À BARCELONE, UNE MONTÉE AU SOMMET DE LA ROVIRA INVESTIR UNE FRICHE DE CARRIÈRES POUR UN NOUVEAU JARDIN PUBLIC, TPFE 2014-15 Pauline Bertaux suivi par Serge Koval et Philippe Thomas soutenance le 30 juin 2015
PORTE DU PARC URBAIN DES TROIS COLLINES
AVANT-PROPOS
S’évader de son quotidien durant un an tout en s’imprégnant de nouveaux paysages constitue une aventure riche. Cette expérience est née de l’idée d’élargir ma formation initiale, axée surtout sur une vision française du paysage. J’ai donc saisi l’opportunité du programme Erasmus pour séjourner dix mois à Barcelone durant ma troisième année. J’ai ensuite choisi d’effectuer mon stage de quatrième année sur le même site afin de poursuivre mes recherches et d’élaborer mon projet d’étude. Cela m'a permis de découvrir d'autres visions du paysage et d'autres manières de le fabriquer, pourtant similaires au premier abord. Ces différences paraissent subtiles et minimes mais sont bien présentes. C'est dans ces interstices que les paysages se singularisent. Ils sont donc à déceler et à assimiler pour la conception du paysage. J'ai pu cerner les problématiques barcelonaises à travers mon travail de mémoire de recherche, finalisé en juin 2013. La mutation urbaine de la ville tend à récupérer sa mémoire et son patrimoine, dans un mouvement vers l'avant. La métropole de Barcelone se veut un laboratoire de la transformation du paysage urbain et du rapport dynamique et prospectif au patrimoine historique et végétal. A l'occasion d'un stage au service Espace Public du District Horta-Guinardo de la Mairie de Barcelone, j'ai pu déceler les rouages de développement et de gestion des espaces publics de la ville, à l'échelle locale de l'arrondissement. Les points clés qui m'intéressaient quant au choix du stage était l'espace urbain, le patrimoine et le végétal de
Barcelone, gérés localement. J'ai pu ouvrir mon champ de connaissance quant à la restauration du paysage, très peu vue lors de ma formation. Celui-ci concernait l'archéologie, l'histoire et la récupération technique des éléments, grâce aux visites hebdomadaires du chantier du belvédère du Turo de la Rovira. Le choix pour mon TPFE s'est rapidement orienté vers un site, potentiel de projet, dans le secteur de mon lieu de stage. Depuis un balcon d’un immeuble jouxtant ce site, je suis interpellée par cet espace fermé par des grilles de chantier opaques en métal, je demande alors à mon hôte ce qu’il en est. «C’est une friche de carrières de pierre. Peut-être un futur emplacement d'un centre commercial. Vue du 9ème étage, la végétation y est dense.» Intriguée par ce terrain d'apparence sans usages, je questionne mon maître de stage, le Directeur du Service Espace Public du District 7 de Barcelone. « Sûrement un futur jardin public. »
Un jardin public, un programme fait pour le travail de paysagiste. Le choix d'un exercice qui n'a jamais eu lieu lors de ma scolarité. Pourtant Barcelone regorge de parcs et jardins. Pourquoi ne pas profiter du TPFE, dernier projet d'étudiant, pour s'atteler à la conception d'un jardin ?
I NTR O D UC TI O N
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JA RDI N , C AR R I È R E E T F R I C HE
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Un nouveau jardin public pour Barcelone
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Les pratiques du vivre-dehors Les parcs et jardins La friche entre montagne et mer
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Genèse d’un délaissé urbain
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L’arrivée des carrières L’urbanisation Les outils de planifications politiques actuels
23 27 31
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PAYS AGE DES COLLINES EN V I L L E
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Un nouveau parc urbain
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Le projet de la Municipalité Critiques du projet urbain Les portes du parc
37 41 45
État des lieux des collines Les milieux naturels anthropiques Le système urbain Proposer une rencontre ville/parc
47 47 51 53
3
V ERS L E J AR D I N D E C AN BAR Ó
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Lieu d’interface dans la pente
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Identité topographique Parcours Milieux naturels et limites urbaines
57 59 63
Investir la première parcelle Pour un jardin de proximité Pour un lieu de belvédères Pour une montée au sommet
65 67 69 71
A M O R C E D E S C E N AR I I
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P O U R S UI TE S
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B I B L I O G R AP HI E
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vue sur la friche à investir, photographie d’avril 2015 Sommet du Turó de la Rovira
situation de la friche dans la Porte Can Baró
Description du site par Manuel Franco, architecte en chef du District Horta-Guinardo.
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12,75 km2 1,275 ha
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« La friche entre les rues de Francesc Alegre, Budapest et Mare de Deu de Montserrat est une propriété municipale, à l'origine privée. La Mairie l'a acquise. C'est un terrain qui est en cours d'étude, afin de voir les projets possibles à développer. La planification de base propose des zones vertes afin de former un cheminement dans la continuité du Parc d'Els Tres Turrons. Des usages de sport, de jeux sont à prévoir dans ce grand espace disponible. Mais puisqu'il s'agit d'un grand terrain, le projet se fera lors d'un prochain mandat. Il faut donc attendre ce que vont décider les nouveaux élus des élections du 24 mai 2015. Le futur de ce terrain est donc en attente. Les anciennes carrières sont une étape du parcours touristique qui conduit au sommet du Turo de la Rovira, depuis la Sagrada Familia, passant par l'Hôpital Sant Pau et par la propriété municipale, Mas Rabellat, à côté du stade de foot du quartier. La rue de Budapest est une porte du Parc d'Els Tres Turrons. La friche se trouve sur un axe ouvert et planté très intéressant. »
500 m de périmètre
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I N TRODUCTION
A Barcelone, les montées vers les hauteurs de la ville sont emblématiques, celle du sommet de la Rovira est problématique. Si Barcelone est connue internationalement pour les œuvres de Gaudi, la Sagrada Familia et le Park Güell, c’est qu’elle offre à ceux qui la regardent des panoramas d’un paysage urbain coloré et excentrique. Seulement, sa réputation internationale ne correspond pas toujours à ses réalités. Pour atteindre la célèbre terrasse du Park Güell, située sur un coteau des collines, la montée est aisée. Bus, escalators et rampes s’associent pour rendre ce lieu plus accessible que jamais. Mais que se passe-t-il de l’autre côté ? « Barcelone n’est pas une mais multiple. Barcelones. »0 D’autres parcs, d’autres collines, d’autres escaliers jonchent le sol barcelonais. Vers ces autres lieux, que se passe-t-il ? Derrière le décor, la ville s’agite et promet toujours de meilleurs parcs et escaliers sur ses collines habitées. Dans une politique où le tourisme tend à être décentralisé et profitable à tous, le projet du Parc dels Tres Turrons1, en place depuis 1976, ressurgit. Le développement touristique du Parc pour le visiteur d’ailleurs et pour les barcelonais est central. Les collines sont reconsidérées au fur et à mesure comme élément du paysage de la ville. 0 Mercé Ibarz, Itinéraires et bifurcations. 1 P a r c d e s Tr o i s C o l l i n e s 2 Urbanisme 3 Arrondissement
Le projet de réinvestir la friche de carrière prend sa nécessité de sa situation à l’interface de la ville et du parc urbain. Située sur la pente sud de la Colline de la Rovira, connue pour son belvédère panoramique, la friche se trouve parmi des espaces résiduels hérités de carrières de pierre du XIXème
et XXème siècle. Le belvédère du Turó de la Rovira, réhabilité en 2012 et 2014, attire de nombreux visiteurs, principalement pour sa vue panoramique sur la ville. Le quartier est très traversé pour l’accès au sommet. Les tensions entre les pratiques quotidiennes et les passages massifs de touristes doivent alors être résolues. Occupés progressivement, ces délaissés accueillent parkings, local technique et terrains de sport pour le quartier Can Baró. La parcelle où se trouvait les bâtiments de la carrière est aujourd’hui inaccessible. Récupérés très récemment par la Municipalité, ces bâtiments ont été détruits. La friche est alors bien plus visible dans le paysage. Son devenir est associé au projet du Parc des Trois Collines, sous la Direction d’Habitat Urbá2 de Barcelone. L’hypothèse de le transformer en jardin public, devenant une pièce de la Porte de Can Baró est en cours. La friche Francesc Alegre, du nom de la rue qui la longe, est située en réalité dans le quartier Guinardó, à la limite de Can Baró, tous deux du district3 Horta-Guinardó. Ces quartiers en périphérie et sur la pente sont en bouleversement, pincés entre les volontés politiques de décentralisation du tourisme et de développement écologique des montagnes et collines.
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INTRODUCTION
ENJEU DU SITE Social pour l’identité du quartier, réinvestir les espaces résiduels et permettre l’accessibilité au Parc urbain des collines. Touristique développer les parcours en dehors du centre-ville et la situation de « balconnade » des collines. Écologique favoriser la biodiversité et récupérer le patrimoine végétal selon les différents usages et gestion des espaces verts, sur cette pente au cœur de la ville.
QUESTION En considérant la commande publique de réinvestissement de la friche, les enjeux du secteur et ma connaissance du terrain, le travail de projet s’appuiera sur cette question : En quoi investir les espaces résiduels des anciennes carrières et créer le nouveau jardin public de la friche Alegre résoudront les tensions entre les pratiques quotidiennes de périphérie de ville et les attentes liées au tourisme et à l’écologie ?
OBJECTIFS Le nouveau jardin public devra remplir trois objectifs programmatiques, Devenir une porte du Parc dels Tres Turrons : accueillir la « route touristique » de la ville au parc. Créer un jardin de proximité : permettre les parcours et usages quotidiens des habitants du quartier. Favoriser les situations belvédères : structurer la rencontre écologique et paysagère de la colline à la plaine. INTENTIONS DE PROJET POUR LE JARDIN
Marquer le front rocheux comme signal Caractériser les parcours de la pente Connecter le front du parc et le front de ville MÉTHODE Le projet se nourrit des potentiels topographiques du site et fait vivre le paysage par le contraste et l’accentuation de l’existant. L’étude s’appuie sur les dynamiques actuelles et sur le devenir du paysage, avec les outils de planification. La conception requiert au préalable une définition du cadre dans lequel le jardin public s’inscrira. À titre indicatif, ce plan directeur posera les grands objectifs du projet. Les intentions spatiales seront expérimentées par la mise en place de différents scenarii. Les variantes permettront d’expérimenter un éventail de réponses pour le jardin construit dans la pente. À l’imbrication de deux scenarii ou des trois, à ce croisement, la proposition la plus adaptée naîtra pour le jardin Can Baró.
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COMPRENDRE LA FRICHE...
PENSER LES COLLINES...
DESSINER LA MONTテ右...
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JARDIN, CARRIÈRE ET FRICHE
Démarche Géographie
Un nouveau jardin public pour Barcelone_ Genèse d’un délaissé urbain_
Histoire
Site : Lisière sud de la colline de la Rovira, un espace résiduel d’une exploitation de carrières en friche, photographie avril 2015
Observer la matĂŠrialitĂŠ et les ambiances du vivre-dehors, pages de carnet de croquis de Barcelone automne 2014
JAR DIN PUBLIC, CARRI ÈRE ET F RI C H E Un nouveau jardin public pour Barcelone Les pratiques du vivre-dehors MARCHER ET S’IMMERGER Connaître l’inconnu. Travailler sur un paysage que l’on découvre, c’est l’arpenter. La marche n’a a priori pas trop de règles. Il suffit d’avoir du temps et l’envie d’observer et d’analyser. Il y a un but ou une direction à atteindre, qui n’est pas fixe. Les détours sont plus qu’autorisés, guidés par la curiosité. Le carnet de dessin permet de sauvegarder l’observation. L’étude du paysage est en quelque sorte une science où l’on fait des hypothèses, qui viennent se vérifier in situ. Le travail de projet s’accompagne de visites de site, des rencontres sur place pour commencer à dessiner. La méthode de conception se nourrit des potentiels décelés pour conforter ou non des hypothèses de projet. Déambuler sur le terrain n’est pas seulement se saisir de l’environnement physique mais aussi aller à la rencontre de l’environnement humain, par une démarche de proximité. Rencontrer des gens lors de moments informels et leur demander si c’est chez eux ici et pourquoi, et ce qu’ils aimerait voir changer et s’ils sont déçus de ce qui change ou non... Rencontrer également lors de moments «professionnels et cadrés» des personnalités qui ont un savoir et une expérience. Ces moments rares sont les plus précieux, où la conversation dépasse la marche, enrichit notre connaissance culturelle du lieu et nourrit la réflexion. Barcelona, comme certainement la plupart des villes européennes, propose des paysages de ville très contrastée en une heure de marche. Ici le végétal, les gabarits, les
formes rythment la découverte. Que cache le paysage barcelonais derrière ce qu’il montre ouvertement ? Cette question m’a longuement guidée. J’ai rapidement évité de prendre le métro sous terre ; la marche a commencé. Seule ou avec une Barcelonaise à suivre, la soif de comprendre ne s’arrêtait pas. Après être allée au Park Güell, je continue ma route m’écartant des sentiers massivement battus par les touristes. Le quartier Vallcarca qui le longe n’est que cimetières de parcelles de logements détruits. Je découvre alors qu’un projet d’urbanisme a détruit ces maisons en vain mais ne commence pas pour le moment, laissant en stand-by ces parcelles. Des jardins spontanés entrepris par les voisins poussent alors dans ces dents creuses. L’espace extérieur magnifie l’ambiance du quartier. Riche, généreux et surprenant, il efface presque les bâtiments qui l’entourent. Comment le vide qu’est l’espace public peutil donner une telle identité à un paysage urbain ? Pourtant on a plutôt tendance à penser que le paysage urbain est favorisé par l’architecture et le bâti. Les alentours de mon site de projet semblent au contraire vides de vides, vides de sens. L’hétérogénéité des bâtis écrasent. Et la falaise devient un plein, une frontière de la colline. Pour investir la friche, comment se nourrir de cette capacité des espaces extérieurs à devenir protagonistes de l’ambiance du quartier ?
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déplacements à pied et vélos
en transports publics
en véhicules privés
«Et en Europe ? Nous marchons plus que de ces autres villes.»
Chiffres des déplacements à Barcelone, visuel de l’exposition Metropolis Barcelona
Les nombreux usagers de la rotonda aux abords de la friche Alegre, photographie avril 2015
HABITER L’ESPACE PUBLIC Ce qui marque à Barcelone, c’est la manière d’y habiter l’espace public. Non pas de le traverser, l’emprunter, ni de le regarder, ni de l’utiliser, mais bien de l’habiter. Une journée à Barcelone. Les habitants y entrent, y restent, discutent, s’arrêtent, se regardent. Une journée à Barcelone, c’est croiser le regard d’une masse innombrable d’individus, qui vont là, et repassent par là et repasseront par ici pour se retrouver ensuite là-bas. Tous ces mouvements de ville électrique, de ville «qui ne dort pas».
1 Agir en espagnol
La moitié des déplacements des personnes dans la ville se fait à pied. De nombreux lieux de séjour et de repos poussent dans l’espace public de la ville à ciel ouvert. Les intérieurs des bars et cafés sont plus petits que leurs terrasses extérieures. Les façades des immeubles barcelonais sont recouvertes de balcons, tel un nez vers l’extérieur. L’espace public se rapproche beaucoup de l’espace privé qu’on ouvrirait au public. Les places des quartiers de Gracia, Sarria, Sants, Sant-Andreu sont habitées. Avec une identité différentes les unes des autres, chacun pourra trouver la place qui lui correspond.
La force sociale qui caractérise Barcelone est dans l’espace public. L’implication des habitants pour l’évolution de leur ville se fait dans l’espace public. L’histoire de Barcelone est fortement associée à ces habitants luttant pour leurs droits. La contestation se nourrit d’un sens critique et d’un caractère de révolte. Tous s’approprient incroyablement fort l’espace de la ville, qu’il soit public ou non. Selon les décisions politiques urbaines, les habitants oseront dire non, oseront contester et réfléchir ensuite à comment résoudre le problème ou le faire évoluer vers une nouvelle perspective. Il y a comme une forte solidarité où tous se regardent actuar1. Ils osent agir. Les quartiers populaires du Carmel, Can Baró et Guinardó sont connus pour cela. La physionomie du quartier n’aurait pas été la même sans leurs actions. Leurs actions actuelles s’orientent vers la conservation des habitats auto-construits reconnus, le réinvestissement des immeubles vides, et la demande de place urbaine, dont celle de Sanllehy. En quoi la conception du jardin se nourrira-t-elle des pratiques du vivre dans l’espace public et du système de parcs et jardins existant ?
Rassemblement pour la récupération d’une place rendue inaccessible pour cause de travaux du métro, photographie Association des Voisins de Can Baró
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La structure des parcs et jardins non exhaustive de Barcelone Parc fluvial del Besos, Diputacio de Barcelona, 2004 Parc Central de Nou Barris, Arriola fiol, 2007
Parc Creueta del Coll, Josep Martorell, Oriol Bohigas, David Mackay, 1987 Turo de la Rovira, Imma Jansana, 2011-2015
Le nouveau jardin public sur la friche Alegre, TPFE Park Güell, Antoni Gaudi, 1900-14 Parc del Clot, Daniel Freixes i Melero, Vicente Miranda, 1986 Parc de Diagonal Mar, Enric Miralles, Benedetta Tagliabue, 2002 Plaça de Glories, Agence TER, en cours
Passeig Sant Joan, Lola Domènech, 2012-15 Jardi del Centre Civic Fort Pienc Parc de la Ciutadella, 1888 Jardin del Centre Civic d’Urgell Parc de les Carameles Parc de Joan Miró, Beth Galí, 1979 Jardin du Museu Maritim Parc de les Tres Xemeneies Parvis du MNAC, Museu Nactional d’Art de Catalunya Parc del Refugi Jardin de Laribal, J-C Nicolas Forestier, Rubió i Tudurí, 1917-24 Jardins dels Cims, Forgas Arquitectes, 2008 Jardi Botanic, Carles Ferrater,Josep Lluís Canosa, Bet Figueras, 1999
JAR DIN PUBLIC , CARRI ÈRE ET F RI C H E Un nouveau jardin public pour Barcelone Les parcs et jardins UN PUZZLE AUX MULTIPLES PIÈCES Le réseau non exhaustif des Parcs et Jardins de Barcelone témoigne de la pratique de l’espace extérieur, ancrée dans l’histoire de la ville et dans la culture des habitants. Parcs dits historiques Sur le site web Barcelona.cat, 193 parcs, jardins et squares sont référencés. 18 d’entre eux sont classés comme «parcs historiques», 5 comme «jardins botaniques». La liste des «parcs urbains» en compte 70. Et une centaine de squares et espaces jardinés aménagés s’ajoutent. Le jardin public Alegre de par sa taille et sa vocation se situera entre les parcs urbains et les squares. Que retient-on de ces 193 parcs et jardins ? Selon le quartier où l’on vit à Barcelone, les itinéraires que l’on emprunte et les lieux que l’on fréquente, seul quelquesuns de ces nombreux espaces nous deviendront familiers. D’autres si remarquables nous inviteront à faire des détours ou alors à s’y rendre tout spécialement.
QUOTIDIEN
CONTEMPORAIN
HISTORIQUE
AUDACIEUX ET CONSTITUTIF DE LA VILLE Une vision personnelle de ces innombrables espaces d’extérieur de qualité est essentielle pour le travail de projet. Les références, répertoriées sur la carte cicontre, sont pour moi, des endroits clés de la globalité du territoire de la ville. Les aménagements historiques, des plus connus presque indétrônables, se composent avec les parcs contemporains les plus audacieux et impressionnants, figurant aux côtés des jardins du quotidien dont les usagers renforcent le lieu. Outre les qualifications enjolivées des tendances principales des espaces extérieurs de Barcelone, un réel réseau du vivre-dehors s’impose et ne cesse d’être enrichi par les concepteurs, les décideurs et bien sûr les usagers de tous les jours. On compte les abords de boulevards, les coins de rue, les arrières d’immeubles ou encore les espaces ouverts sauvages des collines. Ces derniers constituent des lieux de richesse de vie extérieure. Le dehors alors aménagé ou spontané accueille généreusement les loisirs barcelonais. Ou inversement, les loisirs barcelonais prennent place à l’extérieur. La volonté du projet est son inscription dans cette histoire barcelonaise des jardins aux postures et situations très variées. Il s’agit d’ancrer le projet dans les questions de connexion de la nature et la ville... Dans quelle situation géographique de la trame de ville des parcs et jardins se trouve le site de projet ?
Parc de Joan Miró, Beth Galí, 1979
Parc de Diagonal Mar, Enric Miralles, Benedetta Tagliabue, 2002
Parc de la Ciutadella, 1888 À BAR C E L O N E , UN E MO N TÉ E A U S OMMET DE LA R OVIR A_
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Le Sommet de la Rovira
Le site sur le coteau de la colline de la Rovira, vers la plaine d’Eixample jusqu’à la Méditerranée
site
Hospital Sant Pau
Baix Guinardó
Glories
Poblenou
mer
4 km
Implantation du site de projet sur la pente sud des collines
fl
limite coteau limite colline
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lieux touristiques majeurs
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corridor vert
Collserola
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Eixample
Centre-ville
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JAR DIN PUBLIC , CARRI ÈRE ET F RI C H E Un nouveau jardin public pour Barcelone La friche entre montagne et mer SITUATION GÉOGRAPHIQUE Sur le coteau de la Colline de la Rovira, la friche du futur projet de jardin public est à la lisière du Parc d’Els Tres Turrons bien connu des Barcelonais, avec le Turó del Coll (249 m) et le Turó del Carmel (267 m). En réalité, Barcelone n’a pas trois, mais sept collines, moins connues de ses habitants que celles de la ville de Rome. La colline de la Rovira, tout comme les autres collines, est largement urbanisée sur ses versants. Elle se situe géographiquement dans la continuité de la chaîne de montagne de Collserola.
1 Extension en catalan
Du bas des versants, la plaine alluviale s’étend jusqu’au linéaire côtier de la Méditerranée, sur une longueur de 4 km. Dans cette légère pente qui se ressent dans
la traversée de la ville et des perspectives des longues rues, est implanté le quadrillage de l’extension de Cerdà. Des usages résidentiels et commerciaux de la partie haute de l’Eixample 1 jouxtent le site de projet. La mer au loin paraît immobile. Déjà, peu propice aux marées, la Méditerranée devient urbaine sur le littoral de Barcelone. Si la colline de la Rovira est prise dans un ensemble montagneux littoral, elle a d’exceptionnel que de le montrer. À une hauteur de 261 mètres au-dessus de la mer, son sommet propose une vue impressionnante. Un panorama à 360 degrés fait se confondre la ville, les montagnes et la mer.
Carrer Marina, vers la colline de la Rovira dans la densité monumentale, photographie février 2015
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Vue du Belvédère du turó de la Rovira, espace patrimonial du Musée d’Histoire, lieu d’attraction de la colline.
M o n t a g n e Collserola
Quartier Guinardó
Côte maritime nord
LA VUE DEPUIS LE SOMMET DE LA ROVIRA Le site de projet est au bas du belvédère patrimonial Turo de la Rovira, lieu attractif pour sa vue panoramique. Ce point de vue révèle les superpositions de couches urbains, marquant l’orographie initiale et les symboles de Barcelone. Le paysage métropolitain se présente comme une mosaïque de lieux et de gens. La photographie ci-contre montre le panorama que le visiteur peut observer. Le regard balaie le paysage urbain, de la Montagne Collserola à la plaine fluviale du Llobregat. Collserola, dont le sommet du Tibidabo est à 512 mètres, est recouverte d’une masse boisée qui domine l’arrièreplan urbain. L’urbanisation est alternée entre un agglomérat de maisons individuelles et de paquets de tours de grands ensembles en périphérie. L’arrondissement Horta-Guinardó au bâti dense et haut crée une tache urbaine dans la vallée d’Horta, coupée de la plaine de Barcelone par les collines.
1 Museu d’Història de Barcelona, Musée d’histoire de Barcelone.
Le regard poursuit sa route et voit la montagne filer au loin vers le massif Montnegre laissant place à la plaine du fleuve Besos en direction du nord-est. Cette plaine accueille l’expansion urbaine homogène de la métropole de Barcelone.
Centre-ville
Montjuïc
La ville se continue sans rupture vers le Nord-Est le long du littoral. La mer et la façade urbaine dessinent un linéaire côtier attractif. S’étend le centre urbain de la métropole dans lequel sont repérables bon nombre d’édifices, de rues et de parcs. L’extension urbaine d’Ildefons Cerdà forme un paysage géométrique et coloré. La grande avenue de la Diagonale se dirige vers le fleuve Llobregat. Cette deuxième plaine fluviale s’étend du port maritime jusqu’à Collserola. Elle laisse place à une urbanisation à perte de vue combinée à un paysage agricole ouvert. Le paysage plat et homogène se confond avec l’horizon. Les quartiers périphériques et leurs hauts immeubles retrouvent petit à petit les versants rocheux. Le belvédère qui permet de profiter du cette vue a été réhabilité en site patrimonial “Turó de la Rovira” par le MUHBA1 en 2012. Auparavant, il n’était qu’un lieu abandonné, lieu d’habitat de baraques informelles, lieu de bunkers de la Guerre Civile. L’Association des Voisins du quartier Can Baró a initié la récupération du lieu belvédère. La colline de la Rovira était alors peu considérée par la Municipalité, sa pente sud le témoigne par ses espaces résiduels encore à récupérer, dont la friche Alegre. En ces lieux de vue remarquables, à quoi sont dus ces espaces abandonnés et résiduels du coteau de la colline ?
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Collserola Chaîne des collines Collines de Rubí
Vallée de Sant-cugat
Montjuïc Plaine de Barcelone Méditerranée
affleurement
failles
Formation de la roche métamorphique par des failles et affleurement des plaques
relief rocheux plaine sédimentaire
État de la colline au quaternaire, colline rocheuse et piémonts sédimentaires
Roche présente sur la friche des carrières, photographie 2015
JAR DIN PUBLIC , CARRI ÈRE ET F RI C H E Génèse d’un délaissé urbain L’arrivée des carrières EXPLOITATION DE LA ROCHE Cette initiative commence par la valeur de la roche présente sur les coteaux des collines et de Collserola. La formation de ces monts provient de failles géologiques. Les roches de l’époque paléozoïque forment des ardoises et schistes argileux sur une base granitique, dont le noyau est très dur et compact. La pierre est une sorte de calcaire métamorphique qui se décompose et s’érode, dès qu’elle se trouve en contact avec l’air. Elle se transforme en sable, appelé sauló. Les carrières naissent de l’opportunité économique de la pierre, matière très demandée pour la construction. L’extraction active des pierres permet d’édifier rapidement les constructions et bâtiments de la ville. Son développement est en plein essor notamment lors de l’extension urbaine de Cerdà en 1860 qui édifie 1000 hectares du terrain Barcelonais. Tout Barcelone se construit des pierres de sa montagne, dans une certaine fierté d’autosuffisance. Mais la zone souffre de coups successifs de spéculation de la matière.
des terrains de son secteur. La carrière est rentable par ces deux types de matériaux de constructions vendus. Les pierres pour la construction de hauts murs, délimitant les parcelles dans les grandes propriétés acquises à la fin du XIXème siècle, nouvellement divisées. Les agrégats de différents calibres pour la fabrication de chaux et l’élaboration du mortier. D’innombrables carrières de pierre émergent, au courant du XIXème et XXème siècle. Une vingtaine ont perduré dans l’ensemble des trois collines, dont trois plus importantes situées dans le quartier Can Baró.
C’est au début du XXème siècle, avec l’apparition du ciment artificiel que la carrière de Can Baró naît. Les multiples extractions de pierre de taille se réduisent peu à peu, tandis que la pierre extraite à Can Baro est idéale pour l’obtention de grains et d’agrégats pour la construction. La carrière s’active proportionnellement au fort processus constructif
emplacement des carrières au sein des trois collines À BAR C E L O N E , UN E MO N TÉ E A U S OMMET DE LA R OVIR A_
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site
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Vue aérienne 1946, google maps
zone d’exploitation de la roche installation d’habitats informels
Vue aérienne 1956
PAYSAGE ALORS ESCARPÉ La carrière transforme la colline en un paysage de rochers escarpés, de trous et de galeries. Si bien que les extractions de pierres commencent dans un cadre légal, la dévastation des terrains s’aggrave rapidement. Les premières dénonciations des méthodes utilisées remontent à 1920. Les explosions incontrôlées et massives érodent le terrain et endommagent les propriétés. Les propriétaires du turó del Carmel et de la Rovira défend ent leur territoire, contre l’exploitation incontrôlée des carrières. L’issue de cette lutte est la fermeture de la carrière de Can Baró, aux environs de 1965. Les plus grandes exploitations des carrières de pierre créent une blessure importante dans le territoire. La carrière del Coll a laissé un creux de 2,5 hectares qui a pu être réinvesti en un parc urbain1 pour le quartier Vallcarca, en 1987. Le parc réhabilite le paysage par un grand bassin circulaire en contre-bas du front de taille.
Carrière Can Baró en 1947, photographie El Carmel Ignorado
La carrière de Can Baró de près de 4 hectares est sans activité depuis maintenant 50 ans. Les espaces résiduels seront activés avec les problématiques futures du Parc dels Tres Turrons. Une partie a été implantée d’immeubles de Grands Ensembles, terrassant franchement le terrain et comblant quelques creux de carrières.
1 Pa r c d e l a C r e u e t a d e l C o l l
La forte urbanisation du XXème siècle sur le coteau transforme le relief des collines, sans planification spécifique du territoire et du paysage. La friche Alegre est un résidu de carrières encerclée d’une densité urbaine. Quelle histoire lui confère-t-elle ce paysage urbain d’apparence sans cohérence d’ensemble ? un des creux de la carrière de Can Baro, février 2015 À BAR C E L O N E , UN E MO N TÉ E A U S OMMET DE LA R OVIR A_
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N
Plan du projet de l’Eixample de Barcelone par Cerdá, 1855
L’évolution des collines en trois périodes 250 m 200
fermes
100 0
JUSQU’AU XIXÈME SIÈCLE
Vallcarca
Horta
usage agricole, statut rural de la colline
villa de villégiature
Plan des villages au nord de Barcelone, 1861
DÉBUT XXÈME SIÈCLE
carrière de pierre
extension urbaine
exploitation des ressource, pierre et bois + édification urbaine au bas du coteau
parc urbain naissant
grands ensembles
quartier auto-construit
À PARTIR DE 1950
ville contrastée de part et d’autre + considération de la colline
JAR DIN PUBLIC , CARRI ÈRE ET F RI C H E Génèse d’un délaissé urbain L’urbanisation
1 2 3 4
la Diagonal et la Gran Via petits châteaux Plan des voies de communications journalistes
APPARITION DE LA VILLE Jusqu’à l’époque moderne, les collines sont rurales. Culture agricole, pâturage peu intensif et implantation de fermes constituent le paysage. Les pentes les plus douces et accessibles sont terrassées pour la culture de vignes, caroubiers, amandiers et potagers divers.1 Des terrasses planes et des murets de soutènement en pierre sèche façonnent les coteaux. En 1859, les collines, toujours vues comme rurales, ne font pas partie de la Grande extension de Barcelone, l’Eixample d’Ildefons Cerda urbanise d’abord la plaine. Le tissu urbain orthogonal, traversé par les axes territoriaux1 créés s’arrête au bas du coteau des collines. La ville s’agrandissant connaît une pénurie d’eau potable. Pour conduire l’eau depuis les villages voisins vers Barcelone, les champs agricoles sont expropriés. A Can Baro, 15000m² ainsi acquis accueillent le nouveau réseau d’eau potable et le château d’eau. Les premières résidences de villégiature et torres1 s’installent confortablement. Ce paysage pittoresque, caractérisé par les terrasses d’oliviers et les villas isolées, est rapidement remplacé par le paysage rocheux des carrières de pierre et les nouveaux bâtiments en chantier.
Début du XXème siècle, En 1904, les contours de Barcelone sont pensés avec le concours du Pla d’Enllaços3. Il prend en compte l’annexion progressive des villages voisins de Barcelone, dont fait partie Horta. Le plan de Léon Jaussely, lauréat, définit de grandes avenues et un système de parcs en réseau. Les quartiers Can Baro et Guinardo profiteront de ce Plan sur leurs abords connectés à la plaine. Un fort intérêt immobilier naît à Can Baro. Un nouvel Hôpital de style moderniste, l’Hospital Sant Pau se construit au sud de Guinardo dans la continuité de la trame de Cerdà. La Loi de 1911 des «Casas Baratas», équivalent des HBM français « Habitations à bon marché » engendre la construction de belles villas initiée par une Coopérative de periodistas4. Ce lot indépendant domine le haut de la friche. Elles sont aujourd’hui des centres privés pour personnes âgées. En 1917, sur le Plan Général d’Urbanisation ou Plan Romeu-Porcel, les rues structurantes des quartiers étudiés apparaissent : Carrer Mare de Deu de Montserrat actuelle, sous le nom de Paseo de la Fuente Castellana, et Carrer Francesc Alegre. Peu d’urbanisation est dessinée à part les Casa Velas et Casa Marimon (aujourd’hui Mascaro). Les plans urbanistiques de cette époque ne dessinent pas le relief des collines, alors exploitée pour la pierre. Ils ne conditionnent aucunes lois d’urbanisme. La liberté de cette époque favorise la division des parcelles et la construction par chacun.
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URBANISATION FORTE À partir de 1936, Faute de régulation urbanistique, la Guerre Civile et la dictature de Franco définissent la voirie sans prendre en compte la valeur immobilière et commerciale. 34 ans de transformation destructrice des quartiers en construction, créant des vides urbains et des bâtis dégradés. L’urbanisme est négligé au profit du développement industriel. Un manque chronique de logements, due à l’immigration massive d’ouvriers andalous, créent l’implantation de logements informels sur les espaces délaissés non constructibles. La colline de la Rovira et les terrains des anciennes carrières se voient envahis de cet habitat informel, appelé baraques. Les habitants tracent leurs chemins d’accès aux baraques, qu’ils améliorent au fil des années afin de constituer un ensemble cohérent de maisons. A la fin du baraquisme, de 1970 à 1990, la Municipalité détruit les taudis mais tient à conserver les maisons auto-construites, habitat de plusieurs générations. Le site de projet est caractérisé par cette mémoire d’habitat qui a duré près de 40 ans. Le relogement des baraquistes1 et les parcelles résiduelles des anciennes baraques sont récupérées par la spéculation immobilière d’habitat dense. Les terrains de l’ancienne carrière de Can Baro profiteront, dès 1969, à la construction de hauts immeubles, situés au bord de l’actuelle friche Alegre. En 10 ans, la physionomie du quartier change.
1 Habitant des baraques 2 Arrondissement
La constante augmentation de la population et le manque encore chronique de logements développent les actions des habitants pour faire valoir leur droit d’habiter un territoire où ils travaillent. Dans cet élan, le premier plan d’urbanisme du quartier de Can Baro a été élaboré en 1974 par l’Association des Voisins.
Schéma de croissance du sol urbain, Metropolis Barcelona
La gestion urbaine locale appliquée en 1984 divise le territoire de Barcelone en 10 Districts2 pour une décentralisation démocratique post-dictature. La notion de quartier est introduite avec la création en 2006 d’une subdivision des districts dans l’objectif d’améliorer la distribution des équipements et des services de proximité. Le Disctrict Horta-Guinardo possède 11 quartiers, dont Guinardó, quartier du projet, et Can Baró et Baix Guinardó qui jouxtent la friche. Cependant, la gestion locale renforce les contrastes entre zones de la ville, notamment l’identité résidentielle périphérique de Horta-Guinardó.
Plan de Barcelone divisée en 10 districts
L’urbanisme barcelonais se réveille avec l’accueil des Jeux olympiques en 1992. La Ville doit récupérer une image. Les grands travaux urbanistiques architecturaux permettent la transformation du littoral avec le nouveau quartier Vila Olimpica et la réhabilitation de la colline Montjuïc au passé militaire en centres sportifs. La Colline de la Rovira verra ces changements de loin. Seul incidence, la totalité de ses quartiers informels insalubres sont détruits.
Plan d’Horta-Guinardó
Aujourd’hui, le secteur de la friche Alegre hérite de ces 150 ans d’urbanisation spontanée et hétérogène, d’une suite incohérente de constructions, exploitations, destructions, auto-constructions, grandes constructions du territoire... Les quartiers Can Baró et Guinardó sont résidentiels avec une vie quotidienne assez dynamique, mais le relief accidenté fragilise son contact avec la colline. Une action de récupération géographique du relief pourrait cicatriser les creux des carrières, affirmant les coteaux dans le paysage urbain. La colline retrouverait son assise et sa connexion avec la plaine. Le quartier trouverait une issue attractive pour les barcelonais avec son patrimoine végétal et historique.
La mutation des collines est imbriquée avec la politique actuelle du paysage de Barcelone, qu’en est-il ? parc urbain établi
VERS 2020
pente vers le sommet
parc urbain connecté à la ville par l’affirmation des coteaux en espace accessible
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N
Plan Vert de la BiodiversitĂŠ, Direction Environement de Barcelone
Les collines redeviennent montagne dans le plan mural de Metropolis Barcelona
Corridor, connexion vĂŠgĂŠtale, potentiel de mutation des collines, Direction Environement de Barcelone
JAR DIN PUBLIC , CARRI ÈRE ET F RI C H E Génèse d’un délaissé urbain
Les outils de planifications politiques actuels URBANISME ET ÉCOLOGIE Pour penser le futur de la ville métropolitaine, le Pla Director Urbanístic1 est élaboré par l’AMB2. Le PDU, équivalent du PLU français, aborde largement les questions du paysage urbain, avec l’objectif nouveau d’un processus participatif. L’exposition Metropolis Barcelona correspond à la diffusion publique de ce changement. Un plan mural de 12 mètres sur 7 mètres clôt l’exposition, interprétant Barcelone comme une métropole de villes. Les espaces «ouverts, verts» s’articulent à une nouvelle forme de métropole. Cette exposition présente les volontés politiques pour le cadre de vie ; la valorisation du paysage en est un élément central, en parallèle avec les thématiques économiques de développement de la ville. Ses ancêtres sont le Pla Comarcal2 de 1953 qui pose les bases urbanistiques du territoire mais ne les met pas encore en pratique. Quant au PGM, Pla General Metropolità3, il correspond à la période de transition, après la dictature espagnole. Approuvé en 1976, ce plan a permis entre autres les rondas périphériques de la métropole et la préservation du Parc Agricole du Llobregat et du Parc de Collserola. Les plans généraux de 1953 et 1976 posent les bases du Parc d’Els Tres Turrons, en élaboration pièce par pièce encore aujourd’hui. 1 Plan Directeur d’Urbanisme 2 Area metropolitana de Barcelona 3 Plan Général Métropolitain 4 P l a n Ve r t d e l a B i o d i v e r s i t é 5 Plan départemental
À l’horizon 2020, tous les projets de la Ville devront correspondre aux qualités de cadre de vie définies par le Pla del Verd i de la Biodiversitat4 2020. Le paysage et la nature font partie de la ville principalement pour le bien-
vivre de ses habitants et visiteurs. La direction Habitat Urbá de Barcelone, en charge de ce plan Vert, développe le thème de la gestion générale des projets et des schémas de cohérence d’urbanisme, qu’elle délègue ensuite dans leur application aux différents Districts de la Ville. De la biodiversité au patrimoine collectif, la planification préconise l’infrastructure écologique urbaine, sous forme du corridor et des espaces ouverts d’opportunité. Le corridor vert est un axe dominé par le végétal avec un usage prioritaire ou exclusif aux piétons et cyclistes. Il connecte les zones végétales de la ville par des structures végétale. Les espaces d’opportunité, de différents types sont présents dans chaque quartier, dans l’objectif de naturaliser la ville. Par exemple, la friche inoccupée, les toitures, les balcons, tout lieu permettant le développement de la faune et la flore. Quant aux espaces verts existants, le Plan indique d’améliorer leur potentiel de biodiversité. La friche est fortement concernée par ses préconisations. Le «corridor» y passe, connectant le Parc de la Ciutadella aux collines longeant le Passeig de Sant Joan, réaménagé en 2013-15. Les «espaces d’opportunité» y sont nombreux dans ce secteur : les friches de carrière, à l’état de boisement aujourd’hui, les nombreux jardins et toitures du quartier dense. Si les volontés politiques s’orientent vers une ville respectueuse de l’environnement, elles y intègrent également un développement du tourisme, au-delà du simple marketing.
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Des touristes entre-mêlés, croquis avril 2014
Park Güell emblème du tourisme de Barcelone situé sur un coteau, croquis avril 2014
Guide officiel des destinations touristiques que sont les 10 districts, Mairie de Barcelone
TOURISME ET CULTURE Le développement économique influence les mutations du paysage. Le tourisme est la première économie de la région, le paysage doit tirer parti des ces planifications. Les outils touristiques doivent être analysés pour être des leviers d’action sur le paysage urbain des collines.
1 P l a n d e S t ra t é g i e To u r i s t i q u e de la Ville de Barcelone 2 Plan de Promotion To u r i s t i q u e e t C u l t u r e l
Guinardo : «Entre collines et vallées fertiles, El Carmel, Can Baro et la Teixonera sont des quartiers à l’ambiance vivante et populaire. Les petites maisons s’enfilent dans les rues en pente, les places et les parcs pleins de vie, permettent de contempler les meilleures vues panoramiques sur la ville.»
8 millions de personnes visitent Barcelone en un an, environ quatre fois la population locale. La moitié correspond au tourisme de loisirs, et l’autre moitié au tourisme des affaires. La ville est peuplée de 1,6 millions d’habitants sur ses 100km2. L’ensemble de la Métropole en compte 4,5 millions sur 3236km2. La Catalogne a une population totale de 7,5 millions d’habitants, sur 32000 km2.
Dans cette lancée de décentralisation touristique, HortaGuinardó a mis au point son Pla de Promoció Turística i Cultural2. Dans le secteur des friches de carrière, les actions à mener pour ce secteur sont la signalisation de la route de connexion Park Güell – Hospital de Sant Pau, la creation d’espace ludiques et culturels et la finalisation de réhabilitation du secteur.
Le Pla Estratègic de Turisme de la Ciutat de Barcelona1, commencé en 2010, se termine tout juste en 2015. Celui-ci planifie de nouvelles propositions quant à la croissance, la gestion touristique et son impact sur la ville. Sur une idée du «tout Barcelone», ces cinq années ont permis l’élargissement du tourisme à toute la ville. Sur le constat que l’identité et le dynamisme de la ville sont la base de son attraction, aucune place ne doit être laissée ni pour les ghettos ni pour les quartiers exclusivement touristiques. Tous les quartiers sont sujets au tourisme, suivant les principes du nouveau modèle mis en place. Les différents Districts doivent incorporer le vecteur du tourisme dans leur dynamique d’organisation sociale et politique. Depuis 2014, la campagne publicitaire «Les 10 Barcelones» promeut la diversité de ses 10 districts. Les atouts du District Horta-Guinardo sont sa situation de belvédère sur la ville, sa grande fertilité du sol, l’abondance en eau et les anciennes fermes et villas. Sur le site web de cette opération, est présentée la Route verte d’Horta-
Le Plan à l’horizon 2020 ajoute l’idée environnementale et durable de la ville métropolitaine. «L’activité touristique doit contribuer à l’amélioration de la qualité de vie et de cohésion sociale de ses citadins.».
Le paysage sera le protagoniste de cette économie. Il s’agit de contrôler l’invasion touristique du paysage des trois collines, attirant pour ces vues au loin et de protéger au mieux son caractère privilégié et isolé de la ville.
En quoi le Parc des trois collines dont font partie les friches de carrière joue-t-il un rôle touristique en tant que parc urbain ?
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PAY S A G E D E S COLLINES EN VILLE
Le nouveau Parc Urbain_ État des lieux des collines_
Diagnostic Hypothèses Stratégie
les collines habitées entre le Park Güell et les bunkers du sommet de la Rovira, photographie prise en octobre 2014
Ce projet indicatif aménage, voire, sur-aménage les collines par la création de voiries en contour du parc et par la destruction de logements pour la reconstruction.
Planification indicative du Parc dels Tres Turrons, Ajuntament de Barcelona 2010
Le site de projet se situe hors limite de ce plan, pour des raisons de frontières administratives des quartier.
Accés Sommet Promenade panoramique
Plan des éléments structurants du Parc, Ajuntament de Barcelona 2010
PAYS AGE DES COLLINES EN V I L L E Le nouveau Parc Urbain Le projet de la Municipalité UN POUMON VERT ET BALCONS SUR LA VILLE Le Parc urbain constitue 123 hectares de «poumon vert», de paysage et nature pour les habitants et les visiteurs d’ailleurs. Son principal point fort est de posséder des belvédères aux vues imprenables sur la ville, en ville. La situation proche du centre-ville en fait des points d’attraction clés du développement du tourisme en périphérie. Les Tres Turons1 correspondent aux collines del Coll, del Carmel et de la Rovira. Elles sont partagées administrativement entre les districts Gracià et HortaGuinardó. En 1953, les premiers contours du Parc sont esquissés dans le Pla Comarcal1. Le projet du Parc est initié en 1976 avec le PGM2, par cette définition : « qualification des trois collines comme parc urbain ou zone de rénovation urbaine par la transformation d’usage vers celui de parc. » Depuis les premiers souhaits en 1953, le projet n’a cessé d’être modifié. C’est un projet urbain sur le long terme, qui s’adapte au fur et à mesure aux problématiques de la ville et du paysage, qui lui sont contemporaines.
1 Plan d’urbanisme du canton 2 Plan Général Métropolitain 3 Direction du Serv ice de Planification de la Mairie de Barcelone 4 Modification du Plan General Metropolitain
En 2010, la Direccio de Serveis de Planejament de l’Ajuntament de Barcelona3 reprend le PGM pour préciser le projet du Parc dels Tres Turrons. Cette nouvelle planification s’applique par le MPGM4 2010. La modification majeure est l’idée d’«aménagement intégral du territoire». Ce dernier étant défini par la topographie des collines. Pour ce faire, les espaces libres en attente de qualification et de transformation sont en cours d’acquisition par la
Municipalité. Une délimitation claire du Parc devra être effective par une voirie urbaine circulaire, telle une limite entre la ville existante et le nouveau parc. La planification de 2010 appuie également l’importance des accès au parc, par différentes portes pour une «bonne connexion à l’environnement urbain»3. Elle tend à maintenir la cohésion sociale, par la conservation des bâtiments en limite du parc et par la construction de nouveaux logements destinés au relogement des habitants provenant des points hauts des collines. A partir de 2014, la Direction Habitat Urba de Barcelone reprend le Projet dels Tres Turrons décrit dans le PGM et le MPGM. La révision en cours est nécessaire en réaction aux dissidences que créent la planification de 2010. Cet avant-projet avancé par Habitat Urba n’est pas montré au public. Il a pour but de prendre en compte les potentiels existants et la volonté des habitants d’être expropriés ou non. Il garde l’idée d’un parc urbain fort de sa présence au cœur de la ville. Le parc évolue avec ses problématiques contemporaines. À quel stade d’élaboration du parc urbain, le projet d’investissement de la friche devra-t-il s’intégrer ?
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Le parc des trois collines actuel : ses pièces ajoutées dans le temps, 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 ...ses A B C D E F G
1914_ 1914_ 1918_ 1950_ 1978_ 1987_ 1990_ 2012_ 2014_ 2014_
Park Güell Bois du Park Güell Jardi historic del Guinardó Parc del Guinardó Parc de les Aigües Parc de la Creueta del Coll Parc del Carmel Mirador del Turó de la Rovira Mirador d’Ignasi de Lecea Hospital Sant Pau
espaces ouverts sans projet Jardi del Coll Jardi de Vallcarca Sommet del Coll Versant de Vallcarca Sommet del Carmel Butte del Carmel Pente de Can Baró
A C
6
F
E
3
G
7
B D
9
4
8
2 1 5
10
...les typologies de ses pièces constitutives Parcs boisés gérés Espaces ouverts «sauvages» Jardins de proximité Parcs & jardins formalisés Espaces touristiques payants
. Les contours de la Colline de la Rovira doivent encore être investis
Le mirador d’Ignasi de Lecea
Le sommet del Carmel
ÉTAT ACTUEL DU PARC Après 34 ans depuis la première définition, le Parc s’est transformé pièce par pièce. Avec l’héritage du Park Güell, à l’origine d’usage privé pour le mécène Güell, et du Parc del Guinardó, l’un des premiers jardins municipaux de Barcelone, le nouveau parc urbain s’appuie sur de bonnes bases. Cependant, il faudra attendre les premières actions. Cellesci commencent réellement avec la fin de la dictature et les premiers plans d’urbanisme. Sur demande des habitants, le Parc de les Aigües et de la Creueta del Coll deviennent des parcs publics. L’un pour l’ouverture du parc privé du Château d’eau, l’autre pour la récupération de la friche de la carrière del Coll. Ces pentes non constructibles des collines sont idéales pour des jardins de proximité aux usages de jeux et de promenades. Chacun de ces projets s’ajoute au fil du temps selon les acteurs en place et les décisions politiques. Par exemple dans les années 80 et 90, le versant sud du Carmel a été planté, dans l’objectif de rendre monumental le front des collines. La plantation d’amandiers à la floraison blanche, comme façade esthétique de la colline, n’a été appliqué qu’à cet endroit.
L’Hospital Sant Pau
1 D’après la Modification du Plan General Metropolitain
faire honneur à son classement au Patrimoine mondial de l’Unesco et s’ouvre aux visites en 2014. La réhabilitation des sommets pour appuyer l’idée des «balcons»1 des trois collines s’applique ces dernières années avec le Turo de la Rovira et le mirador d’Ignasi de Lecea. Au regard de ces espaces modifiés petit à petit, le périmètre de la colline de la Rovira reste, à l’état actuel, vide de projets. Suite à ces pièces ajoutées dans le temps, le Parc dels Tres Turrons profite aujourd’hui d’une planification globale définissant ses sommets, ses portes et son contour. Le secteur de la friche Alegre situé à la lisière du parc est vu comme une porte d’entrée majeure. En quoi les intentions globales de «poumon vert et balcons» profitent-elles aux mutations du secteur Can Baró ?
Le Parc Urbain change encore d’aspect par les changements récents de ces deux pôles touristiques. Le Park Güell rendu payant très récemment est dû aux visiteurs massifs et à la préciosité de l’œuvre de Gaudi. Les visiteurs sont aussi mécènes et doivent contribuer à la restauration. La terrasse appelée «zone monumentale» n’est plus libre d’entrée. Ce choix municipal est critiquable, mais révèle une pression touristique sur cette partie des collines. Quant à l’Hospital Sant Pau, cette œuvre remarquable moderniste de l’architecte Lluís Domènech i Montaner a perdu sa fonction d’hôpital en 2009. Elle est restaurée pour À BAR C E L O N E , UN E MO N TÉ E A U S OMMET DE LA R OVIR A_
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SOMMETS le plus haut Les autres Carte synthétique de critique du projet du Parc des Trois Collines proposé par la Mairie zone des belvédères
Les belvédères et les portes d’entrée sont des outils clés de l’évolution globale du parc. L’aménagement du parc peut se faire par l’expropriation de parcelles non bâties mais pas au détriment des volontés des habitants.
CONTOURS DU PARC LINÉAIRE
face à face
ACQUISITION de parcelles non bâties de parcelles habitées avec la ville
DANS L’ÉPAISSEUR espace d’entrées du parc
existant. en projet. proposé.
ACQUISITION
de parcelles non bâties de parcelles habitées à éviter
PAYS AGE DES COLLINES EN V I L L E Le nouveau parc urbain Critique du projet urbain ATOUTS Le projet du parc renforce les différents belvédères, par l’objectif d’un parc en balcon sur la ville. L’accent est mis sur les belvédères du Turó del Coll, du sommet du Park Güell, du sommet del Carmel, du Mirador d’Ignasi de Lecea et de deux sommets sur la colline de la Rovira. Quatre de ces belvédères sont gérés par la Ville. Celui d’El Carmel est à l’état sauvages, dominant les pentes abruptes. Auncun aménagement futur pour ces belvédères n’est indiqué. La limite du nouveau Parc est marquée franchement. Le contour avec la ville est une ligne, un vis-à-vis, où les deux se font front. Bien que cela marque bien le parc dans son territoire, cette limite pourrait devenir plus souple. Le contour s’interrompt aux entrées créant des respirations et permettant l’accès. Ceci est primordial pour la relation de la ville au parc. Cinq accès principaux, appelés « Portes » sont planifiés correspondant aux éléments repères du paysage urbain. Trois sont des repères existants forts. Deux autres sur des traces historiques à réhabiliter. Le secteur de Can Baro deviendra une Porte du parc mais son emprise reste encore floue. Il est proposé de l’élargir intégrant les demandes locales du quartier. L’intérêt du contour est de travailler les connexions avec les quartiers. DÉFAUTS Afin de développer le projet, des acquisitions de parcelles non bâties et bâties sont en cours. La Municipalité récupère ces espaces pour les gérer, les intégrer à l’ensemble du parc. Seulement, certaines parcelles sont des lieux habités de génération en génération.
On parle alors d’expropriation. Les parcelles expropriées et la destruction des logements se feraient en accord avec les résidents et dans l’objectif de les reloger aux abords du parc. Ces logements visés par l’expropriation son pour la plupart issus de l’auto-construction et en bon état aujourd’hui. Leur situation sur les collines semblent gêner le projet global du parc. Le belvédère sur toute la ville a une attraction assez démesurée face au quartier. Le représentant de l’Association des Voisins du quartier Can Baro est très averti sur les sujets de projets publics. Il parle de rage. Les voisins déplorent le projet du parc qui leur semble mettre en priorité l’accessibilité des touristes. «En quelques sorte, on nous vole notre territoire.» Le paysage est à tous mais fait l’objet de complexités des intérêts de chacun pour un même territoire. Des alternatives à l’expropriation sont possibles par la recherche d’une autre cohérence de Parc, plus adaptée au paysage déjà en place. La récupération des espaces résiduels est un moyen. C’est pourquoi l’expropriation des maisons pour ouvrir la porte Can Baro doit s’annuler, par l’aménagement de la porte dans les terrains résiduels disponibles. Le secteur requiert des actions pour son paysage avec une reconsidération locale des espaces. Face au parc global porté de la Ville, avec ses atouts et défauts, que peut apporter le statut de porte pour le site étudié ?
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PARK GÜELL
PARC DE LA CREUETA DEL COLL
PORTE CAN BARÓ
À IMAGINER
100
ANCIENNE CARRIÈRE RÉCUPÉRÉE
LIEU ATTRACTIF FORT
0
1
2
3
L’ancienne carrière del Coll est transformée en parc jouant du contraste avec le front de taille, par un plan d’eau circulaire.
L’’inventivité de Gaudi révèle la pente par un dispositif d’une terrasse plane, d’une salle hypostyle et de colonnes.
20 m
La Porte de Can Baro est morcelée et en quête d’identité. Les creux de carrières freinent la relation de la ville au parc.
FONT D’EN FARGAS
JARDIN DE J-C NICOLAS FORESTIER Les cinq portes du parc sont en situation
de pente, dont le profil et les dimensions sont similaires. Leur potentiel comme lieu de repères dans le paysage est déjà fort. Elles ont chacune leurs caractéristiques, liés aux quartiers et collines qu’elles connectent.
SOURCE À RÉHABILITER
MANQUE DE GESTION
Plan de repères des traits de coupe des portes ACQUISITION de parcelles non bâties de parcelles habitées
4 5
1
4 Font d’en Fargas présente un vestige d’une source, un bâti encastré dans le relief. La future porte pourrait appuyer ce patrimoine.
5 Le jardin de Forestier compose la pente par des terrasses et bassins qui guident l’eau dans la pente et cadrent les vues. À BAR C E L O N E , UN E MO N TÉ E AU S OMMET DE LA R OVIR A_
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La Porte Can Baró se constitue actuellement par l’acquisition de terrain et la réhabilitation des espaces publics du sommet de la Rovira belvédère récemment réhabilité
Singularités du secteur Can Baró pour constituer une des entrées majeures du parc FRONT BOISÉ
réaménagement en cours des rues hautes
FRONT DE VILLE
en cours d’acquisition par la Municipalité acquis par la Municipalité, pas de projet
FRONT ROCHEUX
acquis par la Municipalité, projet en cours
Belvédère Parcelles en cours d’acquisition
Lieux sociaux et culturels
PAYS AGE DES COLLINES EN V I L L E Le nouveau parc urbain Les portes des trois collines COMPARAISON La porte d’entrée a un statut de repère dans le paysage et permet de connecteur différents milieux. Les cinq portes planifiées pour le Parc des Trois Collines sont plus ou moins déjà constituées. Trois sont emblématiques, appuyées sur des entrées mises en scène par les jardins. Les deux autres sont sans consistance et abandonnées. Leur similarité se présente dans leur profil de pente et leur niveau topographique. La nouvelle Porte Can Baró se singularise par son paysage post-carrière, sa vie sociale active et son rôle de connexion au bélédère du Turó de la Rovira.
1 L’ u n d e s o b j e c t i f s d e l’Association 2 L a M a i s o n d e q u a r t i e r, l e centre social de Guinardó
SINGULARITÉS Les leviers de création de la Porte Can Baró sont nombreux. Les espaces vides en contact avec le parc pourront devenir de nombreux points de connexion. L’aspect écologique avec le projet du Plan vert et de la biodiversité concerne le secteur. Il possède des milieux intéressants sur ses versants et se trouve sur le lieu de passage du «grand corridor». Contrairement aux autres portes, il ne semble pas avoir de patrimoine emblématique en place, ni d’aménagement particulier. Cependant, il conserve des traces historiques, telles que les baraques, les carrières, la culture agricole. Son état présent de vie associative est un atout pour sa dynamique. «L’Association des Voisins de Can Baró agit pour
La vie de quartier peut caractériser cette lisière du parc. Les lieux de rencontre des voisins, El Casal del Barri, El Centre Civic2, la Médiathèque, les espaces de sport, où germent les projets de quartier, sont des leviers de reprise de ce paysage. Si là sont ses singularités, comment les rendre qualitatives pour remplir le rôle de “porte” ? Le ville a toujours eu un rapport à la colline agricole, économique ou immobilier. Aujourd’hui, l’attrait est plutôt touristique et écologique. Le quartier comme entrée du Parc prendra encore une autre tournant. La relation du quartier à la colline doit satisfaire la demande sociale forte en accessibilité et en nouveaux jardins de proximité. La Porte trouve sa raison dans la récupération de ses différents espaces résiduels afin de réactiver le paysage du quartier.
Outre les leviers du nouveau parc urbain, quels sont les réelles composantes des collines qui pourraient caractériser la frange de Can Baro ?
récupérer des espaces traditionnellement oubliés, pour l’usage quotidien des riverains.»1
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Guarrige, strate herbacée et arbustive
Bois dense d’arbres à feuilles persistantes
Deux types de végétation du climat méditerrainéen visibles sur la collines
PAYS AGE DES COLLINES EN V I L L E État des lieux des collines
Les milieux naturels anthropiques LIEUX DE NATURE Deux modes de végétation s’opposent dans ce paysage : la garrigue et le bois. Rosmarinus officinalis
Erica multiflora
Dans les espaces sauvages, ouverts, non gérés, s’épanouit la végétation «naturelle et indigène» correspondant au climat sec. La garrigue est spécifique aux massifs calcaires de terrain sec et filtrant. La forme herbacée de cette végétation méditerranéenne correspond aux broussailles littorales et calcicoles, floristiques dont dominent le romarin (Rosmarinus officinalis) et la bruyère (Erica multiflora). La végétation spontanée voire invasive est également très présente sur la colline, avec une abondance exotique de figuiers de barbarie, de kalanchoés, ponctuée d’agaves et de graminées de type carex. Le sol des collines est spécifique aux forêts de pins (Pinus halepensis), chênes verts (Quercus ilex) et oliviers (Olea europaea). Ces bois sont appelés sclérophylles, pour leur caractéristiques d’arbres à feuilles résistantes. Ils sont subtropicaux, denses et impénétrables. Le chêne vert est caractéristique, il ne dépasse pas 15 mètres et crée beaucoup d’ombres. Le sous-bois est constitué d’arbustes et lianes à feuilles pérennes.
L’influence de l’ensoleillement crée un clivage de la colline. Les versants exposées au sud, nommés solells en catalan, sont dotés d’un ensoleillement plus intense que les versants nord. L’adret et l’ubac présente une végétation bien distincte, plus ou moins riche, dense et volumineuse. L’ubac est toujours plus humide et frais que l’adret. Dans les solells1, la végétation méditerranéenne dépasse l’altitude moyenne de son développement, faisant reculer la végétation de montagne. L’adret et l’ubac se distinguent également par le protagoniste de leur bois. Le feuillage persistant d’un type de Chêne vert originel (Quercetum ilicis galloprovinciale pistacietosum) domine le versant adret. L’ubac est plus favorable au caduque avec le Chêne pédonculé (Quercetum ilicis galloprovinciale cerrioidetosum). Ce phénomène est bien perceptible sur les collines de la ville. Le site de projet se situe à l’adret et se singularise alors par une végétation persistante et grasse. 1 adrets en catalan
Ensoleillement variable selon les versants et les saisons
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f o r ê t
diversifiée
ROVIRA
sous-bois dense
g a r r i g u e
GUINARDÓ
Vue des trois collines depuis la Montagne Collserola, la vallée d’Horta en premier plan
Strate arborée plantée ou spontanée
Strate arbustive et herbacée
Strates diverses plantations ornementales
Strates diverses urbaines et privées
corridor végétal
special
forêt de caduques
forêt de persistants guarrigue et pré de savane
ÈRE NON ANTHROPISÉE note de bas de page forêt de caduques culture agricole
forêt de persistants guarrigue végétation ornementale
ÈRE RURALE forêt mixte friche végétation ornementale
ÈRE URBAINE Évolution des typologies végétales de la colline de la Rovira
Synthèse de la diversité végéle, caractérisant le paysage des collines
EL CARMEL
g a r r i g u e
GÜELL
forêt h o m o g è n e
INFLUENCES URBAINES Le paysage végétal actuel est le fruit de l’action humaine, programmée ou non. Les hommes ont transformé les collines par les usages et les abandons au fil du temps. Le caroubier occupait presque tout le territoire, mais il a été utilisé comme combustible pendant la Guerre Civile Espagnole. La végétation spontanée a été favorisée grâce aux conditions de sol dans des endroits où elle est habituellement éliminée. Puis des actions de plantation ont été réalisées pour obtenir la végétation dense et importante actuelle. Depuis les années 80, en introduction du futur parc des trois collines, la plantation de milliers d’arbustes ont servi à maintenir le sol végétal. Puis une série d’actions ponctuelles ont eu pour objectif de restituer une image de masse végétale dense des turons et de créer un paysage variable avec les saisons, par le changement de couleurs qui se différencie du vert pérenne de Collserola. Le versant nord à l’héritage agricole a été planté d’oliviers avec des touches de couleurs différentes (Pinus nigra, Acacia cyanophila, prunus amygdallus et Cercis siliquastrum).
Le Turó de la Rovira, à l’urbanisation présente jusqu’au sommet, a un paysage végétal fragmenté. Quelques actions de plantations ont été effectuées dans différentes zones : la plantation de 173 chênes pubescents (Quercus humilis), de 140 Populus nigra dans la rue de Budapest et quelques Pinus pinea dans le rue Panorama. Le Parc del Guinardo a été planté de pins, cèdres (Cedrus atlantica) et cyprès (Cupressus sempervirens) dans les années 50 avec un sous-bois très dense, ce qui en fait l’unique unité de masse boisée considérable. Les collines doivent leur richesse végétale à la profusion d’usages. L’ornementation, le sauvage, le sécuritaire, l’alimentaire, la reforestation se combinent sur le territoire et proposent un éventail riche végétal. Ce qui lui doit d’être un élément fort du «corridor vert». L’état de friche du secteur Can Baro a permis un développement végétal intéressant, influencé par la ville mais non géré par l’homme. Suite au système végétal existant, quelles dynamiques urbaines influent sur la friche Alegre ?
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Carte des équipements publics bâtis ou extérieurs relatifs au territoire des trois collines.
limite des districts Parcs boisés ouverts Parcs et jardins formalisés 3 lieux touristiques majeurs Équipements (hôpital, école...) Places publiques Équipements sportifs
Irrigation fonctionnelle des services publics de transports Stations de métro active Station en construction Lignes de bus Ligne verte des parcs Bus de quartier Sations de vélo libre-service restant en bas du coteau
PAYS AGE DES COLLINES EN V I L L E État des lieux des collines Le système urbain
Centre civic de Guinardó, terrasse du bar
Parc de les Aigües, lieu de détente et loisir
Parc del Guinardó, allée de pins
Terrain de sport de ballons, au pied des falaises 1 Centre social 2 Bus de quartier
LIEUX PUBLICS, LIEUX DE REPÈRES Le site de projet est entouré d’établissements scolaires et autres équipements (en jaune). Le secteur y est cependant pauvres en jardins de proximité. La vie publique et sociale y est forte, le Centre Civic1 en est un repère. L’ouest est principalement résidentiel, avec des maisons et immeubles bas, sauf le quartier de Gracia qui est en relation plus directe avec le centre-ville. L’ambiance y est plus urbaine, plus conviviale et plus touristique. La gestion de ces espaces publics (bâtis ou extérieurs) est décentralisés par district. L’aménagement accessible à tous, la construction de nouveaux lieux publics et la mise en cohérence d’un territoire complexe sont les objectifs d’Horta-Guinardo. MOBILITÉ Le réseau de transports en commun est dense. Sur la carte, les lignes desservant le secteur de la friche Alegre sont en trait plus gras. Depuis 2014 de nouvelles lignes sont créées, iriguant la ville sans devoir repasser par le centre-ville. La ligne verte V17 connecte le port au terminus le Turo de la Rovira. Les lignes de bus ont de deux tailles différentes de véhicules, un adapté au grandes lignes et l’autre, le bus de barri2, plus petit, adapté à la mobilité à l’intérieur d’un même quartier. Le manque de jardin de proximité dans ce quartier dense explique la nouvelle vocation que doit avoir la friche alegre. Son devenir s’intégre à une des portes d’entrée majeure du parc urbain.
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Singularités du secteur Can Baro pour constituer une des entrées majeures du parc Belvédère Front boisé Parcelles en cours d’acquisition Front de taille Lieux sociaux et culturels
Intentions pour la Porte Can Baro du parc urbain Belvédère Front de taille Montée Brêches du parc des collines Lieux sociaux et culturels
FRONT DE VILLE
PAYS AGE DES COLLINES EN V I L L E état des lieux des collines
Proposer une rencontre ville/parc
+
ÉTAT DE LA ZONE CAN BARÓ Vie de quartier dynamique périphérie proche du centreville, réseau de lieux publics riche Potentiel végétal et écologique fort. Présence identitaire de la falaise, front de taille.
-
Creux, roches et pentes résiduels hérités des carrières. Croisement d’éléments qui s’opposent : lieux d’attractivité des projets politiques urbains face au territoire du quartier périphérique principalement auto-construit. Ouverture du belvédère sans aménagement de la pente du quartier, passages massifs des visiteurs, non gérés.
INTENTIONS Investir les espaces résiduels pour une montée aisée vers le parc. Marquer le front rocheux comme signal de la Porte Can Baro Connecter le front du parc et le front de ville
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3
VERS LE JARDIN DE CAN BARÓ
Lieu d’interface dans la pente_ La première parcelle à investir_
Diagnostic Hypothèses Scenarii
La friche des carrières du point bas, mais par où rejoindre le haut de la colline ? photographie janvier 2014
ville imbriquée auto-construite
140 ville dense immeubles
Murs de soutènement
130
Parcelles en terrasses
Pente forte et raide
125
160 ville pavillonaire
grands ensembles
140
130
Typologies de bâti dans la pente
Carte des éléments topographiques du coteau de la construction de la ville
V E RS LE JARDIN DE C A N B A RÓ Lieu d’interface dans la pente Identité topographique objectif pour la porte
Marquer le front rocheux comme signal
Quels sont les éléments du site qui composeront le projet pour appuyer l’identité topographique pour le projet ? TOPOGRAPHIE ANTHROPIQUE L’installation de la ville multiplicie les recettes comme des conquêtes pour habiter la pente. La pente en ville a l’avantage d’offrir une diversité végétale variable selon les orientations, l’érosion, les sols, puis des ambiances contrastées proposant des vues au loin ou proche sur la roche... Par contre, des espaces sans vocation résultent de la construction bâtie urbaine. Les contraintes de la pente se ressentent dans les parcours quotidiens et forment un paysage singuler de ce morceau de ville. Dans les quartiers Can Baro et Guinardo, le relief du coteau est déformé par la ville. Il se fait ressentir par ces contrastes : les pentes fortes des rues allant vers la colline, les terrassements des ensembles bâtis et les ruptures de pente, souvent matérialisées par des murs de soutènement.
FRONT ROCHEUX AUX MULTIPLES FACETTES À ces trois typologies topographiques urbaines, s’ajoutent celle du front rocheux, résidu de l’exploitation de la pierre. Perceptibles à plusieurs endroits du quartier sous différentes formes, la roche sédimentaire renvoie à la géologie, à la formation des collines. Un rappel fort dans un quartier si densément bâti. Bien que sa présence provient d’une action industrielle s’affranchissant du territoire. L’héritage est aujourd’hui un élément repère du quartier. Les échantillons de roche présentent en parties séparées la falaise. Ils révèlent sa diversité de teintes, de formes et de granulats, une force de la matière qui doit se transmettre dans le projet.
Le projet du jardin public dans la porte Can Baró doit se nourrir de ce vocabulaire de pente en ville. L’objectif est de reprendre ces éléments identitaires pour un contraste urbain et géographique.
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Sentiers pédestres Trottoirs
Sentiers pédestres
Escaliers
Pont, le seul et unique
Trottoirs
Réseau piéton fourni par un éventail d’objets de cheminements, dans la pente de Can Baró
V E RS LE JARDIN DE C A N B A RÓ Lieu d’interface dans la pente Parcours OBJECTIF POUR LA PORTE
Caractériser les parcours de la pente Escaliers variés
escaliers auto-construits
en métal
marches en pierre
escaliers-rue
Quels sont les éléments du site qui composeront le projet pour caractériser les parcours de la pente ? INCONTOURNABLE RELIEF Les collines sont des éléments remarquables du paysage barcelonais, mais comment, en tant que promeneurs, passer de la ville à la colline ? On se trouve déjà sur la colline, à partir de l’Hospital Sant Pau. Se distinguent les franchissements de la pente en ville et les cheminements s’échappant dans la colline boisée. Cependant la limite n’est pas si franche, le vocabulaire urbain se retrouve jusqu’au sommet. Les trottoirs en bord de voirie sont assez homogènes par leurs pavés en béton et dans leur largeur. Ils s’arrêtent aux pentes raides pour devenir escaliers ou ascenseurs urbains. Les nombreux escaliers présentent des formes et matériaux tous différents. Les emprunter devient systématique et crée un jeu du «descendre/monter, monter/descendre». Puis les pavés des trottoirs s’arrêtent là où les espaces non bâtis commencent. Les chemins commencent alors à sinuer et devenir ombragé. Le sol lui varie du stabilisé au béton. Le projet de jardin s’accordera sur la diversité des modes de franchissement mais déterminera une manière de les rendre cohérents dans la rencontre de la ville au parc.
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belvédère de la Rovira lieu culturel et social école espace sportif flux direct du métro au belvédère flux indirect de promenades sortie des écoles
carte de synthèse des parcours piétons dans le quartier
Stations de métro active Station en construction Lignes de bus Ligne verte des parcs Bus de quartier Sations de vélo libre-service restant en bas du coteau
Services de transports en commun s’aventurant sur le coteau
D’UN LIEU À L’AUTRE Les piétons de ces quartiers denses sont trés nombreux. Pour le projet, il est intéressant de distinguer les flux directs d’un point à un autre (la routine des habitants ou le passage des touristes) et indirects (les promenades et temps des festivités). Les visiteurs vont du métro au belvédère et traversent le quartier dans un flux direct (en rose), presque continu, principalement le soir et les week-ends. Les promenades du quotidien (en jaune) sont réparties entre les différents lieux sociaux et culturels et dans les parcs. Le site de la friche est ainsi contourné car aujourd’hui clôturé. Les piétons aimerait pourtant le traverser. Les promenades indirectes s’y inviteraient à loisir. Les bus desservent largement le quartier, complétant la tâche du métro, restant en bas du coteau. Une nouvelle station de métro Sanllehy engendrera une nouvelle dynamique du quartier, qui sera alors connecté bien plus facilement. Le bus de barri permet aux personnes à mobilité réduite l’accès au haut de la colline. La parcelle est à l’interface de deux lignes de bus, dont l’une rejoint le centre-ville.
Les passants à 17h en semaine, photographies avril 2015
Le projet du jardin public hiérarchisera ces différents parcours. La montée au sommet, acte de promenade quotidienne ou touristique, s’étend à l’emprise du jardin. La diversité des promenades est accentuée.
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Prairie spontanée de la friche Limite de 25 mètres pour la protection contre les incendies Bois mixte (Pinus halepensis, Cedrus atlantica, Quercus ilex) Pinède (Pinus halepensis) sans sous-bois ligneux Pré de type savanes (Hyparrheia hirta) des versants ensoleillés Plantes rudérales de terre basses Strate arbustive de type garrigue Alignement et masse arborée urbaine Jardins privés majoritairement boisés
Mosaïque des milieux avec leurs potentiels écologiques
vue dégagée
vue cadrée/obstruée
vue obstruée par le relief
vue obstruée par le bâti
Quatre typologies de limites physiques, morcelant l’espace de Can Baró
V E RS LE JARDIN DE C A N B A RÓ Lieu d’interface dans la pente Milieux naturels et limites urbaines OBJECTIF POUR LA PORTE
Connecter le front du parc et le front de ville Strate arbustive méditerranéenne Pistacia lentiscus
Juniperus oxycedrus
Ulex parviflorus
Quels sont les éléments du site qui composeront le projet pour satisfaire les milieux naturels et leurs connexions urbaines ? MILIEUX Analysant les populations végétales d’après les vues aériennes, le référentiel Corine, distingue 5 typologies sur le site d’étude. Deux autres étant ajoutées pour comprendre l’imbrication végétale avec la ville. Les milieux les plus favorables à un développement végétal du climat local sont bien la garrigue et les pinèdes. Leur préservation enrichirait la Porte Can Baro, telles que les plantes ci-contre issues des garrigues. Les sols pauvres de remblais et sableux présentent une végétation rudérale auxquels il serait intéressant d’apporter une terre plus riche pour un milieu plus fourni. Le projet doit permettre les continuités végétales, en vue de l’ambition du Plan Vert et de la Biodiversité. Le projet pourra donc se construire de ces quelques ouvertures. LIMITES URBAINES Le secteur est constitué de nombreuses limites franches. L’intérêt des limites bâties ou rocheuses est de cadrer des vues ou de créer des alcôves. Cependant, il s’agira sûrement de les rompre, pour la connexion de la faune et de la flore, du parc avec la ville. La plus forte continuité sur le site est bien la ligne rocheuse, mais que la route réussit tout de même à interrompre.
Les limites conditionnent également les fluxs des usagers. Les nombreux murs de séparation ou de soutènement (en rouge) participent au morcellement de la zone. Un autre type de limite est mise en place pour la sécurité contre les incendies de forêt et conditionne la relation bois/ville. «Les franges de protection autour des zones urbanisées face aux incendies de forêts doivent être à une distance minimum de 25 mètres. Les arbres, élagués et espacés de 6 mètres minimum, sans continuité horizontale des houppiers. Les buissons isolés et séparés de 3 mètres minimum.»1
Le statut d’interface est une caractéristique forte de Can Baro, qui se doit d’être une lisière du parc des 3 Collines, majoritairement boisé. Les limites constituent spatialement cette lisière de colline en capillarité avec la ville. La diversité et la mixité du lieu est à accentuer tout en préservant les milieux intéressants. La qualité du futur jardin se situe dans la construction du contour. Des solutions spatiales devront composer les relations intérieures/extérieures, par le travail des limites.
1 Document par la Generalitat de Catalunya, Département de l’environnement et de l’habitat, Service Prévention des incendies de forêts.
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les lieux de tourisme et les lieux de société et un nouveau investir les creux de carrières pour la rencontre ville/parc les parcours de montée la nouvelle place du métro
2 0
100 m
25
1
50
Plan directeur : Bilan du devenir de la nouvelle porte Can Baro et l’insertion du nouveau jardin public
jardin f r a i s
jardin a r i d e place terrasses
parking s i l o t
0 10
belvédère
50 m 20
montée jardin d e s voisins
terrain de projet
LA PORTE CAN BARÓ Sa composition doit se faire en fonction des lieux touristiques, culturels et sociaux. L’investissement des espaces des creux de carrière doit permettre la création de lieux originaux et fonctionnels associés au milieu en place. Les différents parcours structurent la rencontre de la ville et la colline.
La première parcelle à investir est la friche Alegre, dont les objectifs programmatiques doivent être : - un jardin de proximité - un lieu de belvédères - une montée vers le sommet
À partir de quels poteniels du site, les propositions spatiales du nouveau jardin public vont pouvoir innover pour remplir ces objectifs ?
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Les fluxs piétons aux abords de la friche SCOLAIRE/TRAVAIL PROMENADE PAUSE VISITEURS
Dans cette partie du quartier à l’interface de la colline, les piétons sont nombreux. On peut observer différentes tendances, pratiques et conflits.
4. concentration sur les hauteurs des passants
2. pieds d’immeubles aménagés largement investis.
1. rue et places aux nombreux bancs vers la mer
Des pratiques singulières se présentent. Là où il y a des bancs, sur un bord de trottoir, souvent les personnes âgées s’y reposent et observent la vue (1). Aux heures des sorties d’école et du travail, les trottoirs, les aires de jeux et de sport et les espaces communs des immeubles s’animent (2). Tout au long de la journée, et même la nuit, les rues et les chemins du parc sont très empruntés (3). Les hauteurs sont paisibles, les joggeurs et les promeneurs défilent. Mais lors des heures de loisir (le soir et le week-end), beaucoup de groupes de gens passent pour aller au sommet, ou s’approprient les espaces du parc dégagé (4).
5. passage massif des touristes
2. sortie d’école sur trottoir
Dans les deux rues montantes accaparées par les voitures des riverains (5), les visiteurs passent dans un flux continu qui ne cesse pas. Leur destination est le belvédère du Turó de la Rovira. 3. rue et parc très utilisés 5
4
1
V E RS LE JARDIN DE C A N B A RÓ Investir la première parcelle Pour un jardin de proximité USAGES DU QUARTIER Suivant les pratiques en place, la pression des usages se situe dans la saturation des espaces publics, surtout aux heures de loisir. Le statut de jardin de proximité permettrait ainsi d’accueillir généreusement ces pratiques. Promenade, passage, jeux et contemplation dans des espaces tantôt séparées tantôt mixtes.
Les fêtes-clés pouvant habiter le quartier Fêtes de fin d’année
Calçotada
FESTIVITÉS La plupart des fêtes se passent dans l’espace public. Les fêtes de la Mercé (patronne de Barcelone), Sant Jordi et les Calçotadas sont générales à toute la ville. Chaque quartier a son évènement, appelé la Festa Major1. Le jardin s’inscrira dans cette temporalité annuelle, en ayant des espaces ouverts pour les fêtes célébrées dans le quartier. Le projet pourrait proposer un espace extérieur de type participatif pour et par les voisins. Potagers et tables pour investir une partie du jardin public et permettre l’appropriation lors des moments festifs. L’autre objectif du jardin public est d’intégrer des aires de jeux et de bancs pour la lecture ou pour les discussions after work. La partie «jardin de proximité» permettra une connexion spatiale d’interface du front de ville et du parc.
Dent creuse de l’Eixample investie par une association d’habitants, Espai Germanetes à Barcelone Intentions de composition du jardin de proximité - Créer une réciprocité visuelle en contre-bas, entre la ville et le jardin - Ouvrir plusieurs entrées pour les riverains, auxquelles les espaces de détente et de jeux sont connectés.
1 G rand e Fête en catal an
Festa de la Mercé
Sant Jordi
Festa Major1 de Can Baró Festa Major de Guinardó
entrées avec ses lieux jardin partagé place du quartier À BAR C E L O N E , UN E MO N TÉ E A U S OMMET DE LA R OVIR A_
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VUES VERS L’HORIZON Depuis le site, à de nombreuses reprises, la mer est visibles au loin. Quelques-unes sont singulières par les endroits d’où elle sont visibles, la placette des palmiers et la rotonda. D’autres sont des escapades urbaines où la mer n’est qu’un carré bleu en arrière-plan. La balade dans ce quartier s’étonne de ces vues difficiles à capter. Des respirations manquent dans cette densité.
1. lieux de vue hors ville note de bas de page
4 Les lieux de vues et de pauses existants
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2 1
1. La placette des palmiers de la rue de Budapest
3
1
2. place : ouverture urbaine
2. La Plaça de la Font Castellana
«Papá, mira el mar !» Et un enfant s’écrie
Vers la mer, encombrées par la ville
1
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«Papa, regarde la mer !»
V E RS LE JARDIN DE C A N B A RÓ Investir la première parcelle Pour un lieu de belvédères
1
2
3
AU SEIN DE LA PARCELLE Des ambiances de la friche se singularisent du reste urbain. Sur cette plaine, soutenue par un mur de soutènement de trois mètres, on surplombe la rue et les plate-formes des bâtiments de carrière détruits. De part et d’autre, la plaine est délimitée par un mur rocheux et par la rue. Les pieds dans l’herbe sont hors la ville alors que le regard et les oreilles y sont si proches. La zone enfrichée a vu se développait un champs d’aneth, dont l’odeur forte révulse ou attire. La rue Francesc Alegre semble étroite par l’alignement des platanes. Les trottoirs sont exigus malgré la largeur de 14 mètres. Le linéaire arborée, les façades des grands ensembles et la clôture opaque de la friche inaccessible oppressent. Dans cet espace dégagé, le sol ne semble pas permettre l’apparition de ligneux. Il est constitué de remblais pauvre. Le pin (Pinus halepensis), seul, fait de l’ombre aux autres plantes. Une chaise abandonnée, en partie cassée, révèle soudainement le potentiel de cet endroit : s’asseoir au pied du pin, à l’abri de la chaleur écrasante, non loin de la paroi rocheuse. Longer la roche, emprunter un chemin esquissé et s’enfoncer dans les arbustes. Un fond sonore de la ville se fait entendre. Dans le creux de la roche, l’air y est humide en cette journée de février. En avril, la fraîcheur apaise. Les troncs noirs des pins rythment graphiquement l’arrière-plan rocheux ocre. En été, l’odeur des pins se répand fortement.
4
Le belvédère des lichens montre que ce qui est à observer n’est pas qu’au lointain, mais peut être sous nos pieds, projet de Gilles Clément en Ardèche. Intentions de composition des belvédères - Créer des alcôves, tels des lieux de séjour pour contempler le lointain (la mer) ou regarder le proche (la falaise). - Organiser le sol (mobilier, signalétique...) pour permettre dans le mouvement de la marche de capter des vues au loin.
lieux de vue et de séjour ouvertures de promenade
chemins immergés
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Repères des éléments de topographie existants intéressants pour le projet 1. mur en pierre sèche
+1 m
2 5 1 4
2. front de taille
3
+25 m
3. talus de l’occupation industrielle
4. tracé d’un chemin dans le pente
5. tracé d’un chemin dans le pente +15 m
+2,5 m 2m
V E RS LE JARDIN DE C A N B A RÓ Investir la première parcelle Pour une montée au sommet MONTER/DESCENDRE La topographie est très présente sur le site. La falaise rocheuse atteind jusqu’à 30 mètres de hauteur, devenant plus haute que la façade bâtie. Par endroit elle est envahie de végétation, tout comme cet unique mur de pierre sèche, surgissant là. Des talus hauts de 3 mètres maximum et des plate-formes terrassées sont des restes de la présence des entrepôts et de l’activité industrielle. Ils rompent une certaine fluidité visuelle et de déplacements sur la friche. Le relief conditionne différentes manières de se déplacer, monter et descendre. La pente continue associée à la rue Francesc Alegre permet une montée directe mais quelque peu épuisante, par la côte de 16%. Un chemin de traverse contourne les talus et monte avec une pente plus douce de 7% environ. Il n’y a pas d’escaliers sur la friche et le front rocheux est bien difficile à escalader. Les tracés existants de la pente sont un héritage du passé. Certains de ces vestiges sont intéressants à conserver pour leur qualité esthétique mais aussi patrimoniale, telle que la roche, les murs de pierre sèche ou les replats en contre-bas. Des éléments peuvent être créés tels que des escaliers, passerelles, terrasses et pentes douces pour se promener dans les roches, éviter la rue à pente raide et aller au sommet.
Les tracés contournent ou vont directement au sommet dans des buts singuliers, Sacromonte à Grenade en Andalousie.
Intentions de composition de la montée - Proposer la diversité des parcours, montée directe 16%, de balade de 4% et d’autres libres. - Composer le jardin en pente pour combiner ces parcours dans une cohérence d’ensemble. conservation de la roche montée élargie de la rue chemins doux pour tous
seuil en replat de la montée
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AMO RCE DE SC ENA RI I SCENARII Pour la conception du jardin public, trois façons de franchissements de la pente sont exploitées. Chacun répondant aux questions du jardin de la montée, de belvédère et de jardin de proximité. Selon une même base de l'étude paysagère, ces différents dispositifs permettront d'ouvrir un éventail de propositions spatiales qui nourrissent le travail de composition du projet.
PASSERELLE L’intérêt de la passerelle, ci-contre, est le contraste qu’elle propose avec le relief et le bâti. Au Parc des Buttes Chaumont, les points de vue varient sans cesse au fil des déplacements dans le relief.
Parc del Clot à Barcelone
En violet sur la maquette les passerelles se posent simplement sur la partie haute. Les Buttes Chaumont à Paris
maquette topographique de l’existant au 1/500°, photographie
L'expérimentation des modes de franchissements se développe principalement par le travail de maquette, permettant la compréhension du terrain en volume. Elle s’applique au terrain sous forme de trois scenarii. Le premier scénario recherche la possibilité d'une pente continue. Le deuxième compose différentes terrasses pour franchir la pente. Le troisième imagine un dispositif de passerelles vers les hauteurs du jardin.
Les passerelles deviennent belvédères à la rencontre des dénivelés abrupts des falaises
TERRASSE La parc Kopazsi propose des terrasses au bord d’une darse du Danube, qui invite à s’y loger et contempler. Le terrassement du jardin de la Ville d’Este multiplie les séquences de vues et de chemins.
Kopazsi Parc, Budapest
PENTE CONTINUE Gustafson dessine un amphithéâtre dans la pente en spectacteur sur le jardin. À la Croix-rousse à Lyon, une longue pente de 140 m monte jusqu’à la découverte de la vue sur le Rhône en contre-bas.
Jardin de l’imaginaire, K. Gustafson
Le scénario propose une traversée du jardin par une pente continue libre d’usages.
Le sol est remanié pour un jardin en terrasses.
Place du Gros Caillou à Lyon
Villa d'Este à Trivoli
Ce scénario s’inspire de la perspective de la villa d’Este pour une scénographie de la montée.
La pente continue, soulignée sur son tracé, contraste avec le relief accidenté.
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pages du carnet de projet en cours
P OU RSUITES
Le projet d’une montée au sommet de la Rovira s’appuie de la nécessité d’investir les pentes résiduelles de la colline, pour l’accessibilité des visiteurs au sommet et les habitants du quartier dense et périphérique de Can Baró. La parcelle à investir est une friche faisant partie d’un réseau d’espaces délaissés des anciennes carrières de pierre et de l’urbanisation très peu planifiée. Il s’agit alors de créer le jardin avec les outils en place : le projet politique des collines et les dynamiques de vie urbaine. L’étude du projet du Parc urbain des Trois Collines révèle la vocation du secteur de la friche, une future porte d’entrée du parc. Par la compréhension du système actuel urbain et végétal des collines, ses caractéristiques d’héritage du front rocheux et de vie active du quartier la singularise des autres portes. Plusieurs actions doivent être menées pour guider Can Baró vers la rencontre de la ville et de la géographie des collines. Un plan directeur permet alors de définir ces actions et de déterminer la vocation du jardin public, un maillon de la porte Can Baró. Le diagnostic topographique, végétal et urbain du site de projet met en lumière ses potentiels pour la conception du jardin. Le relief accidenté fait signal et les diversités des cheminements doivent permettre la montée au sommet. Les vues au lointain et les ambiances intérieures de la friche doivent correspondre à une scénographie du jardin. La vie associative forte et les festivités du quartier pourront s’y développer et caractériser les lieux.
L’expérimentation de propositions spatiales qui répondent aux intentions ouvrira sur la composition d’ensemble du jardin public de la Porte Can Baró. Le projet se développera par la définition des espaces d’articulations. Le jardin public est composé de lieux aux ambiances et usages différents, indépendants les uns des autres. Le projet prend son intérêt dans la manière dont ces espaces vont s’articuler. Le sujet du cheminement est alors un point intéressant à développer. Sa matérialité, ses ambiances et sa faisabilité permettront de comprendre la cohérence d’ensemble du projet de jardin. L’invitation à y cheminer ne va pas sans la manière dont on va investir la friche. Son apparence actuelle dans le quartier et son occupation éphémère s’associeront à un projet de chantier participatif. Le projet du jardin public de Can Baró permettra d’articuler les usages touristiques et les pratiques des habitants, liés au parc des collines, par l’élaboration d’un jardin dans la pente.
Ma soif de comprendre le paysage barcelonais est assouvie par le projet du jardin de Can Baró. Mais pourra-t-elle vraiment s’arrêter avec la finalité du TPFE ? Ne continuera-t-elle pas à s’intensifier et se transformer à de l’action dans ce paysage ?
À BAR C E L O N E , UN E MO N TÉ E AU SOMMET DE LA R OVIR A_
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S OU RCES
Ouvrage BOU Lluis et GIMENO Eva, El Carmelo Ignorado, historia de un barrio imposible, (Le Carmel ignoré, histoire d’un quartier impossible), ed. Agencia de promoció del Carmel i entorns SA, Barcelona, 2007. CLOS Oriol, « Le vert stratégique », dans MASBOUNGI Ariella, Barcelone – La Ville Innovante, éditions du Moniteur, coll. Projet urbain, 2010. IBARZ Mercè, CUESTA Amanda, Barcelone : itinéraires et bifurcations, Traduit par MONTAGUT, éd Autrement, 2012. Personnes rencontrées FRANCO Manuel, architecte en chef, Directeur du Service Espace Public du District Horta-Guinardó, HERNÁNDEZ LÓPEZ Miguel, président de l’AVVCB, Asociació dels Veïns i Veïnes de Can Baró (Association des Voisins de Can Baró), JANSANA Imma, architecte-paysagiste, conceptrice du Belvédère du Turó de la Rovira à Barcelone,
Plans Modificació del Pla General Metropolità en l’Àmbit dels Tres Turrons, (Modification du Plan Général Métropolitain de la Zone des Trois Collines), Mémoires et Plans, Direction du Service de Planification, Municipalité de Barcelone, avril 2010. Pla del Verd i de la Biodiversitat de Barcelona 2020, (Plan Vert de Biodiversité de Barcelone 2020), Résumé, Ed. Medi Ambient i Serveis Urbans - Hàbitat Urbà, Municipalité de Barcelone, avril 2013. Vidéo COLOMA Carlota et LAHUERTA Adrià, La intervenció invisible (L’intervention invisible), 15-L. Films Production, Cataluña, 2013, (31’). Exposition BUSQUETS Joan (commissaire), Metropolis Barcelona, Volume 1 « L’urbanisme metropolità avui » (L’urbanisme métropolitain aujourd’hui), ed. Area Metropolitana de Barcelona, Barcelona, 2015.
PEREZ RUMPLER Patricia, paysagiste et doctorante sur la reforestation des trois collines à Barcelone, RAMOS Jordi, archéologue, auteur des excavations de la colline de la Rovira à Barcelone.
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REMERCIEMENTS
Les premiers remerciements reviennent aux personnalités de l’ENSAPL et de la formation de paysage qui ont caractérisé mes études. Je remercie avec affection ma famille, qui a suivi cela d’un regard attentioné plus ou moins lointain. Je remercie avec un abrazo fuerte Imma Jansana et tous mes interlocuteurs de Barcelone dont Patricia Perez Rumpler, Jordi Ramos et mes collègues d’un temps Manuel Franco, Modest Mor, Ruben et Carles. Un merci spécial à celles qui m’ont initié à la Catalogne, osant le pelo suelto et le batín, Clara Casas, Joana Solsona, Clara Duch et Elisenda Rosas, et à ceux qui ont introduit et nourrit mon histoire barcelonaise, Vincent, David, Estelle, Melissa et Diana. Les derniers remerciements et pas les moindres vont à mes compatriotes, Delphin, Simon, Mathilde, Mathilde et Delphine, pour le début intense ; Ghislain et les «gars» pour le retour, puis Lucia et Ivan pour leur exotisme.
SUJET À Barcelone, les montées vers les hauteurs de la ville sont emblématiques, celle vers le sommet de la Rovira est problématique. Le quartier Can Baró est, depuis peu, très traversé pour l’accès au Mirador du Turó de la Rovira. Réhabilité récemment, ce belvédère attire de nombreux visiteurs pour sa vue panoramique sur la ville et la mer, et pour ses vestiges historiques à ciel ouvert. Les tensions entre les pratiques quotidiennes et les passages massifs de touristes doivent alors être résolues par la reconsidération de l’espace public. QUESTION
En quoi investir les espaces disponibles de Can Baró permettront de résoudre les tensions entre les pratiques quotidiennes du quartier et les attentes liées au tourisme ?
PROPOSITION
La parcelle potentielle pour la nouvelle montée de la Rovira, comme jardin public, est une friche de carrière de pierre. Elle fait partie d’une suite d’espaces résiduels, dus à l’exploitation industrielle et au manque de planification urbaine, tous situés à l’interface de la colline et de la plaine, de la ville et du parc. Initié en 1976, le Parc des Trois Collines est un projet de parc urbain. Cinq portes d’entrée y sont définies. La future Porte de Can Baró connecterait le quartier à sa colline, par le développement des espaces publics. La première pièce serait le nouveau jardin public sur la friche.
MÉTHODE
Le projet a pour objectif la création de franchissements de la pente, de belvédères et d’espaces de proximité pour les habitants. Les intentions spatiales seront expérimentées par la mise en place de différents scenarii de jardin construit dans la pente. Il s’agit alors de créer le jardin avec les outils en place: le projet politique du Parc urbain des collines et les dynamiques sociales. Le projet se nourrit également de l’étude des éléments topographiques de la friche et des caractéristiques du quartier et de sa vie quotidienne.