La coordination civilo-militaire (CIMIC)
TABLE DES MATIÈRES
PROLOGUE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . V FORMAT D’ETUDE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . VII MÉTHODE D’ÉTUDE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .VIII
LEÇON 1 – PRÉSENTATION ET CONCEPTS. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
1.1 1.2
Présentation du cours Concepts et terminologie CIMIC
LEÇON 2 – LES OPÉRATIONS DE PAIX COMPLEXES. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .31
2.1 2.2 2.3 2.4
Le cadre juridique des opérations de paix des Nations Unies Une histoire concise des opérations de paix des Nations Unies Analyse d’une opération de paix complexe : la MINUL Le cadre politique de l’Union africaine en matière d’opérations de maintien de la paix
LEÇON 3 – CONSOLIDATION DE LA PAIX ET COORDINATION DES OPÉRATIONS DE LA PAIX COMPLEXES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
3.1 3.2 3.3 3.4 3.5 3.6
Du maintien de la paix à la consolidation de la paix Phases de la consolidation de la paix Acteurs de la consolidation de la paix Coordination et synchronisation Coordination des opérations de paix complexes Conclusion
LEÇON 4 – LA STRUCTURE CIMIC ET LA GESTION DE L’INFORMATION ET DE LA LIAISON. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
4.1 4.2 4.3 4.4 4.5 4.6 4.7
Qu’est-ce que la liaison ? Structures CIMIC au sein des opérations de paix des NU Gestion de l’information Information civile Centres CIMIC (CC) et Centres d’opérations civilo-militaires (COCM) Commandement et contrôle de CIMIC de l’ONU Conclusion
iii
LEÇON 5 – SOUTIEN À LA MISSION, SOUTIEN À LA COMMUNAUTÉ ET PROJETS À IMPACT RAPIDE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
5.1 5.2 5.3
Qu’est-ce que le soutien à la Mission? Qu’est-ce que le soutien à la communauté? Que sont les projets à impact rapide ?
LEÇON 6 – NÉGOCIATIONS ET ANIMATIONS DE RÉUNIONS. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .123
6.1 6.2 6.3 6.4 6.5 6.6 6.7
Pourquoi des aptitudes à la négociation et la communication sont-elles nécessaires? Se préparer à une réunion Communication interculturelle et négociations Techniques de communication de base Se préparer à une négociation Quelques directives importantes Lectures supplémentaires sur la gestion des négociations
LEÇON 7 – INTERPRÈTES ET RELATIONS AVEC LES MÉDIAS. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .147
7.1 7.2 7.3 7.4
Conscience culturelle Travailler avec des interprètes Relations avec les médias Lignes directrices pour les entrevues
ANNEXE A – LISTE DES ACRONYMES. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .161 ANNEXE B – LISTE DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX . . . . . . . . . . . . . . . . . .165 ANNEXE C – NOTE DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LES MISSIONS INTÉGRÉES. . . . .168 ANNEXE D – POLITIQUE DE COORDINATION CIVILO-MILITAIRE DU DÉPARTEMENT DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173 ANNEXE E – UTILISATION D’ESCORTES ARMÉES POUR LES CONVOIS HUMANITAIRES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179 ANNEXE F – UTILISATION DES RESSOURCES MILITAIRES DANS LE CADRE DE SITUATIONS HUMANITAIRES. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .194 ANNEXE G – NOTE DE RÉFÉRENCE DU COMITÉ PERMANENT DE COORDINATION INTER-AGENCE (IASC) SUR LES RELATIONS CIVILO-MILITAIRES DANS LES SITUATIONS D’URGENCE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 214
INSTRUCTIONS POUR L’EXAMEN DE FIN DE COURS. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .231
iv
PROLOGUE La coordination civilo-militaire fournit l’interface entre d’une part des objectifs de paix et de sécurité et d’autre part des objectifs d’assistance et de reconstruction ; elle s’avère décisive si une opération complexe de paix doit avoir un impact important sur le système qu’elle tente de transformer. Les officiers de coordination civilo-militaire sont formés aux principes et aux directives humanitaires afin de pouvoir faciliter la coordination de l’interface sécuritaire et humanitaire, ainsi que de veiller à ce que tout soutien offert soit complémentaire au programme humanitaire et de développement. Ils sont aussi formés à comprendre le rôle et les fonctions des différents acteurs de développement et de consolidation de la paix pour leur permettre de faciliter et de coordonner le soutien que la force de maintien de la paix peut offrir aux autres composantes de la missions ainsi qu’aux communautés locales. Le matériel de ce cours de l’Institut de formation aux opérations de paix repose sur du matériel de formation développé par le « Programme de coordination civilo-militaire africaine » (CCMA. 2004 – 2007). Le Centre africain pour la résolution constructive des conflits (ACCORD - African Centre for the Constructive Resolution of Disputes) a assuré la direction du Programme CCMA qui a été développé en partenariat avec un certain nombre de centres régionaux de formation au maintien de la paix en Afrique. Le Kofi Annan International Peacekeeping Training Centre (KAIPTC) à Accra, au Ghana, a conduit des cours CIMIC en Afrique de l’ouest. L’école de maintien de la paix du Mali (EMP) a conduit un cours CIMIC en français. Le Peace Support Training Centre (PSTC) à Nairobi, au Kenya, a conduit des cours CIMIC en Afrique de l’est. Le South African National War College (SANWC) à Tswane, le Regional Peacekeeping Training Centre (SADC-RPTC) à Harare, et ACCORD ont conduit des cours en Afrique australe. Le PSTC a aussi conduit deux cours CIMIC au sein de la MIAS (Darfour, Soudan), et ACCORD a conduit des cours CIMIC au sein de la MONUC (République démocratique du Congo) et auprès de la MINUS (Soudan), un cours CIMIC pour des gardiennes de la paix avec le DOMP des NU et un cours de coordination civilo-humanitaire des NU (CMCoord) avec le bureau d’OCHA des Nations Unies. La plupart de ces centres continuent de conduire des cours CIMIC même si le programme CCMA est officiellement terminé. Le Programme du CCMA a été financé par le gouvernement de Finlande. Le gouvernement allemand, par le biais de la GTZ, a appuyé la participation du PSTC au sein du programme. Le gouvernement français a appuyé le cours qui s’est donné à l’EMP du Mali. Comme il n’existait pas au départ de matériel de formation relative à la coordination civilo-militaire des opérations de paix des Nations Unies, le programme CCMA a développé son propre matériel pour le mettre au service des opérations de maintien de la paix africaines et des Nations Unies. Le matériel de formation, qui comprend un manuel de poche ainsi qu’un manuel de référence plus complet en français comme en anglais, sont disponibles en ligne à http://www.accord.org.za/cimic/manual.htm. Le matériel de formation a été développé en coopération étroite avec les centres régionaux de formation au maintien de la paix en Afrique et ont fait l’objet d’évaluation de la part de représentants du Département des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, ainsi que de la plupart des missions de terrain en Afrique, du Bureau de coordination des Nations Unies pour les affaires humanitaires (OCHA), d’un grand nombre d’autres agences des Nations Unies, de l’Union africaine ainsi que de différents v
Mécanismes régionaux au service de la paix et de la sécurité en Afrique, ces derniers comprenant la CEDEAO, l’IGAD et la SADC. Même s’il est destiné en priorité aux officiers CIMIC des Nations Unies, tous les étudiants, soient-ils militaires ou civils, apprécieront l’étude de ce cours. Elle leur permettra de comprendre les mécanismes de coopération institutionnelle qui régissent les relations entre diverses composantes de la Mission, ainsi qu’entre la Mission et le reste du système, ceci dans le but d’assurer la mise en œuvre d’un processus de paix durable. Du point de vue des politiques, le Programme CCMA et ce cours de l’Institut de formation aux opérations de paix reposent sur les documents de politique des Nations Unies en matière de coordination civilo-militaire, en particulier le document de « Politique en matière de coordination civilo-militaire » adopté en septembre 2002, les « Directives sur l’emploi des ressources militaires et de défense civile en appui aux activités humanitaires dans le cadre d’urgences complexes » de mars 2003, ainsi que le document de référence du IASC sur « Relations civilo-militaires dans le cadre des urgences complexes » de juin 2004. Ces documents de politiques sont inclus comme annexes à la fin du cours. Un cours de cette nature ne peut jamais couvrir toutes les variations possibles qui peuvent surgir en ce domaine, particulièrement dans un environnement hautement dynamique et évolutif. L’essentiel du cours repose sur une présentation des principes, politiques et approches reconnues. Le cours offre des exemples de structures et d’opérations CIMIC qui proviennent d’un certain nombre de missions africaines et des NU, mais il revient ultimement à chaque officier CIMIC d’interpréter et appliquer les directives générales présentées dans ce cours dans le contexte particulier d’une mission. Ce cours repose sur du matériel de formation qui a été développé sur une période de trois ans et demi par le programme CCMA, auquel ont participé plus de 500 personnes. Tous ont contribué au développement et à la conceptualisation du concept de coordination civilo-militaire présenté dans ce cours. Nous souhaitons en particulier exprimer nos remerciements à nos collègues au sein d’ACCORD, à nos partenaires du CCMA, du KAIPTC, de l’EMP, du PSTC (GTZ), du SADC-RPTC et du SANWC, pour avoir participé à l’effort collectif de développement de ce matériel de formation. Il a fallu pas moins de cinq versions du manuel de formation et de nombreuses vérifications et tests au cours des sept sessions de formation. Nous souhaitons aussi remercier nos collègues du DOMP, d’OCHA, du UNHCR et d’un grand nombre d’autres agences des NU, des personnels des opérations de paix en Afrique, ainsi que tous les experts individuels qui nous ont aidé dans l’évaluation et l’ajustement du matériel de formation du manuel. Notre objectif est que le cours soit révisé et mis à jour sur une base régulière. Tous les commentaires, suggestions et contributions d’exemples ou d’études de cas peuvent être envoyées à l’attention de cedric@deconing.net. Cedric de Coning Stephen E. Henthorne 2007
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FORMAT D’ÉTUDE Ce cours est conçu pour une étude indépendante à un rythme déterminé par l`étudiant
Le format du cours et le matériel mis à disposition permettent: • • •
UNE ÉTUDE PAR MODULE LA FACILITÉ DE RÉVISION UN APPRENTISSAGE PROGRESSIF
RESPONSABILITÉ DE L’ÉTUDIANT L’étudiant est responsable de/d’: • • •
Apprendre la matière du cours Compléter l’examen de fin de cours Soumettre l’examen de fin de cours
Merci de consulter votre courriel de confirmation d'inscription, ou bien la fin de ce cours pour les instructions relatives à la façon de passer votre examen.
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MÉTHODE D’ÉTUDE Vous trouverez ci-dessous des suggestions pour aborder ce cours. Bien que l`étudiant puisse avoir des approches alternatives qui se révèlent efficaces, les conseils suivants ont fonctionné pour beaucoup.
•
Avant de commencer à étudier, passez en revue le texte du cours en entier. Notez les objectifs des leçons, ce qui vous donnera une idée de ce qui sera examiné lorsque vous aurez terminé le cours.
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Le contenu doit être direct et logique. Au lieu de mémoriser des détails individuels, efforcez-vous de comprendre les concepts et les perspectives globales.
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Mettez en place des lignes de conduite sur la manière dont vous voulez gérer votre temps.
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Étudiez le contenu de la leçon. Au début de chaque leçon, orientez-vous vers les points principaux. Si vous le pouvez, lisez le texte deux fois afin de vous assurer une compréhension et un apprentissage maximum et laissez passer du temps entre les lectures.
•
Quand vous finissez une leçon, prenez le temps de revoir les points principaux de chaque leçon. Pour toute erreur, retournez voir la section correspondante de la leçon et relisez-là. avant de continuer, soyez conscient des éléments qui vous ont conduit à l’erreur.
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Après avoir étudié toutes les leçons, prenez le temps de revoir les points principaux de chaque leçon. Puis, pendant que le cours est encore frais dans votre esprit, passez l’examen final. Il est généralement préférable de passer l’examen final en une seule fois.
•
Votre examen sera noté et si vous obtenez une note de 75% ou plus, il vous sera remis un Certificat de réussite du Cours. Si vous obtenez une note inférieure à 75% vous aurez l`opportunité de passer une deuxième version de l`examen final.
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LEÇON 1 PRÉSENTATION ET CONCEPTS 1.1
Présentation du cours
1.2
Concepts et terminologie CIMIC
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Leçon 1 / Présentation et concepts
OBJECTIFS DE LA LEÇON Après avoir étudié cette leçon, l’étudiant sera en mesure de:
• Définir la CIMIC ainsi que les concepts et la terminologie qui lui est propre dans le champ des opérations de paix;
• Expliquer les principes et lignes directrices de la CIMIC; • Expliquer la structure et l’organisation CIMIC; et • Comprendre le rôle et la fonction de la CIMIC.
INTRODUCTION La coordination civilo-militaire constitue l’interface entre les objectifs de paix et de sécurité d’un côté, et les objectifs d’assistance et de reconstruction de l’autre. La CIMIC joue un rôle crucial dans le contexte d’une opération de paix complexe qui cherche à avoir un impact holistique sur le système de conflit qu’elle tente de réformer. Les officiers de coordination civilo-militaire sont formés à la compréhension des principes et politiques humanitaires pour être en mesure de faciliter la coordination des interfaces humanitaires et de sécurité, ainsi que d’assurer que tout appui militaire soit complémentaire aux agendas humanitaires et de développement.
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Leçon 1 / Présentation et concepts
1.1
Présentation du cours
Du maintien de la paix à la consolidation de la paix Au 21e siècle, le centre d’intérêt de la gestion internationale des conflits passe définitivement du maintien de la paix, qui consistait à maintenir le statu quo, à la consolidation de la paix, qui consiste à la gestion des transitions. Depuis 1989, la plupart des opérations de paix de l’ONU ont été de fait des opérations de paix dont l’objectif fondamental a été de soutenir l’exécution de vastes processus de paix comprenant les tâches classiques de consolidation de la paix telles que le désarmement, la démobilisation et la réintégration (DDR), la réforme du secteur judiciaire, l’organisation des élections, la formation et la restructuration d’une nouvelle police, et enfin faciliter le passage d’un gouvernement intérimaire à un gouvernement de transition, éventuellement élu ensuite par voie démocratique. L’évolution de « maintien de la paix » à « consolidation de la paix » est apparue au fur et à mesure que de nouveaux domaines, plutôt civils, se sont ajoutés aux traditionnels mandats militaires de maintien de la paix. Ces nouvelles dimensions ont eu pour but d’aider le pays hôte à soutenir l’élan du processus de paix : a) en soutenant les arrangements transitionnels, b) en établissant de nouvelles institutions nationales telles que la défense, la police, la justice ou en les réformant, c) en aidant dans l’organisation d’élections, d) en soutenant des processus de projets de constitution, et e) en facilitant les initiatives de restauration judiciaire. Afin d’assurer la cohérence des différentes dimensions des opérations de consolidation de la paix (politique, sécurité, développement, droits de l’homme, etc.) au sein d’une même mission, il a fallu établir des mécanismes et des modalités adéquats qui facilitent la coordination et la coopération. Plusieurs fonctions spécialisées de coordination se sont développées au fil des ans. Dans la composante militaire, la branche de la coordination civilo-militaire s’est développée afin de servir de référent entre les différentes composantes, les agences et les communautés militaires et civiles avec qui les forces militaires de maintien de la paix auront à agir dans le contexte des opérations de paix. CIMIC et opérations complexes de paix « Lorsque je servais avec les forces de l’OTAN en ex-Yougoslavie, je suis rapidement arrivé à la conclusion que les commandants œuvrant dans des opérations de paix complexes nécessitent une capacité CIMIC dédiée à leurs intérêts ». Général de brigade Gunnar Lundberg, Commandant de la brigade NORDPOL en Ex-Yougoslavie de décembre 1996 à juin 1997.
Leçon 1 / Présentation et concepts
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L’OTAN et l’Union européenne A contrario, les opérations de l’OTAN, de l’UE et de type coalition, sont généralement déployées dans un environnement beaucoup plus contesté en tant qu’opérations d’imposition de la paix ; ceci pour sécuriser ou soutenir un cessez-le-feu ou soutenir un accord de paix dans des situations où demeurent encore des hostilités considérables à cause d’une faction. Cette dernière peut être opposée à l’accord de paix comme par exemple les talibans en Afghanistan. Ces opérations sont aussi typiquement déployées en tant que force militaire avec un mandat et une identité bien séparés de l’ONU ou des autres groupes internationaux ou régionaux qui peuvent être actifs dans la prévention des conflits, dans les domaines de rétablissement ou de consolidation de la paix, sur le même terrain d’intervention. Le concept européen d’opérations permet des opérations intégrées police/civiles/militaires sous les auspices de l’UE dans le futur ; mais à ce jour, de telles opérations conjointes n’ont jamais été déployées. Alors que la CIMIC dans la doctrine de l’OTAN et de l’UE est ainsi motivée par le besoin d’instituer une coopération entre la force militaire, en tant qu’entité séparée et légalement mandatée d’une part, et les acteurs civils dans les zones d’opérations d’autre part, la coordination civilo-militaire dans le contexte des opérations de consolidation de la paix de l’ONU est motivée par le besoin de maximiser la coordinations entre : les composantes militaires et civiles de la même mission conjointe ; entre la composante militaire et le reste du système de l’ONU ; et entre la composante de la Mission de l’ONU et les autres acteurs civils non-ONU externes ou internes opérant dans la même zone de mission.
Doctrine CIMIC de l’Union africaine L’UA a adopté le principe qu’en l’absence de doctrine ou de politique spécifique, elle appliquerait par défaut les politiques de l’ONU en vigueur.
L’Union africaine et les CER L’Union africaine et les Communautés économiques régionales (CER) telles que la SADC, la CEDEAO, la CEEAC et l’IGAD sont plus ou moins dans la même position. Les opérations des CER entreprises à ce jour, par exemple les diverses opérations entreprises sous l’égide de la CEDEAO en Afrique de l’Ouest, ont toutes été des opérations militaires de soutien aux initiatives pour la paix de l’ONU ou d’autres organisations mais des opérations distinctes.
Leçon 1 / Présentation et concepts
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L’Union africaine n’a déployé à ce jour que deux opérations de paix complètes : la Mission africaine au Burundi (MIAB) en 2003/2004 et la Mission africaine au Soudan (MIAS), laquelle est devenue la mission hybride Nations Unies/Union africaine MINUAD (le 31 décembre 2007). La MIAB avait une petite composante civile (soutien politique et soutien à la Mission) mais était une mission essentiellement militaire. La MIAS a aussi Soldats de la paix de la MIAS au Darfour, Soudan. (Source: Patrick-André des unités civiles telles que Perron,2007,http://en.wikipedia.org/wiki/Image:African_Mission_in_Sudan.jpg) les sections des affaires humanitaires et politiques. L’UA et les CER développent leur capacité à déployer des opérations multidimensionnelles de paix sur l’initiative de la Force africaine en attente (FAA). Bien que la force ait été essentiellement concentrée sur les dimensions militaires de la FAA jusqu’à ce jour, elle a l’intention d’y ajouter une dimension civile et d’instaurer une police en phase deux du plan d’exécution de la FAA. L’UA et les CER n’ont pas encore de doctrine de CIMIC spécifique mais l’UA a l’intention d’en développer une en phase deux de la FAA.
Des contextes CIMIC différents Coordination civilo-militaire humanitaire Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a facilité le développement d’une série de politiques et directives pour la coordination civilo-militaire humanitaire sous l’autorité du Comité permanent inter-organisations (IASC). Cela comprend : 1)
Les « Directives sur l’Utilisation des ressources militaires et de protection civile en appui à l’aide humanitaire lors de catastrophes », aussi appelée la «directive d’Oslo de mai 1994 »;
2)
Le document d’analyse sur «l’Utilisation des escortes militaires armées pour les convois humanitaires » de septembre 2001, et les directives sur «l’Utilisation des ressources militaires et de la protection civile en appui aux activités humanitaires lors d’urgences complexes » de mars 2004.
3)
Les « Directives sur l’emploi des ressources militaires et civils en appui aux activités humanitaires des Nations Unies en urgences complexes » de mars 2003 (voir l’Annexe F)
Leçon 1 / Présentation et concepts
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CIMIC pour l’OTAN et pour l’ONU En vue de faire la différence entre la manière dont l’ONU utilise le terme « CIMIC » qui porte sur la « coordination civilo-militaire » et la manière dont l’OTAN utilise le mot « CIMIC » qui se réfère à la « coopération civilo-militaire », il est important de noter que dans ce manuel le terme « CIMIC » se réfère à la « coordination civilo-militaire » tel que défini par l’ONU, sauf mention contraire.
En outre, en juin 2004, le Comité permanent inter-organisations (IASC) a adopté un document de référence sur les « Relations civilo-militaires dans les urgences complexes » qui complète et élargit les principes et les directives précédemment développés sur l’utilisation des ressources militaires et de défense civile et les escortes armées (voir l’Annexe G). De plus, il fournit des directives de nature plus générale sur la coordination civilo-militaire dans les urgences. Les directives sur les urgences complexes et le document de référence ont ainsi présenté un nouveau concept dans notre vocabulaire, à savoir la Coordination civilo-militaire humanitaire de l’ONU (CoordCM). « Le dialogue et l’interaction essentiels entre les acteurs civils et militaires dans les urgences humanitaires qui sont nécessaires pour protéger et promouvoir des principes humanitaires, et éviter la compétition, minimiser les incohérences et poursuivre si possible des objectifs communs. Les stratégies de bases s’étendent de la coexistence à la coopération. La coordination est une responsabilité partagée, facilitée par une liaison et une formation commune ». Ensemble, ces quatre directives représentent la politique de l’ONU sur la coordination civilo-militaire humanitaire et serviront de politique de base pour la relation militaro-humanitaire dans ce manuel et dans ces cours. Les directives de l’ONU relatives à la coordination humanitaire et militaire peuvent être résumées dans les six principes opérationnels suivants, portant sur l’utilisation des ressources militaires lors d’opérations humanitaires : a. Les décisions d’accepter les moyens militaires doivent être prises par les organisations humanitaires et non par les autorités politiques et elles doivent être basées uniquement sur des critères humanitaires. b. Les moyens militaires devront seulement être demandés lorsqu’il n’y a pas d’alternative civile comparable, et les ressources militaires serviront uniquement pour répondre au besoin humanitaire critique. Les moyens militaires doivent dès lors être uniques et sans délai de déploiement et ne seront utilisés qu’en dernier recours. c. Une opération humanitaire qui utilise des moyens militaires doit garder sa nature et son caractère civil. L’opération doit rester sous le contrôle et l’autorité de l’organisation
Leçon 1 / Présentation et concepts
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humanitaire responsable de la dite opération quels que soientles arrangements spécifiques de commandement pour l’aide militaire. Dans la mesure du possible, l’apport militaire doit paraître civil et sans armes. d. Les pays fournissant le personnel militaire pour soutenir les opérations humanitaires doivent veiller au respect du code de conduite et des principes des organisations humanitaires responsables du déploiement. e. Toute implication à grande échelle du personnel militaire dans la livraison directe de l’assistance humanitaire doit être évitée. f. Tout usage de moyens militaires doit garantir que le caractère international et multilatéral de l’opération humanitaire est maintenu.
La CIMIC dans les opérations de consolidation de la paix Du point de vue des opérations de consolidation de la paix de l’ONU, il est à noter que les politiques et directives humanitaires de l’ONU pour la coordination civilo-militaire sont exclusivement basées sur la « dimension humanitaire » de la coordination civilo-militaire. La coordination entre les acteurs militaires et humanitaires est l’un des aspects les plus proéminents de la coordination civilo-militaire lors des phases d’urgence humanitaire de toute opération. Mais dans le cadre de la consolidation de la paix, la coordination civilo-militaire n’est pas limitée à la dimension « humanitaire ». Dans les opérations de paix de l’ONU, la coordination civilo-militaire a lieu entre la composante militaire et toutes les autres composantes civiles de la Mission de l’ONU, les autres membres des Nations unies, et tous les autres acteurs, internes comme externes, dans la zone de mission. Ainsi, dans le contexte de la Mission de l’ONU, à part les acteurs humanitaires, la coordination civilo-militaire dans le cadre de la consolidation de la paix de l’ONU comprendra • • • • • • •
la composante des affaires politiques, la composante des affaires civiles, la composante de l’information publique, la composante des droits de l’Homme, l’unité de coordination de DDR, la composante de l’État de droit ou des affaires judiciaires, et la composante du soutien à la Mission
De même cette coordination comprendra tout un éventail d’acteurs de développement et de consolidation de la paix en dehors de la Mission de l’ONU, aussi bien les autorités locales, que des acteurs des communautés locales et des acteurs de la société civile. La coordination civilo-militaire de l’ONU s’étend durant toute la vie de la Mission de consolidation de la paix de l’ONU et donc, durant toutes les phases (stabilisation, transition et consolidation) de l’opération. La phase d’urgence humanitaire coïncide exactement avec la phase de stabilisation de l’opération de consolidation de la paix de l’ONU. Par conséquent, la coordination civilo-militaire dans le
Leçon 1 / Présentation et concepts
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contexte de la consolidation de la paix de l’ONU s’étend au-delà des politiques de coordination civilo-militaire humanitaire de l’ONU, précédemment évoquées. Fonctions du SO1 CIMIC de la MIAS 1. Responsable pour tout ce qui touche à la CIMIC au niveau du QG de la Force. 2. Conseille le QG de la Force sur tout ce qui touche à l’environnement civil. 3. Transforme les directives des commandants en concept CIMIC. 4. Active les centres CIMIC partout où c’est nécessaire et maintient le réseau CIMIC aussi largement que possible. 5. Participe sur demande à la planification humanitaire, à travers des conseils, surtout en ce qui concerne les problèmes de sécurité. 6. Tout officier CIMIC de secteur doit rendre-compte au S01 CIMIC. 7. Accompagne le Commandant de la Force ou l’Adjoint au Commandant de la Force dans ses visites aux secteurs. 8. Conseille le QG de la Force sur les problématiques CIMIC.
Fonctions du SO2 CIMIC – Agences humanitaires 1. Rapporte les activités humanitaires au S01. 2. Agit comme point de contact aux agences humanitaires et aux officiers de liaison des autres organisations. 3. Traite toute demande relative aux affaires humanitaires. 4. Participe à la planification humanitaire à travers des conseils. Fonctions du SO2 CIMIC – Agences locales 1. Rapporte au S01 sur les affaires locales (c’est-à-dire concernant les autorités locales et les civiles). 2. Agit comme point de contact pour les locaux. 3. Traite toutes les affaires locales. 4. Participe à la planification locale à travers des conseils.
Le Département des opérations de maintien de la paix des Nations unies (DOMP) a élaboré une politique de coordination civilo-militaire spécialement conçue pour des opérations de paix de l’ONU, politique rendue publique en Septembre 2002. Voici la définition que le DOMP donne pour la coordination civilo-militaire : « La coordination civilo-militaire des Nations unies est le système d’interaction qui implique l’échange d’informations, la négociation, la résolution de conflit, le soutien mutuel et la planification à tous les niveaux entre les éléments militaires et les organisations humanitaires, les organisations de développement et la population civile locale, pour atteindre les objectifs de l’ONU » (UN, 2002:2) La doctrine du DOMP s’est gardée d’utiliser un acronyme pour la coordination civilomilitaire pour éviter toute confusion, compte tenu des différentes significations associées aux différents acronymes qui existent déjà dans le champ de la coordination civilo-militaire. Néanmoins, dans la pratique, le DOMP utilise l’abréviation « CIMIC » pour la plupart de ses
Leçon 1 / Présentation et concepts
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missions instituées depuis 2000 et la « CIMIC » est actuellement utilisée dans la Mission de l’ONU en République démocratique du Congo (MONUC), la Mission de l’ONU en Ethiopie et en Erythrée (MINUEE), la Mission de l’ONU au Libéria (MINUL) et la Mission de l’ONU en Côte d’Ivoire (ONUCI). En vue de faire la différence entre la manière dont l’ONU utilise l’acronyme quand il se réfère à la « coordination civilo-militaire » et la manière dont l’OTAN l’utilise quand elle se réfère à la « coopération civilo-militaire », il est important de noter que dans ce manuel la CIMIC se réfère à la « coordination civilo-militaire » telle que l’a définie l’ONU, à moins que ce ne soit spécifié autrement. La CIMIC de l’ONU devra être comprise dans le contexte du rôle de la composante militaire ainsi que dans le mandat global de la Mission. Le premier rôle de la composante militaire dans l’opération de consolidation de la paix est de garantir un environnement sécurisé et sûr dans lequel le reste des acteurs externes comme internes peuvent opérer. Son second rôle est de rendre ses ressources disponibles aux acteurs internes et externes pour soutenir les objectifs généraux de la Mission. Par exemple, en ce qui concerne le programme de DDR, la composante militaire peut, au-delà de sa mission de sécurité, être en position d’assurer le transport, les services médicaux, la construction de camps, le stockage d’armes et/ou des services de destruction d’armes, pour l’unité civile de DDR, et pour les différents acteurs et agences qui soutiennent le mécanisme national de coordination de DDR.
Leçon 1 / Présentation et concepts
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LEÇON 1 TEST DE FIN DE LEÇON
1.
La Coordination civilo-militaire (CIMIC) fait référence à la coordination entre: a. Les militaires locaux et la force de maintien de la paix; b. La composante militaire de la mission de maintien de la paix et les acteurs civils; c. Les composantes civiles et la composante police d’une opération de paix; d. Les composantes civiles d’une opération de paix et la population locale.
2.
Laquelle des affirmations suivantes décrit le mieux le rôle des opérations de maintien de la paix des NU? a. Les NU déploient une opération pour empêcher que les tensions n’augmentent au sein d’un conflit violent ; b. Les NU déploient une opération de paix pour surveiller un accord de cessez-le-feu et/ou aider à la mise en place d’un accord de paix définitif ; c. Les NU déploient une opération de paix pour construire la paix entre les parties ; d. Les NU déploient une opération d’imposition de la paix pour forcer les parties à faire la paix.
3.
Le Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA) est responsable de : a. La coordination civilo-militaire humanitaire et des politiques b. L’installation de camps de réfugiés c. La formation des soldats pour les opérations de maintien de la paix d. Le développement de directives pour la protection de prisonniers de guerre
4.
La coordination civilo-militaire, dans le contexte des NU, fait référence à la fonction suivante: a. Au sein d’une opération, est responsable de la liaison avec les autorités locales ; b. Avec les agences humanitaires, est responsable de la liaison avec toutes les forces militaires présentes au sein d’une urgence complexe` ; c. Au sein des forces rebelles, est responsable de la liaison avec une opération de paix ; d. Au sein de la composante militaire d’une opération de paix, est responsable de la liaison entre les acteurs civils et militaires au sein de la zone de la mission.
5.
L’organe des Nations Unies responsable d’autoriser la création d’une Mission de paix est: a. Le Conseil de sécurité; b. Le Secrétariat; c. L’Assemblée générale; d. Le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP).
Leçon 1 / Présentation et concepts
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6.
Le mandat premier de la composante militaire d’une opération de paix est: a. De fournir des escortes armées; b. D’offrir un soutien humanitaire; c. D’offrir un environ sûr et sécuritaire permettant la mise en œuvre durable d’un accord de paix; d. De mettre en œuvre des projets d’appui à la communauté.
7.
Les trois fonctions de coordination civilo-militaire sont: a. Réunions de coordination, escortes armées et projets QIP; b. Gestion de la liaison et de l’information, soutien à la mission et soutien à la communauté; c. Échange d’informations, planification commune et opérations conjointes; d. Centres d’information, ressources militaires et escortes armées.
8.
Pourquoi avons-nous besoin de coordination civilo-militaire? a. Parce que les militaires dépendent des ressources civiles; b. Parce que les civils dépendent des ressources militaires; c. Parce qu’en coordonnant, quand cela est nécessaire, ils évitent la duplication, font un usage maximal des ressources, et peuvent un avoir un impact global au sein dune opération; d. Parce que les militaires et les civils disposent du même mandat.
9.
La coordination signifie: a. Assurer que les gens travaillent ensemble; b. Assurer que chacun suit les mêmes règles; c. Faire usage de la compétition pour assurer une plus grande productivité; d. Assurer que les gens, les ressources et les parties fonctionnent ensemble de manière efficace.
10. Les officiers CIMIC au sein des opérations de paix sont déployés au niveau de: a. L’état-major de la Force; b. QG du bataillon; c. QG de secteur et de bataillon; d. QG de la Force et de secteur.
RÉPONSES : 1b, 2b, 3a, 4d, 5a, 6c, 7b, 8c, 9d, 10d