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Mark Gonzales, entre légende et réalité / Adrien Bulard : un allez-retour Mark Whiteley, photographe et plus / Being Chad Muska / Et quelques autres…
À 33 ans, Mark Whiteley est un homme bien dans son temps…
Artisan de l’ombre, vous ne connaissez probablement pas son nom, mais son travail est de ceux qui comptent par sa qualité. Où, me direz-vous ? Chez SLAP, le magazine US le plus ouvert sur le monde (le premier à avoir mis en avant de jeunes Sarmiento, Teixeira, entre autres…). Par l’un de ces accidents de la vie aussi improbables que logiques, finalement, le plus grand fan du mag rejoint l’équipe en 1998, pour finir par en devenir le rédacteur en chef. Sans doute victime de son aventurisme forcené dans un milieu plus frileux que l’on ne veut l’admettre, SLAP sera, contraint et forcé, le premier à définitivement passer à l’ère digitale. Après seize années en kiosque, le magazine publie son dernier numéro imprimé en décembre 2008 pour passer au « tout internet » . Un site, donc, qui, de par son forum, souvent qualifié de « dernier refuge de la vérité » par ceux qui y postent ou surveillent ce qui s’y dit, est devenu un baromètre incontournable de ce que la communauté skate attend de ses médias en 2010. Les derniers mois de publication, SLAP était imprimé à cinquante mille exemplaires. Le site est aujourd’hui régulièrement visité par deux cent cinquante mille personnes, et atteint les trois millions de connexions par mois. De son côté, Mark sort un livre de ses photos, portraits et ambiances, abordant aussi bien les « skate houses » les plus connues du San Jose de sa jeunesse que les musiciens rencontrés en chemin. Nous nous sommes permis d’emprunter un peu de temps à ce jeune papa de deux petites filles pour le faire discuter de ce projet personnel, ainsi que de sujets lui tenant à cœur. Et qui de mieux que Scott Bourne, ami de longue date, pour lui en faire dire un peu plus ?
Une introduction de Benjamin Deberdt et des questions de Scott Bourne et Benjamin.
« La Pink House était une grande maison effectivement rose de San Jose, habitée par de nombreux skateurs au fil des années. Les fêtes se succédaient, et les canapés étaient toujours squattés. Finalement, le dernier groupe de locataires s’est fait expulser, et voilà leur dernière journée, un dépendage de crémaillère version skate. Le dernier à avoir emménagé, Emmanuel Guzman, rentre frontside noseslide sur le rail avant que la session ne se tourne vers le canapé posé sur le trottoir. » (extrait de This Is Not A Photo Opportunity)
Mark Whiteley
Alors, qu’est-ce que c’était, la bestiole que vous étiez en train de construire, lorsque je suis arrivé à Copenhague ? Woody ? C’était une extension des créatures que je dessine depuis quelque temps, et quelque chose qui me trottait dans la tête depuis des années… Alex Kopps venait à Copenhague pour m’assister, et aussi filmer un petit documentaire sur l’exposition pour Gravis, avec qui je collabore. J’essayais de penser à un projet de sculpture dont il pourrait construire la structure, et dont je finirais les détails. J’ai pensé que ce serait quelque chose que l’on arriverait à réaliser dans le temps qui nous était imparti, sur place, c’est-à-dire dix jours. Ça s’est révélé un sacré challenge, en fait… On a utilisé les techniques de gabarits et d’armature comme pour faire une rampe, pour la structure. Oui, sans l’expérience d’avoir construit des rampes quand j’étais gamin, je ne crois pas que j’aurais eu autant de facilité à réaliser ce truc. Qui, en fait, n’était pas du tout facile ! [Rires] C’est donc ce à quoi tu t’es surtout consacré, depuis que tu as disparu des radars du monde du skateboard, ton travail d’artiste ? Oui, j’ai travaillé sur pas mal d’œuvres d’art et d’expositions… Ça et j’ai aussi réalisé trois longs-métrages documentaires sur le surf. J’ai travaillé dans le skate pendant… J’ai commencé à skater en 1974. J’ai fait mes premiers fanzines en 1983, avant de rejoindre Transworld en 1986 ou 87. Et j’ai travaillé là-dedans jusqu’en 1998 où j’étais le directeur de la photographie pour Skateboarder, et c’est à cette époque
qu’après avoir passé autant de temps à documenter le skate, j’ai eu envie de juste aller en faire. Je n’avais plus envie d’être le gars en bas des marches à gérer des mecs en train de péter les plombs, ce qui était très à la mode, à l’époque, de complètement craquer [Rires] quand tu ne rentrais pas ton trick… Je suis sûr que ça arrive encore, mais tu vois de quoi je parle, non ? À cette époque, pas mal de gens pensaient que c’était cool de faire des scènes, et moi, je n’étais vraiment pas là-dedans et j’avais juste envie d’aller skater… Et de t’amuser… Oui, je skate toujours, d’ailleurs… J’allais te demander des nouvelles du quarter qui est posé devant chez toi. Tu as appris, ou réappris, de nouveaux tricks dessus ? Ah… Peter McBride [Ex-pro Santa Cruz, NDLR] m’a construit ce micro quarter pipe, pour mes 40 ans, qui doit faire 45cm de haut. Son nom, c’est le Wusspipe [Wuss : dégonflé en argot américain, NDLR], pour le Club des 40 ans et Plus. Le bonus, c’est que la transition et le coping existent juste assez pour que tu puisses faire des tricks, donc tu peux, à peu près, tout faire dessus… Si tu me donnes vingt minutes, je dois pouvoir rentrer tous les tricks que j’ai jamais su faire, dessus ! Par contre, pour ce qui est d’en avoir appris… [Rires] Je ne suis pas sûr !
Même pas un trick que tu pensais avoir complètement perdu qui serait revenu par miracle ? Honnêtement, je peux y faire tous les tricks que je connais : des blunt disasters, des frontside 5-0 to tail, des sweepers… [Rires] Le mieux, ça reste les frontside pivot, le spot est idéal pour ça. Mais les gars qui ont tout défoncé dessus sont Peter McBride et Rip [Photographe japonais connu pour sa « performance » dans Super Champion Fun Zone, NDLR]. Rip tue ! Et je crois que Peter a rentré backside noseblunt revert. Je ne sais pas comment ça marche, ça ! [Rires] Moi non plus… [Rires] Pour revenir à ces séances de comédies qui t’ont saoulé quand tu étais encore photographe de skate, tu n’aurais pas une bonne anecdote qui te reviendrait ? Lâche des noms ! Non, je ne veux pas donner de noms… Ça, ça veut dire qu’ils sont encore dans le circuit ! Non, non, mais je m’en fous, en fait… Je pense que ce qui s’est passé, c’est que j’avais fait le tour, et je me suis dit que je préfèrerais aller skater, et faire d’autres choses. Et c’est ce qui se passe un peu avec le surf, aujourd’hui. J’en ai documenté pendant toute cette période, et maintenant j’ai l’impression de ne plus avoir de choses à montrer. Je préfère aller surfer que de rester sur la plage à filmer. Pour ce qui est 54
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Shadi Charbel Shadi profite d’un cours passage à Paris pour abîmer quelques monuments locaux. Le tout avec un genou avant dont la taille fluctue en fonction des glaçages. Nollie frontside noselide quelque part dans le labyrinthe de Beaugrenelle. Ph : Deberdt
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