Sémiologie et édition jeunesse. Philippe Caillaud. Octobre 2008.
Harry potter Et les reliques de la mort / And the deathly hallows. Deux livres, une histoire identique. L’un Anglais, l’autre Français. 1 Justification de l’étude sémiologique Les deux livres sont apparemment très différents alors qu’ils nous proposent la même histoire. Sans doute pour de très bonnes raisons. On pourrait se dire que le septième et dernier tome de la saga d’Harry Potter, avec n’importe quelle couverture, se vendrait tout autant, vu le succès remporté par ces histoires. Ce sont des livres qui sont vendus à des millions d’exemplaires. Qu’est ce qui justifie alors de faire un tel travail pour une couverture de livre ? Pourquoi proposer en plus des formats de livres différents, des couvertures avec des illustrations différentes, des reliures différentes, des papiers différents ? Il s’agit de deux éditeurs biens distincts : Bloomsbury et Gallimard, mais qui à priori ne sont pas en concurrence puisque l’un est Anglais et l’autre Français. Les raisons se trouvent ailleurs. L’analyse sémiologique est une enquête où tous les signes vont êtres repérés et où leurs interprétations vont nous permettre de comprendre le sens de ce qui est en jeu. Ce cas particulier va nous permettre aussi de comprendre comment fonctionne, d’une manière plus générale, une couverture de roman pour la jeunesse (pré adolescents, adolescents) et quelles sont ses fonctions.
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Illustration de Jean-Claude Gˆ tting. HARRY POTTER, characters, names and related indicia are trademarks of and © Warner Bros. Entertainment Inc. s07. HARRY POTTER Publishing Rights © J.K. Rowling.
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2 Principe didactique. Il va falloir repérer, nommer, interpréter des signes : - iconiques - plastiques - linguistiques - typographiques Il va falloir analyser les rapports entre ces différents signes. Ici, le rapport texte/image sera essentiel ainsi que les relations signes iconiques/signes plastiques, mais aussi le rapport texte/image/objet. Recouper les interprétations, déduire. Faire appel à des références pour définir des domaines de connotation. 3 Contextualisation Les domaines auxquels l’analyse va être appliqué sont :
- l’édition - le graphisme éditorial - l’illustration
Type de support / aux domaines : Objet livre. Couverture de livre
3 Repérages 3-1 Repérage temporel Date de l’édition : 2007 3-2 Repérage des auteurs Auteur du livre : J.K.Rowling Illustrateur français : Jean-Claude Götting Illustrateur anglais : Jason Cockcroft 3-3 Repérage des signifiants majeurs mis en jeu
iconiques plastiques linguistiques typographiques
3-4 Repérage spatial Livre anglais : 1 couv. : texte en haut image en dessous texte en bas dos : texte
4 couv : texte en haut image sur toute la page code barre + texte en bas Livre français : 1 couv. : texte en haut image dessous et au centre texte en bas dos : texte image dessous 4 couv : texte en haut image sur toute la page code barre + texte en bas
4 Les signes linguistiques Première de couv.
Harry Potter Titre : et les reliques de la mort/and the deathly hallows J.K.Rowling Gallimard/Bloomsbury
Dos
Auteur+Harry Potter+Titre+Editeur +numéro du tome : 7 (pour Ed française)
Quatrième de couv. Ed. anglaise : texte court d’introduction/teasing Ed. française : une phrase qui précise que c’est le dernier volume. Liste des autres volumes. Nom de l’illustrateur. Jaquette
Premier rabat : texte en relation avec l’histoire Second rabat : texte sur l’auteur. Nom de l’illustrateur.
Ce qui est important au niveau du sens. Le mot « mort » du titre. Reliques de la mort reste un titre incompréhensible et mystérieux. 5 Les signes typographiques 5-1 Le nom Harry Potter dans l’édition française On repère trois typographies différentes, donc pas d’unité. Il avait été vu qu’en ce qui concerne la hiérarchie de lecture c’est le titre qui se voit en premier. Il est le plus lisible et visible parce qu’écrit en blanc, contrastant avec le fond. Vient ensuite « Harry Potter » dont la typographie est la plus grande. On change de typographe pour chaque information. Elles sont choisies pour le sens qu’elles véhiculent.
5-1-1 La Phoenix Phont Pour écrire Harry Potter une typographie a été créée spécialement. C’est une typographie fantaisie qui est plus de l’ordre du logotype que de l’écriture. Elle mêle typographie et image. Elle ne pourrait pas servir de typo labeur (pour écrire de longs textes). Elle ne peut servir qu’à écrire Harry Potter, comme s’il s’agissait d’une enseigne, ou d’une marque. Un signe très discret indique qu’il s’agit bien de cela. Un petit TM blanc est inscrit à côté du nom. TM signifie Trade Mark. Harry Potter dans cette typo est une marque déposée. Cette typographie s’appelle la Phoenix Phont, elle est aussi utilisée dans les affiches des films.
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5-1-2 Les signes plastiques de la Phoenix Phont
L’étude des signes plastiques de cette typographie nous montre qu’elle est très fantaisie parce que très irrégulière. Les trois R ne sont pas identiques. Les lettres ne sont pas posées sur une grille orthogonale et sont en décalages constants. Ce qui nous donne un premier groupe de significations : cette typo traduit la fantaisie, l’imaginaire, la jeunesse. Le tracé des lettres fait référence au domaine de la calligraphie, sans utiliser une calligraphie précise mais une association de plusieurs d’entre elles. La principale citée étant la textura quadrata, c’est-à-dire celle de l’époque gothique. On joue alors ici avec un domaine de connotation lié à l’écriture gothique. Le Moyen-Âge, les cathédrales, les châteaux, les grimoires, la magie, les sorciers. 1-1-3 Un signe iconique associé L’éclair est un signe iconique associé à la typographie. Il est une référence à la cicatrice en forme d’éclair qu’Harry Potter porte sur le front. La marque, le signe qui résume l’histoire fondatrice du personnage. Signe dans l’histoire. Marque de reconnaissance et de pouvoir. 5-1-4 Autres signes plastiques Une couleur/matière est utilisée pour colorer ce nom : l’or. Couleur très connotée. Ici, elle signifie, associée aux formes : magique (magie ancienne), merveilleux, surnaturel.
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Le gaufrage met le nom en volume. Cette technique, qui implique un coût supplémentaire, est utilisée pour signifier la qualité de l’ouvrage, un certain luxe (surtout associé à l’or). Il donne au livre une note d’originalité en plus. Ce qui accentue l’idée d’un objet original et enfin d’une histoire de qualité, luxueuse, magique et originale. On peut pousser plus loin l’analyse des signes plastiques utilisés dans cette typographie. Hauteur des lettres, attaques, liens, queues.
Ce texte de signes va dans le même sens : traduire les qualités principales de la personnalité d’Harry Potter. Audace, courage, intuition, humanité, franchise, loyauté etc… 5-1-4 Synthèse La typographie de ce logo Harry Potter signifie ce qu’est Harry Potter psychologiquement, culturellement, sociologiquement. Elle signifie aussi par sa fantaisie importante que c’est un personnage de fiction. Elle nous assure enfin que nous avons entre les mains un véritable livre d’Harry Potter (et non une contrefaçon) la présence de la marque le prouve. Promesses d’aventures, de lecture distrayante et de qualité. Promesse de magie et de plaisir. 1-1 Le nom Harry Potter dans l’édition anglaise En dehors du nom de la maison d’édition, toutes les typos utilisées sont de la même famille. Il y a donc une unité typographique. La typographie choisie par l’éditeur anglais fait partie des Réales. Créées au XVIIe et XVIIIe siècles, ces lettres possèdent des empattements. Elles sont très lisibles, solides et précises. Elles sont utilisées ici pour leur impact qui s’associe à celui de l’image. Mais aussi pour signifier qu’il s’agit d’une histoire (de magie) à la fois actuelle et ancienne. Sans toutefois trop insister sur l’aspect ancien ; une calligraphie gothique aurait signifié, à cause des caractères de l’illustration, une histoire se passant au Moyen-Âge.
1-2 J.K.Rowling, Bloomsbury, Gallimard sont actuels, vivants et réels donc écrits en Linéales et en capitales parce qu’ils sont importants. 6 Étude du message iconique 6-1 Signes iconiques dans l’édition anglaise On peut observer quatre personnages : 3 humains + 1 elfe de ménage. Les trois humains sont les personnages principaux de l’histoire. Le plus important des trois est Harry Potter : il est placé au milieu. Pour quelqu’un ne connaissant pas Harry Potter, le nom écrit en grand et le personnage placé en dessous, centré, le laisse deviner. L’épée tenue par l’elfe au-dessus de la tête d’Harry est pointée vers le nom, comme une flèche levant toute ambiguïté. Les personnages secondaires sont représentés de par et d’autre du personnage principal. On ne peut pas avancer ici, que la fonction principale de cette illustration est de présenter les personnages de l’histoire. Il s’agit du septième tome d’une histoire dont les épisodes se suivent. On ne peut pas imaginer
que quelqu’un qui voudrait lire Harry Potter (sans rien en connaître) commencerait par le septième tome. Les personnages ne sont pas représentés sous forme de portraits statiques mais en pleine action. Ils sont mis en situation. Leurs visages traduisent des émotions. Les positions de leurs bras et de leurs mains accentuent leurs expressions. On peut observer globalement beaucoup d’agitation dans cette image : une représentation de gesticulation. Les personnages semblent êtres au cœur d’une bataille. Il y a une certaine violence. Des blessures sont visibles sur les bras.
Cette image signifie que les trois personnages récurrents de cette série de livres sont présents dans cette histoire. Elle nous promet aussi de l’action. Les visages sont effrayés, concentrés, agités par quelque chose que l’on ne voit pas. Un mystère qui se trouve hors de la couverture. On nous promet une histoire terrible et assez effrayante. Le lieu est indéfini. Une arche en plein cintre évoque l’architecture médiévale. Associée aux robes de sorciers et aux décors des manches, l’ensemble parle de sorcellerie, d’une sorcellerie ancienne (celte et moyenâgeuse) On nous promet une histoire où il y a de la magie. Une histoire magique. Enfin, un trésor occupe le bas de l’image. Une partie de ce trésor est en lévitation ; comme en apesanteur. Encore de la magie. Mais aussi un classique de la littérature jeunesse : la découverte d’un trésor. Restent beaucoup de questions en suspend.
On nous promet beaucoup de mystère. Une histoire très mystérieuse avec un trésor. La curiosité est excitée. On a envie de connaître l’histoire. L’illustration sert à créer du désir. L’image ne sert pas à illustrer directement le titre mais une scène ou un ensemble de scènes se trouvant dans l’histoire et que l’on ne peut comprendre clairement qu’en lisant le livre. 6-2 Signes iconiques dans l’édition française Fait essentiel : l’image court sur toute la surface de la couverture (1ere de couv. + dos +4eme de couv.) à bords perdus. Des personnages dans un paysage de bord de mer, sur une falaise. Le personnage principal est Harry Potter, il est présent sur la première de couverture. On sait que c’est Harry Potter : 1 On le connaît déjà et on le reconnaît. 2 Il est le personnage principal. Son nom est écrit en grand. L’éclair pointe vers lui. Il est de profil : sorte de portrait. Il ne nous regarde pas. Il regarde vers la mer, vers l’horizon. Regarde-til quelque chose ? Il est dans ses pensées. Le paysage traduit ses pensées. Le paysage et plus encore le mauvais temps représenté traduit une ambiance sombre, dramatique. Panneau vitrine85x44
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Illustration de Jean-Claude Gˆ tting. HARRY POTTER, characters, names and related indicia are trademarks of and © Warner Bros. Entertainment Inc. s07. HARRY POTTER Publishing Rights © J.K. Rowling.
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La fonction de l’image est ici une fonction d’évocation.
Bien plus, cette image est connotée. Elle fait appel à toute une iconographie Romantique de l’homme face à la nature.
On trouve des représentations dans l’œuvre de Caspar David Friedrich comme « Le voyageur au-dessus de la mer de nuages » 1 Face à l’immensité de la nature, le spectateur est amené à méditer sur la taille de l’homme dans la nature, sa petitesse face aux éléments et finalement face à la mort. Sur le tableau l’homme est présenté de dos ; ç’aurait été très audacieux de positionner Harry Potter de dos mais impossible après réflexion. Harry Potter n’a as de signes distinctifs lorsqu’on le voit de dos en comparaison avec Tintin, par exemple, que l’on reconnaît parfaitement (et qui est présenté souvent de dos sur les couvertures des albums de la collection) Le vent, le ciel chargé au-dessus et autour d’Harry Potter traduisent « l’agitation et les remouds de l’âme » du personnage principal. Nous sommes décidément bien dans une image Romantique. Le sens du mot Romantique est pris ici dans la définition utilisée en histoire de l’art. Lister quelques-uns des intérêts qui définissent ce qu’est le Romantisme en peinture peut être intéressant.2 - - - - - - -
L’imaginaire Le rêve Le cauchemar L’homme face à la nature Le héros La mort La sorcellerie
On voit les liens très étroits avec le monde d’Harry Potter et la pertinence d’une couverture Romantique. 1 2
Le voyageur au-dessus de la mer de nuages. Caspar David Friedrich. 1818. Huile sur toile. 74,8 x 98,4 cm Le Romantisme. Jean Clay. Hachette. 1980
Seul les cheveux indiquent qu’il y a du vent (métonymie courante dans les représentations : comment faire autrement pour traduire le vent qui est invisible que de se servir de l’effet pour la cause ? ) C’est un vent que l’on trouve très souvent dans les tableaux Romantiques français. Les héros (comme Bonaparte) sont dans la tempête. On retrouve ici la figure du héros. Un héros un peu figé. Portrait de profil comme sur les médailles ou sur les pièces de monnaie. Harry Potter perdu dans ses pensées et totalement inactif sur la couverture de la dernière de ses aventures. On ne nous promet apparemment pas d’action, ni d’aventures, ni de batailles. On nous promet une histoire romantique. L’image court sur toute la couverture et nous propose dans une suite du paysage une seconde scène. Trois personnages aux traits indistincts se recueillent sur une tombe. Par un minimum de signes, on reconnaît les personnages : Ron, Hermione et Harry. Harry Potter est donc représenté deux fois sur la même couverture, dans le même paysage. Ce système n’est pas nouveau. On trouve dans l’histoire de l’art nombre d’images où les personnages sont représentés plusieurs fois pour raconter une histoire assez longue.
Le tableau de Claude Monet « Le champ de coquelicots »3 en est un bon exemple. On y voit une femme et un enfant représentés deux fois : à un bout du champ, au loin, en haut à gauche du tableau et plus près, à l’autre bout du champ, en bas à droite du tableau. Cette femme et cet enfant ont traversé le champ. Pendant cette promenade ils ont eu chaud ; leurs tenues ont évolué et ils ont cueilli des fleurs. La lecture de la couverture de ce livre (première de couv. + dos + quatrième de couv.) peut se faire de deux manières différentes. Lorsque l’on prend un livre, on regarde la première de couverture puis on tourne le livre pour regarder la quatrième. Si l’on s’aperçoit qu’il y a une image sur l’ensemble de la couverture, on va ouvrir 3
Le champ de coquelicots. Claude Monet. 1873. Huile sur toile. 50 x 65 cm
le livre pour la regarder. La lecture va alors se faire à l’occidentale : de gauche à droite. L’ordre de lecture n’est pas le même dans les deux cas. Ce qui change la chronologie des scènes. On pourrait interpréter comme suit en lisant la couverture de gauche à droite : après s’être recueilli sur une tombe avec ses deux amis (quelqu’un d’important et de proche et de proche est mort) Harry se retrouve seul, loin de l’école (Poudlard)et pense à la mort. Si l’on commence par la première de couv. On se dit que c’est une histoire dramatique. Puis lorsque l’on regarde la quatrième on voit que quelqu’un est mort. On ne sait pas qui. C’est une illustration où rien n’est très explicite, où un certain nombre d’interprétations personnelles peuvent se développer. C’est assez mystérieux et sombre. On nous vend du mystère. On nous promet du mystère, une histoire plus terrible et plus sombre encore que la précédente. 7 Étude du message plastique On est en droit de se poser la question : est-ce que le repérage, l’analyse et l’interprétation des signes plastiques doit se faire avant ou après ceux des signes iconiques ? Personnellement je pense que les signes plastiques nous mènent vers une analyse plus profonde et plus intime des images. Il me semble alors logique d’étudier le message plastique après le message iconique. Le seul défaut que l’on pourrait trouver est que, pour une lecture de l’analyse plus claire, il y ait à séparer signes iconiques et signes plastiques. Il ne faut pas oublier que l’image est un tissu de signes qui s’entrecroisent et sont dans une interaction incessante. La séparation n’est donc, peut être pas la méthode idéale ; il y aurait alors à expérimenter d’autres plans d’analyse. 7-1 Signes plastiques dans l’édition française 7-1-1 Formes Quatre formes humaines Un espace végétal Un ciel. Un arbre. La mer. Des falaises 7-1-2 Composition Une ligne d’horizon très présente qui coupe l’image au milieu (12 / 12 cm) : 12 cm de ciel, 12 cm de terre. L’arbre coupe la ligne d’horizon ainsi que le personnage de la première de couv. Composition axiale pour la première de couv. Harry Potter est donc centré. Avec la ligne d’horizon les lignes de composition forment une croix dont le centre est la tête d’Harry Potter. Il est le personnage central de cette histoire. 7-1-3 Proportions Il y a plus de paysage que de personnages. La fonction de cette composition est d’installer un paysage très visible et très présent. C’est-à-dire des espaces larges de couleurs et de matières qui vont exprimer une ambiance. Une fonction d’évocation. 7-1-4 Couleurs Ensemble harmonieux à dominante verte et sombre. Certaines parties (bas du ciel, écume, avant du visage) sont plus claires et apportent une lumière.
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Cet ensemble de couleurs gris colorés traduit le temps qu’il fait, l’heure et la saison. Paysage gris d’une tempête en hivers, en fin d’après-midi. L’hiver, dernière saison où la nature est comme morte, est donc associé à l’idée de mort. Gris, noir, vert sont des couleurs de mort. Ici le vert choisi est assez doux et minimise l’idée. Il est plutôt utilisé pour signifier le pays : l’Angleterre. Le rouge porté par Harry Potter vient contraster (contraste de complémentaires + contraste de quantité) avec le vert du paysage et le gris vert du ciel. La mort se lit dans le vêtement couleur sang séché d’Harry Potter.
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Ce qui est le plus intéressant dans cette image, le plus subtil aussi, tient dans une originalité technique. L’ensemble de l’image a été peint non pas sur un fond blanc mais sur un fond rouge. Un rouge très vif qui s’oppose à toutes les autres couleurs grisées, dégradées ou rabattues de l’illustration. Götting laisse volontairement apparaître ce rouge, en réserves très réduites, par endroits choisis. Cet effet de lave en fusion, qui apparaît surtout dans le visage de Harry est porteur d’un sens important. Ces traces rouges traduisent une énergie, une force contenue dans le personnage, une force dans le reste du paysage, dans la nature donc. C’est son pouvoir : la magie.
LIMARD 7-1-5 Matières picturales Cette illustration est peinte à l’acrylique ; certaines transparences dans le traité de l’écume nous l’indiquent. La facture est assez large et enlevée. L’image est peinte par touches. Les coups de pinceau sont visibles. L’illustrateur ne cherche pas, au contraire, à masquer sa technique. La trace de sa main est visible. Elle l’est certainement moins que sur l’original plus grand, qui ici est réduit. Les illustrateurs, tout comme les dessinateurs de bande dessinée, ne travaillent jamais au format mais plus grand pour plus de liberté dans le geste. La réduction de l’image apporte plus de détails et plus de finesses. La trace du geste visible traduit l’idée d’humanité. Le lien du spectateur avec l’image est alors plus sympathique, plus proche. L’image est plus accueillante que si elle est lisse, froide et alors distante. C’est un peu la différence que l’on ferait entre une peinture Néoclassique et une peinture Impressionniste.
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7-1-6 Plans Plan rapproché pour Harry Potter sur la première de couv. Ce plan rapproche le lecteur du héros afin de voir suffisamment son visage, pour saisir son expression et donc son sentiment. On voit donc sa méditation mais aussi sa concentration et sa détermination. Tout cela d’une manière très minimaliste quand aux traits du visage.
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Illustration de Jean-Claude Gˆ tting. HARRY POTTER, characters, names and related indicia are trademarks of and © Warner Bros. Entertainment Inc. s07. HARRY POTTER Publishing Rights © J.K. Rowling.
Le plan choisi pour la quatrième de couv. est différent. C’est un plan d’ensemble où l’on voit les personnages entiers et leur environnement proche. Le plan d’ensemble est choisi pour sa fonction narrative. Une action est en train de s’accomplir. Seule l’action et le lieu où elle se situe sont importants. Les personnages sont trop loin pour qu’on puisse voir leurs visages. De toute façon leurs visages sont traités sans détails, par touche de peinture à la manière dont l’ensemble est traité. Il s’agit d’une sorte de pochade. J. K. ROWLIN
7-1-7 Synthèse
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Ici les signes plastiques ont essentiellement une fonction d’évocation. Ils introduisent aussi des significations difficiles à faire passer par des signes iconiques comme la magie. Pas d’agitation, pas de dynamisme, pas de spectacle, mais d’autres promesses. Une histoire romantique, tout de même mouvementée (tempête), terrible et dramatique (mort), mystérieuse (sombre), avec de la magie, de la sorcellerie. Technique picturale et degré d’iconicité permettent de signifier que l’histoire est sympathique, proche des lecteurs. La technique picturale séduisante promet du plaisir. 7-2 Signes plastiques dans l’édition anglaise 7-2-1 Formes et proportions L’image est très remplie par des formes. Formes humaines, objets et architecture. Le reste de l’image est constitué d’espace vide en aplat de couleur. Une image contrastée plein/vide. Il y a peu d’espace calme. C’est l’agitation qui domine. Elle s’oppose donc à l’autre image qui elle était entièrement occupée. 7-2-2 Composition L’image est composée comme une explosion. Les lignes de force : bras, jambes, mains, épée, tête partent du centre vers l’extérieur. Elle est aussi composée en trois strates : arche, personnages, trésor. La composition a une fonction expressive mais aussi une fonction d’ordonnancement et de clarification. Plus une scène est chargée, plus la composition doit être rigoureuse pour que l’image soit lisible.
1-1-3 Couleurs L’harmonie colorée est basée une dominante chaude, il y a toutefois beaucoup de couleurs différentes. Des couleurs vives associées à des teintes plus naturelles (gris colorés) Ces couleurs sont regroupées et très organisées par groupes alternés : teintes foncées, teintes claires. Ces couleurs associées à la composition et aux formes évoquent de façon globale un couché de soleil. Composition, formes et couleurs accentuent les promesses de batailles, de violence, d’action, d’aventures. L’utilisation de l’aplat rouge va dans ce sens. Le bleu particulier de certains objets du trésor appelle un questionnement. C’est une couleur inattendue pour un trésor. On retrouve cette teinte, plus largement utilisée dans l’illustration de la quatrième de couv. Elle semble issue d’un autre domaine qui pourrait être celui de la science-fiction. Une recherche plus approfondie nous montrerait peut-être qu’il s’agit d’un signe connoté. On peut penser dans un premier temps à la représentation des phénomènes extra-terrestres, ou des cités, des vaisseaux comme dans le film Abyss. Cette couleur extrêmement froide associée à des effets traduisant une transparence et une lumière très blanche serait là pour signifier la magie. C’est donc aussi par la couleur, signe plastique, que Cockcroft traduit la magie et non par des signes iconiques. 1-1-4 Facture La technique utilisée par Cockcroft bien qu’étant sans doute picturale n’est pas du tout la même que celle de Götting. Le degré d’iconicité est plus haut. Le travail n’est pas du tout le même, il y a ici une recherche de perfection où la trace de la main n’est pas visible. C’est un travail très détaillé qui a dû demander un plus long temps d’exécution. La technique ne peut pas se deviner précisément (surtout s’il y a une intervention infographique) Cette facture picturale n’est pas une facture expressive, ici l’illustrateur se concentre sur le degré d’iconicité élevé.
Pourquoi ne pas avoir utilisé la photographie ? Pour plusieurs raisons. D’abord, pour bien faire la différence entre la production cinématographique qui existe et la production écrite. L’image cherche aussi à signifier que les personnages sont réels mais jusqu’à un certain point, c’est tout de même une fiction. Ensuite, cette image dessinée et peinte est là pour cibler un certain public. C’est sa connotation édition jeunesse.
Si l’on pousse un peu plus loin l’étude, comparer avec d’autres domaines peut apporter des réponses plus précises. Sur les emballages des jus de fruit, sur les boîtes de beurres, sur les pots de Nutella, les aliments ne sont pas représentés photographiquement. Ils sont peints ou représentés infographiquement. Le degré d’iconicité est haut mais pas si haut qu’avec une photo couleur. Cette représentation qui exclue la photo est une règle. D’autre part il n’y a rien de plus précis et de plus réfléchi que la conception graphique sur les emballages dans l’alimentaire. La raison est donc très bonne. Si la photo n’est pas utilisée c’est que ce qu’elle propose est trop ressemblant. Le degré d’iconicité est trop élevé et l’image ne serait plus assez attractive. Elle est plus attractive peinte parce que moins violente, plus douce, plus rassurante et peut-être plus liée à l’idée qu’on s’en fait c’est-à-dire à notre image mentale. Les raisons sont donc psychologiques. L’illustration de Cockcroft est techniquement très proche des grappes de raisin sur les packs de jus de fruit. Cette scène de bataille est certainement plus acceptable et séduisante peinte que photographiée. 1-1-5 Expression des visages Les expressions des personnages sont excessives, surtout pour Ron et Hermione. Est-ce pour donner un aspect humoristique ? Cela signifierait alors qu’il y a de l’humour dans ce livre. Quoi qu’il en soit il y a ici une théâtralité qui s’oppose à la version de Götting qui est très intériorisée et ou l’expression des personnages est minimaliste. 1-1-6 Plan Le plan est un plan d’ensemble (on pourrait voir leurs jambes entières s’il n’y avait pas le trésor) c’est une scène narrative. Malgré tout on ne comprend pas précisément ce qui se passe. On est au cœur d’une bataille… 1-1-7 Style et cible Si l’on voulait rapprocher l’illustration de Cockcroft d’autres illustrations, lui trouver sa famille stylistique il faudrait sans doute aller du côté des illustrateurs de science fiction, d’emballages de jeux vidéo, ou de bande dessinée pour adultes. Des productions narratives où technique graphique et degré d’iconicité sont comparables au travail de Jason Cockcroft. Le style de cette illustration va toucher un public essentiellement adolescent et parfois adulte (bien que l’éditeur Bloomsbury propose une version adulte avec une couverture différente) Tout signe et surtout tout degré d’iconicité trop bas qui aurait pu faire penser que ce livre était pour les enfants a été exclus. Ni la typographie, ni l’image ne s’adresse à des enfants. La proposition française, même si sa cible est la même, n’a pas opté pour une version aussi radicale. L’étude de l’ensemble des sept volumes de l’édition Gallimard nous montrerait l’évolution et l’adaptation du style de Götting aux histoires. Plus enfantins pour les premiers tomes, la facture, la représentation et le degré d’iconicité évoluent avec l’âge des personnages et des lecteurs. 1-1-8 Synthèse Les signes plastiques accentuent et développent les significations et les promesses des signes iconiques. Ils introduisent aussi des significations difficiles à faire passer par des signes iconiques comme la magie. Les promesses restent différentes de celles qui sont contenues dans l’image française. Technique picturale et degré d’iconicité sont très différents de ceux qui sont contenus dans l’image française et traduisent une scène plus réelle. En se décalant d’une production photographique l’image montre à quel domaine éditorial appartient le livre, elle indique plus précisément quel public est ciblé.
8 Étude du rapport texte/image/objet 8-1 Justification Cette analyse appliquée au monde de l’édition vise à définir les types de ces deux ouvrages. Et quelles sont les significations qui en découlent. Cette analyse est possible maintenant car les signes qui vont êtres étudiés sont spécifiques et repérables facilement. Formats, reliure, épaisseur de couverture, présence ou non d’une jaquette, impression et texture de la couverture, qualité du papier sont les signes à prendre en compte. Ce sont des signes qui vont nous renvoyer à d’autres livres qui partagent les mêmes. Ce sont des signes de connotation. 8-2 Repérage des signifiants majeurs de l’édition française Reliure : couverture souple, dos carré collé Pelliculage qui donne un aspect brillant Format : 15 x 23 x 4,5 cm Texte associé à de l’image Importance de l’illustration 8-3 Interprétation de l’édition française En France, les livres qui présentent tous les signes repérables ici sont les best sellers. Cet objet livre signifie donc tout ce que signifient les objets best sellers, à savoir que de nombreuses personnes les achètent, qu’ils sont très célèbres, qu’ils sont distrayants et faciles à lire. Mais aussi que ce qui nous est proposé (belle couverture brillante, grand format, épaisseur conséquente, poids) est de qualité tout en étant populaire. La qualité de l’objet signifie que le texte est de qualité.
8-4 Repérage des signifiants majeurs de l’édition anglaise Reliure : couverture cartonnée, dos carré collé Jaquette Impression mate de la couverture et de la jaquette Format : 13,5 x 20,5 x 4,5 cm Présence d’une illustration Importance du texte 8-5 Interprétation de l’édition anglaise Le livre anglais, lui, va faire référence à un autre type d’ouvrage : La Bible, par son format, son épaisseur de couverture et son épaisseur d’objet. La jaquette dédouble la couverture, qui présente le même décor (sauf les rabats) La fonction de cette jaquette est de signifier que ce livre est un beau livre et qu’il est donc protégé. Qu’est ce que signifie un livre qui ressemble à une bible (une bible populaire si l’on regarde le papier) : c’est un livre sacré, universellement connu, et qui contient une histoire mythique (c’est peut-être aussi cette connotation qui a déclenché la réaction de l’exorciste du Pape. Les aventures d’Harry Potter seraient selon lui sataniques) 9 Étude du rapport texte/image 9-1 Proportions, impacts, dominantes, hiérarchies Il apparaît que dans l’édition française l’image a un rôle plus important que le texte, un rôle primordial. C’est elle qui occupe le plus de place, c’est elle que l’on voit en premier. De plus la couverture française est plus grande et l’image occupe toute la couverture. Le titre arrive tout de suite après. La hiérarchie est instituée en fonction de ce qui est nouveau. L’ordre de lecture est le suivant : on voit une image d’Harry Potter que l’on ne connaissait pas, puis un titre qui indique une nouvelle aventure. Plastiquement le titre n’est pas écrit très grand mais en blanc sur le fond gris de l’illustration, ce qui le rend plus lisible que les autres textes (qui eux ne sont pas nouveaux) Cette image possède une fonction de reconnaissance. On reconnaît ce style d’illustration, le personnage représenté, le style de la couverture. Elle mise sur son histoire éditoriale et sur la mémorisation des couvertures précédentes. Apparemment l’éditeur anglais n’accorde pas cette importance à l’illustration. On mise d’abord sur le nom d’Harry Potter en grand, en capitales et en blanc sur fond noir. La fonction de l’image va être alors d’accompagner, d’animer, d’apporter des informations complémentaires, peut-être, mais dans tous les cas d’avoir une action dans un second temps. L’histoire des couvertures anglaises et françaises n’est pas la même. Jason Cockcroft n’a réalisé que les trois dernières. Jean-Claude Götting les a toutes les sept réalisées. Il y a eu donc une fidélisation du public par l’image. La preuve en est que la plv créée pour la sortie de ce septième tome met largement en avant l’image. Nous sommes en présence de deux communications différentes dont les messages sont êtres différents. 9-2 Repérage, identification et interprétation des systèmes L’édition française propose une unité, une association fusionnelle entre le texte et l’image. Un système où l’image occupe toute la surface : première de couv. + dos + quatrième de couv. et où la typographie vient s’installer sur elle. Elle est à la fois image signifiante et surface de décor, de fond pour la typographie.
L’image est parfois à côté, parfois derrière le texte. Ceci est valable pour toutes les faces du livre. Ce qui crée une grande unité. Cela pousse aussi à un cheminement sur les différentes faces du livre. La lecture de l’image peut se faire en plusieurs temps ou en un seul (le livre grand ouvert) L’image montre alors une fonction unificatrice et particularisante. Le système fait de l’objet livre Harry Potter un objet original. La couverture a la fonction de rendre l’objet original et reconnaissable. L’édition anglaise propose un fractionnement. On peut observer une organisation par cases différentes juxtaposées. Certaines cases pour du texte, d’autres pour de l’image. Ce système accentue la hiérarchisation des informations. Ce système qui joue avec des contrastes (noir et blanc/couleur, typo/image) donne au livre une signification d’énergie et de force. La couverture a la fonction de rendre l’objet très visible et repérable. 1-3 Rapport titre/image Sémantiquement, dans le titre de l’ouvrage, le mot dominant est : mort/death Le mot mort n’apparaît que sur ce septième et ultime tome. C’est la fin. Mais de quoi et de qui ? est-ce que c’est Harry Potter qui meurt à la fin ? On va obligatoirement trouver une relation d’image au mot. Une relation signes iconiques/signifié linguistique Une relation signes plastiques/signifié linguistique 1-1-1 Édition anglaise Harry Potter est écrit en blanc sur un fond noir. En occident le noir est connoté deuil/mort. Dans l’image une gamme de rouges (+ dos rouge) peut signifier la force, la passion mais peut être aussi le sang de la mort violente. Harry Potter est de face, mais ne nous regarde pas : il est face à la mort (Voldemort) 1-1-2 Édition française Le paysage est très triste, les falaises sont noires, la lumière est basse et le temps est mauvais. L’ambiance est dramatique. Le personnage principal est dans ses pensées. Les trois personnages principaux se recueillent sur une tombe. Harry Potter pense à la mort (à Voldemort) 1-1-3 Synthèse L’image ne sert pas à illustrer directement le titre mais indirectement pour créer du mystère et du questionnement. 1-1-4 Réflexion Aborder des thèmes graves comme la mort est une tendance actuelle dans l’édition jeunesse. C’est un challenge pour les illustrateurs qui doivent arriver à séduire malgré tout. Leur créativité et leur savoirfaire sont mis à l’épreuve pour trouver des solutions. Toute l’analyse sémiologique qui a été faite montre comment ils s’y sont pris pour répondre à la même demande. Mais la différence de créativité n’est certainement pas la seule raison de la différence si importante d’illustrations. On a vu que les promesses faites étaient différentes. En publicité, les promesses sont faites en fonction des attentes possibles de la cible. C’est donc que les cibles anglaises et françaises sont très différentes.
10 Synthèse générale 10-1 Imaginaire du lecteur C’est un problème central dans le domaine de l’illustration et en particulier dans l’édition jeunesse. Ici le problème se pose très clairement. Dans l’image de Cockcroft, les personnages sont très décrits. C’est une illustration qui propose une solution très précise. Les traits des personnages du livre sont très définis. C’est une image qui laisse moins de latitude à l’imaginaire que ce que propose Götting. Même si dans la version française on voit Harry Potter de plus près, le degré d’iconicité étant moins haut, il y a beaucoup moins de détails et imaginer son propre Harry Potter est encore possible. Quant à la représentation de Ron et Hermione, elle ne pose aucun problème, étant particulièrement floue. 10-2 Ciblage La principale fonction de ces couvertures, ainsi que la présence d’illustrations telles quelles ont été définies est de communiquer la cible à laquelle elle est destinée. Ces livres signifient visuellement qu’ils sont destinés à la jeunesse. Ils arrivent même à un ciblage plus subtil et plus fin, puisque les adultes peuvent les lire sans complexes et sans avoir l’impression de livres qui ne sont pas pour eux. Ceci, on l’a vu est possible grâce essentiellement aux connotations de l’objet. Pour les mêmes raisons, adolescents et pré adolescent ont l’impression de lire des livres d’adultes ou du moins des livres qui ne sont plus pour les enfants. 10-3 Des couvertures différentes. Ce qui justifie la différence importante de couverture c’est que les lecteurs anglais et français n’ont pas les mêmes attentes par rapport à un même roman. Qu’ils n’ont pas les mêmes intérêts et qu’ils n’ont pas la même culture ; culture en général, culture par rapport à l’édition jeunesse et culture par rapport aux images réalisées sur Harry Potter. 10-4 Publicité Enfin la dernière fonction, qui n’est pas la moindre et qui justifie tous les signes étudiés, est la vente des livres. On a vu toutes les promesses, toute la séduction et la création de désir déployé sur ces couvertures. La communication est ici celle d’une véritable communication publicitaire. Le but est de vendre le plus de livres possible.