Hors série N°2 "Aux Sciences Citoyens !" - Quartiers de la connaissance

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Premier réseau de Culture Scientifique et Technique, l'Association française des Petits Débrouillards est un mouvement associatifné en 1986. Notre objet social : animer, au quotidien, le lien entre les enfants, les jeunes et moins jeunes, et l’univers des sciences. En résumé, nourrir et faire vivre culturellement notre rapport aux sciences, techniques et technologies. Cela signifie que nous les considérons avant tout comme un médium de compréhension de soi et du monde autant que comme une démarche de production de son propre savoir. C'est sans conteste la grande spécificité de notre mouvement que de décloisonner les activités scientifiques du savoir académique, comme de la pure diffusion.

Cette démarche d’éducation populaire possède plusieurs vertus : elle démystifie le rapport aux savoirs pa r l e j eu et l a d éma rche expéri men ta l e elle part du présupposé que chacun, quel qu’il soit, possède sa propre représentation du monde et que c’est là le point de départ elle considère que les sciences n’appartiennent ni aux scientifiques, ni aux experts puisqu'elles se nourrissent d'incessants allers-retours entre savoirs populaires, savoirs académiques et questions sociales.

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e mot « jeunesse » est plus pertinent au pluriel. Il y a des jeunesses, des situations sociales, culturelles, territoriales, diverses, qui réclament des réponses institutionnelles distinctes. Cet enjeu de posture touche autant les services publics que le monde associatif. Actuellement, est « jeune » une personne qui n’est plus un enfant mais pas encore totalement installée dans la situation « adulte ». De facto, les jeunesses sont assignées à l’immaturité politique, sociale et intellectuelle. Elles subissent, générations après générations, des dénigrements portés à l’endroit de leurs expressions publiques. Leur image est déplorable dans l’hexagone. C’est un trait, récurrent, bien français. Nulle part – ou si peu - on sollicite l’avis des jeunes, on tient compte de leurs désirs et revendications, on les associe aux décisions, qui pourtant les concernent en priorité. Le délégué de classe, tout comme l’élu au conseil municipal pour enfants, a une voix consultative, pas

décisionnelle. Or, une société qui n’attribue pas à « ses » jeunes une place en confiance, non seulement est inégalitaire et discriminante mais incapable de se penser dans le futur, y compris proche. Si les découpages par classes d’âge sont des pièges, il est temps de penser l’unité de l’être humain, ce qui le rend semblable aux autres et différent. La confiance (certains diront, « le respect ») qu’il convient d’établir entre chaque individu, quelque soit son âge, s’apparente à une véritable révolution culturelle. Pour notre association, comme pour beaucoup d’autres acteurs, la déclinaison de ces problématiques en termes d’objet social et de préoccupations prend la forme du défi de l’accompagnement des projets de jeunes. C’est le sens de l’aventure qui nous attend, que nous avons entamée ces dernières années et qui se poursuivra.

1 9 associations régionales réparties dans 5 pôles inter-régionaux (Grand Ouest, Grand Est, Sud Est, Sud Ouest, Centre-Ïles), 58 antennes et relais territoriaux. Un réseau animé par 1 50 salariés permanents, 800 vacataires et 1 00 volontaires ; 2 500 bénévoles. 4 000 partenaires, collectivités, associations, maisons de quartiers, écoles ; 90 0NG et associations internationales partenaires. Partenariats avec 1 40 universités et organismes de recherche.


des savoirs dans notre société, au bénéfice de tous, est donc majeur, tout

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ne somme d’individus rationnels ne forme pas forcément un groupe rationnel. Les exemples de civilisations aux élites éclairées et, dans le même temps, barbares voire inhumaines sont suffisamment bien documentés dans l’histoire pour faire de la qualité des liens qu’entretient notre société aux connaissances, dans la diversité de ses composantes, une préoccupation clé pour un mouvement d’éducation populaire d’éducation à la citoyenneté active par la recherche, les sciences et le questionnement. Quelles sont les conditions à réunir pour que la production et la circulation des connaissances se fassent au bénéfice de la solidarité entre humains ? Il est important pour la force de la cohésion sociale de faire participer le plus grand nombre à l’intelligence collective. L’enjeu du croisement et du partage

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ratiques d'activités scientifiques et techniques, rencontres avec la communauté scientifique et universitaire, visites d’établissements d'enseignement supérieur et de recherche, réalisations de projets, constituent le contenu pédagogique proposé par le programme UniverCités dont la vocation est de créer et démultiplier les passerelles entre les enfances, les jeunesses et les institutions d’enseignement supérieur, au premier rang desquelles les universités. Le programme UniverCités s'appuie sur 3 piliers : les établissements d'enseignement supérieur et de recherche (et les professionnels qui y travaillent), les jeunes de niveau primaire et secondaire et les étudiants. Mis en place dès 2009, ce programme propose d'ouvrir le champ des possibles pour les jeunes dans le cadre

de leur orientation scolaire et de leur faire découvrir les métiers scientifiques et le milieu de la recherche. Pour la communauté scientifique et universitaire associée à ce programme (techniciens, enseignants, chercheurs... ) c'est aussi l'occasion de poursuivre et d’améliorer l'inscription de l'université sur le territoire, en accompagnant les jeunes dans la construction de leur avenir. Pour les étudiants, UniverCités leur permet de s'engager dans des actions de médiation scientifique valorisables dans leur parcours universitaire. Avec le programme UniverCités, les Petits Débrouillards réaffirment leur rôle social d'acteurs de proximité et assoient leur action à la croisée de l'enseignement supérieur et de la recherche, de l'éducation nationale et de la jeunesse.

autant que celui de la légitimation des différents savoirs qui agissent dans notre société. Aussi, faciliter les synergies entre savoirs scientifiques, savoir-faire, savoirs professionnels, savoirs dits profanes et savoirs techniques constitue la pierre de touche du programme Quartiers de la Connaissance, soutenu par les Investissements d'Avenir, présenté dans ce quatre pages. Ce programme se concentre sur trois défis, chacun matérialisé par des dispositifs et activités : nourrir le lien entre les enfants et l’université par le biais du Programme UniverCités ; développer un tutorat éducatif pour les adolescents dans une perspective de responsabilisation et d’autonomisation grâce au dispositif Ados-Tuteurs ; accompagner et incuber à titre expérimental des projets de jeunes, grâce à des interfaces locales de quartiers baptisées les Comptoirs des Savoirs.

Qu'est-ce qu'un

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club UniverCités

1 groupe d'enfants ou de jeunes (du CE2 au lycée). 1 0 h minimum dédiées à la pratique d'activités scientifiques et techniques. Des rencontres avec une ou des personnes travaillant dans l'univers universitaire et/ou de la recherche et échanges sur leur parcours, leur métier (ces personnes peuvent être un doctorant, un enseignant, chercheur, technicien). La visite d'un établissement d'enseignement supérieur (lieu d'enseignement, de recherche et de vie associative étudiante). Un temps ou un espace de valorisation de l'activité du club (Festival, blog, exposition....). Une visite complémentaire (site industriel, culturel, artisanal, scientifique, naturel,...) en lien avec le projet des enfants/jeunes.


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a loi sur l’Enseignement supérieur et la recherche votée en juillet 201 3 renforce le besoin de consolider les parcours culturels, sociaux, économiques et citoyens des étudiants. La reconnaissance du lien entre l’acquisition des connaissances et le parcours de vie des étudiants n’est pas anecdotique, surtout dans un contexte où le décrochage est devenu un fléau autant qu’une préoccupation pour tous les acteurs éducatifs dans notre pays. En conséquence, et à notre modeste mesure, nous participons de ces dynamiques et de ces mobilisations. A ce titre, nous déployons de plus en plus de formations pré-professionnelles à la médiation scientifique et technique dans des modules universitaires, espaces d’expérimentation et de découverte d'une pratique professionnelle parfois méconnue des étudiants de cursus scientifique.

A l'université Pierre et Marie Curie de Paris, les Petits Débrouillards mènent par exemple depuis 3 ans une unité d'enseignement de médiation scientifique auprès d'étudiants en licence. L'enseignement proposé repose sur la pratique de la médiation scientifique au sein d'un atelier périscolaire et sur la production d'un mémoire analysant cette pratique.

Cette façon d’accompagner les étudiants à convoquer des savoirs en phase d’acquisition et de créer des conditions pour les réinvestir en société, au profit d’enfants et d’adolescents, paraît plus que pertinente. Parmi les 45 étudiants ayant suivi ce parcours, deux ont notamment intégré le master "journalisme, culture et communication scientifique" de Paris Diderot et plusieurs se sont engagés dans le mouvement des Petits Débrouillards, en encadrant par exemple les clubs UniverCités. Héritier de certaines traditions pédagogiques, notre mouvement est persuadé qu’on apprend d’autant mieux que l’on transmet en même temps que l’on apprend. Le renforcement des parcours étudiants, préoccupations largement partagées par une immense majorité des établissements d’enseignement supérieur, constitue une belle équation : joindre l’utile (consolider son parcours et son expérience) à l’agréable (être utile à soi et aux autres)…

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ès 5 ans, les enfants peuvent participer aux animations scientifiques proposées par les Petits Débrouillards. À partir de 1 2 ans, un certain nombre d'entre-eux souhaite évoluer vers d'autres formes d'activités ; raison pour laquelle Les Petits Débrouillards ont mis en place un dispositif de formation et d'accompagnement. Ce programme baptisé AdosTuteurs, propose aux jeunes de 1 5 à 22 ans une formation à l'animation scientifique et un parcours de découverte leur permettant de se familiariser avec le milieu associatif et la culture scientifique et technique.

e programme Quartiers de la Connaissance vient confirmer la nécessité de faire évoluer les formes et les pratiques de médiation scientifique. Etre en capacité d’identifier et de mettre en relation les différents acteurs mobilisés, organiser des rencontres dynamiques et favoriser l'échange entre les enfants/ jeunes et la communauté scientifique et universitaire, mobiliser et accompagner les adolescents dans la construction de leur projet, sont autant de compétences qu'il nous faut convoquer sur les programmes UniverCités, Ados-Tuteurs et Comptoirs des Savoirs. Pour accompagner ce changement, les Petits Débrouillards ont initié dès 201 0, des parcours de formation à destination de leurs médiateurs et coordinateurs d'activités. Ces parcours ont pour vocation de leur donner les clefs de compréhension du rapport entre science, technologie et société. Ils abordent également la dimension politique de l'innovation sociale sur ces sujets et apportent des éléments théoriques sur le rapport aux savoirs. Il s'agit bien pour les Petits Débrouillards de contribuer ainsi à la construction d'une société de la connaissance partagée, où l'initiative citoyenne et notamment celle des jeunesses doit prendre toute sa place.

L'objectif de ce dispositif de mobilisation/responsabilisation est d'offrir un cadre pour les intégrer dans des actions socio-éducatives touchant à ces questions, non pas comme « public » mais comme acteurs, mais aussi participer à des chantiers de solidarité, soutenir des projets d'associations locales, monter des projets d'animation dans leur quartier, assurer des missions bénévoles au sein des Petits Débrouillards en co-animant des ateliers ou en participant à l'organisation d'évènements. Le rôle des Petits Débrouillards est de les accompagner, de leur proposer des cadres valorisant leurs compétences, leurs capacités d’initiative et leur confiance en eux et ainsi participer à l'instauration de dynamiques positives. 82 jeunes ont déjà bénéficié de ce parcours au sein des Petits Débrouillards.


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iffuser les sciences et techniques nécessite de plus en plus de faire le lien entre les sciences en train de se faire et le quotidien des citoyens. Au-delà des sujets chauds et autres scandales, le besoin d’appropriation sociale des enjeux techno-scientifiques est de plus en plus partagé et c'est une bonne nouvelle ! Le débat convoque l'intelligence et la subjectivité des participants, approfondit la culture scientifique et technique de chacun et contribue à la construction d'un regard critique et éclairé quant à l'impact des choix opérés dans ce domaine sur notre quotidien et sur la société en général. Les Petits Débrouillards explorent et développent plusieurs cadres de mise en débat ainsi que diverses techniques d'animation pour établir d'incessants allers-retours entre savoirs académiques, savoirs populaires et questions sociales. En plus du cadre traditionnel des bars ou cafés des sciences fortement développés au sein des Petits Débrouillards, les séminaires d'exploration de controverse (SEC) constituent également un cadre pertinent de mise en débat que les Petits Débrouillards utilisent. Si les questions soulevées par l'actualité des sciences et des techniques ont un impact sur le quotidien de chacun, leur mise en débat dépassent largement nos frontières. Le Forum Social Mondial ou le

Sommet de la Terre par exemple constituent des événements de mobilisation et de discussion que les Petits Débrouillards relaient en organisant des visio-conférences baptisées Fenêtre ouverte sur... pour faire fi de la distance physique.

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’explosion de l’offre de médiation scientifique et technique à laquelle nous assistons depuis 40 ans est stupéfiante et sous certains aspects réussit assez bien. Mais elle ne répond pas à toutes les formes de relations que nous entretenons avec la connaissance, notamment scientifique. Aussi, pour compléter ces logiques de diffusion descendante, les Petits Débrouillards ont mis en place une recherche-action ayant pour but de créer des interfaces territoriales favorisant d’autres catégories d’interactions entre connaissances scientifiques et demandes sociales (exprimées ou latentes) : les Comptoirs des Savoirs. Ces lieux, distincts d'un territoire à l'autre dans leurs formes et leurs intentions, en fonction des situations, peuvent traiter, ici d'incubation d'activités socio-économiques, là d'appropriation d'enjeux et d'innovation numériques. Trois initiatives sont en phase d'expérimentation à Paris 1 9ème, Brest et Toulouse.

Brèves de comptoirs

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es Petits Débrouillards disposent d'une collection d'expositions sous forme d'affiches permettant d'aborder des sujets scientifiques et techniques sous un angle décalé, interpellant le visiteur, et ayant pour vocation de faciliter l'échange de points de vue. Chemin des préjugés, dépassement autorisé sensibilise sur rapport entre sciences

et discriminations.

L'avenir a un futur aborde le rapport entre sciences et développement durable. Questions dont on ne peut pas faire l'économie évoque les rapports

interdisciplinaires des sciences à l'économie.

Démocratisation à la portée de tout le monde questionne les liens complexes entre

sciences et démocratie.

Une seule planète porte sur les enjeux d'une gestion durable et équitable des ressources naturelles. Nous sommes la biodiversité ! présente la multitude des interactions entre les organismes dans des milieux en changement. Sève qui peut ! sur la gestion durable des forêts. Génération 2.0 pour ouvrir le débat sur les nouvelles pratiques, usages et enjeux du numérique.

LIDEE à Paris 1 9ème Avec le concours de jeunes habitants et militants du quartier, associant éducateurs, universitaires et entrepreneurs sociaux, l'objectif est de créer un espace d'innovation et d'incubation de projets d'économie solidaire portés par les citoyens et associations du quartier. Mobiliser l'ensemble des acteurs locaux, réaliser une cartographie des savoirs, former les habitants, et créer des outils de mutualisation et de valorisation des initiatives sont au cœur du projet. Les Fabriques du Ponant à Brest Les Fabriques du Ponant se veulent être un terreau fertile pour fabriquer des projets et de l'action à dominante numérique, dans une démarche d'échange, de circulation et de croisements des savoirs entre le secteur associatif, celui de l'enseignement supérieur et de la recherche, les entreprises locales et les habitants. Le Quai des Savoirs à Toulouse La ville de Toulouse a décidé d’investir sur la création du Quai des Savoirs, espace de rencontres sciences-citoyens et laboratoire de la médiation scientifique. Associés à la programmation de ses activités, les Petits Débrouillards y font valoir les enjeux du lien entre engagement des jeunesses et transitions sociales et écologiques, notamment sur les défis liés à l'eau, à l'alimentation et au climat.


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