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L 18647 - 2 - F: 4,95 € - RD

Vivien Feil / Chris Mulhern / Pontus Alv / Oscar Candon / Olly Todd /  Pacôme Gabrillagues & Quentin Chambry / Guillaume Noyelle /  Giovanni Reda / Hugo Liard / Dan Magee / Ed Templeton...

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juin juillet


Devon Connell, Frontside boardslide. Ph : Zander Taketomo.

« […] Maintenant, n’importe qui peut avoir accès à une caméra de qualité décente et réaliser quelque chose avec ses amis. »


Et comment on se lance ensuite dans un projet de vidéo indépendante ? Je ne suis pas sûr de comment je me suis retrouvé à faire ces vidéos. Ça n’a jamais été une décision consciente, où je me serais dit : « bon, je vais filmer tous les jours pendant trois ans, et puis je monterais tout ça, ensuite ! ». Ça s’est vraiment fait tout seul, à chaque fois. Avec This Time Tomorrow, les choses étaient un peu plus planifiées que pour mes vidéos précédentes, mais il n’y a jamais eu d’objectif défini, ou quelque pression que ce soit. Entre Few And Far Between et This Time Tomorrow, à quel point le marché de la vidéo a évolué ? Malheureusement, le marché des ventes de DVD s’est effondré, depuis que j’ai terminé Few And Far Between. Depuis que This Time Tomorrow est sortie, j’en ai vendu à des shops et des distributeurs, mais même si cette vidéo compte des noms plus connus, ils semblent tous prendre des quantités plus faibles. C’est un peu comme si les jours du DVD étaient comptés. Sur This Time Tomorrow, tu auras bossé trois ans, sinon plus, comment tu finances ça ? Je vis chez mes parents depuis que j’ai commencé la vidéo, donc de ne pas avoir de loyer à payer a beaucoup aidé. Ça m’a aidé à me payer quelques voyages en Europe, sans avoir à m’endetter à fond. J’ai fait des boulots en free-lance à droite à gauche, aussi. L’été dernier, j’ai donné des cours de production vidéo au skate camp de Woodward. La paie était bonne et j’ai vraiment aimé le faire. L’argent m’a aidé à survivre jusqu’à la sortie du DVD de This Time Tomorrow. Pas mal de marques se sont impliquées dans la vidéo, vers la fin, aussi. Ça m’a aidé à payer pour la duplication et à faire des premières aux ÉtatsUnis et en Europe aussi. Cette histoire de cours de vidéo m’intéresse. Qu’est-ce que toi tu as appris de la toute jeune génération ? C’est assez impressionnant de voir combien de gamins sont à fond de filmer, aujourd’hui. Plein de mes élèves avaient seulement 12 ans, et beaucoup avaient déjà des caméras HD assez chères. Et le plus étonnant, c’est que beaucoup savaient déjà s’en servir correctement. Il semble que les caméras soient plus accessibles de nos jours, comparé à quand j’ai commencé à filmer. Ce qui est une grande aide pour tout ce qui est cinéma indépendant : maintenant, n’importe qui peut avoir accès à une caméra de qualité décente et réaliser quelque chose avec ses amis. Plutôt que de regarder les vidéos produites par de grosses marques, ces gamins peuvent sortir de chez eux et créer leur propre truc. Ils peuvent filmer le type de skate qu’ils aiment et montrer la vision qu’ils en ont. Comment, toi, tu as fait ton casting pour celle-là ? Au début, c’était juste Jimmy McDonald, Devon Connell, Shaun Williams et Brendan Grandstand. Je skate avec ces gars presque tous les jours à Philadelphie, il était donc logique de les intégrer. La présence britannique dans la vidéo est un pur hasard. À l’automne 2007, j’ai passé deux mois à Londres, filmant des rideurs Landscape pour Josh Stewart.

C’est comme ça que j’ai rencontré Lucien Clarke, Steph Morgan, Rory Milanes et Will Harmon. On a accumulé plein d’images, et aucun de ces gars ne filmait pour rien de précis. Avant de partir, j’ai parlé avec eux de les intégrer à la vidéo sur laquelle je travaillais, et ils étaient tous excités par l’idée. On a continué à partir sur différentes destinations ensemble et à compiler plus d’images. Quand j’ai commencé à assembler tout ça, j’ai réalisé que je pouvais rajouter une part en plus. J’avais rencontré Dave Caddo et Curtis Rapp par le passé, mais je ne les connaissais pas plus que ça. Je les ai juste appelés, et demandé s’ils voulaient faire partie de la vidéo, et ils étaient chauds. Lucien commence à se faire un petit nom, ici en Europe, mais il reste assez underground, comment il s’est retrouvé avec la dernière part ? La première nuit que j’ai skaté avec Lucien, à Londres, j’ai réalisé à quel point il était talentueux. Il a filmé deux super bons tricks, et ça avait l’air de venir facilement pour lui. J’ai tout de suite su que je voulais qu’il fasse partie du projet. Lors de ce premier séjour à Londres, il a probablement filmé un bon quart de sa part. Il a fait le flip back noseblunt à Chalky Blocks quelques jours avant que je ne prenne mon avion pour Philadelphie. J’ai tout de suite su que ça allait être le dernier trick de la vidéo.

Puisque tu mentionnais Josh Stewart, comment tu quantifierais l’influence de la série des Static sur les vidéos d’indépendants aux États-Unis, qu’ils soient de la Côte Est ou non ? Je dirais que les Static sont l’unique raison pour laquelle des projets indépendants voient encore le jour, désormais ! Le profit n’est certainement pas la principale motivation ! Josh a commencé par faire des vidéos pour mettre en lumière la scène de Floride, et désormais il documente le skate tout autour du globe, comme dans la Static 3. Quand tu vois cette progression dans son travail, ça inspire à faire de même avec le tien.

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Quentin Chambry

ET

Pacôme Gabrillagues

Ils avaient gagné le concours de La Rue Est Vers L’image en 2009 avec La Boîte

À Images, tout en projection sur des maquettes en carton. Et Pacôme avait raflé la mise en 2008 avec Chocolat Vanille Pistache… Idées fraîches et réalisation impeccable, ils promettaient. Et c’est au printemps que les deux acolytes nous sortent Crosswalk, leur premier gros projet, une vidéo de scène, la leur, la Rennaise, mais à leur sauce… Animation image par image, maquettes en cartons de villes entières, spots animés, tout y passe pour annoncer des skateurs de talents et une scène dynamique. Bref, l’une des meilleures vidéos françaises de l’année, c’est déjà officiel. Et l’occasion de faire parler ces deux-là. Tous les deux jeunes (Pacôme a 23 ans, et Quentin 21) et des images qui bougent plein la tête…

Comment vous fonctionnez, vous travaillez sur tout ensemble, ou vous avez chacun des taches précises ? Pacôme On est tout le temps ensemble, et après sur certains projets, l’un s’implique plus que l’autre, mais on bosse toujours ensemble. Quentin Souvent l’un propose une idée, et on la retravaille ensemble. Les intros en animation image par image, c’est plus la spécialité de l’un de vous deux ? Quentin Là, Pacôme est plus à la caméra et sur la construction des plans, et moi plus sur créer les visuels. Pacôme Je ne sais plus qui avait eu l’idée sur la mante religieuse. Quentin Tu avais commencé à construire la ville, en carton, et moi je l’ai vue d’un œil extérieur, et j’ai voulu apporter plus, enrichir la maquette. Pacôme Ouais, on a refait complètement le truc. Quentin Le fait de travailler ensemble crée un truc qui au final n’est ni différent de moi, ou de Pacôme, mais un truc que l’on ne ferait pas forcément chacun de notre côté.

Interview : Benjamin Deberdt. Ph : Clément Le Gall.


« C’est clair que j’ai beaucoup moins tendance à être négatif sur les choses... » Ollie. Ph : Jean Feil.

Récemment, tu plaisantais sur le fait qu’auparavant tu critiquais beaucoup de choses, mais que maintenant que tu savais comment ça marche, tu ne dirais plus jamais rien sur quoi que ce soit ! [Rires] Oui, c’est évident ! Tu te rends compte que les choses paraissent vachement plus simples qu’elle ne le sont ! Juste sortir une vidéo : la moitié du footage est en NTSC, l’autre en PAL… L’ordinateur de Jean, en plein voyage, a planté, alors qu’on était en train d’exporter la version NTSC, l’enfer ! Ça bogue, tu recommences… N’importe quoi demande tellement de boulot. C’est clair que j’ai beaucoup moins tendance à être négatif sur les choses, quand je sais le boulot que ça demande ! Quand tu n’en as aucune idée, tu regardes les trucs et tu es là : « Pfff, ouah, les mecs… ». Mais, là, on se rend compte que le temps est limité. Il n’y a que vingt-quatre heures dans une journée. Je dors beaucoup moins ! Je me lève en même temps que ma copine, vers 7h00 et quelques. Mais, même, tu ne peux pas être huit ou dix heures d’affilée à ne faire que ça. Il y a un moment où tu lâches juste l’affaire et, puis, Inch’Allah, quoi ! [Rires] Quelle est la chose qui t’a le plus surpris ? Dans tout ce truc, ce qui m’a vachement surpris c'est que lorsque l’on a demandé du footage à des gens en leur disant que l’on n’avait pas de thunes, certains nous ont envoyé des masses d'images ! Des mecs comme Ryan Garshell de San francisco a envoyé des footages de Ben Gore, Delatorre, Carlos Young. Le mec nous a envoyé une minute de vrai footage, cadeau ! Même si Léo le connaît, ça m’a surpris. Même Dan Magee ! Il m’a juste dit : « tu veux des images de qui ? ». Et j’ai oublié Sylvain ! [Rires] Le seul Français dans le tas ! [Rires] On était tellement dans « Blueprint, les Anglais ! » qu’on l’a oublié ! Même la réaction de certains shops… Tu en appelles certains qui sont tout de suite à fond, alors que tu viens de commencer. On a une vidéo et une collection, mais on n’a pas accompli grand chose, mais certains sont à bloc. Il n’y en a pas des masses [rires], mais quand les gens font le geste de te le dire, ça fait plaisir.


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