletin à remplir en lettres majuscules et à retourner à Paris-Montmartre 13, place du Tertre, 75018 Paris Nom : Prénom : Adresse : E-mail :

le Journal D’une PETITE MÔME DE PIGALLE

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