Accaparement des terres - Gabon

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CAMPAGNE DE PLAIDOYER CONTRE L’ACCAPAREMENT DE TERRE AU GABON

DOSSIER DE PRESENTATION

ATTAC GABON Cité Awendjé, BP.36008 Libreville GABON Tel. + 241 04255977 +241 07015133 E-mail : contact@gattac.org www.gattac.org

Juin 2012



I- CONTEXTE Depuis 2008, la synergie entre la crise alimentaire et la crise financière a déclenché un nouvel « accaparement des terres » au niveau mondial. D’un côté, des gouvernements préoccupés par l’insécurité alimentaire qui recourent à des importations pour nourrir leurs populations s'emparent de vastes territoires agricoles à l’étranger pour assurer leur propre production alimentaire offshore. De l’autre, des sociétés agro-alimentaires et des investisseurs privés, affamés de profits dans un contexte d’aggravation de la crise financière, voient dans les investissements dans des terres agricoles à l’étranger une source de revenus importante et nouvelle. De ce fait, des terres agricoles fertiles sont de plus en plus privatisées et concentrées. Selon le dernier rapport de la banque mondiale, les États et entreprises se sont approprié plus de 45 millions d’hectares de terres entre octobre 2008 et juin 2009, dont la majorité situé en Afrique. Le droit d’accès à la terre des paysannes et des paysans n’est plus garanti. Aujourd’hui, un milliard de personnes souffrent de la faim, dont les 3/4 sont des paysans. L’accaparement des terres accentue la faim dans le monde. En privant les paysans de leur outil de production principal, qui est la terre, ce phénomène porte directement atteinte au droit à l’alimentation des populations locales. Pourtant l’agriculture paysanne et familiale est la mieux placée pour nourrir les populations, assurer des emplois et maintenir un tissus économique dans les zones rurales, tout en respectant l’environnement et en préservant les ressources naturelles. Le Gabon n’est pas épargné par ce phénomène. En 2010, l’Etat Gabonais et Olam International Limited ont signé un accord de coentreprise pour développer le secteur de l’agro-industrie. L’Etat gabonais souhaite avec ce partenariat devenir un des leaders mondiaux dans la production d’huile de palme et de caoutchouc. Il est prévu que l’Etat Gabonais fournisse 300 000 hectares de terres fertiles à la multinationale singapourienne pour développer des plantations de palmier à huile et d’hévéas. Selon les communiqués officiels, ces terres cédées se situeraient dans la région de Kango, Mouilla, Tchibanga et Mayumba pour les palmeraies et dans le Woleu-Ntem pour l’hévéaculture. Aujourd’hui il est difficile d’évaluer l’ampleur du phénomène et ses impacts au Gabon. Les évaluations et les informations détaillées sont insuffisantes en raison de l’absence de volonté de la part d’Olam de dévoiler les études d’impacts réalisées et les clauses sur les accords passés. Cependant nous pouvons imaginer que des milliers de paysans vont se faire exproprier et que des villages entiers vont passer sous le joug d’OLAM. C’est la souveraineté de ces populations qui est mise en danger. Le non concertation avec les populations locales, le manque de transparence et d’informations sur les impacts socio-économiques, culturels et environnementaux du développement de ces cultures de rentes inquiètent de nombreux paysans et organisations de la société civile. Des collectifs de villageois commencent à se mobiliser. Le 22 mars dernier, des ressortissants des villages touchés par les projets d’Olam dans le Woleu-Ntem ont exprimé par un mémorandum leur refus de l’accaparement de leurs terres par OLAM. Le


30 mai 2012, un collectif de villageois d’Essassa-Bissobinam-Nogmitang ont fait part de leur indignation face à la pression foncière que les projets d’OLAM font sur leur village. A l’image de ce qui se fait dans de nombreux pays, il est nécessaire que la société civile gabonaise se mobilise et se fédère pour empêcher ces projets d’accaparements de terres de voir le jour et ainsi garantir l’accès à la terre des paysans et paysannes du Gabon. C’est de cette volonté qu’ATTAC Gabon souhaite initier une campagne de plaidoyer national et international contre le phénomène d’accaparement des terres au Gabon. II- L’ETUDE DIAGNOSTIC DU PHENOMENE D’ACCAPAREMENT DES TERRES AU GABON Toutes les études sur les transferts massifs de terres des communautés locales vers des investisseurs étrangers au milieu ont montré une destruction en profondeur de la vie sociale, économique et culturelle des populations concernées. Il est important pour tout exercice de plaidoyer de s’appuyer sur un argumentaire le plus exhaustif possible. Il est donc nécessaire de dresser un état des lieux du phénomène d’accaparement des terres au Gabon. Ce diagnostic participatif a pour objectif d’identifier les causes et les effets des accaparements des terres présents et à venir sur l’environnement et les communautés concernées. Une méthode participative sera pratiquée. Elle est fondamentale pour favoriser l'implication active et responsable des hommes et des femmes ainsi que des intervenants locaux. La participation signifie également que la population est partie prenante dans la collecte et l'analyse des données, l'identification des problèmes prioritaires et des actions à entreprendre. Les informations principales à recueillir pour ce diagnostic : - Les causes des accaparements des terres (étude de l’environnement économique, juridique, politique, stratégie de développement…) - Le nombre de village et de famille potentiellement touchés par les projets d’OLAM (identification par spéculation) -Les impacts sur l’environnement (déforestation) fournis par Brainforest -Les impacts en terme de développement rural (nombre d’emploi créé/détruits ; condition de travail dans palmeraie) - Les impacts sur les communautés locales. Pour cela une étude auprès des populations potentiellement touchées pour :  Connaitre le niveau d’informations et de consultations des populations potentiellement touchées ;  Connaitre les impacts en termes d’accès à la terre et à l’eau (régime foncier traditionnelle, pression foncière ressentie…);


 Connaitre les impacts sur les conditions de vie des communautés locales en identifiant entre autre leurs moyens de subsistance, leurs pratiques agricoles, leur pratique culturelle…  Connaitre les impacts en termes de logement (renforcement de l’exode rural) La méthodologie ce diagnostic participatif se fera en plusieurs étapes : - Une première phase de recueil des informations existantes sur le phénomène d’accaparement des terres en général et surtout au Gabon (exemple : droit foncier, initiatives similaires dans la région, données socio-économiques des zones étudiés…). Cette phase est indispensable pour préparer le terrain. Elle se fait à travers des entretiens et consultations. Le but est de créer une base documentaire d’informations de sources institutionnelles et non institutionnelles. - Une seconde phase de sensibilisation et d’information sur les objectifs de l’étude auprès de la population et autres acteurs concernés. Cette phase de préparer la participation de tous les acteurs concernés. - Une troisième phase de collecte participative des données sur le terrain en utilisant des outils sélectionnés de la Méthode Accéléré de Recherche Participative : entretiens semistructurés (ESS), témoignage, diagrammes de Venn, matrices de priorités, groupes focaux, etc. Ces outils seront adaptés aux situations. Cette collecte se fera sur différentes provinces pendant plus d’un mois, il est prévu :  1 semaine d’étude dans la province de Nyanga auprès des populations potentiellement touchées par le projet de 150000ha de palmeraies d’Olam pour 2013 ;  1 semaine d’étude dans la province du Ngounié pour aller à la rencontre des populations qui sont touchées par le projet en cours de 50000ha de palmeraies d’OLAM ;  1 semaine d’étude avec le collectif des villageois d’Essassa, de Bissobinam et de Nzoghemintanqui ;  1 semaine d’étude auprès du collectif de villageois du Woleu-Ntem ;  Plusieurs jours d’enquête sur les conditions de travail des cueilleurs de régime de palme (pépinière de Kango ou palmeraies de SIAT de Lambaréné). -La quatrième étape est la synthèse de données collectées qui sera effectuée par l’équipe d’Attac Gabon. La dernière étape est l’analyse et la restitution des données collectées qui se fera de manière collective avec les organisations paysannes, OSC, élus locaux, collectifs mobilisés pendant la phase de diagnostic participatif. Cette phase aura lieu durant un atelier organisé sur trois jours fin juillet.


III- ATELIER NATIONAL SUR LE PHENOMENE D’ACCAPAREMENT DES TERRES Le 20, 21 et 22 juillet 2012, ATTAC GABON organisera un atelier à Libreville ou aux alentours (lieu qui sera déterminé prochainement). L’objectif général de cet atelier est de lancer le plaidoyer contre l’accaparement des terres au Gabon. Les objectifs spécifiques de l’atelier sont de :  Lancer une réflexion collective autour du phénomène de l’accaparement des terres en vue de dégager une position commune des Organisations de la société civile gabonaise ;  Mettre en place une plate-forme de concertation autour de la question de l’accaparement des terres ;  Choisir une stratégie de plaidoyer (thème mobilisateur, feuille de route…). Pour atteindre ces objectifs il est donc prévu sur les trois jours différentes activités : Jour 1 : L’objectif de cette première journée est que tous les participants puissent s’approprier les résultats du diagnostic et soulever ensemble les principaux enseignements et enjeux du phénomène d’accaparement des terres. Jour 2 : L’objectif principal de la deuxième journée est de renforcer les capacités des organisations participantes sur la conduite d’une action de plaidoyer. Le matin, des professionnels mèneront une formation théorique sur l’action de plaidoyer (définition, cycle du plaidoyer…). L’après-midi sera consacrée à la définition des objectifs de la campagne du plaidoyer et du cadre organisationnel de la coalition (statut, principe…) Jour 3 : L’objectif de cette dernière journée est de lancer officiellement la campagne de plaidoyer contre le phénomène de l’accaparement des terres au Gabon et de définir la stratégie de plaidoyer. Des groupes de travails pourront être mis en place pour :   

Elaborer les actions à mener pour atteindre les différents objectifs fixés la veille Elaborer une déclaration commune pour acter la coalition Elaborer une feuille de route

Un déroulé des travaux complets sera communiqué début juillet par ATTAC GABON.

Personne à contacter : Mathieu Ferte mathieu.ferte@gmail.com ATTAC GABON (+241)04054931 (+241)06433895


ANNEXES


Présentation d’ATTAC GABON L’Association pour une Taxation des Transactions financières et pour une Action alternative et Citoyenne au Gabon (Attac Gabon) est un mouvement d’éducation populaire, une organisation apolitique, composé de jeunes, étudiants, femmes, opérateurs économiques, syndicalistes… qui a pour objectif principal l’information de l’opinion publique sur les grandes questions économiques, politiques et sociales en vue d’une prise de conscience générale sur les enjeux de la mondialisation. En effet, « la mondialisation telle que prônée aujourd’hui, aggrave l’insécurité économique et les inégalités sociales, elle contourne et rabaisse les choix des peuples et des institutions démocratiques. Elle leur substitue des logiques strictement spéculatives, exprimant les souhaits des entreprises multinationales et des marchés financiers. » Nous pensons que le monde qui nous est proposé aujourd’hui n’est ni le seul, ni le meilleur modèle. L’homme a le droit d’accéder gratuitement à des services sociaux indispensables pour son épanouissement : santé, éducation, eau, nourriture… et la planète produit assez de richesse pour cela. Nous pensons surtout qu’il faut préserver ce monde pour les générations à venir, et qu’un autre monde est plus que nécessaire ! Pour cela il faut que chaque citoyen sois conscient et réellement informé de ce qui ce passe afin qu’il puisse librement dire oui ou non, trouver d’autres solutions, d’autres alternatives. Se réclamant du « mouvement altermondialiste » qui récuse les dogmes néolibéraux, Attac Gabon œuvre pour la reconquête par les citoyens de leur autonomie face aux abus des lobbies, multinationales et de la sphère politicofinancière internationale. Nous œuvrons également pour une annulation de la dette des pays du tiers monde et un contrôle citoyen de l’action publique; l’abandon des politiques néolibérales imposées par les institutions financières internationales, un contrôle sur les transactions financières et pour une justice climatique à l’échelle mondiale. Dans ce sens l’organisation mène des actions pour la sauvegarde et la protection de l’environnement. Attac Gabon cherche entre autre à promouvoir des solutions alternatives telles que le tourisme solidaire, le commerce équitable et prône un développement humain durable et responsable. Nous pensons entre autre qu’une autre Afrique est possible, que les africains doivent réinventer leur mode de développement adapté à leurs spécificités sociaux-culturels, et ne pas s’obstiner à poursuivre des modes de développement importées et imposées par le Nord. Ce développement doit s’appuyer sur les valeurs humaines et culturelles de l’Afrique et placer l’homme, l’accomplissement de ses besoins, au centre de ses préoccupations.


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