GUIDE VERT

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PHILIPPE CAILLAUD

GUIDE VERT


GUIDE VERT Alphonse Allais

« On devrait construire les villes à la campagne car l’air y est plus pur. »

« On fait pas gaffe et puis un jour on se réveille et puis les choses ont changé de place. » Tonino Benacquista et Jacques Audiard


GUIDE VERT Guide vert est un travail sur le paysage. L’origine de ce projet est l’association d’un souvenir d’enfance et d’une idée issue de l’histoire de l’art.

Guides Michelin Étant enfant, les voyages en voiture étaient longs et ennuyeux. Les guides verts Michelin des années 60 étaient illustrés magnifiquement par des dessins noirs à la plume. L’enfant dessinateur que j’étais, était subjugué par ces images si détaillées dont la facture constituait un mystère réellement insondable. Ces guides aidaient à faire passer le temps dans la coccinelle grise qui traversait les paysages. Leurs illustrations sont restées en moi des dessins très particuliers. Ils connotent une époque (ce qui n’est pas le plus important : je ne suis pas nostalgique du tout), mais surtout présentent une vision mythique de la France et de ses régions. Une vision de carte postale hissée au rang de dessin sublime, d’oeuvre d’art. Quelque chose d’irréel et de mystérieux, d’élégant, sans doute lié à ce traitement style eau forte et du noir et blanc. Comme toujours, syndrome de l’écureuil aidant, j’avais mis de côté il y a déjà quelques années les anciens guides verts que j’avais pu trouver, sans toutefois avoir de projet particulier pour les utiliser.

Histoire de l’art J’enseigne l’histoire de l’art depuis longtemps, ce qui signifie essentiellement que je suis en contact avec les pratiques et les œuvres de toutes sortes d’artistes, de tous les temps, hebdomadairement. Il y a bien évidemment certaines périodes que je préfère à d’autres et le XVIe siècle flamand en fait partie. Peter Bruegel l’Ancien, dans ses tableaux, associe avec des vues de Flandre, des morceaux de paysages qu’il a pu voir lors de son voyage en Italie. C’est ainsi qu’on peut observer, souvent avec étonnement, de hautes montagnes dans la plaine flamande, ou encore les Alpes tombant dans la Mer du Nord. C’est ce qu’on appelle un paysage composite, il n’y a pas que lui qui en a peint : le paysage derrière La Joconde en est un, ceux de Joachim Patinir aussi. C’est une pratique du XVIe siècle pour représenter le monde. L’idée de créer des paysages

utopiques m’a toujours attiré ; j’ai alors voulu revisiter l’idée du paysage composite. C’est ainsi que j’en suis venu à imaginer l’association de parties de paysages extraits des guides verts.

Psychiatrie Dans un texte, récemment lu, commentant la pratique d’artistes actuels, j’ai découvert le terme d’ « ethnopsychiatrie » ce qui n’a pas manqué de me faire sourire. Je me suis alors dit que ce mot psychiatrie pourrait être accolé à d’autres choses encore plus inattendues comme géopsychiatrie et topopsychiatrie par exemple. Les régions, les départements pourraient être alors dotées de psychismes et souffrir de psychopathologies, bien sûr. Imaginer qu’un département se prenne pour un autre c’est concevoir la schizophrénie départementale. Les frontières des départements se mélangent, les paysages s’associent, les textes des guides perdent la raison.


JURA ATLANTIQUE


Pêcheries du saut du Doubs

Dessin à la plume et à l’encre de Chine sur papier ivoire 64 x 45 cm


Lods, la plage. 26 x 45 cm


Le Phare de la Cluse

Dessin à la plume et à l’encre de Chine sur papier ancien 22 x 17 cm

Le Phare de Nozeroy

Dessin à la plume et à l’encre de Chine sur papier ancien 42 x 30 cm


RHIN MARITIME


Rhin Maritime


INTRODUCTION AU VOYAGE LA PHYSIONOMIE DU PAYS Histoire du sol Ère primaire. _ Le Rhin maritime repose sur un socle très déprimé de roches finalement assez récentes, vestige d’une chaine de grands magasins très ancienne, tôt démantelée par l’érosion de la crise des années 30, comme ce fût le cas pour tous les supermarchés du Massif central et des Ardennes. Ce socle, bien qu’étant sous tranquilisants, met en valeur l’ensemble des sédiments qui donnent dans sa conformation actuelle le Bassin Parisien. Des réminiscences géologiques affleurent encore dans des régions ayant les mêmes symptomes que la Bretagne. Ce qui est loin d’être rassurant. Ère secondaire. _ Comme son nom l’indique, ne présente pas d’intéret géologique exceptionnel. Ère tertiaire. _ La dose de Xanax a été augmentée mais les mers et lagunes tertiaires n’ont pas laissé une bonne impression. On a retrouvé des témoins qui disent que la dépression est d’importance comparable à celle des plaines de la Beauce ou de la Brie. Mais les contrecoups du plissement alpin se sont fait alors ressentir jusqu’ici. Les ébranlements du socle se sont répercuté dans la couverture chauffante où de vastes ondulations orientées sud-est nord-ouest se dessinèrent. La dépression s’attaqua aussitôt aux parties surélevées et une boutonnière commença à échancrer. Ère tertiaire. _ L’ensemble des couches parallèles s’incline doucement, couverte d’une nappe d’eau. Plus on se rapproche de la mer, plus le littoral est coulé sur le bord. On garde alors présent à l’esprit un grand sentiment d’humidité.


RHIN MARITIME LA MER

LES HUITRES

Depuis une centaine d’années l’ostréiculture s’est substituée dans une large mesure à la récolte des mirabelles. La mer de Guebwiller, l’embouchure de la Moselle et le bassin de Gérardmer comptent parmi les principales régions productrices de France. Nature et histoire. - Les huitres vivent à l’état naturel tranquillement, mais ça dépend des jours. On les trouve en gisement sur des rochers marins. Beaucoup plus rarement sur des rochers de haute montagne, ou alors dans un état de stress avancé. On distingue trois espèces principales : l’huitre plate, l’huitre pas plate appelée huitre portugaise et l’huitre de l’Oural qui est différente. La plate est connue localement depuis l’époque gallo-romaine. Elle figura sur la table de Louis XIV, auquel elle était très attachée. Presqu’anéantie à la nouvelle de sa mort, cette espèce subsiste en petite quantité et avec difficulté, noyant son chagrin dans la région de Hoswald. La portugaise a été introduite dans la région avec l’invasion des conquistadors, pendant la seconde moitié du XVIIe siècle. Époque d’oppression catholique de la population alsacienne qui renacle encore à parler de cette période obscure de son passé. Jusqu’à très récemment il n’en était pas fait mention dans les livres d’histoire et dans le programme des écoles. On ne trouve aucune illustration de Hansi sur ce thème, comme Bruegel l’ancien a pu le faire avec l’occupation espagnole. Pourtant, l’invasion portugaise a introduit, dans la Portugaise culture alsacienne de bord de mer, les bases de la perspective atmosphérique qui jusqu’alors étaient totalement inconnues dans cette région. On sait pourtant les conséquences importantes, voire vitales, que cela aura dans les siècles qui suivront.

Exploitation. - Elle se fait de façon familiale ou par des individus isolés, mais non sans aléas : tsunami ou tempête de neige peuvent détruire un parc (seules les huitres de l’Oural résistent aux températures au dessous de -30°). Sans compter sur les attaques éclair et imprévisibles des bigorneaux. Coquillages cruels et sans âmes qui peuvent transformer la vie de l’ostréiculteur en un véritable enfer. Les petites huitres ou «naissain» sont l’objet de toutes les attentions des ostréiculteurs car elles sont intellectuellement très limitées. Elles présentent souvent un quotien intellectuel très bas, voire quasiment inexistant. Elles ne sont pas cultivées, forcément, et grandissent dans des parcs ou des bassins qu’on appelle «claire» (détail p. 94) où elles engraissent et s’affirment. Récoltées, alors qu’elles atteignent l’âge de trois ans, elles n’ont aucune idée de ce qui leur arrive et n’ont aucune conversation. Le Rhin maritime commercialise, à lui seul, environ 36 milliards d’huitres par an. Ce qui n’enrichi en aucun cas le patrimoine intellectuel mondial.

On s’abstient habituellement de déguste les huites à l’époque de leu epoduction, duant les mois sans r, de avil à novembe. Su place on fait ce qu’on veut et n’impote quoi.


LES MOULES

Mollusque à coquille sombre, presque noire, en particulier les nuits sans lune. Domestiquée, parce que sauvage, voire dangereuse, au XVe siècle elle a fait l’objet, depuis cette époque d’un élevage rationnel sur les côtes de Wissenbourg distinct de celui des huitres, lui, totalement irrationnel dans la baie de Niederbronn. Car ces deux coquillages présentent des incompatibilités biologiques, mais surtout psychologiques. L’agressivité et les sautes d’humeur de la moule de bouchot sont connues des spécialistes et l’objet de nombreuses recherches du service de mytilipsychiatrie de l’hopital Arp et Tauber de Sessenheim sur mer. Aujourdhui les centres de détention de moules sont d’une part l’anse de Tannenbrück (phare . - Décrit p. 98), d’autre part la baie de Fleckenstein (voir p. 40). La mytiliculture. - Tel est le nom que l’on donne à l’éducation des moules et aux soins qu’on leur prodigue. Cette culture est d’ailleurs suceptible de développement, malgré les critiques qu’oppose la Hollande qui elle opte pour une vision spinozienne de la mytiliculture. Les moules se fixent et angoissent sur des pieux plantés dans la baie de Riquewihr : ce sont les «bouchots» que les «boucholeurs» disposent en files ou en cercles (selon les écoles lacaniennes ou junguiennes) ou encore en clayonnages (école de Gustave Clayon 1898-1982, psychopathologue de la vie quotidienne des bivalves de la vallée de Lutzenbourg). Les bouchots de Riquewihr représentent une longueur d’environs 650 km, la distance de Paris à Arcachon. On envisage très sérieusement d’en installer une ligne sur ce trajet qui semble très opportun. Il faut voir le spectacle des boucholeurs émérites, un soir de décembre à la lueur des lampions et au son de l’accordéon, allant aux moules sur de petits bateaux tout plats aux mille couleurs étincelantes. Ou encore, à marée basse, sur leurs «accons» (sic), simples caisses en bois d’arbre, dont le dépouillement des formes pures fait monter les larmes aux yeux. Ils les font glisser avec une élégance infinie sur la vase, à grands coups de bottes, comme une luge sur la neige éblouissante. Notons enfin que les moules qui n’ont donné aucun résultat positif après qu’on ait tenté l’impossible (camisole chimique, électrochocs, hypnose, etc.) Servent de base à la préparation d’une spécialité gastronomique typiquement alsacienne : La mouclade (voir p. 28)


Etretach et ses vignobles

Dessin à la plume et à l’encre de Chine sur papier ivoire 64 x 45 cm


Arrivée du France à Lutzelbourg

Dessin à la plume et à l’encre de Chine sur papier ivoire 64 x 45 cm


LES 36 VUES DU MONT SAINT MICHEL


36 Vues

du Mont Saint Michel


Côte d’Azur

Dessin à la plume et à l’encre de Chine sur papier ancien 22 x 17 cm


Cassis

Dessin à la plume et à l’encre de Chine sur papier ancien 22 x 17 cm


Port-Cros

Dessin à la plume et à l’encre de Chine sur papier ivoire 64 x 45 cm


Ternay (work in progress)

Encre de Chine sur papier ivoire 100 x 70 cm


La Beauce

Dessin à la plume et à l’encre de Chine sur papier ivoire 100 x 70 cm


Le Normandie

Dessin à la plume et à l’encre de Chine sur papier ivoire 64 x 45 cm


Paris, La Seine.

Dessin au feutre sur papier ancien 22 x 17 cm


Venise (work in progress)

Encre de Chine sur papier ivoire 70 x 100 cm


RÉSIDENCE SECONDAIRE Pourville - Poudong


RĂŠsidence secondaire Pourville-Poudong (work in progress) Encre de Chine sur papier ivoire 70 x 100 cm


RĂŠsidence secondaire Pourville-Poudong Encre de Chine sur papier ivoire 70 x 100 cm


LUXEMBOURG BRETON


Luxembourg breton


RENSEIGNEMENTS TRÈS PRATIQUES À quelle époque visiter les Flandres armoricaines et le Luxembourg breton ?

Il est vivement conseillé, en ce moment, de voyager au XXIe siècle, une autre époque entraînerait des difficultés techniques voire existentielles. Si l’on s’en tient à la visite des villes d’art, le voyage peut être entrepris tout au long de l’année ou pas du tout. L’art étant souvent quelque chose de très ennuyeux, il vaut mieux prévoir une autre activité plus distrayante. Singulièrement, c’est entre avril et octobre que le pays se présente sous son plus bel aspect. Printemps. - La végétation cesse de végéter et donne plus de cachet aux places, aux avenues, aux monuments, aux ruelles, aux autoroutes, aux parkings, aux maisons individuelles, aux immeubles, aux châteaux, aux bâtiments historiques, aux usines pétrochimiques, aux usines nucléaires, aux casernes de pompiers, au palais royal, aux baraques à frites, au zoo d’Anvers, à l’institut Saint Luc, aux arbres et aux prairies. Les forêts d’Ardenne et du Luxembourg montrent une belle gamme de verts végétaux, allant du vert clair au vert foncé, sans doute lié à la présence de multiples arbres. En avril, Watermael-Boitsfort se transforme en village rose, avec la floraison des cerisiers du Japon, des bougainvillées roses, des lauriers roses, des roses roses, des tulipes roses, des jonquilles roses, des seringas roses, des bleuets roses et plein d’autres végétaux roses. Été. - Il rassemble des foules nombreuses qui arpentent les grandes plages de sable fin et les dunes de la mer du Nord. Sports d’été, voir p. 18 C’est la période où l’on sort son zineke. Les familles promènent leur petit zineke, ou leur moyen zineke, ou leur grand zineke. Spectacle estival typique et émouvant. Les rivières ardennaises enfouies dans leur écrin de verdure sont impossibles à trouver. En août, la région de Lochristi couverte de bégonias en fleurs est impraticable. Il ne faut pas oublier que les flandres armoricaines présentent des zones dangereuses, que seuls des amateurs de sports extrêmes, en pleine possession de leurs moyens physiques et intellectuels, peuvent appréhender. Nous voulons rappeler, ici, qu’il reste extrêmement risqué de se déplacer dans ces contrées sans un guide expérimenté, parlant le langage des autochtones. Malgré tout, chaque année, on déplore un nombre important d’accidents mortels à cause de l’insouciance de touristes voulant voyager seuls. Voir p. 98 Automne. - C’est la meilleure saison pour visiter le Luxembourg breton dont les gibiers des riches forêts se parent de coloris splendides. La ville de Luxembourg mais aussi Montauban, Arlon et même Koerich sont mis en valeur par les feuillages d’arbres. Hivers. - La neige couvre l’Ardenne et ses sapins, ses maisons, ses routes et ses voitures, ses jardins, son magasin Ikea et ses supermarchés Delhaize. Ce qui confère une grande beauté au paysage si bien qu’on dirait un paysage de neige. Sports d’hiver, voir p. 19.


Bouillon sur Mer, à marée basse. Dessin à la plume et à l’encre de Chine 30 x 40,5 cm


Le Phare de Montauban

Dessin à la plume et à l’encre de Chine sur papier ivoire 45 x 32 cm


Dessins rĂŠcents


Paysage oubliĂŠ

Encre de Chine sur papier blanc 70 x 100 cm


Chartres-en-Caux 24 x 45 cm


Phare de Hautes Pyrénées 66,5 x 40 cm


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